Sommaire :
Editorial
L’Algérie et la COP21, espoirs et déceptions
Ewa Berezowska-Azzag
p.1
> Changement climatique et ses effets sur la ville.
Assia Fernini-Haffif
p.4
> Climat et ville, le couple infernal.
Ewa Berezowska-Azzag p.9
Dossier
Alger et changements climatiques, quelques contributions de la recherche.
p.12
Mazia Chaker > Optimisation du métabolisme urbain à Alger. p.13 Leila Lalaoui > Prospective sur les risques d’inondation et de submersion marine des communes
côtières d’Alger. p.16
Meriem Naimi-Ait Aoudia > Capacité de charge hydrique à Alger face aux changements climatiques. p.19 Asma Bouattou > Rafraichissement urbain pour adaptation au futur climat local. p.22
Mohamed Srir > Oued El-Harrach, corridor écologique au service d’adaptation climatique. p.25 Soufiane Boukarta > Densité, énergie et changements climatiques, quelle résilience ? p.28
Nour El Houda Baba Slimane > Rentabilité économique des actions de maitrise d’énergie dans le secteur résidentiel en Algérie.
p.30
Houda Saci > Agriculture urbaine au service de sécurité alimentaire. p.33
Infos VUDD Textes de lois / Prix national de la ville verte / Energies renouvelables / Echos de la
COP21 / Appel à contribution / Séminaire / Soutenance Thèse / Publication d’ouvrage.
p.35
[LE CLIMAT
DANS TOUS SES ETATS]Newsletter VUDD
N°2. Mars 2016
epau Ecole Polytechnique d’Architecture et d’Urbanisme
Laboratoire Ville Urbanisme et Développement Durable
1 Newsletter VUDD n°2, mars 2016
L’Algérie et la COP21, espoirs et déceptions
Par Ewa BEREZOWSKA-AZZAG, Professeur
Chef d’axe Qualité Urbaine, Environnement et Développement Durable, QUEDD, VUDD,
EPAU Alger
La 21
e Conférence des Parties sur le Climat COP21 tenue
à Paris du 30 au 13 décembre a clôturé sous
applaudissements nourris l'année 2015, avec la signature
d'un accord âprement négocié entre les 196 pays
participants, dont 195 l'ont finalement approuvé. Non
contraignant, financé seulement à partir de 2020, cet
accord est cependant loin des nécessités d'action
immédiate qu'impose la trajectoire actuelle qui nous
mènerait vers 3°C de réchauffement à l'horizon 2050, jugé
catastrophique par le GIEC. Il ne sert à rien de se
lamenter aujourd'hui sur l'inertie habituelle des Etats qui,
bien qu'adhérents aux principes de l'accord, sont obligés
de négocier en coulisses en fonction des enjeux des
multinationales du marché énergétique mondial ou en
fonction des différences des objectifs nationaux de
développement.
L'objectif central commun finalement adopté par la COP21 est de contenir les changements
climatiques en dessous de 2°C et de poursuivre l'effort pour limiter l'élévation de température à
1,5°C par rapport à la période préindustrielle, à l'horizon 2050. Les pays développés devraient
ainsi montrer la voie et les pays en voie de développement continuer à accroître leurs efforts d'atténuation. L'adaptation est reconnue comme nécessaire, mais la revue du dispositif de l'adaptation
est différée pour 2017 (Rahmani, 2015). Pourtant, sans l’effort d'adaptation orienté sur l'économie de
l'eau, la mutation de l'agriculture, la maîtrise de l'énergie ou la protection des milieux fragiles, des
grandes catastrophes nous attendent.
La contribution initiale de l'Algérie, proposée à la COP21, adoptée par le Conseil des Ministres le 24
mai 2015 et engagée sur la période 2021-2030 (CPDN, 2015), concerne essentiellement 6 secteurs-
clés: l'énergie, l'industrie, le transport, l'agriculture et les forêts, le bâtiment et l'environnement. Cette
feuille de route a été adoptée définitivement par le Conseil Interministériel le 3 septembre 2015, à
l'issue d'une large consultation intersectorielle avec la participation de la société civile lors de la
Conférence Nationale de Concertation sur le Climat du 28 juillet 2015 (collectivités locales,
associations économiques, socioprofessionnelles, environnementales, acteurs institutionnels et socio-économiques).
L'exposé des motifs de la proposition mentionne le contexte difficile dans lequel se trouve
actuellement l'Algérie. A l'instar des pays de la région méditerranéenne et de l'Afrique, l'Algérie est
confrontée aux défis liés à la sécurité alimentaire, à l'affaiblissement de la résilience de ses
écosystèmes naturels, aux risques majeurs et à la raréfaction des ressources naturelles. Les crises
énergétique et économique, conjuguées à une forte croissance démographique qui augmente les
besoins d'année en année, compromettent son développement socioéconomique futur. Pourtant, selon
le document présenté, des actions d'atténuation sont déjà en cours en Algérie, par exemple avec la
réalisation des centrales hybrides ou la diminution des émissions des gaz torchés.
2 Newsletter VUDD n°2, mars 2016
La proposition algérienne évoque d'abord une série des mesures d'atténuation (voir le tableau 1), se
référant au scénario Business As Usual BAU du 4e rapport du GIEC (2007), relatives à l'émission des
GES (CO2, CH4 et N2O). Une réduction des émissions de ces gaz de 7 à 22% à l'horizon 2030 est
prévue, les 7% devant être réalisés avec les moyens nationaux, le reste étant subordonné aux soutiens financiers extérieurs. L'effort est réparti entre les activités énergétiques, industrielles, agricoles,
forestières et de gestion des déchets. La mise en place des instruments spécifiques de planification est
prévue sous l’égide de l’ANCC (Plan National Climat PNC, PNAE-DD, système national de
Mesurabilité, de Reporting et de Vérification MRV sur 2016-2020). Il s'agit donc d'agir à la source
des émissions. Mais le programme semble imprécis, ne propose pas d'actions concrètes et ne fixe pas
d’échéances contraignantes au niveau national, bien qu'une Stratégie et un Plan d'Action National
pour le Climat aient été élaborés en 2001 (voir le projet national ALG/98/G31, Communication
nationale initiale, mars 2001, financé dans le cadre du Fonds Mondial de l'Environnement FEM
conformément à la COP de Genève en 1996) et qu'un Plan National Climat ait été proposé en 2013
par le Ministère de Ressources en Eau et de l'Environnement MREE avec l'aide de l'agence de
coopération allemande GIZ. Enfin, un Comité National Climat CNC installé en juillet 2015 à Alger,
auprès du Ministère en charge de l'Environnement, renforce le dispositif institutionnel national pour assurer la coordination, le suivi et l'évaluation des politiques et programmes nationaux relatifs aux CC.
Tableau 1. Actions phares d'atténuation par secteur (2021-2030)
4 piliers d'atténuation
Secteur de gouvernance
De conception et de recherche (ANCC)
De coordination et de suivi (CNC)
De planification (Plan National Climat PNC, MEAT)
De vérification (système MRV)
Secteur de l'Energie 27% d'intégration des Energies Renouvelables dans l'électricité à 2030
Généralisation de l'éclairage performant (HPE)
Isolation thermique de logement
Augmentation des parts du GPL et du GN dans les carburants
Réduction du volume des gaz torchés à moins de 1% à 2030
Secteur des Déchets Valorisation des déchets
Compostage des déchets organiques et verts
Valorisation énergétique du méthane des centres d'enfouissement technique et des
stations de traitement des eaux usées
Secteur des Forêts Boisement et reboisement
Prévention des incendies de forêts
Modernisation des moyens de lutte contre les incendies
Secteurs d'information,
d'éducation et de formation
Information, sensibilisation et communication sur les enjeux climatiques
Programme national d'éducation, de formation et de recherche sur les changements
climatiques
Source: CPDN, Algérie, 2015
Pour le volet d'adaptation, le document provisoire ne va pas suffisamment en profondeur. L'objectif
principal est la promotion d'une société et d'une économie plus résiliente aux effets des CC, avec la
priorité à la protection des populations, préservation des ressources naturelles et des infrastructures
contre les risques des phénomènes extrêmes. Les secteurs particulièrement concernés sont, selon le
document, l'agriculture, l'hydraulique, la santé humaine et les transports. Cependant, si les mesures
d’adaptation sont mentionnées sommairement (voir le tableau 2), aucune n'est concrètement
développée. La ville, avec son cortège des effets néfastes dus à l'urbanisation, n'y est même pas
considérée et le secteur de l'habitat, de l'urbanisme et de la ville (MHUV) n'y figure pas comme acteur
d'adaptation. Or, c'est bien la ville qui est à l'origine de la majorité des émissions des GES et c'est bien
en ville que les effets des CC sont les plus catastrophiques, du fait de la concentration des enjeux. Tableau 2. Mesures d'adaptation prévues par le Plan National Climat
Institutionnelles Adaptation du cadre institutionnel
Renforcement des capacités institutionnelles et humaines pour la lutte contre les CC
Règlementaires Adaptation du cadre règlementaire de planification et de gestion de la résilience des écosystèmes
Mise en place des moyens de financement des mesures d'adaptation spécifiques
Opérationnelles Elaboration de plans régionaux et locaux d'adaptation aux CC
Mise en place d'un dispositif de veille et d'alerte
Renforcement des capacités pour la gestion des événements climatiques extrêmes
Source: CPDN, Algérie, 2015
3 Newsletter VUDD n°2, mars 2016
Suite à l'accord de Paris, à l'instar de tous les pays participants, l'Algérie devrait réajuster sa stratégie
climatique avant novembre 2016, en fonction des décisions prises par cet accord, dont l'entrée en
vigueur est soumise à la ratification par les pays signataires durant la période de 22 avril 2016 au 21
avril 2017. Pour la ratification, à l'instar d'autres pays en développement, l'Algérie réclame notamment l'accès aux ressources financières extérieures sur le Fonds Vert et le Fonds pour l'Environnement
Mondial FEM des Nations Unies, qui doit mobiliser 100 milliards de dollars avant 2020. La question
de transfert de technologies propres, soulevée entre autres par l'Algérie comme l'une des conditions
pour la mise en œuvre d'une stratégie nationale efficace, n'a pas été résolue par la conférence en raison
du statut privé et des droits de propriété intellectuelle des brevets innovants, qui compliquent les
procédures de transfert (Rahmani, 2015). C'est donc plutôt le développement de la recherche locale
qui est explicitement encouragé, avec l'aide d'un Comité de Paris sur le renforcement des capacités
d'adaptation, d'atténuation, de la formation, de l'éducation et de la sensibilisation.
Etant donné que la responsabilité historique du pays en matière d'accumulation des GES n'est
nullement engagée, l'Algérie insiste sur l'absolue nécessité de respecter les trois droits fondamentaux:
droit au développement des peuples, droit à l'environnement pour tous et le respect des droits de l'Homme, dans l'application de toute stratégie de lutte contre les changements climatiques au niveau
mondial, afin de dépasser les inégalités de développement héritées de l'histoire. Selon l'accord, qui
s'engage à respecter ces droits, les bilans des actions engagées devraient être produits par l'ensemble
des pays signataires, développés et en développement, tous les deux ans et sous contrôle d'un
mécanisme de transparence à mettre en place. L'évaluation des résultats obtenus sera, quant à elle,
effectuée tous les 5 ans, en rapport avec les scénarios du dernier 5e rapport du GIEC (2013-2014, 3
volumes).
Bien qu'encourageant, l'accord de Paris ne répond pas aux espoirs suscités par la COP21. Il met en
place un cadre général, mais sa mise en route réelle reste incertaine. Des difficultés majeures de sa
ratification par l’ensemble des pays signataires commencent à se manifester déjà. Dans ce contexte, le dossier qui suit se veut apporter une modeste contribution à l'action, issue des réflexions développées
au sein du Laboratoire VUDD à travers les recherches en cours ou récemment soutenues.
Références:
* CPDN (2015), Contribution Prévue Déterminée au niveau National, CPDN-Algérie, RADP, Premier Ministère, 03 septembre 2015, 11 pages * Rahmani Ch., (2015), La conférence de Paris, l'accord pour le climat, Contribution de Chérif Rahmani
* MREE, (2013), Plan National Climat, Ministère des Ressources en Eaux et de l'Environnement, Alger * MATE, (2001), Elaboration de la stratégie et du Plan d'Action National des changements climatiques,
Communication nationale initiale, mars 2001, Ministère de l'Aménagement du Territoire et de l'Environnement, Alger, 155 pages
* www.cop21.gouv.fr; www.unfccc.int
Abréviations:
ANCC Agence Nationale des Changements Climatiques
BAU Business As Usual CC Changements Climatiques
CCNUCC Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques
GES Gaz à effet de serre
GIEC Groupe Intergouvernemental d'Experts sur le Climat CNC Comité National Climat COP21 21e Conférence des Parties
MHUV Ministère de l’Habitat, de l’Urbanisme et de la Ville
MRV Système national de Mesurabilité, de Reporting et de Vérification PNAE-DD Plan National d'Action pour l'Environnement et le Développement Durable PNC Plan National Climat PRG Potentiel de Réchauffement Global (GWP Global Warming Potential) UNFCCC United Nations Framework Convention on Climate Change
Changement climatique et ses effets sur la ville
4 Newsletter VUDD n°2, mars 2016
Changement climatique et
ses effets sur la ville.
Par Assia FERNINI- HAFFIF
Doctorante en urbanisme et environnement,
Maitre assistante, Laboratoire VUDD
Les villes sont des écosystèmes en constante
évolution. Divers changements les
formalisent : d’ordres démographiques,
économiques, culturels, technologiques et autres. Ces perpétuelles mutations, quand elles
n’atteignent pas des niveaux néfastes pour la
ville, sont nécessairement des leviers de
développement, contrairement aux
changements climatiques qui font planer
différentes menaces sur la ville et exigent de
ce fait l’augmentation de la capacité de leur
résilience aux effets induits par ces
changements.
La nette augmentation du taux d’urbanisation
en Europe, puis dans le reste du monde au
lendemain de l’avènement de la révolution industrielle, a été un tournant décisif dans
l’accroissement massif de la proportion des
citadins et donc de la dynamique des villes. Le
seuil de 60% de la population mondiale vivant
en ville vient d’être franchi, et ce taux ne cesse
d’augmenter, ce qui augure d’une
concentration évidente de risques urbains
générés par le changement climatique en
cours.
Les impacts du changement climatique sont
actuellement étudiés à partir de scénarios qui font valoir la nécessité de se préparer à
l’occurrence des phénomènes extrêmes et
d’anticiper leurs impacts en milieu urbain.
