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LA R O S E -C R O IXM ythe ou reali te?

Temoignage d ’un ancien rosicrucienPendant m on adolescence j ’avais cherche, en vain, une re-

ponse a mes problem es de vie. D ’abord dans la p ratique du Hatha Yoga, puis dans des e tudes rosicruciennes. Mais ces doctrines seduisantes - et illusoires - prirent po u r moi une autre tournu re lorsque, en accord avec le proverbe tibetain affirmant que «la tache la plus noble de Fame hum aine, c’est d ’etudier les oeuvres de son createur», je reconnus enfin ma culpabilite personnelle devant le Dieu saint et juste revele dans la Bible.

Q uelque tem ps apres, pa r la grace de Dieu, j 'accep ta i le Seigneur Jesus-Christ com m e m on Sauveur, qui, selon sa promesge, dans l’Evangile: «Je vous le dis, celui qui ecoute Ma parole, et qui croit a Celui qui m ’a envoye, a la vie eter- nelle et ne vient po in t en jugem ent, mais il est passe de la mort a la vie.» (Jean 5:24), delivra mon ame de la perdition eternelle.

L'auteur: N e a Paris en 1945, m arie , d e u x en fan ts . E tu d es pr im ai- res et s e co n d a i re s a Nice. A p re s u n e fo rm a t io n de p h o to g ra p h e , il e n t re p re n d d e s e tu d es th e o lo g iq u e s a l ' ln s t i tu t b ib l iq u e de N o gen t- s u r -M a rn e , pu is exerce d iverses su f frag an ces d a n s des Eglises de F rance . Son m in is te re l’a m e n e p eu a p e u a s ’in te resser au ph e no - merie des sectes. II ecrit a insi des e tu d es et des artic les su r la q u e s ­t ion . A u jo u r d ’hu i , il trava il le c o m m e d iac re d a n s I’Eglise re fo rm ee d u c a n to n de Vaud.

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R O S E - C R O I XMythe ou realite?

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© Editions du Rocher Case postale 3709, 1002 Lausanne (Suisse) 1985

Imprime en Suisse

Paul Ranc

LA ROSE-CROIXMythe ou real i te?

Collect ion Apologia N° 2

Edi t ions du Rocher

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Du nneme auteur et dans la mem e collection:

ET SI CE N ' E T A I T PAS V R A I ?Une evaluation de la doctrine de Jean-M ichel Cravanzola

Dessin couver ture: D. A. Ferr ington Dessins hors-texte: J.-C. Jot terand

PrefaceCombien de fois, au cours de mes tournees de conferences

sur les sectes, ne m'a-t-on pose la quest ion suivante: «Qu 'es t-ce que la Rose-Croix?»

De nos jours, on parle de plus en plus de cette secte qui semhle tel lement anodine. Cer tains pensent meme q u ’on peut etre chretien et rosicrucien. Quelle confusion par tout et quel flou!

.le crois, a u jou rd ’hui plus que jamais , que le diable ne pre- che plus tel lement l’er reur mani feste, mais des demi-verites, des enseignements seduisants et subtils.

Le present livre sur la Rose-Croix, ecrit par un chretien, veut eclairer les membres de nos Eglises. Pour vaincre un en- nemi, il faut bien le connai tre. La Rose-Croix est 1’ennemi, un des nombreux ennemis, du vrai Evangile de notre Sei­gneur Jesus-Christ .

Les chretiens ont la grace, oui c’est une grace, de connai tre l’Evangile dans sa simplicite, sa majeste et sa puissance. 11s ne se laisseront jamais seduire par l’enseignement compl ique et pernicieux de la Rose-Croix.

L’Evangile nous suffit pleinement, nous n ’avons pas be- soin d ' un enseignement complementa i re et secret. Notre Sei­gneur Jesus-Christ nous suffit pleinement, nous n 'avons pas besoin d 'un nouveau prophete, d ’un nouveau Maitre, d 'aut re Sauveur que lui.

Non, la croix du Fils de Dieu n'a pas besoin de la rose. La rose fletrit, mais la croix demeure!

Aucun mouvement quel qu'il soit ne peut changer le cocur de 1’hom me , seul Jesus-Christ peut, et veut, le faire.

Ce livre est ecrit pour ia seule gloire de Dieu, de ce Dieu fidele qui a permis a son auteur d'arriver, apres de longues annees de recherches, a devoiler les manigances de Satan.

Bonne lecture, chers amis. Que le Seigneur nous accom- pagne durant cette lecture et nous accorde la grace d'etre, ba ­ses sur la Parole de Dieu, la Bible, des disciples zeles et rayonnants de Jesus-Christ , le chemin, la verite et la vie.

Gerard Dagon

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L .

Avant-propos de l’auteurLorsqu'il y a pres de sept ans deja, un ami, ex-membre

d ’une secte rosicrucienne devenu depuis lors chretien, me suggera d ’ecrire un ouvrage sur la Rose-Croix, j 'acceptai d 'emblee avec enthous iasme. Je trouvai, en effet, le sujet pas- s ionnant , car mysterieux. C o m m e bea uco up d'autres, j ’avais deja en tendu parler de la Rose-Croix, mais je n ’avais pas vraiment etudie le sujet. Je pensais qu'il s 'agissait d 'ordres d ' inspi ra t ion plus ou moins ma^onn ique et que ses membres pra tiquaient entre eux l ' entraide fraternelle.

Apres quelques mois de recherches, je constatai que ma ta- che allait etre plus difficile que prevue. Je penetrai dans un aut re monde, celui de l ' esoterisme, m on de tota lement in- connu et hermet ique pour moi. Pendant pres de trois ans, bien que j ' accumulasse documen ts sur documents, je pieti- nai, ne parvenant pas a saisir le systeme de pensee tres subtil de l ' esoterisme rosicrucien.

Ce livre n ’aurait jamais vu le jour , du moins sous cette forme, si je n ’avais pas rencontre un ancien rosicrucien qui accepta de relire la premiere partie de mon manuscrit . Quinze jours plus tard, il me le renvoya avec la recommanda- tion absolue de recommencer a zero! Mon correcteur etait tres severe, mais il avait raison: je n ’avais rien compris a la Rose-Croix! Redoublant d ’efforts, je me suis remis au travail. Ses conseils tres precieux furent pour moi une source d'en- couragement pour continuer et, peu a peu, une nouvelle e tude voyait le j o u r ...

Par la suite, je rencontrai d 'aut res anciens membres de la Rose-Croix, dont certains avaient atteint des hauts grades. Tous accepterent de m'aider, soit en me procurant des d o cu ­ments, soit en corrigeant mon travail. Sans I 'aide de toutes ces personnes, mon travail, rendu tres penible a la suite d 'une maladie, n ’aurait pu etre acheve.

II me parait impor tant de signaler que ce livre a ete co m ­pose sur un micro-ordina teur Apple. Grace a la generosite de plusieurs chretiens, j ’ai pu acquer i r cette machine ainsi que les programmes necessaires, ce qui m'a fait gagner un temps considerable. A cette occasion je voudrais remercier

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M. Francois Martin pour sa pat ience envers moi: il a eu le re- doutable privilege de m'init ier a la micro- informatique!

Ma grat i tude va aussi a tous ceux qui, d 'un e fa<?on ou d ' un e autre, ont part icipe a l ' elabora t ion de ce livre. En parti- culier, je remercie tous les ex-rosicruciens - dont nous tai- rons les noms pour des raisons que chacun com prendra - pour leur precieuse col laborat ion. Je n ’oublierai pas non plus MM. Maurice Seigne, Jean Thuil lard, Michel Viredaz et Ray­m on d Zoller pour leur impor tant et meticuleux travail de correction des manuscri ts, MM. Andre Visinand et Yves C o l­let pour leur soutien actif et, enfin, M. Gerard Dagon qui a bien voulu prefacer mon ouvrage. Ma reconnaissance toute part iculiere va aussi a ma chere epouse Jacquel ine qui, du- rant des annees, a sacrifie souvent ses vacances, ses week­ends et ses soirees pour que ce livre puisse paraitre. Non seu- lement elle a suppor te un mari sans cesse occupe dans son travail de recherches et de redact ion , mais elle a pris une part impor tante dans l ' elaborat ion definit ive de l’ouvrage, en de- chi ffrant mon manuscri t po ur ensuite le t ranscrire sur l 'ordi- nateur!

Que ce livre, ecrit dans la souff rance et dans la peine, mais aussi dans un esprit d 'obeissance et fruit d 'un e profonde conviction, puisse servir a la defense de la Verite et manifes- ter ainsi la gloire de Dieu sur la terre comme au ciel.

Lausanne, le 31 juillet 1985.

PreambuleLes mou vements de la Rose-Croix se propagent tres rapi-

dement dans le m on de et leur evolut ion numer ique de ces dernieres annees co mmence a inquieter serieusement les res- ponsables des diverses Eglises chretiennes.

La Rose-Croix est un courant mystique et occulte qui a vu le j o u r au X V I le siecle. Le but, avoue ou non, n'est autre que la « Reforme Universelle», c 'est-a-dire le changement com- plet et radical de la religion comm e de la societe. Cette t rans­formation ne peut s ’operer , selon les theses rosicruciennes, que par la redecouverte d ' un «christ ianisme esoterique». II s'agit done de «decouvri r des mysteres». Pour cela, il faut une longue prepara t ion initiatique. Precisons d 'emblee que 1 initiation est le pilier de toute la pedagogie rosicrucienne. Par cette fa^on de penser et de faire, les hommes sont divises ipso fa c to en deux categories: les profanes et les inities. Ainsi sous le couvert de I'initiation, qui est l 'attrait de 1’invisible, le disciple rosicrucien est progressivement aspire dans un en- grenage d 'ou il lui sera tres difficile de sortir.

La Rose-Croix (ou R + C) n'est pas un systeme theologi- que, ni meme une ideologic, mais elle pretend etre une philo­sophic de la v i e 1. Celle-ci, comm e nous le verrons plus loin, est occulte.

Mais les pretentions de la Rose-Croix ne se limitent pas a la seule philosophic: el les s 'e tendent a bien d 'aut res domaines.

La Rose-Croix se definit el le-meme comme une «Ecole». Selon les diverses branches , les definit ions sont sensiblement differentes. Si l '«Associat ion Rosicrucienne» prefere l’appel- lation de «Fratern ite», 1’A.M.O.R.C. n 'hesite pas a qualifier son mouvement d ' «E co le de Sagesse», ou encore d '«Ecole des M y s te re s»2, tandis que le Lectorium Rosicrucianum a choisi d ’etre une «Ecole Spi r i tue l le»3. Le but de ces «Ecoles» est de diffuser un «En seignement Universel», e'est-

1 Cf. M. Heindel, La Philosophic Rosicrucienne, p. 7.Cf. Maitrise de la Vie, brochure A.M.O.R.C., p. 6.

: Maitrise de la Vie, brochure A.M.O.R.C., pp. 10-11.3 L'illusion du monde et de la vie, p. 1, Lettre d ’information du Lectorium

Rosicrucianum.

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a-dire le developpement des «forces creatrices» qui sont en l’homme, ceci en vue de parvenir a cette «Pat rie lo in ta in e» 4. En clair cela signifie que l 'homme, au moyen de la connais- sance re?ue, «peut diriger les lois naturelles et c om m and e r a ses propres facul te s»5. Ainsi, par le jeu d ’une connaissance initiatique. l ' apprenti rosicrucien peut ou pourrai t connai tre le mystere de l’etre et «decouvri r» le sent ier de la vie.

Max Heindel, le fondateur de l '«Associat ion Rosicru- cienne», a donne a son mouvem ent une ligne de force q u ’il a formulee dans son ouvrage fondamenta l intitule Cosmogonic des Rose-Croix. Selon lui, le ros icrucianisme se caracterise- rait comme etant une Cosm ogonic . c 'est-a-dire une explica­tion de la formation de l 'Univers. 11 a developpe a cet effet une curieuse theorie qui s’ap paren te de tres pres aux an- ciennes tradi t ions alchimiques et occultes sinon plus encore aux enseignements de la Theosophie de Mine Blavatsky. Nous aurons l’occasion d ' a pp ro fo n d i r tout cela dans les cha- pitres relatifs a la doctr ine rosicrucienne.

La Rose-Croix pretend etre une « Pansophie», c’est-a-dire la «Connaissance Universelle». D ' apres Serge Hutin, ce sont les «disciples a l lemands de Paracelse qui furent les promoteurs du vaste mouvement «Th eosophico-a lchimique» designe sous le nom de PANSOPH1E. (...) Ces alchimistes etaient convaincus qu' i ls allaient pouvoir do nn er une encyclopedic de toutes les connaissances humaines , fondee non pas sur la raison, mais sur r i l luminat ion» b. P lustard , au X V II I e siecle, la «Pansophie» va se systematiser et deveni r une theosophie qui reprendra « l ' achevement final de l ' a l c h i m i e » \ «Le but de ces adeptes, c ’est d ’acqueri r 1' omniscience, le savoir absolu. 1' i l luminat ion definitive qui appor te avec elle le salut f inal , connaissance sal- vatrice qui est la recompense du contac t interieur de Paine avec D i e u 8.» Ainsi appara i t d ' emblee l’e rreur fondamenta le de la Rose-Croix qui n'est autre que le salut par la connaissance. L 'h omme serait sauve p a r so n seul savoir et non pas en vertu du sacrifice unique et parfait de Jesus-Christ .

4 ibid.. p. 1.5 Maitrise de la Vie, p. 11. C'est nous qui le soulignons.h S. Hutin, Histoire des Rose-Croix. p. 31. Le Courrier du Livre, 1971.

C ’est nous qui le soulignons.7 S. Hutin, ibid., p. 43.8 S. Hutin, ibid.. p. 44. C'est nous qui le soulignons.

Serge H u t in , an e ien a t ta ch e de rech erch es au C en t re N a tiona l de R ech e rch es S c ien tif iques (C .N .R .S .) et d o c te u r es lettres, est lui- m em e d isc ip le de la R ose-C ro ix et ad h e re n t de l 'A .M .O .R .C . La p rem ie re ed i t io n de so n Histoire des Rose-Croix e ta it c e p e n d a n t tres d e fa v o rab le a I 'O rd re . Au ch ap i t r e VII, in t i tu le «L es o rg an isa t io n s p s e u d o - ro s ic ru c ie n n e s» , H u t in ecrit a ce p ro p o s : « The Ancient and Mystical Order o f Rosae-Crucis, fon d e en 1916 a N e w -Y o rk ; a cette m em e da te , le G r a n d - M a i t r e fit d a n s le T e m p le de la « S u p re m e Loge» u ne d e m o n s t r a t io n p u b l iq u e de t r a n s m u ta t io n en o r (!), obte- n u e p a r des m o y en s p o u r le m oins b izarre s ou e n t ra ien t n o ta rnm en t des pe ta les de rose... (...) L 'am e d u m o u v em e n t a ete d u ra n t de lo n ­gues a n n ees H. S p e n ce r Lewis, m or t r ece m m en t , d o n t les ouvrages , s 'i ls n 'o n t a b so lu m e n t rien de ro s ic ruc ien . d e v e lo p p e n t des idees d ign es d 'e x a m e n , celle de la re in c a rn a t io n n o ta rn m en t <!.»

M ais, d e p u is lors. Serge Hu tin a r a d ic a lem e n t c h a n g e d ’avis. D 'ad v e rsa i re qu ' i l e tait, il est d ev en u un m e m b re ferven t de I 'O rdre . II a ecrit d a n s une m o n o g ra p h ic d u 2e degre n e o p h y te un tem oi- gnage fort e lo g ieu x en fave u r de l 'A .M .O .R .C . De plus, il en trep r i t de c h a n g e r ses idees ju ge es e r ro n ees d a n s tou tes les reed it ions de ses ouvrages . Le cas de Serge H u tin est f re q u e m m e n t cite en exem- ple p a r les d ir igean ts de l 'A .M .O .R .C .

Tous les mouvements Rose-Croix, y compr is 1‘Anthropo- sophie et la Fraterni te Blanche Universe l le l0, declarent en choeur que leurs enseignements ne sont pas en contradict ion avec la doctr ine chret ienne tradi t ionnelle! I Is admet tent , en effet, la Bible comm e un livre de mysteres et de symboles. Les differentes confessions chret iennes (catholique-romaine, protestante, or thodoxe et evangelique) se voient reprocher de propager un christ ianisme exoterique, une sorte de religion popula ire dest inee a tout le peuple. Par contre, les sectes ro- s icruciennes af firment, non sans fierte, que leur «christia- nisme» est esoterique. II s’agirait done d 'un e «re!igion» ini­t i a t i q ue 11 resevee a une certaine « e l i t e » 12, ou, soi-disant, a

" S. Hutin, Histoire des Rose-Croix, pp. 58-59, Gerard Nizet Editeur, Pa­ris. 1955.

10 A ne pus confondre avec la «G rande Fraternite BJancbe» rosicrucienne11 Nous employons a dessein ce mot «religion», bien que les rosicruciens

affirment avec vehemence le contraire. Nous aurons, par la suite, I'occasion de prouver que le rosicrucianisme est bel et bien une nouvelle religion.

L’initiation, accompagnee du secret, est le caractere dist inctif de I'eli- tisme rosicrucien. Cependant, on peut tres bien faire partie de cette «elite» a condition de payer regulierement ses cotisations. Tel est le cas de l'A.M.O.R.C.

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une petite classe privilegiee d'elus. Selon les propos des prin- cipaux fondateurs ou dirigeants rosicruciens, les Eglises «tra- di t ionnelles» ont failli a leur tache en diffusant un enseigne- ment purement exoterique. La grande er reur des Eglises chret iennes aurait ete, toujours selon la Rose-Croix, de pro- clamer le salut a l 'humanite tout entiere! Ca r les maitres a penser rosicruciens n 'ont pas beauco up d'est ime pour la Bi­ble, encore moins pour la doct rine bibl ique. Pour eux, la p ro ­c lamation de l 'Evangile tel q u ’il est preche a u jou rd ’hui, est consideree par les rosicruciens co m m e etant nulle et non ave­nue: il aurait ete ampute de ses verites fondamentales . Pire, les disciples R + C n ’hesitent pas a affirmer que la Bible, qui est la Parole de Dieu ne l’oubl ions pas!, renfermerai t des ve­rites cachees po ur le s imple profane , mais qui pourraient etre revelees par le moyen de [’initiation.

H. Spencer Lewis, premier Imp era to r de l’A.M.O.R.C., ecrit no tarnment a ce sujet: « L ’Eglise chret ienne ne se preoc- cupe pas d 'expl iquer ouver tement aux fideles q u ’il est des se­crets, des verites et des faits, auxquels ils n 'ont pas pieine- ment acces parce que ces secrets, ces verites et ces faits sont difficiles a comprendre et ne peuvent etre reveles et expli- ques qu 'a ceux qui en sont dignes (sic), qui sont qualifies et qui ont ete spec ialement inities. Ces faits revetent le christia- nisme, en tant que systeme religieux, phi losophique et moral, d 'u n e couleur differente. En fait, ils a ident a com prendre que les doctrines et les enseignements chretiens veritables avaient a l’origine un caractere divin et n 'etaient pas destines a tous . Ils const i tuaient un ensemble de verites t ranscendantales , de revelat ions esoteriques, et de lois divines d 'une application illimitee et d ' un pouvoi r omn ipo ten t l3.» Le rosicrucianisme est, comm e nous le constatons deja, d ’essence hautement oc­culte. A notre avis, seuls 1’ense ignement de Swedenborg (La Nouvelle Eglise) et celui de la Theosophie atteignent le ni­veau d'occult i sme de la Rose-Croix.

Ainsi, sous le couvert d ' un «christ ianisme esoterique», la Rose-Croix pretend enseigner a ses adeptes la connaissance surnaturel le de soi. Les rosicruciens parviendraient a cet etat d ' i l luminat ion spirituelle qui produi rai t , dans un meme

13 H. S. Lewis, Les doctrines secretes de Jesus, p. 18. C' est nous qui le sou­lignons.

temps, un parfait equii ibre phys ique et psych ique. Cela se trouve confi rme par la devise de Max Heindel: «Un intellect equiiibre, un coeur sensible, un corps sain».

La Rose-Croix, mis a part le Lectorium Rosicrucianum, se definit sur tout comm e un vaste syncret isme religieux. Son but n'est pas d ' un i r toutes les religions, mais de prouver que toutes les religions ont un cote positif, quoique celui-ci soit obscurci par les tradi tions des hommes, symboles de l’igno- rance spirituelle. Cette fa^on de penser n'est pas nouvelle, mais la Rose-Croix a reussi un veritable tour de force: celui de concil ier les extremes! En effet, les diverses philosophies ou religions, les mythes paiens comme les plus pures t radi ­tions chret iennes, la pensee orientale et occidentale, le spiri- tuel et l 'occulte se cotoient et s’amalgament en un vaste as ­semblage de doctr ines heterogenes. Mais ces enseignements, pour tant contradictoi res les uns par rapport aux autres, sont si habi lement harmonises que le faux devient vrai et vice versa! Ainsi la verite devient mensonge. Jesus est mis sur un pied d'egal i te avec Bouddha ou avec Confucius! Par ailleurs, le sens des mots est carrement tordu: ainsi pour le Lectorium Rosicrucianum, Eglise, corps de Christ , et «Ecole Spiri­tuelle» sont des expressions equivalentes! II en est de meme pour l'« Associat ion Rosicrucienne» qui admet que les termes de creation et d e v o l u t i o n sont synonymes. Quant a la foi, elle est tout s implement con fondue avec la connaissance, tandis que la verite n ’est aut re que la conscience humaine.

Enfin la Rose-Croix se considere el le-meme comme une «Fraterni te». «Les rosicruciens ne consti tuent pas un culte, religieux ou autre, ils forment une fraternite d ’hommes et de femmes semblable a toute fraternite ou confrerie. Les m em ­bres de l 'organisat ion appar t iennent a toutes les confessions religieuses et il ne leur est en aucune fa^on dem an de de changer leurs croyances religieuses. L’organisation n ’est done pas un culte l4.» Par ailleurs, nous lisons: « L ’ordre rosi­crucien A.M.O.R.C. est une fraternite mondia le possedant des loges, des chapit res et des pronaoi et un systeme d ’ensei- gnements et d'exercices gradues, systeme qui s’est developpe au cours des ages par la cont ribution d'esprits superieurs de

14 H. S. Lewis, Histoire complete de I'Ordre de la Rose-Croix, p. 175. C'est nous qui le soulignons.

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tous les pays, de toutes les epoques et de toutes les co n d i ­tions. L'ordre rosicrucien A.M.O.R.C. est essentiellement une fraternite, un college dont la me thode d ’enseignement vise a donn er aux membres de l 'organisat ion la maitrise des lois et des principes qui leur permet tront au cours de leur vie, de s ' aider eux-memes et d 'a ide r aut rui t?.» Propos confi rmes par la brochure de prop aga nde : «Cette fraternite s’est to u ­jours consacree au developpement personnel de l 'homme, par Putilisation naturelle et rat ionnelle de certaines facultes de la pensee et des lois de Punivers, simples mais cependant peu c o n n u e s l6.» A la lumiere de ces textes rosicruciens, nous voyons que l 'A.M.O.R.C. est bien plus qu 'u ne s imple asso­ciation fraternelle ou phi lanthropique. II s'agit, en fait, d ’une organisat ion tres bien strueturee, central isee et dont les rami ­fications s ' etendent dans le m on de entier.

Ainsi, des le debut , le lecteur s 'apercevra que la doctr ine rosicrucienne est etendue, complexe et confuse a la fois. Afin de mieux saisir les difficiles m ecunism es de la philosophie rosicrucienne theologico-humanis te de la Rose-Croix, il nous est ap paru utile d ’axer notre e tude dans trois directions, a sa­voir: les origines et I 'histoire de la Rose-Croix, sa doctrine et sa symbol ique et, enfin, son organisat ion actuelle. Notre ob- ject if est de rendre clair - ou a peu pres! - un fatras d ' idees et de doctrines contradictoires. Tout au long de notre expose, et afin de demontrer les heresies rosicruciennes, nous ferons de frequents appels a l’Ecriture Sainte, seule norme de foi et de vie po ur tous les homines. Et main tenant , e tudions ce m ou ve ­ment en detail.

15 H. S. Lewis et R. Bernard, Manuel Rosicrucien pp. 280-28116 Mailrise (Je la vie, p. 32.

C H A P I T R E I

Les lointaines «origines» du rosicrucianisme

Les origines du rosicrucianisme sont obscures. La diffi- culte vient du fait que les differentes «ecoles» s ' appropr ient ipso fa c to I 'histoire. En effet, il semblerai t au premier abord que I'histoire de l 'humanite, des origines a nos jours, soit celle du rosicrucianisme et, plus part icul ierement, celle de l’A.M.O.R.C. Ces pretent ions, disons-le d 'emblee, sont enormes, demesurees , inacceptables. Pourtant les rosicru­ciens declarent avec be aucoup de serieux et d ' ap lo m b que leurs ordres initiatiques sont de loin bien plus anciens que toutes les religions t radi t ionnelles actuelles, en particulier le judaisme et le christ ianisme.

L'A.M.O.R.C. , le plus important et le plus influent des or ­dres rosicruciens, fait remonter les origines du rosicrucia­nisme a l’anc ienne Egypte. Le pays des pharaons et sa civili­sation, encore meconnue , sinon mal connue , exerce une puis- sante at t ract ion chez les Occidentaux - ceci a cause des «mysteres» - comme chez les Africains, l 'Egypte etant, ne I’oubl ions pas, un pays d 'Afrique. C ’est la raison pour la- quelle l’A.M.O.R.C. connai t ces dernieres annees un rapide developpement dans le monde. II nous a paru necessaire de demontrer que le mouvement de la Rose-Croix est une survi- vance des societes occultes du Moycn Age manifestee seule- ment au XV II e siecle, et non le prolongement d 'une hypothe- tique «Fraterni te egypt ienne».

L'A.M.O.R.C. revendique d ’aut res origines. Le roi Salo­mon, lors d ’un sejour a Tell -el-Amarna, aurai t ete influence par les enseignements phi losophiques et initiatiques egyp- tiens. A son retour en Palestine, il se serait inspire des concept ions architecturales des temples egyptiens pour batir celui de Jerusalem! En outre, il aurai t ete le fondateur d ’une societe secrete, la « Fraternite de Salomon».

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A cote de ces deux pre tendues origines, les plus impor- tantes faut-il le souligner, l’A.M.O.R.C. en rajoute deux autres. 11 se reclame de la phi losophie grecque et, no tam- ment , de celles de Pythagore et de Plotin. D 'aut re part, les Esseniens font partie de Pimposante panopl ie des soi-disant origines de l’A.M.O.R.C. No tons encore que le Lectorium Rosicrucianum s ou tien t son affil iation au gnost icisme pseudo-chret ien, notarnment le manicheisme et le catha- risme. Soulignons aussi que Reuben Swinburne Clymer, rosi­crucien dissident, affirmait dans son livre The Secret Schools que «l 'origine de la confrerie de la Rose-Croix remonte aux Cha ldeens»

L’A.M .O .R .C. remonte-t-il a l’ancienne Egvpte?1. L 'A .M .O .R .C . est-il un Ordre ancien?

L’A.M.O.R.C. est-il un Ordre ancien? Peut-il se reclamer objectivem ent d ’origines egypt iennes? Pour Paul Arnold, au teur d ' un e magistrale etude sur V Histoire des Rose-Croix, il n 'y a pas de doute possible: le rosicrucianisme est ne au X V I le siecle et son fondateur n ’est aut re que J. V. Andreae. Par contre, Serge Hutin affirme sans sourciller q u ’«il est po s­sible de remonter aux mysteres ant iques, tout specialement a ceux de la Grece, mais aussi, plus loin encore, a ceux de PEgypte ancienne. Dans ses archives de San Jose en Califor- nie, son present quart ier general , I 'Ordre rosicrucien A.M.O.R.C. (qui consti tue l 'un des ordres t radi t ionnels main- tenant la presence de l 'esoterisme rosicrucien dans le mon de d ’a u jou rd ’hui) possede des documents qui font remonter le rosicrucianisme au pharaon reformateur Amenophis IV. II prit le nom d ’Akhenaton pour concret iser sa venerat ion par- ticuliere pour Aton, le d isque solaire, vivant symbole de la lumiere d i v i n e » 2.

Ainsi S. Hutin se met au d iapason de H. Spencer Lewis, le fondateur et le premier Impera tor de l’A.M.O.R.C. Celui-ci

1 R. S. Clymer, The Secret Schools, cite par R. Wolff, Histoire (Je la Rose- Croix, p. 5.

2 S. Hutin, Histoire des Rose-Croix, pp. 12-13. Rappelons que S. Hutin estmembre de I'Ordre rosicrucien A.M.O.R.C. et l'un de ses orateurs les plusapprecies.

a, en effet, ab o nd am m en t developpe dans ses nombreux ouvrages ou articles la these de la filiation directe du rosicru­cianisme (l’A.M.O.R.C. , bien entendu) et de la religion egyp- t ienne. « D ’apres la tradi t ion, ecrit Spencer Lewis, la concep ­tion et la naissance de I 'Ordre Rosicrucien eurent pour ori- gine PEgypte, au sein des activites de la Gra nd e Fraternite Blanche 3.»2. L 'histoire de TEgvpte, version A .M .O .R .C .

L’histoire de l’Egypte ancienne s’etend sur environ 28 sie- cles (3000 a 332 av. Jesus-Christ), si 1'on se refere au tableau chronologique de Dr io ton-Vandie r4. Cette longue histoire se divise en trois grandes per iodes : 1’Egypte primitive ( l re et 2e dynasties), I’Egypte classique (de la 3e au debut de la 19e dy- nastie) et enfin la per iode de decadence (de la fin de la 19e a la 30e dynastie, auxquelles il faut ajouter les periodes de d o ­minat ion perse et grecque.

Selon Spencer Lewis, les Egyptiens eprouverent tres tot le desir de connai t re les mysteres de la Nature. Cette connais ­sance aurai t culmine au debut de la XVIIIe dynast ie (1580-1314 av. Jesus-Christ). Les caracteres hierogJyphiques des pyramides, des obeli sques ou des temples seraient des preuves externes d ' un e connaissance esoterique. «Les secrets les plus profonds de la nature, de la science et de l'art, af ­firme H. Spencer Lewis, n 'etaient pas dest ines a etre confies aux masses, ni susceptibles d ’etre conserves par Pecriture sur papyrus. C ’est pourquoi les plus instruits organiserent en classe des cours, auxquels assistaient des individus choisis et ou etaient enseignes les doctr ines et les principes de la science. Ces classes ou ecoles, ainsi que les ment ionne l'his- toire, se tena ient parfois dans des grottes tres isolees, mais aussi dans la quie tude de certains temples eriges en l’hon- neur des nombreux dieux egypt iens-\»

Les premieres «ecoles de mysteres» 6 auraient ete consa- crees au culte d ’Osiris. Peu a peu les rites et les hommages

! H. S. Lewis, Histoire complete de I'Ordre de la Rose-Croix, p. 29.Cf. Monographic du Maftre, section neophyte . M andamus secret no I, p. 34 Drioton-Vandier, I’Egypte, pp. 627-632.5 H. S. Lewis, ibid., pp. 29-30.

H. Spencer Lewis uvoue tout de meme qu'il est tres difficile de determi­ner la date de la creation de ces «ecoles», ibid.. p. 30.

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rendus a la nature, a sa fertilite et a sa fecondite furent rern- places par une «vaste philosophie de PImmortal i te». Cela se serait bien explique par le fait que le dieu Osiris symbolise la vie eternelle, etant a la fois le dieu des morts et de la vegeta­tion qui «meu r t» lors de la saison seche, puis qui «ressus- cite» lors de la germination des plantes. Parce que le regne d'Osir is est cosmique et metaphysique et qu' il s ' etend sur Peau, la terre, le ciel et Pair, son culte etait tres repandu chez les Egyptiens. C'etai t le salut et, en meme temps, une religion a mysteres. Les rites symboliques, ex t remement complexes, etaient, du moins pour la plupart , d ’essence initiatique. Bien que la religion egypt ienne fut «nat ionale» , seule une certaine frange de sa populat ion pouvai t assister aux ceremonies ri- tuelles du t e m p l e 7. Ainsi done , le culte osirien, par les divers aspects que nous venons de ment ionner , est la clef de voute de la doct r ine egypto- rosicrucienne de l 'A.M.O.R.C.

Comment , et surtout par qui, cette connaissance initiatique se serait-elle propagee dans I 'Egypte an t ique? «Si la sagesse secrete a ete commun iq uee sous quelque forme tangible, d e ­clare H. Spencer Lewis, c'est dans le symbol isme des Egyp­tiens qu 'on pourra la trouver, e ’est-a-dire dans les emblemes qui ne faisaient pas partie integrante de leur langage ou de leur ecriture ordinaire. C'est ainsi q u ’un symbole pouvait re- vetir un certain sens exoter ique pour quelq u 'un et, pour un autre, avoir une signification bien d i f fe ren te8.» II ecrit e n ­core que «ceux qui possedaient une telle connaissance avaient fait le serment solennel de ne pas la reveler illegale- ment et r isquaient de terribles consequences s’ils faisaient mauvais usage de la sagesse sec re te»9. Quelques lignes plus loin, il n 'hesite pas a dire que, dans certains cas, «des classes dont les par ticipants etaient par ticul ierement choisis se te- naient dans les salles privees du pha raon regnant. La selec­tion des membres qui se reunissaient devint de plus en plus severe, les enseignements plus profonds et les discussions si dialect iques (sic), qu'ainsi naqui t une societe tres secrete et autocrat ique, rassemblant les plus eminentes intelligences de

1 La religion egyptienne, du moins a ses debuts, etait de caractere semi- esoterique. Peu a peu. le culte s'est «democratise», notarnment celui qui concerne le «culte des morts».

8 H. S. Spencer Lewis, ibid., pp. 34-35.' H. S. Lewis, ibid., p. 35.

Pepoque, la fondat ion de la G rand e Fraternite Blanche ve- nai t d 'etre posee» l0.

Toujours selon I ' lmpera tor de l’A.M.O.R.C. , ce fut le pre­mier pharaon de la X V I1 le dynast ie, Ahmosis I (1580-1558) qui, tout en gouvernant le peuple, dirigea chez lui une «ecole de mysteres». Son fils Amenophis I aurai t continue I 'oeuvre de son pere en devenant «ins tructeur de Pecole secrete» pen ­dan t trois ans.

Ce fut le fils i 1 legitime d 'Am en oph is I qui exer^a le pou- voir sous le nom de Thoutmosis 1 (1530-1520). Afin de consol ider son autori te, il epousa sa demi-soeur Ahmosis, fille de la reine legitime. Ce sont done des raisons purement poli t iques qui ont contraint le roi Thoutmosis au mariage. N 'e m pec he que FI. Spencer Lewis a une curieuse fa£on de voir les choses: «Thoutmosis dut sa posit ion a sa femme Ah­mosis, qui fut la premiere femme a deveni r membre de la classe, a egalite avec les homines. La discussion concernant son admiss ion (conservee dans les archives rosicruciennes) forme un recit interessant et revele l’origine de quelques-unes des doctr ines sur l 'egalite des sexes " .» N' impor te quel histo- rien serieux contredi ra sans peine ces affirmations pour le moins fantaisistes, notarnment en ce qui concerne P«egalite des sexes». Quant aux fameuses archives rosicruciennes, nous serions tres heureux, et sur tout tres curieux, de les voir. Nous a t tendons la reponse de I ' lmpera tor en exercice!

Ce fut de nouveau un fils batard qui monta sur le trone. Thoutmosis II (1520-1505) gouverna le pays conjointement avec sa demi-soeur Hatshepsout , fille legitime de ThoutmosisI. Le pharaon regna, selon l’expression savoureuse de H. Spencer Lewis, de «fa 9on independante»!

Par contre, son successeur, Thoutmosis 111 (1504-1450), sans dout e le plus grand ph a raon du Nouvel Empire, aurait fonde, si l 'on en croit les dec lara tions de H. Spencer Lewis, les bases de P«Ancienne Fraterni te» l2. II aurait ete choisi a

10 H. S. Lewis, ibid.. pp. 35-36.11 H. S. Lewis, ibid.. p. 36.12 Une note tres explicite situee en has de page admet que l'ancienne Fra­

ternite n'etait pas rosicrucienne! (Cf. H. S. Lewis, op. cit., p. 39). Cela n 'em­peche pas, malgre tout, que I’Ordre A.M.O.R.C. maintient ses pretentions d'avoir ses origines avec l '«Ancienne Fraternite» qui. precisons-le, n'a ja­mais exisie.

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la place de son frere de fa9on «surnature lle» po ur etre le phar ao n regnant. «Ce choix divin» n ’aurait ete autre qu 'une «exper ience mystique», experience qui aurait eu des prolon- gements par la suite. En effet, Thoutmosis III aurai t propose que sa «classe» d ’inities qui, parait-il, se reunissait dans sa demeure , devienne un «Ordre ferme et s e c r e t» 13. Pour cela une «grande Reunion du Consei l» fut convoquee . Selon les «archives» officieiles de I 'A.M.O.R .C, cette reunion eut lieu au cours de la semaine du 28 mars au 4 avril 1489 av. Jesus- Christ et, pour etre encore plus precis, probablement le jeudi l er avr i l ! 14 Nous avons une f ranche envie de rire! Toujours selon les memes sources de l 'Ordre, douze personnes, neuf fra tres et trois sorores, etaient presentes lors de ce « premier Consei l Supreme». Une decision aurait ete prise: le maint ien du secret de la Fraternite qui, elle, ne porterai t pas de nom, du moins pour le moment .

A la mor t de Thoutmosis 111, son fils Am enophis II (1450-1425?) lui succeda: puis apres cela vinrent Thoutmosis IV (1425-1408) et Amenoph is III (1408-1372). Ces trois pha- raons n'of frent pas grand interet po ur I’A.M.O.R.C. bien que leurs regnes fussent riches en peripeties. Notons cependant, au passage, que Amenophis III a rebati le Temple de Louxor « q u ’il dedia, ecrit H. Spencer Lewis, a la Fraterni te» l5.

Par contre, Amenoph is IV (1372-1354), fils du precedent, universel lement connu sous le nom de «roi heret ique», a ete I 'auteur d 'u ne veritable revolution religieuse. Le culte officiel du dieu Amon fut aboli, la capitale Thebes ab an do nn ee et le gouvernement s ’installa a Tell-el-Amarna. Mais ce ne fut pas tout! Le ph araon changea de nom: d 'Am eno ph is qu'il etait (et qui est un compose d 'Amon) , il devint Ak hn aton ; enfin le nouveau roi imposa de force un nouveau culte, celui d 'Aton qui est «le dieu par excellence, le disque solaire, mais, nou- veaute en Egypte, pour adorer le dieu point n ’est besoin de statues, le culte se fera en plein air et s 'adressera di rectement au dieu qui brille dans le c i e l » 16.

II semblerai t que ce soit des raisons purement poli t iques et reJigieuses (difficultes militaires a I’exterieur, toute-puissance

13 H. S. Lewis, ibid., p. 39.14 Poisson d 'avril?

H. S. Lewis, ibid., p. 43.1(1 J. Vercoutter. I'Egypte ancienne, p. 84, Que sais-je ?, 1979.

du clerge d 'Amon) qui ont pousse le pharaon a tous ces bou- leversements.

L'A.M.O.R.C. , naturel lement, par la voix de son illustre Imperator , donne une autre version des evenements. Ameno- phis -Akhnaton aurait ete initie tres jeune ju squ 'au jou r ou «il lui vint Tinspiration de mettre fin a l’adora t ion des idoles po ur lui substi tuer la religion et l ' adorat ion d ’un seul dieu, d ’une divinite supreme dont I ’esprit etait dans les cieux et qui se manifestai t dans le monde phys ique par le soleil, le sym- bole de la vie. C’eci etait en accord avec les doctr ines se­cretes; aussi changea-t-il l’adora t ion du soleiJ comme dieu en adora t ion de dieu symbolise par le soleil» 17. Le temple que le pharaon fit construire a Tell -e l-Amarna aurait ete, selon H. S. Lewis, le «temple de la Fraterni te». A la mort du roi «re- formateur», le cenacle de Tell -e l-Amarna comptai t quelque 410 fra tres et sorores.

Quant au lieu de culte, en forme de croix selon les explica­tions officieiles de I’A.M.O.R.C. , il etait reserve, parait-il, aux seuls membres de la societe se c re te 18. Au symbole de la croix, qui serait devenue par la suite la Croix ansee, se serait ajoutee (a R o s e ' 9. Ainsi done , H. S. Lewis, par un habile tour de passe-passe, force le cours de l 'histoire, prend les savants et les egyptologues pour des naifs sinon pour des imbeciles et, enfin, s ’a tt ribue indument I 'heritage spirituel d 'Akhnaton .

L'A.M.O.R.C. est tres fiere de ses origines egypt iennes20.H. Spencer Lewis le confi rme implici tement: «Que l 'on ac- cepte ou non tous les points de l ’histoire traditionnelle, on peut etre certain que l 'origine de ce qui est main tenant l’Or- dre Rosicrucien A.M.O.R.C. se trouve dans les premieres ecoles de mysteres de la G rand e Fraternite Blanche. L’etude des ecoles de philosophic et de l ' arcane sagesse des pays orien taux avant l’ere chret ienne revele qu' il n ’y a qu 'un seul pays ou l 'organisat ion rosicrucienne a pu prendre naissance:

17 H. S. Lewis, ibid., p. 44.18 A part H. Spencer Lewis, nous ne voyons personne qui nous ait decrit

que le Tem ple de Tell-el-Amarna etait en forme de croix.La Croix ansee n'est pas une derivation de la Croix, elle lui est ante-

rieure. Elle se pronon^ait A N K H , ce qui signifie: laniere de sandale, qui fait vivre ou Vie. C'eta it un symbole, une consonne trilitere.

30 Ses pretendues origines egyptiennes font que I'A.M.O.R.C. connaft ae- tuellement un succes grandissant.

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rI 'Egypte. Meme l’etudiant occasionnel de I'histoire d 'Egypte est frappe par la probabil i ty de la naissance de l’organisat ion dans ce p a y s 2l.»3. Une tradition de 34 siecles

Toujours, et selon le meme auteur , « I'histoire de la Frater- nite dist ingue necessai rement deux grandes parties. Premie- rement, la tradi t ion, tout ce qui s’est transmis j u sq u ’a notre epoque de bouche a oreille et qui se voit confi rme par des re­ferences plus ou moins precises d ’anciens textes ou de pas­sages symboliques des rituels ou des enseignements. Deuxie- mement , ce qui est vraiment histor ique et qui se verifie dans les archives des diverses branches de l 'Ordte a travers le m o n d e » 22. Ainsi l 'A.M.O.R.C. tente de prouver ses lointaines origines egyptiennes. La tradi t ion orale constitue-t-elle un critere d 'authent ic i te? N'oubJ ions pas, en effet, que Jes diffe- rents Ordres rosicruciens, et sur tout l’A.M.O.R.C. , at tachent une tres grande importance a la t radi t ion orale. Tout leur en- seignement de base decoule de cette pre tendue tradi t ion. Est- il serieux de pretendre que, du ran t plus de 34 siecles, des se­crets, a la fois nombreux et impor tants , se seraient t ransmis de bouche a oreille et generat ion apres generat ion, pour nous parveni r prat iquement intacts au j ou rd 'hu i? N'est-ce pas la une af firmation temera ire? C a r nous ne croyons pas que cette « t radi t ion» ait pu survivre aux outrages des siecles, aux multiples crises poli t iques ou religieuses qu 'a traverse l’Egypte (nous pensons par t icul ierement a l ' invasion arabe de 640-642 qui a l i t teralement bouleverse le pays).

Encore une quest ion: par quel miracle un Occidental , en l’occurrence H. S. Lewis, aurait-il retrouve la «courroie de t ransmiss ion» des ant iques mysteres egypt iens? D 'autant plus e tonnant q u ‘iI aurait ete initie en E u r o p e ! 23 Autrement dit, et p o u r e t r e encore plus precis, pa r quel hasard les secrets des pharaons et des pvramides auraient- i ls abouti dans la re­gion de Toulouse? Nous a imerions bien avoir a ce sujet des precisions de la part de l 'A.M.O.R.C.!

A cote de la tradi t ion orale, l 'A.M.O.R.C. , tout comme l 'Eglise de Jesus-Christ des Saints des Derniers .lours - ou

21 H. S. Lewis, ibid., p. 19.22 H. S. Lewis, ibid., p. 17. C'est nous qui le soulignons.21 Supra. p. 96.

Mo rmons - base ses enseignements sur des documents r epu ­tes d 'origine egyptienne. L'A.M.O.R.C. justifie sa doctrine esoterique d 'apres des «milliers d 'objets au then t iques» 24 qui sont exposes au Musee Rosicrucien Oriental et Egyptien de San Jose, en C alifornie.4. La religion egyptienne est-elle une religion esoterique?

La religion egypt ienne etait-elle une religion esoterique comme le pre tendent H. S. Lewis, mais aussi S. H u t i n 2S? Un eminent specialiste de la quest ion, le professeur Siegfried Morenz, les prend car rement a contre-pied lorsqu'il ecrit que la religion des Egyptiens n'est pas une religion universelle. Met- tons cependant aussitot cette proposi t ion au positif en disant qu'el ie est une religion nationale. Mais il nous faut prouver le fonde de cette a ffirmation dans ce qui suit; pour ce faire, par tons de la conclusion du precedent c hap i t re 26. II y eta it quest ion de la divinite du t rone et plus par ticulierement du fait que la divinite s ' incarne et se montre au peuple dans la personne du roi. Cela seul do nn e a penser que le groupe des adora teurs des dieux egyptiens se limite aux sujets du roi d 'Egypte. Cette supposi t ion est confi rmee sur deux plans, ce qui determine ( 'orientation de ce qui va suivre. Elle est confi rmee par deux faits: le pays d 'Egypte est le centre de la terre, dont les frontieres se perdent dans le vague, et les Egyptiens sont les seuls hommes dignes de ce nom, a qui rien ne peut etre compare. Telles quelles, ces deux formules sont sans doute l ' expression d 'un e pensee primitive que le temps a quelque peu corrige; mais elles ont fait une fois pour toutes de la religion egypt ienne une religion foncierement natio- n a l e » 27.

Avant d ’etre une religion spec i fiquement esoterique, la re­ligion egypt ienne est avant tout une religion nationale , reser- vee aux seuls Egyptiens. Les etrangers n'etaient admis aux

24 H. S. Lewis, ibid., p. 15. Mais la verite est tout autre. Selon un temoi- gnage digne de foi emanant d 'un ex-membre de l’A.M.O.R.C., il s’agirait plutot d ’un petit musee intelligemment agence. a I’americaine, avec des pieces declarees authentiques, des copies et des mini-reconstitutions (pyra- rnides. etc.).

25 S. Hutin, Les societes secretes, p. 17.26 Cf. S. Morenz, La religion egyptienne. ch. II, pp. 37 a 67.27 S. Morenz, ibid., p. 69.

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ceremonies init iat iques du temple sous aucun pretexte. La re­ligion de l’Egypte, incarnee par le ph araon regnant, etait celle du peuple egyptien tout entier: c ’etait une religion fer- mee, nat ionale, mais non pas sectaire ou elitiste. C ’etait, il est vrai, une religion teintee d ’esoterisme, une religion a mys­teres, et non une religion a secrets.

Enfin, et surtout, nous ne voyons nulle part dans I'histoire de l’Egypte l’existence d '«ecoles paralleles». La religion egypt ienne etait loin d ’etre facile; bien des enigines subsis- tent encore de nos jours. Vouloir recuperer l 'heri tage perdu de la religion egypt ienne, et ceci par le biais de la « t radit ion» rosicrucienne, n 'est-ce pas Ja une a ffirm ation demagogique? Ca r I’histoire de l’Egypte ancienne est une histoire unique: elle n ’appart ien t q u ’a PEgypte.5. Problemes de chronologie

Notre expose ne serait pas complet si nous ne ment ion- nions pas les problemes poses par H. Spencer Lewis au sujet de la chronologie et de l ' interpretat ion des hieroglyphes. Car nous avons ete frappes, abasourdis par la precision maximale des dates donnees par l 'A.M.O.R.C. Tous les historiens s’ac- cordent a dire qu'il est ex t remement difficile d 'etab li r avec precision une chronologie des faits historiques. A plus forte raison lorsqu'i l s’agit de l 'Egypte! En effet, il est tres impor­tant de savoir que c’est le seul pays de toute 1'Antiquite a avoir adopte notarnment l ' annee so la i r e 28 (et non lunaire comme cela etait en vigueur chez les autres peuples). II est done tres malaise, au depart , d 'etab li r une concordance entre les deux types de ca lendr ie r29. D 'au tant plus que les Egyp- tiens faisaient coincider leurs chronologies avec le pharaon. «En effet sur leurs monumen ts , les Egyptiens ne se servent pas, comm e nous, d ' un systeme chronologique unifie, d 'une ere continue. Ils ne disent pas: « l ’an 1620, pe ndan t le regne

28 L'historien Pierre Chaunu. qui est un passionne d ’astronomie. note tres justement que «des l'origine, le Nil avait donne le rythme de l'annee so- 1 a ire». ( P. Chaunu. Ce que je crois, p. 120. Grasset.)

29 II existe en fait trois types de calendrier. Les Egyptiens utilisaient le ca­lendrier «tropique» ou «solaire vrai» sur lequel etaient regies tous les tra- vaux agricoles; le calendrier «fixe» ou «Siriaque» (correspondant au lever de I'etoile Sirius); le calendrier «vague», ou conventionnel, servant aux actes civils.

du roi X...» par exemple, mais: «l ' an 4 du roi X...», et a cha- que nouveau regne on revient a l’an 1. Ainsi, s implement pour fixer la date d ’avenement du premier roi connu en nous servant des computs egyptiens, il nous faudrai t connai tre la duree des regnes de tous les rois egyptiens. Or, non seule- ment nous ne connaissons pas avec certi tude la duree de cha- cun des regnes, mais encore aux epoques troublees plusieurs rois ont regne s imul tanement. Par consequent la simple ad d i ­tion des durees des regnes connus ne peut do nner que de fausses indications-U).» De deux choses l 'une: ou bien H. S. Lewis et ses condisciples seraient les egyptologues qui, les premiers, auraient etabJi une chronologie aussi precise que r igoureuse, ou bien il ne s ’agit que d ’une gigantesque impos­ture. Car, dans l’etat actuel de nos connaissances scientifi- ques, il est tres difficile d 'e tabl ir une chronologie exacte. Du meme coup, la theorie ros icrucienne s’effondre d'elle- meme.6. La com plexite de I 'ecriture egyptienne

Enfin, en ce qui concerne l 'ecri ture egyptienne, l 'une des plus vieilles du monde, elle se caracterise par son extreme complexite. Elle se decompose en trois formes differentes:

- L'ecri ture hieroglyphique, la plus connue, celle que l 'on retrouve sur les monuments.

- Celle dite hierat ique, sur tout employee pour les textes lit- teraires, administrati fs ou juridiques.

- Enfin, l 'ecri ture demot ique, simplification de la prece- dente.

Ces trois systemes d'ecri ture sont tres compliques, diffi- ciles a saisir et, surtout, a interpreter, d 'au tant plus que «l 'ecri ture egypt ienne n ’a jamais evolue; elle est toujours res- tee fidele a son pr incipe originel et, quoique possedant des signes simples, elle n ’est jamais devenue alphabet ique comme le phenicien, le grec et nos langues m o d e rn e s3,.» On t raduit une langue etrangere, le grec par exemple, mais on dechiffre les hieroglyphes! Cette anecdote exprime bien l'ex- treme embarras des egyptologues. L'ecriture egyptienne est essentiellement une ecriture pictographique, done par es-

30 J. Vercoutter. L'Egypre ancienne. p. 35.31 J. Vercoutter, ibid., p. 26. C'est nous qui le soulignons.

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sence «concre te»; les mots abstraits sont diff ici lement repre­s e n t s par des signes. II faut etre ex t remement prudent dans le dechif frement des caracteres afin de ne pas tomber dans des interpretat ions erronees. N 'em pe che que H. S. Lewis et d 'aut res avec lui ont «vu» au hasard de leurs « t raduct ions» des «ecoles de mysteres». Co m m en t peut -on expliquer de la- £on objective l’existence de tel les «ecoles»? C ar en formant le sens de 1'histoire, on tombe a coup sur dans le subjectivisme, done dans I’erreur. Si les adeptes de I 'A.M.O.R.C. tournent la difficulte en interpretant les signes egyptiens symbolique- ment , e'est-a-dire esoteriquement, ne s’exposent-i ls pas a une tragique mepr ise? N 'oubl ions pas, en effet, que la pensee, la cul ture et la theologie egypt iennes font partie d ' un passe que nul ne peut - et ne pourra - recuperer ou ut il i ser32.

Un rosicrucien nomme Salomon!/. Salom on a-t-il ete en Egypte?

Le fondateur de I 'A.M.O.R.C. n'y va pas de main morte! Selon lui, le roi Salomon aurai t ete rosicrucien! Voila ce qu'ecri t H. Spencer Lewis: «En I'an 1000 environ avant Je- sus-Christ , vint en Egypte un personnage dont le nom est rapporte comme celui de Salomon 33.» Bien que l 'Ancien Testament soit muet sur ce sujet, H. Spencer Lewis va beau- coup plus loin lorsqu'il affirme que «les a rchives 34 montrent qu'il est venu de l 'Ouest , aurai t voyage a travers de nom- breux pays et f ranchi la mer. Tout ceci est indique dans le rapport qu'il fit a la fraterni te qui le quest ionna a Thebes pour savoir ou il s ’etait rendu immedia tement apres son arri- vee en Egypte en compagnie de ses esclaves (!) et de son «na- jah » (mot inconnu des t r adu c te u rs !)». II desirait s ' instruire dans les plus hautes sciences et philosophies egypt iennes et fut dirige sur El -Amarna avec une lettre d ' int roduct ion de la part de l ' in tendant de Thebes. II atteignit El-Amarna le qua- tr ieme jo ur de ju in 999, et se presenta sous le nom de Salo­mon, le jeune chercheur (sic). Salomon n 'acheva pas ses

3: Rene G uenon, lui-meme. n'hesite pas a qualifier les pseudo-references egyptiennes de la Rose-Croix comme un «plagicit»\

33 H. S. Lewis, ibid., p. 53.34 de I'A.M.O.R.C., naturellement!

etudes, car l 'on rapporte q u ’il quit ta El -Amarna «avant le quatr ieme examen». II laissa a ses fratres et sorores une nette impression d ' amour , de sagesse et de vertu et tous furent cha- grines de 1’annonce soudaine de son d e p a r t 35.»

Plus loin, le premier Impera tor de I 'A.M.O.R.C. ecrit: «Sa- lomon semble avoir ete enormement influence, a Thebes et a Bubastis, par la religion d ’Amon et il conclut une forme de religion phi losophique qui etait un melange de monotheisme et d ' idolat rie egyptienne. Le soleil ne devint plus po ur lui que le simple symbole de Dieu: e ’etait I’esprit vital vivant de Dieu, et, bien que n'etant pas Dieu, il etait le corps etherique de Dieu. Ceci semble indiquer que Salomon concevait Dieu premierement comme un etre personnel , au lieu d' imperson- nel, comme l’enseignaient les rosicruciens, et deuxiemement double : corps et esprit, Pere et Sa in t -Espr i t36.»

Enfin, H. Spencer Lewis conclut : «C'inq ans apres que Sa­lomon eut commence son regne en Palestine, il y acheva de bat ir un Temple, dest ine a abri ter une «societe» ou fraternite telle que celie q u ’il avait decouver te a El-Amarna. Un exa- men des plans et des vues en coupe de ce qui est cite sous le nom de temple de Salomon! montre non seulement qu'il est typiquement egyptien, par son architecture et sa decorat ion, mais aussi qu'il fut copie sur le temple mystique d ’EI- Amarna , meme po ur I ' emplacement de I’autel, a l’exception pres que les structures laterales, qui donnaient au bat iment d'or igine la forme d 'un e croix, furent eliminees sur les plans de Salomon. II re9ut 1’assistance de deux hommes qui avaient voyage en Egypte, comme architecte et artiste: Hu-ram-abi de Tyr et un no m me Hiram A b b i f 37.» Nous sommes la en presence d 'un e falsification de I'histoire. S'il est vrai que Sa­lomon a epouse la fille d 'un ph araon (I Rois 3 :1) , par contre, il n'a jamais sejourne en Egypte. L'Ancien Tes tament est for- mel a ce sujet: le roi Salomon n ’a jamais ete membre d 'une societe secrete ou de quelque «Fraterni te». H. Spencer Lewisent reprend ici une peril leuse demarche : faire parler les si­lences de la Bible! Autant dire tout de suite que son entre- prise ne peut etre q u ’un tissu d 'erreurs et de mensonges. Nous cons tatons , avec regrets, que 1’autorite et la pleine suf-

35 H. S. Lewis, ibid., pp. 53-54.36 H. S. Lewis, ibid., p. 54.37 H. S. Lewis, ibid., p. 55.

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fisance de la Parole de Dieu sont bafouees par les rosicru- ciens.2. Le Temple de Salom on

Le Temple de Salomon etait-il dest ine a abriter la «Frater- nite de Sa lo mo n» ? Fut-il copie sur celui de Tell -e l-Amarna? Pour nous, chretiens, ces quest ions ne se posent meme pas! Ca r la Bible ne nous laisse aucune zone d ’ombre au sujet de l’edification du premier temple de Jerusalem. En effet, n' im- porte quel lecteur compren dra sans peine que le Temple de Salomon etait dest ine a remplacer def ini t ivement le «Temple portat i f», c'est-a-dire le Tabernacle.

Le Temple de Salomon, commence la quat r ieme annee de son regne, fut acheve sept ans et six mois plus tard. Par r ap ­port au Tabernacle, ses dimensions etaient doubles. II est im­por tant de se rappeler que le Tabernacle, veritable sanctuai re mobile, fut construit par Moise d 'apres le modele que Dieu lui com m un iq ua (Exode 25: 9, 40: 26: 30; 27: 8 ). Son execu­tion, realisee par Moise lui-meme, fut conforme a tout point de vue a la volonte de Dieu; la fantaisie humaine n'avai t pas cours dans la realisation de cet ouvrage qui etait, precision interessante, I ' image et l’ombre du sanctuai re celeste. En gros, le plan du Tabernacle se divisait en 3 parties:

- Le parvis, ouvert a tous, qui comprenai t l 'autel des holo- caustes et la cuve d ’airain. C ’etait le lieu des sacrifices et des purifications.

- Le lieu saint avec la table des pains de propos it ion, le chandel ier , l 'autel des parfums.

- Le lieu tres saint dans lequel se trouvait l ' arche de l'al- liance avec les deux tables de la loi. Le souverain sacrifica- teur, une fois l 'an, y deposai t le sang expiatoire, offert pour tous les peches du peuple (Exode 25: 17; Levitique 16: 14-16).3. La specificite du culte levitique

Le culte levitique se dist inguait fondamenta l ement des cultes paiens en ce sens qu'il etait totalement nouveau dans sa forme comme dans son esprit. Tout comme le christia- nisme au jo u rd ’hui, il s ’agissait d ’un culte revele, d ’essence str ictement monotheis te. En effet, Moise re^oit directement de Dieu toutes les instructions qu' il met aussi tot en pratique.

Ainsi il n'y a aucun intermediai re humain, mis a part Moise bien sur, dans (’e laborat ion du culte levitique. Le Tabernacle, et plus tard le Temple de Jerusa lem, seront construits en fonct ion de ce culte. Mais la se situe une difference fonda- mentale entre le culte mosaique et la religion egyptienne: d 'u n e part, il est question d 'u n monotheisme, c ’est-a-dire du Dieu unique createur et redem pteur et, d ’autre part, d 'un e re­ligion polytheiste et occulte. Du fait meme de la nature dia- met ralement opposee de ces deux religions, il est difficile- ment concevable que les temples puissent etre de concept ion identique. Tandis que le Temple de Jerusalem, lui, est abso- lument semblable au Tabernacle , H. Spencer Lewis, et d 'aut res apres lui, semblent ignorer le rapport de similitude qui existe entre le Tabernacle de MoYse et le Temple de Salo­m on ; de meme l 'A.M.O.R.C. ne semble pas at tacher trop d ' impor tance aux cont radict ions d ’ordre cultuel qui sont, ce- pendant , reelles ent re Israel et I’Egypte. Lorsque les rosicru- ciens identifient et mettent sur le meme pied les temples de Tell -el-Amarna et de Salomon, c ’est pour essayer de justifier la filiation de la religion egypt ienne a celle de Salomon. La faiblesse de I’argumentat ion rosicrucienne reside dans une dialect ique plus que douteuse, dans l’absence de documents archeologiques ou historiques suf f i samment objectifs et sur- tout dans I n t e r p r e t a t i o n radicale des silences de I’histoire comm e de la Bible. Chercher a modifier les textes bibliques, « c ’est done en fait substi tuer au seul veritable document que nous avons le resultat d 'un travail de devinette, q u ’aucune autorite ne peut just i f ier» 38.4. A propos d ’architecture...

Quan t a la pre tendue analogie architecturale des temples de Tell -el-Amarna et de Jerusalem, il semblerait que H. S. Lewis, sans doute aveugle par sa passion, ait fait passer ses desirs avant la realite! Ca r n ’importe quel archeologue se­rieux demontrera sans peine la difference de concept ion des temples en question. De meme, comm e nous l’avons deja souligne plus haut, les egyptologues et les theologiens recon- nai tront , eux aussi, sans difficulte, que les cultes egyptiens et levitiques etaient, par nature, to talement opposes. Cette dif-

•!S K. A. Kitchen, Traces d'un monde, p. 87. C'est nous qui le soulignons.

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Terence s ’explique a isement: d ’un cote une religion paienne, polytheiste, ritualiste, symbolique, mysterieuse, un clerge tres puissant et reserve uniquem ent au peuple egyptien. Le temple egyptien tout comme les temples paTens se subdivisai t en 3 parties: la premiere etait publ ique, la seconde etait accessible moyennan t certaines condi t ions tandis que la derniere, la plus importante, etait un endroi t secret, comp ose de mul t i­ples sal les et au milieu desquelles se trouvait la statue du dieu. Toutes les ceremonies rituelles avaient lieu uniquement dans ce sanctuai re secret.

D 'un aut re cote, avec le temple de Salomon, nous nous t rouvons dans une perspect ive tout a fait differente. Bien que celui-ci soit subdivise aussi en trois parties, il faut cependant noter que le lieu public, c ’est-a-dire le parvis, est grand par rapport au lieu saint et au lieu tres saint; remarquons aussi que le peuple pouvait part iciper pleinement a la vie cultuelle, notarnment en appor tan t l’of frande a l’Eternel (holocaustes, of frandes, sacrifices d ’action de grace, etc.). L’essentiel de la vie cultuelle, pour ainsi dire, se deroulai t devant le peuple tout entier reuni. Quant au role des sacrificateurs, il est suffi- samment explicite dans les livres de l’Exode et sur tout du Le- vitique.5. Une prom esse offerte a tons: le salut

Neanmoins , il nous est ap pa ru utile d ’appor ter quelques precisions au sujet des levites et des sacrificateurs. Leur mi- nistere n ’avait rien de secret en lui-meme. Le service religieux n ’etait pas ritualiste, encore moins symbol ique ou esoterique, mais il se caracterisait surtout par sa saintete. En effet, on ne se presentait pas indignement devant l’Eternel sous peine d ’une grave punit ion. Cette mise en garde s ’adressait naturel- lement au clerge levitique, mais aussi au peuple d ’lsrael dans son ensemble et meme a I’etranger! Le Temple n ’etait pas, en effet, reserve aux seuls Juifs. L’auteur du livre des Chroni- ques n ’hesite pas a ecrire: « Q uan d I’etranger viendra d ’un pays lointain, a cause de ton grand nom, de ta main forte et de ton bras etendu, qu an d il viendra prier dans cette maison, exauce-le des cieux, du lieu de ta demeure, et accorde a cet e tranger tout ce q u ’il te dem an de ra , afin que tous les peuples de la terre connaissent ton nom pour te craindre, comme le peuple d ’lsrael, et sachent que ton nom est invoque sur cette

maison que j ’ai bat ie» (II Chroniques 6 : 32-33). Qui a pr o ­nonce ces ext raordinaires paroles prophet iques? Ce n ’est aut re que Salomon lui-meme! II s ’agit en effet de sa priere de dedicace du Temple de Jerusalem. N ’en deplaise a la Rose- Croix, les paroles de Salomon sont d ’une portee cons idera­ble, universelle et cosmique: la construc tion du Temple coin­cide avec une formidable promesse , celle de l’acces des etrangers, done des paTens, a la vraie foi. Le culte du vrai Dieu ne sera done pas reserve aux seuls Israelites, mais e tendu aux etrangers. Desormais , le salut sera offert a qui- conqu e; personne n ’en sera exclu. La proclamation du mes­sage du salut sera done universelle, c’est-a-dire que tous les hommes de quelque condi t ion ou race q u ’ils soient pourront entendre en des termes clairs et comprehens ib les l’essentiel de l’oeuvre du salut.

Ainsi done, Sa lomon avait prophet i se I’universali te de I’enseignement relati f au salut. Quelle contradict ion flagrante avec la doctr ine rosicrucienne elitiste et sectaire. Et comment expliquer que si Salomon avait ete effectivement membre d ’une societe secrete, il aurait pu pronon cer ces paroles qui, il faut le dire, n ’ont rien qui puisse rappeler, de pres ou de loin, I'elitisme esoterique. D ’ailleurs, I’architecture meme du Temple laissait presager une extension du peuple de Dieu et meme le sacerdoce universel de tous les croyants. Une pre­miere etape sera franchie avec la synagogue. En effet, le p e u ­ple des fideles se trouvait rassemble autou r du pupi tre du- quel n ' impor te quel membre de la com m un aut e de sexe mas- culin, age au moins de 12 ans, pouvait prendre la parole et expliquer la loi et les prophetes.

Avec I 'avenement du christ ianisme, la synthese des formes architecturales du Temple et de la synagogue va, en quelque sorte, se realiser avec celle de I'eglise. Les croyants de la n o u ­velle al l iance sont ainsi invites a aller au-dela du parvis (ceci par rappor t au Temple), et meme plus loin que la synagogue (vie religieuse uniquement reservee aux hommes). La com ­munaute tout entiere, c ’est-a-dire I 'ensemble des croyants, est rassemblee par le Christ au tou r de sa parole. Dans l’at tente du retour du Ressuscite et dans la co mmunion fraternelle, le bap teme et la cene, signes de la nouvelle all iance et du Royaume a venir, donnes par le Christ a son Eglise, sont ce- lebres afin de manifester au monde la presence et la grandeur

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de I 'oeuvre de Dieu. Ainsi done , le baptistere. de meme que la table de communion, sont des lieux par fai tement accessi- bles a tous les membres de I'Eglise. Desormais , les chretiens ont par la foi en Jesus-C'hrist acces au lieu saint et meme au lieu tres saint (Hebreux 10: 19).

Ainsi du rant I'histoire. nous d iscernons toute une evolu­tion de la piete et de la foi au vrai Dieu a travers des con cep­tions architecturales et des edifices religieux. Du temple a l'eglise chret ienne et en passant par la synagogue , il y a en ef­fet une constante ouverture de la prise en charge de la com- m unaute par Pensemble des croyants. Autrement dit. il n'y a pas de clerge privilegie par rapport au laicat: il en est de meme entre les juifs et les paiens, et aussi ent re les homines et les femmes! L'Eglise est do ne le nouveau peuple de Dieu et ses membres, veritables pierres vivantes, sont deja citoyens du Royaume de Dieu. c 'est-a-dire qu' ils sont au benefice d ' un e relation personnel le et au thent ique avec Dieu, leur Pere celeste.

La tentative de recuperat ion de Salomon par l 'A.M.O.R.C. se solde ainsi par un fiasco. Nulle part, en effet. la Bible, pa­role de Dieu. n ’affirme que Salomon aurait ete membre d ’une societe secrete. Mieux, sa priere de dedicace du T e m ­ple de Jerusalem ne laisse aucun doute : celle de Pentree d 'un plus grand nombre d 'hom m es et de femmes dans le Royaume de Dieu. Nous sommes loin du sectarisme rosicru- cien! Nous aurons I 'occasion d ' ap p ro fo n d i r cette quest ion au chapit re neuvieme lorsque nous par lerons de I’organisation des ordres rosicruciens.

Pythagore et Plotin recuperes/. Pythagore el le pythagorism e

Rien n'arrete H. Spencer Lewis et l 'A.M.O.R.C.! Apres I 'Egypte et Salomon, voila le phi losophe et mathemat icien grec epingle au tableau de chasse de la secte rosicrucienne qui affirme, toujours avec serieux, que Pythagore aurai t ete en son temps rosicrucien! H. S. Lewis nous do nn e ici sa pro- pre version de la \ i e de ce personnage: « Pythagore naqui t a Samos, le 26 novembre 582 avant Jesus-Chr is t39. II entra

3V Admirons une fois de plus la legendaire precision de la chronologie de H. S. Lewis!

dans l 'Ordre a T heb es40, le 2 avril 531 et, apres avoir passe par toutes les init iations et subi tous les examens, entra dans les Illuminati, le 16 oetobre 52 941, puis s 'en alia aussi tot a Crotone . en Italie. porteur de jo yau x et de documents , pour y fonder une G rand e Loge. A cette epoque , il existait en Italie un petit nombre de ce qu 'on appel le les cultes secrets et lors­que Pythagore comm en^a a prom ulguer ses plans et admi t que les femmes pouvaient non seulement deveni r membres mais aussi remplir une fonct ion, il attira l ' at tention des pen- seurs les plus avances de I 'epoque. Theanon, femme de Py­thagore. fut pendan t trois ans I’un des pr inc ipaux officiers. La G rand e Loge finit par compor ter 300 freres et soeurs et etablit de nombreuses chartes pour les loges locales de POr- dre dans toute I'Italie 4:.» Tout naturel lement. les pretendues archives de l 'A.M.O.R.C. cont iendraient les documents qui prouveraient la filiation de Pythagore a l 'Ordre. Et comme par un pur hasard, ces «archives» n'ont jamais ete presentees au grand public, et encore moins aux savants et autres cher- cheurs.

La vie de Pythagore demeure , en effet, pour tous les histo- riens ou philosophies un sujet de recherche constante. La principale difficulte a laquelle se heurtent les savants est de dist inguer ce qui appart ient en propre a Pythagore de ce qui provient du pythagor isme qui etait, ne Poublions pas, une secte politico-religieuse. Pythagore, phi losophe mystique, s’interessait aussi aux mathemat iques . a la musique et a bien d 'aut res choses encore. C'etai t vraiment, ce qu'il convient d 'appeler , un esprit universel.

H. S. Lewis, lui, ne retient de la vie de Pythagore que son cote mystique. Jean Brun. professeur de philosophie a I'Uni- versite de Di jon et auteur de nombreux ouvrages, a tres bien analyse les caracterist iques de I 'ordre pythagor icien: «Le re- crutement des adeptes etait fait avec soin selon le visage, la demarche , les habi tudes et les penchants des candidats. Une premiere initiation durai t de deux a cinq ans et comprenait des epreuves. Le novice etait soumis a Pepreuve du silence, il

4 Ordre de la Rose-C roix, bien entendu." Pythagore devait etre un eleve fort doue: a peine deux ans et demi pour

parvenir au grade d ’«Illuminati», alors que de nos jours, il faut en inoyenne quinze a \ing t ans!

4*’ H. S. Lewis. Histoire complete de I'ordre de Ici Rose-Croix, p. 57.

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se bornai t a ecouter les lemons du maitre sans de m an de r une explication. (...) Puis les neophytes passaient au rang des- mathemat ic iens et, affranchis du silence, ils devaient en- seigner. Enfin venaient les physiciens qui e tudiaient les phe- nomenes de la nature. Les femmes etaient admises dans l 'ordre. (...) La secte presente tous les caracteres d ’un ordre monas t ique: p r om en ade et priere le matin, jeunes frequents, interdict ion de toute nourri ture animale, interdict ion de tout sacrifice religieux, enfin interdict ion de manger des feves pour un mot i f qui n ’a jamais pu etre ver itablement e lu c id e43.»2. Y a-t-il des points com m uns?

Une quest ion se pose: peut -on parler de simil i tude entre l’ordre pythagoricien et celui de I 'A.M.O.R.C.? En depit de quelques points c o m m u n s 44 (degres, admission des femmes), il y a de tres notables differences, no tam ment dans (’organi ­sation. Par ailleurs, il est important de souligner que les buts ne sont pas identiques, en particulier dans le dom aine politi­que. L'A.M.O.R.C. poursuit-i l des objectifs poli t iques? Alors pourquoi H. S. Lewis recupere-t-il Pythagore, l 'ordre pyth a­goricien et le pythagor isme? La, il ne faut pas chercher trop loin. Le fondateur de I 'A.M.O.R.C. , toujours comme a son habitude , specule sur 1'histoire a son profit. En effet, a 1'epo- que de Pythagore, le mot «Rose-Croix» n ’existait pas, ni ce­lui de « G ra n de Loge», ni encore moins celui d ’«I l luminati», etc. H. S. Lewis veut, par ses idees, rendre plausibles ses theories et creer ainsi par tous les moyens le «cl imat», l’«am- biance».. .

Ainsi, et sans p o u r a u ta n t en t re r d a n s les de ta i ls , nou s co ns ta to n s , une fois de plus, que I’his toire , et p lus p a r t ic u l ie re m e n t 1'histoire a n t iq u e , a p p a r t i e n t a I 'A .M .O .R .C . C a r il sem b le ra i t q u e H. Spencer Lewis igno re q u e la vie et la p h i lo so p h ic de P y th agore sont, q u 'o n le veuille ou non , d 'u n e a p p ro c h e tres difficile, d 'a u t a n t plus difficile q u e les disc ip les du p h i lo so p h e n 'o n t pas, sem ble-t- i l , suivi en tous p o in ts la voie de leur m a itre et q u 'e n o u tre , il est tres m ala ise de de-

43 J. Brun, Les Presocratiques, p. 27, Que sais-je?, 1973.44 L'A.M.O.R.C. avait en son temps institue le «silence impose» a ses

memhres. Mais apres un essai difficile de 18 mois environ, Raymond Ber­nard, alors Grand-Maitre , decida de le supprimer.

finir ce q u 'e s t le p y th a g o r i s m e 45. M em e Aristote. ne env iro n 200 ans ap re s lui, hesite a p ro n o n c e r son no m et, a plus forte raison, a diffe- renc ie r ce qui est de P y th agore lu i-m em e du py th agor ism e. Alors , et au n om de quels criteres, I 'A .M .O .R .C . pa rv ien t a c o m p re n d re l' im- b rog lio p y th ag o r ic ie n ? C o m m e n t se fait-il q ue H. S. Lewis, qui etait m on is te , pu isse se rec lam er de P y th agore qui, lui, etait fonc ie rem en t d u a l is te ? A vouons- le , nous a im er io n s b ien avoir des eclaircisse- m en ts de la pa rt des h au ts d ign i ta i res de I 'A .M .O.R .C .. .3. A propos de Plotin

Le phi losophe grec et a lexandrin Plotin ne fait pas partie de la liste des phi losophes etudies dans le 5e degre. Nean- moins, sa pensee est presente tout au long des enseignements init iatiques de I 'A.M.O.R.C. C ’est la raison pour laquelle nous nous permettons de I ' inclure ici, bien q u ’il soit un phi ­losophe de l'ere chretienne.

Plotin, ne probablement en Egypte en 205 apres Jesus- Christ et mort en 270 en Cam pa n ie , sans doute citoyen ro- main, a ete l 'un des plus bril lants phi losophes neo-platoni- ciens. La pensee de Plotin est un modele du genre. S’inspi- rant de Platon il parvient a integrer dans son systeme philo- sophique l ' esoterisme de Pythagore, l’idealisme de Platon, la pensee d'Aristote, celle des stoi'ciens de meme que celles des autres courants posterieurs ainsi que les religions a «mys- teres»! Bref, il s ’agit la d ' un e vaste synthese phi losophique qui aura plus tard une enorme influence sur le christ ianisme comme sur l 'esoterisme.

Le maitre a penser de Plotin fut Amonios Saccas, le «fon- dateur» de l 'ecole neo-platonicienne. 11 passa onze annees avec lui, puis s 'etabli t en 247 a Rome. La, sous la protection de l ' empereur Gallien, il enseigna sa doctr ine philosophique. C ’est dans la ville imperiale q u ’il rencontra Porphyre qui de- viendra son disciple. C'est celui-ci qui publ ia son oeuvre sous le nom de Enneades. Cet te oeuvre repose principale- ment sur trois points:

- Tout procede de l 'Un. Reprenant les Idees de Platon, Plotin y rajoute celle de l 'Un qui serait meme superieur au Bien. L 'Un serait done le pr incipe premier en meme temps

45 Le pythagorisme est par essence tres ambigu. Les traditions anciennes placent, en effet, cote a cote un Pythagore vegetarien et un Pythagore aimant la nourriture carnee! Ou est la verite?

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que le pr ineipe de I’etre. II serait done place infiniment plus haut que I' Intel 1 igence ou I 'Ame. L’Un etant l’unite absolue, alors toutes choses procedent de I’unite. Du fait que l’Un est l’Absolu, il n ’a done besoin de rien et il se suffit a lui-meme. Toutes choses, y compris l ' lntell igence, I 'Ame et le monde sensible procedent de l 'Un. Ainsi I 'Un serait une sorte de di- vinite, a la fois ineffable et inconnue . Personne en effet ne peut lui do nn er un nom.

- Dans la realite de l 'Un, l ' lntel l igence procede de l 'Un et I 'Ame de l ' lntelligence. L 'Un est divin et tout ce qui procede de lui, e 'est-a-dire l ' lntell igence et I 'Ame, le sont tout autant . Pour en arriver la, Plotin a hierarchise tout son systeme phi- losophique. Tout en haut de l’echelle, il y a l 'Un ; de la pr o ­cede l ' lntel l igence qui, elle, est super ieure a I 'Ame univer ­selle. En descendant plus bas, nous y t rouvons l a m e , e'est-a- dire l 'homme, qui ne serait qu 'u n segment de I’Ame univer ­selle. Ainsi, l’ame individuelle n ’est qu 'u ne partie de I’ame universelle. En consequence, I 'Ame universelle tirerait son origine d 'un pr ineipe qui lui serait superieur : l ' lntelligence. Si l a m e est intelligente, c ’est parce qu'el le procede de l’lntel- ligence.

- L'Ame humaine peut s 'evader du corps par Vextase. Chez Platon, la connaissance de l’abstrait par la seule me- thode dialect ique ne suffit pas. Conn ai t r e l 'Un serait, selon Plotin, une chose possible. Seule Yextase religieuse pourrai t permettre a I 'ame, qui est d 'or igine divine ne I 'oublions pas, d ’acceder a cette connaissance supreme. Ca r Fame s'est eloi- gnee de Dieu et elle a perdu le contact avec l 'Un. Par l'ex- tase, l a m e peut faire un «se jour» dans une region ou la connaissance et le bo nh eu r sont parfaits.

Ainsi, la phi losophie de Plotin, qui est d 'essence meta phy ­sique, se caracterise par le postulat de l 'Absolu. L'Absolu se­rait do ne le but ultime a a tteindre et pourrai t etre touche par le moyen de l 'extase. L'aspect myst ique de sa philosophie est evident et c'est la raison pour laquelle l 'A.M.O.R.C. s'est em- presse de recuperer to ta lem ent sa pensee. Nous aurons l'oc- casion de mettre en parallele certains des enseignements du phi losophe avec ceux de l 'A.M.O.R.C. , mais aussi de nous rendre compte qu'il y a de sensibles differences, notarnment au niveau des experiences «mystiques». Plotin etait un mysti­que qui cherchait s incerement la verite: les membres de

l’A.M.O.R.C. , eux, se disent mystiques, en fait ils prat iquent la magie et l 'occultisme. Deplorons , une fois de plus, le m a n ­que de scrupule et d 'original i te de l 'A.M.O.R.C. qui n'hesite pas a reprendre a son compte toutes les philosophies d ’autre- fois et surtout a t romper ses adeptes. C ar le candida t des pre­miers degres croit apprendre dans les monographies une phi ­losophie nouvelle; en realite l 'A.M.O.R.C. ne leur sert que du «rechauffe» avec des «cond iment s» rosicruciens!

Les EsseniensL’A.M.O.R.C. ajoute encore a ses pretendues origines

egypt ienne et pythagor icienne celle des esseniens. Dans son Histoire complete de I'Ordre de la Rose-Croix, H. Spencer Le­wis n ’hesite pas a dire que les esseniens etaient une extension de la G rand e Fraternite Blanche. «Les Esseniens, ecrit H. S. Lewis, consti tuaient la branche de ceux qui s 'etaient rendus en Palestine et y avaient adopte un nom distinct afin de voi- ler le travail preliminaire de la Fra tern ite. . .»46! Nous nous t rouvons la devant une aut re falsification de I’histoire. Et cette fois-ci la ficelle nous parai t un peu grosse: les Esseniens etaient-ils des «myst iques», des «i l luminat i» au sens rosicru­cien A.M.O.R.C. , bien entendu, ou tout simplement des dissi- mula teurs? Ca r nous ne croyons pas que la secte des esse­niens en cachait une autre. La decouver te des manuscri t s de la mer Morte prouve que les esseniens etait une secte judai- que et non mystico-rosicrucienne.

Les quelque 600 manuscri t s de Qumran , decouverts en 1947, nous revelent 1'organisation et la piete des esseniens. C ’etait une secte ascetique et mystique, issue du judaisme, qui fut au debut de 1'ere chret ienne tres active, notarnment sur le plan religieux.

Ce qui nous interesse ici en priorite, c'est non seulement la doctrine, mais aussi 1’organisat ion interne de la com munaut e de Qum ran, et qui sont fort bien explicitees dans les ecrits de la secte. Les Hynines, la Regie, le Reglem ent de la Guerre et VEcrit de D am as nous font comprendre quels etaient sa structure organique , sa doct rine et ses rites.

J" H. S. Lewis, ibid.. p. 63. C ’est nous qui le soulignons.

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1. Quelques points de doctrineLes esseniens, tout comme I 'A.M.O.R.C. aujourd 'hui ,

croyaient faire part ie d ’une elite spiritue!le. Ils croyaient qu' ils avaient re^u la verite et q u ’elle avait ete revelee a un personnage, mysterieux du reste, appele «Mai t re de Justice». Doue de la «Connais sance», c’est-a-dire de la co m prehen­sion du sens cache des Ecritures, celui-ci aurai t t ransmis son savoir aux membres de la secte. En d 'aut res termes, seuls les elus qui sont a la fois des inities pouvaient recevoir l’ensei- gnement du «Mai t re de Just ice». La doctr ine essenienne etait for tement impregnee de gnosticisme. La C o m m u n a u t e avait re?u en depot la revelat ion des «Mysteres», appelee «Mys- teres de Dieu» ou encore les «Mysteres de la Connaissance». Seuls les membres fideles de la com m un au te avaient le droit d 'acceder a cette «Connai ssance veridique». Quan t a la na­ture de I’enseignement prop rement dit qui etait dispense par les superieurs de la C o m m u nau te , elle est, a vrai dire, tres complexe. Nea nmoins , nous savons que I ' eschatologie4" oc- cupait une grande place dans leur enseignement. Les esse­niens, en effet, a t tendaient avec impatience l’avenement du regne de Dieu. Un Messie, que certains manuscri t s esseniens identifient au «Mai t re de Ju s t ic e»48, devait retablir la justice dans le Monde.

Si le m ess ia n ism e est le trait d o m in a n t de la d o c tr in e essenienne, il ne fau t pas p o u r a u ta n t negliger le reste. Les essen ien s c roya ien t a l 'ex is tence de d e u x « E sp r i t s» , celui du « B ien » a p p e le « Prince des lum ie re s» et celui d u mal « Prince des t e n e b re s» . C es de ux «Es- p r i ts» an tag o n is te s t r a n s fo rm e n t le M o n d e en un im m en se cham p de batail le . M ais il sem b le ra i t q u e ces d e u x « E sp r i t s» n 'e ta ie n t pas des d ieux du Bien et du M al. C e p e n d a n t , l 'ex is tence de ces deux « E sp r i t s» m o n t re bien q u e la d o c t r in e e ssen ien n e eta it du a l is te et no n m o n is te c o m m e c 'es t le cas p o u r I 'A .M .O .R .C . Un au tre point de do c tr in e , celui de la p red e s t in a t io n , eta it en se igne avec beau co u p de fo rce p a r les p re tres de la secte. La en core , co m m e n t se fait-il que I 'A .M .O .R .C . pu isse se reclaimer des e ssen ien s a lo rs q u e l 'organisa- t io n ro s ic ruc ien n e est v io le m m e n t o p p o s e e a la d o c t r in e de la pre­d e s t in a t io n ? Enfin , une au tre d o c t r in e im p o r ta n te p o u r les esse­niens, m ais re jetee p a r I 'A .M .O .R .C ., est celle du ju g e m e n t de Dieu: les elus a u ro n t la vie e te rne lle tan d is q u e les « fi 1 s de Belia l» seront a

4’ Ou doctrine de la fin des temps.48 Dont I' Ecrit de Damas.

tout ja m a is ex term ines . C e tte d o c t r in e d ite «de la re t r ib u t io n » ne co r re s p o n d d o n e ab so lu m e n t p as av ec celle du Karma. N o u s av ons la une p reu v e q ue I 'A .M .O .R .C ., qui se rec lam e d 'o r ig in es an- cienties, est en fait un lou t au tre m o u v e m e n t avec ses do c tr in es pro- pres. C a r I’A .M .O .R .C . , d isons- le f ra n ch em e n t , est un des p rodu i ts de la th e o so p h ie et de la t rad i t io n occu lte , et n o n de 1'essenisme.2. L ’organisation interne

Les com munaut es esseniennes etaient pr inc ipa lement re­parties dans le desert de Juda et dans les environs d ’En- Guedi . C ’etaient des com m un aut es «fermees», separees du monde exterieur. La vie austere, la morali te exemplaire, l ' abstent ion du mariage, le rigorisme par rapport a la Loi ca- racterisaient l’esprit com munaut a i r e qui regnait dans ces dif- ferentes colonies m onas t iq ue s49. La vie de ces communautes , son organisat ion en particulier, ne ressemblait pas de pres ou de loin aux coutumes ou tradi t ions de l 'ordre rosicrucien A.M.O.R.C. de nos jours. I l y a certes quelques similitudes, mais aucune n'est le reflet exac t de ce qui se passait aut re­fois. L'entree dans la com m un au te de Qumran n'etait pas chose facile: il fallait passer par une per iode de po s tu la t50 d 'une annee suivie par une aut re per iode de noviciat de deux ans. S'ils etaient admis, les membres devaient alors mener une «vie sainte et droi te» et aussi devoi r obeissance a leurs superieurs hierarchiques. Les membres de la com munaut e etaient classes en «justes», «saints», «pauvres» , «convert is» et «peni tents». Ces classes n 'etaient pas a proprement parler des grades: seules l ' intelligence et la perfection de sa conduite, et non les progres initiatiques, permettaient a cha- que membre d'etre mieux classe. Dans le cas contraire, une faute avait pour consequence de le faire re t rograde r51. Un Conseil de douze membres auquei s ’a joutaient trois pretres determinait chaque annee un reclassement ou le declasse- ment de chacune des personnes appa r t enant a la co m m u ­naute. Ainsi, le fonct ionnement de I’organisat ion etait-il lar-

4Q Dans ce cas precis, nous sommes tres loin des principes et des pratiques professes par I'A.M.O.R.C.

50 L'A.M.O.R.C. a lui aussi les degres de «neophyte» et de «postulant». Mais la s 'arrete la comparaison: les esseniens, eux, ne payaient pas de coti- sations et ne s’adonnaient pas a I'occultisme.

51 Est-ce que I'A.M.O.R.C. pratique la retrogradation de ses membres in- fldeles?

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gement t r ibutaire d ' un e hierarchie sacerdotale tres puissante. Le clerge etait en effet la classe p r e d o m i n a t e dans [ 'organi­sation essenienne.

La doctrine, la spiri tualite et l’organisat ion des esseniens etaient, pourrai t -on dire, uniques en leur genre. II ne semble pas q u ’ils pouvaient s ' identif ier avec d 'aut res groupes ou communautes . D'ail leurs, et I’histoire le prouve, les esseniens disparurent comple tement de la scene apres la prise de Je ru ­salem par Titus en 70.3. L A .M . O.R.C. descend-il des esseniens ?

Les esseniens, nul ne le conteste, etaient des mystiques. Leur piete, revelee par les rouleaux de Qu mran , etait celle que le «Mait re de Just ice» leur avait donnee. L'A.M.O.R.C. , de son cote, p r e t e n d etre un ordre mystique qui, de plus, re- vendique une affil iation essenienne. H. Spencer Lewis, dans son livre La vie m ystique de Jesus, soutient cette these.

Selon des «archives» rosicruciennes, les esseni ens 52 se- raient des descendants de la G rand e Fraternite Blanche qui auraient pris ce nom a Alexandr ie avant de part i r dans les pays l imi trophes de 1'Egypte. L’A.M.O.R.C. soutient aussi que Jesus et Mar ie faisaient partie de la secte, ce qui a ete t o ­talement infirme grace aux dernieres recherches bibliques.

La branche «palest inienne» se developpa petit a petit. Chose curieuse: tous les esseniens etaient de «pure descen­dance aryenne»! C'etait , si Ton en croit H. S. Lewis, des gens parfaits, ou presque. Nature llement tout candidat , aryen pre- cisons-le, qui desirait ent rer chez les esseniens devait subir toutes les epreuves de l ' ini tiat ion. Mais ce qu'il y a de mieux, c ’est que le premier Impera tor de l 'A.M.O.R.C. «reprodui t» des «articles de foi» qui aura ient ete adoptes lors de la fon- dat ion de l 'organisat ion essenienne. L'article 3 semble etre cousu de fil blanc: « L ’ego humain vient de Dieu et ne fait qu 'u n avec Dieu; il est, par consequent , immortel et e t e rne l53.» D ’autres «articles» (5, 6 et 9) vont dans le meme sens, c'est-a- dire de la pensee rosicrucienne de l 'A.M.O.R.C. , pensee qui est, comm e nous le savons, monis te et pantheiste.

52 C’e mot signifierait, selon l’A.M.O.R.C., «medecin» et deriverait du mot syrien «asaya».

53 H. S. Lewis, La vie mystique de Jesus, p. 22.

Si H. Spencer Lewis fait fi de toutes ces considerat ions his- toriques ou theologiques, c ’est parce qu'il veut s 'appropr ier I 'essenisme en ne retenant qu 'un seu! critere: la m ystique-4. Autrement dit, il met sur le meme plan la mystique esse­nienne et celle de l 'A.M.O.R.C. La mystique rosicrucienne n'est pas, au vrai sens du terme, la mystique, au sens de I 'union spiri tuelle du croyant avec Dieu qui, lui, est un etre personnel et t ranscendant et non pas immanent . (Nous aurons I 'occasion de le preciser au chapit re 5.) L'A.M.O.R.C. n'est pas un ordre mystique, mais une association occulte. La di fference - elle est de taille - se situe la. Ce n'est pas en pre- nant un aspect de la piete essenienne, au demeurant tres im­portant , que l 'A.M.O.R.C. peut se croire oblige d'aff irmer que son ordre est une emanat ion des communautes esse- niennes. Rien de plus faux que de recuperer - ou de piller - un passe pour le moins revolu. Mais, et nous l ' avons deja de- montre plus haut, l 'A.M.O.R.C. n 'en est pas a son coup d 'es ­sai...

Le te rm e « m y s t iq u e» p o u r l’A .M .O .R .C . designe en fait un rosi- c ru c ien qui p ra t iq u e les en se ig n e m e n ts occu ltes de l 'O r d re . Etre m yst ique , c ’est a c q u e r i r un m a x im u m de p o u v o irs p a rapsycho lo g i- q ues , et la p u is san ce de d e v e lo p p e m e n t de ces pouvoirs defin i t le d egre p lus ou m oins h a u t de m ystic ism e du m em bre . Un m ystique p o u r l 'A .M .O .R .C . n 'es t ni plus ni m oin s q u 'u n m em b re qui p re tend a t te in d re la m aitrise des choses p a r ( 'u t i l isa t ion des p ou vo irs mis a son service p a r l 'o rg an isa t io n !

Le GnosticismeSi l 'A.M.O.R.C. revendique en priorite un «heri tage»

egyptien et grec, par contre, le Lectorium Rosicrucianum se refere uniquement aux enseignements gnost iques et neo- gnost iques. Car, nous le ver rons plus loin, au chapit re 6 , cette secte pernicieuse s’est l i t teralement approprie la do c­trine gnost ique en y met tant par -dessus I 'etiquette «Rose- C’roix». Le Lectorium Rosicrucianum clame fierement son affil iation au gnosticisme, tous ses ecrits laissent en effet re- fleter cette tendance. Mais encore faut-il se poser la quest ion:

54 Comment se fait-il que H. S. Lewis, pourtant si bien informe par ses «archives», ne parle absolument pas du «Maitre de Justice»?

.

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le Lectorium Rosicruc ianum est-il une resurgence d 'u n loin- tain passe ou bien n'est-il qu 'une simple imitation d 'un m o u ­vement main tenant bel et bien revolu?1. Hermes Trismegiste

II ne s'agit pas la d ’un homme, fondateur d ' un e nouvelle religion, mais d 'un personnage legendaire ou mythique nomine Hermes Trismegiste (Trois fois tres grand). Sous le couvert de ce nom fabuleux s'est developpe ul ter ieurement toute la doctr ine de l 'Hermet isme, revelee pr inc ipa lement dans le Corpus herm eticum et YAsclepius. Le Lectorium Rosi­crucianum se reclame de la doctr ine d 'Hermes . N'a-t-il pas publ ie sous la plume feconde de J. van Ri jckenborgh un gros livre intitule La Gnose originelle Egyptienne qui est une t ra­duct ion et une explicat ion rosicrucienne des oeuvres d ' H e r ­mes Trismegiste?

II y a en fait de ux c o u ra n ts se r ec la m an t de l 'H e rm e t ism e . Le p re ­mier. q ue n o u s ap p e l le ro n s « H e rm e t i s m e or ig ine l» , est celui qui se refere au x seuls en se ig n em e n ts d 'H e r m e s T rism egis te . L 'au tre Her- m e tism e est celui qui s 'es t p r in c ip a le m e n t d e v e lo p p e au co u rs de l 'e p o q u e m ed ieva le . O u tre la d o c t r in e or ig ine l le d 'H e rm e s , l’AIchi- mie, la K a b b a le et la M ag ie (b lan c h e et no ire) v e n a ien t c o m p le te r le Corpus Hermeticum. C ’e ta it d o n e une c o m p i la t io n de d iffe ren tes gno ses . L 'H e rm e t ism e , n o u s le v e rrons , a ete un des c o u ra n ts oc- cu ltes les p lus actifs au cou rs du M o y e n Age.

L'Hermetisme (originel) prend ses sources en Egypte. Le dieu egyptien Toth, qui etait le dieu de la lune, devint par la suite le dieu de la Sagesse. II possede la pleni tude de la connaissance et sur tout son souffle est createur. A ce titre, le mon de est organise par son verbe. II est aussi I ' inventeur de l’Ecriture. Bref, sa place dans le panth eon des dieux egyp­tiens est grande. Toth, dieu egyptien, fut appele Hermes par les Grecs, c ’est-a-dire le dieu de la reve l a t ion>5.

La doctr ine hermet ique originelle est difficile a com pre n­dre. II s’agit plutot de them es dont certains, et en particulier celui qui touche a I’ame, ont ete repris par le Lectorium Rosi­cruc ianum. L'ame a pour origine divine Dieu, mais celle-ci

55 L'apotre Paul lut pris pour Hermes (Mercure) «paree que e'etait lui quiportait la parole» (Actes 14: 12).

est liee a la Matiere. Cependant , elle eprouve un ardent desir de retrouver la Patrie celeste. Ce retour, cette remontee, exi­gent I 'obeissance parfaite aux lois cosmiques afin que l’ame puisse passer par la «mor t mystique». Cette obeissance s’ex- pr ime notarnment par I’initiation qui se subdivise en deux parties, l’absorpt ion d 'un breuvage et le bain de purification. Alors, et seulement apres cela, I 'ame rejoindra la veritable «Pat rie» qu'el le n 'aurai t jamais du quitter. Quant a Dieu, il se t rouve reduit a n'etre qu 'un Dieu inconnu, qui se cache et qu' i l faut chercher.

Nous avons resume la l’essentiel de la doctr ine hermeti ­que. En mettant en parallele les enseignements de I 'Herme- t isme et du Lectorium Rosicrucianum, il est evident qu'il existe des simil i tudes d ’idees. La doctr ine dite «de la reinte­grat ion des ames» en est son trait dominant , tout comme ce fut le cas pour les Manicheens. Cet te doctrine est antibibli- que et nous aurons I’occasion plus loin de la refuter.2. Le Gnosticisme

L'Eglise chret ienne a connu vers le second tiers du IIe sie- cle une crise tres grave dont elle sortit a grand-peine. L'appa- rition du gnost icisme chretien (de gnose = connaissance) a ete le resultat de tous les aut res courants gnost iques ante- rieurs. Le christ ianisme n'a fait qu'heri ter toutes les t radi ­t ions gnost iques ou occultes d'aut refois. Les religions baby- loniennes, assyriennes ou egypt iennes de meme que les diffe- rents systemes de la phi losophie grecque ont ete des sources d ' inspi rat ion du gnost icisme chretien et neo-chretien.

Le gnost icisme designe un courant de pensee, paien ou chretien, qui met a la premiere place la connaissance et ceci aux depens de la foi. Ainsi la foi s’oppose-t-elle a la connais­sance et ce s imple fait divise les hommes en deux camps: ceux qui n 'ont que la foi, les «s imples» croyants, les «exote- riques», et ceux qui ont la connaissance , les inities, les esote- riques. Le gnost icisme repose sur le du a l i sm e 56 plus ou moins radical: Esprit ou Matiere, Bien ou Mai, Dieu bon ou Demiurge, etc. Un aut re theme fondamenta l du Gnost icisme est la separat ion des mondes, des mondes celeste et terrestre.

56 II existe cependant un dualisme moniste. Nous le retrouvons chez des philosophes comme Basi 1 ide (gnost ique egyptien du 11° siecle) ou son com- patriote et contemporain Valentin.

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r

L'homme, dans ces condi tions , se retrouve toujours prison- nier du m on de inferieur, celui de la Matiere. C omm en t Phomme, miserable et ignorant , peut-il sortir de ce triste etat et recouvrer sa l iberte? Tout s implement en faisant une breche dans la Matiere! Pour cela, un seul nioyen: la gnose qui seule peut eclairer Tame et la delivrer. La connaissance, et non la foi, est done salvatrice. Telle est en resume la d o c ­trine gnost ique qui est, comm e on peut le constater, terrible- ment dangereuse.

Si I 'anthropologie, et dans une certaine mesure la cosmo- gonie, ne subit relativement que peu de changement dans les differentes tendances gnost iques, la connaissance de Dieu en tant que personne et etre se reduit a presque rien ou meme a rien du tout. Basilide le no m me « r ien»! En regie generale, il n'est pas matiere, ni essence, ni non-essence, ni simple, ni compose , ni homme, ni dieu, etc. II est impersonnel , voire in- connu car il ne porte pas de nom. Ainsi, la connaissance de Dieu, personnel et t ranscendant , est-elle chez les gnost iques et neo-gnost iques un concept totalement e tranger a leurs idees.

L’un des plus celebres gnost iques «chre tiens» fut Marcion, ne en 85 a S inope (Asie Mineure) , mais il n 'a pas exerce dans les milieux rosicruciens be aucoup d ’influence. Par contre, d ’autres gnoses tels que le Manicheisme et sur tout le Catha- risme ont suscite un tel attrait chez Jan van Rijckenborgh que le Lectorium Rosicrucianum a pour ainsi dire adopte ces en- seignements.3. Le M anicheisme

Le Lectorium Rosicrucianum est un m ouvem ent neo-mani- cheen, mais sans aucu ne affinite histor ique ou spiri tuelle avec le Manicheisme primitif. Tout simplement , et comme pour I 'A.M.O.R.C. avec l 'Egypte ou les esseniens, la Rose- Croix d 'H aar le m revendique, elle aussi, des racines historico- spirituelles. Le Manicheisme, sur differents points du moins, a quelque ressemblance avec la secte ros icrucienne neerlan- daise. C'est , en effet, une religion qui se veut gnos t ique et qui se dist ingue par son duali sme par ticul ierement rigide.

Le fondateur du Manicheisme, le Perse Mani est ne en 216 en Babylonie, d ' un e famille princiere liee a la dynast ie re- gnante des Arsacides. II fut eleve dans la foi baptiste elcha-

sa’i t e 57 et, a deux reprises, en 228 et en 240, Mani avait re^u de la part d 'un ange l 'ordre de quit ter la co m munaut e elchasaite.

C ’est apres la deuxieme visitat ion de I 'ange que Mani com ­mence a precher sa doctrine. D ’emblee il connai t le suc ce s58, le roi d ’Iran lui est favorable et la permission lui est accordee pour repandre ses idees dans tout le Royaume. Durant des annees et des annees, Mani proclamera sa doctr ine et un grand nombre de nouvelles com m un au te s verront le jour. L'I ran, mais aussi I’lnde et l’Egypte furent les premiers pays touches par ce nouveau courant . Toutefois la si tuation chan- gea avec la mort du roi qui avait toujours soutenu ces theses religieuses; son successeur veut renverser la tendance et ce sont les mazdeens qui auront la faveur du monarque. Peu de temps apres, Mani est arrete, puis aussi tot jete en prison. II succombera , suite aux mauvais trai tements, en 276. Son mar- tyre, loin de freiner l 'elan des disciples, va au contraire pro- voquer un regain d ’activite de la nouvelle secte qui va s 'eten- dre a tout I 'empire romain. August in, apres avoir ete mani- cheen lui-meme, sera l 'un des opposan ts les plus en verve a cette heresie pour le moins dangereuse. Le Manicheisme, malgre de tres violentes persecut ions aux IVe et Ve siecles, parvint a se mainteni r j u sq u 'au X 111e siecle, date a laquelle les Mongols aneant i rent tout ce qui pouvait encore subsister de cette religion.

La doctr ine manicheenne etait une tentative de syncre- tisme entre le christ ianisme et le zoroas t r i sme59. Le Man i­cheisme admettai t l’existence de deux principes: le Bien, la Lumiere, l 'Esprit d 'un cote et le Mal, les Tenebres et la M a­tiere de I 'autre. Ces deux Natures antagonis tes sont inengen- drees, done eternelles et equivalentes. C hac un e d'elles a son propre terri toire: le Royaume de Dieu au nord, celui du Mal au sud.

s Elchasai aurait ete un ju ifde naissance et de religion et il serait devenu, vers Pan 100. le prophete d 'une nouvelle religion. Stricts observateurs de la Loi, les elchasaites pratiquaient le bapteme pour la remission des peches.

II pretendait que l'Esprit Saint et la Science totale s’etaient incarnes enlu i!

5U Le zoroastrisme. appele encore mazdeisme, etait une religion originaire d 'I ran. Son fondateur, ou plutot le reformateur de la religion iranienne, sem­ble avoir ete Zarathoustra qui vecut vers 700-630 av. Jesus-Christ. La princi- pale caracterist ique du zoroastrisme est son dualisme absolu: le Bien et le Mal sont opposes de fatjon irreductible.

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L'histoire du salut n ’est q u ’une longue suite d 'elucubra- tions. D ' une maniere generale, il s 'agit d ’une succession de guerres entre la Lumiere et les Tenebres. Un personnage cle no m m e l’« H o m m e primordial)) jouera un role impor tant dans I’histoire. Parti avec ses cinq tils pour combat tre les puissances du Mai, il est vaincu et ses fils devores par les de ­mons. Mais, le «Pere de la G rand eu r» (la Lumiere) riposte sans ta rder et l 'H om m e pr imordial est delivre apres des aven- tures epiques. Mais la lutte continue. En fait, elle n'est pas encore finie, car des «part icules de Lumiere» sont encore empr isonnees dans la Matiere.

Si la cosm ogonie manicheenne est ef froyablement c o m p li- quee, 1'anthropologie l’est tout autant : Adam et Eve auraient ete le resultat de l ' accoiiplement de deux dem ons male et fe- melle! Toutefois Adam est delivre de son inconscience «bes- tiale». Mais toute sa descendance, marquee du sceau de la sensuali te, sera celle de la Matiere. Ainsi toute l 'humanite is­sue d ’Adam est-elle celle du plan de la Matiere, done des te ­nebres. Seuls ceux qui auront compris que la Gnose peut les delivrer des mefai ts de la Matiere seront sauves. Une ascese et un mode de vie r igoureux seront necessaires pour y parve- nir. Ainsi les «elus» pourront remonter au « Paradis originel de Lumiere» tandis que les autres seront condamnes a «re- nai tre» et a subir une nouvelle naissance physique.

II y a, c'est vrai, des convergences entre le Manicheisme et la doctr ine du Lectorium Rosicrucianum. Ressemblance dans le fond: le dual i sme entre I’Esprit et la Matiere, une cosmogonie et une anthropologie communes sur bien des points, une ethique de vie severe; ressemblance dans la forme: le vocabula ire sur tout nous frappe. Des expressions com me l ' « H o m m e primordial)), Esprit, Matiere, etc., ont la meme connota t ion de part et d ’autre. Le Lectorium est done, dans une certaine mesure, une resurgence du Manicheisme. En realite, tout en copiant servilement la doct rine de Mani, Jan van Ri jckenborgh et Catharose de Petri, les fondateurs du Lectorium Rosicrucianum, l 'ont cependant t ransformee. Ils ont pris soin, en effet, d 'y mettre en plus le mythe de la Rose-Croix (qui n'a absolument rien a voir avec le M an i­cheisme) et le Cathari sme. Si bien que, si le Manicheisme est present , il est en definitive voile par l ' adjonct ion d 'aut res courants de pensee gnost ique.

4. Le C atlw rism eLe Lectorium Rosicrucianum est tres fier de son affil iation

au C a tha r is m e60. Ca r tout son enseignement est fortement impregne de la doctr ine et de la symbol ique cathares. Cha- que annee, des affiches sur la voie publ ique annoncent le theme des conferences rosicruciennes du Lectorium et bien souvent le theme, ou l’appat , des Cathares est propose. Nous avons assiste a l 'une de leurs conferences a Lausanne. Notre impression fut tres mitigee: si quelques points forts du C a ­thari sme furent mis en evidence, notarnment le dual i sme, par contre le reste ne fut qu 'u n magm a et un fatras d ' idees in- comprehensib les pour le premier venu. De plus I 'histoire des Cathares, tout comme celle de PEgypte pour l 'A.M.O.R.C., est le m onopo le du Lectorium Rosicrucianum. Cette no u ­velle version «revue et corrigee» par la Rose-Croix d ' Or avait de quoi scandali ser plus d 'un auditeur, mais les rosicru­ciens n ’en sont pas a un tour pres, sur tout en ce qui concerne I'histoire...

L’origine des Cathares se perd dans la nuit des temps. Ce fut, en tout cas, une resurgence des gnost icismes mazdeen et manicheen. Certains pensent meme qu'il y aurait une verita­ble liaison entre le Manicheisme et le Cathari sme. 11 faut, en effet, admet t re que le Manicheisme etait loin d ’etre aneanti malgre les rudes coups qui lui furent portes. II est probable que la lointaine origine des Cathares remonte au Xe siecle aux Balkans avec les Pauliciens et les Bogomiles.

Les Paulic iens e ta ien t une secte p lus ch re t ien n e que gno s t iq ue qui a vu le jour au VI lc siecle en Asie M ineu re . Le nom de leu r p r e ­s u m e fo n d a te u r est Paul de S am o sa te , ev eque d 'A n t io c h e en 260 et qui fut d e p o se p a r A u re l ien en 272 a ca u se de ses idees he re t iques qui p o r ta ie n t sur la d o c tr in e de la Trin i te . Selon d ’au tres, un certa in C o n s ta n t in de S a m o sa te fut le ve ri tab le in i t ia teu r d u m ou v em e n t . La d o c t r in e des Pau lic ien s n 'e ta i t pas m a n ic h e e n n e ; c e p e n d a n t , ils r e p r i ren t p o u r e u x -m em es le th e m e d 'u n esprit bon et de la m a tie re m a u v a i s e 61, ce qui est e f fec t iv em en t le c o n ce p t d 'u n e d o c tr in e typi- q u e m e n t dua lis te . Les Pau lic iens, qui e ta ien t en guerre co n tre By-

60 Du grec calharos, ce qui signifie «pur».61 Les Pauliciens rejetaient I’Ancien Testament et une partie du Nouveau,

ils n 'a ttribuaiem aucune valeur aux sacrements, etaient anti-pedobaptistes et, de plus, violemment anticlericaux.

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zance . fu ren t de f in i t ivem e nt v a in cu s en 872 et d e p o r te s d a n s les pays b a lk an iq u e s . C 'e s t a insi q u e des « fe rm e n ts d u a l is te s» ap paru - rent d a n s cette region.

La, les Pau lic iens ne res teren t pas inact ifs : une assez g ran d e par- tie de la p o p u la t io n de la Bosnie, de la D a lm a t ie et de la Serhie fut g ag n e e aux nouvelle s idees. 11s p r iren t a lo rs le n o m de Bogomiles (A m is de D ieu) et cette d o c tr in e se r e p a n d i t e g a lem e n t au nord de I' Italie.

C o m m en t les neo -Manicheens ont-ils abouti dans le Tarn et I 'Ariege? Les historiens sont sur ce point divises. Q u ’im- porte! Ce qui nous interesse ici, c'est la doctr ine des Ca- thares. Mais, auparavant , il est necessaire de ment ionner un href historique. Les Cathares, appeles aussi Albigeois (ils etaient tres nombreux dans la region d ’Albi), etaient solide- ment implantes dans le Midi de la France au X l e siecle. Les cathol iques furent inquiets du rapide dev eloppement de cette heresie. Malheureusement , ils employerent la maniere forte: en 1209 Innocent III or do nn a une Croisade. C o m m an des par S imon de Monfor t , les Croises repr imerent I’heresie avec une brutali te inoute. Les villes de Beziers et de Carcassonne fu­rent saccagees de fond en comble et les popula t ions entiere- ment massacrees, y eompris les catholiques. Finalement le dernier bast ion cathare s 'e f fondra lors de la prise de Montse- gur en 1244. La secte disparut alors progressivement.

La doctr ine des Cathares est d'essence dualiste. Le prin- cipe doctr inal , a quelques nuances pres, est ident ique a tous les aut res enseignements gnost iques de par I 'existence de deux principes opposes. Le Bien et le Mai ont ete a I'origine de tous les courants dualistes qui n 'ont eu q u ’un seul but: ce- lui d'explici ter le commencement du Mai, tentative desespe- ree, i 11 usoire et utopique. Au lieu de se contenter des sobres mais claires explicat ions bibl iques, l ' hom me a voulu com- prendre l’incomprehens ib le: il s’est, une fois de plus, egare. C ar ce n'est pas le dual i sme qui pourra app or te r une reponse humainenient satisfaisante a ce douloureux probleme.

Au debut , l’homme, selon les enseignements cathares, etait bon, mais il fut ent raine dans la chute par Satan. Le Dieu bon est unique: il est Amour et ne peut avoir cree le mal; il est la mani festat ion de la Lumiere et de 1'Esprit. Par contre le Mal, qui aurait ete un pr incipe preexistant a Satan, se serait

p leinement developpe avec la chute de Satan lequel ent raina l’homme. Le mal, puissance temporel le, s ' enracine peu a peu dans la Matiere. L’homme, qui est corps, ame et esprit, doit se de tacher de la Matiere pour que son esprit puisse s 'unir a Dieu. Plus exactement, l’ho m me doit se decreer, soit passer du Temps a l 'Eternite. Puisque le corps est considere comme une prison. l ' homme pour etre delivre doit passer par une as- cese r igoureuse, par une discipl ine stricte s'il veut echapper a I 'emprise du Mal et de la M a t i e r e 62.

En plus de l’ascese qui etait reservee aux «Parfai ts» (autre nom des Cathares), le baptem e avait une tres grande im por ­tance, non pas le bap teme d 'eau juge insuffisant, mais celui du feu. Pour recevoir 1'Esprit, le candida t , apres une attente de trois ans au minimum, devait subir un rite d' ini t iat ion ap- pele consolamentum. Les «Parfai ts» devaient s’abstenir de toute nourri ture animale, de tous rappor ts sexuels et de po r ­ter les armes. Ils devaient egalement s’ado nn er a des exer- cices spiri tuels tres severes tels que le jeune prolonge, appele endoura. II n ’etait pas rare que ces jeunes severes se pro lon­g e d ju s q u ’a la mort! Le renoncement extreme, la haine et le mepris du monde materiel ont ete la cause du sectarisme ex- cessif des Cathares.

Les Cathares ont disparu depuis longtemps. Ils ont em- porte avec eux une doctr ine et une ethique. Le Lectorium Rosicrucianum pretend reprendre le f lambeau du Catha- risme. II cultive en effet une devot ion quasi idolatre a ce mouvement neo-manicheen. Que faut-il en penser? La en ­core, et tout comme pour les Manicheens , il ne faut pas conclure hat ivement que la Rose-Croix d 'Haar lem soit la re­surgence du Cathar isme. Certes, le dual i sme, et aussi le voca- bula i re63 de meme que l ' ethique se rapprochent quelque peu du mouvement rosicrucien neer landais. Malgre cela, nous croyons que le Lectorium Rosicruc ianum est plutot un m o u ­vement occulte que cathare. II ne semblerai t pas, en effet, que les rites d' ini t iat ion cathares soient au tant empreints d'occul-

63 Le monde sensible etait considere comme un «enfer»: la vie ici-bas etait done une epreuve. Ceux qui auront vecu dans la chair seront condam- nes a passer par le cycle des renaissances. Nous y vovons la une reprise de la doctrine de Mani.

63 Le Lectorium Rosicrucianum affectionne beaucoup ces mots tels que endoura, transfiguration, etc.

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t isme que ceux du Lectorium Rosicrucianum. Le neo-gnosti- cisme rosicrucien n ’est en definitive que de I 'occultisme qui n ’ose pas porter son nom. Tel est le cas du Lectorium Rosi­cruc ianum.

C H A P I T R E 11

Les Societes Secretes MedievalesLe rosicrucianisme tel que nous le connaissons

auj ourd 'hui a vu le jo u r au debut du X V II e siecle. La nais- sance de ce nouveau mou vem ent ne fut pas un evenement isole dans 1’histoire, mais bien le fruit d ’une lente evolution philosophico-occul te qui dura quat re siecles au moins. II nous faut, en effet, remonter au Moyen Age pour discerner des traces de societe de type initiatique.

Notre civilisation actuelle est en train de redecouvr ir la so­ciete medievale. Ce fut une epoque fascinante a bien des e g a r d s 1; cependant , il ne faut pas oubl ier que cette epoque fut sur tout marquee par l 'obscurant isme religieux. Ce n'est nullement par hasard que les societes secretes prolifererent dangereusement au point meme d 'ebranler les fondements de 1’Eglise catholique. La papaute engagea contre tous les here- t iques une Iutte impitoyable et sans merci. De nombreuses personnes s o u p 9onnees de sorcellerie, d 'occult i sme, d ’illumi- nisme, etc., furent brulees vives. La pression de l’Eglise ro- maine fut ex t remement severe et 1’influence des societes se­cretes cessa peu a peu. Neanmoins , les tradi t ions occultes, al- chimiques, kabbalist iques, etc., se perpe tuerent a travers les ages pour reapparai t re au XVIIe siecle, sous une forme lege- rement differente, il est vrai.

Pourquoi ce fo isonnement de societes secretes au Moyen Age? Le Moyen Age designe une periode qui s 'etend du Ve au XVe siecles (1453, prise de Constantinople). II est tres net- tement delimite, d 'une part, par l’e f fondrement de l 'Empire romain, done de la cul ture ant ique, et, d ’autre part, par le d e ­but de la Renaissance et l’avenement de la cul ture classique. L 'epoque medievale est, en quelque sorte, la charniere qui re­lie le monde ant ique au mon de moderne.

Ainsi le Moyen Age a vu le j o u r sur les decombres de la Rome imperiale, ecrasee par les Barbares. L’Eglise chre-

1 Cf. Regine Pernoud, La fem m e au temps des cathedrales. Stock, 1980.

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t i enne reussira, elle, contre vents et marees, a se main teni r tant bien que mal. L'Eglise de Rome exercera tout au long de cette longue per iode une puissance toujours croissante: elle at teindra le faite de sa g rand eur au X11 Ie siecle avec Thomas d 'Aquin .

Paral lelement au dev eloppement de 1’Eglise romaine, les societes esoteriques tenterent elles aussi d ’e tendre leurs zones et spheres d ’influence dans le monde occidental . Le caractere initiatique de ces mou vements et, surtout, leurs doctr ines heterodoxes const i tuerent une menace mortelle pour FEglise chretienne. En effet, le but de ces societes se­cretes etait de t ransformer pro fonde m en t la theologie et les structures de 1' Eglise en lui «gref fant» une aut re «religion», c 'est-a-dire l 'esoterisme «chret ien». En d ’autres termes, cette «greffe» n ’etait en realite q u 'u ne veritable manoeuvre de dest ruct ion de l’Eglise. Cette ent reprise subversive echoua a cause de la reaction violente de la papaute. Malgre les atta- ques qu' ils ont subi, les mouvements rosicruciens modernes sont tous demeures fideles a l’object if de leurs lointains pre- curseurs. Max Heindel n ’ecrit-il pas a ce propos que le but de la Rose-Croix est de creer un « veritable christ ianisme esote­r ique qui deviendra la religion m o n d i a l e » 2.

Les societes medievales n 'etaient pas toutes entourees de mysteres. Prenons le cas des corpora t ions professionnelles (ou ghildes) qui etaient des associat ions d ’ouvriers, de mar- chands ou d'art istes: elles avaient pour objet la defense et le r ayonnement de leurs propres activites. «La corpora tion , ecrit Barret, assure a toute une classe de citoyens une reelle securite. Elle creee une police exterieure, prend soin des veuves, des orphelins, des vieillards, exerce une censure m o ­rale sur les apprenti s, les com pag nons et meme sur leurs p r o ­pres membres q u ’elle oblige a une probite profess ionnel le3.» Les corpora t ions medievales poursuiva ient aussi des huts phi lan thropiques , fraternels, moraux et meme spirituels. L’esprit d ’am ou r et d 'en t ra ide etait la regie absolue chez tous les membres de la corporat ion . C'est la raison pour laquelle le Moyen Age a dure plusieurs siecles!

A cote de cela, il existait quant i te d ’autres societes: celles

2 M. Heindel. Cosmogonie de la Rose-Croix, p. 29.J F. Barret. Histoire du travail, p. 26, P.U.F.

de type esoterique, c 'est-a-dire «fermees» aux simples pro­fanes. Plusieurs courants de pensee contr ibuerent a l 'eclosion des multiples societes medievales. Bornons-nous a citer les pr incipaux: le gnost icisme, l 'occult isme et Fhermetisme. Di- sons encore que la prol iferat ion des societes esoteriques s’ex- pl ique assez bien si I'on tient compte de la si tuation histori- que et religieuse medievale. A une epoque de decadence m o ­rale et poli t ique succeda une aut re e tape : celle d ’une re­cherche d 'un aut re type de societe, mais aussi d ’un nouveau type de piete.Les corporations

Pour en revenir aux corpora t ions, il est important de savoir que les Ghildes prat iquaient en leur sein des rites d' initia- tion, et ceci ju sq u 'a une date avancee. Si nous insistons quel ­que peu sur les corpora tions, c'est precisement parce que Pune d'elles, les masons , bat isseurs d'eglises, de cathedrales et de chateaux forts, forma tres vite une classe a part. Prote­ges par FEglise et par les seigneurs, les macrons consti tuerent une corporat ion sol idement unifiee et puissante. Ils ne tarde- rent pas, et ceci des le X 11 l e siecle, a declarer leur metier «f ranc», c ’est-a-dire libre de toutes les servitudes seigneu- riales ou feodales.

Mais, peu a peu, la corporat ion des «f rancs-ma9ons» tomba en decadence. L’architecture changea de style, il y eut des t roubles poli tiques, des nouvelles lois sur les corpo ra­tions, etc. Bref, une veritable crise du bat iment ! La franc-ma- 9onner ie dite «operat ive» allait faire place a une autre ma- q:onnerie dite «speculat ive» ou «phi losophique». Le proces­sus de t ransformat ion de cette corpora t ion fut lent, mais per ­ceptible. Des non-masons , membres de la noblesse et du clerge, en fait des gens qui n 'avaient aucun rapport avec le metier, furent enroles dans l 'ordre corpora t i f sous le titre de « m a 9ons acceptes». C'est ainsi qu'est nee en 1717 la franc- mason ner ie telle que nous la connaissons a u jou rd ’hui.

La Rose-Croix est anterieure a la ma^onner ie et elle Fa fortement inlluencee, du moins a ses d e b u t s -4. II faut recon- nai tre cependant que l ' inverse est vrai aussi: la Rose-Croix a

4 Le 18C grade du Rite Ecossais Ancien et Accepte est celui de Chevalier Rose-Croix.

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ete, dans une certaine mesure, t r ibutaire de la corporat ion ma- 9onnique de 1'epoque medievale. Les rites init iatiques et sym- holiques de la ma^onnerie marquerent d ’une empreinte inde- lebile le rituel rosicrucien, meme si celui-ci fut par la suite «spir i tualise». Ainsi. la ma^onner ie «occult iste» ne sera que la juste continuat ion de la ma^onnerie «operat ive», puis «speculat ive» ou, au t rement dit, une corporat ion de metier, celle des magons, aura do nne naissance a toutes sortes de so- cietes ma^onniques ou rosicruciennes.

Si nous avons effleure le tres difficile probleme de la f ran c-ma9onnerie, c’est parce que le Lectorium Rosicrucia­num pretend etre une «f ranc-m a9onner ie personnelle» et l’A.M.O.R.C. soutient la meme these, sur tout au niveau des rituels d' ini t iat ion. N ’oubl ions pas encore que le Mart inisme, aut re branche de la Rose-Croix, se reclame, lui aussi, des lointaines tradi t ions ma^onniques . Mais, precisons-Ie d ’em- blee, si autrefois il y avait des contacts entre les obediences m a 9onniques et les ordres rosicruciens, rien de tel n'existe a u j o u r d ’hui, les m a 9ons refusant tout contact avec les «spiri- tualistes Rose-Croix».L’Alchimie

Ce mot est ef fectivement lourd de sens! L’Alchimie serait la «synthese du savoir esoterique» ou, plus speci fiquement, l '«art de la t ransmuta t ion des metaux». Ce serait une science phys ico-chimique dont la t ransmuta t ion serait le symbole de 1 Absolu.

L'Alchimie, de l ' arabe el-kim vd , est done cette science oc- culte qui connut son apogee au Moyen Age. II semblerait que l 'Alchimie soit d'or igine o r ie n ta le 5 et q u ’elle ait ete int ro­d u c e en Europe au cours du X IJe s iede. L ’influence des Arabes en Espagne, mais sur tout les contacts des Croises avec la civilisation orientale, permirent a l 'Alchimie de p ren ­dre pied en Europe. Des la parut ion de quelques ouvrages al- chimiques traduits de l ' a r ab e6, la grande vogue pour PAlchi- mie c o m m en 9a. Elle atteignit une telle ampl eur que l’Eglise cathol ique reagit avec vivacite, mais cela n 'empecha pas sa propagat ion .

5 L'Alchimie existait autrefois en Chine et aux Indes.6 Dont Turbo philosophorum (La Tourbe des philosophes).

II serait fast idieux de resumer toute la doctr ine alchimi- que, d 'au tant plus que nous risquerions de nous repeter. Neanmoins , il nous semble bon d 'en degager quelques traits caracterist iques. L'Alchimie reposait , si I'on en croit Serge Hutin, sur une theorie et une p ra t i q u e 7. Sur le plan theori- que, l 'Alchimie part du pr incipe de 1’unite de toute la m a­tiere. Cette matiere est «vivante» pu isq u’elle nait et meurt sans cesse. Cette theorie etant admise, sa mise en prat ique debouche vers un processus de recherche mystique qu'est la quete de VAbsolu. Ce «peler inage» a pour but de decouvri r la tres mysterieuse « Pierre phi losophale», mais aussi l'art de t r ansmuer des metaux «ordina i res» en argent ou en or; cette t ransmuta t ion s’appelai t en termes a lchimiques « Petit Oeuvre» et «G ra n d Oeuvre».

Le « Petit O eu v re » , des ign e aussi p a r Petit Magistere, eta it ( 'o p e ­ra t io n qui au ra i t consis te a ob te n i r la Pierre Blanche, c 'es t-a-d ire le m o y en de ch a n g e r les m e tau x « viIs» en argent. Le « G ra n d O e uv re» , le Grand Magistere, p e rm e t ta i t d 'o b te n i r u ne Pierre de co u leu r rouge qui t ran s fo rm a i t les m e tau x dits « im p a r fa i t s» en or.

L'elaborat ion de la « Pierre phi losophale» aurait du per- mettre la t ransmuta t ion des metaux, la prat ique de la «Mede- cine Universeile» et VArs M agna ( « G rand Art»), soit le chan- gement du p lomb en argent ou en or, operat ion qui aurait permis de comprendre l 'Univers et ses lois. C'etai t surtout un symbole de renouvel lement , de transf igurat ion et surtout de perfection absolue; une chose cons ideree comme vile et im­pure devenai t apres coup estimable et pure. Une autre utili­sation de la « Pierre phi losophale» etait 1' E lixir de longue vie. Cet Elixir devait procurer une vie quasi perpetuel le a celui qui avait le privilege d ’en posseder. La Panacee, autre aspect de la «Medecine Universelle», aurai t ete un remede miracu- leux capable de restaurer I'etre tout entier. Enfin, le troisieme et dernier emploi de la «Pierre» etait le «G ran d Art» (ou «Art Royal»). Nous citons de nouveau Serge Hutin qui donn e ici une excellente definit ion de VArs M agna : «Le but de l 'Alchimie reposai t sur la cons tata tion d 'un e chute, d 'un e decheance , d ’une degradat ion des etres de la nature. Le su­preme Gran d Oeuvre (...) etait la reintegration de l’homme

7 S. Hutin, L'Alchimie, p. 9.

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dans sa dignite primordiale. La Pierre phi losophale donnai t a I 'adepte l ' excellence i l luminative, physique et morale, le bo nh eu r parfait, l’influence sans limites sur l 'univers, la com ­munion avec la cause premiere. Trouver la Pierre phi loso­phale, c'etait decouvri r l’A b s o l u 8...» Plus loin, le meme auteur ecrit ces lignes d ' un e prodig ieuse veracite: «Par l'Al- chimie superieure, I 'adepte devient un veritable surhomme, un etre divin; mais, c'est aussi la l iberation physique, la deli- vrance des forces aveugles du destin, la t ransmuta t ion de I'etre de I'illusoire au reel, et I’acces a l’immort a l i te9.» Ainsi, nous constatons que l 'Alchimie est bien plus qu 'u ne chimie ordinaire, c'est plutot une chimie m etaphysique , une chimie occulte et dont les objectifs ne sont autres que le bo nh eu r ab- solu de l 'homme sur cette terre. La vie eternelle, tel etait le but de l 'Alchimie. Son constat d 'echec est pa tent : elle a echoue comme toutes les aut res tentatives humaines de tous les ages. Si seulement ces ho m mes qui, au lieu de chercher desesperement la solution en eux-memes, s ’etaient tournes vers le Christ , ils auraient alors decouvert le veritable chemin qui mene a la Vie.

Avec le recul du temps, on compren d mieux l 'attrait qu 'exerce l 'Alchimie. Et Ton ne s ’e tonne pas que le Moyen Age tut en ebull it ion a cause du foi espoir qui pouvait naitre de ces recherches. Les societes a lchimiques moyenageuses ont eu une action tres forte sur tous les autres courants esote- riques. La Rose-Croix, qui verra le j o u r quatre siecles plus tard, sera une de ses emanations.L’Hermetisme

Nous avons, pour notre part, dissocie l 'Alchimie de l 'Her- metisme quoiqu' i l y ait b eau cou p de simil i tude entre les deux. L 'Hermetisme a, en effet, sa doctr ine propre, sa l i t e r a ­ture part iculiere et ses maitres distincts de ceux de l’AIchi- mie. 11 est vrai, cependant, qu 'au Moyen Age les societes al­chimiques englobaient tous les courants hermetiques. L 'H er ­metisme a toujours forme une com posan te des diverses socie­tes esoteriques ou occultes.

L’Hermet isme medieval se developpa considerablement

K S. Hutin. ibid., p. 11.M S. Hutin, ibid., p. 101.

des les premieres t raduct ions des ouvrages de Hermes Tris­megiste, dont le plus connu fut Tabula Sm aragdina (La Table d 'Emeraude) . Paral lelement a la pensee alchimique, la do c­trine hermetique se const i tua et s 'affirma.

La doctr ine hermetique a pour origine un certain Hermes Trismegiste, un personnage mythique. Sa pensee originelle, nous l ' avons deja vu, a cependant ete fortement diluee par d 'aut res courants de pensee esoteriques, tels que le paga- nisme, les religions a mysteres, les gnoses orientales, etc. II s 'agit done d 'un e doctr ine nouvelle qui n ’a rien a voir avec I 'Hermet isme primitif.

L 'Hermet isme «medieval» est d ' abo rd une cosmogonie. Dieu est cons idere comm e un principe, et non pas comme une personne. Dieu, ou plutot le Principe, s’engage dans le processus de la creation qui est marquee par le Chaos , e'est- a-dire l 'univers confus et «d eso rdo nne». A parti r du C haos, l 'univers s’organise et devient le Cosmos. Une «vibration ori- ginel le» nom mee en cette occasion Fiat L ux rend possible la creat ion du Monde. Ainsi, la creation debute avec le C haos; en d 'au t res termes, la creation ex nihilo est rejetee, car, pour les Hermetistes, il n'y a pas d 'espace vide.

Q uan t a l ' anthropologie hermetiste, toujours differente de celle d 'Her mes Trismegiste, elle se resume a une etroite rela­tion entre l’univers-macrocosme et l’homme-microcosme. L’ho m m e serait done la projection et le reflet de l’univers. En vertu de cette unite cosmique, la matiere serait vivante. Par consequent , et pour en venir a la chute et au salut, I homme pourrai t se sauver, d ’une part, en se degageant de la matiere et, d ’aut re part, en croyant que l a m e , segment de f a m e uni- verselle, peut a tout jamais retrouver sa position d'autrefois, au t rement dit l’union entre l’ame humaine et l’ame univer- selle.

Ces idees se sont largement repandues au Moyen Age, et elles ont ete plus tard recuperees par les premiers rosicru- ciens et, plus encore, par les neo-rosicruciens, en particulier I’A.M.O.R.C. Constatons, une fois de plus, l’impor tance de l’epo que medievale.. .La Kabbale

La Kabbale, de Kabbala qui signifie li t teralement «tradi- t ion», est la mystique juive ou plus exactement la gnose he-

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braique. La Kabbale a toujours ete entouree d ' un voile de mystere, mystere d 'au tant plus epais que les groupes kabba- listiques se sont toujours tenus a l’ecart de la societe, meme des autres groupes esoteriques. Notre object if est de montrer que la philosophie de la Kabbale a exerce une autori te et un ascendant sur les societes init iatiques medievales et qu'el le a marque, par ricochet, la p lupart des ordres rosicruciens ac- tuels.

La Kabbale a vu le jo ur au l l e siecle, soit presque en meme temps que le gnost icisme chretien. C o m m e tous les autres courants esoteriques, la Kabbale n'a pas echappe a une Iente evolution de sa doctrine.

A la K a b ba le prim it ive d ite « t a lm u d iq u e » des p rem ie rs siecles s u cc e d a , des le Ve siecle, la K a b b a le Merkaha, pu is celle des hassi- dim qui se p ro p a g e a su r to u t en A lle m ag n e aux X I I e, X11Ie et X IV e siecles. D u ra n t ce tte m e m e p e r io d e , u n e au tre ecole k a b b a l is t iq u e prit fo rm e en E sp agn e (du X 11 a u X V e siecles). Enfin la K a b b a le prit son visage d e f in i t i f avec M o ise C o r d o v e ro (1522-1570) de 1’eco le de Safed (pet i te ville de G a l i lee ) et avec Isaac Luria (1534-1572) qui r em o d e le ren t to u te la d o c tr ine . U n e au tre ecole k ab b a l is t iq u e , d 'o r ig in e p o lo n a ise , c o n t r ib u a a la fin du XVI He s ie ­cle a a f f in e r tou t le sys tem e de la p e n se e e so te r iq u e ju ive . E nfin , il sera i t b o n de m e n t io n n e r aussi la K a b b a le d i te « c h re t ie n n e» qui d a te aussi du X V e siecle et do n t le p rem ie r c h e f de file et pe re spiri- tuel fut un certa in Pic de la M a re n d o le (1463-1494).

Les societes secretes kabbali st iques connu ren t au Moyen Age un rapide developpement. Dans le Midi de la France, lors de la crise cathare, la Kabbale prit un essor exception- nel: de nombreux foyers juifs etaient, en effet, etablis dans le perimetre de Narbonne , Beziers, Lunel et Montpell ier . Natu- rellement les idees se propagerent un peu partout , mais le plus souvent par la voie souter raine. Des lors, la plupar t des groupes esoteriques, notarnment alchimistes, furent inities a cette nouvelle « t radi t ion» juive.

La Kabbale serait la tradi t ion orale que Moise aurait re^u en meme temps que la Loi. C o m m e pour la masonner ie , il y a deux sortes de Kabbales : la «pra t ique», c’est-a-dire la connaissance par la magie, et la «speculat ive» qui n ’est aut re que l’interpretat ion allegorique des textes sacres. La Kabbale a pour base les lettres et les chiffres de la langue hebraique.

Ch a q u e assemblage de lettres ou chiffres aurai t un sens ca­che dont il faudrai t decouvri r la signification. De meme, la Kabbale utilise tout un systeme de svmboles qui serait base sur le nom divin de Dieu. Les lettres qui composent la Tora «cont iendra ient» la creation, c’est-a-dire les mysteres de I’univers. Ainsi, le but de la Kabbale serait la connaissance du monde divin.

La Kabbale est aussi une cosmogonie , doublee d ' un e an- thropologie. La creation serait nee a part i r d ’un point pri­mordial . Dieu, qui est I’inconnaissable et l’insaisissable, se serait manifeste aux hommes par un point-lettre primordial , la lettre iota. De cette lettre, la plus petite de la langue he- braTque, sont derivees les 22 lettres de I’a lphabet hebreu ainsi que les 10 sephiroth (palais) qui seraient les att ributs du nom divin. Les textes de la Genese, certains passages propheti- ques d ’Ezechiel ainsi que le Cant ique des Cantiques sont, a l’aide des lettres et des sephiroth, interpretes en seconde lec­ture. Le Kabbal iste procede en fonct ion de la valeur numeri- que des lettres a des permuta t ions , ceci en vue de creer de nouveaux mots. Ne devient pas Kabbal iste qui veut: une lon­gue per iode d ’etudes et d ’initiation est necessaire. Apres avoir traverse les «sept cieux», l’initie peut alors s ' identifier avec YA dam K adm on , ou l 'homme initial. Ainsi, par le biais de cette technique, l ' adepte de la Kabbale pense t rouver la verite.

La Kabbale a non seulement joue un tres grand role dans les societes esoteriques medievales, mais elle a aussi forte- ment influence la plupart des precurseurs du rosicrucia­nisme. Paracelse, par exemple, etait un Kabbaliste convaincu. De nos jours, la plupar t des rosicruciens, en parti- culier les membres de l 'A.M.O.R.C. , s ’adonnent a la «mysti- que des nombres» , au t rement dit la Kabbale.

Les TempiiersLe lecteur sera sans doute e tonne de voir f igurer les Tem-

pliers dans la liste (non exhaust ive!) des societes initiatiques medievales. Mais leur role a ete a plus d ' un titre considera­ble. Les Ordres Templiers furent, en effet, source d' inspira- tion pour tous les autres Ordres esoteriques, notarnment pour ceux de la Franc-magonner ie et de la Rose-Croix.

