Près de deux mois plus tard, notre logo du confinement s’estompe enfin. Il nous reste à espérer que l’épidémie en fasse réellement et définitivement de même.
Pendant ces deux mois, au fil de dix-neuf numéros, notre Lettre a tenté de relayer au mieux ce que le monde de la culture a, avec une grande inventivité, entrepris, organisé, voire revendiqué.
Pour demain, paraphrasant la lettre d’Isabelle Adjani adressée au Président de la République, formulons le vœu qu’ enfin il se construise, dans notre pays, une réelle et généreuse politique cultu-relle. Ainsi l’APRÉS ne ressemblerait peut-être pas tout à fait à l’AVANT !
Dès le numéro prochain, notre Lettre redevient hebdomadaire et paraîtra à nouveau chaque mercredi.
08 mai 2020 13è année - n° 303
www.ledireetlecrire.com
Le temps du confinement, la périodicité de la LETTRE
est modifiée.
Sa parution est fonction de l’actualité.
Rappel
Proposition d’écriture :
Suggestions pour franchir
le temps du confinement
COVID-19
Michèle Cléach
Il y a 20 ans, les éditions José Corti publiaient un livre de chroniques Petites épiphanies de l’auteur brésilien Caio Fernando Abreu (prononcez « Abréou »), mort du sida en 1996. Ces chroniques, « en partie nourries par la vie intime de l’auteur et ses humeurs, du rose au noir, au gré de ses rencontres, de ses ex-périences, de ses enthousiasmes, et de ses pertes » sont aussi « des digres-sions ou divagations diverses » ou encore « l’observation de la vie politique et économique du pays » écrit dans sa préface, Claire Cayron, sa traductrice. Elle note également qu’Abreu s’autorise, dans ses chroniques, « l’usage de l’argot ou du langage parlé » voire l’emprunt à d’autres langues et que du côté du re-gistre, il use de « l’interpellation /…/, l’imprécation /…/ ; le rire jusqu’à la déri-sion, et aussi l’humour /…/ ; les larmes ou les gémissements, voire les hurle-ments /…/ ; mais aussi l’émerveillement /…/, la jubilation, la douceur des senti-
ments et finalement l’intarissable espoir ».
Quand j’ai relu ces chroniques au tout début du confinement, il en est une qui a particulièrement retenu mon attention : Suggestions pour franchir le mois d’août, que nous reproduisons ci-dessous avec l’aimable autorisation des édi-tions José Corti, que je remercie, (autorisation qui prendra fin le 20 mai pro-
chain, date à laquelle nous retirerons le texte du site).
La proposition
Ce n’est pas un mois de confinement, mais qua-siment deux, que vous aurez eu à franchir quand aura lieu la levée d’écrou. Vous avez développé des stratégies, des rituels, des manières de faire ou de ne pas faire, vous êtes passé par des sen-timents divers et variés, vécu de mille et une fa-çons vos jours et vos nuits, vu la vie de toutes les couleurs, du rose le plus vif au noir le plus noir et vous avez certainement, si jamais reve-nait le temps du confinement, des suggestions à faire quant à la manière de le franchir !
Je vous propose donc d’écrire un texte, Sugges-tions pour franchir le temps du confinement, à la manière d’Abreu : choisissez votre ou vos re-gistres, utilisez, ou pas, le leitmotiv Pour franchir le temps du confinement, collez complètement à la réalité ou laissez libre cours à votre imagina-tion, la voie est libre. Seule et unique contrainte : ne pas dépasser les 4500 signes espaces com-pris.
Envoyez-nous vos textes avant le 20 mai, en format word, nous nous chargerons de les mettre en page et de les réunir dans un « calameo » qui sera publié sur le site.
A vos claviers !
« Suggestions pour
franchir le mois d’août »
de Caio Fernando Abreu
Envoyer vos textes à
Page 3 Le dire et l’écrire
COVID-19
Suite de la page 1
Guillaume Apollinaire,
Maurice de Vlaminck, 1903
Catherine Malard
Poésies
Guillaume Apollinaire
Page 4 Le dire et l’écrire
COVID-19
Faire face pendant le confinement
« Je ne crois pas aux bons côtés du confine-
ment, aux vertus de
ces jours désemplis »
Gaël Faye - France Inter
- Lettres d’intérieur
Christian Lehmann
Ecrivain et médecin dans les Yvelines, il
tient la chronique quo-tidienne d'une société sous cloche à l'heure
du coronavirus.
Frida Kahlo
Une exposition virtuelle
Dans « Florilettres » du 5 mai 2020
Des entretiens avec Philippe Lejeune (2004)
et Annie Ernaux (2011)
Mai 68 et les œuvres contestataires : aux
arts, citoyens !