Partant d’une hypothèse de réchauffement du
climat, l’un de ces scénarios envisage par
exemple dans les contextes urbains des
phénomènes extrêmes récurrents tels que
l’accroissement des ilots de chaleur urbains,
les vagues de chaleur et l’accroissement de la
pollution urbaine aux conséquences sanitaires
néfastes. Selon les chercheurs, « les niveaux
de pollution baissent, mais la morbidité et la mortalité liées à cette pollution reposent sur
l’exposition continue aux polluants ; (…) la
qualité de l’air urbain dans 50 ans dépendra
des facteurs comme la mobilité, l’étalement
urbain, les technologies utilisées pour
répondre aux besoins en énergie ; (…) il est
probable, compte tenu de l’augmentation des
températures, que des risques de nuisances
soient cumulés, que les populations soient plus
sensibles, que des exigences de sécurité
environnementale soient plus fortes, que de
nouvelles méthodes de surveillance (micro-
capteurs, satellites, modèles) soient
nécessaires… » (Verdier, 2009).
Les changements climatiques affectent la
société humaine dans sa globalité, leurs impacts en milieu urbain, d’ordre sanitaire,
environnemental et économique, sont
inextricablement liés, complexes et se
conjuguent souvent en ville pour générer des
risques multiples et compromettre le confort
urbain.
Les impacts sanitaires
Il a été prouvé que le changement climatique
influe essentiellement sur les populations
pauvres des villes, sur les résidents des zones
d’habitat informel et les autres groupes sociaux vulnérables, telles que les femmes, les
enfants, les personnes âgées et les
handicapées. Parmi les impacts vécus au
quotidien, figurent surtout ceux sur la santé
humaine, la qualité de vie en ville, la qualité
de l’air et de l’eau, les moyens de subsistance
et particulièrement la nourriture, ainsi que les
biens matériels. Ces derniers sont générés par
la fréquence des phénomènes météorologiques
extrêmes, tels que les élévations de
température, les submersions marines, les
précipitations accrues causant des inondations et autres.
- La pollution atmosphérique, conséquence
des émissions du CO2
Les activités humaines, tels que le bâtiment, le
transport ou l’industrie, ont des effets sur
l’écosystème urbain à bien des égards. Elles
affectent la qualité de l’air, la quantité et la
qualité de l’eau et le sol. Une aggravation des
pollutions atmosphériques locales est causée
par certains polluants comme l’ozone, créés
par l’action de la chaleur et de la lumière du soleil sur certains gaz d’échappement. De ce
fait les émissions dues au trafic automobile
entre autre sont coupables de la détérioration
de la qualité de l’air et l’apparition de
maladies diverses conséquentes à cette
pollution.
Les émissions de gaz à effet de serre (GES) se
sont considérablement accélérées depuis 1900,
Changement climatique et ses effets sur la ville
5 Newsletter VUDD n°2, mars 2016
conséquemment aux activités humaines,
particulièrement depuis les cinquante
dernières années. Ce constat, confirmé par le
Groupe d'experts intergouvernemental sur
l'évolution du climat (GIEC), se base entre
autres sur les mesures de concentrations de
gaz à effet de serre (dioxyde de carbone,
méthane et oxyde nitreux) qui ont augmenté
de 40% depuis l'ère préindustrielle. Le rapport
du GIEC affirme : "Il est extrêmement
probable que plus de la moitié de la hausse
des températures globales moyennes de surface observée de 1951 à 2010 a été causée
par la hausse des concentrations de gaz à
effet de serre anthropiques"( IPCC, 2014).
Etant donné la nature anthropique affirmée des
émissions de GES, les villes se présentent
comme les laboratoires les plus habilités à
œuvrer pour la réduction de ces émissions,
dans le but d’améliorer la qualité de l’air et de
limiter les impacts sanitaires qui y sont liés.
Les impacts environnementaux
- Au-delà de l’ilot de chaleur urbain
Le changement du micro-climat urbain,
notamment à travers la manifestation de l’ilot
de chaleur urbain (ICU), se manifeste par
l‘excès des températures de l’air dans les
zones urbaines en comparaison avec les zones
rurales qui les entourent.
Le phénomène d’îlot de chaleur urbain n’est
certes pas dû au réchauffement climatique,
mais il est exacerbé par ce dernier, à tel point
que l’augmentation de température au centre-
ville affecte la qualité de vie, hypothèque le
confort thermique en ville et entraine par
conséquent une élévation de la demande
énergétique pour la climatisation.
Figure 1. Le profil de l’îlot de chaleur urbain
Son intensité peut varier entre le centre-ville
et la périphérie, et atteindre une différence de
température allant de 2°C à 12°C selon la
taille de la ville et les caractéristiques de la
morphologie urbaine en terme d’étendue, de
densité, de hauteur de bâtiments, de géométrie
des rues, d’albédo des matériaux et autres. Source : Observatoire savoyard du changement
climatique, 2010
- Elévation des températures et vagues de
chaleur
L’élévation de température est l’un des signes les plus manifestes liés au changement
climatique. En référence aux prévisions du
GIEC (IPCC 2008), la durée, l’intensité et la
fréquence des vagues de chaleur
augmenteront très probablement au niveau de
beaucoup de pays. Les chercheurs s’accordent
sur le fait que les extrêmes climatiques
annoncés aujourd’hui relèveront de conditions
climatiques moyennes dans le futur (Field et
al 2012).
Les extrêmes thermiques matérialisés par des vagues de chaleur et canicules causant souvent
Changement climatique et ses effets sur la ville
6 Newsletter VUDD n°2, mars 2016
des maladies et des mortalités, représentent
donc l’un des nouveaux risques conséquents
aux changements climatiques au sein de
l’écosystème urbain. Alger par exemple n’en
demeure pas moins concernée par l’inconfort
thermique, puisque la ville enregistre une
tendance prononcée vers la hausse des
températures extrêmes. En effet, il a été
constaté que durant les 20 dernières années les
moyennes de températures annuelles
maximales y ont augmenté de 2°C, tandis que
les extrêmes se sont réchauffés de 7°C depuis 1966, avec simultanément une nette baisse des
précipitations. Ces situations, qui furent jadis
occasionnelles, sont de plus en plus
persistantes et se caractérisent par
l’occurrence diurne et nocturne des valeurs
thermiques anormales associées à des périodes
sensiblement prolongées dans le temps.
- Inondations et submersion marine
Les manifestations liées à l’élévation du
niveau de la mer, qui a pour principale origine
la fonte des glaciers due aux changements climatiques, exposent les villes côtières à
travers le monde à la menace de submersion
marine. Le risque d’inondation et de crues
urbaines, qui devrait s’amplifier avec
l’augmentation des précipitations furtives et
des phénomènes d’orages violents, aggrave la
situation.
- Sécheresse et stress hydrique
Du fait du réchauffement climatique et de la
diminution des précipitations, la sécheresse
devient un phénomène récurent qui prend des
proportions inquiétantes et dont l’impact socio-économique est de plus en plus
pertinent. En Algérie comme ailleurs, les
problématiques de l’eau et les nombreuses
tensions liées à cette précieuse ressources se
font de plus en plus sentir. En ville, la
multiplication des épisodes de sécheresse a
des répercussions sur les bâtiments
vulnérables (avec des fondations insuffisantes,
notamment des maisons individuelles) par le
biais des effets sur le comportement
géotechnique des sols et le phénomène de retrait-gonflement des argiles. Les sécheresses
imputables aux changements climatiques
affectent évidemment aussi la quantité de
l’eau disponible, jusqu’à atteindre des niveaux
de stress hydrique, ainsi que la qualité de cette
dernière à travers sa contamination, ce qui
favorise la propagation des maladies à
transmission hydrique (MTH) dues aux eaux
stagnantes.
Les impacts économiques
Du fait de la concentration excessive de la
population en ville, la convergence des
différents phénomènes d’urbanisation
associés aux changements climatiques fait
peser sur les économies la menace d’un
impact négatif sans précédent. L’économie est
impactée sur deux volets. Le premier relève
des mesures réactives prises pour répondre
aux effets des changements climatiques tels les mesures de réchauffement et de
climatisation lors de l’occurrence des
paroxysmes thermiques froids ou chauds ; ces
mesures affectent la consommation
énergétiques d’une manière très sensible, au
point de créer des chocs énergétiques. Les
coûts élevés des actions de réponse aux
dommages tangibles et intangibles lors
d’inondations, de submersion marine, et aussi
la prise en charge des impacts sanitaires
générés, impactent également les économies locales.
Le deuxième volet concerne les mesures de
prévention des effets des changements
climatiques, tels les couts d’abattements
générés par les décisions menant à réduire les
émissions de GES par rapport à un scénario
tendanciel. A contrario, la concentration des
populations, des industries et des
infrastructures, mais aussi des activités
sociales et culturelles, constitue un facteur
propice au dynamisme et à l’innovation pour
mettre au point des solutions de réduction des émissions de gaz à effet de serre, pour
optimiser les mécanismes de réponse au
changement climatique tout en atténuant la
vulnérabilité des populations, en augmentant
la résilience urbaine et en réduisant l’impact
économique.
Tableau 1. Exemples d’aléas climatiques et leurs
effets sur la ville
Changement climatique et ses effets sur la ville
7 Newsletter VUDD n°2, mars 2016
Phénomènes prévus
liés au changement
climatique
(probabilité)
Facteurs de
risques urbains
et vulnérabilité
Conséquences
pour les villes
en l’absence
de mesure
Secteurs
concernés
Élévation de température, moins de jours et de nuits frais, davantage de jours et de nuits chaudes (pratiquement certaines) Canicules/vagues de
chaleur – fréquence accrue (très probable)
Effet de l’îlot de chaleur urbain. Absence de réseau électrique et de systèmes de climatisation, surtout dans de nombreuses zones d‘habitat informel.
Aggravation de la pollution de l’air Maladies et décès causés par la chaleur
Transports, logement, bâtiment du secteur privé, industrie, santé publique
Absence d’offre diversifiée
d’énergie et infrastructure énergétique de qualité insuffisante.
Chocs énergétiques et
perturbations dues à l’accroissement de la demande
Énergie
Épisodes de fortes précipitations – fréquence accrue (très probable) Augmentation de
l’intensité de l’activité cyclonique tropicale (probable) Élévation du niveau de la mer (pratiquement certain)
Croissance urbaine rapide, entraînant l’installation d’habitats informels sur des terrains marginaux sans routes ni systèmes de drainage, ou avec des réseaux
d’égout encombrés de débris et de limon.
Aggravation des inondations et des glissements de terrain
Aménagement du territoire, déchets solides, santé publique, gestion des situations
d’urgence
Contamination des eaux et propagation de maladies dues
à des eaux stagnantes
Infrastructure de transport inexistante ou de qualité insuffisante.
Blocage des voies d’accès d’urgence en cas d’inondation des routes, entrainant des retards dans les évacuations d’urgence.
Activité commerciale entravée
Transports, gestion des situations d’urgence, secteur privé
Incapacité des infrastructures de collecte des eaux pluviales d’orage de gérer le ruissellement actuel ou futur, aggravée par le déboisement et la dégradation des fonctions de
filtrage naturel des eaux pluviales.
Accroissement du ruissellement en l’absence de terres végétalisées Accroissement des inondations
Assainissement, déchets solides Gestion des ressources naturelles
Densité de population et concentration des activités commerciales déjà élevées (ports et industrie), implantées dans des villes côtières ou dans des deltas fluviaux.
Perte de biens fonciers et d’infrastructures, éventuellement avant la fin de leur vie utile
Secteur privé
Médiocre qualité architecturale des habitations, surtout dans les zones d’habitat informel.
Pertes de biens fonciers et pertes humaines
Logement, gestion des situations d’urgence
Localisation des aquifères, usines de traitement des eaux usées et autres infrastructures dans des zones côtières ou des deltas
fluviaux.
Infiltration d’eau salée dans l’infrastructure ( réseaux d’alimentation en eau potable et traitement des eaux usées)
Alimentation et traitement des eaux usées
Zones affectées par l’augmentation de la sécheresse (probable)
Pénuries d’eau et utilisations concurrentes de l’eau (par exemple : eau potable, irrigation, eaux usées, hydroélectricité
Aggravation de la pénurie d’eau et de la concurrence
Alimentation et agriculture
Pénuries alimentaires ou hausse des prix des produits alimentaires due à
des impacts dans d’autres parties de la région ou du monde.
Source: Guide pour l’adaptation au changement climatique des villes, Résumé analytique, the World Bank Group. www.worldbank.org/urban
Changement climatique et ses effets sur la ville
8 Newsletter VUDD n°2, mars 2016
Conclusion
Les villes sont souvent accusées de contribuer
à la dégradation environnementale. Elles
possèdent cependant aussi des qualités
intrinsèques pour contribuer à une efficience
environnementale, car à travers une gestion
adéquate et une maitrise de l’étalement urbain,
la réduction des coûts de déplacement,
l’assurance de la prospérité économique et la
promotion de l’innovation, nous pouvons
proposer des alternatives d’adaptation et de
résilience qui tendent vers la durabilité et qui restent les meilleures options offertes pour
assurer une meilleure qualité de vie urbaine.
Références
- Cities and Climate Change: An Urgent Agenda, urban development series knowledge papers, the World Bank
Group , December 2010, Vol. 10 - Field, C.B., Barros, V., Stocker, T.F.,
Qin, D., Dokken, D.J., Ebi, K.L., Mastrandrea, M.D., Mach,K.J., Plattner, G.K., Allen, S.K., Tignor, M., Midgley, P.M., (Eds.) 2012. Managing the Risks of Extreme Events and Disasters to Advance Climate Change Adaptation, Cambridge University Press, The Edinburgh Building, IPCC.
- Guide pour l’adaptation au changement
climatique des villes, Résumé analytique, www.worldbank.org/urban
- IPCC, 2014, climate change 2014, Synthesis report, contribution of working Groups I ,II et III to the fifth assessment
report of the intergovernmental panel on climate change, Geneva, Switzerland .
- IPCC, 2008. Climate change 2007:
synthesis report. IPCC, Genf. - Jean Melanie, Sécheresse, changements
climatiques et vulnérabilité : le défi environnemental de l'Australie, Mémoire présenté à la Faculté des études supérieures de l'Université Laval, Département de géographie Faculté de foresterie, de géographie et de géomatique, universite laval québec, 2011
- Observatoire savoyard du changement climatique, Adaptation des villes aux
changement climatique, Dossier Ad & At, N°4, novembre 2010,
- Seven Climate Change Lessons from the
Cities of Europe CDP Cities 2012, Report written for Carbon Disclosure Project by Accenture, www.cdproject.net
- United Nations Framework Convention
on Climate Change (UNFCC), Climate
change: impacts, vulnerabilities and
adaptation in developing countries, 2007 - Verdier, P. (2009). « Météo urbaine et
énergie dans la ville » Présentation au 6e Forum International de la Météorologie, Institut international pour l’environnement et le développement, FIM, Paris, 20-25 octobre 2009. www.smf.asso.fr/fim09_pro_programme.html
http://www.vaureal.fr/
Climat et ville, le couple infernal
9 Newsletter VUDD n°2, mars 2016
Climat et ville, le couple
infernal.