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Les Templiers, ordre monast ico-mil i tai re, ont ete crees vers la fin de l’annee 1119. Au debut , et sous l ' impulsion de ses fondateurs Hugues de Payns et Geoff roy de Saint-Omer, les Templiers s ’appelaient «Pauvres Chevaliers du Christ». Mais, par la suite, ils eurent I 'occasion de s ’enrichir.. . Sous la protection de Baudouin II, sacre roi de Jerusalem, l’Ordre s 'organisa tres rapidement. Bientot, il sera reconnu officielle- ment en 1128 par I’Eglise cathol ique lors du Concile de Troyes. Cette reconnaissance fut le debut de la carriere ful- gurante des Templiers. En peu de temps, ils accumulerent des richesses inou'ies, mais aussi la jalousie et la rancoeur de be au cou p d'autres. Cela n ' em pecha pas les Chevaliers de par ticiper aux Croisades et de se bat tre courageusement contre les musulmans . Apres bien des peripeties, le roi de France, Philippe le Bel, sup pr ima l 'Ordre en 1312 et leurs biens furent confisques. La meme annee, Clement V entrepri t lui aussi la dissolution de l 'Ordre. Le Grand-Mai t re , Jacques de Molay, et beauco up d 'aut res Templ iers furent condamnes a etre brules vifs. L'Ordre des Templiers n ’existe plus a u j o u r d 'h u i l0.

C'etai t un Ordre chevaleresque, monas tique , mais aussi initiatique. C ’est ju s tement ce dernier point qui attire notre at tention. II semblerai t que les Templiers prat iquaient cer ­tains rites initiatiques dont les historiens ignorent encore aujourd 'hui les motivat ions exactes. Etaient-ils des gnosti- ques? des Hermetistes? Le debat reste ouvert.. . Par contre, ce que nous savons, c'est que le ceremonial d 'ent ree des pos tu­lants etait a la fois tres beau et empre in t de symbolisme. C ’est sur tout ce dernier aspect qui a seduit plus tard les francs-ma- 9 0 ns et les rosicruciens de l 'A.M.O.R.C. en quete de sym b o­lisme ". L' impact des Templiers a done ete dans une certaine mesure faible, du moins au niveau de la doctrine.

Ainsi done, ce bref histor ique de quelques societes secretes medievales etait, a notre avis, necessaire. Nous compren ons mieux que la «fermenta t ion» des ordres occultes due au croi- sement des deux civilisations occ identale et orientale a ete le

10 Les neo-templiers d 'au jo u rd ’hui n 'ont aucune filiation, directe ou indi- recte, avec ceux d'autrefois.

11 Le 27e grade mafonnique est celui de «Grand Commandeur du Tern- ple».

point de depart de la nouvelle vague esoterique des siecles a venir. Le Moyen Age a done ete la per iode decisive qui a vu I’eclosion de toutes les formes d ’occult isme que nous connaissons presentement.

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C H A P I T R E III

Les precurseurs du rosicrucianismeLa Rose-Croix n'a pas ete un mouvement spontane , mais a

ete le fruit d ’une lente evolut ion a travers les siecles. Les so ­cietes secretes de l’epoque medievale avaient depuis long- temps prepare le terrain au «myst ic isme» rosicrucien. Certes des homines comm e Joachim de Flore, Jan van Ruysbroeck ou Maitre Eckhart appar t ena ient encore a cette epoque du Moyen Age, mais ils ont, en quelque sorte, ant icipe les futurs courants de pensee; ils ont ete en avance dans le temps et, pourra i t -on dire, ils ont ete consideres comme des prophetes. Leur heritage a ete recueilli apres bien des siecles et Ton peut ecrire, sans 1'ombre d ’un doute, que la Rose-Croix est nee de tous ces boui l lonnements d ' idees nouvelles.Joachim de Flore

Fils de parents aises (son pere etait notaire), ne en I 132 a Celico en Calabre, Joachim de Flore est generalement consi- dere par les historiens comme etant l’un des premiers, sinon le premier, precurseurs de la Rose-Croix. Paul Arnold, l ' auteur de 1’ouvrage de reference Histoire des Rose-Croix af- firme en effet que Joachim de Flore fut avec Thomas a Kem- pis «le prototype de Christ ian Rosenkreutz»

Tres jeune , il en t reprendra un voyage en Terre Sainte. Ac- compagne dc serviteurs et d ’amis, il n ’a q u ’un seul but: jouir de la vie. Mais, probablement a la suite d ’une grave maladie ep idemique, il est miraculeusement gueri et, des lors, prend la decision de renoncer au m on de pour se d o nn e r tout ent ier a Dieu. A parti r de la, on se perd en conjectures: a-t-il rega- gne son pays aussi tot apres sa guerison ou bien a-t-il conti ­nue son voyage? Paul Arnold, lui, pense q u ’il a poursuivi tout seul son pelerinage. On raconte q u ’un matin, dans une grotte du Mont Tabor, il eut la grace de recevoir 1’il lumina- tion. Puis, il regagna sa Calabre natale pour se retirer dans la

1 P. Arnold, Histoire des Rose-Croix, p. 118, Mercure de France, 1955.

sol i tude la plus comple te et y comp ose r ses principales oeuvres.

La doctr ine de Joachim de Flore dite de «l ’Evangile Un i­v e r s e ^ n ’a en soi rien d ’ext raordinaire. Seuls quelques points com m un s avec la Fam a , l’un des premiers manifestes rosicru- ciens. Son anticlerical isme, son desir de voir les «choses spi- r ituelles» revelees aux «peti ts» et la forme apocalyptique de ses oeuvres font penser effectivement a la Fama.

La Fama Fraternitatis p a ru e en 1614 est le d e u x ie m e ouv rage ro ­s ic ruc ien , le p re m ie r e tan t la Reformation Universelle. La Fama est u n e « le t tre o u v e r te» ad re ssee au x «sag es» et au x « c oeu rs fideles». L’ou v rag e se divise en d e u x pa rt ie s : la b io g ra p h ie de C hr is t ian Ro- s e n k r e u tz 2, « f o n d a te u r » de la R ose-C ro ix , et sa do c tr in e . Le the m e d e ce petit o p u sc u le (15 pages s e u lem en t! ) est la C o n n a is s a n c e de D ieu et d e la N a tu re . L’h o m m e doit a v a n ce r vers un seul et m em e h u t qui est de b ien co n n a i t re son s ta tu t d ’« h o m m e -m ic ro c o s m e » et d e rede co u v ri r le « G r a n d A rt» , c ’es t-a-d ire l’A lch im ie divine. A u t re m e n t d it, l’h o m m e do i t a sp i re r a re t ro uv e r 1 'harm onie p e rdu e .

S an s e n t re r d a n s les de ta i ls , r e c o n n a is so n s q u e I 'in f luence de la K a b b a le et de P aracelse est ev iden te . Les idees, le v o c abu la ire et les th e m es th e o g o n iq u e s et co sm o g o n iq u e s s 'y ref le ten t d 'u n e m an iere ec la tan te . Sans ex ag ere r p o u r au tan t . la Fama n 'a e te q u 'u n p lagiat k a b b a l i s t iq u e et p a ra ce ls ie n au q u e l on a a jo u te q u e lq u e s touches h is to r iq u es ou pe rso nn e l le s . En s o m m e , u n p a q u e t mal ficele mais qui p resen te bien!

Joachim de Flore prat iquait avec un art consomme I'alle- gorie et I’exegese ar i thmologique! Ent re autres, il avait an- nonce pour 1260 le debut du «sixieme age», c ’est-a-dire le «grand repos» ou la «venue du Saint-Espri t». Ses idees, il faut le reconnait re, ne sont pas tombees dans I’oubli, pu isqu’elles seront recuperees par la suite. Ainsi, par sa vie et par sa pensee, et sans le vouloir vraiment , Joachim de Flore a suscite, bien des siecles plus tard, des disciples, mais aussi un mouvement appele «Rose-Croix». . .

Tonimaso CanipanellaU n des d isc ip les les p lus fideles de J o ac h im de Flore fut T om -

m a so C a m p a n e l la . II n aq u i t en 1568 d a n s le petit village ca lab ra is

2 Nous la relaterons au debut du chapitre suivant.

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de Stilo. A Page de qu in ze ans, il fut a d m is au college d u c o u v en t de C o sen za . B ientot, grace a son in te l l igence su p e r ieu re a la m o y en n e , il acqu i t de b o n n es c o n n a is san c e s Iitteraires et p h i lo so p h iq u e s . Puis, il qu i t ta le co u ven t et se mit a p a rc o u r i r I 'l ta lie . II fau t d ire q u 'e n t re - tem ps , il avait d eco u v er t u ne a u t re p h i lo so p h ie fo n d e e su r P « e x p e - r ience sens ib le» . Ses idees ju g e es « e n th o u s ia s te s » lui va lu ren t de tres ser ieux en n u is d e la pa r t d es t r ib u n a u x de 1 'Inquisit ion. A rre te p lu s ieu rs fois, il passa v ing t-sep t an s de sa vie en pr ison et fut a plu- s ieurs reprises to r tu re . C 'es t a u co u rs de ces d o u lo u re u s e s cap tiv i tes qu ' i l ecrivit la Cite du Soleil. Enf in , il fut libere en 1629 et se re tira a A ix -en -P ro v en ce oil il m o u ru t en 1639.

Si la Cite du Soleil est un ro m a n u to p iq u e qu i ex p r im e sa c o n c e p ­tion de l 'E ta t ideal, C a m p a n e l l a d 'u n au t re co te s ’est ev er tue a co nc i l ie r les sc iences ex ac tes et les d o g m e s d e PEglise r o m a in e avec l 'o ccu l t ism e ! C 'e ta i t en q u e lq u e sor te un vaste syncre t ism e d a n s le- que l les o p p o s e s ex trem es av a ien t leu r place. Sa p h i lo so p h ie univer- saliste, ses idees d e m ag o g iq u es o n t c e r ta in em e n t ete un filon p o u r les fu tu rs d iscip les de la R o se -C ro ix qu i , nou s le ve rrons , reva ien t to u t s im p le m en t d 'u n e R efo rm e U niverse lle , s inon m em e d 'u n Etat idy llique.

Maitre EckhartJoh an n Eckhart , dit Maitre Eckhart , est ne aux environs de

1260 a Hochheim (Thur inge) dans une famille de petite n o ­blesse. A Page de dix-huit ans, il ent ra comme novice dans le couvent dominica in d 'Erfurt d ' ou il fut envoye a Cologne po ur etudier les sciences et la theologie. En 1293, il est rec- teur au couvent Saint-Jacques a Paris, puis, en 1298, il re- tourne a Erfurt et exerce la fonct ion de prieur. II fait un n o u ­veau sejour en France ou il croise le fer avec les idees de Duns Scot, mais pas pour longtemps car il est expulse du pays. Apres diverses peripeties (un troisieme sejour en France, un ministere de predicat ion a Strasbourg), il revient a Cologne pour donn er un ense ignement theologique et sur ­tout mystique dans des com m un au te s de religieuses. Sa theo ­logie, a vrai dire tres part iculiere, lui vaut des ennuis de la part de Parcheveque. Une longue per iode de controverses as- sombri t les dernieres annees de sa vie. At taque par la hierar- chie religieuse, il se defendra pied a pied. Maitre Eckhart meurt en 1327, vra isemblablement a Avignon ou le pape Jean XXII Pavait invite a s 'expliquer.

L'oeuvre de Maitre Eckhart est difficile a cerner. Ses ecrits en latin et surtout en a l lemand sont relativement peu nom- breux; tous, cependant , expr iment une pensee tantot mysti­que tantot pantheiste. Le flou theologique est evident a plus d ' un titre. Mai tre Eckhar t est-il ou non un mystique qui s’est egare dans les meandres de la haute spiri tual i te? Peut-etre, les occultistes et les rosicruciens cons iderent Maitre Eckhart comme Pun des leurs. Nous retrouvons, en effet, dans l’oeuvre du mystique a l lemand quelques themes chers aux par ti sans de l 'occultisme, entre aut res le fait de considerer Dieu comme le «Dieu createur et tr initaire» (Gott) et aussi com me une essence primordiale, comme une «Dei te» (Gott- heit): Maitre Eckhart estimait aussi que le fond de Pame etait « incree et increable». II croyait egalement a la doctr ine dite «de l ' archetype». II admet tai t que la c reature etait un etre double , un etre virtuel en Dieu et un autre qui est reel et concret sur la terre. L 'h om me (terrestre) pouvait etre rat tache a Dieu par son archetype! La doct rine eckhart ienne, on le constate, deviait sur quelques points fondamentaux. Le mo- nisme, ce terrible danger qui guette tous les mystiques, etait done bel et bien present dans le systeme de pensee de Maitre Eckhart . Nous comp renons mieux maintenant pourquoi les rosicruciens tentent de recuperer a leur profit Pheritage de celui qui fut Pun des plus grands mystiques de son temps.Jan van Ruysbroeck

Jan van Ruysbroeck vit le j o u r en 1293 dans un petit vil­lage au jo u rd ’hui englouti par les faubourgs de Bruxelles. C'etai t un garv'on qui preferait la sol i tude dans la nature aux etudes savantes, bien que son oncle qui etait chanoine le for- 9at quelque peu a app rendre la grammaire! Cependant , il en- treprit des etudes de theologie et de latin et en 1317 devint pretre. Pendant vingt-cinq ans, il exercera son ministere a Bruxelles.

Ruysbroeck s'est rendu celebre par la publ icat ion de ses ouvrages dont certains ont acquis une tres grande notoriete parmi lesquels Les Noces spirituelles et La Pierre brillante. Mais en 1343, il se retire avec son oncle et un autre compa- gnon dans I’ermitage de Groenendael . La, dans les solitudes des forets, il ecrit de nouvelles oeuvres 1 itteraires. Sa renom- mee s 'etabli t tres rap idement et des milliers et des milliers de

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personnes feront des pelerinages po ur voir ce personnage ex­traordinaire. II mourut a un age avance en 1381.

La personnal ite et la spiri tualite de Jan van Ruysbroeck appel lent quelques reflexions, d ' au ta nt que la Rose-Croix a be au co up de sympathie po ur lui. Car Ruysbroeck etait un mystique hors du co m m un et nombre de ses ecrits t raduisent cette sensibi 1 ite mystique et spirituelle. Son vocabulaire, re- connaissons-le, pretait a c o n fu s io n 3, mais il a tout fait pour dissiper les malentendus . C'est precisement cette imprecision d'ecri ture qui amenera les premiers rosicruciens a em prunter sa terminologie. C'est en tout cas l 'avis de Paul Arnold : «I1 (Ruysbroeck) s’y ad o nn e a la medi ta tion, y connait les joies de l 'extase et y ecrit ses meilleurs livres, notarnment I' Orne- m ent des Noces Spirituelles dont le titre et le theme, le mythe mis a part, rappel lent et rangement les Noces Chymiques (spi ­rituelles) d ' A n d r e a e 4.» 11 est bien evident que Jean-Valent in Andreae connaissa it bien les oeuvres de Jan van Ruysbroeck et qu' i l n'a eu aucun scrupule a les reprendre pour son compte. Une fois de plus, I 'histoire montre bien que la Rose- Croix est nee sur un vaste assemblage de faits ou d 'oeuvres isoles et pris au hasard des circonstances.Nicolas Flamel

Ne en 1330 pres de Pontoise, Nicolas Flamel est certaine- ment l 'un des personnages les plus mysterieux que le monde ait connu. La legende s 'etant empar ee de lui, des dizaines et des dizaines de personnes ont raconte a son sujet des propos fabuleux. Et ce n'est pas pour rien que les disciples de la Rose-Croix ont bea uco up d ' adm ira t i on po ur lui.

Nous ne savons rien de son enfance, ni de sa jeunesse. Tres tot, cependant , il est venu a Paris travailler comme ecri- vain public, tout pres de l'eglise de Saint-Jacques-la-Bouche- rie. II avait fait aupa ravant un reve tres etrange au cours du- quel un ange lui avait montre un livre ext raordinaire. Avec I 'aide de sa jeu ne epouse nominee Pernelle, Nicolas Flamel «decouvr i t» en 1357 un manuscr i t sur ecorces d 'a rbres avec toute une serie de dessins et de caracteres symbol iques signe par un certain « Abraham le Juif»!

1 Une expression comme «etincelle de l'ame» pouvait bien avoir deux sens, un sens chretien et un sens alchimique.

4 P. Arnold, ibid.. p. 124.

Ne parvenant pas a dechif frer ces mysterieux signes, le couple dec ide de faire un pelerinage a Saint-Jacques-de- C o m p o s t e l l e5. La, ils rencontrent un certain Maitre Canches , un juif, qui leur fourni t les secrets de l’interpretat ion. De re­tour en France, ils obt inrent , dit-on, la premiere t ransm uta­tion le 17 janvier 1382. Grace a cette «decouver te» , le couple Flamel devient for tune et fait de tres nombreuses donat ions: hospices, hopi taux , eglises (Saint-Jacques-de-la-Boucherie), etc. La legende affirme qu'ils avaient decouvert I'elixir de longue vie. En at tendant , I 'histoire prouve que Dame Pernelle est decedee en 1397 et son illustre mari le 22 mars 14186.

La vie de ce couple d'alchimistes, mais surtout toute la le­gende qui s’empara d 'eux , captiva des generat ions et des ge­nerat ions d 'h o m m es et d 'apprent i s inities. Leur influence a ete determinante a bien des egards. Tous les alchimistes se reclameront d 'eux et de leur oeuvre. Tous les occultistes et les rosicruciens pensent s incerement que les Flamel, surtout lui, ont ete les veritables precurseurs de l '«Art Royal» et les premiers a avoir realise le «G ran d Oeuvre». Mais, comme leurs secrets n ’ont pas ete divulgues, toute une a rmad a de «chercheurs» se sont na turel lement lances sur leurs traces et c'est ce q u t explique l ' engouement alchimiste de la Rose- Croix a travers les ages.Thomas a Kenipis

Tho mas a Kempis, de son vrai nom T homas Hemerken, est ne en 1380 a Kempen en Rhenanie. 11 s 'engagea tres tot, a la suite de son frere, dans la vie monast ique . En 1414, iI est or- do nn e pretre, puis devient sous-pr ieur et maitre des novices au monastere du Mont Sainte-Agnes de Zwolle. II meurt en 1471, a un age tres avance. Thomas a Kempis est sans doute I’au teur de L im ita tion de Jesus-Christ. un ouvrage de piete qui a connu un immense succes Iitteraire.

5 Beaucoup d'h is toriens pensent qu'ils n ’ont pas fait le voyage. Saint-Jac- ques-de-Compostelle serait l'une des «etapes symbo!iques» pour la realisa­tion de la « Pierre philosophale».

6 Ce qui n 'a pas empeche de croire que Nicolas et Pernelle Flamel etaient des immortels. 11s auraient ete vus aux Indes en 1761!

~ D 'ou son surnom «a Kempis».

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f

Thomas a Kempis etait un moine qui n ’a jamais prat ique, de pres ou de loin, 1'occultisme. Pourtant son nom est fre- quem ment cite par les rosicruciens. Co m m en t expliquer cette anomal ie? Paul Arnold nous do nn e la reponse a ce di lemme: «T homas vecut approximat ivement aux dates assignees a Christ ian Rosenkreutz: ne en 1380 (Rosenkreutz «nai t» en 1378), il entre au couvent de Sainte-Agnes en I'an 1400 (Fan- nee meme ou Rosenkreutz est cense revenir d 'Or ient et se re- tirer dans une sol i tude de c inq ans en Allemagne), et il meur t a I'age de 91 ans en 1471 (Rosenkreutz meur t a 106 ans en 1484)8.

Ainsi, les biographies de Joach im de Flore et de Thomas a Kempis ont cer ta inement inspire Jean-Valent in Andreae , le «createur» du personnage mythique Christ ian Rosenkreutz. Nous nous apercevons maintenant et de plus en plus que la Rose-Croix est en fait une pure invention, nee dans l ' imagi- nat ion de certains i l lumines en quete d 'Absolu.Paracelse

Theophras tus von Hohenheim, alias Paracelse, est ne en 1493 a Einsiedeln (canton de Schwyz, Suisse). Ce fut un cele- bre docteur - ne fut-il pas su rno m m e le « Luther de la mede- c ine»? - mais sur tout un redoutable occultiste. II etait un ex­pert en Kabbale et en Alchimie, mais aussi, dans une moin- dre mesure il est vrai, en Astrologie.

Ne dans une famille noble d 'or igine souabe, Parace l se9 en- treprit tres tot, avec Faide de son pere, qui etait lui-meme me- decin, des etudes medicales. Par la suite, en 1510, il appro- fondira ses connaissances a FUniversite de Bale. Parallele- ment a ses etudes, il fait connaissance avec un personnage pour le moins douteux, Fabbe Tri theme, qui etait a la fois be- nedict in et occultiste! Paracelse est alors initie a toutes les sciences occultes: Alchimie, Kabbale, Hermetisme, etc., ainsi qu 'au grec et a Fhebreu.

Apres cela, il ent reprend un voyage qui durera ne u f ans. II devient le «medecin -vagabond» de FEurope . II s ’arrete un moment en Italie et il decroche son d iplome de docteur en medecine a Ferrare. Puis, il retourne a Bale ou il sera no mme

8 P. Arnold, ibid., p. 130.9 De Para-Celse, medecin d'Auguste.

en 1527 professeur a la chaire de medecine et de chirurgie de FUniversite. Mais son enseignement, plutot non or thodoxe , lui vaut des ennuis et il se t rouve dans Fobligation de quit ter sa charge. De nouveau, il mene une vie errante, soignant ici et la les malades qui se presentent a lui, cherchant a repandre ses enseignements. F inalement , Paracelse, epuise par cette vie aventureuse, mourra prematurement en 1541 a l’age de 48 ans a Salzbourg.

Si sa vie a ete courte, son oeuvre et son rayonnement ont ete considerables. La Rose-Croix, en particulier, est large- ment tributaire de la pensee de Parace l se10. C ’etait un pan- theiste convaincu. Gabriel Mtitzenberg rappor te les objec­tions que lui adressaient ses adversaires: «Ses idees sont folles. II confond Fhomme avec FUnivers. Tout ce qui existe, po ur lui, possede une ame: les an imaux, les plantes, les pierres, les metaux, les autres ". . .»

Paracelse a ete le pere spirituel de Samuel Hah nem ann (1755-1843), le fondateur de Fhomeopathie. Reprenant les theories d ’Hippocrate, Paracelse a developpe en vertu de ses presupposes monistes la « loi de la simil i tude» qui est, ne Foublions pas, le concept de base de Fhomeopathie. Mais sa medecine n'etait pas seulement homeopa th ique , elle etait aussi occulte. II prat iquait le magnetisme, la telepathie et il p retendai t guerir a distance. Les nombreuses guerisons qu'il a obtenues etaient-elles seulement d 'ordre therapeut ique? Le doute subsiste a ce sujet. D ’autant plus qu' il etait un fervent alchimiste. II croyait entre autres a la doctr ine de Vhomuncu­lus, c 'est-a-dire qu'il pensait creer artificiellement un etre hu- main! Dans son livre intitule De Natura Rerum , il explicite com ment il faut faire: on putrefie du sperme dans un alam- bic, puis au bout de quarante jours appara i t ra une forme d ’etre humain. . . Ca r le fondement de sa medecine etait celle de l 'Hermet isme et de l 'Alchimie; de meme sa cosmogonie et sa philosophie s ' inspi raient net tement de ces sources.

Paracelse a ete incontestablement Fun des precurseurs du rosicrucianisme les plus en vue. Gabriel Miitzenberg a lort bien resume ce que fut ce personnage hors du commun et

10 Les idees exprimees par la Fama sont tres proches de celles de Para­celse.

" G. Miitzenberg, Oecumenisme, Alchimie et Poesie. p. 101, Labor et Fides, 1966.

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surtout son att irance vers I 'Absolu: «II a cherche la sagesse.11 s'est plonge dans la contempla t ion de la nature, oeuvre de Dieu, et de sa loi. II a dessine, comme dans ses fameux «Pro- nostics», la rose de la per fect ion au milieu d 'u n e couronne que surmonte l ' embleme de la croix | : .» La rose et la croix, symboles de la perfection et de la souff rance, se retrouvent deja chez Paracelse. N'est-ce pas la une prefigurat ion du ro- s icruc ianisme?Jacob Bohme

Ne en 1575 a Alt-Seidenburg, pres de Gorlitz, dans une fa- mille assez aisee et de confess ion lutherienne, Jacob Bohme apres des etudes primaires fit un apprenti ssage chez un fabri- cant de chaussures. Aussitot apres, il ent reprend un long voyage dont l ' i t ineraire n'est pas connu avec certi tude (Sile- sie? Boheme?). En 1594, il se fixe a Gorlitz, prend un c o m ­merce de cordonner ie, devient ci toyen de la ville et se marie avec la fille d 'un boucher ; de cette union naqui rent quatre fils.

Jacob Bohme in dep end am m en t de son metier se passionne pour la metaphys ique. C ’etait un grand lecteur de la Bible, mais aussi un connaisseur du gnost icisme neo-platonicien. A l 'ombre de son mugasin, il a developpe tout un systeme phi- losophique et theosophique. Le point de depar t de sa carriere «myst ique» remonterai t a 1'an 1600, date qui cor respondrai t a une experience personnel le 1 \ Sa «conversion», ou plutot son «i l luminat ion», aurai t do ne ete decisive pour la suite de sa vie et de son oeuvre l4. Sa pensee est tres compliquee. Pour lui, tout vient de Dieu et tout doit re tourner a Dieu. L'act ion de Dieu qui est celle du Bien ne peut se realiser que par son contraire, le Mal. Les forces du Bien et du Mal qui se com- bat tent hors de sa presence seraient de ce fait «harmonisees» par Dieu qui, lui, serait le pr incipe de tout. Ainsi, la notion du Dieu trinitaire et trois fois saint se trouve reduite a celle d ' un arbitre! Sa mort survenue en 1624 n ’arretera pas la pr o ­gression de ses idees. Ses disciples recrutes des l ' annee 1610

12 G. Miitzenberg, ibid., p. I 12. C'est nous qui le soulignons.Au cours de sa vision, il aurait contemple le «centre de la Nature» et la

«lumiere de I'essence divine».14 Son premier livre De signatura rerum aurait ete ecrit par «inspiration

divine».

vont propager en Al lemagne et en Angleterre ses doctrines. La Rose-Croix, bien qu'el le ait vu le j o u r en 1614, a sans dout e utilise des ecrits de Jacob Bohme. N 'oubl ions pas que sa r enommee etait tres grande en Al lemagne et que ses idees se repandirent tres vite.Et encore ...

Nous pourr ions encore ment ionner be au co u p d ’autres pre- curseurs tels que Roger Bacon (1214-1294), Dante Alighieri (1265-1321), Jean Bourre du Plessis (1425-1500), Cornelius Agrippa (1486-1535), Bruno G io rdan o (1548-1600), et bien d 'aut res encore. Quoi qu' il en soit, le rosicrucianisme qui va nai tre au XV II e siecle est le fruit du travail de la plupart de ces homines. Durant tout leur pelerinage terrestre. ils ont consacre toutes leurs forces a un ideal certes louable, mais u topique. Le probleme du Bien et du Mal, l’existence du peche, de la maladie et de la mort ont ete pour eux des pro- blemes insurmontables . Malgre tout , et com m e leurs succes- seurs, ils ont tout essaye pour parvenir a I 'Absolu, a la Vie, a Dieu. Mais le resultat est au jo u rd ’hui evident et bien dece- vant, et tout aussi t ragique q u ’autrefois: non seulement la si­tuat ion est la meme, mais il semble bien que l’obscurant i sme religieux et occulte soil pire q u ’auparavant et que la «Connai ssance» esoterique n ’ait pas fait beau cou p de pro- gres. D 'ou vient l ' homme? Ou va l ' homme? Telles sont les perpetuel les ques tions que l 'humani te se pose. Tant que les hommes s ’obst ineront a chercher en eux-memes et par eux- memes, la Verite leur sera toujours voilee et cachee. Mais, si le voile est leve et si l’ho m me reconnai t la vanite de ses pro- pres efforts, alors une Lumiere, une tout aut re Lumiere, celle de Christ , pourra t ranspercer les tenebres du coeur humain et la Verite, c'est-a-dire la veritable connaissance de Dieu. du Dieu revele par la Bible, pourra enfin se manifester en l ' hom me et dans le monde. Alors Dieu sera vraiment glorifie.

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C H A P I T R E IV

Histoire des Rose-Croix des origines a nos joursLa Rose-Croix au X V I I e siecleI. Christian Rosenkreutz

Les origines de la Rose-Croix sont obscures et myste- rieuses. II y a, en effet, plusieurs hypotheses sur la personne du fondateur presume de I 'Ordre, ou plutot des Ordres ac- tuels, Christ ian R o sen k r eu t z1. Cer tains affirment, com me Max Heindel, que ce myster ieux personnage aurai t reelle- ment vecu de 1378 a 1484, soit 106 ans! Si l 'on en croit la my- thologie R + C, Rosenkreutz aurai t ete un savant a l lemand, d'or igine cathol ique - mais il aurai t a b a n do nn e la foi -, un grand voyageur et un passionne de sciences occultes (magie). Apres un sejour a Damas , il aurai t ete initie aux «grands se­crets de l 'Univers». De retour en Al lemagne, il aurai t fonde un cloitre et, avec l’aide de quelques compagnons , il aurai t entrepris, sans succes semble-t-il , un projet de « Reformation Universelle». A part i r de ce moment-la , nous ne savons plus rien du personnage, encore moins de son p r o j e t2.

Par contre, la pre tendue decouverte du to mbeau de Chr is ­tian Rosenkreutz cent vingt ans apres sa «mor t» , soit en 1604, si l 'on en croit les «histor iens» rosicruciens, do nn e le signal de la «naissance» de I’Ord re de la Rose-Croix. En ef­fet, ou tre la decouverte du corps du «Mai t re» , les «disciples» y t rouvent le Livre Symbol ique ecrit sur un parchemin, d ’in- nombrables objets rituels - des miroirs, des lampes allumees, des «chants artificiels» (une machine par lante?) , et aussi une

1 Rosen-Kreuz signille «Croix de Rose» ou «Rose-Croix».: L'histoire de Christian Rosenkreutz est a rapprocher, nous l'avons deja

vu. avec la vie de Joachim de Flore: naissance en Europe, voyage et illumi­nation en Orient, retour en Europe et creation d 'une nouvelle communaute religieuse.

quant i te de livres d ’occult isme, notarnment le Vocabulariumm agique de Paracelse.

Nous sommes la, app arem men t , en plein mystere. C ar il est absolument impossible que Rosenkreutz ait connu Para­celse. En effet, com ment expl iquer la presence d ’un livre de Paracelse pres du corps de Rosenkreutz, mort neuf ans avant la na issance du medecin suisse? La reponse a ce d i lemme est tres simple: Christ ian Rosenkreutz est un personnage mythi- que, ne dans l’imaginat ion du crea teur de I’Ordre de la Rose- Croix, Jean-Valent in A n d r e a e 3 (1586-1654). Celui-ci est ge- nera lement considere par la p lupar t des historiens serieux comme le fond ateur des Societes rosicruc iennes contempo- raines.2. Jean-V alentin A ndreae et les Noces Chym iques

Fils et petit-fils de p a s t eu r 4, il connai t une enfance diffi­cile, et sur tout le de nuem en t materiel, ses parents n ’etant pas riches. II etudie la theologie de 1601 a 1607 a l’Universite de Tubingen, tout en s ’initiant a la philosophie. a l’astronomie, aux mathemat iques et aux... sciences occultes! Peu a peu, il devient un pass ionne d ’alchimie, d ’astrologie et d ’esoterismepseudo-chret ien \

Apres avoir obtenu son d ip lome de magister; il est impli- que dans une affaire de tnoeurs et perd aussi tot sa charge d ’officiant. De 1607 a 1612, iI voyage a travers 1’Europe. Fat i­gue et malade, il revient a Tubingen. En 1614, il est enfinno mme diacre.

C ’est du ran t cette meme annee , a Cassel puis a Strasbourg, que la Rose-Croix se revele po ur la premiere fois au grand publ ic par la publ icat ion d ’un manifes te a no ny me intitule La Reform ation Universelle (A llgem eine und General Reform a­tion), suivi de la Fam a Fraternitatis Roseae Crucis. En 1616

3 Jean-Valentin Andreae devait bien connaitre I'histoire de la vie de Joa ­chim de Flore. S'est-il inspire de lui pour ecrire les Noces Chymiques''! C'est tres probable, vu le nombre eleve de faits concordants .

4 Son grand-pere, Jacob Andreae, surnomme le « Luther du Wurtem- berg», collabora a la redaction de la «Formule de Concorde» parue en 1580.

s Le pere spirituel d 'A ndreae semble avoir ete Johannes Arndt (1555-1621), celebre alchimiste. D 'autres mystiques tels que Maitre Eckhart ou Tauler exercerent une influence nefaste sur Andreae. Citons aussi Tom- maso Campanella . I 'auteur de La Cite du So le itqui a sans doute inspire An­dreae.

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parai t a Francfort la Confessio Fraternitatis et a S trasbourg un livre de 146 pages, Les Noces C hym iques de Christian R o­senkreutz. Le succes de ces ecrits fut considerable, «les reedi ­tions, commenta ires, pamphle ts se denombraient a 400 titres environ pour les seules annees 1614-1620»6.

Les Noces Chymiques, troisieme ecrit protorosicrucien et sans doute le plus important, est un roman «alchimique», de style feeri- que, mais truffe de symbolisme occulte. L'histoire s'etend sur sept journees et nous raconte les peripeties du voyage de Christian Ro­senkreutz. Le samedi, veille de Paques, Rosenkreutz re<;oit la visite d'un ange qui l'invite a participer a des «noces royales». Avant de repondre affirmativement, il veut savoir s'il est digne de participer a un tel voyage: la reponse, favorable, lui vient sous la forme d'un reve. Ainsi rassure, Christian Rosenkreutz, qui est age de 81 ans, en- treprend ce long voyage. Ce pelerinage est parseme de grosses diffi- cultes. Chaque jour, en effet, le vieillard se soumet a toutes sortes d ’epreuves qui ont, du moins pour celui qui a ecrit cette histoire, va- leur symbolique et initiatique. Les escalades, les montees d'escalier ou a I'echelle. etc.. se succedent a un rythme soutenu. Finalement, et apres des episodes pour le moins bizarres, il parvient a participer enfin au repas royal, malgre une faute qu'il avait commise entre- temps. En depit de cette erreur, Christian Rosenkreutz peut quitter le Paradis pour retourner dans sa «Patrie», autrement dit la terre.

Le schema de ce «roman» et des autres ecrits rosicruciens est, comme le souligne justement Bernard Gorceix, classique: «La visite d ’un chateau mysterieux ou se deroulent des evenements fabu- leu x» \ L'enjeu de ce recit imaginaire est considerable, car outre sa portee nettement occulte, son symbolisme est revelateur de I’etat d'esprit de Jean-Valentin Andreae, son auteur: Christian Rosen­kreutz a de son «vivant» goute les fruits de I’eternite malgre son etat d'homme pecheur en partageant le repas du Roi. C'est ce que Jean- Pierre Bayard met excellemment en evidence: «... Rosenkreutz, l'elu, a pu contempler ce que les autres humains ne peuvent regar- der. II ne peut etre puni: apres avoir goute a I'eternite, avoir penetre I'incommunicable, il retourne dans le monde physique car mainte- nant il doit transmettre8.)) Le meme auteur ajoute: «Ce recit, est I'allegorie d'une epreuve initiatique avec les degres successifs de la

" J.-P. Bavard. La Symbolique de la Rose-Croix, p. 23. Ed. Payot, Paris, 1975.

B. Gorceix, La Bible des Rose-Croix. p. XXXIV. II est fort probable que H. Spencer Lewis s'est refere aux premiers ecrits rosicruciens pour justifier sa propre initiation dans le Frater Donjon de Toulouse.

8 J.-P. Bayard, ibid.. p. 54.

recherche de la parole perdue, I'approche de I'illumination totale apres un difficile chemin du sa lu t\» Nous croyons, pour notre part, que l'histoire mythique de Christian Rosenkreutz laisse croire que l'on peut etre sauve sans passer par la repentance, mais aussi que I'on peut voir Dieu tout en etant «dans son corps». De telles conceptions sont categoriquement repoussees par les Saintes Ecri- tures. Paul, a propos du salut, pouvait dire a Agrippa: «J'ai preche la repentance et la conversion a Dieu» (Actes 26: 20) tandis que le patriarche Job, au sujet du contact de I'homme avec Dieu. s'excla- mait: «Quand je n’aurai plus de chair, je verrai Dieu» (Job 19: 26). Ces illustrations, volontairement limitees a deux, prouvent claire- ment que I'idealisme rosicrucien de Jean-Valentin Andreae n'est en definitive que de l'utopie.

Dans une autobiographic , J.-V. Andreae reconnait etre I’au teur des Noces Chymiques. Cet ouvrage avait ete ecrit en 1604 alors q u ’Andreae etait e tudiant en theologie. Par contre on ignore quels sont les auteurs des trois premiers ecrits: la R eform ation , Fam a et C onfessio ; on suppose qu' ils ont ete re- diges par Andreae, du moins a-t-il ete leur inspi rateur direct.3. Une contre-reformation

Les prises de posit ions rosicruciennes sont tres mal ac- cueillies dans cette Al lemagne encore impregnee de 1’esprit de la Reforme. En effet, 1'enseignement profondem ent oc­culte et sur tout irrat ionnel de la Rose-Croix heurte de plein fouet la doctr ine lutherienne. Le but des premiers disciples Rose-Croix etait de reformer l 'Eglise, en d ’autres termes de lui d o nn e r une spiri tualite plus mystique et plus «vivante». Leurs objectifs etaient de promo uvo ir une contre-reforme ou, plutot, d ' inst i tuer une sorte de «cont re-Egli se» au sein meme de l’Eglise en essayant d ’introduire un courant de pensee esoterique et occulte. En fait, ils ne font que reprendre le principe des societes secretes medievales qui esperaient pou- voir «greffer sur le cathol icisme une religion initiatique reser- vee a certains elus: comm e les gnost iques des premiers sie­cles, ils ne voulaient pas se separer de l 'Eglise...» l0. Ainsi done , la vieille heresie gnost ique reapparai t avec le mouve­ment de la Rose-Croix.

9 J.-P. Bavard. ibid., pp. 54-55.10 S. Hutin. Histoire des Rose-Croix. p. 15, Le Courrier du Livre. Paris.

1971.

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La contre-reformat ion ros icrucienne qui se voulait univer- selle echouera. L’opposi t ion conjuguee des lutheriens et des cathol iques, d ' un e part, et les maladresses des i l lumines et charlatans rosicruciens, d 'aut re part, cont r ibueront a affaiblir et a discrediter le mou vement de la Rose-Croix. En 1617 deja, le declin s 'amor^a, et en 1619 ce fut la pleine debacle. Aux yeux du grand public, la Rose-Croix n'etait plus c redi­ble. Desormais, le Mouv ement se mettra au «sommei l» ; neanmoins l ' enseignement esoterico-rosicrucien cont inuera a se propager par le courant souterrain.

Si la Rose-Croix a perdu, semble-t-il , ses pretentions d ’uni- versaliser ses idees au sein de l 'Eglise inst i tute, elle sera ce­pe nda n t tres active dans les milieux philosophico-occul tes qui formeront plus tard l ' essence de la Franc-ma^onner ie.4. La propagation du Rosicrucianism e en Europe

Ainsi done, le Rosicrucianisme, bien que v iolemment contre au depart , se repandit tres rap idement a travers toute l 'Allemagne. La propagat ion de ces nouvelles idees sera grand emen t facilitee par les desordres poli t iques et religieux dus a la guerre de Trente Ans. Si Jean-Valent in Andreae fut le plus celebre Rose-Croix de I ' epoque , il ne faut pas mettre de cote des occultistes ou des alchimistes reputes comme Mi­chel M a i e r " , Hadrien von M y n s c h i c h t 12 et Joh an n Faulha- ber

La Rose-Croix poursuit son expans ion vers les pays limi- t rophes a l 'Allemagne. Un eveque tcheque, d 'or igine morave, Amos Komensky dit Com enius (1591-1671) au teur de plu- sieurs livres theosophiques se rendi t en Hol lande pour y fon­der des loges rosicruciennes. Selon des sources historiques bien informees, il existait deja en 1622 un grou pement Rose- Croix a La Haye et aussi a Amsterdam.

" Ne a Hindsburg en 1568, docteur en philosophie et en medecine en 1597, medecin et conseiller de Rodolphe II, il passe en 1612 au service du prince de Nassau. II meurt la meme annee, laissant quantite d 'oeuvres ine- dites. Probable initiateur de Robert Fludd a la doctr ine rosicrucienne.

i: Originaire de Brunswick, medecin et chirurgien. Celebre dans les mi­lieux occultes et mafonniques, auteur d 'u n ouvrage theosophique intitule Henricus Mcidathanus: L ’Aureum Seculum Redevivivum (1625).

13 1580-1635, mathematicien, il enseigna a li lm. C'eta it un passionne de la Kabbale et de la Mystique des nombres. Certa ins «historiens» rosicruciens le considerent comme l’initiateur de Rene Descartes.

Si le mou vement Rose-Croix parvint a s ' implanter en H o l­lande (n’oubl ions pas en effet q u ’il existait dans ce pays une grande liberte de consc ie nce14), ce ne fut pas le cas de la France. En contrepar tie, il faut dire que la Rose-Croix com- m en 9a a faire par le r d'el le en aout 1623 de la fa^'on la plus grotesque que l 'on puisse imaginer, en p lacardant dans cer­tains car refours de Paris des affiches an n on ?an t la presence d'etres invisibles. Nous reproduisons ici le debut de cette d e ­clarat ion: «Nous , deputes du College principal des Freres de la Rose-Croix, faisons sejour visible et invisible en cette ville, par la grace du Tres-Haut, vers lequel se tourne le coeur des Justes. Nous m on trons et enseignons sans livres ni marques a par ler toutes sortes de langues des pays ou voulons etre, pour tirer les homines nos semblables d ' e r reur de m o r t l5.»

La publ icat ion de ce billet declencha un immense fou rire chez les Parisiens! Du moins chez certains car, raconte Paul Arnold , si la plupar t des «b adau ds et des doctes s’esclaffe- rent, quelques-uns pour tant s ' inter rogerent avec serieux sur cette pre tendue invisibilite et sur cet art de parler les langues sans avoir pris la peine de les ap p re ndr e» l0. Neanmoins , meme si cette affaire des placards fut interpretee comm e une farce, cela n 'empeche ra pas le clerge fran^ais de reagir vio­lemment contre ces «pre tendus invisibles qui ont fait d ’ef- froyables pact ions avec le D i a b l e » 17. Les premiers adeptes de cette nouvelle secte se recruterent, bien avant le manifeste de 1623, parmi les intellectuels. Nous pouvons no mmer avec cer ti tude le phi losophe fran^ais Michel Pottier, auteur de plusieurs livres d ' inspi ra t ion f ranchement rosicrucienne et not am ment du Com pendium philosophique paru en 1610 deja. Un aut re ouvrage de sa plume, Le Nouveau Traite de la Pierre Philosophale, edite en 1617, connut un certain succes. Un aut re rosicrucien, le chirurgien David de Planiscampy, fit partie vraisemblablement de ce nouveau mouvement .

14 Cependant, un certain Torrentius. alias Van der Beek, peintre renomme et, sans doute, alchimiste, fut condam ne a etre brule vif le 25 janvier 1628.

15 G. Naude, Instruction d la France sur la Verite de iH istoire des Freres de la Rose-Croix, Paris, 1623. (Cite par P. Arnold. Histoire des Rose-Croix.)

16 P. Arnold, Histoire des Rose-Croix, p. 8. Mercure de France. 1955, Paris.

11 P. Arnold, ibid., p. 8.

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L'ltalie fut aussi touchee par les idees nouvelles. L’alchi- miste Joseph-Franyois Borri (1617-1685) fut le fondateur dans son pays d ' un e societe secrete affiliee a la Rose-Croix.

Mais c'est sur tout l 'Angleterre qui fut la terre de refuge du rosicrucianisme naissant. C'est a Rober t F ludd (1574-1637) que l 'on doit l ' expansion des Ordres de la Rose-Croix outre- Manche . II voyagea du rant six annees (1598-1603) et c'est au cours d 'un sejour en Al lemagne qu'il fut initie aux rites et aux doctr ines rosicruciens. Devenu docteur, il s ' installa a Londres et, en 1616, il publ ia un impor tant ouvrage, le Traite apologetique defendan t I'integrite des Rose-Croix. Excellent polemiste, il defendit les idees rosicruciennes tout en atta- quant ses detracteurs. II est tres probable qu'il etait aussi al- chimiste et kabbaliste. Grace a son inlassable activite, F ludd fonda de nombreux groupes et il est presque sur q u ’il fut le Grand -M ai t re de I 'Ordre de la branche bri tannique. Vers 1650, la Rose-Croix etait sol idement implantee en Angleterre et c'est elle qui introduisit dans la Franc-ma^onner ie les Hauts Grades init iatiques dits «Ecossa is» ls.

La p h i lo so p h ie d e F lu d d a p p e l le q u e lq u e s co m m en ta i re s . C 'e s t lui le p rem ie r , sem ble-t- iL qui a it d o n n e u n e p h i lo so p h ie c o m p le te de F A lch im ie et de l 'H e rm e t ism e . N o u s ne p o u v o n s pas d a n s le c a ­d re redu it de no tre re trospec t iv e h is to r iq u e m e ttre en ev idenc e to u te sa doc tr in e . N o u s no u s a r re te ro n s su r q u e lq u e s aspec ts I 'ondam en- taux . P o u r lui. la C o n n a i s s a n c e h e rm e t iq u e etait ind isp e n sa b le p o u r le sa lu t et elle ne peu t s 'o b te n i r q u e p a r Villumination. L 'h o m m e n 'a u ra i t q u 'u n e seu le ta ch e a a c c o m p l i r su r ce tte terre. celle d e re- t ro u v e r la « T rad i t io n p r im it ive» , c 'e s t -a -d ire re tab lir le co n ta c t avec le Divin.

D ieu ne serait q u 'u n etre in d e f in i ; il ne se ra i t a la fois ni Pere. ni E tern ite , ni D ieu , etc., mais il sera i t I ' l n c o n n u , le N o n-e tre , le Rien, etc. Selon Serge Hutin , R ober t F lu d d d is t ingu a i t d e ux c re a t ion s : « . . .u n e c rea t ion m e ta p h y s iq u e , s u p ra te m p o re l le , et une c rea t ion te m p o re l le . qui est la « c re a t io n » p r o p r e m e n t d i t e lv.» C e n 'e s t que peu a peu q u e l’un ivers a t te ign it un « d e v e lo p p e m e n t co m p le t» . M ais , un g ra in d e sab le a l la it d e re g le r to u t ce p ro cessu s ev o lu tif : la ch u te . P o u r lui, c ’est Lucifer, d e v en u p a r la su ite S a tan , qui, a cau se d e so n orgue il , a e te la cau se p rem ie re d e la mort. A d am et Eve to m -

18 D 'apres S. Hutin, Les Societes Secretes, Que sais je?. P.U.F.. Paris, 1973.1,1 S. Hutin, Robert Fludd. Alchimiste et Philosophe rosicrucien, p. 106.

b e ren t d a n s la ten ta t io n et ce fut, se lon F lu d d . une « c a ta s t ro p h e co sm iq u e » . M ais D ieu avait p revu la red e m p t io n . Voila ce q u 'ec r i t H u t in a ce p ro p o s : «L e Verbe divin , qui s 'e ta i t de ja « in c a rn e » d a n s le Soleil, d e sce n d i t su r la Terre , et s 'e n g e n d ra L u i-m em e a pa r t i r de la N a tu re . La T erre s 'o u v r i t p o u r p r o d u i re le S au v eu r , qui fut ainsi so n p ro p re Pere, et d o n t la m ere ne fut pas une fem m e, m ais la N a ­tu re to u jo u rs fe c o n d e m ais to u jo u rs V ie rg e :<).» La p h i lo so p h ie de F lu d d , on le voit , est fo r te m e n t te in tee de ch ris t ian ism e , su r to u t au n iveau des fo rm u la t io n s . M ais ce la ne do it pas n o u s faire oub l ie r q u e R obert F lu d d eta it un red o u tab le occultis te . S on ra y o n n e m e n t est de nos jo u r s en co re tres vivace.

Toujours en Angleterre, la Rose-Croix connut vers le mi­lieu du XVI Ie siecle un bref regain d'activite. Thomas Vau­ghan, ne en Ecosse en 1622, traduisit en anglais la Fama et la Confessio sous le pseudo nyme d 'Eugeniu s Philalethes. Ces t raduct ions publiees en 1652 ainsi que d ’aut res ouvrages de sa propre main ( L ’Euphrate ou les eaux de I'Est) ne connurent pas le succes escompte. Le Cont inent, de nouveau, vecut une vague de l ' i l luminisme initiatique. Tour a tour, l 'Allemagne, la Hol lande et la France seront touchees par le mouvement . Mais la encore la reaction part icul ierement violente des au to ­rites ecclesiastiques ainsi que des Pouvoirs feront avorter cette renaissance. Desormais, et j u sq u 'a la fin de ce siecle, on n ’ent endra plus parler de la Rose-Croix.5. Descartes et Leibniz ont-ils ete rosicruciens?

Les Ordres contempora ins rosicruciens, en particulier l 'A.M.O.R.C. , considerent Francis Bacon, chancelier du Roi d 'Angleterre Jacques Ier, celebre philosophe, l’un des crea- teurs de la «M e th ode exper imentale», comme etant le premier Impera tor de I 'Ordre. De meme, des philosophes et des mathemat ic iens comm e Gott fr ied Leibniz (1646-1716) et Rene Descartes (1596-1650) sont revendiques par l 'A.M.O.R.C . 21 II s’agit la d ’af firmations pu rement gratuites car les documents prouvant leur affiliation a I 'Ordre rosicru­cien A.M.O.R.C. font defaut ju squ 'a present. Ils auraient pu, a la rigueur, faire partie d 'aut res organisat ions rosicru­ciennes, mais cette hypothese n ’a jamais ete prouvee de fa-

20 S. Hutin. ibid., p. 124.21 La Maitrise de la vie, p. 2, 1976.

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£on serieuse par les historiens faute de documents histori- q u e s 22. Mais cette appur tenance rosicrucienne est mise en doute par les historiens serieux, et no ta m m en t par Paul Ar­nold.

Celui-ci , a p ro p o s de D escar tes , cite A d rien Bailet I 'a u teu r de sa seu le b io g ra p h ie d ign e de ce nom . Selon lui, et d 'a p r e s des so urces b ie n in form ees, le ce lebre p h i lo s o p h e p a rc o u ru t to u te 1’A U em agne d u Sud , en p a r t icu l ie r la Baviere et le W u rte m be rg , de 1617 a 1621, ceci d a n s le bu t b ien prec is de c o n n a i t r e ces « n o u v e a u x sa v a n ts» ; m ais, nou s r a p p o r te Bailet, il fit d ’inutiles r e c h e r c h e s 23.

Q u a n t a Leibniz , lui, il ne m a c h e pas ses m ots a I’egard des « F re re s R o se -C ro ix » qu ' i l c o n s id e re c o m m e u n e fictitia. A u tre m en t dit, ce tte « F ra te rn i t e » n ’a j a m a is existe, s in o n d a n s l ' im ag in a t io n de q u e lq u e s i l lu m in e s 24.

II est probable, cependant , que tous ces personnages cites plus haut etaient au courant de l’existence - ou de la n o n ­existence? - de ces «Fra terni tes» rosicruciennes. Connais- saient-ils leurs «ense ignement s»? La, nous sommes beau- coup moins affirmatifs que les maitres de la Rose-Croix. Pour notre part, nous ne le pensons pas. II est en effet tres difficile po u r le co m m un des mor tels que nous sommes d'en- trer en contact avec des «etres invisibles», n ’est-ce pas? E n ­fin, et c ’est la notre a rgumenta t ion principale, aucun de ces hom mes n'a pre tendu appar teni r , de pres ou de loin, a un tel mouvem ent qui, ne l 'oublions pas, se caracterisait surtout par ses aspects fan ta sm ago r iqu es25. Alors pourquoi, et sur tout au nom de quoi , I 'A.M.O.R.C. recupere-t-el le ces personnages pour le moins il lustres? Sans doute, po u r se d o nn e r le brin de serieux qui lui manque.. .

22 A cet effet, qu 'on nous permeite encore cette petite question indiscrete: pourquoi I'A.M.O.R.C. ne met-elle pas ses «archives» a la disposition du grand public et des historiens?

33 P. Arnold, op. cit.. p. 275.24 P. Arnold, ibid., p. 308.25 A ce propos, M. M., ex-membre de I'A.M.O.R.C., nous ecrivait:

«M em e en admettant que ce soit vrai. rien ne prouve d 'une fa^on formelle, et surtout pas les archives de I'A.M.O.R.C.. q u ’ils n 'ont jamais pu produire aI 'appui de leurs theses, que ces personnages aient ete plus ou moins ros icru­ciens, ils n ’ont en fait jamais ete membres de l'A.M.O.R.C...» Correspon­dence du 28 juillet 1983.'

La Rose-Croix du Siecle des LumieresI. L injluence nefaste de Sw edenborg

Le Siecle des Lumieres (X VI11e siecle) se definit surtout co m m e une reaction contre le christ ianisme. Cela s’est m an i ­festo par deux courants, d iametra lement opposes l’un l’autre au niveau de leurs idees, mais cependant complementai res , s inon solidaires par rapport au but, e ’est-a-dire le discredit de la Parole de Dieu. D ’une part, l’esprit rationaliste (D id e ­rot, J.-J. Rousseau, Voltaire) et, d ’aut re part, l’i l luminisme qui connait un renouveau d ’activite, no tamment en Alle- magne (Rat i sbonne et Munich) et aussi en Angleterre avec Swedenborg. Le rat ional i sme et I’i l luminisme ont profonde- ment marque ce siecle par I’influence ideologique determi- nante qui provoqua la Revolut ion fran£aise de 1789.

Deux hommes ont marque de leur empre in te le «Siecle des Lumieres»: le philosophe Em man ue l Kant (1724-1804) et le mystique Emman uel Swedenborg (1688-1772). Si le premier fut plus tard «recupere» par Engels, puis par Marx, le se­cond. par contre, exer^a des 1743 une influence desastreuse sur la societe, sur tout dans la haute noblesse, mais aussi dans l'Eglise. C ’etait un phi losophe et un theosophe doue d ’une intell igence remarquable ; mais c ’etait aussi un redoutable oc­cultiste et vis ionnai re26. II «voyagea» tres souvent dans le m on de des esprits, conversa avec les anges et les ames des trepasses. II prevoit le jugement dernier pour 1757. II esperait une revolution religieuse po ur q u ’une « Nouvelle Eglise», dite de Saint-Jean, remplace l’Eglise fondee par Pierre. Les idees de Swedenborg se dist inguent par leur caractere haute- ment occulte: il ecrivit, en effet, pas moins de 17 ouvrages «sous h y p n o s e » 27. Sa pensee se repandit tres rap idement a travers l’Europe. Le resultat de la propagat ion de ces doc ­trines occultes fut double : la vulgarisat ion et la popular i sa­tion de l’occult isme et du spiri t isme et la deculpabilisation de I’individu face au peche d ’abominat ion . Desormais, n ’im-

:a En avril 1745. lors d 'un sejour a Londres, il re^oit deux visions du Christ de meme que la charge de « Revelateur». e'est-a-dire la responsabilite d 'ouvrir I’esprit des hommes a cette nouvelle doctrine. Le caractere occulte de ces «visions» nous parait evident.

C'itons, entre autres, Les mysteres celestes, Le de l et I'enter. La Nouvelle Jerusalem et surtout La vraie religion chretienne.

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porte qui pouvait prat iquer l 'occult i sme sans pour au tant en- couri r les foudres du clerge. Swedenborg avait done fait sau- ter le verrou et, des lors, les forces du mal deferlerent au grand jour. Les societes secretes qui ju squ 'a present se te- naient dans une prudente reserve, sinon meme dans le silence le plus absolu. purent enfin mene r une existence a «visage decouver t». Naturel lement , les fraternites Rose-Croix suivi- rent le meme exemple.2. Les cercles allem ands du X V I I I 1 siecle

C'est pr incipa lement en Al lemagne que se groupent les so­cietes rosicruciennes. Ce sont, il faut le dire, des resurgences lointaines du passe: il n'y a, en effet, aucun lien ni aucune fi­liation entre les groupuscules de 1614 et ceux du «Siecle des Lumieres». Selon Rene Le Forestier, la plupart des alchi- mistes se reclamaient de la R o se -C ro ix28. Seule l 'alchimie, cette pseudo-chimie, a ete en quelque sorte le fil conducteur des differents groupes ou conventicules rosicruciens.

Ces nouvelles societes ros icruciennes prirent le nom de « Rose-Croix d ’Or» - Gold und R osen-K reuz 29. Samuel Rich­ter, alias Sincerus Renatus , pasteur et theosophe d'or igine si- lesienne, ecrivit en 1709 un livre intitule Vraie et totale d iffu ­sion de la Pierre Philosophale de la Fraternite de l'Ordre de la Rose-Croix et de la Rose , dans lequel il developpa un projet de societe qui. d'ai l leurs, porte son pseudonyme: l 'Ordre de Renatus. Le con tenu de cet ouvrage se rappor te essentielle- ment a la Rose-Croix d 'O r (dont il semblerai t qu'il fut le fon- dateur , sinon l ' initiateur) et sur tout a cette fameuse pierre philosophale . Au tour de S. Richter et de son oeuvre, un cer­tain nombre de personnes se grouperent et creerent une nou- velle societe esoterique. Celle-ci se revela bientot tres herme- t ique et, a vrai dire, nous ne savons pas grand-chose d'elle. C'est seulement en 1755 que I'on decouvri t quelques traces de societes portant le titre de « Rose-Croix d ' O r » 30.

Par contre, en 1777, I'un de ces cercles sort bruta lement de38 R. Le Forestier, La Franc-mafonnerie Templiere et Occuliiste aux

X V I I I ‘ et XIX' siecles. Auhier-Montaigne, 1970.29 Cette expression etait deja connue au XVIe siecle de Petrus Morinius.10 Le « Lectorium Rosicrucianum» reprendra pour son propre compte

cette expression. Precisons, au passage, qu'il n'y a aucune filiation histori- que entre la «G old und Rosen-Kreuz» et la «Rosen-Kruis Pers».

son silence. Cet te nouvelle societe alch imique et rosicru­cienne se no m m e «La Rose-Croix d 'O r d ’Ancien Systeme» et comprend, entre autres, neuf hauts grades. Tout na turel le ­ment , et durant les deux annees suivantes, de nombreux f rancs-ma^ons , attires par la symbol ique et I 'esoterisme rosi­cruciens, quit terent leurs loges pour se rat tacher a la « Rose- Croix d 'O r d 'Ancien Systeme». En 1779, l 'Ordre compta it 26 cercles et environ 2'000 adeptes, dont le futur Frederic-Guil- laume II de Prusse qui. lorsqu' il sera couronne empereur , nommera en 1786 ses deux initiateurs, l’ancien pas teur J. C. Wollner, ministre d 'E ta t et des cultes (!) et J. R. Bischoffs- werder, ministre de la guerre. Les deux grands maitres deve- nus ainsi ministres, l 'Ordre disparai tra de lui -meme et assez rapidement . Les causes de cette d is integra tion sont assez obscures, mais on suppose que le gouvernement qui ne voyait pas d ' un bon oeil la mul tipl icat ion des loges rosicru­ciennes mit le frein a toute nouvelle expans ion.

Soulignons aussi I 'oeuvre du «reformateur» rosicrucien Her m an n Fictuld qui modif ia tota lement le vocabulaire al­chimique qui, il faut le dire, pretait a rire, en le rendant plus «serieux». 11 dota aussi l 'Ordre d ' un rituel, d ' inspi rat ion net- tement plus ma^onnique. Cela n 'empeehe ra pas la Rose- Croix, version Fictuld, de sombrer dans le r idicule a cause de ses «recherches» sur l 'elixir de longue vie...

Cette meme epoque est aussi marquee par le rayonnement occulte des « I llumines de Baviere» dont le fondateur est Adam Weishaupt , professeur de droi t canonique a 1'Univer- site d ' Ingols tad t . Cet Ordre qui comptai t en 1783 quelque 600 membres avait des racines f ranc-ma^onniques et rosicru­ciennes. Le but de cette societe secrete etait I'egalite entre tous les ho mmes; pour y parvenir . il fallait, si I 'on en croit Weishaupt , detruire la religion et aboli r la propriete. Karl Marx, lui-meme, reprendra toutes ces idees avec le resultat que I'on connait .3. Les cercles fra n ca is

Tout comme en Angleterre ou en Al lemagne, un climat d ' anarchie regne en France. Les di fferentes societes rosicru­ciennes ont de la peine semble-t-il a retrouver leurs origines, celles de la Fama et de la Confessio. Du moins l 'esprit n'y est plus. C ar les nouveaux Ordres rosicruciens of f rent la particu-

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larite d 'etre a la fois f ranc-ma^onniques et rosicruciens. En effet, I'histoire de la Rose-Croix du X V II e siecle se confond avec celle de la Franc-maconner ie et il faudra at tendre le de ­but du X X e siecle pour que la si tuat ion se clarifie. De nos jours, cependant, l 'A.M.O.R.C. perpetue a sa maniere et a son profit cette t r ad i t i o n31.

Trois hommes ont marque de leur empre in te le mouve ­ment de la Rose-Croix. Le premier qui commence a faire par ler de lui est un personnage tres mysterieux, nomme Mar- tines de Pasqually. On ne sait abso lument rien de ses ori­gines. Est-il Fran^ais? Espagnol? ju i f? ou chret ien? Par contre, ce qui est sur, c'est q u ’il essaya de fonder des loges ma^onniques , sans grand succes semble-t-il , dans le sud- ouest de la France, pr incipa lement dans les regions de T o u ­louse, Foix et Bordeaux. Sa doctr ine est grosso m odo celle du rosicrucianisme en general . Par sa chute, Adam est devenu une «forme per issable»; l ' hom me doit remonter le «cycle», c ’est-a-dire sa condi t ion edenique. Pour cela, il doit «reinte- grer» son «etat primit if», l’« h o m m e-A dam » , ceci par les movens «exter ieur» (grades init iat iques) et «interieur» (rites symbolico-occultes) . En d 'aut res termes, cela signifie que « l 'h o m m e est appele a redevenir D i e u 32...»

Suite a la mort de Mart ines de Pasqually, le mouvement se scinde en deux. Son plus proche ami, Jean-Baptis te Willer- moz (1730-1824), lui-meme initie a la franc-ma^onner ie en 1753, en reprend l’organisat ion tandis que son secretaire, Louis -Claude de Saint-Mart in (1743-1803), est sur tout preoc- cupe de I 'heritage doctr inal qui, d'ai l leurs, pr end ra le nom de « Mar tinisme». Ces deux hommes, tres differents l 'un de I 'autre, continueront chacun de leur cote la tradi t ion rosicru­cienne. Cependant , il faut noter que, des 1770, I ' introduction et la general isation des hauts grades initiatiques dans les so­cietes Rose-Croix prennent une tres grande importance. Ainsi done, et au fil des annees, le rosicrucianisme s’«etof fe» et acquiert un bagage esoterique de plus en plus sophist ique.

31 Le vocabulaire el la symbolique de l'A.M.O.R.C. sont p rolondementimpregnes de la mystique franc-m afonnique dite «egyptienne» (ou occul- tiste). e’est-a-dire du « Rite Egyptien de Memphis-MizraTm».

i: J. Duchaussoy, Mystere et Mission des Rose-Croix, p. 191. Editions duRocher. Monaco. 1981.

4. Le com te de Saint-G erm ainNous devons aussi inclure dans le cadre de notre expose

histor ique le mysterieux comte de Saint -Germain, celebre al- chimiste, matron et Rose-Croix. Une legende s’est developpee au cours des siecles au tou r de ce personnage insolite. II serait ne le 28 mai 1696, mais sa date de naissance est tres discutee. De son vrai nom Fran^ois-Joseph Rackosky, originaire pro- bablement de Transylvanie, son pere l’envoie chez son oncle en Italie. C ’est la q u ’on lui do nn e le nom de San Germano. Cons idere comm e le successeur de Francis Bacon, le comte de Sain t-Germain etait, si l’on en croit Jacques Duchaussoy, un mystique aux redoutables pouvoirs et dont le but etait « l ’accompl issement de la mission Rose-Croix, e’est-a-dire a ider a l’avancement des sciences, diriger l’humanite vers une religion non dogmat ique , l iberer I’ame individuelle et sti-muler revolu t ion ge n e ra l e»33.

Le comte de Sain t-Germain etait-il rosicrucien, comme le pre tendent bea uco up d ’aut res? C'est fort possible, nean- moins le doute subsiste; par contre. une chose est sure, c'est que ce mysterieux personnage fut bel et bien un celebre aven- turier et un habile d iplomate du roi Louis XV. A ce titre, il en t reprend de nombreux voyages, il f requente les plus illus- tres families d ' Europ e , il sejourne dans de nombreux pays, notarnment en Russie, en Italie et en Allemagne.

Toute une legende nait au tou r de ce personnage. On ne connai t pas son age. ni son origine, ni rien de sa personne; on le croit riche et, surtout, on le cons idere au meme titre qu 'Eno ch , Melchisedec et Elie comme «Immorte l» . II aurait possede, si l 'on en croit toujours les mythes Rose-Croix, le veritable elixir de longue vie. Mais ce n'est pas tout! Le comte de Saint -Germain, que bea ucou p considerent comme le chef de file de l 'occultisme du XVIII 0 siecle, aurai t ete en ­core « C he f des I l lumines, chef de la Franc-Ma^onnerie , al- ch im is te»34.

L’histoire du comte de Sain t -Germain n ’est en definitive qu 'une vaste supercherie, un enorme canular qui ne cesse d 'a l imenter regul ierement les colonties des jo ur na ux occul- tistes. Pour I’histoire retenons seulement la date officielle de

33 J. Duchaussoy, ibid., p. 178.34 Cf. J.-P. Bayard, La Symbolique de la Rose-Croix, p. 198.

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son deces: le 27 fevrier 1784, suite a une attaque. Cela n'em- peche pas pour autant les rosicruciens d ' au jourd 'hui de le considerer comme etant «Rose-Croix» , c'est-a-dire veritable- ment « lmmorte l» ou «Super ieur Inconnu».

La resu rg en ce du m yth e d u co m te de S t-G e rm a in n 'es t pas le p r i ­vilege d e ce rta ins ros icruciens, m ais il est repris , ou p lu to t r ecupere , p a r des in d iv idus sans s c rup u le s co m m e , p a r ex em ple , R ichard - Louis D a v id C h a n f ray , a lias « C o m te de S a in t -G e rm a in » , ne le 4 avril 1940 a Lyon et d o n t le s igne p a r t ic u l ie r est d 'e t re im m o r te l ! II est su r to u t c o n n u p o u r ses ta len ts d e s e d uc teu r , et une ce lebre ch an - teu se f igure sur son tab leau de ch asse! Le n e o -c om te p re te n d en o u t re av o ir 271 an s et avoir reussi a re n f lo u e r p a r trois fois les fi­n an ces d e Louis XV! M ais la rea l i te se s i tue su r un au t re p la n : R i­ch a rd C h a n f ra y s ’est d o n n e la m ort p o u r des « ra iso n s d ’o rd re per- so n n e l» av ec son am ie , M me P au le t te Guil l i , le 22 ju i 1 let 1983 pres de Sa in t-T ropez . D o ne , affa ire c lassee! du m oins nou s I 'esperons.. .

5. CagliostroLe non moins connu Cagliostro a exerce durant un certain

no m bre d 'annees une ext raordina i re influence dans les mi­lieux rosicruciens et occultes. C ’etait un personnage tres mys- terieux, plus aventurier qu 'occult is te et dont on ignore en ­core aujou rd 'hu i I ' identite exacte. Cagliostro, de son vrai nom Giuseppe B a l s a m o 35, naqui t en 1743 dans une famille pauvre de Palerme. C'etai t un enfant difficile qui posa beau- coup de problemes , sur tout apres la mort de son pere. II fut envoye dans un seminaire, puis il fut place comme novice a la Benfratelli de Car tegirone. Son compor tement tout em- preint d'ant iclerical isme et d ’ant ichris t ianisme fit qu 'on I'ex- pulsa du couvent.

Libere de toute contrainte, le jeu ne Balsamo c o m m e n 9a a s ' interesser a I 'occultisme, a I’astrologie et a I'alchimie. II ve- cut du rant des annees comme un «play-boy» dist ingue et ses aventures amoureuses sont celebres. Passons la-dessus et examinons quelle a ete sa carriere «ros icrucienne». En 1776. Balsamo prend le nom de Cagl iost ro et, une annee plus tard, il est initie dans une Loge ma^onnique . A part i r de ce m o ­ment, il consacre toute sa vie a la cause de la f ranc-ma^onnerie.

Revenu en France, Caglios tro fonde la «Loge Mere du

15 La plupart des historiens pensent que c’est son vrai nom.

Rite-Egyptien» dont il p rendra le titre de «G ran d Cop t» et y redige le R ituel de la M a^onnerie Egyptienne, ouvrage de base de la ma^onner ie dite «egyptienne». Cagliostro voyagea beaucou p en Europe et fonda - ou essaya de fonder - des loges ma^onniques . Bien qu' il connu t un certain succes, n o ­tamment a Strasbourg, Cagliostro s ' empet ra dans des intri­gues qui n 'avaient rien de rosicrucien. Ses succes feminins, ses relat ions avec le cardinal de Rohan (1734-1803) et sa par ­t icipat ion a l’«affaire des colliers» (1779) ent rainerent la j a ­lousie de la reine Mar ie-Antoinet te et, par la, sa chute. Mis en prison une premiere fois, il fut ensuite expulse de France et alia en Angleterre, puis il gagna Rome. Mais sitot arrive, il fut juge et co n dam n e par le tr ibunal de l’lnquisit ion. Apres une captivite tres penible, il mourut , etrangle dans sa prison, le 28 aout 1795.

Son influence fut eno rme aussi bien dans les milieux ma- ^onniques que rosicruciens de l ' epoque. C'est lui qui crea une nouvelle «mystique» m a 9onnique , d ' inspira tion nette- ment occulte. En fait, le veritable fondateur du rite de «Mis- ratm» fut un certain Marc Bedarride, ne en 1776 a Cavaillon. Celui-ci avait rencontre Cagliostro qui l’initia aux «mysteres egyptiens». L'Ordre de «MisraTm» ne comportai t pas moins de 90 degres! C'etai t une societe tres puissante, mais le gou- vernement d ’alors fit di ssoudre l 'Ordre en 1823, le jugeant dangereux pour I’Etat!

Q uan t a I 'origine du rite de «M em ph is » , elle remonte a 1839, et son fondateur, qui fut expulse deux fois de l 'Ordre de «Misra im», est un no mme Jacques-Et ienne Marconis de Negre. Ce rite comprena i t 95 degres! Mais, la encore, l 'Ordre fut dissout par la police en 1848. La plupart de ses membres s ' integrerent au «G ran d Orient».

Finalement les deux rites fus ionnerent en 1880 et le nouvel Ordre prit le nom de «M em phi s-M isra im» lequel fut reorga­nise no tamment par Papus. Si le «Ri te de Memphis-Mis- rai‘m » ne parait pas tres puissant a l 'heure actuelle, par contre son influence dans les ceremonies initiatiques de cer­tains ordres rosicruciens, en particulier I 'A.M.O.R.C. , est evi- dente. Ainsi, nous constatons que Cagliostro, qui sans etre speci f iquement rosicrucien, a exerce sur les differents mou- vements Rose-Croix une autori te et un ascendant non negli- geables.

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L 'O rd re subsiste en co re de no s jo u rs , q u o iq u e d isc re t d a n s ses ac- tivites, et il se rec lam e de la T ra d i t io n m a ^ o n n iq u e . «L ors du C o n v e n t d u 21 ju in 1969 d u Rite A n cien et P r im it i f de M em p h is - Misra 'im, lit-on d a n s u n e p la q u e t te ro n eo ty p ee , il fut r a p p e le q u e le Rite est de iste , ce qui im p liq ue r e v o c a t io n du G r a n d A rch itec te de F U n iv e rs - ou S u p re m e A rch itec te des M o n d e s et sp ir i tua l is te . ce qu i im p liq u e la c ro y an ce en l ' im m o r ta l i te d e Tam e, ou d u m oin s u n e ce r ta in e p e re n n i te p o s th u m e p o u r c e l le -c i36.» Les t ravaux de la Loge ne v isent q u 'u n seul bu t , celui de « c o n d u i r e vers le p r in c ip e c re a te u r le f lu ide ind iv iduel des Freres, a eveiller les forces en d o r- mies de leu r co rp s astral et a p la ce r celui-ci su r l 'o rb i te co sm iq u e p a r I 'inv o ca t io n d u S u p re m e A rch i tec te des M o n d e s i7...», la « M a - gie na tu re l le des v ib ra t io n s» , les fu m iga t io n s (sic), etc. Les « trav a ux in i t ia t iq u es» , co rrec tem en t executes , a u ra ie n t p o u r bu t la deli- v ran ce , ou e n c o re la « c irc u la t io n d u p ra n a d y n a m iq u e d a n s le co rp s sub ti l . . .» Ainsi, ce Rite p s e u d o -m a ^ o n n iq u e a p o u r o b je c t i f le «che- m in e m e n t vers la L um iere» .

La Rose-Croix contemporaine ( X I X - X X C siecles)A la per iode de f lot tement du «Siecle des Lumieres» suc-

cede une aut re per iode qui, el le. sera caracterisee par la crea­tion de societes rosicruciennes dont la p lupart existent e n ­core aujourd 'hui . Afin de do n n e r plus de credit a ce que nous appel ler ions le «neo-rosicruc ianisme», les fondateurs des differents ordres Rose-Croix font remonter aussi loin que possible les origines de leurs mouvements . Cep end ant , et quoique I'on en dise, il ne peut s 'agir que d 'u n e «survivance de l 'esprit ros icrucien» 38 ou, pour etre plus precis, la conser ­vat ion d 'un mythe.

Faire l ' inventaire de toutes les societes ros icruciennes est une tache prat iquement impossible, car il existe une infinite de groupuscules rosicruciens dissidents. En effet, la plupart des societes rosicruciennes se sont volonta i rement occultees et ont garde, de ce fait, les pr incipales caracterist iques des premiers conventicules Rose-Croix. Neanmoins , un nombre relat ivement impor tant d i s so c i a t i o n s , celles-ci regul ierement declarees po ur la plupart , se sont revelees au grand public, no tammen t par le moyen de la li tterature. Pour notre part,

36 J. Herman. Aspects du degre d 'apprenti , p. 2. 1985.37 J. Herman, ibid., p. 4.38 J.-P. Bayard, La symbolique de la Rose-Croix. p. 201.

nous nous limiterons aux societes les plus connues qui sont, co m m e nous le verrons, les plus virulentes et les plus dange- reuses, notamment l’A.M.O.R.C. et le Lectorium Rosicrucia­num.La Golden Dawn

La Golden Dawn (L'Aube Doree) est une societe secrete rosicrucienne meconnue , mais qui a eu en son temps un ex­t raordina ire rayonnement . C ’est en 1865 q u ’un certain Ro ­bert Wentworth Little (1840-1878) fonda la «Societas Rosi- cruciano in Anglia» (S.R.I.A.) dont les membres doivent etre obl igatoirement des francs-ma^ons. Par la suite, plusieurs de ses membres, dont le beau-f rere du phi losophe Henri Berg­son, Samuel L. Mathers, feront secession et se consti tueront en societe dissidente qui prendra le nom de «G olden Dawn in the Outer». Mathers fut no m me premier Impera tor de l 'Ordre ; mais ce fut sous la condui te de son successeur, Aleister Crowley ( 1875-1947)-,9, I 'un des plus grands occul- tistes du X X e siecle, que la Gold en Dawn connut des m o­ments difficiles. Son compor tement tyrannique de meme que sa vie de so rdonnee avaient irrite plusieurs de ses amis. Cet ordre au jourd 'hui n'existe plus, mais il avait au debut de ce siecle une tres grande renomm ee dans les milieux occul tes40.

L’Ordre Kabbalistique de la Rose-CroixCet Ordre fut fonde en 1888 par un ho mme tres connu a

l ' epoque pour ses connaissances occultes, Stanislas de Gu ai t a (1861-1897). D'or igine lombarde, il fut a la fois un poete et un voyant! II avait com me ami I’ecrivain Maurice Barres (1862-1923). Peu a peu, il se pass ionna pour 1’esote- risme et il se const i tua une immense bibl iotheque occulte. Apres avoir etudie la magie, il fonda cet ordre dans lequel la magie et la Kabbale seront enseignees. Se jo ignent a lui une

3(1 Selon certains historiens. il semblerait que Crowley fut I'un des maitres a penser de H. S. Lewis (Cf. J.-P. Bayard. La Symbolique de la Rose-Croix.p. 216).

40 Parmi les membres de cette secte, citons Bram Stoker (I'auteur de Dra- cula\) et Moira Bergson (la soeur du philosophe). Notons encore l’esprit profondement anti-chretien (et meme anti-rosicrucien!) de la Golden Dawn: leur croix etait une Rose-Croix (sic) a la fois noire el inversee.

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douzaine de membres, dont Josephin P e l a d a n 41 (1859-1918). D ’autres personnages non moins i 11ustres en firent part ie; e n ­tre autres Papus et Paul Adam. Stanislas de Guai' ta, outre ses talents de bril lant causeur, fut un ecrivain et il se mit en evi­dence dans un ouvrage en trois tomes intitule cur ieusement Essais de sciences maudites.

L'Ordre Kabbal is tique de la Rose-Croix se voulait etre un ordre de haut niveau. A cet effet, trois grades etaient decer- nes: bachelier, licencie et doc teu r en Kabbale. Parmi les ma- tieres enseignees notons, I 'histoire de la Rose-Croix, la K ab­bale et la langue hebraique. Les candida ts a l ' initiat ion de- vaient obliga toirement passer une these, tout comme a l’Uni- versite! Malgre toute cette ple thore de personnal ites (Papus p rendra la succession de Stanislas de Guai' ta) et d ' imagina- tion, I 'Ordre ne survivra pas tres longtemps. Mais un autre Ordre, celui-ci au t rement plus puissant , va se lever au N o u ­veau Monde.. .

L’A.M .O .R.C.L' A n tic us M ysticusque Ordo R osae Crucis (Ordre Ancien et

Mystique Rosae Crucis) est I 'Ordre rosicrucien le plus connu dans le monde. Fondee par un Amer ica in nomme Harvey Spencer Lewis, cette secte a vu le j o u r en 19094- aux Etats- Unis et a connu sous son impulsion un developpement consi ­derable. Se reclamant des plus hautes tradi t ions initiatiques, l 'A.M.O.R.C. essaie par tous les moyens de se faire reconnai- tre comme etant I 'Ordre mondia l par excellence. Dans le meme ordre d' idees, nous l isons dans le M anuel Rosicrucien ces lignes pour le moins edi fiantes: «L 'o rdre rosicrucien A.M.O.R.C. est l 'unique mou vement rosicrucien ayant le pr i­vilege du symbole de la croix ayant , en son centre, une seule rose et c'est la le veritable symbole ant ique de l’ordre, dans

41 II prendra peu apres le nom de Sar Peladan et sera le fondateur d unenouvelle secte rosicrucienne, I’Ordre Rose-Croix du Temple et du Graal,dont il sera le premier Imperator.

4: La date de 1909 avancee par H. S. Lewis est sujette a caution. Selond ’autres sources, il semblerait que la date de la fondation de l’A.M.O.R.C. se situe entre 1915 et 1919, ce que confirmerait implicitement le «G rand Mani- feste» de I’Ordre qui parle de 1915. Avant cette date, il ne s'agissait que d 'une societe d 'e tudes psychiques.

tous les pays, et depuis t o u j o u r s 43.» Et le Lectorium Rosicru­c ianum? Et 1'Association ros icruc ienne Max Heindel? N ’ont- ils pas, eux aussi, une rose au milieu de la croix?

L'A.M.O.R.C. pretend etre un ordre initiatique, une f rater­nite philosophique et une ecole de la vie. II essaie de reconci- lier, sous le couvert de l’experience et de la connaissance, la science, la philosophie et le mysticisme. Son enseignement serait «n on dogmat ique , libre de toute superst i t ion et hors de tradi tions desuetes». Ses pretent ions, on le constate, sont enormes: I’Ordre n ’est ni une religion, ni une ecole d ’oc- cultisme, ni encore une secte, etc. Ces propos tires du M a­nuel montrent que l’A.M.O.R.C. tient a sa reputat ion: «L'A.M.O.R.C. est une organisat ion r igoureusement non re- ligieuse, non commerciale et il n'est affllie a aucune societe, fraternite, com m un au te ou mouvement d i f fe rent44.»

L 'Ordre serait regi par une loi cycl ique de 108 ans. A une per iode dite «de repos» succede une aut re periode dite «d'act ivi te». Selon le M anuel Rosicrucien, I 'Ordre aurait quit te l 'Eu rope en 1693 po ur aller s 'etablir aux Etats-Unis, d ’abord a Phi ladelphie puis a Ephra t a en Pennsylvanie. Des l ' annee suivante, soit en 1694 et ceci ju squ 'en 1801, I 'Ordre aurai t ete tres actif aux Eta t s -Uni s45. A ce «cycle de renais- sance» succedera une aut re per iode «de repos et d ’attente», ceci ju squ 'en 1908. Durant ce laps de temps, les secrets initia­tiques de meme que les «rares archives officielles» se se- raient t ransmis de genera t ion en generat ion. Ce fut en 1909 que l 'Otdre, sous la direct ion de H. S. Lewis, sortit enfin de son «sommei l» et reprit son cycle d'activite tel que nous le connaissons .

N o u s nou s p e rm e t to n s de fo rnu i le r q u e lq u e s reserves a p ropo s des a f f i rm a t io n s h is to r iq u es d e l 'A .M .O .R .C . car, une fois de plus, il s em b le ra i t que I 'h is to ire n ’ait ete eerite que p o u r cet O rdre . La R ose-C ro ix , et n o n pas l 'A .M .O .R .C ., a to u jo u rs ete d e p u is ses d e ­b u ts un courant souterrain d u m ystic ism e n eo -g n o s t iq u e . C o m m e tel, il ne s 'es t gue re m an ife s te au g ra n d jo u r , p re fe ran t une ac tion ca- chee, res tre in te ca r reservee a ce rta ins « e lu s» seu lem en t. F.n fait, les

43 H. S. Lewis et R. Bernard, Manuel Rosicrucien, p. 15. C'est nous qui le soulignons.

44 H. S. Lewis et R. Bernard, ibid., pp. 15-16.45 Nous aimerions bien savoir dans quelle region des Etats-Unis I’Ordre a

ete actif?

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«vra is» ros icruciens, tou t c o m m e les f ra ncs -m a^o n s , ne s 'a f f ich e n t pas d e v a n t le g ran d p u b l ic ; p o u r le m o n d e p ro fan e , ils so n t «en so m m e i l» tan d is q u 'a l ' in te r ieu r d e leurs cercles, ils son t tres actifs.

Q u a n t au x p e riodes dites « d 'a c t iv i te et de rep o s» , c 'es t-a -d ire les 108 a n s 4h de travail , puis les 108 an s de « so m m ei l» , el les ne son t q u e le fru it de l ' im ag in a t io n fertile de H. S. L ew is4'. P ou rq u o i cette th e o r ie ? T out s im p lem en t p o u r p ro u v e r q u e I 'A .M .O .R .C . existait b ien av an t 1909! O r l 'h is to ire m e m e des R ose-C ro ix m o n tre q u e ce m o u v em e n t est d 'o r ig in e e u ro p e e n n e et qu 'i l s ’est c o n cen tre , du m oin s a ses d e b u ts - X V IIe et XVII Ie siecles - d a n s les pays d 'E u r o p e o c c id en ta le , n o ta m m e n t l’A n g le te rre et la F ranc e . II est d o n e im po ss ib le q u 'u n e « c o lo n ie ro s ic ru c ien n e» ait em igre en 1694 de ja . II est en core m o in s p ro b a b le q u e I 'O rd re dev in t « e x t re m em en t p u is san t» et qu 'i l prit « u n e pa r t c o n s id e rab le d a n s la genese de la n a t io n a m e r i c a in e » 48. C e tte a f f i rm a t io n est tou t s im p lem en t scan d a- leuse: ce ne son t pas les ro s ic ruc ien s qui fu ren t a la base de la nais- san ce du nouvel E tat, mais les f r a n c s - m a ^ o n s 4'1. C es 108 a n s d 'ac t i - vite au x E ta ts -U n is ne son t en d e fin i t ive q u 'u n e f iction creee p o u r P o c cas ion p a r H. S. Lewis.

N o u s v en o n s d 'a p p r e n d r e au m o m e n t ou nou s m e t to ns sous p resse q u e la « loi de 108 a n s» a ete a n n u le e ! Voila ce q u e d it R ay ­m o n d B ernard in te rv iewe a ce p ro p o s p a r Serge C'aillet: « M a is , de nos jo u rs , ce tte loi d e 108 ans, p a rce q u e les tem p s so n t d i f fe ren ts et q u e la to le rance sem ble p lus g ra n d e , a ete su p p r im e e . C ’est une d e ­c is ion d u B ureau S u p re m e de I 'O rd re d e la R o se -C ro ix A .M .O .R .C . Je ne so u h a i te pas, a jo u te le Legat su p rem e , qu 'i l faille, un j o u r reta- b l i r ce tte loi c a r ce la m on tre ra i t , de la pa r t de no tre m o n d e . u n e re ­g ress ion au lieu d 'u n e ex ten s io n de la l iberte d o n t n o u s jo u is so n s d a n s ce rta ins p a y s » 5n.

L'A.M.O.R.C. revendique, en plus de ses origines egyp­tiennes, toute une serie de personnages , de haut niveau, etqui aura ient ete membres de I’Ordre. La liste est longue, tres

46 La Fama Fraternitatis parle do 120 ans.4‘ Selon une note de J.-M. Leduc et de D. Le Plaige. la theorie des cycles

de 108 ans (9 x 12) serait bien connue dans les tradit ions kabbalistiques et orientales ( Les Nouveaux Propheies, p. 52). Notons encore que la «somme theosophique» de 108 est 9 ( I + 0 + 8). c 'est-a-dire le chiffre parfait repete 3 fois (3 -I- 3 + 3).

4S H. S. Lewis et R. Bernard, ibid., p. 14.,w Le premier president des Etats-Unis, George Washington, etait franc-

mai;on.s0 S. Caillet, L'ordre de la Rose-Croix, pp. 27-28.

longue. Co ntentons-nous de no m m er les principaux: Francis Bacon, Gott fr ied Leibniz, Rene Descartes, Benjamin Fran ­klin, Thomas Jefferson, Isaac Newton, Eugene Sue, Honore de Balzac, Claude D eb ussy51, et bien d ’autres et sans oublier Edi th P ia f52, Theo Sarapo, Patrice L um um ba et le sinistre Lee Harvey O s w a l d 53, I’assassin du president John F. Ken­nedy! Mais tout cela ne nous impress ionne nullement. Qu' i ls aient ete rosicruciens ou non n ’est pas pour nous la preuve que ce mouvement soit authent ique et, a plus forte raison, qu'il soit porteur de la verite, en t endons-nous par la, la verite chret ienne que Jesus, le Fils de Dieu, nous a revelee.1. Harvey Spencer Lew is

Le fondateur de I 'A.M.O.R.C. , le Dr Harvey Spencer Le­wis, naqui t le 25 novembre 1883 a m i d i 54 dans l’Etat du New Jersey a Frenchtown. Ses parents, d 'or igine galloise, etaient de bons protestants. Eleve au sein des ecoles methodistes, il fut, selon la biographie officielle de I’A.M.O.R.C. , l 'un des premiers membres du Temple methodiste de New York.

Tres tot, il se consacra aux etudes scientifiques; il s ' interes- sait cependant aux beaux-a r t s55. Vers 1904, il fut elu presi­dent de l’« 1 nstitut des recherches psychiques de New York». Cet te nominat ion fut le point de depar t de toute sa carriere occulte qui suivra. Auparavant, il s ’etait marie, a 19 ans, avec une descendante du general napoleonien Morfier. De cette union naqui rent quatre enfants, dont l 'un, Ralph Maxwell, succedera a son pere com m e Impera tor de I 'Ordre.

« C ’est en 1909, lit-on dans la revue Rose-Croix . que le doc­teur Spencer Lewis re<;ul la mission de diriger un grand reveil

51 Tous ces hommes etaient-iIs rosicruciens? Le doute subsiste a ce sujet. Par contre, ce qui est absolument sur c’est qu'ils n 'ont jamais ete membres de I'A.M.O.R.C.

5: Edith Piaf etait effectivement rosicrucienne A.M.O.R.C.53 Lee Oswald etait, selon les dires de I’A.M.O.R.C., membre de I’Ordre

depuis six mois. Suite aux evenements de Dallas. I'A.M.O.R.C. fit paraitre des communiques de presse, notamment en France, afin de prendre ses dis­tances!

54 L 'heure de la date de naissance est importante pour la Rose-Croix. ceci a cause de l'astrologie.

55 H. S. Lewis fut en son temps un peintre assez remarquable. Des di- zaines de toiles (huiles, pastels, aquarelles, etc.) temoignent de son sens artis- tique, rosicrucien bien entendu!

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de I’ordre rosicrucien A.M.O.R.C. , ent rant dans son nouveau cycle d'activite apres une occupa t ion de cent huit a n s 5h.» Cet te renaissance de l 'Ordre aurai t ete le fruit de ses re- cherches patientes dans les domaines psychiques. En effet, si I'on en croit la hiographie officielle, H. S. Lewis aurait re^u les «manuscr i t s secrets» des premiers rosicruciens ameri- cains de 1694s7. Ainsi, par le biais de cette «t ransmission», le Dr Lewis s 'at tribua les «ti tres» necessaires pour cont inuer la t radi t ion Rose-Croix outre-at lant ique. Mais ce n ’est pas tout, H. Spencer Lewis aurai t re9 u un «m a n d a t supplementa i re» pour le reste du monde. II fit, a cet effet, un voyage en Europe pour recevoir une initiation secrete. Le M anuel R osi­crucien nous rappor te les faits: «II (H. S. Lewis) fut invite a se presenter devant certains hauts officiers de I 'ordre de France. II visita Toulouse, ancien centre du Conseil rosicru­cien in terna t ion al58 et il revint en Amer ique, investi d ’un m an dat s u p p l e m e n t a l 59.» A part i r de ce moment-la, ce fut la gloire pour le tout nouveau «souvera in grand maitre». Le M anuel est a ce sujet insatiable: «... de grands honneurs lui furent conferes par des societes savantes, des academies , des institutions scientifiques et des grou pement s d'erudit s, aussi bien americains qu 'e t ra ng er s60.»

«E n 1919, lit-on dans la revue Rose-Croix, le docteur Spencer Lewis re^ut une imposante initiation rituelle dans un temple a L o u x o r bl.» Voyageur infat igable, grand organisa- teur mais aussi «h om m e d ’affaires a v i s e» 62, Flarvey Spencer

56 In Memoriam Dr H. Spencer in Rose-Croix, N° 94, p. I.5‘ Les «manuscrits» auraient ete transmis par une certaine Mrs. May

Banks-Stacey. «heritiere d 'une tradit ion hermetique» amenee par des emi­gres anglais et rosicruciens. Une petite question cependant: ces «manus- crits» sont-ils a la disposition des historiens et des chercheurs?

58 Pourquoi Toulouse? On peut preciser. en effet, que vers 1850. le vi- comte de Lapasse, medecin, avait fonde a Toulouse un C'ercle rosicrucien se reclamant de C'agliostro. Andre Peladan. frere de Josephin. entra en contact avec ce Cercle. C'est la une des origines de l'Ordre Kabbalist ique de la Rose-Croix. Puis celui-ci donna naissance a l'Ordre Rose-Croix du Temple et du Graal dont un des groupes (Hieronymus) donnera vie a l 'A.M.O.R.C. de H. Spencer Lewis.

iq H. S. Lewis et R. Bernard. Manuel Rosicrucien. p. 180.60 H. S. Lewis et R. Bernard, ibid., p. 180.ftl In memoriam Dr Spencer Lewis in Rose-Croix. N° 94. p. 2.

R. Facon, Le grand secret des «Rose-Croix». p. 242, Edit ions Alain Le-feuvre.

Lewis recolta tous les succes: il devint Impera tor de l 'A.M.O.R.C. , puis legat de l 'Ordre Martiniste Trad i t ionne l ; il occupa de grandes fonct ions au congres internat ional de la Federat ion Universelle des Ordres et Societes Init iatiques (F.U.D.O.S. I. ) qui s’etait tenu a Bruxelles en 1934.

La F .U .D .O .S .I . (Federatio Universalis Dirigens Ordines Societa- tesque Initiationi) eta it une F e d e ra t io n qu i reg ro u p a i t p as m o in s de 14 o rd res in i t ia t iques d o n t l’A .M .O .R .C . et l 'O rd re M ar t in is te T ra ­d it io n n e l (O .M .T.). C e fu ren t Victor B lan ch ard et S ar H ie ro ny m u s qu i fo n d e re n t peu ap res la gu e rre de 1914-18 ce tte F e d era t io n d o n t les hu ts e ta ien t de d e f in i r 1 'initiation eso te r iq u e p a r r ap p o r t a la « c o n sc ien c e c o sm iq u e» , mais aussi la re fo rm e et l 'un i te des ordres.

C et te F ed era t io n , p ro m ise a un bel avenir , c o n n u t c e p e n d a n t une ex is ten ce ep h e m e re . Selon la vers ion d e l 'A .M .O .R .C ., la F .U .D .O .S .I . « ju g ea sa m iss ion te rm ine e , les m o y en s m o d e rn e s de c o m m u n ic a t io n et d ' in f o r m a t io n p e rm e t ta n t , si b eso in etait. a cha- q u e o rg an isa t io n ay an t a p p a r te n u a la f ed e ra t io n , d e m ettre elle- m em e en g a rde ses p ro p re s ad h e re n ts et si poss ib le le p u b l i c » 63. Ce son t , en verite, de belles p a ro le s m ais qui ne c o r re s p o n d e n t abso lu - m en t pas a la realite . Les an c iens m em b res des sectes R ose-C ro ix de m e m e que Jean Pierre B ayard sont fo rm els : la F .U .D .O .S .I . a ete v ic tim e de ses p ro p res d issens ions et su r to u t de l 'am b i t io n d em esu- ree d e ce rta ins « G ra n d s -M a i t re s » , et n o ta m m e n t d e H. S. Lewis et de R. M. Lewis. «Les d if fe rences doc tr in a les , ecrit J.-P. B ayard , les ten ta t ives d 'a c c a p a re r le c o m m a n d e m e n t , les pub l ic i tes f in iren t p a r ru in e r la F .U .D .O .S .I . qui se s a b o r d a le 14 ao u t 195 1 64.»

Le siege supreme de l 'Ordre de l’A.M.O.R.C. fut etabli a New York. A parti r de 1918, il fut t ransfere a I’ouest des Etats-Unis, a San Francisco. Quelques annees plus tard, en 1925, les «services executifs» firent le voyage inverse pour al- ler s’etablir en Floride. Enfin, en 1927, l 'A.M.O.R.C. , avec tout son personnel executif, s’etablit defini t ivement a San Jose, en Californie.

C ’est la que le premier Impera tor de l 'A.M.O.R.C. , Harvey Spencer Lewis, «franchi t le portail de la plus haute initiation le 2 aout 1939, a 15 heures 15, a San Jose, en Ca l i fo rn ie»h5. Ses cendres reposent dans le pare rosicrucien, au-dessous

b} H. S. Lewis et R. Bernard, ibid.. p. 279.64 J.-P. Bayard, La Symbolique de la Rose-Croix, p. 237, Payot-Paris.h5 H. S. Lewis et R. Bernard, ibid., p. 180.

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r

d ' un triangle symbol ique ou plutot d ’une petite pyramide de 60 cm environ de hauteur, sorte de reproduction de temple egyptien2. Ralph M axwell Lewis

Fils et successeur du precedent , Ralph M. Lewis est ne le d i manche 14 fevrier 1904 a New York, a 10 heures 30 du m a ­tin. II avait herite de son pere une oeuvre relat ivement pros- pere. Bien que limitees pr inc ipa lement aux Etats-Unis, les bases de l 'organisation etaient suff l samment solides po ur que celle-ci connaisse une extension tres rapide des la fin de la derniere guerre.

Apres avoir suivi ses classes dans les colleges de New York puis a l 'Academie militaire du New Jersey, R. M. Lewis re- joignit en 1919 sa famille a San Francisco ou il fit des etudes de droit. En meme temps, il col labora avec son pere a divers t ravaux de recherches, no tam m ent dans la fabr icat ion de re- cepteurs radio. De plus, tout com me son illustre pere, il s ’in- teressa aux quest ions d 'ordre metaphys ique, onto logique et mystique.

La precocite du jeu ne Ralph dans les domaines parapsy- chologiques fut excel lemment mise en evidence: a l 'age de vingt ans, le «Consei l supreme de I’ordre rosicrucien A.M.O.R.C.» le no m m a secretaire supreme! C ’est lui qui do nn a a I 'A.M.O.R.C. ses s tructures actuelles (centralisation, methodes d ’admiss ion, etc.). II representa I 'A.M.O.R.C. aux conferences de la F.U.D.O.S.T. et re^ut tout comme son pere «tous les honneurs dus a son rang». Le 12 aout 1939, apres que son pere lui eut «t ransmis certains de ses pouvoirs parti- culiers», Ralph Maxwell Lewis fut elu Impera tor de l’Ordre rosicrucien A.M.O.R.C. par la grande loge supreme. Au de ­but 1940, il re9ut en outre le titre de «G rand-Mai t re» de l'Or- dre Martiniste Tradit ionnel . Pour clore avec toutes ces no m i­nat ions, la propre epouse de R. M. Lewis, Gladys, fut n o m ­inee membre du Conseil supreme de I 'A.M.O.R.C.! Sans etre mechant, il faut reconnaitre, cependant , que 1’ordre ros icru­cien A.M.O.R.C. , aux Etats-Unis comme en France, est une affaire de famille... Mais, cette t radi t ion «famil iale» devrait

66 Le 2 aout, chaque annee, les membres de I'A.M.O.R.C. sont invites a consacrer une «pensee reconnaissante» a H. S. Lewis!

bientot finir: tres affecte par la perte de son epouse, age et malade , il laisse sa succession ouverte: il est sans descendant . Une «guerre de succession)) est a c ra indre tant le poste d ' lm- pera tor est convoite! Et maintenant , quit tons les Etats-Unis et revenons en France!3. Jeanne Guesdon

Elle est nee le 10 fevrier 1884 a Dossainvil le (Loiret). Apres des etudes completes (professorat), elle choisit une carriere administrat ive. Elle se journa longuement a Londres ou elle perfec tionna son anglais. Puis elle s ’installa a C uba ou elle appri t l’espagnol.

Jeanne G ues do n etait une passionnee d ’esoterisme et de mysticisme. Elle etait membre de plusieurs «ordres tradition- nels». Elle s’affilia a I’A.M.O.R.C. et, tres rapidement , elle progressa dans la voie initiatique. Elle occupa d ’importantes fonctions, servant no tammen t d ’interprete au premier Impe­rator, H. Spencer Lewis.

Apres la Seconde Guerre mondiale, Jeanne Guesdo n en- treprit , avec I’aide de Ralph M. Lewis, l’implantat ion de I'Or- dre rosicrucien A.M.O.R.C. en F r a n c e 6 . C'est du l ei janvier 1949 que date la «const i tut ion legale de la juridict ion tran- ^aise de l 'Ordre rosicrucien A.M.O.R.C.». Sous son impul­sion, I 'Ordre construisit ses premiers ba t iments sur sa pro ­priety personnelle, sise a Vi lleneuve-Saint-Georges. Elle en- treprit , par ailleurs, toute la t raduct ion des monographies de m em e que la publ ica tion de la revue «Rose-Croix».

Son travail, il faut le reconnait re, a ete considerable. Grace a elle I’A.M.O.R.C. pourra s ’etablir sol idement en France. Elle s 'eteignit le 29 mars 1955 apres une courte maladie, non sans avoir assure sa succession en la personne de Raymond Bernard.4. R aym ond Bernard

Raymond Bernard naqui t le 19 mai 1923 a Bourg-d'Oisans (Isere) a 20 heures. Apres des etudes secondai res a Grenoble,

67 L‘Imperator de I'A.M.O.R.C. choisit Jeanne Guesdon plutot que le Dr Edouard Bertholet pour occuper ce poste a responsabilites. A la suite de cela, le Dr Bertholet, pionnier de I'A.M.O.R.C. en Suisse et en France avant la derniere guerre, demissionna et fonda avec son neveu a Lausanne un ordre rosicrucien dissident ainsi qu'tine maison d'edit ions qui existent loujours.

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il obtint son baccalaurea t en ju in 1940. Tres tot dans son en- fance, il etait attire par les «mysteres», par toutes les choses cachees. C'est durant ses vacances a Bourg-d’O i san s68 q u ’il fit la rencontre decisive avec le mysticisme rosicrucien.

II rencontra, en effet, une da m e d ’origine anglaise, Mrs. Edith Lynn, qui avait l 'habitude de passer son temps de re- traite dans les Alpes dauphinoises . Mais el le etait aussi rosi- cruc ienne et, bien entendu, le jeune Raymond, tout en cont i­nuant ses etudes de droit a Grenoble , re^ut en Tespace de quat re ans une solide formation initiatique.

La guerre finie, Mrs. Lynn rentra au pays et le mit en contact avec Jeanne Guesdon. Sur propos it ion de cette der- niere, Raymond Bernard s ’affilia a I’A.M.O.R.C. en decem- bre 1949, et devint ainsi le premier membre regulier frangais. Raymond Bernard etait parait-il , a ce moment-la, a la tete d ’une entreprise familiale florissante et les affaires l’accapa- raient beaucoup. Neanmoins, il cont inua a gravir tres vite les marches de 1’initiation.

En novembre 1955, l ' lm pe ra to r R. M. Lewis lui de m an da d ' a b a n d o n n e r son affaire po ur prendre la tete de la Juridic- t ion fran<;aise de I 'A.M.O.R.C. Apres quelques hesi tations, il accepta. C ’est ainsi que le l er mars 1956 Raymond Bernard devint a Page de 32 ans le responsable de la G ran d e Loge frangaise. Grace a son dynamisme et au sens des affaires, I 'A.M.O.R.C. , qui etait dans les chiffres rouges, redressa la si tuation. En quelques mois, les det tes furent remboursees et c inquante loges, chapitres et pronaoi furent crees; en deux ans le nombr e de membres aurai t double.

Le 8 juillet 1959, avec son epouse Yvonne, il fut initie au cours d ' un e convention mondia le qui eut lieu a San Jose et installe comme Grand -Mai t re des pays de langue fran^aise par l lmpera tor lui-meme assiste par «les plus anciens mem- bres» de l’Ordre.

La Juridict ion fran^aise se developpant considerablement , les locaux de Vi lleneuve-Saint-Georges devinrent exigus. C ’est alors que Raymond Bernard eut, en 1969, cette idee de genie: acheter un chateau! L'affaire fut rondement menee et quelques mois plus tard l 'ordre rosicrucien A.M.O.R.C.

( haque annee, il avait pris l 'habitude de passer ses vacances a Bourg- d 'Oisans.

achetai t le Chateau d 'Omonvi l le , classe m onument histori- que, pour la «modes te» somme a l ' epoque de 600.000 trancs. Le bulletin mensuel de l’Ordre - qui est str ictement confiden- tiel - ne tarit pas d ’eloges pour cette nouvelle acquisit ion: « Le chateau est un m onum ent classe d ’une rare elegance et l’ensemble est magnifique. Notre ordre pour les pays de lan­gue fran<;aise a done m ain tenant un siege digne de lui et tous nos membres en ressentiront la plus grande f ierteol).» La fa- mille Bernard aussi!

Nature l lement , Raymond Bernard, a l’instar des autres hauts dignitaires de I 'A.M.O.R.C. , col lect ionne les titres et les decorat ions, du moins le M anuel l ' aft irme-t- i l : docteur honoris causa , merite civique, cravate de com m and eur du merite nat ional fran^ais, medail le d ' or des arts, sciences et lettres, etc. Sur le plan initiatique, il est depuis le 4 aout 1966 membre de la G rand e Loge Supreme succedant a Mrs. Mar ­tha Lewis, veuve de H. S. Lewis, et il a aussi pris la charge de Legat supreme pour l’Europe.

Raymo nd Bernard au faite de sa puissance est, cependant , un ho mme conteste. On lui reproche son mode de vie, son am ou r pour les hotels de luxe (4 etoiles minimum!) et pour les belles vo i tures70. Mais ce qu'il y a de plus grave, c ’est que quelques membres bien places dans I’Ordre ont denonce, cer­tains publ iquement , des deviat ions d ’ordre ethique qui, elles, sont a la base du grave probleme interne que traverse actuel- lement I 'A.M.O.R.C. en France. Bon nombre de membres fideles de I 'A.M.O.R.C. , de<?us ou tout s implement «de- goutes», ont purement et s implement demissionne. L 'A .M .O .R .C , c ’est certain, r isque de vivre des moments dif- ficiles, mais il surmontera sa crise.5. Christian Bernard

Christ ian Bernard, fils de Raymond, est l’actuel Grand- Maitre de I 'A.M.O.R.C. pour les pays de langue franpaise. Son ascension a ete aussi tres rapide. Ayant vecu dans une atmosphere rosicrucienne, il n'a pas ete tres di thci le pour lui

69 Bulletin mensuel N° 251, novembre 1969, p. 1. c f . Raymond Bernard. Les maisons secretes de la Rose-Croix, Editions

rosicruciennes.Cf. R. Facon et J.-M. Parent. Les meurtres de I'occulte, p. 125 passim.

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de dem an de r a Page de 15 ans deja son affil iation a l 'Ordre! Trois ans plus tard, il commence son «apprent i ssage» a la G rand e Loge.

Apres avoir occupe divers postes a responsabil i tes dans la G rand e Loge (services administrati fs , editions), il fut finale- ment choisi - et elu - par le Consei l Supreme de l 'Ordre pour une nouvelle charge, celle-ci tres impor tante: Grand Secre­taire pour les pays de langue franyaise. Detail interessant: Christ ian Bernard fut installe dans ses nouvelles fonct ions le 18 mai 1972 a I'age de vingt ans! Cet te progression e tonnam- ment rapide a de quoi surprendre , vu que, pour les membres «ordinai res» , il ne faut pas moins de 10 a 15 ans pour deve- nir « i11 um inat i». Mais cette ascens ion s ’explique assez aise- ment : n'est-il pas le fils de Ray m o nd ? N'est-il pas «chou- choute» par Pactuel Impera tor? Bref, il faut se rendre a Pevi- dence: I 'A.M.O.R.C. est bel et bien une organisat ion mon- diale a caractere prive et familial. Du moins jusqu'a ce jour.

Enfin, Christ ian Bernard devait gravir une nouvelle marche en devenant , le 7 aout 1977, «G ra nd- Mai t r e pour les pays de langue franyaise)), lors de la Convent ion Mondia le de Paris. II remplayait ainsi son pere qui, lui, se consacrera ent ierement a la tache de Legat supreme.

L’A.M.O.R.C. developpe ces dernieres annees le culte de la personnali te. La preuve nous est do nn ee par Christ ian Bernard qui, lui, tient le haut du pave dans les domaines de l 'elegance. Son interview dans le M onde In c o n n ir1 est un modele du genre: pas moins de six photos, dont Pune pleine page! L'un de nos cor re spondants ecrivait ces lignes se refe- rant sans doute a Particle: «C'e jeu ne Grand-Mai t re (ou P.D.G., c'est com me vous voulez...) af fect ionne les enormes bu reaux di rectoriaux de haut style, les costumes-cravates bleu clair, les coups de peigne a la derniere mode. II adore se faire photographier , dans toutes les positions, les plus avan- tageuses, le combine du te l ephone mul tiple a Poreille, bref: dans la pose de l ' archetype acheve du «tres haut jeune cadre d y n a m i q u e 72!» Ces propos severes sont dans un aut re ordre d ' idees partages par R. Facon et J.-M. Parent qui, eux, repro- duisent ces quelques eloges: «A tous ceux qui le connaissent

71 N° 27. Mars 1982.- Correspondance privee du 10 mai 1983.

et l’aiment. . . II va venir et notre coeur est emu (sic)... II est la. Sa jeunesse et sa purete nous surprennent mais toujours nous plaisent. Spontanement le contact s’etablit , mais son beau sourire et sa poignee de main chaleureuse nous aident a mieux comprendre le mot «fraterni te». Son air profond et re- flechi, nul lement severe, inspire le respect. De tout son etre emanent de sereines vibrations. II nous ecoute et nous parle. II est la, et nous sommes bien... II nous quit te mais notre ame est rejouie, notre comprehens ion de la Rose-Croix amelioree (sic) et nos forces a la servir decuplees _i.» Sans commentai re!6. L 'A .M .O .R .C . est-il un ordre pu issant?

Present dans presque tous les pays du m on de (sauf les pays de regime communis te) et ap p ar em m en t tres puissant. I 'A.M.O.R.C. ne revendique pas moins de 6 mill ions de membres, dont 160.000 pour les pays de langue franyaise. Mais selon Pun de nos correspondants par ticul ierement bien informe, les stat istiques fournies par I 'A.M.O.R.C. ne parais- sent pas c o r r e s p o n d s a la realite. II ecrit a ce sujet ces lignes pour le moins fort interessantes: «L 'A.M.O.R.C. n'a pas 6 mill ions de membres, comme il le pretend. Lorsqu’il m'a ete de m an de de parler, soit a la Radio regionale, soit en conference, j ' avais moi-meme affirme, en toute bonne foi, ce chiffre enorme.. . ainsi que celui de 160.000 membres dans les pays de langue fran^aise... c'etait il y a 13 ans. Or je me suis aperyu que ces chiffres sont faux, art if iciel lement gonfles (meme en a joutant le nombre des membres qui ont demis- sionne ou qui sont partis mecontents, ceci depuis la creation de I’A.M.O.R.C. en France). En effet, je me suis aperyu que la carte d ' un membre ent re en 1970 porte le numero 41.500 et dix ans apres (1980), le numero 94.000, etc. II faut preciser que si beau cou p de personnes apres avoir assiste a des confe­rences ou avoir reyu par voie postale la brochure publicitaire La M aitrise de la Vie adherent a I 'A.M.O.R.C. , beaucoup quit tent l 'Ordre egalement dans la meme propor t ion . ..» Ce meme correspondant nous faisait encore remarquer que «de- puis quelque temps, il est d 'usage de dire a I 'A.M.O.R.C. «6 mill ions de personnes en contact avec POrdre», au lieu de

73 R. Facon et J.-M. Parent, ibid.. p. 132 (tire de la revue Rose-Croix, N u 106, ete 1978).

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«6 millions de membres» . La nuance , c ’est le moins q u ’on puisse dire, est de tai l le!74

Cela n ' empeche pas I 'A.M.O.R.C. de se compor ter comme un Ordre puissant. Le train de vie des dirigeants de l 'Ordre, notamment en France, a de quoi laisser reveur! Raymond Bernard aurait depuis 1949 amasse, avec son epouse, une im­mense fortune (appar tements, etc.). De son cote, son fils Christ ian n'en reste pas la et son train de vie nous surprend aussi: selon des sources tres sures et dont Ralph M. Lewis a eu connaissance, il percevrait un salaire A.M.O.R.C. , un sa- laire Editions Rosicruciennes, une substant iel le pr ime de fin d ' an n ee sans compter que son ja rd in ier et sa femme de me­nage sont payes par I 'A.M.O.R.C. , etc. C ’est vraiment la belle vie au Chateau d'Omonville. . . La mystique occulte, <?a rap- porte gros!7. Du rififi chez les Rose-Croix

Recemment , I 'A.M.O.R.C. a def raye la chronique pour une rocambolesque histoire de tentative d 'enlevement! Samedi 9 janvier 1982, peu avant 9 heures, c ’est la rentree des classes a Neubourg . Le petit Raymond Sessou voit deux voitures blo- quer celle de son pere - une Peugeot 504 bleue - qui etait venu l ' accompagner a l’ecole. Des ho mmes sortent de leur voiture et se dirigent vers le condu cteu r de la 504. Apres une breve discussion, celui-ci court vers la cabine telephonique la plus proche. A peine a-t-il decroche le combine que les as- sail lants essaient de faire sortir le gosse qui se met a crier. Le quart ier est en emoi, l ' inst i tuteur se precipite vers les agres- seurs, mais ceux-ci prennent la fuite.

Un banal fait divers di ra-t-on? Peut-etre, mais il faut savoir que le pere du petit Raymond n ’est aut re que le G rand Treso- rier de I 'A.M.O.R.C. , Henri Sessou! C ’est-a-dire le troisieme personnage en impor tance de l 'Ordre apres les intouchables Raymond et Christ ian B e r n a r d 75. Un journali ste particuliere- ment bien informe, Frank Mar tin de la Depeche d 'Evreux, n ’a pas hesite a rappor ter les faits dans les colonnes de ce journal sous le titre « D u rififi chez les Rose-Croix». Ce qui a ev idemment declenche la colere de I 'A.M.O.R.C.

4 M. M., correspondance.75 H. Sessou. originaire de Cotonou. Benin (ex-Dahomey), etait en outre

conseiller municipal des finances de Neubourg.

Si Frank Martin a perdu son proces en premiere instance contre I’A.M.O.R.C. , par contre Roger Facon, ancien m e m ­bre de l’Ordre, lui, avait gagne le sien, mais l’a malheureuse- ment perdu en a p p e l 76. Son ouvrage ecrit avec la co l labora­tion de Jean-Mar ie Parent et intitule Les meurtres de I ’occulte a fait sensat ion. II faut dire, au passage, que I’A.M.O.R.C. se voit gratifie de deux chapit res qui nous revelent les ma- gouilles de cet ordre ap p a re m m en t au-dessus de tout soup- ?on.

Les auteurs de ce livre se sont livres a une enquete tres mi- nutieuse au sujet de la mor t po ur le moins tres mysterieuse dans un accident d ’avion, survenu le 27 octobre 1972, de M a ­rie-Rose Baleron de Brauwer, commissai re de police aux Renseignements Generaux et, de surcroit , G rand Officier de I’A.M.O.R.C.! Ses responsabil i tes dans l’Ordre etaient tres impor tantes: elle etait responsable d ’un territoire qui cou- vrait neuf depar tements , chargee aussi du service de propa- gande et, a ce titre, en coord onnai t toute l’information (conferences, presse, etc.). Autant dire que c’etait un person­nage tres important . . .

Caprices du hasard : l’accident d ’avion survient au bon moment . . . po u r Ray mond Bernard. C ’est du moins ce q u ’af- firment Facon et Parent. En effet, Mar ie-Rose Baleron de Brauwer devait pronon ce r le 28 oc tobre un discours tres im­por tant devant un auditoire compose uniquement de rosicru- ciens A.M.O.R.C. (plus de mille participants!). Ce jour-la, elle aurait denonce certaines choses qui, a vrai dire, n ’auraient pas ete au gout de tout le monde, en part iculier du Legat supreme! Les accusat ions que portent les auteurs contre les hauts dirigeants de l 'Ordre sont tres precises: in­fractions au reglement interieur, «magoui l les» d ’officiers, par rainage de groupes occultes, etc. Bref, des accusat ions ac- cablantes pour un ordre qui se veut pur.

Selon Facon et Parent, Mar ie-Rose de Baleron de Brauwer se serait fait le devoi r de denoncer les er rements de I 'A.M.O.R.C. et, en particulier, de certains de ses dirigeants qui se seraient rendus coupables d 'ent retenir des liens avec

7,1 Les juges de la C’our d 'Appel de Paris ont reproche a R. Facon - et a J.-M. Parent - d 'avoir suggere que R. Bernard avait organise un accident pour se debarrasser d ’un temoin genant (Mme Baleron). A noter encore que Les Meurtres de I’occulte n 'a pas ete saisi comme le demandait I’A.M.O.R.C.

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des ordres «ini tiat iques» plutot louches. Son dossier etait, parait-il, suf f i samment etoffe et convaincant . II ne faut pas oublier, en etfet, qu'el le avait des sources de renseignements auxquelles aucun des membres de I’A.M.O.R.C. ne pouvait pretendre. ses hautes fonct ions aux Renseignem ents Gene- raux le lui permettant . Elle aurai t etabli que I’A.M.O.R.C. avait ete a l’origine de la creat ion d ’autres ordres occultes, no tammen t l 'Ordre Renove du Temple. L’un des fondateurs de cet ordre etait un certain Jul ien Origas, membre de I 'A.M.O.R.C. ayant atteint le cercle des illum inati, et egale- ment membre de l 'Ordre Mar tiniste Tradit ionnel . C ’etait done un personnage important au sein de l 'Ordre et de plus un ami du Legat supreme, Raymond Bernard.

L’Ordre Renove du Temple (O.R.T.), qui se veut etre un ordre templier, a vu l e j o u r e n 1968 d 'u n e scission - en 1964 - d 'avec l 'Ordre Souverain du Temple Solaire (O.S.T.S.), lui- mem e cree en 1952! Par la volonte de Raymond et de Chr is ­tian Bernard, I 'O.R.T., officialise en 1971 seulement, etait de- venu une veritable succursale de I 'A.M.O.R.C .77 Mais, preci ­sion fort interessante: le Gran d -M ai t r e de I 'O.R.T. n ’etait aut re que Raymond Bernard en p e r s o n n e 78. Cette appar te- nance a la tete de deux organismes paralleles va etre la cause d ' un e grave crise qui va secouer I’A.M.O.R.C. tout entier!

Mais ce qu'il y a de plus grave, c ’est que son collegue fon- da teur , Julien Origas (1920-1981), etait un personnage peu r e c o m m a n d a b le 79, un extremiste de d r o i t e 80. Ainsi done, consc iemment ou non, Raymond Bernard aurait fait cause co m m un e avec un extremiste po u r se lancer dans une n o u ­velle entreprise de l’occulte. Ce sont, sans doute, a cause de ces mauvaises f requentat ions que Marie-Rose Baleron de Brauwer desirait se rendre a Cle rmon t-Fer rand afin de met-

Dans une reunion de I'O.R.T. tenue a Lille en mai 1972, sur 70 per­sonnes convoquees, il n y avait pas moins de 69 personnes appartenant a I'A.M.O.R.C.!

s La constitution et les statuts de I 'A.M.O.R.C. interdisent a tout officier I 'appartenance a d 'autres societes initiatiques, excepte l'Ordre Martiniste Tradit ionnel.

"g C'eta it un ex-membre de la Gestapo a Brest. 11 aurait, dit-on. procede a I arrestation de nombreux resistants: a ce titre, il a purge une peine de quatre ans de prison pour «collaboration».

* R. Facon et J.-M. Parent, Les meurtres de I’occulte, p. 129. Editions Alain Lefeuvre. 1981.

tre en lumiere cette si tuation anormale . Mais, son avion de- vait s ' ecraser ent rainant dans la mort un temoin genant. . . Ray mond Bernard revenait de loin!

La suite, on l ' imagine: Raymond Bernard va reprendre les choses en mains. Tout d ' abord , il af firmera mordicus qu'il n'etait pas membre de I’O.R.T., pas plus que son auguste tils Christ ian. Puis il p rendra des mesures energiques: tous les officiers et autres membres de I 'A.M.O.R.C. impliques dans la «magoui l le» de I 'O.R.T. sont purement et s implement chasses. Ainsi, pour la famille Bernard et po u r I’A.M.O.R.C. , l 'hon ne ur est sauf!

Enfin, pour conclure ce tab leau peu reluisant pour I’A.M.O.R.C. , il faut savoir que l 'Ordre traverse une grave crise depuis quelques annees. Des grands dignitaires, e ’est-a- dire ceux qui ont contr ibue a la prosperi te de I 'A.M.O.R.C. , scandali ses par les methodes de gouvernement autocrat ique de la famille Bernard, ont quit te le giron rosicrucien, quel- quefois en «c laquant la porte». Des membres fideles et sin- ceres ont ete pour ainsi dire el imines, ecartes des hautes fonct ions qu' ils assumaient depuis de longues annees. Pour beaucou p de ceux qui ont quit te l 'Ordre, apres avoir tout in- vesti de leurs forces et energie, e'est, du moins pour certains, une veritable catast rophe , en tout cas la fin des illusions.

Cela n 'empeche pas, helas, I 'A.M.O.R.C. de cont inuer sa marche en avant. Les moyens enormes , no tamment f inan­ciers, dont dispose l 'Ordre lui assurent encore un avenir sans t rop de problemes. Malgre les defections de passablement de ses membres, le recrutement ne pose pas de difficultes: le mysticisme, en realite I 'occultisme, que I'A.M.O.R.C'. pro­pose est un appat de choix po ur tous ceux qui sont en quete de certi tude et d ' a b s o l u 81. La mystique, l’o r d r e 82 et la puis­s a n c e 83 ne sont en fait que des pieges pour att irer de nou- veaux adeptes.

81 Une annonce de ce type et qui parait regulierement dans Le Monde In- connu: «Esprit, Ordre, Energie. Qu'est-ce qui regit I’Univers et Vous?» est un moyen a la fois subtil et al lechant pour attirer les gens.

K2 C'est-a-dire le principe de causalite ou de hnali te du monde.85 Autrement dit. la force qui determine les lois de I'univers.

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1. Du lutheranism e au «m ysticisme»Le fondateur de l’Association Rosicrucienne (The Rosicru-

cian Fellowship) de son vrai nom Car l-Louis von Grasshof, d 'or igine danoise, est ne le 23 juillet 1865 pres de Copenha- g u e 84.

A I'age de seize ans, le jeu ne Car l-Louis part en Ecosse pour travailler dans les chantiers navals de Glasgow. Puis il passera un d ip lome d ' ingenieur pour finalement travailler dans son metier a la Cuna rd Line. En 1885, il epouse une jeu ne fille du nom de Cather ine Wallace et de cette union na- quirent trois filles et un fils. Maigre cela, le menage se separe, et Car l-Louis von Gras sho f s ’en va aux Etats-Unis po u r re- faire sa vie.

La, de 1896 a 1902, il travaille a New York comme inge- nieur-conseil . Ce fut, pour lui, une per iode tres eprouvante : la faim et la privation, mais sur tout le deces de sa seconde femme en 1905 (qui lui avait do nn e un fils et deux filles).

De tradi t ion lutherienne, Car l-Louis von Grassho f fre- quenta un moment les Quakers. Puis, en 1903 a Los Angeles, il s ' interesse a la metaphys ique et ne tarde pas a s ’inscrire a la Societe T h e o s o p h iq u e 85, dont il sera le vice-president de 1904 a 1905. C ’est done en Californie que se situe le tournant de sa vie; un peu plus tard, il rencontra Augusta Foss, une astrologue reputee, et qui deviendra, le 10 aout 1910, sa troi- sieme femme.

«A cette epoque, lit-on dans sa biographie, se developpait en lui un desir de plus en plus intense de connai tre la cause des souff rances physiques et morales de l’humani te et de contr ibuer a leur allegement. A sa grande joie, il t rouva que I'astrologie pouvait lui do nn er la cle de la nature interieure de l ' h o m m e 86.» II commenya alors des tournees de confe­rences parlant surtout de mysticisme et d ’astrologie.

84 Son pere etait d'origine allemande, mais emigra tres tot au Danemark ou il epousa plus tard une jeune fille appartenan t a la noblesse du pays.

85 Selon Christopher McIntosh. Max Heindel aurait ete membre de la Fratemite Universe!le, une secte theosophique schismatique, dirigee alors par Kathleen Tingtley.

86 M. Heindel, Leures aux etudianrs. p. 10.

Plus tard, en 1907, il eut I’occasion de rencontrer a Berlin le fondateur de l’anthroposophie , Rudol f Steiner. Aupara- vant, il examina les enseignements de Steiner qu'il app rouva tout d ’abord sans aucune reserve pour se brouil ler ensuite avec son maitre. Ce fut lors de son sejour en Europe que von Grasshof-Heindel reyut dans sa chambre d 'hotel une etrange «visite». Ce visiteur decl ina son identite et se presenta comm e etant un «Frere Aine de l’Ordre des Rose-Croix». Ceiui-ci, «revetu d ' un corps e therique», le mit a I 'epreuve du rant plusieurs mois. Puis, Max Heindel fut invite a se ren- dre pres de la frontiere entre l 'Allemagne et la Boheme dans un domaine ou se t rouverai t le «Temple de la Rose-Croix». La, il resta un peu plus d ’un mois et il reyut «en co m m un ic a ­tion directe» de la part de ces mysterieux «Freres Aines» tous leurs enseignements esoteriques. II acquit , pou r ainsi dire, une « initiation cosmiq ue » .Ce fut, selon la biographie de Max Hein­del, le point de depar t de la redact ion de la Cosmogonie.

De retour aux Etats-Unis, il ecrivit cette «oeuvre monu- mentale» q u ’est la Cosntogonie, qui fut achevee en septembre 1908. La diffusion de ce livre connut quelques succes, surtout dans l’ouest des Etats-Unis. Mais surtout, la propagat ion du nouveau message par les conferences ainsi que par corres- pondanc e permit le developpement de I'oeuvre. II crea des centres, d ' abo rd a Seattle (Etat de Washington) ou il etablit la Fraternite de Colombus , puis a Por tland (Oregon). Finale­ment, la Rosicrucian Fellowship s ’etablit definit ivement a Oceans ide, en Californie, et s’organisa administ rat ivement . Les travaux commences en oc tobre 1910 furent prat iquement termines a la fin 1918. Outre les bat iments administrat i fs et d 'habitat ion , un sanator ium et une cafeteria, il se trouve un magnifique temple blanc de douze cot es 8" qui s'eleve sur le sommet d 'un e colline bapti see en I 'occasion M ount Ecclesia.

Max Heindel avait at teint le but q u ’il s’etait fixe. II avait fonde sa propre organisation. Mais use prematurement par le travail gigantesque qu'il avait accompli , il s’eteignit brusque- ment le 6 janvier 1919 et ce fut sa femme qui continua son oeuvre.

8' C ’est-a-dire les douze signes du Zodiaque.

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Depuis lors, le mouvement de Max Heindel s'est repandu a travers le monde, mais sans grand succes semble-t-il , du moins sur le plan n u m e r iq u e 88. A sa decharge, il faut dire que l 'Ordre ne fait aucune publici te tapageuse. L'Associat ion Rosicrucienne se fait connai t re par les ecrits de son f ond a ­teur, dont tous les ouvrages sont en vente dans la totalite des librairies, meme prot es tan te s89. Car , il faut le dire, l 'Associa- tion Rosicrucienne a toujours revetu un caractere religieux. Robert S. Ell wood, cite par Chr i s topher Me Intosh, decrit fort bien I’ambiance de ces reunions: «Les quelques rares eglises de la Confrer ie Rosicrucienne ont une a tmosphere protestante un peu vieux jeu. Le dessus de l 'autel est cache par des r ideaux qui ne sont ouverts q u ’au debut du service religieux, devoi lant une croix couver te d 'un e rose. Le service compren d des hymnes habituels et une lecture des Ecritures, mais la priere est plus dans le style de la Nouvelle Pensee avec son emission de «bonnes vibrat ions» qu 'une interces­sion. En regie generale, il n'y a pas de pretre; ce sont les membres eux-memes qui conduisent le service. II y a parfois des conferenciers envoyes par Oceans ide. II semble que ce groupe attire moins de jeunes a l 'heure ac tue l le90.»

Le Lectorium RosicrucianumLe Lectorium Rosicruc ianum est le seul mouvement rosi­

crucien qui soit speci f iquement e u r o p e e n 1". C ’est une Frater- nite tres mysterieuse, fermee et sectaire. C'est un ordre tres cloisonne, meme d 'un pays a l ' autre, et les contacts entre «freres» sont tres vagues. Sa doctr ine , d ' inspi rat ion dualiste et « johanni te» , est tres rigide et deroute bien des neophytes en la matiere.

"* Cependant I'Association Rosicrucienne possede de nomhreux centres, notamm ent a Paris. Nice, Toulouse, Bruxelles et Anvers.

89 Les reunions de I'Association Rosicrucienne ont lieu tres souvent dans des batiments publics, et meme religieux!

90 R.-S. Ell wood. Religious and Spiritual in Modern America, p. 112.91 Le cas de l'anthroposophie, nous le verrons, releve bien plus de la theo-

sophie que du rosicrucianisme.

Le Lectorium Rosicrucianum, encore appele «Ecole Spiri- tuelle de la Rose-Croix d 'Or» (en neerlandais: Rozen-Kruis Pers), vit le jour en Hol lande en 1924, a Haarlem. Le fon da­teur de cette secte est Jan van Ri jckenborgh. Nous savons peu de choses sur lui. Par contre, il fut tres ef ficacement aide par une femme dont nous ne connaissons que son pseudo- nyme plutot evocateur de Catharose de Petri. Ensemble, ils donn eren t a la «Rose-Croix d ' O r» une impulsion determi- nante et sur tout ils ecrivirent bea uco up de livres, dont cer­tains font reference dans les milieux esoteriques, no tamment Dei Gloria Intacta. Jan van Ri jckenborgh, alors G r a n d -M a i­tre, lanya les 3 et 4 septembre 1952 a Wiesbaden (Hol lande) un appel solennel a tous les hommes, les exhor tant a suivre le chemin de la Transfigurat ion.

Grace au labeur incessant de J. van Rijckenborgh et de C. de Petri, le Lectorium Rosicrucianum etendit son champ d ’activite en Europe , mais aussi aux Etats-Unis, au Bresil, en Australie et en Nouvel le-Zelande. Par contre, il ne semblerait pas que le continent africain soit touche. Outre son centre d ' Ha ar lem, le Lectorium possede un aut re centre, baptise «G a la ad » , de meme que des grottes, qui etaient autrefois le refuge des Cathares , a Ussat-les-Bains (Ariege). Les rosicru- ciens de l’«Ecole Spiri tuel le» sont tres fiers de leur centre d 'Ussa t qui est un endroit de pelerinage. II faut dire, en effet. que c’est un lieu de rassemblement pour toute l 'Europe . et meme du m on de entier, et qu 'a 1' interieur de ces grottes ont lieu des ceremonies initiatiques et secretes, d ’inspiration ca- thare. Par ailleurs, le Lectorium Rosicrucianum a fait etalage de sa puissance en achetant , il y a quelques annees, l 'ancien hotel Regina - qui ne compren d pas moins de 100 chambres! - sis a Caux, au-dessus de Montreux (Suisse). C ’est un lieu de rencontres pour tous les adeptes de la secte qui veulent pro- gresser. On y prat ique sur tout les experiences parapsycholo- giques et occultes.

Ainsi. on peut cons ta ter que le developpement du Lecto­rium suit une courbe qui parait ascendante. En tous cas, il est certain que ses membres ne perdent pas le sens des affaires et savent investir dans la pierre a bon escient!

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2. Les m ethodes de «recrutement»Le Lectorium Rosicrucianum, bien qu' il soit une «Frater-

ni te» tres fermee, fait cependant une intense campagne de re- crutement. II se fait connait re no tammen t par des confe­rences publ iques sur des themes esoteriques (Karma ou rein­carna tion , etc.) ou meme «his toriques» (cathares). Ces confe­rences, qui ont lieu soit dans des endroits publics ( sauf les eglises ou salles de paroisse, ceci a cause de mauvaises «vi- brat ions»!) , soit dans leurs locaux, sont tres bien annoncees par les medias locales, j o ur na ux et affiches. Les affiches de p r op ag an de sont absolument ident iques, du moins dans les pays f rancophones : de couleur violette sur fond blanc, elles se dist inguent surtout par leur embleme qui se presente sous la forme d 'un tr iangle et d ' un carre circonscrits par un cercle. Une fois par annee , le Lectorium Rosicrucianum propose dans chaque ville de grande ou moyenne impor tance une ou plusieurs conferences. Un theme bien choisi et une publicite bien faite att irent bea uco up de personnes, de toutes condi ­tions, dont passablement de jeunes de moins de 25 ans.

A la fin de chaque conference, il est propose a tous ceux qui «cherchent» d 'en t rer en contact avec l’«Ecole» . Pour cela, on leur propose un «cours d 'or ienta t ion a la philoso­phic ros icrucienne», compren an t au moins cinq «lettres», quelquefois douze. Si le «chercheur» veut progresser, il doit faire la dem an de pour etre accepte dans le mouvement . Dans le cas positif, il deviendra alors «eleve prepara to ire de I 'Ecole Spirituelle». Cette per iode de probat ion est appelee «a t tendre sur le parvis de l 'eglise»! Enfin, si tout va bien pour le candidat , il sera admis par cooptat ion comme etu- diant regulier. L’enseignement est base essentiellement sur la symbolique des nombres, Pattente de P « H o m m e nouveau» et sur les capacites «e lec tro-magnet iques», au t rement dit oc- cultes, de chaque individu. Precisons encore que ces «cours» ne sont pas gratuits pour autant , chaque membre etant invite a regler ponctuel lement ses co t i s a t i ons92.

Notons egalement que le Lectorium Rosicruc ianum edite une revue mensuelle, reservee en pr incipe a ses membres, in- ti tulee Pentagram m e (la revue de langue anglaise se nomine

92 Selon une information digne de foi, les cotisations seraient tres elevees:10% du salaire!

The Topstone). Elle informe ses lecteurs sur «Pere nouvelle qui commence pour Phumanite». Nous ignorons le tirage de cette revue, tout comme le nombre de membres du Lectorium Rosicrucianum. Tout au plus quelques milliers de personnes. Signalons aussi que leurs «Cent res» sont souvent jumeles avec des magasins d 'a l imenta t ion «sa ine» ou avec des res­taurants vegetariens. Un moyen comm e un aut re de trans- mettre de «bonnes vibrations». En conclusion, on peut dire que c'est un ordre qui parait tres petit numer iquement , mais qui est tres puissant par ses m o y e n s f inanciers et surtout par ses pouvoirs occultes.Les Freres Aines Rose-Croix

Les «Freres Aines de la Rose-Croix» (F.A.R.C.) serait un Ordre issu des Templiers. I Is font remonter Porigine de leur Ordre en 1314. Leur fondateur fut un chevalier de l 'Ordre des moines-chevaliers, un certain Gas ton de la Pierre Phoe­bus qui reussit a echapper aux griffes de Phil ippe le Bel pour se refugier en Angleterre en 1307, puis en Ecosse en avril 1314. C ’est la q u ’il cree, avec l 'aide de 18 compagnons , la premiere «Eglise Templiere».

S'ils ont une qualite, c'est bien leur discret ion: ils ne se font pas connai tre au grand public et leurs activites se derou- lent loin de toute publicite. Cependant , les F.A.R.C. se sont reveles a un certain public grace a un ouvrage intitule Le- genda des Freres A ines de la Rose-Croix du a la plume de Ro ­ger Caro, pat riarche de PEglise de la Nouvelle Alliance mais aussi Medaille d 'a rgent des Arts, Sciences et Lettres! Par cet ouvrage peu c o n n u 93, Pauteur veut faire connait re l’existence de ce petit g roupe d'alchimistes. Se basant sur des documents juges authentiques, Caro donne une liste de tous les Impera- tors: parmi eux, citons Robert Fludd, deja revendique par I 'A.M.O.R.C.!, et Pabbe C o nstan t, plus connu sous le nom d ' Eliphas Levi.L’Anthroposophie

D'aucuns s ’e tonneront de voir Ru do l f Steiner figurer comme ros icruc ien94. Car, il ne faut pas oubl ier que le fonda-

Le tirage de cet ouvrage n'etait que de 250 exemplaires!Mis a part J.-P. Bayard (La Symbolique cle la Rose-Croix, Payot-Paris)

et R. Edighoffer ( Les Rose-Croix, Que sais-je? N° 1982).