Le MUCEM montre ses collections en
ligne
Un entretien avec Carole Benzaken, artiste peintre, à
propos de son art
Mémoires & Traumatismes
La vidéo d’une
conférence
Mathilde Forget parle d’Annie Ernaux et de
son œuvre
Les Assises du Roman
Cette année elles seront « virtuelles » du 11 au 17
mai 2020
« Vous occuperez tout le terrain au profit de la
seule vérité poétique constamment aux prises, elle, avec l’imposture et indéfiniment révolutionnaire, à vous. ”
Monsieur le Président,
Aujourd’hui, je vous écris ces quelques mots de René Char qui semblent s’adresser à nous les artistes, les auteurs... et à tous ceux, toutes catégories confon-dues qui œuvrent à la culture, à l’art, à la création dans ses inépuisables formes d’expression et de représenta-
tion.
Infinie source d’oxygène.
Ce qui s’appelle vital.
Ces mots pourraient-ils vous inspirer ? Car nous, qui faisons respirer cet oxygène-là, c’est à dire la culture, allons bientôt expirer si vous ne tombez pas le masque pour nous donner les moyens de vivre et pour beau-
coup, de survivre, avant que l’ouvrage ne reprenne.
Nous savons, vous savez, que nous, vulnérables mais indestructibles artisans de la culture, sommes un gage majeur de démocratie dans un pays, que notre existence sécrète un antidote puissant à tout ce qui peut être liber-ticide, et que le courage de vous dire que la reprise au-tour du cinéma, du théâtre, de la danse, de la musique, des musées, doit être pour demain, et pas pour après-
demain, nous l’avons.
La création, nous la voulons vivante pour que les gens restent vivants : elle ne peut rester otage de solutions à court terme, comme sur les réseaux sociaux, quelles que soient les ressources dévouées de ceux d’entre
nous qui tentent de lutter contre son asphyxie.
Ayons l’audace d’imaginer – car faire preuve d’imagina-
tion, ça, nous savons le faire – que nous avons notre propre Ministère, un Ministère qui se nomme Ministère de la Culture et qu’on y débat de l’exception culturelle
française.
Alors, voilà notre supplique :
Monsieur le Président,
Mobilisez-vous sans exception aucune, en faveur de toutes les personnes qui œuvrent pour l’art et ce que contient et représente la culture pendant tout le temps
qu’il faudra.
Oui, il va falloir prolonger les droits des intermittents du spectacle ; oui, il va falloir ouvrir de nouveaux droits pour les contrats courts ne bénéficiant pas du régime de l’intermittence ; oui, il va falloir empêcher la fermeture définitive des espaces culturels (quelle que soit leur taille et leur vocation) ; oui, il va falloir exonérer de charges celles et ceux qui dépendent des URSSAF des artistes
et des auteurs…
Oui, Monsieur le Président, nous vous attendons à la hauteur de la fierté avec laquelle vous brandissez, comme tous les autres présidents de la Ve République avant vous, la culture française comme le plus bel éten-
dard de notre pays.
Alors Monsieur le Président, il est temps de déclarer l’état d’urgence culturelle, une urgence sans condition, une urgence sans restriction, une urgence où la liberté de créer ne sera pas remise en question parce que la culture est incompatible avec la distanciation sociale, parce que l’art est un état où la liberté est une nécessité,
l’art est un état où la liberté fait loi.
L’état d’urgence culturelle : c’est défendre un patrimoine
vivant qui appartient à tout le monde en France.
Aidez nous à sauver ce bien démocratique commun et
inestimable qu’est notre culture.
Page 5 Le dire et l’écrire
COVID-19
« Il est temps de déclarer
l’état d’urgence culturelle » Isabelle Adjani - sur « France Inter » le 5 mai 2020
Valentin Vander a réuni 70 artistes du monde entier depuis leur lieu de confinement pour interpréter cette chanson écrite par Bob Dylan en 1963. Les enregistrements audios et vidéos ont été effectués avec les moyens du bord, et le tout a été réalisé de façon intégralement bénévole en soutien aux vic-
times de la pandémie de Covid-19.
Page 6 Le dire et l’écrire
COVID-19
Soixante dix artistes du monde entier
interprètent « Blowin' in the Wind »
Idir 1949—2020
Deux vidéos : son grand succès
« A vav inouva »
et
« Une lettre à ma fille »
Ils n
ou
s a
qu
itté
s
Page 7 Le dire et l’écrire
Des livres
Tous nos livres sur
Camille Claudel
Un été à l’Islette
Géraldine Jeffroy
Château de l’Islette, juillet 1892. Camille Claudel y installe son atelier estival. Comme Rodin tarde à la rejoindre, elle confie son désarroi à Claude Debussy et travaille sans relâche. À mesure que La Valse prend forme, tradui-sant la tension extrême au sein du couple, la petite châtelaine et sa préceptrice, Eugénie, entrent
dans la danse.