Par Ewa BEREZOWSKA-AZZAG
Professeur, Chef d’axe Qualité Urbaine,
Environnement et Développement Durable,
QUEDD, VUDD, EPAU
Le grand défi climatique qui nous attend ne
fait plus aujourd'hui aucun doute. Le
réchauffement climatique que les températures
de deux dernières années (2014 et 2015) les
plus élevées depuis plus d'un siècle ne font
que confirmer, appelle la mise en place d'un
état d'urgence climatique mondial. D'une
part, la croissance de population mondiale
avance à un rythme accéléré, surtout en Afrique et en Asie, et pourrait atteindre 10 à
11 milliards en 2050 (INED, BM, 2015) - il
faudrait trouver les moyens d'assurer sa
subsistance sans épuiser les ressources
naturelles encore disponibles et sans aggraver
les inégalités d'accès à ces ressources,
génératrices potentielles de futures guerres
produisant des migrations climatiques. D'autre
part, depuis 2007 l'humanité est désormais
urbaine, avec la part des citadins qui pourrait
atteindre 70% en 2050 et une inquiétante
concentration, de plus en plus côtière, des villes.
Influence mutuelle
Les villes sont donc à la fois des
accélérateurs puissants du dérèglement
climatique et des milieux les plus
vulnérables aux effets de ce dérèglement, du
fait de la concentration des enjeux multiples
au sein des milieux urbains: (i) populations
avec leurs besoins vitaux hydriques, alimentaires, sanitaires et leur production des
déchets; (ii) activités économiques avec leurs
besoins énergétiques et leurs divers rejets; (iii)
transports avec leurs besoins énergétiques et
leurs pollutions. Les écosystèmes naturels
(territoires, ressources, climat) sont donc en
état de perpétuelle sollicitation (Figure 1).
Ce perpetuum mobile accélérateur fonctionne
comme une machine infernale: plus l'urbanisation produit le développement
humain et économique en puisant dans les
ressources environnementales (air, eau,
énergie, sol, matériaux, biodiversité), plus ce
développement produit des rejets qui agissent
sur l'environnement (rejets gazeux, liquides,
solides) et qui, ce faisant, modifient le climat.
La relation s'entretient, s'emballe parfois, du
fait que le dérèglement climatique contribue à
l'épuisement des ressources naturelles et
modifie les écosystèmes naturels et urbains,
phénomène qui à son tour modifie les
comportements humains.
Que faire donc ? Comment arrêter
l'accélération, sans compromettre le
développement ? Si la COP21 affirme avec
force que l'atténuation du réchauffement
climatique mondial est impérative et
l'adaptation faisable, la vraie échelle d'action
n'est pas en réalité nationale, mais locale.
Elle a certes besoin d'un portage politique
fixant les règles générales et le cadre juridique,
mais c'est au niveau règlementaire, qui touche les situations concrètes, que les avancées les
plus précieuses peuvent être réalisées.
Or, face à ces défis, la ville algérienne reste
encore désarmée. Le récent lancement de la
révision du Schéma National d'Aménagement
du Territoire 2030, adopté en 2010, semble
plus obéir aux soucis liés aux crises
économique et énergétique, qui risquent
d'entraver le développement socioéconomique
des territoires, qu'à la préoccupation
climatique. Et pour la ville, le système d'outils de planification et de gestion urbaine reste
désespérément figé depuis un quart de siècle
(PDAU et POS, 1990), sans que les pouvoirs
publics décidassent enfin non pas seulement
de les réviser, mais de reformer totalement
tout le système.
Urgence d'adaptation …
Relever le défi du dérèglement climatique en ville demande la mise en place des initiatives à
tous les niveaux de l'écosystème urbain. Si
l'atténuation consiste à réduire les
émissions de gaz à effet de serre à la source
de leur production (par exemple en favorisant
l'usage des énergies renouvelables, en
changeant les modes de transport urbain, en
modernisant les chaînes technologiques
industrielles ou en modifiant les modes de
production agricole et de l'élevage),
l'adaptation passe par la réduction des
Climat et ville, le couple infernal
10 Newsletter VUDD n°2, mars 2016
impacts des CC sur la ville. Il s'agit là
essentiellement des ajustements des processus,
pratiques, structures et méthodes de
programmation, planification, conception et
gestion d'aménagement et de construction,
afin de diminuer la vulnérabilité des
écosystèmes urbains aux effets des CC et de
les rendre plus résilients.
Figure 1. Cycle d'influence ville-climat
Les Plans Climat Locaux se déclinent alors
en trois volets complémentaires: (i) le
développement du savoir et savoir-faire
(observation, analyses stratégiques,
estimations prospectives, planification,
réalisation et monitoring); (ii) le
développement des capacités techniques
(outils règlementaires, méthodes d'évaluation,
de conception, de représentation), juridiques
(textes législatifs) et institutionnelles (acteurs de gouvernance climatique urbaine); (iii) et
enfin la mise en place d'un support
technologique et financier (production soft &
hard et montages financiers). C'est une
démarche complexe dont les ingrédients
doivent se mettre en place progressivement
selon une stratégie à court, moyen et long
terme.
De ce fait, c'est tout l'avenir des villes qui doit
être progressivement repensé. Des nouvelles approches sont surtout à mettre en place pour
les métropoles de demain, qui vers 2030
pourraient dominer le paysage urbain, y
compris en Algérie. Selon R.Florida (2012),
les 3T: la technologie, le talent et la tolérance,
seront à la base de la société urbaine dans
l'avenir. Parmi les sept modèles de ville qui se
dessinent déjà aujourd'hui: la ville globale, la
ville des flux, la ville tremplin, la ville
collaborative, la ville surveillée, la ville
résiliente et la ville durable (Sassen, 2009;
Mongin, 2013; Saunders, 2012; Rallet&Torre,
2007; Marzloff, 2009; Djament & al., 2012;
Charlot-Valdieu&Outrequin, 2014), il nous
faudrait désormais trancher sur le modèle,
probablement hybride, capable de porter des
réponses les plus efficientes aux enjeux
climatiques en fonction des spécificités
géographiques, géopolitiques, socioculturelles
et économiques des territoires.
http://www.goodplanet.info/
Des villes dans le monde ont déjà basculé dans
une dimension de résilience et apportent leurs
expériences comme gage de faisabilité des
solutions employées. L'urbanisme
contemporain en général s'avère produire des organismes trop rigides, trop déprimants, trop
coûteux et trop modulaires (S&V, 2015), ce
qui inspire déjà des actions innovantes partout
dans le monde. Par exemple, (i) bâtir une ville
efficiente demande la production des modèles
de simulation numériques qui permettrait de
prévoir les conséquences de telle ou telle
décision d'aménagement, c'est à quoi s'attèle
notamment la Chine en collaboration avec
l'IAU de Paris et l'EPFL de Lausanne ; (ii)
Berlin, Singapour, Stuttgart et Tokyo appliquent la politique des corridors de
ventilation et de rafraîchissement urbain
depuis plusieurs années (DpS, 2015; S&V,
2009); Tokyo invente le "radiateur" sous-
marin, le climatiseur urbain géant et le
brumisateur pour la baie (utilisé d'ailleurs
aussi à Barcelone contre les vagues de
chaleur), ou encore le puits de carbone "forêt
de la mer" sur les polders des déchets (S&V,
2009). (iii) Londres, Malmö et Karlsruhe ont
opté pour une écologie industrielle au service
du métabolisme urbain équilibré; Curitiba et Haïfa testent un système énergétique hybride
eau-vent-soleil pour éliminer l'usage des
Climat et ville, le couple infernal
11 Newsletter VUDD n°2, mars 2016
énergies fossiles ; (iv) à New York, Venise,
Londres, Amsterdam et Jakarta, à Taipei et
Nouvelle Orléan, des barrières sur les détroits,
des portes blindées et des digues géantes sont
en réalisation pour endiguer la montée des
eaux et les inondations côtières suite aux
tempêtes (S&V, 2009) ; (v) à Melbourne ou
Atlanta en sécheresse profonde, des pipelines
géants de transfert, des usines de dessalement
de l'eau de mer, le rationnement et le
recyclage sont mis en place ; à Pékin, pour
lutter contre la désertification, une muraille verte de 4500 km, le détournement des eaux
des fleuves et l'usage des fusées provoquant
les précipitations sont prévus ; (vi) enfin à Los
Angeles, Melbourne ou Athènes, des
restrictions d'urbanisation et des
aménagements spécifiques ciblant les zones
d'activité et résidentielles sont réalisées pour
lutter contre les méga-feux de forêts.
A Alger aussi Parmi les solutions testées, la fermeture des
boucles métaboliques, la surveillance de
l'empreinte carbone, de la capacité de charge
hydrique et énergétique, le développement de
l'agriculture urbaine, la maîtrise d'énergie, la
résilience aux risques naturels, la gouvernance
climatique – autant d'approches qui pourraient
nous aider à passer de la joyeuse insouciance à
la planification et conception responsable.
Le Plan stratégique de développement d'Alger
2030, adopté en 2011, affiche en particulier des ambitions métropolitaines
méditerranéennes, en visant l'attractivité et
compétitivité à terme, la cohésion sociale et
l'écologie urbaine, voulus cependant dans un
contexte économique et environnemental
guère propice au développement spatial et
fonctionnel tous azimuts. Ce contexte impose
l'adoption d'une posture plus prudente face
aux défis climatiques: insécurité alimentaire,
crises hydrique et énergétique, recrudescence
des phénomènes extrêmes ou vulnérabilité accrue aux risques majeurs. Des solutions
diverses pourraient être proposées pour
accroître la résilience climatique de la capitale,
pour peu que le système d'outils de
planification et de gestion urbaine puisse enfin
subir une refonte générale.
Références:
- Florida R., (2012), The Rise of the Creative Class, Basic Books Edition,
in Sciences Humaines, n°258, Avril
2014
- Sciences Humaines, n°258, Le climat
fait-il l'histoire ? Paris, Avril 2014
- Sciences & Vie, Numéro Spécial Climat, Climat: Comment les villes se
préparent aux changements, Paris
2009
- Sciences & Vie, n°1172, Réinventer
la ville, Paris, Mai 2015
- Dossier pour la Science, n°89, Climat, relever le défi du réchauffement,
Décembre 2015
- Vies de Villes, HS n°3, Les projets
qui transforment Alger, Wilaya
d'Alger & ParqueExpo, Editions
ALUR, Alger, juillet 2012
http://www.paca.developpement-durable.gouv.fr/
12 Newsletter VUDD n°2, mars 2016
Alger et changements climatiques,
quelques contributions de la recherche.
Les contributions synthétiques présentées dans ce qui suit montrent quelques aspects de la réforme d’outils de planification et de gestion
urbaine qui, face aux défis climatiques, devrait prendre en charge
des volets tels que, par exemple, la programmation urbaine
stratégique aux états limites, la planification en fonction des risques majeurs ou de la boucle métabolique, l’écologie industrielle, le
traitement des îlots de chaleur urbaine, la création des couloirs de
biodiversité, la maîtrise de l’énergie, l’amélioration de la sécurité alimentaire, etc. Les courts extraits des travaux de recherche
effectués au sein du Laboratoire VUDD, présentés ci-dessous,
renvoient aux thèses et mémoires soutenus ou en cours. Ils témoignent des capacités de nos jeunes chercheurs à contribuer à
l’effort de réduction des GES selon l’engagement pris par l’Algérie
lors de la COP21.
13 Newsletter VUDD n°2, mars 2016
Optimisation du
métabolisme urbain à
Alger : Une contribution pour faire
face aux changements climatiques.
Par Mazia CHAKER
Magister en urbanisme et environnement,
Laboratoire VUDD, EPAU
Introduction
Alors qu’un premier accord mondial vient d’être
signé pour contrer le changement climatique,
l’Algérie se déclare parmi les pays les plus
vulnérables par les effets des sécheresses
accrues et du stress hydrique qui menacent de
compromettre le développement économique et
social du pays. Notons que l’Algérie est affectée
par une désertification et une dégradation des
sols ; une baisse de la pluviométrie de plus de
30% ; ainsi que des périodes de précipitations
intenses responsable des inondations. (CPDN –
ALGERIE, 2015). Ces effets sont de plus en plus
aggravés par le développement des villes et le
fonctionnement linéaire de leur cycle
métabolique urbain (flux inputs - flux outputs),
qui a largement contribué au réchauffement
climatique en cours.
La consommation d’énergie, elle seule, entraîne
l’émission de plus de 70 % des Gaz à Effet de
Serre (GES), principal contributeur au
changement climatique (SUZUKI et al. 2009).
Les transports sont responsables d'environ 13 %
des émissions mondiales de GES (ONU-HABITAT,
2011) ; le chauffage et l’éclairage dans les
bâtiments résidentiels et commerciaux génèrent
près de 25 % des émissions de GES à l'échelle
mondiale. Ceci est équivalent à la quantité
produite par l'ensemble des activités agricoles et
industrielles (SUZUKI et al., 2009). En Algérie, la
consommation des énergies fossiles, destinées
aux activités urbaines, constitue 99,7% de
l’énergie totale (B.M, données Algérie 2012). Cette
consommation est responsable de l’émission de
2,97 d’émission de CO2 pour/1 Kg d'énergie
consommée par habitant (UNFCCC , données Algérie
2014). Cependant, dans sa contribution à la
COP-21, l’Algérie s’est engagée à réduire
ses émissions de GES de 7% d’ici 2030. Une
contribution qui reste à l’échelle globale, sa
concrétisation à l’échelle locale requiert de
nouveaux outils opérationnels.
En s’inscrivant dans cette visée, nous trouvons
qu’il serait important de comprendre comment
l’optimisation du métabolisme urbain
pourrait contribuer à faire face aux
changements climatiques. Notre objectif est de
développer un modèle d’optimisation du MU
visant à fournir les orientations et les actions
nécessaires permettant de réduire les émissions
de GES. L’intérêt est d’orienter la réflexion des
décideurs, collectivités locales, urbanistes, etc.,
sur des pistes opérationnelles permettant la mise
en œuvre de cette contribution nationale à
l’échelle locale.
Pour ce faire, nous avons trouvé dans le territoire
de la wilaya d’Alger le cas d’étude le plus
représentatif, du fait de la forte dynamique de
développement, la forte concentration de la
population et de l’activité économique. En
conséquence, Alger subit une forte circulation
des flux inputs et outputs augmentant de plus en
plus sa vulnérabilité aux effets des changements
climatiques.