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teur de 1 'anthroposophie etait un theosophe, mais aussi un rosicrucien. il fut Pauteur d 'un ouvrage, meconnu, qui a pour titre: Theosophie du Rose-Croix. C o m m e son nom l’indique , Steiner essaie d 'elaborer une synthese entre la theosophie et le rosicrucianisme.

II naqui t en 1 8 6 1 en Autriche a Kraljevic, pres de la fron- tiere aus tro-hongroise. Ses parents etaient d 'or igine paysanne et ca th o l iq u e95. Son pere. lui, travaillait dans les chemins de fer imper iaux et c'est ainsi que le jeune Ru do lf connut plu- sieurs domiciles et, surtout , qu' il appri t a connai t re et a aimer la nature.

A Page de sept ans, il fit une experience «decisive»: il «vit» derriere des arbres des «etres spiri tuels» qui se mani- festaient a lui dans son «espace interieur». Apres ses etudes, il entrepri t l ' etude de Goethe et, plus tard, il devint bibliothe- caire-adjoin t a Weimar pour preparer 1’edi t ion des oeuvres comple tes de Goethe. Ainsi, et peu a peu, l’influence de la pensee de Pecrivain et poete a l l emand fut de terminante pour le futur cheminement de Steiner. Une fois Pedit ion achevee (en 1896), il quit te Weimar po ur aller s ' instal ler a Berlin. C'est au cours de la meme annee que Steiner fit une aut re ex­perience et prit ainsi conscience qu'il etait «ci toyen des deux mondes , le physique et le spi r i tue l».

La per iode qui va de 1897 a 1902 fut celle qui Pamena a adherer a la Societe Theosophique . Mais, progressivement , il se separa de la Societe a cause de la concept ion theosophi ­que du christ ianisme qui considerai t le Christ comme un «Mai t re de sagesse» seulement, et surtout a cause de Paspect t rop orientaliste de la Theosophie . L 'Anthroposophie , ou plutot la naissance des idees personnel les de Rudo lf Steiner, commencerent a germer des 1904 pour f ina lement about i r a une division. De la scission d 'avec la Theosophie naquit , en 1913, PAnthroposophie . Desormais , et j u s q u ’a la fin de sa vie, Rudo l f Steiner do nn er a a son mouvement son caractere d ' independance . Son oeuvre, d ' inspi rat ion occulte, sera a la mesure de ses talents. II reformera la doctr ine theosophique , cons truira son celebre temple, appele Goetlieammi, a Dor- nach, dont l 'architecture est en forme de crane; il s ' interes- sera a Peducation des enfants handicapes, a Ja pedagogie cu ­

95 Lc pere de Rudolf Steiner etait lihre penseur.

ra t ive96, aux arts, a la medecine et a la pharmaci e '1 . a l'agri- cul ture b io-dynamique, etc. De nombreux do c te u rs “s et autres chercheurs accorderent leur appui et ont rendu ainsi cette secte theosophico-rosicrucienne credible aupres du grand public.

La Societe an throposoph ique , malgre des crises et la mort de son fonda teu r survenue en 1925, a connu un certain suc- ces dans le m onde. Pourtant la doctrine de PAnthroposophie n'a en soi rien d 'ext raordinai re: c'est une sorte de «christia- nisme esoterique» auquel on a saupou dre du Goethe. Natu- rellement, l 'occult isme et la magie, tout comm e pour les autres ordres rosicruciens, sont la base prat ique de tout Pen- se ignement an throposoph ique . En d 'aut res termes, Rudol f Steiner proposa i t une nouvelle applicat ion de l 'occultisme pour tous les domaines de la vie. II semblerait , helas, que son ent reprise ait reussi et que, desormais , PAnthroposophie est en passe de deveni r une science et une philosophic tres a la mode, no tamment pour les methodes d ' e d u c a t io n ' ' 1, mais dont le fond pro fondem ent occulte reste ignore.Le Martinisme

Le Mar t inisme n'est pas le nom d 'un e societe secrete, mais il designe un courant de pensee esoterique tres puissant quoi- que tres discret. Le Mar tinisme a po ur fondateur Mart ines de Pasqually (1727-1774), au teur d ’un ouvrage recemment re- edite, intitule Traite de la reintegration des etres. Nous avons deja evoque br ievement la doctr ine de Mart ines de Pasqually qui peut se resumer grosso modo en trois points:

L'eurvthmie est une therapie qui serait efficace dans le traitement des troubles du metabolisme et de la motricite et qui est basee sur les elements du langage, des voyelles el des consonnes.

Les produits pharmaceutiques Weleda sont fabriques par les Labora- toires anthroposophiques.

1,8 Doni le celebre docteur Albert Schweitzer.99 Les ecoles Rudolf Steiner commencent a connaitre, du moins en Suisse

romande, une certaine reputation. Beaucoup dc parents, meme chretiens, n 'hesitent pas a recommander ces ecoles! Sans doute ignorent-ils que l oc- cultisme est le fondement meme de toute leur philosophic educative? Sa- vent-ils que leurs enfants, et peut-etre eux-memes, sont l’objet de manipu la­tions occultes?

Page 60: La Rose-Croix, Mythe ou Réalité

- 1) L’Homme pr imordial - l’ho m m e Adam - etait en rela­t ion avec son createur.

- 2) La faute adamique lui fit perdre tous ses privileges.- 3) L 'homme actuel peut retrouver cette relation et reinte-

grer le «m ond e divin», ceci au moyen de prat iques occultes (ceremonies magiques). 11 est impor tant de souligner que ces ceremonies avaient lieu a un j o u r et une heure precis et que I on faisait appel a des «puissances intermediai res», des «anges» parait-i 1, des demons plus probablement.

La doctr ine mart iniste se perpetua, nous l’avons deja vu, par Louis -Claude de Saint-Mart in. Mais ce fut le docteur G e ­rard Encausse (1865-1916), dit P apus10°, qui fonda en 1890 le premier «Ordre Martiniste».

Gerard Encausse, ne a La Corogne en Espagne d 'un pere franyais et d 'une mere espagnole, fut le plus celebre occul- tiste de la seconde moitie du X I X e siecle. Apres avoir ter- mine ses etudes en medecine, au lieu de se preparer a l ' inter- nat, il se mit a devorer tous les livres d ’occult isme et d ’alchi- mie de la bibl iotheque nat ionale, et devint par la suite le chef inconteste du mouvement occultiste.

Initie au mart inisme en 1883 par Henri Delage, le docteur Encausse gravit rap idement tous les echelons et il est consa- cre «Super ieur inconnu» et prend le nom en m vsticum de Pa­pus. Desormais sa vie sera ent ierement devouee a la cause de l 'occult isme et de l 'hermetisme. Avec l 'aide de son ami Auguste Chaboseau, lui-meme initie au mart inisme, ils fon- dent l 'Ordre Martiniste qui connai tra un essor ext raordi ­nai re; les loges mart inistes se mul tipl ierent tandis que l 'orga- nisation se dota de puissantes structures, entre autres par la creation d 'un «supreme consei l» fort de 21 membres. Les membres de l 'Ordre Martiniste etaient surtout recrutes dans les milieux f ranc-mayonniques et ils etaient obliges de suivre une voie initiatique compor t ant 3 degres: associe, initie et initiateur, et cela pouvait debou ch er vers le grade supreme, celui de «Super ieur Inconnu».

100 Papus designe le nom d'un demon medecin!

1 16

A la mor t de Papus, survenue le 25 octobre 1916 l0‘, l 'Ordre Martiniste se disloque, suite a de graves dissensions internes entre les membres du «supreme consei l»; d 'aut res Ordres Martinistes se creerent tout en restant de pres ou de loin en contact les uns avec les autres. Pour notre part, nous nous bornerons a ne citer que les Ordres ayant une certaine impor­tance, car les ordres dissidents sont legion!1. L 'Ordre M artiniste dit de Papus

II a son siege dans le neuvieme ar rondissement de Paris et, comm e son nom 1'indique, il perpetue l 'oeuvre du docteur Gerard Encausse. II est dirige par un «Supreme Consei l» de 12 membres dont le fils de Papus, Phil ippe Encausse, lui aussi docteur, est le grand maitre. « L’Ordre se definit comme chretien, essentiellement et integralement chretien, et l’on ne saurai t concevoir un mart iniste qui ne fut pas un fidele du Christ , du Christ Jesus, seul Sauveur et reconcil iateur, Incar ­nat ion du v e r b e l02.» Le pseudo- langage chretien ne nous im- pressionne pas, loin de la, car nous savons fort bien que le langage occulte emploie le meme vocabulaire que celui de la Bible. Nous nous t rouvons la en presence d ’une veritable contrefayon sa tanique ou, en d ’autres termes, de magie b lanche ou theurgie, ce que les occult istes appellent ^ a p p l i ­cation des lois naturelles»! Car l 'Ordre Martiniste de Papus, tout comm e celui de son fond ateur originel Mar tines de Pas­qually, n ’est qu 'u ne secte init iatique fortement impregnee de magie blanche. Le rituel de l’Ordre Martiniste est tout entier base sur la theorie que seules des operat ions magiques pour le moins compl iquees peuvent reconcilier l 'homme avec son createur et que la presence des anges est absolument neces- saire pour que le but soit atteint. Pour notre part, nous consi- derons cet ordre, petit par le nombre de ses adherents , mais puissant par son haut degre d'occult i sme, comm e 1’un des

101 Selon Christian Plume et Xavier Pasquini, Papus mourut a la suite de hlessures subies lors de la G rande Guerre alors qu'il servait comme mede- cin-major (Encyclopedic des secies dans le monde, p. 350): mais, selon son fils, il aurait ete victime d ’un envoutement contre lequel il ne se serait pas defendu a cause de la Loi d 'Amour! Signalons aussi que la tombe de Papus, tout comme cel le du celebre spirite Allan Kardec, situee au cimetiere du Pere Lachaise a Paris, est un lieu de pelerinage occultiste.

,n: R. Facon et J.-M. Parent, Sectes el Societes secretes aujourd'hui: le Comploi des ombres. p. 266, Ed. Alain Lefeuvre, 1980.

Page 61: La Rose-Croix, Mythe ou Réalité

plus dangereux qui puisse exister. L 'Ordre Martiniste existe toujours, principalernent en France; il edite une revue intitu- lee l '«Ini t ia t ion» et, surtout, se propage malgre le mur de si­lence dont il s ’est entoure j u squ 'a ce jour. Ca r nous appre- nons que l 'Ordre est sorti de sa reserve et qu' il a ete declare co m m e association sans but lucratif, regie par la loi de 1901, a la Prefecture de police de Paris le 2 aout 1963 10i. L’actuel pres ident de l 'Ordre Martiniste, elu le 27 octobre 1979 en remplacement de Philippe Encausse , est un n o m m e Emilio Lorenzo.2. L 'O rdre M artiniste Traditionnel (O .M .T.)

L'Ordre Mart iniste Tradit ionnel , veritable filiale de I 'A.M.O.R.C. qui, lui, cherche dans une certaine mesure a se faire connai t re; car l 'O.M.T. est un ordre lie a I 'A.M.O.R.C. quoique independant . Le fond ateur de l 'O.M.T., August in Chabo seau. cofondateur avec Papus de l 'Ordre Martiniste en 1890, s'etait detache de cet Ordre en 1931, suite a de pro- fonds d isaccords , et il avait cree avec son fils Jean C h a b o ­seau et quelques amis ce nouvel Ordre. Par la suite H. S. Le­wis, puis R. M. Lewis furent nom mes legats de l 'Ordre Mar t i ­niste Tradit ionnel pour les U.S.A. 11 n'est pas difficile d ' ima- giner la suite; I 'A.M.O.R.C. «abso rba» l 'O.M.T.! C ’est ainsi que l 'O.M.T. devint un ordre complementa i re a celui de I 'A.M.O.R.C. En effet, les membres de I 'A.M.O.R.C. ayant atteint un certain niveau d ' ini t ia t ion sont invites a faire partie de l 'O.M.T. Mais depuis quelques annees, il n'est plus neces- saire d'etre membre de I 'A.M.O.R.C. pour etre admis a l 'O.M.T. La raison de ce revirement, si cela en est un, a sans doute un but bien precis: celui de recruter de nouveaux membres pour I 'A.M.O.R.C.

Tout comme l 'Ordre de Papus, l 'O.M.T. est structure en 3 degres: associe, mystique, super ieur inconnu. Et il s'est im- plante dans tous les continents, aux U.S.A., bien sur, mais aussi en Europe et en Afrique. Son enseignement est diffuse par cor respondance sous forme de manuscri t s et oralement dans les loges et dans les Heptades. Le contenu et la nature

103 Journal Officiel, 13 aout 1963.

118

de l ' enseignement de l 'O.M.T. sont, bien entendu, occultes et, a peu de chose pres, semblables a ceux de I 'A.M.O.R.C . ,04 Alors pourquoi deux Ordres et deux enseignements presque similaires? Tout s implement pour permettre de mieux tenir les membres dans une seule et meme voie, cel le du mysti- cisme et de l’occultisme. Autrement dit, cela signifie que les adeptes sont l i t teralement pris en tenaille par les deux orga­nisations identiques, q u ’ils n 'ont plus la possibi 1 ite d 'al ler ail- leurs (leurs soirees ou jours de conge sont consacres aux di- verses reunions) et qu' ils sont, au propre comme au figure, doublement enchaines. Nous com prenons mieux pourquoi il est toujours tres difficile de sortir d ’une societe initiatique. Ca r le secret attire le secret et celui qui est membre d 'une telle societe est toujours membre d ’une autre. C ’est ce qui ex- pl ique qu 'un rosicrucien puisse etre un mart iniste ou vice versa. Q u an d le diable tient a sa proie, il a toujours plusieurs cordes a son arc...3. L 'Ordre m artiniste-m artineziste

11 est aussi appele «Ordre mart iniste de Lyon». C ’est un ordre init iatique et spiri tualiste qui pre tend faire la synthese des deux courants martinistes, ceux de Louis -Claude de Saint -Mart in et de Mart ines de Pasqually. C ’est un ordre qui, selon les renseignements dont nous disposons, est peu impor­tant car surtout localise dans la region lyonnaise.4. L 'Ordre m artiniste des Elus Cohen

Cet Ordre, cree en 1942 par Robert Ambelain, est une dis- s idence de l 'Ordre Martiniste (de Papus). La principale ca- racterist ique de cet ordre est qu'il s ' inspire uniquement des enseignements originels de Mart ines de Pasqually, et non de ceux de Louis -Claude de Saint-Mart in. C ’est en quelque sorte un ordre plus «t radit ionnel» que ceux qui existent au jourd 'hui .

,<M L'O.M.T. utilise des rituels sensiblernent identiques a ceux de la franc- mav'onnerie occultiste; de ce fait l'enseignement est de caractere franche- ment occulte, issu principalernent des ecrits de Papus.

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Les doctrines rosicruciennesLa doctrine Rose-Croix, ou plutot les doctrines rosicru­

ciennes, sont d ' un e ext reme complexite. Ses multiples ori- gines phi losophiques ou occultes font du rosicrucianisme un mouvement tres difficile a etudier. Notre approche, et sur ­tout notre comprehens ion n 'ont pas ete faciles. Notre diffi- culte s’est situee tout d ’abord au niveau des caracterist iques des Ordres rosicruciens qui professent , en effet, des enseigne­ments ext remement differents. L'Associat ion rosicrucienne de Max Heindel est une emana t ion directe de la Theosophie de meme que PAn throposophie de Rudolf Steiner: PA.M.O.R.C. se reclame plutot de I’esoteri sme egyptien et grec, tandis que le Lectorium Rosicrucianum a recueilli l '«heri tage» des Cathares (ou du moins ce qu'il en reste!). Mais toutes ces societes ont - ou auraient - des caracteres communs: celui d ’appar teni r de pres ou de loin au Mar ti ­nisme et aussi a la Franc-ma^onner ie

Notre seconde difficulte a ete de systematiser, de rendre accessible au profane Pessentiel d 'u n enseignement a la fois epars, contradictoire, mais aussi seduisant et dangereux. Car son aspect esoterique, ses theories pour le moins bizarres et son syncret isme religieux derouteront , du moins au debut , plus d 'un lecteur. Neanmoins , il est possible d ’expliciter, si- non meme de comprendre le ra i sonnement de la pensee rosi­crucienne. Demarche difficile certes, mais non insurmonta- ble.

Co m m e le lecteur pourra le constater par la suite, et com me nous l ' avons deja signale plus haut , il est absolument impossible, bien q u ’il y ait quelquefois des points communs, de faire la synthese des enseignements de ces quatre mouve- ments Rose-Croix. C ’est la raison pour laquelle nous avons adop te le plan ci-dessous. Nous avons divise notre expose doctrinal , qui est en fait la seconde grande part ie de notre ouvrage, en quatre chapitres.

' C'est-a-dire la ma^onnerie occultiste et spiritualiste du Rite egyptien de Memphis-Misraim.

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- Chapi t re V : La «phi losophie» de l’A.M.O.R.C.- Chapi t re VI : Le gnost icisme du Lectorium Rosicrucia-

num.- Chapi t re VII : La Cosmo gonie de Max Heindel.- Chapi t re VIII: L 'Anth roposophie de Rudo lf Steiner.Notre expose doctrinal sera accomp ag ne d ' un aut re ex­

pose, celui-ci apologetique. Ca r les pretent ions enormes de la Rose-Croix exigent de notre part une reaction, dictee non pas pour des raisons pu rement philosophiques , mais par souci de la verite. L 'honneur de Dieu et la defense de la foi chret ienne ne nous permettent pas de rester pass i f devant les erreurs rosicruciennes. Toute e rreur doit etre denoncee et plus encore refutee, non pas a I 'aide d 'a rgument s humains, si puissants soient-ils, mais par la seule Parole de Dieu qui, en effet, nous dit que nous devons «toujours etre pret pour 1’apologie devant qu iconque vous de m an de une parole (une raison) quant a l’esperance qui est en v o u s » 2 (I Pierre 3: 15). Ce passage «avec son « toujours» et son «quico nq ue » sou- ligne le caractere urgent et permanent , pour tout chretien fi- dele, du devoir d 'apologie , de defense de la Verite revelee» \ Notre but n'est pas la critique facile, mais une utile mise en garde contre la Rose-Croix.

: P. Courth ial, Reflexions sur «Apologie et Evangelisation» in Ichthus, No 71, p. 11, 1977.

' ibid.

C H A P I T R E V

La «philosophie» de l’A.M.O.R.C.Quelle est la finalite de I’enseignement A.M.O.R.C.?/. Un enseignem ent non system atique

L’enseignement de l 'A.M.O.R.C. est pour le profane diffi­cile a comprendre dans son ensemble. 11 ne s’agit pas, en ef­fet, d 'un e doctr ine systemat ique (comme c'est le cas de I'As- sociation Rosicrucienne ou du Lectorium Rosicrucianum), mais d ’enseignements heteroclites et epars tires de diffe- rentes philosophies occultes, a lchimiques ou religieuses. C'est un vaste syncret isme de doctr ines plus ou moins contradictoi res que le fondateur de l 'A.M.O.R.C. , H. Spencer Lewis, a recueillies, rassemblees pour ensuite diffuser dans le m on de entier. Les nombreux ouvrages que l’Ordre a publie, de meme que les centaines de monographies , traduisent bien la technique employee qui consiste a ne do nner qu 'un infime aspect de la doctrine. Ainsi, des themes comme ceux de la t ransmission de pensee ou de la project ion psychique se trou- vent places pele-mele dans toute la li t terature de l 'A.M.O.R.C. C ’est la raison po u r laquelle, et contrai rement a ce que nous avons fait pour les aut res courants rosicru- ciens, nous ne systemat iserons pas 1'enseignement de l 'A.M.O.R.C. , mais nous procederons par une analyse thema- tique de sa «phi losophie».

Avant d ' ab o rde r l ' etude detail lee des grands themes de la pensee de l 'A.M.O.R.C. , il nous est app aru utile de signaler au lecteur quel est le fil condu cteur de ce mouvement pour le moins influent et puissant. Toute sa philosophie est concen- tree dans sa devise: « La phis large tolerance clans la plus str id e independance.» Cette formule , veritable fer de lance de cette redoutable organisat ion, laisse entendre que la tole­rance a 1'egard des idees et I ' independance vis-a-vis des autres organisat ions seraient les vertus essentielles du rosi- crucianisme. Si Lon en croit l 'A.M.O.R.C. , celui-ci ne profes- serait aucun dogme, n ' imposerai t aucune doctrine, mais pro-

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poserai t seulement un enseignement qui ne serait qu 'une base a la reflexion et a la medi ta tion. Ce pen dan t , nous lisons dans une monographic ces lignes qui t raduisent bien 1’ambi- guite des enseignements de rA.M.O.R.C.: «C’ertains de nos membres ont ete satisfaits de nos enseignements jusqu’au sept ieme degre. Maintenant its se revoltent contre les ensei­gnements donnes dans la premiere partie du huit ieme degre parce que eeux-ci bouleversent certaines de leurs idees ou de leurs croyances anterieures. (...) Mais certains de nos m em ­bres prefereraient voir leurs croyances personnel les verifiees plutot que d 'a p p ren d r e la ver i te ' .» La «revolte» des m em ­bres de l 'A.M.O.R.C. , n'est-elle pas le signe que cet enseigne­ment est dogmat ique , doctr ina ire et sur tout dan gereux?2. Une .subtile pedagogie

Dogmat iques ou pas. il est evident que les belles paroles des hauts dignitaires de l’Ordre ne sont en fait que des th eo­ries. L 'enseignement soi-disant propose produi t un tel impact chez le candida t Rose-Croix A.M.O.R.C. que celui-ci se t rouve prai iquement dans l’obligat ion de continuer! Les ma- tieres, en general al lechantes et fort bien presentees, de meme qu 'u ne pedagogie a la t’ois ties progressive et non systemati- que, font que I 'adepte rosicrucien croit ap p re n d re du neuf sans po ur autant savoir ou il va. Les monographies sont ecrites de fa^on q u ’elles t iennent en haleine le candida t a l’il- luminat ion. Des expressions com m e celles-ci sont courantes: «Lorsque vous a tteindrez le troisieme degre... C ette question, dont nous par lons somm airement ici, sera etudiee de fa^on plus appro fondie dans les degres plus avances... Une etude comple te de ce sujet sera faite dans les degres plus avances... II vous sera explique au sixieme degre, etc.» Avec une telle pedagogie. il est evident que le candida t ne peut que mordre a l 'hame^on.

Si la pedagogie de l’A.M.O.R.C. est subtile, I’enseigne- ment, par conlre , est pernicieux, meme si celui-ci peut etre connu du grand p u b l i c : . 11 est evident que de tel les doctr ines

1 10'' monographic , 8* degre, p. 3. Precisons quo la verite dont il est ques- tion ici n ’est autre que celle de l'A.M.O.R.C.

Tous les enseignements et techniques que l’A.M.O.R.C. propose a seN adherents sont connus des autres socieies initiatiques ou occulles, esoleri- ques ou exoteriques.

ne peuvent que provoquer des degats chez le neophyte: croyant t rouver un ense ignement propre a satisfaire ses be- soins spirituels. il va se t rouver rap idement pris dans un tra- quenard . Malgre cela il continue , esperant t rouver la verite et la reponse a ses questions. Au bout du chemin, de deux choses I 'une: ou bien il est def ini t ivement piege ’ ou bien il en ressortira aigri et de<?u. Dans le dernier cas, 1'ex-disciple Rose-Croix aura I'im pression d 'uvo ir perdu bea ucou p de temps et d 'argent pour un ense ignement somme toute m edi o­cre, inutile et dangereux.

Si, par hasard, le disciple-init ie devait renoncer a poursui- vre ses « e t u d e s » 4, l’A.M.O.R.C. lui enverrait dans les se- maines qui suivent une jolie petite plaquet te intitulee M es­sage special! De nouveau, la «pedagogie» rosicrucienne fait des merveilles. La technique employee pour ramener le c a n ­dida t recalcitrant au «berca il» est terriblement efficace. 11 faut dire que tout y passe ou presque: l’appel a la conscience, au devoir, aux engagements pris, aux responsabil i tes person- nelles, etc. Surtout, l 'A.M.O.R.C’. enumere toute une serie d 'obstacles et de circonstances defavorables qui auraient pu etre les causes de cette inter ruption. La reponse aux even- tuelles object ions et I’a rgumenta t ion do nn ee sont un modele du genre. Nous connaissons, pour notre part, plusieurs rosi- cruciens A.M.O.R.C. qui. a la sui te de la lecture de cette bro­chure, ont reintegre le giron de I 'Ordre!3. Un enseignem ent «universel» et «iraditionnel»

Nous ext rayons ces lignes d 'un e brochure de propagande: «Les enseignements de I 'ordre de la Rose-C roix A.M.O.R.C., de meme que ses activites, sont identiques dans le monde en- tier et en toutes langues. I Is perpe tuent les grandes verites t radi t ionnelles et approfondissent les lois naturelles et cosmi- ques depuis le temps des anc iennes ecoles de mysteres jusqu'a notre e p o q u e 5...» L'A.M.O.R.C. affirme done que son enseignement est universe! et surtout tradi t ionnel. Autre-

1 Un certain nomhre d 'adherents - ou d ex-adhercnts - de l’A.M.O.R.C poursuivent leurs recherches dans d autres sectes ou groupuscules rosicru- ciens ou occultes. II n'est pas rare de voir une seule et meme personne faire partie de trois ou quatre associations differentes.

4 C'est-a-dire, entre autres, tie pas payer sa cotisation!s Anonyme. R + C. Un Message..., p. 15.

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ment dit. H. Spencer Lewis aurai t re^u personnel lement , par voie d' ini t iat ion. la tradi t ion esoterique et occulte et l’aurait ensuite transmise a d ’autres.

S'il est vrai que I 'A.M.O.R.C. enseigne quelques «verites» tradi t ionnelles, c 'est-a-dire issues de la Tradit ion esoterique, il n 'en demeure pas moins que cet enseignement est loin d 'et re universel. Aucun enseignement humain, a notre connaissance , ne peut pre tendre a I 'universalite. Hn tout cas pas celui de I 'A.M.O.R.C.! Tous les ex-rosicruciens sont for- mels sur ce point: l ' enseignement « t radi t ionnel» et «univer- sel» de l 'Ordre n'est qu 'un ramassis heterogene et hyhride de divers enseignements phi losophiques, rel igieux et occultes. II n'y a absolument rien de nouveau dans leurs enseignements. Alors, et avec tous les ex-membres de I 'A.M.O.R.C. , nous croyons qu'il y a dans cette formula t ion un veritable abus de langage.4. De (holes de professeurs: les « M nitres invisibles»

Toutes les monographies de l 'Ordre rosicrucien portent cette s ignature: «Le Maitre de votre classe». S'agit-il de mai- tres, d 'ense ignants qui. par cor respondance , seraient charges de condui re le candida t vers le chemin de la verite? Dans un certain sens oui. car I’apprent i Rose-Croix doit envoyer regu- l ierement des rapports sur ses activites parapsychiques. Mais, en fait, la realite se situe a un aut re niveau, a un niveau me ta­phys ique et occulte.

Ca r I 'expression «Le Maitre de votre classe» ne designe pas une personne. de chai r et d'os, mais un « Maitre in visi­b l e» ! Ces lignes, extraites d ' un e mon ograph ie du 9e degre sont par ticul ierement explicites: «... votre prochain pas en avant consistera a deveni r I'eleve. le com p agn on de I'un des Maitres invisibles. Ce Maitre vous prendra spec ia lement en charge; il vous aidera, vous dirigera, vous instruira. et. tot ou tard. il vous initiera individuellement aux degres les plus ele- ves. (...) Vous pourrez le voir, parler avec lui l ibrement et de ­venir in t imement lie avec l u i \ »

Notons cependant les propos de Raymond Bernard ex­traits de la revue Rose-Croix: «Les maitres cosmiques ne sont pas des divinites. Ils ne forment pas un ordre hierarchique de

" 37c monographie , 9C degre. p. I.

saints et d'anges. Les maitres cosmiques sont des intelli­gences qui furent autrefois mortelles. Co m m e nos enseigne­ments rosicruciens le declarent ne ttement , ils furent des homines et des femmes qui parvinrent un jour sur terre, a la maitrise de la vie .»

Malgre cela, la verite n ' appara i t qu 'au 9e degre. Ce n'est qu 'a ce degre que le membre de I 'A.M.O.R.C. app rend q u ’il est - et ceci depuis le debut de son affil iation - sous la depen- dance d 'un « Maitre invisible»! Autrement dit. et pour etre elair. d 'un demon a la solde de Satan! La plupart des m em ­bres de ce degre ne se rendent vraiment pas compte de ce qui leur arrive, mais le « Maitre invisible», via I 'A.M.O.R.C. , ac- centue la pression. «C 'es t lui qui vous amene ra psychique- ment en quelque point eloigne et qui dans un Temple secret vous condui ra a 1'Initiation... (...) Tout cela, vous le compre- nez, est le but supreme de tous ceux qui entrent dans la voie de l ' i l lumination et du mysticisme: etre le compagnon et I 'eleve d 'un grand Mai t r e8.» Des lors. le desir de I'eleve est d 'en t rer en contact avec l 'un de ces «Mai tres». 11 fera tous ses efforts pour y parvenir: a t t i tude mentale appropr iee, concent rat ion , project ion psychique. etc.. de meme qu'il se soumet t ra a toutes les experiences que l 'Ordre lui proposera. L 'une d'elles serait dest inee a com prendre la Trinite, ou p lu­tot la «Trinite des lumieres», et permettrai t d 'etabl ir un pre­mier contact oral avec le «Mai t re» . « Q uan d l e tudiant est pret. le Maitre appara i t .» L'exper ience intone et interieure peut commencer : le t r iangle9 sur lequel sont posees des b o u ­gies se deplace d 'un point a l ' autre. Durant cette translation, I'eleve entend en son for interieur une voix qui s 'adresse a son Moi. Le contact entre le «M ai t re invisible» et I'eleve est devenu realite. Desormais, l ' enseignement de la Rose-Croix se fera psychiquem ent.

II faut se rendre a ( 'evidence: l’enseignement rosicrucien de I 'A.M.O.R.C. est occulte. Certes, le cote «myst ique» Jaisse presager cette possibility, mais de la at tendre le neuvieme de ­gre pour apprendre clairement que les «professeurs» de I 'A.M.O.R.C. sont invisibles, il \ a de quoi etre trouble, s inon

R. Bernard, [.'assistance des maitres cosmiques in Rose-Croix. p. 3. n° 87. septembre 1973.

s ibid.. p. 1. C'est nous qui le soulignons.9 Selon I'A.M.O.R.C .. le triangle est le symbole de la Trinite.

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scandalise. Cer tains des ex-membres de l 'Ordre ont meme es- time qu'ils avaient ete «roules» par cette fa^on de proceder. II est vrai que l 'A.M.O.R.C. n'en est pas a son coup d'essai. La suite de notre expose le demontrera .La Cosmologie

La Cosmologie, ou science des lois physiques de l 'univers, ne doit pas etre con fondue avec la cosmogonie qui, el le, est la theorie expliquant la format ion de l 'univers. Les enseigne- ments de l 'A.M.O.R.C. sont de 1’ordre de la cosmologie. Tous les efforts de la philosophie ros icrucienne tendent , en effet, a une mise en applica tion de toutes les lois de l’univers. Les monographies des degres prel iminaires de meme que les premiers de la section «du Temple» exposent avec passable- ment de details toute la cosmologie rosicrucienne de l’A.M.O.R.C. El le est, avouons-le, fort bien presentee, le lan- gage est dans 1’ensemble assez facile et, sur tout , les themes sont de pr ime abord tres at t rayants, sinon allechants./. L eternite de la m atiere

L'A.M.O.R.C. enseigne, en effet, que la matiere est esprit. La matiere dependrai t de l 'esprit et, par consequent , serait eternelle. C'est ce que nous montre le texte suivant: «...La matiere existe et a existe de tout temps. Son existence et ses mani festa tions de pendent de la force ou energie qui est en elle, c’est-a-dire de l'esprit dont dep en d toute matiere. L'es­prit est done la partie reelle de la matiere... 10.» Ainsi done, la doctr ine ofticielle de l 'A.M.O.R.C. se met au d iapaso n de la phi losophie grecque, en particulier celle de Platon.

- La doctr ine de l’A.M.O.R.C. , contra irement a celle du Lector ium Rosicrucianum, est d 'essence moniste. Le mo- nisme pantheiste s 'oppose diametra lement au gnost icisme dualiste. Le maitre a penser du monisme fut incontestable- ment le phi losophe hollandais Baruch S p i n o z a 11 (1632-1677). La pensee philosophique de Spinoza est f ranchement p a n ­theiste: «L'espri t et la matiere ne sont que des attributs d 'un e seule et meme substance qui, elle, est eternelle, infinie, et qui

10 I0e monographic, 2C degre. p. 2.11 L'A.M.O.R.C. pretend que Spinoza fut rosicrucien (H. S. Lewis, His-

toire complete de l'Ordre de la Rose-Croix, p. 70).

existe par elle-meme, et qui est D i e u 12.» II faut encore re- monter a Parmenide (515-450 avant J.-C'.), phi losophe grec, fondateur de l 'ecole eleate qui le premier a formule le pro- bleme de I'etre et du non-etre. La formule a la fois celebre et meconnue . «l 'etre est. I'etre n'est pas», est d 'une portee considerable. Dans son poeme sur la nature, il aborde le pro- bleme de l’existence de l 'Etre: pour lui I’etre est. La theorie etant posee, la conclus ion est logique: I’etre est incree, done indestructible. Le ra isonnement phi losophique de Parmenide est s imple: si I'etre est, il ne peut etre ne, done il existe! De ce fait, I'etre n'est pas ne: inversement, il ne peut pas mourir. Le corol laire de la these est normal : la matiere, l 'univers sont do ne eternels.

Un aut re philosophe grec, Democri te (460-370), chef de file des «a tomis tes», ebaucha dans un petit ouvrage intitule Petit system e du m onde toute sa philosophie. Pour lui, les atonies sont des elements de matiere absolument indivisibles, invisibles a I'oeil, mais qui sont aussi invincibles, homogenes et surtout e t e r ne ls 1'. Democri te croyait aussi que les atomes se mouvaient en tout sens com me dans une sorte de vibration.2. La m atiere est esprit, energie et vibration

Le monisme. la doctr ine de I’unite, part du postulat qu 'un seul et meme principe existe dans l 'univers: la matiere est do- tee de vie ou plus exac tement elle possede en elle-meme une energie. Ainsi la ligne de demarca t ion entre la matiere orga- n ique et inorganique n'existe pas! Mais ce qui est plus grave, c'est que l 'energie dont il est quest ion ici n'est pas une ener­gie quanti tat ive (l 'energie nucleaire, par exemple), mais une energie m etaphysique et occulte. Selon les enseignements of- ficiels de l 'A.M.O.R.C'. , la matiere est esprit et vibration. Mais lisons a cet effet ces lignes pour le moins explicites: « N o u s croyons que si le roc, les metaux, l’eau, la terre et beau cou p d 'aut res choses materielles n ’ont pas d a m e , l 'es­prit cependant les penetre, l’esprit est dans la nature entiere et dans chaque chose que Dieu a faite... L'esprit dans les

12 Basilide, gnostique egyptien du IIC siecle apres J.-C.. I'ut sans doute le precurseur de la «gnose moniste». Plus tard. Vlaitre Eckhart et Jacob Bohme perpetueront son effort.

13 Platon reprendra cette theorie: il donnera egalement le nom d '« Idees» a des essences eternelles.

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choses materielles telles que le roc, les mineraux et les vege- taux. permet a ces derniers de se mani fester comme entite l4.» Par ailleurs. nous lisons: « N ou s disons que I'esprit, cette grande force dont tout I’espace est penetre, est une force vi- bratoire, une energie qui, venant de sa source, traverse l'es- pace sous forme de vibrat ion l5.»

Ainsi la matiere est-elle s imul tanement energie et vibra­tion. Les vibrations de terminent , selon les theories de I 'A.M.O.R.C. , son energie et sur tout sa nature. Le postulat de I'A.M.O.R.C'. - un de plus! - precise bien, en effet, que toute matiere dep end de la f requence des vibrations. «Le plus im­portant, lit-on dans la meme monographie , est de compren- dre que la difference ent re une sorte de matiere et une autre vient de la di fference dans la frequence des vibrations l6.» C'est done par les vibrat ions que Ton peut connait re la matiere.

Selon la Rose-Croix A.M.O.R.C. , il y aurait deux sortes de vibrations:

- La Force ou Energie Universelle- Les impulsions psychiques ou mentalesLe premier point retient notre attention. En effet,

I’A.M.O.R.C. tient pour ex t remement importante cette loi, en fait la sienne, qui st ipule que «l 'energie appelee esprit est le pr incipe premier a la base de toute c reat ion» l7. Cette «loi» etant posee, I 'A.M.O.R.C. developpe son point de vue au su- jet de I 'esprit: «L 'espace tout ent ier est penetre par cette energie dont les radiat ions se propagent sous forme de vibra­tions. (...) Toute part icule de matiere - q u ’il s ’agisse de pierre, de bois, de verre, de metal, de chair ou de plante - contient cette energie q u ’est I’esprit parce que tout est forme par ses vibrations. Toutes les choses materiel les etant formees par les vibrations de I’esprit , chaque chose, a son tour emet des vi­brat ions l8.» Co m m e cette citation le prouve I 'adepte Rose- Croix A.M.O.R.C. est, des le debut de son initiation, presque oblige d ’accepter que la matiere est a la fois esprit, energie et vibration. Cette faq-on de voir les choses est fondamentale- ment non chretienne, mais elle est en par fai te ha rm on ie avec

14 2C monographie , lcr degre neophyte , p. 4.13 3e monographie, l tfr degre neophyte, p. 3.16 ibid., p. 4.r 4e monographie , l er degre neophyte , p. 4.18 ibid., p. 4.

la philosophic h indoue. Cur la Bible ne met jamais sur le meme pied l’Esprit et la matiere, de meme q u ’elle ne parle abso lument pas d ’energie au sens mater ia l i s te iy, et encore moins de «vibrat ions».

Toute la cosmologie de I’A.M.O.R.C. tourne autour des vi­brations. Ce texte, extrait de la meme monographie, le prouve a m p l e m e n t :« Nous pouvons dire en toute verite que. sans les vi­brations, nous ne connait r ions pas l’existence des choses au tou r de n o u s 20.» Ainsi l’«existence de la matiere» et la «connaissance que nous avons de la matiere» dependra ient des vibrations. Autant dire que le disciple Rose-Croix A.M.O.R.C. ne dispose que de moyens purement empiriques pour connai tre la verite. Si la verite ne resulterait que des vibrations, alors elle n ’existe pas. Car pour la connai tre, le rosicrucien doit «capter» les v ibra t ions ; en d ’autres termes, « toute la connaissance (...) de I’existence des choses dep end des vibrations qui sont senties par r intermedia i re de la vue, de l’ouie, de I’odorat , du gout et du t o u c h e r » 2I. Toutes ces idees ne sont en fait que de pures specu­lations qui ont pour origine la phi losophiegrecque . L’existence de vibrat ions est certes prouvee par les decouvertes scientifi- ques. mais ce qui est moins sur, c'est que la matiere inorganique, do ne inerte, de meme qu 'un corps mort projettent des vibra­tions. Et ce qui est abso lument faux, c'est de penser que les vi­brat ions sont des moyens de connaissance de la matiere, mais aussi de I'Esprit.3. Le Noils, Force creatrice universelle

La cosmologie rosicrucienne de I 'A.M.O.R.C. s ’amplifie et se compl ique net tement a part i r du quat r ieme degre. Les monographies de ce degre, d'acces tres difficile au non-phi- losophe (et au non-initie), sont une analyse, ou plutot une tentative d'explicat ion, de I 'origine de la matiere. Le terme phi losophique Nous est ici con s tamment employe, non pas dans son sens originel, mais selon la definition de I 'A.M.O.R.C. qui est, a n'en pas douter , tres differente.

Nous, terme grec signifiant intelligence, entendement, rai­son, pensee, est employe pour la premiere fois dans le sens

10 Une vibration, si subtile soit-elle. ne peut etre, selon nous, que mate- rielle.*° ibid., p. 5.

21 ibid., p. 9.

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cosmologique par Anaxagore (500-428 avant J.-C.), philo- sophe grec. Sa theorie est que le m o n d e a ete cree a parti r de substances par une force organisatr ice appelee Nous. Selon Anaxagore, le monde tel que nous le connaissons aujou rd 'hu i a ete ordo nn e et produit par le Nous, par (' intel­ligence crea t ive22.

Cette definit ion phi losophique, juste au demeurant , n'est pas cependant partagee par l’A.M.O.R.C. qui pretend qu'il s 'agit la d ' un e signification exoterique. Les membres reguliers de l 'A.M.O.R.C'. ont la pretent ion de connait re la version esoterique: «Selon les enseignements de I 'ordre rosicrucien A.M.O.R.C. , le Nous, en realite, c'est la subs tance a parti r de la- quelle le monde fut cree, avec tout ce qu'il contient, c'est l’ele- ment pr imaire de toute matiere et de toute v i e 23.» Le Nous serait done la «substance, I 'element primaire de toute la crea- t ion» ou, en d 'aut res termes, «la force creatrice universe l le»24.

Dans une aut re m on ograph ic de ce meme degre, le Nous est appele la «source de tout ce qui existe». Autrement dit, il s ’agirait d ' un e energie double , a la fois positive et negative. «Les emanat ions du Nous, lit-on dans cette monographic , par tent de sa source avec une grande force et en une unite de pouvoi r complete et parfaite, bien qu'el le consiste en deux series de vibrations, l 'une positive, I 'autre negative - ou, au t rement dit, en une f requence paire ou impaire de vibra­tions a la seconde.

Le Nous, tout comm e la matiere, se caracteriserai t par ses vibrations qui, elles, seraient positives et negatives. Selon la terminologie de l 'A.M.O.R.C. , les vibrat ions negatives du N ous sont appelees «Espri t». Nous ext rayons d 'un e m o n o ­graphic ces lignes qui conf irment ce que nous ecrivons plus haut a propos de la matiere: « N ou s appelons ESPR IT les vi­brat ions negatives du Noiis. Elles passent en la terre et Tor­ment la base materielle de toute matiere a t tendant d 'etre tou- chees par les vibrations positives, car nous constatons que les vibrations de I'esprit, essentiellement negatives lorsqu'el les vont vers la terre, sont de nouveau modifiees et divisees, et I 'esprit lui-meme devient une energie a double quali te, nega-

22 Certa ins preferent traduire le mot Nous non par Intelligence mais par « I ntellect».

23 2e monographic , 4C degre, p. 3.24 ibid., p. 4.

live et positive, mais toujours de P OL ARITE NEGATIVE. Par contre, les vibrations positives venant du Nous restent dans 1'atmosphere et chargent celle-ci d ’une force vibratoire que nous appelons le Nous, car el le est essentiel lement pos i­tive 25.» Pour reprendre une formule chere a l’A.M.O.R.C'., «la matiere est le langage de l’e sp r i t » 2h. Ce «langage de 1'es- pr i t » se manifesterait , selon l 'A.M.O.R.C. , par des principes et par des divinites.

Qu'est-ce que le Nous et ses «derives» (ou «principes» et «divini tes») selon l 'A.M.O.R.C.? Pour cela, I’Ordre fait ap- pel au philosophe grec Empedocle (484-424) ainsi qu 'a un certain Nodin, personnage a notre avis imagina i re2 . Du ph i ­losophe Empedocle, l 'A.M.O.R.C. reprend a son compte, du moins part iel lement, la theorie des «corps elementaires» (le feu, Pair, I 'eau et la ter re)28. Mais, comme a 1'accoutumee, l’A.M.O.R.C’. « t ransforme» les enseignements du celebre phi losophe et cree pour l 'occasion son propre vocabulaire. Nous savons que, pour l’A.M.O.R.C. , le Nous est la force creatrice universelle ou, en d 'au t res termes, «l 'energie double et binaire».

Du Nous deriveraient les elements. Mais la. il ne s ’agit pas des elements tels qu 'E m pe doc le les concevait , mais de «trois formes ou arrangements du Nous dans la composit ion de la mat ie re» qui ne sont autres que les electrons, les atomes et

25 12e monographic , 4e degre. p. 3.26 ibid., p. 3.27 «Les monographies, declare un de nos correspondams, ne sont pas pre­

cises a son sujet. II n ’est mentionne que dans le 4C degre. J a i retrouve ceci dans mes notes personnelles: «Les deux polarites dont Zahriety, Rainew. Fussel et Protz font mention dans leur rapport en Allemagne et en Italie se­raient de nature et de qualite opposees. Comment alors, declare Nodin, ne pas etre d 'accord avec l'un de nos Freres aines des Illuminatis R.C. du Concile de Lyon de 1296...». Avec le recul, cela parait relever de l'habituelle tabulation historique et je n'ai jamais pu mettre une date sur ces noms de personnages anterieurs ou contemporains de Nodin. ce pseudonyme a ete utilise par je ne sais qui... mais ce n'est pas tres ancien.» Les propos de notre correspondant, «ex-Illuminati» , montrent une fois de plus que l’A.M.O.R.C. n ’hesite pas a utiliser tous les stratagemes possibles pour I'aire passer son message.

28 Selon Empedocle , le monde materiel se composerait de quatre ele­ments. appeles aussi «racines de toutes choses». Ces elements seraient inde­pendants et eternels. L’A.M.O.R.C. pretend que ces elements sont des divini­tes.

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les m olecu les29. Les inities du 4e degre, apres avoir appris que les elements ne sont que des a tomes et autres molecules, doivent accepter Pidee que les elements ne sont pas quatre mais t ro i s30; de plus, les elements ne sont pas a proprement parler des elements comm e Pentendait Empedocle, mais des divinites, soit les trois premieres formes manifestes des ele­ments (solides, liquides, gaz). Ainsi la matiere est-elle reduite a trois «e lements pr imaires», et lorsque ces trois «e lements» s 'unissent, il y aurai t ainsi la mani fes tat ion des «formes pre­mieres de toute matiere, selon leur ca t egor i e»31.

A parti r de ces trois elements (electrons, a tomes et mole­cules) s ’a joutent les «divini tes» qui ne sont autres que les so­lides, les liquides et les gaz! C o m m e le lecteur peut le consta- ter sans peine, ce terme de «divini te» n'a aucune connotat ion spiri tuelle: il ne designe que les e lements primaires de la m a ­tiere. Enfin, nous t rouvons tout en has de Pechelle Pair, la terre, le feu et Peau que l’A.M.O.R.C. appelle tout simple- ment «principes». En d ’autres termes, la matiere - ou plus s implement P«espri t» - serait, selon les enseignements des monographies , reduite a trois elements pr imaires et se mani- festerait par quat re principes distincts.

A cote du « N ous-Espr i t», se trouverait en parallele la «force vita 1 e », c'est-a-dire «cette forme d'energie qui vitalise le corps humain au moment de sa naissance, et Pabando nn e au m oment du d e c e s » 32. La force qui se localiserait au ni ­veau de l’ame et de la conscience, si I’on en croit l 'A.M.O.R.C. , serait cependant differente de la «force spiri- tuelle».

Ainsi, et selon la meme monographie , «il existerait deux energies de nature universelle: PEsprit et la Force vitale. Bien q u ’elles se mani fes tent separement , ces deux energies ne sont pas independante s Pune de Pautre. Ce serait les deux phases d ’une seule energie universelle qui est le N ous et c'est du Nous que v iennent la matiere et la vie. II y a ainsi, en or-

D ans la meme monographie, l’A.M.O.R.C. precise que «le mot element n'est pas employe ici en son sens chimique habituel qui designe les corps simples». 2e monographie . 4° degre, p. 6.

-,0 L'A.M.O.R.C. est obsede par le chiffre trois, Chiffre qui representeruit symboliquement le triangle.

11 ibid., p. 9.32 H. S. Lewis et R. Bernard. Manuel Rosicrucien, p. 262.

dre successif: le Nous, puis ses deux phases: l 'esprit et la force v i t a le»33.

La cosmologie rosicrucienne de l’A.M.O.R.C. repose done en grande part ie sur la phi losophie grecque. Mais ici s’arrete la compara ison: le fond ateur de l 'A.M.O.R.C., H. Spencer Lewis, y a developpe ses propres theories auxquelles se sont ajoutes divers elements innes a Poccultisme. Bref, la doctr ine cosmologique de l 'A.M.O.R.C. n ’est q u ’une association d ’idees et de doctrines sans lien aucun, mais presentee de telle fa9on que le profane - ou le nouvel initie - croit que tout cela est serieux!4. L'evolution de la matiere

L'A.M.O.R.C., comme l 'Association Rosicrucienne de Max Heindel, accepte la theorie de l’evolution de la matiere. Cette doctr ine m aterialiste est la consequence logique du point precedent, c'est-a-dire de Peternite de la matiere. La doctr ine de l 'evolution, a ne pas confondre avec I 'evolution- nisme ou le t ransformisme, est une doctr ine phi losophique et occulte qui admet que toutes choses manifestoes peuvent se developper et se perfectionner. II s’agit done d ’une doctr ine perfect ionniste: elle presuppose , en effet, la perfection de la matiere et l’existence d ’«Intelligences)) creatrices.

En vertu de son eternite la matiere est indestructible. Mal- gre cela, elle evolue! Mais, precisons-le d 'emblee, il ne s’agit pas d 'un e evolution au sens ou les theosophes Pentendent , c ’est-a-dire la lente t ransformat ion de la matiere vers l'esprit, mais d ' «u ne marche en avant» , d 'un progres vers la per fec­tion. Si la frequence des vibrat ions de la matiere s’eleve, il y a evolution! La matiere peut se desintegrer, peu importe, elle est censee evoluer.. .L’«ontologie» rosicrucienne de l’A.M.O.R.C.

L'ontoJogie est la theorie metaphys ique de Petre dans son essence. Elle a joue un grand role dans la theologie, notam- ment au Moyen Age avec Anselme (Argument ontologique). Aujourd 'hui , I 'ontologie est consideree comme Pune des branches de la philosophie.

L 'A.M.O.R.C. , de son cote, pretend avoir une ontologie ro-

2C monographie. 4e degre, p. 10.

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sicrucienne. Des les premiers degres - du l cr au 4° - I 'A.M.O.R.C. epate la galerie en enseignant Fon to log ie34. Le nouveau membre de l 'Ordre, sur tout s ’il est au depar t cultive, sera tout de suite pris par le cote «ser ieux» des textes a etu- dier et il va poursuivre sa «recherche», d 'au t ant q u ’elle est tres « p a s s io n n a n te » ! En fait, l '«onto logie» ros icrucienne se resume a une anthropologie avec comm e corol laire l 'occul- tisme applique . L’«etude de r h o m m e » que propose I 'A.M.O.R.C. n ’est pas, a proprement parler, une ontologie digne de ce nom.L’homme selon I’A.M.O.R.C.

Les articles 2 et 4 de la profession d e fo i du rosicrucien ex- pr iment admirablement bien et en peu de mots Fanthropolo- gie de I’A.M.O.R.C. Nous nous permettons de les reproduire in extenso : «Je sais que 1’unite de la creation cosmique s ’ex- pr ime sous trois mani festat ions: dans le macrocosme comme lumiere, vie et am ou r : dans le microcosme comm e ame, ego et corps : dans les sciences et les arts materiels comme these, synthese et ant i these, tout cela etant symbolise par le t r ian­gle. (...) Je sais que Iorsque, dans le corps entre le souffle de vie, l 'homme devient une personnal ite vivante, un segment inseparable de Fame cosmique residant en un corps mortel, pour des fins d iverses35.»

Ces deux articles sont part icul ierement impor tants po ur les rosicruciens. Toute la doct r ine de I 'A.M.O.R.C. concernant l 'homme, sa creation et son existence, est ici excel lemment resumee. En effet, nous retrouvons dans les deux articles ci­tes la plupart des mots cles de la doctr ine rosicrucienne de I 'A.M.O.R.C. : ame, personnal ite, segment, ego, cosmique. Ce sont la les expressions de base de toute l ' anthropologie rosi­crucienne de I 'A.M.O.R.C. qui est, precisons-le d 'emblee. loin d 'etre facile./. Composition de l'hom m e

II est impor tant de souligner des le debut de notre expose que l ' an thropologie ros icrucienne de I 'A.M.O.R.C. est essen-

iA «La premiere ontologie, lit-on dans une monographie, a ete elablie par un rosicrucien et quelques exemplaires de I 'ouvrage original existent encore de nos jou rs .» (4e monographie, ler degre, p. 2.) Quelle pretention!

35 H. S. Lewis et R. Bernard, ibid., p. 234.

t iel lement dualiste. L 'homme, dans sa composit ion actuelle, serait un assemblage de deux elements : la m atiere anim ee par I'esprit et I'ame. Attention! Cont ra i rement aux enseignements bibliques, I'esprit et Fame selon I 'A.M.O.R.C. ne sont pas de meme nature: I'esprit est uniquement rattache au monde physique, materiel, tandis que Fame l'est sur le plan meta­physique. I l y a done une tres nette separa tion entre I’esprit et F a m e 36.

Parlons clair: l 'Ordre rosicrucien A.M.O.R.C. enseigne of- ficiel lement dans ses monographies que l’homme est un com ­pose de matiere (electrons, a tomes et molecules) et que ladite matiere serait an imee par I’esprit. II ne s ’agit pas, bien en- tendu, de la troisieme personne de la Trinite, mais de I'esprit qui penetrerai t toute matiere. Les vibrations prouveraient que la matiere est animee, «vivante». Ce point de vue a ete developpe exoteriquem ent par H. Spencer Lewis: «L'espri t est la vitalite animatr ice ou l’energie dont est impregnee toute matiere vivante dans l 'univers. II nous faut rappeler ici au lecteur qu'il n'est pas necessaire d 'employer le terme m a ­tiere vivante puisque toute matiere est vivante. (...) Toute m a ­tiere vibre sous Finfluence de cette energie ou essence uni ­verselle qui est par tout et est con nu e sous le nom d 'esprit. Cet te essence est dans chaque cellule de chaque element com posan t le corps de l’homme, com me aussi dans chaque cellule de chaque e lement composan t les plantes, les vege- taux... J7»

Ainsi done, « l ’ho m me est forme de matiere penetree d'es- prit et cette composi t ion materielle est le revetement de Fame, le vehicule dans lequel est p lacee Fame sur ce plan ter- r e s t r e» 38. L'esprit. quoique inde pend ant de la matiere, joue- rait done le role d ' «an im ateu r» au sein du monde materiel. En d ’autres termes, la vitalite de notre mon de physique de- pendrai t uniquement de Faction de I 'esprit et, en particulier, de ses «vibrat ions».

L 'homme est done en premier lieu un compose de matiere- esprit. A cela, il faut y a jouter l’«ame». L'A.M.O.R.C. , repre- nant les idees de Platon, des stoiciens et des neo-platoni- ciens, enseigne q u ' « i 1 n ’y a q u ’une seule ame dans I’uni-

!(> Nous ecrivons bien «esprit» et non pas «Esprit» .r H. S. Lewis, Les demeures de lam e. p. 39, Ed. rosicruciennes, 1981.38 I0e monographie. Ier degre neophyte , p. 3.

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v e r s » 39. Les enseignements des monograph ies conf irment ceux du M anuel. «P o ur chaque rosicrucien, lit-on, 1’ame est co ns tamment en relation - toujours unie - a la grande ame universelle, a Lame divine, et elle n'est jamais intlividualisee. C'est a Dieu qu'el le appar t ien t et non pas a nous , car elle n'est jamais separee de sa source. Elle n'est pas indepen- dante , ce qui signifie que tous les etres humains , homines et femmes, forment une unite, par le lien qui existe entre tous les e t r es40.» L'ame individuelle n'existe do ne pas, l’ho m me n'est q u ’un segm ent de la grand e ame (ou Ame Universelle). « L 'h o m m e est une ame, toute Phuman i t e etant une seule ame et non pas un certain nombre d'ames. (...) 11 n ’y a qu' / / / 7̂ seule am e dans tous ces corps: l ' ame cosmique. Par conse­quent , qu and nous utilisons le mot ho m me , nous voulons d e ­signer Pexpression de l ' ame cosmique qui est sur le plan ter- restre. Et ainsi, cette Ame - l ' H o m m e - est ent ierement infi- nie. (...) Tout ce que l ' homme est, est infin i4,.» Ainsi, le Dieu impersonnel , la grande ame, et l 'homme, le segment, forment un tout , une masse confondue.

La philosophic de Platon est, en quelque sorte, une «philosophie de l’ame». II a enseigne, en particulier, la preexistence de l'ame, la «vraie nature de l'ame» et aussi son immortalite. Pour lui, l'ame est divine, done immortelle42. Sa doctrine s'est repandue dans tout le monde grec et romain et son influence a ete grande chez beaucoup de philosophes.

Les stoi'ciens prolongerent ce courant de pensee. Zenon, en parti­culier, croyait que I’Univers etait intelligent, que la matiere etait vi- vante et que Dieu etait de meme substance. Mais ce fut le neo-plato- nicien Plotin (204-270) qui elabora la doctrine de l’«Ame Univer- selle». Selon lui, fame pourtant divine s'esi eloignee de Dieu: elle n’a plus la connaissance de Dieu. L’ame individuelle n'est qu'une partie de l'ame universelle el elle tire son origine d'un principe ap- pele Nous. L'ame. de meme que le Nous, etait done immortelle car rattachee a Dieu.

H. S. Lewis et R. Bernard, Manuel Rosicrucien. p. 239.40 l re monographic, 2e degre neophyte , p. 3.41 33e monographic. 9C degre, p. 4.42 SeuI le Nous est la partie immortelle de l’ame.

L'A.M.O.R.C. n'a pas innove: il a tout s implement repris po u r son compte les idees de Plotin. Si les enseignements of- ficiels de l 'Ordre n 'admet tent pas Pindividuali te de l ' ame, la personnalite est cependant reconnue . Autrement dit, 1’expres- sion de l ' ame, c'est la personnal ite, mais elle ne confere en aucu n cas son individuali ty. Cet te maniere de penser de- bouche sur un cur ieux processus : l ' el imination de YEgo\ En effet, si l ' ame n'est pas individuelle, bien qu'el le soit pe rson­n e l s , le rosicrucien doit par lui -meme changer sa fa9on de parler: il ne doit pas dire «je», mais « n o u s » 43. Inutile d'epi- loguer longtemps sur une telle maniere d ’agir: le rosicrucien est invite a changer son langage, non pas son coeur. L'elimi­na tion du Moi, de la nature charne lle de l 'homm e exige bien plus q u ’un changement de vocabulaire! Seule une veritable repentance et une conversion a Jesus-Chr is t peuvent nous del ivrer a tout jamais de notre « viei 11 e na ture». A part i r de la seulement , notre vie et notre parole seront transformees.2. L 'homme: un etre double

L'homme serait, par defini t ion, un etre double ayant une double conscience. Cela signifierait que chaque corps, physi­que et spiri tuel , a sa propre conscience. Nous retrouvons do ne ce duali sme au niveau du corps et de la conscience de l 'hom me.

Si Ton en croit l’A.M.O.R.C. , l ' hom me serait pourvu d 'un e «conscience phys ique et object ive». Celle-ci serait naturelle- ment limitee dans le temps et I’espace. II possederait egale- ment une «conscience divine et spiri tuel le», d'essence divine et dont les pouvoirs seraient illimites. C'est ce que soutient l 'A.M.O.R.C. : «L 'hom m e n'est pas une creature s imple ayant seulement une duali te de conscience, mais il est un etre d o u ­ble dans toute I 'acception du mot. (...) La conscience divine et spiri tuelle de l ' homme differe de sa partie physique, non seulement dans ses fonct ions mais aussi dans son essence44.»

La conscience «object ive» (terrestre) n 'appelle pas de commenta i res particuliers. Par contre, la place de la «conscience spiri tuelle» - ou «Moi interieur» - est tres im- por tante dans l ' anthropologie rosicrucienne. La conscience

41 Au lieu de dire «j'ai fait ceci ou cela», le disciple de la Rose-Croix A.M.O.R.C. doit dire «ceci ou cela sera fait».

44 4e monographic . Mandamus secret. section neophyte, p. I.

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du «Moi interieur» fait partie integrante de l’«Espri t divin Universel», de la «Conscience divine». Sa portee s 'e tend a l ’univers tout entier. mais aussi a toutes les ehoses materielles de Pexistence: affaires, sante, travail, etc.3. L ’hom m e a-t-il ete cree?

Ainsi, selon les enseignements officiels de l 'Ordre rosicru- cien A.M.O.R.C. , l 'homme serait un etre doub le - esprit et ame, et conscience «object ive» et «spir i tuel le» segment d ' un e «ame divine»; ce «segment» serait compose de m a ­tiere animee par l 'esprit et celle-ci serait douee d 'u n e person- nalite, ou plutot d ' un e «ame personnal i te» . Naturel lement , et selon les enseignements de l’A.M.O.R.C. , la matiere, Fame et l 'esprit sont eternels. Le Dieu impersonnel ou le «C osmique» donnera i t l 'energie et le mouvement a I 'ame-personnal i te et a la matiere. Cette act ion se manifesterai t par des «vibrat ions».

Si f a m e et la matiere existent de tout temps , alors peut-on vraiment par ler de crea t ion? Si le mot «creat ion» est absent du L exique rosicrucien, il est sous-jacent dans une brochure que l 'Ordre envoie a ses nouveaux membres. « L 'homme est, lit-on dans ce petit fascicule, le produi t des forces et energies universelles (...) un produi t des forces c osm iq ues45.» 11 nous faudra a ttendre le 8e degre po ur que le theme de la creation appara isse enfin clairement. Mais. dans ce cas precis, le re- dac t eur de cette monographie a realise un veritable exploit: les termes de «crea t ion» ou «creer» sont, a quelques excep­tions pres, a bsen ts 46.

D ’apres les directives officielles de l 'A.M.O.R.C. , Dieu est considere, non com m e le Createur, mais com m e «pouvoi r et intell igence qui an iment tout r U n i v e r s » 47. Bien que 1' Impera- tor, en I 'occurrence H. Spencer Lewis, affirme qu'il faut ac­cepter litteralernent 1'axiome «D ieu crea l ' hom me du l imon de la terre, q u ’il repandi t sur son visage le souffle de vie et que l 'homme devint une ame v i van te »48, il n ’y a pas d ’ele- ments positifs qui nous permettent de croire que l 'A.M.O.R.C. croit a la doct rine de la Creat ion.

45 C. I). Dean, Le Sanctum Celeste. Liber 111, p. 4.40 Sauf. notamment, une citation bihlique (!) et une expression equivoque

«plan createur universel» qui. d'ailleurs, n 'a aucun rapport avec la Creation!47 2C monographie , 8C degre, p. 3.48 ibid.. p. 1.

L'homm e serait done un compose de limon: c'est-a-dire d '«e lements negatifs» et d 'u n aut re «element», celui-ci divin, l a m e . L'axiome de H. Spencer Lewis n'a cependant aucun rappor t avec le recit bibl ique et sur tout pas avec le verset sept du deuxieme chapit re de la Genese. Un dieu imperson­nel peut-il creer un etre aussi personnel que l 'homme? Ou, com ment concil ier un dieu impersonnel avec la creation ex- niliilo? Sur ces points precis, I ' lmpera tor n ’a pas de reponse. Les Ecritures Saintes nous enseignent que l’homme et la femme, Adam et Eve, ont ete les premiers humains sur cette terre.4. L e p e c h e et Ici c h u te

Si la creation n'existe pas, alors pourquoi l 'A.M.O.R.C. parle-t-elle du peche et de la chute? Si l 'Ordre se definit comm e «une fraternite phi losop hique et non rel ig ieuse»4\ les anciens rosicruciens que nous connaissons af firment en choeur que l 'A.M.O.R.C. n'est ni une philosophie, ni une psychologie, encore moins une science ou une theologie, mais un cours d 'occult i sme app l ique par cor respondance. Malgre cela, l 'Ordre rosicrucien A.M.O.R.C. donne sa pro- pre interpretat ion sur ces del icates questions. Leur fa^on de penser, nous allons le voir, est radica lement differente de celle du Lectorium Rosicruc ianium ou de I 'Association Rosi­crucienne; seul point comrnun: l 'hermeneut ique del 'A.M.O.R.C. , bien qu'el le se veuille «mystique», n'est ni celle de la Bible, ni celle de 1'Eglise, mais un tissu d'erreurs et de mensonges.

D'emblee, dissipons tout malentend u: po ur l 'Ordre Rosi­crucien A.M.O.R.C. , le peche n ’existe pas! Selon des «docu- ments» de la Grand e Fraterni te Blanche - qui auraient ete, parait-il , d ’une grande utilite po ur les eglises catholiques, protestantes et meme pour les com m un au te s juives! -, le pe­che ne serait que I 'absence de «lumiere positive)), et non un acte volontaire, del iberement dirige contre le Dieu createur. La citation que nous reproduisons ne laisse aucun doute a ce sujet: «...l’amour, la verite et les mani festat ions creatrices, constructr ices de l’univers, sont les mani festat ions creatrices,

4“ Pourquoi done les monographies etudient-elles ces sujets pour le moins theologiques?

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positives de la conscience de Dieu. Toute absence de choses n'est que le cote negati f de la conscience de Dieu, et ce cote negat i f ne possede aucun pouvoir , ne possede rien de tangi­ble, rien qui existe 50.» Un peu plus loin, nous lisons cette as ­sert ion pour le moins ef farante: «Si la bonte est une chose positive et reelle, le mai doit etre son contraire, l 'absence de bonte. La chose reelle et son contraire ne peuvent etre I'un et l’aut re positives. (...) Quelque chose qui existe vraiment peut etre seul positif, et quelque chose qui n'existe pas ne peut etre posit i f et reel 5l.» Le peche, ce serait done l ' absence de quelque chose de positif, le m anq ue de quali tes morales. «Q u an d la bonte et Lamour , lit-on dans la meme m on ogra ­phie, sont absents de la conscience physique, objective, cel- le-ci ne peut m anq ue r de commet t re des fautes, de tomber dans I 'erreur et de commet t re ce qu 'on appelle le peche 52.» Une aut re mon ograph ie est tres claire a ce su j e t : «... l’inten- tion mauvaise ou I 'agent du mai n'existe pas dans l 'un iver s53.»

La realite du peche est prop rem en t escamotee, le mai n 'existant pas! L' intent ion mauvaise ou I 'agent du mai sont ainsi elimines de I'univers. Nature liement, la doctr ine du peche originel est aussi mise de cote ou, plutot , elle est tene­ment deformee qu'el le est devenue meconnaissable. «Le peche originel, de la part de l 'homme, a ete le refus de recon­naitre la divine conscience de son a m e 54.» Ce refus aurait ete, selon le passage cite, de ne pas accorder suf f i samment d ' impor t ance a I ' intuition, de ne pas se fier aux percept ions et impressions psychiques et f inalement de ne preter son a t ­tention qu 'aux cinq facultes dites objectives. «C 'es t ainsi, af- firme le texte cite, que nous avons commis le premier peche contre nous-memes, en refusant de reconnait re I 'une des deux formes de conscience qui nous avaient ete accordees au m om ent de notre naissance, et non la m o i n d r e 55!» Le peche originel est ainsi confondu avec le peche tout court . Le pe­che, «originel» ou non, ne serait que son egoi'sme qui pousse- rait l ' homme a ne pas ecouter la voix de la conscience, cette

50 43e monographie, l()e degre. n. 2.51 ibid., p. 3.52 ibid, p. 5.53 8C monographie. 10° degre. p. 3.54 11 *-■ monographie, ler degre neophyte , p. 7.55 ibid, p. 7.

«peti te voix» appelee « i n t u i t i o n » 56 et a n'avoir cont iance qu 'en sa conscience objective. Nous sommes loin de la do c ­trine bibl ique du peche qui, elle, declare sans ambigu'ite que la puissance du peche frappe tous les hommes, que la mani ­festation du peche est une realite malheureusement trop bien etablie et que le resultat final du peche n'est autre que la mort.

A cote de la doctr ine bibl ique du peche, il existe une theo- rie mystique du peche. L ' Impera to r pousse sa demonst rat ion un peu loin lorsqu’il affirme que «le peche contre Dieu de la theologie trouve son equivalent en mysticisme dans le peche contre le karma in div iduel»57. Ainsi, «aux yeux du mystique, l 'homme ne peut done commett re de plus grand peche contre le karma in div iduel»58. Le meme raisonnement est valable pour la famille, la nat ion, le groupe, etc. Ce ne sont plus la des karma individuels, mais des karma collectifs! Les ensei­gnements officiels de I 'A.M.O.R.C. en ce qui concerne le peche se situent a l ' extreme op pose de ceux de 1'Ecriture Sainte. Remarquons aussi le processus de la methode d 'e tude : il faut at tendre les degres du Temple p o u r s e rendre compte que les enseignements de I 'A.M.O.R.C. sont particu- l ierement ant ibibl iques. Les masques tombent , la t rappe est alors grande ouverte et le cand ida t rosicrucien ne peut que croire ce que dit le «Tres illustre lmpera tor» .

Le peche etant vide de sa substance et de son venin, la chute subit egalement le meme sort. La creation d 'Adam et d 'Eve de meme que le recit de la chute ne sont plus que de fumeuses allegories. Selon cette monographie, l 'homme, aut refois primitif, etait semblable a un animal : il etait de- pourvu de conscience! Mais il evolua menta lement et physi- quement et, un jour, il atteignit l'etat superieur: sa conscience et son intellect con nurent le «divin». L 'homme animal devint une «ame-vivante», une «ame consciente», «creee a l’image de Dieu» (sic). Tel est le recit de la creation selon l’ordre rosicrucien A.M.O.R.C.

56 L'intuition ne doil pas etre assimilee au discernement spirituel: I'intui- tion est faillible et. dans beaucoup de cas. elle manifesie le peche et I'erreur.

57 S'-1 monographie , 8C degre. p. 3. La phrase de cette citation semble etre mai orthographiee. II conviendrait de lire plu tot: «le peche contre le Dieu de la theologie...»

58 ibid.. p. 4.

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En ce qui concerne la creation du premier horn me, Adam, l 'A.M.O.R.C'. propose cette interpretat ion: il etait de na ture double , non pas male et femelle, mais posi t i f et negatif. L 'hom me-Ada m aurait ete bisexue et de polari te double. Adam fut done separe (par qui?), il garda sa polari te positive tandis qu 'Eve fut creee «negative» d 'un e partie de l 'homme, non pas d ' un e cote comme le texte bibl ique I ' indique, mais de son ame! Nous sommes, une fois de plus, fort eloignes de I’ense ignement vetero-testamenta ire. C'ar Adam, puis Eve ont ete crees; ils ont ete tires du neant. F. A. Schaeffer est de cet avis lorsqu'i l ecrit que « l 'hom me est venu de quelque par t; il n'est pas I ' about i ssement de divers prototypes . L 'humani te a eu un commencem en t effectif a par ti r d ' un individu distinct du reste de la creat ion et differencie en terme de «male et fe- melle». Cette image de l 'huma in const i tue I'origine et la force du concept chretien d 'unite de l 'espece, alors que le monde actuel cherche en vain une aut re assise a l’unite du genre h u m a i n » 59. C'est ce que fait exac tement I 'ordre rosi­crucien A.M.O.R.C. qui combine les differentes tradi t ions mystiques pour , f inalement, s 'egarer dans les meandres du subjectivisme et de l 'erreur.

Si le peche n'existe pas, si la creation des cieux et de laterre, comme de l 'homme, n'existe pas, alors la chute, elleaussi, n'existe pas. L'A.M.O.R.C. le dit en des termes clairs:«Eve fut tentee par les choses agreables, par la force et lepouvoir que I'habile representant du monde mater ie l60 luidesignait et elle t rouva le plaisir phys ique dans le fruit deI 'Arbre de la connaissance terrestre (.v/V)6l.» Le fruit etaitbon, Adam en gouta aussi. Quel fut le resultat de la chute?«La toute premiere com prehens ion terrestre qui penet ra cesdeux etres fut celle de leur condi t ion materielle, de leur moi.Ils virent qu' ils etaient nus... dans leur conscience.. . Le fait que leur moi etait mis a nu par la connaissance des choses de ce monde fit sur eux une impression si profonde qu' ils en eprouverent de la honte, de la t imidite et de la peur. Telle estla veritable chute de l ' h o m m e 62.»

5<) F. A. Schaeffer, La Genese berceau de I'liisioire, p. 42. C ’est nous qui le soulignons.

C ’est-a-dire Satan! qui, lui, serait une personnification du monde de la matiere.

61 ibid., p. 7.6- ibid.. p. 7.

Une aut re consequence de cet acte volontaire, celle-ci tres importante, c'est que « l ’ame-personnali te com m en 9a son evolu tion» et que l 'homme «etabli t la premiere loi du karma contre lu i -mem e»63. L 'homme se trouvait ainsi pris dans un engrenage sans fin, celui de son karma et de la reincarnat ion.5. Karm a et reincarnation

Par r e inca rna t ion64, nous entend ons generalement la theo­rie selon laquelle la personnali te de l ' homme (ou son ame) accomplirai t tout au long de son existence un interminable parcours parseme d ' incarna t ions successives. Apres son de- ces, I'etre humain (ou, selon l 'A.M.O.R.C. , l’«ame-personna- Iite») residerait quelque temps dans le monde invisible pour ensuite se reincarner dans un aut re corps. Cette doctrine, tres contestable, gagne cependant du terrain. Les rosicruciens, les theosophes, les an throposophes , les antoinistes, de meme les scientologues, ont adopte ce principe.

C'est une doctr ine tres dangereuse car elle semble. a pre­miere vue, seduisante. De plus, les recits de plus en plus nombreux de pretendues reincarnat ions anterieures troublent profon dem ent passablement de personnes en quete de verite. C ar la re incarna tion est, avec le karma, en totale cont radic­tion avec la resurrection et la grace. La li tterature rosicru­cienne de l 'A.M.O.R.C. a developpe abo nd am m en t cette d o c t r in e65, et, pour la rendre plus credible, H. S. Lewis, dans son livre Les dem eures de I'dme, n'hesite pas a ecrire que la reincarnat ion n'est pas incompat ib le avec la theologie ortho- doxe! La reincarnat ion «presentee sous sa vraie lumiere, n'est nul lement incompat ible avec les principes d 'une theolo­gie saine et je sais que certains chretiens seront etonnes si je leur affirme q u ’il n ’y a rien, dans la veritable doctrine de la reincarnat ion, qui ne soit contraire aux principes chretiens fondamentaux tels q u ’ils furent reveles et enseignes par Je- s u s » 66. Quel ap lomb! Oui, assurement H. Spencer Lewis ne

63 ibid., p. 7.M On peut parler, a la rigueur, de transmigration. Notons au passage que

l 'A.M.O.R.C. rejette categoriquement cette derniere expression.h5 Rappelons que cette doctrine n ’est que proposee. N ’empeche qu'il est

extremement difficile d 'e tre rosicrucien et de ne pas croire a la reincarna­tion, pilier central de toute la philosophie de l’A.M.O.R.C.

H. S. Lewis, Les demeures de I'dme, pp. 19, 20.

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Cependant , nous lisons ces lignes dans une monographie qui prouvent que la doctr ine de la re incarnat ion ne peut pas etre appuyee par la Parole de Dieu. a moins de la deformer : «Je reconnais que la doctr ine de la reincarna t ion ne s'ac- corde pas avec certains passages de la Bible... Meme s'il n'y avait rien dans la Bible qui app uie la doctr ine de la reincar ­nat ion, cela ne voudrai t pas dire que cette doctr ine soit fausse ou qu'el le ne soit pas conforme a ce que Jesus a e n ­seigne. I l y a bea uco up de choses qu' il a enseignees et prati- quees et donnees a ses disciples qui ne sont pas contenues dans la Bible ch re t i en neh7.» Si les chretiens evangel iques ne croient pas a la reincarnat ion ce serait, selon l’A.M.O.R.C. , la faute aux conciles! L'Eglise chret ienne aurai t «modif ie, cor- rige ou altere» la Bible...

Ainsi les rosicruciens, qui sont endoct rines par les « G ra n ds Mai tres» ou autres «I m pera t o r» de l 'Ordre, croient s incerement que la Bible renferme d ’autres doctr ines telle la reincarnat ion , qu'el le contient des erreurs et que, par conse­quent , elle doit etre lue avec des « lunet tes» esoteriques! La suite est logique: leurs presupposes theologiques (eternite de la matiere, unicite de l ' ame et reincarna tion) ainsi que les ex­periences psychiques «c onc ordante s» prennent la premiere place et releguent ainsi la Parole de Dieu au meme rang que les autres ecrits religieux. Malgre cela, l’A.M.O.R.C. passe par -dessus toute autorite, spiri tuelle ou religieuse. Seul entre en ligne de compte le magistere de l ' lmpera tor , une espece de super-pape infaillible. Les enseignements de l’A.M.O.R.C. sont sans cesse illustres par des lois (psychiques et rosicru- ciennes bien entendu) , des axiomes et des postulats ; les hy­potheses, elles, n'existent pas! La preuve nous est donnee, par exemple, po ur le karma: «Le karma est une loi cosmique - il est impersonnel . . .68.» Rap pelons encore que I’ordre de la Rose-Croix se definit comme un «mouvem en t phi losophique et tradi tionnel mondial non religieux et non sectaire!»

Prenons maintenant la defini t ion rosicrucienne du mot K a rm a69. Selon l’A.M.O.R.C. , «il designe la loi cosmique de manque pas d ’audace pour affirmer de tel les choses.

67 5 3e monographie, l()e degre, pp. 2 et 3. C ’est nous qui le soulignons. C ’est une citation fondamentale, car elle resume parfaitement la theorie de I'esoterisme et de la gnose.

(,s 31e monographie, 9C degre, p. 3.6<J On peut ecrire egalement karman.

justice universelle par laquelle nous recevons, en juste com ­pensat ion de nos actions et comm e consequence de ces ac­tions, des reactions de meme nature, soit bonnes soit mau- vaises, selon les actions e l l es -memes»70. Le karma est tou- jo urs associe a la reincarnat ion. II de terminerai t en effet toute reincarnat ion ulterieure. C'est une loi cosmique de cause a effet, ou plus exac tement, chaque acte, bon ou mauvais, est au tom at i quemen t retribue. L 'homme est pr isonnier de ses actes, il est le seul maitre de son destin, il est en quelque sorte son propre createur ; le salut - «la fusion a jamais consciente dans le tout cosmique» - est l’oeuvre de l 'homme, de ses pro- pres efforts et de ses propres rnerites. Le karma, c'est avant tout une just ice immanente, l’aspect implacable de ce prin- cipe qui exclut naturel lement l ' amo ur et le pardon. Selon l 'A.M.O.R.C. , la reincarnat ion - ou renaissance - serait ^ ' i n ­carna tion d ’une ame divine dans un corps p h y s i q u e » : i .

11 est temps de dissequer la theorie de la reincarnat ion, version A.M.O.R.C. C ’est avant tout un moyen de perfection- nement de la personnal i te de l ' ame. Si l’ame est parfaite, sa personnal ite, par contre, est sujette a toutes sortes de fai- blesses dues pr inc ipa lement a l ' ignorance spirituelle. Cela est affirme dans une mon ograph ie du 8e degre: « Ainsi dans cha­que incarnat ion, nous n'essayons pas de faire evoluer la lu- miere - l’ame - qui est deja parfaite, mais nous reconnaissons ses appels et ses directives et par la nous activons revolu t ion de la personnal ite (...) En realite ce n ’est done pas notre ame qui evolue, mais notre ame-personnal i te ju squ 'a ce qu'el le soit en harmonie avec notre a m e ' 2...» Cette perfection abso- lue, I’unite harmon ique de l ' ame avec sa personnal ite, est en realite une gigantesque utopie. Ca r selon les theses «reincar- nat ionnistes» de l 'A.M.O.R.C. , le nombre d ’incarnat ions suc- cessives est pra t iquement i l l imite’3. H. S. Lewis justifie cette doctr ine : « Ju sq u ’a ce que cette perfection soit atteinte par chaque creature humaine , de nouvelles incarna tions lui se- ront necessaires et d 'aut res encore, ju squ 'a ce que, par les

711 2C monographie, lcr degre neophyte, p. 2.71 H. S. Lewis, ibid.. p. 22.

5C monographie , 8e degre. p. 7.73 Le Manuel Rosicrucien lui aussi (p. 268) confirme la chose: «Chaque

personnalite peut s’incarner de nombreuses fois, la limite etant inconnue.

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epreuves de la vie, par I’effort personnel , la connaissance ac- quise, par le devouement et les sacrifices, le moi ait ete puri- fie de tout mai, en pensee et en creation, et qu'il ait finale- ment atteint la purete comple te et soit pret pour le jugement dernier po ur etre admis de nouveau dans le sein de Dieu et faire partie de la d iv in i te74.» Pour l ' auteur, le seul cas connu « d 'u ne evolution du moi» qui atteignit les plus hauts som- mets de la perfection divine aurai t ete celui de Jesus-Christ . II aurai t «eu precedemment un grand nombre de re inca rna ­tions... il naqui t f inalement pur, n 'ayant plus besoin que d 'u n e seule serie d 'epreuves terrestres» "5. Ainsi, Jesus serait devenu le Christ , il monta aux cieux et fut «absorbe par la conscience divine et le moi de Jesus devint un des elements de la divinite, le fils de D i e u » 76.

Nous constatons que la reincarna t ion est Pelement central de toute la doctr ine perfectionniste rosicrucienne de I’A.M.O.R.C. Naturel lement , l ' explicat ion q u ’on en do nn e est tres precise, be au cou p t rop meme, car n ’oubl ions pas que le pr incipe des reincarnat ions successives n'est q u ’une theo- rie metaphys ique de l a m e et q u ’il est ext remement difficile, s inon impossible d 'en verifier objeetivem ent la realite. Les re- cits de reincarnat ions anterieures relevent de (’imaginat ion fertile de ceux qui y c r o ie n t77. Ce qui est encore plus epous- touf lant , c ’est que le premier Impera tor est une fois de plus d ' un e precision prodigieuse en ce qui concerne les dates des incarnat ions passees ou a venir. A la suite d 'observa t ions (scientifiques?), H. S. Lewis aurai t etabli que «chaque hu- main se reincarnerai t tous les cent quarante-quat re a n s » 78.

Le ch iffre 144 n 'es t pas ici sp e c i f iq u e m e n t sym bo l ique , m ais il d e s ig n e le cycle d ’e leva t ion de l 'a m e -p e rs o n n a l i t e : tous les 144 ans, l 'a m e -p e rs o n n a l i te se r e in c a rn e ra i t d a n s un no u v ea u corps . « C e que

74 H. S. Lewis, ibid., p. 133.75 H. S. Lewis, ibid., p. 133.76 H. S. Lewis, ibid., p. 133.“ H. S. Lewis afTirme eonfidentiellenient dans une monographie du 10e

degre qu'il etait autrefois un... Chinois. La description est detaillee :«J'etaisun homme grand, bien bati, a l'air raffine el cultiv6...» (48e monographie, I0e degre, p. 5). En remontant encore dans le temps, il aurait ete un... pretre! Plus exactement un «cure d 'une tres importante paroisse...» (49e m onogra­phie. 10e degre, p. 2), etc.

~s H. S. Lewis, ibid., p. 134.

les ro s ic ruc ien s ten ten t de faire, lit-on d a n s une m on o g rap h ie , c ’est de vivre le cycle en t ie r de 144 an n ees , puis de rejeter ce co rps et d 'e n p re n d re un au tre , p lus p a r f a i t , p o u r c o n t in u e r leur im p o rta n te m iss ion . L orsq ue Pam e qu i t te le co rp s a v an t les 144 ans ecoules , so uv e n t pa rce q u e no u s av ons m a n q u e aux lois q u e nous au r io n s du observer, elle do it c o n t in u e r u n e ex is tence d e s in c a rn ee p e n d a n t le reste du cyc le . . .79» C e t te p e r iod e « e n tre les r e in c a rn a t io n s# a ete a p p e le e , d a n s les m a n u sc r i ts ros icruciens , « le g ra n d in tervalle de r e v o lu t io n de l ' a m e » 80. Le ch iff re 144 est ab so lu ou presque . Selon la m em e source , P lm p e r a to r au ra i t fait de n o m b reu ses rech erches p o u r savo ir s'il eta it poss ib le de vivre p lus de 144 ans. Bien ev idem - m en t, ces p r e te n d u e s rech erch es n ’o n t pas ab o u t i : p eu t-e t re aurait-i 1 o u b l ie de lire la B ible? L aque lle dit ex p l ic i tem en t q u e des h o m m es , il y a fort lo n g tem p s il est vrai, on t vecu b ien a u -d e la des 144 fatidi- qu es an nees . P o u r m em oire , c i tons les plus c o n n u s : A d am 930 ans (G en e se 5: 5), A b ra h a m 175 ans (G en ese 25: 7), I saac 180 ans (G e ­nese 35: 28), etc. M ais, la en core , le tem o ign a ge b ib l iq u e est carre- m en t mis de co te : p o u r I 'A .M .O .R .C ., il n ’a q u ’une v a leu r relative, seules en tre en ligne de c o m p te les fam e uses « a rch iv es» qui seraien t en t re p o se es q u e lq u e pa r t a S an Jose.. .

Ainsi l ' ame-personnal i te accomplit-el le un incessant a Her et retour tant sur le plan terrestre que cosmique. La per fec­tion hu maine a laquelle les rosicruciens sinceres tendent de toutes leurs forces appara i t de plus en plus u topique et vaine. Ca r la progression spiri tuelle et psychique de tout homme se­rait Iiee a une seule loi: la loi de revolution. Chaq ue entite sur cette terre est censee evoluer, parvenir a un etat meilleur, soit acquer i r plus de sagesse et de connaissance. Mais, et ce «mais» est de tailie, il y a une aut re loi immuable: la loi de compensat ion ou karma. L’ho m me «choisit et seme, il recolte ou paie», tel les sont les consequences de ses actes. Une bonne action = une recompense; une mauvaise action = une punit ion. Si l’ho mme «pecheur» accompli t plus de mau- vaises actions que de bonnes, il accumule des «dettes karmi- ques»; celles-ci doivent etre payees. Chaqu e peine ou souf- france que nous pourrions causer a autrui exige en retour et dans tous les cas une meme peine ou une meme souffrance. L’enseignement de I 'A.M.O.R.C. est explicite: «Selon le

79 I2e monographie, 2e degre du neophyte , p. 7. C'est nous qui le souli- gnons. Rappelons que H. S. Lewis, premier Imperator de Fordre rosicrucien A.M.O.R.C., n’a vecu que 56 ans...

80 I5e monographie, 8C degre, p. I.

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karma, nous sommes punis po ur les choses que nous faisons vraiment (...) Lorsque nous manifes tons le mal, ou que nous semblons faire ce qui est mal, la loi karmique ou cosmique n'ecrit pas dans ses registres que nous avons commis un acte mauvais, mais elle ecrit que nous avons manq ue a notre d e ­voir de faire un acte posit i f et b o n 8l.»

De ce fait, la loi du Karma determinera i t notre vie tout en- tiere et, plus encore, celle a venir. Le but du Karma, doctr ine in humaine et absurde, serait d o u b le : , d ’abord , sur le p lan ter ­restre, nous faire reflechir sur les consequences de nos actes et, ensuite dans un second temps, obtenir au niveau cosmi­que la purification. H. S. Lewis ne laisse pas le lecteur dans l 'ombre : «D e l’enfance a la vieillesse, l 'homm e app rend que ses mauvaises actions sont essent iel lement un peche contre son evolution, pour lequel il devra souffrir et payer... Ces in- tervalles entre les incarnat ions ont po u r but de do nn er au moi, a I’etre spirituel, la possibility de se purifier et de s ’ins- truire a la lumiere de ( ' intelligence divine et de la sagesse cos­m i q u e 82.»

L 'A.M.O.R.C. s’appuie, ou pretend s 'appuyer , sur la Bible po u r justifier la veracite de ses enseignements. Un des pa s ­sages bibl iques sur lequel H. S. Lewis a rgumente le plus en faveur de la reincarna t ion se t rouve en Job 33 v. 27 a 29. Nous le reproduisons in extenso: «11 chante devant les hommes et dit: j ’ai peche, j 'ai viole la justice, et je n ’ai pas ete puni comme je le meri tais; Dieu a delivre mon ame pour qu'el le n 'ent rat pas dans la fosse, et ma vie s ’epanoui t a la lu­miere! Voila tout ce que Dieu fait, deux fois, trois fois, avec l 'homme, pour ramener son ame de la fosse, pour l 'eclairer de la lumiere des vivants.» Ce passage ne peut, selon nous, en aucune maniere faire allusion a la reincarnat ion. Le contexte est explicite: il s 'agit d ’un malade qui a ete en peril mortel et qui se retablit par la grace de Dieu. Le verset 18 nous montre clairement que l ' interesse echappe au go uf f r e83, et non qu'il en revient. La t raduct ion que H. S. Lewis donne au verset 30 «p ou r rappeler leurs ames de la tombe» est fau- tive. Le verbe se traduit no rmalement par «detourner» , mais il est vrai que Ton peut rendre ce verbe par «faire revenir».

81 43e monographie, I0C degre, p. 4.8: H. S. Lewis, ibid., pp. 83 et 142.83 Le mot employe ici n'est pas le mot habituel pour «tombe».

Dans ce cas, les partisans de la reincarnat ion auraient raison. Cependant , nous croyons que l’au teur du livre de Job a choisi cette expression plutot vive pour designer une conva ­lescence miraculeuse. Pour conclure, on pourrai t evoquer les passages paralleles ou nous trouvons des expressions sem- blables qui montrent clai rement que l’idee meme de la rein­carnat ion est exclue (Psaume 116: 8; Esai'e 38: 17; Jonas 2: 7).

Un aut re passage bibl ique generalement invoque en faveur de la doctr ine de la reincarnat ion est l’episode bien connu de l’aveugle-ne (Jean 9: 1-34). Les versets 2 a 4 retiennent l’at- tention des part isans de la re incarnat ion: « Rabbi, qui a pe­che, cet homme ou ses parents, pour q u ’il soit ne aveugle?» H. S. Lewis est categor ique dans l’interpretat ion q u ’il donne: la cecite congenitale de cet ho m m e s’expliquerai t par le fait q u ’il avait peche dans une vie anterieure et q u ’ainsi il aurait accumule une «dette karmique». Le texte de Jean 9 v. 2 m o n ­tre bien que l ' idee d 'u n e reincarnat ion possible a effleure probablement la pensee des disciples. 11s etaient Galileens, en contact avec des populat ions grecques. Celles-ci pou- vaient avoir subi l ' influence de certains phi losophes comme Pythagore ou Platon qui, eux, admet taient la reincarnat ion. Cependant , nous devons reconnait re que les theses «reincar- na t ionnistes» ne sont pas evidentes: Jesus, dans sa reponse, ne fait aucune allusion a une eventuelle incarnat ion ante­rieure, a une responsabil i te de I 'aveugle ou de ses parents. Absolument aucune trace de la doctr ine du K arm a dans les paroles de Jesus. Une chose est certaine: c ’est que le Christ, le Seigneur, ne repond pas di rectement a la question posee, mais il appor te un element a la fois nouveau et rassurant: «...afin que les oeuvres de Dieu soient manifestoes en lui» (verset 3). Ce qui fut le cas effectivement: Jesus guerit l 'aveu- gle et la gloire de Dieu fut une nouvelle fois mise en valeur. La suite du recit nous montre I’aveugle gueri et ses parents aux prises avec les pharisiens. Ce q u ’il faut relever ici, c'est que l ' echange verbal plutot violent porte sur I’authentici te de la guerison, et non sur la reincarnat ion. La conclusion de cette sequence est que Jesus, le fils de Dieu, affirme une fois de plus sa divinite. Ainsi done, il est impossible d 'echafauder la doctr ine de la reincarnat ion dans ce recit de la guerison de l’aveugle-ne; ce qui est sous-jacent, par contre, c ’est la gloire

Page 78: La Rose-Croix, Mythe ou Réalité

et la souverainete de Dieu, c'est aussi une interpellation en face du douloureux probleme de la souff rance et, enfin, c ’est la reconnaissance de la libre acceptat ion de la volonte de Dieu devant les mysteres de l ' existence.

H. S. Lewis ne se prive pas de citer ab o n d am m en t la Bible. A tort et a travers, malheureusement . Afin de defendre ses theses, il n'hesite pas a tordre le sens des textes, avec une telle facilite qu'il y a de quoi en rester pantois! Tel est le cas du celebre chapit re 3 de l 'evangile de Jean qui nous parle de la nouvelle naissance spirituelle, de la conversion a Jesus- Christ . L'A.M.O.R.C’., cependant , au mepr is de I 'hermeneuti- que la plus elementaire pretend que Jesus faisait allusion a la re-naissance, aut rement dit a la reincarnat ion! Mais la en ­core, le passage refere co n dam n e explici tement l 'enseigne- ment rosicrucien: «Ce qui est ne de la chai r est chair, et ce qui est ne de I' Esprit est esprit» (Jean 3: 6). L'emploi du pre­sent est c la i r84 et sur tout il p rouve que Faction de Dieu, celle du Saint-Espri t , est toujours actuelle et vivante. La chai r est et reste chai r tandis que I’Esprit vivifie. renouvei le et t rans­forme.. .

Enfin, l’A.M.O.R.C. , comme tous les part isans de la rein­c a r n a t i o n 85, soutient que le prophete Elie devait se reincar- ne r au temps de Jesus (Marc 9: 2-13). Nous connaissons I’ar- gumenta t ion, elle est classique: selon une prophetie de Mala- chie (4: 5-6), Elie le prophete se serait reincarne dans la per- sonne de Jean-Baptiste. Les passages de Mat thieu 16: 13-16, Marc 8: 27-30, Luc 9: 18-21, ainsi que celui de Mat thieu 11 : 11-15, prouveraient que Jean-Bapt is te serait l 'Elie qui devait venir. La renaissance d'Elie aurai t do ne ete prevue et se se­rait effectivement realisee peu de temps avant la naissance du Christ , 1’Il lumine parfait .

L’argumenta t ion rosicrucienne qui tente de prouver ce fait est d ’une affl igeante pauvrete. Une etude meticuleuse des textes bibl iques va a I’encont re des idees «reincarnat ion-

84 Soulignons encore que Nicodeme ne dit pas: «Un homme peut-il ren- trer dans le sein d ’une autre mere et renaitre», mais: « Peut-il rentrer dans le sein de sa mere et naitre» (verset 4). Nuance...

85 Parmi lesquels Edouard Bertholet. autrefois docteur en medecine dePully (Suisse), rendu celebre par ses ouvrages de vulgarisation de la mede­cine naturiste. et surtout d'occultisme. C ’etait un memhre de l’A.M.O.R.C.:mais ses livres ont ete retires du catalogue... el repris par un autre editeur!

nistes». En effet, Jean-Baptis te lui-meme a dit q u ’il n ’etait pas Elie (Jean 1: 21 ) 86. Pourtant , comme le dit D. Clabaine, «Jesus dit que Jean-Baptis te est Elie (Matthieu 17: 12-13 et 11: 14). Conclus ion des reincarnat ionnistes: done , Elie est re' incarne en Jean-Baptiste. Or, a joute jus tement Clabaine, il est impossible que cette conclus ion soit vraie. Pourquoi? Parce q u ’EIie n ’est pas m a r t!C ’est meme pour cela q u ’il doit revenir, et non se reincarner. II reviendra avec le meme corps avec lequel il a ete empor te sur un char de feu. II lui est done bien impossible de se «reincarner» , pour la bonne raison q u ’il n ’est toujours pas «d es in ca rn e87.»

Car , selon les Ecritures, Jean-Baptis te etait venu avec l’es- prit et la puissance d ’Elie (Luc 1: 17). Son ministere, annonce par Malachie le prophete (Malachie 4: 5), etait l’accomplisse- ment d ’une prophet ie. Les Juifs at tendaient une reapparition d 'El ie (Luc 9: 8), non sa reincarnat ion. L’idee d ’une reincar ­nat ion d ’Elie est done theologiquement irrecevable.

Malgre cela, les rosicruciens restent sur leurs posit ions: ils ne disent pas q u ’EIie etait monte directem ent au ciel dans un tourbi l lon de feu (II Rois 2: 11) et q u ’il pouvait de ce fait re­venir sur terre dans la forme qu'il avait eue au moment de son enlevement . Elie est effectivement reapparu lors de la Transfiguration88. J) est curieux de constater, a ce propos, que les rosicruciens restent muets. .. et nous les comprenons! Car il leur serait ex t remement difficile d 'expl iquer la r eappa ­rition de la personne d'Elie alors que Jean-Baptiste, sa pre- tendue re incarnat ion, etait mor t decapite quelque temps auparavant . Ainsi, pour ceux qui croient a la reincarnat ion, il y a une impasse chronologique, un veritable noeud gordien qui bloque toute echappatoi re .

8h Edouard Bertholet ose affirmer que la scene rapportee par Jean parle en faveur de la reincarnation! Son affirmation suppose que «Jean-Baptiste n ’etait pas encore un illumine comple t» et qu ’« iI n ’etait pas conscient de ses vies a»terieures» (E. Bertholet, La Reincarnation, p. 270).

87 D. Clabaine, ibid., pp. 105-106.88 Alors que Jean-Baptiste etait encore vivant moins de 144 ans avant!

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6. Et le Sa in t?Eh bien, il n'existe pas! 11 semble en effet que le salut s’ar-

rete a la r e inca rna t ion89. L ’enseignement de I’A.M.O.R.C. , qui s’etend sur une duree de quinze ans, brille par l’absence d ' un e soter iologie90. Pour en avoir le coeur net, nous avons pose la quest ion a un ex-rosicrucien de haut niveau. Sa re- ponse ne nous a pas surpris: « L ’A.M.O.R.C. pre tend p r e p a ­rer ses membres a etre re9us par initiat ion cosmique dans la G rand e Fraternite Blanche (sic) ou un Maitre appara i t ra au disciple pour lui dire qu'il est pret afin de I ' instruire person- nel lement (re-sic)...91» Ainsi, notre cor respondant , pour tant tres bien informe, admet que le salut Rose-Croix ne se limite qu 'a une rencontre avec l’un de ces fameux «professeurs in- visibles»!

Un au tre aspec t du « sa lu t» ro s ic ru c ien est la r ech e rch e d e la «Pa- ro le p e rd u e » . La « P a ro le » , a ne p as c o n fo n d re avec la Paro le de D ieu , p o s sed e ra i t un p o u v o ir m a g iq u e et p sych ique . C er ta in s occul- t istes co n s id e ren t q u e les sept p a ro le s de Jesus a la C ro ix son t des « P a ro le s » eso ter iques!

La « P a ro le p e rd u e » - M A T H R E M 92 selon I 'A .M .O .R .C . - est un sy m b o le e so te r iqu e . D e pu is la ch u te , l 'h u m a n i te serait a la re ­ch e rc h e de cette « P a ro le » , a la rech e rch e de la Verite ou de la C o n n a is s a n c e . D ’au tre s p e n se n t q u e la « P aro le p e rd u e » est le G r a a l 9\ ou en co re la « G r a n d e T ra d i t io n # d i te « h y p e rb o re e n n e » . L 'h o m m e , en rech e rc h an t la « P aro le p e rd u e » , p o u rra i t d e c o u v r i r le m vs te re de ses o r ig ines et, p a r la, a c c e d e r a la C o n n a i s s a n c e 94.7. La perfection et la divinite de l'hom m e

Si le salut n'est pas explici tement enseigne par I 'A.M.O.R.C. , une aut re doctrine, cel le de la perfection et de la divinisation de l 'homme, y figure en bonne place. Si la per-

89 Certes, l 'Ordre rosicrucien A.M.O.R.C. croit au Nirvana (2e m onogra­phie, 2e degre, p. 4), mais qu'est~ce que le Nirvana? La fin du non-devenir? La cessation de la souffranee? La non-existence? Un etat de beatitude? Nul ne le sait, et I'A.M.O.R.C. encore moins!

90 Ou «doctrine du salut».91 M. M., Correspondance privee, 14 avril 1983.92 Cette «Parole» signifierait Mere, Pere, Ame, Esprit, Homme. Ce mot

contiendrait «l'essence et la conscience de Dieu» (3e monographie prelimi- naire. 9C degre, p. 8).

93 Le Graal est au sens «mystique» le symbole de I'ideal spirituel chretien.1,4 N 'oublions pas que. pour les «mystiques». la Connaissance «sauve».

sonnal ite de Fame evolue et se per fect ionne de reincarnat ion en re incarnat ion, Fame, c ’est-a-dire l’homme ou le «Moi in- ter ieur», par contre est absolum ent parfaite. Quelques extraits de monographies le confi rment : «Si nos ames sont cosmi­ques, elles sont parfaites et completes a tous points de v u e 95 .» Dans une aut re monographie , nous ext rayons ces lignes: « Q u a n d nous utilisons le mot hom m e , nous voulons designer l’expression de f a m e cosmique qui est sur le plan terrestre. Et ainsi cette am e - l ’hom m e - est entierem ent infmie. Cet hom me est infini, et tout ce qui est a lui est infini. Tout ce que l’ho m m e est, est infini. Tout ce l’ho mme a est / / m 96.» La dif­ference entre ce que l ' hom me est et ce qu'il a est subtile, mais ne change en rien au fond du probleme: l 'homme est, selon I’A.M.O.R.C. , parfait! Mieux, il est Dieu! «L 'a me humaine dans son ensemble, forme le seul Dieu et l 'univers. Tout hom me possede ainsi le pouvoi r et l’essence de Dieu et il est Dieu per son ni f ie97.» Quelle funeste erreur, quelle aberration!

Quel contraste avec la Bible! Les exemples d ' ho mm es et de femmes pecheurs sauves par grace fourmillent dans la Bible. De meme, les temoignages, les affirmations ou les profes­sions de foi sont nombreux et confi rment la veracite du mes­sage bibl ique, qui est un message de salut. Dieu n ’a-t-il pas dit: «Je suis l’Eternel... je vous sauverai» (Exode 6: 6)? D a ­vid s’est eerie: «Dieu.. . est la force qui me sauve» (II Samuel 22: 3); Pierre a ecrit ces paroles: «Vous etes gardes par la foi po ur le salut... vous obtiendrez ainsi le salut de vos ames» (I Pierre 1: 5 et 9); enfin, l’au teur de I 'epitre aux Hebreux conclut : «C om m ent echapperons-nous en negligeant un si grand salut?» (Hebreux 2: 3). Et nous pourrions encore mul­t iplier les citations bibl iques qui vont dans le meme sens! Le salut, tel que la Bible I 'enseigne, est done bien une realite at- testee. Tout le souci des auteurs des livres bibl iques etait or iente vers le salut des hommes. Paral lelement, une autre preoccupat ion apparaissai t progressivement au fil des sie- cles: celle de la venue d 'un Sauveur, d 'un Messie. Si le salut etait dans I 'Ancienne Alliance une realite cachee, ce n ’est plus le cas main tenant : Jesus, le Sauveur, est venu pour ap- porter la Bonne Nouvelle du salut a I’humanite tout entiere.

95 5e monographie, 8e degre. p. 6.96 3 3e monographie, 9e degre, p. 4.97 l re monographie, 9e degre, p. 10. C ’est nous qui le soulignons.

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Le salut que nous offre Jesus-Chr ist est am pl emen t suffisant! Alors, pourquoi le chercher ai l leurs?La «theologie» de l’A.M.O.R.C.

La «theologie» et, par extension, la «christologie» de l 'A.M.O.R.C. a pour seule et unique source les ecrits du fon- da te ur de la secte rosicrucienne, Harvey Spencer Lewis. Sa pensee s’est exprimee par une l i t terature abond ant e - que l’on trouve facilement dans le commerce mais aussi, et sur ­tout , par les monographies dont il est l ' auteur, ou du moins le principal inspirateur. La «theologie» de l 'A.M.O.R.C. n'est qu 'une philosophie pr ofondem ent an t hropocent r ique et occulte: la theologie, ou e tude de Dieu fondee sur la Bible, est to talement inexistante bien que le nom de Dieu y appa- raisse assez souvent, no tam ment a part i r du 7e degre. Mais ne nous y t rompons pas: le Dieu d 'A bra ham , d ' l s aac et de J a ­cob est remplace de fa c to par une aut re concept ion de Dieu, d 'essence mystico-pantheiste. Ne perdons pas de vue, en ef­fet, que toute la phi losophie ros icrucienne de l 'A.M.O.R.C. n'est qu 'un succedane de I 'ant ique philosophie grecque et en part icul ier du Platonisme, du Pythagorisme et de la phi loso­phie de Plotin.Dieu peut-il etre appele «Cosmique»?I. «Le Dieu de leur coeur»

S'il existe chez Max Heindel une sorte de pantheisme po- lytheiste, cette idee n'est pas tout a fait par tagee par l 'A.M.O.R.C. et par le Lectorium Rosicrucianum. La d o c ­trine de Dieu est, en effet, tres variable et af freusement com- pl iquee.

La philosophie de l 'A.M.O.R.C. est f ranchement pan- theiste. Ralph M. Lewis, I'actuel Impera tor de l 'Ordre, le dit en des termes qui ne pretent pas a confus ion: «Le vrai mysti­que (rosicrucien A.M.O.R.C. , Ndr) est ca tegor iquement un pan theiste ; c ’est-a-dire que, pour lui, Dieu est dans tout, est partout. Pour le mystique, la pierre, l 'arbre, l’eclair aussi bien que l ' homme lui-meme sont de Dieu. Ces choses ne sont pas des creations de Dieu, elles sont de la nature de Dieu, 1’Es- prit Div i n98.» Plus haut, il ecrit encore a ce propos: «Si la

1,8 R. M. Lewis, Le Sanctuaire interieur, p. 32. C'est nous qui le soulignons.

matiere vient de Dieu, elle n ’a jamais ete reellement creee; elle a toujours existe. (...) Puisque l’Esprit Divin est eternel, alors ce qui est partie de Sa nature, ou les substances qui de- coulent de lui, les realites phys iques par exemple, sont, de meme, e te rne l les" .»

Bien que le panthe isme soit de regie a l’A.M.O.R.C. , Dieu est cependant , et non moins o ffic ie llem en t, appele le «Dieu de leur c o e u r » 100. Cette expression, contrai rement a ce que 1’on pourrai t penser, n'a rien d'evangelique. H. Spencer Le­wis do nne a ce sujet son explication personnel le: «Le seul chemin qui nous permette de pressentir et de comprendre Dieu, est celui qui passe par la comprehens ion interieure de notre moi psychique, et de notre moi emotif. Le Dieu de mon coeur est, a n 'en pas douter , different du Dieu de votre coeur, et du Dieu de coeur de chaque individu. Le Dieu qui se re- cree et se revele a moi, dans mon moi interieur, est le seul Dieu que je connaisse. II est le Dieu de mon coeur, aussi bien que le Dieu de l’Univers l0l.»2. Dieu ou Cosmique?

Si la definit ion de Dieu que donne l’A.M.O.R.C. n'est pas claire, la suite Test encore moins. II nous senible vital de bien saisir au depar t la difference qui existe pour l’A.M.O.R.C. entre «Dieu » et le «Cosmique». Ca r bien des chercheurs et meme des «myst iques» ont confondus les deux et leur ont at- tr ibue la meme nature et la meme fonction. Or, et nous allons le voir, c'est loin d 'etre le cas!

Si Dieu, ou plutot la comprehens ion de Dieu, se trouve en l 'homme, il n 'en est pas de meme pour le «Cosmique». Le premier Impera tor etablit une subtile dist inction: «Le Cosmi­que, d 'un aut re cote, est une conscience divine ou une conscience supreme composee de lois, de regies et d 'ordon- nances. Ce n ’est pas un legislateur, mais il est l ' ensemble des decrets ecrits et etablis par le legislateur de l’univers. Ce n’est pas le createur, mais le processus par lequel les lois et les principes du createur sont accomplis. Ce n'est pas Dieu, mais

99 R. M. Lewis, ibid., p. 32. C'est nous qui le soulignons.100 Parmi les autres expressions similaires, relevons: «Createur supreme»,

«Dieu de tous les dieux», «Createur de l'incree», etc.101 H. S. Lewis, Essais d'un mystique moderne, p. 15. C'est nous qui le sou­

lignons.

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la conscience de Dieu qui s 'e tend dans tout l 'univers, comme un pouvoir de I 'esprit operant et realisant les desirs de Dieu l02.

Si le Cosmique n ’est pas Dieu, qui est-il? La encore, H. S. Lewis nous donne sa propre def ini t ion: «Au commencement , quand Dieu crea tout ce qui existe, il etablit certaines regies, certaines lois et certains pr inc ipes qui const i tuent le proces­sus et les methodes mis en action po ur le fonct ionnement sys- tematique et impersonnel de l 'univers. Ces principes, ces re­gies, et ces processus const i tuent le Cosmique, et s ’ils sont lies a Dieu, iIs ne sont pas D i e u 103.» Une aut re explication du nom 104 «C osm iq ue » nous est donn ee par le M anuel Rosi­crucien: Je «C os m iq ue » serait une ^intell igence infinie, pe n e ­trant toutes choses; force creatrice de l’univers. C ’est une source intangible et illimitee d 'ou s ' i rradient les pouvoirs constructifs de l 'univers. Le Cosmique n ’est done pas un lieu, mais un etat ou condi t ion d 'o rdre et de p e r m a n e n c e » l05. Raymond Bernard precise en des termes clairs la definit ion du mot «C os m iq ue »: «C 'es t toute cette creation visible et in­visible incluant l 'homme.. . et ce sont, par consequent aussi, les lois universelles et naturelles, que I 'ordre rosicrucien A.M.O.R.C. designe sous le nom unique de cosmique 106.»

Le Cosmique serait I 'ensemble de toutes les lois qui regis- sent l 'univers, ou. plus exac tement , la loi cosmique (resul- tante de toutes les lois connues ou non) qui aurait pour co- rollaire I 'unite de l 'univers de son equilibre. Le Cosmique est done une loi, intell igente en el le-meme. «Elle est la premiere manifestat ion de Dieu, la creation originelle et elle conserve l’emprein te de la pensee de son createur. (...) On pourrai t dire qu 'e m ana n t de Dieu, cette loi est a Son image I07.» Ainsi le Cosmique, a I’inverse du createur, serait le cree, ou plutot I’ensemble des lois etablies par Dieu. Le Cosmique serait done l ' applicat ion pra tique des lois divines. C ’est ce qu'af- firme en tout cas H. S. Lewis: « N o u s avons done (...) deux pouvoirs de decision et de gouvernement . L’un serait le

lu2 H. S. Lewis, ibid., pp. 15-16. C'est nous qui le soulignons.103 H. S. Lewis, ibid., p. 16.104 «Cosmique» est un adjectif et non pas un nom: eependant

l’A.M.O.R.C. utilise ce terrne comme un substantif.105 H. S. Lewis et R. Bernard, Manuel Rosicrucien. p. 244.106 R. Bernard. Nouveaux messages du sanctum celeste, p. 35.I0'’ R. Bernard, ibid.. p. 36.

Seigneur lui-meme, souverain absolu au-dessus de tout, l’aut re serait les lois etablies et le processus oeuvrant sans aucune modif icat ion ni partialite, et appliquant les ideaux de Dieu l08...» Cela devient de plus en plus clair: d ’un cote il y a Dieu, l’«Inconnaissable» et, de l’autre, il y a le Cosmique. Autrement dit, Dieu le tout -puissant a delegue ses pouvoirs a un genre de subalterne, responsable de l’applicat ion des lois et... des pe ine s! 109 II y a done , q u ’on le veuille ou non, une d ichotomie evidente entre le Dieu «a imant» et le Cosmique.

Le role du Cosmique est bien defini par rappor t a celui de Dieu. II n ’y a pas d ' interference entre les fonct ions de l 'un et de l 'autre. Tandis que Faction de Dieu se limite a la co m m u ­nion et a la priere, le Cosmique , lui, a une tache a la fois vaste et precise qui est celle de «toutes les affaires ordi- naires» (sic) de la vie. En d ’autres termes, a Dieu le secteur spirituel et au Co smique le secteur pratique! Si done le rosi­crucien recevait une «benedict ion exceptionnelle», elle po u r ­rait provenir, soit de Dieu, ceci en vertu d ’une reponse a ses prieres, soit du Cosmique comm e une compensat ion automa- tique liee au m e r i t e 110! Des lors, le rosicrucien A.M.O.R.C. ne desire plus q u ’une seule chose: etre agreable au Co smi­que. Tous les efforts et toutes les pensees de l’ho mme tendent vers un seul et meme but, celui de son evolution personnelle. Ainsi, le role du Cosmique , veritable media teur entre Dieu et l 'homme, appara i t d 'u n e impor tance capitale pour le candi ­da t rosicrucien A.M.O.R.C.

108 H. S. Lewis, Essais d un mystique moderne, p. 18. C ’est nous qui le sou­lignons.

I0<> Dieu est considere comme le «Pere aimant» qui «pardonne sans cesse» et on peut trouver aupres de lui paix et reconfort: le Cosmique, par contre, est charge de la «dispensation» des benedictions de Dieu et plus en­core de la reprimande. H. S. Lewis n'ecrit-il pas: « S'ils (les hommes) des- obeissent aux regies du Cosmique, ils s'infligent automatiquement une repri­mande, ou recevront un avis sous la forme d 'une souffrance, ou tout autre­ment, afin que leur attention soit attiree sur les erreurs commises. (H. S. Lewis, ibid., p. 18.)

110 La doctr ine de la compensation est celle du Karma. Chaque action, bonne ou mauvaise, est enregistree dans les «archives du Cosmique» qui, au moment voulu. peut accorder ses «benedictions» compensatrices ou, dans le cas contraire, ses retributions. Les «archives du Cosmique» sont 1’equivalent rosicrucien des ^archives akashiques» qui contiendraient le savoir universel. Elles ne doivent etre en aucun cas confondues avec le «Livre de Vie» dont nous parle I’auteur de l’Apocalypse.

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3. Dieu est impersonnelLe disciple rosicrucien de I’A.M.O.R.C. , ou tout s imple­

ment le «chercheur» , se trouve place des le debut de son affi­liation devant une affirmation po ur le moins claire et precise: Dieu est impersonnel . Ralph M. Lewis le dit en des termes qui ne pretent pas a ambigu'fte: «Le mystique ne peut accep­ter un Dieu personnel Ml.» Les propos abrupts de f lm p e r a t o r sont confi rmes implici tement par l’enseignement des mono- graphies. Nous lisons en effet ces lignes qui prouvent que la philosophie de I’A.M.O.R.C. est bel et bien ant i-chret ienne: «Dieu est absolument impersonnel en tout ce q u ’il fait et en tout ce q u ’il a fait. Rien n ’est po ur lui-meme, mais tout est pour t o u s ll2.» Si Dieu etait un etre personnel , il serait, to u ­jours si 1’on en croit la meme pensee, un etre egoi’ste! «Pen- sez a ce que serait le Mo nd e si le Dieu de l’univers etait per ­sonnel . egoiste et se rapportai t tout a l u i 113.» Dans la m o n o ­graphie suivante, il est ecrit que «le Cosmique est d 'origine divine, q u ’il represente 1’essence divine qui existe dans tout l ' un iv e r sm .» L’aspect impersonnel de Dieu appara i t nette- ment en ce sens que «C osm iq ue » n ’est qu 'u ne «essence d i ­vine#, et non pas une personne a part entiere.

Le caractere impersonnel de Dieu, t imidement annonce dans les premieres monographies , appara i t soudainement dans toute sa force au 8e degre s e u l e m e n t l15. Les candidats de ce degre, eux, savent a quoi s’en tenir: «L 'un des points peut-etre sur lequel tous les rosicruciens sont universellement d ’accord, c ’est q u ’il est im personnel . (...) Dieu etant la cause premiere, la premiere expression, le commencement , ne pourrai t etre en aucune fa^on un etre p e r s o n n e l116...# Plus loin, l’auteur de cette monograph ie explicite l ' impersonnali te de Dieu: «Dieu doit necessai rement etre un pouvoir, une in­

111 R. M. Lewis, Le sanctuaire interieur, p. 30.112 2e monographie . 2e degre neophyte , p. 5.1.3 ibid., p. 5.1.4 3e monographie , 2e degre neophyte , p. 8.115 La pedagogie de I'A.M.O.R.C. est subtile a plus d 'un titre: sous le cou-

vert (ou le pretexte) de la «Maitrise dc soi», on etudie d 'abord la philoso­phie (rosicrucienne, bien entendu), ensuite la metaphysique occulte et l'on- tologie pour aboutir finalement a la «theologie». Difficile de croire, apres cela. que I'A.M.O.R.C. n 'a «aucune portee sectaire ou religieuse».

116 l re monographie. 8C degre, p. 5. C ’est nous qui le soulignons.

tel ligence infinie et immaterielle, de la nature vibratoire la plus subtile et la plus pure, pu is qu’il est la force premiere qui a cree toutes les autres forces et toutes les autres energies. Nous devons, par consequent , percevoir et apprecier ce p o u ­voir infini par un moyen sympath ique et harmonique pour la reception et la percept ion de vibrations si d i f fe ren tes117.# Ainsi, le Dieu des rosicruciens se reduit en une force, une energie ou, plus exac tement, a des vibrat ions; Dieu n ’est pas une personne, il n ’est plus qu 'u ne ((intelligence# et un «pou- voir# impersonnel ; Dieu n ’agit pas di rectement dans le coeur de l’ho m me par son esprit, mais son action consiste seule­ment en des «em anat ions originales de Dieu#.4. Dieu peu t-il etre connu ?

Le rosicrucien peut-il connai tre Dieu? La reponse pourrai t etre do nnee tres rapidement : elle serait f ranchement nega­tive. Cepend an t il ne faut pas mesest imer l’ep is t emologi e118 ros icrucienne de I’A.M.O.R.C. Car les enseignements offi­cials de l 'Ordre af firment mordicus qu'il est possible de connait re Dieu. meme si celui-ci est impersonnel ! Nous li­sons dans le meme texte ces lignes pour le moins significa- tives: « N o u s connaissons notre Dieu, notre Dieu rosicrucien, par ce qu' i l cree, par ce qu ' i l fait, par Ses manifestat ions. Nous pouvons percevoir Dieu par les moyens occultes, se­crets, immateriels qu' i l nous r eve le 119.# On ne peut etre plus concis: l 'occult isme est bel et bien le moyen de la pretendue connaissance de Dieu des ros icr uc i ens120.

L 'ep is te m o lo g ie ch re t ien n e est 1'une des b ra n c h es les plus rnecon- nu es de la theo lo g ie ; elle au ra i t t e n d a n c e a etre ra t tac h ee a la p h i lo ­so ph ie , plus e x ac tem en t a la « p h i lo s o p h ie de la c o n n a is s a n c e # (pa r c o m p le m e n ta r i te a la p h i lo so p h ie de Taction ou de la morale) . Rares son t les theo log iens ou les philosophies ch re t iens qui ont a b o rd e ce vaste d o m a in e q u ’est l’e p i s t e m o lo g ie 1-1. C e p e n d a n t . elle

117 ibid., p. 6.l,KTheorie de la connaissance.119 ibid., pp. 5-6. C'est nous qui le soulignons.120 Pourquoi faut-il attendre le 8C degre pour savoir de tel les choses? Peut-

etre parce que le candidal est alors assez impregne de la philosophie rosicru­cienne pour accepter l’inacceptable!

121 Parmi ceux qui ont etudie la question, citons F. A. Schaeffer, Dieu ni silencieux ni loin lain. Editions Telos; C. Van Til, Theory o f Knowledge: R. J. Rushdoony, etc.

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est. selon nous, a b so lu m e n t in d isp e n sa b le . C a r no tre foi est basee su r la c o n n a is san c e q u e nous av o n s de D ieu et de Jesus-C hris t . Elle n 'e s t pas une c o n n a is s a n c e in te l lec tue l le - c o m m e c 'est le cas d a n s la p h i lo so p h ie g recq u e ou d a n s la te c h n iq u e sc ien tif iqu e m o d e rn e , ni m e m e u ne c o n n a is san c e ex isten t ie l le et em p ir iq u e . En fait, si Ton ref lech it bien, il y a les de ux a la fois! A la co n n a is s a n c e « g rec q u e » - o bse rv a t io n et savo ir - s 'a jo u te la c o n n a is s a n c e de type « he b ra i- q u e » , c 'e s t-a -d ire la ren c o n tre p e rso n n e l le , la p a r t ic ipa t io n . Ainsi, la c o n n a is s a n c e se lon la Bible, est-elle simultanement une m a n ife s ta ­t ion de I 'in te ll igence, regeneree p a r le S a in t-E spr i t . et une m a n ife s ­ta t io n ex isten tie lle . C a r no tre vie terres tre , l im itee p a r le tem p s , est co n s ta m m e n t p o n c tu e e p a r to u te s sor tes d 'e v e n e m e n ts c o m m e la s o u f f ra n c e et la m a lad ie .

F in a le m e n t , n o u s p o u v o n s d ire q u e la c o n n a is sa n ce est le resu lta t de la reve la t ion . Dieu. p a r le m o y e n de 1 'incarnation de Jesus- C hris t , s 'es t fait c o n n a i t re au x hon im es . Ainsi, celui qui c o n n a i t J e ­sus, le Seigneur, co n n a i t aussi D ieu! Or, c 'es t p a r la Parole seu le et p a r so n Esprit q u e l 'on peu t c o n n a i t r e Dieu. En d e h o rs de cela, la v ra ie co nn a is san ce , celle qui sauve , n 'ex is te p o u r ainsi d ire pas. En effet, n 'o u b l io n s pas q u e la c o n n a i s s a n c e est p a r de fin i t ion objective, p u isq u e b a see su r une reali te et u n e verite s i tuees ex te r ieu rem e n t a n o u s -m e m e s ; ce n 'es t pas u n e c o n n a i s s a n c e in i t ia t ique , c 'e s t-a -d ire la p o ssess io n de facu ltes p sy ch iq u es sup e r ie u re s a la ra ison. L’illu- m in a t io n « m y s t iq u e» , p lus ex ac te m e n t occultis te . n 'es t pas la co n n a is s a n c e et en co re m oins la foi (la n o t io n de D ieu se t rouve re ­d u i te a celle de l’ho m m e) . N o u s sa is issons d o n e la d if fe ren ce : la c o n n a is s a n c e revelee, celle de C hr is t , s 'o p p o s e ca teg o r iq u em en t a la c o n n a is san c e in i t ia t ique qui est celle de l 'h o m m e , ou , en d 'a u t r e s te rm es, la foi s 'o p p o s e a 1'initiation. En e n c h a in a n t , nou s p o u v o n s aftlrmer qu'il est p oss ib le d e connaitre Dieu du fait q u ’il s ’est revele au x h om ines en Jesus-C hr is t . L ’a p o t re J ean , le d isc ip le in t im e de J e ­sus, n 'a-t-il pas ecrit ces p a ro les ad m ira b le s : « P e rs o n n e n ’a ja m a is vu D ie u ; le Fils un iq u e , qui est d a n s le sein du Pere, est celui qui Pa fait c o n n a i t re » (Jean 1: 18).

Dieu s ’est fait connai tre a Phumani t e dans la personne de Jesus-Christ . Tout chretien digne de ce nom peut temoigner de la realite immuable que Dieu est vivant et que sa presence en nous comme aut ou r de nous n'est pas une utopie. II n 'en est pas de meme pour les rosicruciens A.M.O.R.C. qui, d ’une part, pretendent connai tre Dieu et, d ’autre part, soutiennent q u ’il n'est pas encore connu! Cet te contradict ion, une de plus, est la consequence logique d 'un enseignement incoh e­rent. Pour se faire tout a tous, l 'A.M.O.R.C. n'aff irme, en

principe, rien! Ses enseignements ne sont que des proposi­tions, et chacun des membres est libre, du moins est-il cense I’etre, de les accepter ou de les refuser. Tel est le cas de la no ­tion du nom de Dieu. Le Dieu de la Rose-Croix A.M.O.R.C. est-il celui de Jesus-Christ , des chret iens? Notre reponse, ou plutot celle de l 'Ordre, sera celle d'un.. . Norm and! En effet, force est de cons ta ter que 1’ambiguTte est le caractere propre de toute la «doct r ine» rosicrucienne de l’A.M.O.R.C.: le «Dieu », version A.M.O.R.C. , peut etre con£u a toutes les sauces! Le M anuel Rosicrucien est sur ce point tres explicite: «... Pexpression «Dieu de nos coeurs» (...) designe, pour ch a ­cun, le Dieu qu'il peut concevoir, comprendre ou admettre, et, a l 'extreme, pour certains membres, le «Dieu de leur coeur» est la part d ’inconnu dans le monde ou l 'univers l22...» Le «Dieu de nos coeurs», pieuse m ais t rompeuse expression, ne signifie absolument rien de spirituel. C'est une tres belle expression passe-partout qui permet toutes les interpreta­tions, serieuses ou fantaisistes, au gre de chacun!

Mais, et ce «mais» est de tail le, le «Dieu de nos coeurs» n ’est-il pas en realite situe en l ' homme? Le M anuel Rosicru­cien est d ' un e discret ion exempla ire sur cette brulante ques­t ion; par contre, une monographie du 8e degre est, de loin, par fai tement claire a propos de Pexpression «Dieu de nos coeurs»: « C ’est le seul Dieu que nous connaissons. On peut le trouver dans les eglises comme dans les champs, les tem­ples, les automobi les et les wagons, les montagnes et les val- lees, mais, pour nous, Dieu est le Dieu que nous compre- nons, le Dieu de notre amour , le Dieu que nous percevons in- t imement , une partie de nous-memes , le Dieu qui est en nous 12J.» Ainsi, le seul «Dieu » que les rosicruciens connais- sent est celui «de leur comprehens ion interieure, de leur en- tendement , de leur moi interieur». II ne s'agit pas, dans ce cas precis, d ' un e connaissance objective, mais d 'un e com pre­hension subjective de Dieu. Le rosicrucien ne connai t pas Dieu, il cherche a le comprendre , a le rendre accessible a l 'homme.

Bien que le «Dieu de nos coeurs» se niche en chaque rosi­crucien, il n'en demeure pas moins que le mystere de Dieu

122 H. S. Lewis et R. Bernard, Manuel Rosicrucien. p. 245.123 12c monographie . 8e degre, p. 2. C'est nous qui le soulignons.

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n'est pas pour autant resolu! Nous ext rayons d ’une m on ogra ­phic ces savoureux passages: « N o u s sommes informes (sic) par maints passages de la Bible, que Dieu n ’est pas encore venu, que Dieu n ’est pas encore connu, et cela est vrai . Le Dieu que nous comprenons , et dont nous avons conscience auj ourd 'hui , ne sera pas le Dieu de l’annee prochaine, car Dieu evolue a mesure q u ’evolue la conscience de l’h o m m e 124. Notez bien: «Dieu n ’est pas venu, n'est pas con nu .» Deux verites bibliques, fondamenta les , volontai rement rejetees. No us ecrivons bien «volonta irement» , car il nous parait bien difficile de ne pas admet t re que la Bible tout entiere est cen- tree sur la venue de Jesus-Christ , le Fils de Dieu, et sur la connaissance de Dieu revelee a tous les hommes. Paul ecri- vait: «...Jesus-Christ , lequel, existant en forme de Dieu, (...) s'est depouil le lui-meme, en prenant une forme de serviteur» (Phil ippiens 2: 6-7) et, par ailleurs, il ajoute: «C'est par reve­lat ion que j ’ai eu connaissance du mystere... Ce mystere, c'est que les pai'ens sont coheritiers, forment un meme corps, et par ticipent a la meme promesse. . .» (Ephesiens 3: 3 et 6). Dieu, en Jesus-Christ , est venu sur cette terre et s ’est fait connal t re a tous les homines, juifs et paiens. Alors, pretendre le contraire comme le font les rosicruciens, c'est tout simple- ment faux! Faux egalement qu and ils soutiennent que «Dieu evolue». N ’est-il pas ecrit dans la Parole de Dieu que «Dieu ne change pas» (Malachie 3: 6) et q u ’« i 1 n'y a chez lui ni changement ni ombre de var iat ion» (Jacques 1: 17)?

Ainsi done, la t ranscendance et l’immuabil i te de Dieu sont, po ur la Rose-Croix, desintegrees. Selon la 2e m on ogra ­phie du 10e degre, p. 5, le «veri table» nom de Dieu qui fut re- vele a Moi'se n ’etait pas YHVH, mais « N U K - P A - N U K » ! (en egyptien, cela signifierait : «Je suis celui qui est»...). Par ail­leurs, il est ecrit: «S'il n'y avait qu 'u n Dieu unique pour tout l 'univers, et s’il etait responsable des bonnes choses aussi bien que des mauvaises, alors il devait etre un Dieu facile a contenter et tout aussi facile a mecontenter . Si ce Dieu eter- nel pouvait provoquer la des truct ion, la tristesse, le chagrin et la douleur aussi bien que creer de belles choses et donn er la vie, le soleil et le bonheur , il devait etre un Dieu qui est parfois heureux et parfois malheureux ; il devait avoir ses rai­

124 3e monographie. 9e degre, p. 6. C ’esl nous qui le soulignons.

sons pour etre tantot d ’une certaine humeur , tantot d ’une aut re et des raisons po ur ses differentes expressions de b o n ­heur et de malheur . C ’est la cer tainement un raisonnement primitif, acceptable a des primitifs l25...»

L 'A .M .O .R .C . ense ig ne en co re q u e I’Etre su p re m e por tera i t un au tre nom d iv in : D ieu , en p lus de N U K - P A - N U K , s 'ap p e l le ra i t R A -M A . « L 'e t re su p rem e , lit-on d a ns la m em e m o n o g ra p h ie , avait et a to u jo u rs une vo lo n te su p re m e , une v o lo n te q u e nou s ap p e lo n s Ra. (...) M ais I 'E tre s u p re m e p o ssed e aussi la c o n n a is san ce , la c o m ­p re h e n s io n . l ' e n te n d e m e n t et la receptiv ite de la pensee (...). C ette co n sc ien c e recep tive nou s 1'avons n o m m e e M A et M A d e sign e la c o n ce p t io n , la rece p t io n et le d e v e lo p p e m e m de la force, l 'e lem ent no u rr ic ie r et m a terne l de tou t ce q u e p ro d u i t R a 126.» R A -M A , qui sera it un m ot tres anc ien , est co n s id e re p a r les h au ts inities de l 'A .M .O .R .C . c o m m e le « m o t c a c h e » 127. Ce mot, d ’orig ine egyp- t ien ne , ex p l iq ue ra i t les d eu x n a tu re s de Dieu. T o u jo u rs d a n s le m em e texte, nou s c itons ce passage : « Selon n o tre c o m p reh e n s io n ( ro s ic ru c ien n e N .d .R .) , 1'Etre s u p re m e est d o n e d e u x sexes, a la fois Pere et M ere , Ra est l’e le m en t pere , M a l 'e lem en t mere . Par leur un io n , lo rsqu 'i ls so n t am en e s a une re la t ion co nsc ien te , la c rea t ion c o m m e n c e 128. Ainsi d o n e , selon l 'A .M .O .R .C ., D ieu serait a la fois pe re et mere.. . La. a u c u n d o u te possib le , du m oins p o u r n o u s : la « com p r e h e n s io n » ro s ic ru c ien n e est d 'o r d r e subjec tif . N ulle part , en effet, la Paro le de Dieu a f f i rm e q u e Dieu p o ssed e ra i t les deux sexes. C o m m e tous les a u tre s c o u ra n ts m ys tiques, la R ose-C ro ix , et plus p a r t ic u l ie re m e n t l 'A .M .O .R .C ., est in f luen eee p a r les religions pai 'ennes, n o ta m m e n t I’Egypte , et aussi p a r la ph i lo so p h ie g recque. Au D ie u -m a le c o r re s p o n d u ne deesse femelle . La Bible c o n d a m n e ex p l ic i tem en t u ne telle pensee , Dieu n 'e ta n t ni m a le ni femelle, mais le D ieu c re a teu r qui est au -d essus de tou tes les crea tures .5. Dieu, un etre lim ite?

Finalement , le Dieu de l 'A.M.O.R.C. n ’est plus qu 'u n etre limite, soumis aux contraintes des lois q u ’il aurait lui-meme creees! Le Dieu infini, omnipresent , omnipotent et omnis­cient se trouve reduit a une espece de «dieu» au rabais. En effet, si Ton en croit toujours I 'enseignement des monogra-

'-3 46e monographie , 10e degre. p. 2.126 7e monographie , 9e degre, p. 2.I2' Ce mot serait a la base de tous les autres mots et il devrait etre «en-

ferme» dans le coeur el dans l'ame!128 ibid., p. 3.

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phies, Dieu. le «crea teur» de l 'univers et des lois, serait 1 ui- meme soumis aux lois! Autrement dit, Dieu, le legislateur, et les lois sont places sur le meme pied. «Les lois que Dieu a creees ne peuvent pas etre changees - elles sont immuables - et Dieu, la Conscience divine, la Consc ience cosmique est soumis a ces memes lo is 129.» Le passage cite nous prouve une fois de plus combien la doct rine rosicrucienne de l 'A.M.O.R.C. est erronee. C ar Dieu, le tout-puissant, le mai- tre des cieux et de l 'univers, le c reateur de toutes choses, peut-il etre pr isonnier de ses propres lois? N ’aurait-il pas la force et les moyens de les changer , de les abroger? N'est-il pas le maitre absolu de toutes les lois? L’A.M.O.R.C. semble ignorer que Dieu, et Jesus-Christ , di sposent l ibrement de toute la creation de meme de toutes les creatures ainsi que de toutes les lois. L'apot re Paul abond ai t dans le meme sens lorsqu'il ecrivait ces lignes admirables de luddi te : «C ar en Christ ont ete creees toutes choses qui sont dans les cieux et sur la terre, les visibles et les invisibles, trones, dignites, d o ­minations , autorites. Tout a ete cree par lui et pour 1 u i» (Co- lossiens 1: 16). Christ est do ne l ' agent de la creation et la creat ion fut le but de Christ.

Si done , Jesus est l ' auteur de tout, il peut aussi a son gre modifier ou meme suspendre une loi. Le sabbat, par exem- ple, illustre par fai tement le pouvoi r que Jesus a sur la c rea­t ion et, par consequent , sur les l o i s 130. Les declarat ions de Christ sont sur ce point fort explicites: «Le sabbat a ete fait pour l 'homme, et non l 'homm e pour le sabbat , de sorte que le Fils de l 'homme est maitre meme du sabbat» (Marc 2: 27-28). Le sabbat est une loi de Dieu (c’est le quat r ieme com- m an d em en t du decalogue), il etait fixe au dernier jo ur de la semaine; cependant, les premiers chretiens opteront pour le premier jo ur de la semaine, j o u r de la resurrection du Sei­gneur, comme jour du repos. Les Ecri tures nous montrent le

120 36° monographie . 9e degre. p. 6. Les inols «Dieu», «Conscience di-vine» et ((Conscience cosmique» sont. du point de vue de l'A.M.O.R.C., sy-nonvmes. Ces termes designent la ((conscience qui penetre tout I’espace et,par consequent, toutes choses et qui possede la vitalite, le pouvoir construc-tif et I'intelligence universelle» ( Manuel Rosicrucien. p. 243).

130 Nous d em o n s bien « les Iois» et non pas «la lo i». Car nous croyonsque la loi de Dieu - la loi morale - qui est une loi d 'amour, est eternelle tan-dis que les lois terrestres seront abolies lorsque le Christ etablira le Royaumeeternel de Dieu.

cheminement suivi par les disciples durant cette per iode de transi t ion: du samedi (Actes 13: 14; 16: 13; 17: 2; 18: 4) au d imanche (Actes 20: 7; 1 Corinthiens 16: 2; Apocalypse I: 10). Nous pourrions citer bien d ’autres exemples ou Dieu a suspendu pour un temps, et meme pour toujours, une loi. Les miracles ne sont-ils pas des preuves que Dieu est bien le mai­tre des elements de la na ture? Co m m en t expliquer logique- ment la traversee de la mer Rouge ou du Jou rdain? la tem- pete apa isee? la mul tipl icat ion des pains? Un aut re cas, plus f rappant , nous est rappor te par Josue: le soleil - et la lune - arreterent leur course pour que le j o u r se prolongeat et que les ennemis de Josue fussent battus. Quelle que soil l’inter- pretat ion que I'on do nn e a ce passage (Josue 10: 12-15), il semble evident qu'il se soit passe ce jour-la un phenomene surnaturel , inexplicable, qui eut pour consequence premiere la prolongat ion d ’une journee . Mais tout compte fait, n 'avons-nous pas la une il lustration du pouvoi r illimite de Dieu?