Géraldine Jeffroy tisse avec subti-lité vérité artistique et imagination romanesque. Des destinées se croisent et des passions s’exacer-bent. Cet été-là verra naître des chefs-d’œuvre : La Valse et La Petite Châtelaine de Camille Claudel, le Balzac de Rodin et L’Après-midi d’un faune de
Claude Debussy.
Qui a fait le tour de quoi ? L’affaire Magellan
Romain Bertrand
Imaginez une histoire, une belle histoire, avec des héros et des traîtres, des îles lointaines où gîtent le doute et le danger. Ima-ginez une épopée, une épopée terrible, avec deux océans où s’abîment les nefs et les rêves, et entre les deux un détroit peuplé de gloire et de géants. Imaginez un conte, un conte cruel, avec des Indiens, quelques sultans et une sorcière bran-dissant un couteau ensanglanté. Un conte, oui, mais un conte
de faits : une histoire où tout est vrai. De l’histoire, donc.
Cette histoire – celle de l’expédition de Fernand de Magellan et de Juan Sebastián Elcano –, on nous l’a toujours racontée tambour battant et sabre au clair, comme
celle de l’entrée triomphale de l’Europe, et de l’Europe seule, dans la modernité.
Et si l’on changeait de ton ? Et si l’on poussait à son extrême limite, jusqu’à le faire craquer, le genre du récit d’aventures ? Et si l’on se tenait sur la plage de Cebu et dans les mangroves de Bornéo, et non plus sur le gaillard d’arrière de la Victoria ? Et si l’on faisait peser plus lourd, dans la balance du récit, ces mondes que les Es-pagnols n’ont fait qu’effleurer ? Et si l’on accordait à l’ensemble des êtres et des choses en présence une égale dignité narrative ? Et si les Indiens avaient un nom et endossaient, le temps d’un esclandre, le premier rôle ? Et si l’Asie – une fois n’est pas coutume – tenait aussi la plume ? Que resterait-il, alors, du conte dont nous nous sommes si longtemps bercés ?
La vérité, peut-être, tout simplement.
Note de lecture Site NONFICTION Note de lecture Site EAN
Comme une naissance, J.-P. Weyland
Ce récit retrace subjectivement le parcours de deux militants de l'éducation populaire. Sont dévoilés leurs liens familiaux, politiques, sociaux, syndicaux et surtout associatifs. Guy Millérioux comme formateur aux Centres d'entrainement aux méthodes d'éducation active (Ceméa), René Badache comme comédien à Arc-en-Ciel Théâtre puis à Arc-en-Ciel Théâtre Ile-de-France (Actif). Ces mou-vements ont été les causes et les conséquences de leur engage-ment humaniste et progressiste, de leur démarche politique. Ils li-vrent avec franchise et humilité leurs souvenirs, anecdotes, parfois des extraits de textes dévoilant leurs croyances, doutes et contradic-
tions.
De la prison d'Osny à la Palestine, d'Oran au Berry, des attentats de
2015 à Paris, au Niger, nous voyageons avec eux.
Sur le site de L’ORIENT LIT-TERAIRE, une recension à propos du livre de Leïla Sli-mani "Le pays des autres"
… Cette saga qui reprend des
épisodes réels de l’histoire familiale de l’auteure tourne, dans son pre-mier tome, autour de la solitude d’une Alsacienne, personnage inspiré de sa propre grand-mère, éloignée des siens et jetée dans une ferme du Maroc entourée
d’une terre ingrate à plusieurs lieues de la ville. Cette femme, Mathilde, a épousé par amour Amine, un soldat marocain de l’ar-mée coloniale qui a participé à la libération de son village. Nous sommes en 1944. Le couple quitte la France et s’installe à Mek-nès où Amine ambitionne de transformer un terrain acheté par son père en paradis verdoyant, en utilisant les techniques mo-dernes de l’agriculture qu’il approche non seulement en néophyte, mais aussi dans l’esprit du colon imprégné de mépris pour les méthodes archaïques et d’exaspération pour l’ignorance des pay-
sans. ....
L'intégralité de l'article La fiche du livre
Rappel
Appel à contributions
sur le site Web de la revue
ou le télécharger
en format PDF.
Page 8 Le dire et l’écrire
Des livres
La terre des femmes
Maria Sanchez
Un livre et une femme incroyables :
María Sánchez, vétérinaire, poétesse,
porte-parole de territoires et d'individus
oubliés, déclassés, mal-aimés. La Terre
des femmes est un récit intime, familial,
politique à sa manière, qui redonne leur
place aux femmes dans le monde rural, à
leurs mains, à leurs gestes. Une histoire
de filiation et de destin. De transmission.
Et un pas de côté pour réfléchir à nos
propres vies.
Note de lecture
Site L’OR DES
LIVRES
Note de lecture
Site TERRAFEMINA
Notes de lecture