Modalités d’optimisation du MU à Alger
L’intérêt que présente la stratégie des
symbioses urbaines et les solutions qu’elle
propose pour optimiser le MU, nous a motivé à
l’aborder dans notre contexte local à Alger.
a. La symbiose urbaine comme
stratégie d’optimisation du MU
La symbiose industrielle ou "Bouclage des flux"
est le 1er principe stratégique de la démarche
d’écologie industrielle. Emprunté à la
terminologie de la biologie, le mot "symbiose"
décrit des interactions étroites entre des espèces
vivantes différentes. Il reprend le concept des
chaînes alimentaires dans les écosystèmes
naturels pour favoriser la réutilisation des rejets
de certaines activités économiques comme
matières premières pour les autres. Les
symbioses industrielles proposent des solutions
innovantes pour la gestion du MU, en
privilégiant les ressources endogènes et la
réutilisation des rejets comme ressource
14 Newsletter VUDD n°2, mars 2016
secondaire (CHAKER, 2015). En élargissant la
perspective à l’échelle urbaine, il s’agit d'une
organisation spatiale basée sur la
complémentarité entre les différentes activités
urbaines (de production, de consommation et de
distribution) permettant de valoriser
mutuellement des ressources, à l’échelle d’un
territoire urbain local. Ainsi, une symbiose
urbaine repose nécessairement sur la proximité
entre ces différentes activités qui permet de
limiter les stocks d’infrastructures et des réseaux,
réduire les longs trajets de transport et assurer
un meilleur usage des ressources, y compris du
sol.
b. Les solutions d’une symbiose urbaine
La stratégie des symbioses urbaines repose sur
la valorisation des rejets (Outputs) en de
ressources secondaires (Inputs) offrant
différentes possibilités pour la valorisation
énergétique des déchets solides et des rejets
liquides (Voir figures 1, 2).
Ainsi, en plus des ressources énergétiques
naturelles (solaire, mouvement des masses d’air,
...), la valorisation des déchets solides et des
rejets liquides permet la production d’une
énergie renouvelable locale propre, pouvant
remplacer l’énergie d’origine fossile et réduire
ses émissions.
Ces solutions offrent un support de référence,
nous permettant l’application d’une symbiose
urbaine dans notre contexte local à Alger.
c. Choix d’un territoire local à Alger
Le choix d’un territoire local a été effectué sur la
base d’une évaluation de l’équilibre du MU au
niveau des 57 communes de la wilaya d’Alger.
L’évaluation a permis de mettre en évidence la
balance des impacts négatifs maximale
(problèmes métaboliques) au niveau du territoire
local intercommunal d’El Harrach-Oued Smar,
et cela par rapport à toutes les communes de la
wilaya d’Alger. Cette évaluation fait ressortir le
cycle des flux de déchets comme étant le plus
défaillant. Ce qui nous a conduits à choisir les
solutions de valorisation des flux de déchets
pour l'appliquer sur ce territoire (CHAKER, 2015).
Proposition d’une symbiose urbaine sur
le territoire intercommunal d’El Harrach
-Oud Smar à Alger
L’évaluation de l’état de la situation actuelle du
territoire nous a permis de relever le
fonctionnement linéaire du cycle des flux de
déchets, mais aussi de mettre en évidence des
possibilités intéressantes permettant la réalisation
d’une symbiose urbaine au niveau de ce territoire (CHAKER, 2015).
Le modèle proposé au niveau du territoire local
d’étude prend en charge les aménagements, les
infrastructures et les installations nécessaires
permettant d’améliorer le cycle des flux de
déchets depuis leur collecte jusqu’à leur retour
dans le système urbain en tant que ressources
secondaires valorisées.
Figure 2: Possibilités de valorisation des rejets
liquides (Source : CHAKER, 2015)
Figure 1: Possibilités de valorisation des déchets
solides (Source : CHAKER, 2015)
15 Newsletter VUDD n°2, mars 2016
Figure 3: Cycle des flux de déchets, communes El
Harrach-Oued Smar à Alger (Source : CHAKER, 2015)
Portée de la prise en charge du MU sur la
réduction des GES
L’application d’une symbiose urbaine dans le
territoire d’El Harrach-Oued Smar a permis de
mettre en exergue quelques propositions
permettant de transformer le cycle linéaire des
flux de déchets en un cycle entièrement bouclé.
Cette proposition s’avère porteuse de réponses
intéressantes permettant d’atténuer les
émissions de GES. Elle prend en charge la
production d’une énergie renouvelable propre à
l’échelle locale via la valorisation des déchets,
dont :
La mise en place d’une installation
d’incinération qui permet d’éliminer les
déchets dangereux non valorisables et
alimenter la collectivité par la chaleur
générée pour le chauffage en remplacement
du réseau de gaz ;
L’extension de l’installation de récupération
du bio- gaz de l’ex décharge de Oued Smar en
une installation de méthanisation, qui
permet de valoriser les déchets organiques
locaux en énergie (électrique, chaleur, gaz)
pouvant alimenter le système urbain en appui
du réseau actuel et fournir du biocarburant
pour les véhicules.
Conclusion
Face à l’urgence climatique, et suite à la
Conférence de Paris sur le Climat (Cop-21),
l’Algérie s’est engagée à réduire ses émissions de
GES de 7% d’ici 2030. La concrétisation de cet
engagement, qui
reste global, requiert
la recherche de
nouveaux outils
permettant la mise
en œuvre
opérationnelle à
l’échelle locale.
La recherche vise la
compréhension des
possibilités
d’atténuation des
GES via
l’optimisation du
métabolisme urbain (MU). Notre objectif est de
développer un modèle d’optimisation du MU
permettant de contribuer à réduire les émissions
de GES. L’intérêt que présente la stratégie des
symbioses urbaines nous a conduits à l’aborder
pour optimisation du MU dans le contexte local
d’Alger. L’application de cette stratégie à Alger
s’est avérée porteuse de réponses intéressantes
pour réduire les GES.
* Rédigé sur la base du mémoire de magister soutenu
en 2015 : CHAKER, M. (2015). La démarche
d'écologie industrielle appliquée au contexte local à
Alger pour une planification et une gestion
responsable du métabolisme urbain, EPAU Alger,
sous la direction de Prof. Ewa Berezowska-Azzag.
Références
- CPDN – ALGERIE. (2015). Contribution
Prévue Déterminée au niveau National. [En
ligne]. Disponible sur
[http://sciences.blogs.liberation.fr/files/contr
ibution-de-lalg%C3%A9rie-1.pdf]
- ONU-HABITAT. (2011). Programme des
nations unis pour les établissements
humains- les villes et les changements
climatiques : orientations générales :
rapport mondial 2011 sur les établissements
humains. Londres : Earthscan :Ltd ;
Washington, DC : LLC.
- SUZUKI, H .et al. (2009). Eco2 Cities:
Ecological Cities as Economic Cities.
Washington, DC: The World Bank .
- United Nation Climate Change
Secretariat. UNFCCC , brief 2014 :
Algéria. [En ligne]. Disponible sur :
[http://sciences.blogs.liberation.fr/files/coun
try-brief-algeria.pdf]
16 Newsletter VUDD n°2, mars 2016
Prospective sur les risques
d’inondation et de
submersion marine des
communes côtières
d’Alger.
Par Leila LALAOUI
Magister en urbanisme et environnement,
Laboratoire VUDD, EPAU
Les villes subissent aujourd’hui les effets néfastes des changements climatiques, aux
causes desquels elles ont longtemps
contribuées par des négligences diverses des
règles fondamentales de la protection de
l’environnement et du développement durable.
Les acteurs urbains doivent faire face à une
problématique globale à un niveau local, dont
les résultats ne seront pas visibles à court
terme. De plus, des incertitudes subsistent sur
l’ampleur du changement climatique et les
faibles retours de projets d’adaptation ne
permettent pas d’intervenir en s’appuyant sur une expérience passée. Il est donc nécessaire de
renouveler les visions d’avenir et d’ouvrir des
choix stratégiques qui vont influer sur le
devenir des territoires.
La prospective est un outil pertinent pour
contribuer à cette recherche de nouvelles
finalités et des voies à prendre pour l’action
dans les villes. C’est un exercice nécessaire,
s’il est vrai que gouverner c’est prévoir. Cela
peut être enfin l’occasion d’une réflexion sur notre propre avenir. Notre recherche se voulait
être une approche démonstrative pour attirer
l’attention sur les effets qui peuvent être
désastreux sur les villes côtières, le but étant
de mettre en place un outil et un cadre
méthodologique qui servirait de base de travail
pour l’élaboration d’une prospective urbaine
face aux enjeux des changements climatiques
sur le littoral algérois. Selon le Groupe
d’experts intergouvernemental sur l’évolution
du climat (GIEC), l’Afrique du Nord est
considérée comme la deuxième zone la plus vulnérable aux risques climatiques à l’échelle
mondiale. A l’instar des villes côtières
d’Afrique du Nord, les villes littorales
algéroises n’échapperont pas aux risques
d’inondations, ainsi qu’aux risques de
submersions marines par ondes de tempêtes,
(EGIS EAU, IAU-IDF,BRGM, 2011). Elles
devront affronter ces deux types d’aléas à
l’horizon 2030 et devront contribuer à préparer
les mesures d’adaptation nécessaires. D’où
l’intérêt de notre recherche pour ces deux
événements climatiques pour le littoral
algérois, contre lesquelles il reste primordial de
se prémunir. Notre cas d’étude couvre la zone
centrale de la baie d’Alger qui englobe les
communes du Hamma et Hussein Dey. Cette
zone est particulièrement intéressante, d’un point de vue hydrologique et de morphologie
côtière. Elle est soumise actuellement à des
fortes pressions liées à l’accélération de la
croissance urbaine, par conséquent le risque y
est très élevé et peut engendrer des
catastrophes aggravées par les changements
climatiques.
Evaluation des aléas et des enjeux au
niveau des communes Hamma et
Hussein Dey
Source : Lalaoui, 2013
Afin d’estimer l’effet d’inondation pour l’Oued Kniss, une hauteur d’eau a été évaluée
selon trois scénarios définis à partir des
hauteurs de référence :
La hauteur d’eau en cas d’une crue
quinquennale qui est égale à 0,856 m
La hauteur d’eau en cas d’une crue
centennale qui est égale à 1m
Hauteur d’eau H= 0.85 m
Hauteur d’eau H= 1 m
Hauteur d’eau H= 2.45 m
Limite communale
Figure 1 : Aléa inondations pluviales sur le cas d’étude avec
un Modèle MNT (modèle numérique du terrain) avec le SIG
17 Newsletter VUDD n°2, mars 2016
La plus grande hauteur qui est l’événement
historique «de Bab El Oued » qui est égale
à 2.45m
Qualification de l'aléa submersion
marine : les surcotes à considérer en
2030
Afin d’essayer d’estimer l’effet de la surcote,
une hauteur d’eau a été évaluée selon trois
scénarios définis à partir des hauteurs de
références pour la Mer Méditerranée (AUGIER, henry, 1973).
Les vagues moyennes de 3 m
Les vagues de tempêtes avec une hauteur
de 5 m
Le plus haut niveau qui est l’événement
historique « exceptionnel » du 03 février
1934 avec des vagues de 9 m.
Exposition des enjeux aux inondations
Les caractéristiques du milieu, la corrélation
entre les différents aspects géologique,
hydrogéologique, hydro climatologique et morphologique, associés à l'ampleur des
surfaces imperméabilisées, constituent des
éléments favorables aux ruissellements de
surface et à l'apparition de phénomènes hydro
climatiques futurs à l’horizon 2030 pour les
deux communes , tels que celui de novembre
2001 aux effets dévastateurs, et aussi à une
submersion littorale jusqu’aujourd’hui ignorée.
Cette situation serait aggravée par une
multitude de facteurs, en constante interaction,
chacun accentuant les effets des autres selon le processus bien connu de la boucle de
rétroaction positive.
Vulnérabilité et profil des risques selon les
trois scenarios proposés
Le graphique synthétique des vulnérabilités
permet de comparer les vulnérabilités du cas
d’étude selon les trois scénarios retenus par
l’analyse morphologique avec le logiciel
Morphol (Conscience et contrainte, Prévention
vertueuse, Ouverture profitable). Il montre
qu’il faut agir sur la vulnérabilité humaine
(conscience et information), sur la vulnérabilité
des réseaux qui sont considérés comme
« portail d’entrée du risque », ainsi que sur la
vulnérabilité fonctionnelle en relation avec
l’occupation au sol et fonction urbaine et sur la
vulnérabilité institutionnelle (textes
réglementaires, gestion du risque, mesures
préventives et mesures d’urgence). Il est clair que le risque augmente par changement de
l’occupation au sol. Cet accroissement du
risque découle du conflit d’usage du sol. Il est
une conséquence de l’urbanisation projetée
pour les communes Hamma et Hussein Dey par
les instruments d’urbanisme.
Cartographie du risque selon les différents
niveaux d’aléa
Figure 1 : Situation en 2030 pour des vagues de + 9.70m
Source : Lalaoui,2013
0123456
VULNERABILITEMORPHOLOGI
QUE
VULNERABILITESTRUCTURELLE
VULNERABILITEFONCTIONNELL
E
VULNERABILITEDES RESEAUX
VULNERABILITEHUMAINE
VULNERABILITEINSTITUTIONN
ELLE
Conscience etcontrainte
Prévention vertueuse
Ouverture profitable
Source : Lalaoui sur la base des scénarios proposés avec l’outil Morphol de LIPSOR
Figure 3 : Profil des risques selon les différents scénarios
18 Newsletter VUDD n°2, mars 2016
Cette méthode est fondée sur l’identification de
valeurs guides (DESBOS, 1995) en proposant,
pour une variété d’occupations du sol, des
paramètres hydrologiques traduisant leur
vulnérabilité (ou risque maximal acceptable).
L’intérêt de cette cartographie du risque
d’inondation est de mettre en évidence les
espaces prioritaires où il faudra intervenir pour
éliminer les situations à risque1 (HSA < HS) et
de repérer également les zones disposant d’une
marge de sécurité (HSA > HS). (Voir les
cartes, mémoire Lalaoui, EPAU 2013). La méthode peut servir de base à une négociation
entre tous les acteurs concernés pour tester
différentes solutions et mesurer les impacts
pour chacune. Au-delà d’une mise en évidence
des lieux soumis à haut risque, le caractère
quantitatif de la méthode facilite la négociation
pour procéder à des « échanges de points de
risques » entre différents lieux et peut être très
instructive pour le choix des aménagements
futurs à proposer dans le cadre des instruments
d’urbanisme et du projet urbain.
Conclusion
« Les espèces qui survivent ne sont pas les
espèces les plus fortes, ni les plus intelligentes,
mais celles qui s'adaptent le mieux aux
changements » Charles Darwin
La prospective semble être un outil pertinent
pour gérer les incertitudes et pour répondre aux
enjeux d’adaptation. Face aux effets des
changements climatiques, la méthode des scénarios répond particulièrement à ces deux
dimensions jusqu’alors ignorées, en cherchant
des futurs possibles et souhaitables et en
éclairant aussi l’action et le choix stratégique
face aux incertitudes qui pèsent sur
l’occupation au sol. L’action sur les aléas est
d’une efficacité beaucoup plus incertaine que
les actions de planification urbaine. En effet,
on ne peut pas se protéger au-delà d’un certain
seuil d’intensité et de récurrence des aléas.