Bien que l’A.M.O.R.C. affirrne que, si les lois ne changent pas, les mani festat ions de ces lois, elles, changent selon les circonstances 131, le fond du probleine reste le meme, a savoir que Dieu est, pour le disciple rosicrucien A.M.O.R.C. , un etre limite. Une autre preuve nous est appor tee par une autre monographie qui affirme ni plus ni moins que « l 'homme re- cree Dieu dans sa consc ience)) l32! Le Dieu infini se trouve ainsi reduit a l’echelle de la conscience humaine . Pour etre plus precis, le meme texte demontre implici tement que Dieu n ’est pas une personne inherente a l 'homme, mais qu'il est a la fois empir ique et impersonnel . N'est-il pas ecrit que «Dieu est une exper ience»? Autrement dit, l’ho mme par le moyen d ’une experience psychique ou occulte, aurait la pretention de recreer Dieu en lui! L'A.M.O.R.C. , c'est le moins qu 'on puisse dire, renverse les roles. Dieu en l 'homme ou l 'homme- dieu. Cette proposi t ion, si aber rante soit-elle, se trouvera confi rmee lorsque nous trai terons la psychologie rosicru­cienne de l 'A.M.O.R.C. En at tendant , cons ta tons que la «theologie» rosicrucienne ne vise qu 'un seul but: celui de ra- baisser la grandeur de Dieu, mais aussi glorifier celle de

131 ibid., pp. 1-2.,3:! 24e monographie , 9e degre, p. 6.

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l’homme. II nous appara i t tres difficile, apres cela, de croire que Ton peut etre a la fois rosicrucien et chretien...Un Christ defigure

H. Spencer Lewis est 1'auteur d ’un livre scandaleux sur la vie du Christ intitule La Vie m ystique de Jesus. Cet ouvrage, paru en 1929, avait declenche en son temps un tolle, bien comprehensib le d'ai l leurs, dans les milieux chretiens, catho- liques en particulier. Le fondateur de I’A.M.O.R.C. avait, en effet, p ropose une autre version de la vie de Jesus, tel lement deformee et absurde , que celui-ci s’etait attire de violents re- proches, meme de la part des membres pour tant fideles a l 'Ordre.

Pour H. Spencer Lewis, la vie de Jesus telle que les Evan- giles la relatent, est sujette a caut ion. II croit, en effet, que la Bible n'est pas la verite car celle-ci est voilee ou erronee. Seules les «archives» ros icruciennes ent reposees a San Jose ou ailleurs seraient dignes de foi. II ecrit a ce sujet: « Apres des annees d 'e tudes et de recherches approfondies, allant ju s q u ’a visiter moi-meme les sanctua ires et les lieux mysti­ques d 'Europe , de Palestine et d 'Egypte , je ne suis pas encore en mesure de dire si les Peres de l 'Eglise ont eu tort ou raison d ’autor iser la publ icat ion d ’une vie de Jesus incomplete, en partie er ronee et cons iderablement voilee, telle q u ’elle nous est donn ee dans la Bible ehret ienne 133.»

L'autori te de la Bible mise de cote, une autre source d' ins- pi rat ion va s ’imposer. C'est ce q u ’affirme H. S. Lewis en des termes qui ne peuvent etre plus c la i rs : «Les archives ros icru­ciennes, reparties en divers pays, possedent les documents des Esseniens, des Nazareens et des Nazarites aussi bien que les documents, au grand comple t, de la G rand e Fraternite Blanche au Tibet, aux Indes et en Egypte, et elles ont to u ­jours ete des sources de savoir pour le chercheur sincere qui veut penet rer l 'histoire de tous les Avatars et tout particulie- rement l 'histoire de Jesus. C'est a cette source digne de foique I 'auteur a puise les faits contenus dans ce livre l34...»

Ainsi done, des «d ocuments» apocryphes ont plus de va- leur que la Bible, parole inspiree de Dieu. N'est-ce pas le

133 H. S. Lewis, La Vie mystique de Jesus, p. 1 1. C'est nous qui le souli­gnons.

134 H. S. Lewis, ibid., p. 14. C'est nous qui le soulignons.

signe caracterist ique des mouvements religieux sectaires ? Kurt Hutten, dans un remarquable petit ouvrage, ecrivait non sans raison : « I 1 faut en conclure q u ’a chaque fois qu 'u ne secte eleve de sa propre autorite un livre a la dignite scripturaire, elle fait violence a la parole de Dieu. (...) Dieu n ’a plus le droit de parler desormais comme il a parle dans l’Ecriture, mais il doit parler de la maniere que la secte juge correcte. La parole de Dieu est assujettie dans sa majeste, elle est mise au pas et domest iquee . Encore une fois nous constatons comment la Gloria sectae t r iomphe de la Gloria D ei'i5.»1. Jesus: un A vatar!

L’auteur de La Vie m ystique de Jesus affirme se baser sur des «docume nts esseniens, t ibetains, egyptiens et hindous, mais aussi des Peres de l’Eglise, des juifs et des patens! Le but de la demarche du fond ateur de I’A.M.O.R.C. est de montrer que Jesus etait un «Rose-Croix» , le plus grand des inities et que son origine n ’etait pas divine, ni meme juive, mais a ryenne! Nous lisons ces lignes pour le moins aber- rantes: « Jesus est ne de parents gentils; le sang aryen coulait dans leurs veines tandis que leur coeur et leur esprit etaient penetres par l ' enseignement de la Fraternite Essenienne; de plus, ils avaient re£u le privilege des enseignements secrets de la Grand e Fraternite Blanche. Telle est la verite simple et precise (sic) qui decoule de toutes les archives rosicru­ciennes 136.»

H. Spencer Lewis poursui t son oeuvre de demoli t ion et, au chapit re suivant, il ecrit que «Jesus ne fut pas le premier G r an d Maitre, Avatar ou Fils de Dieu a «naitre d 'une v i er g e» ,37. Jesus, a I’instar de Krishna, de Bouddha, d ’Horus, de Zoroast re, de Platon, etc., serait un «Avatar».

135 K. Hutten, Le monde spirituel des sectaires, pp. 85-86. Delachaux et Niestle, 1965.

,3fc H. S. Lewis, La Vie mystique de Jesus, p. 41. Une fois de plus, le pre­mier Imperator de I’A.M.O.R.C. fait etat d '«archives rosicruciennes» et. de nouveau, nous nous posons la question de savoir si ces «archives» sont a la disposition des chercheurs et du grand public.

137 H. S. Lewis, ibid., p. 56.

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Le m ot « A v a ta r» , A vatarutn sanskr i t , s ignif ie l i t te ra lem en t «des- cen te» . C 'e s t un te rm e spec if iqu e a l 'H in d o u is m e et il s ’a p p l iq u e es- sen t ie l lem en t aux n e u f in c a rn a t io n s d u D ieu Vishnu tel les q ue nous les re t ro u v o n s d a n s les livres b r a h m a n iq u e s des Parana. A u tre m en t dit, le m ot « A v a ta r» peu t s ’e m p lo y e r a p ro p o s d 'u n e in c a rn a t io n - ou r e in c a rn a t io n - d 'u n D ieu , d 'u n « M a i t r e » ne d ’une fem m e seule- m en t ou en core ne « san s p a re n ts» !

H. Spencer Lewis accepte et croit a la concept ion virginale de Jesus parce q u ’il admet egalement que tous les A vatars precedents l’aura ient ete aussi. H. Spencer Lewis le dit en des termes qui ne pretent pas a equivoque: «Aussi les Ros icru­ciens et les mystiques ayant atteint un haut degre d e v o lu t i on spiri tuelle acceptent volontiers et en toute connaissance de cause I ' immaculee concept ion de Jesus ; ils n ’y voient aucune violation des lois naturelles ou spirituelles... (...) 11 n ’y a q u ’un seul poin t sur lequel les Rosicruciens et les mystiques or ien taux ne peuvent accepter les idees professees par les 11- deles classiques (sic) de l’eglise ehret ienne et c'est le caractere unique de la concept ion et de la naissance du maitre Jesus. Les doctr ines chret iennes enseignent que Jesus a ete le seul Fils engendre de Dieu et le seul exemple ou le verbe s'est fait chai r et ou Dieu a envoye sur terre un Fils divin pour rache- ter le monde. Les Rosicruciens com prennent que Jesus ne fut pas le premier ni le seul, mais le dernier et le plus grand de tous les Messagers Divins con^us de cette maniere et nes sur terre 138.»

Les af firmations de H. S. Lewis sont en totale cont radic­tion avec les enseignements de la Bible. Nulle part, en effet, Jesus, le Fils de Dieu, n ’est decrit comme etant le dernier Avatar. Par contre, les recits neo-tes tamentaires qui montrent que Jesus est bien le Fils unique de Dieu sont a la fois nom- breux et explicites. Les paroles memes du Christ en sont la meil leure preuve: a la quest ion du sanhedr in «Tu es done le Fils de Dieu», Jesus leur repon d sans l 'ombre d 'un doute : «Vous dites bien, Je le suis» (Luc 22: 70). Pierre lui-meme confesse la divinite de Christ : «Tu es le Christ , le Fils du Dieu vivant» (Matthieu 16: 16). Apres la mort de Jesus, le centur ion, lui aussi, reconnait son caractere unique: «Vrai- ment , cet homme etait le Fils de Dieu» (Marc 15: 39). L'apo-

138 H. S. Lewis, ibid., pp. 68-69.

tre Jean ecrit a ce propos : «C a r Dieu a tant aime le monde qu' il a donn e son Fils unique. . .» (Jean 3: 16). Les demons, les adversai res de Dieu, sont eux-memes obliges d 'admet t re que Christ n'est pas un simple «envoye divin»: «Je sais qui tu es: le Saint de Dieu» (Marc 1: 24) et par ail leurs: «Jesus, Fils du Tres-Haut» (Marc 5: 7). Ainsi, comm e nous pouvons le constater, la Parole de Dieu nous presente Jesus-Christ com m e le Fils unique de Dieu, et non comme un avatar.2. Une m aternite essenienne

H. Spencer Lewis va encore plus loin dans ses ext rava­gances. Joseph aurai t ete «un membre fidele et pur» de la «Fraterni te essenienne». D 'apres H. S. Lewis, Joseph etait veuf et il etait, au moment ou il rencontra Marie, le pere de deux I ils! Mar ie de son cote etait aussi, si I'on en croit le fon­dateur de I 'A.M.O.R.C. , membre de cette fameuse «Frater- ni te» et, en plus, la «vierge consacree a Helios», plus exacte­ment la «C olom be d 'Hel ios» ou «C olom be du temple». C'est vers l 'age de treize ans q u ’elle aurait rencontre ce «veuf» qui etait, parait-il, bea uco up plus age q u ’elle.

Les recits de la Nativite sont d ' un e grande sobriete quant au lieu de na issance de Jesus: une creche a Bethlehem (Luc 2: 4-7). Les chretiens de tous les siecles, en parfait accord avec les Saintes Ecritures, ont accepte ce fait. Cependant , H. Spencer Lewis en do nne une aut re version. Pour lui. Jesus ne serait pas ne dans une creche, mais dans une grotte esse­nienne t ransformee en maternite! «Des homines comme Eusebe, Tertullien ou Jerome, ecrit H. S. Lewis, auraient dit que le Christ serait ne dans une grot te .» Nous lisons dans La Vie m ystique : « C ’est dans une grotte essenienne proche de Bethlehem que Joseph et Mar ie s 'arreterent pour la nais­sance de I 'enfant (...). Cer taines de ces grottes etaient amena- gees en hospices ou l’on prenait soin des malades, des blesses et des indigents, comme dans les hopi taux d ' au jourd 'hui , et les Esseniens d'alors, comme les Juifs d ’au jo u rd ’hui, avaient le plus grand souci d'al leger les souffrances de leurs femmes au moment de l ' accouchement . On pourrai t presque dire que certains de ces hospices primitifs etaient les prototypes de nos maternites actuelles l39...»

H. S. Lewis, ibid., p. 84.

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3. Un grand voyageur nom m e JosephLes Evangiles n 'accordent pas bea ucou p d ' impor tance a

I’enfance de Jesus. L'i11 ustre Impera tor de l’A.M.O.R.C. se­rait en mesure, lui, de nous d o n n e r des precisions supple- mentaires! Selon cette nouvelle version qui nous est propo- see, Jesus fut des I'age de 6 ans confie a I’ecole du Carmel «ou il re^ut son instruction et sa prepara t ion en tant que Fils de Dieu et Avatar» l40! Jesus aurai t ete un «eleve do ue» et sans doute «except ionnel lement bri l lant»! Mais ce n'est pas tout : selon H. Spencer Lewis, il semblerai t que «Jesus ne fut pas inscrit a l’ecole sous le nom de Jesus, mais sous celui de Josep h» 141! Plus loin, nous lisons ces propos absurdes: «Le registre d ’inscription temoignant de son entree a l 'ecole du Carmel montre qu'il fut inscrit sous le nom de Joseph, fils de Mar ie et de Joseph, et re incarna t ion de Zoroas tre, « Fils de D i e u » 142! Nous nous t rouvons la devant une prodigieuse fal­sification de 1'histoire: ces f ameux «docu ments» , «archives», «registres», n ’ont jamais existe, s inon dans l ' imaginat ion deH. Spencer Lewis. Cons ta tons tout simplement , avec une tris- tesse infinie, que le Christ de l’A.M.O.R.C. n ’est plus qu 'u n Christ defigure.

Jesus alias «Joseph» fut re^u a la pretrise a I’age de 13 ans. A part i r de la, et toujours selon les fabulat ions de H. S. Le­wis, Jesus-Joseph entrepri t des etudes sur les religions pa iennes . A cet effet, il entrepri t un long voyage aux... Indes p o u r s' init ier au Bouddhisme! Puis, apres un sejour de plu- sieurs annees a Benares et au «M on as t ere de Jagannath i» , il se rendit a Lhassa au Tibet, en Perse, en Chaldee, a Baby- lone, en Grece, a Alexandr ie et enfin a Heliopolis! Le jeune «J o s e p h » etait vraiment un grand voyageur.. .4. Jesus, Grand-M aitre!

La suite de 1'histoire de ce pseudo-Jesus est tout aussi eff'a- rante que le debut! Lors de son sejour egyptien a Heliopolis, «Joseph» se livra d ' abo rd a la medi tat ion et a la priere. Puis, il passa les «trois initiations mineures» qui avaient po ur but de dece ler en lui les quali tes de sincerite, de justice et de foi.

1411 H. S. Lewis, ibid., p. 109.141 H. S. Lewis, ibid.. p. I 10.I4:: H. S. Lewis, ibid.. p. 112.

«Ayant passe ces epreuves et subi d ’autres examens devant le conclave des grands-pret res, Joseph fut f inalement honore du titre de .Ma i t re et admis au cercle supreme en quali te de Mai tre de la Grand e Fraterni te B lan ch e ,43.»

En vertu de ces initiations, «Joseph» etait parmi les plus instruits des grands-pret res et, na turel lement, tous les privi­leges dus a son rang lui ont ete accordes. Cependant , et tou­jours selon H. Spencer Lewis, le degre d' ini t ia tion de «Jo- seph» n ’avait pas encore atteint sa pleni tude. C'est la raison po ur laquelle il subit une ultime initiation dans la grande py- ramide de Cheops. Cette ceremonie, qui se serait deroulee dans une grande salle secrete, devait permettre a «Joseph-Je- sus» de deveni r le Christ! La premiere ceremonie se deroula a minui t devant la cour interieure du Sphinx. Apres cela, «Joseph», revetu de pourpre, fut condui t dans les couloirs souter rains de la grande pyramide. Une aut re ceremonie eut lieu. Enfin, la «grande ceremonie» propremen t dite d ’eleva- tion au plus haut sommet de l’initiation debuta. La, nous laissons la parole a H. Spencer Lewis: « Durant ces ceremo­nies, Joseph gravit les divers plans inclines conduisant aux differents niveaux a 1' interieur de la pyramide; a chaque ni­veau se trouvait une petite chambre. Apres qu'il eut atteint la chambre d' ini t iat ion la plus haute (...), la ceremonie finale se deroula , du rant laquelle le d iademe royal fut pose sur son front (...). Puis une ceremonie pontificale (sic) se deroula pendan t une heure (...) au cours de laquelle Joseph s ’age- nouilla devant l 'autel. Une grande lumiere inonda la ch a m ­bre.(...) Une colombe blanche descendi t dans la lumiere et se posa sur la tete de Joseph tandis que le Hierophante se levait.(...) Une mince silhouette apparai t derriere le Hierophante telun etre angelique, et ordo nn a a Joseph de se lever en disant: «Voici Jesus, le Christ debout! 144.» A Tissue de cette «cere- monie», dans une salle inferieure de la pyramide eut lieu un «festin symbol ique», c ’est-a-dire la sainte cene!5. La mission m ystique du Christ

Apres cela, «Joseph-Jesus» retourna (enfin) en Israel. Auparavant , «un certain Jean, membre de la fraternite esse-

143 H. S. Lewis, ibid., p. 142.144 H. S. Lewis, ibid., pp. 147-148.

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nienne de Palestine» l 'avait precede. Le «grand oeuvre de Christ» commen^a. II re^ut a cet effet le bapteme de Jean et, par la, l '«esprit de Dieu». Son «minis tere publ ic» aurai t ete jalonne par «quat re phases t radi tionnelles de l ' ini t iat ion» 145: «La premiere, ecrit H. Spencer Lewis, fut celle de la p rep ar a ­tion, dominee par le sermon sur la montagne; la seconde, celle de la purification, representee par les guerisons miracu- leuses et les mani festat ions de la therapeut ique mystique chret ienne; la troisieme, I ' i l lumination qui se mani fes ta par la resurrect ion de Lazare; et la quatr ieme phase fut celle de la vision spirituelle, qui se realisa par la transf igurat ion l46.»6. La mort et la resurrection de Jesus escam otees

Le fondateur de l’A.M.O.R.C. poursui t sa nar rat ion sur son «Joseph-Jesus». Pour lui, la mor t de Christ sur la Croix est un subterfuge. Les Romains l’aura ient conda m ne a la c ru­cifixion, non pour des motifs religieux, mais pour des raisons poli t iques. Selon H. Spencer Lewis, «Jesus prechait un socia- lisme sacre (sic) et l’imperial i sme tyrannique exerce par Rome ne pouvait absolument pas s ' accorder avec de tels en ­seignements. La seule faute que Ton puisse at t ribuer a Jesus pendan t toute sa carriere etait une faute d 'ordre poli tique, se­lon I 'optique des R o m a i n s » 147.

Jesus fut done crucifie, mais, selon H. Spencer Lewis, il ne mouru t pas sur la croix! Bien que les evangiles a ff irment clai­rement que Jesus succomba sur la croix, qu'il y rendit le der ­nier soupi r et que son esprit fut remis a son Pere, le f o n d a ­teur de l’A.M.O.R.C. pretend, a l’aide de ses «archives», que la vie habitait encore en lui lorsque son corps fut de tache du poteau. Lorsqu'il p ronon^a ces fameuses paroles: « M on Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu aban do nn e? », il aurait voulu dire: « M o n temple d 'Hel ios , mes freres d'Hel ios, p o u r ­quoi m ’avez-vous aban do nn e?». Et ce fut a ce moment precis que l’esprit de Jesus re tourna aupres du Pere. Autrement dit, et selon H. S. Lewis, «Jesus penet ra dans le stade de la t r an ­sition du Maitre Divin, il devenai t Maitre Hu main » l48.

«Tous les mystiques, ecrit H. S. Lewis, com prendront que145 Les «phases d 'in i t iat ion» auraienl ete definies par Pythagore!' 4'’ H. S. Lewis, ibid., p. 170.I4’ H. S. Lewis, ibid., p. 179.148 H. S. Lewis, ibid., p. 187.

les allusions a la rest itution de 1’Esprit Saint ne peuvent si- gnifier l’aba ndo n de la vie, de la vitalite ou de la conscience vitale (...). Pouvons-nous , alors, pretendre que, lorsque Jesus fut bapti se et que le Saint-Espri t descendi t sur Lui, e’etait la vie, la vitalite et la conscience et le commencement de Son existence en tant q u ’etre vivant? (...) Sur la croix, point cul­minant de sa breve mission, et fin de Son existence officielle de Christ , c ’est le processus inverse qui eut lieu: l’Esprit Saint et la quali te de Christ se retiraient et retournaient dans l’esprit et la conscience de Dieu l4y.» II s ’agit la, et nous pe- sons nos mots, d ’une heresie monumenta le : la Croix ne signi- fierait pas que Christ est mort pour les peches de tous les homines, mais le retour de l’esprit de Jesus vers la conscience cosmique!

Ainsi, selon H. S. Lewis, Jesus en «rendant l’esprit» confir- mait implici tement que sa mission terrestre etait terminee. Mais, coup de theatre, I’Empereur Tibere ordonn e a Pilate que Jesus soit decroche de la croix! Selon H. S. Lewis, le «d oc ument de Tibere» ordonnai t a Pilate d ’annuler le m a n ­dat d ’arret et de suspendre la procedure (sic) jusqi fa ce q u ’une enquete minut ieuse ait ete conduite par Cyrenius. Dans 1’intervalle, Jesus devait etre mis en liberte provisoire en a t t endant le resultat de l’enquete l50.» Un orage providen- tiel, parait-il tres violent, eclata sur Jerusalem! Une fois I’orage passe, les disciples descendi rent Jesus de la croix et constaterent q u ’il n ’etait pas mort. II aurai t ete soigne par des medecins esseniens et, peu a peu, reprit completement conscience! La mort de Jesus sur la croix est done niee par le fondateur de l’A.M.O.R.C. Naturel lement la resurrection Test tout autant . Co m m en t peut-on arriver a un tel resultat? A l’instar de toutes les sectes, H. S. Lewis demolit purement et s implement I’autorite de I’Ecriture Sainte de meme qu'il s ’at taque vigoureusement aux Confessions de foi chre- t iennes, en l’occurrence ici au Sym bole des Apotres: en contrepar tie, les «archives» rosicruciennes - qui repetons-le n 'ont jamais existe - sont les seuls documents serieux qui me- ritent d 'etre cites...

La Bible contredi t de fa^on absolue les propos aberrants

149 H. S. Lewis, ibid.. p. 186.,s" H. S. Lewis, ibid., p. 187.

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de H. Spencer Lewis. Mais, po u r une fois, nous laissons la reponse a un homme qui lo rsqu’il ecrivit ces lignes etait un adepte de la Rose-Croix A.M.O.R.C. : «Cette version de 1’existence christ ique 151 est, bien evidemment , contraire aux Evangiles. Elle nie la mort du Christ et, par voie de conse­quence, sa resurrection. Si le Christ meur t comme tout le monde, sans ressusciter, l’espoir du monde s'ecroule. La foi devient vaine. C'est ce que nous confi rme saint Paul. Sans la resurrection de Jesus, le Christ ian isme cesse d ’etre une reli­gion divine, pour deveni r une gigantesque escroquerie!l52»7. Un vieillard nom m e Jesus!

Les paroles de Roger Facon - au jourd 'hui retire de I 'A.M.O.R.C. - confi rment . si le besoin est, que l’interpreta- tion de H. Spencer Lewis n'est qu 'u n outrage a la foi chre- tienne. Cette ((interpretation margina le» fait de Jesus un ho m m e comme un autre. En effet, p renons le cas de I 'episode de l 'Ascension qui serait, si l’on en croit H. Spencer Lewis, un «evenement de nature pu rement mystique et psychi- que» l53. Jesus ne serait pas mon te au ciel, mais il aurai t mene par la suite une vie t ranquil le et paisible! «Les documents anciens de la G ran d e Fraternite Blanche, lit-on dans L a Vie M ystique , etablissent avec cert i tude que Jesus vecut de lon­gues annees apres s’etre retire au monastere du Carmel. 11 eut des reunions intimes avec les apot res et se consacra, dans la priere et la medi tat ion, a 1' e labora t ion de la doctr ine et des enseignements que les apotres al laient do nn er au monde l54.» Un peu plus loin, il ecrit ces lignes assez curieuses: « N o u s decouvrons qu 'une dizaine de jours apres que Jesus se fut re­tire de la vie publ ique, ses apotres se reuni rent a Jerusa lem afin d 'etabl ir la premiere reunion du mouvement qui devait etre organise et connu sous le nom d'Egli se du Christ l55.» Cet te ((Eglise du Christ» ne connut q u ’une existence ephe- mere, du moins sous ce nom. « U n an plus tard, lit-on encore,

151 Nous respectons la terminologie de Pauteur bien qu'elle ne soit pas b i­blique.

153 R. Facon. Le grand secret des « Rose-Croix», p. 243.153 En d'autres termes, Jesus ne serait pas monte au ciel dans son corps

spirituel.154 H. S. Lewis, ibid.. p. 205.155 H. S. Lewis, ibid.. p. 206.

le mouvement de VEglise Christique avait pris une telle exten­sion qu'il fallut l’organiser sur des bases elargies de fa^on q u ’elle comprenne un cercle interieur, dest ine exclusivement a preserver les enseignements du Christ.(...) C ’est a cette epo- que q u ’on adopta la croi.x comm e symbole du christ ianisme, mais aussi etrange que cela puisse paraitre, elle ne portait pas le corps d 'un crucifie mais une ro se '56.»8. Excursus: la rose et la croix

Ainsi, selon H. Spencer Lewis, la rose au milieu de la croix remonterai t a l’ere du Christ! Ce ((symbole a lchimique», ('as­sociat ion de la rose et de la croix, est une creation net tement post-apostol ique. Pour notre part nous la si tuons au Moyen Age. Jean-Pier re Bayard admet , en effet, que l ' epoque medie- vale, et notamment le X I I e siecle, est le point de depart de la Rose-Croix. Le Rom an cle la Rose de Jean de Meung et de Gui l laume de Lovis, de meme que I’oeuvre de Dante evo- quent cette ((rose mystique». Mais, jusque-la, rien ne laisse presager le futur mouvement Rose-Croix. Certes, la rose, cette jolie fleur, est I’objet d ’une vive admira t ion de la part des alchimistes qui voyaient en elle le symbole de la vie a Petat pur. Mais, faut-il le souligner, seule la rose etait prise en considerat ion et non pas l ' assemblage de la rose et de la croix.

L’association de la rose et de la croix (fig. 1) a donne lieu a de multiples interpretations. Robert Fludd, le renovateur du rosicrucianisme, a ete le premier, semble-t-il , a donner une interpretat ion symbol ique de la rose-croix. C'est ce que nous rappel le I 'erudit rosicrucien A.M.O.R.C. Serge Hutin: ((Fludd donne de ce symbole a lchimique une explication en termes chretiens: La croix est le symbole de Jesus-Christ , et represente la Fraterni te R + C en tant que deposi taire de la pure sagesse mystique du sauveur. Elle est de couleur rouge, car elle a ete eclaboussee par le sang mystique et divin du Christ , qui lave de tous les peches. Une rose de la couleur du sang est placee au centre de la croix pour indiquer I 'accom- pl issement du G rand Oeuvre alchimique: la purification de tou­te souillure, l’achevement et la perfection du magistere l57.»

l3'’ H. S. Lewis, ibid.. p. 207.,5T S. Hutin, Robert Fludd, Alchimiste et philosophe rosicrucien, p. 95. O m ­

nium Litteraire. Paris, 1971.

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Q u i d o n e a m a r i e l e s R o s e s a l a C r o i x 1

L e s M yste re s GOETHE

Cet te explication est confi rmee par P. Riffard, l’auteur du Dictionnaire de Vesoterisme. Cette fa<?on de voir n'est pas ce- pe n dan t p leinement par tagee par l 'A.M.O.R.C. Nous lisons, en effet, dans le M anuel Rosicrucien ces propos pour le moins clairs: «Apres avoir rappele que l’enseignement du premier degre precisait que la croix et la mort sont representees par les tenebres, tandis que la vie l'est par la lumiere, e’est-a-dire l '«aspi rat ion par la rose» (...). Nous voyons ainsi que l'aspi- rat ion - le desir de servir, d 'accompl i r et de parvenir, finale- ment , a la maitrise, est possible grace au karma (la croix) que nous devons suppor ter et a 1'evolut ion (la rose) qu'il nous permet d ’at teindre l58.» Ainsi, selon la Rose-Croix A.M.O.R.C. , «la rose represente le secret de 1'evolution, ta n ­dis que la croix symbolise les difficultes, les peines de la vie et le karma que nous devons subir au cours de notre exis­tence terrestre» ,5g.

Si le Lectorium Rosicrucianum est part icul ierement discret sur son interpretation, Max Heindel , par contre, ne s'est pas prive de do nn er son avis: «Pris dans son integralite, ecrit-il, le merveilleux symbole de la Rose-Croix contient la clef de 1’evolut ion passee de l 'homme, de sa presente consti tut ion, de son futur developpement et aussi la methode pour attein- dre ce b u t 160.» L'esprit inventif de Max Heindel l'a condui t a une exposi t ion detaillee de 1' evolut ion de la croix, puis de la

158 H. S. Lewis et R. Bernard, Manuel Rosicrucien, p. 72.I5,) H. S. Lewis et R. Bernard, ibid., p. 72.,#0 M. Heindel, Cosmogonie des Rose-Croix, p. 524.

rose. Selon lui, dans les temps recules de l 'humanite, la croix se dressait seule sans la rose; puis peu a peu, la rose se pla^a au centre de la croix. Actuel lement , la rose qui serait le «symbole de l’organe genera teur» se posit ionnerait , si 1'on en croit Heindel, au l a r y n x 161. Ainsi I n t e r p r e t a t i o n heinde- lienne se differencie net tement des autres courants esoteri- ques: pour lui, la rose est par excellence l ' element reproduc- teur de l ' homme qui, lui, est identifie a la croix! Nous sommes bien loin de la croix de Christ!

Tandis que le «cercle interieur», aut rement dit l’«eglise chr is t ique» des inities, se consti tua en une o r g a n i s a t i o n mi- li tante», Jesus - ou plutot le grand maitre Jesus - se serait eteint paisiblement au monas tere du Carmel! «Son corps, ose ecrire H. Spencer Lewis, serait demeure dans une tombe du mont Carmel, mais il fut f inalement transfere dans une sepul­ture secrete, gardee et protegee par les membres de la frater­nite 162.» Ainsi se termina la vie de Jesus, version H. Spencer Lewis...9. Les doctrines secretes de Jesus

C ’est le titre d 'un second livre consacre a «Jesus-Joseph» de H. Spencer Lewis et dont la t raduct ion f'ran^aise a paru po ur la premiere fois en 1960. Dans cet ouvrage, de meme veine que le precedent , I’au teur tente de fourni r la preuve que Jesus aurai t enseigne des doctr ines secretes.

En fait de «doctr ines secretes», H. Spencer Lewis n'en- seigne a vrai dire rien de nouveau! Seuls les deux points sur lesquels il s ’at tarde quelque peu, l ' immortal i te de l’ame et le peche originel, font 1'objet d ' un e analyse un peu plus detail­lee. Encore s’attache-t-il plus a cri t iquer les doctr ines chre- t iennes q u ’a expliciter son point de vue. Les deux aspects doctr inaux, surtout celui de la reincarnat ion et du karma, ont ete suf f i samment developpes plus haut pour que nous n ’y re- venions pas.

Pour etre juste, il semblerait que H. Spencer Lewis ait ecrit ce livre pour des raisons plus commerciales que philosophi- ques. Ca r ce livre de 159 pages, vendu assez cher - comme tous les autres d'ail leurs -, est d 'un niveau particulierement

161 M. Heindel pense que c'est le larynx qui, dirige par le cerveau, p ro­nonce le verbe createur!

162 H. S. Lewis, La Vie mystique de Jesus, p. 212.

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faible. Ce sont toujours les memes themes qui sont rabaches : a la longue, 9a devient lassant!

Le Christ , le Fils de Dieu, est d e f ig u r e 163. Le recit de H. Spencer Lewis est tendancieux et meme blasphematoi re! Son «Jesus-Joseph» ne nous parait etre qu 'u ne pure invention de son imaginat ion. La Bible, elle, tient un aut re langage: elle affirme que Jesus est le Fils de Dieu (Jean 3: 16-18) et q u ’il est mort sur la croix pour nos peches (Jean 1: 29, Jean 19: 17 pa ssim ; Ephesiens 1: 7; Colossiens 1: 14; etc.). La Parole de Dieu proc lame aussi avec force que Christ fut reellement res- suscite des morts. Les textes neo-tes tamentaires sont sur ce poin t nombreux et clairs: Actes 2: 24-28, 31, 32; 3: 15; Ro- mains 4: 24; Galates 1 :1 ; Ephes iens 1: 20; etc. Face aux af ­f irmations denuees de tout fondement historique ou bibl ique de H. Spencer Lewis, les Ecritures Saintes, et avec elles nous tous les temoins du Christ d 'h ie r et d ’au jo u rd ’hui, nous pro- c lamons sans crainte que Christ est bien le Sauveur et le Sei­gneur du monde a la gloire du Pere.La «psychologie» de l'A.M.O.R.C.

L'A.M.O.R.C. pretend etre une phi losophie de la vie, mais aussi une psvchologie de I ’dme. En fait, les enseignements de cet Ordre rosicrucien ne sont ni phi losophiques ni psycholo- giques! II s ’agit plutot d ’un cours d'occultisme applique ac- co m pagne de queiques notions de psychologie. Tous les an- ciens membres de l’Ordre rosicrucien A.M.O.R.C. que nous connaissons personnel lement sont unanimes pour admet tre le bien-fonde de notre assert ion. C ar nous croyons que les responsables de cette secte emploient abusivement le terme de «psychologie» et qu' ils oubl ient d'y ajouter celui d ’«oc- cul t isme» 164.1. Une pseudo-psychologie

C ar la psychologie de l 'A.M.O.R.C. est une psychologie re- interprelee. Les termes employes n 'ont pas le meme sens ni la meme valeur que ceux de la psychologie dite «classique». Ainsi le subconscient n'est pas un aspect de la conscience hu- maine, mais designe le cote divin de l 'homm e; de meme le

161 H. S. Lewis n'appelle-t-il pas Jesus - non crucifie! - la «Rose», la «Rose de Sharon» (sic), la «Sainte Rose» !...

■M Le terme d '«occultisme» n’apparait clairement q u ’au dixieme degre.

subject i f serait la partie consciente de la personnal ite hu- maine, notamment la volonte et l ' imagination. Les variat ions des niveaux de conscience (qui seraient au nombre de trois: objectif, subjectif et subconscient ) de terminera ient un pro­cessus psychologique a la fois different et graduel.

La principa le caracterist ique de cette pseudo-psychologie est determinee, nous le verrons un peu plus loin, par un seul critere qui est celui des vibrations. Nous savons deja que l 'univers est dirige par les concepts vibratoires. La psycholo­gie rosicrucienne de l 'A.M.O.R.C. , qui se veut ant imateria- liste, ne repose que sur une theorie plus ou moins contesta­ble, celle des vibrations. Or celles-ci ne sont pas une quali te psychologique, encore moins spirituelle, mais elles sont d'or- dre materiel. Ca r une vibration, petite ou grande, reste dans le domaine du mesurable, done du terrestre. Mais nous sa­vons et nous ne sommes pas les seuls dans le cas pour dire qu' il est ex t remement difficile, sinon impossible d 'apprehen- der object ivement la psychologie d'une*personne. Un test de la personnalite, un examen de quot ient intellectuel ne sont en definitive que des examens relatifs, toujours sujets a revision. La veritable psychologie ne se mesure pas; la pseudo-psy- chologie vibratoire de l 'A.M.O.R.C. , elle, se mesure...

L’Ordre rosicrucien A.M.O.R.C. ne propose pas une expli­cation des ph enomenes psychiques, mais la mise en appl ica­tion de phenomenes parapsychiques et parapsychologiques. II n'y a rien reellement d ’esoterique dans I 'enseignement de l’A.M.O.R.C. ; par contre, et c'est la le plus interessant, nous y t rouvons de tres nombreuses experiences psychiques et sur ­tout parapsychologiques dont certaines sont a vrai dire ine- dites. Le contenu des monographies qui contiennent presque toutes des «appl icat ions prat iques» n ’ont q u ’un seul but: ce­lui de decouvri r notre subconsc ient et, par la, le cosmique (ou Dieu). Mais la encore, il nous semble necessaire de re- mettre les choses au point.

La «psychologie» de l 'A.M.O.R.C. est un vaste agglomerat de diverses philosophies anciennes ou contemporaines, le tout accomm od e a la «sauce» occulte. 11 est possible, cepen ­dant , de discerner plusieurs courants et en particulier la psy­chologie de Coue. La suggestion et I 'autosuggestion sont, en effet, monnaie courante dans les applicat ions pratiques. De meme, la relaxat ion, la passivite, la concent rat ion de pensee.

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etc., sont des techniques f requemment utilisees. Car la «psy- chologie» de I 'A.M.O.R.C. est avant tout une technique: le candidat rosicrucien est un cobaye qui se soumet docilement a toutes sortes d 'experiences . Son initiation est un entraine- ment psychologique faisant d ' abo rd appel a ses facultes du «mo i» pour etre ensuite en contact avec les puissances oc- cultes. Le but de ces «exercices psychiques» serait d 'obteni r la «maitrise de la vie» (et non la maitrise du moi), c’est-a-dire d ' acquer i r la connaissance. Nous lisons dans une des mono- graphies: «N ou s insistons pour que nos membres en tirent des demonstra t ions individuelles en faisant des experiences personnel les et se fient plus a la connaissance vraie qui vient du dedans que celle qui vient du dehors l65.» Le de ve loppe­ment psychique, ou plutot parapsychique, de 1' individu pro- duirai t en lui la connaissance vraie dont le fondement reside- rait au plus profond de son etre, c 'est-a-dire le subconscient . « D an s les exercices mystiques presentes par les enseigne­ments de l 'Ordre rosicrucien A.M.O.R.C. , nos membres sont obliges de penetrer dans le subcon sc ien t . Ils t rouvent neces- saire de communier avec les veritables fondements du moi, avec (' intelligence cosmique l6b.»

Nous savons deja que, selon les enseignements de I 'A.M.O.R.C. , l ' homme est divise en trois parties: objectif, subject i f et subconscient . Cet te t r iade justifie en effet trois aspects psychologiques tout a fait independants les uns par rappo r t aux autres et qui, d ’aut re part, permet d ’insister sur le cote psychique et sur tout sur le subconscient .2. Une psyclwlogie «vibratoire»

Les vibrations, ou forces vibratoires, caracterisent toute la psychologie rosicrucienne de I’A.M.O.R.C. Le systeme ner- veux, le cerveau, etc., seraient animes par une «energie cos- mique» vibratoire. «Le cerveau apparai t , nous rappel le une monographie , comme une cent rale electrique ou certaines energies sont emmagas inees et l iberees par divers commuta- teurs qui peuvent etre assimiles aux inter rupteurs d 'un im­mense tableau de distr ibution ,67.»

lft5 5e monographie. Ier degre neophyte , p. 9. C'est nous qui le soulignons.166 3e monographie, 2e degre, p. 5.167 7e monographie, 2e degre, pp. 1-2.

Le rosicrucien est un ho m me dont le psychisme est en per- petuel le recherche de sensat ions nouvelles. La finalite de tous ces efforts n'est aut re que la recherche de l absolu et des pouvoirs psych iques168. La reception des vibrations cosmiques opererai t en l ' homme tout un processus de transformat ion et de renouvellement de la personnalite. La haine, l 'envie ou I’orgueil disparai traient de meme que la sante prospererait sous l ' impulsion des vibrations.. . Le developpement des bons sent iments serait done la resultante de «bonnes vibrations». Car, il faut apprendre a recevoir les vibrations! «Vous ap- prendrez a diriger les vibrations de na ture constructive vers les parties du corps sur lesquelles vous vous concent rez l69...»3. Une psychologie occulte

La psychologie rosicrucienne qui se veut ant imateria- l i s te170 se situe totalement en dehors du reel et du percept i­ble. Le mot «reali te» a pour I 'A.M.O.R.C. deux sens a vrai dire contradictoires. Tout d ' abord , il signifierait: «pheno- mene», «manifes ta t ion» et «verite des vibrations de 1'es- p r i t » 171. Mais ce n ’est pas tout! Une aut re acception de ce meme mot donnerai t un tout aut re sens: ce serait «not re de­gre d ’apprec ia t ion individuelle de la vibration actuelle et ma- nifestee. Autrement dit, la realite est le produi t de la percep­tion et de 1’assimilat ion individuelle des vibrations de I'es- prit. Sans cette percept ion et cette assimilation, rien ne serait reel po u r nous en tant qu ' indiv idu» l72. Le caractere subjectif de la psychologie appara i t ici ne ttement : le «reel» fait place a un «autre reel». Quel est done le signe distinctif de cette «percep t ion» individuelle? II faut se rendre a l’evidence: le pr incipe di rec teur de cette soi-disant psychologie n'est autre que l 'occultisme. Le texte qui suit est explicite: «Not re t ra­vail consistera a developper le pouvoir mystique des sens, avec pour object if de percevoir davantage que ne le peut le cer- veau 173,» Plus haut , nous lisons: «Le domaine du mystique est une terre de reve (sic) inexploree, un mon de exceptionnel

168 Cf. 7e monographie, 3e degre, p. 4.I6g 8e monographie, 3e degre, p. 3.170 Cf. 9e monographie, 3e degre, pp. 1-2.171 5e monographie , 3e degre, p. I.172 ibid., p. I.173 3e monographie , 3e degre. p. 5.

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et illimite, une synthese de la beaute et de la verite (...). Les membres de l’ordre rosicrucien A.M.O.R.C. ne sont pas les seuls a avoir acces, par leur zele et leur travail, a des pouvoirs soi-disant etrangers. N ’impor te quelle personne en bonne sante et bien equil ibree peut developper certaines apt i tudes latentes si elle app ren d les lois qui s ’y rapportent et si elle lesm et en p ra tiq ue114.»

Les exercices respiratoires, [ 'util isation correcte des sons vocaux et l ' applicat ion des «1 ois rosicruciennes» doivent - ou devraient - produire des resultats. «Au moyen de cette connaissance et de ces exercices, lit-on dans cette meme monographie , tout membre de l’Ordre rosicrucien A.M.O.R.C. , a condi t ion q u ’il travaille et persevere, est a meme de disposer d ’un cha m p illimite de vision, d ’audit ion, de sensat ion, etc. r 5 »

L’A.M.O.R.C. pretend professer une ps ycho log ie176, mais qui n'est en fait que de I 'occultisme. Nous voulons do nn er a ce mot une definit ion qui ne soit ni restrictive ni exageree. Par occult isme, nous entendons cette pre tendue science qui ferait intervenir des forces supranature l les (ou suprasensi- bles) dans le cadre d ’experiences de type empirique et dont la reconnaissance objective des faits se revele impossible. Nous ne sommes pas de ceux qui voient les demons partout, le diable n ’est pas tout -puissant car son pouvoi r est stricte- ment limite par Dieu, mais il faut reconnait re que, dans le cas de la Rose-Croix, les ph en omene s occultes sont evidents.

La psychologie occulte de l 'A.M.O.R.C. est, osons-nous l’ecrire, classique; seule sa technique est differente par r ap ­port aux autres mouvements occultes tradi t ionnels. L'A.M.O.R.C. n ’a rien invente, ses methodes seraient ele- mentaires si l 'on en croit les declarat ions d 'anc iens membres de l 'Ordre! Nous avons personnel lement etudie les methodes parapsychologiques de l 'A.M.O.R.C. et nous les avons en- suite comparees avec celles de personnages i11 ustres de l’oc- cult isme, en part iculier Papus; notre conclusion est claire: le but recherche par les rosicruciens et les occultistes est identi- que, a savoir la recherche des mondes - ou etats superieurs -

r4 3e monographie, 3e degre, p. 4.175 ibid., p. 4.176 II en est de meme pour la Scientologie et, a un degre moindre, pour la

Science Chretienne.

ou, en d ’autres termes, la recherche de pouvoirs supranor- maux.

La pseudo-psychologie de l 'A.M.O.R.C. est experimentale. Les membres actifs de l’Ordre sont censes accompli r chez eux des experiences psychiques; en fait, ils se soumettent , sans le savoir peut-etre, a des experiences occultes.4. L 'experience, source de la connaissance

La psychologie rosicrucienne de l’A.M.O.R.C. , comme celle des autres mouvements rosicruciens, est done empir i­q u e 177. Le candida t Rose-Croix ent reprend sur le plan psy­chologique un tres long cheminement qui doit le eonduire a une perfection quasi divine. L’experience est, selon les ensei­gnements des monographies , source de connaissance: elle contr ibuera it a faire des hommes des etres pensants, des vrais mystiques et d ' au thent iques createurs. En d ’autres termes, il s ’agit d 'un developpement du psychisme humain qui produi- rait a son tour la connaissance. « L’experience personnelle, lit-on dans une monographie, par la prat ique des exercices que nous do nn on s a faire, sert davantage au developpement de la conscience psychique de l ' homme que les connais- sances intellectuelles acquises par la lecture ou par 1' etude p u r e l78.» La «vraie» connaissance que desire a rdemment le candida t Rose-Croix est done le produi t de I 'experience. Les experiences proposees par l 'A.M.O.R.C. ne sont que des exercices psychiques ou, plus exac tement, un long apprentis- sage des phenomenes psychiques et parapsychologiques . En definitive, nous pouvons l 'ecrire sans l’ombre d 'un doute: la psychologie experimentale de l 'A.M.O.R.C. n'est autre qu 'un moyen de connaissance. Le Rosicrucien a la «connaissance» - ou pense I’avoir - car il est convaincu en lui-meme que ses propres exper imentat ions psychiques correspondent aux lois de l 'univers et du «Cosmique».5. Les «techniques» psychologiques de l'A .M .O .R .C .

La psychologie de l’A.M.O.R.C. utilise abond am men t toutes sortes de techniques et de moyens psychiques et pa-

17 Parmi les types d 'experience. citons celle qui consiste a distinguer la nature des couleurs ou de voir une rose au milieu d 'une croix lout en fixant la flamme d 'une bougie, etc.

178 I7e monographie . 7e degre. p. 8.

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rapsychologiques. L'eventail de toutes ces experiences est ab- solument extraordinaire, du moins en theorie. En effet, nous t rouvons dans les monographies un vaste recueil d 'expe- riences, etalonnees tout au long des degres et dont 1’intensite et le «raf f inement» s ’etoffent et se diversifient. Des les pre­miers degres, le candida t Rose-Croix accompli t quelques exercices, app ar em m en t anodins , mais qui se revelent par la suite f ranchement occultes, s inon meme spirites.

La quatorzieme experience, celle qui consisterait a recevoir r « A m o u r Divin» 179 (sic), est a tout point de vue un modele du genre, une veritable reference. Nous la reproduisons in extenso : «N ou s avons une experience a faire ce soir. Vous devez placer une bougie devant le centre du miroir, concen- trer votre regard sur la f lamme pe ndan t environ dix minutes, et penser que vous etes sur le point de recevoir l ' amour divin. Q u an d votre concent ra t ion seTa terminee, fermez les yeux, ef- forcez-vous de vous placer en etat de parfaite relaxat ion et dites: l ' amour divin est sur moi. Si vous vous sentez envahis par une legere somnolence, restez dans la position ou vous etes, n 'essayez pas d 'analyser ni de vous de m an de r ce qui a r ­rive, ou ce qui peut se produi re ; demeurez passif, essayez de ressentir le sent iment de protect ion qui est si apparent chez l’enfant dans les bras de sa mere, et reposez-vous en la protection divine. Lorsque I’experience sera terminee, ecrivez-nous aussitot votre react ion et ce que vous avez eprouve .»

Nous avons la un schema type de toutes les experiences que l’A.M.O.R.C. propose a ses membres. Une lecture a t t en­tive et une breve analyse suffisent am plement a saisir le me- canisme psychologique qui permet a l' initie de gravir les echelons des degres ou, en d 'aut res termes, de s ' enfoncer de plus en plus dans I’occult isme. La technique de cette expe­rience est ce qu'il y a de plus classique. La concent rat ion sur un point lumineux est, avec les exercices respiratoires, le poin t de depar t du condi t ionnement psychologique que va subir le neophyte Rose-Croix. La duree excessive de la concent ra t ion va provoquer une tension oculaire, done ner- veuse, et mettre le candida t Rose-Croix dans un etat second , d 'au t ant plus qu'il est convaincu q u ’il est sur le point de rece-

179 5e monographie. 2C degre neophyte , p. 6.

voir r «A m our -D iv in» . A la per iode de tension succede la de ­tente: la relaxat ion et surtout I'etat de passivite. Le sens criti­que de l ' individu est a ce moment-la annihile. L’apprenti ro­sicrucien ne se pose plus de questions, il est la prise de toutes sortes de sensat ions psychiques ou occultes. Q u ’importe! il est persuade q u ’il est en train de recevoir l ' amour divin!... Se­lon les ex-adherents de l 'A.M.O.R.C. , les resultats de ces ex­periences ne sont pas tous concluants: le pourcentage d'echecs reste assez eleve. Cela est surtout vrai par la suite: au fur et a mesure que les experiences prennent un caractere vraiment occulte, le dechet se revele i m p o r t a n t 180.

Si le miroir et les bougies sont dans presque tous les cas in- dispensables pour la bonne realisation d 'un e experience, d 'aut res accessoires, «gadgets» ou techniques sont d 'un e uti- lite evidente. L'encens, de «qual ite speciale», donnerai t un bon resultat psychique et mental! Un certain m ode de respi­ration produi rai t un resultat propice a un bon developpe- ment psychique, meme l ' emploi de certaines syllabes ou sons vocaux serait tres utile. Les disques et les cassettes enregis- tres par Raymond Bernard sur des textes de H. Spencer Le­wis sont chaudemen t recommandes pour apprendre la «note juste des voyelles» ainsi que les «appl ica tions pratiques par- ticulieres». Parmi les titres, citons: Invocation pour Sanctum . Contacts avec la cathedrale , Respiration avec sons de vovelles, Exercices avec les sons de vovelles, etc. Le developpement psy­chique et mental de l ' individu ne repose pas - et nous aurons I 'occasion de le constater - sur une etude de la personne, mais sur un developpement des lacultes parapsychologiques. Les experiences que propose l 'A.M.O.R.C. , nous allons le voir, ne reposent sur aucun fondement scientifique. Elles n 'ont qu 'un seul but: celui d ' obteni r une «mai tr i se» de vie, e ’est-a-dire I’obtention de pouvoirs supranorniaux. «Les groupes metapsychiques et ceux de recherches psychospiri- tuelles expriment un besoin reel d 'oxygene interieur contre la pollut ion materialiste ambiante, et un effort des nouvelles ge­nerat ions lassees du posit ivisme historiciste et reductionniste pour se reconcilier avec la t ranscendance. Mais dans cette

180 Le decouragement, la prise de conscience d'avoir ete trop loin dans I'occultisme, le caractere deroutant des enseignements (qui apparait nette- ment des le 7e degre) et I 'impression de se faire exploiter financierement sont les principales causes des abandons de nombreux membres de l’A.M.O.R.C.

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«ruee vers l ' ame», il y a aussi bea uco up de confusion. . . La recherche des «pouvoi rs» except ionnels par exemple.. . 181.»

Pour completer ce que nous avons dit plus haut a propos de la psychologie occulte de I 'A.M.O.R.C. , les memes auteurs n ’hesitent pas a ecrire jus tem ent que «la recherche directe des «pouvoi rs» releve f inalement de la magie , qui est une deformation de toute Voie et religion authenti- ques» l82.6. Les «centres psychiques»

Nous ne voulons pas decrire ici les experiences psychiques de I 'A.M.O.R.C. po ur des raisons evidentes. Par contre, en enon^ant ces experiences, si possible dans un ordre logique, nous saisirons I 'occasion de mettre en garde nos lecteurs des graves dangers que represente le «mystici sme» rosicrucien.

Nous savons deja que le but de ces experiences n'est aut re que le «reveil des centres psychiques» qui, eux, seraient au nombr e de sept. Les trois premiers centres psychiques, les plus importants selon les monograph ies de I 'A.M.O.R.C. , se­raient : la glande pituitaire, la glande pineale, et le plexus so- laire. Un developpement psychique de ces glandes et du plexus - qui sont consideres com me des « t ransformateurs» - contr ibuerai t a renforcer les relations entre la «conscience exterieure» et la «conscience interieure». «U ne grande partie de nos exercices de respiration et de concent rat ion, lit-on dans les enseignements de I 'A.M.O.R.C. , et la plupart dessons de voyelles etudies dans nos lemons ont pour but de re-veiller et de s timuler l 'activite de ces deux petits t ransforma- teurs du centre p sy c h iq u e 18'. H. S. Lewis confi rme implicite- ment l’enseignement des monograph ies lorsqu'il dit que «Les glandes se trouvent etre des inst ruments d 'echange , ces trans- formateurs ou t ransmuta teurs ent re le moi cosmique, spiri- tuel et divin, et le moi terrestre, phys ique et plus grossier. Elies accomplissent a l ' interieur de l ' homme une divine al- ch i mie» l84.

La psychologie ros icrucienne de I 'A.M.O.R.C. est basee|gl R. Giruult et J. Vernette, Croire en dialogue, p. 352.I8J R. Girault et J. Vernette, ibid., p. 353.183 4e monographie, 2e degre neophyte, p. 6.184 H. S. Lewis, Alchinue Divine in W. Kapp, Les glandes, nos invisibles

gardiennes, p. 17. C'est nous qui le soulignons.

pr incipalernent sur l ' etude des glandes endocrines. Les ser­vices de recherche de l’Universite Rose-Croix a San Jose orientent leurs efforts scientifiques vers la connaissance des glandes endocrines. Selon I 'A.M.O.R.C. , cette «science», ap- pelee aussi «alchimie divine» par H. Spencer Lewis, permet- trait de mieux evaluer la personnal ite de l 'homme de meme que son evolution psychique. Les glandes seraient, si l’on re- prend les propos du premier Impera tor de l 'Ordre, les «gar- d iennes» de la vie humaine, au t rement dit des «elements de controle» phys ique et psychique.

Selon le Dr Kapp, contem pora in de H. Spencer Lewis, les glandes pineale, pituitaire (ou hypophyse), thyroide, thymus, de meme que les glandes surrenales, sexuelles, parathyroTdes et, sans oublier, le pancreas , le foie et les reins, nous feraient compren dre «la grande force evolutive des endocr ines» et nous «pou rr ions» acqueri r la vraie liberte et la veritable croissance de l’a m e » 185.

La, nous nous posons de serieuses ques tions : au nom de quel critere scientifique les glandes endocrines pourraient- elles agir au niveau de l a m e l8e? Certes, le fonct ionnement de ces glandes est tres complexe, du moins pour certaines, et sont encore mai defmies, mais de la affirmer qu'el les agissent au niveau de l a m e , aut rement dit du divin, il faut franchir le pas! Selon nous, c ’est une theorie speculat ive et pour le moins hasardeuse. II est vrai, cependant, que les secretions hormonales dans le sang jouent un role ext remement impor­tant dans la digestion, le systeme nerveux, la croissance, etc. II semblerait , a l’heure actuelle, que l’hypotha lamus et l'hy- pophyse soient le siege central du bon fonct ionnement de toutes les autres glandes. Notre etat de sante, physique ou mental , depend pour une bonne part du bon fonctionnement des glandes endocrines. Leur d is fonct ionnement peut pro- duire une alterat ion de I’organisme tout entier. L'endocrino- logie est encore une science jeune et en pleine mutation. Bien des efforts et des recherches seront rendus necessaires pour expliquer le role de chaque glande et leurs domaines d'ac- tion.

185 W'. Kapp, ibid., p. 61.I8'’ De quoi s'agit-il? De Fame au sens rosicrucien, c'est-a-dire le «divin»,

ou bien fam e au sens chretien?

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7. La projection psychiqueLe 7e degre est un degre important . Le candidat rosicru­

cien, en effet, entre de plain-pied dans l’occult isme de haut niveau. La c inquante-sixieme experience nous decrit le de- roulement d ’un exercice psycho-occulte pour le moins bi ­zarre: il s'agit tout s implement d ’une projection du corps psychique hors de son corps phys ique dans l 'espace. Le de- doub lement psychique, pu isqu’il s'agit de cela, est une pra ti ­que tres courante chez les occultistes.

«Ce qui quit te le corps physique, lit-on dans la m o n ogra ­phie, c’est notre conscience ou. en quelque sorte, des rad ia ­t ions mentales que nous appelons corps psychique 187.» Selon l 'A.M.O.R.C. , il se produi rai t d 'e tranges pheno menes phys i­ques lors de cette experience: une sorte de brume legere, de la vapeur et quelquefois une grosse boule de lumiere blanche flot tant dans l 'espace.. .

Quant au deroulement prop rement dit de I 'experience, elle est semblable a toutes les aut res : relaxat ion, concent rat ion sur les membres (a com m en cer par les pieds et terminer par le cuir chevelu!), exercices respiratoires avec prononciat ion de la syllabe «RA». II parait qu 'ap res cela le corps psychique peut faire une promenade , puis revenir t ranqui l lement re- prendre sa place dans le corps ph y s i q u e ! 188 ...8. La vision de I'aura

L 'aura serait, selon la defini t ion rosicrucienne de l 'A.M.O.R.C. , le « ch am p magnet ique ou electrique qui en- toure en part iculier le corps animal et qui contient des courbes dues a la f requence vibratoire de l 'energie dans ce champ. (...) Toute cellule vivante a son aura et il en est de meme des groupes de cellules» l89. Cette definit ion plutot va­gue est heureusement comple tee par les enseignements des monographies . Nous lisons, en effet, que « l 'aura humaine est le resultat des radiat ions, qui em anent du corps humain. Ces radiat ions proviennent a la fois de l a m e et du corps physi-

18‘ 6e monographie. 7e degre. p. 1.188 Selon une statistique de l'A.M.O.R.C., sur 37 membres d 'une meme

classe, 5 totalement et 19 partiellement reussissaienl cette experience des les premiers essais! Les jours suivants: 10 reussites lotales el 10 partielles. Seuls 3 apres la quatr ieme periode d'essais n 'avaient pas reussi.

I8W H. S. Lewis et R. Bernard, op. cit.. p. 241.

que. (...) Le corps humain est charge de magnetisme, ce que Ton appelle parfois magnet isme personnel ; les anciens mys­tiques et certaines ecoles philosophiques lui donnaient d ’autres noms. Par suite de cette charge magnetique. le corps emet des radiat ions dans l ' espace qui I 'entoure et c'est ce que nous appelons aura» l90.

L 'aura serait done l’espace magnet ique qui entourerait chaque corps physique, animal ou humain . Elle pourrai t se developper ou, aut rement dit, rayonner avec une plus ou moins grande intensite. Cep en d an t «les malades, les arrieres, les desequilibres n 'auront pas une aura parfaite, pas plus dans ses mani festat ions que dans ses couleurs l9l.» Ce sont la des propos scandaleux. Est-il normal, en effet, de mettre sur le meme pied les malades et les arrieres (ou handicapes men- taux) et les desequil ibres, puis de les exclure de fa<?on quasi au tomat i que? Un malade ne pourrait-il pas avoir un rayon- nement spiri tuel? Un handicape n'est-il pas tres souvent pour ses proches une source de benedic t ion? Et les desequilibres ne sont-ils pas aussi appeles par Dieu pour le salut? Une chose est certaine, c'est que l’A.M.O.R.C. , en jugeant ceux qui sont defavorises, ne manifeste pas l’am ou r du prochain. Son enseignement, de toute evidence, se situe a l’encont re du message bibl ique qui, lui, nous parle de 1' am our et de la j u s ­tice de Dieu. C ar Dieu a ime tous les homines, y compris les malades, les arrieres et les desequilibres! L’A.M.O.R.C. parle-t-il le meme langage?

Un des buts des experiences de l 'A.M.O.R.C., c'est preci- sement de voir son aura. Mais ce n ’est pas a la portee de n ’impor te qui. La 12e monographie du 7e degre propose en effet un ceremonial du reste assez compl ique et dont la fina- lite serait de «voir» son aura. A l’aide de materiel tres divers (planches, cartons, colie, vis, punaises, ampoules de diffe- rentes couleurs, drap de lit, miroir, etc.), le candida t fabrique un disposi t i f semblable a celui des «ombres chinoises». Le rosicrucien se place le dos tourne a l 'ecran de fa^on a ce que le con tour se confonde avec son propre corps. A I'aide du miroir, il peut «voir» son aura, c'est-a-dire cette «lumiere ir- radiee» qui se trouverai t le long de son corps et dont la lon-

190 8e monographie , 7e degre. p. 2.1,1 ibid., p. 3.

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gueur ne depasserai t pas deux centimetres.. . Mais ce n'est pas tout! II nous faut main tenant par ler de la vibroturgie, ceci en relation avec l ' aura qui serait, ne l 'oublions pas, le cham p magnet ique vibratoire.9. Qu'est-ce que la vibroturgie?

La vibroturgie est cons ideree par les membres du 8e degre de l 'A.M.O.R.C. comme «la plus grande clef» m ys t i qu e 192 que l 'homme initie peut connai t re a ce stade. «La faculte de v ibr o tu rg i e 193 consisterait a ressentir les vibrations et, par consequent , a connai tre la nature et la condi tion d 'u n objet, d 'u n e chose ou d ’un lieu l94. C ar tout comm e l’homme, «toute plante et tout animal ont une aura psychique, de meme que tout objet inanime a, lui aussi, son aura resultant de la condi ­t ion magnetique des a tomes qui le composent l95...»

Revenons maintenant a l ' aura et essayons d'etabl ir le lien qui l 'unit a la vibroturgie. Au dire des grands responsables de l 'Ordre, l’aura serait presente par tout sur cette terre. Cette universali te est defendue avec beauco up d 'acha rnement par l’A.M.O.R.C. , mais aussi par tous les autres mouvements si- milaires, rosicruciens ou occultes. D 'autant plus que, selon l 'A.M.O.R.C. , «ce n'est pas la une theorie ni du mysticisme, mais un fa i t scientifique qui a ete etudie et p r o u v e » 196. A cet effet, I' illustre Impera tor H. Spencer Lewis aurait construit en son temps un genial « petit inst rument experimental)) qui aurai t ete capable de discerner I 'energie vibratoire dans un objet , mais aussi dans une gout te de sang. Cet apparei l «scient i fique» aurait du appor ter la preuve indiscutable de la veracite des theories de l 'A.M.O.R.C. Mais, et ce «mais» est de tail le, «cet instrument n ’est plus main tenant d isponible et ses plans ne le sont pas davantage. I Is etaient la propriete personnel le du Dr H. S. Lewis, premier Impera tor de l’Ordre rosicrucien A.M.O.R.C. , dans son present cycle d'activite et ils n 'ont pu etre retrouve» l97. II est tres probable que cet a p ­pareil n'ait j amais existe, sinon dans 1' imagination de H. S.

192 29e monographie, 8C degre, p. I .,9J Appelee aussi Vibromeirie, selon une autre definition de l'A.M.O.R.C.1.4 25e monographie, 8e degre, p. 2.1.5 ibid.. p. 4.196 ibid., p. 4.,9‘ 29L' monographie, S'-’ degre, p. 3.

Lewis. C ar si une telle machine il y avait, les hauts dignitaires de l 'Ordre, avec leur legendaire humili te, ne se seraient pas fait faute d ’en parler. Mais nous comprenons fort bien la rai­son de leur discret ion: les plans sont perdus.. .

La vibroturgie est d ’une ext reme importance pour le mem- bre initie du 8e degre. Ca r «la faculte de vibrologie est la fa­culte psychique de sentir l ' aura des choses ou des lieux et de se rnettre immedia tement a leur u n i s s o n 198. Ainsi done, la vi­brologie serait cette qual ificat ion psychique qui serait utile pour le discernement de l 'aura.10. La perfection du m oi

Le rosicrucien A.M.O.R.C. ne cherchera, des le debut de son initiation, qu 'une seule chose: son developpement psy­chique, avec, si possible a la fin de son parcours , Fil lumina- tion psychique ou perfection du moi. En effet, toute la «psy- chologie» de l 'A.M.O.R.C. est basee sur une theorie occulte du developpement du psychisme humain et dont le but ul- t ime serait la rencontre avec le cosmique.

La phi losophie exper imentale de l 'A.M.O.R.C. est un tres long cheminement parseme d 'exper iences apprises, puis re- petees et ceci au niveau du psychisme de l ' individu. Les adeptes rosicruciens peuvent ainsi se mettre en «harmonie» avec les «1 ois et les principes cosmiques» . Lorsqu 'une expe­rience se revele, pour eux, concluante, d 'aut res experiences, encore plus mysterieuses, sont proposees par l 'Ordre et ainsi de suite... Les propos que nous ext rayons d 'un e monographie sont explicites: «Par les experiences exoteriques et esoteri- ques des degres precedents, nous nous sommes done incons- c iemment prepares a un travail plus important . (...) Le mysti­que sincere, le chercheur impartial et par ticul ierement ceux qui appar t iennent a notre Ordre, jugeront de leurs progres par une appreciat ion exacte de 1' evolution psychique qui s'est faite lentement, s ilencieusement et inconsciemment , en leur ame et co n sc ie n ce '" . . .» C'est une possession psychique, subliminale de l’individu!

Le point de depar t du developpement psychique serait «1 'evei 1 psychique» tandis que I'arrivee serait l ' il lumination.

198 25e monographie . 8e degre, p. 5.199 17e monographie , 7C degre, p. 3. C'est nous qui le soulignons.

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C'est ce que nous dit le texte qui suit: «Cellule par cellule, centre nerveux par centre nerveux, l’etre psychique se deve­loppe et evolue jusqu’a ce que, finalement, il atteigne sa pleine conscience. Lorsque cela arrive, il est alors parvenu a cet influx de lumiere que nous appelons l ' i l lumination 200. En d 'aut res termes, l ' i l lumination, c 'est-a-dire la perfection du moi, serait le but ultime, du moins sur cette terre, du develop­pement psychique des cinq sens (ouie, vue, toucher, gout, odorat).

Une aut re definit ion «psychique» de l’i l lumination nous est donn ee par ailleurs dans une monographie du 9e degre: « L'il lumination. . . est com me un influx de lumiere, comme le contact d 'u n e conscience exterieure qui penetre l'etre, le baigne d 'un e gloire resplendissante et le rend sensible aux impressions qui descendent en l u i201.»

L’i l lumination est do ne le commencement de l’etat de per- fection. Cette idee est d 'ai l leurs clai rement exprimee dans une monographie du 7e degre: «La perfection du moi hu- main 202 consiste en son absorpt ion en l’infini comm e la va- gue qui finit en mourant a la surface des eaux du Nil ;03.» Re- prenant les theses theosophiques de Max Heindel, I’A.M.O.R.C. developpe a son tour le schema classique de 1' evolution - mineral , vegetal, animal, humain, divin - en es- savant de prouver que l ' hom me serait «le plus haut point de v o l u t i o n du monde animal» . Nous lisons, en effet, dans la meme monographie que «l 'e lement divin en l’ho mme ou dans la vie animate t rouverai t done son plus haut point, la perfection de son evolution, en la plus haute expression que nous connaissons et qui est D i e u :04.» Un peu plus loin, l’au teur de cette monograph ie precise sa pensee: «Cette a b ­sorpt ion ne peut rien signifier d 'aut re que la com m un io n fi­nale, l 'harmonie et la fusion complete et absolue de la per ­sonnalite de Fame, du corps psychique dans Fame pure de Dieu dont il emane et dont l ' essence le compose 205.»

Une aut re caracterist ique de l 'etat de perfect ion serait200 ibid.. p. 8.201 22e monographie, 9e degre, p. 2.202 C'est-a-dire le «moi psyehique».2W I8e monographie. l e degre, p. 3.204 ibid., p. 4.205 ibid., p. 4.

l 'harmonie entre le subconscient et la conscience objective. Le subconscient , appele le «mait re executif» (sic), prendrai t peu a peu la direct ion du «moi object if»; en d 'aut res termes, l ' hom me serait conduit par le subconscient qui serait, ne l’oubl ions pas, di rec tement relie au cosmique. Soulignons e n ­core que le perfec tionnisme rosicrucien A.M.O.R.C. se deter ­mine aussi par la notion de pouvoir. II ne faut pas se mepren- dre sur la finalite de la perfection Rose-C'roix: elle est tout ent iere centree sur le «pouvo i r psychique». Ca r nous croyons que des termes comme «mai tri se de soi», «perfection du moi» ou «pouvoi r psychique» ont une connotat ion equiva- lente. Ceci dit, nous pouvons affirmer q u ’un rosicrucien A.M.O.R.C. dispose - ou peut disposer - de pouvoirs psychi­ques ; en realite, sa volonte, de meme que son psychisme, sont la proie de puissances occultes 206.

En definitive, l’etat de perfection est avant tout un concli- tionnem ent psychique et mental. Pour arriver a ce but ultime, le candida t a la perfect ion doit se separer et s' isoler du monde materiel, puis demeurer dans l’«essence du cosmi- que»! Ainsi done, la perfection du moi - ou absorpt ion du moi dans I'infini - serait obtenue par un ent ra inement psychi­que qui permettrait d ’arriver, puis de rester dans I '«essence du cosmique».11. L 'art de devenir invisible

Nous nous permet tons ici de mettre en evidence une autre experience, sans doute la plus raffinee et la plus sophisti- quee: l 'art de se rendre invisible! Car la Rose-Croix A.M.O.R.C. , a l ' instar de tous les autres mouvements oc­cultes, croit qu' il est possible, moyennant une certaine tech­nique, de se rendre invisible 207.

Le procede que I 'A.M.O.R.C. enseigne est, chose trou- blante, le meme que celui de Doreen Irvine, a savoir l 'appari- t ion d ' un nuage! Certes il y a quelques divergences 208, mais

206 L'A.M.O.R.C. pense que le non-developpement de la glande pituitaire serait la cause de la faihlesse psychique des homines! II serait possible, en effet, si Ton en croit I’A.M.O.R.C’., d 'uti liser cette glande afin d ’obtenir un pouvoir psychique! (17c monographie . 9e degre, p. 4.)

20 Le seul temoignage que nous possedons, et qui nous est rapporte dans son livre «Arrachee aux demons», est celui de Doreen Irvine (p. 108 passim).

208 Le nuage est blanc ou noir pour I’A.M.O.R.C. et vert pour Irvine!

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le fond reste absolument ident ique: l ' appel aux forces invisi­bles! En effet, dans le cas precis de l 'A.M.O.R.C. , l ' emploi de Pexpression RA -MA cree, parait-il, un etat de passivite, de dep en dan ce et de receptivite. Cet te technique n'a, en fait, q u ’un seul but, celui de rendre invisible. Si I'on en croit les monographies du 9e degre, il suffirait de s’envelopper dans le «nuage alchimique», «rempli et charge d ' un e energie vibra- t o i r e » 20y et de passer ainsi inaper^u aux autres, a ceux qui nous entourent . II serait ega lement possible de projeter son corps psychique dans le nuage et de se degager, pour un temps, du moi ma ter ie l ! 210

12. Magie, astrologie, clairvoyance et levitationLes neuf premiers degres sont, nous Pavons vu, d ’un ni­

veau occulte tres eleve. Les trois derniers, soit ceux du «Cer- cle des l l luminati» le sont encore plus. Ce que les candidats a Pinitiation ignorent to ta lement lors de leur inscription a l 'Ordre, c’est que l 'A.M.O.R.C. n'est qu 'u ne ecole d 'occul- t isme la plus dangereuse qui soit.

L’A.M.O.R.C. con dam n e dans ses premieres m on ogra ­phies toute magie, b lanche ou noire, et sur tout le spiritisme. Mais, voici q u ’a parti r du 10e degre, tout change, le vocabu- laire aussi, et, po u r ainsi dire, les masques tombent . Nous t remblons en ecrivant ces lignes, mais il importe que la verite, celle de PEvangile, denonce les mensonges de Satan et de l 'A.M.O.R.C.

L’auteur des monographies du 10e degre est tres explicite: pour lui la magie blanche - celle de l’A.M.O.R.C. - ne doit pas etre con fondue avec la magie «ordina i re» ou dite noire. Nous lisons en effet ces lignes: « 11 y a une grande difference ent re la magie blanche, la magie ordinaire, et la magie dite noire. La magie ordinaire, a notre epoque , n'est que tru- quage.. . (...) La magie b lanche n'est jamais une supercherie. Elle est s implement l’applicat ion des lois naturelles ou spiri- tuelles, que tout ho m me peut utiliser... (...) D 'un autre cote, la magie noire n'est pas du tout de la magie. C ’est seulement un terme pour designer une serie de demonst ra t ions imaginaires de quelque nature, que personne n'a jamais vu faire, mais

209 9C monographie, 9C degre, p. I.210 I l e monographie. 9e degre. p. 1.

que bea uco up cr a ign en t2l,.» Ainsi, la magie «ordina i re» ne serait que supercherie et la magie noire des demonstrat ions imaginaires!

L’Ordre rosicrucien A.M.O.R.C. , sous le couvert des «1 ois naturelles ou spiri tuelles», soutient done que la magie b lanche peut etre prat iquee «convenablement» pour le bien des hommes. Par «magie b lanche», l’A.M.O.R.C. entend toutes mani festat ions metaphys iques ou parapsychologiques propres a developper favorablement tout etre humain. L’em- ploi du nom divin n ’est pas, a priori, une condi tion absolue.

Parmi les nombreuses techniques magiques, I 'astrologie occupe une certaine place. Ca r il s’avere que l 'A.M.O.R.C. croit, malgre tout, a I’astrologie! Une «ast rologie» un peu part iculiere certes, mais tout aussi dangereuse que la «vraie»! «II y a, lit-on, dans toute la Bible chretienne. de si nombreuses references aux etoiles, aux planetes et a leur ef­fet sur certains individus ou sur certains evenements, que I 'on ne peut m anq ue r de voir que la science de I’astrologie etait presque universellement acceptee et comprise, meme au cours de la per iode ch re t ie nn e212.»

Dans la meme monographie , nous t rouvons l’explication de I’astrologie telle que l 'A.M.O.R.C. la con^oit : «Au m o ­ment de sa naissance, chaque individu est associe d 'une ma- niere a leh imique , a Pune des grandes planetes de l 'univers, au moyen de I 'essence vibratoire et chimique qui est insufflee dans le corps au moment de la naissance et qui etablit une af- finite chimique avec la na ture et les caracterist iques de cette p l a n e t e 213.» Si I’on en croit ces lignes, au moment de la nais­sance d ' un enfant , des «combinaisons chimiques d'energie vibratoi re» penet rent dans son corps et ceci en parfaite concordance avec les planetes. II y aurait done un lien entre notre date de naissance et les planetes. Mais, sur ce point-la, l 'A.M.O.R.C. est relat ivement prudent et hesite a se pronon- c e r 214. N 'empeche que I'astrologie est I 'objet de la part de l 'A.M.O.R.C. de recherches et d ’etudes.

La clairvoyance, c’est-a-dire la «double vue», l’extra-luci-211 34° monographie , I0e degre, p. 4.2,2 18e monographie. I0e degre. p. 6.213 ibid., p. 3. C'est nous qui le soulignons.214 L 'Ordre rosicrucien A.M.O.R.C. n 'encourage pas ses membres a prati-

quer I'astrologie telle qu'elle se presente actuellement.

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elite, figure au «m enu» mystico-occulte de rA.M.O.R.C . Ce mot, parait-il mal interprets, designerai t la «faculte latente de voir» qui serait localisee dans un «centre psychique a 1' in- terieur du crane au milieu du front». 11 s ’agirait done d ’un troisieme oeil ou, plus exactement , d ' «u n foyer de la conscience psychique de toute la zone cerebrale de la tete» 2I5.

L'A.M.O.R.C. enseigne que la faculte de clairvoyance peut etre developpee par des exercices de concent rat ion. II se pro- duit alors une «sensat ion tres particuliere de sensibilite en ce point du front» et 1' adepte rosicrucien peut etre en mesure de voir a distance ou d 'observer une chose cachee. Cer tains ini- ties aura ient cette possibility de «voi r» a l ' aide d' i inages une situation, presente ou passee, tout en restant confor tablement assis dans un fauteuil les yeux clos...

Dans le meme ordre d' idees, citons une aut re technique parapsychologique: la «facul te analyt ique», el le-meme asso- ciee a la faculte dite d ’« inspi ra t ion». Selon la definit ion de l’A.M.O.R.C. , la faculte analyt ique - ou sixiem e sens - serait la «source de connaissance de notre ra isonnement» tandis que la «peti te voix interieure, e ’est-a-dire une partie de la «Conscience universe lle»216, residerait en l 'homme. En d 'aut res termes, le «ra isonnement analyt ique» serait le pro- duit des facultes cerebrales de l ' hom me alors que la «peti te voix» viendrai t de I 'exterieur. II existerait done deux sources de connaissance, chacune d'elles essayant de prendre le des- sus sur l 'autre. Mais, seule la «voie externe», e'est-a-dire la «connaissance psychique» peut am en er le candida t Rose- Croix a la «Vie interieure»! Les experiences cherchant a de- montrer le bien-fonde de ces theses, e’est-a-dire le develop­pement du «sixieme sens», ne sont en fait que des exercices de relaxat ion pour le moins dangereux: celui qui s’y ad onn e devient un etre absolument p a ss if au t rement dit la proie de 1'Ennemi.

La levitation ferait partie, selon l’A.M.O.R.C. , des do c­trines que Jesus a enseignees a ses disciples! « Q u a n d Jesus marchai t a la surface de l’eau, e’etait en fait un cas de levita­tion, et son poids ne reposai t nullement sur ! ' e au217.» Com-

215 57e monographie , 10c degre, p. 2.2lf’ La Conscience universelle peut etre aussi appelee «Conscience cosmi-

que», «Conscience psychique», «inspiration», etc.2r 33e monographie. I0e degre, p. 5.

ment Jesus aurait-il marche sur l ' eau? La encore, l 'A.M.O.R.C. a une reponse toute faite: «Tout mys t iqu e 218 appre nd avec le temps, que le poids est une loi naturelle qui affecte uniquement la part ie physique, objective du corps hu- main, ou de la matiere en general , et que la partie spirituelle de l’ho mme peut dom ine r cette condi t ion 219.»

Assimiler la marche de Jesus sur les eaux a la levitation, c'est vite dit. Trop vite meme. La levitation est avant tout le fruit d ’un tres long ent ra inement mental et psychique. Jesus n'avai t pas besoin de subterfuges psychiques pour marcher sur les eaux. II est le Crea teur (Colossiens 1: 16), il est le mai- tre de la nature et de ses lois, il exerce sa pleine autori te sur les forces de la nature. Jesus est le Seigneur, tout lui appar- tient, tout lui est permis, meme d ’apaiser une tempete ou de marcher - ou de faire marcher quelqu’un, en l 'occurrence Pierre - sur les eaux. La marche sur les eaux est un miracle naturel dans I’ordre divin, et non I 'applicat ion de procedes psychiques .13. Le spiritisme rosicrucien de l'A .M .O .R .C .

L'Ordre rosicrucien A.M.O.R.C. conda m ne haut et fort le spiri tisme. Dans les monographies des premiers degres, nous t rouvons en effet de nombreuses mises en garde contre le spi­r i t i sme220. Cependant , la doctr ine du spiri tisme est reprise dans le huit ieme degre et cette fois-ci sous un autre angle. Nous lisons ces lignes: «Les ames ne quit tent jamais le plan cosmique sauf pour se reincarner. Mais ces ames peuvent tres bien projeter leur personnal ite vers ceux qui sont sur no ­tre p l a n 22l.» Le mot «spir it i sme» est sous-jacent. II apparai ttres ne t tement que l 'ame peut projeter son influence psychi­que, voire demoniaq ue sur notre terre. II s'etabli t done uncontact, dont 1'origine ne peut etre que douteuse. Pour nous, il ne peut s 'agir que d 'un spiri tisme deguise.

Nos soup?ons sont d'ai l leurs confi rmes dans la monogra­phie suivante: « N ou s devons admet t re que les ames-person-

218 N ’oublions pas que Jesus est considere par l’A.M.O.R.C. comme un mystique!

218 ibid., p. 6.220 Par spiritisme. nous entendons la faculte de communiquer avec l'ame

d 'un «mort», plus exactement le contact occulte avec un demon.221 I l e monographie, 8e degre, p. 5. C ’est nous qui le soulignons.

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nalites ayant quit te le plan terrestre et habitant temporaire- ment le plan cosmique entre deux incarnat ions, passent une partie de leur temps a projeter des pensees et des le9ons, des avis et de I’aide a ceux avec qui, sur la terre, elles peuvent ra- p idement ent rer en contact . (...) Peut-etre le travail le plus in- teressant accompli par ces personnal i tes est-il celui d ' inspi rer et d ’i l luminer la conscience de ceux qui s’efforcent d 'at tein- dre une telle perfection 222.» L'eleve Rose-Croix, candida t a r« i l lum inat i on divine», entre done en contact avec les ames des morts! Loin d ’etre effrayes, les rosicruciens sont convain- cus que «les project ions des personnali tes cosmiques sont inspiratrices et a ident 1'artiste, le musicien, I 'ecrivain et qui- co nque fait un travail creatif utile» 223. II n'y a pas que les a r ­tistes qui profitent de cette « inspi rat ion». L’Impera tor et ses adjoints en font de meme: « L T m p er a to r et les Dignitaires Supremes sont f requemment en com m un io n inspiratrice avec la Conscience Co smique et, pe nda n t ces periodes, ils sont guides spi ri tuel lement et aides dans la direct ion des affaires impor tantes de l’O r d r e 224.»

La Bible conda m ne sans ambages le spiritisme. Dans le li­vre du Levitique, on trouve ces avert issements: « N e vous adressez point a ceux qui evoquent les esprits ni aux devins. Ne les consultez pas, afin de ne pas vous souiller avec eux. Je suis l 'Eternel, votre Dieu» (Levit ique 19: 31); «Si que lqu 'un s ' adresse a ceux qui evoquent les esprits et aux devins pour se livrer a leurs pratiques, je retournera i ma face contre cette personne et je la retrancherai du milieu de son peuple» (Le­vitique 20: 6 ). L 'apotre Paul, lui-aussi, ecrit: «L 'Espri t dit ex- pressement que dans les derniers temps quelques-uns aban- do nn er ont la foi pour s 'a t tacher a des esprits seducteurs et a des doctr ines de de mons» (I Timothee 4: 1-3). Pour se rendre vraiment compte du danger du spiri t isme rosicrucien de I 'A.M.O.R.C. , il faut remplacer le mot «ame-personnal i te» pa r «espri t» ou «dem on» . Tout devient clair!14. L'«experience m ensuelle speciale du G rand-M aitre»

Tous les inities, quel que soit leur degre, sont invites a par- ticiper avec le Grand -Mai t re a une experience «myst ique» le

222 1 2c monographie, 8e degre, p. 4. C ’est nous qui le soulignons.223 1 l c monographie, 8e degre, p. 8.224 I0e monographie, 8U degre, p. 8.

premier vendredi de chaque mois. Au moment fixe, soit entre vingt heures et minuit , le rosicrucien A.M.O.R.C. se retire - ou devrai t se retirer - dans son sanctum pour se mettre en etat de depend anc e psychique: relaxat ion, detente, respiration profonde , etc. «C’ela fait, lit-on dans le M anuel Permanent de Reference et d 'In form ation, visualisez quelques instants frater Christ ian Bernard dans sa tenue rituelle de Grand-Mai t re , et irradiez vers lui toutes vos pensees et vibrat ions de sante, de force, de courage et de paix. Puis, at tendez deux ou trois se- condes et voyez, du niveau de son coeur, s ’irradier vers vous des vibrat ions ident iques de sante, de force, de courage et de paix. Soyez, a ce moment-la aussi receptifs et passifs que possible pendan t une minute ou deux 225.»

Un aut re point, celui de la passivite, nous prouve, une fois de plus, que le disciple Rose-C'roix A.M.O.R.C. est le jouet du diable. Car la dep end anc e et la passivite psychiques qui caracterisent cette nouvelle experience «mystique» sont pour le moins dangereuses. Elles contr ibuent a faire de l’homme une mar ionnet te de Satan. La Bible, Parole de Dieu, nous en ­seigne qu' il nous faut avoir une tout aut re att i tude. L 'homme pecheur , mais regenere par le Saint-Espri t , doit s ' aban donner a Dieu, non s’annihiler. L’abando n, loin d ’etre de la passi­vite, est au contraire un acte conscient, reflechi. En d ’autres termes, le chretien est un etre responsable et consequent : il ne con fondra jamais a ban do n et passivite!

Quan t au fait d 'emett re des vibrat ions a distance, et parfois a des milliers de ki lometres, cela souleve aussi bien des ques­tions. Est-ce uniquement une activite du psychisme humain? S'agit-il de ph enome nes parapsychologiques? Pour notre part nous penchons pour la deuxieme interrogation. Car nous croyons, en effet, que seules des puissances d ’origine de m oniaque sont capables de realiser une telle relation oc­culte. Cela est rendu possible par le moyen de l 'egregore rosi­crucien... Toutes les pensees psychiques et parapsychiques du disciple rosicrucien A.M.O.R.C. sont orientees vers un point focal - le Grand-Mai t re - qui, aussi tot apres, les ren- verra a I 'expediteur! Cet echange psychique ne peut pro- duire, a notre avis, que des resultats nefastes po ur ceux qui pra t iquent cet «exercice».

225 Manuel Permanent tie Reference et d'Information, p. 73.

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15. Experiences dem oniaques ou supercheries?Que penser de tout cela? Quoi qu e l 'A.M.O.R.C. affirme

que la «fabr ica t ion» des nuages soit bibl ique 226, il n 'en de- meure pas moins que l 'on peut se poser a juste titre de se- r ieuses questions, non pas par le fait que les nuages, ou nuees, aient existe, mais quant a leur emploi. Chaqu e fois que Dieu utilise un nuage, c 'est pour lui, et non pour l 'homme. C'est Dieu qui se cache et non l ' inverse. En effet, Dieu lui-meme a dit: «Tu ne pourras pas voir ma face, car l 'homme ne peut me voir et vivre» (Exode 33: 20). Un autre exemple, celui de la Transf igurat ion , prouve que Dieu, lorsq u’il parle, ne desire pas etre vu: « C o m m e il (Pierre) par- lait encore, une nuee lumineuse les (Pierre, Jacques et Jean) couvrit . Et voici, une voix fit en tendre de la nuee ces p a ­roles.. .» (Matth ieu 17: 5). Ainsi, Dieu utilise, de temps en temps, des nuages pour se reveler tout en gardant secret son visage et sa saintete. Quant a la technique occulte de l 'A.M.O.R.C. , elle n'est qu 'u ne grossiere falsification qu'il faut a tout prix rejeter.

II en est de meme pour la project ion psychique, la levita­tion, l ' aura, etc. Ca r tous les phen ome ne s parano rmaux ont une origine et une explicat ion qui ne sont pas forcement d ' ordr e rat ionnel, mais qu'il faut situer sur le plan m et ap hy­sique. La, il est evident que, sur le plan purement scientifi- que, nous n ’avons aucune illusion a nous faire car ces expe ­riences echappent a la logique et a la r igueur scientifiques de meme que, dans la p lupar t des cas, aux apparei ls de mesure, meme les plus perfect ionnes 227. C ’est do ne uniquement dans le do maine spiri tuel , et plus exac tement dans la Bible, que nous pouvons trouver la clef du probleme. L'A.M.O.R.C. , in- volontai rement d'ail leurs, nous do nn e implici tement la re­ponse. Lorsque l’auteur d ' un e monograph ie ecrit que «fenergie , les niateriaux employes et le processus par lequel est forme le nuage ne sont pas connus par l’homme. Ces ele­ments procedent necessai rement du divin; en d ’autres termes, ils sont de na ture divine. Par consequent , la cause pri-

226 Des passages comme Exode 24: 16. 16: 10 et 19:9; I Rois 8:11 sont ci­tes par l'A.M.O.R.C.

22: L'A.M.O.R.C'., cependant. disposerait de tels appareils pour ses pro- pres experiences eflectuees dans son «Laboratoire de parapsychologie» de l’«Universite Rose -I- Croix» de San Jose.

maire des resultats a lch imiques et mystiques auxquels nous des irons parvenir se t rouve dans le divin» 228.

L 'auteur de cette m on ograph ie a vendu la meche: ces m a ­nifestations «a lchimiques et mystiques» seraient d ’inspira- tion «divine». L'A.M.O.R.C. reconnait implici tement l'ori- gine metaphys ique de ces experiences. Mais a part i r de la, nous sommes en droi t de nous poser cefte quest ion: quel d i ­vin? S'agit-il de Dieu? Cer ta inement pas! Ca r Dieu ne nous a pas crees pour etre des «fabr icants» de nuages! Le chretien, lui, ne cherche pas a s ’amuser a se cacher derriere des nuages ou a projeter son corps psychique dans l’espace; il cherchera plutot a glorifier son Seigneur et son Dieu par une vie livree. Alors, puisqu' i l ne s ’agit pas de Dieu, il ne reste plus qu 'une seule explicat ion: le «divin» dont il est quest ion ici n'est aut re que Satan en personne , le prince des demons et de ce monde. Ca r le diable, I 'ennemi acharne de Dieu, cherche par tous les moyens a supplante r Dieu, a lui ravir sa suprematie et son autorite. C o m m e le dit jus tement le pasteur Maurice Ray, «le seul veritable adversaire, c'est Satan le dieu de ce s iec le22().»

Le diable existe! II est bien reel et son action est clairement mani festee dans le monde. II est menteur des le com m en ce­ment et le sera ju squ 'a la fin. Son action perfide et malfai- sante est suf f i samment attestee par la Bible tout entiere. Sa puissance, quoique limitee, n'est pas a negliger. Satan, en ef­fet, n'est qu 'u n etre limite: il n'est pas tout -puissant , n ’est pas omniscient , ou omnipotent . En vertu de ces limitations, le diable ne peut pas tout faire, car il ne faut pas oubl ier qu'il n ’est qu 'u ne creature. Cependan t , il dispose, avec la permis­sion de Dieu na turel lement, d ' un pouvoi r non negligeable. II peut, en particulier, contrefaire les oeuvres de Dieu. Dans un passage bibl ique bien connu du livre de I 'Exode, celui qui re­late les dix plaies, nous voyons que les magiciens d 'Egypte accompli rent , du moins au debut , les memes miracles que MoTse (Exode 7: II et 22; 8 : 3). Par la suite les magiciens du- rent s’incliner devant la puissance que Dieu avait accordee a son serviteur Moise (Exode 8 : 14). Ainsi, des la troisieme «plaie», les suppots de Satan ne furent plus en mesure de

228 9e monographie . 9e degre, p. 5.229 M. Ray, Echec a Voppresseur, p. 44.

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s 'o pposer a Dieu. Ne pouvant l 'egaler, il cherchera a t romper et a abuser son mon de: il ten tera de faire croire que... mais en definitive cela appar t ien t au m on de psychique et illusoire. Le diable, il faut le dire, excelle a ce travail admirablement bien. II promet a l’ho m m e des choses extraordina ires, et il ne se t rouve pas toujours en mesure de tenir ses promesses. Un de nos correspondants, ex-membre de l’Ordre Rosicrucien A.M.O.R.C. , ayant atteint le 12e degre, nous ecrivait: «En ce qui concerne le dedou bleme n t ou 1'invisibilite, l’A.M.O.R.C. n ’a rien invente, ces methodes existent dans diverses parties du monde. Ex. tel article de presse relatant la fuite du Dalai- Lama et de sa suite, et des nuages sont venus, parait-il , les dissimuler, alors q u ’ils etaient poursuivis par des troupes communis tes chinoises... Les methodes A.M.O.R.C. me pa- raissent elementaires (...). Je ne me suis jama is rendu invisi­ble, je ne connais personne qui I'ait fait, et ne considere pas cela com me serieux. Quant au dedoublemen t , il existe de tres nombreux livres a ce sujet (et la encore le processus A.M.O.R.C. est elementaire), c ’est un ph en omene assez cou- rant (emotions tres fortes, dangers, anesthesies, drogues, al- cool, etc.) mais tres diff ici lement controlable 230.» Notre cor- respondant , qui fut un m em bre fidele de l 'A.M.O.R.C. pe n ­dant 30 ans, reconnai t f ranchement ne pas s’etre rendu invisi­ble. Ce temoignage qui l’honore est cor robore par un autre, celui-ci em anant d 'un ex-membre de l 'A.M.O.R.C. , du 10e degre, qui, lors d ’un entret ien, admi t la meme chose. Par contre, et selon d 'aut res temoignages, ces enseignements, ces experiences ont pu reussir avec d 'au t res membres.

Dans toute experience psychique ou parapsychologique, le reel cotoie l ' imaginaire. Le diable est expert dans ces deux domaines. Tanto t il cherchera a seduire par des miracles reels, «visibles», tantot il recourra a d 'habiles subterfuges. Quoi qu'il en soit, le diable saura t irer son epingle du jeu. Pour nous, il ne nous importe pas de savoir si le diable a le pouvoir de rendre invisible l’hom me, mais d 'a ff i rmer que «Le Fils de Dieu a paru pour det ruire les oeuvres du diable» (I Jean 3: 8 ). Ainsi, nous avons a faire avec un ennemi deja vaincu... Allons done vers celui qui est la source de toute vie veritable, Jesus-Christ , lequel s'est do nne lui-meme pour

2,0 M. M.. correspondance, 7 novembre 1983.

nous racheter du peche et de la mort. «Seigneur a qui irions- nous, toi qui as les paroles de la vie eternelle» (Jean 6 : 6 8 ).

L’ethique de l’A.M.O.R.C./. Le Code de Vie du Rose-Croix

Toute l’ethique de l 'Ordre Rose-Croix A.M.O.R.C. est en par ticul ier resumee dans les trente articles du Code de Vie du Rose-Croix. Ecrits dans un style tres academique , ces articles definissent avec precision la condui te que doit avoir tout ro­sicrucien. Ce sont, pour la plupart , des com m an dem en ts mo- raux ou l’human ism e est loin d 'etre absent, et qui traitent des relations que tout disciple de la Rose-Croix est cense avoir avec aut rui : de meme les engagements poli t iques ou religieux ent rent dans le cadre de l ' ethique rosicrucienne tel que l 'A.M.O.R.C. le professe.2. Une ethique impersonnelle

L’ethique de l’Ordre rosicrucien A.M.O.R.C. est, parait-il, impersonnel le. Toutes nos actions, toutes nos pensees doi- vent etre empreintes du caractere d ’impersonnal ite. Le mot « i mpersonnel» est tres ambigu. De quoi s ’agit-il? II est tres difficile de do nn er une explication sur le plan prat ique de ce q u ’est une action impersonnel le. Une monograph ie tente d 'expliquer, ou plutot de justifier, ce qu'est la «vie imperson- nel le»: «Selon la concept ion mystique, la vie impersonnel le consiste a inclure autrui d ’une maniere directe - et parfois in- directe - dans les bienfaits qui nous echoient. Quelqu 'un peut reellement deveni r tres riche et meme mul timil l ionnaire, et demeurer aussi un bienfai teur de l 'humanite dans la conduite de ses affaires 23l.» L’e thique impersonnel le, selon l 'A.M.O.R.C. , serait done le fait que tout bienfait ne devrait jamais profi ter a un seul, mais a tous. Si que lqu 'u n decouvre une chose qui puisse etre utile pour l’humani te, qu'il la par- tage avec autrui, il est cense realiser un acte ethique imper­sonnel , meme s’il vend son brevet tres cher et qu'il s’enrichit demusurement!

231 16c monographie, 9C degre. p. 6.

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3. Les relations avec autruiBien que I 'ethique de I 'A.M.O.R.C' . soil «impersonnel )e»

et qu'el le soit sujette a caut ion, il n 'en demeu re pas moins que les articles du Code de Vie conce rnan t les relations avec aut rui sont tres... personnels! Les articles IV, VIII, IX, X, XVI11. XX, XXIV, XXV, XXVI, XXVIII forment un ense m ­ble d 'exhor tat ions , de recom m an da t ions et de conseils. La plupart de ces articles rendent temoignage d 'un e hauteur d'espr it elevee, sinon meme d 'u n e inspiration ehret ienne: le pa rdon des offenses, la tolerance, le respect des autres, le re­fus des honneurs (l 'humili te), le desir d 'a ider les autres, etc., sont, on le voit, des vertus loin d 'etre condamnables . La mo- ralite telle que I'A.M.O.R.C' . la con^oit , du moins sur le p a ­pier, est, il faut le reconnaitre, exempla ire. Certes, et c'est la le point faible de toute I 'ethique rosicrucienne, I 'origine et la finalite de toute la morale Rose-C'roix sont anthropocent r i - ques. C'est l ' homme - et l ' hom me seul - qui est la cause et le but de tout son compor tem en t e th ique dans la societe. Mais, dira-t-on, les commentai res de ces articles sont truffes d'allu- s ions au «C osm ique» ou aux «Mai t res invisibles». C'est vrai, mais il faut se souveni r que le seul «Mai t re» que connai t le rosicrucien n'est aut re que son «moi interieur».

Un mot revient souvent, celui de «servi teur». L'esprit de service a l ' encontre de son prochain - comme vis-a-vis de l 'Ordre - est un critere tres impor tan t pour le rosicrucien. Ses devoirs et ses obligat ions sont nombreux et, a vrai dire, il est pra t iquement impossible de les accomplir .4. A ider la religion de son choix?

L'article XXII que nous reproduisons in extenso: «Ac- corde ton soutien a une religion de ton choix pour qu'el le poursuive sa mission de Iumiere» est cer tainement l 'un des plus controverses qui soient. La problemat ique est de tailie, car n 'oubl ions pas que I 'A.M.O.R.C. pre tend ne pas etre une religion, mais son ense ignement est religieux; de plus, il af- f irme etre tolerant et respectueux, mais ses membres subis- sent un veritable endoct r inement psychique et occulte. Mais la oil reside le probleme, c'est que les enseignements rosicru­ciens de I'A.M.O.R.C'. sont fon dam enta l em ent ant ibibl iques et ant ichretiens. Alors, comment un rosicrucien qui nic la

doctr ine de la Trinite, qui croit que Jesus est un avatar ou qui adme t le panthe isme peut-il a ider une religion de son choix, a fortiori ehret ienne? C ar I 'A.M.O.R.C'. prone qu 'un bon ro­sicrucien se doit d 'expl iquer quelle est la «mission de lu- miere» de la religion et qu'il faut meme la soutenir financie- rement!5. A propos de I'argent

L'argent occupe une grande place dans I 'ethique de I 'A.M.O.R.C. D'ail leurs H. Spencer Lewis ne se cache pas pour l 'affirmer. N'ecrit-il pas que « l 'un des deux bienfaits que I'on d em an de le plus souvent au Co smique l 'un, c’est peu t etre l 'argent, et 1'autre, c'est la sante 232». Bien que H. S. Lewis affirme que le «C osm ique n 'eprouve pas de symbo- lisme p o u r I 'emploi de l’a rgent» 233, il n ’hesite pas a prodi- guer des conseils pour s 'en procurer . Pour lui, on peut utili- ser les « lois mentales ou mystiques» pour parvenir a ce but.

Le fondateur de I’A.M.O.R.C. croit que Faction du Cosmi ­que est utile pour obteni r la somme d ’argent que I’on desire. «D e fa?on generale, ecrit H. S. Lewis, 1'acquisition d ’argent grace a l ' aide Cosmique se ramene a une forme de concent ra­tion qui est s imple et efficace. (...) Si l 'on desire 1000 francs, c ’est sur ce chiffre qu'il convient de se concentrer. (...) Et tous les jours, le matin, a midi et le soir, juste avant les repas, la personne qui desire cet argent doit se mettre en harmonie, par la relaxat ion et la concent ra t ion , avec I'esprit cosmique et universel 23,...» Cet exercice peut etre repete pendant quatre ou cinq jours : le resultat, posit i f bien sur. ne fait aucun doute parait-il.

C’ctte meme technique est aussi valable pour un emprunt bancaire. «Q uan d vous recherchez l 'aide du Cosmique pour emprun te r de l 'argent, a joute H. S. Lewis, il faut supposer que vous avez dans I’esprit que lque personne ou quelque or- ganisme qui pourra vous preter de l 'argent. (...) Les choses etant ainsi, vous pouvez alors visualiser la somme, ainsi que la personne et I’organisme dont vous desirez obtenir le pret. En vous concent rant sur cette visualisation trois fois par jour,

2,2 H. S. Lewis, Principes rosicruciens pour le foyer el les affaires, p. 57.233 H. S. Lewis, ibid., p. 59,2,4 H. S. Lewis, ibid., p. 62.

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vous pouvez compter sur l ' aide du Cosmique a condi tion, na- turel lement, que vous ayez fait les demarches terrestres, p h y ­siques et materielles normales 235...»

Constatons, avec regret, que l ' ethique de l 'A.M.O.R.C. se preoccupe bien plus de prosperi te economique ou f inanciere que de mora le prop rem en t dite. Un em pr un t bancai re ou, a plus forte raison, un p lacement lucrat if ne sont pas a priori des prat iques chret iennes convenables. La Parole de Dieu est, a cet egard, explicite. La parabole de l ' homme riche ex­pr ime bien le reflet de notre mental i te actueile et qui est aussi celle de l’A.M.O.R .C . : « J ’ai amasse de grands biens - mainte- nant je vais me reposer et me rejouir» (Luc 12: 17-21): par ailleurs, nous lisons: « R e c o m m a n d e aux riches du present siecle de ne pas etre orgueil leux, et de ne pas mettre leur es- perance dans des richesses incertaines, mais de la mettre en Dieu, qui nous do nne avec abo nd ance toutes choses pour que nous en jouissions. Reco mm ande- leu r de faire du bien, d 'etre riches en bonnes oeuvres, d 'avoi r de la liberalite, de la generosite, et de s 'amasser ainsi pour 1’avenir un tresor place sur un fondement solide, afin de saisir la vie veri table» (1 Ti- mothee 6 : 17-19). II semblerai t que l 'A.M.O.R.C. , tout comme la plupart des Ordres rosicruciens, passe par -dessus ces versets pour tant si clairs. C a r tous ces Ordres, et certains ne se cachent pas, sont riches et font etalage de leur soi-di- sani puissance. La prosperi te f inanciere des Ordres, tout comme celle de quelques-uns de ses membres haut places, a de quoi faire fremir. Car, toutes les sectes rosicruciennes (sauf peut-etre l 'Association de Max Heindel, du moins en Europe) savent bien utiliser toutes les ressources des t echni ­ques modernes, des medias en particulier. Ainsi s'est deve- loppe le « Market ing de l 'occulte», c ’est-a-dire que les asso­ciat ions Rose-Croix, surtout l 'A.M.O.R.C. , ont mis au point grace a ( 'argent un systeme d ’act ion psychologique sur le p u ­blic a des fins purement commerciales. L'argent, en def in i ­tive, ne sert qu 'a f inancer une publicite tapageuse en vue d ’un seul objectif: la rentabilite. Ce qui explique que les O r ­dres occulto-ini t iat iques ont ces dernieres annees sensible-

235 H. S. Lewis, ibid., p. 66. C'est nous qui le soulignons. Parmi les bonsmotifs pour emprunter. citons: «Le placement d 'a rgent dans une entrepriseprospere». «l'achat d 'une maison bien situee et representant un bon place­ment immobil ier», etc.

ment progresse en puissance: il est vrai q u ’avec l’argent on peut tout vendre, meme le mensonge!6. C om m ent fa ire des affaires ?

L'ethique ros icrucienne de l’A.M.O.R.C. est une ethique basee sur la loi theor ique de la ^com pen sa t i o ns , aut rement dit du Karma. Nous connaissons le pr incipe : si nous don- nons, nous recevons et si nous prenons, on nous prendra. De plus, l ' ethique est fortement axee sur la puissance de l 'homme, ou, plus exac tement, sur ses pouvoirs psychologi- ques ou psychiques. Ainsi l 'homme, grace a ses pouvoirs, peut pre tendre a une bri 1 lante carriere et forcer le succes.

La preuve nous est donn ee par le fondateur de l 'Ordre. 11 ecrit a ce propos: « Lorsque vous cherchez a att irer les clients, souvenez-vous que vous devez utiliser des principes psycho- logiques subtils et les mettre en prat ique de telle sorte que la personne qui doit en etre affectee se rende compte pleine- ment de ce que vous faites et en prenne note menta lement 236.»

C o m m en t vendre un produi t? Cela revient a dire: com ­ment convaincre le client? (ou l’«embobine r»? ) H. S. Lewis, de nouveau, se permet de do nn er des conseils pour le moins douteux: «Que vous cherchiez a vendre une marchandise a une personne (...), il est absolument necessaire de creer dans l’esprit de l ' acheteur eventuel une replique de I’image que vous avez dans l’esprit. C ’est vraiment l’art de la t ransmis­sion de pensee , mais au lieu de l ' accompl i r exclusivement au moyen de la telepathie menta le , vous avez I’avantage su p ­p l e m e n t a l d'uti l iser des mots et d ’autres lois psychologi- q u e s 23r...» Pour H. S. Lewis, le succes en affaires ne tient qu 'a cette methode qui consiste a regarder le «cl ient» droit dans les yeux au niveau de la partie superieure du ne z ! 238 L'at t i tude mentale, soit le «regard solide et conscient», doit a m ene r le client a la «verite»!7. Peut-on encore parler d 'ethique?

C'est . en effet, la quest ion qu 'on peut se poser a juste litre. Ca r il semblerai t que toute la preoccupat ion ethique de l’A.M.O.R.C. tourne pr inc ipa lement au to u r de la puissance

116 H. S. Lewis, ibid.. p. 139.:3' H. S. Lewis, ibid.. p. 95. C'est nous qui le soulignons218 Hypnose!

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et des pouvoirs de l’homme. Sous le couvert du mot «imper- sonnel» , I 'ethique rosicrucienne est en fait tres materialiste. L’argent, la richesse, le desir de dominat ion , le succes, etc., sont les points forts de l’e thique de l 'A.M.O.R.C. Certes, il y a des belles paroles, pleines d ' a m o u r et de comprehens ion , mais elles sont noyees parmi des considera tions qui n 'ont rien a voir avec l’ethique. Utiliser ses pouvoirs psychiques ( t ransmission de pensee et meme hypnose) afin de convain- cre l 'autre, est-ce la une eth ique acceptable? Non! Nous nous t rouvons ici en presence de prat iques scandaleuses , indignes! Le desir de convaincre a tout prix n'est pas, selon nous, le signe d 'une bonne ethique. N ’y a-t-il pas le risque de tomber sous la dependance de l ' ho m m e? Reflechissons un peu: no- tre liberte, et celle des autres, n'est-elle pas menacee par de tels agissements? C ar nous croyons qu 'u ne telle fa<?on de proceder peut at teindre le bien le plus precieux que l 'homme possede: la liberte. L 'homme est appe le a vivre dans la li- berte, non dans l ' esclavage. Une veritable e thique est celle de la liberte. Mais souvenons-nous que la vraie liberte est un don et une grace de Dieu.

C H A P I T R E VI

Le Gnosticisme du Lectorium RosicrucianumLa philosophic «gnostique» de la Rose-Croix d'Or

Nous abo rdon s ici la doctr ine philosophique du Lectorium Rosicrucianum, appele aussi « Rose-Croix d ' Or» (Rozekruis- Pers en neerlandais), comme nous l ' avons ment ionne dans notre expose historique. Ce mouvement est tres sectaire et cela se t raduit par des pretentions demesurees. II se pretend etre la seule voie de salut dans le monde! «Le Christ ianisme pur, immacule, l’Enseignement universe!, la Religion origi- nelle sont gardes pour nous de fayon exclusive et irrevocable dans les Mysteres. Les Hierophantes des Mysteres n 'ont j a ­mais rien fonde qui puisse ressembler a des eglises ou a des institutions magico-mystiques. Tout ce qui a pu etre raconte la-dessus est au plus haut degre une e r reur ' . »

La doct r ine du Lectorium Rosicruc ianum est sans conteste 1' une des plus a rdues et compl iquees que nous avons etudiee. Le vocabulaire tres recherche et sophist ique, la symbolique ext reme, et la complexi te de l ' enseignement de la Rose-Croix d 'O r font que le lecteur aura sans doute quelques difficultes a compren dre le cheminement de cette « p h i l o s o p h i e s Notre tache a ete rendue encore plus difficile par le fait que cette secte rosicrucienne, la plus petite et la plus fermee, emploie a peu de choses pres la meme terminoiogie que celle de nos milieux chretiens. D 'emblee la confusion est totale, et peu a peu, on s’ape r 9oit q u ’il y a un decalage enorme entre le sens bibl ique d 'un mot et celui do nne par le Lectorium Rosicru­cianum.

II ne faut pas perdre de \ u e que cette philosophie «gnosti- que» est resolument dualiste. Ses maitres a penser, Jan van Ri jckenborgh et Catharose de Petri, ont bati tout un systeme philosophico-occul te a part i r du gnost icisme «chret ien» des

1 .1. van Rijckenborgh et C. <Je Petri, I.a Gnose Universelle. p. 208.

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premiers sieeles, du manieheisme et du cathari sme. A cote de cela, ont ete ajoutes la «G no se originelle egypt ienne», les en ­seignements de Hermes Trismegiste et, enfin, dans une moin- dre rnesure, ceux de la Theosophie ./. Une philosophie «gnostique»

Le Lectorium Rosicrucianum se definit comme une «Ecole Spirituelle gnos tique de la Rose-Croix» et pretend dispenser un «En seignement Universel». Ce mouvement , Pun des plus dangereux que nous connaissons , sectaire et dogmat ique, propose , en effet, une doct r ine a la fois seduisante et confuse. Ce qui impress ionne le plus le «chercheur» qui en ­tre en contact avec ce « C h a m p de Force», c'est-a-dire le cham p m agnetique du Lectorium Rosicrucianum, c'est son ap pa rence de serieux mais aussi ses idees bien arretees.

Pour la Rose-Croix d'Or , la «G no se est l ' essence rayon- nante de I 'Autre Royaume qui ne peut, en aucune fa^on, etre expl ique a parti r des deux spheres de notre ordre de n a t u r e » 2. La Gnose n'est done pas un ense ignement ecrit, ni meme une t radi t ion orale, mais une «essence rayonnante» , c'est-a-dire une vibration de type magnet ique venant du Royaume dit «originel». Etre gnost ique, selon le Lectorium Rosicrucia­num, c’est intercepter puis assimiler ces vibrations. Autre­ment dit, etre en contact avec des forces supranaturel les. La «phi losophie» du Lectorium Rosicruc ianum, loin d 'etre gnos tique, se definit surtout par son niveau d'occult isme.

Enfin, precisons encore que le «gnos tici sme» du Lecto­r ium Rosicrucianum est une voie et un chemin dont l 'objectif ul t ime est la «t ransfigurat ion», c 'est-a-dire faire «revivre I 'Homme-Dieu du c o m m e n c e m e n t 3. Nous retrouvons la, sous un angle different il est vrai, le per fect ionnisme des Ca- thares d'autrefois.2. Une philosophie «transjigurislique» et «serpentine»!

Ce qui caracterise la phi losophie du Lectorium Rosicruc ia­num, c'est qu'el le se dit gnost ique. mais aussi iransfiguristi- que. «La philosophie «t ransfigur is tique» est l ' enseignement « m ode rne » de la Sagesse 4.» Tout l ' enseignement de la Rose-

’ J. van Rijckenborgh et C. de Petri. La Gnose Universelle. p. 34.3 C. de Petri, Le Sceau du renouvellement, p. 31.1 J. van Rijckenborgh et C. de Petri, ibid.. p. 47.

Croix d 'O r se place dans la perspect ive d 'un e t ransformat ion totale de I'etre humain. Cette «phi losophie», qui se veut uni­verselle, a pour object if de mettre l 'humanite en inarche vers un aut re «royaume», vers une aut re «patr ie». Seule la «trans- f igurat ion», finalite ultime d ' un long cheminement , pourrai t t ransformer le monde et «t ransfigurer» les individus. La «phi losophie transfigurist ique» - tout entiere orientee vers P « H o m m e pr imordia l» - est done une philosophie perfec- t ionniste et sur tout salvatrice.

La philosophie «t ransfigur is t ique» du Lectorium Rosicru­c ianum serait aussi une «Sagesse des serpents»! Se basant sur ce verset bien connu: «Soyez prudents comme les ser- pents» (Matth ieu 10: 16) \ J. van Ri jckenborgh et C. de Petri ont e labore tout un schema de doctrine pour le moins bizarre et serpentin! Le serpent representerait , dans la doctr ine dite «t ransfigur ist ique», l 'objet representant deux symboles: le symbole du Tres-Saint, du divin et celui de la bete la plus ineprisable! J. van Ri jckenborgh et C. de Petri font une dis­tinction entre le «Serpent d 'Or» , symbole de l 'Esprit Saint, et le reptile, designe comme le diable!3. Une «franc-maQonnerie» rosicrucienne

Le Lectorium Rosicrucianum est appar em m en t la seule secte rosicrucienne a insister fortement sur l ' aspect ma^onni- que de son organisat ion et de ses enseignements. Les expres­sions «f ranc-ma£onner ie personnel le» ou «auto-f ranc-ma- 9onner ie» sont assez f requemment citees lors des confe­rences publ iques que la secte organise annuel lement ; elles apparaissent aussi dans un certain nombre de leurs ouvrages.

«La notion «f r anc-ma9onner ie», lit-on dans La Gnose Uni­verselle, dans son acception originelle, et plus specialement le mot «f ranc», c'est-a-dire libre, ne designe pas I ' individua- lisme aigu, I’egocentricite courante de notre monde. Etre li­bre signifie etre en mesure de travailler dans une force verita- blement liberatrice, avec une force qui rend libre A.» La no ­tion de liberte est done alliee a celle de force. En d'aut res termes, la « m a 9onner ie» du Lectorium Rosicrucianum est sy- nony me de «force», de «vibrat ion» ou encore de « Lumiere

5 La «Sagesse des serpents» serait la «radiation de la Sagesse de l'Esprit universelle», autrement dit la sagesse du dieu impersonnel.

" J. van Rijckenborgh et C. de Petri, La Gnose Universelle, p. 128.

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pranique originelle». Ainsi, le fait d 'etre relie a la « Lumiere pranique» donnerai t a l 'eleve de l’Ecole Spirituelle le statut de m a^onl...La doctrine de Dieu/. Dieu, un etre i/npersonnel

La doctr ine de Dieu et la christologie du Lectorium Rosi­crucianum sont d 'une grande faiblesse: elles n'existent pour ainsi dire pas. C'ertes les ecrits de la secte font souvent etat de «Dieu », de «Chr ist», etc.. mais dans un sens gnost ique. Les formulat ions doctr ina les ex t remement compliquees et confuses font qu'il est impossible de distinguer, au premier abord, la theologie de l 'occult isme. Notre demarche theologi- que a ete rendue de ce fait tres difficile.

Neanmoins , nous pouvons dire que tous les mouvements rosicruciens sont unanimes sur ce point : Dieu est un etre im- personnel. Dieu n'est pas un crea teur - au veritable sens du terme - bien qu' il soit eternel. Malgre les belles paroles de ses fondateurs , la doctr ine de Dieu, la theologie, ne presente aucun interet spirituel. Elle est, en effet, tout axee sur l ' hom m e et sur ses pre tendus pouvoi rs d 'autol iberat ion. Par la meme occasion, la doctr ine de la Trinite est balayee: ie Dieu trois fois saint n'existe pas, il est remplace par «trois courants de la Divinite» qui se mani festeraient par «trois ac- tivites de la Radia tion divine». Dieu est Lumiere, mais i) n'est que lumiere; Dieu est un feu devorant , mais seulement «feu spi ri tue l». Bref, Dieu n'est ni personnel , ni, encore moins , une personne: il est «radia t ion», «f luide», «vibra- t ion», c'est-a-dire impersonnel .

Reprenant les idees de tous les gnost iques d'aut refois, le Lectorium Rosicrucianum professe la dichotomic de Dieu (quel Dieu?). «Le Dieu de 1'Ancien Tes tament , ecrivent Jan van Ri jckenborgh et Cat harose de Petri, est un dieu absolu- ment naturel , un demiurge, d iametra lement oppose a Celui du Nouveau T e s ta m e n t ' .» Ainsi, les Juifs et les Chre t iens se­raient coupables d ' ado rer le demiurge , le dieu de la N a ­ture!...

J. van Rijckenborgh et C. de Petri. La Grtose Universelle, p. 84.

2. Dieu. un serpen t?II est important de signaler ici que le Lectorium Rosicru­

c ianum cons idere que Dieu est... un serpent! 11 existerait, en effet, en plus des serpents d 'airain et igne, un troisieme «ser- pent» appele le «Serpent d 'Or» . Celui-ci serait identifie a Dieu! Le but de la philosophic occulte du Lectorium Rosi­cruc ianum est d 'ent rer en contact avec le «Serpent d 'Or» , aut rement dit le pr incipe divin! «D ans la doctr ine transfigu- ristique, font remarquer les memes auteurs, le serpent est 1’objet r e p r e s e n t a t i v e deux grands symboles, le symbole du Tres-Haut, du divin au sens le plus absolu du mot ; en second lieu, il symbolise ce qui est le plus meprisable. le plus impie. Nous voyons d ' un cote le serpent comme le reptile sifflant, c rachant et bavant son venin, et nous le voyons d 'un autre cote comme le symbole de l’Esprit Saint 8.» Dieu serait done un symbole - la notion d 'un dieu impersonnel reapparai t - et un serpent! Autant dire le monde a I'envers... Jamais, au grand jamais, la Bible identifie Dieu au serpent. Ce qui est vrai, par contre, c'est q u ’il y a une inimitie mortelle entre Dieu et le serpent , le diable. II est ecrit dans la Bible a propos du serpent : «Tu seras maudit entre tout le betail et entre tous les an imaux des champs, tu marcheras sur ton ventre et tu mangeras de la poussiere tous les jours de ta vie» (Genese 3: 14).3. Jesus-Christ

Le Lectorium Rosicrucianum professe a I 'egard du Christ une doctr ine que l 'on peut qualifier d 'ant ichret ienne. Les noms de Jesus ou de C h r i s t 9 sont souvent cites, mais jamais selon les norm es bibliques.

Nous lisons dans une lettre d ' information ces propos tres explicites: «... il faut se defaire d 'une certaine image de C'hrist. Generalement, le Christ est etroi tement associe a la fi­gure historique de Jesus de Nazareth. On le con?oit comme une personne a I 'autorite de laquelle le croyant se soumet.. . 10» L'er reur appara i t d ’emblee: le Christ est dissocie de Jesus;

8 J. van Rijckenborgh et de Petri, ibid., p. 48.v L’expression «Hierarchie de C'hrist» revient tres souvent dans les ecrits

de la secte. Elle signifie tout simplement l’«Ecole Spirituelle». soit le Lecto­rium Rosicrucianum!

10 Lettre d ’information N l> 9. p. 5.

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nous ret rouverons cette heresie lorsque nous etudierons la doctr ine christologique de Max Heindel au chapit re suivant.

De plus, Jesus-Christ est cons idere, selon la Rose-Croix d 'Or , comme un symbole ou, plus exactement, comm e une force, une radiation christique\ Les membres de la Rose- Croix d 'O r sont invites - ou forces - a croire que le Christ est «une force existant de toute eternite, comme un etre illimite et impersonnel , comm e un e lement de force partout et to u­jours present auquel personne ne peut se soustraire (...). Nous appelons Christ I'etre an im ateu r de cette terre sainte. Ce cham p de rayonnement chr is tocent rique embrasse et pe- netre le champ de vie dialect ique ". . .» Le Christ , un animateur!

Le celebre passage de Jean 1: 1: «Au commencement etait la Parole, et la Parole etait avec Dieu, et la Parole etait Dieu» est interprets esoteriquement. «Le Verbe, lit-on, est une Force. Au commencement etait la Force divine. Cette Force divine etait et est Dieu. (...) Le Verbe, done, est une Force, un Son. une intense et puissante vibration elec tromagnet ique 12.» Le Christ se trouve ainsi reduit a une force de type imperson- nelle.

La liaison entre la « Lumiere pranique originelle» et l 'homme est symbolisee par la naissance de Jesus, tandis que les «peregrina t ions» de Jesus sur la terre le sont par l ' interac- tion de l 'Esprit Saint et de la personnalite. Ainsi le Christ se t rouve reduit en un symbole. La personnal ite divine, spiri- tuelle et historique de Jesus-C'hrist est to talement inexistante!

Dans ces condi tions, le sacrifice de Jesus sur la Croix n ’existe done absolument pas! Jan van Ri jckenborgh et Ca- tharose de Petri le disent en des termes qui ne peuvent etre plus clairs: «L ' idee que Jesus, le Seigneur, aurait il y a deux mille ans expie par un sacrifice unique, sur le bois de la croix, la-bas, quelque part en Palestine, la faute de l 'huma- nite entiere, tete pour tete et coeur po ur coeur, l ' idee que Je ­sus nous aurait dans le passe delivres de nos peches et, comme 1'enseigne Je catechisme de Heidelberg, les aurait payes, cette idee-la est une epouvantable , une effroyable er- reur. Du point de vue or thodoxe , c'est une enormite, une fal­sification de I 'enseignement, introduite par la vieille Eglise.

11 Un chemin pour notre temps: la Rose-Croix d'Or, p. 18.12 C. de Petri, Le Sceau du renouvellement, p. 24.

Par cet enseignement, 1'Eglise a glisse ju squ 'a son impuis- sance car icaturale a c t u e l l e l3.» Ces paroles, et nous pesons nos mots, sont monstrueuses , blasphematoi res et blessantes po u r le Christ et son Eglise.

Qui done est mor t sur la Croix? L 'h omme tout simple- ment ! Les memes auteurs l ' aff i rment ne t tement : «Le sacrifice unique, c'est en vous q u ’il doit avoir l ieu, et le bois d ’infamie est votre corporei te dialect ique. Golgotha est la place du crane ou le processus de crucifiement, la sixieme phase du mystere d ’initiation, celebre son commencement et sa fin, afin que la sept ieme phase, le mystere de la resurrection, puisse s’a c c o m p l i r I4.» Qu 'en est-il de la mise au tombeau et sur tout de la resurrect ion? La encore Jan van Ri jckenborgh et Catharose de Petri vont ju squ 'a ecrire que «le tombeau du Christ se trouve par tout ou un eleve suit le chemin de la G n o s e » 15. Le « tom be au» du Christ se situerait done en l 'homme! «Le tombeau, lit-on dans le meme ouvrage, est la partie impie du microcosme; (...) Le Saint-Sepulcre est la ou une nouvelle personnal ite transfiguree se leve dans un micro­cosme reconcilie avec Dieu, dans un jour nouveau ,6.»4. Esprit ou Sa in t-E sprit?

Le Saint-Espri t est lui aussi l 'objet de speculat ion occulto- theologique. Ci tant le texte de I 'evangile de Jean, chap. 1, versets 32 a 34. Catharose de Petri affirme qu'il y a une dis­tinction entre l’Esprit et le Saint-Espri t! «L'Espri t , ecrit-elle, devient Saint-Espri t qu and il peut descendre sur un homme et peut tester sur lui l7.» Tout comme pour Dieu et Christ, I 'Esprit serait une «Fo rce»: « L ’Esprit est la quintessence de la Gnose , l’essence du Ro yaume Immuable, l 'Energie de la Vie nouvelle l8.»

Le travail de l ' «E sp r i t» serait de co m m un iq ue r a l 'homme l’«essence de la Vie originelle». L '«Espri t» en touchant le microcosme rendrai t le «M oi » de l 'homme en etat de «reddi-

“ J. van Rijckenborgh et C'. de Petri, ibid., pp. 194-195.14 J. van Rijckenborgh et C. de Petri, ibid., p. 195. C'est nous qui le souli­

gnons.15 ibid., p. 214.16 J. van Rijckenborgh et C. de Petri, ibid., p. 214.17 C. de Petri. Le Sceau du renouvellement, p. 19.18 C. de Petri, ibid., p. 20.

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t ion» et deviendrai t ainsi «Saint -Espr i t» sur l’homme. Le t ra­vail de l '«Espr it», quoique important , serait impersonnel . «Ce service impersonnel a I’humani te est axe sur les lois 19 de la Vie liberatrice, et genere par elles: service si impersonnel qu'il exclut la joie aussi bien que la tristesse, la satisfaction aussi bien que la so u ff ra n ce20.» Ainsi, le Saint-Esprit , troi- s ieme personne de la Trinite, mais selon le Lectorium Rosi- c rucianum «radiat ion consolante» , serait un etre imper son ­nel et ses «services» seraient eux aussi impersonnels! '

Nulle part nous voyons dans la Bible la subtile difference de l’Esprit. Selon les ecrits vetero et neo-testamentaires, le Saint-Espri t (Luc I I : 13) est aussi appele I’Esprit, l 'Esprit de l’Eternel (Esaie 40: 13), l’Esprit du Pere (Mat thieu 10: 20), I 'Esprit de Christ (Romains 8 : 9), I’Esprit d 'ado pt io n (Ro- mains 8 : 15), etc., mais aussi I’Esprit de verite (Jean 14: 17), I’Esprit de saintete (Romains 1: 4), I 'Esprit de gloire (I Pierre 4: 14), etc. Toutes ces expressions des ignent sans exception une seule et meme personne, le Saint-Esprit .La Cosmogonie du Lectorium Rosicrucianuni

Pour le Lectorium Rosicruc ianum, il n ’y a pas, pour ainsi dire, de Cosmogonie . Certes, elle n'est pas absente, mais elle ne prend pas au tant de place que dans la pensee de Max Heindel, par exemple. II est interessant de noter, par contre, que, sur ce point seulement, la doctr ine du Lectorium Rosi­cruc ianum, pour tant dualiste a l ' extreme, semble s ’inflechir vers un certain pantheisme.

La terre ne serait pas un systeme independant , mais un ele­ment d ’une septuple planete. Ces mondes - ou etats de vibra­tions differents - tourneraient au t ou r d ' un meme axe. Le sep- t ieme «aspect cosmique» (ou monde) serait celui des « rondes perpetuel les», c'est-a-dire celui de la t ransformat ion in in terrompue de la matiere. Quant aux six autres «mondes» , ils seraient en etroite relation avec le notre./. L 'espace vide n existe pas

Le londateur du Lectorium Rosicrucianum, dans son ouvrage fondamenta l Philosophie elem entaire de la Rose-

19 Lesquelles?20 C. de Petri, ibid.. p. 22.

Croix moderne , reprend a son compte l’heritage des mouve­ments esoterico-occultes: «D 'ap re s l’Enseignement Univer- sel, l’infini, est rempli de substance originelle (ou nommee aussi: substance-racine cosmique). La Fama Fraternitatis constate ce fait dans l ' axiome: « I 1 n'y a pas d 'espace vide.» Cette matiere originelle est consti tuee, dans l 'espace visible, par les a tomes de divers elements a l 'etat indi f ferencie2l.»

Le monde aurai t done ete cree avec de la «mat iere origi- nelle». Jan van Rijckenborgh affirme que N e p t u n e e n pro- non^ant son Fiat createur, l 'eau, ou plutot les «eaux origi- nelles», se serait forme. De plus, la terre, planete de notre systeme solaire, serait une sphere magnet ique avec une «source» au pole nord et un systeme d 'evacuation au pole s u d !

« Notre «Mere la Terre», en tant que cosmos, ecrit J. van Ri jckenborgh, est un enfant du Soleil; l 'homme, en tant que microcosme, l’est egalement. Les habitants de toutes les pla­netes de notre systeme solaire sont nos freres et soeurs (...) Un ho m me vraiment gnos tique n'est plus uniquement un ha ­bi tant de cette terre, mais un habitant du soleil, c'est-a-dire qu' il se trouve en unite avec le systeme solaire, la Terre Sainte; qu'il est en union magnet ique avec Dieu et son plan, en tant que microcosme 23.»2. Les O .V .N .l.

Jan van Ri jckenborgh et, avec lui, tous les eleves du Lecto­rium Rosicruc ianum croient a l 'existence des... soucoupes volantes! Et par la meme occasion a l ' existence d ’autres ha­bi tants dans les planetes de notre systeme solaire! Le Grand Maitre de l 'Ordre d 'Haar lem pretend que notre terre serait soumise a de frequents «courants magnet iques etrangers» ve- nant d 'aut res planetes ou satellites de notre galaxie. Pour lui, il ne se fait aucu n doute que ce sont des extra-terrestres qui, apres une e tude appro fond ie des «courants magnet iques pla- netaires» et des «taux de vibrat ion» de chaque planete, ont reussi a construire un vaisseau interplanetaire.

21 J. van Rijckenborgh. Philosophie elementaire de la Rose-Croix moderne, p. 105.

2-Selon la mythologie grecque, Neptune etait le dieu de la Mer. tils de Saturne el frere de Jupiter et de Pluton.

23 J. van Rijckenborgh, II n'y a pas d'espace vide. p. 14. C ’est nous qui le soulignons.

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Les O.V.N.I. parmi nous? «Ces visites interplanetaires, af- firme J. van Rijckenborgh, sont a I 'ordre du jo ur et nous sommes persuades qu 'a 1‘heure actuelle, pas une seconde ne se passe sans que soient presents dans I 'a tmosphere terrestre un grand nombre de tels en g in s24.» Que viennent faire ces «soucoupes volantes»? La encore, la reponse nous est don- nee par le meme auteur : la presence continuel le d ’O.V.N.I. dans notre espace aerien ne vise q u 'u n seul but, celui «de re- tablir le cham p magnet ique» per turbe par les agissements des hommes. Les «engins» intersideraux, sans cesse, puri- fient, reglent et coo rdon nen t la vibrat ion des courants ma- gnetiques de notre planete. Ainsi les extra-terrestres accom- pliraient a notre insu un travail «des plus salutaires»!3. Les deux «ordres de nature»

Le dual i sme du Lectorium Rosicrucianum s’exprime tres ne t tement quant a la doctr ine des « C i t e s » 25. Nous savons que, po u r nous chretiens, il existe deux «cites», celle de Dieu que la Bible appelle le «R oy aum e de Dieu» et celle dans la­quelle nous vivons, la terre. Une cite spiri tuelle et une cite terrestre. Qu 'on le veuille ou non, ces deux cites existent et l 'homme, citoyen de la terre, est invite a deveni r membre du Co rps de Christ , c 'est-a-dire citoyen du Royaume de Dieu. II n ’y a done pas de dual i sme ent re les deux cites.

Tel n'est pas le cas pour le Lectorium Rosicrucianum qui professe «deux ordres de nature absolument separes»: notre mon de actuel et la «Terre promise» . 11 y aurait en effet deux «c h am ps de vie», terrestre et celeste. Le premier compren- drait trois «spheres reflectrices», a savoir l 'enfer, le purga- toire et le monde «soi-disant celeste»!

- La Terre serait done le premier ordre de la nature et com- prendra i t deux aspects, la «sphere des vivants» et la «sphere des morts». Le Lectorium Rosicruc ianum a donne a ce «m o n d e» le nom d '«ordre dialectique». «Cet ordre est divise en deux spheres d ’existence, l 'une de ce cote, la seconde de I 'autre cote du voile. (...) Ces deux moities d 'existence s ' inter- penet rent de plus en plus au fur et a mesure du developpe-

24 J. van Rijckenborgh. ibid., p. 26.25 Cf. I'ouvrage d 'Augustin La Cite de Dieu, ecrit apres le pillage de Rome

par Alaric en 410, qui developpe I’idee que la societe civile soit soumise a I * Eglise.

ment de la Revolution a tm o sp h e r iq u e 26.» L’ordre dialect ique serait subdivise en trois «sect ions» - ou «spheres reflec- trices» - qui const i tueraient le sejour des morts. «La sphere reflectrice, lit-on dans cette brochure, n'est done pas le Royaume des Cieux dont parle la Langue Sacree, mais forme, avec le domaine d ’existence materiel, I’ordre de na ­ture dialect ique ou tout est assujetti au tourbi l lon du temps, do ne a la finalite, au bri sement et a la m o r t r .»

Le monde dit «des vivants» serait celui de la science, de l’eglise et de l’occult isme! «C'est aussi le mon de des nais- sances et des morts perpetuel les, de la maladie et de la souf- france, de l 'oppos i t ion et de la fatigue 28...» L'autre sphere, celle des «morts» , serait pele-mele le ciel, le purgatoire et l 'enfer! «C'est le monde de decadence , de brisement. de f ina­lite de toutes choses ; le m on de du cycle ininter rompu de vie, de mort, de reincarnat ion ad in fin itum 1*...»

- La Terre p r o m is e 30, deuxieme «ordre de nature», serait le «domaine-de-vie originel de la vague de vie humaine». Ce mon de ne pourra it etre connu par l 'homme «dialectique». Ce serait, selon la Rose-Croix d ’Or, le « Royaume des C'ieux», un «dom ai ne d ’incommensurable sp!endeur» et un «sejour ideal de l 'homme originel avant sa chute par le pe- che». C'est le monde sans naissance et sans t repas (...) La pa- trie celeste est situee dans un stratum de notre cosmos plane- taire ou n 'ont acces ni les soi-disant vivants. ni les m o r t s3,...» Qui sont les «habi tan ts» de cette «Terre promise»? La meme brochure repond: «C 'est le domaine de vie des humains ayant conserve ou reconquis la magnificence et la puissance primitives, apanage de la creation a la ressemblance de D i e u 32.»

Le duali sme absolu entre la «sphere terrestre» et la «sphere celeste» est le premier point fondamenta l de la doc­trine du Lectorium Rosicrucianum. Tous les autres enseigne-

2,1 Ce qu 'est, veut et accomplit la Rose-Croix moderne, p. 56.2~ ibid.. p. 57.28 ibid., pp. 10-11.19 ibid., p. 11.30 Parmi les autres appellations, citons: «Patrie perdue», « Royaume stati-

que», « Royaume immuable», etc.31 ibid., p. 12.32 ibid., p. 9. C ’est nous qui le soulignons.

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ments (anthropologie, salut, e thique) iront dans la meme ligne: toute la doctr ine est basee sur le duali sme matiere-es- prit.L’anthropoiogie de la Rose-Croix d’Or

L ’anthropoiogie du Lectorium Rosicrucianum se dist ingue par ticul ierement des autres sectes rosicruciennes par son ex­treme complexity. II semblerait , en effet, que les fondateurs de « r E c o l e Spiri tuel le» aient puise leurs sources de rensei- gnements un peu partout, et no ta m m en t dans les ecoles oc- cultistes. Ca r nous sommes convaincus que la pensee de cette secte Rose-Croix n'est qu 'u ne phi losophic anthropo-occul - tiste. De ce fait, une etude de l ' an thropoiogie du Lectorium Rosicruc ianum ne peut etre comple te que si nous a joutons a notre expose toutes les al lusions aux caracterist iques oc­cultes.1. L 'hom m e triple et nonuple

L’anthropoiogie ros icrucienne du Lectorium Rosicrucia­num est des plus compliquee. Tanto t elle est resolument tri- chotomiste , tantot elle est «nonupl is te»!

L 'homme serait d ’abord un etre triple. Selon Jan van Ri jckenborgh, l’exemple d ’A d a m 33 confi rmerai t la division de l’ho m me en trois parties: L’ho m m e serait un A D M . soil un esprit (Aleph), une ame (Dcileth) et un corps ( Mem). Ainsi, en prenant comme base la som m e des valeurs numeriques des lettres hebraiques (1 + 4 + 40), J an van Ri jckenborgh arrive au chiffre neuf (le zero du quarante comptant pour... zero!). L' interpretat ion que do nn e le Grand-Mai t re d 'Haar - lem est sujette a caut ion: les trois lettres de 1’a lphabet hebreu ne sont pas la preuve, meme sous-jacente, de la division tri- chotomique de l 'homme; de plus, l ' addit ion kabbal ist ique n ' appor te pas la certi tude que l 'homme serait tr i- trichotomi- que.

Ainsi, et selon la doctr ine officielle du Lectorium Rosicru­c ianum, l 'homme est const i tue en trois parties, elles-memes subdivisees en trois autres parties.

JJ A propos d 'Adarn, le fondateur de la Rose-Croix d 'O r ecrit: «Adatn ne denomm e pas un individu. mais il represente l'humanite. prise dans son en­semble, dans sa manifestation selon i'esprit. l'ame et le corps.» (Philosophic elementaire de la Rose-Croix moderne, p. 130.)

- L’ho m me serait d ' ab o rd une «forme spirituelle». De cette «forme» emanerai t l '«esprit divin», 1' « esprit vi tal» et l '«esprit humain». Ces trois esprits sont censes travailler dans l’ame.

- La seconde partie de l 'homme serait la «forme psychi- que». Elle comprendra i t l’«am e inteJlectuelle» (ou «form e de feu»), l’«ame emot ionnel le» (ou «forme de force») et 1 «ame consciente» (ou «forme vitale»).

- Enfin, la «forme materiel le» consti tue la troisieme et derniere part ie de l’ho m me nonuple. Elle se decompose en «intellect», en «corps du desir» (appele encore «corps as- tral» ou «ch am p respiratoire»!) et en «corps materiel».2. L '«Esprit central» ou l'hom m e dodecuple

L’etre nonuple ne serait rien, absolument rien, si la «force divine», appelee aussi «Espri t central», n ’etait pas partie prenante de l 'homme. En effet, un pr incipe spirituel triple s' integrerait a I’« h om m e nonuple» pour le condui re et le diri- ger. L'«Espri t central» representerai t la volonte divine (ou «princ ipe directeur»!), la sagesse et l ' amour divins (ou «prin- cipe const ruc teur et conservateur») et l'activite divine (ou «pr incipe formateur») . Ces trois aspects de la «force divine» se manifesteraient dans la triple «forme spiri tuelle». Ainsi l ' hom me serait consti tue de douze parties (les neul parties - ou «formes» - de l 'homme nonuple avec en plus les trois par ­ties de la «forme divine»).3. Les trois «sanctuaires»

L'h omme dodecuple serait, si l’on en croit Jan van Ri jckenborgh, le siege de trois «sanctua ires»: le «sanctuaire de la tete», le «sanctuai re du coeur» et le «sanctua ire du bas- sin»! L’intellect siegerait dans le sanctuai re de la tete, le corps du desir dans celui du coeur et le corps physique dans celui du bassin.

Le corps de l’ho m me est un temple humain ou, plutot, il represente l’image du Tabernacle. L’homme, selon cet ordre de nature, possede bien les trois sanctuaires, mais son «taber- nacle humain» est dialect ique! Le sanctuai re de la tete est regi par une conscience biologique! Celui du coeur est le jouet des «forces psychiques de l’homme inlerieur» et il en est de meme pour le sanctuai re du bassin («lorces etheri-

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ques»). Ainsi, le temple de l ' hom me «dia lect ique» serait se- r ieusement abime, il serait une «reali te brisee».

Par contre, il en est au t rement po ur l 'homme initie: le sanctuai re du bassin est, selon la doctr ine du Lectorium Ro­s icrucianum, le parvis du temple et un centre de forces ethe- riques, tandis que la tete est le «Sain t» et le coeur le «Saint des Saints»! La table des pains de propos it ion et le c h a n d e ­lier se localisent dans le sanctua ire de la tete. Quant a l 'arche et a l 'encensoir, ce dernier etant identifie au sternum, ils sont places dans le sanctua ire du coeur: on y trouve aussi le «vase d 'o r de l ' encens, symbole de l 'homme glorieux dodecuple , rayonnant de quali tes p sy ch iques»34. L’ho mme serait done un T e m p l e 35. Et pas n ' impor te quel temple: le temple de Dieu! Ca r il est impor tant de noter ici que les 10e, 1 l e et 12e parties de l 'homme, au t rement dit l’«Espri t central», ne sont aut re que le «Seigneur du Tabernacle» , c'est-a-dire le maitre des lieux.

A cote de cela, il est ext remement important de souligner que, selon le Lectorium Rosicruc ianum, le corps humain a des fonctions esoteriques. Le corps humain serait regi par des «forces cosmiques» , appelees aussi «p ra n a» (mot qui signi- tierait «subs tance de vie», «pain de vie» ou encore «ethers»). Ces «forces» seraient des f lu id es qui feraient par- tie integrante de l'etre humain . Le corps humain serait ainsi une «stat ion receptr ice» des forces-fluides cosmiques. Ces «f luides de l’a m e » 36 circuleraient principalernent dans les systemes sanguin, hormonal et nerveux.

- Le systeme sanguin comprendra i t un aspect l iquide et un aspect spirituel! Le sang de l’ho m m e non-init ie (dialectique) serait charge de vibrations de convoitises et de... karma!

- Le systeme hormonal , c'est-a-dire les glandes, jouerai t un grand role dans notre vie: tous nos desirs et emot ions se­raient provoques par le fonct ionnement des glandes. Le thy­mus, par exemple, qui est regenere par la «force de Lu- miere», agirait efficacement au niveau du sanctuai re de la tete.

■M J. van Rijckenborgh, Philosophie elementaire de la Rose-Croix moderne, p. 144.

35 Le Lectorium Rosicrucianum fait sans doute allusion aux paroles de I 'apotre Paul: « Votre corps est le temple du Saini-Esprit» (I Corinthiens 6: 19) ou encore: «Vous etes le temple de Dieu...» (I Corin thiens 3: 16).

36 Ces «forces» sont aussi appelees «ame-sang»!

- Le systeme nerveux, de p en d an t du «sanctuaire de la tete», serait au service exclusif du moi, c ’est-a-dire de la «conscience cent rale» - appelee aussi «feu du serpent»! - et de la personnali te. Le plexus sacre serait le siege de tout no ­tre passe et de tout notre karma! Si les forces gnost iques par- viennent a conqueri r le plexus sacre, le passe et le karma sont, parait-il, aneanti s et l’ho m me peut ent revoi r le chemin de la liberation.. .

Ainsi, le corps humain serait le lieu ou se deroulerai t tout le processus de recons truct ion de l’homme. Les glandes, les systemes nerveux et sanguin joueraient un role de terminant dans 1’oeuvre du salut. Ils determinent , entre autres, les diffe- rents etats de l’homme.Les differents etats de l’homme

A cote de l ' an thropologie que nous venons de developper, le Lectorium Rosicrucianum enseigne que l 'homme «dode- cuple» passe - ou devrait passer - par une succession d'etats. De «terrestre» q u ’il etait, l’ho m m e deviendra «celeste» ou «parfai t». Le Lectorium Rosicruc ianum oppose, en effet, et de fa?on irreductible, l ' «H o m m e dialect ique» (selon la «na- ture») a l'« H om me Nouveau» (spirituel). L’ho m m e materiel n 'aurai t qu 'u ne existence limitee, dont l’avenir parait singu- l ierement pale par rappor t a l 'homme nouveau qui, lui, pos­sede une existence quasi divine. Ce dual i sme n ’est pas no u ­veau, il existait du temps des Cathares qui, eux, dist inguaient les apotres (parfaits, bo nshommes) et les c r o y a n t s ' . Cette notion dualiste appara i t d ’ailleurs avec beauco up plus de clarte dans la doctr ine du «salut rosicrucien».I. L 'hom m e microcosme

La Rose-Croix d'Or , tout comm e I 'A.M.O.R.C. , a repris pour son eompte la theorie phi losophique du macrocosme et du microcosme. Le macrocosme est le grand monde ou uni- vers tandis que le microcosme est le petit monde ou l ' hom me; la ressemblance entre les deux indiquerai t une cor­relation intime qui existerait entre le Cosmos et l 'homme. En vertu de ce lien reciproque, l 'homme en se connaissant lui-

37 N 'oublions pas que le Lectorium Rosicrucianum pretend etre une re­surgence du catharisme.

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meme peut aussi connai tre l 'univers et ses mysteres. Cette pensee fut enseignee par Pythagore et ensuite plus explicite- ment par Platon et les neo-platoniciens, en particulier par Philon.

Cette doctrine philosophique ne fut pas l’apanage des seuls phi­losophies grecs. Elle est aussi celle des alchimistes, et nous la retrou- vons, notamment, sous une forme resumee dans La Table d ’Eme- raude. La devise d’Hermes Trismegiste est celebre: «Ce qui est en haut est comme (semblable) ce qui est en bas, et ce qui est en bas est comme ce qui est en haut.»

Le Lectorium Rosicrucianum at tache une grande im por ­tance a ce point de doctrine. Au debut , c ’est-a-dire au com ­mencement de I’humani te, l ' hom me etait un parfait micro­cosme et son etat etait divin. Mais, a cause de la «chute» , I 'homme-microcosme devint «semi-divin» et, de ce fait, il possederai t deux natures: divine et terrestre. «On peut dire done, ecrit Jan van Ri jckenborgh, on doit meme dire, que chaque microcosme connai t deux personnal ites, l 'une terres­tre et I 'autre aurale-,8.»

«La structure du microcosme est, lit-on encore, semblable a celle de l ' atome (...). Cet a tome possede trois noyaux. Dans le centre de l ' atome, deux de ces noyaux tournent l’un autou r de I 'autre a une grande vitesse. Le troisieme noyau tourne en decr ivant un large cercle au t ou r des deux autres. Ces trois noyaux, nous pouvons les appeler les trois ames et conclure ainsi que le microcosme a trois a m e s 39.» Les trois ames du microcosme seraient I’ame mascul ine (positive), I 'ame femi­nine (negative), et la troisieme est sans sexe! Elle est neutre.

Ainsi, I 'homme-microcosme possede en lui le «systeme h u ­main or iginel»: il est de nature divine, au t rement dit immor- tel; il peut done connai t re a nouveau ce qu'est le macro- cosme. Le microcosme «degenere» peut, en vertu d ' un e il lu­mination cosmique, retrouver le Royaume originel, c ’est-a- dire retablir la cor respondance avec le macrocosme. La simi­litude, ou sa redecouverte, qui existerait entre le microcosme et le macrocosme serait le point de depar t du salut de l ' homme perdu, de l’ho mme dit «dialect ique».

■'* J- van Rijckenborgh, Un Homme nouveau vient, p. 142.'M J. van Rijckenborgh. Le mystere de la vie et de la mort, p. 10.

2. L 'hom m e dialectiqueLe premier grand-mait re du Rozekruis-Pers nous definit en

des termes nets ce q u ’est l 'homme dialect ique: «Sous 1 appel ­lat ion d ' h o m m e dialect ique, nous comprenons l 'homme ne et e labore dans cet ordre de nature, lie a la roue de la naissance et de la mort, lie au cercle perpetuel de toute chose ici-bas: monter , briHer... descendre, lie a la loi, qui toujours attire et fait surgir le con t r a i r e40.» L 'homme «terrestre» serait done soumis aux lois de la nature et de la reincarnat ion. La survie de notre humanite dependrai t en effet du processus de re­naissance des ames.

Dans un aut re ouvrage, J. van Ri jckenborgh et Catharose de Petri ecrivent que «la philosophie de la Rose-Croix ac- tuelle enseigne que l ' homme dialect ique ne possede, a aucun titre, un esprit (...). II est un et re-ame issu de ce systeme pla- netaire, ce qui implique que la force sp ina le 41 - qui porte en elle la conscience - est de tachee de 1’intell igence originelle, de I 'Esprit or ig ine l »42. L 'h omme de ce monde, qu il soit chretien ou athee, non eleve de I 'Ecole Spirituelle, serait done depourvu de l 'esprit! Ou plus exactement, il ne serait q u ’ame et corps. Cette fa£on de voir les choses n'est abso lu­ment pas biblique. Car la Bible, Ancien et Nouveau Testa­ments, affirme que l’ho m me est a la fois corps, ame et esprit. L 'anthropologie bibl ique nous parlera de l 'homme comme d 'une creature de Dieu, creee a son image et ceci dans la perspect ive de l’ho mme nouveau, sauve en Jesus-Christ .

L*Ancien T es tam en t , q u e le L ec to riu m R o s ic ru c ian u m rejette. nou s d o n n e d ’excellen tes d e f in i t io n s a n th ro p o lo g iq u e s . Les term es les p lus c o u ra m m e n t e m p lo y es de s ig n en t les d if fe ren tes «pa r t ie s» de l 'h o m m e , mais ces no t io ns sont, d a n s bien des cas, in te rchang ea- bles:- Nefeslh c 'est l 'h o m m e d a n s sa totali te, c 'es t-a -d ire dan s ses ne- cessites e le m en ta i re s de la vie; m o t t rad u i t assez souve n t pa r «ame».- Basan, l 'h o m m e pe r is sab le : ce te rm e souve n t t rad u i t pa r

40 J. van Rijckenborgh. Philosophie elementaire de la Rose-Croix moderne,P- 57-41 La «force spinale» serait le reseau des points magnetiques de I etre aural.

4: J. van Rijckenborgh el C. de Petri, La grande revolution, p. 75.

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«chair» qualifie l'homme duns son a sp ec t h umain; il s ignifie aussi « v ia n d e » (sacrifices levitiques).

- Rouah. l 'h o m m e do te d e p o u v o irs sp ir i tue ls : ainsi reve tu de Rouah, c 'e s t-a -d ire de I 'esprit. l 'h o m m e est en rela t ion avec D ieu . il re^oit de lui la c o n n a is san ce et la c o m p re h e n s io n spir i tuelles .

- Lev. Ce te rm e qui s ignifie « c o e u r» , se r a p p o r te a l 'h o m m e d o u e de ra iso n ; c ’est la sensibil i te, l e m o t iv i t e , les sen t im en ts , m ais c ’est auss i le lieu ou s 'ex p r im en t la ra ison , la ref lex ion et la m e d i ta t io n .

Le N o u v e a u T es ta m e n t co n f i rm e ex p l ic i tem en t P e n se ig n em en t a n th ro p o lo g iq u e de P A ncien . L 'h o m m e fo rm e u n tou t d a n s sa di- versite. C es d i ffe ren ts te rm es en so n t la p reu v e :

- psuche (ame). C est I 'equ iva len t de nefeslr, ce te rm e des igne en g enera l un etre vivant, une p e rs o n n e d a n s ses m a n i fe s ta t ion s d ’inte- r iorite.

- sarx (chair) . S y n o n y m e de bdsan. ce m ot. tres souven t em p lo y e d a n s le N o u v ea u T es tam en t , q ua l i f ie l’h o m m e d a n s sa co nd i t io n te rre s t re p a r o p p o s i t io n a la s ta tu re ce leste de Dieu.

- pneuma (esprit). M em e sens q u e le m ot h eb reu rouah, c ’est-a- d ire souffle , v e n t ; p a r ex ten s io n , il s ignifie le souffle de vie de l 'h o m m e , mais aussi la p e r s o n n a l i t e in t im e de l 'h o m m e .

- kardia (coeur). Le m ot grec a la m e m e sign if ica t ion q u e Lew- soma (corps). En regie genera le , le co rp s physique.- nous (intell igence). C e m ot est tres so u ve n t ren d u p a r in te l l i ­

gence, mais aussi p a r pensee , q u e lq u e fo is p a r esprit.- suneidesis (conscience). C 'e s t le p o u v o i r de ju g e m en t p ra t iqu e .C e h r e f ex am e n th e o lo g iq u e d e n io n t r e c la i rem en t q ue l 'h o m m e

est un etre co m p lex e , d o u e de facu ltes tres d iverses et qu 'i l fo rm e un tou t . L 'h o m m e se lon la Bible est d o n e tou t a fait d i f fe ren t de l 'h o m m e selon la R ose-C ro ix d 'O r .

Parce que l ' homme a ete cree a Pimage de Dieu, il est l 'ob- jet de toute la sollicitude divine et cela dans tous les do- maines (spirituel, affectif, psychologique , physiologique, etc.). C'est en raison de la grace redemptrice (la grace qui sauve) et de la grace com m un e (pou r tous les hommes) que Dieu use de providence en toutes choses envers toutes ses creatures. Cela, le Lectorium Rosicrucianum le nie fonda- menta lement : pour lui l ' hom me dialect ique, bien qu'il ne possede qu 'un «atome-d'et incel !e d 'espr it», ne serait plus qu 'u n corps avec seulement une ame. Bref, cet homme-la ne vaudrai t pas plus qu 'un animal, c'est le moins qu 'on puisse dire.

Ainsi done, l 'homm e dialect ique se composerai t d 'un e

«personnaJ ite» ou «forme materieHe» et d 'un e «ame» appe- lee cur ieusement « am e- san g » 43. Le corps materiel se subdivi- serait en quatre parties: le corps materiel, le corps etherique, le corps du desir et le corps du penser; l ' ame, de son cote, est appelee «forme psychique» ou «forme consc iente»; et ni Pun ni l’autre ne peuvent etre acceptes comme tels dans le Royaume dit «stat ique».

L 'homm e-ame menera it done une existence miserable, de- pourvue de toute relation personnel le avec P«ldee origi- n e 11 e »; la mort et les tenebres ac compagn ent constamment l ' hom me dialect ique. Pas d 'au t re avenir pour lui s inon la re­incarnat ion et ainsi de suite. Comment , dans ces conditions, un tel homme peut-il se mainteni r? « L 'homme-ame, l’homme dialect ique de cette nature, se maint ient au moyen de douze forces. Dans notre Ecole, il est quest ion de douze forces as- trales planetaires, a savoir: huit forces etheriques, deux forces astrales et deux forces sp i ra les44.»

L 'homme dialect ique, au moyen de ces douze forces, vivo- terait tant bien que mal. Cela viendrai t du fait d 'un e diffe­rence de vibration, mais aussi d ' un e difference anatomique , organique et structurelle. De par sa nature meme, l 'homme dialect ique est comme pris dans un etau, pr isonnier de la na ­ture terrestre et incapable d ’echa pper a la «roue de la nais­sance et de la mor t», c'est-a-dire de la reincarnat ion.3. Les deux serpents de l'hom m e

11 nous appara i t important de signaler aussi que, selon la doctr ine du Lectorium Rosicruc ianum, l’ho mme dialect ique porterai t en son etre deux serpents, le serpent igne et le ser­pent d 'airain! «Vous portez tous un serpent dans votre etre. Ce serpent s ' enroule en votre arbre de vie, au tou r de votre ar- bre de vie, et sa tete est tres net tement revelee a notre vue ma- terielle ordinaire. (...) Ce serpent , c'est votre etre psychique, votre radiat ion de conscience, votre potentiel psychique qui remplit tout votre systeme du feu du serpent , le systeme cere- bro- sp i na l45.» Mais ce n'est pas tout! Les deux serpents re- presenteraient les deux principes masculin et feminin, crea- teurs et reproducteurs . «Ces deux principes psychiques en

43 J. van Rijckenborgh, ibid., p. 59.JJ J. van Rijckenborgh et C. de Petri, ibid.. p. 75.45 J. van Rijckenborgh et C. de Petri. La Gnose Universelle, p. 49.

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nous, que vous pouvez aussi app ele r Adam et Eve (Adam le serpent igne et Eve, le serpent d'airain) . sont en lutte perpe- tuelle (...). Le serpent ardent veut realiser; le serpent d 'airain veut po ss ede r4h.»

Les deux «serpents psychiques» vont se loger dans les sanctuai res du coeur et de la tete: l ' hom me deviendrai t ainsi ruse, astucieux, egoiste. Le «poi son» de ces serpents serait ensuite crache au-dehors par le larynx! L’activite des «ser- pents psychiques» se manifesterai t par ticul ierement dans l’occultisme...

Les «serpents psychiques», ces «poisons» de Paine, sont evidemment rejetes. Cependan t . le Lectorium Rosicrucianum cite souvent ce verset de l 'evangeliste Mat thieu: «Soyez pru- dents comme les serpents» (Mat thieu 10: 16). Quels sont ces «serpents»? Selon Jan van Ri jckenborgh et Catharose de Pe­tri, il s 'agirait des «rayonn ements de la Gnose» , plus precise- ment du «Serpent d 'O r du veri table Esprit divin»! L’«attou- chemen t» de ces radiat ions - qui appara issent sous deux formes - aurait pour but d'evei l ler les deux aspects de I 'Ame nouvelle! En d 'aut res termes, les rayonnements du «Serpent d 'O r» devraient creer le «nouvel A d am as» (Adam) et la «nouvelle Hevah» (Eve)!4. H om m e dialectique ou hom m e charnel?

L'homme-dialec t ique, tel que le Lectorium Rosicrucianum le definit, est-il semblable a l ' hom me charnel tel que la Bible I 'enseigne? A premiere vue. il semblerai t que oui: l 'un autant que I’aut re s’at tachent aux choses de la terre, aux convoitises de ce monde, et surtout ils ne manifestent , du moins appa- remment. aucun desir pour les choses spirituelles. Mais, apres analyse approfondie , les deux types d ’«hom m es» sont radica lement differents. D ' un cote, il y a l’homme-ame et son «atome-et incel le d 'espr it», un etre vra iment descendu bien has dans la «nature», et de 1’aut re 1' homme-corps , am e et es ­prit, cree a I ' image de Dieu. Le Lectorium Rosicrucianum e n ­seigne, en effet, que F«atome-et inceJle d 'espr it est I 'ul time reste de l’homme originel d 'avant sa chute, actuel lement pre­sent dans la personnal ite naturelie, mais a I'etat latent, en un point situe a la pointe du ventricule droi t du coeur (...), les

4f,J. van Rijckenborgh cl C". de Petri, ibid.. p. 50.

entites depourvues de cet a tome possedent seulement un atome-et incel le de vie, pu rement nature 4'». Un seul «atome de vie» perdu au milieu des mill iards et des milliards d 'atomes-cel lules de notre corps, telle est la caracterist ique pr incipa le de l 'homme-dialec tique! Autant dire tout de suite que la problemat ique du «salut» se revele part icul ierement difficile...

La Bible, elle, ne tient pas ce langage: elle affirme claire- ment que Dieu a cree l 'homme a son image et que celui-ci, malgre son peche, est Pobjet de tout son amour , c est-a-dire d ' un e relation privilegiee. Francis Schaeffer abo nde dans ce sens: «L a specificite de l 'etre humain resuite done de sa rela­tion exclusive avec Dieu (...). Des que je prends conscience de ma ressemblance avec Dieu et du lait qu'il est une per ­sonne , la relat ion avec lui et la relation avec autrui sont aus- sitot revalorisees. Et v o id que I 'amour veritable cesse d'etre un ideal inaccessible (...). Ma ressemblance avec Dieu ex­prime mon identite sur les plans affectif, intellectuel et psy- chologique. et m' inscri t dans la realite de l 'histoire. Puis-je mesurer toute l’e tendue de ce privilege revele dans la G e ­n e s e 48 ?»

L 'amour de Dieu pour sa creature et celui de l’ho mme en- vers son Crea teur expriment au plus haut degre 1’origine d i ­vine de la creat ion de l’humani te. L 'Im a go Dei, cette verita­ble «empre in te» de Dieu sur l’homme, n'est-elle pas la preuve de notre filiation spiri tuelle qui s ' epanoui ra totale- ment lors de notre resurrection en Christ? Tel est, par exem- ple, I'avis du grand reformateur Jean Calvin: «O r puisque I ' image de Dieu est Pentiere excellence de la nature humaine , laquelle reluisait en Adam avant sa chute, et depuis a ete si fort defiguree et quasi effacee, que ce qui est demeure de la ruine est confus, dissipe. brise et infecte: main tenant cette image appara i t aux elus en quelque partie et port ion, en tant qu' ils sont regeneres par l 'Esprit . mais elle n obtiendra sa pleine clarte qu 'au c ie l49.»

C o m m e il a ete dit, il y a do ne une tres nette difference e n ­tre les deux types d 'homm es, dialect ique d une part et char-

47 Selon le glossaire de 1'Ecole Internationale de la Rose-Croix d'Or.48 F. A. Schaeffer, La Genese, berceau de l'histoire. pp. 44-45.4V J. Calvin, L'lnstitution Chretienne. I ome I, chapitre XV, paragraphs 4.

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nel d ’aut re part. Cette dissemblance reside essent iel lement au niveau des relations spiri tuel les que l ' hom me peut avoir avec le Dieu personnel et souverain. Le contact spirituel avec Dieu n'est pas un contact impersonnel tel que le Lectorium Rosicruc ianum I'enseigne ( radiat ions christ iques), mais une veri table rencontre avec notre Sauveur et Seigneur Jesus- Christ , vrai ho mme et vrai Dieu. L 'h omme pecheur , celui de la Bible, est mieux loti que le soi-disant homme dialectique. La di fference existe essent iel lement en ce sens que l ' amo ur de Dieu est une realite suivie d'effets durables tandis que les «radia t ions christ iques», elles, ne peuvent engendrer l’am ou r puisque impersonnelles. Ainsi, l ' image de Dieu chez Je chre- tien est-elle pleinement retabl ie?5. L 'hom m e Johannique

«C'es t l 'homme. ecrivent J. van Ri jckenborgh et C. de Pe­tri, qui va le chemin de Retour vers la patrie perdue. Ce deuxieme type commence a se mani fes ter dans ce monde qu an d 1' ame, aspi rant a r dem ment a la vie originelle, est prete a se de tourner de toute vie d i a l ec t i qu e5t).» Cet ho mme egale- ment appele le «precurseur» se caracteriserait principale- ment par un «prodigieux changemen t d ' am e» ; malgre cela, les «douze forces planetaires» lui sont necessaires pour p o u ­voir vivre. Un «media teur» , appele «Chr is t», «aiderait l ' hom me Joh an n iq ue a se liberer du monde de la dialect i­que... L 'hom me Joh ann ique serait done encore un ho m me de nature dialect ique, mais qui aurai t ete eclaire par les rad ia ­tions du «R oy aum e originel».

P ara l le lem e n t a l 'h o m m e « J o h a n n i q u e » se p lacera i t l 'h o m m e « E p h e s i e n » ! C 'e s t un h o m m e qui ch e rch e , qui ten te de s ’e lever \ e r s les h a u te u rs sp ir i tue lles , qui p r a t iq u e le b ien . m ais qui, a un m o m en t ou I’au tre . co n s ta te l ' inu ti l i te de ses efforts . D ev an t lui se d resse u ne l im ite qu ' i l ne peu t franch ir . Un « g ra n d ch o ix » se p resen te a lo rs : celui d ' a b a n d o n n e r la vie « d ia lc c t iq u e » ou b ien de c o n t in u e r le che~ m in de la vie et de la mort.6. L 'H om m e nouveau

L'homme-disciple. Le troisieme «a t to uchem en t» de la Fra­ternite Universelle comciderai t avec I'etat de l’«rho m m e-d i s -

J. van Rijckenborgh et ( '. de Petri. La Grande Revolution, p. 76.

ciple». De nouveau les mt'rnes auteurs affirment que l 'homme-disc iple «prend conge des douze forces planetaires et que, desormais , il ne travaille q u ’avec les «douze forces ce- lestes» qui seraient des «forces salvatrices». Toujours selon eux, un disciple est celui qui r e n e 5} en tant q u ’homme divin, en tant que fils de Dieu. Un eleve devenu reellement disciple re^oit une ame issue des douze forces de l 'ordre divin.

Le nouvel «homme-disc ip le» se dist inguerai t par un autre eiat vibratoire. «Lorsque les forces des douze sauveurs sont actives dans l’eleve, les sept cavites cerebrates sont pourvues d ’un nouveau fluide et animees d ’une vibrat ion toute n o u ­velle, et do ne aussi un aut re son. Ces sept sons sont aussi de- signes comme les «sept voyelles pures». Ce sont ces sept voyelles pures qui, ensemble, forment le son ineffable s:.» Cet te parole mysterieuse serait «creatr ice», seuls les disciples ayant effectue un «re tournement complet» seraient en me­sure de prononcer ces « voyelles ineffables». II s’agirait done d 'un etat de quasi-perfeet ion divine.

Les p ro p o s ten us p a r les d e u x m aitres a p e n se r de la Rose-Cro ix d 'O r a p p e l ie n t q u e lq u e s re m a rq u e s , n o ta m m e n t au sujet du « no m in e ffab le» . L 'a ff i rm a t io n c o m m e quo i ce n o m c o m p re n d ra i t «sept voyelles p u res» est p u re m e n t specu la t ive . Le ch iff re « sep t» n 'est p as, se lon nous, le seul ch iffre « p a r f a i t» ; le ch iffre « tro is» ex p r im e , lui aussi , la pe rfec t io n : le co n c e p t de la Trin i te d iv in e du Pere, Fils et S a in t-E sp r i t ne reflete-t-il pas la pe rfec t ion ab so lu e de D ie u ? En realite , il n 'y a pas d e ch iff re « p a rfa i t» , d u m o in s n ou s n 'en co n n a is so n s pas. Seul D ieu d a n s sa tr i -un ite est part ait et. pa r co n se q u e n t , to u te c h o se e m a n a n t de lui Test aussi.

Ceci dit, n o u s a d m e t to n s q u e le t e t ra g ra m m e de D ieu , genera le- m en t p ro n o n c e « Y a h w e » 5\ est le no m sacre et ine ffab le de Dieu. Sa p ro n o n c ia t io n ne peu t etre e tab lie avec ex ac ti tud e . En el let, ni I 'e u p h on ie . ni la t rad i t io n , ni la th eo log ie b ib l iq ue , ni m em e la phi- lologie ne pe u v en t - et ne p o u r ro n t - e x p l iq u e r I 'o r ig ine du tetra-

51 Le verbe «renaitre» n ’a pas de participe passe, ni de temps compose; «rene», mauvaise traduction, a le sens de « renaitre». hn aucun cas il ne s’agit de la doctrine nco-testamentaire de la «nouvelle naissance» ou «conversion».

J. van Rijckenborgh et C. de Petri, ibid., p. 78. C ’est nous qui le souli­gnons.

ss Cette prononciation est celle qui est generalement admise dans nos mi­lieux chretiens occidentaux; les iuit's. par contre. s 'abstiennent de prononcer ce mot: ils emploient volontiers le mot «Adonai» qui signilie Seigneur.

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g ra m m e divin qui, so u l ig n o n s - le au passage , c o m p re n d q u a t re c o n so n n es . L orsque le L ec to riu m R o s ic ru c ian u m dit que le « n o m in e ffab le» a sep t voyelles, no u s c o n s ta to n s , une fois de plus, 1 'enorme d eca lag e qui existe en tre u ne t rad i t io n eso te r ico -occu l te et la foi au Dieu de Jesus-C hris t .

Ainsi done, l ' «homme-disc iple» peut s ’elever j u s q u ’a l '«etat humain originel» et etre pra t iquement Legal de Jesus! «Le disciple rene homme-Jesus est l’ho m me «re tourne», l 'homme ayant subi la renaissance totale. L 'homme-Jesus en ­tre en liaison directe avec les principes divins or igine ls54...» Le reve u topique de l ' homme serait devenu une realite: l 'homme-ini tie serait 1’egal de Dieu...Le salut

La doctr ine du salut - ou soteriologie, de safer = salut - est l’un des elements essentiels de la foi ehretienne. Toute la vie de Christ - sa naissance, sa mor t et sa resurrection - est diri- gee vers une seule et unique perspect ive: le salut des hommes perdus. Le Lectorium Rosicrucianum, par contre, ne professe absolument pas cette doctr ine pour le moins fondamentale . Le salut par grace tel que la Bible l’enseigne n'existe pas pour le rosicrucien: il est remplace purement et simplement par I ' idee que l ' homme dialect ique doit deveni r un «hom m e nouv eau» et, de ce fait, reintegrer la lointaine «Pat rie per- due».I. L 'hom m e originel

La Rose-Croix d 'Or , on com m enc e a le voir, n'est pas une secte rosicrucienne comme les autres. La base de ses ensei­gnements sont, nous le savons, de nature gnost ique, ce qui explique que la Bible est cons tamment citee et que, par consequent , le vocabulaire employe parai t presque ident ique a celui qui est utilise dans nos milieux chretiens.

Au commencement , c 'est-a-dire a « l ' annonce de la m an i ­festation humaine», 1' hum ani te etait sous la protect ion du «souffle de Dieu» et la «Crea t ion exprimait integralement la volonte d i v i n e » 55. Le message bibl ique, celui de la creation, est une fois de plus deforme. Car, avant le «commence-

J. van Rijckenborgh el C. de Petri, ibid., p. 79.55 J. van Rijckenborgh et C. de Petri. La Fraternite de Shamballa. p. 48.

ment», il n'y avait ni matiere ni, bien entendu, aucune huma- nite. La creation de l 'univers, le «commencem en t» du monde, des an imaux et d ’Adam et Eve fut un acte personnel de Dieu. Le langage pseudo-bibl ique du Lectorium Rosicru­cianum met en evidence I 'aspect impersonnel du c o m m e n ­c e m e n t . II est tout s implement quest ion d ' «hum an i t e» et non pas de la creation. Le mut isme du Lectorium s 'explique a isement: comm ent un «dieu» impersonnel pourrait-il creer? Tous les scientifiques serieux sont d ' accord pour dire que no ­tre monde est une creation «intell igente», s tructuree et fonc- tionnelle. Pour nous, la creation ne peut etre que l 'oeuvre d ’un Dieu personnel doue d 'un e supreme intelligence et de puissance. Cela, le Lectorium Rosicruc ianum l ' ignore abso ­lument.

Ainsi la creation de l’ho m m e et de la femme, d 'Ad am et d ’Eve, n'existe pas. Et cependant la Rose-Croix d ’Or pretend qu'il y a eu un commencement! Mais, la encore. I’apparence est sauve. Le Lectorium Rosicrucianum le dit de fa^on a peine voilee : «N e du monde spirituel, du septuple cosmos, l 'homme divin originel en etait I ' image, le resume et pouvait done etre designe comme un micro -cosmosS6.»

L 'homme n'etait done pas une creature au sens biblico- theologique, mais «divin». Une lettre d ' informat ion du Lec­torium Rosicruc ianum, dest inee aux «chercheurs», va dans le meme sens: «L 'H o m m e ainsi originel etait un temple de Dieu, un temple de l 'Esprit . II etait por teur de Lumiere, et c'est de la lumiere qu'il re^ut vie. Crea ture de Dieu, il vivait dans un etat de beat itude absolue, de sublimite, non pas dans un etat incorporel , (...) mais en possession d 'un corps physi­que sublime, glorieux. (...) L 'H om m e divin originel etait un Temple ou la Volonte, la Sagesse et la Force formaient une trinite. Dans ce sanctuai re, il oeuvrait en harmonie avec I’Es­prit 5T.»

Nous sommes loin de la sobriete du recit de la creation tel que Moise dans la Genese nous I'a transmis et qui affirme q u ’Adam et Eve n'etaient que des creatures et non pas des createurs. Qu' i ls etaient humains et non pas divins. La pre- tendue divinite de l ' homme a ses racines dans le gnost icisme

5,1 Un chemin pour notre temps. La Rose-Croix d ’Or. p. 12.r Lettre d'information, n° 1, p. 5, Ecole Internationale de la Rose-Croix.

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du l l e siecle; la Bible, elle, ne parle pas ce langage: l 'homme a ete et restera toujours une creature, c'est-a-dire un etre en- t ierement soumis a la volonte divine du Createur.3. La chute

La chute est sans conteste 1'un des points fondamentaux de toute la doctr ine chret ienne. Les reformateurs, eux, Favaient bien coinpris lorsqu’ils disaient que notre vie «en C'hrist» pouvait se resumer en trois mots: creation, chute, re­dempt ion (ou salut). Si pour le Lectorium Rosicrucianum la doctr ine bibl ique de la creat ion est nulle pour ainsi dire, il faut reconnaitre, par contre, une insistance en ce qui concerne la chute. Mais, la encore, at tention! Quelle chute? S'agit-il du peche d 'A dam et d 'Eve? C'est -a-di re la t ransgres­sion consciente et del iberee de la loi de Dieu. Le premier couple de notre humani t e a voulu etre comme des dieux qui connaissent le bien et le mal et, ainsi, se subst i tuer au C r ea ­teur pour decider du bien et du mal. Autrement dit, l 'homme pretend etre son propre maitre et ainsi se diriger lui-meme sans l ' aide de Dieu. La chute, l 'origine du peche, a cor rompu la creation et surtout a deforme les relat ions d ' a m o u r qui existaient entre Dieu et l 'homme. L'acte independant et per ­sonnel de l 'homme est la cause de tous les m aux dont notre humanite souffre.

La doctr ine bibl ique du peche et de la chute est categori- quement niee par le Lectorium Rosicrucianum: selon la secte, la chute n'est pas un acte de desobeissance et de rebel­lion envers le createur, une faute d ' ordre ethique, mais une descente dans la matiere consecut ive a un abus de pouvoi r de l 'homme, plus precisement de sa passion de creer! J. van Rijckenborgh le dit en des termes clairs: « L 'homme employa ses pouvoirs divins createurs de fa^on forcee, volontai re et experimentale. La volonte hum aine devint ainsi une volonte ef frenee; la volonte libre une volonte abusive, les forces de- liees echapperent au controle h u m a i n 58.» Par ailleurs, il ecrit que « l 'humani te est malade, mor tel lement malade, elle est victime de sa passion de creer; nul mortel n ’y e c h a p p e » 59. Remarquons d 'emblee l ' absence de faute morale; seule entre

58 J. van Rijckenborgh. Philosophic elemenraire de la Rose-Croix moderne, p. 73.

59 J. van Rijckenborgh, Un Homme nouveau vient, p. 30.

en ligne de compte la «passion de creer». Cette fa^on de penser n'est pas bibl ique et sur tout elle met de cote I 'aspect fondamental de la chute qui est le p e c h e 60. L'Ecri ture Sainte tout entiere denonce avec insistance le peche et ses conse­quences desast reuses qui touchent l ' homme dans tout son etre et son integrite spirituelle. Le peche est bien plus que la «passion de creer», c'est avant tout une revoke ouverte contre Dieu.

Mais ce n'est pas tout! Non seulement les fondateurs du Lectorium Rosicrucianum ne peuvent admet tre l ' evidence meme, c'est-a-dire le peche comm e acte de rebell ion spiri- tuelle et e thique contre Dieu, mais ils minimisent les conse­quences universelles du peche. Pour eux, seule une partie de l’humani te est tombee, l ' autre partie, une minorite, n'aurai t pas suivi le meme chemin et serait restee a I'etat originel. Autrement dit, cela signifierait que quelques «entites» n 'auraient jamais connu la chute et ses funestes effets, mais qu'el les seraient restees divines. Le grand maitre du Lecto­rium Rosicrucianum ecrivait: «11 y eut, en effet, beaucoup d ’entites qui parvinrent a se mainteni r dans le domaine origi­nel de la vie, par leur obeissance a la libre liaison d ’amour. Elies formerent ainsi le noyau de la Hierarchie h u m a in e 6!.» En termes clairs: I 'universalite du peche est rejetee ipso facto. Le plus ahurissant , c'est que le lieu ou se t rouverai t l’huma- nite originelle se situerait quelque part dans... le desert de G o b i ! 62 Apres avoir souligne que, suite a la chute, des mil­lions d 'ent i tes humaines se developperent dans la degeneres- cence, J. van Ri jckenborgh et C. de Petri, dans une brochure fondamenta le, precisent leur pensee: «U ne partie des nio- nades ne tomberent pas et continuerent a suivre «le droit chemin», en relation avec la source eternelle de lumiere. Cette partie des monades fut appelee «le Dernier Vest ige63.»

Q u ’est-ce que le « Dernier Vestige»? Ce serait l’«appel la-

60 Le peche est une rupture. Les termes hebreux ( chattar, amon, maal et pescha) et grec (hamartia) expriment I'idee d 'une fausse relation, du but manque aussi bien dans Taction que dans la pensee.

J. van Rijckenborgh, Philosophic elementaire de la Rose-Croix moderne, pp. 73-74.

62 Le desert de Gobi se trouve en Asie centrale, entre la Mongolie et la Chine.

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t ion mystique donnee aux entites elevees au-de la du chemin co m m un a toute l 'humanite dialect ique j u squ 'au chemin qui conduit a la vie originelle. Ceux qui arrivent a faire partie du « Dernier Vestige» sont admis dans un nouveau cercle d'exis- t e n c e 6,4...»

Ou se trouve ce « Dernier Vest ige»? La encore, la reponse est tres rap idement donnee: «Le Dernier Vestige se t rouve ac tue llement dans File d' Isis, ce qui veut dire, qu 'un certain nombre d'ent i tes se groupan t et creant l 'ordre de Melchise- dec, la Fraternite de Shamballa, ont ainsi conserve une partie du merveilleux cosmos terrestre originel dans sa magnif i­cence d 'antan. Cette partie de la terre peut done etre appelee de plein droit la Terre Sainte (sic). La Terre Sainte est un bien petit pays (re-sic), une oasis dans le desert, une ile au milieu d ' un ocean d ' instances d e m o n i a q u e s 65.» Cette mysterieuse Ile dTsis se trouverait quelque part dans le desert mongolo- chinois. De nouveau, les memes auteurs n ’hesitent pas a ecrire que c'est «au coeur du desert de Gobi , dans l’Asie cen- trale, que se trouve le centre de l’activite de la Fraternite Uni- verselle, pour autant que cette activite s 'occupe de ce monde et de son humanite dechue; c ’est de la que partent toutes les im pul s io ns 66.

De ce coeur spirituel du m on de par tent «toutes les im pul ­sions regeneratrices metaphvsiques qui, sous la forme de rayonnement , touchent le monde laissant par tout des t r a c e s » 67. Pourquoi le desert de Gobi et pas celui du Sinai? «P o ur le gnost ique, ecrivent-ils, ce phenomene est cependant tres s imple: les ethers planetaires sont, dans le Gobi , si rayonnan ts et si concent res que la sphere chimique et la sphere etherique du monde chimique et la sphere etherique du monde phys ique passent Pun dans I’aut re de fa?on a peu pres imperceptible, ce qui rend possible, aux gens ordinaires, la percept ion de I 'agitation et des mouvements de la sphere refiect rice68.» Ce veritable petit paradis existerait toujours et seuls les membres inities pourra ient y parvenir. «Cette agglo­mera t ion d ’iles existe encore (...). Tous ceux qui connaissent

04 J. van Rijckenborgh et C. de Petri, ibid., p. 17.65 J. van Rijckenborgh et C. de Petri, ibid., p. 49.66 Impulsions = radiations «christiques».

J. van Rijckenborgh et C. de Petri, ibid.. p. 13.hlt J. van Rijckenborgh et C. de Petri, ibid., p. 12.

la Parole secrete savent cela et tous ceux qui connaissent cette parole y ont acces. 11 n'existe aucune liaison ordinaire avec cette oasis du Gobi . Cet endroit est soigneusement pro­tege contre les intrus, aussi bien par la voie terrestre que Ja voie aer ienne (sic)69.» C'est du delire!

Selon la secte de Haarlem, la «Terre Sainte» se localiserait quelque part dans le desert de Gobi dans un endroit absolu- ment inaccessible aux profanes. Pas de chance pour les tou- ristes, les explorateurs ou autres chercheurs: il faut etre mem- bre de l 'Ecole Spirituelle, au t rement dit du Lectorium Rosi­cruc ianum, pour connai tre ce «pays» fabuleux et etre du- ment initie par ses soins. Pour ceux-la, nulle obligation d'ef- fectuer un long et couteux voyage en «Terre Sainte-Gobi», ni meme de feuilleter un catalogue de voyages! Le «voyage» peut se faire tres facilement chez soi, ou plutot en soi. Ce «Sanctua ire, ecrivent les memes auteurs, se trouve en effet dans le coeur du Gobi , au milieu d ’un aride domaine de steppes, cependant il n'est nullement necessaire que vous ac- complissiez ce long voyage pour faire partie de cette Terre Sainte. Cette Terre Sainte de la Shidda peut se projeter par ­tout, done egalement dans votre propre existence :0.»

L 'a sp e c t su b jec t i f de ce voyage ap p a ra i t n e t te m en t o c cu l te ; p o u r n ou s , il ne pe u t s ’ag ir q ue d'urae p ro jec t ion m e n ta le d 'o r ig in e sa tani- q u e vers un m o n d e illusoire. Les a f f i rm a t io n s du L ec to rium R osi­c ru c ian u m rep o sen t sur le g no st ic ism e p s e u d o - c h r e t i e n '1. Repre- n a n t la vieille heresie d ua l is te , le L ec to riu m R o s ic ru c ian u m specu le su r u ne o p p o s i t io n fa ro u c h e en tre I 'esprit et la m a t ie re ; de m em e, il ex istera it , da n s u n e m o in d re m e su re il est vrai, u n e d iv in isa t ion de la m a t ie re d ite «or ig it ie lle» . En effet, si le L ec to rium R os ic ruc ian um a b h o r re la m a tie re « d ia lec t iq u e » , p a r c o n tre il a d o re la m atiere « p r im o rd ia le » . A u tre m e n t dit cela s ignifie que no tre m o n d e est hai et c o n d a m n e in e x o ra b le m en t , ta n d is q u e le m o n d e originel, la «Pa- trie lo in ta ine» , est I 'ob jet de to u te la v en e ra t io n des m em bres de la seete ro s ic ruc ien ne .

N o tre h u m a n i te est, et restera, m e p r is a b le a cause de sa chute d a n s la m atiere ta n d is q ue l’h u m a n i te celeste (les init ies de l 'Ecole

6Q J. van Rijckenborgh et C. de Petri, ibid., pp. 13-14.70 J. van Rijckenborgh et C. de Petri, ibid., p. 23. C'est nous qui le souli-

gnons.71 Cf. M. Lods, Precis d ’histoire de la iheologie chretienne du l l c au debut

du lVe siecle, pp. 53-55.

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Spiri tue l le) serait ainsi p a rv e n u e a r e jo in d re les en tites restees par- fa ites qui, el les, se ra ien t to u jo u rs e tab l ies en G obi.. . C e tte f a f o n de voir les choses justifie le rejet d e I 'un iversa l i te du peche. C ar , selon les e n se ig n em e n ts b ib l iq ues , nul h u m a in , m em e le plus sanctif ie , n 'es t ju s te d ev an t Dieu. L 'a p o t r e Paul, d a n s son ad m ira b le ep i t re au x R em a in s , ne laisse a u c u n d o u te a ce sujet . Pour lui, n o u s so m m e s tous sous I’em p ire du peche . il n ’y a pas un seul jus te , et tous les h o m m es sont c o u p ab le s d e v a n t D ieu ( R o m a in s 3: 9-20). Les p a ro le s de l’ap o t re son t explicites . La c h u te et ses co n se q u en ces lo- g iqu es son t des reali tes un iverse l les , et n o n limitees c o m m e le p r e ­ten d le Lec to riu m R os ic ru c ian u m . P o u r p a r le r co n c re tem en t , la m ort. p a r son ca rac te re un iverse l , est I’e x em p le le p lus cla ir de ce qu 'e s t le p o u v o ir du peche.4. Les consequences du peche

La encore, [’interpretat ion gnos t ique de la Rose-Croix d 'O r se situe a I’ext reme oppose des doctr ines bibl iques fon- damentales . La Bible, seule verite, nous t ransmet un ensei- gnement par ticul ierement clair sur les consequences innom- brables et dramat iques de Paction du peche chez tous les hommes. Dresser une liste exhaus tive des consequences du peche serait une chose pra t iquement impossible tant 1' huma- nite est co r rom pu e par le mal. Neanmoins , la Parole de Dieu nous en donne quelques descr ip tions pour le moins significa- tives. L 'apotre Paul le dit sans ambages: la mort n ’est que la suite implacable, mais juste du peche. N ’ecrit-il pas aux Ro ­mains: «Le salaire du peche, c ’est la mor t» (Romains 6 : 23) ou encore le prophete Ezechiel: « L ’am e qui peche est celle qui mou rra » (Ezechiel 18: 4); Jacques, de son cote, ab ond e dans lc meme sens: «Le peche, etant consomme, produi t la mor t» (Jacques 1: 15). La cause de la mor t n ’est pas d 'ordre biologi- que, mais spirituelle, car elle decoule de la solidarity qui unit tous les hommes dans la desobeissance, le peche et la mort.

Les consequences nefastes du peche s 'e tendent aussi a la na ture meme de l 'homme. Notre etre tout ent ier est conta- mine par le mal. Notre volonte, nos pensees, nos actions, nos paroles, etc., sont touehees par ce fleau. Nul espoir de se sor- tir soi -meme de son etat miserable, de sa condi tion d ' h o m m e pecheur. L 'homme «naturel» , selon la Bible, est un ho m me mort dans ses fautes et dans son peche. Seule la grace im me- ritee de Dieu peut le sauver et le restaurer. Nous y revien- drons plus loin.

Que dit le Lectorium Rosicrucianum a propos des effets du peche? Une fois de plus, tout comme pour la chute, ses idees depassent l’entendement . Selon J. van Ri jckenborgh, la consequence premiere de la «chute» fut la «descente dans la matiere». II ecrit a ce sujet que « l 'humanite fut econduite du mon de celeste, non pas com me puni tion du peche, par suite de la rebell ion perpet ree, mais po ur la protection de tout ce qui avait ete cree (...). L’involut ion, la descente dans la m a ­tiere, commencee des ce moment (...); e ’etait une involut ion par suite de la perte de 1’etat d ’enfant de Dieu, une involu­tion par suite d ’infideli te voulue : .» Nous retrouvons la le langage de Max Heindel , mais pas le meme processus. En ef­fet, la descente dans la matiere n ’est pas presentee comme le moyen d ’acquisi t ion de nouvelles expe r i ences ’3, mais comme le resultat d une «revolut ion cosmique», c ’est-a-dire de la chute.

Cet te involut ion, consequence di recte de la chute, amena, si I’on en croit J. van Rijckenborgh, un pr ofond changement dans la na ture et la const i tut ion de l 'homme. «Le premier re­sultat fut que l’esprit humain. en tant q u ’eternelle divine dy- namisa t ion de tout fut isole. L’ho m me revolte eut ainsi les ailes brisees et tomba du C i e l ' 4. L'humani te, a partir de ce mom ent en involut ion fut t ranspor tee dans un domaine, dans lequel elle vit son etat divin ramene a un etat senii- divin 5.»

L 'homme divin. a ses origines, aurait ete rabaisse a l'etat semi-divin. Jamais la Bible ne fait al lusion de pres ou de loin a une telle idee; au eontraire, elle nous presente l 'homme comme une creature depend ant e de Dieu et qui, par un acte d'orgueil . a enfreint la loi de Dieu pour ensuite sombrer bru- ta lement dans la desobeissance. D 'un seul coup, l 'homme perdit tous ses privileges. La chute ne fut pas progressive, comme le pense l 'Ecole Spirituelle, mais quasi instantanee et ses efl'ets immediats.

L 'homme semi-divin est en chute libre, ou plutot il «invo- lue». Naturel lement, il ne s 'ameliore pas! « L 'homme tou-

J. van Rijckenborgh. Philosophic elementaire de la Rose-Croix moderne. p. 73.

■J supra, p. 235.S'agit-il de Lucifer?

*5 J. van Rijckenborgh. ibid., p. 74.

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jours en involution perdit dans ce nouveau et definit i f peleri- nage involut ionnaire, sa forme originelle. La personnal i te ab- sente fut retiree a l ' hom me: l 'esprit , par consequent , perdi t ses facultes et forces vitales selon I’etat divin 76.»

Le processus de 1' involution est le meme, a quelques nuances pres, que celui propose par Heindel:

- Periode de Saturne = Noyau du nouveau corps phys i­que.

- Periode du Soleil = Noyau du nouveau corps etherique.- Periode de la Lune = Noyau du nouveau corps du desir.- Periode de la Terre = Noyau du nouveau corps du pen-

ser.Ce processus serait actuel lement acheve. L 'homme posse-

derai t done une personnal i te et une forme materielle tres dif- ferente cependant du plan originel de Dieu. L 'homme de n o ­tre presente humani te est «dia lec t ique», c'est-a-dire qu'il est soumis a des lois contradictoi res, a des paires d 'opposes co m m e le jour et la nuit, la vie et la mort, le pole nord et le pole sud, etc. Toutes ces oppos it ions seraient reliees les unes aux autres et el les engendrera ient tous les malheurs que notre humani te actuelle connait .

L 'homme «dialect ique» serait un homme partage. Pour etre clair, il serait pr isonnier de la nature, aut rement dit des «Forces naturelles» elect romagnetiques! Ainsi le peche se manifesterai t presentement par une pression contraire ou ne­gative des forces elec tromagnetiques . Ce seraient done des vibrations magnet iques qui determineraient l'etat de l 'homme, ses convoitises, ses penchants, bref, sa vie tout en- tiere. Co mm en t une telle chose serait-elle possible? Ecoutons a cet effet J. van Ri jckenborgh: «E n vertu de notre nature dialect ique et des activites elec t romagnet iques de notre pro- pre microcosme, nous sommes tous les prisonniers du cham p elect romagnet ique de notre terre et en fait nos propres geo- liers (...). En raison de la loi naturel le de ce cosmos, pr i son­niers du cham p e lect romagnet ique de notre ordre du monde, nous sommes 1 'objet de lutte, de haine, de passion naturelle. Telle est la maledict ion de notre cha m p d ’existence. Vous l ' eprouvez. comme le coup de massue du d e s t i n 77.»

76 J. van Rijckenborgh. ibid, pp. 74-75.J. van Rijckenborgh. Un Homme Nouveau vient, pp. 50-51.

La chute aurait provoque une modificat ion des organes, un changement total de l 'etre et de... I 'atmosphere! Au c o m ­m e n c e m e n t seule existait l '«a tmosphere de vie», l '«Eau- vive primordia le»; helas, «la chute, ecrit J. van Rijcken­borgh, pollua cette a tmosphere qui devint dialectique. Des lors, l 'homme vit ses facultes physiques, biologiques, physio- logiques to talement changees. Dans l’impossibi 1 ite de vivre dans I 'a tmosphere pr imordiale , l’homme s’adapta dans ce nouvel environnement . Heureusement po ur lui, il ne manque plus d 'a ide bien que celle-ci ne fut pas de meme quali te qu 'autrefois. Quatre «nourr i tures dialect iques» (sic) permi- rent a l 'homme dechu de vivre tant bien que mal dans ce m onde: «de l 'hydrogene pour la radiat ion de son ame, de I 'oxygene pour le processus de combust ion, de l 'azote pour regler et ent retenir ce processus de combust ion et du carbone po ur do nn er forme a l ' idee vitale qui regne dans ce c h a m p ’8.»

Mais ce n'est pas f in i ! Le changement d 'a tmosphere, les forces a tmospher iques seraient la cause de toutes nos mala­dies, des accidents d ' a v i o n s ! 79 et de tous les maux dont souf- frirait notre pauvre humanite. Nous savons certes que notre a tmosphere est polluee, mais que celle-ci puisse provoquer des catas trophes aeriennes a cause du ramoll i ssement cere­bral des pilotes, la nous sommes dans le domaine de la science-fiction...5. La reincarnation

Nous ouvrons ici une breve parenthese. II est important de souligner que, po ur le Lectorium Rosicrucianum, la reincar ­na t ion n'est pas une doctr ine de salut comme c'est le cas pour les autres mouvements rosicruciens. La reincarnat ion, et son corol laire le karma, ne sont applicables qu 'a l 'homme dialect ique. L’homme-in it ie fait done l’economie de la rein­carna tion: il a le privilege d 'en t rer di rectement dans le «R oy au m e immuable»!

78 J. van Rijckenborgh, ibid., p. 91.79 La tragique serie d'accidents aeriens de 1946-47 serait due, selon le Lec­

torium Rosicrucianum, a une tres forte concentration de gaz nobles qui aurait ramolli la conscience des pilotes! C'est une «enquete esoterique» (sic) qui aurait permis d 'e lablir la cause de toutes ces catastrophes. (J. van Rijckenborgh et C. de Petri, La Grande Revolution, p. 12.)

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«La reincarnat ion est une loi provisoire, une consequence de notre C h u t e 80.» Le microcosme est done lie par cette loi impitoyable de la re incarnat ion et du karma, c'est-a-dire lie a la «roue de la naissance et de la mort». La reincarnat ion, loin d 'et re le sa Jut, est au contraire un perpetuel recommence­ment. 11 consti tue, cependant , une nouvelle chance de l ibera­tion pour l 'homme.

Tous ceux qui sont «l iberes» (c'est-a-dire «transfigures») passent par I 'etape dite «de la premiere resurrect ion»! II sont ainsi a I'abri de la «seconde mor t». Par contre, «tous ceux qui ne peuvent encore avoir part au processus de la premiere resurrection restent lies a la loi de la reincarnat ion. 11s revien- nent, condui ts par une aut re loi provisoire: (a loi du Karma . . .81»

La Rose-Croix d 'O r prend ainsi le contre-pied des autres mouvements rosicruciens. Mais le but de la reincarnat ion «dialec tique» est pra t iquement le meme: il s'agit. en effet. de d o n n e r une aut re chance a celui qui n 'a pas pu la saisir dans sa presente vie. C o m m e si la vie n'etait pas assez longue co m m e 9a pour se decider, une fois pour toutes, soit d 'accep- ter soit de refuser le Christ , le Sauveur.6 . Le presouvenir

Selon la doctr ine de la Rose-Croix d 'Or , la perte de la connaissance originelle serait I 'une des consequences les plus graves du peche. «L'his toire du genre humain , ecrit J. van Ri jckenborgh. nous prouve que pareil le degradat ion eut lieu et fut ac co mpagnee d'effets defavorables . L 'h omme perdi t le souvenir et rendit impie differentes forces et differents cou- rants naturels de ce domaine de v i e82.» L 'homme pecheur. ou plutot dialect ique, aurait do ne perdu ses facultes origi­nel les et n 'aurai t plus connaissance de son etat anterieur. Ayant perdu totalement tous ses pouvoirs, cet homme-la se ­rait conda m ne au cycle perpetuel de la vie et de la mort. c 'est-a-dire tributaire de la « loi de la r e in c a r n a t i o n s

Mais, selon les enseignements du Lectorium Rosicrucia­num, l ' homme pourrai t echa pp er a cette « loi». Voila ce

s" J. v an Rijckenborgh, Philosophic elemeniaire de la Rose-Croix moderne. p. 98.

81 .1. van Rijckenborgh, ibid., p. 100.92 J. van Rijckenborgh. ibid., pp. 115-116.

qu'ecrit a ce propos J. van Ri jckenborgh: «11 y a (...) la possi­bility d 'ent rer en relation directe avec la Fraternite Hierarchi- que. qu an d I'eleve possede ce que nous appelons le presou­venir, une reminiscence de la gloire humaine d 'an t an 8,...» La presouvenance serait necessaire po ur que le candidal puisse reagir convenablement aux « forces christ iques». Selon le meme auteur. « e 11 e nous dotine, en premier lieu, la notion de notre chute, de notre degradat ion, de notre aveuglement et de notre ignorance ef f r ayante84.»

L 'hom me dialect ique serait touche par une vibration pour le moins impersonnel le. N 'oubl i ons pas, en effet, que selon la Rose-Croix d'Or , «Christ n'est pas un Hierophante de na­ture majeslueuse, sejournant quelque part, hors du monde grossier, mais qu' il est avant tout un etre impersonnel, illi- mite, qui se fait connait re comme lumiere, Force et puissant C h a m p de Rayonnement . Ce C h a m p de Rayonnement Chris- t ique ap par u au milieu de nous (...) a, de toute evidence, une grande influence, oui, toute une serie d ' in f lu ences»85. Le sa- lut n'est done pas le changement total de notre etre, mais I'at- touch ement e lect romagnetique venant d ' un e force imperson­nelle nominee «Chr is t» , qui est celle de la Fraternite ou. pour etre plus precis, du Lectorium Rosicrucianum.

L 'h om me qui serait su r la voie du sa lut serait ainsi touche par le «bon rayon», celui qui permettrait enfin de se resouve­nir de son etat originel. Quels sont ces merveil leux rayons qui permet traient a l 'homm e de se souveni r a nouveau de son or igine? Fh bien, tout s implement 1' infrarougel, et pas n’im- porte lequel: non pas notre bon infrarouge terrestre qui nous procure une douce ehaleur I'ete comme I'hiver, mais «l ' infra- rouge du soleil d i v i n » 86! «Cette impulsion infrarouge, cette lumiere at t irante est, en effet, un appel. Q u and Dieu vous ap- pelle, il vous touche par cette lu m ie re8' .» Si I ' infrarouge est une lumiere att irante, l 'ultraviolet par contre est une «lu- miere brisante». Ainsi I'activite du «Vrai Soleil de I 'Espr it» (un aut re nom de Dieu) serait une double dynamique vibra-

83 J. van Rijckenborgh. Philosophic elemeniaire de la Rose-Croix moderne. p. 27.

J. van Rijckenborgh, ibid., p. 156.81 J. van Rijckenborgh. Un Homme nouveau vient. p. 12.8<’ J. van Rijckenborgh, Un Homme nouveau vient. p. 13.* J. van Rijckenborgh, ibid., pp. 13-14.

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toire, une double lumiere Divine qui serait composee d ’infra- rouges et d'ultraviolets.

Quel est le role de ces rayons? Us serviraient d 'un e part a mani fes ter Pappel chez le cand ida t et, d 'au t re part, lui aide- raient a prendre le chemin (du retour) de la Patrie originelle. Nous lisons ces lignes pour le moins interessantes: «Donc, I 'appel au Chemin signifie en meme temps la possibilite d ’al- ler le Chemin. C'est pourquoi le prologue de rEvang i le de Jean, peut dire, avec tant d ' assurance: «Mais a tous ceux qui l 'ont re9u. II a do nn e le pouvoi r de redevenir enfants de D i e u 88». La force de I 'appel est en meme temps la force qui aplani t le Ch emin 89.»

L’er reur rosicrucienne apparai t i d dans toute son ampieur : le salut tel que la Bible l ' enseigne est desintegre: il ne s’agit plus d 'un veritable salut, oeuvre de Christ , mais plutot d ’un deuxieme salut oeuvre de l 'homme. Cette notion, qui est d 'ai l leurs celle du gnosticisnie cathare, est r igoureusement absente de toute la Bible. Ce qui est sur, par contre, c'est que J. van Ri jckenborgh, n 'hes itant pas a falsifier out rageusement la parole de Dieu, donne ici une interpretat ion absolument scandaleuse du salut. II ne faut pas moins qu 'une fausse t raduct ion po ur justif ier une doctr ine. La fa^on de proceder du Lectorium Ros icrucianum est une veritable escroquerie spiri tuelle a laquelle nous devons reagir energiquement.

Le « Solei 1 Divin», et en part icul ier les infrarouges et les ultraviolets, aurait done pour but d ’eveiller le presouvenir la­tent d ' un e existence originelle passee. L'oeuvre de ces rad ia­tions «christ iques» serait d 'at t i rer dans le «c h am p de Force de l 'Ecole» toute personne qui accepterai t de prendre de plein gre le difficile Chemin du retour. L 'hom me dialect ique serait dans i ' impossibil ite absolue d 'avoi r une telle initiative, car toutes ses facultes, la volonte, la sagesse et 1’activite, sont endormies. Ces trois facultes, appelees aussi «trinite», de- vraient etre ent ierement renouvelees et ceci par le moyen de l’initiation enseignee par le Lectorium Rosicrucianum. «L 'Ecole Spirituelle est un chant ie r de travail d 'ou naissent

88 La traduction de Jean 1: 12 est absolument fausse. Le verbe ginomaitraduii par «redevenir» signifie en reaiite «devenir». La mauvaise foi des ro-sicruciens du Lectorium Rosicrucianum n'est pas a demontrer dans ce casprecis.

des actes, en consequence desquels les trois Forces emanant de l 'Ecole eveillent en l 'eleve les trois facultes la tentesg°.»

L 'h omme sans presouvenir, qu'il soit religieux ou occulte, est considere comm e perdu a moins qu'il ne se t rouve dans le «c h am p de Force de l 'Ecole». Autrement dit, et selon les doctr ines du Lectorium Rosicrucianum, n ' importe qui, pourvu qu'il ent re en contact avec un membre de la secte. peut deveni r un initie. Meme les «religieux» ou les occultes! Cependant , il est toujours preferable d 'avoir le presouvenir, gage de toute progression initiatique. C o m m en t I 'obtient-on? Premierement : avoir la chance, ou plutot la malchance, de rencontrer un disciple de la secte; deuxiemement : se laisser convaincre et... se faire irradier! Ca r le Lectorium Rosicru­c ianum n'est aut re qu 'une ecole de magie et d 'occult i sme et m alheu r a qui se laisse ent ra iner; il entrerait en contact avec les puissances de I 'ennemi. Trois iemement : I 'atome-etincelle d ’esprit se «reveille». C'est le premier pas vers la «re-nais- sance»! En effet, l’homme qui serait touche par cette force de rayonnement donnerai t des «signes de react ion» et son coeur, le sanctuai re, commence de nouveau a s'activer. C o m m e le dit si bien J. van Rijckenborgh en des termes qui lui sont propres: «... a la suite d ’un choc violent quelconque de la vie ordinaire, I 'atome-etincelle d'espri t se met a vibrer fortement dans le coeur (...) une des sept cavites du coeur (sic) s’ouvre. le feu qui s'y t rouve enferme s 'al lume, et une lu­miere eclatante se projette sur le t h y m u s Q,...»

Qu'est-ce que «l 'atome-et incel le d 'espr i t»? Ecoutons cette def ini t ion: «Le pr incipe merveil leux que nous appelons atome-et incel le divine etait au commencemen t le foyer cen­tral du type pr imordial au t ou r duquel se forme le micro- c o s m e g:...» Ce serait done une parcelle de la trinite rosicru­cienne: Dieu, type pr imordial , Homme, ou pour etre plus clair, l 'homme originel! En provoquant une reaction au ni­veau de I 'atome-etincelle, le type primordial se reveille. Mais at tent ion, seule la Fraternite, au t rement dit le Lectorium Ro­s icrucianum, est mediatrice entre l’homme dechu et la Patrie perdue. En d 'aut res termes. I’i l lumination ne serait accordee

9(1 J. van Rijckenborgh, Philosophic elemeniaire de la Rose-Croix moderne.p. 18.

91 J. van Rijckenborgh. Un llom m e nouveau vient. p. 23.Q: J. van Rijckenborgh. ibid.. p. 68.

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qu 'au x seuls membres de la secte. Eux seuls auraient done le pouvoi r de t ransmett re cette experience.

Pourquoi cette experience psychique? Le fondateur de la secte le dit en des termes explicites: «... afin que vous arriviez a porter avec vous I ' image mentale de r immorte l . L’image de l 'homme celeste immortel doit naitre menta lement aupres de v o u s 93.» Le «presouveni r» ne serait do ne qu 'une projection mentale de l ' homme ideal, et rien de plus! II est evident que les membres du Lectorium Rosicruc ianum se bercent d' illu- sions en revant a cet homme, mystique et idealise. Par contre une chose est certaine, c ’est qu' i ls passent completement a cote du seul vrai Homme qui fut et qui est toujours le seul vrai Dieu: Jesus-Christ . Parce qu' i ls sont dualistes, les rosi- cruciens de Haarlem divinisent la creature en la personne d ' u n « H o m m e » qui en fait n ’a jama is existe. II est vraiment tres difficile de mieux se tromper .7. Le revirement fo n d a m en ta l

Jamais, au grand jamais, il ne faut confondre le revirement fondamenta l tel que le Lectorium Rosicrucianum I'enseigne avec I 'enseignement bibl ique de la repentance. Les deux termes pretent a confusion et ils sont cependant contradic- to iresl

La doctr ine du «revi rement fondam enta l» - appelee aussi «auto- revolte» - est d ' un e ext reme impor tance pour les adeptes de ce mouvement . Elle est a la base de toute initia­tion et, par consequent , de toute progression duns la hierar- chie. Le revirement fondamenta l « represente, selon J. van Ri jckenborgh, l ' adieu de principe a la nature terrestre, et une tout aut re disposi tion mentale envers cette na ture et le jeu si- nistre (sic) de ces trois pouvoi rs: vouloir, convoiter, agir, au sens autoconserva teur et speeulat i f qui lui est propre a un etat de sol i tude librement choisie (Patmos), qui est un etat d 'a t ten te neutre et intell igente (sic) de son «jour du Sei- g n e u r » 94. L’eleve rosicrucien doit done mouri r a la nature dialect ique, ou plutot s ' aneant i r avec sa personnal i te terres­tre. II s'agit de ramener le «moi dialect ique» de l ' homme a une fonction biologique minimum! Le revirement fondamen-

93 J. van Rijckenborgh. ibid., pp. 25-26.94 J. van Rijckenborgh. Dei Gloria Intacta, p. 12.

tal n ’est done qu 'u ne «neut ra l isa tion» de la personne comme de la personnalite.

La doctr ine de l’aneanti ssement de la personnal ite n'est pas bibl ique. Au contraire, la Bible proclame que l’homme pecheur est l’objet de toute la tendresse et la sol I icitude de Dieu. L 'homme est invite par Dieu a se repentir , c'est-a-dire a chauffer de m entalite ., et non pas a « n e u t r a l i s e s sa person­nalite. La repentance, condi t ion necessaire du salut, est le point de depar t d 'un e t ransformat ion de l’etre tout ent ier et, no tamment , d 'un renouvellement de / intelligence. L'oeuvre de Dieu est une oeuvre de salut, bien stir, mais aussi une oeuvre de restauration. Les facultes spirituelles, psychologiques, psy- chiques, etc., sont, par la grace de Dieu. restaurees. Le chre- tien est ainsi, dans le plein sens du mot, une nouvelle crea­ture.8. L E n d o u ra et la Transfiguration

C ’est le sommet de la «spiri tual i te» rosicrucienne de l 'Ecole Spirituelle. Le but auquel tout eleve aspire n'est autre que cette experience mystico-occulte appelee «Transfigura- t ion». Toute la li t terature du Lectorium Rosicrucianum est orientee vers ce moment sublime.

La Transfigurat ion est, selon la doctrine du Lectorium Ro­s icrucianum. la «renaissance spiri tuel le»! Elle est «l 'aban- don de la personnal i te pour une tout autre personnalite consciente, elle est dest ruct ion et recons truct ion (...); c'est le sacrifice entier de I 'homme-moi po ur la renaissance d 'une ame immortel le et le retabl issement de la personnali te ce­leste ,,5.»

Par ailleurs, Catharose de Petri do nne dans un de ses ecrits une definit ion de ce que sont 1’E n d o u r a 96 et la Transt igura- tion: «Le Transfigur isme est une Methode Gnost ique qui permet de realiser 1'Endoura. L End ou ra consiste dans la subst i tut ion totale de l 'Homme-Espr i t pr imordial au produi t de la nature qu'est l’ho m m e mortel individualise, selon le plan de la creation d iv i ne9\ »

95 Un chemin pour noire temps: la Rose-Croix d'Or. pp. 16-17.9t’ L 'Hndoura serait, selon le Lectorium Rosicrucianum. la «mort» selon

la nature. Rappelons que pour les ( athares. I bndourn etait un jeiine pro­longs.

9" C. de Petri, Transfiguration, p. 9.

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L'Endoura et la Transfigurat ion sont ainsi int imement lies. « Le chemin de l 'Endoura par t ransfigurat ion est le seul che­min naturel , logique, le seul digne et capable d 'effacer la m a ­lediction qui pese sur notre existence et d 'offr ir une solution juste au probleme de l ' h u m a n i t e 98.»

La Transfigurat ion est un etat d ’i l lumination interieure, mais aussi «Ie retabl issement de f h u m a i n celeste imperissa- ble du commencement qui a perdu par la C hute la possibility de se m an i fe s te r "» . II est aussi la cons truct ion d ’un nouveau «C orps-Ame» l0°. Cette ame est immortel le et elle existe deja en l’ho m m e: il est possible de la faire reapparai t re . avec Tac­tion de nouvelles vibrations magnet iques, sous la forme de l ' « H o m m e or ig ine l».

Pour etre transfigure, il n ’y a q u ’un seul moyen: celui qui consiste a «1 iquider» l 'homme dialect ique! « S'i 1 doit etre quest ion d 'un e nouvelle terre, il faut qu'il y ait d ' abo rd un nouveau ciel! Et ceci represente la l iquidat ion de la total ite du mierocosme, au sens le plus complet , le plus profond - et l 'appari t ion d 'un tout autre. Cela signifie la fin de notre sys- teme entier. Vous voulez transf igurer (...) Impossible! Vous devez disparaitre, cesser d 'etre l01.»

Ainsi, l ' homme qui est touche par les «radia t ions christi- ques» - et qui a passe par l ' etape du «revi rement fondamen- ta l» - prend le chemin de l 'Endoura . Dans un premier temps, l’Ecole Spirituelle invite done ses «eleves» a un processus de «deper issement du moi». Pour cela, I'eleve doit faire le vide en soi! C ’est-a-dire s 'annihi ler completement .

La t ransfigurat ion est done la voie du salut rosicrucien l02. Celui qui est «t ransfigure» est arrive au sommet du chemin de l ' initiat ion puisqu' i l a «vu» la « Patrie or iginel le»; il a do ne reintegre la «Maison du Pere». Autrement dit, le «disci- ple», celui qui a atteint le 33° degre, serait «ne de nouveau»! C'est du moins ce q u ’affirme le Grand-mai t re de Haa r lem: «Si nous reagissons posit ivement, si nous nous rendons tota-

C. de Petri, ibid., p. 11.w Ce q u ’est. veut et aceomplit la Rose-Croix moderne. p. 20.100 L’ame nouvelle se composerait d 'e thers «hautement raffines».101 J. van Rijckenborgh, Un Homme nouveau vient, p. 156.,0- Le chemin de la Transfiguration serait aussi. selon Jan van Rijcken­

borgh et Catharose de Petri, identifie et mis en parallele avec la Sainte Cene! On aurait ainsi l’equation suivante: Transfiguration = Sainte-Cene!

lement a ces forces, une nouvelle naissance a lieu dans notre microcosme. une transfigurat ion. C'est alors notre et re-ame qui se developpe dans notre microcosme, l ' hom me eternel

Finalement , le «sa lut» rosicrucien du Lectorium Rosicru­c ianum se reduit a une experience metciphysique. Ce texte, tire d ' un aut re ouvrage de Jan van Ri jckenborgh et Catharose de Petri, le prouve: «On desire de nous une disposi t ion meta­physique totalement nouvelle. Aller par la connaissance a I experience, et par I’experience a la mani fes ta t ion . Ce qui si­gnifie que nous devons. par des actes auto-liberateurs, ouvrir notre sang a la mysterieuse impulsion a tmospher ique de Christ IW4.» Ce sont, parait-il, les «enti tes» qui pousseraient l ' homme a prendre le chemin de ( 'experience! «C*est po u r ­quoi les entiles qui veulent nous aider nous redisent sans re­pit q u ’il nous faut aller le chemin de I 'experience. Nous de­vons decouvri r la verite par l ' exper ience. II n'y a pas d ’autrepossibility pour no u s ' 05.»

Les effets de ces experiences metaphysico-transfigurist i- ques seraient des plus spectaculaires: «Tous les atonies, toutes les cellules de la personnali te sont changes par la transf igurat ion et charges d ’energie M ercurienne: la Force du Deveni r Humain immortel (...). L'Energie Mercur ienne, qui se concent re surtout dans le sanctuai re de la tete, t ransforme a peu pres tous les organes du cerveau et leur donne un n o u ­veau pouvoir de la consc ie nce l0\ » Ce serait la, parait-il, la mani festa tion de VH om me nouveau.. .A propos de la Bible, de la priere et de I’EgliseI. La Bible, un livre dangereux?

La Bible - appelee aussi «La ngu e sacree» - est frequem- ment utilisee et citee pa r le Lectorium Rosicrucianum. Elle esl, en effet, consideree comme le « com pendium ,0" de la vie».

,03 J. van Rijckenborgh, Demasque, p. 73.10'‘ J. van Rijckenborgh et C. de Petri. Le Nouveau Signe, p. 131. C ’est

nous qui le soulignons.1(15 J. van Rijckenborgh et C. de Petri, ibid., p. 109. C ’est nous qui le souli­

gnons.106 C. de Petri. Transfiguration, p. 13."IT l)u latin compendium qui signifie premierement «economie»,

«epargne»: le sens second, celui que le Lectorium Rosicrucianum emploie. est «chemin de traverse», «raccourci», ou plus exactement le «resume suc­cinct».

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Contra i rement a ce que I'on pourra i t penser, le Lectorium Rosicrucianum ne cons idere pas la Bible comme l '«Ensei - gnement Universel»; elle ne serait qu 'une manifestat ion, q u ’un temoignage de cet «Enseignement» . En d 'aut res termes. la Bible est un livre parmi les aut res ouvrages esoteri­ques que seuls les inities peuvent lire et comprendre . Inverse- ment , les chretiens et. a plus forte raison, les professeurs de theologie et les pasteurs, ne peuvent saisir la portee occulte du message biblique. Sur ce point Jan van Rijckenborgh est formel : « C ‘est pourquoi nous sommes absolument adver- saires de 1'emploi familier de la Bible et spec ialement de son emploi popula ire dans les cercles esoteriques 108...» Par ail- leurs, il ecrit: « N o u s denions a n ' impor te quel theologien. en raison de sa format ion universitaire, le pouvoir de penetrer Vessence de la Bible l0‘\ » Plus loin, il a joute: «Nous , dans la Rose-Croix, nous rejetons abso lument toute theologie, ainsi que toule critique, que les theologiens avancent quant a la Bible no.» Si nous dep lorons en effet I 'att i tude critique de certains theologiens quant a la Bible, par contre nous refu­tons l ’assertion de Jan van Ri jckenborgh concernant le «rejet de toute theologie». La theologie, I 'etude de la Parole de Dieu. est necessaire et utile pour les croyants et. par la, pour toute I 'Eglise et le monde. Face aux developpements des ph i ­losophies pernicieuses et des sectes, l’etude de la Bible, la theologie, se revele absolument indispensable.

Alors, qui peut lire et etudier la Bible? La encore. Jan van Ri jckenborgh est categor ique: «La Bible ne peut etre appro- chee que par l 'Ecole Spirituelle 111 et par ceux qui ont rev'u un ense ignement sp i r i tue l112 (...) C’et enseignement n'est obtenu - a I’exclusion de toute personne intermediai re entre Dieu et r h o m m e , done sans r intervent ion d 'un e hierarchie clericale, d 'u n e Eglise ou d 'un clerge - que par suite d 'un changement total de la vie, suivant les normes de l 'Ecole Spirituelle ll3.»

J. van Rijckenborgh. Philosophic clementaire de la Rose-Croix mod erne. p. 303.

J. van Rijckenborgh, ibid., pp. 299-300. A noter que Karl Barth est ici expressement nomine.'

110 J. van Rijckenborgh, ibid., p. 301. C es t nous qui le soulignons.1,1 Autrement dit, le Lectorium Rosicrucianum.Ii: C’esi-a-dire occulte.111 J. van Rijckenborgh, ibid., pp. 303-304.

Ainsi la Bible serait la propriete exclusive du Lectorium Ro­s icruc ianum! Eux seuls auraient le pouvoi r de la lire sans danger, car iIs possedera ient les «clefs» esoteriques pour la comprendre .

La Bible serait done un livre utile pour l' initie, pour celui qui a la presouvenance. Par contre, elle est dangereuse pour ceux dont la conscience est basee uniquement sur l 'ordre de na ture dialect ique, au t rement dit ceux qui sont hors de J'in- f luence christ ique de l 'Ecole Spirituelle. «L'histoire montre incontes tablement le danger de mettre ainsi la Bible entre les mains de I 'homme naturel . A la suite de ces speculat ions sur des valeurs spiri tuelles incomprises, se sont dechaines guerres, meurtres, disputes sans f i n ,l4.»

C ’est vrai, helas, que des hommes et des femmes se sont bat tus ou disputes pour defendre la Bible, sa verite et son message. Mais la Bible, la parole inspiree de Dieu. est - et sera toujours - au centre de luttes et de controverses. A u jo u rd ’hui encore, un meme comba t ne se 1 ivre-t-i 1 pas dans les pays de 1'Est? Est-ce par hasard que les autorites athees de ces pays cherchent a detruire la Bible? Inverse- ment . comment expliquer la faim ext raordina ire de la Parole de Dieu chez les chretiens de l 'Est? C'ela le Lectorium Rosi­crucianum Pignore, ou feint de I' ignorer. La Bible, un livre dangereux? Loin de la! ( 'est plutot le contraire qui est vrai: si notre monde aetuel est malade, cela vient du fait que la Bi­ble est rejetee et mepr isee par l ' immense majorite des hommes.2. La priere, un acle m agique!

La Rose-Croix d 'O r est tres critique a Tegard des Eglises chret iennes et, no tamment , quant a la maniere de prier. Selon cette secte, la priere a degenere parce que nous serions pous- ses par des convoitises egoYstes: ce serait, parait-il , de la ma- gie noire! Cette priere, tout comme la lecture de la Bible, se­rait dangereuse : tout le «p ant he on des forces malefiquesw (sic) encouragerai t cette forme de priere.

Le Lectorium Rosicrucianum prat ique la priere! 11 prie pour que 1’Am our soit en tout et en tous. po ur la richesse d ’une pleni tude interieure, pour le pouvoir de delivrer l’hu-

1,4 Ce qu est, vent el aeeomplit hi Rose-Croix moderne. p. 70.

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mani te, pour la gloire de Dieu! Mais, faut-il le remarquer, les membres de la secte ne prient jamais pour eux-memes . La priere est avant tout un acte impersonnel : le candidal a la Transfigurat ion doit renoncer a tous desirs personnels pour se concent rer uniquement sur la «Hierarchie de Christ», sur le Lectorium Rosicrucianum.

La priere, selon les enseignements du Lectorium Rosicru­c ianum. n'a absolument rien de com m un avec la priere telle qu'el le est presentee ou pra t iquee dans nos milieux Chretiens d 'h ier et d ' au jourd 'hui . Jan van Ri jckenborgh croit en effet que la priere est un appel magique. Bile reposerait sur la «connaissance d 'u n processus conseient» met tant en oeuvre la magie et l’occultisme.

La priere rosicrucienne serait «mag ique» : el le se manifes- teruit com me une force, une vibration dont la dest inat ion - le «d om a in e» - est «vibra to i rement» concordante . «La priere, souligne J. van Ri jckenborgh, attire des forces de ce domaine et le resultat est absolument con co rdan t n5.» Ainsi, si que lqu 'un veut invoquer «D ie u » egoistement, il va s 'at tirer des forces egoistes! C'est la raison po ur laquelle le Lectorium Rosicruc ianum cons idere que la priere est dangereuse La vraie priere, la veri table i n v o c a t i o n magique» serait le fait de ne ja m a is rien de m an de r pour soi -meme. Si l’eleve de la Rose-Croix d 'O r «prie». c'est po u r que le monde puisse «de- couvr ir» le chemin de la liberation tel que le Lectorium Rosi­cruc ianum le convoit.3. L 'Eglise

L'Eglise - Ecclesia - est un point de doctr ine relat ivement important pour le Lectorium Rosicrucianum. II est bon de re- tenir que la secte ros icrucienne pre tend etre la seule et veri ta­ble ecclesia: toutes les autres Eglises, de meme que la plupar t des societes occultes, ont failli a leur tache.

La secte rosicrucienne est ex t remement critique a 1'egard des Eglises et co m munaut es chretiennes. Les religions «selon la na ture» (sic) se seraient devoyees et aura ient sombre dans la magie! C'est du moins ce qu 'af f i rme Jan van Rijcken-

J. van Rijckenborgh, Philosophie elementaire de la Rose-Croix moderne, p. 290.m ll ne faut pas perdre de vue que la priere, selon le Lectorium Rosicru­cianum. est un acie de ma^ie.

borgh: «Cette re l ig ion 1’ 7 appl ique une certaine magie, magie qui n'est pas chret ienne dans le sens att ribue a Jesus-Christ , mais qui est reprise des cultes pre-chretiens, specialement du Brahmanisme ll8.»

L'Eglise serait un peril pour tous les homines , car elle pra- t iquerait une «magie» denaturee et falsifiee; de plus elle se­rait pr isonniere de la «religiosite selon la na ture», ce qui re- vient a dire qu'el le serait d 'essence terrestre. L'Eglise est ac- cusee de propager des il lusions destructrices a tous les homines: c'est pourquoi le Lectorium Rosicrucianum consi­dere que l 'Eglise est dangereuse! C'est la raison pour laquelle elle conseille a ses membres - et a ses futurs adeples - de rom- pre tout contac t avec l’Eglise. 11 faut dire, au demeurant, que le Lectorium Rosicrucianum, plus qu 'aucu ne autre secte reli- gieuse et tout comme les libres penseurs et les athees, voue une ha ine tenace it l 'Eglise.

Naturel lement une autre ecclesia s ' impose, c'est l '«Ecole Spiri tuel le», c'est la «Hierarchie de C hrist», aut rement dit le Lectorium Rosicrucianum! Cette «Hierarchie» se manifeste- rait sur deux plans: un plan «div in» et un plan «terrestre». Le premier, le plus important , se composerai t d'ent i tes qui, malgre la chute, sont restees fideles a 1' I dee originelle; le se­cond niveau n'est aut re que les inities du Lectorium Rosicru­c ianum qui, en vertu de la «transfigurat ion», prennent le chemin du retour a la «Pat rie perdue».

Cette « EgIise», appelee encore « Eglise in vi s i b l es Corpus Chrisli, serait «dans son essence absolument anonyme »! Les membres de l’Ecole Spirituelle se «fonden t» dans Porganisa- t ion a tel point qu' ils pensent etre un avec la « Force christi- que». La notion de «C orps» , vivant et fraternel, n'existe pour ainsi dire pas. Les membres du Lectorium Rosicrucianum, tout en pre tendant faire partie d ' un Corps , sont en fait des isoles, des membres esseules d 'u n Ordre qui se veut univer­se!.L'ethique du Lectorium Rosicrucianum

L'ethique rosicrucienne de la Rose-Croix d 'O r se differen- cie tres net tement de celle des autres mouvements similaires.

117 C ’est-a-dire n importe quelle confession ou denomination chretienne.118 J. van Rijckenborgh. ibid., pp. 170-171.

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notamment de I 'A.M.O.R.C. Par ethique, le Lectorium Rosi­cruc ianum entend un changemen t radical du compor tement de la vie a 1'egard des choses terrestres. Mais il ne s ’agit pas seulement d 'un changement d 'a t t i tude de la pensee, ni des sent iments ou encore des actes, mais d ' un veritable boulever- sement de la vie tout entiere. Le Lectorium Rosicrucianum professe une e thique r igoureuse parce que dualiste - seul compte l '«espri t» - et qui n 'a qu ’un unique but: la «renais- sance spiri tuelle». Nous connaissons deja le processus de la voie du salut: demoli t ion et reconst ruct ion. «C'es deux p ro ­cessus, lit-on, s ' inte rpenetrent . lls dep end ent 1' un de 1’autre. Nous sommes conscients dans la «nature du peche», c'est-a- dire dans la dialect ique, et nous devons, par Paneanti ssement de cette nature, rendre possible la rencontre dans la nature de Dieu 1 |g.»

L'ethique de l 'Ecole Spirituelle se veut reso lument antibi- bl ique, pour notre monde d' ici-bas du moins. «L' interpreta- t ion selon laquelle la Bible doit d o nn e r des lemons de vie et de compor tement moral pour l ' existence dans cet ordre de nature, est un malentendu pi toyable dont l 'humanite est re- devable a la theologie et a 1’eglise religieuse naturelle l20.» La Bible ecrite pour un aut re m on de (ou «ordre de la na ture»)? Stupef iant ! En sondant les Ecritures, nous cons ta tons que, nulle part, dans la Bible tout entiere, il n'est ecrit que la d o c ­trine ethique ne serait pas vaiable pour notre humanite.

Malgre le rejet du concept bibl ique de l ' ethique chre­tienne, le compor tement de vie de chaque membre est regle- mente, voire codifie par toute une serie de prescript ions et de conseils. A cet effet, il existe tout un processus a la fois tres long et tres difficile: il compor te trois per iodes et a l’interieur de chaque periode sept aspects d i f f er en ts121. Ces trois jours ne sont pas des «jours», mais ils representent symbolique- m ent la demoli t ion et la recons truct ion du temple, le «declin et I 'ascension» de l 'homme. 11 s’agirait, selon les propos du Lectorium Rosicrucianum. d 'u n e « revivification de la forme corporel le originelle», soit la «renaissance d 'eau et d 'espr it»!

“ “ J. van Rijckenborgh, ibid., p. 225.120 Ce qu est, veut et accompli! la Rose-Croix moderne, p. 70.121 C'est pourquoi le Lectorium Rosicrucianum parle de «trois cercles

septuples». Le chiffre 3 ferait allusion au Temple - l'homme, selon le Lecto­rium Rosicrucianum - qui sera demoli et reconstruit en trois jours.

De ces principes decoulerai t toute l ' ethique de la Rose-Croix d'Or ./. La «double unite cosmique»

C ’est un point tres important de l ' ethique rosicrucienne. Elle a trait aux relations de l 'homme et de la femme. La do c ­trine du Lectorium Rosicrucianum est, comme nous pouvons l’imaginer, tres rigide. La place et le role de l ' hom me et de la femme sont tres exac tement definis.

Ainsi, selon l '«exegese esoterique, la femme n'est, qu 'au second degre, reliee a Christ» 122. Ces propos sont a la fois scandaleux et misogynes: l ' apotre Paul n'a-t-il pas ecrit aux Gala tes q u ’il n ’y avait «ni Ju i f ni Grec, (...) ni homme ni femme: car tous vous etes un en Jesus-Chr is t» (Galates 3: 28). La relation que chaque ho m me ou femme a avec Dieu est absolument ident ique; la femme n'est done pas une crea­ture de second degre.

Bien que Jan van Ri jckenborgh affirme qu'il y a une par- faite egalite spirituelle, morale et materielle entre les sexes, il n ’en demeure pas moins qu'il existe de profondes diffe­rences. Celles-ci apparai t ra ient notamment aux centres du bassin, du coeur et de la t e t e 123. Le fondateur de la Rose- Croix d ’Or justifie ces differences par l 'existence des arche­types, c'est-a-dire P« Homme primordial)). Les archetypes, appeles aussi «matrices spiri tuelles», sont differents pour l’ho m me et po u r la femme. «Or ce qui est present dans l’es- prit doit se mani fes ter dans la matiere ,24.» Ci tons encore: «La memoire de la nature enseigne que l ' atome originel de la vague de vie humaine possedait deux noyaux, deux realites d 'et re qui, sous de nombreux rapports, etaient le reflet Pun de I 'autre, mais differaient organiquement , du fait que la pensee spirituelle, a la base de ces deux noyaux, etait, elle aussi, differente l25.»

Ainsi, selon la « Phi losophic Universelle», l ' homme et la femme sont des les lointaines origines tres differents. Un etat

122 J. van Rijckenborgh, Philosophic elemeniaire de la Rose-Croix moderne, p. 246.

121 Parmi les autres differences, citons: le fonctionnement des glandes en- docrines, la nature - et la temperature - du sang. etc.

124 J. van Rijckenborgh. ibid.. p. 246.125 J. van Rijckenborgh, ibid.. p. 247.

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de polarisat ion, ou de vibration, caracteriserait cette diffe­rence. L 'homme aurait un corps phys ique et un corps du desir posit ivement polarises; de meme il aurait un corps etherique et un intellect «negat if». Quan t a la femme, ce se­rait exae lement I ' inverse: un corps phys ique et du desir de polar isat ion negative et un corps etherique et un intellect « posi t i f». Cette polarisat ion inverse, loin de provoquer des tensions ou des frictions, serait la base de toute «collabora- tion harmonieuse»!

La «double unite cosmique» se manifesterait aussi dans... les cheveux! Reprenant les ense ignements pauliniens de la premiere epitre aux Corin th iens concernant la tenue de la femme dans I’eglise, Jan van Rijckenborgh soutient que la chevelure de la femme est un « c h a m p de rayon nement» l26. La composi t ion di fferente des cheveux de l 'homme et de la femme ne serait pas, selon J. van Ri jckenborgh, le fruit du hasard. Ca r derriere les cheveux se cacherait . . . «un secret du Salut»! Ce «secret», a vrai dire, n 'en est pas un: il s'agit tout s implement de la «fonct ion» qu 'exerceraient les cheveux. Ceux-ci appart iendra ient au «corps etherique» et auraient en vertu de leur rayonnement aural des effets benefiques pour ouvrir a l 'homme ou a la femme le chemin du salut. Naturel- lement il faut que les cheveux soient tres soignes pour que le «secret» puisse etre revele au «che rcheur» ou a l '«e tudiant»!

L'ethique conjugale du Lectorium Rosicrucianum est, com m e on peut le constater, aber rante et, en tant que chre- tien, nous ne pouvons que la rejeter.2. Le Bien et le M al

La morale du Lectorium Rosicruc ianum s' inspire ici tres net tement des enseignements cathares. La notion du Bien et du Mal sont tres confuses et sur tout tres compliquees . 11 n'est pas facile, en effet, de de n ou er 1'eeheveau. Essayons quan d meme!

Selon l ' ethique de la Rose-Croix d 'Or . «not re ordre natu- rel naqui t de la per turba tion de la grande Harmonie Univer- selle, de l 'Equi libre cosmique, qui est un Etat constant dans la Lumiere, une existence eternel le dans le C'ourant universel - sans commencement ni fin - que la Langue sacree designe

comme le Royaume hnm uable. La perturbat ion de cette Ha r­monie, de cet Equilibre, fait naitre, dans la stabilite du Cou- rant universel. une ins tabi l i ty une vague de mouvement , de va et vient de toutes ch o ses ; il en resulte une existence dans 1' oppos it ion, dans les contraires inseparablement lies entre e u x ,2'. ..» Ainsi, une per turba t ion d 'ordre cosmique ent raina une serie d 'oppos i t ions : j o u r et nuit, jeunesse et vieillesse, naissance et mort et, bien entendu, bien et mal. Ainsi, selon la doctr ine du Lectorium Rosicrucianum, seul le bien est eternel ' :8.

Le bien et le mal ne sont pas. pour le Lectorium Rosicru­c ianum, des definit ions ethiques au sens ou la Bible l ' entend. II ne s'agit pas de deux principes agissants, d ' un cote le Bien personnif ie par Dieu et Jesus-Christ , de I’aut re le Mal avec le peche et Satan.

L 'homme des l 'origine a choisi le mal. II a cru t rouver le bien en desobeissant a Dieu. Le mal, c’est done le refus de l 'homme d 'accepter la bonte et la souverainete de Dieu: c'est aussi une force positive qui asservit l’ho m m e et qui cor rompt 1'univers. Le mal, qui ne signifie pas absence du bien. est bel et bien un aspect etranger de la Creat ion. Ca r Dieu est bon et c'est lui qui. dans la personne de son Fils, t r iomphe du mal. A la lumiere des enseignements bibliques, il faut cons iderer le mal comme une anom alie , comme quelque chose qui etait fondamenta l ement etranger a la na ture humaine. II nous faut aussi repousser l’idee que le mal est une opposi t ion au bien au meme titre que le jour a la nuit. II ne faut pas confondre I 'ordre de la Creat ion - J 'al ternance du j o u r et de la nuit - et le peche de l ' homme symbolise par le mal.

L 'homme «dialec tique» pourrai t , si I'on en croit les ensei­gnements de la Rose-Croix d ’Or, accompli r le bien; mais c'est pour aussi tot retomber dans le mal! «Des que la force propulsive du bien (sic) atteint, sous un certain rapport son point culminant , son sommet , des que ce mouvement ascen­dant , done, va se changer en mouvement descendant l29...» Faire le bien ou faire le mal. ce serait done un «eternel. un

l r Ce (/n'est, veut et aceomplit In Rose-Croix moderne, pp. 73-74. C'est nous qui le soulignons.

1:8 Sur ce point, le Lectorium Rosicrucianum s'ecarte du Manicheisme. Mani, en effet. admettait deux principes eternels. le Bien et le Mal.

'-,9 ibid., p. 75.

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inexorable cercle vicieux». La consequence de ces «m on tees et descentes» est que «le mal devient le bien, engendre le hien, tandis qu 'avec la meme regularite, le bien degenere en mal, engendre le mal et demontre qu' il ne peut jamais etre 1' essence du bien, le bien exclusif, effectif, mais seulement une apparence» I3°. Le bien de I 'homme «dialee tique» ne se­rait do ne qu 'u ne apparence . La encore, nous nous portons en faux contre les assert ions du Lectorium Rosicrucianum: la Bible affirme que I 'homme, cree a l ' image de Dieu, peut faire le «bien» m . Mais ce qui est vrai - ou devrai t 1’etre - e'est que le chretien doit etre un ins trument de la bonte de Dieu. Ces exhor tat ions de Papotre Paul le prouvent amplement : «Ayez le mal en horreur ; at tachez-vous fortement au bien» (Ro- mains 12: 9): «N e te laisse pas vaincre par le mal, mais t r iomphe du mal par le bien» (Romain s 12: 21), etc.

Le Bien, expression de la volonte de Dieu, est done un point de doctr ine ethique po u r le moins tres important . Le Bien, seul, est eternel ; le Mal, par contre, disparai tra pour toujours lors de I 'avenement de Christ . Mais il est possible aujourd'hui d 'accompl i r et de discerner le Bien et de vaincre le Mal. Tout s implement en ecoutant et en prat iquant les pa ­roles de Christ . C'est dans ce meme ordre d ' idees que Paul, a nouveau, ecrivait ces lignes: «Je souhai te que vous soyez sages pour le bien» (Romains 16: 19). Puisse Dieu nous aider a prat iquer le Bien.3. A (tenlion a l alcool, a la nicotine et aux narcotiques

Pour les memes raisons citees plus haut, les adherents de la secte neo-cathare ne doivent pas boire d 'alcool, ne pas fumer et s 'absteni r de prendre des somniferes. II est evident que I 'abus de boissons alcoolisees. I 'habitude du tabac ou l 'usage immodere des narcot iques favorisent un etat de depend anc e et ne peuvent que contr ibuer a affaiblir la resistance de I'or- ganisme humain . La mise en garde du Lectorium Rosicruc ia­num. meme si elle est t rop absolue, nous parait ici justifiee.

Mais la ou nous ne sommes plus d 'accord , c'est le fait d ’admet tre que de boire un verre, fumer une cigarette ou

IJ0 ibid., p. 75.1,1 L 'hommc «naturel». irrcgcnere, peut avoir une morale et une quali te

de vie tout a fait correctes: il peut ainsi par le moyen des oeuvres caritatives etre utile a son entourage et soulager hien des miseres humaines.

prendre un comp rime puisse per turber notre vie spiri tuelle: il y a la un pas qu 'on ne saurait franchir. Ca r J. van Rijcken­borgh affirme que celui qui se libere des medicaments «li- quide» d 'un seul coup trois effets de la «chute», a savoir: l’obscurcissement de la pensee, 1'anesthesie de la vie ner- veuse et les per turbat ions du corps etherique. De plus I'ab- sorpt ion d'alcool provoquerai t une action negative sur les glandes pineale et pi tu i ta i re : enfin. la n i c o t i n e 132 engendre- rait une degenerescence des «sanctuai res» du coeur, de la tete, des organes sexuels et nerveux.

Ainsi I 'homme qui s ’ad o nn e consciemment ou non a ces vices s’enfonce dans le mineral , dans la matiere. Par contre, s'il ab an d o n n e ces pratiques, s ’il veut sortir du «bourbier» de la matiere, il doit aussi renoncer a manger de la viande ou du poisson!4. Le vegetarisme on le chemin de la Transfiguration

Les membres actifs du Lectorium Rosicrucianum sont, en principe, des vegetariens stricts. Le vegetarisme, tel qu'il est enseigne et prat ique, ne vise pas en premier lieu le bien-etre du corps, mais il serait necessaire pour pouvoir entrer dans le chemin de la regenerat ion, e'est-a-dire de la Transfiguration. Propos confi rmes par une Lettre d 'inform ation: «ll est abso ­lument exclu que le Chemin de la «renaissance evangelique d ' E a u et d 'Lspr i t» puisse etre parcouru sans satisfaire a un certain nombre d 'exigences fondamentales , dont le vegeta­risme ,33.»

Ca r manger de la v i a n d e 134, meme moderement , serait un «em pec he m ent » pour acceder a la «Conscience Divine». «La com position ch im ique et I 'echelle vibratoire du sang a n i ­mal sont deux elements ex t remement nocifs et neutralisa- teurs du sang h u m a i n » 135. «ll faut savoir que les aliments ne contiennent pas seulement des substances nutritives, des vita-

l5: Le tabac serait une plante influencee par la planete Mars, done nega­tive.

Letrre d'information. No 7, p. 4. C'est nous qui le soulignons.1,4 Selon J. van Rijckenborgh. «M anger du poisson. favorise la penersite ,

la viande de cheval la colere. la viande de boeuf la stupidite et un formida­ble esprit de chicane et de querelle. la viande de pore, la cruaute. la brusque- rie et... l'aplomb»! (Philosophic elementaire de la Rose-C roix moderne, p. 233).

135 Ce qu est, vent et accompli/ la Rose-Croix moderne, p. 26.

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mines, des sels mineraux, etc., mais aussi des substances de nature subtiles appelees ethers. La viande et le poisson contiennent , eux, des subs tances etheriques presentant un n i ­veau vibratoire particulier, nefaste pour I'eleve qui cherche a se liberer des liens de la matiere l36.»

Le sang o c cu p e une p lace tres im p o r ta n te d a n s la d o c tr in e du L ec to riu m R os ic ru c ian u m . Le sang serait , en effet, la « c le f de no tre e tre» et il n 'y au ra i t pas de t r an s f ig u ra t io n sans une t r an s fo rm a t io n spirituelle du sang! Le sang co n t ien t un secret cap ita l , celui de no tre n a tu re ac tue l le et celui de no tre n a tu re a venir. «... le s an g ren fe rm e la fo rm u le de I 'e m p r iso n n e m en t co m m e celle de la l ibe ra t ion (...). N o u s y t ro u v o n s la syn th e se de la co nsc ien ce , du flu ide ne rveux et de la q ua li te to ta le du p r in c ip e m ic ro c o s m iq u e U7.« T ou t c a n d id a t a la p le n i tu d e doit a c c e p te r q ue son sys tem e sangu in soit d ’un n o u ­veau type . «L a t ra n s fo rm a t io n du sang t r a n s fo rm e ra la vie, p o u r r a a la long u e va incre la m or t et m o d if ie ra la p e rso n n a l i te 1J8.» Ainsi, l’e la b o ra t io n d 'u n n o u v ea u type sa n g u in p ro d u i ra i t un c h a n g e m e n t d a n s le c o m p o r te m e n t de I ' in d iv id u !...

Le sang en se ch a rg ean t de su b s ta n c e s vita les, telles q u e la Lu- m iere et la Force , fait q ue le m ic ro c o sm e d ia lec t iq u e se pur if ie , se d e b a r ra s s e de tous ses liens terres tres , et en p a rt ic u l ie r du ka rm a . In versem en t , I 'h o m m e « re g e n e re » , d o n t le sang est « p u r i f ie » , peu t e n t re p re n d re le « c h e m in du re to u r» .

Selon les doctr ines de Jan van Ri jckenborgh, I 'homme, a cause de son al imentat ion, se serait graduel lement «enfonce» dans la matiere. D ' abo rd frugivore, le regime de I’ho m me de- vint vegetalien. puis vegetarien; puis, il passa a la nourri ture carnee pour enfin s’ad o nn er a I’alcool, au tabac et aux m edi ­caments synthetiques.

Ainsi, le futur eleve de la Rose-Croix d ’Or est place devant un choix: s'il veut prendre le «C he m in de la Regeneration)), il devra changer radicalement sa fagon de s’alimenter: le prix de la «t ransfigurat ion» n'est q u ’a ce prix-la!5. La politique

En vertu de sa doctr ine dualiste, le Lectorium Rosicrucia­num se desinteresse de toute part icipat ion ou ingerence dans

,3<> Leitre d'informalten, No 7, p. 4.i r J. van Rijckenborgh et C. de Petri. Le Nouveau Signe, p. 126.IJS J. van Ri jckenborgh et O de Petri, ibid., p. 126.

les affaires de l 'Etat. «Les eleves de I’Ecole spirituelle de la Rose-Croix d ’Or s’abs t iennent de toute par t icipat ion active a la poli t ique, l ' economie et l 'humanisme. 11s n'essaient jamais d 'avoir , d ’aucune maniere, une influence quelconque sur la poli t ique de leur pays, pas plus que sur le systeme economi- que en vigueur, et jugent Thumanisme incapable de delivrer l’humanite de la vie terrestre ,3y.» L’ethique poli t ique du Lec­torium Rosicruc ianum se reduit done a sa plus simple ex­pression: tout en reconnaissant a l’Etat son role specifique, les membres de la secte rosicrucienne sont exhortes a «ne rempli r aucune tache sur le terrain», mais a explorer unique- ment le chemin qui mene a la Transfigurat ion.6. Un defi a relever!

Le Lectorium Rosicrucianum est un Ordre tres, tres sec- taire. Ses membres, app a re m m en t peu nombreux, sont totale- ment devoues a la cause de la secte. Les activites terrestres - la famille, le travail, les loisirs, etc. - doivent laisser la place aux activites de I 'Ordre. Beaucoup de soirees ou de week­ends sont consacres aux reunions ou a I’etude. Ce que Jan van Rijckenborgh dit a propos des partis poli tiques vaut aussi pour tout le reste: «N e choisissez aucun parti dans ce formidable tourbi l lon d'activites dialect iques; ne vous jetez pas dans ce feu du brisement, mais conservez vos talents, vo- tre force et votre vitalite pour le travail qui vous sera de- m an d e par l’Ecole Spirituelle M0.»

Malgre une doctr ine tres compliquee, une ethique austere, le Lectorium Rosicrucianum connait un regain d ’interet et progresse numer iquement . Cela tient du fait que son langage pseudo-evangelique accroche bien aupres des gens en quete de certitudes. La fermete de leurs positions, le rejet absolu de la «dialec tique» terrestre, une conduite de vie irreprochable font que le Lectorium Rosicrucianum connai t actuellement une phase ascendante. II y a de quoi reflechir face a un tel phenomene.. . Les chretiens sauront-i ls relever le defi?

IJ,‘ ibid., p. 65.1411 J. van Rijckenborgh. Philosophie elementaire de la Rose-Croix moderne,

p. 267.

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CH A P 1T R E V I 1

La Cosmogonie de Max HeindelNous abordons l ' etude de la doctr ine de Max Heindel telle

qu'el le est exposee dans son ouvrage fondamental La Cos­mogonie des Rose-Croix. Cont r a i r ement aux autres societes rosicruciennes, et en par ticul ier I 'A.M.O.R.C'., le fondateur de l 'Association Rosicruc ienne a essaye de rendre coherent sa philosophic qu'il a em pruntee po ur une bonne part au ro- sicrucianisme et a la theosophie bien sur, mais aussi a l 'hin- douisme, sans oubl ier le cathol icisme!

Autour du theme principal de la Cosmogonie s 'art icule un aut re theme qui est celui de Vevolution. La doctr ine ros icru­cienne est, avant tout, une cosmogonie evolutionniste. La matiere, d ' abo rd inerte, doit passer par differents stades evo- lutifs pour arriver f inalement a un etat de perfection divine. En s’exprimant aut rement , il s 'agirait d 'un e succession d ’etats de la matiere (mineral , vegetal, animal, humain. . .) po ur que celle-ci devienne Dieu!

Les per iodes successives, selon les theories rosicruciennes d 'Heindel , ne sont pas des periodes astronomiques, mais des periodes as t ro logiques1. Les astres, dont il sera quest ion plus loin, sont tires des cartes du ciel astrologiques, plus exacte- ment babyloniennes . La cosmographie a laquelle les rosicru- ciens et les astrologues se referent est to ta lement differente du ciel as tronomique. A ce propos. Paul Couderc , ast ronome a rObservato i re de Paris, fait remarquer jus tement que «l 'as- trologie porte la marque des siecles ou la Terre passait par le centre de l 'Univers, ou l ' hom me croyait les astres crees a son intention et disposes pour son usage, ou il les tenait pour les dieux, presidant a sa naissance et preposes a son d e s t i n » 2. Des lors, on se rend compte facilenient que les theories rosi­cruciennes reposent sur des bases fragiles, voire inexistantes parce qu 'er ronees. Peut-on, a par ti r d'erreurs, parvenir a la

1 Nous serions actuellement dans l'ere du Verseau.2 P. Couderc, L'Aslrologie pp. 55-56. Que sais-je?

verite? Telle est la ques tion que nous nous posons a l’egard des per iodes dites «as trologiques».

Sou vent, nous entend ons dire que la Rose-Croix enseigne qu' il y a deux creations. Cela n'est pas tout a fait exact. II fau- drait plutot parier de deux evolutions, plus precisement d ’une involution et d ’une evolution. Le systeme rosicrucien s ' appuie sur le pr incipe intangible de revo lu t ion permanente et eter- nelle de la matiere. En vertu de leur concept ion pantheiste,, les adeptes du rosicrucianisme sont invites a rejeter ipso facto la doct r ine de la creat ion exnihilo. Selon eux, la matiere est identi- fiee a Dieu. La matiere serait done «vivante» et. de ce fait, elle serait en mesure de suivre tout un processus dev o lu t i o n carac- terise par des phases involutives et evolutives.

La premiere phase correspond a l ' involution. Celle-ci groupe 3 1/2 periodes, c ’est-a-dire les per iodes astrologiques de Saturne, du Soleil, de la Lune et la moitie de celle de la Terre! Durant ce laps de tem ps, les Esprits Vierges se deci- dent a en t reprendre sous la di rect ion d' Etres supremes un long pelerinage dans la matiere. Ce passage a travers la ma­tiere (appelee aussi «m ond es denses») est, selon les theories rosicruciennes d 'Heindel . une «ecole de l 'experience» qui doit condui re les Esprits Vierges au developpemen t des pou- voirs latents en pouvoirs dynamiques. Les progres consistent a la const ruc tion du «corps-t riple», a l’acquisit ion de la «conscience de soi et de l ' intellect». C'est aussi durant cette phase que se situe la c o n s t r u c t i o n des vehicules» qui seront necessaires pour pouvoir passer dans la per iode d ev o lu t i on proprement dite.

Mais la se trouve placee une parenthese impor tante: I’epi- genese qui est, selon Heindel, le fondement meme de r evo lu ­tion. En effet, la fin de revolu t ion correspond a l’achevement de l 'homme en tant que pr incipe vivant. Celui-ci est doue d 'un corps materiel qui va, avec I'aide de l’intelleet el des dif­ferents vehicules. passer dans la phase dite «evolut ion». Ce serait une per iode tres importante car elle cor respondrai t a une intense «activite creatrice originelle de l 'Espri t» en l 'homme. Celui-ci pourrai t , des lors, et seulement en vertu de ses propres forces, deveni r a son tour Createur!

L’evolution se caracterise a la fois par 1’elevation de 1'es- prit hors de la m atiere et par le developpement conscient du triple corps en une triple ame. La «croissance de l ' ame» se

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fait par le biais des «bonnes actions, des bons sent iments et des bonnes pensees». C'est ainsi que la conscience de I 'homme se t ransformerai t lentement en une omniconscience divine. Cette metamorphose serait possible par le moyen de multiples reincarnat ions: I 'homme deviendrai t d ’abord un surhomme , puis un demi-dieu, et enfin Homme-Dieu . c'est-a- dire Rose-Croix.

Ainsi done, la Cosmogonic des Rose-Croix n'est autre qu 'u n systeme evolut ionniste qui prend son origine dans la matiere et qui about it tout droi t a la divinisat ion de ladite matiere. C ’est ce que nous allons voir main tenan t dans les li- gnes qui suivent.L’involution ou les origines du monde et de I'homme

Avant d ' ap p ro fondi r la Cosm ogonic des Rose-Croix , il est impor tant de rappeler que la doctr ine rosicrucienne est fon- dam en ta l em en t pantheiste. Le monde, e ’est-a-dire la matiere, est con fondue avec Dieu et vice versa. L' idee d ' un Dieu crea- teur, indep end ant de la creat ion co m m e de la c rea ture , est ri- goureusement absente dans la systemat ique rosicrucienne. Autrement dit, la t r anscendance d ' un Dieu personnel , crea- teur et redempteur , n ’existe absolument pas. Ainsi la pe rs on ­nalite de Dieu se reduit-elle au niveau des idees et, plus e n ­core. a un plan materialiste. La pensee rosicrucienne, qui est au depar t f ranchement pantheiste et materialiste, tend pro- gressivement, mais ineluctablement , a un spiri tual isme oc- cul te et meme spirite. Le chemi nement de la Rose-Croix a po ur about i ssement le monde des esprits. ou, pour etre plus precis, le mon de des demons.

La Cosmogonie des Rose-Croix est un ouvrage essentiel si nous voulons comprendre les enseignements rosicruciens de Max Heindel. L'auteur, dont nous ne meses timons pas le courage, a mis par ecrit I 'essence de ses enseignements. II a developpe une tres curieuse theorie de la creat ion de l 'uni- vers qui, com m e nous le verrons, se trouve a I 'oppose ex­treme de la doctr ine bibl ique tradi tionnelle. La Cosmogonie , ou theorie expliquant les origines de I 'Univers, n'est pas le dom aine exclusif de Max Heindel et de ses adeptes. D'aut res mou vements comm e la Theosophie de Mine Blavatsky, l 'A.M.O.R.C. , le Lectorium Rosicruc ianum ou I 'Anthroposo- phie de Rudolf Steiner ont aussi leurs propres idees dans ce

domaine . Si leurs points de vue divergent dans le detail, no- ta m m ent dans le vocabulai re employe, le fond reste pratique- ment le meme, a savoir Vevolutionnism e qui est, en quelque sorte, le fil con ducteur de toute la doctr ine Rose-Croix, Sou- l ignons egalement que I 'evolut ionnisme rosicrucien ne peut etre compare au transformisme darwinien. Par ailleurs, il se­rait judicieux, sinon de la plus haute impor tance , de men- t ionner la remarque ci-apres si nous ne voulons pas etre in- duits en erreur par la terminologie des mots: selon les Rose- Croix, du moins po ur Heindel , les termes d ev o lu t i on et de creat ion sont synonymes . Lorsqu 'un rosicrucien parle de creation, il pense tout aut rement . Ne nous laissons pas a b u ­ser par ces formula tions passe-partout , mais soyons sur nos gardes. Un mot peut en cacher un autre!La Genese, livre occulte!

Entrons maintenan t dans le vif du sujet et essayons d'ana- lyser la theorie de revolu t ion de Max H e i n d e l3. Cette theorie pour le moins farfelue porte un titre qui ne I'est pas moins: « Analyse occulte de la Genese» : car les rosicruciens «hein- del iens». comme la plupar t des sectaires, se reclament de la Bible. Pour eux, la Bible est un livre «ferme» que seul un ini- tie peut comprendre . Dans le meme ordre d' idees, Daniel Vernet ecrit a propos des Kabbal is tes : «Les Kabbalistes, adeptes de l 'ecole juive de la Kabbale qui, paral lelement a une lecture ouverte de I 'Ancien Testament , en font une lec­ture «hermet ique» ; pour eux la Bible est un livre code rempli d ' informat ions qui n ’apparaissent q u ’a cette seconde «lec- t u r e » 4. La premiere «lecture» serait done profane , la seconde serait esoterique, done reservee aux inities. Tous ces presup­poses esoteriques de terminent une exegese mystique de la Bi­ble et de ce fait la Bible est mise sur un pied d'egal i te par rapport aux aut res livres religieux. Max Heindel, lui, I'af- firme sans detours lorsqu'i l ecrit que «la Bible n'est pas la seule veritable Parole de Dieu et la seule inspiree; mais il n 'en est pas moiiib vrai qu'el le contient be aucou p d'enseigne- ments occultes et pr ec ie u x5.» Par ailleurs, il commente:

3 Notre principalc source d ’information est la Cosmogonie de Heindel.4 1). Vernet, L ’homme face a ses origines, pp. 42-43, Croisade du Livre

Chretien, La Begude-de-Mazenc.5 M. Heindel, Cosmogonie des Rose-Croix, p. 312.

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« N o u s ne soutenons pas que la Bible soit d 'origine entiere- ment divine, ni qu'el le soit, d ' un bout a l 'autre, la Parole de D i e u h.» Un peu plus loin, il a joute : «La Bible ne peut etre consideree que comme l’un des livres de Dieu, car il y a beau cou p d ’autres ecrits qui ont le droit d 'etre reconnus comme tels, et qui ne peuvent etre el imines par quelques ignorants (sic) tels que ceux qui ont mis les soi-disant livres apocrvphes au r e b u t ' .» Ainsi appara i t dans toute sa vigueur le processus, helas classique, d 'af faibl issement de l ' inspira- t ion, done de I 'autorite, de la Parole de Dieu. La negation de Pinspirat ion divine ent raine de facheuses consequences dont la plus nefaste est, sans conteste, les fausses interpretations. C a r on peut faire dire a la Bible n ' impor te quoi. Les rosicru- ciens n 'echappen t pas a la regie: ils n 'hesi tent pas a tordre au maximum les Saintes Ecri tures afin de justifier le b ien-fonde de leurs enseignements. II faut constater, avec regret, que toute doctr ine fausse a comme point de depar t une deviat ion d ' in terpre tat ion sur un point capital . En ce qui concerne la Rose-Croix, la pierre d ’acho pp em en t sur laquelle elle tre- bu che est la doctr ine de la Crea tion. Cette doctrine, au de- meurant fort importante est, a part quelques exceptions pres, assez negligee8.

La Creat ion est, avec la Chu te et la Redempt ion , le noyau central de toute la doct rine chret ienne. Si nous voulons connai t re ce qu'est la vie chret ienne, il est necessaire que nous sachions le pourquoi et le comment de la Creat ion. Apres cela, meme si nous ne com prendr on s jamais le p o u r ­quoi de la chute, nous serons en mesure de saisir et d 'accep- ter l 'oeuvre de la redempt ion . Si l 'un des points de cette t riade est enleve, il ne reste pour ainsi dire pra t iquement rien.

A propos de la Bible, Max Heindel affirme peremptoire- ment : « Ce livre a uniquement ete ecrit pour les inities et eux seuls peuvent le lire et le c o m p r e n d r e ‘\ » Le magistere de ceux qui sont rendus capables d' ini t ie r les autres est done ne-

6 M. Heindel, Philnsophie rosicrucienne, p. 159, Tome I.' M. Heindel. ibid., p. 165.s II serait injuste de ne pas citer les noms de ceux qui ont milite pour un

renouveau de la doctrine biblique de la Creation: Henri Devaux, DanielVernet, Robert Mempiot, Henri Blocher et bien d ’autres encore.

u M. Heindel, Cosmogonic des Rose-Croix, p. 317. C ’est nous qui le souli­gnons.

cessaire pour lire la Bible. Mais ou est le Saint-Espri t dans ce contexte? Nous y voyons, dans ce cas precis, l 'entiere depen- dance du disciple-initie pris dans les griffes de I’initiateur. Cet assujett issement ne peut que produi re des fruits amers. Le prophete Jeremie n ’a-t-il pas ecrit: «M aud i t soit I 'homme qui se confie dans I’homme, qui prend la chair pour appui et qui de tourne son coeur de PEterne l ! II est comm e un misera­ble dans le desert et il ne voit point arriver le bonheur» ( Je­remie 17: 5-6).

Un aut re livre, le sien na turel lement, va prendre la place de la Bible. II ecrit a ce sujet : « N ou s exposons ici un plan prodig ieux dont la complexi te devient presque inconcevable a mesure que nous a joutons de nouveaux details. Toute per- sonne capable de le comprendre sera pleinement recompen- see si elle appl ique tous ses efforts a cette etude. Aussi, l'etu- diant devrait-il lire lentement , repeter souvent, reflechir bea uco up et profondement . Ce livre - (et plus particuliere- ment ce chapitre, le travail de revolu t ion , NdR) - ne devrait pas etre lu d ' un e maniere superficielle. Chaqu e phrase a sa valeur propre et prepare la phrase qui sui t , a laquelle elle estin t imement liee, tout en suppo sant la connaissance de ce qui precede. Si le livre n'est pas etudie a fond et avec methode, il deviendra de plus en plus incomprehensible et deconcertant . Au contraire, si l’eleve l 'etudie et le medite a mesure qu'il avancera, il t rouvera que chaque page est rendue plus claire par les connaissances tirees de I 'etude des pages prece- dentes 10.»

II est difficile d 'en dire plus, n ’est-ce-pas?Peut-on parler d'un polytheisme rosicrucien?

Pour la Rose-Croix, la Creat ion achevee n'existe pas. Se- lon ses theories, les epoques de la creation, que Max Heindel appelle g lobalement Jour de M anifestation , se succedent les unes apres les autres et cela eternel lement. Sept periodes as- trologiques forment un «Jour de Manifes ta t ion». Au com ­mencement de celui-ci, «u n certain Grand Etre (designe dans le monde occidental sous le nom de Dieu, mais sous d 'aut res noms dans d 'aut res parties du globe) se limite a une certaine port ion de I 'espace dans laquelle il choisit de creer un Sys-

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teme Solaire pour revolu t ion et l’expans ion de sa propre conscience))/. La Trinite: une doctrine im portante

Ce qui f'rappe d'emblee, c'est que les rosicruciens recusent l ' idee que Dieu soit une personne, bien que dans les nom- breux ouvrages rosicruciens le nom meme de Dieu est abon- da m m en t employe. Mais a chaque fois, nous en eprouvons un malaise. II nous vient aussi tot cette quest ion a l 'esprit: de quel Dieu s'agit-il? Du Dieu eternel , personnel , omniscient et tout -puissant? Ou bien d 'un «cer tain» Dieu, depersonnal ise, lointain? Les rosicruciens ado pt en t la seconde solution. Co nsequence normale : le dogme de la Trinite est refuse. Cet te negation ent raine des suites pour le moins desas- treuses. La personnal ite de Dieu, un et pluriel, se trouve re- duite a de simples manifestat ions.

Le d o g m e de la Trin i te d iv ine co n n a i t de nos jo u r s un rega in d ' in - teret. Sans d o u te le d ia lo g u e avec les relig ions m o n o th e is te s n on ch re t ie n n e s est-il a l’o r ig ine de ce r e n o u v e a u theo lo g iq u e . M ais ce tte doc tr in e , v io le m m e n t c o m b a t tu e p a r la R ose-C ro ix , est aussi re je tee p a r d iverses sectes c o m m e les T e m o in s de Je h o v ah ou les B ra n h a m is t e s I:. A vrai dire, le p ro b le m e n 'es t pas n o u veau . Deja au x tro is iem e et q u a t r ie m e siecles, u n e serie de co n tro verses tou- c h an t a la n a tu re d e C hris t eb ra n la ie n t I 'Eglise. L ’un des ad versa ire s les p lus co n n u s du d o g m e de la T r in i te eta it un p resby tre de I 'Eglise d 'A le x a n d r ie n o m m e Arius (280-336). C elui-ci en se ig na it q u e le Fils n 'av a i t pas existe de to u te e te rn ite . C h r is t n 'e ta i t d o n e q u 'u n e c re a ­tu re et il serait d ev en u p a r la su ite Dieu. C e t te heresie fut severe- m e n t c o n d a m n e e lors des C on c i le s de N ic ee (325) et de C o n s ta n t i ­n o p le (381). Bien q u e le nom d 'A r iu s ne soit j a m a is m e n t io n n e d a n s les ecrits ros ic ruc iens , il sem b le ra i t q u e les fo n d a te u rs des d ivers m o u v e m e n ts , n o ta m m e n t M ax H e in d e l et H. S p e n c e r Lewis, a ient repr is les idees e r ro n ees d 'A r ius .

La doctr ine de la Trinite divine est d ' un e extreme im p or ­tance. En effet, I 'Ancien comm e le Nouveau Testament nous

11 M.Heindel, Cosmogonie des Rose-Croix, p. 185. C'est nous qui le souli- gnons.

12 Disciples de William Branham (1909-1965), celebre evangeliste ameri- cain. A ne pas confondre avec les Brahmanistes (ou Brahmanes), adeptes dubrahmanisme, religion de I 'lnde.

presentent les trois personnes de la Trinite a l 'oeuvre dans la Crea t ion comm e dans le Salut. Nous y voyons a la fois l'uni- cite et la pluralite de Dieu. Dieu est un etre personnel et uni ­que, mais il est aussi pluriel. Le Pere, le Fils et le Saint-Espri t sont par fai tement unis. Entre eux, il n'y a aucune difference de nature entre les trois personnes: el les accomplissent la meme oeuvre et sont dignes de recevoir la meme adorat ion. La preexistence eternelle de Christ comme la divinite du Saint-Espri t const i tuent un excellent tir de bar rage contre le polytheisme in form el des rosicruciens. En effet, les Ros icru­ciens «heindeliens» affirment que le Christ , tout comme le Saint-Espri t et, o absurdi te, le Pere ne seraient que des ini­ties. Cela signifierait que les trois personnes de la Trinite se­raient devenues divines en vertu d ' un e initiation particuliere. Seule une doctr ine correcte de la Trinite est en mesure de combatt re avec efficacite l 'heresie monumenta le de la Rose- Croix.2. Dieu «un et pluriel»

La Bible fourmille d 'exemples de la veracite de la doctrine de la Trinite. Des le premier verset de la Genese, la pluralite de Dieu appara i t net tement . Le mot Elohim , qui est derive d 'u n e racine signifiant «puissant , etre fort», est employe pas moins de 2312 fois dans I’Ancien Testament . II designe vrai- semblablement, au sens large, le Dieu de la creation et de la providence. La collectivite des personnes appara i t tres net te­ment par le fait que le mot Elohim est un masculin p l ur i e l13.

L 'un ic i te de D ieu , elle, n o u s est suggeree p a r la to u rn u re gram- m a t ica le de la p rem ie re p h rase de la Bible. En effet, Elohim, nom p luriel , est le su je t du verbe bar a (creer) qui, lui, est au s ingulier. Si n o u s ra iso n n o n s du po in t de vue de la g ram m aire , il y a incontes ta- b le m en t faute . M ais cette « e r reu r» est v o u lu e p a r l 'a u teu r de la G e ­nese: en Elohim bora, n ou s avons la p reuve q u e Dieu est un et p lu ­riel. Plus loin, et to u jo u rs d a n s le m e m e o rd re d ' id ee s , Moi'se n'ecrit- il pa s : « F a iso n s l’h o m m e a notre im age» (G en e se 1: 26).

IJ Elohim n'est pas, selon nous, un pluriel de majeste. La langue hebrai- que ignore en effet cette tournure d ’expression (Cf. E. Nicole, La Trinite (Jans la Bible in lchthus, p. 22, No 79. oct.-nov. 1979).

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3. Jesus est Dieu!A propos de la divinite de Christ , il nous a semble utile

d' insister longuement . En effet, les rosicruciens sont des fa- rouches adversaires de r in ca rna t io n de Jesus, Fils de Dieu. Pour eux, le Christ n 'aurai t etc qu 'u n initie forme aux ecoles occultes esseniennes ou tibetaines. Autrement dit, le Christ n ’est pas la seconde personne de la trinite divine, mais tout s implement un ho m m e comme un autre. L'enormi te de I'he- resie rosicrucienne appelle une reponse biblique. Ca r nous croyons que ( 'A ude n et ie Nouveau Testaments sont expli- cites au sujet de la divinite de Christ .

Les psaumes messianiques ne laissent p laner aucun doute quant a la veritable na ture du Messie : «L'Eternel m ’a dit: Tu es mon Fils!» ( Psaume 2: 7); «Ton trone. o Dieu. est a toujours : le scept re de ton regne est un sceptre d ’equite. (...) C'est pourquoi, o Dieu, ton Dieu t 'a oint d ' un e huile de joie, par pri\ ilege sur tes col legues»( Psaume 45:7-8). Le prophete Esaie. lui, n'hesite pas a ecrire ces paroles ext raordina ires: «C'ar un enfant nous est ne. un fils nous est donne , et la domina t ion reposera >ur son epaule : on l’appelle ra Admirable, Conseil ler , Dieu puissant , Pere eternel. Prince de la paix» (Esai'e 9: 5). Ces titres remar- quables suscitent quclques reflexions. Voila ce que dit. par exemple, Emile Nicole: «C’eci est d 'a u t an t plus surprenant que la rovaute en Israel est consideree avec une certaine mefiance (cf. Deut. )7: 14-20, 1 Sam. 8 ): le seul vrai roi, c ’est I'Eterne). Co m m en t done un m onarq ue humain pourrait-il se voir attri- buer des titres qui en font I'egal de Dieu? Cela ne suggere-t-il pas une convergence, dans la perspect ive prophet ique, entre la personne du Messie et celle meme de Dieu? Le Messie a t tendu neserai t -i l pas Dieu lui-meme selon les m o t sd 'E sa ie : «I1 vien- dra lui-meme (votre Dieu) et vous sauvera» (35:4), ou de Mala- chie: «Soudain entrera dans son temple le Seigneur que vous cherchezet lemessagerde I 'a l l ianceque vousdes i r ez» (3 :1 ) M?»

Le Nouveau Tes tament justifie, lui aussi, en des termes sans equivoque la doctr ine de la Trinite et de la na ture divine de Christ. L 'apotre Jean en do nn e le ton des le premier verset de son Evangile: «Au co mmencem en t etait la Parole, et la

14 E. Nicole, ibid., p. 23.

Parole etait avec Dieu, et la Parole etait Dieu» (Jean 1: 1). Je­sus ne dit-il pas a ses disciples ces paroles pour le moins significatives: «Je monte vers mon Pere, et votre Pere, vers m on Dieu. et votre Dieu» (Jean 20: 17).

De son cote, l ' apotre Paul ab onde dans le meme sens: «En lui (Jesus) habite corpore l lement toute la pleni tude de la di- vini te» (Colossiens 2: 9), et encore, toujours a propos de Christ : «II est I ' image du Dieu invisible» (Colossiens 1:15).

Ainsi done , la Bible tout entiere atteste fortement que C hrist, seconde personne de la Trinite, est pleinement Dieu. Paul -Andre Dubois le dit sans ambages : «Chr is t est, avec le Pere. Dieu. au plein sens du terrne. Cette d imension biblique de Jesus-Christ doit etre for tement rappelee et mise en valeur a u j o u r d ’hui; car, sous ( ' influence de theories occultes, on cherche a la redui re a une s imple «emanat ion du divin», ou encore, dans les theologies recentes, a un homme en qui le divin a effleure, a fait surface, si je puis dire. (Adepte de la Rose-Croix: «la realite christ ique»). Ces concept ions , tres re- pandues , depouil lent tout s implement Jesus-Christ de son egalite avec Dieu. II n'est plus, dans cette representat ion, consubstant iel au P e r e ,5.»4. La divinite du Saint-Esprit

Et le Saint-Espri t? Est-il. lui aussi. Dieu? Le reduit-on a une «puissan ce»? A une «energie»? A un « l lu ide»? C omme le font les antitrinitaires, les Temoins de Jehovah ou les disci­ples de la Science Chre t ienne. Tout comm e pour le Christ, nous ne pouvons refuter les erreurs rosicruciennes qu'avec l ' aide de la Parole de Dieu. Celle-ci affirme sans crainte que l 'Espri t est identifie a Dieu, au Seigneur (Actes 5: 3-4). L'Es- prit est done Dieu! Point de vue par tage par l ' apotre Paul qui ecrit sans I 'ombre d 'un doute : «Le Seigneur, c'est l 'Esprit» (11 Corinthiens 3: 17). L'Esprit se caracterise aussi par sa saintete. N ’oubl ions pas, en effet. que le peche contre le Saint-Espri t est considere com m e un acte irremissible. Car la saintete est un att ribut de Dieu. n 'appar tient qu 'a Dieu et ne peut do ne s ’app l ique r aux choses materielles, «energies» ou aut res «Huides».

1 I’.-A. Dubois. Un Christ scion la dimension biblique in L.e Temoin, p. 120. No 2. Juillet-Aout I9SI.

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Le Saint-Espri t est une personne , la troisieme de la Trinite, et il possede int r insequement toutes les quali tes divines: eter- nite, omniscience, omnipresence , o m n ip o ten ce , etc... C 'est la raison pour laquelle I 'Esprit est tres souvent associe et place sur un pied d ’egalite avec le Pere et le Fils (Matth ieu 3: 16-17; 28: 19: II Corin th iens 13: 13; etc.). Par ailleurs, le Saint-Espri t est, au meme titre que Dieu et le Christ , appele 1'Esprit de Gloi re (I Pierre 4: 14).

L 'apot re Jean n'ecrit-il pas que «D ieu est Esprit» (Jean 4: 24); par ailleurs, il ajoute: «II est avantageux que je (Christ) m 'en aille, car si je ne m'en vais pas, le consola teur (le «para- clet» = VEsprit) ne viendra pas vers vous; mais, si je m'en vais, je vous l ' enverrai» (Jean 16: 7); et encore ces lignes: «Le Pere vous enverra un aut re consolateur (parallel), afin qu' il demeure e ternel lement avec vous, 1' Esprit de verite, que le monde ne peut recevoir, parce qu'il ne le voit point et ne le connai t point: mais vous, vous le connu issez , car il demeure avec vous, et il sera en vous» (Jean 14: 16-17).

D a n s une r e m a rq u e fort in te re ssan te . J.-R. C o u le ru no te a ce su- je t : « Jesus em p lo ie , en p a r la n t de lui, n o n pas le p ro n o m neu tre , m a is le p ro n o m m ascu l in . D a n s le tex te o r ig ina l grec, le m ot n e u tre « E s p r i t» dev ra i t e tre suivi d u p ro n o m neutre . Or, co n tre les regies d e la g ram m aire , le p ro n o m est m ascu l in , p o u r b ien m a rq u e r q u e le S a in t -E sp r i t est u n e p e rso n n e et n o n pas une ch o se 16.»

Lorsque les rosicruciens soutiennent la these du «Dieu- energie», il est facile de se rendre compte que leurs enseigne- ments sont inconciliables avec la foi chretienne. Ca r nous proc lamons que Dieu n'est pas une energie, ni meme une puissance , mais que Dieu est Dieu! Dieu est unique, il est le Roi des rois, le Seigneur des seigneurs, il est le crea teur des cieux et de la terre et de tout ce qu'el le contient. Dieu est amour , et, dans sa grace infinie, il nous a donn e son Fils bien-aime comme sauveur et redempteur . Mais l 'oeuvre du Dieu tout -puissant , compat issant et misericordieux, se mani- feste nujourd 'hui encore par Je Saint-Espri t . Ca r ] 'Esprit nous revele et le Christ et le Pere; il est aussi notre « para­clete, notre defenseur, notre consolateur , notre avocat, il nous protege et il nous console. Dieu, un et trine, est le Dieu

vivant, personnel et infini, celui des patriarchies, d' Israel , de Jesus-Chr is t et de I'Eglise. C'est aussi le Dieu qui est le mai- tre de I'histoire, du cosm os com m e de I’univers. Ainsi, connai t re Dieu, c'est l ' aimer et l ' adorer . Et souvenons-nous que nous rendons un eulte a un Dieu eternel et non pas a une chose! La di fference qui existe entre un chretien et un rosi­crucien se situe a ce niveau-la. I l y a done un abime infran- chissable entre Fenseignement bibl ique et les theories rosi- cruciennes. Ce fosse deja beant va tout au long de notre e tude s'elargir davantage. . .5. Un certain polytheism e rosicrucien

C o m m e nous venons de le voir plus haut, la notion de Dieu est tres confuse chez les adeptes de la Rose-Croix. Le vocabulaire rosicrucien est a la fois complexe et technique. C ar la doctr ine Rose-Croix, version Heindel. n'est pas mono- theiste. mais plutot «polvtheiste» et. surtout, pantheiste. Le Dieu un et piuriel est rejete ca tegor iquement par Max Hein­del qui affirme dans sa Cosmogonie I’existence de plusieurs dieux. Selon le fondateur de V A ssociation rosicrucienne, l 'Etre supreme - qui est aussi appele le «G ran d Architecte de l 'Univers» - est totalement different de Dieu et des autres Hierarchies d 'Et res celestes. II ecrit no tamment : «Q ua nd le mot «Dieu » est employe, on ne sait jamais s’il designe l 'Ab- solu, FExistence Unique , l 'Etre supreme qui est le Grand Architecte de FUnivers, ou bien Dieu, I 'Architecte de notre Systeme so l a i r e l7.»