Cela revient à s’interroger alors sur le domaine de la planification urbaine, qui permet
d’envisager des actions « sans regret », car
elles sont utiles même en l’absence de
changements climatique. Ce sont des actions
1 A l’instar de la méthode de Cemegraph, il s’agit
d’adopter le principe suivant : Si l’aléa est une contrainte
naturelle que l’on ne peut empêcher, il est possible d’agir
au niveau de l’occupation des sols. «Inonder là-bas pour
mieux protéger ici», c’est-à-dire qu’il faut prévoir des
zones inondables, afin de protéger d’autres zones plus
sensibles à une inondation.
« réversibles », qui permettent des corrections
selon l’impact de l’aléa sur le territoire. Les
acteurs de l’aménagement urbain y ont un rôle
essentiel. Ils déterminent l’exposition au
changement climatique et aux aléas, mais
également la sensibilité et la vulnérabilité du
territoire, en influant sur la gravité des
conséquences. * Rédigé sur la base d’un mémoire de magister soutenu en 2013 : LALAOUI, Leila, 2013. La prospective urbaine face aux enjeux des changements climatiques, Communes littorales de la wilaya d’Alger,
EPAU, sous la direction du Pr Ewa Berezowska-Azzag
Quelques références :
- ANRH, 2001. Note technique sur l'evenement
pluvieux du 09 au 10 novembre 2001,, Région
d'Alger: s.n.
- AUGIER, Henry, 1973. Les particularités de la
mer Méditerranée : son origine, son cadre, ses
eaux, sa flore, sa faune, ses peuplements, sa
fragilité éthologique.. [En ligne].
- BARROCA,b & al, 2006. Indicators for
identification of urban flooding vulnerability.
Natural hazards and earth system sciences n°6, pp.
553-561.
- BEREZOWSKA.AZZAG , E., Juin 2011. Socle
d'un développement spatial durable maitrisé .
Prospecter pour façonner le devenir de la ville. Vies
de villes H.S n° 02.
- BERGER, G., 1964. Extrait de la Phénoménologie
du temps et prospective. Presses univ. de France éd.
s.l.:s.n.
- BIGIO,anthony, novembre-décembre 2009.
Changement climatique : la vulnérabilité des villes
côtières. URBANISME N°369.
- PLAN BLEU., Décembre 2007. Table ronde
“Vulnérabilité et adaptation des espaces urbains
méditerranéens face aux effets du changement
climatique. s.l., s.n, s.l.: s.n.
- BOUCHERF, d., 2005. Aperçu Climatologique de
la Région d’Alger, ONM Alger, 2003, Etude sur le
climat d’Alger, ONM Alger. Alger : s.n.
- BRGM, 2005. Etude intégrée de réduction de la
vulnérabilité des zones urbaines de la Wilaya
d’Alger aux catastrophes naturelles (hors massif de
Bouzaréah), Rapport 1, s.l.: s.n.
- EGIS EAU, IAU-IDF,BRGM, AVRIL 2013.
Etude sur la vulnérabilité et l’adaptation de la
Wilaya d’Alger au changement climatique et aux
risques naturels, alger.: s.n.
19 Newsletter VUDD n°2, mars 2016
Capacité de charge
hydrique, cas d’Alger.
Par Meriem NAIMI-AIT-AOUDIA Docteur en urbanisme et environnement,
Laboratoire VUDD, EPAU
Introduction
La maitrise de la croissance de la population
vis-à-vis de la disponibilité des ressources
nécessaires à la survie de l’espèce humaine et
à son développement est une préoccupation
majeure. Soulevée par Malthus (1872) dans son ouvrage séminal intitulé « Essai sur le
principe de population », elle fait appel au
concept de capacité de charge ou "carrying
capacity" qui peut être défini comme
l'utilisation maximale qu'un environnement
pourrait supporter sans perdre son aptitude à
l’assurer indéfiniment (Catton, 1993).
Au-delà des préoccupations d’ordre planétaire, la capacité de charge peut (et doit) être
examinée au niveau local (Berezowska-Azzag,
2005). En effet, en concentrant les populations
et les activités, les villes constituent le
principal lieu de consommation des ressources
et en premier lieu l’eau, indispensable à la
survie de l'être humain de même qu’aux
activités économiques et socioculturelles.
Elles sont en outre exposées aux aléas induits
par le changement climatique affectant la planète. La ville doit de ce fait pouvoir
s’adapter à ces bouleversements par la prise
de mesures en vue de réduire sa vulnérabilité
vis-à-vis des aléas. La capacité de charge
permet à cet égard d’apprécier les imites de
l’écosystème urbain à soutenir le
développement prévu. Notre recherche se
propose d’évaluer la capacité de charge de la
ville d’Alger vis-à-vis une ressource
particulièrement rare dans notre pays, en
l’espèce l’eau, en se basant sur l’élaboration d’un système d’indicateurs.
Problématique d'approvisionnement en
eau de la capitale
La capitale a connu et connait toujours l’afflux des populations venant des quatre coins du
pays. Une démographie galopante conjuguée à l’essor des activités économiques n’a pas été
sans conséquence sur la satisfaction des
besoins élémentaires de la population
algéroise et par là sur leur qualité de vie.
Même si l'on reconnait une sensible
amélioration de l’offre grâce aux multiples
efforts consentis par le gouvernement afin de
sécuriser l’alimentation en eau de la capitale
ces dernières années, il n’en demeure pas
moins que le système d'approvisionnement en
eau devrait affronter, dans un avenir proche, la demande d'une population sans cesse
croissante ainsi que les divers projets de
développement socio-économiques préconisés
par le Plan stratégique du développement de la
wilaya d'Alger à l'horizon 2029. En outre, du
fait d’une surexploitation des nappes
souterraines, elles sont aujourd’hui menacées
d’épuisement et pis encore, puisque il s’agit de
nappes côtières, elles sont sujettes au
phénomène d’intrusion marine. Ce qui affecte
la potabilité de l’eau déjà rare dans la région.
Mais s'il faut désigner l'élément auquel il faut accorder le plus d'attention dans la question de
l'alimentation en eau potable, il serait sans
aucun doute la sécheresse ; et pour cause, c'est
un phénomène qui échappe complètement à la
volonté de l'homme et il est appelé à s'accentuer dans un contexte de changement
climatique qui affecte aussi l'Algérie, comme
beaucoup d'autres pays confrontés à des
épisodes de sécheresse récurrente. Dans ce
contexte, la question soulevée est de savoir si
les capacités actuelles ou prévues
d’approvisionnement en ressources en eau
pourraient soutenir la croissance urbaine ?
Pour répondre à cette question, nous faisons
appel au concept de capacité de charge
relative aux ressources hydriques CCURH,
afin d’estimer la capacité de la wilaya d’Alger à supporter la croissance urbaine projetée
(Naimi-Ait-Aoudia & Berezowska-Azzag,
2014).
Concept de capacité de charge urbaine
relative aux ressources hydriques
CCURH
Le concept de la capacité de charge des
ressources en eau est une application du
concept de capacité de charge aux ressources
hydriques, qui représente un facteur limitant de la croissance aussi bien des populations
humaine et animale que des espèces végétales.
20 Newsletter VUDD n°2, mars 2016
Ce concept a été proposé pour la première fois par The China Xinjiang Water Resource Soft-
Science Research Panel en 1989 (Feng,
Zhang, & Luo, 2008). La capacité de charge
hydrique représente donc le niveau d'activité
humaine que peuvent soutenir les ressources
en eau, sans entraîner leur épuisement ou des
dommages considérables à l'environnement et
aux écosystèmes aquatiques, tout en
maintenant la qualité de vie de la population
urbaine.
Evaluation de la CCURH
Globalement, la capacité de charge s'exprime
par le nombre maximum de population, lequel
détermine le rapport entre la disponibilité de la
ressource et le niveau de consommation, mais également le développement socio-
économique adéquat, dont les activités sont
aussi demandeuses de cette ressource. Afin de
mieux apprécier la capacité de charge et de
situer les facteurs la déterminant, d'autres
approches ont privilégié la mise en place
d’indicateurs pertinents. Notre méthode se
base sur la construction des indicateurs mais
l'objectif ultime reste la détermination de la
population limite.
La question de la capacité de charge urbaine relative aux ressources hydriques met en jeu
un certain nombre de facteurs en interaction
dont découle le niveau de croissance urbaine
dépendant de la ressource. La mise en relation
de ces facteurs peut être assimilée à un
système complexe dont la représentation nécessite la construction d'un modèle
systémique d'indicateurs aux fins de décrire le
comportement du phénomène étudié et d'en
prédire l'évolution. L’analyse systémique
permet d'appréhender la complexité des
mécanismes en œuvre dans la détermination
de la capacité de charge étudiée. Cette
approche prend forme dans le processus de
modélisation qui va permettre de guider la
sélection des indicateurs en les organisant en
un tout cohérent, un modèle
a. Modélisation d'un système
d'indicateurs de la CCURH
Les deux composantes du modèle que sont l’offre et la demande se déclinent en un
ensemble d'indicateurs. Cependant pour
calculer la capacité de charge, il faudrait
calculer la disponibilité de la ressource pour la
consommation domestique ou l’offre
domestique qui est conditionnée par la capacité de l’offre, et définir le service cible
de consommation compris dans l'intervalle des
seuils sanitaires définis par l'OMS (WHO , 2011). La population limite c'est-à-dire la
capacité de charge représente le rapport entre
l'offre et la demande matérialisée par le niveau
de service (niveau de consommation
individuelle). La capacité de charge ainsi
calculée est comparée au nombre actuel de
population, et dans une perspective prospective, avec la population projetée à
différents horizons, afin d'estimer la capacité
du système à soutenir la croissance de la
population.
Figure 1 : Modèle conceptuel de la CCURH
b. Simulations
Les simulations se font par rapport aux
indicateurs pertinents. Nous obtenons ainsi des
scénarios de capacité de charge c'est-à-dire de
populations limites pouvant être supportées par le système d'approvisionnement en tenant
compte des scénarios de l'offre et de la
demande. Les scénarios de capacité de charge
résultant s'obtiennent à partir de croisements
de micro-scénarios des disponibilités d'eau (de
l'offre) pour le domestique et des niveaux de
consommation (du niveau de service),
construits à partir des hypothèses sur les
indicateurs y afférents.
Les simulations de capacité de charge avec le système d’approvisionnement actuel et le
système optimisé où les capacités en eau
superficielles et provenant du dessalement
sont augmentées substantiellement sont
disponibles dans le document de la thèse.
21 Newsletter VUDD n°2, mars 2016
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Po
pu
lati
on
Litre par habitant par jour
SIMULATIONS SYSTÈME ACTUEL
Scénario S1
Scénario S2
Scénario S3
Population Actuelle
Population projetée en 2025
Figure 2: Système d’approvisionnement actuel
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12000000
100 115 130 145
Popu
lati
on
Litre par habitant par jour
SIMULATIONS SYSTÈME OPTIMISÉScénario S8
Scénario S9
Scénario S10
Scénario S11
Population Actuelle
Population projetée en 2025
Population Actuelle
Population projetée en 2025
Figure 3: Système d’approvisionnement
optimisé
c. Résultats
L'étude des différentes simulations a donné
lieu à un certain nombre de remarques sur la
capacité du système d’approvisionnement en
eau à soutenir la croissance :
• Le premier groupe de simulations qui
porte sur le système actuel fait ressortir sa vulnérabilité à la sécheresse, et son
incapacité à soutenir la population prévue
en 2025.
• Enfin les scénarios optimisés basés sur une amélioration appréciable des
indicateurs de l'offre, montrent une
capacité à soutenir une taille importante
de population. Cependant, dans le plus
long terme, le système reste vulnérable
aux sècheresses sévères.
Il s’avère que dans la situation d’optimisation
tous azimuts, Alger pourrait atteindre à
l’horizon 2025 plus de 10 millions d’habitants. En revanche, le maintien du système actuel
fixe la barre à maximum 4,3 millions. Des
simulations effectuées, il ressort qu'une
augmentation en capacité du système
d'approvisionnement en eau s'avère nécessaire,
parallèlement à une réutilisation plus large des
eaux usées afin d’augmenter la part allouée au
domestique. Ceci doit être accompagné de
mesures orientées vers la réduction de la
demande domestique pour atteindre une
balance positive offre-demande.
Conclusion
La méthode développée permet, par le biais
des simulations sur les offres, demandes et
capacités de charge possibles, de vérifier si le niveau qu'atteindra la croissance urbaine
envisagée sera dans les limites de ce
qu'autoriseraient les ressources en eau
disponibles et les moyens pour les mobiliser.
La capacité de charge peut être utilisée dans
les outils réglementaires d'aménagement en
vigueur, tel que le PDAU. L’ultime objectif
étant de mettre en adéquation les objectifs du
développement urbain avec la capacité de
l'écosystème urbain à fournir les ressources
nécessaires en eau, et donc mettre en relation
les deux politiques de la ville et de l'eau pour un développement urbain harmonieux et
respectueux des limites d'approvisionnement
en eau. De tels dispositifs permettront à la
ville de s’armer pour affronter les impacts
climatiques futurs qui se manifesteraient par
l’augmentation de la fréquence des épisodes
de sécheresse. A cet égard, la capacité de
charge devient une interface de concertation
entre les acteurs de ces deux secteurs pour
négocier du niveau de croissance et des
mesures ainsi que des moyens à mettre en œuvre pour le soutenir.
* Rédigé sur la base d’une thèse de doctorat es
sciences, soutenue en 2016 : Meriem NAIMI-AIT-
AOUDIA (2016), Modélisation d’un système d’indicateurs pour l’évaluation de la capacité de charge urbaine relative aux ressources hydriques de la wilaya d’Alger, EPAU, Alger, sous la
direction de Prof. Ewa Berezowska-Azzag
Bibliographie :
- Berezowska-Azzag, E. (2005). La notion de
seuils de croissance urbaine comme enjeu
stratégique du projet urbain. In Actes du Colloque
international Développement urbain durable,
gestion des ressources et gouvernance, UNIL
Lausanne.
- Catton, W. R. (1993). Carrying Capacity and the
Death of a Culture: A Tale of Two Autopsies.
Sociological Inquiry , 63 (2), 202–223.
- Malthus, T. R. (1872). An Essay on the Principle
of Population Or a View of Its Past and Present
Effects on Human Happiness, an Inquiry Into Our
Prospects Respecting the Future Removal Or
Mitigation of the Evils which it Occasions by Rev.
TR Malthus. Reeves and Turner.
- Naimi-Ait-Aoudia, M., & Berezowska-Azzag,
E. (2014). Algiers carrying capacity with respect
to per capita domestic water use. Sustainable
Cities and Society, 13, 1-11.
22 Newsletter VUDD n°2, mars 2016
Rafraîchissement urbain,
adapter Alger au futur
climat.