T out co m m e p o u r F A .M .O .R .C . , la d o c tr in e de M ax H e inde l est re so lu m e n t pantheiste. A u n e ques t io n posee au sujet des «intelli- g en ces» qui h a b i ten t des co rp s m a la d es et de Feventue lle responsa- bil i ie de la na tu re , M ax H e inde l r e p o n d : « N o u s d e m a n d e ro n s : « Q u 'e n te n d e z -v o u s p a r la n a tu re ? » B acon dec la re q ue la na tu re ne d if fe re pas plus de D ieu q u e l 'em p re in te ne d iffere du sccau qui I'a faite. La n a tu re est le sy m b o le v ivan t et visible de Dieu. Or. de nos jo u rs , n o u s av o n s t ro p t e n d a n c e a ne c o n s id e re r la n a tu re que sous son asp ec t materie l . D err ie re tou tes ces m a n ife s ta t io n s de la na ture , c e p e n d a n t , il ex iste des forces, non pas des forces aveugles. mais des intelligences (...). C e q u e n o u s a p p e lo n s electricite, m ag n e t ism e , ex­p a n s io n de la v a p e u r sont des in te ll igences qui t r av a i l len t . invisibles a nos yeux, d a n s des co n d i t io n s d e te rm inees . Les esprits de la n a ­

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tu re c o ns tru isen t les p lan tes , fo rm e n t les cr is taux des rochers . T ou t au io u r de nous, sans q u e n o u s les voyons , ils s ’a ffa i ren t , avec d 'a u t r e s h ie ra rch ies du m o n d e invisible , a fa b r iq u e r ce q u e n o u s ap- pe l le ro ns les oeuvres de la n a tu re l8.»

Pour etre plus precis, l’Etre supreme se subdivise en trois aspects. Le premier serait d imaginer 1'Univers tout ent ier: il s’agirait du «Pere» dont sa pr incipa le fonct ion est le «Pou- voi r» ; le second, la mani festa tion dans la matiere comme force d e t r a c t i o n , c 'est-a-dire la possibility de donner des formes a la matiere. C'est , ecrit Max Heindel, le «Verbe», le « Fiat Crea teur» , qui fa9onne la Subs tance cosmique primor- d i a l e » 19: le «Verbe» dont il est ques tion ici n'est aut re que le Christ !; le troisieme, le Saint-Espri t - appele cur ieusement Jehovah - est specialise dans le «M ou vem ent » . C ’est lui qui do nn e la force de faire to urner sur leurs axes les differents atonies! Autrement dit, tirer la Subs tance cosmique primor- diale de son etat d' inertie.

L'Etre supreme, dans ses trois aspects, aurai t ce pouvoir de determiner la «diversite des angles d' inc linaison des axes» de meme que le «taux de v ibra t ion» de chaque atome. De cette diversite de posit ions et de forces vibratoires dep end la formation des differents « Plans Cosmiques» qui seraient au nombre de sept.

C ette d o c t r in e n ’est pas a \ r a i d ire nouvelle . Elle s ’in sp ire forte- m e n t des co u ra n ts th e o so p h iq u e d e M m e H e lene B lavatsky (1831-1891) et a n th ro p o s o p h iq u e de R u d o l f S te in er (1861-1925 ). Un au t re c o u ra n t de pensee , celui-ci f ra n c h e m e n t occu lte . o c c u p e une g r a n d e p lace ch ez H e inde l , n o ta m m e n t d a n s sa conception d e r e v o ­lu t ion de la m atiere . En effet, il est tres p ro b a b le qu 'i l fut in f luen ce p a r les idees du D r G e ra rd E n c a u sse , alias Papas (1865-1916), chef d e file d u mouvement occuhiste a la fin d u siecle d e rn ie r . II a p u b l ie d e tres n o m b re u x ou v rag es (env iron 200!) et do n t ce rta ins fo n t a u t o ­rite. m em e a u jo u rd 'h u i . C es d ivers sys tem es ou theorie s se re trou- vent a \ e c p lus ou moins de ne t ie te chez J 'A .M .O .R .C ., du m o in s sur c e r ta in s po in ts (la d iv in i te de la m a tie re , p a r exem ple) .

Pour Max Heindel. l 'Etre supreme se differencie du Dieu «solaire» par son ecrasante superiori te. En effet, «le Premier

111 :\J. Heindel. La Philosophic rosicrucienne, pp. 95-96, Tome I. ( est nous qui le soulignons.

M. Heindel, Cosmogonie des Rose-Croix, p. 370.

Aspect de l 'Etre supreme est caracterise par les mots « Pou­voir, Verbe, Mouvement» . De ce premier Aspect, procede le Deuxieme, le Verbe; el de ces deux Aspects procede le Troi­sieme, le M o u v e m e n t » 20. Faisant allusion au discours de l ' apotre Paul a l ' areopage d 'Athenes (Actes 17: 28), Heindel ne pense pas au Dieu createur, encore moins au Dieu un et trine, mais a un «Dieu» qui semble lointain, et meme inac­cessible, inconnu, voire impersonnel et dont la principale ca- racterist ique est d ’ordre cosmique et «energet ique»! L'Etre sup rem e dont il est quest ion ici n'est pas une personne (du moins dans ses premier et troisieme aspects), m ais une ener- gie impersonnelle et materielle. Dieu pour ainsi dire n’existe pas, celui-ci etant dilue dans la substance materielle des corps etheriques et chimiques.

Apres cette premiere definit ion de Dieu, a vrai dire tres va­gue, Max Heindel precise sa pensee: «D e cet Etre Supreme triple procedent sept Grands Logoi’. Ils eon tiennen i en eux toutes les grandes Hierarchies qui se differencient de plus en plus a mesure q u ’Elles occupent les divers Plans Cosmiques. 11 y a 49 Hierarchies sur le second Plan Cosmique , 343 Hie­rarchies sur le troisieme. Chaqu e Plan compor te des divi­sions et des subdivisions septenaires, en sorte que sur le Plan Cosmique le moins eleve dans lequel se mani festent les Sys­temes Solaires. le monde des divisions et des subdivisions est presque in f in i21.»

Nous sommes la, a coup sur, en plein mystere: Qui sontces «grands logoi»? Sont-ils des «dieux» de seconde zone?Heindel se montre sur ce point tres discret. Tout au plus, il affirme que ceu.\-ci «cont iennent» les Gr and es Hierarchies creatrices qui sont, comme nous le verrons plus loin, char ­gees du processus de revolut ion . De meme, I'auteur de la Cosmogonie avoue f ranchement son ignorance en ce qui concerne les autres plans cosmiques. N'ecrit-il pas au sujet des six premiers «pfans»: « N o u s ne savons rien des six Plans cosmiques superieurs au notre. si ce n'est qu' ils sont le cham p d ’activite des grandes Hierarchies d 'Et res d ’une sp lendeur indescr ipt ib le22.»

20 M. Heindel. ibid.. p. 183.:| M. Heindel, ibid.. p. 183." M. Heindel, ibid., p. 182.

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Co m m e nous pouvons le constater (fig. 2), l 'Etre supreme se trouverait done dans le premier plan cosmique, les 7 grands « logoi» dans le second tandis que les «dieux» des aut res systemes solaires se par tageraient les troisieme, qua- tr ieme, cinquieme et sixieme plans. Nous ne nous at tarde- rons pas sur les six premiers p lans cosmiques puisque Max Heindel lui-meme ne sait pas grand-chose. Par contre, et to u ­jour s avec lui, nous al lons essayer de comprendre et d 'ana ly- ser ses theories cosmogoniques. Notre tableau nous servira de point de repere pour notre expose.

Notre univers serait done compris dans le sept ieme plan cosmique , e ’est-a-dire le dernier. A sa tete se trouverait Dieu, plus exactement le «Dieu-solai re», appele aussi «l ’Architecte de notre systeme so l a i r e» 23. Ce «Dieu-sola ire» ne doit pas etre confo ndu avec l’«Etre sup reme» si Ton en croit les dires de Max Heindel. En effet, il etablit une subtile di fference en- tre l’Etre supreme, un super-dieu en quelque sorte, et Dieu, un «dieu-solaire», une espece de sous-dieu! En tout cas, il n'est pas seul! Toujours selon Heindel, il y aurait sept sys­temes solaires, done sept «dieux-solai res». Voila ce qu'ecri t Heindel : «D an s le monde le plus eleve du sept ieme Plan Cosmique , se t rouve le Dieu de notre Systeme Solaire et les Dieux de tous les autres Systemes Solaires de l 'Univers. Ces G r a n d s Etres sont ega lement triples dans leur mani festat ion, comm e l 'Etre supreme. Leurs trois aspects sont: la Volonte, la Sagesse et 1'Activite 24.»6. L 'hindouism e, toile de fo n d de la Rose-Croix

Quelles conclusions faut-il tirer des theories de Max He in ­del? Une chose est certaine, c ’est que ses idees sont tout a fait personnelles, quoique der ivam de la Theosophie, de 1'Occul- t isme et, plus encore, de l 'Hindouisme. On ne peut pas par- ler. a priori, d ' un polythe isme egyptien ou grec, voire afri- cain, mais il s’agit surtout d 'u n e sorte de polytheism e p a n ­theiste. Ce ne sont pas des idoles qu' i l faut adorer ; les rosi­cruciens ne savent pas ce qu 'est 1' adora t ion car ils rejettent ipso fa c to I' idee d ' un e divinite exterieure a eux-memes ou, en

-3 M. Heindel, ibid., p. 182.:4 M. Heindel, ibid.. p. 183. C'est nous qui le soulignons.

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3 LE MONDE DE L'ESPRIT DIVIN4 LE MONDE DE L'ESPRIT VITAL5 LE MONDE OE LA PENSEE6 LE MONDE DU DESIR7 LE MONOE PHYSIQUE

fig. 2

279

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d 'aut res termes, ils nient que Dieu puisse etre une personne, objective et independante de la creat ion comm e des crea­tures. Pour les rosicruciens, en particulier pour Heindel, le polytheisme «classique» et le monotheisme sont toleres, mais non pas officiel lement reconnus . En effet, les cours par cor- re spondance de I’Association Rosicrucienne, sans compter leurs multiples ouvrages d ' ini t iat ion vendus dans le com ­merce, sont d ’inspiration ne ttement pantheiste, done antitri- nitaire. Ainsi done, un chretien ne peut en aucun cas et sous aucun pretexte accepter une telle doctr ine, contraire aux en- seignements de l 'Ecri ture Sainte.

E n verite, la d o c t r in e d 'u n d ieu im p e rso n n e l n ’est a u tre q ue celle de I 'H in d o u ism e qui est, repe to n s - le en core , re s o lu m e n t p an the is te . D en is C la b a in e , a u te u r d ’un re m a rq u a b le o u v rag e su r le yoga, la m e d i ta t io n t r a n s c e n d a n ta le et la re in c a rn a t io n , a fort b ien co m p r is q u e « l*H indou ism e ne fait pas de d if fe rence essentie lle en tre la m a ­tiere et P e s p r i t» 25. Plus ex ac tem en t , Pesprit et la m a t ie re son t m e ­langes et meme eonfondus., Pesprit e tan t m a t ie re et vice versa. C la ­b a ine . de n o u v e a u , d is sequ e lu c id em e n t ce q u ’est v ra im en t I’Hin- d o u ism e : «L e d o m a in e de « P esp ri t» est an a ly se p a r P h in d o u ism e en te rm es de m a t ie re et non d ’esprit . J am a is la n o t io n p ro p re dePespr i t n ’est degagee , ja m a is on ne voit son in t r in seq u e im m ater ia - lite, ni sa specif ic ite , ni la n a tu re de la verite. ni celle d u b ien et du m al. La no tio n m e m e de D ieu est rad ic a le m e n t faussee . co m m en t celle de « P e sp r i t» y e c h a p p e ra i t -e l le ? Le m o n d e du m e lange , c ’est celui de la m a t ie re ; celui de Pesprit est to u t en qua l i te , to u t en d is ­t inc t ion . Q u a n d on m et « to u t d a n s le m e m e sac» , et q u ’o n ev a lue au p o id s , o u au degre de c h a leu r , o u de c o m p re s s io n , o u de «vib ra- t io n » , fut-elle subtile , on ne reco n n a i t , en fa it , q u e la m atiere . C o n c e v o i r un system e. ou tout se de fin i t , en fa it, p a r le degre de c o n d e n sa t io n ou de d ispe rs ion , c’est co ncev o ir tout de fa?on rnate- rielle... 26»

C lab a in e , en fin , co n c lu t lo g iq u e m e n t : « C e « D ie u » h in d o u is te n ’est ev id em m en t pas c rea teu r , p u isq u ' i l est Petre q u ’on ne peu t ap- pe ler ni c r ea teu r ni c rea tu re mais « u n iq u e » a d e u x po les ; un pole « A b so lu » , celui q u 'o n ap p e l le , si o n veut. « D ie u » ; et un pole «R e- la tif» , celui q u ’on ap p e l le « m o n d e » , et m e m e pa rfo is aussi «crea- t io n » , m ais p lus jus tem en t « M a n i fe s ta t io n s . Le M o n d e , c ’est

35 I). Clabaine, Radiographic chretienne du yoga, de la meditation trans­cendantale et de la reincarnation, p. 56. Ligue pour la Lecture de la Bible, 1982.

« D ie u -M a n ife s te » . « D ie u » , c 'est «L e M o n d e - n on M anifes te» . La « M a n i f e s t a t io n » est « M a y a » , « i 11usion», pa rce q u ’on a P im p ress ion q u 'e l le «est» , a lo rs q u ’au fo n d elle n ’est pas, elle « m a n ife s te » s eu le ­m en t ce qui « e s t» . . .2'» Ainsi d o n e , Dieu, se lon P h in d o u ism e , est un e tre im p e rso n n e l , a la fois « a b s o lu » et « re la t i f» , esprit et matiere.

Lorsque Max Heindel parle d ’un «certain grand Etre», il se place exactement dans Poptique de Phindouisme qui, lui, par lera d ’«Absolu» ; quant au «polytheisme rosicrucien», e ’est-a-dire aux «dieux des autres systemes de l 'Univers», il s ’agit la d ' un e invention d 'Heindel , certes originale, mais a b ­so lument fausse et, bien sur, to ta lement opposee aux ensei- gnements de l 'Ecriture Sainte, mais qui se situe egalement dans le ra i sonnement de la pensee hindouiste. Les «dieux so- laires» ne sont qu 'une emanat ion impersonnelle de l 'Etre Su­preme, lui-meme aussi impersonnel !

Ainsi done, nous com prenons mieux maintenant que les rosicruciens, quelles que soient leurs tendances , soient de fa- rouches adversaires de la doct rine de la Trinite. Ca r s'ils ad- met taient que Dieu est un Etre personnel , un et trine, ils se- raient obliges de croire qu'il y a une di fference fondamentale ent re le Crea teur et les creatures, I’existence du bien et du mal, et aussi de reconnait re que I 'homme est foncierement mechant , incapable de se sauver par lui-meme et qu'il a be- soin d ' un Seigneur et d ’un Sauveur.Le «commencenient»I. Dieu est-ii le createur de VUnivers?

La Genese est le livre du commencement , de l 'univers comme de Phurnanite. En peu de lignes, mais avec une force et une penet ra tion sans egale, les deux premiers chapitres nous presentent un saisissant tableau de la Creation. L'ex- pose bibl ique des sept jours de la creation nous semble a la fois logique et difficile. Logique, car le processus creationnel f rappe par son harmonie dans ses etapes successives; diffi­cile, car I 'auteur de la Genese n ’a pas voulu nous faire un compte rendu scientifique des periodes de la creation. La so- briete du recit bibl ique contraste fortement avec toutes les speculat ions echafaudees par les hommes tout au long de

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1'histoire. Les rosicruciens, en particulier, sont des orfevres en la matiere. Leur schema de la creation est Tun des plus ant ibibl iques que nous connaissons a ce jour.

C o m m e nous l ' avons ecrit plus haut , le commencement est selon la terminologie de M. Heindel appele «Jour de m an i­f e s t a t i o n s Mais «avant le com m en ce m en t de la mani fes ta­tion active, le premier aspect de l 'Etre supreme « co n 9oit» ou imagine l 'Univers entier, y compris les mill ions de systemes solaires et les Grandes Hierarchies creatrices qui peuplent les plans d ’existence, superieurs au sept ieme plan c o s m iq u e » 28. Une fois l’Univers «imagine», la phase dite «act ive» de la creation peut commencer . Un «cer tain grand Etre», au t re­ment dit Dieu, entre a son tour sur scene et se «reserve une certaine port ion de l’espace» (sic), afin de creer son propre systeme solaire. Le «dieu» des Rose-Croix renfermerai t en son etre toute une serie d ’Hierarchies creatrices, fruit des m a ­nifestations precedentes, a I’intell igence plus ou moins deve- loppee. Heindel n ’ecrit-il pas q u ’«E n Dieu - ce grand Etre col lect if - sont contenus des Etres moins avances, de tous les degres d' intell igence et de conscience, de l’inconscience a un degre de conscience inferieur a celui de la lethargie la plus p r o f o n d e 29.» Apres cette af fi rmat ion implicite du pan- theisme rosicrucien, il enchafne: «Donc, au commencement , les Etres les plus eleves - ceux qui ont le plus evolue - exer- cent une act ion sur ceux dont l’etat de conscience est le moins d ev e lo p p e30.» L’action des Etres les plus evolues sur ceux qui le sont moins est done une initiat ion dont le but est d 'acquer i r un etat superieur de conscience. Ainsi le caractere init iatique de la Rose-Croix est t ranspose aux plus lointaines origines de notre monde.

Dans son «analyse occulte de la Genese» , Heindel ecrit a propos du verset premier: « 11 y a deux manieres reconnues de lire cette phrase. La premiere est: «Au commencement , Dieu crea le ciel et la terre», la deuxieme: «Au moyen de 1’essence eternelle (de I 'espace), l’energie double forma le double c ie l3,.» A premiere vue, et cela saute aux yeux, ces deux phrases sont contradictoires. Elies le sont en effet, sauf

2t! M. Heindel, ibid., p. 370.2>) M. Heindel, ibid., pp. 185-186.30 M. Heindel, ibid.. p. 186.31 M. Heindel, ibid., p. 316. C ’est nous qui le soulignons.

pour M. Heindel qui, lui, affirme le plus serieusement du m on de que ces deux interpretat ions sont complementaires! C o m m e n t est-ce possible? Tout s implement en prenant com me suppor t la theorie nebul a i r e ! 32 Ecoutons ses explica­tions : «La premiere (phrase) dit que notre evolution a eu un commencem en t au cours duquel les Cieux ont ete crees. La seconde vient completer la premiere, en ajoutant que les Cieux et la Terre ont ete extraits de «l ’essence eternelle» et non crees «a part i r de r i e n 33.» L’heresie rosicrucienne a p p a ­rait ainsi au grand jour : a I’interpretat ion classique et tradi- t ionnelle de la creation, Heindel ajoute la sienne, c'est-a-dire que la «creat ion» de notre systeme solaire ne serait s imple­ment q u ’une «extract ion» de l’Univers qui, lui, existait deja. De ce fait la creation ex nihilo est completement rejetee. Nous ne desi rons pas jo u e r sur les mots, mais nous affirmons avec vigueur que les termes de «creat ion» et d ’«extract ion» ne sont pas complementai res. Peut-on creer et extraire en meme temps? Quest ion tres difficile, mais Heindel se revele, dans ce cas precis, un habile dialecticien, et lui-meme nous d o nn e sa version: «La substance pr imordiale cosm iq ue 34 est condensee et mise en mouvement . Les anneaux formes par 1’inertie de la masse tournant sur el le-meme se separent de la partie centrale po ur former les planetes 35.»

Une troisieme constatat ion s’impose: Dieu n ’est pas consi- dere comm e une personne t ranscendante , mais comme une energie, plus exac tement comme une double energie, positive et negative. Cette interpreta tion erronee a pour origine pre­miere la philosophie grecque qui met la matiere au meme rang que 1’Esprit et qui cons idere que si la matiere est vi- vante, elle produi rai t une energie. L’occult isme contempo- rain, en part iculier Mine Blavatsky (la theosophie) et Papus (le mart inisme), ont repris a leur compte respect i f les idees pantheistes de la philosophie ant ique. Cette fagon de penser

32 La iheorie nebulaire, qui est une theorie moniste, part du principe que le soleil, la terre et les autres planetes ont ete formes a partir d 'une nebuleuse unique. La contraction de cette nebuleuse aurait provoque une condensation de la matiere. du soleil au centre et des autres planetes autour de lui. Cette theorie, qui supposait que le soleil ait une rotation rapide sur lui-meme, est aujourd 'hui abandonnee.

3:! M. Heindel, ibid., p. 317. C ’est nous qui le soulignons.34 C'est-a-dire la matiere «extraite» de l’Univers.35 M. Heindel, ibid., pp. 317-318.

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n'est pas la notre! C ar. pour nous et pour tous les veritables chretiens, Dieu est le Tout-Puissant , il est puissant et non pas une puissance. Reduire Dieu a un e puissance, n'est-ce pas la )a grande tentation qui guette les chretiens en quete d 'expe- r iences merveil leuses? Ne faisons pas comme les occultistes qui sont tombes dans ce redoutable piege. Car nous procla- mons hard iment que Dieu est une Personne absolument in- d ep en dan te de la creation comme des creatures, qu'il est Es­prit (Jean 4: 24), qu' il est vivant (Juges 8 : 19: Jeremie 10: 10; Actes 14: 15; etc.), qu'il est a m o u r (1 Jean 4: 8 ), qu'il est saint (Josue 24: 19), misericordieux, compat issant , juste, fidele, bon, etc. Ces quali tes spiri tuelles et morales ne peuvent qu 'e t re object ivement le fait reel de la veritable personnali te de Dieu; une chose ne peut etre esprit , elle ne peut pas aimer ou etre sainte. Tous ces at tributs, et ils sont nombreux, prou- vent que Dieu est une personne , et non une energie.2. Les « Hierarchies creatrices»

Enfin, revenons encore sur ces mysterieuses « Hierarchies creatrices» dans leurs relat ions avec «Dieu». Car, selon Heindel, il existerait une grande difference entre les « Etres celestes», entre «Dieu » et les « Hierarchies creatrices».

Les h i e r a r c h i e s creatrices» sera ient des etres spirituels, dotes d ' un grand pouvoi r et dont le cha m p d'activite se situe au-dela des six plans cosmiques superieurs. Elies seraient au no mbre de douze:

- Les deux premieres Hierarchies ne portent pas de nom. Elies seraient main tenant hors de portee de notre terre.

- Les trois Hierarchies suivantes - les Seraphins, les Cheru- bins et les Seigneurs de la F lamme ont travaille de leur pro- pre gre pour aider l 'homme pe nda n t les trois premieres pe­riodes qui ont precede la notre.

- Les sept dernieres Hierarchies ont ete par ticul ierement actives durant notre per iode actuelle. Ce sont successive- ment : les Seigneurs de la Sagesse, Seigneurs de I Indiv idua­lity, Seigneurs de la Forme, Seigneurs du mental , Archanges, Anges et enfin les Esprits Vierges qui seraient notre humanite de la presente per iode de la terre

Ch aqu e Hierarchie serait en quelque sorte des ouvriers

36 D'apres le tableau 11 de la Cosmogonie, p. 221.

spec ia lement qualifies qui «travail leraient de leur propre gre» en vue d ’amel iorer les «autres», en fait la matiere in- consciente a devenir, a son tour, creatrice. Grace au travail passe de ces «exper ts», notre humani te presente peut d'elle- merne travailler a son propre developpement , c ’est-a-dire a son salut!

Max Heindel, com me tous les occult istes d'ailleurs, a l ' imagina t ion fertile, d ' au t ant plus fertile qu'il pretend trou- ver dans la Bible la veracite de sa theorie concernant les pre- tendues Hierarchies creatrices! Ecoutons sans broncher ses propos : «D ans le premier ehapit re de la Genese, ces Hierar ­chies sont appelees Elohim. Ce terme signifie une Legion d 'Et res doubles ou qui possedent les deux sexes. La premiere part ie du mot Eloh est un nom feminin; la lette «h» en indi- que le genre. Si on avait voulu designer un seul etre feminin, on se serait servi du mot Eloh. Le feminin pluriel est oth. Si on avait eu I ' intention d ' ind ique r un certain nombre de Dieux du genre feminin, le mot correct aurai t ete Elooth. Ce ­pendan t , au lieu d ' un e des deux formes, nous t rouvons la ter- minaison du masculin pluriel im ajoutee au nom feminin Eloh qui indique ainsi une legion d 'Lt res masculins-feminins, bissexuels, et qui sont I 'expression de la double energie crea­trice, a la fois positive et negative r .» On reste confondu et sidere devant de tel les affirmations.

A p ro p o s de cette in te rp re ta t io n , une petite p rec ision ex ege tiq ue s ' im p o se ! La th e o r ie q ue M ax H e in d e l d e v e lo p p e para ii . a p rem ie re vue, tres s e du isan te . C e p e n d a n t , elle ne tieni a b so lu m en t pas c o m p te de la ph ilo log ie . L 'h e b reu est une lan gue sem it ique qui e c h a p p e so u v e n t a n o tre log iq ue occ id en ta le . N o rm a le m e n t , c h aq u e m ot n 'a q u 'u n e seu le rac in e : en genera l , il n ’y a pas de m ot c o m ­pose. C e qui ca rac te r ise un m o t h eb re u , c 'cst sa racine. Les prefixes ou suffixes d e te rm in e n t en su i te le sens. I 'espece. le g e n re (m asculin ou fem in in . le n e u tre e tan t g e n e ra lem e n t ren d u p a r le fem inin), le n o m b re . le ra p p o r t de po ssess io n (etat co nstru i t ou absolu). Toutes ces c o n s id e ra t io n s n ou s m o n tre n t q u e l 'h eb reu est une langue sem i­t ique p ro ch e -o r ien ta le , et non occ iden ta le .

D a n s le cas p a r t icu l ie r de Elohim. le « h » a p p a r t i e n t a la rac ine ' 8. A cette rac in e va s 'a jo u te r le suffixe. Le plus c o u ra n t est im qui est un m a scu l in pluriel . Par con tre , il est ires in te ressan t de n o te r q u 'u n

r M. Heindel, ibid., p. 320.3!< La question de l'origine de I’etymologie de la racine est discute.

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fem in in singulie r qui serait sans d o u te « e lah » ou « e lo h a h » et un fe- m in in p luriel qui serait « e lo th » ou « e lo h o th » n'existent absolument pas d a n s la Bible he b ra iq u e . Par co n tre , il ex iste le m ot - au s ingu- lier - Eloha qui co n t ra i rem e n t a ce q u e Ton cro it est du genre m a s ­c u l i n e La lettre « h e » - qui est to u jo u r s a c c o m p a g n e e d 'u n mappiq - fait pa rt ie de la racine. C e tte fo rm e s ingu l ie r Eloha est to u jo u rs ac- c o rd e e au m ascu lin . N u lle pa r t d a n s la Bible h e b ra iq u e la rac ine El et ses va r ia n tes ne son t acco rd e e s au fem in in avec un ve rbe ou un ad jec tif . N o s exp l ica t io n s q u o iq u e so m m a ire s m o n tre n t b ien q u e la th e o r ie de M ax H e inde l ne repose su r a u c u n fo n d e m e n t serieux.

Conc luon s maintenant avec la definit ion rosicrucienne de Dieu. Nous savons deja qu' il s ’agit d 'un e espece de dieu au rabais, d ' un «dieu-solaire», ou encore d ' un Etre collectif et p our le moins complexe (en effet, Dieu serait compose de sept esprits planetaires). Nous sommes la en plein brouillard, c ’est le moins qu 'on puisse dire, d ' au t ant plus que Max Hein­del ecrit ces propos assez nebuleux: selon lui, il y a deux fa- 9 0 ns de cons iderer Dieu, soit col lect ivement, soit individuel- lement!? «Pris col lect ivement, ajoute-t-il , les sept Esprits sont Dieu et ils forment la Deite Trinitaire dans I’Unite Qui se manifeste d ' un e maniere di fferente par l’intermediai re de chacun d ' E u x 40.» Par ailleurs, il ecrit encore ces lignes pour le moins decousues , et sur tout incomprehens ibles : «Les grandes Intelligences spiri tuelles q u ’on no m me les Esprits P laneta i res41 dirigent ces evolut ions et sont appelees « les sept Esprits devant le Trone». Ils sont les Ministres de Dieu et chacun d ’eux gouverne une certaine province de Son Royaume qui est notre Systeme Solaire. Le Soleil est aussi le ch am p d ev o lu t i o n des Etres les plus exaltes de notre C o s ­m o s 42. Eux seuls peuvent sup po r te r les vibrations solaires d 'u n e puissance formidable, grace auxquelles ils progressent. Le Soleil est la meilleure appro xima t ion que nous ayons d ' un symbole visible de Dieu; cependant , il n'est qu 'un voile d e ­vant ce qu'il cache. Ce que cela est ne saurait etre revele pu- b l iq u em en t43.»

Le mot Eloha est surtout employe dans le livre de Job.40 M. Heindel. ibid., p. 251.41 C'est-a-dire Uranus, Saturne, Jupiter, Mars, la Terre, Venus, Mercure et

leurs satellites.43 Rien d 'e tonnant avec cette chaleur!4J M. Heindel. ibid., p. 182.

Tout s ’embrouille, tout se complique! La doctr ine cosmo- gonique de M. Heindel, vaste assemblage d' idees philosophi- ques et occultes, est d ’une effroyable complexite. Nous re- gret tons vivement cet expose vraiment indigeste de ces do c­trines. Nous pouvons dire, neanmoins , que l ' image de Dieu est totalement deformee par Heindel. De plus, Dieu n'est pas le Crea teur des cieux et de la terre, ni le Crea teur des ani- maux ni, bien entendu, de I 'homme et de la femme. Ce role est devolu, selon Heindel, aux seules « Hierarchies crea- trices» et celles-ci remplacent ipso fa c to le Dieu trois fois saint. Est-il serieux, egalement, d ’admet t re que «Dieu» serait com pose de sept E sprits? Et que ceux-ci soient les « Regents des p lanetes»? La Bible, Parole de Dieu, ne dit rien de cela. Mieux, elle conda m ne explici tement ces erreurs et ces men- songes. L'apot re Paul, lui-meme, allait dans le meme sens: «Prenez garde que personne ne fasse de vous sa proie par la phi losophie et par une vaine tromper ie, s ’app uy an t sur la t ra­di t ion des hommes, sur les rudiments du monde, et non sur Chr is t» (Colossiens 2: 8 ).Les sept periodes et les sept mondes

Ouvrons maintenant une parenthese, celle-ci rendue neces- saire par les difficultes de systemat iser la doctr ine incohe- rente de Max Heindel.

Les «espri ts vierges» (douzieme et derniere Hierarchie creatrice) vont ent reprendre un tres long voyage dans la m a ­tiere afin d 'acqueri r plus d 'experience. Ce voyage est tres, tres long et se prolongera du rant les sept per iodes prevues. Le lieu de cette in terminable rando nn ee n'est autre que la substance materielle, su rnommee pour la circonstance «m o ndes» qui, eux, sont au nombre de sept.

Selon la nomencla ture ros icrucienne de Max Heindel, les sept per iodes se decomposen t comm e suit (fig. 3 ):

- 1) La per iode de Saturne- 2) La per iode du Soleil- 3) La per iode de la Lune- 4) La per iode de la Terre- 5) La per iode de Jupiter- 6 ) La per iode de Venus- 7) La periode de VulcainD'apres Heindel, il ne faudra it pas s ' imaginer que les pe-

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riodes en question aient quelque rapport avec les planetes de notre systeme solaire. 11 n'y a en effet aucun lien entre les «per iodes» planetaires et les globes de notre systeme galaxi- que. N'ecrit-il pas, en effet, que «ces periodes ne designent que des metamorphoses de la Terre et n’ont rien de com mun avec les plantes de la T e r r e 44.» Ca r «les periodes, ecrit Hein­del, ne sont que des reincarnat ions , passees, presentes et fu­tures de la T e rr e45.» Pour lui, «nous sommes deja passes par les trois premieres per iodes (Saturne, Soleil et Lune). Nous sommes ma intenant dans la quat r ieme per iode ou Periode de la Terre. Q u an d elle prendra fin, notre Globe passera avec nous par les «condi t ions» d e s periodes de Jupiter, de Venus et de Vulcain, avant la fin du grand Jour septenai re de Man i­festation. Alors, tout ce qui est, sera resorbe dans l 'Absolu pour un temps de repos et d ’assimilation des fruits de r e v o ­lution, apres lequel toutes chores emaneront a nouveau, en vue d ’un developpement ul terieur plus eleve, a I 'aube d 'un aut re Gran d Jour de Man ifes t a t i on46.»

Ainsi done, la theorie de revolu t ion permanente est justi- I'iee par le moyen des periodes. Elies const i tuent 1'un des suppor ts du raisonnement de M. Heindel ; l 'autre lui etant necessaire au developpement de ses idees est la subdivision de la matiere en «mondes» .

Selon les enseignements des Rose-Croix, I 'Univers est di­vise en sept mondes, ou sept differents etats de matiere:

- 1) Le Mo nd e de Dieu- 2) Le Mo nd e des Esprits Vierges- 3) Le Mo nd e de l 'Esprit Divin- 4) Le Mo nd e de l’Esprit Vital- 5) Le Mo nde de la Pensee- 6 ) Le Mo nd e du Desir- 7) Le Mo nd e Physique«Les Mondes , ecrit Heindel, ont chacun une differente

«mesure» et un different taux de v ibra tion. Dans le Monde plus dense (le Monde Physique), la mesure de vibration, bien qu 'a t te ignant dans le cas de la lumiere un taux de centaines de mill ions par seconde, n'en est pas moins infinitesimale qu and on la compare a la rapidite de vibration du Monde du

44 M. Heindel, Christianisme de hi Rose-Croix, p. 300.45 M. Heindel, Cosmogonie des Rose-Croix. pp. 191-192.46 M. Heindel. ibid., p. 192.

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Desir qui est le plus proche du M ond e Physique (...). II ne faut surtout pas oubl ier que ces mondes ne sont pas separes par l ' espace ou par la distance, comme la terre est separee des autres planetes. Ce sont des etats de la matiere, de den- site et de vibrat ions differentes, comme le sont les solides, les liquides et les gaz de notre M o nd e P hys ique47.»

C h acun des mondes est a son tour subdivise en regions qui sont egalement au nombre de sept. En vo id la liste, selon M. H e i n d e l :

- 1) Le Mo nd e de Dieu com prend sept regions. On ignore to talement quels sont les att ributs de ces regions.

- 2) Le Monde des Esprits Vierges est la demeure des Es~ prits Vierges qu and ils ont ete d i f f e re n ces en Dieu avant leur pelerinage dans la matiere.

- 3) Le Mo nd e de 1'Esprit Divin. la demeure de la plus haute influence spiri tuelle dans I 'homme.

- 4) Le Mo nd e de I 'Esprit Vital est la demeure du deuxieme aspect du triple esprit dans I 'homme (?).

- 5) Le Mo nd e de la Pensee est par tage en deux sous-re- gions. Ce sont respect ivement la region de la pensee abstrai te et la region de la pensee concrete.

- 6 ) Le Monde du Desir, com m e celui de la pensee, est egalement divise, mais en trois part ies: I’att ract ion, I ' interet et 1' indifference, et enfin la repulsion!

- 7) Le M ond e Physique aussi est fract ionne en deux sous- regions. II comprend la region etherique et la region chimi- que (gaz, l iquides, so l ides)4*4.

La theorie des mondes est d ’origine occulte. Nous retrou- vons ce meme schema, avec des nuances il est vrai, chez les occult istes et chez les th eo so p h es49. Max Heindel n ’a pas in- nove dans ce dom aine ; il n 'a fait que reprendre, en les adap- tant, les idees-forces des astrologues ou alchimistes et kabba- listes. La theorie des «m ond es » est tres dangereuse car elle justifie 1’evolution et, par ailleurs, elle rabaisse I 'homme au niveau le plus bas de la matiere, c 'est-a-dire aux mondes p h y ­sique, etherique. du desir et de la pensee concrete. Les «es- prits vierges» en se cristallisant dans la matiere auraient en

4' M. Heindel. ibid., pp. 188-189. C'est nous qui le soulignons.48 Cf. M. Heindel, ibid., p. 61.•,IJ En particulier chez Peipus (cf. Traite elemenlaire de science occulte) et

chez Mme Blavatsky.

quelque sorte perdu leur divinite. Nous ne pouvons que reje- ter toutes ces theories ant ibibl iques, car jamais la Bible n'a avance de telles affirmations. Par contre, elle enseigne que I 'homme, contrai rement a la matiere minerale, vegetale ou animale, a ete cree a l’image de Dieu (Genese 1: 27). Telle est la pensee d 'Henr i Blocher, qui n ’hesite pas a ecrire que «si la proclamation «Dieu crea I’ho mme a son image» ne dissimule pas, mais souligne, sa depend anc e de creature, son intention pr incipale est, sans contredi t , d ’exai ter I 'homme. Ou plutot elle veut magnifier la generosite du createur, qui lui a fait froler la condi t ion divine (Psaume 8 : 6 ). Etre cree en image de Dieu, c'est le privilege de l’humani te, q u ’aucune des crea­tures ment ionnees par la Genese ne partage; le reste de l 'Ecri ture ne semble meme pas l’at t ribuer aux anges, pour- tan t «super ieurs en force et en puissance» (2 Pierre 2: 11). L 'hom m e est image de Dieu, lui seul, et cette singularity le designe comme la creature d'elect ion 50.»La periode de Saturne

La per iode de Saturne correspondrai t , selon Heindel, au premier jo u r de la creation du livre de la Genese! Ce serait une longue per iode dev o lu t i o n qui se caracteriserait par toute une serie de revolutions vers les mondes inferieurs, c'est-a-dire les plus «denses» .

« Notre evolution, ecrit Heindel, commence sur la terre alors que celle-ci etait, dans la per iode de Saturne, sombre, chaude , et formee de substance gazeuse prise aux materiaux de la region de la pensee concrete. La VEsprit Divin (qui est I 'aspect le plus eleve de I 'Esprit Vierge triple, fait a l ' image de Dieu) fut eveille par les «Seigneurs de la F lamme», que l 'Esoter isme Chre t ien appelle Trones. Ceux-ci en meme temps emanerent d ’eux-memes le germe d 'un e «forme-pen- see», contrepar tie materielle de I’Esprit Divin. Cette forme- pensee s'est ensuite developpee et consol idee pour consti tuer le Corps physique de I’homme: I 'Esprit le plus eleve et le corps le plus bas de I 'homme sont done les produi ts de la Premiere Periode dite de S a tu rn e 51.» Un vrai casse-tete chi- nois l ' explicat ion de Max Heindel!

50 H. Blocher, Revelation des origines, p. 76.51 M. Heindel. Christianisme de la Rose-Croix. pp. 300-301.

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A 1'aide de ce tableau (fig. 4) essayons de «decrypter» tout ce langage esoterique! Tout d ’abord , il est tres impor tant de savoir que les epoques de revo lu t ion sont des etapes succes- sives du developpement de la terre et, par consequent , de I 'homme. Par mesure de simplicite, nous insisterons particu- l ierement sur celui de I 'homme qui est cense representer no ­tre presente humanite et nous ment ionnerons au passage le developpemen t des «autres humani tes» , passees ou futures.

A chaque «Per iode» nous retrouverons toujours:- Une Hierarchie creatrice qui doit aider I 'homme a

construire les elements nouveaux necessaires a sa croissance, ceci ju squ 'a la per iode de la Terre. Car au cours des trois der- nieres periodes, Jupiter , Venus et Vulcain, I 'homme est cense evoluer de maniere au tonome.

- L'etat de conscience de I 'homme dans chaque periode. L'evolution correspond selon les Rose-Croix a celle de la conscience. Elle a comme point de depar t la lethargie pro- fonde et comme point d'arr ivee l’omniscience divine.

- L'etat de construct ion de I 'homme. II s 'agit essentielle- ment de son dev eloppement organique ( involution), puis spi-

rituel (evolution). C ’est ainsi que I’homme fut d 'abord un... mineral et q u ’il deviendra a son apogee un etre ayant la «per- fection de l ' In te l lec t»!

- Les differents etats de matiere traverses, c'est-a-dire les Mondes , qui sont, ne l’oubl ions pas, des reincarnations de la terre.I. Les sept «globes» de Sa turne

La per iode dite «de Saturne» co mprend sept globes, soit les globes A, B, C, D, E, F et G. Ceux-ci r ep re sen te d les mondes dans lesquels les « Esprits Vierges» vont accomplir sept revolutions consecutives. La vague de vie penetre dans le monde de l 'Esprit Divin, et, apres y avoir termine son cir­cuit, fait un pas de plus dans la moitie dense et recommence les sept rondes dans le monde de l’Esprit Vital. La «chute li- bre» continue j u s q u ’au monde de la pensee concrete, via le m on de de la pensee abstraite. Mais a partir de la, la vague de vie s 'eleve a nouveau vers les mondes plus «subti ls» pour fi- na lement about i r au point de depart , c’est-a-dire le monde de l’Esprit Divin.

Toute cette theorie occulte est de caractere grotesque, d ’autant plus que M. Heindel pre tend trouver dans la Bible des appuis a ses a rguments : «Le deuxieme verset poursuit : «La terre etait deserte et 1' obscurite etait sur la face de la terre; et les Esprits des Elohim planaient au-dessus de l’abime.» Au commencemen t de la mani festat ion, le globe qui est main tenant notre terre passai t par la per iode de Sa­turne 52.» Ces affirmations, et el les ne sont pas les seules he- las, sont scandaleuses et demagogiques. En effet, Heindel, comme quant ite d ’autres sectaires, se fa9onne un semblant de doctr ine et, apres cela, il s 'efforce par tous les moyens possibles de faire concorder ses idees saugrenues avec la ve- rite biblique. Pour i 11 ustrer ce concordisme de mauvais gout, on n'hesite pas une seconde a dire que le premier jour de la creation correspond a la periode de Saturne. Ainsi, par le moyen de procedes douteux, on fait parler la Bible comme bon nous semble.

C ont inuons a «dissequer» cette periode saturnienne. Celle-ci aurait ete formee de globes, «de substance beaucoup

52 M. Heindel, Cosmogonie des Rose-Croix, p. 322.

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plus rarefiee et plus subtile que Test notre t e r r e » 53. La def in i­t ion est peu claire, la suite 1'est moins encore! «Ces globes etaient obscurs, et si qu el q u ’un avait pu penetrer dans l’es- pace qu' ils occupaient , il n ’aurai t rien pu voir. Tout aurai t ete obscur au tour de lui, mais il aurai t re<;u une impression de c h a l e u r 54.»2. Les «Esprits vierges»

C'est dans cette per iode plutot «chau de» que les « Esprits vierges» qui devaient developper la conscience et la forme etaient enrobes dans ce Globe ou. mieux encore, «que tout le G lobe etait compose des esprits vierges, de meme qu 'u ne f ramboise est faite d 'un grand nombre de petits fruits agglo- meres. Ils etaient incorpores au Globe, comme la vie qui re­side dans les mineraux est incorporee a notre terre. C'est pourqu oi les occult istes disent que, pendan t la per iode de Sa- turne, l ' homme a passe par I 'etat m in e ra l» 55. L 'homme, un mineral!? Heindel, imper turbable, cont inue: « Pendant la pe­riode de Saturne, l 'homme en germe etait passe par une pe ­riode d'existence quasi minerale. C'est -a-di re que, comme les mineraux, il ne possedait q u ’un corps physique. Son etat de conscience etait egalement semblable a celui des mineraux ac tu e l s5ft.» De meme, il ajoute que «la conscience de la vie en evolution etait semblable a celle des mineraux actuels - c'etait un etat d ' inconscience semblable a celui du medium lorsqu'i l se trouve dans la lethargie la plus p r o f o n d e 57.»

Parlons maintenant du mail lon indispensable qui est I’ele- ment determinant du processus de v o l u t i o n rosicrucien: les Hierarchies creatrices. Selon le pr inc ipe immuable des Rose- Croix, revolu t ion n'est possible que par l'activite d 'Et res C e ­lestes qui, eux, ont atteint un degre d ’initiation et de connais ­sance infiniment super ieur aux aut res hierarchies moins per- fectionnees.

Les hierarchies les plus actives dans la periode de Saturne sont, selon Heindel, les «Seigneurs de la F lamme»; on les appelle ainsi «a cause de la luminos ite bril lante de leur corps

i3 M. Heindel, ibid., p. 206.54 M. Heindel, ibid., pp. 206-207.55 M. Heindel, ibid.. p. 207.56 M. Heindel, ibid.. pp. 213-214.57 M. Heindel, ibid., p. 208.

et de l ' e tendue de leurs pouvoi rs spirituels. On les appelle «Trones» dans la Bib le»58. Ainsi done , en s ' inspi rant de Co- lossiens 1 : 16, 1'auteur de la Cosm ogonie n 'a pas de scrupules a tirer hors de son contexte un verset de la Bible pour ensuite I ' appliquer ipso fa c to dans son systeme. Une exegese, meme superficielle, du verset susment ionne contredit absolument les theses rosicruciennes.

3. Com m ent la Bible doit-elle etre interpretee?T o u t d 'a b o rd , n o u s n ou s p o so n s ce tte q u es t io n : quels son t les

m o y en s q u e les disc ip les de la R o se -C ro ix em p lo ien t p o u r voir, d a n s les « T ro n es» , les «S e ig n eu rs d e la F la m m e » ? Les textes b ib l i­que s ne peuv en t e tre in te rpre tes a la legere, s in o n nous c o u rron s le r isq ue de leur faire d ire n ' im p o r te quo i .

Un passage b ib l iq u e doit e tre lu a t te n t iv em en t , si poss ib le en c o m p a r a n t p lus ieu rs t r ad u c t io n s , ou m ieux , en se re fe ran t aux lan- gues orig inales . E nsu ite , il faut o b se rv e r la fo rm e du t e x t e 59. S'agit-i! d 'u n recit, d ’un d iscou rs , d 'u n e p a ra b o le , etc. A pres cela, il est tres im p o r ta n t de situer le texte dans son contexte. N o u s en d is t inguons , d ’u ne pa r t le p ro ch e contex te , c ’es t-a -d ire les versets qui fo rm en t l 'e n se m b le du passage , ou m em e d 'u n c h a p i t re : d 'a u t r e part , le co n tex te genera l , c 'e s t-a -d ire la Bible to u t entiere . Un verset quel qu ' i l soit ne peu t etre ex p l iq u e et in te rp re ts u n iq u e m e n t d a n s un co n tex te redu it (p a r ex e m p le : t rad i t io n s m a t th e en n e , lucan ien ne , jo- h a n n iq u e , pau l in ien n e) , m ais a la lum ie re de tou te la revelation . An- cien et N o u v e a u T es tam e n ts!

U n e fois le co n tex te s itue, esq u is se r un p lan du passage p o u r e n ­su ite essayer de donner un sens aux mots et aux expressions diffieiles. L 'u ti l isa t io n d 'u n d ic t io n n a i re b ib l iq ue , de c o m m e n ta i re s ou de c o n c o rd a n c e s est tres utile, voire in d isp en sab le , mais em pressons- n o u s de dire q u e la m e d i ta t io n et la p r iere son t de la plus hau te im ­p o r ta n c e p o u r q u e n ou s pu iss ions c o m p r e n d r e tou te la riehesse et la p r o f o n d e u r des textes b ib liques .

T o u te s ces rech e rch es d o iv en i n o u s a m e n e r a d iscerne r la «pointe», c ’est-a-d ire le th em e cen tra l du passage etudie . II s 'agitd o n e de d isce rne r I’essence du passage , qui n o u s c o nd u ira a d e g a ­g e r les idees les p lus im p o rta n te s et les p lus utiles p o u r notre vie sp i­r i tue l le et aussi p o u r no tre societe.

T o u t cela n ou s em m en e , en fin , a I’actualisation de la Bible. N ous e n te n d o n s p a r la. la « fo n c t io n r e p ro d u c t iv e » du m essage biblique.

58 M. Heindel, ibid., p. 207.5f> II ne s ’agit pas de la «eritic|ue des formes».

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L 'h o m m e p e c h e u r d'i l y a 2000 an s est le m em e a u jo u rd 'h u i , et Dieu d e so n co te est le m em e a u jo u r d 'h u i , d e m a in et e te rn e l lem en t . Fon- d a m e n ta le m e n t , la n a tu re h u m a in e n 'a pas ch ange . C e p e n d a n t , les co n d i t io n s d ’ex istence de I 'h o m m e on t subi de p ro fo n d e s m u ta ­tions , qui on t eu c o m m e co n se q u e n c e s p rem ie res la m u l t i tu d e de p ro b le m es . (P a r ex em ple , la c ro is san ce d e m e s u re e des cites ur- ba ines , F in d iv idu a l isa t io n des m oy ens de p ro d u c t io n , les p ouvo irs des synd ica ts , etc.). La Bible a- t-elle une rep o n se p o u r I 'h o m m e d ' a u j o u r d ’hu i? La d o g m a t iq u e et I 'e th iq ue on t p o u r ta c h e de repon - d re au x in te rp e l la t io n s de I 'h o m m e m o d ern e .

Ainsi do n e , cette fa9on de p r o c e d e r no u s evite tou tes s p e c u la ­t ions b ib l iques ou the o log iqu es .

4. Le travail des «Hierarchies creatrices»Les «Seigneurs de la F lamme» joueraient un role essentiel

dans le processus de I ' involution si Ton se refere a la Cosmo- gotiie. Selon M. Fleindel, e ’etaient des «et res» ext remement lumineux et doues d ' un tres grand pouvoi r spirituel. «Les Seigneurs de la Flamme, lit-on, se trouvaient a 1’exterieur du «globe» de Saturne (...). Les Seigneurs de la Flamme ont reussi a implanter dans la vie en evolution le germe qui, en se developpant , a produi t notre corps phys ique actuel. Ce germe a ete quelque peu developpe dans la suite des six pre­mieres Revolut ions et a re^u le pouvoir de former les organes des sens, et part icul ierement l’oreille. Aussi l 'oreille est-elle l 'organe le plus developpe que nous possedions. C'est l’ins- t rument qui t ransmet a la conscience avec la plus grande fi- delite les impress ions qui nous viennent de 1' exterieur. II est moins soumis aux illusions du Mo nd e Physique que les autres organes des s e n s (,0.» Le «germe» dont il est quest ion ici est le «germe de la consc ience » 61 et il etait semblable a ce­lui des mineraux. Ce germe se developpera , « involuera» en un corps phys ique lors des prochaines revolutions plane- taires. Soulignons au passage que l’ouie serait l’organe des sens le plus developpe.

Une aut re Hierarchie Creatrice, Les «Seigneurs du Men- tal», qui auraient ete l 'humanite de la per iode de Saturne, se- raient devenus, comme leur nom I' indique, des «exper ts dans

60 M. Heindel, ibid., p. 208.61 M. Heindel, ibid., p. 209.

la construct ion de corps faits de subs tance m e n t a l o ) 62, c ’est- a-dire tout ce qui concerne l’intellect.

5. Le Pere, initie de SaturneLes « Hierarchies Creatr ices», ces etres evolues, sont mis

pra t iquement sur le meme pied que le Dieu trinitaire, Pere Fils et Saint-Esprit! Mieux, ils ne sont consideres que comme des inities. Voila ce q u ’ecrit Heindel a ce sujet: «Le Pere est l’lnitie le plus eleve de l 'humani te de la Periode de Saturne. L 'humani te ordinaire de cette Periode est devenue la classe des Seigneurs du M e n ta l63.» On reste confondu par une telle af firmation: Dieu, le Pere, un initie!

Par ailleurs, il considere le «Pere» comme etant le premier aspect , et non la premiere personne , de l’Etre supreme. Le Verbe, aut rement dit le Christ , aurai t ete engendre du Pere. II y a la, a notre avis, quelque chose d ’absurde dans le raison- nement d 'He inde l : comment le premier aspect de l 'Etre su­preme, le Dieu des dieux (solaires), pourrait-il etre une « Hie­rarchie creatrice» et a plus forte raison « l 'humani te de Sa- tu rne»?

Ainsi, le «Pere» aurait ete l’humani t e de la Periode de Sa­turne ou, plus exac tement, le plus grand initie. Dieu, le Pere, reduit a l’humain! Mais, Heindel va encore plus loin: il n'he- site pas a dire que l 'humanite de Saturne - dont faisait partie le «supreme initie, le Pere» - etait des «N on -D ie ux » ou « Puissances des Tenebres»! «Les Seigneurs du Mental avaient atteint le stade humain des la Premiere Periode. Ils n 'etaient pas des «Dieu x» issus d ' un e evolution anterieure com m e les Cherubins et les Seraphins ; c'est pourquoi la t ra­di t ion orientale les appelle des «A-Suras», des «Non- Dieux». La Bible les appelle les « Puissances des Tenebres», en partie parce qu' ils provenaient de la sombre Periode de Saturne, en part ie parce q u ’elle les considere comme mau- vais: Paul parle de notre devoi r de lutter contre e u x ‘)4.» Le comble de I 'absurde est atteint! En tout cas, il est difficile de faire mieux...

62 M. Heindel, ibid., p. 222.63 M. Heindel , ibid., p. 371.64 M. Heindel, Christianisme de la Rose-Croix, p. 312.

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Max Heindel n'en dit pas plus sur ce qu'il appelle «Le Pere». Par contre, il developpera de fa^on plus consequente la personne de Christ , l ' initie sup rem e de la Periode suivante, celle du Soleil.

Nuits cosmiques et recapitulationsLe schema de revolu t ion selon Heindel est un eternel

mouvement de va-et-vient entre les differents «M on des» (ou etats de matiere), des plus subtils aux plus denses. Ces aller et retour dans la matiere sont ent recoupes par des periodes appelees «nui ts cosmiques» et «recapi tulat ions». «C’e voyage de la vague de vie, ecrit Heindel, s’appelle une Revo­lution, et une Periode comprend sept revolutions. Pendant une Periode, la vague de vie descend et remonte sept fois a travers les quatre Mondes . Q u and la vague de vie a termine la serie complete et septenai re de ses Revolut ions autou r des sept Globes, le premier jo ur de la Creat ion est termine et il est suivi d ' un e Nuit Cosmique de Repos et d 'Assimilat ion, a laquelle succede la Periode du Soleil 65.» La nuit cosmique que M. Heindel compare a une nuit de sommeil ne serait pas une per iode d' inactivite, mais «une saison de prepara t ion a l 'activite qui sera deployee pendan t la Periode s u ivan te »66.

Toujours selon I 'auteur de la Cosmogonie, il existerait aussi des «Nui ts cosmiques de repos» entre chaque «revolu- tion». « Q uan d une Nuit Cosmi que commence , toutes les Choses manifestoes sont de nouveau resorbees en une masse homogene : le Cosmo s re tourne au C h a o s 67.» De quoi s ’agit- il? Selon Heindel, «c ’est le retour per iodique de la matiere a l'etat de substance pr imordiale qui rend possible revolut ion de I 'esprit))68. Les «esprits vierges» sont ainsi regeneres et ils peuvent ent reprendre un nouveau depar t dans le processus de revolut ion . Les «exper iences» acquises, les progres reali­ses au cours des Periodes ou revolutions precedentes permet- tent aux «espri ts vierges» de reconst ruire les vehicules, c'est- a-dire leurs corps spiri tuels ou physiques actuels.

65 M. Heindel. ibid., pp. 196 et 198.66 M. Heindel. ibid., p. 198.67 M. Heindel, ibid., p. 243.68 M. Heindel, ibid., p. 243.

Le C h a o s est I’un des m yth es de la C re a t io n . II est p resen t d a n s n o m b re de m yth o log ies tan t m e s o p o ta m ie n n e s (B abylon ie , Assyrie) q u e grecques . Pour la c o sm o g o n ie de la M eso p o ta m ie , le C h a o s eta it la m er sans limite q u e les M e s o p o ta m ie n s ap p e la ie n t Tiamat. C 'e s t de ce C h a o s p r im i t i f q u e son t sortis les d ieux , ceux-ci e tan t les e n fa n ts d u C h ao s . De leur co te , les G recs on t e m p ru n te avec quel- q u es m o d if ic a t ion s la co sm o g o n ie m e so p o ta m ie n n e . Le C h ao s cor- r e s p o n d a i t grosso modo a la Tiamat b a b y lo n ie n n e , c ’es t-a-dire une m er infinie. D e ce C h a o s so n t nes le Ciel, la T erre et la Mer. Le Ciel et la T erre se son t unis p o u r d o n n e r na issanc e au x T itans , des gean ts . Ainsi, la na issance de I’un ivers est le resu lta t des co m b a ts en tre les forces du Bien et du M ai, des a m o u rs et des en gend re - m en ts des d ieux.

H es io d e , po e te grec du VII Ie s iecle av. Jesu s-C hr is t , d e v e lo p p a u ne theorie assez pe rso n n e l le d u C h a o s d a n s sa Theogonie. Le C h a o s q u ’il e m p lo ie - « c h a s m a » - fait au ss i to t p e n se r a un vide, un ab im e p r im o rd ia l en t ie re m en t en v e lo p p e p a r les tenebres .

Le livre de la G e n e se n ous pa rle auss i d u C h ao s . La terre etait in­fo rm e et vide, l i t te ra lem en t tohu-bohu. N o u s nou s t ro u v o n s la de- van t un p ro b le m e th e o lo g iq u e de p rem ie re g ran d e u r . Q u e signifie ces m ots « in fo rm e et v id e » ? L’in te rp re ta t io n la p lus c la ss ique a ete celle qui consis te a dire q u e le tohu et le bofui fu ren t le p rem ie r acte c re a te u r de Dieu. Ainsi D ieu au ra i t cree d ’a b o rd une m asse in­fo rm e , «v id e» et privee de lum iere . C e tte fa^on de vo ir est pa rtagee p a r A u gus t in , sa in t T h o m a s et les R efo rm ateu rs .

B ea u c o u p de ch re t iens ev an g e l iq ues on t a d o p te cette posit ion . L 'un d 'e u x , Henri D e v au x de fe n d ce p o in t de vue qui se veut scien- t i f ique : «11 a du en etre ainsi , a deux m o m en ts d if fe ren ts des phases de la Terre . T o u t d ’a b o rd celle-ci a d u etre une n e b u leu se obscure, un nua g e n 'e m e t ta n t a u c u n e lu m ie re visible, mais p o u v a n t a r re te r la lum ie re s'il y en avait eu. (...) B ea u c o u p plus ta rd , lo rsque le Terre se I'ut c o n d e n se e en un g lobe l iqu ide , en c o re b ru lan t , en to u re de la m asse des eaux des mers a l 'e ta t de vap eu rs , les ten ebres ex ista ien t aussi a sa su rface , a cause de son a tm o sp h e re trop epaisse , c o m m e elles ex is ten t en co re m a in te n a n t au fond de nos ocean s

D 'u n au tre cote, Henri B locher ten te de ce rn e r le p ro b le m e sous un ang le p lus th eo lo g iq u e : «L e tex te s ' in te resse d irec tem en t au do n de la forme, p lu s q u 'a u do n de Yetre. (P o u rq u o i? L 'on devine une des ra isons : c 'est co m m e d on de la form e q u e la c rea t ion nous est intelligible, et q u e n ou s p o u v o n s d a n s l 'oeuv re de nos six jours. Vimi­ter.) M ais son in te re t n 'es t pas exclusif. L 'a u teu r , en cho isissan t des

6,) H. Devaux, Les trois premiers chapitres de la Bible. Edition de I'Union des chretiens evangeliques, p. 16. Nerac, 1952.

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te rm e s evoca teu rs du nean t . suggere aussi la pensee de I’e t re (...) D ieu seul d o n n e la fo rm e et d o n n e I 'e tre, sans rien devo ir a rien. Tel est 1 'enseignem ent m a j e u r 70.»

Co m m e nous l’avons vu plus haut , Max Heindel affirme qu 'u ne fois la «nui t cosmique» accomplie, la matiere se fond en une masse homogene qu' il appelle le chaos. Quel est ce chaos? La, une nouvelle interpretat ion po ur le moins fantai- siste nous est proposee par le fondateur de l 'Association Ro- s icrucienne: «P our les Rose-Croix, comme pour toute autre Ecole d 'occult i sme, le vide de I 'espace n'existe pas. Pour eux, I’Espace est I 'Esprit dans sa forme a t tenuee; tandis que la matiere est la cristal lisation de I 'Espace ou de I 'Esprit. L'Es- prit en manifes tat ion a deux aspects; ce que nous percevons en tant que Forme est la mani festat ion negative de I'Esprit- mani fes tat ion cristalfisee et inerte. Le pole posit i f de I 'Esprit se mani feste par la vie qui incite la Forme negative a Paction, mais tous deux procedent de I’Esprit, de PEspace et du C h a o s E n vertu de sa doct rine pantheiste, Heindel elu- cide sa pensee en posant cette ques tion: « N'est-il pas possi­ble de souteni r que I 'Univers est la cristallisation de l 'Espace ou de I 'Esprit? (.••) L'occultiste (...) affirme que la Vie peut exister i n de pen dam m en t de la Forme Concre te; q u ’elle peut revetir des Formes que nous ne pouvons percevoir avec nos sens limites et qui ne sont pas soumises aux lois regissant l 'etat actuel de la matiere concrete : .» L 'au teur conclut sa pensee : « N ou s devons nous penetrer de I ' idee que le chaos n'est pas aut re chose que I 'Esprit de Dieu repandu dans l ' in- fini. C ’est sa veritable nature. Ainsi que l ' enonce la maxime occulte: «Le chaos est le sol nourricier du C o s m o s 71.»

L'erreur rosicrucienne appara i t ici net tement : le chaos, c'est-a-dire la matiere en mouvement , est identiHee a I 'Esprit! II est ainsi aise d ’etablir le corol laire: la Vie et la Forme sont placees sur un pied d'egalite. «1! n ’y a qu 'un seul Esprit re­pandu dans I 'espace, ecrit Heindel, la Vie et la Forme, ses ro­les posit i f et negati f sont un ' 4.» Mais en reprenant les pre-

7C H. Blocher, Revelation ties origines, pp. 58-59, P.H.U.. Lausanne, )97l).71 M. Heindel, ibid., pp. 246-247.

M. Heindel. ibid.. p. 247.7-' M. Heindel, ibid., p. 250.4 M. Heindel, ibid.. p. 246.

miers chapit res de la Genese, et contrai rement aux enseigne­ments de Max Heindel, il est facile de voir que les formes ont precede la vie, c 'est-a-dire les etres. Enfin, bornons-nous a constater que la vie, et plus par ticulierement la creation de l 'homme, marque le sommet de l 'oeuvre creatrice de Dieu. Autrement dit. la vie surclasse la forme!

La periode du SoleilC'est . selon Heindel, le deuxieme jo ur de la Crea tion qui

cor respond a la seconde phase dite «d ' involut ion». Les «globes» du Soleil, tout comme pour Saturne, sont au n o m ­bre de sept, mais ils sont places a un niveau inferieur, c ’est-a- dire qu' ils sont plus ancres dans la matiere. N 'oubl ions pas en effet que la phase d' involut ion coincide avec l’entree des «espri ts vierges» dans les mondes les plus «denses».

Si la per iode precedente se caracterisait par la «chaleur», celle-ci se definit comme etant celle «des gaz et de la lu- miere». Cette per iode serait, selon Max Heindel, fort bien decri te dans le troisieme verset du premier chapit re de la G e ­nese. Mais la encore, l ' auteur de la Cosmogonic specule le texte bibl ique lorsqu'il pretend que le soleil n'etait pas le pre­mier « luminai re», mais qu'il fut precede par une autre source de lumiere, a savoir une nebuleuse appelee pour la circons- tance «N uee ardente»!}. Le travail des Hierarchies creatrices

Tout comme pour Saturne, les « Hierarchies creatrices» ac- complissent une serie de revolutions au tour des dil'ferents « M o n d e s » qui sont toujours au nombre de quatre. Les « M o n d es» traverses sont successivement : le Mond e de 1'Es­prit Vital, de la Pensee abstraite, de la Pensee concrete et du Desir. Les « Esprits Vierges» qui ont termine leur parcours «saturn ien», et apres une periode plus ou moins longue de «recapi tu la t ion» et de «Nui t cosmique d'assimilat ion», enta- ment leur long periple depuis le « Mo nd e de I’Esprit Vital» pour descendre jusqu 'au « Mo nd e de la Pensee concrete» pour enfin rem onter vers le « M o n d e de I’Esprit Vital». Le processus de ces revolutions est classique pour toutes les pe­r iodes: sept revolutions successives au tour des quatre « Mondes».

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Si la Terre passe par cette phase de vo lu t i on , il en est de mem e pour I 'homme. Celui-ci cont inue a se t ranformer: de l’etat mineral qu'il etait, il devient vegetal! Ainsi, revolu tion de I 'homme serait le passage d 'un regne a I’autre. C'est ce que nous affirme Heindel: « P en dan t la Periode de Saturne, I’homme en germe etait passe par une periode d'existence quasi minerale. C'est -a-di re que, comme les mineraux, il ne possedait qu 'un corps physique. Son etat de conscience etait ega lement semblable a celui des mineraux actuels. Pour des raisons analogues, on peut dire que, pen dan t la Periode du Soleil, I 'homme est passe par une phase d'existence vegetale. II avait un corps phys ique et un corps vital comm e les plantes, et sa conscience, comm e la leur, etait celle d 'un som- meil sans reves75.»

Nous savons deja que I’ho m me au cours de cette phase d ' involut ion ne peut pas par ses propres forces progresser dans la maturi te physique. II a besoin pour cela d ’aide. En 1’occasion, les «Seigneurs de la Sagesse» sont charges d 'a ider les «Espri t s Vierges», en 1'occurrence I 'homme qui involue- evolue, a acquer i r le «germe du Corps Vital comme forme- pensee». Cette «cons truc t ion du corps phys ique», plus exac­tement le developpemen t des glandes et du tube digestif, n'est pas I’apanage des seuls «Seigneurs de la Sagesse», mais ils sont aides dans cette tache par les «Seigneurs de la Flamme», mais aussi par les «C he rubi ns» qui, eux, au cours de la sixieme revolution, auraient la responsabil i te d'eveiller le «germe de I 'Esprit Vital».

2. Le Fils, initie du Soleil et Regent de la Terre!Tout comme pour le «Pere», le « Fi 1 s » est un initie! Max

Heindel ecrit a ce sujet: «Le Fils (le Christ) est P inkie le plus eleve de la Periode du Soleil. L’humanite ordina ire de cette Periode est devenue la classe des A r c h a n g e s ' f,.»

Nous lisons dans la Cosmogonie ces lignes pour le moins tres importantes: «D an s le Credo Chret ien, se t rouvent ces mots: «Jesus-Christ , le Fils Unique de Dieu». On adme t ge- nera lement que ces mots signifient qu 'une certaine personne

' 5 M. Heindel, Cosmogonic des Rose-Croix, pp. 213-214.76 M. Heindel, ibid., p. 371.

qui parut en Palestine, il y a environ deux mille ans, et qu 'on appelle Jesus-Christ , represente, comme Etre Unique, le seul Fils «engendre par Dieu». C'est la une grave er reur , car trois Etres distincts et tres different^ sont impliques dans ce pas­sage. 11 est de la plus grande impor tance que I’etudiant com- prenne clai rement la nature exacte de ces trois Etres exaltes, qui different bea uco up en gloi re, tout en ayant le meme droit a notre adora t ion la plus profonde et la plus fervente. (...) Ce «Verbe», et lui seulement, est engendre par son Pere (le pre­mier aspect) avant tous les Mondes. (...) Par consequent , le «Fils Unique» est l’Etre exalte qui prend rang avant tout aut re dans I 'Univers, a l ' exception de l 'Aspect -Pouvoir qui l'a c r e e 77.» N 'oubl ions pas, en effet, que le Christ est le«Verbe», le second aspect de l’Etre supreme.

Difference au niveau de l 'Etre, di fference aussi entre Christ et Jesus! C ar Max Heindel , tout comme H. Spencer Lewis, fait une subtile difference entre le Christ, le supreme initie de la Periode du Soleil, et Jesus, un homme qui appar- t iendrait a notre humanite. «Selon (’enseignement rosicrucien, il est necessaire d e fa ire une distinction tres nette entre le Christ et Jesus. Quan d nous cherchons dans la Memoire de la Nature, nous trouvons que I’Esprit ne dans le corps de Jesus etait un Ego tres avance qui avait atteint une spiri tualite sublime par de nombreuses vies de saintete, de service et de sacrifice. (...) Cep end ant , nous chercherons en vain une incarnat ion passee du Christ , etant donne qu'il n 'appar t ien t pas a notre evolu­tion 78.» Ainsi, pour les rosicruciens en general , Jesus n'est q u ’un ho m me et Christ le divin; l 'union de I 'humain et du di­vin ferait que Jesus soit comple tement absorbe par le Christ.

Malgre cela, l 'homme-Jesus n'etait pas un personnage or ­dinaire. «Son mental , ecrit Heindel , etait d ’un type speciale- ment pur (sic), tres super ieur a celui de la grande majorite des hommes modernes . Pendant de nombreuses vies, il avait suivi le Sentier de la Saintete et s’etait ainsi prepare pour le plus grand ho nn eur qui put echoir a un etre humain. Sa mere, la Vierge Marie, etait un des exemples les plus su­bl imes de purete humaine» tandis que son pere etait «un ini-

M. Heindel. ibid.. pp. 369-370. C'est nous qui le soulignons. s M. Heindel, La Philosophic rosicrucienne. p. 211, Tome II.

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tie superieur, vierge et capable d ’accompl ir l’acte de feconda- tion comme un sacrement, sans passion ni desirs person­nels 79.» Jesus de Nazareth, «ne dans un corps pu r et exempt de pass ion» aurait ete «instrui t par les Esseniens» et il aurait atteint un haut degre de deve loppement spirituel durant les trente premieres annees de sa vie. Max Heindel precise e n ­core que «le corps vital de Jesus se trouvait deja au d iapason des vibrations elevees de l’esprit vi tal» 80, ce qui expliquerai t pourqu oi il fut choisi par le Christ.

En effet, Jesus serait reste tout s implement un ho m me si le Christ n ’etait pas venu a sa rencontre. Max Heindel affirme, en effet, que «le Christ ne pouvait pas naitre dans un corps p h y s i q u e » 81. La raison est que le Christ - qui n ’etait q u ’un «espri t» - avait deja atteint les « M o n d es» superieurs et, de ce fait, il ne pouvait «descendre» plus has que le « M ond e du Desir». II lui manquai t done un «C orps vital et un vehicule phys ique dense». C'est la raison po ur laquelle le Christ n ’a fait qu '« em pru nt e r» le corps vital et le corps phys ique de Je­sus! «A la t rent ieme annee de la vie de Jesus, ecrit Heindel apropos de son ministere et de sa «parous ie» , le Christ a pe- netre dans ces corps et s 'en est servi ju squ 'au moment su­preme de Sa Mission sur le Calvaire. Apres la dest ruct ion de son corps physique, le Christ est ap paru au milieu de ses dis­ciples, revetu du corps vital qu' il a utilise pendan t un certain temps. C'est aussi de ce corps vital qu' il se servira qu and 11 viendra de nouveau parmi nous, car il n 'ent rera plus jamais dans un corps ph ys ique82.» Par ailleurs, nous lisons: «Jesus est un esprit appa r t enant a notre vague de vie. II en est de meme du Gau ta m a Bouddha. (...) L'esprit du Christ qui pe- net ra dans le corps de Jesus, lorsque celui-ci le lui eut aban- do nn e au bapteme, etait un rayon du Christ cosmique . En suivant Jesus a part i r de ses precedentes incarnat ions, nous retrouvons la trace de son developpement j u s q u ’a nos jours. L'esprit de Christ , au contraire, ne se peut retrouver parmi les esprits h u m a i n s 83.» «C'e changemen t de corps, souligne

M. Heindel, ibid., p. 373.80 M. Heindel, ibid., p. 376.81 M. Heindel, ibid.. p. 375.82 M. Heindel, ibid., pp. 375-376.83 M. Heindel, La Philosophie rosicrucienne, p. 191, Tome I.

Heindel, s'est accompli avec le libre consentement de Jesus qui avait toujours su qu'il prepara it un vehicule pour le Christ . (...) Le Christ , ajoute-il , est un Etre unique parmi ceux qui peuplent les sept mondes . Lui seul possede les douze ve- hicules. (...) Telle est done la nature de Christ. II est l ' initie le plus eleve de la Periode du Soleil, il a pris le corps physique et le corps vital de Jesus afin de pouvoir agir di rectement dans le Mo nde phys ique et d ’appara i t re comme un ho mme parmi les h o m m e s 84.» Ainsi, I 'homme-Jesus, ou plutot I'ini- t ie-Jesus, serait devenu le Christ , car ses propres vibrations etaient. parait-il, en harmonie avec celles du Christ.

La vie du Christ, son ministere et sa mort, sont interpretes comme d ’habi tude esoteriquement. La doctr ine de la r ede m p­tion, e'est-a-dire le salut par grace, est rejetee ipso facto par Max Heindel, ceci au nom des lois de la reincarnat ion et de la causalite. En particulier, la mor t de Christ pour tous les homines et la remission des peches par son sang verse a la croix est niee par les rosicruciens he indel i ens85. Aux ques­tions pour tant capitales: « C o m m e n t la mort d 'un seul indi- vidu pourrai t-el le etre profi table a tous les aut res? Ne serait- il pas plus noble de suppor ter les consequences de ses pro­pres actes que de s 'abri ter derriere la vertu d 'un a u t r e ? » 8b, Max Heindel ne repond pas directement. II se contente de dire: «Tous les hommes n'ont pas besoin d'etre sauves. Le Christ savait qu'il y a une tres nombreuse classe d'etres qui n 'en ont pas besoin; mais, de meme q u ’il y en a bien quatre- v ingt-dix-neuf sur cent pour qui les lois de la Reincarnat ion et de cause a effet suffisent a assurer revolut ion et qui arrive- ront de cette maniere a la per fect ion. . .87» Ainsi, le salut pour la Rose-Croix n'existe pas: tous les hommes, en vertu des «1 oi s» de la reincarnat ion et de la causalite, parviendront un j o u r a l 'etat de perfection.

Ces propos sont en totale cont radict ion avec l 'enseigne- ment de l’Ecriture Sainte, mais aussi avec sa propre doc-

84 M. Heindel, Cosmogonie des Rose-Croix, p. 377.85 Selon la Cosmogonie, Christ serait venu pour effacer les peches du

monde, el non pas des individus, ceci en purifiant le corps du desir de notre planete! Le monisme et le pantheisme sont a la base de cette interpretation: elle considere en effet que la terre est vivante, de meme nature que la subs­tance divine (M. Heindel, ibid., p. 474).

8<’ M. Heindel, ibid., p. 395.8’ M. Heindel, ibid., p. 396.

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t r in e88. Ca r Yoffre du salut po ur tous les hommes est univer- selle. L'apotre Paul, lui-meme, est formel quant a I 'universa- lite de l’offre du salut et a sa gratuite: a Timothee, il dit «D ieu veut que tons les hom m es soient sauves , et parviennent a la connaissance de la verite» (1 Timothee 2 : 4 ) ; aux Ephe- siens, il declare: «C'es t par grace que vous etes sauves, par le moyen de la foi. Et cela ne vient pas de vous, c'est le don de Dieu. Ce n'est pas par les oeuvres, afin que personne ne se glorifie» (Ephesiens 2: 8-9). Ces paroles - ext raordina ires - de Paul ne sont pas invalidees par le fait que le nombre des elus est somm e toute restreint ou que la responsabil i te de l’ho m me soit engagee, mais il n 'en reste pas moins que tous les hom mes doivent entendre le message du salut par grace. Pour nous , une chose est claire: 1’effort humain, quel qu'il soit, est exclu dans l 'oeuvre du salut. L' init iation, les «bonnes oeuvres», etc., ne peuvent pas nous sauver, seule la miser icorde de Dieu peut nous ar racher a notre etat de perdi ­tion 8‘\

Nature l lement , consequence logique de ce qui precede, le recit de la mor t du Christ est defigure. Le corps de Jesus fut, parait-il. perce en cinq endroits, plus exactement «aux cinq centres ou passent les courants du corps vi tal» ®°. Lorsque son sang coula, Jesus-Christ , s ur no mm e le « G ra n d Esprit So- laire», fut delivre... du vehicule de Jesus! et penet ra a l ' inte- rieur de la Terre avec ses propres vehicules! Depuis, il exercc son activite sur la Terre et sur son humani te a partir de l ' inte- rieur de la Terre...! Ce qui ne l ' empeche pas de faire de fre­quents voyages sur le Soleil...

La mort de Christ declencha une «vague immense de lu­miere spiri tuelle solaire qui inon da la T e r r e » ‘J1, et les vibra­tions «rapides et elevees» aveuglerent les hommes. Quant au «sang puri ficateur» de Jesus, Max Heindel avance encore une idee saugrenue: « Lorsque le sang coula sur le C alvaire, il ent raina avec lui le G r a n d Esprit Solaire, Christ , qui, par ce

Ne dcclare-t-iI pas un peu plus loin que la mission du Christ aurait «consiste a sauver ceux qui etaient perdus, mais aussi a rendre l' initiation accessible a tous» (M. Heindel, ibid., p. 398).

8“ Notons au passage une autre definition du peche selon Max Heindel: «s’embourber dans la matiere»!

w M. Heindel, ibid.. p. 399.1,1 M. Heindel, ibid.. p. 400.

moyen, put penetrer la Terre elle-meme et qui est, depuis lors, son R eg en t92.» Christ , regent de la Terre! (et du Soleil aussi!!) Devant de tels egarements, notre tristesse - et notre colere! - sont grandes. Disons-le f ranchement : le nom de Je­sus-Christ est b l aspheme et bafoue. Affi rmer que Christ gou- verne depuis I’interieur de la Terre, alors que tout le N o u ­veau Tes tament certifie qu'il est monte au Ciel, est propre- ment ridicule; pretendre qu'il n'est que «Regent» sur cette Terre seulement, n'est-ce pas la une flagrante contradict ion avec les ecrits canoniques qui affirment ne t tement que Christ regne sur tout I’univers, sur la Creat ion comme sur ses crea­tures.

Encore un mot sur le retour de Christ. Nous savons deja que. selon les enseignements de Max Heindel, il doit revenir dans un corps vital, c 'est-a-dire un corps plus «leger», plus «subtil». Dans 1111 autre ouvrage, il precise sa pensee: «Le se­cond avenement du Christ dep end du temps ou un nombre suffisant de personnes seront devenues semblables au Christ, en accord avec le principe christ ique, de sorte que, comme deux d iapasons de meme hau teur de ton resonnent a l 'unis- son lorsque I'un d ’eux est mis en vibration, el les soient capa- bles de repondre aux vibrations christ iques mises en jeu par le retour du Sauveur. L'arrivee de cet evenement ne peut etre calculee, mais chaque fois que nous nous effor^ons d' imiter le Christ et de suivre ses enseignements , nous hatons sa ve­nue y3.» Max Heindel emploie, cette fois-ci, une terminologie semi-hihlique. Cependant , la Bible tient un tout aut re langage. Selon nous, le retour de Christ n'est pas lie uniquement a 1 ' at t i tude qu 'ont - ou devraient avoir - les chretiens. Certes. il nous est r eco mmande d'etre fermes et vigilants de peur que nous soyons confus (cf. 1 Jean 2: 28) et de marcher dans la voie de la sanctification. Mais cela ne suffit pas pour hater - ou retarder - la seconde venue de Christ . Ce moment 11'ap- par tient qu 'a Dieu seul. Paul le dit en termes clairs: «C ar le Seigneur lui-meme, d un signal donne , a la voix d 'un ar ­c h a n g e l et au son de la t rompet te de Dieu, descendra du ciel, et les morts en Christ ressusciteront premierement» (I

9’ M. Heindel, ibid.. p. 400.'’•v M. Heindel, La Philosophie rosicracienne, p. 216, Tome I.*'4 Precisons que les archanges sont. selon la Bible, des creatures de Dieu.

et non des « Hierarchies creatrices» comme le pretend Max Heindel.

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Thessaloniciens 4: 16). Dieu est souverain, personne ne peut, et ne pourra, l’influencer. Q u a n d l 'heure sera venue, Christ , son l i l s eternel, reviendra en gloire pour nous prendre et, a parti r de ce moment , tous les chretiens au thentiques seront pour toujours avec lui.

La periode de la I.uneMax Heindel, comme toujours, se refere cons tamment a la

Bible. Pour lui. la per iode dite «de la Lune» correspondrai t au deuxieme jo u r de la Creat ion et, naturel lement, a la troi- sieme phase d ’involut ion. Le sixieme verset est bizarrement t radui t : «Et les Elohim di rent : « Q u ’il y ait une expansion (d 'au tres versions disent «e t endue» ou «f irmament») dans les eaux po ur separer 1'eau d 'avec l’e a u ,5.» D ' au tant plus b i ­zarre que les «globes» lunaires se caracteriseraient par leur hum idite ( sic).

Le schema des revolutions est absolument ident ique aux deux precedentes per iodes (7 revolutions autour des 4 «Mondes») . Par contre, les « M o n d es» traverses sont sensi- b lement differents du fait que l 'humani te s’enfonce encore plus dans la matiere: ce seraient les « Mondes de la Pensee abst rai te», de la « Pensee concrete». du «Desi r» et la «region e ther ique du Mo nd e physique». La periode de la Lune est, a plus d ' un titre, une per iode importante. En effet, les progres realises sont notablement importants tant sur le plan phys i­que que mental . 11 nous parai t bon de nous y at tarder quel ­que peu./. Le Saint-Esprit: initie et regisseur!

C'est dans ce « M o n d e » plutot «h um id e» que le Saint-Es­prit. sur no mm e Jehovah, entre en scene. «Le Saint-Espri t , ecrit Heindel. est l ' lni t ie le plus eleve de la Periode de la Lune. L 'humani te ordinai re de cette Periode est devenue la classe des Anges ' "\» Selon Max Heindel , le Saint-Espri t se­rait Jehovah! Ou plutot Pun des Eloliim'. II aurai t ete charge du travail de la Crea tion. II serait le chef de l 'humanite de la Lune et le «Regent» de notre Lune actuelle!

M. Heindel, Cosmogonic des Rose-Croix. p. 32.3.M. Heindel, ibid.. p. 371.

Mais ce n'est pas tout. Le Saint-Espri t , dont la tache pr in­c i p a l etait le «M ou ve m ent » , a accompli bien d 'aut res tra- vaux. En particulier, il a insuffle le souffle, le nephesh , et les hommes sont devenus des nephesh chavim , c'est-a-dire des creatures douees de respiration! II aurait aussi separe les sexes et il aurait , avec I’aide des Archanges, divise l 'humani te en nat ions et en races!

De nos jours, le Saint-Espri t , toujours avec les Archanges, travai 1 lerait dans le corps du desir par le moven.. . de la Loi! Ainsi, pour Heindel, I 'Esprit n'est pas la liberte, mais la Loi. Cons ta tons une fois de plus avec regret que les enseigne- ments rosicruciens vont a l 'encontre des verites bibliques les plus elementaires.2. L «involution» de I'homme

Que devient I 'homme dans cette «humid i te»? Eh bien, il «involue»! De vegetal qu'il etait lors de la per iode du Soleil, il devient pra tiquement un animal. « C o m m e nos animaux ac- tuels, ecrit Heindel , il possedait un corps physique, un corps vital et un corps du desir, et sa conscience etait une conscience de vision interieure telle qu'est , de nos jours, celle des an imaux infer ieurs ,,7.»

Naturel lement, I 'homme n'est pas seul pour progresser. D ’autres «aides» viennent lui preter main-forte. Parmi les pr incipa les «Hierarchies» qui se mettent en action, citons les «Seigneurs de ! ' fndividua!ite» qui, eux, ont le devoir de tra- vailler dans les «regions inferieures de l’homme», c ’est-a-dire qu 'avec I 'aide des «Seigneurs de la Sagesse», du moins au debut , ils ont ete spec ia lement charges de revolut ion (ou construct ion) materielle de I’homme. Ainsi. ils reconstruisent le «germe du corps ph ys iq ue » (developpement du systeme nerveux, des muscles et du squelette, de meme que les or ­ganes sensoriels - ceux-ci a l 'etat embryonnai re -, les organes de la digestion et les glandes). Par la suite, les «Seigneurs de I’ I n d i v i d u a I i te » ont travaille seul: ils ont emane d 'eux-memes le «germe du corps du desir», puis I'ont aide a s ' incorporer au corps vital et au corps physique.

Une aut re « H i e r a r c h i e s les «Cherubins» , tout en a idant les «Seigneurs de l’Individual i te» dans la construct ion du

<r M. Heindel. ibid.. p. 218.

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corps physique, se sont charges sur tout d ’etablir un lien entre 1'«esprit hu main» et 1 *«esprit vi tal» tandis que les «Sera- phins» completerent ce travail en «eveil lant l 'esprit hu- main», plus exac tement le «germe du troisieme aspect de 1'Ego». dans I 'homme en format ion. Enfin, les «Seigneurs de la F iamme» sont revenus a la charge et, tout en pretant assis­tance aux «Seigneurs de Plndiv idual i te», ils ont paracheve l ' o e m r e de cette per iode en reliant l '«espri t hu main» a l '«es- prit divin». C 'est ainsi qu'est ne ce que les rosicruciens «heindeliens» appelleni \'« E g o di s t inct» ou encore l '«esprit t r ip ie». Soulignons encore que trois grandes « Hierarchies Creatr ices», les « Seigneurs de la F lamme», les «Cherubins» et les «Seraphins» , quit tent le systeme car ils auraient atteint le degre sup rem e d ’initiation et de progression.

Pour conclure ce paragraph e plutot aride, il est important de savoir qu 'a la fin de cette per iode, I 'homme possedait , a des degres divers, un corps t r ip le ; de meme, il avail en genne de l 'esprit triple. C'est done a ce degre d ' « involu t ion» assez avance que I 'homme va ent am er cette nouvelle periode, au demeuran t fort impor tante, qui est celle qui cor respondra i t a notre epoque, e 'est-a-dire la Terre.

I .a periode de la TerreC'est , ou plutot ce serait selon Max Heindel . une etape ca­

pitate. C'est une per iode charniere. En effet, la phase dite «de la Terre» correspond au terme d '« invo lu t ion» et au d e ­but de celle de P«evoIution». Autrement dit, c'est la fin de I ' involut ion inconsciente et le co mmencem en t de revolu t ion consciente.

Cette periode serait en rapport avec les 4e, 5C, 6 e et 7e jours de la Creation.

Les «globes» de la « Periode de la Terre» sont situes dans les quat re « M on des» ou «Regions» les plus denses, les plus solides de la matiere, e 'est-a-dire la « Region de la Pensee concrete» qui dep end du « Mo nd e de la Pensee», le « Monde du Desir». les Regions «Et her ique» et «Chim ique» . elles- memes faisant part ie du « M o n d e physique». La « Region Ch imique» , le globe le plus dense, serait notre Terre actuelle.

Cette periode marque un tournant , tout au moins pour Max Heindel. I lie e s t . en effet. marquee par I 'achevement du

«corps triple, de V Intellect et de la conscience de soi», mais aussi la reunification du corps a I'Esprit. C ’est. on le verra. une periode tres importante et c'est la raison pour laquelle Max Heindel y consacre tout un chapitre.

Selon lui. nous aur ions a ce jo ur accompli 3 1/2 revolu­tions, soit la moitie des revolutions totales. Nous serious ar ­rives dans la quat r ieme periode. En d ’autres termes, cela si- gnifie q u ’«il y a quat re regnes tout a fait dis t inets» 1,8 (mine­ral. vegetal, animal et humain) . Desormais . la matiere pene- tree profondem ent par 1'Esprit peut enfin s'elever. Celle ele­vat ion n’a qu 'un seul but; la divinisation de la m atiere! D u ­rant cette periode, I 'homme a encore besoin d 'aide: ce sont, cette fois-ci. les «Seigneurs de la Forme» qui vont participer au travail de revolut ion ./. L ’epoque polaire

L’e p o qu ed i te «polai re» serait, si I’on en croit M. Heindel, le 4 e j o u r de la Creat ion. Les epoques sont, toujours selon sa ter- minologie, des subdivisions de la «per iode de la Terre». T ou­jours selon lui. «les phases de developp ement de l 'humanite sur la Terre sont divisees en per iodes nominees « E p o q u e s » 9g.

Nous lisons dans la Cosmogonic. «D ans la premiere l;po- que on E poque Polaire, les entiles qui composent au jou rd 'hu i l 'humanite n ’avaient qu 'un corps physique, com m e c'est le cas ma in tenant po u r les mineraux: aussi I 'homme etait-i 1 quas iment un mineral lot).» L 'homme. un mi­neral? Est-ce une cont radict ion de Max Heindel, car si I'on suit bien le schema de revo lu t ion decrit dans la Cosmogonie. I 'homme devrait etre un animal, et non un mineral. Oppos i ­t ion? Oui, du moins pour nous, non pour Heindel! En une phrase, il donne sa version; «Les substances qui forment main tenant la Terre etaient toutes en fusion et I 'atmosphere etait gazeuse; malgre cela, I 'homme a de nouveau recapitule sa phase miner ale d'existence "M.» Mais, il faui souUgner ici une petite difference qui, a notre avis, est fort importante: I 'homme peut main tenant de lui-meme s'aider dans le travail

M. Heindel. ibid.. p. 234.^ M. Heindel. ibid.. p. 168.

",u M. Heindel, ibid.. pp. 168-169."" M. Heindel, ibid.. p. 261.

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de revolut ion , c’est-a-dire la «cons t ruc t ion des ve h ic u le s»102. C'est ce que montre le texte qui suit: « De cette subs tance chi- mique a ttenuee du Soleil, I 'homme a lui-meme construi t son premier corps mineral avec 1'aide des Seigneurs de la Forme l0,.» Ainsi, des ce moment , I 'homme acquiert peu a peu son autonomie , notamment vis-a-vis des «Seigneurs»!

Le developpement de ce corps aurai t exige des «myriades d ’annees»! Au debut I 'homme etait. selon les propres termes d 'Heindel , «un objet de grande d imension en forme de sac» (sic). D 'une ouver ture placee au som met de ce «sac» sortait une sorte d ' organe d 'or ien tat ion et de direct ion! Puis, ce corps s'est lentement contracte et condense. Un «organe» se serait developpe, puis aurait au cours des ages degenere. Ce mysterieux organe n'est aut re que la glande pineale. Max Heindel (comme tous les occult istes d'ail leurs) I 'appelle le «t roisieme oeil». C'etai t , parait-il , un «organe de sensat ion». Quant a la reproduction de ces «hommes-sacs» , Heindel nous donne ici son explicat ion pour le moins insolite: «Ces immenses creatures en forme de sac se divisaient par moitie d 'u n e maniere ana logue a la division des cellules par scissi- parite... 104.» Ou a-t-il t rouve cette idee farfelue que nous ne re trouvons pas dans la l i t terature esoterique t radi t ionnelle?2. L'epoque liyperboreenne

Ce serait ie 4e jo ur de la Creat ion. D 'apres I 'auteur de la Cosmogonic, la Bible nous montrerai t comm ent les Elohim creerent le regne vegetal, le Soleil, la Lune et les etoiles.

L'evolut ion de I’ho m m e cont inue a vrai dire tres lente­ment. Les «Seigneurs de la Forme» de meme que les «Anges» ont contr ibue a do nn er au corps phys ique de I 'homme le «corps vi tal». Autre aspect de cette «evolut ion»: le volume de ces «hommes-sacs» augmente tout simplement par le fait qu' ils att irent vers eux (par osmose!) toutes sortes de mater iaux exterieurs... Max Heindel ne m anq ue pas de si­gnaler que la «rep rod uct ion» de ces «h om m es» se faisait cette foiS'Ci en deux parties egales et que peu a peu, ils aura ient atteint la taille normale ou «originelle».

1 Support ou moyen qui permet au «corps subtil» d'echapper a 1'attrac- tion de la matiere.

101 M. Heindel. ibid.. p. 261.104 M. Heindel, ibid.. p. 262.

3. L ’epoque lemurienneL’epoqu e lemurienne, du nom du continent legendaire,

cor respondrai t . selon Heindel, au 5e jour de la C reation et aux versets 20 et 21 du chapit re premier de la Genese. L 'au teur de la Cosmogonie a t tache a cette epoque une tres grande importance . Deux «Seigneurs» sont a l 'oeuvre: ceux de la «F orm e» qui aident I 'homme a construire le corps du desir et ceux du « M en ta l» qui, eux, se chargent de la partie superieure du corps du desir et du «germe de I' intellect». Ce «germe» aurait ete do nn e a tous ceux qui etaient assez avan- ces dans leur evolution.

Le «germe de 1'I n te l le c ts ajoute Heindel , a ete implante dans la partie super ieure du «C or ps du Desir». L'appar it ion de 1’Intellect marquerai t la «naissance de l ' individu», c'est-a- di re de 1' Ego. Au cours de cette periode, YEgo, qui etait bi- sexue, connut la «separa t ion des sexes». Cette separa tion ne fut pas une separat ion organique, mais se caracterisa par une aut re disposi t ion de deux «qual ites distinctes», a savoir la Volonte pour les hommes et I ' Imagina tion pour les femmes! C o m m en t Heindel expliquerai t au jo u rd ’hui que beaucou p de femmes ont de la volonte et que passablement d ' ho mm es ont en o rmem ent d ' imagina t ion? Une mauvaise evolution, sans doute.. .

La p lan e te M ars , au ra i t ete, to u jo u r s se lon H e inde l , d 'u n e tres g ra n d e utilite p o u r la na issan ce d e 1 'E g o , a p p e le aussi « E sp r i t tr i­p l e s V E g o etait au d e b u t un « Esprit Vierge» qui eta it vetu cl'un tr i­p le voile de m a tie re qui neu tra l isa i t sa c o nsc ien ce d iv ine originelle. 11 e ta it sep a re des form es, et p a r c o n se q u e n t des vehicules. Vers l 'e p o q u e lem u rie nn e . le « C o rp s d u I )e s ir» s ’est divise et le «C'orps p h v s iq u e» a pris u ne po s i t io n vertica le . Le sque le t te s 'est so lid il te sous f a c t io n des forces luna ires tan d is que ( ' in f luence de M ars s’est ex ercee sur les g lob u les r o u g e s 105 qui , eux, se sont m ult ip l ies parce q u e le fer. un m e ta l « m a r t ie n » au p o u v o ir d y n am iq u e , avait cesse d ’exister! C a r M ars avait , para it- i l , « p o la r i se » le fer jusqu 'a I 'epo- q u e a t la n te en n e , ce qui ex p l iq u e ra i t la n o n -p ro d u c t io n de sang c h a u d ! Q u a n t au cerv eau , s iege de 1'Ego, et le larynx , qui au ra i t ete a l 'o r ig ine un o rg an e de r e p ro d u c t io n (sic), ils sont passes, c o m m e to u s les au tre s o rg an es , p a r un long et co m plex e processus d 'evo lu- t ion.

I0' Le sang serait la terre d ’election de 1' Ego'.

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4. Les racesMax Heindel, dans son expose a la fois dense et confus,

ouvre une parenthese. II abo rde le probleme des races et, bien entendu, il donn e son avis personnel . Selon le fondateur de 1'Association Rosicrucienne, les races ne sont que des m a ­nifestations de revolu t ion . 11 y aurait , en tout et pour tout , 16 races. Nous sommes dans I 'obligation de reduire la longueur de notre expose tant les enseignements de Max Heindel sont longs et indigestes.

La premiere race, les Lemuriens, fera 1‘objet d 'un e etude plus ap p rofondie ci-apres.

Les races suivantes, de la deuxieme a la huit ieme, auraient vecu lors de I’ep oque dite «a t lan teenne»: les Rmoahals , peu- ple ineonnu a notre connaissance, aurait developpe surtout les sensat ions (plaisir, douleur , etc.) et leur parole avait, p a ­rait-il, un «pouvoi r magique»; les Tlavatlis: les Tol teques 106 etaient selon Heindel une «race» tres ambi tieuse et qui, si nous le com prenon s bien, datait de bien avant les Tol teques «h is to r i qu es »; les Touran iens Primitifs; les Semites Primi- tifs; les Akkadiens et les Mongols.

De la neuvieme a la quinzieme race, nous y t rouvons les races Aryennes; les Babyloniens, Cha ldeens et Assyriens; les Perses, Grecs et Romains ; les Cel tiques; les Teutoniques an- glo-saxons ; les Slaves et enfin les descendants des Slaves qui, eux, bizarrement ne portent pas de nom. Toutes ces races aura ient caracterise 1'epoque aryenne. Et enfin, la seizieme et derniere race, la race americaine! Selon Heindel, la race ame- ricaine serait le produi t des differentes migrat ions ethniques des siecles passes et, de la. sortira au debut de la sixieme pe ­riode la «race-mere».

L 'a u te u r de la Cosmogonie - qui est d 'o r ig in e e u ro p e e n n e , ne 1‘o u b l io n s pas - a u n e idee t ies prec ise de ce q u 'e s t la « race am eri- ca in e» . A ce p ro p o s , il n ’hesi te p as a ecrire ces p ro p o s p o u r le m o in s a b e r ra n t s : « L a d o c t r in e c h re t ien n e du N o u v ea u T es tam e n t est pa r t ic u l ie re m e n t d e s t ine e au x Races av an cees du M o n d e O c c i ­den ta l . Kile est en voie d 'e t re im p la n te e sp ec ia lem e n t pa rm i les A m e r ic a in s ; ca r 1’obje t de la nouve lle race de la s ix iem e E p o q u e

’ O'etait autrefois une tribu mexieaine de la famille uCo-azteque (Xe-X11c siecles). L'empire Tolteque s 'e ffondra en 1168, victimc de ses dis­sensions internes et de la venue d 'envahisseurs.

e ta n t l 'u n if ica t io n de tou tes les R aces , les E ta ts -L n is \ o n t dev en ir le «c reu se t» d a n s lequel tou te s les n a t io ns de la terre seront am alga- m ees et. de ce m e lange , sera i t ex tra it le p ro c h a in « p e u p le e l u » lh . A u tre m en t dit, les E ta ts -U nis son t le lieu ideal ou les esprits uuront les co n d i t io n s les p lus favo rab les a une b o n n e incarna t ion . Ainsi, il \ a u t m ieux p o u r u n j u i f qu ' i l aille s ' i n c a m e r (p lus ex a c tem e n t se re- incarner ) en A m er iq u e p lu to t q u 'e n Israe l: son d e v e lo p p e m e n t sera, para i t- i l , p lus rap ide !5. La race leniurienne

La race leniurienne etait, si 1'on en croit la Cosmogonie, une race tres particuliere: elle aurait vecu lors de la derniere purtie de I 'epoque lemurienne dans un pays appele Lemurie. Le Lemurien etait «magicien de naissance» et «il avait le sent iment d'etre un descendant des Dieux, un Etre spiri- t u e l » 108! II etait en com m un io n avec les «Messagers des Dieux» et il vivait dans un etat de purete et d ' innocence.

I.a L em urie a to u jo u rs p a s s io n n e les ch e rch eu rs . sc ientif iques ou occultis tes . L 'ex is tence de ce pays se s ituera i t q u e lq u e part en tre M a d a g a s c a r et I 'a rchipel de la M ala is ie . J u s q u 'a ce jo u r , et dan s l 'e ta t ac tuel de nos co n n a is sances , les rech e rch es n 'o n t pas ab outi .

I)e ce m o n d e h y p o th e t iq u e , M m e H e len e Blavatsky. fo n d a tr ie e de la T h e o so p h ie , et ses discip les, R udo lf S te iner et M ax H e inde l , en ont d e d u i t q u e la L em ur ie a bel et bien ex iste et f o n t s i tuee lors de la t ro i­s iem e E p oq u e . c 'e s t-a -d ire la « t ro is iem e terre de l 'h u m a n i te» .

D 'a p re s H e inde l , I 'a tm o s p h e re de la L em ur ie etait ires dense . I.a c ro u te terres tre co m m e n ^a i t a se solidiTier. C 'e s t sur des fo rm es a pe in e durc ies que l 'h o m m e p o u r r a faire ses p rem ie rs pas.

N o to n s en co re qu 'il ne faut pas c o n fo n d re les L em uriens avec les Lem ures. C es de rn ie rs e ta ien t p o u r les R o m ain s les am es des morts . les fan tdm es , qu i r evena ien t su r la terre p o u r to u rm e n te r les vivants.

Selon les tradi tions esoteriques de la theosophie et en pa r ­ticulier de Max Heindel, le Lemurien etait a l 'origine un ho m m e ou, pour etre plus precis, une masse humaine. A sa naissance, il avait le sens de Louie et du toucher, mais il n'avai t pas encore des yeux. mais tout s implement des points! Car ils etaient encore en format ion! Cependant , l 'homme-lemur ien pouvait se voir et voir les autres. mais «in-

VI. Heindel, ibid.. p. 311.M. Heindel, ibid., p. 279. ( ’est nous qui le soulignons.

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ter ieurement»! Quant aux sons, le Lemurien etait tres limite dans son langage: il ne pouvait qu ' imi ter les «cris de la na- ture», c ’est-a-dire les bruits de vents, de chutes d 'eau ou des ruisseaux!

Les Lemuriens, quo ique etant des etres physiquement limi- tes car en pleine per iode dev o lu t i o n , etaient cependant capa- b)es de mener une vie «n orm ale» ou presque! Prenons le cas de l ' education: d ’apres Heindel , les Lemuriens recevaient une educat ion pour le moins curieuse. Celle des gar^ons n'avai t qu 'un seul but: le deve loppemen t de la V o lo n te 109. Rien de tel pour les filles: un ent ra inement b eau cou p moins violent! On les eduquai t pour qu'el les puissent developper la «facul te d ’imaginat ion»! Max Heindel se laisse empor ter par ses idees chirneriques. II soutient. en effet, que «les fre- quentes erupt ions volcaniques (de la Lemurie, Ndr) etaient tres appreciees comme moyen d ' educat ion , parce qu'el les fa- vorisaient par ticul ierement I'eveil de la m e m o i r e ,,0.»

Cet te «educa t ion» a d o nn e de drdles de fruits: les Lemu- riennes auraient ete les «prem ieres a fo rm u ler 1'idee du Bien et du M a i a cause de leurs experiences qui influen^aient sur- tout l ' im ag ina t i on»111! Malgre leur imagina t ion et leur vertu les Lemuriennes - et les Lemuriens aussi! - etaient dans l ' ignorance. Voila ce qu'ecri t Max Heindel a ce sujet: ^ ’in­nocence est la fille de l ' ignorance et elle ne peut etre mainte- nue dans un univers ou le but de revolu t ion est 1’acquisit ion de la sagesse. Pour a tteindre ce but. la connaissance du bien et du mal est necessai re, ainsi que le libre a r b i t r e u;!.» Cette connaissance etait-elle necessaire comme le pretend Hein­del? Sur ce point precis, et avec Henri Blocher, nous nous permet tons de douter : «La rupture de l 'alliance a bien do nn e a I 'homme une certaine in dependance dans le choix de ses conduites. Alors que dans le bien, il est toujours second, re- cevant tout de Dieu. et le devoi r et le pouvoir , dans le mal ilest premier - le mal ne procede pas de Dieu. En tant qu'ildesobeit , I 'homme agit en soi et par soi, comme Dieu.» Mais, ajoute Blocher. «! 'au tonomie (de I 'homme) est illusoire. et la

On les entrainait a sc baltre entre c u \ , a s’empaler sur des piquets (sic) et a durcir leurs muscles!

110 M. Heindel. ibid., p. 278.1,1 M. Heindel, ibid., p. 278.

M. Heindel, ibid.. p. 280. C ’est nous qui le soulignons.

singerie de Dieu pitoyable. Non seulement I 'homme se fait berner par le Serpent , mais I’ho m m e n'est premier que dans le mal ; or le mal n'est rien que la perversion de la realite creee... Il3.» Difficile de dire apres que la connaissance du bien et du mal - qui signilie sur tout f a ire le mal - est necessaire.

«Le Lemurien, ecrit Heindel, ne connaissai t pas la mort " 4.» Pour lui. la mort n ’etait que le remplacement d ' un corps par un aut re; en langage image: la feu i l ledessech eed 'un arbre rempla- cee par une nouvelle. Mais bien que le Lemurien fut, en princi- pe, immortel , cela ne I 'empecha pas de connai tre la «chute».6. La chute

La chute... oui mais quelle chute? S'agit-il de la rebellion, de la desobeissance de I 'homme par rappor t a Dieu? La Bi­ble tout entiere decrit la chute, c 'est-a-dire la volonte delibe- ree de I 'homme autonome, com m e un acte particulierement grave. Car le peche n'est aut re que la volonte de la creature s ’oppo sant a la volonte du Createur. Le dr am e de l 'humanite, c ’est qu'el le veut ignorer que le peche est a la fois anormal et universel et que ses consequences sont incalculables. Or Max Heindel, tout comme la plupart des occultistes, minimise les effets de la chute. Pour lui. la chute n'est pas une faute. mais la suite naturelle de revolu t ion . Le Lemurien etait cet etre prat iquement inconscient (il pouvai t a peine «voir» son corps) et il etait dependant des anges, notamment pour la fonct ion de reproduction! Le Lemurien etait done un etre ir- responsable. Cette fayon de voir est absolument contraire a la doct rine bibl ique qui affirme que la chute, c ’est-a-dire I 'acte de desobeissance, fut le fruit de la volonte d 'au tonomie de I 'homme. L’apotre Paul dans son admirable epitre aux Romains le dit en des termes clairs: «Par un seul homme le peche est entre dans le monde, et par le peche la mort. et qu'ains i la mort s'est e tendue sur tous les hommes. ..» (Ro­mains 5: 12; cf. verset 19). Ce sont les «esprits luciferiens» 115

H. Blocher, Revelation des origines, p. 187. C'est nous qui le souli­gnons.

M. Heindel, ibid.. p. 277.1,5 C "etait. dans l’esprit de Heindel, des anges qui avaient subi un retard

dans leur evolution et dont Lucifer etait, semble-t-il. le chef. Ni ange ni homme, e’etait. en quelque sorte, des demi-dieux qui avaient pour tache d'ecla irer l'humanite!

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qui furent la cause de la «chute». «Ces esprits, raconte Hein­del, ont penetre dans l’epine dorsale et le cerveau de la femme dont 1' fmagina tion avait ete eveillee par I’education speciale de la Race Lemurienne . C o m m e sa faculte de per ­cept ion etait sur tout interieure, elle recevait d ’eux l’impres- sion d ’une image et les voyait sous la forme de serpents, car ils etaient entres dans son cerveau par la moelle epitiiere ser­pentine (sic) ll6.» « Lucifer, cont inue Heindel, ouvrit done les veux de la femme. Elle rechercha la col laborat ion de I 'homme et lui ouvrit les yeux a son tour. C ’est ainsi que d 'u n e maniere obscure mais bien reelle, ils se «connurent» ou devinrent , pour la premiere fois, conscient 1’un de 1’autre et aussi du Mo nd e Physique. (...) Cessant d 'etre des a u t o m a ­tes, ils sont devenus des etres libres et pensants, au prix de leur assujet t i ssement a la douleur , a la maladie et a la m o r t ll7.» Les propos de Max Heindel vont a l’encont re des ensei- gnements de la Parole de Dieu: une des consequences di- rectes de la chute a ete la perte de notre liberte. De libre qu'il etait, I 'homme est devenu esclave du peche (cf. Romains 6 : 6 ). La chute est ainsi rabaissee a un «acc ident de parcours» du chemin de revolut ion . D ’ailleurs, Max Heindel ne la cons idere pas comme une maledict ion, mais comm e un «sim- ple avert i ssement»! Dans un aut re ordre d' idees, il n ’hesite pas a ecrire que «si I’ho m m e avait pu gouter au fruit de « 1’ar- bre de v i e » m , s'il avait aussi appris le secret qui lui aurait permis de revitaliser perpe tue l lement son corps, il serait t rouve dans une condi tion pire e n c o r e » liy. Pourquoi? Parce que les « Hierarchies creatrices» se seraient inquietees de ceque I 'homme puisse indef iniment renouveler par lui-memeson «corps vi tal»! Autrement dit, et selon Heindel, « l 'hom me serait sans nul doute devenu immortel , mais incapable de progresser plus a v a n t » 120. Ainsi, 1'arbre de vie est considere comm e un obstacle au per fec t ionnement de I 'homme! La chute, par contre, etait absolument necessaire pour que le cerveau se construise, car I 'acquisit ion des connaissances ne

116 M. Heindel, ibid., p. 353.11' M. Heindel. ibid.. p. 354.1111 Le « fruit» dont le livre de la Genese nous parle ne serait pour Max

Heindel qu 'un symbole.119 M. Heindel. ibid., p. 355.I2D M. Heindel. ibid.. p. 355.

peut pas se faire sans une boite c ranienne abo nd am m en t pourvue de matiere grise! La Bible, elle, tient un tout autre iangage. Elle aff irme que la chute, loin d 'et re une necessite, est au contraire un tournant t ragique pour l 'histoire de I'hu- mani te tout entiere: de cet acte ont decoule toutes les miseres de notre monde. De plus, le peche, qui est une puissance, ira en s 'accroissant j u s q u ’a deveni r intolerable. Notre monde evolue, c'est vrai, mais cont ra irement aux doctr ines opti- mistes de Heindel , il evolue vers le mal et, par la, a sa propre destruction.

Un aut re aspect de la chute d 'apres Heindel, celui-ci scan- daleux et raciste: les Noirs seraient les descendants des Le- muriens. En d 'aut res termes, les Noirs seraient des etres qui, p o u r une raison qui echappe a I 'auteur de la Cosmogonic, n ' ont pu beneficier de bonnes condi t ions pour leur evolution. Ils seraient done, et ceci par rapport a la race b lanche notam- ment , en retard dans leur developpement. . .7. L'epoque atlanteenne

Max Heindel poursui t son recit: la Lemurie a ete presque to talement engloutie par un ca taclysme; un autre continent , tout aussi legendaire, le remplace: l 'Atlantide. Une nouvelle epoque , qui correspondra i t au 6 e j our de la Creat ion, voit le j o u r de meme qu 'une nouvelle race, les Atlanteens.

L 'A tlan t ide a u ra i t ete une Tie s i tuee au -d e la du de tro i t de G ib ra l ­tar. C e fut P laton qui, d a n s le Timee et le Critias, fit a l lu s ion a ce c o n t in e n t legenda ire . C ’etait, si I 'on en croit le ce leb re p h i lo so p h e grec. un im m ense terr i to ire , fort p e u p le et d o n t les r ichesses du sol et d u sous-sol e ta ien t inouies . C 'om bles de biens. les a t lan teen s som- b re re n t d a n s la lux u re et d a n s le m al. De ce fait, la co lere de Z eus se d e c h a in a co n tre ce peuple . . . Ici s 'a r re te sa d escr ip t ion .

Le recit, v raisemblablement u topique de Platon, a donne lieu a toutes sortes d ' interpre tat ions ou speculat ions. Les theosophes et les rosicruciens ont tente a leur maniere d'elu- cider la question.

Le globe terrestre etait chaud a I ' interieur tandis que l 'ecorce exterieure etait plutot froide avec une a tmosphere de brouil lard. C'est sur cette terre, assez inhospitaliere a vrai dire, que I 'homme poursuivit son evolution . Son in tellect, c 'est-a-dire son cerveau, se developpa grace aux... al iments!

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Sa «vue» comm en^a a poin ter vers I 'exterieur tandis qu 'un rudiment de langage prit forme. A chaque nouvelle race, un nouveau progres: les Rmoahals ont do nn e les premiers les noins aux choses; les Tlavatlis ont commence a etre conscients de leur entite humaine indep end ante ; les Tol te ­ques ont cree la « Monarchic et la Succession Heredi taire»! Les Touraniens «primi ti i s» etaient, parait-il, des etres r ep u ­tes pour leur egoisme et pour leurs facultes occultes.

La cinquieme et la plus impor tante des races a tlanteennes aurai t ete celle des «Semites primitifs». Surnommes la «Race mere», les Semites seraient les ancetres directs de la race aryenne! Les Semites primitifs etaient, selon t’avis de Max Heindel, des gens par ticul ierement ruses, astucieux et indis­ciplines!

Par la suite, et «sous la direct ion d 'un grand Etre, la Race Semit ique primitive a ete condui te vers l’Est, hors du cont i­nent de 1'Atlantide, en passant par l 'Europe , ju sq u 'aux grandes sol i tudes de l 'Asie centrale, connues maintenant sous le nom de Desert de Gob i» 121. Cet te epoque marque, se­lon Heindel, un tournant decisif pour l’humani te tout entiere. Jusque la, l 'homme a ete conduit par des Etres superieurs. A cause de son intellect insuffi samment developpe, l 'homme etait depend ant de tout. A present, il est libre et, de ce fait, il doit suppor ter les consequences de ses propres actions. Autrement dit, les «dieux» - les Seigneurs de Venus! - s ’etant retires, l ' hom me se degagea du self-arbitre; desormais , l ' hom me est son propre maitre: il pourra , en fonct ion de son libre-arbitre, determiner son evolution.

Quatre grandes etapes (ou degres) marqueron t le debut de son evolution vers le «Dieu in v i s i b l e s

- L 'adora tion de Dieu au moyen de sacrifices propit ia- toires. C ’est pousse par la crainte que l ' homme «en accord avec l 'Ordre de la Na tu re» - qui est la Loi de Dieu! - peut of- frir, tout com me les adora teurs de fetiches, des sacrifices de propit iat ion.

- Le sacrifice dans le but de recevoir des recompenses ou pour echapper a des calamites. Les Semites primitifs avaient atteint, si l 'on en croit les propos d 'Heindel , ce degre: «On

121 M. Heindel, ibid., p. 298. Le desert de Gobi est a nouveau mentionne.Lst-ce un hasard? Decidement, ce desert suscite beaucoup d ’atlirance.

leur avait appris a adorer un Dieu invisible et a s’a ttendre a des recompenses sous forme d ’avantages materiels ou a des puni t ions par de douloureuses afflictions 122.»

- La priere et la vie sainte permettent de voir le Ciel s 'ouvr ir et de fermer la porte de l 'Enfer. Ce degre est celui du «Chr ist ianisme popula ire», c ’est-a-dire le christ ianisme eso- terique, au t rement dit actuel!

- L'accomplissement du bien, sans arriere pensee de re­compense ou de chat iment , est le dernier grade que seuls les «Chre tiens esoteriques» (et les eleves de toutes les ecoles oc­cultes) peuvent atteindre.

Ainsi, les Semites primitifs aura ient ete ce peuple - «elu», faut-il preciser, - qui fut le premier a acceder a son autono- mie. Mais a cause de leur desobeissance - mariages «mixtes» avec d 'aut res races - , les Semites primitifs furent abandon- nes et «perdus» : bea ucou p moururent dans le desert de Gobi! Les reincarnat ions des «rebel les» Semites trouverent une «Terre Promise» qui n'est aut re que la Palestine actuelle. En d ’autres termes, les Juifs seraient les descendants des lointains «Semites primitifs» du desert de Gobi. Une telle in­terpretat ion se passe de commentaires .

Enfin, et pour clore cette epoque , signalons l’existence des races Akkadiennes et Mongoles. Les Mongols, tout comme les Semites primitifs, se seraient refugies en Asie, fuyant ainsi un continent devenu inhospitalier.S. L 'epoque aryenne

Nous arrivons enfin dans les « temps modernes»! II s’agit, en effet, du 7e jo ur de la Creat ion et de la c inquieme epoque: cette per iode correspondra it a nos temps d 'aujourd 'hui .

Le «berceau» des races Aryennes aurait ete l'Asie centrale. De la, les races se sont disseminees sur toute la Terre. Tour a tour, les races «Babylonienne-Chaldeo-Assyr ienne , Persique- Greco-Lat ine et Cel tique» ont mani fes te I 'epoque aryenne. Quant a nous, c’est-a-dire vous et moi, nous ferions partie de la «race Teutonique-Anglo-Saxonne»! Apres cela, se deve- loppera la race Slave. Max Heindel affirme que lorsque le so ­leil sera entre dans le signe du Verseau, «le peuple russe et, en general , les Races Slaves a t teindront un haut degre de de-

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veloppement spirituel... (...) La musique sera le principal fac- leur de progres.. .» ,2-\ En a t tendant , nous cons tatons que le peuple russe suhit le joug ty rannique du pouvoir athee. A de- faut de developper la musique, les dirigeants sovietiques s'ef- forcent de per fect ionner sans cesse leur ideologie marxiste.

Les «globes» de la Terre aura ient done accompli 3 1/2 re­volutions, e'est-a-dire la moitie de son «parcours» qui est, comm e nous le savons, de 7 revolutions. Nous serions done arrives a cette phase «cri t ique» que Max Heindel nomine Epigenese. L 'homme serait do ne en mesure de se «debrouil- ler» tout seul et, en vertu de ses propres forces, de se per fec­t ionner dans la voie initiatique. Pour cela, I 'homme doit sans cesse «const rui re des vehicules» 124 qui lui permett ront de mieux se connait re et sur tout d 'a t teindre les spheres ou «m ond es superieurs».

L 'h omme serait done arrive a un degre de developpement suffisant qui lui donnerai t sa pleine autonomie spiri tuelle et init iat ique: les «Dieux» peuvent enfin se reposer! Grace a deux «1 ois jumel les», la reincarnat ion et la causalite, l’ho m me peut «monte r» dans le Chemin de l ' initiation. II faut dire que l ' homme «aryen» a une const i tut ion solide: il possede un corps triple (corps physique, corps vital, corps du desir). II ne lui reste plus qu 'a obtenir 1' Intellect, e'est-a-dire 1' Intell igence qui a pour corol laire la Connaissance. Par la suite, l ' homme deviendra un Esprit triple (ou Ego), puis un Esprit Vital et enfin un Esprit Divin.

L 'a n th ro p o lo g ie ro s ic ru c ien n e de M ax H e inde l est tres co m pli - quee . L 'h o m m e sera it divise en 10 parties! O u p lus e x ac tem en t en 9 + 1.11 sera it d 'a b o rd un « tr ip le E sp r i t» , c o m p o se de I’Espri t Divin, de 1'Esp ri t Vital et de l 'E sp r i t H u m a in , ceux-ci e tan t en g e rm es: ils ne son t co n s id e res ac tu e l lem e n t que c o m m e des vehicules.

Afin d '« a c q u e r i r p lus d 'e x p e r ie n c e » , l '« E s p r i t t r ip le» (ou Ego) « t rav a i l le» en vue de la co n s t i tu t io n d u « tr ip le C o rp s» . Celui-ci c o m p re n d ra i t le C o rp s D ense (ou co rp s p hy sique) , le C o rp s Vital (qui a p o u r ta c h e de «v ita l ise r» le co rps) et le C o rp s d u Desir (c ’est- a -d ire le « c o rp s em o tio n n e l» ) .

Du « C o rp s t r ip ie » est « e x tra i te » la «T r ip le A m e » : I 'Am e C o n sc ien te , I’A m e In te l lec tue l le et l 'A m e E m o tio n n e l le . T o u te s ces

121 M. Heindel. ibid., p. 302.1:4 Le mot «vehicule», emprunte a l 'hindouisme, designe le moyen qui

permettrait a l'homme de parvenir dans les elats superieurs.

part ies se ra ien t reliees pa r l '«Tntellec t» qui au ra i t p o u r ta c h e p re ­m ie re de « g ouverner le C o rp s tr ip le» et d e p e rm e t t re ainsi a l '« h o m m e d e c u p le » de se d e v e lo p p e r et d 'e v o lu e r n o rm a lem e n t .

C es n e u f pa rt ie s du C o rp s se ra ien t regies p a r l ' ln te l lec t . II forme- rait en lu i-m em e le trait d 'u n io n en tre les d i f fe ren ts e lem ents . Plus ex a c te m en t , il s 'ag ira i t d ’un veri table « p o in t focaI» .9. La mort et la reincarnation

Puisque nous sommes arrives a l ' epoque qui est la notre, nous avons pense q u ’il serait judicieux de placer ici les themes pour le moins ties importants de la mort et de la rein­carnat ion. Les idees que Max Heindel developpe sont celles de la Theosophie l25.

La mort serait, selon la doct rine theosophico-rosicru- cienne, la rupture de la Corde d ’A rg e n t'2b. Reprenant les pa ­roles de l 'Ecc lesias te127, Max Heindel et, avec lui, tous les oc- cultistes donnent a cette image symbol ique un sens non-bibli- que et occulte. Car , selon la Bible, le fil d 'argent tout comme le vase d 'or representent de fa?on analogique la beaute et plus encore la fragilite de la vie humaine . La portee de ces images n ’a done q u ’un sens spiri tuel et n'a aucune con no ta­tion mystico-occuite. Pour nous , la corde d'argent est une image qui traduit admirablement une realite, et non pas un « fiI invisible».

La Corde d 'Argent serait do ne «une corde mince, bril- lante, argentee ayant une forme de deux six, I’un droit et I 'autre renverse, et reunis par Pextremite de leurs boucles» l28. L’une de ces extremites est rat tachee au coeur par un «a tome-germe». L 'habitat ion de cet «atome-germe» de ter­mine I'existence terrestre de l ' ho m m e; sa rupture, l 'arret du coeur. Cet atome serait, selon l ' enseignement de la Cosmogo­nie, un «a tome special». Nous lisons a ce propos: «Alors que les aut res a tomes du corps phys ique ont ete per iodiquement renouveles, ce seul a tome est reste s table, et cela de vie en vie, car il fait partie de tous les corps physiques que VEgo a habites et dont il s'est servi. Extrai t du corps physique a I’ins-

1:5 Rudolf Steiner reprendra. lui aussi, ce meme schema.126 La Corde d'Argent serait ce lien invisible qui relierail le corps physi­

que aux corps subtils, en particulier le «corps etherique».127 «C'ar l'homme s'en va vers sa demeure eternelle (...) avant que le cor­

don d 'argent se detache, que le vase d 'o r se brise...» Ecclesiaste 12: 7-8.128 M. Heindel. ibid.. p. 107.

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tant de la mort, il entrera de nouveau en activite an moment ou V Ego se reincarnera pour une nouvelle naissance et il ser- vira de noyau au nouveau corps que VEgo utilisera l29.»

Dans un autre ouvrage, Max Heindel a ffirm e que r «a to m e-ge rm e» contiendrai t une energie qui serait de meme nature que celle de Dieu. II ecrit a cet effet que «la force contenue dans cet a tome est la vie indiffereneiee de Dieu» 13°. Ainsi, et selon les enseignements rosicruciens d 'Heindel , la force que contient J'Ego «an ime le coeur» et fait fonct ionner l 'organisme tout entier.

Le coeur est done le siege de l '«a tome-germe». La rupture de cet «a t om e» provoque aussitot I'arret du coeur, mais ce n'est pas encore la mort! C a r la Co rde d 'Argent n'est pas e n ­core brisee. II faut que le «p ano ra m a de la vie», qui est, p a ­rait-il, contenu dans le corps vital soit d ' ab o rd passe en re­vue! Apres quoi , la Co rde d 'Argent peut se rompre et la mort est de ce fait def in i t ive131.10. Le Purgatoire et le Premier Ciel

Le « pan or am a de vie» - qui est une sorte de projection retrospect ive de la vie - dure environ trois jours. Apres cela, il y a... le Purgatoire! Max Heindel reprend ici a son compte la doct rine ca thol ique-romaine du pu rg a to i r e132. Sa concept ion est differente de celle de I’Eglise romaine. Pour lui, «le but du Purgatoire est d ’ext irper les habitudes pernicieuses, en rendant leur satisfaction impossible. L' individu souffre exac- tement dans la mesure ou il a fait souffrir les aut res par sa deloyaute, sa cruaute, son intolerance ou tout aut re vice. En raison de ses souff rances, il app ren d a agir dans 1' aveni r avec bonte, honnete te et indulgence envers autrui . L 'hom me a p ­prend ainsi a pra t iquer la vertu et a bien agir. Q u and il nait

,2g M. Heindel, ibid., p. 107.1,0 M. Heindel, Christianisme de to Rose-Croix. p. 111.131 Ce qui explique que les disciples de Max Heindel refusent d 'e tre inci-

neres ou embaumes dans les trois premiers jours qui suivent la mort: ils ont peur que leur corps vital soit desintegre!

132 Le purgatoire serait un lieu de souffrance ou les ames des justes ache- vent d 'expier leurs peches avant d ’entrer dans le C iel. Ce serait un lieu tran- sitoire et intermediaire entre le Ciel et I’Enfer. Cette doctr ine abordee lors des Conciles de Lyon (1274) et de F lorence (1445) a ete definitivement a d o p ­tee lors du Concile de Trente. Cette doctrine est rejetee par les chretiens pro- testants et evangeliques.

de nouveau, il est affranchi d 'hab i tudes pe rverses133. Ainsi, le but premier du Purgatoire «heindelien» est le moyen de bien se preparer a une nouvelle incarnation.

Mais, le Purgatoire, version rosicrucienne, est aussi la porte d 'ent ree du premier Ciel! Ca r le Purgatoire compren- drait les trois regions inferieures du Mo nde du Desir, c'est-a- dire les «passions et vils desirs», les «impress ions» et les «souhai ts». Puis, il y a une «region l imi trophe», celle des «sentiments». Cette region - qui n'est ni l 'Enfer ni le Ciel - serait peuplee de «gens honnetes et integres, qui n ’ont jamais fait de mal a personne. mais qui ne se sont jamais preoccupes de la vie super ieure» 134. Le sejour de ces ames dure en gene­ral assez longtemps , parait-tl . . . Le chemin de la reincarnat ion serait long et ses obstacles nombreux, sauf pour les enfants qui ont le privilege de passer di rec tement du Purgatoire au Ciel!

Une fois le sejour du Purgatoire termine, I’ame «purif iee» passe enfin au « Premier Ci e l» qui se trouverait dans les trois regions superieures du Mo nd e du Desir (Vie de l 'ame, Lu­miere de l’ame, Pouvoir de l 'ame). C ’est un lieu de bonheur . de felicite et de repos. Pas de maladie, ni de chagrin ou de douleurs. C h acun a cette possibility d 'obteni r des satisfac­tions personnelles, c 'est-a-dire recevoir des compensat ions. Le pan oram a de la vie est a nouveau deroule, mais seules subsistent les «bonnes ac tions» que nous avons faites aut re­fois sur la Terre. Le b o nh eu r du Premier Ciel dependrai t de la joie que nous aur ions do nn ee aux autres! C ’est aussi un «lieu de per fec t ionnement» qui nous permettra d 'ent rer au « Deuxieme Cie l».II . Le Deuxiem e Ciel

Le « Deuxieme Cie l» se t rouverai t dans le « Monde de la Pensee Concrete». Apres voir fini son sejour dans le Premier Ciel. l 'homme. dont VEgo a aba n d o n n e le «Corps du Desir» et revetu celui du «Menta l» , peut alors ent rer directement dans le plan superieur. Pour cela, il doit absolument aban- d o nn e r son «corps du desir». Parfai tement conscient, il entre dans le «grand si lence»; toutes ses facultes sont inactives, il

133 M. Heindel. Cosmogonie des Rose-Croix. pp. 117-118.134 M. Heindel, ibid.. p. 120.

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ne pense plus; il a le sent iment de se tenir «dans l 'Eternel». Puis l 'homme se reveille: il se t rouve dans le Deuxieme Ciel, la «patr ie natale» de l'esprit.

Le Deuxieme Ciel serait, selon Max Heindel , le « Mo nde du S o n » 135. C e lieu - appele aussi « M o n d e Celeste» - serait le seul endroit ou l’homme pourra i t entendre la musique ce­leste!

Mais l 'homme ne se contente pas seulement d 'ecouter de la musique, fut-elle celeste, il travaille aussi! Ca r il doit pre­parer la «p rochaine vie»! II faut, en effet, que le triple corps puisse etre «assimi le» par l’Esprit-triple. En d 'aut res termes, ses desirs et ses emot ions du corps du desir purifies se fon- dent dans I’Esprit humain: I ' intellect de l 'homm e devient meilleur, parait-il. II en est de meme pour le corps vital et pour le corps physique.

Mais ce n'est pas tout! Le Deuxieme Ciel serait la «verita- hle patrie de l ' £ g o » 136. Durant des siecles, V Ego assimile les experiences des vies passees et prepare le milieu de sa pro- chaine existence physique. «l l app ren d a construire toutes sortes de corps, y compr is le corps humain i r .»

Mais le temps de I 'apprentissage prend fin: YEgo s 'etant debarrasse de la «gaine du menta l» peut desormais passer dans le M o nd e super ieur que Max Heindel appel le tout s im ­plement le «Troisieme Ciel»!12. Le Troisieme Ciel

C'est le lieu le plus eleve que l ' homme puisse at teindre dans cette presente Periode. II cont inue son chemin qui mene a la per fect ion: libre de «toute enveloppe» - e 'est-a-dire qu'il ne reste plus que I 'essence de 1’Intellect -, l ' homme passe dans le « M o n d e de la Pensee», ou «Troisieme Ciel»! Ce se- jo ur est decisif quan t a une nouvelle vie. Le desir de renaitre vient progressivement et un nouveau pan oram a, celui de la « nouvelle vie», se presente a l 'homme.

A ce p ro p o s . M ax H e in d e l se pose ces q u e s t io n s : « P o u r q u o i nai- tre a n o u v e a u ? P o u rq u o i d e v o n s -n o u s r e to u rn e r a cette ex istence terres tre . p e n ib le et l im itee?» Sa reponse . c la ire et prec ise , ne laisse

IJS Le Purgatoire et le Premier Ciel seraient le « M onde de la Lumiere».1)6 N 'oublions pas que VEgo n ’est autre q u ’un « Esprit Vierge»., r M. Heindel, ibid., p. 133.

au cu t ie e c h a p p a to i r e : « Le bin de la vie n'est pas le bonheur. mais I'experience. Le c h ag r in et la d o u le u r son t nos m eil leurs in s truc teu rs , a lo rs q ue les jo ies terres tres sont fu g i t iv e s ,J8.» Pour lui. la d o u le u r serait « b ie n fa i t r ice» ! C es pa ro les- la . d isons- le c la irem en t, n ’on t a b ­s o lu m e n t rien de b ib l ique . C er tes , les ep reuves et les aff l ic t ions sont des m oy ens q u e Dieu em p lo ie p o u r no tre bien. c 'es t-a-d ire p o u r n o u s r a p p ro c h e r du C re a teu r . M ais il est im p o r ta n t de sou lign er q u ’en Jesu s-C h r is t le b o n h e u r existe... Lit m e m e sur cette Terre! Cela ne signifie pas q ue no tre vie ne soit faite que de jo ies terrestres ou q u 'e l le soit e x em p te de d iff icultes. N o n! Q u e Dieu n ous acco rd e la jo ie ou qu ' i l p e rm e t te l 'ep reuv e . le ch re t ien d e m e u re co n v a in cu q ue D ieu est la, qu 'i l le co n na i t , qu 'i l 1'aime et q u 'a in s i il est d a n s ses m ains . Les B ea ti tu des et tout le S e rm o n sur la M on tag n e , n 'est-ce pas I 'exem p le le plus f ra p p a n t q u e l’h o m m e peu t vivre heureux su r la T erre m algre les ep reu v es et les a ff l ic t ion s?13. Les «prepara(ifs» d 'une «renaissance»

Max Heindel va jusqu 'au bout de sa pensee: il continue avec force details Ja description du processus de la re incarna­tion. Parce que l ' homme est arrive a cette periode que Max Heindel qualifie d ’Epigenese, il peut en vertu de ses propres forces exercer un veritable pouvoi r createur et, de ce fait, p repa re r une «nouvelle vie». Pour cela, et reprenant la termi- nologie hindouiste, l’homme doit «appren dre a construire ses vehicules dans le Mo nde Celeste et a s 'en servir dans le M ond e Physique» 13y. Car la «descente dans la matiere» (.sic), <;a se prepare!

C'est d 'au tant plus difficile que 1'Esprit triple ne possede pas de vehicules propres, mais «seulement la force des q u a ­tre a tomes-germes» l40. Mais laissons a Max Heindel le soin d 'expl iquer tous ces preparat i fs: «Les forces latentes de l ' ln- tellect de la derniere incarnat ion sont eveillees par I'atome- germe. Elies comm encen t a at t irer les materiaux de la subdi ­vision la plus elevee de la Region de la Pensee Concrete, comme un a imant attire la limaille de f e r " ‘.» L'atome-germe «ne peut prendre , dans chaque Region, qu 'une certaine quant i ie de la substance po ur laquelle il a de 1'affinite. C'est

138 M. Heindel, ibid., p. 137.139 M. Heindel , ibid., p. 135.140 Les quatre «atomes-germes» formeraient le «noyau du triple corps» et

la «gaine de I'lntellectw!Ul M. Heindel. ibid., p. I4U.

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ainsi que le vehicule cons trui t a u tou r de cet a tome-germe d e ­vient une reproduct ion exacte du vehicule cor respondant de la derniere incarna tion, moins le mal qui a ete elimine, et plus la quintessence du bien qui y a ete incorpore 142.»

L ' Ego, c 'est-a-dire I 'Esprit, co mmence a operer sa descente dans les «Regions» inferieures. La premiere, celle de la P en ­see Concrete, est le lieu ou Patome-germe attire a lui les ma- teriaux necessaires a l ' elabora t ion d 'un nouveau mental . La descente continue: VEgo qui est revetu de la substance men- tale (en forme de cloche!) atteint le Mo nd e du Desir. Un nouveau «C orps du Desir» se forme et I 'Esprit, doublement pare, peut alors plonger dans la « Region Ether ique» et, la, les elements du nouveau «C'orps vi tal» vont s ' assembler sous Pimpulsion des «Seigneurs de la Dest inee». A partir de ce moment , VEgo quit te reellemenl le Monde invisible et entre en contact avec le Mo nd e visible, c’est-a-dire le notre. L'heu- reux evenement peut se produi re!14. La naissance: un quadruple evenem ent!

L ' Ego - qui ressemble, ne l 'oublions pas. a une cloche! * est main tenant pret pour s ’incarner a nouveau dans le corps d 'u n e femme. Mais avant, il plane pres de la future mere! Trois semaines apres la fecondat ion , VEgo peut - enfin - en- trer dans l 'uterus! Celui-ci se ferme et I 'Esprit-cloche (sic.) reste pr i sonnier du Corps physique. La naissance de l’enfant ne sera pas cons ideree par Heindel comme un evenement unique; selon lui, trois aut res naissances doivent encore se produi re au cours de Pexistence humaine!

- La naissance du corps phys ique n ’appelle pas be aucou p de commenta i res : c’est le commencement de la vie terrestre pour un nouvel etre. Mais pour Max Heindel, il s 'agit de bien plus que cela:

- La naissance du corps vital aurait lieu a Page de sept ans. Ce serait un temps ou l’enfant ap p re nd a former «memoire , conscience et bonnes habitudes et cons ti tut ion harmo- nieuse». L'Autori te et la Discipl ine sont les mots d 'ordre de cette periode! Max Heindel ne se doutai t pas que. moins de soixante ans apres qu' il eut ecrit ces lignes tout empreintes d ' ideal isme, ces belles vertus que sont Pautorite et la disci-

M- M. Heindel. ibid.. p. 140.

pl ine allaient voler en eclats. Le nom bre de parents qui ont demiss ionne ne se compte plus; quant a la discipline, il faut tout s implement dem ande r l 'avis des enseignants ou des edu- cateurs!

- La naissance du corps du desir devrai t se produi re a Page de quatorze ans. L'adolescent doit app rendre a «resister aux emot ions»; en d 'aut res termes, la per iode de la puberte est un « lemps d 'epreuve».

- La naissance de i n t e l l e c t a lieu a l '«age de la majori te», soit vingt et un ans. L'Intel lect serait, selon Heindel. un frein aux emot ions! La sexualite serait ainsi canalisee a cet age. Une fois de plus. Max Heindel se met le doigt dans I'oeil...

Pour parvenir a un etat meilleur, Phomme devrait passer par un nombre indetermine de reincarnat ions. Des dizaines. des centaines, des milliers. Max Heindel I ' ignore. Cependant , il «sai t» que l’intervalle entre chaque reincarnat ion est de 1000 ans! Autant dire que la prochaine periode, celle de J u ­piter, est encore loin...

La Periode de JupiterLa Periode dite «de Jupi te r» marque une nouvelle etape

vers le chemin de la perfection. Cet te per iode dev o lu t i o n a venir se caracterise par sa brievete. Periode courte certes, mais tres impor tante : Phomme, et la matiere, f ranchissent un nouveau palier.

Le «globe» de Jupiter , qui se t rouve sur le meme plan que celui de la Lune, se trouve dans la « Region etherique» tatidis que les autres «globes» - « Mo nd es du Desir, de la Pensee concrete, de la Pensee abst rai te» - sont sur le meme niveau. Les vegetaux de notre Terre actuelle deviendront des ani ­maux et les an imaux des humains! Les hommes, eux, seraient revetus d 'un «Cor ps vi tal».

II ne s'agit plus de descente dans la matiere, mais de re- mon tee vers I’Esprit, vers le «Divin» . En d'aut res termes, i n t e l l e c t qui en t reprend son developpement spirituel sera «vivifie». L’etat de conscience de Phomme se modifiera: il sera en mesure d ’avoir une « perception consciente d ' images»! Ainsi. Phomme devrai t encore attendre des mil­liers et des milliers d ' annees pour qu'il puisse avoir une conscience objective. Car Max Heindel eroit que Phomme

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d 'a uj ou rd 'hui deviendra un «su pe r-h om me» . Certes, il ne sera pas encore to ta lement parfait , seul le «Corps du Desi r» le sera. C ’est la encore un non-sens a mettre sur le compte d ' u n e doct rine incoherence.

La Periode de VenusC ’est encore une per iode tres courte. L 'homme evolue,

evolue... 11 gr impe allegrement vers les « M o n d es» subtils! Rien ne I 'arrete, sa rnarche ascendant e est irresistible. La per ­fection est toute proche.. .

Les «globes» ont eux aussi franchi une nouvelle marche: les « M on des touches» son t successivement (de has en haut) : « M o n d e s du Desir, de la Pensee Concre te , de la Pensee Abs- traite et de I 'Esprit Vital».

II va de soi que, toujours selon Max Heindel. la creation tout entiere est censee evoluer: nos mineraux actuels devien- dront des plantes et nos plantes des hommes!

Q uunt aux Esprits Vierges de la per iode de Saturne - les ho mmes de notre per iode terrestre - ils seront comm e des «demi-dieux»! L'etat de conscience de l 'homm e at teindra un niveau proche de la perfection absolue : il possedera la «Conscience de soi, creatrice et o b j e c t i v e s et le «C orps du Desir», lui, sera parfait . L’«Ame Tntellectuelle», c'est-a-dire la deuxieme com pos ante de !’« Arne-triple», sera «absorbee» par I 'Esprit vital tandis que 1'Intellect aura acquis le «senti- ment » : «il pourra creer des choses qui vivront, croitront et qui seront douees de seniim ent» l43.

Max Heindel ne dit pas grand-chose sur cette Periode. Neanm oins , et a I ' instar de tous les occultistes et ros icru­ciens, il affirme que l ' hom me tend vers un etat de perfection.

I.a Periode de VulcainC ’est de nouveau une «Per iode» tres courte. Les «globes»

se trouvent, pour ainsi dire, a la case de depar t : ils sont si- tues, en effet, sur la m em e ligne que ceux de Saturne.

C'est la derniere «Per iode», la plus elevee et la plus su ­blime, du moins pour l 'homme qui touche, enfin, au but.

141 M. Heindel, ibid., p. 420.

Apres des miiliers et des miliiers d 'annees , ie chemin de revo lu t ion prend fin: il est devenu un «homme-dieu»! Sa «Conscience Spirituelle et Creat r ice» sera des plus elevees. L'« lntel iect» est f inalement absorbe par i ' « Esprit divin» de meme que L '«Ame emot ionnel le» par l '«Espr it humain». Desormais, l 'homm e possede la perfection absolue, il est Dieu. C o m m e tel, il est le «Verbe C' reateur»: «II pourra ap- peler a l 'existence, note Heindel, au moyen de 1' imagination, des creatures qui vivront, croitront, qui seront douees de sen­t iments et qui penseron t,44.» Ainsi, 1'homme-initie de la Pe­riode de Vulcain, V hom m e-parfait, pourra-t-il a son tour creer des «formes vivantes, agissantes et pensantes».

La vieille promesse du Serpent «Vous serez comme des dieux (comme Dieu), connaissant le bien et le mal» (Genese 3: 5) a trouve echo chez Max Heindel et ses disciples. Francis A. Schaeffer, lui. a bien mis en evidence la perversite de Sa­tan qui ne cesse pas de nous faire miroiter le desir d 'etre libre et puissant , en d 'aut res termes au to nom e et souverain: «Par le biais d 'un e demi-verite, Satan inaugure en fait une tact ique qu'il a tres souvent employee depuis. Si Eve choisit de des- obeir et de se revolter, elle acquerra un savoir empirique du mal et de ses consequences, qui sans cela lui demeurerai t inaccessible. I l y a dans les propos de Satan une certaine me- sure de verite. Certes, il offre un savoir. mais a quel prix? (...) La chute a ete pour Eve une exper ience en tous points nega­tive. Elle en connaissait d 'avance le contenu. (...) Satan a done menti: jamais Eve ne sera 1'egale de Dieu. parce que le mal est totalement et ranger a la nature divine. Dieu est Dieu parce qu'il est infini, tout-suffisant, ce que nulle creature ne pourra jamais e t r e M5.»

Le mensonge de Satan cont inue de seduire quant ite de gens en quete d ’absolu et de pouvoir . Malgre les avertisse- ments pourtant clairs de la Bible, l ' homme s’enferme dans ses il lusions: il espere qu 'un j o u r il sera comme Dieu. Tragi- que meprise, car Dieu, le Crea teur Tout-Puissant , Saint et Juste, ne peut pas voir le peche des hommes. Car la Saintete de Dieu s 'oppose categoriquement au peche. Autrement dit, j amais , au grand jamais , l ' hom me pecheur ne peut s 'appro-

144 M. Heindel, ibid., p. 420.145 F. A. Schaeffer. La Genese. berceau de I'histoire, pp. 79-80.

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cher de Dieu, encore moins deveni r son egal. Seul, Jesus- Christ , Dieu ver itablement incarne, est notre media teur entre le Dieu trois fois saint et I 'homme pecheur . Hors de cette voie, il n'y a aucune aut re solut ion possible.

Et Thistoire recommence...Cette rocambolesque histoire d e v o l u t i o n pourrai t s 'ar reter

la. Mais non! Max Heindel cont inue sa descr ipt ion: «Vien- dra ensuite un long intervalle d ’activite subjective au cours de laquelle I’Esprit Vierge assimilera tous les fruits des Pe- riodes septenai res de Manifestat ion Active. II sera alors ab- sorbe en Dieu de qui il emane, de qui il emergera a nouveau a I’aube d ’un aut re G rand Jou r (de Manifes ta tion) l46.» Ainsi, I histoire se renouvelle, recommence a nouveau, avec son cortege de souffrances, de douleurs et de reincarnat ions. . .

En ce qui concerne les «Espri t s vierges», leur periple dans la matiere a done pris fin. Apres une tres longue evolution, ils sont main tenant devenus des «dieux» parmi les millions d 'aut res «dieux». Ils vont pouvoir po ur un temps aider leurs com pag nons moins avances qu 'eux, puis apres cela ils seront hors d'atteinte. Plus personne n ' en t endra parler d ’eux: ils ont ete «absorbes» a tout jamais par I'infini.

La doct rine rosicrucienne de Max Heindel a connu en son temps un succes considerable, sur tout aux Etats-Unis. Forte- ment inspiree par la Theosophie , elle a de tres nombreux points co m m un s avec I 'Anthroposophie de Rudo lf Steiner que nous allons etudier au chapit re suivant. De nos jours, cette doctr ine tres connue des occult istes est quelque peu tombee en desuetude. Le caractere dogmat ique et formaliste de l ' enseignement est peut-etre la cause de la relative desaf- fection que connait le mouvement . Seule une poignee d 'adeptes , fideles et disciplines, suivent la trace de leur fon- dateur. Ils esperent que leur «Chr ist ian isme esoterique» sera un j o u r une religion universelle...

'4'’ M. Heindel. ibid.. p. 422.

C H A P I T R E VIII

L’Anthroposophie de Rudolf Steiner

La doctr ine ant hrop os op hi que de Rudolf Steiner, tout comme celle de son «eleve» Max Heindel , est d' inspirat ion net tement theosophique. Elle se reclame neanmoins de la Rose-Croix, car le fondateur de I’Anthroposophie connais- sait bien les cercles rosicruciens de la fin du X I X e siecle. S'il n ’a pas ete lui-meme membre d ’une secte rosicrucienne, Stei­ner a repris pour son compte un certain nombre d' idees et de prat iques qu'il a ensuite adaptees pour les besoins de sa n o u ­velle organisation.

Grosso modo, la doctr ine ros icrucienne de I 'Anthroposo- phie ressemble t ies fortement a celle de Max Heindel: il s ’agit en effet d 'un e theosophie rosicrucienne avec tout le pro­cessus evolutionniste que nous connaissons bien. C'est la rai­son po u r laquelle notre expose sera relativement court. Seuls les points dignes d' interet feront l 'objet d ’un approfondisse- ment./. Evolution planetaire et etats de conscience

La doctr ine de 1’evolution telle que Ru do lf Steiner l'ex- pose n ’est qu 'u ne variante de celle de la T h e o s o p h ie 1. Par contre, elle ressemble comm e deux gouttes d 'eau a celle de Max Heindel: le schema evolut ionniste est absolument iden- t ique a celui de la Cosmogonie. Seules subsistent des diver­gences dans le detail.

Dans son ouvrage intitule Theosophie du Rose-Croix, Ru ­do l f Steiner developpe sa theor ie personnel le de revolu tion de la terre et de I 'homme. Si sa doctr ine ne parait pas a pre­miere vue aussi compl iquee que celle de Heindel, cela vient

1 La doctrine theosophique admet dix «plans d 'evolution» (ou reincarna­tions de la terre) dont sept auraient des planetes dans le monde physique: Neptune. Uranus, Saturne, Jupiter. La Terre (Mars et Mercure v compris). Venus et Vulcain.

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du fait que Rudolf Steiner est un remarquahle pedagogue et aussi un erudit : ses conferences et ses ecrits sont, il faut le re­lever, d 'un e clarte exceptionnelle.

Cep end ant , nous rappelons que la doct rine theosophico- rosicrucienne repose sur le principe de revolu t ion de la conscience de l ' homme et que cette evolut ion est «plane- taire». La terre, matiere vivante, se reincarne sous differents noms ; l ' hom me de meme se reincarne et, par tan t du regne mineral , about i ra au monde spirituel le plus eleve. En d 'au t res termes, r « h o m m e - m in e r a l» est appele a deveni r « Homme-espr i t» , c 'est-a-dire Dieu!

Le premier monde est Saturne. Selon Steiner, les hommes existaient dans l '«ancien Saturne», mais avec un etat de conscience fortement at tenue! (Le «corps physique» etait en train de se construire.) Cet etat de «conscience a t tenuee» s 'appelai t 1'«etat de t ranse»! Aujourd 'hui . les mineraux se­raient, eux aussi. dans cet etat de «consc ience rudimenta i re» , au t rement dit, en transe!

D'apres Rudolf Steiner. I'homme «normal», c'est-a-dire non-ini- tie. ne peut connaitre l'etat de conscience de «Saturne». Seuls des mediums pourraient descendre a ce niveau. «Ces etats mediumni- ques ne sont pas inconnus de la psychologie moderne; (...) Mais lorsque, dans cet etat de transe, le medium se met a depeindre ou a dessiner ce qu'il a \u ou vecu, ses ebauches nous revelent un monde singulier qui n'est pas le notre. Ses dessins peuvent etre grotesques, ils n'en rappellent pas moins ce que nous appelons dans la science occulte des etats cosmiques-.» Ainsi. I'Anthroposophie base sa connaissance sur I'experience occulte, et non sur la Revelation bi­blique.

Le monde suivant est le Soleil. Le «corps ether ique» (ou «corps vi tal») est venu s 'a jouter au «corps phvsique». C'est l'etat de conscience equivalent a celui de notre sommeil . En ce temps-la, et selon les propos de Steiner, les hommes avaient une «conscience ensommei l lee»! De nos jours, ce se­rait les plantes qui auraient le meme degre de conscience. «Les plantes, lit-on dans son ouvrage cite, dorm en t sans j a ­mais se reveiller, et el les pourra ient , si el les avaient le don de la parole, nous raconter ce qui se passe sur le solei l ; el les ont.

en fait, une «conscience s o l a i r e ’.» A notre avis, il n y a pas de risque que nos plantes se mettent un jo ur a parler...

Le « monde de la Lune» est le t roisieme etat de conscience. C'est . di t-on, une etape tres importante. Le «corps as t ra l» est venu s 'ajouter au «corps physique» et au «corps etherique» pour les t ransformer et les ameliorer . Ainsi, a chaque no u­velle « re incarnat ion de la Terre», l 'humani te se per fectionne de plus en plus. L 'homme, en effet, passe par un nouvel etat de conscience appele c o n s c i e n c e des images». En d 'aut res termes, l 'homme vivait dans un «etat de reves». «La vie inte- rieure de l 'homme d'alors, ecrit Steiner, se ramenait a une succession d ' images, comparables a celles de nos reves, mais ces images representaient des faits ree ls4.» Reves ou realite, sur ce point-la Rudo l f Steiner n'est pas tres au clair, c'est le moins qu on puisse dire. De toute la^on, il est en contradic­tion f lagrante avec le message bibl ique qui affirme sans d e ­tour que l 'homme a ete cree conscient et responsable, c ’est-a- dire doue au depar t de toutes ses facultes intellectuelles, psy- chiques et spirituelles.

La Terre serait la reincarna t ion de l '«ancienne lune». L'«etat de reves» s'est plus ou moins es tompe; desormais la conscience de l ' homme s'est cons iderablement developpee. Paral lelement l'etre humain atteint son apogee, son etat de per fect ion: les systemes sensoriel, glandulai re, nerveux, nu- tritif, reproductif , etc., sont main tenant acheves. Rudol f Stei­ner s’extasie devant la beaute de l 'homme. C'ertes, la creation originelle de l 'homme est une chose absolument merveil- leuse: la perfection etait le signe distinctif de I 'oeuvre de Dieu. Mais la creation, au depar t absolument parfaite, fut ternie par le peche, probleme purement et s implement esca- mote par Steiner.

La creation de Dieu fut certes une oeuvre achevee, par ­faite; mais elle fut destabil isee par le peche. Les conse­quences, nous les connaissons: maladies, infirmites et mort. Dans ces circonstances, il nous parait difficile d 'aff irmer que l 'homme, pecheur des sa naissance, soit encore pariait. La Bible ne nous invite pas a une telle demarche: elle considere que le peche a totalement cor rompu l 'homme, que l ' image

; R. Steiner, ibid., p. 108.4 R. Steiner, ibid., p. 109.

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qu'il avait de Dieu est ternie. que son corps doit retourner a ia poussiere, mais qu' il ressuscitera lorsque le Christ revien- dra sur la Terre, soit pour la vie, soit pour la mort eternelles.

Quani au peche. Rudo l f Steiner ecrit a ce propos : «Sur chaque planete, nous t rouvons aussi des entites qui. ayant re­fuse de progre sses sont restees s tat ionnai res dans leur evolu­tion. Cela nous permet de formuler cette loi: c'est I'esprit le plus evolue qui tombe le plus bas, lorsqu'i l arrive a dechoi r, en refusant d 'avan cer dans la ligne du progres. C'est la ce qu 'o n peut appeler le «grand p e c h e » 5. lei encore, Steiner se place hors du contexte bibl ique: le peche n'est pas le refus de progresser ou de rester dans l ' ignorance. Non! Le peche n'est aut re que le refus de I 'homme de se laisser condui re par Dieu. Le «plus grand peche», si nous osons employer cette expression, c'est le fait de ne pas reconnai t re que Jesus- Christ est bien le Seigneur et le Sauveur du m on de bien que la conscience de I 'homme ait ete avertie, s inon eclairee par le Saint-Espri t . Le « m o n d e de Jupi te r» suit do ne de pres la Terre. II est evident que Rudolf Steiner ne peut decrire avec precision quelle sera I 'existence sur cette «planete». L 'h om m e developpera la «consc ience psychique». Mais, nous auron s 1'occasion de l ' app rofondi r au chapit re suivant, il serait possible de connai t re cet etat de conscience «psychi- que» des m ain tenant par I' initiation.

L 'avant -derniere etape du «voyage dans le Cosmos» conduit I 'homme dans le « monde de Venus». L'etat d 'evolu- tion de l’humani te de Venus est celui d ' un e «conscience ins- pi rat ive»! Les entites de cette «pianete» pourront chanter a l 'unisson la «musique des spheres». Autrement dit, les hommes seront censes j o ue r une vaste symphonie. . .

Le sept ieme et dernier etat de conscience de I 'homme, ce­lui dit de «Vulca in» , est le sommet de toute sa croissance psycho 'occul te . L 'homme, c 'est-a-dire le Moi, at teint la ple­ni tude de son deve loppement : il possede au degre le plus eleve la «consc ience spiri{uelle». il est presque Legal de Dieu et peut percevoir tout ce qui se passe dans l '«entourage cos- mique».

Ainsi done, nous cons ta tons que la doctr ine anthroposo- phique est reso lument theosophique et pantheiste. Co m m e

5 R. Steiner, ibid., p. 123.

nous l ' avons deja dit a propos de Max Heindel, cette do c ­trine n'a aucun fondement seriettx. La seule source de connaissance veritable qu'est la Bible, parole inspiree de Dieu, est soit deformee soit mise de cote. L'experience sub­jective de l 'homme - I' initiation - prend le pas sur la Parole objective et ver idique de Dieu.2. L'anthropologie de Steiner

C 'est le po in t fort de I'A n throp oso ph ie! Reprenant les themes de la Theosophie, Rudol f Steiner decompose l 'homme en neuf «elements consti tut ifs» dont deux s’emboi- teraient I'un dans I 'autre! Les neuf corps seraient ainsi re- duits a sept ' ’.

Le premier corps n'est aut re que le «corps p h y s i q u e s c 'est-a-dire mineral. 11 se t rouverai t dans le «Devach an supe- rieur». La matiere est en soi inconsciente, mais si celle-ci est reliee au «M oi» , alors elle est «vivante». L'initie qui realise- rait cet etat de chose * et qui serait parvenu ju squ 'au « monde de l ' intui t ion» - serait done en mesure d 'acqueri r un pouvoi r sur son propre corps.

Le corps suivant est le «corps e t h e r i q u e » \ appele aussi «corps de vie» ou «corps vi tal». 11 serait en relation avec les regnes vegetal et a n i m a l s. « P o u r le voyant, ecrit Steiner, il a approximat ivement la meme forme que le corps physique. Ce corps vital est, en quelque sorte, un champ de forces. (...) L’ap pa rence du corps etherique est celle d 'un e forme lumi- neuse qui, de toutes parts, depasse legerement le corps physi­que y.» Ce «c h am p de forces» serait tres a c tif au niveau des regnes mineral et vegetal dans 1'edification des «formes ma- teriel les». La forme humaine serait l 'oeuvre des «forces-for- matrices etheriques». Ainsi, par exemple. le coeur humain se­rait I 'exacte replique du «coeur etherique»! A noter aussi que

* La doctr ine theosophique d i\ise aussi I’homme - qui -serait en son es­sence une «Ltincelle de Feu divin» - en sept parties, ou plutot en sept etats de matiere ou « m ondes»: Monde Divin. Monadique. Spirituel. de I"Intui­tion. Mental, de I 'Emotion (ou Astral) et Phvsique.

Le «corps etherique» serait de sexc leminin chez l'homme et de sexe masculin che / la femme!

8 Rudolf Steiner reprend egalement la theorie dite «dcs regnesn. Le monde serait decompose en differents etats de matiere, du plus «dense» au plus «subtil»: regnes mineral, vegetal, animal, humain . etc.

4 R. Steiner, ibid., pp. 29-30.

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la «conscience des vegetaux» se t rouverai t dans le «Deva- ehan inferieur».

Troisieme e lement de l 'homme, le «corps as t ra l» ou «corps psychique» qui serait en correlat ion avec le regne a n i ­mal. A ce stade, l 'homme parviendrai t j u s q u ’au «m o nde as­t ra l». Les passions, les tourments et les desirs de l ' homme aura ient leur siege dans le «corps astral». Naturel lement, le «corps as t r a l» est en relation etroite avec les forces qui coor- donnent le «m o n d e astral». Autrement dit, la matiere «as- trale» n'est rien sans ces mysterieuses «forces». Nous retrou- vons la le langage theosophique de Max Heindei lorsque ce­lui-ci parle d ' «Hierarchies creatrices». L'aspect occulte de I 'An throposophie appara i t ici dans toute son evidence.

La quat r ieme partie de la const i tut ion de l 'homme, le plus important pour le moment , est le «Moi» . L 'homme s'eleve au «sommet de la creation terrestre»! La conscience de l ' homme atteint le « m o n d e psychique». Rudol f Steiner ecrit: «N ou s avons les trois corps originels de l 'homme: les corps physi ­que, etherique, astral, et le Moi. Le Moi est l’element actif de ces metamorphoses , il s 'a t taque d ' abo rd aux corps inferieurs, ce qui, par tiel lement, est deja chose faite pour l ' homme ac- tuel. De ce travail inconscient naissent les germes des ele­ments superieurs: Manas , Bouddhi , A t m a l0.» Ainsi, nous constatons que le «M oi » joue un role charniere entre les «m ond es inferieurs et superieurs».

Le «M oi » exerce aussi une activite fort importante au ni­veau de l ' ame, ou plutot des ames! La « theosophie rosicru- cienne», c'est-a-dire I 'Anthroposophie . dist inguerai t en effet « l ' ame sensible, l ' ame d ' en t endem en t et l ' ame de conscience)). Le travail du «M oi » consisterait a eveiller en l 'homme la conscience. C 'est en tout cas ce qu 'af f i rme R u ­dol f Steiner: «Ce n'est que dans l 'ame de conscience que s’amorce la m etamorphose consciente. C ’est la que le Moi comm ence son travail. En premier lieu, il developpe le M a ­nas dans l ' ame de conscience, puis de l ' ame d ’entendement sorti ra le Bouddhi ou Esprit-de-vie com me pendan t au corps de vie ou corps e therique et, enfin, de l ' ame sensible naitra le vrai Homme-espr i t ou A t m a " . » II est impor tant desoul igner ,

10 R. Steiner, ibid., p. 35.11 R. Steiner, ibid., p. 36.

d 'u n e part, que le «Moi » travaillerait d 'abo rd sur les ames. ensuite sur les corps et que. d ' au t re part, l’ame serait «engai- nee» dans le corps astral et q u ’il en serait de meme pour l’ame consciente et le Manas.3. Karm a et reincarnation

La doctr ine ant hrop osop hi que est, a I' instar des autres sectes rosicruciennes (sauf peut-etre le Lectorium Rosicrucia­num), fortement impregnee d ' h indouisme. De nouveau nous ret rouvons la loi du destin, le Karma, la reincarnat ion, etc., avec toutes ses contraintes et ses erreurs. « L 'homme, ecrit Steiner, determine son avenir par son p a s s e | : .» La loi du Karma - appelee aussi «en chainement de cause a effet - ri- gide et dogmat ique, est fondam enta l e pour les rosicruciens: elle consti tue le fer de lance de toute leur doctr ine evolution- niste et perfectionniste.

Selon les enseignements an throposophiques , l ' homme est con dam n e a vivre dans la d ep end anee des «forces karmi- ques». « Entre la naissance et la mort. lit-on dans le meme ouvrage, I'etre humain est en toure continuel lement d 'un ch am p de forces karmiques qui, invisiblemcnt, influent sur sa vie et la d i r i gen l l3.» L 'h om m e serait-il dirige par des puis ­sances invisibles? Sur ce point, Rudo l f Steiner est explicite: «Ainsi vous devez vous rendre compte que vous etes diriges dans votre vie par des puissances que vous-memes ne connaissez pas . (...) Ces forces ou entites ne sont pas incon- nues des occultistes. (...) On appel le dem ons les entites qui continuel lement impregnent et asservissent le corps astral. En fait, les entites que vous engendrez vous-memes, a chaque instant, par vos pensees vraies ou fausses. s 'accroissent peu a peu et deviennent des demons l4.» Ainsi, et quoi que nous fassions, notre vie serait controlee par des demons que l 'homme lui-meme et a son insu e n g en d re r a i t l5. L'aspect dia- bol ique du Karma appara i t ici tres net tement. Ces «puis- sances» qui environnent l 'homme, ne sont-elles pas des de­mons , des serviteurs du diable?

R. Steiner, ibid.. p. 77.1' R. Steiner, ibid.. pp. 85-86. C ’est nous qui le soulignons.IJ R. Steiner, ibid., p. 86. C ’est nous qui le soulignons.15 Selon R. Steiner, Jesus guerissait les possedes en chassant les demons

du corps astral!

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La mor t est, selon les enseignements theosophiques et oc­cultes, la rupture de la corde d 'a rgent ; elle est aussi la sepa­ration du corps phys ique d 'avec les corps astral et etherique. Les instants qui suivent la separa t ion de f a m e et du corps ont deja ete enonces dans le chapit re precedent .4. La renaissance

Le Karma, nous le savons, est de terminant po ur le proces­sus de la re incarnat ion: un «b on » karma est synonyme de «re-na issance» reussie; un «mauvais» karma annonce une vie difficile. C'est dans les «m ond es subti 1 s» que se joue l ' avenir de l 'homme sur la Terre. Autrement dit, c'est entre la mort et la «nouvelle naissance» - qui est toujours une longue per iode d ' a t t e n t e 16- qu 'u ne nouvelle existence se prepare. Se­lon Rudo lf Steiner, Fame qui decide de se reincarner choisit le couple! Plus exactement, «le corps e ther ique attire 1'entite vers un peuple, vers une famille, le corps astral par ticul iere­ment vers sa mere; le Moi, vers le p e r e » r .

Le developpement et la construc tion du corps physique n'est pas le meme selon que l 'homme, dans son incarnat ion anterieure, etait initie a l 'occultisme ou non. Pour l 'homme «ordina ire», un delai de deux a trois semaines sont neces- saires pour que le Moi, le corps astral et le corps etherique puissent s’«emparer du germe humain»! Car, selon Rudolf Steiner, «plus on tarde a s ' emparer du germe et moins on do- minera son corps p h v s i q u e » 18. Par contre, les inities ne connaissent pas ce probleme. «P o ur les individuali tes haute- ment evoluees, ecrit Steiner, futurs guides spiri tuels de notre Mo nde, le moment de leur empr ise sur le germe se situe des 1’instant de la concept ion t9.» Autrement dit, la concept ion occulte de l ' individu serait inconsciente chez l’ho mme non- initie et consciente chez l' initie. Dans le dernier cas seule- ment , l’ho m me aurai t le privilege d 'e laborer en toute connaissance de cause son propre corps!

Ces enseignements sont, une fois de plus, en d i sacco rd ab- solu avec la Parole de Dieu. II n'y a pas un seul verset dans la

lft R. Steiner ecrit a ce su je t: «L'investigation occulte (sic) revele que l’homme revient, en moyenne. apres une periode de 1000 a 1300 ans.»

r R. Steiner, ibid., p. 67.18 R. Steiner, ibid.. p. 68.19 R. Steiner, ibid.. p. 68.

Bible qui affirme que l’ho m m e petit construire son corps: l 'homme n'est jamais designe comm e son propre createur. Ce role n 'appart ien t qu 'a Dieu. Le roi David, auteur inspire du magnifique psaume 139, le dit clai rement: «C"est t o i20 qui as forme mes reins, qui rn’as tisse dans le sein de ma mere. Je te loue de ce que je suis une creature si merveilleuse. Tes oeuvres sont admirables , et mon ame le reconnait bien. Mon corps n'etait point cache devant toi, lorsque j ’ai ete fait dans un lieu secret, tisse dans les profondeurs de la terre. Quan d je n'etais qu 'une masse informe, tes yeux me voyaient; et sur ton livre etaient tous inscrits les jours qui m ’etaient destines, avant qu 'aucun d 'eux existat (Psaume 139: 13-16).» Pour nous, il n ’y a pas I’ombre d 'un doute : Dieu est notre createur, il nous a crees a son image et il nous a «recrees» en Jesus- Christ . De creature que nous etions, nous sommes devenus, par la foi au Fils de Dieu, une nouvelle creature.5. Une connaissance salvatrice?

En definitive, ce qui qualifie le systeme de pensee Rose- Croix et theosophique, c'est la valeur de I'elTort humain qui compte pour le «salut». La connaissance, c'est-a-dire la voie qui mene a l ' i l lumination divine, sur cette Terre est une uto- pie. Connai tre le mystere de nos origines et celui de notre dest inee serait, pour les adeptes de I 'esoterisme une possibi­lity reservee aux seuls inities. L 'apot re Paul, lui, emploie un tout autre langage. II croit que la connaissance seule ne sauve pas: la foi, mais aussi l ' amo ur pour le Christ vivant sont am- p lement suffisants. Car la connaissance telle qu'elle se pre­sente actuel lement, c'est-a-dire partielle, obscure et limitee, est co ndamnee a disparaitre! (Cf. I Corinthiens 13: 8-10.) Par contre, lorsque tout sera parfait (I Corinthiens 13: 10), alors l’homme pourra enfin se connai t re comme jamais il ne s'est connu : Dieu lui donnera la vraie connaissance de Dieu - l’ho mme verra Dieu face a face! - ainsi que celle de l ' homme - «je connai trai comm e j 'ai ete connu» (I Cor in­thiens 13: 12). Pour Paul, la connaissance n'est que passa- gere; par contre, la foi, I’esperance et l ' amour sont eternels. Ainsi, la connaissance, si elle est utile pour le croyant. ne peut a elle seule assurer le salut. La foi, alliee a la connais-

2(1 C ’est-a-dire Dieu.

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sance - a la vraie connaissance en Jesus-Chr is t - est le seul moyen de salut qui a ete do nn e a l 'homme. Sommes-nous de ceux qui acceptent ce chemin de salut?

C H A P I T R E IX

L’organisation et l’initiation des mouvements rosicruciens

Durant plus de trois cents ans, les mouvements de la Rose- Croix existerent tant bien que mal. Son fondateur presume, Jean-Valent in Andreae, fut tres tot rendu prudent a cause des at taques dont il fut l 'objet; de meme ses disciples, emules ou successeurs, durent faire front, avec des fortunes diverses, aux violentes critiques qui leur furent adressees et resterent, eux aussi, dans une longue expectat ive en a ttendant des jours meilleurs. Les mouvements rosicruciens connurent tout au long de leur breve histoire des hauts 1 et des bas, les periodes de renouveau s ’al ternant avec celles de «sommei l». De ce fait, le ros icrucianisme vegeta plus ou moins et ne connut pas de progression numerique importante.

Cependant , le debut de notre siecle marqua la renaissance et surtout la stabilite du rosicrucianisme. Cela est du, selon nous, a une regression de la foi chretienne, mais aussi aux re- marquables talents d 'organisateurs de Harvey Spencer Lewis pour I 'A.M.O.R.C. et de Max Heindel pour l 'Association ro- sicrucienne. Quant au Lectorium Rosicrucianum, qui verra le jo u r peu apres la Premiere Guerr e mondiale, il beneficiera, lui aussi, de solides appuis de ses fondateurs. L'organisat ion des differentes sectes rosicruciennes n ’est pas de meme type. Celle de I’A.M.O.R.C. , a laquelle nous allons consacrer une bonne part ie de ce chapitre, est tres proche de celle des socie- tes secretes m a^o n n iq u es2. Par contre, l’Association Rosicru-

1 II est assez curieux de constater que les resurgences des mouvements Rose-Croix se produisirent presque toujours avant des crises politiques gra­ves: debut du XVIIe siecle et guerre de Trente Ans, fin du XVI1 Ie siecle et Revolution Franchise de 1789, debut du X X e siecle et guerre de 1914-18. Et aujourd 'hui, a quoi correspond ce renouveau rosicrucien? N'est-ce pas la le signe d ’une recrudescence des forces du mal agissantes?

2 II s’agit du «Rite Egyptien de Memphis-Misraim» cite plus haut. H .Spencer Lewis en etait membre et il avait atteint le 90c degre!

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cienne de meme que l 'Ant hroposophie s’identifieraient p lu­tot aux societes theosophiques tandis que le Lectorium Rosi- cruc ianum a juge bon de ne pas se doter d ' un e structure « lo u rde»: il faut dire, au demeurant , que sa sphere d ’activite se limite pr incipa lement aux Pays-Bas et a la France.

Toutes les organisat ions rosicruciennes sont tres hierarchi- sees. Leurs structures sont tres compar t imentees, hermetiques et surtoul tres rigides. C 'est le principe de J'echelle pyrami- dale qui est universel lement adopte par tous les mouvements ou societes initiatiques. A la base de cette pyramide se trou- vent tous les candidats, ou neophytes ou «chercheurs» , c ’est- a-dire tous ceux qui ont fait une de m an de ecrite afin d'etre admis dans l 'Ordre. Ensuite, viennent l ' ensemble des mem- bres qui sont subdivises en classes (ou degres). Enfin, tout en haut , se situent les grands Inities et les chefs de l 'Ordre. Dans le cus de I’A.M.O.R.C. , l’lm p e ra to r en est la tele supreme, personnage quasi infaillible disposant d 'un pouvoi r et d 'un e autor ite absolument incroyables.

L’organisat ion des societes rosicruciennes est, comme nous le verrons. tres au point. Tout semble, en effet, baigner dans I 'huile: les rapports, stat istiques et I ' abondance de leur l i t terature tentent de prouver le b ien-fonde de leur puissance, de leur serieux comme de leur stabilite. Cependan t , bien des problemes subsistent au sein m em e des organisa tions les plus re spec tables3. La preuve nous est do nn ee par le nombre tres eleve de divisions et de scissions qui se sont produi tes ces dernieres decennies. Malgre ses dissensions internes, la Rose-Croix progresse. Ce succes, tout relatif d'ailleurs, tient pr incipa lement au fait que la Rose-Croix propose une voie et un enseignement par t icul ierement at t rayants. Face aux pr o ­blemes de la vie, le gout pour les choses cachees exerce une puissante fascina tion et nom hreux son t ceux qui tombeni dans le piege de la seduction, d 'au t ant plus que ces societes secretes «presentent» bien aux yeux du grand public. Ainsi. pour nous, le developpement rapide du rosicrucianisme est lie a deux facteurs: le caractere init iat ique d 'u n enseignement or iente vers les preoccupat ions des hommes, et le sent iment

Le cas de I 'A.M.O.R.C. est a cet egard ires explicite: les recents scan- dales et les demissions fracassantes de certains de ses membres les plus en sue ont considerablement terni cel Ordre qui se veut au-dessus de tout soup- V'on.

d ' appar t eni r a une societe «pas comme les autres». capable de promouvoir une veritable fraterni te parmi les hommes. Car I’humani sme rosicrucien nous appara i t comme la cause premiere de 1’ext raordina ire engouement que connnaissent actuel lement les sectes Rose-Croix. D 'ou la necessite pour nous de bien com prendre I 'organisation et les methodes d' ini t ia t ions rosicruciennes.l/organisation de I’A.M .O .R .C./. L'organisation generate

«L'o rdre rosicrucien authent ique A.M.O.R.C. est, lit-on dans le M anuel Rosicrucien, une organisat ion mondiale forte- ment hierarchisee en vue d ’at teindre a la plus grande effica- cite possible (fig. 5). La juridict ion internat ionale depend d 'u n e seule et unique grande loge dont le siege est situe a San Jose, Californie. Elle s 'e tend au monde ent ie r .»4 L'A.M.O.R.C. , qui pretend avoir 6 mill ions de membres, est present duns le m onde entier, s a u f dans les pays d 'obedience communiste, mais a l ' exception de Cuba! Toutes les activites de I’A.M.O.R.C. sont centralisees aux Etats-Unis sous la di ­rection de la Grand e Loge supreme, ou Juridiction Interna­t ionale, une sorte de pouvoi r executi f pour le monde entier et dont le bureau comprend 5 membres. A 1'heure oil nous ecri- vons ces lignes (avril 1985), les membres directeurs de la G rand e Loge supreme sont respectivement. Ralph M. Lewis, fils du fondateur de l 'Ordre. actuel lement Imperator ; Cecil A. Poole, vice-president; Ar thur C. Piepenbrick, secretaire supreme, et enfin Raymond Bernard, Legat supreme pour les pays de langue fran^aise. Le c inquieme membre etait, ju squ 'a 1981, Alden Holloway, tresorier supreme qui. pour des rai­sons mvsterieuses, a ete bruta lement chasse de l 'O r d r e 5.

Le role de la Juridict ion In ternat ionale n'est pas seulement d ' ordre purement administrat i f , mais plus encore, «spiri tuel» ou, pour etre clair, occulte. C'est de la, en effet, que sont eta- blies toutes les regies du mouvement . Le ritualisme. l'initia- tion, les nouvelles decouvertes parapsychologiques ou

4 H . S. Leu is et K. Bernard, Manuel Rosicrucien, p. 56. Editions Rosicru­ciennes, 1975.

5 Supra p. 104. Du rijifi chez les Rose-Croix.

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L'ORDRE ROSICRUCIEN A.M.O.R.C.

PLAN INFINI

CONCLAVE INVISIBLE

\ /PLAN FINI

GRANDE LOGE SUPREME

rLoges

G.L.internations

G.L. nationales

Chapitres Pronaoi

fig. 5

pscudo-scient i fiques, les or ientat ions philosophiques, etc., ont une seule et meme origine: la G rand e Loge.

Le siege central de San Jose est une veritable ruche bour- donnante . En effet, de tres nombreux et impor tants edifices abritent les services administ rat i fs de I 'A.M.O.R.C. Plus de 500 p e r son nes6 travaillent a plein temps pour l’organisat ion qui, elle. dispose d ’agencements les plus modernes (ordina- teurs, etc.). Naturel lement , les bureaux des pr incipaux diri-

Selon un correspondani. il n'y aurait pas 500 personnes, mais tout au plus une centaine.

geants de l 'Ordre se trouvent dans le cadre verdoyant du Ro- sicrucian Park de San Jose.

En dessous de la G ran d e Loge Supreme se placent les G ran d es Loges de la Jur idict ion Internat ionale. L'extension rapide du mouvement , ainsi que de graves problemes politi- ques, la Seconde Guerre mondia le entre autres. imposerent a la direct ion amer icaine de I 'A.M.O.R.C. un programme de decentralisat ion. Cette reorganisat ion de l’Ordre toucha uni- quement l ' administrat ion, le siege central de San Jose se re­servant la direct ion phi losophico-occul te de leurs enseigne­ments. Les Juridictions Internat ionales sont elles-memes di- visees en G randes Loges Regionales el dont la responsabil i te pour chacune d'elles s ' etend a tous les pays parlant la meme langue. C'est ainsi que les pays de langue fran^aise (France et departements d 'outre-mer, Suisse romande, Belgique, C a ­nada fran^ais, tous les pays d 'Afr ique f rancophone , mais aussi Haiti, Liban et Mauri tanie) dependent d 'une seule et meme Loge dont le siege se t rouve dans le departement de l’Eure, au chateau d ’Omonvi lle , Le Tremblay. Les membres directeurs de la G rand e Loge de langue fran<;aise etaient jusqu'a 1982 le G r an d Maitre Christ ian Bernard, le malheu- reux ex-Grand Secretaire, Maurice Tregouet, et l ' ex-Grand Tresorier, Henri Sessou. elimines sans management de l'Or- dre a la suite d ' un e histoire pour le moins scandaleuse. En plus des permanents de haut niveau, une quaranta ine de per ­sonnes sont employees dans les divers services subalternes (administrat ion, imprimerie, edi t ion, etc.). Les Grandes Loges Regionales sont, c ’est le moins qu 'on puisse dire, les courroies de transmission qui relient la Gra nd e Loge Su­preme aux membres du «sanctu m», c'est-a-dire les membres de l 'Ordre qui etudient chez eux. L’organigramme de I'orga- nisation generate de I 'A.M.O.R.C. est tres explicite et nous montre bien a quel point l 'Ordre dispose d une bureaucrat ie puissante et tentaculaire.2. Les organismes subordonnes de I'A .M .O .R.C .

Ils sont appeles ainsi parce qu' ils dependent directement de la Gran de Loge Regionale. Les organismes subordonnes sont au nombre de trois et cor r esponden t a la propor tion des membres de chaque g rou pem ent et, par la, a 1’ampleur de ses activites. Un rassemblement ne peut etre appele «loge» que

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si celui-ci a au moins 50 membres reguliers; de 40 a 49, le groupe est un «chapi t re» tandis que le «p rona os» doit c o m p ­ter au moins 30 personnes , mais pas plus de 39. La France compte environ 90 a 100 groupes locaux, la Suisse romande environ 6 , dont 2 loges a Geneve et a Grand so n (pres d'Yver- don), la Belgique 2 (Bruxelles et Liege), le Cam er oun 10, la Cote d ' Ivoi re 19, etc. Nous do nn on s tous ces chiffres avec une prudente reserve sachant qu' ils sont tres en dessous du minimum, le mouvement progressant tres vite... Ces statisti- ques, donnees a titre indicatif , peuvent, cependant , etre considerees comme une app roche objective de la realite.

Seuls les membres «actifs et reguliers» de l 'A.M.O.R.C. et qui part icipent de fa<^on assidue au travail du «sanctum», c'est-a-dire a domicile, sont admis de plein droit aux seances des loges, chapit res ou pronaoi . Precisons que, selon le M a­nuel Rosicrucien, « 1'afTiliation a un organisme sub ordonne n'est pas obligatoire, mais el le est vivement con se i l l e e » \ En effet, la lecture attentive du bulletin de la Loge Pax Cordis de G rand so n nous montre bien que les membres doivent s'ins- crire, assez a I’avance, aupres du Maitre ou du secretaire de la Loge ou, a defaut , aupres du Maitre delegue aux initia­t ions pour etre inities.

Les ceremonies rituelles des loges, chapit res ou pronaoi sont, a peu de chose pres, ident iques, du moins dans leurs grandes lignes. Cependant , il y a certaines differences, au premier abord minimes pour le profane , mais qui ont pour le membre de l 'A.M.O.R.C. une certaine importance , notam- ment sur le plan du ri tualisme initiatique.

- La Loge dispose de locaux permanents specialement amenages pour le travail du Ri tue l8. Sur convocation du Maitre, le responsable de la Loge, les membres qui sont a j o u r de leurs cot isations (c'est tres important !) peuvent assis- ter a la seance de travail, non sans avoir montre «patte b lanche» a I'entree. Le Rituel commence toujours par une medi tat ion, sur un theme rosicrucien bien entendu, et il continue selon un ordre, un schema determine. Le port du ta- blier R + C est obligatoire. Le Rituel de la Loge est le seul qui soit complet et il comprend en outre tous les rituels addi-

H. S. Lewis et R. Bernard, ibid., p. 54.B En 1977, il y avait 18 loges en France et 2 en Suisse rom ande.

t ionnels. Une quinzaine d ’«officiers de la Loge et du Rituel» assurent le deroulement de la ceremonie. Parmi les officiants, il y a tout naturel lement le Maitre, dont le siege est place de- vant l’estrade tr iangulaire; ensuite le secretaire de la Loge, le depute-mait re , les colombes (sic), la mater (re-sic), le chape- lain, la chanteuse et le chanteur, le conducteur, le heraut , le medailliste, la grande pretresse, le gardien exterieur et le gar- dien interieur, le maitre aux init iations aux Degres du T em ­ple.

A cote des Rituels, les ceremonies d ’initiation au «Degre du Temple» , qui ont lieu en general le dimanche, occupent une grande place dans la vie de tout membre de I’A.M.O.R.C. Mais ce n'est pas tout, il y a encore les r e p e t i ­t ions de degres», c’est-a-dire la possibility de «revoir et re- penser» les premiers enseignements. C o m m e nous pouvons le constater, le rosicrucien, version A.M.O.R.C. , est apparem- ment une personne fort occupee. . .

- Le Chapit re. Le ceremonial est ident ique a celui de la Loge. Les locaux peuvent etre permanents ; douze otticiers suffisent pour assurer le deroulement des reunions qui com ­prend le « Rituel tradi t ionnel comple t» ainsi que les « Rituels addi t ionnels» .

- Le Pronaos. Le Rituel, assez particulier, est reduit. Condui t par trois officiers seulement , il consti tue une sorte de plate-forme pour le Seuil du Temple, c ’est-a-dire la Loge ou le Chapit re. L' init iation n'est pas do nnee dans les «pro- naoi». Ceux qui desirent s ' init ier en loge sont dans I’obliga- t ion de s'affilier a la Loge la plus proche de leur lieu de d o ­mic i le4.

Ainsi done, I’A.M.O.R.C. dispose-t-elle d ' un e organisat ion puissante, par fai tement rodee et bien structuree. Le travail des Loges, done des membres, est place sous le controle di ­rect de la Gra nd e Loge supreme. Le pouvoir d ’initiative des membres est exclu, toutes les directives venant de San Jose. Cela n ' empeche pas l’Ordre de prosperer en tous points de vue et de progresser plus que n ' impor te quelle autre secte re- ligieuse. C'est , a vrai dire, tres inquie tant pour l 'avenir.

9 II ne faut pas confondre l'in itiation personnelle chez soi (sanctum ), 1 ini­tiation en loge et cel le des degres du tem ple.

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3. L Association des Am is de l'A .M .O .R .C .L’ordre rosicrucien A.M.O.R.C. possede en plus de son or ­

ganisat ion interne des s tructures qui lui permet tent d ’exercer son influence vers 1' exterieur, c ’est-a-dire vers ceux qui ne sont pas membres de l’Ordre. L'«Associat ion des amis de l 'A.M.O.R.C.», qui groupe toutes les personnes qui s ’interes- sent aux activites de l’A.M.O.R.C. , est une sorte d ’ant icham- bre de l 'Ordre lui-meme. Cet te association est composee de personnes qui, tout en ayant de l ' interet pour les activites de l 'A.M.O.R.C. , ne desirent pas, du moins pour le moment , s ’affilier a l 'organisation. Une telle personne ne peut en aucun cas part iciper aux enseignements initiatiques, mais peut, par exemple, s ' a bon ne r a la revue Rose-Croix. Les per ­sonnes «amies» de l’A.M.O.R.C. sont ainsi peu a peu har- ponn ees et certaines d 'ent re elles s’affilient a l 'Ordre tandis que les autres renoncent definit ivement.4. L 'O rdre ju n io r porte-Jlam beaux

L’ordre rosicrucien A.M.O.R.C. accompli t aussi un travail parmi les enfants et les jeunes. Le M anuel Permanent de R e­ference et d 'In form ation do nn e toutes sortes d ' indica t ions au sujet de l 'organisat ion de l’«O rd re ju ni or» com me des ma- tieres enseignees. Ordre internat ional , il est subdivise en trois divisions qui cor respondent a trois groupes d 'age :

- Division des Eclaireurs R + C (enfants de 5 a 9 ans);- Division des porte- f lambeaux (9 a 12 ans);- Division des Croises (adolescents de 12 a 17 ans).L’Ordre ju n io r des por te- f lambeaux a po u r object if d' ins-

truire l ' enfant dans la connaissance initiatique, plus exacte- ment le preparer a l ' initiat ion f u t u r e 10. Ainsi les enfants des l 'age de cinq ans sont «instrui ts» selon les principes occultes de l’A.M.O.R.C. A cet effet, ils re^oivent chaque mois des «le- £ons m a n u s c r i t e s » D e s e x p e r i e n c e s simples» leur sont proposees : elles sont destinees, paraTt-i 1, a developper leur imagina t ion et leur intuition. Ainsi les enfants des membres

10 Les sujets traites peuvent etre consideres com m e une preinitiation. Parmi ceux-ci citons: les cinq sens civiques, les sym boles, les coutum es de I'ancienne Egypte. la pensee creatrice, I’eveil de l'im agination , etc.

11 Les «le<;ons m anuscrites» ne doivent pas etre confondues avec lesm onographies. Signalons aussi que ces cours sont naturellem ent payants.

de l 'A.M.O.R.C., mais aussi des enfants dont les parents ne sont pas adherents ou «Amis» de l 'Ordre, peuvent suivre des cours d' ini t iat ion a la parapsychologie et a l 'occultisme! Certes, il ne s'agit pas des experiences occultes des degres du temple, mais l’enseignement pernicieux que les enfants re^oi- vent les prepare a etre eux-memes des occultistes. C ’est abso- lument effarant de constater que l’occult isme, meme «a pe­tite dose», puisse etre enseigne a des enfants.5. L lnstitu t culturel de I'enfance

Cet «1 nst i tu t» s 'adresse aux parents (et aux futurs p a ­rents). II a pour but de dispenser divers cours relatifs a l'en- fance. L'un de ces cours, le plus important sans doute, est ce- lui qui est dest ine aux futures m am ans : le cours prenatal!6. Les Editions rosicruciennes

L'organisat ion de l’A.M.O.R.C. dispose enfin d 'une so- ciete de type commercial , les « Editions Rosicruciennes». L'ordre rosicrucien A.M.O.R.C. , organisme defini par la loi de 1901, est do ne une associat ion sans but 1 uc ra t i f12; les «Edi tions Rosicruciennes», par contre, exercent une veri ta­ble activite commerciale. . . et fort lucrative. Leurs livres se vendent , en effet, fort chers et sur tout ils se vendent bien l3. Les «Edi t ions Rosicruciennes» quoique independantes juri- d iquement de l 'A.M.O.R.C. sont en fait noyautees par les hauts responsables de l ' O r d r e 14. L’A.M.O.R.C., on le voit, di spose d ' un e organisat ion tres ramifiee et qui s 'etend a pres- que tous les domaines de la vie.L'initiation

Selon la definit ion ros icrucienne de l 'A.M.O.R.C., ^ ' i n i ­t iation fait passer dans le do maine de la raison le but a at-

12 Le m ontant assez eleve des cotisations, la fameuse loi dite « d ‘Amra», les appels de fonds qui paraissent de tem ps a autre dans les bulletins men- suels ou dans les m onographies, font que l'A .M .O .R.C. est une association a la fois riche et apparem m ent puissante. Est-il norm al q u ’une association sans but lucratif puisse investir dans la pierre et acquerir le chateau d 'Em on- ville, classe m onum ent h istorique?

” La Vie mystique de Jesus en est deja a sa 6e edition.14 Selon des inform ations dignes de foi, nous apprenons que le G rand-

M aitre C hristian Bernard, en plus de sa rem uneration de haul dignitaire de I'O rdre, toucherait un salaire des «E ditions Rosicruciennes».

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teindre et dans le dom aine des emot ions, 1'esprii dont nous anime notre int roduct ion aux Mysteres.» II y a done deux initiations, celle qui louche la raison et ceJJe qui est en rappor t avec les emot ions. Mais la premiere initiat ion n'a pas grande impor tance pour Ralph M. Lewis, car, selon lui, «la raison n'est pas suffisante pour acquer i r la maftrise de la vie et I’hom- me ne doit pas compter seulement et uniquemen t sur elle pour assurer son b o n h e u r » 15. Seule l ' ini tiat ion qui fait appel aux sent iments est la plus utile. R. M. Lewis, de nouveau, ne laisse aucun doute a ce sujet: « L'init iat ion esoterique cherche done a laire connai t re a l i n d iv id u le contenu de son ame, a l ' aider a I’exprimer, a en faire une partie de sa conscience au meme titre que les autres elements de sa vie. Elle s ’efforce de faire de I ' intelligence de I’ame, non pas seulement un pr ineipe phi - losophique ou un rite dans un mystere, mais une realite pour I 'homme. En consequence , nous pouvons dire que l ' initiat ion rosicrucienne est un processus ou cette m e th o d e qui a po ur but 1' acquisi t ion de la conscience interieure, I 'experience de la Conscience Cosmique . (...) L' init iat ion ros icrucienne a pour but le reveil de ce moi in te r ie u r '6.

Les monographies donn en t aussi quelques definit ions fort interessantes car «esoter iques»: « L'init iation est.. . une repre­sentation. un dram e virtuel. Son objet est de depeindre d ' un e maniere dramat ique certains principes ou un point particu- lier de la connaissance . (...) Certains insignes et divers acces- soires sont d o n e employes dans les initiations po ur cette tres importante raison psychologique 17.» Grace a l ' initiation, «des profondeu rs de notre etre, de la percept ion et de la comprehens ion du moi divin au-dedans de nous, jaillit une f ranche evalua tion de nous-memes . En d 'aut res termes, nous sommes amenes face a face avec notre m oi reel la partie d i ­vine de notre etre» l8.

De son cote, L'Associat ion Rosicrucienne, par la plume de Max Heindel , precise que le but de l ' ini tiat ion est de reveler au candida t ses facultes latentes. ses capaci tes qui sommeil- lent et l ' initier a leur emploi ; il lui explique ou lui app rend,

,J R. M. Lew is, Le sanauaire interieur, p. 140. Editions Rosicruciennes,1980.

R. M. Lewis, ibid.. pp. 140-141.■* lcr degre neophyte, prem ier portail, p. 1.18 ibid., p. 3. C 'est nous qui le soulignons.

pour la premiereJois, la maniere de t ransmuer son energie sta- t ique en pouvoi r d y n a m i q u e 19. Enfin, le Lectorium Rosicru- c ianum considere que «l ' init iat ion est une montee graduelle, une ascens ion: c'est la montee d 'un escalier aux nombreuses marches, une ascension ent reprise sous I’egide de nombreux guides et soutenue par une aide scientif ique organisee» 20.

Dans le M anuel Rosicrucien, nous lisons ces lignes qui re- t iennent notre at tent ion: «Le but de la prepara tion est done d'etre f inalement admis. par initiation cosmique. a la grande fraternite, ou le maitre appara i t ra au disciple qui est pret, afin de l ' instruire personnel lement et de le conduire a un plus grand developpement qui lui assurera, un jour , la di- gnite de maitre, l’affectation d 'un e mission d ' imperator , de mage, de h ierophante ou de grand-mai t re inslalle et initie dans une phase du travail terrestre et, de cette maniere, l’affi- l iation a la grande loge b lanche 21.» Propos confi rme par une m on ograph ic du 9e degre: «Le pr incipal grand but de tous ceux qui ent rent dans le domaine de I ' i l lumination et du mys- ticisme divins est de deveni r le com p ag n on et l 'eleve d 'un G r a n d Maitre ” .» Quel G r an d Mai tre? Le Maitre invisible pardi! ou plutot le diable! C ar cette monographie do nn e une descript ion tres detaillee pour ent rer en contact avec le Mai ­tre invisible. Une fois le contact etabli, le «Mai t re» se fait connait re oralem ent au disciple Rose-Croix A.M.O.R.C.! «Vous sentirez, lit-on dans le resume de la monographie, la presence de quelque pouvoir mystique, et vous entendrez une voix qui donnera a votre moi interieur la r e p o n s e :3...»

Comn'ienl ( ' initiation est-elle possible? Et quel est son but f inal? Le M anuel Rosicrucien, manuel de reference dit-on, precise que «le developpement interieur et l eveil des centres psvehiques ne sont pas pleinem ent per^us par la conscience ob­jective du disciple»Zi. L'init iation. «don ne e par I'intermediaire du cosm ique» 25, n'est aut re que «le reveil ou I ' illumination

19 Cf. M. H eindel, Cosmogonic de la Rose-Croix. p. 154.J.van Rijckenborgh. Philosophic elementaire de la Rose-Croix tnoderne,

p. 46.:i H.S. Lewis et R. Bernard, Manuel Rosicrucien. p. 125.22 3 7c m onographie. 9C degre. p. 5.23 ibid.. p. 5.• ‘ H.S. Lewis et R. Bernard, ibid., p. 217.

H .S. Lewis et R. Bernard, ibid., p. 215.

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du psychique» et, par consequent , la condi t ion sine qua non de toute initiation. En d 'aut res termes, ie developpement psy- chique du disciple rosicrucien consiste en une succession d 'experiences subjectives, d 'ordre metaphys ique et occulte. II s 'agit done d 'un e automani pu la t ion mentale qui ne conduit q u ’a sa propre dest ruct ion, c ’est-a-dire a I 'aveuglement spiri- tuel et a une separa t ion totale avec Jesus-Christ , le Verbe in- carne, seul Sauveur et Seigneur de ce monde.

L'init iation ne serait en fait que la repeti t ion d ’exercices psychiques, d 'exper iences parapsychologiques. Le M anuel Rosicrucien ne laisse aucun doute a ce sujet: «II faut se rap- peler qu 'u n certain degre de developpement est amorce cha- que fois qu 'u ne experience est effectuee, que le succes soit apparent ou non. De la serieuse applicat ion d 'un e loi-6, il re- sulte I’eveil de quelque centre, et si cette meme applicat ion est repetee quat re ou cinq fois au cours d ' un e semaine , il s ' amorcera un processus de developpement qui peut ne pas etre per<;u par le moi exterieur, mais qui se poursuivra p e n ­dant des semaines et des m o i s 2:.»

Le but final de l ' initiat ion serait de parvenir a la G ran d e Fra- ternite Blanche, e 'est-a-dire le «conclave invisible de la Rose- C roix». Le seul moyen pour y acceder ne serait que 1'«i 11umi- nat ion cosmique». Naturel lement, c'est seulement au moyen de I’experience que le rosicrucien com pre ndr a ce qu'est «la su ­bl ime joie de la conscience cosmique et r i l l u m in a t i o n » 28.

Ainsi done, l’initiation n ’est aut re que la repeti t ion d ' exp e ­riences psychiques et subjectives. Plus on est initie, plus on progresse dans la connaissance psychique du moi. Empres- sons-nous d 'a jouter que cette initiation dure des annees et des annees ; elle ne finit pra t iquement jamais. C'est ce que souligne jus tement Luc Benoist. auteur d ' u n e excellente etude sur 1’esoteri sme: « L'init iation une fois revue, n'est e n ­core que virtuelle. Elle doit etre effectivement valorisee par un travail personnel puisque chacun porte en lui-meme son propre maitre. Ce travail a pour but de realiser les etats qui forment la pe rs on na l i te2g.» L'init iation complete, et par la definitive, n 'existe do ne pas quels que soient les efforts que

2b Rosicrucienne. bien eniendu. NdR.H .S. Lewis et R. Bernard, ibid., p. 218.

:x H.S. Lewis el R. Bernard, ibid., p. 222.:g L. Benoist, L'esoterisme, p. 23. Q ue sais-je?, 1980.

I’homme-ini t ie puisse faire. L' init iation, qui permettrait de «proje ter son ame dans le Cosmique», et I’experience, son indispensable support , sont done int imement lies en I 'homme. A cela, on pourrai t a jouter sans crainte que le long apprenti ssage initiatique auquel les rosicruciens se soumet- tent est avant tout une technique de manipula t ion psychique. Le candidat a l ' initiat ion est ainsi reduit a un etat de passivite psychologique et mentale; il est a la merci de ses «mai tres» qui peuvent ainsi. et quand ils le veulent, lui faire passer ou lui com m un iq ue r n ' importe quel message ou enseignement. Cet te dependance mentale fait que le disciple Rose-Croix n'est plus libre, ni meme responsable: il se trouve pr isonnier d 'u n e redoutable secte qui, elle, disposera d ' un pouvoir a la fois temporel et occulte pour empeche r toute velleite d' inde- pendance. Neanmoins, il est toujours possible de quit ter I 'Ordre sans pour autant encour i r les foudres des dirigeants. II faut signaler au passage que les membres qui abandon- nent, e'est-a-dire qui ne paient plus leurs cotisations, re^oi- vent une petite brochure intitulee M essage special. C'est un veritable chef-d'oeuvre de la prose: le rosicrucien defail lant qui a lu ce «message» se sent tel lement repris en lui-meme qu'il se sent irresistiblement pousse a reprendre contact . «Si je quit te pour de bon, me disait un ancien disciple de l 'ordre A.M.O.R.C. , je vais faire la betise de ma v ie!» Autant dire que la liberte n'existe pas tant les pressions sont fortes et sur- tout subtiles.

Que penser de l ' ini tiat ion? Et, surtout, quelle est sa verita­ble d imension? Luc Benoist, de nouveau, explicite fort bien le processus de l’initiation: « L'init iation, qui doit introduire l ' aspirant dans la voie d 'un e realisat ion personnelle, consiste essentiel lement dans la t ransmission d 'un e influence spiri- tuelle. Cette «benedic t ion» est conferee par un maitre, lui- meme initie, a un disciple grace a la cha ine ininterrompue, a la filiation effective qui rat tache Ie maitre initiateur au debut de la chaine et au commencem men t des temps. Tout rite d' ini t ia tion comporte des gestes symbol iques qui temoignent d ' un e filiation originelle, par exemple le baiser de I ' initiateur qui t ransmet ainsi a l ' initie le souffle de I ' influence spiri- ruelle qui a preside a la creat ion du monde. L'initiateur. lorsqu'i l accompli t des gestes semblables, n'agit pas en tant qu' individu, mais comme un ann eau de la chaine. comme

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t ransmet teur d 'u n e force qui le depasse et dont il n'est q u ’un modes te s u p p o t 30.»

Un peu plus loin, il ecrit ces lignes pour le moins fort ins- tructives: «Le but etant la conquete active des etats supe- rieurs, ou si Ton veut une com m un io n avec le Soi, principe de tous les etats, exige une harmonie absolue de Fame, une maitrise parfaite de la sensibilite, un equil ibre complet de tous les elements de l ' individuali te. (...) Les condi t ions les plus imperat ives pour recevoir l ' ini tiat ion peuvent se resumer en quat re points: la purete du corps, la noblesse des senti­ments, l’am pl eu r de l 'horizon intellectuel et la hauteur de l 'esprit 3,.»

L' init iation est done la possession des «m ond es supe- rieurs», mais aussi le developpement des pouvoirs psychi­ques et occultes de l 'homme. Elle est aussi une depend anc e envers l 'homm e et plus encore envers Satan. Pour nous, Chre­tiens, nous considerons que le pr incipe de l’initiation n'est pas biblique. En effet, la foi ne se t ransmet pas d ' h o m m e a ho m m e; elle est donn ee par Jesus-Christ qui, lui seul, a re^u de son Pere le pouvoir de do n n e r aux homines la connais- sance salvatrice. Le chretien, celui qui est ne de nouveau, n ’est pas initie a la foi chret ienne, mais il re^oit de Dieu, pr inc ipa lement par le moyen de l 'Ecri ture Sainte, tout ce qui lui est utile et indispensable pour sa vie. La Bible n'est pas un livre «ferme», reserve seulement aux «ini t ies», mais elle est un livre «ouver t» et dest ine a tous les homines. Ce Livre, en- fin, nous revele que Dieu, en la personne de son Fils, est venu vers nous pour nous ar racher de la maledict ion du pe- che et de la mort et nous do nn er la vie eternelle. La revela­tion nous parle d ' un salut qui vient vers nous ; l ' initiation, au contraire, decrit les efforts de l’ho m m e a la conquete d 'un Ideal, d ' un Paradis perdu. Telle est la di fference irreductible qu' il y a entre la foi chret ienne revelee et l ' initiation.L’initiation chez l’A.M.O.R.C.

Le M anuel Rosicrucien, qui est, parait-il, le livre de chevet de tout membre de l 'A.M.O.R .C .32, de meme que la brochure

30 L. Benoist, ibid., pp. 21-22.31 L. Benoist. ibid., p. 22.32 Ce qui est parfaitem ent faux, I'achat du Manuel est propose et non

obligatoire.

de propagande La M aitrise de la Vie, nous donnent de pre- cieux renseignements sur ce qu 'est l ' initiation. 11 est vrai que l 'A.M.O.R.C. , tres fier de sa «puissance» et de son opulence, n ’hesite pas a decrire avec moult details le processus de I'ini- tiation que chaque candidat doit suivre.

L'A.M.O.R.C. recrute tous ses membres par adhes ion vo- lontaire. En effet, I 'Ordre fait une intense publicite dans le m on de profane et notamment par les canaux des mass-me- dias, la r a d i o 33, les petites annonces dans les jou rnau x et sur les boites... de conserves d ' a sp e r g es34, les interviews de ses pr inc ipaux responsables a la television ou a la r a d io 35./. Les degres preliminaires

L'init iation chez l 'A.M.O.R.C. compte plusieurs degres et co mmence par une per iode di te de «p robat ion» (fig. 6 ). Lor squ’une dem an de est acceptee par les hautes instances de I 'Ordre, le candidat accompli t un stage probatoi re - ou, selon l 'A.M.O.R.C. , «probat ion» d ’une duree totale de 3 mois. Le travail d' ini t iat ion se fait presque uniquement chez soi; il est appele «travail prive du sanctum». Le candida t doit passer par une initiation personnelle, une sorte de petite ceremonie privee selon un rituel dit «de reception». Durant cette breve per iode, l ' apprent i rosicrucien est admis comme «visiteur» au travail en com mun dans les loge, chapit re ou pronaos.

33 L 'A .M .O.R.C . d isposait en 1982 de son propre em etteur pour la region parisienne: Radio 3 qui diffusait 24 heures sur 24 sur les P.M. 98.4 Mhz un program m e d 'esoterism e, de m usique et d 'inform ations! La «H aute-A uto- rite» (com m ission chargee des frequences des radios libres) n ’a pas retenu « Radio 3» parmi les «elus» ; ce qui a declenche une vive protestation de l'A .M .O .R.C., et toute une serie de lettres furent envoyees au President de la Republique frangaise, M. Francois M itterrand.

34 II existe, en effet. aux Etats-U nis des «Rose-Croix Brand Asparagus» en vente dans tous les bons superm arches! Sont-ils com estibles? Sans aucun doute. Reste a savoir si la frequence des vibrations des asperges Rose-Croix est vivifiante pour l'organism e...

35 L 'A .M .O.R.C. paie toutes ses publicites. Les interviews a la Radio sont rares car il sem blerait que les milieux radiophoniques ne veuillent pas se preter a des publicites clandestines. Certes l'A .M .O .R.C. a eu. en son temps, une duree d 'an ten n e sur « France 3». m ais e 'etait dans le cadre de rem ission «Tribune Libre» et dont le «creneau» de presence est ouvert a n ’im porte quelle association.

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La seconde «barr ie re » 36 a f ranchir est celle du «CercIe ex- terieur des Neophytes». Lorsque le candida t desire cont inuer sa format ion initiatique, il doit d em an de r obligatoirement son affil iation a I 'Ordre. II est do ne officiel lement integre dans le cercle exterieur des neophytes qui compren d deux degres lesquels sont precedes de deux ceremonies person- nelles d ’initiations. La duree totale du noviciat est de 3 ans. Les novices font ainsi leur entree dans la loge ou dans le cha ­pitre pour etre initie. Les monographies sont commentees et discutees sous la direct ion du maitre de la Loge au cours de reunions appelees «forum de degres» qui sont en general tres peu frequzntees.

LE CHEMIN DE L' IN IT IATION A.M.O.R.C.% 6

16 Ce ne sont pas a proprem ent parler des «barrieres» au sens d 'un exa- men de passage. La verite se situe ailieurs: la seule et unique condition pour gravir les degres est de payer regulierem ent ses cotisations. Le changem ent de degre est au tom atique et rien ne s’y oppose.

Apres cette per iode de noviciat, le neophyte devient pour trois mois «pos tulant». C ’est une per iode «transitoire» qui ne necessite pas beaucou p d ’efforts si du moins le candidat paye tres regulierement ses cot isations annuelles. II s’agit, pour lui, de franchir un nouveau seuil, de passer du «cercle exterieur» dans le «cercle interieur». L’adherent devient ainsi un initie au plein sens du terme.2. Les n e u f degres du temple

Si la per iode probatoi re et celle du «cercle exterieur» du- rent en principe trois ans et demi, par contre, le temps qu'il faudra consacrer au «f ranchissement» des neuf degres du «cercle interieur» (ou sections du temple) est tres long! Dix ans au minimum.. . si tout va b i e n 37! La format ion initiatique du «sanctum», tout comme celle du «cercle exterieur», est toujours precedee a chacun des degres ( sauf le Ier et le 9e) par un rituel de reception initiatique. Le travail du rosicru­cien chez soi reste le meme: I’e tude des monographies . Par contre, le «travail en com m un » va (ou devrait) considerable- ment s ’amplifier. Sous la di rect ion du maitre, les « Forums des degres» donnent lieu a des echanges ou a des points de vue personnels au sujet des experiences psychiques ou pa- rapsychologiques vecues par l’ensemble des membres. De temps a autre, lors d 'un e ceremonie solennelle d' initiation, les officiers du groupe init iatique conferent le degre - ou grade - a ceux qui ont subi avec succes tous les tests.

Les membres du «sanc tum» peuvent sans aucune diffi- culte, parait-il, effectuer chez eux toutes les experiences pro- posees par les monographies . L’aspect experimental et sub- jec t i f se retrouve sur un plan bea uco up plus eleve dans les loges, chapitres ou pronaoi . Sous la conduite d ’officiers «competents» , e'est-a-dire hau tem ent inities, les membres presents font un pas de plus dans r endoc t r ine ment mental et psychique. Car ne nous y t rompons pas, les seances d ' ini t ia­tion ne sont que des lavages de cerveaux, un piege et surtout un engrenage mortels. Rares sont ceux qui, apres avoir at- teint un haut niveau initiatique, peuvent sortir l ibrement de I’Ordre. Cette recommandat ion de l’A.M.O.R.C. ne vise- 1-elle pas en premier lieu ceux qui seraient rentes de deserter

37 A utrem ent dit. en regie de cotisations!

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Jes loges ou chapit res? «C'est pourquoi nous incitons ceux qui ont atteint un haut developpement psychique et acquis certaines connaissances et certaines facultes dans l 'ordre ro- sicrucien A.M.O.R.C. a demeurer en contact etroit avec l 'or­dre. avec le grand maitre de sa jur idict ion et avec les officiers dumen t nommes et reconnus par ce dernier, car, dans un tel contact , ils peuvent rencontrer a tout moment , de la maniere la plus inat tendue, et la plus soudaine , l’init iation qui les fera ent rer dans la grande fraternite b l a n c h e 38.» Un peu plus loin, nous lisons cette suggestion adressee a tous les membres: « D'etre par-dessus tout, loyaux et fideles aux ideaux rosicru- ciens et de mainteni r toujours le contact phys ique avec l’or- ganisat ion visible, connue sous le nom d 'ordre rosicrucien A.M.O.R.C. , sous la conduite duquel ils ont place leur for­mat ion in ter ieure39.» Toutes ces recommandat ions n ’empe- chent pas que bea uco up de membres, meme les plus haut places, quit tent l’Ordre. Toutes ces defections sont aussitot compensees par de nouvelles arrivees: il faut dire q u ’avec la publicite bien orchest ree de 1’A.M.O.R.C. les resultats ne se font guere at tendre. C h aqu e degre compor te plusieurs phases initiatiques:

a) L 'etude personnel le du «san ctu m» avec l ' aide des monographies . C haqu e fois qu' il change de degre, le membre de l 'A.M.O.R.C. chez lui se confere lui-meme I'initiation, et ceci ju squ 'au dixieme degre. La ceremonie est sens iblement ident ique a celle des Loges, s au f que l ' ini t iateur et l ' initie ne sont qu 'une seule et meme personne.

b) L’initiation en loge ou en chapit re (les pronaoi n ’en ont pas) qui est une petite ceremonie de reception, une petite le- £on sur le travail en co m m un et, bien entendu, le serment de respect au reglement interieur.

c) L' init iat ion aux degres du temple conferee seulement en Loge. I l y a une quinzaine d 'annees , seules les initiations des |er et 9 e degres etaient conferees, car elles n ’existent pas en «sanctum». Ce sont, en fait, les seules obligatoires, mais si le membre ne peut pas se rendre a la Loge il ne continue pas moins a recevoir les monographies . Pour recevoir l ' initiation «en Loge», il suffit de consul ter le p lanning des initiations de

,8 H. S. Lewis et R. Bernard, Manuel Rosicrucien, p. 216.•,9 H. S. Lewis et R. Bernard, ibid., p. 216.

la Loge la plus proche de son domicile, de s'y presenter avec la derniere monographic (et avec l ' enveloppe!), ainsi que sa carte de membre , de son recepisse de cotisations (a jour!) , et bien connai tre le mot de passe du degre precedent pour etre initie au degre auquel le membre a droit. Naturel lement, les initiations ne sont pas gratuites, le candidat a l ' initiation de- vant payer une somm e forfaitaire. Malgre cela, beaucoup de Loges ont de la peine a boucler leur budget. . .

d) Les «forums des degres» (discussions-debats) touchant a (’etude des monographies , ceci en vue du developpement des facultes psychiques. Pour y participer, il faut, au moins, avoir depasse les deux premiers degres. En regie generate, les «forums» sont ties peu f requentes.

e) Les ceremonies rituelles du Temple ainsi que la celebra­tion de la nouvelle annee ros icrucienne et la ceremonie dite «de la Pyramide».

f) L’ent ra inement psychique ou parapsychologique indivi- duel ou communauta i re (egregore).

Les matieres enseignees par l 'A.M.O.R.C. sont, du point de vue occulte seulement, d 'u n e richesse in ou ie40. Dans le domaine de I’esoterisme et de l’occult isme, c'est le nec plus ultra! Vraiment difficile de faire mieux, helas! Cependant , il faut constater que les explicat ions «scientifiques» proposees par l’Ordre concernant la psychologie, la philosophie et sur- tout l’histoire sont des exemples de plagiat le plus grossier que Ton puisse imaginer. II ne faut pas etre tres doue intel- lectuel lement pour accepter des idees pareilles...

Nous ne pouvons que do nn er un tres bref aper^'u de l'en- se ignement des degres du Temple. Si Ton voulait enumerer toutes les matieres, il faudrai t des dizaines et des dizaines de pages! Jugez-en plutot: eth ique (Code de Vie Rose-Croix), mathemat iques «mystiques», loi du symbolisme, nombres et symboles, loi du triangle; cosmogonie , l 'origine du monde et de l’ho m m e; physique, chimie, phi losophies anciennes et modernes (le cinquieme degre compor te un «examen» de philosophie!) , zoologie, psychologie rosicrucienne, sciences

40 C ’est sans doute vrai du point de vue de la description de l'experience m etaphysique (c'est un veritable traite de m agie blanche que 1 A.M.O.R.C. propose a ses mem bres). mais cet enseignem ent, surtout a partir du 11c de­gre, est tellem ent dilue qu'il devient a peu pres vide de sens.

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occultes: telepathie, telekinesie, alchimie, astrologie, dieteti- que (?), ana tomie, etc.

Le « C o d e de vie du R o se -C ro ix » qui c o m p r e n d tren te artic les est un e n sem b le d 'e n o n c e s , d 'o rd re s , de re c o m m a n d a t io n s to u c h a n t a la vie p sych ique , m o ra le et aussi a I 'hv g iene co rp o re l le '" . P a r exem - ple, le ros ic ruc ien doit - ou devra i t - e f fec tu e r c h a q u e m atin sept re sp i ra t io n s p ro fo n d e s afln de «reve il ler les cen tres p sy ch iq u es» : ap re s cela, il devra it p re n d re un ba in ou une d o u c h e et il doit bo ire un verre d 'e a u f ra iche avan t de m an g er! Ce son t la, reco n n a is so n s - le, de tres belles pa ro les , d 'a u t a n t p lus q u e les ex -ros ic ruc iens q u e n o u s c o n n a is so n s n ’o n t ja m a is p ra t iq u e ces e x e rc ic e s 41. M ais, en g e ­nera l, le co d e de I’A .M .O .R .C . est s u r to u t insp ire p a r un a f f reu x le- ga l ism e (fait ceci ou ne fail pas cela) et l’o c cu l t ism e y est ne t tem en t sous - jacen t . La m o ra le ro s ic ru c ien n e se ca ra c te r ise p a r une ab sen c e to ta le de la G ra c e de Dieu. C e la se c o m p re n d de so i-m em e : le ros i­c ruc ien peut. en vertu de ses p ro p res efforts, m eri te r un eta t cosm i- q u e supe r ieu r .

Le sixieme degre rosicrucien est presque ent ierement consacre a l ' etude du fonct ionnement des organes du corps humain et de ses mani festat ions psychophysiques. II s’agit en fait d ' un cours de sciences naturelles, semblable a celui que l 'on donne dans les ecoles primaires. «Ce degre, lit-on dans le M anuel Rosicrucien, inclut aussi I 'examen de methodes ra- pides pour am ener de soudains changements dans les cas se- rieux, I 'explication de toutes les fonctions des organes, des nerfs et des plexus du corps humain dans leur relation avec les forces psychiques et cosm iq ues 43.» Nous sommes loin, tres loin de la medecine tradi t ionnelle. C'est tout s implement de l 'occultisme, ni plus ni moins.

Le sept ieme degre est le plat de resistance du «menu initia- t ique» rosicrucien. Le caractere occulte va s’accentuer tres fortement des ce degre pour at teindre un poin t cu lminant au douzieme et dernier degre du «C'ercle interieur». Ce degre traite en effet de l ' existence metaphys ique de l 'homme. Le

Jl Son app lication , toutefois, est laisse a la lihre appreciation de chacun selon une decision prise au «G ran d C onseil» de I'O rdre les 4 et 5 septem bre 1971 a Lyon.

4: Selon une decision prise au G rand Conseil des 4 et 5 septem bre 1971 a Lyon. I'application du «C ode de \ ie du Rose-Croix» est laissee a I'apprecia- tion de chacun...

43 H. S. Lewis et R. Bernard, ibid., p. 136.

M anuel Rosicrucien precise que «ce degre expose en detail le but reel et la nature du corps spirituel de l 'homme et il inclut des exercices dest ines a accroi t re la vitalite et la puissance du corps psychique et de la conscience qui lui est propre: il est ensuite explique comment le corps psychique peut etre tem- pora i rement separe du corps physique et comment tous les deux peuvent etre rendus visibles simul tanement . Au terme de ces experiences, chaque membre app ren d les methodes rosicruciennes permettant de projeter le corps dans l 'espace. vers un point ou un lieu quelconque , et de s'y rendre visible a autrui , sans que le fonct ionnement normal du corps physique en soit affecte. II est egalement enseigne certains exercices ayant pour but de developper l ' aura au point de pouvoi r la rendre parfai tement visible dans une piece sombre et suffi- samment puissante pour que les mains deviennent lumi- neuses et m ag n et iq ues»44.

Le huit ieme degre (29 monographies) a pour but de «pro- jeter son corps psychique a travers la matiere»! et aussi la possibiIite de voir son aura et de prat iquer la «vibroturgie»! Ce degre, qui compor te un grand nombre d ’experiences pa- rapsychologiques, est celui qui est cense do nn er au rosicru­cien A.M.O.R.C'. les «clefs mystiques».

Le neuvieme degre, qui compor te l ' etude de 40 mon og ra ­phies, est caracterise, selon nous , par la transi t ion entre l'oc- cul t isme et le spiritisme! Le M anuel Rosicrucien ecrit dans ce meme ordre d ' idees: «Les enseignements de ce degre renfer- ment des revelations concernant les rappor ts entre l 'homme et les forces superieures du cosmique . Ils traitent du develop­pement des hautes facultes metaphysiques dans le corps h u ­main. Chaq ue membre devient capable d'uti l iser certaines forces de la nature pour rendre les choses materielles invisi­bles. pour el iminer les condi t ions psychiques et mentales qui peuvent consti tuer des obstacles dans sa vie et pour diriger ou changer le cours d 'evenements naturels interessant son existence, de maniere a amene r certains resultats definis dans ses propres affaires ou dans les affaires d ' a u t r u i45.» Quelles sont ces «forces super ieures du Co smiq ue»? La, l 'A.M.O.R.C. est remarquable de discretion. Cependant , et

44 II. S. Leu is et R. Bernard, ibid., pp. 136-137. Tous ces exercices peu­vent s ’apprendre aussi avant le Tem ple.

4' H .S. Lewis et R. Bernard, ibid., pp. 137-138.

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bien que l’Ordre se defende mordieus d 'ense igner le spiri- t isme, il semble bien que ces «forces superieures du Cosmi- que» soient bel et bien des demons a la solde de Satan. La Parole de Dieu ne nous met-elle pas en garde contre les «domi- nat ions, les autori tes, les princes de ce monde de tenebres, les esprits mechants dans les lieux celestes» (Ephes iens 6 : 1 2 )? L 'apotre Paul dit par ailleurs que «Satan lui-meme se de­guise en ange de lumiere» (II Corin th iens 11: 14 ). Dans la meme epitre, il ecrit ces lignes pour le moins ext raordina ires: «Le dieu de ce siecle a aveugle l ' intelligence, afin qu' ils ne vissent pas briller la sp lend eur de l’evangile de la gloire de Christ , qui est l ' image de Dieu» (II Corin th iens 4 : 4 ). Nous saisissons maintenant l’am pl eu r du drame, celui d ’hom mes et de femmes a la recherche de la verite et qui, au lieu de ren- contrer le Christ Seigneur et Sauveur , se sont mis en contact avec les forces diaboliques. Tragique meprise pour ces rosi- cruciens, sans doute sinceres, mais induits en une erreur qui a la longue peut leur etre fatale. Car, seule la foi en Jesus- Christ , le Fils unique du Dieu Vivant, revele pa r les Saintes Ecritures, peut ver itablement sauver e ternel lement les homines en quete d ’une cert i tude pour leur existence pre­sente et a venir.

Le neuvieme degre est le dernier du «Cercle interieur». C'est un degre tres difficile si l 'on en croit les stat istiques de I 'A.M.O.R.C. : seules 224 personnes sur 1000 at teignent ce haut niveau in it iat ique46.3. Le Cercle des Illum inati

Lorsque l ' etudiant rosicrucien A.M.O.R.C. a «franchi» victorieusement l 'obstacle du neuvieme et dernier degre du «Cercle interieur», il est, en principe, admis dans le Cercle tres ferine des «I l luminat i» (ou I llumines) qui, lui, compor te trois degres. C'est un Cercle qui compren d en quelque sorte l’elite des inities (selon I 'A.M.O.R.C. , 101 personnes sur 1000 parv iennent a ce s tade initiatique). Naturel lement , les ensei-

■*6 Les statistiques figurant dans le Manuel Rosicrucien sont les mem es de- puis sa parution en langue fran^aise en 1958 et el les n ’ont jam ais ete veri- fiees ou revisees. Ce sont. selon nous, des statistiques am ericaines. Rappe- lons une fois de plus qu 'il suffit d ’envoyer regulierem ent son cheque repre- sentant le m ontant de la cotisation annuelle pour etre mem hre de I'A .M .O.R.C.

gnements dispenses dans le cadre de ce Cercle sont plus «myst iques» que dans les degres precedents et at teignent un tres haut niveau d ’occult isme. Les membres du Cercle des Il­luminati disposent , en effet, de pouvoirs occultes tres eten- dus. Toute la gamm e et les prat iques magiques, m ani pu la ­tions psychiques, exercices parapsychiques , t ransmission de pensee, hypnose, telekinesie, developpement de l ' intuition et de la vision psychique, font partie de l 'arsenal occulte du dis­ciple Rose-Croix A.M.O.R.C.

Quoique le M anuel Rosicrucien n 'en souffle mot, il existe a ce stade des monographies ; celles-ci sont tres nombreuses (plusieurs centaines!) et traitent en particulier des sujets qui ne sont autres que des extraits de livres que l 'on peut se pro­curer chez n ' importe quel libraire specialise en esoterisme ou en occult isme. Des titres comme La parabola , Voyage d ’un rosicrucien de Franz Har tmann, La nuee sur le Sanctuaire d ' Ecka r thausen de meme q u ’une c inquanta ine de m onogra­phies sur Cagliostro const i tuent I’enseignement de base des 1 1e et 12e degres.

Les grands inities, c 'est-a-dire ceux qui ont termine le I2e degre, ont la possibility d 'ecrire une monographie de et sur I’A.M.O.R.C. et ils peuvent etre membres actifs de la Gra nd e Loge de la Juridict ion Internat ionale. Ainsi done, leur sphere d ' inf luence tant sur le plan occulte que juridique au sein de l 'organisat ion est enorme.4. L ’egregore

Co m m en t expliquer le ph eno m e ne de I’init iation? Autre- ment dit, comment se fait-il que des cathol iques ou des pro- testants, des juifs ou des musulmans , des athees ou des ani- mistes peuvent etre membres d ’une seule et meme societe? Ou encore, comment compren dre que tous les adherents de I 'A.M.O.R.C. croient en si peu de temps - trois mois suffisent - a cette fausse doctr ine de la reincarnat ion et du Karma? II y a la, en effet, quelque chose de deroutant pour le profane. Est-ce po ur autant inexplicable? Vu de l 'exterieur, sans doute oui; mais, de I'interieur, la verite apparai t clairement: I ' initiation n'est aut re qu 'une subtile manipulat ion mentale qui engendre immanquab lement un etat de dependance psy­chique. Ce qui caracterise spec if iquement I’initiation rosicru- cienne, privee et plus encore communau ta i re , c'est I'egregore.

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La plupar t de ceux qui cherchent a connai tre les methodes d ’initiation de l’A.M.O.R.C. n 'a t tachent pas ou peu d ’impor- tance a l 'egregore. Selon une defini t ion fort prisee par I'Or- dre, l ' egregore est le «rassemblement d'ent ites terrestres et supraterrestres cons ti tuant une unite hierarchisee, mue par une idee- fo rce»47. « L'egregore est le cha m p de force positive et benefique auquel , comm e rosicrucien, vous etes desormais rat tache et auquel vous resterez rat tache aussi longtemps que vous demeurerez membre act if et regulier de notre O r d r e 4S.» Les entites terrestres sont, bien entendu, les membres «actifs et reguliers» de I 'Ordre; les entites supraterrestres seraient selon l 'A.M.O.R.C. «le haut conclave des maitres cosmi- q u e s » 49. Car , selon l’explicat ion rosicrucienne, « l ’egregore serait comm e une cristallisation. une condensa t ion particu- liere de la haute essence cosmique en vue d ' un but defini: l 'avancement collectif et individuel de 1' humani te qui em- prun te notre v o i e 50.» L'egregore est done cette « masse d 'energie psychique» produi te par le groupe lui-meme.

En effet, chaq ue rassemblement do nn e lieu a des echanges d 'energie psychique entre les part icipants et les «forces cos- miques». A l 'aide de formules rituelles et magiques accom- pagnees par la concent rat ion de pensee, un climat tres parti- culier, enipreint d 'occult i sme et de mysticisme, se cree. L'ef- fet de cette com m un io n est surprenant : les par ticipants ne sont plus qu 'u n , ou, plus exactement, une seule m asse psychi­que. Ce n'est, en definitive, qu 'u ne espece de com m un io n fra- ternel le psychique, une dy nam ique des groupes f ranchement diabolique. C ar 1'energie psychique de l’egregore exerce sur 1' individu une pression terrible, et cela se traduit dans pres- que tous les cas par une manipula t ion psychologique, un condi t ionnement mental et un asservissement spirituel, et bien souvent a 1'insu des participants. Dans le cas contraire,il y a rejet. C ’est ce que nous montre le texte qui suit: «Ausein de cet egregore general chacun fait sa place. Si un m e m ­bre s ’harmonise a l’ensemble, il appor tera sa pierre et, en meme temps, il recueil lera, en protect ion et en evolution, les fruits de sa part icipat ion a la force com m un e ; sinon il s ’eli-

47 H. S. Lewis et R. Bernard, ibid., p. 89. C ’est nous qui soulignons.48 Manuel Permanent de Reference et d'Information, p. 58.4U H. S. Lewis et R. Bernard, ibid., p. 90.50 H. S. Lewis et R. Bernard, ibid.. p. 90. C 'est nous qui le soulignons.

minera de lui-meme ou sera rejete par l 'egregore, souvent sans qu'il se rende compte que son «retrait» est du a une im­pulsion ayant son origine ailleurs q u ’en lu i -meme5,.»

C omm en t une telle chose est possible? Au risque d ’etre pretentieux, cela s’explique, en fait, assez bien. Celui qui par- t icipe a l’egregore donne et re^oit psychiquement des «ener- gies», parapsychologiques faut-il preciser. D 'une part, il se «vide» psychiquement et. d 'au t re part, il re<?oit des in­fluences occultes pour le moins et rangeres a sa personnalite. Cet te «co m muni on psychique» laisse des traces: le rosicru­cien perd peu a peu son sens critique, il devient un instru­ment docile entre les mains des «G ra n ds Maitres», il accep- tera toutes les idees qui viennent d '«en-haut» , il sera alors convaincu de la justesse de ses experiences subjectives et de- viendra un disciple zele de la Rose-Croix. Rares sont les rosi- cruciens ayant atteint les hauts grades qui parviennent a quit ­ter librement le mouvement , car les pressions psycho-occultes exercees de la part de l’egregore sur les « recalci t rants» ne sont pas choses negligeables, loin de la.

L’initiation n'est done qu 'u ne manipula t ion mentale et spi­rituel le. Elle est la transmission, directe ou indirecte, de pou- voirs psychiques ou occultes. Sous le couvert du secret, elle contr ibue a rendre l’ho m me de p en d an t de l 'homme et plus encore de I 'Ennemi. L’initiation, par son essence meme, s'op- pose de fa^on absolue a la Revelation. Tandis que l' initie fait confiance en l 'homme, a lui-meme, a ses pouvoirs et a sa connaissance, le chretien, lui, met sa confiance en Dieu, en celui qui est le Tout-Puissant , crea teur et redempteur. Enfin, il est impor tant de souligner que la doctr ine bibl ique de la Grace , du salut gratuit en Jesus-Christ , est r igoureusement absente de la «phi losophie» Rose-Croix ; pour eux, seul I’ef- fort humain compte. Nous saisissons la difference fonda- mentale entre l ' initiation «elitiste» et resolument orientee vers l 'homme et la Revelation bibl ique - qui est universelle -, celle qui s ’adresse «a quiconque» et qui n ’a qu 'un seul but, celui de glorifier le Dieu trois fois saint, Pere, Fils et Saint- Esprit.

51 H. S. Lewis et R. Bernard, ibid., p. 90.

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Les methodes d’enseignements de l’A.M.O.R.C.I. Le secret

Les methodes d 'enseignements de l 'A.M.O.R.C. sont, a I ' instar de toutes les societes secretes initiatiques, basees sur le secret. Le caractere confidentiel et prive des matieres en- seignees est, en principe, absolu. C ’est en tout cas ce q u ’af- firme le M anuel Rosicrucien: «Ce que chaque membre s'en- gage a tenir secret concerne les part iculari tes de chaque cere­monie d' ini t iat ion, y compr is ce que disent le maitre, les autres officiers et les membres au cours de la ceremonie, ainsi que ce qui est fait par le maitre, les officiers et les m e m ­bres, avant, pendant ou apres la ceremonie. Sont done c o m ­pris dans le secret, les rituels d 'ouver ture et de cloture de ces ceremonies, les mots, les phrases, les signes et les symboles employes dans le temple, la loge, et les chambres exterieures, le j o u r de ces initiations ainsi que les poignees de mains, les mots de passe, les salutat ions et les signes de reconnais ­s a n c e 52.» L'e tudiant A.M.O.R.C. ne doit-il pas declarer avant l ' initiat ion cette promesse: «Dev an t le signe rosicrucien, je promets sur l ' honneu r de ne jam a is reveler a quiconque , s'il ne s'agit pas d 'un membre act i f et regulier de l 'ordre rosicru­cien A.M.O.R.C'., les signes et les mots que j 'ai pu apprendre avant , pendant ou apres mon admiss ion au premier d e g r e 53.»? La discret ion des membres de l 'A.M.O.R.C. est une necessite absolue pour l 'Ordre ; en cas de non-observance, celui-ci est - serait - immedia tement expulse sans espoir de retour. N o ­tons, cependant, que le secret si ja l ousement revendique par l’A.M.O.R.C. n'est en fait qu 'u n secret de polichinelle. Cela tient pour deux raisons au moins :

- Les tradi t ions initiatiques ou occultes ont ete revelees au grand publ ic par les grands inities eux-memes . En effet, de- puis un siecle, ceux-ci ont publ ie quant i te de livres touchant a toutes les branches de l 'esoter isme; be aucoup de secrets ont ainsi ete devoiles et commentes. Nous pensons naturelle- ment a Max Heindel, mais aussi a Rene Guenon, auteur d 'ouvrages esoteriques, Papus, sans doute le plus grand spe- cialiste de I’occult isme; au Dr Ed. Bertholet , celebre medecin

i: H. S. Lewis et R. Bernard, ibid., p. 73.53 H. S. Lewis et R. Bernard, ibid., p. 74.

occultiste. Toutes les prat iques occultes ont ete ainsi mises en lumiere et le secret de toutes les societes initiatiques a fondu p our ainsi dire comme beurre au soleil!

- Les recherches archeologiques , theologiques, ecclesiolo- giques, semant iques, etc. nous ont permis d 'app ro fon di r dans de tres grandes proport ions nos connaissances sur les civili­sations ou religions a u jou rd ’hui disparues. L'organisat ion des Esseniens, la doctr ine secrete des Cathares sont mainte- nant des faits connus, du moins des specialistes.

En definitive l ' esoterisme n'est q u ’un leurre, «le dernier alibi de l ' ignorance, I'ultime travesti de la rea l i te»54. Et que dit la Bible a propos du secret? Justifie-t-elle un enseigne- ment esoterique? Jesus, lui-meme, n'a-t-il pas prononce ces paroles ext raordina ires: «C ar il n ’y a rien de cache qui ne doive etre decouvert , ni de secret qui ne doive etre connu. Ce que je vous dis dans les tenebres, dites-le en plein jour ; et ce qui vous est dit a I’oreille, prechez-le sur les toits» (Matthieu 10: 26-27). C'est clair et net: 1'enseignement de Christ est un ense ignement dest ine a tous et non pas adresse a une elite, a «ceux qui en seraient dignes».

Apres cette conda m na t io n implicite de l’esoterisme par Je- sus-Christ , l ' apotre Paul, sans detour, va confi rmer explicite- ment les paroles du Seigneur: « N ou s rejetons les choses hon- teuses qui se font en secret, nous n ’avons point une conduite astucieuse, et nous n ’alterons point la parole de Dieu» (II Cor in th iens 4: 2). Parlant du re tour en gloire du Ressuscite, Paul ajoute: «Dieu jugera par Jesus-Christ les actions se­cretes des hommes» (Romains 2 : 16).2. Les monographies

Quoi q u ’en dise l’A.M.O.R.C. , les monographies sont des veritables cours d 'occult i sme par cor respondance . Ces etudes ap p ar em m en t completes et detaillees sur un «sujet precis» sont envoyees a raison de deux par mois, d ’une maniere dis­crete par la Gran de Loge a tous ses membres individuelle- ment. Le rosicrucien devra etudier tres regulierement les le- Vons de la monographic. Pour cela, il choisira un jour fixe de la semaine et le lieu determine qui deviendra son «sanctum prive». C ’est la, devant une table, un miroir, le triangle rosi-

54 L. Benoist. L'esoterisme. p. 26, Que sais-je?

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crucien. deux bougies et de I 'encens. que le disciple de I’A.M.O.R.C. etudiera, exper imentera, medi tera tous les en- seignements occulto- tradi t ionnels rosicruciens.

Les «M on ogra ph ie s du Mai tre», de presenta t ion inegale, co m prennent en regie generate huit a douze pages imprimees ou roneotypees. Ces monographies seraient pretees el non vendues. En cas de renoncem ent, le membre de l’ordre rosi- crucien A.M.O.R.C. devrai t rendre tout le materiel rev'u. Ces monographies sont, bien entendu, confidentiel les: elles ne devraient pas, en principe, tomber dans les mains des pr o ­fanes, c'est-a-dire des non-inities.

C'haque mon ograph ie comprend une «C oncordance», c ’est-a-dire une breve « Etude de I 'opinion d ' u n personnage celebre». On choisit un texte qui concorde , ou semble concorder , avec les enseignements otficiels de I 'A.M.O.R.C. Francis Bacon. Thomas Vaughan. Emmanuel Kant et bien d ’autres, sans oubl ier Jo h n Wesley! sont cites en reference par I 'Ordre.

Ensuite, vient le plat de resistance: l ' enseignement d ’une matiere, philosophique , occulte ou... biologique! avec son co- rollaire, l '«appl icat ion pra tique». Le contenu et sur tout sa valeur sont tres inegaux. Assez «interessant» au debut , 1'en- seignement se di lue tres rap idement dans des considerat ions verbales sans grande importance. «On v trouve, ecrit Frank Mart in, journal i ste a «La Depeche» d 'Evreux, quelques ex­periences de phys ique amusantes et un insipide verbiage en- trelarde d 'un rituel de grand g u ig n o l55.»

A propos de ces experiences, il faut remarquer , cependant , qu'el les ne sont pas toutes «amusantes» ou innocentes. Cer- taines d 'ent res elles sont de veritables techniques d ’automa- nipulat ion psychique. Alliant tour a tour les methodes de re­laxation, le symbolisme, Je ri tual isme et la magie blanche, le candidat Rose-Croix accompli t toute une serie d'exercices qui devraient contr ibuer a son developpement psychique et mental. Ces techniques «eprouvees» ne marchent pas tou- jours! Tei rosicrucien en vingt ans d'aff i l iat ion n'a jamais rien ressenti ; tel aut re membre de I 'A.M.O.R.C. apres trois mois d 'e tude etait en mesure de prat iquer l’hypnose! C o m ­

55 F. M artin, Du ri/lfi the: le\ Rose-Croix in «La D epeche». sam edi 30 jan-vier 19X2.

ment expliquer cela? Tres simple a vrai dire: certains sont doues d ’une tres forte personnal i te et refusent 1'etat de passi- vite qu 'o n leur suggere: d 'aut res sont plus «sensibles», recep- tifs aux phenomenes pa ra no rm au x, et, pour eux seulement. la technique psycho-occulte produi t des resultats qu il est difficile de nier.

Enfin, pedagogie oblige, chaq ue monographie se termine par un «R esume» qui, il faut le dire, est fort bien redige. Nous dirions meme qu'il s 'agit la d ’un veritable exploit litte- raire: rien de plus difficile, en effet. de rendre clair tout un charabia soi-disant esoterique!

L'etudiant rosicrucien qui etudie et medi te les m onogra­phies ne fait pas du mysticisme en solitaire, loin de la. De- vant le miroir et les symboles rosicruciens, l apprenti Rose- Croix se trouve place devant cette masse psychique q u ’est I 'egregore. Cet te «formule breve» de I 'A.M.O.R.C. est tres explicite: «L 'e tude privee des enseignements deI 'A.M.O.R.C. met le rosicrucien en parfaite resonance avec I 'egregore de la Rose-Croix; la presence reguliere aux convo­cations d ’une loge, d 'un chapit re ou d 'u n pronaos jointe a 1' e tude privee etablit le rosicrucien dans I 'egregore et dans la filiation t radi t ionnelle de noire o r d r e 56.» Ainsi done, le «sanctum» est le premier et impor tant maillon de la chaine initiatique.

L’enseignement des degres est «c ouron ne » par une cere- monie initiatique. Mais il est tres important de savoir qu'il v a trois sortes d ’initiations:

- La premiere, personnelle, chez soi, au cours de laquelle le cand ida t «s' initie lui-meme», c 'est-a-dire qu'il remplit simul- tanement le role du Maitre et celui du candidat! En effet, a cha que nouveau degre (depuis le premier degre neophyte et j u s q u ’au dixieme). le candida t rosicrucien rev'oit lors de la premiere le^on le « Rituel d ini t iat ion» qui cor respond a un nouveau «Portail». Le cand ida t au degre superieur, seul de ­vant son «Sanctum», dialogue avec le «Mai tre»! A 1'aide d 'u n d iagramme, d 'un e glace, de deux bougies et des vapeurs d ’encens, le rosicrucien accompli t tout un parcours bien de­termine (en pr incipe d'oues t en est de la chambre), prononce des paroles riluelles (les paroles du Maitre sont lues a voix

H. S. L euis et R. Bernard, ibid.. p. 95.

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basse) et bien entendu le mot de passe. Le «chant de l’illu- mine», une sorte de cant ique a la sauce rosicrucienne, ter- mine ce rituel initiatique. II est inutile de dire que ce genre d' ini t ia tion fait rire les membres de certaines obediences ma- 9onniques!. . .

- La deuxieme initiation a la loge ou au chapi t re (les p ro ­naoi n ’en ont pas) ne vise qu 'u n seul but, celui de condi tion- ner le candida t et ceci par le moyen du secret (deroulement de la ceremonie. mot de passe), par l 'acte d 'al legeance a l 'A.M.O.R.C. et a ses dirigeants. Le candida t a l ' initiation doit a chaque fois preter un serment de respect au reglement interieur. C ’est tout s implement une petite ceremonie de re­cept ion, avec une petite le^on sur le travail en commun.

- Enfin, la troisieme initiation, dite «des degres du tem- ple», est conferee seulement en loge. II y a une quinzaine d ' annees (avant 1968), seules les init iations du premier et du neuvieme degres etaient donnees en Loge car elles n ’existent pas en «sanctum». Ce sont. en fait, les seules obligatoires. La si tuat ion a de nos jours quelque peu change: main tenant qu' il y a plus de Loges, toutes les initiations doivent se rece- voir dans I 'Ordre. de 1 a 9 5\

Le deroulement des services init iatiques reste a peu de chose pres identique. Divers dispositifs sceniques: lumieres, bruits, encens, ton solennel de certains officiants habil les en robes de diverses couleurs (regalias) sont dest ines a impres- s ionner le candida t. Le texte du rituel d ' ini t iat ion «en loge» pretend toujours faire passer le candida t de l 'ombre a la lu- miere.3. L 'enseignem ent du temple

L'enseignement du temple, qui a lieu une fois par semaine, a pour but de verifier la progression init iat ique du candidat , de completer ses connaissances , s'il y a lieu de temoigner de ses experiences psychiques et enfin de recevoir l ' initiat ion lors de chaque nouveau degre. Mais ce n ’est pas tout. La com m un au te tout ent iere est assimilee dans l ' egregore: «En se rendant a la loge. au chapit re ou au pronaos de leur re­gion. nos membres s ’integrent a la cha ine sans cesse vivante

5' Le nom des degres de l'A .M .O .R.C. est le meme que celui de la G olden Dawn.

et tangible qui les unit aux adeptes du passe et, selon une t ransmission in in terrompue, aux plus lointaines expressions de la pensee mystique sous la forme manifestee d 'un e cellule de travail. Ils se mettent ainsi, dans I 'espace et le temps, en harmonie avec la force vibratoire de nos anciens maitres, et sans aucun doute, a travers eux, avec une source initiatique plus eloignee encore dont ne peut faire etat un message de portee aussi generale. En un mot, ils s’incorporent pleine- ment au ros icruc ianisme58.»Le M anuel Rosicrucien, Le M anuel Permanent de Reference et d'In form ation, les revues et bulletins

En dehors de monographies , le rosicrucien est abo nn e a la revue trimestrielle R ose-C roix59. Cet te revue est, en principe, dest inee aux seuls membres actifs de l 'A.M.O.R.C. et aussi aux «Amis de l’A .M .O .R .C .» 60. Cet te publ icat ion est stricte- ment privee et confident ie l le61. C h a q u e numero renferme « La pensee du mois» de l ' lmpera tor , des articles de fond sur la phi ­losophic rosicrucienne et des informations. A cote de cela. les adherents des loges rev'oivent un bulletin interne du nom de la loge, trimestriel lui aussi, avec tous les renseignements utiles et prat iques (listes des officiers de la loge et du rituel, du co­mite administrat i f , des responsables des dil'ferents comites). O n y trouve aussi les dates des ceremonies d' initiation, de courtes meditat ions, des b iographies «ros icruciennes» et des informat ions de l '«Ordre Mar tinis te Tradit ionnel».

Enfin, le M anuel Rosicrucien, cette pseudo-bible de l 'A.M.O.R.C. , est. parait-il, un message de base a chaque membre de l 'A.M.O.R.C. , plus precisement aux membres du sanctum. Mais la verite se situe ailleurs. Ce livre n ’est pas un

>8 H. S. Lewis et R. Bernard, ibid., p. 95.En plus, chaque mem bre re^oit le Bulletin de liaison, nouvelles d in te re t

general em anani du siege de I'O rdre. mais aussi des Editions rosicruciennes. M ais ce n'est pas tout! Raym ond Bernard, Legat suprem e, adresse lui-meme, cette fois-ci contre finance, un bulletin, parait-il tres edifiant, intitule Lettre de nulle part'. A joutons encore pour faire bonne mesure que le G rand Mai- tre. qui n'est autre que le fils de Raym ond, publie une nouvelle re \u e - ou plutot sa revue - appelee Forum Rosicrucien, replique du Rosicrucian Digest. revue «privee» (sic) du defunt lm perato r H. Spencer Lewis.

I l y a quelques annees, il arrivait de trouver cette revue dans les kios-ques!

ftl V raim ent?

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manuel operat i f (la p lupart des membres de l’A.M.O.R.C. ne s 'en servent absolument pas), mais son edit ion repose uni- quement sur des criteres purement financiers. Nous disons bien f inancier, et non commercia l, car cet ouvrage est vendu tres cher (35.40 francs suisses en 1979). Par contre, n 'oubl ions pas le M anuel de Reference et d 'In form ation, b r o ­chure envoyee gratui tement a tout nouveau membre de l 'A.M.O.R.C. et qui est une veritable mine de renseigne- ments. Tout ce qui concerne cette secte rosicrucienne, et no- tam m en t ses structures et ses moyens de propagande , est ex- cel lemment mis en evidence. Sa lecture nous a permis de compren dre tous les rouages de cette gigantesque organisa­tion initiatique.Les livres, disques et cassettes

La bibl iographic rosicrucienne est im pressionnnnte tunt en anglais qu 'en fran^ais. A tout seigneur tout honneur , les li­vres de H. Spencer Lewis sont de loin les plus nombreux. Les ouvrages sont a b o n d a m m e n t diffuses dans le commerce et n ' impor te quel profane peut se les procurer en librairie. En ce qui concerne les nomenclatures des matieres, nous pou- vons dire que tous les domaines esoteriques sont touches: mysticisme, symbolisme. astrologie. histoire legendaire, oc- cult isme, les doctr ines secretes de Jesus, la vie mystique de Jesus, medecine, psychologie, etc. Les ouvrages sont surtout un ins trument de prop aga nde dest ine a seduire les ames t r ou­b l e s en quete de salut. Les resultats prouvent , helas, que de trop nombreuses personnes sont l i t teralement subjuguees par toutes ces mauvaises lectures. Bien que toute cette litterature soit en premier lieu proposee au grand public, les membres sont invites a les ac he te r6% tout en sachant bien qu' ils ne leur seront d ’aucu ne utilite dans leur vie d' ini t iat ion.

Par contre les disques et les cassettes seraient tres utiles pour le rosicrucien. Par exemple. lors d 'un e audit ion d 'un morceau de musique (les musiques d 'Albinoni et de Wagner sont fort prisees par l 'A.M.O.R.C'.), le candida t a l ' initiation a la possibility de se voir dans une precedente incarnat ion! Nous sommes la en plein spiri tisme!

62 De tem ps a autre dans les m onographies ou dans la reu ie «Rose- C roix», on y trouve le meme refrain: «Les Lditions Rosicruciennes ont ete creees pour vous».

Notre conclusion, concernant les methodes d'enseigne- ment de VA.M.O.R.C'., nous dem ontre combien cette secte est puissante, bien structuree, et surtout terr iblement dangereuse et pernicieuse. C'est la raison pour laquelle nous avons d e m o n ­tre avec le plus de soin possible tout ce mecanisme de l ' initia- tion qui repose sur un enseignement, ou plutot sur un endoctri- nement , exce llemment mis au point et sur tout bien rode. Nous cons ta tons que les lemons ne sont pas s implement theoriques, mais elles revetent un caractere experimental . II est done possible pour le candidat Rose-Croix d'effectuer, meme a ses debuts, ses propres experiences psychiques ou occultes.L’initiation selon le Lectorium Rosicrucianum

Nous nous t rouvons la en presence d 'u n autre schema d ’init iation: mais le principe en est le meme, e'est-a-dire une lente progression de la connaissance des «mysteres» qui doit - ou qui devrait - permettre a I 'homme de s'elever hors de la matiere, ceci dans le but d 'a t te indre des «spheres» plus ele- vees, plus «subti les», ou plus exac tement «ether iques» ou «divines». Dans le cas precis du Lectorium Rosicrucianum, l ' initiat ion est la «voie rapide» qui mene a la «Patrie per- due», a la rencontre de l'« I dee originelle» ou encore de l’« H o m m e primordial))./. L 'initiation: un appel a la «transfiguration»

L'init iation est done un chemin. Le point de depart de tout ce long processus vous est decrit avec clarte par J. van Rijckenborgh: «Lo rsqu 'un homme, pousse par l 'aiguillon du presouvenir , se met a rechercher sa destinat ion, lorsqu'il com m en ce a concevoir son egarement , son esseulement et que son subconscient lui fait s ou p^onner les innombrables ri- chesses et les indicibles beautes qui I’attendent, alors jaillit de lui une vibration m agn e t i q ue (,3.» Par ailleurs, il definit quelles sont les trois condi t ions po ur etre membre de l 'Ecole spiri tuel le: «etre ver itablement pousse par le presouvenir, et sur cette base, en t reprendre et perseverer dans le revirement fondamenta l , et s 'ouvrir ainsi le chemin vers la veritable ma- gie et l ' ini t iat ion» M. Le but de l ' ini tiat ion n'est autre que

b> J. van Kijekenborgh. Philosophie elemeruaire de lei Rose-Croix moderne. p. 48. C 'est nous qui le soulignons.

h4 J. van Rijckenborgh. ibid., p. 43. ("es t nous qui le soulignons.

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«J'admission progressive dans la h iera rchi e65, le scellement sacramentel , dans l ' hom me nouveau reconst i tue, des facultes et des forces de l’ho m me or ig ine l»66.

L' init iation est, selon les theses de la Rose-Croix d 'Or , un appel a la «t ransfigurat ion». Le disciple rosicrucien, pousse par le «presouvenir» de l 'existence perdue , retourne a la Pa- trie du Pere, a l'etat divin originel. Elle comprendra i t grosso m od o sept aspects qui const i tuent le «nouvel etat d ’etre»:

-1) Une connaissance superieure, une sagesse absolue, un nouveau savoir (la nouvelle fa 9on de penser).

-2) Une identification avec les forces divines, une c o m m u ­nion consciente avec le Seigneur (une fa^on nouvelle de pen ­ser avec le coeur).

-3) Un accord parfait entre la volonte humaine et la vo- lonte divine, I’epanouissement du nouvel etre.

-4) La mission et le service a l’intent ion du G rand Oeuvre: c'est une c o l l a b o r a t i o n simul tanee et effective de la tete, du coeur et de la voIonte» (la naissance du nouveau corps ethe- rique).

-5) Le changement structure! de la conscience, de l a m e et du corps ou la naissance du nouveau corps physique.

-6 ) Servir le G rand Oeuvre et ent rer en contact avec l 'hu- mani te, soit la reunion de la nouvelle personnali te avec I'ame spirituelle.

-7) Entrer dans la liberte absolue comme pretre-roi ou «la reunion de la nouvelle personnal ite avec l’Esprit divin: c'est la Vic toi re»67!2. Le «champ m agnetique» de l ’«Ecole Spiriiuelle»

Les sept aspects ne sont pas des grades initiatiques propre- ment dit, mais ils caracterisent spiri tuel lement les phases du deve loppement de l 'homme. «Les trois premiers aspects, ex- plicite J. van Ri jckenborgh, sont les trois phases de la mer- veilleuse naissance de l ' hom me nouveau, le quatr ieme aspect est I of t rande de la vie et de la crucifixion de l 'homme n o u ­veau; le c inquieme est la resurrection de l 'homme nouveau;

65 C "est-a-dire le Lectorium R osicrucianum . em anation aetuelle de la H ie­rarchie ou de I'Ecole spirituelle.

M J. van R ijckenborgh, ibid., p. 43.6’ Selon J. van R ijckenborgh, ibid.. pp. 44-45 et 62-63.

le sixieme aspect est I 'ascension et quant au septieme, c'est la descente de 1'Esprit Saint dans l’ho m me n o u v e a u 68.»

Ce pseudo-langage religieux ne doit pas nous tromper , car le Lectorium Rosicrucianum, plus encore que l 'Association Rosicrucienne de Max Heindel, emploie le vocabulaire bibli- que pour justifier ses enseignements esoteriques. Nous sommes dans I’obligation de constater, une fois de plus, que le nom de Christ est r igoureusement absent dans le processus de l ' initiation. Par Christ , nous entendons la deuxieme per- sonne de la Trinite, Sauveur et Seigneur, et non pas une «ra- diat ion christ ique». Le lecteur l ' aura sans doute remarque: l’ho m m e nouveau dont il est quest ion plus haut n'est autre que l 'homme et non pas Jesus. En effet, le sacrifice de Jesus sur la croix n'existant pas, seul rentre en ligne de compte le sacrifice de l 'homme. II ne s’agit pas de salut par grace, mais d ’autojustificat ion, de «salut» par ses propres efforts. Tout cela, et nous l ' avons deja vu, n ’est q u ’une gigantesque mysti­fication. Paul, l ' apotre de la grace, n'ecrit-il pas que ce n ’est pas par les oeuvres que le salut est manifeste, afin que person- ne ne se glorifie (cf. Ephes iens 2: 9). Mais il semblerait que les maitres a penser du Lectorium Rosicrucianum n'at tachent pas bea ucou p d ’importance a ce verset pour tant si clair...

Etre initie signifie tout s implement progresser magnetique- ment vers le « C h a m p magnet ique de I’Ecole Spirituelle». Ainsi, la relation de I’eleve avec la hierarchie est materiali- see: il s ’agit en effet de radiat ions magnetiques, de vibra­tions, done de substance materielle, et non pas d 'une relation spiri tuelle avec le Dieu vivant qui, elle, n ’est pas mesurable. La di fference est fondamenta le : le rosicrucien du Lectorium est, qu'il le veuille ou non, sous l’emprise de «forces magneti- ques» , plus exac tement occultes, et cela a son insu. Croyant s incerement t rouver la verite, il se trouve pris en fait dans un faisceau de puissances etrangeres a sa personne.3. Un novieiat en deux etapes

Mais pour parvenir a l ' initiat ion proprement dite, l'eleve qui desire progresser dans la connaissance initiatique doit passer par une sorte de novieiat en deux etapes: le Consecra- tio et le Benedictiol J. van Ri jckenborgh, toujours lui, precise

68 Cf. J. van Ri jckenborgh. ibid., p. 45.

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le sens de ces mots: «Le C'onsecratio est l ' initiation, le lien entre l 'eeole et l'eleve. Le Benedictio est la prise de l ' initie sur le profane , la liaison ent re l' initie et le profane. Le Bene­dictio ouvre la voie au C'onsecrat io69.» Ce langage a la fois etrange et mysterieux est caracterist ique a l ' esoterisme et tra- duit symbol iquement une realite, voilee certes, mais reelle. Le Benedictio est la liaison indirecte entre le candida t et la hierarchie ; en d 'aut res termes, cela signifie que le candidat , venant du monde dit «dia lect ique», entre dans l’ombre des choses a venir et qu'il voit de loin, il est vrai, le chemin de la del ivrance, celui qui mene en haut. Le C'onsecratio, lui, fait suite au Benedictio et represente une nouvelle marche dans la montee vers l ' ini tiat ion, une entree dans la hierarchie. L'eleve qui parvient a f ranchi r ces deux s tades preinit iatiques se trouverait done en presence du « M a i t r e » 70. Soyons clair: le «Mai t re» n'est pas une personne, encore moins le Christ, mais tout s implement I 'Ecole Spi r i tue l le!... avec toutes ses in­fluences nefastes, empressons-nous d'ajouter .

Les eleves qui se t rouvent sur le parvis de l’«Ecole Spi ri­tuel 1 e » (Benedictio) ont «re?u la semence necessaire a la concept ion et sont main tenan t tenus de faire fructifier cette s e m e n c e » 71. Le Ch emin de la del ivrance est le developpe­ment «dans le corps» d 'un e nouvelle personnalite. L' init ia­tion est done le moyen pour parvenir a retrouver le paradis perdu. Car il est important de savoir que la phi losophie de la Rose-Croix d 'O r est une constante recherche de ce qui n'est plus: le Paradis! Nous nous t rouvons la en face d ’un idea- l isme utopique , car le Paradis, celui d 'A d am et d 'Eve, a ete a tout jamais detruit par le peche et nulle creature ne pourra y retourner. Par contre, Christ nous a prepare une nouvelle de- meure, celle-ci eternelle, et qui sera sans co m m un e mesure avec l 'ancienne. C ’est pourquoi l’esperance du chretien est tournee vers le Seigneur, le Christ , «celui qui etait, qui est et qui vient» (Apocalypse 1: 4). Notre nouvelle habitat ion nous est deja donnee par la foi en Jesus-Christ , elle deviendra une realite lors de son retour. Nous nous apercevons sans peine que l’initiation s 'oppose a la foi: l' initie croit at teindre par

4g J. van Rijckenborgh, ibid., p. 47.,fl Le Benedictio serait le stade de la conception et em bryonnaire. tandis

que le C 'onsecratio serait celui de la naissance (op. cit. p. 62.).71 J. van Rijckenborgh, ibid., p. 64.

ses propres efforts l’Absolu, reintegrer 1' I dee originelle: le croyant , lui, s’a ttend a la grace de Dieu et, par la foi, croit que Dieu lui accorde toutes choses necessaires a son exis­tence presente et future, materielle et spirituelle.4. Les deux premieres initiations

D'apres le Lectorium Rosicrucianum, la Bible, et plus pre- cisement le livre de l’Apocalypse , justifierait la prat ique de l’initiation! Prenant pour exemple les lettres aux sept eglises d 'Asie, Jan van Ri jckenborgh, dans son livre fondamental Dei Gloria Intacta, essaie de prouver par un «commenta i re esoterique» le bien-fonde de l ' initiat ion. Sa demonstrat ion, nous le verrons, est faible et quelquefois f ranchement ridi­cule. Faisant fi du contexte bibl ique, historique et theologi- que. l ' auteur propose une interpretat ion curieuse de ce pas­sage de l 'Apocalypse. II y voit no tam ment trois cercles dit de Mercure, de Saturne et d ' Uranus! De meme, il y aurait vingt et un degres ini t iat iques!! Co m m en t est-ce possible? Ecou- tons J. van Rijckenborgh: «C e deper issement et cette nais­sance structurels, appeles mysteres initiatiques, a trois fois sept, soit vingt et un aspects. Nous parlons de trois septuples Cercles. Chaq ue cercle presente sept aspects, etablit sept pouvoirs et place l 'eleve dans sept champs de travail. Un sep­tuple chandel ie r brule pour l 'eleve dans chaque cercle. Sept principes de feu lui y sont t ransmis qui se trouvent devant lui com m e sept anges, temoignent de sept co m m u n a u t e s 72.» Un vrai charabia! Heureusement que l 'Evangile est de lecture moins indigeste...

Les deux premiers degres ou « initiations fondamentales» font suite au processus «d 'au to- revol te» ou «revirement fon- damen ta l» . Desormais , le candida t , touche par les v i b r a ­tions de la lumiere» (les fameux «rayons christ iques») s ’ouvre a une nouvelle vie: il t raverse la «mer acad emique » 73 et entre ainsi dans le chemin de la Transfiguration. La pre­miere initiation «place le ca nd ida t devant le plan lumineux de Dieu» tandis que la seconde initiation est un processus de regenerat ion, afin que la creature puisse etre de nouveau en equil ibre avec le dessein et la nature du C r ea te u r 74.

” J. van Rijckenborgh, Dei Gloria Intacta. p. 66. Cette citation sem ble etre mal traduite.

71 M er ou ocean academ ique = im age de la constante mobilite du monde.’4J. van Rijckenborgh, ibid., p. 70.

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5. La troisieme initiationLa troisieme initiation, appelee i n i t i a t i o n de Mercure de

premier septuple cercle», prendra i t ses racines dans la pre­miere lettre aux sept Eglises d ’Asie, cel le d ’Ephese! L’expli- cat ion esoterique de cette lettre justif ierait cette initiation. Pour notre part, nous avons rarement vu une telle interpreta­tion de la Bible tordue a ce point. La Parole de Dieu est litte- ralement defiguree par toutes les adjonctions occulto-esoteri- ques. Par exemple, l ’annon ce de la revelat ion ne serait faite que par le nouveau «Messager des Dieux», le nouveau Mer­cure! (ou est Christ?) et ainsi de suite. L'Ecr iture Sainte ne s ’explicite plus en fonct ion d'el le-meme, mais a l’aide des philosophies grecque, egypt ienne, gnost ique, occulte, etc... Que reste-t-il de la Bible, de cette «epee a double tran- ch an t» ? Absolument rien!

« Recevoir l ' ini tiat ion de Mercure, ecrit le grand Maitre du Lectorium Rosicrucianum, c'est comme gravir une mon- tagne. Dans l’Ancien Testament , cette initiation est d ’ailleurs designee sous cette forme: «Gravir le Mont Nebo» (sic) qui est M e r c u r e ’5.» Suit le commenta i re pour le moins siderant: Moise comm e Jean-Baptis te sont des « inities de Mercure», des «precurseurs» , qui com mencen t a decouvri r la nouvelle vie, tandis que Josue et Jesus sont des «real i sateurs». des ini­ties enfin liberes. Cette init iation du troisieme degre aurait po ur objet le developpemen t du pouvoir de penser. «II s ’agit ici du devoi lement , de la naissance du nouveau pouvoi r de p e n s e r » e c r i t J. van Ri jckenborgh qui ajoute plus loin que «l ' ini t iat ion de Mercure est la cause qui provoque le renou- vel lement du sanctuai re de la t e t e » 77.6. La quatriem e initiation

La quatr ieme initiation, celle de Venus, «revele le nouvel etre affectif, a savoir une sensibilite basee sur une raison su- per ieure (...) l ' initiat ion de Venus veillera au renouvel lement du sanctua ire du c o e u r » 78. Ce niveau d' ini t ia tion developpe, si I 'on en croit l ' auteur, un «aspect feminin» (Mercure =

75 J. van Ri jckenborgh, ibid., p. 71.J. van Ri jckenborgh. ibid., p. 70.

77 J. van Ri jckenborgh. ibid., p. 85.7K J. van Ri jckenborgh. ibid., p. 85.

masculin) de la tete et du coeur. Les initiations de Mercure et de Venus, tres impor tantes parait-il, sont considerees comme deux solides piliers eriges «au service du nouveau temple hu- main». Ne sont-ils pas appeles respect ivement le Saint et le Saint des Saints?! Les deux initiations manifes teraient une « force d 'amour». . .

Toutes ces explications nous laissent perplexes et surtout el les produisent en nous un profond sent iment d ' indignation. Car , une fois de plus, le nom du Dieu trois fois saint est me- prise et deshon ore par les enseignements blasphematoi res de la Rose-Croix d 'Or . Nulle part dans la Bible, en effet, il n'est ques tion que l 'homme, meme regenere par le Saint-Esprit , soit assimile au Saint et encore moins au Saint des Saints. Que l 'homme, temple du Saint-Espri t , puisse etre en co m m u ­nion spiri tuelle avec le Christ , I 'unique mediateur , dans le lieu tres saint, face a face avec son Dieu, la nous sommes d ' accord , mais que l 'homme, meme sauve, avec sa misere et son peche, se proc lame Dieu, la notre reponse est un non ca- tegor ique; q u o iqu ’en disent certains chretiens (part isans de la doct rine dite de « l ’abond ance» ) , nous sommes sur la Terre et non pas encore au Ciel: le peche existe toujours chez le chretien! Et il cree un profond abime entre l 'homme et le Tout-Puissant . Seule une co m munion profonde avec le Christ permet de combler ce fosse.

Cela, le Lectorium Rosicrucianum 1’ignore superbement. Le texte qui suit nous le prouve aisement: «Des que la lu- miere est re^ue sur le Mont Nebo et que I'eleve a vide le sanctua ire de la tete (le Saint) de ce qui est de la nature, Dieu va le rencontrer corporel lement dans le sanctuai re du coeur, le Saint des Sa in ts79.» On ne peut etre plus clair: le candidat rosicrucien est invite a renoncer purement et simplement a sa volonte, a son intelligence, a toutes ses facultes mentales et intellectuelles: apres cela, «Dieu », le fluide christique, la ra­diat ion «divine», l ' emanation Huidique de 1'Ecole Spirituelle va toucher dans son corps le candidat . Exprimons-nous aut rement : le «travail» de I'eleve consiste a s’aneanti r dans sa personnal ite, a s ’annih iler dans son sens critique. Naturel- lement, et prof itant de cet etat d' inferiori te psychomentale, le Lectorium Rosicrucianum exerce une terrible pression oc-

79 J. van Rijckenborgh, ibid., p. 86. C ’est nous qui le soulignons.

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culte sur le candidat qui, a son tour, experimente les memes ph en omene s psycho-occultes. L' init iation se definit comme une succession d experiences, presque ident iques a chaque degre, et dont le pr incipe m oteur n'est aut re que les «at tou- chements» occultes que subit le candida t rosicrucien. En ef­fet. les rayonnements , les « radiat ions chr ist iques» ont pour origine premiere S a t a n 80 et ceux qu'i l a enchames , a utrem ent dit les «inities». Dieu, lui. agit spir i tuel lement et non pas ma- gnetiquement.7. La cinquiem e initiation

La c inquieme initiation, celle de Mars, est tout aussi im- por tante que les precedentes. C'est en tout cas I'avis du G ra nd -M ai t r e qui ajoute: «Le nouveau Mars, la na issance de la volonte elevee en Dieu, rend par consequent l 'esprit de l 'homme celeste reellement immanent . (...) Le nouveau Mars est l 'homme-dieu qui descend dans la chai r: il est la volonte libre qui va employer , de la maniere voulue par Dieu, toutes les forces de sagesse mises a sa disposi tion (...) c'est ainsi qu'il est une image de D i e u 8,.» Mars, c'est l 'energie dynami- que qui «por te le sang spiri tuel de 1'eleve a une vibration toute no uv e l l e» R2. L'initie de Mars peut ainsi deployer une energie divine puisque le «Grand-P re t re» , c 'est-a-dire les forces occultes de l 'ecole, habite en lui. D'ail leurs, J. van Ri jckenborgh le dit en des termes qui ne pretent pas a equi ­voque: «M ars le grand-pret re, l 'homme qui comme tel recoil Fi l lumination et execute le travail m a g i q u e » 8;\

La magie? Est-elle spiri tuelle comme le pretend la Rose- Croix d 'O r? Est-elle d iabol ique? A vrai dire la question ne se posera it pas tant les avert i ssements de la Bible sont clairs. Pour Dieu. il n'y a pas de «b on ne magie»; toutes les magies, qu'el les soient occultes ou gnost iques, ne sont qu 'abomina - tion et peche.

L '«Enseignement universel» de la Rose-Croix d 'O r croit que «la magie, comprise dans son essence, n'est pas autre

80 N ous considerons. en effet. que Satan est une creature spirituelle (ange)et dont les pouvoirs, bien que limites p ar Dieu. sont tout de meme assezpuissants pour que beaucoup d 'hom m es le suivent dans sa chute.

Hl J. van Rijckenborgh, ibid.. p. 96.J. van Rijckenborgh. ibid.. p. 95.

w J. van Rijckenborgh. ibid.. p. 97.

chose que la reconst i tution et I 'applica t ion d 'un bien et des facultes originels, voulant dire par la que l 'homme, a l'ori- gine, disposait , par rapport a l’ho mme actuel, de grandes et miraculeuses forces et facultes. En eltet. l 'homme etait en ce temps- la un veritable «enfant de Dieu». II possedait a un de­gre de perfection, en libre developpement , de merveilleuses facu) tes»84.

La encore. J. van Ri jckenborgh specule sur le passe et sur- tout avec le message biblique. En effet, la Parole de Dieu ne nous dit nulle part que l ' hom me a son origine disposait de « merveilleuses facultes» magiques. Tout au plus, 1' au teur de la Genese nous dit q u ’Adam et Eve avaient pour tache de cultiver et de garder le ja rdin d 'Eden. Une belle tache, certes, mais qui n'a rien de magique.

Le Grand-Mai t re du Lector ium va nous appor ter de I'eau au moulin quand il defin it ce qu'est , en realite, la «magie gnos t ique»: «Le chemin du retour, la renaissance graduelle dans notre veritable nature divine, est un developpement oc- culte connu sous le nom de «ars magica» ou «Art Magique», ou bien sous celui de «reconst ruc tio» ou «Art Royal 85.» Plus loin, il ajoute: «Le reconstructio, mene a bien dans et par l'eleve. au service du G rand But, est la base de toute magie b l a n c h e 8'’.» On ne peut pas etre plus clair: P«Art Royal» n'est aut re que de l 'occul t i sme8’.

L'«Art Royal» - l’occult isme - permettrai t a tous les inities d ' accede r au vrai sacerdoce et d 'exercer la vraie royaute! In- croyable, mais vrai... Apres cela nous n'avons plus de doute: le Lectorium Rosicrucianum n'est en definitive qu 'une so- ciete occulte qui, sous le manteau du christ ianisme dit «eso- ter ique», diffuse un ense ignement pernicieux et absolument etranger a la revelation biblique.8. La sixiem e initiation

Revenons maintenant au processus de l ' initiation et abor-

84 J. van R ijckenborgh, Philosophic etementaire de la Rose-Croix moderne. pp. 33-34.

van Rijckenborgh. ibid.. pp. 34-35. ("est nous qui le soulignons.J . van Ri jckenborgh. ibid.. p. 37.Q uelques lignes plus loin, J. van Rijckenborgh se reprend et affirme

que «les mots ayant trait a l'occultism e et a la magie ont perdu, par un em- ploi fautif, leur sens veritable».

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dons le sixieme degre. celui de Jupiter (qui cor respondra it a I'Eglise de Thyatire). Cette initiation est, en quelque sorte, 1’examen de passage entre le travail preparato ire «interieur» des cinq premiers degres et le travail exterieur, a savoir le « temoignage de la Fraternite de Lumiere Stat ique et Univer- selle» (sic). En effet, « l ’eleve passe au travail dans le champ ext er i eur88, il s’adresse a la masse et lui donn e I’enseigne- ment et les forces du Roya ume; il fonde un reflet de I’Ecole Spirituelle ou col labore a une telle ecole. Le but ultime est ev idemment d'evei l ler cette masse et de la pousser a la recon­na is san ce )^9. Ainsi l’initie de Jupiter devient a part entiere un missionnaire, un pr opaga teur du Lectorium Rosicrucia- num.

Jupiter est represente dans le «christ ianisme esoterique et gnos t ique» sous les traits de l’Archange Michel! De ce fait, I’unite de Jupiter est chargee d ’une grande force et i( est cons idere comm e etant le vrai Mage: il possede la sagesse, la force et la volonte spirituelles. L 'homme. initie de Jupiter, est do ne I 'envoye qui fait rayonner la lumiere du monde dialecti- que. II devient done «pecheur d ' ho mm es».9. La septiem e initiation

Nous en arrivons ma intenant a la sept ieme et derniere ini­t iation du premier septuple cercle, celle de Saturne (qui est mis en paral lele avec I'Eglise de Sardes). L' init iation de Sa­turne a pour but le «changement total de la stature corporel le ent iere». II s'agit done , ni plus ni moins, d 'un e veritable res- taurat ion du corps-microcosme. «Les cellules et groupes de cellules de I 'ensemble de la stature phys ique re9oivent du nouveau Saturne des proprietes nouvelles. Le pr incipe spiri- tuel present dans chaque cellule, son nucleus, emprunte du nouveau Mars un pouvoi r permanen t rayonnunt , lumineux, magnet ique et nourricier. Grace a cette activite, I 'ancien corps est progressivement demoli et remplace par un autre. Cet aut re s’epan ou i ra en tant que corps immortel de l ' homme ressusci te ,,0.»

Le premier septuple cercle est done ferine. II aura permis a l 'homme de sortir de l’etat «dialec tique» ou il se trouvait

88 C 'est-a-dire le «m onde dialeetique», noire hum anite.K"J . van Rijckenborgh, Dei Gloria Intacta, p. )05.90 J. van R ijckenhorgh. ibid.. p. 116.

po ur parvenir a une s tature to ta lement nouvelle. Sans etre di~ vin, r « ho m m e- S a tu r ne» n'est plus comme les autres: il est presque parfait. Mais il n'en reste pas la et il desire encore progresser: il va done ent rer dans le deuxieme septuple cer­cle. celui d 'Uran us (qui serait celui de I'Eglise de Philadel- phie).10. Les dernieres initiations

En ce qui concerne les init iations superieures. celle d ' U r a ­nus (degres 8 a 14) et celle du troisieme septuple cercle, N e p ­tune - Eglise de Laodicee - (degres 15 a 21). le Lectorium Ro- s ic ruc ianum, tout comm e les autres societes initiatiques, est d ' un e discret ion par ticul ierement exemplaire. II est vrai que les secrets a part i r d 'un certain niveau d' ini t iat ion ne sont plus divulgues et le Lectorium n ’echappe pas a cette regie. Nea nmoins , bien des secrets filtrent a l’exterieur et le «pro- fane» parvient mieux a saisir les rouages de ces associations occultes.

Quelques mots done sur l ' ini t iat ion d 'U ranu s qui est celle de la nouvelle naissance! Mais at tent ion, pas de confusion: il ne s'agit aucunem en t de la nouvelle naissance dont Jesus s'est fait le premier proc lamateur et les apotres ont ete les plus ardents defenseurs de cette doctr ine capitale. Selon la Rose-Croix d'Or , «II s'agit ici de la naissance du nouvel etre- ame celeste, lui aussi d 'aspec t s e p t u p l e » yi. Le cercle d ' U r a ­nus est un cercle psychique et «la lumiere divine nait corpo- rel lement dans l’eleve, elle devient partie integrante de son etre. L'initie d ’Uranus peut par ler «du Christ en moi» ' ,:. Plus loin, 1’auteur ajoute: «U ra nus est ... un symbole christ ique superieur . Christ , ici, n'est plus « l 'agneau qui efface les pe-ches du monde», pas plus qu' il n'est le pecheur d 'hommes,mais la grande Force d 'A m o u r Universelle rayonnante. la ve­ritable et reelle vibration Cosmique , Universelle, Omnipo- t e n t e 9\ » Les initiations d 'U ranu s signifieraient: «etre rempli et revetu de la Force Universelle d 'A m o u r et de Lumiere, la posseder ent ierement. (...) L' initie en qui cette lumiere d ' a m o u r est nee entre dans la Hierarchie de la lumiere et co- par ticipe au pouvoi r de Christ et a Sa magie ' ,4.» Enfin, «l'ini-

'>l J. van R ijckenborgh, ibid.. p. 133.,2 J. van Rijckenborgh, ibid., p. 134.,3 J. van Ri jckenborgh. ibid.. p. 135.1,4 J. van R ijckenborgh, ibid.. p. 136.

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tie d 'U ranu s possede tous les pouvoirs createurs mystiques de I'eternite qui doivent etre introduit s dans le temps pour une resurrection ou une c h u t e » 95. Ainsi done , l’initie d ' U r a ­nus possede une nouvelle ame, une «Ame Super ieure», et il est doue de pouvoirs surna turels «createurs».

Nous arrivons maintenant au troisieme septuple cercle, ce- lui de Neptune (Laodicee). Ce haut niveau d' ini t ia tion est en rapport avec la mani festat ion de la stature spiri tuelle: I'eleve a, enfin, atteint son but: «I1 est en D i e u » 96. Son esprit est vi- vifie, il se t rouve detache du «m o n d e inferieur». II est de- venu « in t o u c h a b l e » ! Pas de risque de tomber dans l’occul- t isme «grossier» (dialectique), ni meme de deveni r fou! La Rose ou plutot la «Rose du coeur» qui etait j u s q u ’a present «incolore, bril lante, pure et b lanche» devient rouge-orange. L’initie de Nep tu ne monte sur le t rone et celebre la Sainte- C'ene... II est enfin Frere de la Rose-C’roix: l 'Absolu est a t ­teint. «Le chemin de l 'Auto- franc-ma^onnerie est termine, apres vingt et une initiations «a I ' interieur du cercle de douze». C ’est ainsi que le Frere du trente-troisieme grade prend part a la Sa in te -Cene 97.»L’organisation et l'initiation de I’Association Rosicrucienne1. L 'organisation

El le est net tement moins lourde et moins bureaucra t ique que celle de l 'A.M.O.R.C. Le siege di recteur d 'Oceans ide (U.S.A.) central ise toutes les de mandes d 'admiss ion des can- didats a l ' initiation. Tout le m on de peut s' inscrire et, chose par t icul ierement bizarre pour une societe occulte, les hypno- tiseurs, les mediums, les ch i romanciens et autres astrologues professionnels n ’y sont pas admis.2. Les differentes categories de m em bres

L'Associat ion Rosicrucienne se compose de membres etu- diants prel iminaires (qui cons ti tuent le noviciat), d 'e tudiants reguliers, de candida ts et, enfin, d' inities.