Par Asma BOUATTOU
Architecte-urbaniste, magister en urbanisme et
environnement, Laboratoire VUDD, EPAU-
Alger
Introduction
Par l'entrée sur la scène politique et médiatique
de la réalité du réchauffement planétaire et les effets indéniables de la chaleur, les questions de
réchauffement urbain et d'adaptation aux futures
canicules deviennent centrales. Un arsenal de
solutions apporté aux sources de réchauffement
local, testé par plusieurs chercheurs, peut être
envisagé afin de pallier ce phénomène et
d'augmenter le degré de résilience des milieux
urbains. L'horloge du climat est déréglée, les
villes pourraient devenir à long terme des
espaces littéralement invivables.
Le milieu urbain, un corps qui souffre de la
fièvre
La modification la plus spectaculaire du climat
par l'urbanisation est l'apparition des
températures, diurnes et nocturnes, plus élevées
dans les zones urbaines par rapport à leurs
environnements immédiats (périphérie moins
urbanisée ou zones forestières), formant un îlot
de chaleur dont l'écart peut atteindre dans les cas extrêmes une amplitude de 12°C. Comment
expliquer ce phénomène et quelles sont ses
origines ?
Pour bien répondre à ces questions, nous
admettons que le milieu urbain est un corps qui
fonctionne et qui se comporte comme un
organisme vivant. Ce corps, vêtu d'une mosaïque
de matériaux à différents albédo, stocke de la
chaleur qui est renforcée par ses activités
métaboliques génératrices de la chaleur (activités anthropiques assurant son
fonctionnement: habitat, transport, industrie,..).
En l'absence des systèmes de régulation
thermique naturels, tel que: l'évapotranspiration
des plantes et l'évaporation de l'eau, cette chaleur devient plus sensible. De ce fait, le corps
urbain semble atteint "de la fièvre" qui sera
intensifiée lors de la conjonction des conditions
météorologiques extrêmes, notamment durant la
période estivale.
Réchauffement urbain, un phénomène
meurtrier
En plus de la modification du climat, la chaleur
rend pénible la vie urbaine. Elle entraîne des
problèmes de santé allant d'un simple inconfort ou malaise jusqu'au point de causer la mort,
notamment pour les personnes atteintes des
maladies chroniques, les très jeunes enfants, les
personnes âgées, les personnes socialement
isolées, les personnes à faible niveau
socioéconomique, les travailleurs extérieurs et
les sportifs à haut niveau. Ainsi, la chaleur
participe à la dégradation de la qualité de l'air et
de la qualité de vie. Comme elle contribue
également à l'augmentation de la consommation
de l'eau potable et de l'énergie.
Du réchauffement urbain au rafraîchissement
urbain: les remèdes possibles
La lutte contre le réchauffement urbain et
l'adaptation au futur climat sont devenues un
enjeu majeur des villes pour soutenir leur
développement durable. En effet, si les
communautés internationales et locales sont tenues d'agir vite afin de limiter drastiquement
les émissions des gaz à effet de serre au pouvoir
du réchauffement durable, elles doivent
également mener de front des actions
d'adaptation visant à contrer le réchauffement
local des villes et diminuer leurs degrés de
Figure 1: Système d'évaluation de la vulnérabilité locale au réchauffement climatique (Source:
BOUATTOU, 2016)
23 Newsletter VUDD n°2, mars 2016
vulnérabilité. Dans cette perspective, un certain nombre de remèdes est proposé, permettant la
transformation des zones de réchauffement en
zone de rafraîchissement et la modération des
effets de vagues de chaleur promises par les
changements climatiques. Ces remèdes ne sont
que des changements à apporter aux sources
anthropiques du réchauffement. Ils peuvent être
traduits en stratégies d'intervention pour les
milieux vulnérables aux questions climatiques.
Alger et le réchauffement urbain
La Wilaya d'Alger est la wilaya côtière la plus
sérieusement exposée aux aléas climatiques,
avec des étés chauds et humides et un faible
écart de températures. Son climat a subi des
changements depuis les années 80, notamment
l'élévation de la température et l'extension de la
saison chaude. En outre, de 1987 à nos jours, la
Wilaya d'Alger a connu une expansion
démesurée des surfaces urbaines dans toutes les
directions au détriment de l'environnement
naturel du fait de la pression démographique et des évolutions économiques et technologiques
exercées sur son territoire. Cette croissance
alarmante de la tâche urbaine s'accompagne par
une extension des surfaces chaudes.
Quelle solution pour Alger ?
Afin de contrer le développement de ces
surfaces chaudes et adapter Alger au futur
climat, il ne faut pas surtout croire qu'il
suffirait de planter des arbres, de créer des zones
humides, de peindre les murs en blanc ou de faire "copier-coller" des expériences qui ont
fonctionné ailleurs. En réalité, il n'existe pas de
"solution miracle", le choix et l'application des
stratégies de rafraîchissement varient selon le
contexte climatique et urbain. A cette fin, il est
impératif d'établir un diagnostic sur la Wilaya
d'Alger afin de déterminer précisément les
territoires urbains sujets aux effets du
réchauffement urbain et identifier leurs degrés
de vulnérabilité au changement climatique pour
voir quelles seraient les stratégies d'intervention possibles.
Périphérie plus vulnérable
Parler de la vulnérabilité, c'est chercher à faire le
lien entre l'aléa climatique aggravé par l'effet du
réchauffement local, la sensibilité des territoires
qui y sont soumis et leur capacité à y faire face.
Le défi méthodologique est ainsi posé:
caractériser la vulnérabilité des territoires urbains algérois à effet de réchauffement urbain
pour guider l'action d'adaptation climatique
locale suppose la conjugaison des données
géographiques, climatiques et urbaines. Cela
nous a permis de développer un système des
critères pour l'évaluation du degré de
vulnérabilité locale de ces territoires au
réchauffement climatique. Le système est
composé de deux sous-systèmes:
- Système de critères pour l'évaluation des
paramètres climatiques, englobant les paramètres météorologiques mesurables.
- Système de critères pour l'évaluation des
facteurs de réchauffement local, contenant des
facteurs urbains et des facteurs énergétiques.
L'application de ce système au territoire des 57
communes d'Alger nous a permis d'avancer que
le périmètre intercommunal couvrant les
communes de Bab Ezzouar, El Harrach, Oued
Smar, Baraki, Dar El Beida, Bordj El Kiffan,
Les Eucalyptus et Rouiba est le périmètre le
plus vulnérable au réchauffement climatique,
du fait de cocktail de réchauffement local, causé
par les pratiques d'aménagement de l'espace
inadaptées au climat et la concentration des
activités anthropiques productrices de la chaleur
(particulièrement les activités industrielles), et
les conditions climatiques défavori-sées dues à
l'emplacement géographique de ces communes.
Par ailleurs, certaines communes sont jugées peu
vulnérables ou très peu vulnérables grâce à la
faible pression de développement urbain ou leurs
situations géographiques favorables avec les avantages de la proximité de la mer, de la
présence importante de la végétation ou de leurs
situations en hauteur.
Figure 2: Niveau de vulnérabilité locale au réchauffement
climatique des communes algéroises
(Source: BOUATTOU, 2016)
24 Newsletter VUDD n°2, mars 2016
Vers une prise en charge du rafraîchissement
urbain par la planification urbaine locale
Ces résultats nous incitent à proposer une série
de stratégies issues des politiques identifiées au
départ. Cependant, pour favoriser une meilleure
prise en charge, elles doivent faire l'objet d'une
approche pluridisciplinaire et occuper une place
centrale dans les réflexions de planification
urbaine locale algéroise. Pour ce faire, il serait
pertinent de déterminer les orientations envisageant la fraîcheur, d'adapter les documents
d'urbanisme à cette thématique et de créer des
outils d'accompagnement traduisant les actions
de rafraîchissement urbain sous forme des
guides et des références de bonnes pratiques.
* Rédigé sur la base d’un mémoire de magister, soutenu en 2016 : BOUATTOU A., (2016), Stratégies de rafraîchissement urbain à Alger, Pour l'adaptation climatique des communes thermiquement défavorables, Mémoire de Magister, EPAU, Alger, sous la direction du Prof. Ewa Berezowska-Azzag
http://meteoetclimat.fr/
Références :
- ACHOUR-BOUAKKAZ N., (2006), La
relation entre l'îlot de chaleur urbain; phénomène du changement climatique et la densité du plan bâti: cas de la ville d'Alger, Mémoire de Magister, Université de Constantine.
- BOUCHERF Dj., (2004), Les changements
climatiques en Algérie, ONM Alger, Alger. - ESCOURROU G., (1991), Le climat et la
ville, Natthan, Paris. - FERNANDEZ H., (2012), Vers des villes
fraîches, Guide n˚2, Projet "Nature et fraîcheur pour des villes en sante", Nature Québec, Québec.
- GIGUÈRE M., (2009), Mesure de lutte aux
ilots de chaleur urbains, Revue de littérature, Institut National de Santé Publique du Québec, Québec.
- VOOGT J.-A., (2002), Urban heat island,
Encyclopedia of global environmental change, vol. 3.
25 Newsletter VUDD n°2, mars 2016
Oued El Harrach à Alger.
Un corridor écologique au
service de l’adaptation au CC.
Par Mohamed SRIR
Doctorant en urbanisme et environnement,
Laboratoire VUDD, EPAU-Alger
Les territoires riverains jouent de nos jours un
rôle important et décisif dans la lutte contre les
changements climatiques (CC) en ville. En
effet, les oueds, fleuves et lacs permettent par
leur double composante minérale et végétale
de stimuler le développement de nouvelles approches à l’intersection des domaines de
l’urbanisme, de l’environnement et de
l’architecture. Rafraichir le microclimat,
contenir et prévenir les inondations, préserver
et développer la biodiversité, ou encore
favoriser les usages récréatifs, etc. sont autant
de fonctions que la présence de l’eau permette
d’offrir à la ville.
Mais en termes d’opérationnalité à l’échelle
locale, les outils et les stratégies d’interventions adéquates font encore défaut
aujourd’hui et si les projets de requalification
environnementale constituent des enjeux de
transformation de la ville, comment
participent-ils à la question naissante des
changements
climatiques ?
Les conséquences du
changement climatique
commencent à peser sur
les territoires urbains à Alger : recrudescence
des inondations, pluies
torrentielles,
augmentation des
températures, raréfaction
des précipitations,…etc.
En l’absence d’études
approfondies dans ce
domaine, les actions
d’adaptation et de
transition à entreprendre restent un enjeu de taille.
Dans ce contexte, Alger a pris conscience,
bien que tardivement, de la nécessité de
requalifier son cour d’eau majeur : Oued El
Harrach, fleuve emblématique des algérois qui
s’associe depuis plusieurs décennies à une
image noircie de pollution et de paysages
désolants. Aujourd’hui, engagé dans une
grande opération de dépollution et de
réhabilitation, il est en passe de redevenir le
réceptacle par excellence des réservoirs de
biodiversité à l’échelle de la capitale. Le projet
démarré en juin 2012 laisse présager une
mutation positive et une mue renouvelée dans
une perspective de développement durable. Les travaux d’aménagement (154 hectares)
envisagent de reconquérir les berges de l’oued
sur une distance globale de 18 km depuis
l’embouchure sur la baie jusqu’à la limite de
la wilaya d’Alger au sud.
Bien que le projet ne soit pas réfléchi comme
projet local d’adaptation, il incarne néanmoins
plusieurs critères qui contribuent à cette fin.
Les actions réalisées et celles en cours en
témoignent.
L’évaluation sommaire à cette étape
d’avancement du projet permet de rendre
compte de plusieurs aspects pouvant satisfaire
aux enjeux locaux de l’adaptation.
Considérant, principalement, les enjeux
environnementaux et paysagers, le tableau
suivant présente les impacts attendus des
différentes actions d’aménagements devant
contribuer à l’approche d’adaptation ou du
moins d’atténuation des effets urbains du
changement climatique.
Plan d’aménagement de l’embouchure de l’Oued El
Harrach.
Source : Direction des ressources en eau de la wilaya
d’Alger.
26 Newsletter VUDD n°2, mars 2016
Ainsi, les objectifs de cette requalification de
corridor écologique affichent deux volets
principaux qui semblent concerner
directement les approches d’atténuation ou d’adaptation aux changements climatiques : la
prévention et la protection contre les risques
d’inondation et la réhabilitation de la
biodiversité et du paysage.
Le projet de l’Oued El Harrach, à travers la
restitution de sa fonction de biodiversité et
l’accroissement des espaces verts qu’il offre
aux citoyens, constitue en ce sens une opportunité unique que la ville doit saisir pour
limiter les effets néfastes du dérèglement
climatique mais aussi pour créer un cadre de
vie meilleure. Les continuités paysagères
envisagées par ce projet vont instituer à terme
Volet du
projet
Actions réalisées ou envisagées Mesures
(At.) / (Ad.)
Impacts sur le
lieu et le
microclimat
Hydraulique
et technique
Travaux de reprofilage et de recalibrage du
lit de l’oued (sur la base du débit de 2500
m3/s de la crue centennale)
Ad. Contention des
crues
Maitrise des aléas
naturels
Protection des
riverains
Dépollution de l’oued et réalisation d’un
système de contrôle de la qualité de l’eau
At. Confort thermique
Impact sanitaire
0 % de rejets non épurés dans l’oued à
l’horizon 2017.
At. Impact sanitaire
Réalisation d’une station de pompage d’une
capacité d’étiage de 90.000 m3/jour pour
refouler les eaux épurées sur une longueur de 12 km.
Ad. Gestion du débit
d’écoulement
Installation de système de contrôle de la
qualité de l’eau et de prévention des crues.
At. Prévention des
crues
Impact sanitaire
« Projet Jasmin » : procédé provisoire de
vaporisation de gel désodorisant pour
atténuer les odeurs méphitiques qui se
dégagent tout au long du cours d’eau.
At. Confort olfactif
Réalisation de 02 unités de prétraitement de
déchets liquides industriels.
At. Impact sanitaire
Paysager et
récréatif
Renaturation des berges par la plantation de
27.000 arbres de différentes espèces et
120.540 arbustes.
Ad. Réhabilitation de
la Biodiversité
Confort thermique
Impact paysager
Perméabilisation du sol
Réalisation de 03 jardins filtrants sous forme
d’étangs et de lagunes naturelles sur une
surface aquatique de près de 193 m2.
Ad. Confort thermique
Impact sanitaire
Impact paysager
Perméabilisation
du sol
Mise en place d’une offre de mobilité
douce : des cheminements piétonniers et
près de 40 km de pistes cyclables.
At. Economie
d’énergie
Impact récréatif
Perméabilisation
du sol
Réalisation de 16 terrains de sport de
proximité, 03 piscines en plein air et des
espaces de jeux pour enfants.
At. Impact récréatif
et éducatif
(sensibilisation)
(At.) / (Ad.) : Mesures d’atténuation ou d’adaptation.
27 Newsletter VUDD n°2, mars 2016
un réservoir important de biodiversité qui
amorcera la mise en œuvre de la trame verte.
Ceci est susceptible de renforcer
inéluctablement les moyens endogènes pour
rétablir les fonctions écosystémiques et faire
face aux changements climatiques. Au niveau
urbain, le potentiel de ce maillage d’éléments
naturels, va au-delà des perspectives
écologiques pour permettre de raccommoder
les connexions des territoires et d’offrir des
services socio-culturelles aux citadins.
A l’aune de la solidarité internationale
entérinée par la conférence de Paris COP21 et des promesses en faveur des pays en
développement, les collectivités locales en
charge de la gestion urbaine doivent s’inscrire
dans cette mouvance planétaire et engager
progressivement une dynamique positive à
travers des actions valorisantes de la nature en
ville. Il ne s’agit pas d’entreprendre des
actions de verdissement uniquement mais aller
vers une approche intégrée où le végétal
pourra être mobilisé dans une stratégie globale
d’adaptation et de valorisation. Les
collectivités locales en concertation avec les acteurs concernés peuvent envisager des
dispositifs tels que : l’intégration de la trame
verte et bleue comme outils de planification, la
mise en œuvre d’actions réversibles, la
sensibilisation et la communication autour des
questions de la nature et de l’adaptation aux
changements climatiques, etc. Enfin, les
objectifs socio-économiques, culturels et
politiques contribuent à cette approche globale
qui doit associer, désormais, le climat dans la
réflexion sur la fabrication et la gestion des espaces urbains.
* Rédigé sur la base d’un article paru dans la
Revue Méditerranée : Srir M. & Berezowska-Azzag
E., (2014). Le concept de “corridors écologiques”
en milieu urbain : enjeux et contraintes d’une
approche de requalification urbaine, in Revue
Méditerranée, n°123, 57-74.
Quelques références :
- Boudes P. & Colombert M. (Dir.), (2012). Adaptation aux changements climatiques et trames vertes : quels
enjeux pour la ville ?, VertigO - la revue électronique en sciences de l'environnement [En ligne], Hors-série n°12. URL : https://vertigo.revues.org/11726
- Boutefeu E., (2007). Végétaliser les villes
pour atténuer les îlots de chaleur
urbains, Techni-Cités, 129.
- Clergeau P., (2007). Une écologie du
paysage urbain, éditions Apogée,
Rennes, 137p.
- Vies de Villes, (2012). Cinquantenaire :
Les projets qui transforment Alger, Vies
de Villes, Hors-série n°3, 426p.
http://www.sion.ch/
28 Newsletter VUDD n°2, mars 2016
Densité, énergie et
changements climatiques à
Alger.
Par Soufiane BOUKARTA
Architecte-urbaniste, Maitre-assistant à
l’université de Blida, Doctorant au Laboratoire
VUDD, EPAU
Introduction
Au vu des résultats des études du GIEC, la
maitrise de l’énergie est devenue plus que jamais
un passage obligatoire. La conférence COP21
tenue à Paris a conclu à l’unanimité qu’il serait indispensable de revenir à la limite de 2°.
L’Algérie, comme beaucoup d’autres pays du
monde, a pris l’initiative de rationaliser l’usage
de l’énergie en adoptant une politique à
stratégies multiples : (i) une stratégie incitative
qui tend à encourager les citoyens à utiliser les
énergies renouvelables ; (ii) une stratégie de
projet pilotes avec laquelle plusieurs projets pilotes sont mis en place et à travers lesquels des
prototypes et des expérimentations ont été
testés ; (iii) une stratégie de formation via
laquelle un ensemble de structures spécialisées a
été érigé tel que l’APRUE, CDES, CNERIB,
UDES et un nombre important d’ingénieurs et
architectes sont formés dans le cadre de maitrise
des énergie dans le secteur du bâtiment ; (iv) une
stratégie de marketing et de management et à
travers laquelle l’Algérie s’est dotée d’un
système d’évaluation des équipements électroménagers et, prochainement, les bâtiments
seront aussi étiquetés. La construction
actuellement se fait plus par tradition
constructive que par un suivi soucieux de
respecter les normes inter-nationales.
Dans le présent exposé, nous portons notre
attention sur le cas de la ville d’Alger, en
élaborant dans un premier temps un état de fait à l’échelle de la commune, afin de pouvoir
expliquer les différentiations enregistrées de
consommation d’énergie et, dans un second
temps, une classification énergétiques des
communes selon leurs consommation d’énergie
qui pourrait être déduite sur la base d’une
batterie d’indicateurs.
Alger et démographie
La position d’Alger, capitale et métropole, lui a
léguée depuis sa naissance une importance
incontestée. Elle a un rôle structurant à l’échelle
nationale et internationale. Sa croissance
démographique, comme son taux d’urbanisation,
ne cessent de croitre sous la pression d’une
demande grandissante de logements et aussi par la recherche de nouvelles opportunités qu’Alger
en tant que métropole propose.
Le taux d’accroissement de 1998 à 2008
témoigne d’une tendance claire (voir carte ci-
dessous). La population algéroise a tendance à se
concentrer au niveau de la périphérie plus qu’au
centre qui, lui, enregistre des valeurs négatives
d’accroissement.
Figure 1 : Taux d’accroissement entre 1987 et 2008. Source : auteur à partir des données de l’ONS.
Profil énergétique des communes d’Alger
En se basant sur une analyse de la composante principale à 9 dimensions, nous sommes arrivés à
distinguer trois classes des communes. (i) la
classe la plus énergivore : représentée en rouge
et composée de 11 communes, caractérisée
principalement par une population importante,
faible densité et un taux de possession de
climatiseur le plus élevé de la wilaya. La
consommation par ménage atteint son maximum
au niveau de la commune de Cheraga. (ii) la
classe moyennement énergivore : représentée
en vert clair, composée de 35 communes et dont les caractéristiques générales sont la faible
densité, une faible population et un taux de
consommation par ménage du gaz et de
l’électricité le plus élevé de la wilaya, et qui est
enregistré dans la commune de Ouled Chebel.
29 Newsletter VUDD n°2, mars 2016
Si l’on considère globalement les communes,
leurs taux de consommation de l’énergie sont
qualifiés de moyen à faible (bains romains). Il est
aussi à noter que cette classe est composée
principalement de communes périphériques. (iii)
la classe la moins énergivore : représentée en
vert foncé et composé de 11 communes
principalement caractérisées par une forte densité
(Bab Eloued Alger-centre, la Casbah), par le plus
faible taux de consommation d’énergie et
d’émission de carbone par ménage (Bab-El
Oued, Sidi Mhamed, Bach djerah), par une population moyenne et enfin, globalement, la
consommation totale de l’énergie est de moyenne
à faible. (Voir la carte factorielle ci-dessous).
Figure 2 : Carte factorielle. Source : Auteur.
La densité comme interface de résilience ?
De la présente démonstration ressortent trois
conclusions principales. Primo, la densité est
positivement corrélée avec la résilience aux
changements climatiques en réduisant les
émissions des gaz à effet de serre provenant de la
consommation de l’énergie des bâtiments.
Secundo, les faibles taux de motorisation, comme les faibles consommations d’énergie des
communes, sont enregistrés au niveau des
communes les plus denses à fort potentiel de
polarisation dû à leurs nombre important
d’équipements. Ces mêmes communes sont
pourtant caractérisées par un flux mécanique
important accompagné souvent par des
bouchons.
Ceci dit, la densité doit donc être pondérée par
d’autres indicateurs et ne peut à elle seule être
considérée comme une interface pouvant réduire
mécaniquement le bilan carbone et la
consommation d’énergie. La mixité
fonctionnelle, la connectivité du système viaire
et bien d’autres indicateurs sont à prendre en
considération dans toute politique de maitrise de
l’énergie.
Tableau 1 : L’impact de la densité.
Corrélation avec la
densité (R)
Taux de motorisation -35.30%
Electricité -56.12%
Gaz -65.70%
Possession de
climatiseur
-10.12%
Tertio, et in fine, l’échelle de la commune est une
entrée importante dans toute politique de maitrise de l’énergie, mais insuffisante pour expliquer la
consommation d’énergie, bien d’autres échelles
sont à considérer.
* Rédigé sur la base d’une recherche doctorale menée
par BOUKARTA Soufiane, au sein de l’équipe QUEDD du Laboratoire VUDD, sous la direction de Pr Ewa Berezowska-Azzag.
Figure 3 : Densité urbaine et « nature augmentée »,
Melbourne http://cultivetoi.fr/wp-content/uploads/2015/01/melbourne-parc.jpg
30 Newsletter VUDD n°2, mars 2016
Rentabilité économique des
actions de maitrise d’énergie
dans le secteur résidentiel en
Algérie : 80 logements HPE (Ain
Romana) et 300 logements LPL
(Chiffa), Blida.
Par Nour El Houda BABA SLIMANE
Architecte, chercheur au Laboratoire VUDD,
EPAU
Introduction
Le problème mondial de la pérennité des
énergies fossiles est à la base de l’élaboration
des politiques d’efficacité énergétique à l’échelle internationale. L’Algérie étant un des
pays producteurs et exportateurs des énergies
fossiles, a lancé, en 1990, un programme
national qui vise la maitrise d’énergie et qui a
touché plusieurs secteurs, notamment le
secteur résidentiel. Ce secteur, considéré
aujourd’hui comme étant le plus énergivore, a
vu le lancement d’un programme de 600
logements à haute performance énergétique
(HPE). L’objectif du projet vise, d’une part, à
réduire la consommation énergétique des ménages ; et d’autre part, à assurer un confort
thermique de 40% pour ces habitations en
répondant aux exigences locales. Notre
recherche a permis de réaliser une étude
comparative du coût global entre des
logements HPE et des logements LPL afin de
mesurer la rentabilité économique des
logements à haute performance énergétique,
recherchée dans le cadre du plan d’action pour
l’adaptation au changement climatique.
Changement climatique et transition
énergétique dans le secteur résidentiel
Le changement climatique ou le
réchauffement planétaire est un phénomène
liée directement à l’effet de serre, un
phénomène qui résulte de notre mode de vie.
La consommation non rationnelle des énergies
fossiles est l’un des problèmes qui a un impact
direct sur l’effet de serre et par conséquent sur
le changement climatique. Depuis, plusieurs
sommets et congrès essayent de trouver des
solutions, méthodes et concepts afin de réduire
l’impact de ce phénomène sur
l’environnement. L’un des importants défis du
21e siècle consisterait à savoir comment
dissocier le développement économique et
l’usage de l’énergie fossile, et trouver des
sources d’énergie propres pour réduire
l’impact environnemental de nos modes de
production et de consommation en trouvant
d’une part, un modèle énergétique moins nocif
et plus durable, et d’autre part, préserver
l’énergie fossile pour les générations futures.
Aller vers une ‘transition énergétique’ parait le
meilleur remède anti-crise pour le 21e siècle si
elle sera fondée sur les trois volets de la
démarche « Négawatt1 » dont ; la sobriété,
l’efficacité et le développement des énergies
renouvelables. Plusieurs labels qui parlent
d’efficacité énergétique répondent à ces cibles.
Et touchent autant les logements que plusieurs
autres produits énergivores. Parmi les
opérations résidentielles mises en place pour
réduire la consommation énergétique, figurent les logements HPE dont la consommation en
énergie primaire est inférieure de 10% à la
référence. L’Algérie étant un pays qui se base
économiquement sur les énergies fossiles a
lancé, en 1990, un programme national qui
vise la maitrise d’énergie, et pour son secteur
résidentiel en 2011, le programme ECO-BAT.
1 La démarche Négawatt est la suite logique
des constats énergétique et environnementaux
actuels,1 une démarche venue pour faire face à
l’urgence climatique, et des multiples dégâts
environnementaux.
Figure 1 : Schéma explicatif de la démarche Négawatt. Source : http://www.negawatt.org
31 Newsletter VUDD n°2, mars 2016
Le coût global dans le secteur du
bâtiment
Le coût global est une notion qui permet
d’estimer la rentabilité économique d’un investissement donné, en évaluant les
différentes dépenses liées à sa mise en
fonctionnement. Cette notion est aussi
applicable dans le secteur résidentiel, car
comme dans tout autre projet, l’investissement
initial requiert des frais qui seront générés
durant le cycle de vie du bâtiment. Les
dépenses dites ‘post-occupation’ se rapportent
à l’ensemble des coûts de maintenance et
d’exploitation qui permettent le bon
fonctionnement du projet construit.
L'objectif de l’évaluation du coût global d’un
bâtiment est de déterminer les éventuels coûts
d'utilisation afin d'optimiser l’investissement
au stade de la conception. Dans la logique du
développement durable, les bâtiments doivent
être pensés sur le long terme, c'est-à-dire sur la
durée de leur cycle de vie.
La rentabilité économique des
logements HPE
La rentabilité économique est une autre notion utilisée dans le domaine du bâtiment pour
mesurer la performance de ce dernier. Elle
constitue le rapport entre l’investissement
initial d’une construction et les gains qui
peuvent être générés sur le long terme. La
rentabilité des actions de maitrise d’énergie
n’est pas exclusivement économique. Elle
concerne plusieurs autres aspects :
énergétique, confort thermique, bien être…etc.
Cas des 80 logements HPE d’Ain
Romana et 300 logements LPL de
Chiffa
L’étude comparative du coût global élémentaire2 des deux opérations de
constructions (80 logements HPE et 300
logements LPL à Blida), que nous avons
menée dans le cadre de notre projet de
2 Le coût global élémentaire est évalué par
l’équation suivante : coût global élémentaire = coûts d’investissement + coûts différés. C’est-à-dire coût de conception + coût de construction + coût de maintenance + coût d’exploitation + coût de
déconstruction.
recherche pour l’obtention du Master à
l’EPAU, a démontré que les 80 logements
HPE coûtent certes plus chers en coût global
élémentaire d’environ 40% que 80 logements
du projet des 300 logements LPL. Cependant,
la rentabilité se ressent sur les court, moyen et
long termes. La différence revient au prix
élevé des dispositifs techniques tels que
l’isolation et le double vitrage, qui sont mis en
place dans les logements à haute performance
énergétique. Ces mêmes logements HPE vont
avoir rarement recours à des opérations de remplacements des appareils de chauffage et
de climatisation puisque leur durée de vie sera
plus longue grâce à la demande modérée de
leur utilisation.
Par ailleurs, ces logements HPE ont pu
permettre, malgré le pourcentage de confort
qu’ils ont pu obtenir (15% au lieu de 40%
prévue), le remboursement de l’investissement
de près de 14% à l’APRUE sous forme d’aide
ajoutée au budget initial pour la construction. Si les futures opérations de ce genre peuvent
assurer un confort de 40%, APRUE va
pouvoir accroitre le remboursement de son
investissement à 14 %, soit un gain égal à 14%
supplémentaire.
Figure 2 : Schéma expliquant la variation des différents coûts entrants dans le coût global d’une construction ordinaire. Source : Auteur
Figure 3 : Schéma expliquant la variation des différents coûts entrants dans le coût global d’une construction HPE. Source : Auteur
32 Newsletter VUDD n°2, mars 2016
Sur le plan bien-être, les logements HPE ont
prouvé aussi leur rentabilité. La bonne
réalisation des bâtiments a permis d’assurer un
confort thermique sans le recours à des
dispositifs actifs pour chauffer ou ventiler.