- Les etudiants preliminaires (PI ) sont ceux qui ont rempli95 J. van Rijckenborgh, ibid.. p. 139.96 J. van Rijckenborgh, ibid., p. 152.9' J. van Rijckenborgh. ibid., p. 157. Le chiffre 33 est sym bolique: il est la

com binaison de deux autres chiffres: 21 + 12.

une d em an de d 'admiss ion et suivent les cours par correspon- dance de cosmogonie selon les enseignements de Max Hein- del. Les cours, contrai rement a ceux de l 'A.M.O.R.C., s auf le livre, sont ent ierement gratuits. C o mpor tan t 12 lemons, cet enseignement consti tue une synthese tres sonimaire de la «phi losophie» de Heindel.

- Les etudiants reguliers (PL) sont ceux qui ont obligatoire- ment termine le cours prel iminai re et qui ont rempli la de ­m an de d 'admiss ion au cours supplementa i re de philosophie (40 lemons et une serie de 44 questions). Cette de mande doit etre adressee di rectement aux Etats-Unis, et, lorsque celle-ci est acceptee, I’eleve est considere com m e «etudiant regulier» pour une per iode probatoi re de deux ans.

- Les candidats, tout comme les «e tudiants reguliers», doi ­vent formuler une dem ande aupres du siege directeur. Les condi t ions d 'admiss ion sont plus severes: en effet, les cand i ­dats doivent rompre toutes les relations avec tout ordre oc­culte ou religieux, «a l ' exception des eglises chretiennes et des ordres f ra terne ls»98. Les candidats , et eux seuls, peuvent suivre les cours de la Bible (28 lemons) et d 'Astrologie (ele- mentai re: 26 lemons; supplementa ire : 12 lemons; superieur: 13 le9ons): en plus, ils re^oivent les bulletins mensuels de l 'Ordre qui comprennen t des enseignements rosicruciens et des informations a usage interne.

- Les inities. Lorsque le candida t a termine les trois pre­mieres etapes de sa format ion pseudo-spiri tuel le, il doit, a ce moment- la seulement, adresser une dem an de ecrite a la sec­tion Esoterique du siege di recteur d 'Oceanside , afin de rece­voir les instructions personnel les des «Freres Aines». II n’y a pas, a proprement parler, de degres, au sens d 'un examen de passage suivi d 'un rite d' ini t iat ion dans le processus initiati- que de l’Association Rosicrucienne, mais une lente progres­sion qui dure en pr incipe toute une vie.

- L'Adepte. C ’est en quelque sorte le «Super Init ie», celui qui a atteint le 10e grade initiatique.3. L 'initia tion selon I'Association Rosicrucienne

Nous pouvons dire, d 'un e maniere generale, que l' initia- t ion rosicrucienne, version Heindel , comp rend 13 degres ini-

98 M. H eindel, Cosmogonie des Rose-Croix. p. 519.

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tiatiques. Ceux-ci cor respondra ient aux sept jours de la c rea­tion de meme q u ’aux sept per iodes de revolut ion . L' init ia­tion aurait , toujours selon Max Heindel, un object if double: la revelation de nos origines ainsi que celle de notre develop­pement futur. «Le chemin de l ' ini tiat ion, ecrit le t 'ondateur de ( 'Association Rosicrucienne, permet a ceux qui le suivent d ’accompl ir en quelques courtes vies ce qui demandera i i des milliers d 'annees a la majori te des h o m m e s " . » L' init iation serait, selon Heindel, 1'oeil de la conscience. Nous savons deja que, du rant la periode de Saturne, l’ho m me mineral etait dans un etat de lethargie absolue ; a la per iode du Soleil, «une conscience de sommeil sans reve»; a la lune corres­pond la percept ion d ' images-objets exterieurs. Tandis que la per iode mar t ienne de la per iode terrestre ( 1/2 terre) cor res­pond a une percept ion objective.

Le but de l ' ini tiat ion, selon les adherents de Heindel, se rapporte au developpement de la conscience de l’homme. Si I 'on en croit ses propos , incoherents du reste, il n'y aurait pas eu, j u s q u ’a la fin de l ' epoque mercurienne, per iode de terre, d ' ini t iat ion proprement dite: celle-ci aurai t commence lors de la periode de la terre (moitie mercurienne), soit au debut du processus de revolut ion . De ce fait, l’initiation et r e v o l u ­tion sont inevi tablement liees i’une par rapport a I 'autre. Plus le candida t progresse dans la vie initiatique, plus son evolu­tion de la conscience objective s ’accroit . L' init iat ion est, d 'apres Heindel , le chemin etroit qui mene a la l iberation! Ce «chemin etroi t», qui n ’a rien a voir avec les enseignements du Sermon sur la montagne , est appele le «Sceptre de Mer- cure». Tandis que « l 'Hum an i t e ordinai re» (les non-inities) suit le chemin normal, au t rement dit en spirale, l' initie, lui, p rend le «chemin etroit et direct» qui mene a Dieu (fig. 7). L' init iation permettrai t done a celui qui desire le «salut» de gagner du temps, et de s ' epargner ainsi quelques re incarna­tions supplementai res!

99 M. H eindel, ibid., p. 408.

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I. la "voie normale " du profane

2 la " vo ie d i re c te " de l ' in i t ie

t DIEU

fig. 7

L'init iation, telle que la con^oit Max Heindel, ne ressem- ble absolument pas aux schemas t radi tionnels des ordres ro­sicruciens «ma<;onniques», tel I 'A.M.O.R.C. «... La veritable initiation , ecrit-il, ne comporte aucun ceremonial quelconque (...). Cette initiation n'a pas du tout lieu dans le monde physi­que et ne compor te aucune lecture d ' un rituel par quelqu'un d 'aut re, aucune allocution, aucu n sermon, ni rien de sembla- ble. Pas un seul mot n'est pronon ce pendan t qu'el le a lieu (...) Ce n ’est pas un ceremonial exterieur. mais une experience inte- rieurei00.»4. Les m ethodes initiatiques

Elles sont parfai tement decri tes dans la Cosmogonic. II est impossible de les expliciter toutes dans les moindres details; cependant , nous pensons q u ’il est utile de ne retenir que les points qui nous paraissent les plus importants. Nous suivrons a cet effet l’ordre propose par la Cosmogonic.

- La science de I'alim entation est Pun des premiers prin- cipes pour suivre ef ficacement le chemin de l ' initiation. Les rosicruciens ap prennen t en tout premier lieu a s’occuper de leur corps, et plus spec ialement de leur alimentat ion. II ne faut pas oublier, en effet, que les disciples de Max Heindel sont invites a etre vegetariens. Une bonne al imentat ion pro- duirai t un meilleur developpement physique et psychique: les al iments (et le vin!) seraient, parait-il, un facteur d e v o l u ­tion pour l 'homme!

- La loi dassim ila tion est la conclusion logique du point precedent . II ne suffit pas de bien se nourrir, encore faut-il

100 M. Heindel. La Philosophie rosicrucienne, Tom e II. p. 197. C 'est nous qui le soulignons.

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assimiler. Une bonne digestion est necessaire pour pouvoi r prol i ter de l’initiation! Selon Heindel, l 'homme ne devrait manger que des fruits et des legumes, car leur energie cosmi- que serait plus durable, d ’ou la plus grande assimilation de ces al iments. Inversement, un rosicrucien qui aurai t une nourri ture plutot carnee verrait la const ruc tion de son corps phys ique et psychique per turbee, en tout cas ralentie.

- V ora ison dominicale. Les deux premiers aspects de I’ini- tiation, loin d 'etre negligeables, sont au contraire tres itnpor- tants bien que cela ne concerne que le «terrestre». Avec le Pater, nous abo rdons une aut re d imension: celle du «spiri- tuel». La priere, et plus par t icul ierement le Pater, est une sorte de prepara t ion a I’etabl issement de la «Fraterni te Uni- verselle» - I 'unite des inities - sous l’egide de Christ.

Mais le « Notre Pere» a aussi d 'aut res fonctions, entre aut res celle d 'obteni r la liaison entre la «nature infer ieure» et la «nature superieure». Voici, a cet effet, les explications, du reste assez compliquees, de Max Heindel ; il s ’agit la d ’un bref commenta i re esoterique du « Notre Pere». «L'espri t hu- main s'eleve ju squ 'a sa contrepar tie, 1’Esprit-Saint (Jehovah), et dit: «Que Ton Nom soit sanctifie». L’esprit vital s’incline devant sa contrepar tie, le Fils (Christ), et dit: «Q ue ton regne vienne». L'esprit divin s ' agenouil le devant sa contrepar tie, le Pere, en priant: «Que ta volonte soit faite». Alors I’aspect le plus eleve de l 'esprit, l’espri t divin, presente sa requete a l’as- pect le plus eleve de la Divinite, le Pere, pour sa contrepart ie, le corps physique: «D on ne -no us aujou rd 'hu i notre pain quo- tidien». Le second aspect, l’esprit vital, adresse sa priere a sa contrepar tie, le Fils, pour le corps vital, son reflet dans la na ­ture interieure: «Par do nne -no us nos offenses comme nous pa rdo nn on s a ceux qui nous ont offenses». L’aspect inferieur de l 'esprit, l 'esprit humain, s ' adresse alors a l 'aspect inferieur de la Divinite pour le plus eleve des trois corps, le corps du desir: «N e nous soumets pas a la ten tat ion». F inalement , tous ensemble, les trois aspects de l 'esprit de l ' homme s’unis- sent pour offrir la plus impor tante des prieres, au profit de I intellect, avec les mots: «Delivre-nous du mal». L' introduc- tion: « Notre Pere qui est aux Cieux» n'est rien de plus qu 'u ne adresse sur une enveloppe ,0,.» Grosso modo, il s’agi-

101 M. H eindel, ibid., pp. 459-460.

rait d 'une «priere» qui repondrai t aux besoins du «Corps phys ique dense» (nourriture), du «C'orps vital» (pardon des offenses), du «Corps du desir» (tentation), de l’«Intellect» (delivrance du mal), mais aussi de l’«Espri t humain» (sancti­fication du nom de «Dieu») , de l’«Espri t vi tal» (regne) et de l’«Espri t divin» (volonte divine). Ainsi, la «priere domini- ca le» aurait pour but de «sat isfaire pleinement les sept prin- cipes de l’hom me» - le corps triple, l ' intellect et l 'esprit triple.

- La construction du vehicule interieur. L'un des buts de l ' ini t iat ion est d ’etablir le «contac t» entre le «Corps physi­q u e » et le «Corps etherique». II s’agit done de se «procurer un vehicule» qui soit «subt il» po u r qu' il puisse s ’adapter aux besoins de Y Ego dans les «M on des Interieurs».

Dans la «vie ordinaire», Y E g o se trouverait a l’interieur du corps tandis que son energie est dirigee vers I’exterieur. Au cours du sommeil , V Ego se t rouverai t hors du «corps dense» ( l 'homme «phys ique») et du «corps etherique». De la, YEgo peut operer sur les «corps dense et etherique» un «travail utile»! L’aspi rant peut obteni r le meme resultat par la concent ra t ion psychique qui a po u r but la «division de la par tie superieure et de la part ie inferieure du corps etheri- que». Par un effort de volonte. l 'aspirant-init ie se trouve un j o u r hors de son corps phys ique: il peut done observer son corps! Mais cette projection de YEgo, qui peut se reproduire a volonte, n'est pas un exercice dest ine a s’amuser , loin de la! L’object if premier n ’est aut re que la construct ion des vehi- cules qui sont les supports indispensables pour toute pro­gression initiatique. Un de ces vehicules serait le «corps ethe- r ique», ce corps subtil qui permettrai t a YEgo d 'accompl ir son travail! Car, selon les enseignements theosophico-rosi- cruciens de Max Heindel, un bon vehicule est synonyme de rapide progression initiatique.

- La concentration. El le ne doit pas etre confondue avec la priere. Sur ce point , Max Heindel est clair: « L ’occultiste em- ploie la concent rat ion de preference a la priere, parce qu'elle s ’accompli t a l’aide de l ' intellect qui est froid et prive de sen­t iments (sic), alors que la priere est generalement dictee par l ' emotion 102.» La concent rat ion est l’ent rainement de la pen- see - qui est un puissant moyen pour acqueri r les connais-

102 M. Heindel, Cosmogonie des Rose-Croix, p. 456.

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sances - sur un sujet precis et determine. N ’impor te quel su- jet peut etre I'objet de cet exercice: les fleurs, le Christ ou toute aut re chose! Si le candida t choisit le Christ , il doit ima- giner un «Chr is t veritable» (sic), «don t les traits soient m o ­biles, les yeux pleins de vie et dont l’expression ne soit ni fi- gee ni m o r t e » L e but de la concent rat ion serait de «cons trui re un ideal vivant». Done pas de r e p r e s e n t a t i o n s superficielles et vagues», mais des «images reelles et vi- vantes». Alors, le « M o nd e du desir» se revelera dans la «vi- sion interieure» du candidat . C ’est le debut de la vie initiati­que.

- La m editation. C ’est tout s implement un exercice psychi­que qui a pour but d ’imaginer en soi toute scene de la vie re- ligieuse ou courante. Cela peut etre un rappel a la memoire de la vie du Christ ; mais 9a peut etre aussi la faculte d ’imagi- ner comment on fabr ique une allumette! Max Heindel, en ef­fet, cherche a expliquer ia medi tat ion par une illustration, celle d ’une «histoire comple te d ’une al lumette»! Soit le pr o ­cessus de fabrication des allumettes depuis la germination de I’arbre en passant par sa croissance et son abat tage et j u s q u ’au produi t fini!

C ’est beau, a la r igueur assez romantique , mais ce n ’est pas la bonne definition. Ca r nous croyons que la medi tat ion n ’est pas Ie produi t de l’imaginat ion humaine, mais a pour origine et finalite la personne meme de Dieu. C ’est ce q u ’affirme le theologien reforme J.I . Packer: «La medi ta tion est I’activite qui consiste a se rememorer tout ce que l’on connai t des oeuvres, des voies, des buts et des promesses de Dieu, po ur y reflechir, s’y arreter et en trouver soi -meme l’applicat ion. C ’est un travail de sainte reflexion que Ton accompli t consc iemment , dans la presence de Dieu, sous le regard de Dieu, avec I’aide de Dieu; c ’est un travail qui permet d ’entrer en co mmunion avec D i e u l04.»

- L 'observation et le discernement. C ’est la mise en prat ique du point precedent . L’aspirant- ini t ie est tenu d ’observer sys- tematiquement les «etres et les choses» qui l’entourent , ceci dans le but de «rassembler des faits». La cri t ique qui est ab- sente dans I’observat ion se retrouve dans le discernement. II

103 M. H eindel, ibid., p. 480.104 J .I . Packer, Connaitre Dieu, p. 17.

s ’agirait la d ’une critique construct ive qui ne viserait q u ’un seul but: le progres.

- La contemplation. « E11 e a s implement pour but de main- tenir un objet dans notre vision mentale et de laisser notre ame nous p a r l e r l05.» L’object if premier de la contemplat ion serait de decouvri r ce q u ’est la Vie: le «chercheur» prend conscience du « fait supreme d ’une Vie Unique, la Vie Un i­verselle de D i e u » 10h. En d ’autres termes, cela signifie que l’adepte rosicrucien «decouvre» que « les mineraux, les plantes, les animaux et l’ho m me , tous, sans exception, sont des manifestat ions de Dieu; et c ’est ce fait qui est a la base de la fraternite qui embrasse tout, de l’a tome au soleil, parce que toute chose emane de la Divinite 107.» Nous retrouvons la I’influence du pantheisme. La contempla t ion n'est done que le moyen pour «co m pren dre» que les mineraux, les vegetaux et autres an imaux, meme les plus sauvages, sont nos Ireres! - L 'adoration. C ’est le sommet de la vie initiatique. Dernier volet de la methode initiatique de 1’Association rosicru­cienne, I’adorat ion est le degre le plus eleve que peut attein- dre l’adepte-initie. C ’est I’acte par lequel l’homme s 'unit a la Source Universelle. L'aide d ’un «ins tructeur» est absolument necessaire pour at teindre ce haut niveau initiatique.5. Les degres initiatiques

Max Heindel avait, lui aussi, sa propre idee sur le nombre des degres initiatiques. Tandis que l 'A.M.O.R.C. se limite a douze et que le Lectorium Rosicrucianum plane a trente- trois, Heindel, lui, en retient treize, avec une variante, fort impor tante d'ail leurs, s 'ar retant au chiffre 9. En fait, il y aurai t deux sortes d' ini t ia tions: la connaissance des «Mys- teres mineurs», au nombre de neuf, et celle des «Mysteres majeurs», ceux-ci n ’etant que quatre.

Le ch iff re 9 serait tres im p o rta n t . M ax Heindel etait un excellent k a b b a l is te et n ' ig n o ra i t pas la v a leu r sy m b o liq u e des nom bres . Par e x em p le , le nom d 'A d a m au ra i t ce tte va leu r n u m er iq ue (A = 1: D = 4 ; M = 40. C e qui fait: 1 + 4 + 4 4 - 0 = 9). Processus quasi id e n t iq u e p o u r les 144.000 et p o u r le ch iffre 666 qui sym bolise la

105 M. Heindel, ibid., p. 486.106 M. Heindel, ibid., p. 486.,<IT M. Heindel, ibid., pp. 486-487.

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Bete de I 'A p o ca lyp se ! Le ch iffre 13 sera it lui aussi de po r tee hau te - m en t sym bo l iq u e . Les 12 a p o t re s et le C hris t , ou les 12 signes du Zo- d ia q u e qui e n to u re n t le Soleil, ou en co re les 12 d e m i- to n s de la g a m m e m u s ica le c o m p r e n a n t l’o c tave (?), etc. P o u r H e in d e l , le v e ­r i tab le a to m e » se p re se n te c o m m e un g r o u p e m e n t de 12 e lec trons a u to u r d ’un n o y au !

L’initiation a pour but, dans un premier temps, la connais- sance de notre planete. Mais at tent ion! II ne s’agit pas d 'une connaissance scientif ique de notre terre, mais d ' un e explica­tion esoterique de la format ion du globe terrestre cons idere par les rosicruciens com me une matiere vivante. N 'oubl ions pas en effet que chez les rosicruciens la matiere n'est pas inerte, mais qu'el le possede une ame et une conscience. (Heindel le dit sans de tour lorsqu' i l ecrit qu' il faut «se rappe- ler que la terre est le corps phys ique d ’un grand Esprit» l08.) C ar la doctr ine rosicrucienne, faut-il le redire, est pantheiste.

Les ne u f degres mineurs cor respondent , selon Heindel, aux neuf couches de notre sphere terrestre. Au fur et a me- sure que le candida t progresse dans les degres, il decouvri ra - ou pensera decouvri r - les secrets de la Terre. Precisons que ces «couches>> ne coinc ident absolument pas avec la verita­ble realite phys ique ou geologique. Selon Heindel , la terre se­rait cons t i tu te comm e ceci:

Dans le premier degre, qui serait en relat ion avec la couche minerale, le candida t devrai t suivre psychiquem ent la revolution de Saturne et recapituler I 'epoque polaire. Max Heindel decrit quelle doit etre l ' experience de l ' initie: «Tou- jours en pleine possession de sa conscience a l 'etat de veille et sans perdre de vue les evenements de sa vie presente en ce vingtieme siecle, le candida t passe en revue les progres ac- complis par les Esprits Vierges dont il a lui-meme fait partie pe ndan t la revolution de Saturne log.»

Le second degre serait «geologiquement» en paralleie avec la «couche fluide» de notre planete. Le candidat , qui serait «en pleine c o n s c i e n c e s ferait un large inventaire de tous les progres accomplis a cette epo qu e pa r les « Esprits Vierges», c’est-a-dire qu'il serait a meme de «voir» le travail de la revo­lution du Soleil et par project ion I’epoque hyperboreenne.

108 M. H eindel, ibid., p. 497.109 M. H eindel, ibid., p. 515.

Le troisieme degre permet au candida t rosicrucien de s'en- foncer dans la «couche de vapeur»! La, l’apprenti-init ie sera am ene a decouvri r le travail de la revolution de la Lune ainsi que celui de I ' epoque Lemurienne.

Le quatr ieme degre est, selon Heindel, tres important , non pas sur le plan de la «geologie» (la «couche d ’eau» est at- teinte) et non plus sur celui des revolutions effectuees (der- niere demi-revolut ion de la Terre et premiere moitie de 1'epo- que at lanteenne), mais quant a revolu t ion . Voila ce qu'il ecrit a ce propos: «... les yeux de VEgo incarne se sont complete- ment ouverts, et l’etre humain a pu utiliser la Lumiere de la Raison pour resoudre le probleme de la conquete du m on de ll0.» Ce degre init iat ique consti tuerait un tournant dans revolu t ion du candidat . « Q u a n d on parle de son reveil, ecrit Heindel, le quat r ieme j o u r 1 u , au lever du soleil, c’est une maniere mystique d ’expliquer que son initiation au t ra­vail d ’involut ion de l’homme cesse au moment ou le soleil se leve sur la claire a tmosphere de I’Atlantide. Le candidat est alors salue comme un « premier -ne» 112.» Ainsi, ce degre mar­que le but final de son « involu t ion»; il pourra desormais al- ler de I’avant.. . .

Le c inquieme degre marque la fin de la retrospective du «passe» et le «nouveau-ne» peut accompl ir son ascension Car , selon la Cosmogonie, ce n'est seulement qu'a ce degre que l' initie peut etre ravi au «Troisieme Cie 1» 114.

Les quat re derniers degres mineurs n ’ont q u ’un seul but " 5, c'est que le candidat puisse col laborer «intel l igemment» avec les «Puissances qui travaillent pour le Bien». Inutile de se d e m a n d e r quelles sont ces «Puissances»! II ne s’agit ni plus ni moins que de puissances de m oniaq ues qui, eux, pensent pouvoir faire du bien, car le diable dispute a Dieu le privi-

M. H eindel, ibid., p. 516.111 Ou quatriem e initiation.1,2 M. Heindel. ibid., p. 516. C ’est nous qui le soulignons.113 II est cense atteindre les «couches de germes».114 Precisons d 'em blee que l'experience personnelle de l'apotre Paul de-

crite en II C orin th iens 12 ne peut pas s 'exp liquer en des termes rationnels. De toute evidence, il ne peut pas s'ag ir d 'u n e experience occulte de type ro­sicrucien.

1,5 En outre, le candidat finit son «pelerinage» dans la croute terrestre. II passera successivem ent par la «couche de feu», la «couche reflectrice», la «couche atom ique» (?) et la «couche d 'expression m aterielle» (??).

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lege de i 'Amour, de la Just ice et du Bien. Mais la, ne nous leurrons pas sur les bonnes intent ions de PEnnemi: la Bible af firme q u ’il est le pere du mensonge et que rien ne pourra le de tou rne r de sa mauvaise voie. Alors, il vaut mieux perdre a tout jamais ses il lusions sur ce sinistre personnage et se tour- ner vers celui qui est la Verite: Jesus-Christ .

Quant aux autres degres dits «majeurs» , soit les 10e, l l e, 12e et I3e degres, Max Heindel , lui-meme hau tem ent initie par les soi-disant «Freres Aines», n 'en sait pas grand-chose, du moins il ne donn e pas 1’impression d ’en savoir beaucoup. Nous ne jugeons pas utile d ’epi loguer longuement , ni meme d ’appor t er une reponse sommaire sur ce point, mais il sem- blerait que la «connaissance» initiatique, en d ’autres termes 1’explicat ion des phen ome ne s cosmogoniques , ne soit pas aussi s imple que cela. Ca r les degres «majeurs» sont orientes vers I’avenir. Or si le passe, grace a l’aide de l’histoire et des sciences, peut etre cerne et, dans une certaine mesure, com- pris, il n ’en est pas de meme pour Pavenir. Quel sera Pavenir de l’univers dem ai n? Et celui de l’h o m m e? La Cosmogonic de Max Heindel, et sur tout son concept initiatique, n ’appor tent aucu ne solution satisfaisante. Par contre, la Bible, revelation de Dieu, elle, ne nous laisse pas dans les incertitudes. La Terre actuelle sera detruite et remplacee par une nouvelle - qui ne sera pas une reincarnat ion! - tandis que l’ho m me connait ra , selon q u ’il aura vecu po ur Dieu ou contre lui, un etat de felicite ou de con da m na t io n eternei. La di fference, on le voit, est enorme. Au lecteur de se faire une idee...[/initiation selon PAnthroposophie

Bien que PAnthroposophie de Rudo lf Steiner soit une do c­trine d ’essence theosophique , il est egalement vrai q u ’elle se reclame de la Rose-Croix. Cer tains des nombreux ouvrages du celebre occult iste aut richien trai tent en effet du rosicru- cianisme. Pour lui, et il n ’en fait pas un mystere, PA n th rop o­sophie, dont il est Pinspirateur, est bel et bien une branche de la fami 1 le rosicrucienne. Cela est confi rme par le processus de l’init iat ion bien que celui-ci soit dans la forme assez di ffe­rent de celui des autres branches.

Ainsi, la quali te de membre - ou meme de s y m p a th i s a n t 116 -" ft C 'est le cas. notam m ent, lorsque des parents confient leurs enfants aux

«Ecoles R udolf Steiner».

de PAnthroposophie fait que Pon accepte par avance les en­seignements occultes de la Rose-Croix. Qui dit Rose-Croix fait penser aussitot a Phomme-ini t ie. Or. a ce sujet, Steiner ecrit: « L'initie fait Pexperience - en quelque sorte par ant ici­pat ion - de certaines etapes futures que Phumanite n'attein- dra que plus tard, et, pour decrire cette evolution, il se sert d ' images " ' . » Dans un ouvrage intitule Theosophie du Rose- Croix., qui est en fait une serie de conferences que Steiner d o n n a entre mai et ju in 1907, l ' initiat ion anthroposoph ique y est succinctement decrite. Le chemin de l ' initiation se decom- poserai t en deux voies, chret ienne ou rosicrucienne. Ces deux voies seraient, selon Steiner, utiles, mais la voie rosicrucienne est de loin la meilleure.

« L' init iation chret ienne, ecrit Steiner, comprend essentiel- lement une progression d ’etats d ’ame qui sont une ecoled ’humili te, de devot ion et d 'a b a n d o n de soi. Quiconque suit cette voie avec la perseverance et la pat ience necessaires l'era Pexperience de sa resurrect ion dans les mondes de Pesprit ll8.» Ainsi, l ' initiat ion «chret ienne» n'a pas pour but le salut et la vie eternelle, mais la conquete des mondes superieurs, c'est- a-dire la «resurrec t ion» dans les «m ond es » plus etheres.

L'origine de la «voie chre tienne» serait anterieure au christ ianisme! «Mais, ecrit Rudo l f Steiner, elle re^ut son ca- ractere propre d 'un grand initie, disciple de St-Paul a Athenes qui, sous le nom de Denis l 'Areopagite, inaugura une methode esoterique, source des methodes et doctrines subsequentes ny.» La voie chre tienne - ou initiation «chre- t ienne» - comprendra i t une m ethode qui ne se trouverait que dans PEvangile de Jean et une doctrine dans le livre de l 'Apo- calypse. Le chapit re treizieme de PEvangile de Jean serait. en quelque sorte, la clef des sept phases du parcours initiatique anthroposoph ique .I. Les sept degres de la «voie chretienne»

Le premier degre est celui du lavement des piedsl 11 ne s 'agit pas la d 'un evenement historique, mais d 'un signe du cheminement init iatique de l 'homme.

La flagellation est la seconde etape de ce parcours. La en-11 R. Steiner, Theosophie du Rose-Croix. p. 203."* R. Steiner, ibid., p. 198.11 y R. Steiner, ibid., p. 192.

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core, il n ’est pas quest ion du Christ , mais de l 'homme. Ce- lui-ci doit d ' abo rd «voir» en reve la scene comm e quoi il est f lagel le; apres cela, mais de j o u r (!), il doit «visionner» le meme tableau: des «picotements» et des «t irai l lements» sur tout le corps sont la preuve que ( 'experience a reuss iL.

La troisieme etape est caracterisee par le «couronnem ent avec la couronne d'epines». Toujours les memes experiences occultes: au cours d ' un e «vision astrale interieure, I'eleve doit se voir lui-meme porter une couro nne d ’epines et en res- sent ir des douleurs a la tete! C ’est, parait-il selon Steiner, un pas de plus vers l '«agonie de I 'ame».. .

Le quatr ieme grade est celui de la crucifixion! C ’est le pro- longement de l ' experience precedente. En bref, il s’agit pour l ' hom me d 'un processus assez long qui a po ur but de consi- derer son corps com me quelque chose d ’exterieur a lui- meme. A cet effet, il doit s ' as treindre a de longs exercices pa- rapsychologiques que Rudo lf Steiner appelle pom pe us em en t Vepreuve du sang! A la longue, si Ton en croit ses propos, et a certains endroits du corps, devrait appara i t re sur le corps des «rougeurs» qui, en s ’intensifiant, devrait produi re des stig- mates du Christ! Ces st igmates se si tueraient aux mains, aux pieds et au cote droit de la cage thoracique. Etre initie consisterait done a subir m ystiquem ent des st igmates, mais aussi a voir dans une vision astrale son propre corps crucifie.

Le c inquieme stade n'est aut re que la mart mystique. L’eleve prendra i t un chemin qui le conduira i t aux enfers! Une fois de plus, il s 'agit la d 'u n e experience parapsycholo- gique dans laquelle les sent iments jouent un role non negli- geable. L 'exper ience est decrite par Steiner lui-meme: «I1 lui semblera que tout s 'assombri t au t ou r de lui, que d'epaisses tenebres l ' enveloppent , qu 'u ne sorte de voile op aqu e le re- couvre. A ce mom ent I’eleve eprouvera en lui toute la misere, toute la souff rance et toute la malignite inherentes a la c rea­ture... C ’est la descente au x en fersi20.»

Le sixieme degre est la m ise au tom beau et la resurrection. L’ho mme est presque arrive au terme de son initiation: il se voit entoure par la planete Terre, il est «enter re»! Mais cette «mise au to m be au » represente le «renouveau de vie», mais aussi un «sentiment d ’ineffable union avec la grande ame de

la planete, avec l a m e du Chris t . ..» 121 La vision pantheiste de Rudol f Steiner appara i t ici dans son evidence meme: la terre est une «grande ame», le Christ aussi! Ou plutot Christ et la terre ne font q u ’un!

Enfin le sept ieme et dernier degre de la voie dite «chre- t ienne» est I'ascension. C ’est une experience qui est, parait-il, i m p o s s i b l e a decrire»! « I 1 faut po ur y acceder, ecrit le fon- da te ur de l 'Anthroposophie , que f a m e ait appris a penser sans l 'aide du cerveau... I22» L’annih ilat ion du cerveau, en d ’aut res termes la passivite absolue du corps et de l 'ame, se­rait la marque exterieure et object ive de l '«ascension» de l 'hom m e vers les mondes subtils.

Que dire d 'un tel systeme de pensee? C o m m e le lecteur pour ra le constater, le Christ bibl ique est completement des- integre: l 'homme le remplace purement et s implement. II se sauve lui-meme en accomplissant tous les actes salvateurs, en part icul ier la crucifixion, la resurrection et I 'ascension. II s ’agit la d ' un e imitation, d 'un plagiat grossier de 1' oeuvre re- demptrice de Christ. Une fois de plus, Christ seul Sauveur et Seigneur de tous les homines est bafoue et deshonore! D 'aut ant plus que l’initiation dite «ros icrucienne» est dans son ensemble ne t tement super ieure a son homologue «chre- t ienne».2. Les sept degres de hi «voie rosicrucienne»

Tout comme pour la precedente initiation dite «chre- t ienne», la «voie ros icrucienne» comprend sept deg re s12-1. Ces enseignements, la plupar t secrets, sont transmis en prin­cipe oralement par un «mai tre» qui peut, selon les cas, indi- vidualiser le programme initiatique. L'ordre des etapes pro­pose par Rudol f Steiner peut etre, selon les apt i tudes du can­didat , modifie a tout moment . Neanmoins , un fil conducteur existe tout au long des per iodes d' ini t iat ion, du moins dans ses grandes lignes.

Le premier degre rosicrucien, au demeurant fort impor­tant, est celui de Vetude, ce que Rudo lf Steiner entend ainsi: « U n app rofondissement par la medi tat ion d 'une trame de

121 R. Steiner, ibid.. p. 198.122 R. Steiner, ibid., p. 198.123 R udolf Steiner attache une grande im portance au chiffre 7 ainsi qu 'a la

fleur de Lotus!

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pensees dont l 'objet n'est pas la realite materielle, mais des donnees ou des elements tires des mondes superieurs I24.» C ar l’ense ignement rosicrucien de I 'Anthroposophie n'a pas po u r objet l ' etude du m on de sensible, mais celui du supra- sensible, au t rement dit, de l 'occult isme. II s’agi ra done pour l 'eleve de «se renseigner sur les differents elements de la n a ­ture humaine , sur revolu t ion de I 'humanite ou sur des incar ­nat ions planetaires» ,25.

Le but recherche de la seconde e tape est la connaissance im aginative - ou connaissance «spi rituel le» - qui aurait cette part iculari ty de travailler jusqu 'au corps etherique et, par la, d ’agir sur le sang! C'est ainsi que, par I ' intermediaire du sang, 1' o rganisme se developpe peu a peu, se «metamor- phose» et acquiert une nouvelle «connaissance», la connais ­sance imaginat ive! Le resultat sera que l 'eleve pourra «voir» son evolut ion a l 'aide de «puissantes images-force», a savoir la contempla t ion des «images isolees». Une fois de plus, nous constatons que cette «connaissance» n'en est pas une: elle fait appel aux forces incontrolees du subconsc ient et non pas a l’intell igence.

Le troisieme grade ne vise qu 'un seul objectif: la lecture de I'ecriture occultel Appelee aussi connaissance inspiree, I'ecri- ture occulte serait le pouvoir de former, non pas des mots et des phrases, mais des images et des combinaisons d ’images. Avec l 'aide de l ' imaginat ion, l 'homme aurai t cette possibility de creer des «images» , ou plutot des associat ions d ' images, qui cor respondra ient a des «rappor ts cosmiques» . L'initie decouvri rai t alors que le monde suprasens ible est tout entier harmonie. . .

La prepara tion de la pierre phi losophale occupe tout le quatr ieme degre. Co m m en t preparer cette pierre? Tout s im­plement par des exercices respiratoires! Laissons Rudo lf Steiner s ' expl iquer: «La me thode rosicrucienne enseigne a l’eleve a regler d ' un e certaine maniere le processus de la res­pirat ion et a developper, par la meme, un certain organe ca­pable de t ransformer I’acide ca rbonique en oxygene dans 1' organisme meme. (...) II s'agit la d ' un e veri table t rans fo rma­tion de la subs tance corporel le humaine en une substance ti-

124 R. Steiner, ibid., p. 199.115 R. Steiner, ibid.. p. 200.

ree di ree tement du carbone. Ce q u ’on appelle l ' alchimie n'est pas aut re chose 12b.» La «pier re philosophale», dont le char- bon serait le symbole, serait do ne le produi t d ’exercices res- piratoires appropr ies .

L 'etape suivante, le c inquieme degre, doit etablir la corres- pondance entre le macrocosme et le microcosme. L'initie doit prendre conscience par le moyen d 'une «meditat ion appro- priee» (sic) que tout ce qui est dans le corps de l’homme aujou rd 'hui (glandes, organes, etc.) se trouvait autrefois a I’exterieur. Son ame, par exemple, n ’etait pas en lui mais hors de lui! D 'ou le nom de microcosme pour le «dedans» et de macro cosme pour Ie «dehors» . Pour arriver a determiner la relation macrocosme-microcosme, l 'eleve doit prendre conscience d ' un « petit o rgane» situe dans la t e t e 127 et a se concent rer sur l u i !

Le sixieme degre est le pro longement du precedent: c'est la progression vers le macrocosme. L'initie poursui t sa marche vers I 'Absolu, vers sa fusion avec la Matiere.

Le dernier degre, le sept ieme, est celui que Steiner appelle la beatitude divine. C'est «une sorte de fusion de l 'homme dans I'univers qui lui revelera en toutes choses la presence et • ' expression du divin Esprit de la terre. Une fois arrive la, l 'homme reglera toutes ses act ions selon la volonte cosmique et les mettra spontanement en accord avec el le» l28. Relevons ici la notion «panthe isante» de sa philosophie.

Ainsi, I 'Anthroposophie est done bel et bien une societe initiatique. Les schemas initiatiques brievement enumeres ci- dessus montrent en effet que l ' enseignement de Rudolf Stei­ner est d 'essence rosicrucienne, do ne occulte. A la lumiere de ce que nous avons ecrit. nous cons ta tons q u ’il y a une incom­patibili ty absolue entre I 'Anthroposophie et la foi chretienne.En guise de conclusion

Parvenu au terme de ce chapitre, une chose nous f rappe: la complexi ty du ph en omene initiatique. Malgre cela des cen- taines de milliers d ' ho mm es et de femmes prennent ce che- min dans l ' espoir fou de trouver une reponse aux problemes de I'existence, de la creation et de la fin du monde, de la vie

l2" R. Steiner, ibid., pp. 205-206.12 II s'agit probablem ent de la g lande pineale.1:8 R. Steiner, ibid., p. 208. ("est nous qui le soulignons.

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et de la mort. Nous ne cri t iquons pas, loin de la, tous ces chercheurs, mais nous deplorons que l ' enseignement des or- dres rosicruciens, habi lement maquil le et falsifie, ne soit, en definitive, qu 'u ne doctr ine occulte. Max Heindel et Rudol f Steiner ont le courage de l’affirmer; Jan van Rijckenborgh et Ca tharose de Petri le disent a mots couverts; quant a Harvey Spencer Lewis, il nie purement et s implement le fait.

La doctr ine chret ienne c on dam n e explici tement l 'occul- t isme. Nous adorons, en effet, un seul Dieu, celui d 'Abra- ham, d ’Isaac et de Jacob, et son fils, Jesus-Christ , ne de la vierge Marie, po ur le salut de tous les hommes. Notre confes­sion de foi est celle que Paul et Silas adresserent au geolier de Philippes. A la ques tion du gardien de la prison: «Sei- gneurs, que faut-il que je fasse pour etre sauve?» les apotres repondi rent: «Crois au Seigneur Jesus, et tu seras sauve, toi et ta famille» (Actes 16: 30-31). Le geolier et les siens furent aussi tot baptises et tous se rejouirent de ce que Dieu etait venu a leur rencontre pour les sauver. Ce recit, et bien d 'aut res, nous prouve que la conversion - ou nouvelle nais- sance - est un fait precis, ins tantane, et que les resultats sont tout de suite visibles. Quel contraste avec le tortueux chemin de l’in i t ia t ion!...

II faut se faire une raison: l ' ini tiat ion n'est pas la conver­sion, done il y a opposi t ion. Ca r les efforts de l 'homme sont et seront toujours vains po ur le salut. Alors ne cherchons pas a reconcilier I ' inconciliable et tournons tout s implement les regards vers celui qui, il y a pres de deux mille ans, a tout ac­compli pour notre salut: Jesus-C'hrist, le Seigneur et le Sau­ve ur.

C 'HAPITRE X

Le chemin de la delivranceArrives au terme de cet ouvrage, nous constatons que les

ordres rosicruciens con tempora ins ne sont en fait que de vastes entreprises de l 'occulte. Sous le couvert de la Tradi ­tion, quant ite d ' ho mm es et de femmes sinceres ont cherche la Verite et ils ont cru la t rouver dans la Rose-Croix. Beaucoup en sont sortis, la plupar t meurtr is dans leur chair et leur conscience; d 'aut res decouvrent avec amer tume qu'ils ont perdu des annees et des annees dans une recherche vaine et sterile; enfin il y a ceux qui, po u r une raison ou pour une autre, restent dans ces organisat ions. Pour ceux-la, la s itua­tion est t ragique: ils esperent encore trouver la Connaissance, la Voie et la Verite.Un temoignage d’une ancienne adepte de l’A.M.O.R.C.

Nous nous permet tons ici de reprodui re un large extrait de temoignage d ' un e ancienne adep te Rose-Croix A.M.O.R.C . 1 II est par ticul ierement emouvan t et cor respond a I'essentiel de ce que nous avons ecrit sur l 'A.M.O.R.C. Void ce qu'elle raconte:

«Je n'ai pas aborde la Rose-Croix en curieuse. Apres beau­coup de lectures ayant trait aux sciences religieuses, j ’etais a la recherche d ’une «voie» po ur me «canali ser», «avancer», «creuser». J 'avais fait des e tudes : la recherche etait ce qui m ’etait le plus proche. Je crois pouvoi r dire que j 'ai fait cette «pIongee» avec une recherche droite.

»J 'avais ete bapti see ; la vie m'avai t blessee dans mon etre, dans mon Eglise; j 'etais une chret ienne de?ue qui, d 'un ca- thol icisme «socio logique» etait passee au mili tantisme actif, mais qui, y t rouvant des limites, cont inua a chercher pendant 20 ans.

1 Avec I’aim able autorisation de Pauteur. Pour des raisons evidentes de discretion, nous avons change ou supprim e certains details de ce tem oi­gnage.

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»D ans mon coeur, le souvenir de Jesus ne m 'a cependant jamais quit tee, alors meme que je cherchais a le «travestir» ou a r«ut i l i ser» : meme a cela il a consenti dans le chemin de salut pour moi.

»En relatant ma vie, je peux affirmer qu'il y a une correla­tion entre mon affil iation Rose-Croix et mon vecu. Si, au de ­part, je me sentais «grat ifiee» d ’avancer par I’ense ignement et I 'experimentat ion, je constata i assez rapid ement que cela ne me rendai t pas heureuse ; toute une partie de mon etre profond pleurait en moi. En plus, dans la vie, a cote de que l ­ques succes professionnels. j ’allais de ca tast rophe en catas­t rophe pour moi-meme. mon fils, mon entourage, sans que je puisse me 1’expliquer. Je ne «mai tr i sais» rien!

» Petit a petit, je me suis sentie «m enacee» dans mon etre et mes affections, «liee», «manipu lee» com me une marion- nette dont on tire les ficelles. et je n'ai pas a ime cela.

»Si je cherche dans mes souvenirs, trois faits ont eveille ma vigilance. D ' abo rd par une experimenta t ion: il s'agissait de faire appara i tre sur le miroir, par la concent rat ion , et apres un rituel prescrit, le symbole rosicrucien. Ce que je vis a p p a ­raitre derriere I 'embleme qui s'effa^ait . c'est un visage. Ce vi­sage, je ne l’ai pas identifie sur le coup: le rapport obligatoire a la G rand e Loge le decrit mais ne le no m m e pas. C'etait im- prevu et cela m'avai t cause un tel choc, que je suis restee iongtemps sans faire d 'experience. Puis j 'ai refait la meme exper ience; le meme visage m'est apparu . sans rien d'aut re. A part i r de ce moment , j ' ai arrete d 'experimenter , puis j 'ai petit a petit cesse aussi de lire les enseignements . Toutes mes certi tudes branlaient et tout etait a recommencer . Mais ou?

»Un ense ignement m'avait f rappee: il consistai t en syl- labes qui etaient a moduler d 'un e certaine fa^on. Ces syl- labes etaient des involutions pour des objectifs precis: la paix dans le Monde, les chefs d 'Etat , etc. J'ai d em an de la signifi­cation de ces syllabes a la G rand e Loge, n 'a imant pas «invo- quer» sans savoir. La G r a n d e Loge m'a repondu que c'etait sans impor tance et perime. Je ne me souviens pas d 'avoir « invoque».

»Enfin. a un Congres. j ’ai ete saisie par la force de l or- ganisation, la puissance des modula t ions de syllabes au cours des ceremonies. Je ne m'y suis pas jointe, terrifiee par l 'onde vibratoire. A parti r de ce moment , je n'ai plus arrete

de pleurer; une question se faisait jour en moi, un nom: JESUS.

»J 'a joute q u ’au cours de ce congres de quatre jours, parmi 3000 personnes, je ne me suis pas fait une seule relation per- sonnel le.»

La premiere partie du temoignage de cette personne nous a fait com prendre que le chemin de la Rose-Croix ne repon- dai t pas a ses aspi rat ions profondes . Mais le chemin de la de- livrance etait proche. A la suite de diverses circonstances, elle ent ra en contact avec un pretre qui. le premier, I' invita a un moment de priere. Par la meme occasion, il lui donn a l’adresse de quelques personnes dans le cas oil... Un pas - un petit pas - vers la liberation etait franchi.

«Puis, reprend-elle, apres deux annees eprouvantes , alors que la vie de mon fils etait en grave danger, un soir, exte- nuee, le «coeur brise», je me suis sou venu e d 'un geste de pe­tite fille: j ’ai prie et j 'ai appelc au secours. J 'ai ete exaucee dans la nuit.»

Se souvenant d ' un nom qui lui avait ete donne, elle de- m a n d a a voir un serviteur de Dieu. Cela n ’alla pas sans mal. La suite du temoignage le confi rme:

«C'ela prit deux mois, soit que le rendez-vous fut manque, soit que je tombe malade la veille. Je m ’obstinai, je ne sais pou rquoi ; puis, je fus re^ue. Je m e souviens qu 'a la suite du recit de ma vie, j 'etais en pleurs et remplie d 'un immense es- poir. parce que «deculpabil i see», ecoutee en profondeur, consciente d 'un seui coup de 1' immense am ou r de Jesus pour moi.

»Pendan t deux mois ce fut encore un combat spi r i tue l: je me sentais «i rahir» la Rose-Croix; en moi, il y avait la tenta­tive de concil ier la Rose-Croix et le christ ianisme. Et deja, je savais que ce n'etait pas possible, que la Rose-Croix etait fondamenta l ement ant i-evangelique, que choisir Jesus, c'etait «qui t ler» : pas de compromis possible.

»C"est au soir d 'un d i manche (...) que j ' ai capitule: «C'est toi, Jesus, rien que toi.» Cela a ete mon chemin de Damas, et les ecailles me sont tombees des yeux. J'etais soulevee de bonheur . riant et chantant , com prenant enfin que Jesus, Sau- veur et Seigneur, avait toujours ete pres de moi. et avait at- tendu avec pat ience et am ou r ce moment ou. reveillee par son Esprit Vivant en moi, je chante la Gloi re du Pere.

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»Le lendemain , je rejoignais l ' assemblee qui, des lors, est devenue ma famille et m a cellule d'Eglise. Nous avons rendu grace parce que le Seigneur m ’a sauvee.

»U n peu plus tard, je dem an da i la priere de del ivrance (...) afin de rompre tout lien avec l 'organisat ion A.M.O.R.C'., sus­ceptible d 'en t raver le chemin a la suite de Jesus.

»C'ela fait plusieurs annees m a in tenan t que, ressuscitee de bien des manieres, je goute le b o n h e u r d ’etre a Jesus, que je peux dire que je suis heureuse, que je «loue et rend grace en toutes circonstances». Ce n'est pas un chemin facile, mais c'est celui que j ' a ime, a la suite de Jesus «Chemin , Verite et Vie».

»Avant tout, j ’insiste sur la liberation ext raordina ire apres la «d e l i vr anc e» : plus aucune crainte, obsession, peur des consequences et des represailles. Apres ma rencontre avec Jesus, j 'ai signifie a la G rand e Loge ma demission.. .

»Je vis main tenant avec une joie profonde com ment le Sei­gneur rend droit les sentiers tordus et comment il lui arrive meme de se servir de nos errements pour nous sauver et nous faire ins truments de son salut.»Qu’est-ce que la Verite?

Le temoignage cite met le doigt sur un probleme de fond qui est, a vrai dire, pra t iquement insoluble, du moins sur le plan humain. Toutes les religions, toutes les sectes, tous les mouvements mystiques, toutes les philosophies pretendent avoir la Verite, non pas une port ion de la verite, mais la ve­rite absolue. C o m m e il y a environ dix mille religions ou sectes dans le Monde, il devrai t y avoir au tant de verites ou presque! Ainsi la problemat ique de la Verite n'est pas aussi simple qu 'on voudrai t nous le faire admet tre. Ca r nous croyons q u ’il n ’y a pas des verites, mais une Verite. Cette af ­f irmat ion ne repose pas sur une sagesse humaine , mais sur une personne, Jesus-Chr ist - la Parole incarnee - et sur un li­vre, la Bible - la Parole inspiree. Cette assert ion, loin d 'etre presomptueuse ou scandaleuse, a au contraire des londe- ments solides, plus solides qu 'on ne le croit. Mais, il est evi­dent que si theologiquement la verite peut s’expliquer - et meme se comprendre - il n ’en demeure pas moins que pra ti ­quement cette notion est difficile a accepter. En temoigne le cas de Pilate qui, place devant Jesus - qui est le chemin, la ve-

rite et la vie - ne fut pas en mesure de prendre une decision claire et nette. Le dialogue qui s'etait instaure entre lui et Je­sus est explicite. A une quest ion de Pilate: «Tu es done roi?», Jesus lui repondi t: «Tu le dis, je suis roi. Je suis ne et je suis venu dans le monde pour rendre temoignage a la verite. Qui- conque est de la verite ecoute ma voix.» Apres cette reponse percutante, Pilate dit cette phrase a la fois celebre et desespe- rante: «Qu'est-ce que la verite?» (Jean 18: 37-38). Nous avons ici la preuve qu 'un ho m m e place devant la verite - c ’est-a-dire le Christ - peut se poser le plus serieusement du m on de cette quest ion capitale.

Pour nous chretiens, la verite ne se situe pas en l’etre ni dans la Nature, mais en Jesus-Christ , le Fils de Dieu, media- teur entre Dieu et les hommes. En Christ nous avons la pleni­tude de la revelation, c ’est-a-dire le plan de Dieu pour I'hu- mani te tout entiere. Croi re a la Verite n ’est pas une conquete de la pensee ou de la volonte humaine , mais une grace et un do n de Dieu. La verite de I’Evangile - et de toute la Bible! - eclairee par le Saint-Esprit , nous presente en Jesus-Christ la Verite. Ce n ’est pas par la raison ou I’intelligence irregeneree que l 'homme pourra la saisir, mais par la foi. La foi, loin d'etre une simple adhes ion a des principes ou a des doc­trines, n'est pas une croyance, mais elle est la cert i tude de 1'engagement de Dieu a notre egard dans sa promesse que nous serons toujours avec lui. La verite c ’est quand la vo­lonte de Dieu et celle de l 'homme puissamment eclairee par I 'Esprit Saint se rejoignent.Tradition esoterique ou Bible, Parole de Dieu?

Q u 'o n le veuille ou non, la Tradit ion esoterique existe! et elle est meme tres ancienne. Sans pour au tant se perdre dans la nuit des temps, la Tradit ion esoterique remonte aux pre­miers phi losophes grecs, les presocra tiques (Pythagore, Par- menide , Empedocle , Anaxagore, etc.). Plus tard, Socrate - qui n ’a jamais rien ecrit -, Platon, Aristote, etc., perpetuerent la t radi t ion hellenique. Leurs enseignements , surtout oraux, fu- rent l’objet de toutes sortes de speculat ions et d' interpreta- tions. Peu a peu, au cours des siecles, la pensee grecque fut reprise par d ’autres philosophes, mais aussi par des occul- tistes de tout poil. Amalgamee a d ’autres systemes philoso- phiques ou occultes (islam, kabbale, gnosticisme, herme-

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tisme, alchimie, elc.), la philosophie grecque est devenue pro- gressivement une «Tradi t ion esoterique».

Si la Tradit ion esoterique peut revendiquer une longue his- toire, la Bible peut aussi faire etat de son anciennete, et sur ­tout de son authentici te. Pour nous, il ne s’agit pas de defen- dre la Bible: el le se defend el le-meme. II s ’agit tout s imple­ment d 'a ff i rmer avec tous les croyants de tous les siecles q u ’elle est la Verite, qu'el le a ete ecrite par la volonte de Dieu et qu'el le a ete donn ee au peuple de Dieu. C o m m e le sou- ligne le regrette Gabriel Millon, « c ’est au moment ou Dieu se cons ti tua un peuple. qu' il d o n n a l’ordre d ’ecrire. II y a une relation etroite entre le Livre et le peuple de Dieu, entre Is­rael et les Ecritures anciennes, entre l’Eglise et I’ensemble des Ecritures 2.» Ainsi, la Bible peut-elle etre consideree suns conteste comme l’un des livres les plus vieux du M o n d e 3.

Si, sur le plan historique, la Tradit ion esoterique et les Ecrits bibl iques peuvent rivaliser d ’anciennete, il n ’en est pas de meme en ce qui concerne I’auteur et le contenu. Grosso m odo , nous pourrions dire que la Tradit ion esoterique repose sur l’enseignement des hommes tandis que la Revelation bi- bl ique a pour origine Dieu. La difference, on le voit d ’em- blee, est fondamentale.

La Tradit ion esoterique s ’adresse a l ' homme psychique. a ses pouvoirs sup ranorm aux, a ses facultes occultes. Dans cette recherche de soi, et de ses origines en particulier. l 'Eso- terisme cherche la solut ion en l 'homme. Autrement dit. la connaissance du microcosme permettra de decouvr ir le ma- crocosme. La recherche esoterique est une recherche de type natural iste qui exciut la notion d ’un Dieu t ranscendant . En vertu du panthe isme et de I ' immanent isme de la Tradit ion esoterique, la Verite se situe au niveau de la Nature, done de la Matiere.

Rien de tel dans le message de la Bible qui nous revele l’ho m me tel q u ’il est, e 'est-a-dire cree a l ' image de Dieu et pecheur . Dieu, par sa Parole, nous donne une image objective de ce que nous sommes et de ce que le monde est. De plus, l ' image que nous avons de Dieu est restauree car revelee en Jesus-Christ . L 'homme n'a plus a chercher Dieu dans la Na-

- G. M illon, La Foi et I'Ecriture,, p. 10.3 l es prem iers textes hibliques datent du quin^iem e siecle avant Jesus-

Christ.

lure com me e'etuit autrefo is le c as chez les patens, ni comm e les Romantiques du X l X e siecle. ni encore comme les Natu- r is tes4. Certes, la Bible nous invite a contempler dans la Crea tion les «perfect ions invisibles de Dieu, sa puissance eternelle et sa divinite» (Rem ains 1: 20). Car la Creat ion ma- nifeste bel et bien I 'existence d ' un Crea teur; ne pas le croire, c ’est se rendre inexcusable. Un vrai chretien reconnait que la Nature a ete ereee par Dieu. mais il ne peut admet t re que la Nature est la Verite; de meme, l 'homme, pour tan t creature de Dieu, ne peut etre verite. La verite se place a un autre niveau, a celui de Dieu et de celui qu' il a envoye. Ca r «Ia Grace et la Verite, ecrit I 'apotre Jean, sont venues par Jesus-Christ» ( Jean 1: 17). Ainsi, l 'homme n'a pas a chercher en lui. ni dans la Nature pour decouvri r la Verite, ni dans la Tradit ion, mais dan s la Bible, Parole de Dieu.Qu’est-ce que la mystique?

Le rosicrucianisme pretend etre un mouvement mystique issu des lointaines t radi t ions esoteriques. Le but de la «mysti- que» occulte serait de parvenir au divin. C'est ce qu 'af fi rme Rudol f Steiner: «Le chemin du mystique le conduit vers I'unite, vers un etre divin spiri tuel , ce chemin est celui de l'in- terieur ou le moi est I 'unite des experiences de l ' a m e s.» l)e son cote, l’A.M.O.R.C. n ’hesite pas a do nner a ce mot un sens particulier: c'est une relation impersonnelle! Quant a I 'Association rosicrucienne, el le considere que le mysticisme et 1’occult isme sont des termes equivalents! Ainsi nous cons ta tons que I’utilisation du mot «mystique» prete a confusion.

C’ar il faut le dire: le mysticisme, qu 'on le veuille ou non. a une connota t ion pejorative. Bien des gens restent en effet fi- ges sur la definit ion courante du mysticisme: ils pensent na- ture l lement a tous ces grands mystiques d ’autrefois, a Maitre Eckart et a Ruysbroeck, aux Ignace de Loyola, Therese d 'Avila ou saint Jean de la Croix, a Mme Guvon. Ces hommes et ces femmes ont certes, de leur temps, influence leur epoque. mais ils ont do nn e une certaine image au mysti­cisme qui ne correspond pas forcement au critere biblique.

4 It n 'est pas question iei des nudistes. mais de la philosophie naturiste qui a pour but le culle Je la nature.

5 R. Steiner, Psychologie et l ie interieure. p. 262.

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Les experiences mystiques - en fait des exercices spirituels - sont devenus pra t iquement des normes dont il est tres diffi­cile de se debarrasser. Nous croyons q u ’il existe une veritable spiri tualite chret ienne qui n'est ni empirique ni, encore moins, occulte.

Au mot mysticisme, nous preferons, pour notre part, celui de p i e te h. Le theologien reforme J. 1. Packer a do nn e une ex- cellente defini t ion de ce q u ’est la piete: «La piete consiste a adopter devant la revelat ion de Dieu une att i tude de confiance et d 'obeissance , de foi et d 'adora t ion , de priere et de louange, de soumission et de service. C ’est a la lumiere de 1’Ecri ture que Je croyant considere sa vie et q u ’il la v i t7.» Ainsi, la piete est la relation, a la fois intime et personnelle, que chaque croyant a avec le Dieu vivant. C'est done une re­lation spirituelle, empre in te d ' am our , de joie et de paix. Cette union avec Dieu peut etre personnel le mais aussi ecclesiale. Les experiences dites «myst iques» ne const i tuent en aucun cas le critere absolu de la vie spiri tuelle du chretien. Seule la Bible, Parole de Dieu, est la norme de toute vie spirituelle. Elle ne nous do nn e pas cependant des modeles tout faits d 'exper iences religieuses. La priere, la medi tat ion de l'Ecri- ture Sainte, individuelle ou communau ta i re , sont des m an i­festations reelles de la vie spiri tuelle que nous avons en Je- sus-Christ . Prier Dieu - une personne q u ’on ne voit pas - ou medi ter un texte de I 'Ecri ture dans le silence de notre coeur, la Cene, sont a notre avis les elements pr imordiaux de toute vie chret ienne equilibree.

II ne faut pas oubl ier cependant que l 'union de l 'Eglise avec le Christ est un fait m ystique. En ce sens, nous af firmons que cette union d ' a m o u r avec ses creatures rachetees est un mystere. A ce propos, Paul n 'hesite pas a parler du «mystere de Dieu» (Colossiens 2: 2). Pour l’apotre, un mystere est une chose necessairement revelee. Le « mystere de Christ», long- temps cache aux hommes, a ete mis en evidence a la Pente- cote, lors de la naissance de l’Eglise. En effet, l 'Eglise, a cause de la composit ion de son «corps» - Juifs et non-Juifs -

6 Les mots «m ystique» et «piete» risquent d 'e tre des mots pieges: ils pourraient suggerer. en effet. une relation individuelle, voire egocenirique, avec Dieu. L.aspect com m unautaire de toute vie spirituelle est d ’une neces­sity vitale si l'on ne veut pas tom ber dans I'illum inism e personnel.

7 J. I. Packer, Connailre Dieu, p. 13.

et de la nature spiri tuelle de la «tete» - Christ -, est un Corps mystique.Experiences «mystiques» ou Foi en Jesus-Christ?

Nous parvenons la au no eud du probleme qui touche a la subjectivite et a l 'objectivite de notre existence. Posons la pro- b lemat ique aut rement : notre vie a-t-elle un sens, un but pour so i -m em eo u pour Dieu?Qu'es t -ce qui prouve que nous soyons dans le vrai? Nos sentiments, nos pulsions, nos pensees et natu- rel lement nos experiences ne sont-elles pas subjectives? A quoi peut-on reconnait re que la foi, revelee par Jesus-Christ et les Saintes Ecritures, est par defini t ion objective?

Les rosicruciens basent leurs enseignements sur un critere quasi absolu: celui de Pexperience. Pour eux, Pexperience metaphys ique et occulte, lorsqu'el le cor respond a leurs «lois», a valeur de postulat. L’experience est par essence in- verifiable, indemontrable , non mesurable: elle ne peut etre en aucu n cas objective. Pourtant la Rose-Croix passe outre: si Pexperience se verifie, c'est qu'el le est vraie. Done si elle est vraie, c’est qu'el le est verite. Ainsi, la verite ne repose pas sur un postulat objectif, mais sur une experience subjective par definition. «U ne experience subjective, centree sur elle- meme, ecrit A.-R. Kayayan a propos des chretiens en quete d 'experiences , est toujours introvertie et elle cherchera la cer­t i tude religieuse bien davantage en soi qu 'en le Dieu revele. La connaissance dans la foi s 'ecl ipsera au profit d ’une hypo- thet ique comprehens ion du moi. La verite sur Dieu sera rem- placee par I 'explication de l 'homme: une anthropologie hyper trophiee t iendra lieu de theo lo gi e8. La Grace cessera d 'etre operante parce que l’ho m me pretendra decouvrir son a m e 9.» Decouvrir son ame, n'est-ce pas le but de la «philoso- phie» rosicrucienne?

Le chretien ne cherchera pas a se compla ire dans des expe­riences egocentriques. II sait - ou il devrai t le savoir! - que Pexperience psychique ne sauve pas. C ar la vie chretienne n ’est pas une succession d ’experiences, mais une vie de tous les jours consacree a Dieu, une vie de foi dans le Christ Sau- veur et Seigneur. A nous de choisir!

8 Ou de philosophie occulte.r' A.-R. Kayayan. Saini-Esprit et experience chretienne, p. 120. C ’est nous

qui le soulignons.

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La vraie connaissanceLes mouvements rosicruciens sont tous unanimes sur ce

point : l’ho m me n'est sauve que par la connaissance . Quelle connaissance? La encore, il y a confusion, car les mouve ­ments Rose-Croix soutiennent que la connaissance n'est pas spirituelle, mais q u ’elle est sur tout psychique et operative. Autrement dit, la connaissance en el le-meme n'est rien si elle n'est accompagnee de l’experience. L’ordre rosicrucien A.M.O.R.C. a etabli cette subtile difference entre la c r o y a n c e 10 et la connaissance: On ne peut rien connait re si ce n'est par experience personnelle. C ’est pour cette raison qu'il etablit une dist inction entre croyance et connaissance.

Le prophete Osee a ecrit ces paroles: « M on peuple est de- truit, parce qu'il lui m anq ue la connaissance» (Osee 4: 6 ). De quelle connaissance s ’agit-il? En tout cas pas de la «connais - sance» occulte! La connaissance do nt parle Osee est la connaissance du Dieu revele, c ’est-a-dire objective et trans- cendante. Elle implique aussi le salut, le vrai salut manifeste en Jesus-Christ . Ce mot devient a propos de Dieu «l 'expres- sion d 'un e grace souveraine qui souligne l ' initiative que Dieu a prise de nous aimer, de nous choisir, de nous racheter, de nous appeler , de nous p r o t e g e r » " . La connaissance dont nous parle Packer n'est pas une connaissance purement intel- lectuelle, encore moins empirique, mais une connaissance re- demptrice. La vraie connaissance nous fait connaitre Dieu et, par la, elle mani fes te le salut. lnversement, le manque de connaissance ou une connaissance mal orientee ne peut que condui re a la perdi t ion eternelle. La connaissance, on le constate, est loin d 'etre un aspect negligeable de notre vie.La Rose-Croix: comment s’en liberer?

Nous n ’avons pas de «recet te» particuliere a donner . 11 est tres difficile en effet de do nn er des conseils a des personnes qui sont m om en tan em en t aveuglees ou subjuguees par la Rose-Croix. Nea nmoins , il est possible d ' ap por te r quelques «pistes» qui pourra ient se reveler a la longue fort utiles.

Un rosicrucien est, en principe, un chercheur qui pense etre dans le vrai. II a accepte de sacrifier du temps et de l 'ar-

111 Le mot grec pistis signifie a la fois «crovanee» et «foi»." J. I. Packer, ibid., p. 4 1.

gent pour parvenir a un but qui est celui de vivre en harmo- nie avec le Cosmique (ou la divinite) ainsi q u ’avec les homines. Son reve est de creer une vaste Fraternite mondiale dans laquelle tous les homines seraient enfin heureux. II est done aise de com prendre qu 'avec un tel «p rogramme», il est tres difficile qu 'un rosicrucien puisse admettre qu'il se t rompe presentement, d ' au ta nt plus qu'il est sincere et convaincu. Mis a part les adeptes du Lectorium Rosicrucia- num, la plupar t des rosicruciens d 'aut res obediences accep- tent volontiers le dialogue.

La quest ion fondamenta le , la premiere, que doit se poser tout homme est celle-ci: «Peut-on connai tre Dieu?» A cela, nous repondrons par I’affirmative. Un rosicrucien pense etre. d ' un e maniere generale, un croyant : il croit en Dieu, a une divinite, en lui, au «Dieu de son coeur», etc. Mais sa croyance est noyee par le subjectivisme et par la negation quasi absolue de reconnait re que Dieu est une personne t ranscendante , absolument independan te de la Nature. Mais tout rosicrucien sincere ne refusera pas de reflechir sur un sujet comme celui de Dieu, ni meme de lire un livre sur la quest ion, sur Dieu et sur le Christ .

Cela revient a poser la quest ion aut rement: Jesus-Christ est-il le Verbe incarne? Pour le rosicrucien, nous le savons, Jesus n'est qu 'un avatar, un initie, un homme comme un autre. Par contre, le chretien af firmera sans aucun doute pos­sible: Jesus est Dieu (cf. Jean 1: 1, 3, 4 et 14). Le decalage qui existe entre les deux posit ions est enorme, mais le fosse n'est pas infranchissable, du moins pour Dieu. Seul Dieu, dans sa grace, peut faire comprendre a l’ho m me le mystere de l ' incar- nat ion. La « Parole a ete faite cha i r» : ce mystere, si grand soit-il, nous a ete revele par la Parole de Dieu. Alors, si nous sommes vraiment des chercheurs, cherchons dans I'Ecriture Sainte la Verite!

Le second point «chaud » a soulever est celui de la Crea­tion du Mo nd e et de l 'homme. N ’oubl ions pas, en effet, que la plupart des rosicruciens sont passionnes de Cosmogonie et de Cosmologie. Le probleme des origines de la matiere et de 1’humani t e sont toujours des sujets d ’actuali te et sont, a vrai dire, tres i inportants et interessants. Les anciens ignoraient I ' idee de la Creat ion, c'est pourqu oi ils ont considere que la matiere etait eternelle. Les rosicruciens continuent, a leur

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maniere, de croire a la doctr ine de l 'eternite de la matiere. Certes, pour certains d 'en t re eux, ils croient que Dieu est «Espri t». Mais, la verite se situe ail leurs: Dieu n ’est pas Es­prit - tel que la Bible I’enseigne -, mais il est «vibrat ion» ou «espri t cristallise», c 'est-a-dire Matiere. Ainsi, il ne peut y avoir de creation, au veritable sens du terme, mais evolution. Q u and un disciple de la Rose-Croix compren dra que les deux expressions de «creat ion» et d '«evolu t ion» ne sont pas synonymes, mais contradictoi res, un pas vers la liberte sera franchi.

En t roisieme lieu, un rosicrucien aura beau cou p de peine a faire Ja dist inction ent re la re incarnat ion et la resurrection. Sur ce point-la, les rosicruciens, sur tout l 'A.M.O.R.C. et ( 'As­sociation Rosicrucienne de Max Heindel, sont assez dogma- tiques. Nous avons deja longuement traite ce point, nous n ’y reviendrons pas. Cepend ant , nous nous permettons de poser deux ques tions qui ont l ' avantage d'etre claires: «Qu'es t ce qui prouve que la doct r ine de la resurrect ion est inferieure a celle de la re inc a rna t ion?» et: «Peut -on justif ier bibliquem ent la doctr ine de la reincarnat ion?» La, il est utile de rappeler que l ' idee de la «re incarna t ion» est d 'or igine hindouiste, et non chre tienne; que le mot «resurrect ion» est un mot specifi- quement chret ien: qu'il est su rabo nd am m en t cite dans la Bi­ble tout entiere. Un chercheur honnete , f'ut-i 1 rosicrucien, ne peut que reconnai tre que la resurrection, par opposi t ion a la reincarnat ion, est une doctr ine bibl ique, a 1' exclusion de toute aut re d o c t r i n e 12.

Le quatr ieme obstacle a lever pour le rosicrucien est le probleme de l 'occultisme. Pour lui, le mal et le peche n'exis- tent pas. Le mal n'est pas cons idere comm e une faute contre Dieu, mais comme une ecole de la vie! Quant a la personna- lite meme de Satan, cela ne le t rouble pas outre mesure: il est tout ce que Lon veut - il est un «por te- lumiere» , et meme une « Intelligence Creat rice» -, sauf le mal en p e r s o n n e 11! L'oc­cult isme se reduit po ur les rosicruciens a la pra tique d'exer- cices psychiques. Ainsi, le rosicrucien ignore - ou feint d ' ignorer - qu' il est en relation avec les forces demoniaques l4.

12 Le quinziem e chapitre de la prem iere epitre aux C orin th iens est un lexle adm irable en faveur de la resurrection.

13 Mrs. Blavatsky donna le nom de Lucifer a une revue qu 'elle fonda vers la fin de sa vie!

14 Le mot «dem on» est cite 47 fois dans les Evangiles svnoptiques.

II est impor tant aussi de se rappeler que la Bible co n dam n e explici tement l 'occult isme sous toutes ses f o r m e s 15. Des versets bien connus comme Levitique 19: 31, 20: 6 . 2 0 : 27; Deu teronome 18: 9-14, Apocalypse 22: 15, etc. sont bien la preuve que l 'occult isme est formellement co n dam n e par Dieu. Cela, le rosicrucien ne le sait pas ou bien il n 'at tache pas d ’importance aux avertissements de la Parole de Dieu. II est done impor tant , semble-t-il , d 'appro- fondi r la Bible pour y decouvri r les dangers de l 'occultisme. Tant l’Ancien que le Nouveau Tes tament sont explicites a ce sujet: il n ’y a qu 'u ne seule solution, celle qui consiste a re- nonce r une fois po u r toutes a l 'occultisme et a revenir a Dieu.

Revenir a Dieu est souvent pour l 'ex-rosicrucien un che­min plein d ’embuches et de difficultes. Car reconnait re ses er rements et ses peches d 'occult i sme exige une bonne dose d 'humil i te et de courage. C'est , en effet, tout un passe qui s 'ef fondre, c'est toute une fa^on de penser qui s’ecroule. La repentance est le co mmencem en t du chemin de la delivrance. II ne faut pas se faire d' i l lusion: le temoignage d ’ex-rosicru- ciens le demontre , le chemin de la del ivrance risque d'etre long. Du rosicrucianisme a Jesus-Christ , on passe pour ainsi dire dans un aut re monde. Des Tenebres a la Lumiere, il y a tout un cheminement fait de luttes et de souffrances.

Prendre le chemin de la del ivrance, c'est de prime abord accepter de se remettre en quest ion. Les quatre affirmations ment ionnees plus haut meritent, a notre avis, reflexion. Si done , le rosicrucien prend la decision d 'ent rer en matiere, il accompl i ra un grand pas dans sa liberation psychique et spi­rit uel le.

Revenir a Dieu, c'est d ' abo rd croire que Dieu est un Dieu de grace, qu'il est Amour et qu'il est pret a pardonner qui- conque. C'est aussi accepter le fait d 'etre pecheur et de croire que sans le pardon offert par Jesus-Christ , l 'homme est perdu. C'est enfin passer par le chemin de la repentance et de la conversion. Par la, nous ent endons que tout homme qui desire trouver la com m un io n avec Dieu doit operer en lui un changemen t total de sa fa9on de penser et d ’agir. En d'autres

15 Selon L. Kremer, 510 passages et 1250 versets se rapportent a I'occul- tism e et a ses pratiques.

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termes, par la grace de Dieu, l 'homme interpelle par le mes­sage de la Bible n ’a qu 'u ne seule issue: prendre un virage a 180° et revenir a Dieu. Tel est, en peu de mots, le chemin de la Vie et de la Liberte. «Si do ne le Fils vous libere, vous serez reellement libres» (Jean 8: 36).

Enfin, il est impor tant de mettre en valeur la priere pour la del ivrance. Un rosicrucien eprouvera en elTet des difficultes a prier. Le « Notre Pere», priere par excellence, consti tuera po ur lui un obstacle quasi insurmontable. I l y a en lui un blo- cage, un em pech emen t a s’exprimer l ibrement. Q uand Satan tient a sa proie, il ne la lache pas si facilement.. .

Cep endan t , et le temoignage cite plus haut le prouve, la priere est le plus sur moyen pour une del ivrance comple te de la personne. La priere est toujours le cri du coeur de l’ho m m e a la recherche de Dieu. Apprendre a prier, a de- m an der l 'aide de Dieu est toujours un pas decisif pour la li­berat ion. La priere personnelle, meme si elle est t imide au depart , est d 'un e grande efficacite pour la delivrance.

A cote de la requete personnel le, la priere communauta i re , cel le de l 'Eglise, d ' un groupe ou d ’un serviteur de Dieu est, a notre avis, tres impor tante. Ca r le combat contre les puis­sances des tenebres est l’affaire de tous. Une Eglise, une com m un au te qui prie et pra t ique la priere d' intercession et de combat peut etre d ' un utile secours pour le rosicrucien en quete de liberation.

La plupart des ex-rosicruciens devenus chretiens sont una- nimes pour declarer q u ’apres la del ivrance, ils avaient I'im- pression que q u e lq u ’un d 'aut re avait vecu en eux!

Apres avoir realise l ' immensite de son peche, I 'ex-rosicru- cien se sent ecrase par son passe, horrifie par ce qu'il a fait. Le desespoi r et le decouragement peuvent aller ju squ 'a la tentation du suicide a cause de sa faiblesse. A ce moment-la, la grande figure de I 'apotre Paul est d ' un grand secours pour enseigner a I 'ancien persecuteur du Christ que celui-ci peut tout oublier, pa rdo nn e r et que le chemin de Dam as est la route ouverte a tous ceux - quel que soit leur passe - qui veu- lent ab an d o n n e r le « vieil h o m m e » 16. II s 'agit alors d ' un e nouvelle naissance. L'Eglise garde la memoire de I 'apotre Paul, elle a oublie avec le Christ le souvenir t rouble de Saul

lfc ("est-a-d ire la nature pecheresse et corro inpue de l'hom m e.

persecuteur de chretiens qui app rouv a le meurtre du pro to­martyr Etienne.Epilogue

Lorsque le Christ reviendra sur cette Terre, il reviendra en tant que Seigneur vivant et glorifie. Les hommes reconnai- tront le crucifie (Zacharie 12: 10). La realite de son sacrifice unique et parfait a Golgotha et de sa seigneurie apparai t ra alors dans toute sa splendeur et sa magnificence.

Quant a la rose, symbole de l’au t onomie et de I 'utopie de l 'homme, elle sera a tout jama is ejectee de la Croix. Seul res- tera, et pour I'eternite, le Christ . Le Christ sans la rose, telle sera la dest inee eternelle de tous les vrais enfants de Dieu. Soli Deo Gloria!

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GlossaireAbsolu. Etat de perfec t ion .Akashiques (Archives). E sp ace sy m b o liq u e - ou sph ere reflectrice -

ou s’inscr iven t tou tes nos p a ro les ou actions. Selon l 'A .M .O .R .C ., ce serait les « a n n a le s inde leb i le s de tous les ev en em en ts» qui se- ra ien t en reg istres p a r la « co n sc ien c e c o sm iq u e» ou i n t e l l i g e n c e un iverse l le» . S ignifie en co re « A n n a le s d u savoir eternel.

Alchim ie. Science e so te r iq u e qui a p o u r bu t la t r a n s m u ta t io n des m e tau x et, p a r ex tens ion , le sa lu t de f a m e . (Voir Pierre philoso- pha le.)

Ame. T erm e th e o lo g iq u e et p h i lo so p h iq u e . Selon l’A .M .O .R .C . , f a m e serait l 'am e co sm iq u e , la co n sc ien ce universe lle du m o n d e . II n 'y au ra i t q u ’une seu le am e d a n s l 'univers . En tan t q u ’essence, elle se m anife s te ra i t p a r la seule voie psych ique.

Ame du monde. (P h i losoph ic) . Selon la R ose-C ro ix , p r incipe . en re­gie gen era le im p e rso n n e l , qui regit l 'un ivers .

Am e-personnalite. (A .M .O .R .C .) . Un seg m e n t de F am e universelle. c ’es t-a-d ire l’h o m m e d a n s son co rp s et d a n s sa pe rsonn a li te .

A .M .O .R .C . O rd re ros ic ruc ien fo n de p a r le D r H .S pe n ce r Lewis (1883-1939).

Anthroposophie. O rd re th e oso p h ic o -ro s ic ru c ien fo n de en 1913 pa r R u d o l f S te in er (1861-1925).

Archetype. T ype originel de l’h o m m e.Art royal. Voir Alchimie.Association Rosicrucienne. O rd re th e o s ip h ico -ro s ic ru c ie n cree en

1910 p a r M ax H e inde l (1865-1919).Atlantide. C o n t in e n t leg enda ire s itue q u e lq u e pa rt da n s I’ocean At-

lan tique . (A .M .O .R .C . et A ssoc ia t ion R os ic ruc ien ne .)Atlanteens. H a b i ta n ts de l 'A tlan tide .Atome. La p lus petite pa rt ie de la m atiere .Atom e-germ e. (A sso c ia t ion R osic ruc ienne) . A to m e originel de vie.Atome etincelle d’esprit. (L ec to r ium R o s ic ru c ian u m ). R esidu ele-

m e n ta i re de la vie div ine. A p p e le aussi « R o se du coeur», « a to m e o r ig in e l» ou « a to m e de C hr is t» .

Avatar. (A .M .O .R .C .) . E tre h a u te m e n t d e v e lo p p e et init ie d o u e d ’une sp ir i tua l i te super ieu re . B o u d d h a , C o n fu c iu s et Jesus sont co n s id e res p a r les ros ic ruc ien s c o m m e des Avatars .

Aura. L um iere invisible - ou c h a m p m a g n e t iq u e et v ib ra to ire - en- to u ra n t le co rps h u m ain . Les dil 'ferents eta ts de m atiere (m ineral, vegetal , an im a l et h u m a in ) a u ra ien t leur p ro p re au ra . C e qui ca ­rac te rise I’au ra , c 'est l ' in ten s i te des forces v ibrato ires .

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Axiom e. (P h i losoph ie) . P ro p o s i t io n ad m ise pa r tous sans d iscuss ion . Pour l 'A .M .O .R .C ., I 'ax iom e a v a leu r de p o s tu la t ou de loi.

Clairvoyance. (O ccu l t ism e et A .M .O .R .C ’.). Facu lte de voir des ob- je ts a d is tan c e ou de p e n e t r e r la pensee de l’au tre .Cceur. Le siege de la co n sc ien c e de l 'h o m m e : p o u r M ax H e inde l , le coeur est le lieu ou se tro uv e le Fit d 'a rg e n t (Voir Fil d 'a rg en t) , c 'es t-a -d ire le lieu ou se t ro u v e la vie.

Connaissance. (du grec gnosis). F acu lte de c o n n a i t re et de d iscerner. Selon la R ose-C ro ix , la c o n n a i s s a n c e ne p e u t etre acq u ise q u e p a r l 'ex p e r ien ce m e ta p h v s iq u e : el le p re s u p p o se ainsi l ' in i t ia t ion .

Conscience (P lan de). D if fe ren ts e ta ts de consc ience . La d o c t r in e de rev o lu t io n ad n ie t q u 'a u fu r et a m esure des r e in c a rn a t io n s suc- cessives, la co nsc ience de l 'h o m m e evolue.

Corde d'Argent. Voir Fil d ’argen t .Corps astral. C o rp s subtil d o n t I 'ex istence se p ro lo n g e ra i l au -de la

de la mort.Cosmique. Sens p rem ie r : l 'un ive rs d a n s to u te sa g ra n d e u r et son

h a rm o n ie . L'A .M .O .R .C . em p lo ie ce m ot c o m m e a d je c t i f et co m m e subs tan tif . D esig ne u ne in te ll igence infinie, im p e rson - nelle : s ignifie aussi « fo rce s crea tr ices de l 'un ive rs» .

Cosmique (Archives du). Voir A k ash iq u e s (Archives).Cosm ogonie. (P h i lo so p h ie et A ssoc ia t ion R o s ic ruc ien ne) . T heo r ie

e x p l iq u a n t les orig ines et la fo rm a t io n de l’univers.C osm ologie. (P h i lo so p h ie et A .M .O .R .C .). Science des lois qui regis-

sent l 'un ivers et le m o n d e .Dem iurge. C re a te u r et o rg a n isa te u r du m o n d e , d is t inc t du D ieu s u ­

prem e. E m a n a t io n d iv ine s ep a re e de D ieu , evoca t io n de la m a ­tiere et de la cause du mal. Selon le L ecto rium R o s ic ru c ia n u m , le d e m iu rge serait le D ieu de la N a tu re .

Devachan. (T h e o so p h ie et A n th ro p o s o p h ie ) . Lieu de felicite . II fait su ite au K am a-L o k a .

D ialectique. Selon le L ec to riu m R o s ic ru c ia n u m , no tre c h a m p de vie ac tue l : lu m ie re et ten eb res , jo ie et d o u leu r , bien et m al, vie et m ort. etc.

Dieu. E xpress ion assez va g ue d e s ig n a n t une Force su b l im e mais im- pe rsonn e lle . Selon l 'A .M .O .R .C . , D ieu se reduit a [ 'express ion « D ie u de nos cceurs», c ’es t-a -d ire a la c o m p re h e n s io n p e r s o n ­n e l s q u e l 'h o m m e p e u t se faire de Dieu.

Dualism e. (P h i losoph ie) . D o c t r in e qui a d m e t deux p r in c ip es irre- duc tib les .

Ecole des M ysteres des Hierophantes de Christ. Voir F ra te rn i te uni-verselle.

Ecole Spirituelle. Voir F ra te rn i te universe lle .Ego. C e te rm e em p lo y e p a r to u s les m o u v e m e n ts ro s ic ruc ien s , s a u f

l’A .M .O .R .C ., des ign e le « M o i» . M ax H e inde l iden tif le YEgo a

I’«e sp r i t vierge». Le L ec to riu m R o s ic ru c ian u m p en se q u e YEgo est l '«e tre du desir» (qui serait s i tue d a n s le bassin). L ’A .M .O .R .C . - qui p re fe re e m p lo y e r I 'expression « M o i psychi- q u e » - c o n s id e re que YEgo est le « M o i subco n sc ien t» .

Egregore. (E so te r ism e et A .M .O .R .C .) . Force au r iq u e ou psych ique d 'u n g ro u p e d ’inities en d ire c t io n d ’un po in t focal ou d 'u n objec- t if a a t te ind re . L 'eg regore est to u jo u rs p o r teu r de forces ou phe- n o m e n e s occultes .

Ekklesia (N ouvelle). La « N o u v e l le E kk les ia» serait l’« E co le Spiri- tue l le» , la « F ra te rn i te un iverse l le» , au t re m e n t dit le Lecto rium R o s ic ruc ian u m .

Emanations. R ad ia t io ns ou p ro jec t io n s co sm iq ues v e n an t soit de Dieu (ou de l’Un) soit de fo rm es m aterie lies ou psych iques . Les em a n a t io n s - qui a g ira ien t d a n s les fo rm es - de co u le ra ie n t des vi­b ra t io n s (voir ce mot).

Enipirique. Qui s ’a p p u ie u n iq u e m e n t su r l 'exp e r ien ce subjective.Endoura. (C a th a r ism e) . T e rm e c a th a re recu p e re p a r le Lectorium

R o s ic ruc ian u m et qui s ignif ie se lon la te rm ino lo g ie ros ic ruc ien ne le « c h e m in du b r isem en t d u m oi» .

Enseignement universe). T erm e em p lo y e p a r le Lecto rium R o s ic ru ­c ia n u m et qui signifie la « rea l i te v ivan te de D ieu » , plus exacte- m en t la « t r a d i t i o n » m ystiqu e et o ccu lte de tous les ages.

Esoterisme. D o ctr in e occu lte ou h e rm e t iq u e reservee a certa ins «e lu s» (ou inities).

Esprit. En theo logie , ce te rm e design e la t ro is iem e pe rso n n e de la Trin ite . P a r co n tre la th e o so p h ie et l 'occu l t ism e lui on t d o n n e de m u lt ip le sens. P o u r la th e o so p h ie , il s 'ag ira i t de l’« A m e cosmi- q u e » : la t r ad i t io n a lc h im iq u e m et sur le m e m e pied «e sp r i t» et « f lu id e » (ou « m a t ie re subti le» ). L ’A .M .O .R .C . co n s id e re que l’espr i t est u ne «essen ce sp ir i tu e l le qui penetre toute la nature». L 'espri t se d is t ing u era i t de I’am e p a r ses f req u en ces de v ibrations m oin s elevees.

Esprit universel. Voir A m e d u m o n de .Etat edenique. Voir Etat p r im ord ia l .Etat paradisiaque. Voir E tat p r im ord ia l .Etat primordial. (L ec to r ium R o s ic ru c ian um ). D esigne 1’eta t de I'hu-

m a n i te av an t la C hu te .Evolution. (T h eosoph ie ) . D e v e lo p p e m e n t des facu ltes psych iques ou

occultes chez l 'h o m m e . Elle im p l iq u e une « m a rc h e en av an t» et un p e r fec t io n n e m e n t qui p ra t iq u e m e n t ne f ink jam ais . L’evolu- t ion peu t etre aussi q u a lif iee de « sp ir i tu a l is a t io n » ou «divinisa- t io n» de la m atiere .

Exoterique. Qui est p ro fa n e , qui se t rouve a l’ex te r ieu r du cercle des inities.

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Fil d'argent. (A sso c ia t ion R o s ic ru c ien ne et A n th ro p o s o p h ie ) . Lien invisible u n is san t le co rp s p h y s iq u e au co rp s e ther ique .

Feu du serpent. (L ec to r iu m R o s ic ru c ian u m ). C o n sc ie n ce cen tra le de la p e rson n a l i te , ou en c o re « feu de F am e ou de la c o n s c i e n c e s

Fraternite Blanche Universelle. Secte e so te r iq u e in i t ia t ique fon d ee p a r le B ulgare O m ra a m M ikhae l ATvanhov.

Fraternite universelle. (L ec to r iu m R o s ic ru c ian um ). Le « C o rp s vivant du S e ig n eu r» , la « H ie ra rc h ie Div ine du R o y au m e lm m u a b le » . S u r ce tte terre, le L ec to riu m R o s ic ru c ia n u m .

Frere de la Rose-C roix. (A sso c ia t io n R os ic ruc ienne) . C elu i qui est p a rv e n u au s u p re m e degre d ' in i t ia t io n .

Freres aines de la Rose-C roix. (A sso c ia t ion R os ic ruc ien ne) . Ins truc- teu rs de M ax H e inde l . (Voir Frere de la R ose-C ro ix .)

G landes. O rg a n es d o n t la fo n c t io n est de p ro d u i re des secre t ions h o rm o n a le s . Les ro s ic ruc ien s c ro ien t q u e les g la n des o n t egale- m en t des fo n c t io n s e so te r iqu es . Le d e v e lo p p e m e n t de certa ines g la n d es (p inea le et p i tu i ta ire ) p e rm e t t ra i t la c ro is sance de l 'am e (ou am e-p erso n na l i te ) .

Gnose. (L e c to r iu m R o s ic ru c ian u m ). C o n n a i s s a n c e occu lte des mys- teres des orig ines. S y n th ese d e la « S agesse or ig ine l le» .

G raal. (Eso te rism e). C o u p e d a n s laq u e l le Jesus au ra i t verse le vin de la C e n e et d a n s lequel Jo se p h d 'A r im a th e e au ra i t recueilli le sang du co te d u C h r is t en croix. E so te r iq u em e n t , ce te rm e signifie le « sy m b o le m ys t iqu e de l ' in i t ia t ion ch re t ien n e » .

H arm o n ic . (T h eo so p h ie et A .M .O .R .C .) . E ta t d 'h a rm o n ie . L 'ini tie serait en eta t d 'h a r m o n ie p a r le m o y en de l’ex tase ou de l’«il lum i- n a t io n » .

H erm eneutique. T h eo r ie de l’in te rp re ta t io n .H ierarchie de Christ. Voir F ra te rn i te universe lle .H ierophante. (A sso c ia t ion R o s ic ru c ien n e et L ec to riu m R o s ic ru c ia ­

num ). C elu i qui m o n tre ou fait a p p a ra i t r e les ch oses cachees ou sacrees.

Hypnose. (O cc u l t ism e et pa rap sy ch o lo g ie ) . E ta t de som m eil artif i- ciel p ro v o q u e p a r des m oy ens psych iq u es ou occultes .

H ypothese. (P h i losoph ic) . P rop o s i t io n p lus ou m oin s prec ise qui d o i t etre verifiee p a r les faits.

Illum inati. (A .M .O .R .C .) . C elu i qui est i l lum ine, qui a re^u p a r ex- tase I 'i l lum ination .

Immanent. (P h ilosoph ie) . Qui est c o n te n u ou inc lus d a n s la n a tu re d e la pe rson n e .

Intellect. Voir Nous.Kabbale. (Eso te r ism e j u i 0- La K a b b a le est une d o c tr in e su r D ieu et

l’Univers b a see p r in c ip a lem en t sur la va leu r m ys t iqu e des nom - bres.

Kama-Loka. (T h eo so p h ie et A n th ro p o so p h ie ) . Sorte de purg a to ire oil les am es p euven t s 'a f f r a n c h i r de leurs fautes passees.

Karma. A p pe le aussi «Loi de cause a effet» ou «Loi de c o m p e n s a ­t i o n s T o u te ac t ion , b o n n e ou m auvaise , en tra in e des c o n se ­quences . posit ives ou negatives, d a n s une nouvelle existence.

Langue sacree. (E so te r ism e et Lec to riu m R os ic ruc ian um ). T o u t livre religieux ou sacre, d o n t la Bible. Le m ot « la n g u e » d e sign e I'ecri- ture , les lettres, la p a ro le , le son.

Lectorium Rosicrucianum. O rd re ros ic ruc ien , d ' in sp i ra t io n gnosti- que . fo n d e en 1924 p a r le n e e r lan d a is J. van R ijcken borgh .

Lemurie. (T h eo so p h ie et A .M .O .R .C .) . C o n t in e n t leg end a ire qui se­rait s itue q u e lq u e pa rt en tre M a d a g a s c a r et I 'a rchipel de la Malai- sie.

Lemuriens. (T h eo so p h ie et A .M .O .R .C .) . H a b i tan ts de la Lem urie .Levitation. P h e n o m e n e p a r lequel ce rta ines p e rso n n es p ou rra ie n t

s ’e lever d a n s I’e spac e et s ’a f f ra n c h i r de la pesan teu r .Lipika. (L ec to r ium R o s ic ru c ian u m ). L’en sem b le des cen tres sensi-

tifs, des « p o in ts m a g n e t iq u es» de I'e tre aura l.Loi. (Th eo log ie et ph ilo so ph ie ) . R evela t ion de Dieu d o n n e e a son

peup le . E nsem b le de c o m m a n d e m e n t s et de regies des t ines a re- g le m en te r la vie m o ra le et re ligieuse . Preceptes , o rd res o u prin- cipes qui on t p o u r bu t d 'e ta b l i r les bases de la socie te civile ou re­ligieuse.

Loi de cause a effet. (A sso c ia t io n R os ic ruc ien ne) . Voir K arm a.Loi de compensation. ( T h e o s o p h ie et A .M .O .R .C .) . Voir K arm a.M acrocosm e. T e rm e de p h i lo so p h ie . L 'U nivers est un m a cro co sm e

tan d is que l’h o m m e est un m ic roc o sm e (petit m on de) . La corres- p o n d a n c e en tre ces d e u x m o n d e s a jo u e un g ran d role d a n s la p h i lo so p h ie g rec q ue et d a n s I 'H erm etism e . Ces te rm es on t ete em ployes au tre fo is p a r P arace lse et a u jo u r d ’hui p a r l’A .M .O .R .C . et le Lec to riu m R o s ic ru c ian u m .

IVlagie. (O ccultism e). Art de p ro d u i re p a r des p ro ced es occu ltes des p h e n o m e n e s inexplicab les .

M aitre. (E so te r ism e et Franc-m a<;onnerie). Celui qui est initie au x plus h au ts grades.

M aitre invisible. (A .M .O .R .C .) . « A m e -p e rso n n a l i te » qui a a tte in t l 'e ta t de p e rfec t ion . D u « p la n c o sm iq u e » oil il se t rouve , il pro- je t te sa p e rso n n a l i te vers le p la n psych ique , c 'es t-a-d ire sur les h o m m es .

M anicheism e. D o ctr ine de M ani (?—272).M ars. (L ec to r ium R o s ic ru c ian u m ). P lanete do n t les in f luences cos-

m iqu es sera ien t negatives.M atiere. S u b s tan ce qui co n s t i tu e les corps . Selon l’A .M .O .R .C . , la

m atiere est e te rn e lle ; elle sera it aussi esprit, energ ie et vibration . Par co n tre I 'A ssoc ia t ion R o s ic ru c ien n e et I 'A n th ro p o so p h ie

Page 214: La Rose-Croix, Mythe ou Réalité

co n s id e re n t la m a t ie re c o m m e une « su bs tan c e -e sp r i t n ega t ive» : la m a t ie re serait la c r is ta l l isa t ion de I 'espace.

M edium . (O ccu lt ism e et Spir i t ism e). P e rso n ne qui, p a r des m oy ens occultes , sert d ' in te rm e d ia i r e en tre les esprits et les hom ines .

\ I e r academique. (L ec to r iu m R o s ic ru c ian u m ). Im age du m o n d e qui « m o n te , brille et d e sc e n d » . D es ig n e l 'e ta t du m o n d e ac tuel et les so u ff ran ees des hom ines .

VI icrocosme. Voir M acro c o sm e .IVIoi psychique. Voir Ego.M ondes. (T h eosoph ie ) . D if fe ren ts e ta ts de m atiere , du p lus d e n se au

p lus subtil . Les « M o n d e s » se ra ien t des re in c a rn a t io n s de la m a ­tiere.

M onism e. ( Philosophie) . D o c t r in e p h i lo so p h iq u e qui a d m e t que 1'ex p l ica t io n de tou tes les ch oses soit redu ite a un seul pr incipe .

Naissance (N ouvelle). (L e c to r iu m R osic ru c ian u m ). E ta t de celui qui a passe p a r I 'e tape du p re s o u v e n i r et qui a ete to u c h e p a r le rayon in fra rouge . A ne pas c o n fo n d r e avec la N o uvel le N a issan ce telle q ue le N o u v e a u T e s tam e n t Pense igne.

Nature dialectique. Voir d ia lec t iqu e .Nous. T erm e grec s ign if ian t « in te l l ig en ce» et qui est utilise p a r les

m o u v em e n ts ros icruciens. Selon le Lec to riu m R os ic ru c ian u m , il s 'ag ira i t du « san c tu a i re d u coeur».

Ocean academique. Voir M er a c a d em iq u e .O bjectif. (P h i losoph ie) . Qui est re la t if a un ob je t , qui est i n d e p e n ­

d a n t d u co n cep t h u m a in ; reali te ex te r ieu re a l’h o m m e .O cculte. Qui fait ap p e l a des p u is san c es cachees ou m a lef iques .O ntologie. (P h i losoph ie) . Partie de la p h i lo so p h ie qui e tu d ie l 'etre

sur le p lan m e tap h y s iq u e .Panacee. (A lch im ie) . R em ed e universe l c a p a b le de gu e r i r tou tes les

m a lad ies .Pansophie. P h i lo so p h ie un iverse l le , la s o m m e de tou tes les p h i lo so ­

ph ies e so te r iq u es et occultes .Pantheism e. D o ctr in e qui so u t ien t q u e Dieu - ou la d iv in i te - est

c o n fo n d u avec la M atiere . II n 'y a d o n e a u c u n e se p a ra t io n en tre le C re a te u r et le cree.

Parapsychologie. E tu d e des p h e n o m e n e s qui d e p a s se n t la psycholo- gie o rd ina ire .

Parfait. (L ec to r iu m R os ic ru c ian u m ). T e rm e q u e les C a th a re s em- p lo y a ien t et qui des ign e celui qui a a t te in t la perfec t ion .

Parole perdue. (A .M .O .R .C . et L ec to riu m R os ic ru c ian u m ). Parole orig inelle . C e tte Paro le serait e ff icace en e l le -m em e et elle posse- de ra i t un p o u v o ir m a g iq u e ou occu lte . U n e b o n n e p ro n o n c ia t io n p ro d u ira i t des taux de v ib ra t io n qui c o n c o rd e ra ie n t avec le m o n d e invisible (sp h ere ref lectr ice o u A m e d u m o n d e ) et des ef- fets p sych iq ues chez l’initie.

Patrie perdue. Voir R o y au m e im m u ab le .Pierre philosophale. (A lch im ie). D esig ne la su b s tan c e spec ia le qui a

p o u r bu t de p ro c u re r une lon g u e vie (Elixir) , de gue rir to u te ma- lad ie (P an acee ) et de d o n n e r le salut.

Pineale. Voir G lan d es .Pistis Sophia. Selon le L ecto rium R o s ic ru c ian u m , nom d 'u n evangile

g n o s t iq u e d u l E s i e c l e a t t r ib u e a Valentin .Pituitaire. Voir G la n d e s .Plan astral. Voir Plans cosniiques .Plans cosniiques. (T h eoso p h ie ) . C e tte ex p re ss io n designe le « C h a m p

du m o n d e » , c ’es t-a-d ire le « d e g re de d e v e lo p p e m e n t de PEtre». C es « c h a m p s » sont, en regie genera le , su p e rp o se s h ie ra rch ique - m en t (p lan p hy siq ue , p la n e th e r iqu e , p lan astral , etc.).

Plan psychique. (A .M .O .R .C .) . N o tre p lan terrestre .Plexus solaire. C e n tre n e u ro vege ta t i f s i tue en tre P es tom ac et la co-

lonn e ve r te b ra le et fo rm e de p lus ieu rs ga n g l io n s nerveux . II jo u e un role de p rem ie re im p o r ta n c e d a n s la p h i lo so p h ie ro s ic ru ­c ienne.

Postulant. (A .M .O .R .C .) . D egre in i t ia t ique qui p recede les douze degres m a jeu rs dits « d u T em p le » .

Postulat. (P h i losoph ie) . P ro po s i t io n d o n n e e c o m m e vraie, q ue Ton d e m a n d e d 'a c c e p te r sans d e m o n s t ra t io n .

Prana. C e te rm e f re q u e m m e n t em p lo ye p a r le Lecto rium R os ic ru ­c ia n u m signif ierait « su b s ta n c e de vie» ou en core «p a in de vie».

Presouvenir. (L ec to r iu m R os ic ru c ian u m ). E tat de so u v e n an c e d 'u n passe Iointain , rem in iscen ce de la glo ire h u m a in e d ’au tre fo is . Le p re so u v en i r dev ien t une reali te lo rsque l 'ad ep te ros icrucien est to u c h e p a r les ray o n s « in f ra ro u g es» ou « ray o n s ch ris t iques» .

Projection. (A .M .O .R .C .) . Acte p a r lequel o n pro je t te son co rps psy­ch iq ue hors de son co rps phy sique .

Race. (T h eosoph ie ) . Les « R a c e s» c o r re s p o n d e n t a l 'etat d e v o lu t io n de P h u m an ite .

Ra-M a. (A .M .O .R .C .) . N o m q u e por te ra i t I 'E tre suprem e .Regnes. Div isions de la N a tu re en p h ases d e v o lu t io n (m inera le , ve­

getal, an im al , h u m a in , divin). C e t te theo rie d ’orig ine theosophi- que est aussi celle de M ax H e inde l et de R u d o lf Steiner.

Reincarnation. D o ctr in e d 'o r ig in e h in d o u is te et g recque (E m p ed o - cle, Py th agore , P la ton) qui p re s u p p o se que l 'am e h u m ain e apres la m ort passe d a n s u n a u tre corps . Selon I’A .M .O .R .C ., ( 'A ssocia­t ion R o s ic ru c ien n e et P A n th ro p o s o p h ie . l 'am e qui a passe pa r de tres n o m b reu se s r e in c a rn a t io n s peu t a t te in d re la perfec t ion et se fo nd re d a n s PAbsolu .

Revirement fundam ental. (L ec to r iu m R osic ruc ian um ). La m ort a la n a tu re d ia lec t iqu e , l 'ad ieu au p r in c ip e de la na tu re terrestre . Ap- pele aussi « a u to - rev o l te» .

Page 215: La Rose-Croix, Mythe ou Réalité

^V'r-fec"Rose-Croix. Etat de pe rfec t ion ab so lu e .Rosicrucien. A d ep te du ro s ic ru c ian ism e qui ch erch e l 'e ta t de | ec-

t ion, c ’es t-a-d ire de R ose-C ro ix .Royaume immuable. Lieu de p e rfe c t io n ab so lu e s itue d a n s une au tre

sp h ere - s p h e re d iv ine - q u e la C h u te et le Mal n 'o n t ja m a is at- teint. A p p e le en core « R o y a u m e s ta t iq ue » ou « P a tr ie p e rd u e » .

Rose du Coeur. Selon le L ec to r iu m R o s ic ru c ia n u m , la Rose du Coeur serait l’a to m e-e t inc e l le d ’esprit . C e tte ex pre ss ion signifie aussi « a to m e o r ig ine l» ou e n co re « a to m e d e C h r is t» . C e serait le « ge rm e d 'u n m ic ro c o sm e n o u v e a u » .

Roue de la naissance et de la mort. Selon le L ec to riu m R o s ic ru c ia ­n um , success ion de na issanc e , de vie, de m or t et de re in ca rna t io n .

Sanctuaire. (L ec to r iu m R o s ic ru c ian u m ) . C e n tre de co n sc ience . II y au ra i t trois « s a n c tu a i r e s » : te te (le p lus im p o rtan t) , coeur et bassin .

Sanctum . Lieu pe rso n n e l o u le ros ic ruc ien A .M .O .R .C . peu t s 'au to - init ier et en t re r en c o n ta c t avec le « S a n c tu m c e l e s t e s

Sanctum celeste. Lieu « ce le s te» ou se t ro u ve n t les « M a i t re s invisi­b le s ». A p p e le aussi « C o n c la v e in v i s ib l e s

Secret. C o n n a is s a n c e eso te r iqu e .S ou ffle de vie. (A .M .O .R .C .) . Voir Nous.Sphere m aterielle. (L ec to r iu m R os ic ru c ian u m ). D o m a in e de la n a ­

ture oil l 'h o m m e vit a c tu e l le m e n t (no tre terre).Sphere reflectrice. (L e c to r iu m R o s ic ru c ian u m ). D o m a in e su p ra te r -

restre oil l 'h o m m e est cense se t ro u v e r ap re s la mort. C 'e s t le lieu oil se t ro u ve n t l '« e n fe r» , le « p u rg a to i r e » et le «c ie l» . C 'e s t le se- j o u r te m p o ra i r e des m orts .

Subconscient. (A .M .O .R .C .) . N iveau de co n sc ien ce d ire c tem e n t relie au C o sm iq u e .

Subjectif. (P h i losoph ie) . Qui est en r a p p o r t avec I 'e tre in te r ieur , qui est p e rson n e l ou intime.

Sublim inal. Qui d e p as se le seuil de la consc ience.Superieur inconnu. (M ar t in ism e) . M ait re invisible, c ’es t-a-d ire celui

qui est d e v enu p a rfa i t ou R ose-C ro ix . (Voir aussi Frere de la Rose-Cro ix , M aitre invisible .)

Syncretism c. C 'om bina ison p lus ou m o in s co h eren te de d o c tr in es les plus diverses.

Theurgie. M agie b la n ch e qui fait ap p e l au x «forces b e n e f i q u e s sT elekinesie. D e p lac em en t d 'o b je ts sans con tact .Telepathie. C o m m u n ic a t io n d irec te en tre d eu x p e rso n n e s d o n t

I 'e lo ignem en t in te rd i t to u te co m m u n ic a t io n .Tradition. T ra n sm iss io n o ra le ou ecrit des en se ig n em e n ts secrets et

des m ysteres de l ' in i t ia t ion .Transcendant. (P h i losoph ie) . Qui est ex te r ieu r et s u p e r ie u r a la n a ­

tu re h u m ain e .

Transfiguration. (L ec to r ium R o s ic ru c ian u m ). La « ren a issan ce spi ri­tuel I e », le « c h em in du re to u r vers la Patrie lo in ta ine» .

Transition. Selon l 'A .M .O .R .C ., la m or t physique.Transm igration. Voir R e in c a rn a t io n .Triangle. (A .M .O .R .C .) . S ym bole des e lem en ts occultes et des m a n i ­

fes ta t ions cosm iques .Vehicule. (H in d o u is m e et T h e o so p h ie ) . M o y e n p a r lequel l 'h o m m e

a t te in d ra i t les e ta ts sup er ieu rs .Vibrations. T e rm e tres f r e q u e m m e n t utilise p a r les societes esoteri-

ques et occultes . Signifie un m o u v e m e n t p e r io d iq u e et on d u la - toire de forces. La q u a l i te et la vitesse des v ib ra t io n s d e te rm in en t un eta t de m a tie re ou de consc ience .

Vibroturgie. Express ion e m p lo y e e p a r l 'A .M .O .R .C . Designe I'effet de ressen tir les v ib ra t io n s et, p a r co n se q u en t , la lacu lte de co n n a i t re la n a tu re ou la c o n d i t io n d 'u n obje t , d ’une ch ose ou d 'u n lieu.

Page 216: La Rose-Croix, Mythe ou Réalité

Index des noms propres

A dam. Paul 92 Agrippa. C ornelius 73 Ahmosis I 21 A khenaton 18.22 Alaric 220A lbinoni, Tom aso 374 Alighieri, D ante 73, 177 A m enophis I 21 A m enophis 11 22 A m enophis 111 22 A m enophis IV 18, 22 A naxagore 132,407 A ndreae, Jacob 75 A ndreae, Jean-V alentin 18, 68, 70,

75-78, 343 A nselme 135A quin, Thom as d ’ 54, 299Aristote 407Arius 270A rndt, Johanes 75A rnold, Paul 18, 64. 68, 70, 79, 82Avila. Therese d ' 409Auguste 70Augustin 47, 220, 299Aurelien 49Bacon, Francis 81, 87, 95, 275, 370 Bacon, Roger 73 Bailet, Adrien 82 Baleron de Brauwer. M arie-Rose

105-106 Balsamo, G iuseppe 88 Balzac, H onore 95 Banks-Stacey. May 96 Barres, M aurice 91 Barret, F. 54 Barth, Karl 252 Basilide 45, 129 Baudouin 11 62Bayard. Jean Pierre 76. 87, 90-91,

97 ,113 ,177 Beek, van der 79 Bedarride, M arc 89

Benoist. Luc 354-356, 369 Bergson. Henri 91 Bergson. M oira 91 Bernard. C hristian 101-102, 104.

106-107, 201,347,351 Bernard. Raym ond 93-94, 96-97,

99_ |01, 104-107, 126-127, 134, 136, 138, 158, 163, 178, 187, 190, 345,348. 353-354, 360, 363,366-368,371,373

Bernard. Yvonne 100 Bertholet, E douard 99, 152,368 Bischoffswerder, J. R. 85 Blanchard. Victor 97 Blavatsky, H elena Petrovna 266,

276, 283, 290, 315,414 Blocher. Henri 268, 291, 299-300.

316-317 Boh me, Jacob 72-73. 129 Borri, Joseph-Fran<;ois 80 Branham. William 270 B run ,Jean 36C aillet, Serge 94 Cagliostro 88-89, 96, 365 Calvin, Jean 231 C haboseau, Auguste 116, 118 C haboseau. Jean 118 C hanfray, R ichard 88 C haunu , Pierre 26 C am panella, Tom m aso 65, 75 C anches, M aitre 69 C aro, Roger 113 C labaine, Denis 280-281 Clym er, R. Sw inburne 18 Com enius 78 C onstant, abbe 113 C ordovero, Moi'se 60 C ouderc, Paul 264 C ouleru, Jean-R aym ond 274 C ourth ial, Pierre 122 Crowley, Aleister 9 1 C yrenius 175

D ean. C. D. 140 Debussy, C laude 95 Delage, Henri I 16 D em ocrite 129D escartes, Rene 78. 81-82, 95 Devaux. Henri 268, 299 D iderot. Denis 83 D rioton-V andier 19 D ubois, Paul-A ndre 273 D uchaussoy, Jacques 86-87Eckhart. M aitre 64. 66-67, 75. 129.

409 Elchasai' 47Edighoffer. Roland I 13 E liphas, Levi 1 13 Ellw ood, R. S. 110 Em pedocle 133.407 Encausse. G erard 116-117, 276 Encausse. Philippe 117-118 Engels, Friedrich 83 Eusebe 171Facon. Roger 96, 101-103, 105-106,

117,1 76 Faulhaber. Johann 78 Fictuld, H erm ann 85 Flamel, N icolas 68-69 Flamel. Pernelle 68-69 Flore, Joachim de 64—65. 70, 74—75 Fludd, Robert 78. 80-81, I 13, 177 Foss, Augusta 108 Franklin. Benjamin 95 Frederic-G uillaum e II 85G allien 37 G iordano , Bruno 73 G irault. Rene 188 G oethe, Johann W olfgang von

114-115 G orceix, Bernard 76 G rasshof, Carl-Louis von 108 G uaita , Stanislas de 91-92 G uenon. Rene 28, 368 G uesdon, Jeanne 99-100 G uilli. Paulette 88 G uyon, M me 409H ahnem ann. Samuel 7!H artm ann, Franz 365

H atshepsout 2 1Heindel, Max 54. 74. 93, 108-109.

121-122. 135,156, 178-179, 194. 208. 2 16, 2 18, 2 4 1 -242. 264-270, 275-278, 280-287, 290-291, 293-298, 300-333, 337-338, 343,352-353, 368. 377, 387-395. 402, 414

Hem erken. Thom as 69 H erm ann. J. 90 Hermes Trism egiste 44. 59 Hesiode 299 Hieronym us, Sar 96-97 Hiram A bbif 29H ohenheim . T heophrastus von 70Holloway, Alden 345Hutin, Serge 18, 25. 57, 58, 77.

80-81,177 H utten, Kurt 169Innocent III 50Intosch, C hristopher Me 108, 110 Irvine, Doreen 195Jacques 1er 8 1Jean XXII 66Jean de la Croix, saint 409Jefferson, Thom as 95Jerom e, 171Kant. Em m anuel 83, 370 Kapp, W. 188-189 Kardec. Allan 117 Kayayan, Aaron R. 411 Kempis. Thom as a 64, 69-70 Kennedy, John F. 95 Kitchen, K. A. 31 Kom ensky, Amos 78 Kremer, E. 415Lapasse, vicomte de 96 Leduc. Jean-M arie 94 Le Forestier. Rene 84 Leibniz, G ottfried 81-82, 95 Le Plaige. D idier 94 Lewis. G ladys 98 Lewis, Harvey Spencer 18-29. 31.

35-36, 39, 42-43, 76. 91-97, 99, 101,118, 123. 134, 136-138. 140. 144-145, 147-151. 157-159. 163,

Page 217: La Rose-Croix, Mythe ou Réalité

168-180, 187-190, 192, 207-209, 270, 303, 343, 345, 348. 353-354. 360 ,363,366-368,371 , 373-374, 402

Lewis, M artha 101 Lewis. Ralph Maxwell 97-100. 104,

118, 156-157, 159,345,352 Little. Robert W enworth 91 Lods, M arc 239 Lorenzo, Emilio I 18 Lovis. G uillaum e de 177 Louis XV 87-88 Loyola. Ignace de 409 Lum um ba, Patrice 95 Luria, Isaac 60 Lynn, Edith 100MaTer, Michel 78 M ani. 46-47, 51,259 M arcion 46M arconis de Negre, Jacques Etienne

89M arie-A ntoinette. reine 89 M artin. Frank 104-105.370 M artines de Pasqually 115, 117, 119 M arx, Karl 83, 85M athers, Samuel I , 91M arandole. Pic de la 60 M em piot. Robert 268 M eung, Jean de 177 M illon. G abriel 408 M itterrand, F r a n c is 357 M onfort. Simon de 50 M orenz, Siegfried 25 M olay, Jacques de 62 M iitzenberg, G abriel 71-72 M ynschicht, H adrien von 78N assau, prince de 78 N aude, G abriel 79 Newton, Isaac 95 Nicole, Emile 271-272Origas, Julien 106 Oswald, Lee Harvey 95Packer, J. I. 392.410.412 Papus 89, 92, 116-119, 184.276, 283,

290, 368 Paracelse 61, 70-71

Parent. Jean-M arie 101-103,105-106, 117

Parm enide 129.407 Pasquini, X avier 1 17 Payns, Hugues de 62 Peladan. Andre 96 Peladan. Josephin 92 Peladan. Sar 92 Pernoud. Regine 53 Petri, C atharose de 48, 111,21 1-218,

227.229-230, 232-234, 237-239, 243, 249-251, 262, 402

Philalethes, Eugenius 81 Philippe le Bel 62, 113 Philon 226 Piaf, Edith 95 Piepenbrick, A rthur C. 345 Pierre Phoebus, G aston de la 113 Pilate 175. 406-407 Planiscam py, David de 79 Platon 37, 128-129, 151. 169. 226.

407Plume. C hristian I 17Plotin 34. 37-38, 138, 156Poole. Cecil A. 345Porphyre 37Pottier, M ichel 79Pythagore 34-37, 151, 174. 226. 407Rackosky, Fran9ois-.loseph 87 Ray. M aurice 203 Richter. Samuel 84 Riffard, Pierre 178 Ri jckenborgh, Jan van 44. 46. 48,

111,211-217,219-220, 222-224, 227, 229-230, 232-234.236-239, 241-248, 250-252, 254-258. 261-263, 353. 375-386. 402

R odolphe II 78 Rohan, cardinal de 89 Rosenkreutz, C hristian 64, 70, 74-77 Rousseau. Jean-Jacques 83 Rushdoony, Rousas John 161 Ruysbroeck, Jan van 64, 67, 409Saccas, A monios 37 Saint-G erm ain, comte de 87 Saint-M artin, Louis-C laude de 86,

I 16, I 19 Saint-Om er. G eoffroy 62

Schaeffer, Francis A. 144. 161,231 331

Schweitzer. Albert I 15 Scott, Duns 66 Sam osate, C onstantin de 49 Sam osate, Paul de 49 Sarapo. Theo 95 Sessou, Henri 104, 347 Sessou, Raym ond 104 Sincerus Renatus 84 Socrate 407 Spinoza, Baruch 128 Steiner, R udolf 109, 113-114,

121-122, 266, 276,315, 323, 332-340, 396-402, 409

Stoker, Bram 91 Sue, Eugene 95 Sw edenborg, Em m anuel 83T auler 75 Tertullien 171 Theanon 35 T houtm osis I 21 Thoutm osis 11 21 Thoutm osis III 21, 22 Thoutm osis IV 22

Tibere 175Til, C ornelius van 161 Tingtley, Kathleen 108 Titus 42 Torrentius 79 Tregouel. M aurice 347 Trithem e, abbe 70Valentin 45Vaughan. Thom as 81. 370 Vercoutter, Jean 22, 27 Vernet, Daniel 267-268 Vernette, Jean 188 Voltaire 83W agner, R ichard 374 Wallace, C atherine 108 W ashington, G eorge 94 Wesley, John 370 W eishaupt, Adam 85 W illermoz, Jean-B aptiste 86 W ollner. J.C . 85Z arathoustra 47 Zenon 138 Z oroastre 172

Page 218: La Rose-Croix, Mythe ou Réalité

Index des noms de lieuxA ix-en-Provence 66 A lb i50A lexandrie 42, 172, 270 Allem agne 70, 73-74. 77-78, 80-81,

83-85, 87. 109, 111 A lt-Seienburg 72 A m sterdam 78A ngleterre 80-81, 83, 85, 89. 113Antioche 49Ariege 50, 111Asie M ineure 49A th en es277Autriche 111. 114Avignon 66Bale 70 Babylone 172 Belgique 347-348 Benares 172 Benin 104 Berlin 109, 114 Bethlehem 171 Beziers 50. 60 Boheme 72, 109 Bordeaux 86 Bosnie 50 Bourg-d'Oisan.s 99 Bresil 111 Brest 106 Brunswick 78 Bruxelles 67, 97, 348 Bubastis 29

C alabre 64C alifornie 97, 108-109 C am eroun 348 Cam panie 37 C anada 347 Carcassonne 50 Cassel 75 Caux 111 C availlon 89 Celico 64 C haldee 172

Chine 56 Cologne 66 Colom bus 109 C onsenza 66 C onstan tinop le 53, 270 C openhague 108 Cote d 'Ivo ire 348 C otonou 104 C rotone 35 C uba 99, 345D ahom ey 104 D alm atie 50 Damas 74 D anem ark 108 D ornach I 14 Dossains ille 99Ecosse 108,113 Einsiedeln 70Egypte 17, 19-20, 22, 24-26, 28-29,

34. 37, 42, 47, 49 En-G uedi 41 E phrata 93 Erfurt 66 Espagne 116Etats-U nis 92-93, 99, I ON-109, 11 J,

332 Eure 347Ferrare 70 H orence 324 Floride 97 Foix 86France 50, 81, 88-89, 99. 101, 104.

I |S , 344, 347-348 Francfort 76 Frenchtow n 95G alilee 60 G eneve 348 Glasgow 108G obi, desert de 237-240, 3 2 0 -3 2 1 G orlitz 72

G randson 348 Grece 18, 172 G renoble 99 G roenendael 67

Haarlem 5 1 .1 /1 ,2 1 9 , 222, 239, 248, 250

Haiti 347 H eliopolis 172 H indsburg 78 H ochheim 66 H ollande 78-79, 81, 344

Inde 47,56. 270 Iran 47 Isere 99Italie 35, 50, 66, 70, 80,87

Jerusalem 17, 3 0 -3 1, 33, 42, 175 Juda 41

K em pen 69 Kraljevic I 14

La Haye 78 Lhassa 172 La Corogne 116 L ausanne 49, 99 Li ban 347 Liege 348 Lille 106 Loiret 99 Londres 80, 99 Lunel 60Lyon 119. 133. 324, 362

M auritanie 347 M ontpellier 60 M ontreux 11 1 M ontsegur 50 M unich 83

N arbonne 60 N eubourg 104 New Jersey 95, 98 New York 95, 97-98, 108 Nicee 270N ouvelle-Zelande 111

O ceanside 109-110,386-387 Oregon 109

Palerme 88 Palestine 17, 29, 39 Paris 66, 68,79, 102, 105, 117-118,

264Pennsylvanie 93 Perse 172 Philadelphie 93 Pontoise 68 Portland 109

Qum ran 39, 41-42

Ralisbonne 83 Rhenanie 69Rome 37, 53-54, 89. 174, 220 Russie 87

Safed 60Saint-Jacques-de-Com postelle 69 Salzbourg 71 Samos 34San Francisco 97-98 San Jose 18, 25, 97, 100, ) 89, 202,

345-347, 349 Schwyz 70 Seattle 109 Serbie 50 Silesie 72Sinai, desert de 238 Sinope 46 Stilo 66Strasbourg 66. 75-76, 89 Suisse 70,99, 111,347

Tarn 50Tell-el-Arnarna 17. 22-23, 2 8 -3 1Thebes 22, 28-29. 35Thuringe 66Tibel 172T oulouse 86. 96Transylvanie 87Trente 324Tiibingen 75Tvr 29

Page 219: La Rose-Croix, Mythe ou Réalité

Ulm 78Ussat-les-Buins 111 Villeneuve-Saint-G eorges 100 W ashington (E tat de) 109

W eimar i 14 W iesbaden 1 11Yverdon 348Zwolle 69

Index par sujets

Absolu 38, 56-58, 70, 72-73. 107, 183. 275, 280, 289, 379, 386, 401

A doration 2 3 ,3 2 0 ,39 3 ,4 1 0 Aichimie 44, 56-58, 65, 70, 75, 80,

84, 1 16, 188-189, 362,401 Arne 38, 44. 51, 59, 67-68. 71, 87, 90,

129, 134, 136-140, 142-146, 148-150, 155, 179-180, 188-189, 194, 199-200, 222-223, 226-227,229-230, 232-233, 240, 243,250-251, 265, 315, 322, 324-325, 3 3 0 -3 3 1, 338, 340-341, 356, 374, 376.385-386. 397-399, 409, 411

A m our 29, 50, 136, 141-142, 147,163, 166. 186, 187, 191,210, 253, 341,381, 385, 396, 405. 410

Astrologie 75, 108. 196-197, 264.362, 374, 387

Aura 190-192, 202,363

Bapteme 33, 47, 51 Bible 29, 30, 31,34. 72-73, 117. 131,

146, 150, 152, 155, 164-165. 168, 170, 175 ,180,200-202,218, 220,230-232, 234, 236, 240. 246, 249,251-253, 256, 260, 267-269, 273, 285, 287, 291, 295, 297, 307-308,312, 317, 319, 323, 331, 335, 337, 341, 356, 369, 379-380, 382, 387, 406-410,415-416

Bien 37-40, 258-260, 316-317, 321, 328,396

C atharism e 48. 51, 212 Cene 33. 173,250,386 Centre psychique 188, 362 C hronologie 26-27 C hute 50, 57, 80, 141. 143-144. 154.

226. 230, 236-237, 239.241, 243-245. 255, 3 17 -3 19, 3 3 1, 386

C lairvoyance 196-198 C oncentration 127, 181, 186, 188,

190. 198, 2 0 7 ,366 ,391-392 ,404

Conscience 79, 97, 125. 134,139-140, 142-143, 157-158, 165-167, 175, 180-181, 185, 190, 194, 198, 200, 223, 225,227-229, 253, 261-262, 266, 282, 292, 294. 296, 302, 329, 331, 334-336, 338, 352, 354, 376, 388, 394

C onnaissance 19, 20, 38, 40, 44. 4 5 -4 6 ,6 1 ,6 5 ,8 0 , 131, 138, 144, 148-149, 154, 161-165, 182,185, 189, 198, 228, 244, 251, 254, 269, 294, 316, 318, 322, 341-342, 350, 354, 360, 372, 375-377, 391, 396, 400, 403.408,41 I- 4 12

Cosm ogonie 46. 48, 59. 61. 71, 128, 218. 264, 266, 299,361,413

C’osm ologie 128, 131,413 C reation 5 9 ,61 ,80 , 130. 136,

140-141, 143-144, 156, 158. 166, 2 3 1.234, 236, 259, 265-269, 271, 282-283, 291, 298, 301. 307-308, 3 10-312, 3 19, 3 2 1, 335.338, 355, 388 ,401.409 .413

Croix 23,29, 93, 177-180,216-217, 305, 330

Crucifixion 174,398,399

Dem ons 48, I 16, 127, 170, 184, 203, 266. 339, 364

D ualism e 45. 46, 48-51, 139, 220-221,225

Eglise 33-34, 77-78, 83, 141, 163, 166, 270. 324, 385, 403, 406. 408, 410,416

Egregore 201, 361, 365-367, 371 E ndoura 51,249-250 Enl'er 220-221,321.324-325 Epistem ologie 161 Esoterisme 18. 26. 37. 54. 75, 85, 91,

9 9 ,2 9 1 ,3 4 1,354, 361. 368-369, 378

Page 220: La Rose-Croix, Mythe ou Réalité

Esprit 23, 29-30, 40. 45, 47, 48-50. 76, 83. 107, 128-130, 133-135, 137. 140, 152-153, 174. 183,200, 222-223, 227-228, 2 3 1. 235, 239, 247,256-257, 265-266. 269, 275, 280 ,287 ,290-291 ,293-294 , 298, 300-301. 304, 306, 310-311,313, 315,317, 322. 326, 328-330, 332, 352, 376, 382, 386, 390-391, 394, 401.414

Esprit (Saint) 29, 51, 131. 152, 162, 169 .175,200-201,273-275, 283, 297, 308-309. 381, 405, 407, 414

E th ique48 , 51,205, 210, 222, 236-237, 255-258, 260, 263

Evolution 135, 145, 149-150, 170, 178. 189, 194. 264-265, 267. 277, 289-294, 296, 298, 302-303. 3 0 9 -3 12, 3 16-320, 331-334, 336, 366, 388-389, 395, 397 ,400.414

E xperience 38, I 14, 127, 146, 167, 181-182, 184-188, 193,200, 202, 204. 248. 251, 265, 284, 287, 298, 322, 326-327, 331, 334, 337, 352, 354, 359, 367, 370, 375, 382, 389, 397, 398-399, 404, 409-412

Extase 38, 68

Foi 34, 45, 46, 74, 162, 172, 234, 274, 306, 341, 356, 364, 379. 401, 407, 410-411

Franc-m a^onnerie 55-56. 61, 88, 121,213

G lande 188-189. 195, 224 ,302,309 , 311.401

G nosticism e 18. 40, 43, 45, 49, 52, 55, 60. 72, 128, 211, 235, 239, 246. 407

G race 145, 150, 155, 210, 228, 234, 240. 249, 305-306, 362, 367, 377, 379, 407, 409, 411 .413,415-416

H erm etism e 44. 55, 58, 70, 80. I 16, 407-408

Heresie 47, 50, 270-272, 283 H indouism e 170, 264, 278, 280 H ypnose 209-210, 365

Illum ination 64, 72, 77, 80, 124. 127, 174, 193-194. 247, 250, 341,353-354

Incarnation 145, 147-148, 150-151, 162,200, 272, 303-304, 327-328,340,413

Initiation 35, 42, 45, 51. 55-56, 61, 9 6 -9 7 ,1 0 0 ,1 0 9 ,1 18 ,1 2 6 -1 27 , 130, 154, 162, 172-174. 182, 193,196, 217, 246, 248. 294. 306, 310, 322, 336-337, 345, 349-357, 359, 365,367, 371-375, 377-390, 394, 396-399. 402

Intelligence 38, 41, 131-132, 140. 158. 161-162, 182, 227-228, 235, 249, 282, 322, 352, 400, 407

Invisibilite 204

Justice 40, 42-43, 147, 150, 172, 191, 396

K abbale 44, 59-61. 65, 70, 9 1. 267, 407

Karm a 112. 143. 145, 146, 149-151, 159,178-179,209,224-225, 243, 262,339-340. 365

Levitation 196, 198-199,202 Liberte 189, 2 10, 309, 318. 355, 376 Loi 30, 41, 45, 47, 57, 72, 93, 107,

130,146.149-150, 157-158, 166-167, 170, 184, 193, 196-197, 199, 207,209,218, 227,236,241-242, 244, 305, 309, 320, 322, 339,361,411

Lumiere 48, 50. 73, 178, 207,213-214. 216, 224, 235, 237, 245, 247,258, 325

M acrocosm e 136, 225-226, 401. 408 M agie 39, 44, 60, 74, 91, 115, 188,

196-197, 247,253-255, 361, 370, 375,382,385

M agnetisme 71, 191 Mai 40. 142, 150, 240, 258-260,

316-317 ,319 ,325 ,328 ,414 M anicheism e 212, 259 M atiere 45. 47-48, 51, 57, 59,

128-135, 137, 140, 144, 146,

218-219, 222, 235-236, 239, 2 4 1, 257, 261-262, 264-266, 276. 280, 283, 285, 290-291, 298, 300-301, 308, 31 1,327, 329, 332. 334, 337-338, 363 ,375.401 ,408 , 413-414

M editation 68, 124, 172, 176, 228, 295, 348, 392, 399

M icrocosm e 65, 136, 225-226, 242, 244,247, 2 50-251, 384, 401, 408

M iracle 199, 203 M onism e 67, 128-129,305 M onotheism e 29, 31, 280 M ort 45, 51, 73, 79-80, 175-176, 178,

221, 227, 229, 234, 240, 242, 244. 259, 305-306, 317-318, 323-324, 331,335, 340,356, 398

M ystere 17, 18, 19 ,26,40, 89, 100, 164, 2 1 1, 226, 352, 375, 393. 410, 413

M ysticisme 43. 64, 93, 99-100. 108, 119, 127, 192,353,366,374, 409-410

N ebulaire (Theorie) 283 Nous 131-134, 138Occultism e 39, 51-52, 53, 55, 63, 67,

70, 75, 83-84, 87, 93, 115-117,119, 136.141, 152, 183-184, 190,196, 212, 2 14, 2 2 1. 230, 247, 254, 278. 283,300. 340,361-363, 365-366, 368-369, 374, 383, 386, 400, 402, 409,414

O ntologie 135-136 Origines 241, 245, 257, 259, 266, 362,

388, 413Pantheism e 156-157. 207,218, 305,

408Parole de Dieu 34, 83, 169, 171, 180,

208, 240, 246, 252, 267, 287, 340, 369, 407, 409-410,415

Passivite 181, 187, 196, 201,273,355, 371 ,380,382, 399

Peche 30, 47, 73,141-144, 150, 177,179-180, 2 16, 2 3 1, 236-237, 240, 242, 256, 259, 273, 305, 318-319, 331, 335-336, 356, 378, 381-382, 385,414-415

Perfection 135, 147-149. 154, 177, 185, 193-195, 200, 264, 305, 326, 329-330, 409

Philosophie 18, 23. 28, 36, 38. 39, 45, 66 ,7 1 ,7 5 , 80-81,84, 115, 123,128-129, 131, 135, 141, 155, 161. 165, 180,211-213,215,222. 227, 252, 257, 264, 283, 287, 367, 373, 378, 380, 408

Pierre philosophale 57-58, 400 Polytheism e 275, 278, 280 Pouvoir 43, 98, 155, 158, 160-161,

183-185, 187-188, 195.203,209-210, 214. 228, 236. 240, 244.265, 295-296, 316, 353, 356, 367, 384-386

Presouvenir 244-245, 375 Priere 34, 159, 176, 253-254, 295,

3 2 1, 390-391, 405, 406, 4 10, 416 Projection (psvchique) 123. 127, 190.

202, 239, 3 9 1 Purgatoire 220-221, 324-325 Purification 30, 45, 150. 174, 177 Psvchologie 141. 167, 180-181,

183-185, 188,374

Raison 131,228,352,407 Redem ption 81, 236, 305 Relaxation 181, 186-187, 190, 201,

207,370 R epentance 77, 248-249, 415 R eincarnation 112, 145-155, 170,

172, 179. 221, 227, 229, 243-244,266, 280. 289, 305, 321-323, 325, 327, 329, 332, 333, 339-340, 365,388,414

Resurrection 145, 166, 174-176, 231, 244 ,376,386 ,397-399 ,414

Revelation 40, 44, 162, 295, 356, 367, 380, 383, 388, 407-408, 410

Revirement fondam ental 375, 379

Sacrifice 36, 216. 228, 320, 377, 417 Sagesse 20.149, 212-213, 235, 246.

384,406Salut 20. 33, 48, 77, 80, 154-156, 211,

222,225,234. 236, 243, 245-246. 249, 305-306, 341-342, 355, 367, 374, 377, 397, 402

Page 221: La Rose-Croix, Mythe ou Réalité

Sang 30, 177,224, 262,398 Secret 19, 22, 24, 26. 32, 93, I 19, 258,

367-369 ,372 ,344,399 Secte 36. 39, 40, 42, 46. 49, 92-93,

97, 108, I 17, 169, 175,213-214,222,234, 239, 247-248, 252, 254, 260 ,263,333 ,349 . 355, 375

Souffrance 149, 152, 159. 162,398 Spiritism e 83, 196, 199-200. 363, 374 Subconscient 180-182, 195 Syncretism e 47,66. 123Telepathie 7 1, 209, 362 Tem pliers 61-62T radition 19, 24, 41, 53, 56, 60, 80,

91. 94, 96, 126, 287, 403, 407-409 T ransfiguration (N .T .) 153, 202 T ransfiguration (R + C) I I I , 174,

212-213, 2 49-251, 254-255, 261-262 ,375 ,379

Transm ission de pensee 123, 209-210.365

Verite 40, 95, 124, 126, 131, 141. 145, 154. 162, 164. 168, 184. 209,253, 293, 306, 364. 396, 403. 406-409, 411,413-414

V ibration 59,90, 103, 110, I 12,129-131, 135, 137, 161, 181-183,192, 201, 212-214. 216, 2 18-220, 224. 233, 242, 245, 250, 254, 258, 280 ,286,289-290,304-306, 375,377 ,379,385 ,414

Vibroturgie 192, 363 Vie 58, 73,93, 159. 178-179,218,

2 2 1, 228-229,232, 236-238,242-244, 256, 261, 293, 300, 3 18, 3 2 6 ,3 3 7 ,3 3 9 ,3 4 4 .3 5 2 , 355-356, 363, 397, 401. 403-404. 406-407, 41 1,416

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M. H e ind e l : Histoire des Rose-Croix. A sso c ia t io n R os ic ruc ien ne , Lodeve, 1974.

M. H e in d e l : Les mysteres rosicruciens. A ssoc ia t ion R os ic ruc ienne , Lodeve, 1974.

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M. H e in d e l : Lettres aux etudiants. A ssoc ia t ion R osicrucienne,A u b e n a s , 1979.

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Page 225: La Rose-Croix, Mythe ou Réalité

Table des matieresP r e f a c e ....................................................................................................................A v an t -p ro p o s de l 'a u te u r ............................................................................P r e a m b u l e ............................................................................................................C h a p i t r e p rem ie rLes lo in ta ines « o r ig in es» d u ro s ic ruc ian ism e ..................................C h a p i t r e IILes Societes Secre tes M e d ie v a le s .............................................................C h a p i t r e IIILes p rec u rseu rs d u r o s i c r u c i a n i s m e .........................................................C h a p i t re IVHisto ire de la R ose-C ro ix des or ig ines a nos j o u r s .........................Les d o c tr in es ro s i c r u c i e n n e s .......................................................................C h a p i t re VLa « p h i lo s o p h ie » de l 'A .M .O .R .C ............................................................C h a p i t r e VILe G n o s t ic ism e du L ec to riu m R o s i c r u c i a n u m ...................................C h a p i t r e VIILa C 'osm ogonie de M ax H e i n d e l ..............................................................C h a p i t r e VIIIL 'A n th ro p o s o p h ie de R u d o l f S t e i n e r ....................................................C h a p i t r e IXL 'o rg a n isa t io n et l’in i t ia t ion des m o u v em e n ts ros ic ruc ien s C h a p i t r e XLe ch em in de la d e l i v r a n c e ..........................................................................G l o s s a i r e ...............................................................................................................Index des n o m s p ro p res ...............................................................................In d ex des n o m s de l i e u x ...............................................................................Index p a r s u j e t s ................................................................................................B i b l i o g r a p h i e .....................................................................................................

79

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LA R O S E -C R O IXM ythe ou realite?

Temoignage d ’un ancien rosicrucienPendant m on adolescence j ’avais cherche, en vain, une re-

ponse a mes problem es de vie. D ’abord dans la p ratique du Hatha Yoga, puis dans des etudes rosicruciennes. Mais ces doctrines seduisantes - et illusoires - prirent po u r moi une autre tournu re lorsque, en accord avec le proverbe tibetain affirmant que «la tache la plus noble de Fame hum aine, c’est d ’etudier les oeuvres de son createur», je reconnus enfin ma culpabilite personnelle devant le Dieu saint et juste revele dans la Bible.

Q uelque tem ps apres, pa r la grace de Dieu, j ’acceptai le Seigneur Jesus-Christ com m e m on Sauveur, qui, selon sa promesse, dans l 'Evangile: «Je vous le dis, celui qui ecoute Ma parole, et qui croit a Celui qui m ’a envoye, a la vie eter- nelle et ne vient point en jugem ent, mais il est passe de la mort a la vie.» (Jean 5:24), delivra m on ame de la perdition eternelle.7 J . S . F .

L'auteur: Ne a Paris en 1945, marie, deux enfants. Etudes primai- res et secondaires a Nice. Apres une formation de photographe, il entreprend des etudes theologiques a l’lnstitut biblique de Nogent- sur-Marne, puis exerce diverses suffragances dans des Eglises de France. Son ministere l’amene peu a peu a s'interesser au pheno- merie des sectes. II ecrit ainsi des etudes et des articles sur la ques­tion. Aujourd’hui, il travaille comme diacre dans l’Eglise reformee du canton de Vaud.

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