Conclusion
L’évaluation du coût global de la construction
à haute performance énergétique comparée à
une construction ordinaire (dans notre cas le
Logement Public Locatif) a permis de démontrer que tous les bénéfices sur les court,
moyen et long termes résultent de la bonne
configuration spatiale du logement ainsi que
sa bonne orientation. Les solutions
architecturales de protection de
l’ensoleillement, les détails techniques
d’isolation et tous moyens assurent
directement ou indirectement un confort
thermique dans le logement.
Assurer le confort thermique d’un logement permet donc d’augmenter la rentabilité
économique et énergétique au cours de toutes
les phases de vie du bâtiment. Notre recherche
a démontré que grâce au projet ECO-BAT,
non seulement APRUE pourra gagner sur le
volet énergétique et économique, mais cette
expérience aura des retombés positifs sur
l’environnement et le changement climatique
par la réduction de la consommation
énergétique.
* Rédigé sur la base du mémoire de master
recherche élaboré par Nour El Houda BABA
SLIMANE (2016), intitulé : Evaluation de la
rentabilité économique des actions de maitrise
d’énergie dans le secteur résidentiel en
Algérie. Cas des 80 logements HPE (Ain
Romana) et 300 logements LPL (Chiffa),
Blida, EPAU, Alger, sous la direction du Dr.
Kahina Amal Djiar.
Quelques références
- Amirat.M et S.M.K El Hassar. Economies d’Energie dans le Secteur
de l’Habitat, Consommation
Electrique des Ménages. Revue des
Energies renouvelables. 2015, Vol.
N°8.
- Cherfi Souhila. L’AVENIR
ENERGETIQUE DE L’ALGERIE :
Quelles seraient les perspectives de
Consommation, de production et
d'exportation du pétrole et du gaz, en
Algérie, à l'horizon 2020-2030?
Recherches économiques et managériales. Juin 2010, Vol. N°7.
- Qian, Sophie Langlois et
Huanhuan. Référentiel coût global
applicable au logement social. s.l. :
Nantes Habitat, Mai 2011.
- Roberto Gonzalo, Karl
Habermann. Architecture et efficacité énergétique, principe de
conception et de construction.
Springer Science & Business
Media, 18 janv. 2008 - 221 pages.
- Semahi, Samir. Juin 2013.
Contribution méthodologique à la
conception des logements à haute
performance énergétique (HPE) en Algérie, développement d'une
approche de conception dans les
zones arides et semi arides. Juin
2013.
- www.aprue.org.dz
- www.cder.dz
- www.negawatt.org
- www.coutglobaldurable.fr
33 Newsletter VUDD n°2, mars 2016
Agriculture urbaine au
service de sécurité
alimentaire face aux défis
des changements
climatiques
Par Houda SACI
Architecte, chercheur au Laboratoire VUDD,
EPAU
Situation de crise alimentaire
Malgré le bond technologique réalisé dans le secteur agricole au cours des dernières années
pour améliorer le niveau de sécurité
alimentaire dans le monde, le modèle de
production intensive semble être remis en
question face aux nouveaux défis
contemporains.
Figure 1. Tendances de retour aux circuits
courts dans l’agriculture mondiale (source : Saci, PFE 2016, d’après www.alternatives.blog.lemonde.fr/)
Le changement climatique, avec son cortège
des menaces sur les capacités d’irrigation,
l’érosion des terres agricoles et la salinisation
des sols et des nappes phréatiques, constitue
notamment une menace de taille. En effet, la
croissance démographique accélérée dans les
pays en développement, le changement de la
géographie humaine, la consommation des terres agricoles par l’étalement urbain et la
hausse des prix des denrées alimentaires dans
le marché mondial en situation de crise
économique, sont autant de facteurs forts
susceptibles de fragiliser le système
alimentaire actuel, tant à l’étranger qu’en
Algérie. La quête d’une résilience alimentaire
interne des villes fait son apparition, poussée
par les injonctions de la démarche du
développement durable.
Agriculture urbaine comme réponse
C’est dans ce contexte agro-urbain en
mutation que l’agriculture urbaine prend tout
son sens comme réponse aux enjeux de
durabilité des villes. Elle est aujourd‘hui
perçue non pas seulement sous la dimension
alimentaire, mais prend plutôt une dimension
écosystémique par ses externalités positives
qui touchent la société, l’économie et
l’environnement. Elle crée des flux entre ces trois sphères et participe de ce fait dans le
métabolisme urbain.
Parce qu’elle se situe à la frontière entre
activités urbaines et urbanisme, l’agriculture
urbaine concerne aussi l’aménagement de la
ville dans la mesure où elle revendique l’accès
au foncier urbain et périurbain. La planification urbaine stratégique est
confrontée désormais à des projets urbains
dans lesquels l’agriculture urbaine occupe un
rôle important au nom de sa
multifonctionnalité. Toutefois, en Algérie ce
n’est pas encore le cas. Le manque
d’opérationnalité de ce type de projets, qui
remet en cause les modèles de programmation
et d’aménagement urbain actuels ainsi que les
outils et instruments en vigueur, explique
partiellement le peu d’intérêt que leur
accordent les gestionnaires de l’urbain.
Intégration de l’AU dans la nomenclature
des fonctions urbaines
Notre approche, présentée dans le cadre
d’élaboration du mémoire de master de
recherche à l’EPAU, vise par conséquent
l’érection de l’agriculture urbaine en fonction
urbaine programmable, dans le cadre du Projet
stratégique de développement d’Alger intégré
au PDAU 2015. Elle examine la situation
alimentaire à l’horizon 2030 et les outils de planification et de programmation urbaine
face à l’activité agricole. Elle envisage des
34 Newsletter VUDD n°2, mars 2016
solutions pour améliorer la résilience
alimentaire de la métropole algéroise, entre
autres l’agriculture urbaine, et propose un tour
d’horizon de ses techniques spécifiques.
Elle analyse un nombre de projets étrangers
d’agriculture urbaine pour expliciter certains
de ses modes de fonctionnement. Enfin, elle
propose des outils spécifiques pour son intégration dans la programmation et
l’aménagement urbains en général, applicables
également dans le contexte algérois.
Figure 2. Exemple extrait du projet
d’intégration de l’AU dans le pôle métropolitain d’Alger, El Harrach-Baraki 2030 (source : Saci, PFE 2016)
S’il est certain, à l’issue de cette recherche,
que les nouveaux outils proposés (Certificat de
Sécurité Alimentaire CSA et Permis
d’Aménagement Urbain Durable PAUD)
seraient en mesure de faciliter l’intégration de
l’AU dans le système de planification urbaine
en Algérie, seule l’adaptation de la grille
d’équipements du PDAU, dont l’esquisse est
proposée dans le mémoire, permettrait de garantir l’introduction effective de l’AU dans
les projets urbains dans l’avenir.
* Rédigé sur la base du mémoire de master
recherche élaboré par Houda SACI (2016), intitulé : Intégration de l’activité agricole dans la programmation et l’aménagement urbains au service de la résilience métropolitaine à Alger, EPAU, Alger, sous la direction de Prof. Ewa Berezowska-Azzag
Quelques références :
- AubryC., Pourias J., (2013),
L’agriculture urbaine fait déjà partie du métabolisme urbain, in Torre A.,s/d, Nature et Agriculture pour la Ville, les nouveaux désirs des citoyens s’imposent, pp.135-155
- Boucher I., (2009), D’agriculture
urbaine à urbanisme agricole : une participation au développement durable, une continuation à la production alimentaire, www.mamrot.gouv.qc.ca/
- Chabane M., (2010), Comment concilier chanement climatique et développement agricole en Algérie ?, in Territoires en
mouvement, n°14-15, https://tem.revues.org/1754
- FAO, Food and Agriculture
Organization, www.fao.org; http://faostat3.fao.org/
- ONS, (2014), Office National des
statistiques, Evolution des échanges extérieurs de marchandises en 2003 à 2013, Collection Statistiques, n°188, Alger
- Torre A., (2000), Economie de proximité
et activités agricoles et agro-alimentaires. Elements d’un programme de recherche, in Revue d’Economie Régionale et Urbaine, n°3, pp.407-426.
35 Newsletter VUDD n°2, mars 2016
Références des lois et
textes réglementaires
concernant
l’environnement, le
développement
durable, les risques
majeurs et la gestion
des catastrophes.
- Loi n° 83-03 du 5 février 1983 relative à la
protection de l’environnement.
- Loi n° 01-20 du 12 décembre 2001 relative à
l’aménagement et au développement durable
du territoire.
- Loi n° 83-03 du 5 février 1983 relative à la
protection de l’environnement.
- Loi n° 03-10 du 19 juillet 2003 relative à la
protection de l'environnement dans le cadre
du développement durable.
- Loi n° 04-20 du 25 décembre 2004 relative à
la prévention des risques majeurs et à la
gestion des catastrophes, dans le cadre du
développement durable ;
- Loi n° 07-06 du 13 mai 2007 relative à la
gestion, à la protection et au développement
des espaces verts.
- Décret exécutif n° 06-02 du 7 janvier 2006
définissant les valeurs limites, les seuils
d’alerte et les objectifs de qualité de l’air en
cas de pollution atmosphérique.
- Décret exécutif n°06-138 du 15 avril 2006
réglementant l’émission dans l’atmosphère de
gaz, fumées, vapeurs, particules liquides ou
solides, ainsi que les conditions dans
lesquelles s’exerce leur contrôle.
Prix national de la ville
verte.
Arrêté du 28 Chaâbane 1434 correspondant au 7
juillet 2013 fixant le règlement du concours
national de la ville verte, les modalités de
candidature ainsi que les conditions et les critères
techniques du prix national de la ville verte, sa
nature et sa consistance.
L’article 5 édicte « Le concours du prix national
de la ville verte est basé sur la qualité de la
décoration florale et sur l’aménagement
d’ensemble. Il tient compte également de l’emploi de végétaux adaptés à notre région et de
l’application de techniques culturales
respectueuses de l’environnement ».
L’appréciation tient compte :
- de la diversité des espaces verts, de leur
qualité, de leur entretien et de l’esthétique des villes
- du nombre des espaces verts classés par ville ;
- de la présence d’un plan de gestion de ces espaces par ville ;
- de la superficie des espaces verts par
catégorie.
Energies renouvelables.
Le programme national des énergies renouvelables et d’efficacité énergétique vise la
réduction de 9% de la consommation globale des
énergies à l’horizon 2030 et ambitionne de
procéder à l’isolation thermique d’un important
programme de logements, ainsi qu’à la
conversion au GPL d’un million de véhicules
particuliers et de plus de 20.000 autobus.
Echos de la COP 21.
Quelques points extraits du document présenté à la cop 21.
- « L’Algérie souligne que la récurrence des cycles de sécheresse, devenus de
plus en plus longs, a accentué la
désertification. Plus de 50 millions
d’hectares connaissent actuellement un
niveau de dégradation «Très avancé»,
des populations rurales constituées
principalement d’agriculteurs et
d’éleveurs pour assurer leur survie «sont
contraintes à l’exode vers les grandes
agglomérations».
- « L’Algérie projette, à l’horizon 2030, de réduire des émissions de gaz à effet
de serre de 7 à 22%. Ceci souligne le document des soutiens en matière de
36 Newsletter VUDD n°2, mars 2016
financement extérieurs, de
développement de transfert
technologique et de renforcement des
capacités. »
Appel à contribution.
La revue Territoires d’Afrique lance un appel à
contribution pour son dixième numéro sur la
thématique « les impacts du changement
climatique sur les littoraux en Afrique ». pour
plus d’informations, consulter le site http://
calenda.org
Séminaire.
L’équipe Transport et Mobilité urbaine du
laboratoire VUDD a organisé le 10 décembre
2015 dans le cadre du projet CMEP/TASSILI
MDU 869/12 un séminaire sur « les transports
urbains algérois : Enjeux et Défis ».
Soutenance de
Doctorat es sciences.
Madame AIT OUADIA- Meriem a soutenu
publiquement le 28 janvier 2016 sa thèse de
Doctorat en urbanisme et environnement avec
mention très honorable et félicitations du jury.
L’intitulé de la thèse porte sur la "Modélisation
d'un système d'indicateurs pour l'évaluation de la
capacité de charge urbaine relative aux
ressources hydriques de la wilaya d'Alger".
Thèse dirigée par le Professeur Ewa
BEREZOWSKA-AZZAG
Soutenue devant le jury composé de :
- Prof. BAOUNI Tahar , Président
- Prof. DJELLAL Nadia, Examinatrice
- Prof. MAZOUZ Said, Examinateur
- Prof. KHETTAB Ahmed, Examinateur
- Prof. DJEMILI Abderrezak, Examinateur
Publication d’ouvrage.
"Dynamiques urbaines à Alger, la
(re)fabrication de la ville en questions". Ouvrage collectif,
Sous la direction de : Mohamed SRIR, Paru aux éditions l'Harmattan, février 2016.
Avec les contributions de : Isma ABDELATIF │ Fayçal BENACHOUR
│Amina BENAMEUR │Ahmed El-Amine BENBERNOU │Djamel Eddine BOURAGBA
│Mehdi BENNAI │Mohamed HOCINE │Aniss Mouad MEZOUED │Abdennour OUKACI │Anna
ROUADJIA. Préface de Amine BENAISSA, Postface de Ewa BEREZOWSKA-AZZAG.
Présentation :
Récemment, Alger a fait l’objet de plusieurs
mutations, impulsées par un Plan stratégique à
l’horizon 2030. Des actions urbaines, fortement
portées par les pouvoirs publics, se sont
multipliées à la faveur de la révision du Plan
directeur d’aménagement et d’urbanisme
(PDAU). En ce sens, Alger et son territoire
relèvent des défis majeurs et s’engagent dans des
perspectives à plus long terme pour concrétiser
l’ambition d’une éco-métropole résolument moderne.
Cet ouvrage se veut une contribution à la lecture
et au décryptage de la dynamique du
développement urbain algérois d’aujourd’hui. À
travers différents points de vue, les auteurs
portent non seulement un regard critique, à la
fois théorique, méthodologique et empirique, sur
les situations urbaines actuelles mais évoquent
aussi les enjeux pour les années à venir. Les
contributions réunies ici émanent d’un collectif
de jeunes chercheurs algériens exerçant à Alger, Grenoble, Louvain-la-Neuve, Marseille et Paris.
Ils livrent des analyses, réflexions et
questionnements sur les modes de faire la ville,
la pratiquer et (re)fabriquer ses espaces urbains.
Ainsi, cet ouvrage lance les débats sur
l’urbanisme algérois d’aujourd’hui et de demain. Lien l'harmattan : http://www.editions-
harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&no=49749
[LE CLIMAT DANS TOUS SES ETATS]
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N°2. Mars 2016
Laboratoire Ville Urbanisme et Développement Durable - VUDD
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