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  • Les couleurs dans la politique franaiseAuthor(s): Maurice AgulhonSource: Ethnologie franaise, nouvelle serie, T. 20, No. 4, Paradoxes de la couleur (Octobre-Dcembre 1990), pp. 391-398Published by: Presses Universitaires de FranceStable URL: http://www.jstor.org/stable/40989378 .Accessed: 24/02/2015 15:23

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  • Les couleurs dans la politique franaise Maurice Agulhon Collge de France

    II n'est pas ncessaire d'tre un spcialiste de l'histoire des couleurs (de la teinture ou de la peinture, du grand art ou du vtement), pas davantage d'tre expert en anthropologie (histoire des catgories et des percep- tions sensorielles) pour contribuer au dossier de la couleur.

    On la rencontre ncessairement en tudiant la poli- tique gnrale. Le bonnet rouge appartient l'histoi- re classique de la Rvolution franaise, le drapeau blanc et le drapeau rouge la plus banale histoire du XIXe sicle franais, les Rouges et les Blancs un vocabulaire politique familier, qui fut usuel jusque vers le milieu du XXe sicle, etc.

    Mais les historiens prennent rarement la peine de classer les informations... colores qu'ils rencontrent, comme si le pittoresque rebutait l'austrit prsume de leur uvre ! L'occasion de la prsente publication tait bonne saisir pour tenter l'entreprise. Cet article n'a pas d'autre but.

    On se limitera l'histoire de France depuis la Rvo- lution franaise. On signalera seulement, pour mmoi- re et en vrac, quelques exemples trangers, seule fin de rappeler qu'on pourrait concevoir une extension internationale de cette rflexion.

    Rouge pour signifier classe ouvrire et mouve- ment ouvrier rvolutionnaire est international (dra- peau sovitique, drapeau chinois, etc.). Noir pour l'glise catholique romaine l'est aussi, ou l'a t. Comme le drapeau de la Rpublique allemande dit de Weimar (1918-1933) tait noir, rouge et jaune, les nazis prtendaient y lire la conjonction des trois forces supranationales dont ils voulaient affranchir l'Alle- magne, le noir du clricalisme romain, le rouge du bolchvisme et le jaune de l'or, capitaliste et juif .

    En Uruguay, depuis le sicle dernier et jusqu' nos jours, parti blanc et parti rouge ( Colorado ) dsignent usuellement le camp conservateur et le camp libral l. En Grce contemporaine, c'est le bleu et le vert qui sont les symboles respectifs des conser- vateurs et des socialistes, symboles si familiers que les bistrots de village appartenant l'un ou l'autre camp en badigeonnent leurs faades 2. Dans l'Italie monar- chique d'avant 1914 Rome, on appelait les grandes familles de l'aristocratie noires ou blanches

    suivant qu'elles acceptaient de se rendre aux rcep- tions du Roi excommuni, ou qu'elles les boudaient par fidlit au Pape 3.

    Il faudrait distinguer les pays, distinguer aussi les poques, et l'on aurait parfois des surprises. Dans les annes 1 830 au Portugal, le rouge tait l'emblme des partisans de Don Miguel, le prtendant royaliste tra- ditionnel qui animait la rvolte paysanne contre les rformes librales, donc l'quivalent exact de ce qu'en France, la mme poque, on appelait le parti des blancs 4.

    Restons en France, cependant. Il nous parat de bonne mthode de distinguer les emplois des termes de couleur dans le langage des emplois d'objets de couleur dans la pratique, avant de se risquer sur le ter- rain de Y explication, o nous ne dpasserons pas le stade des hypothses.

    I Langage

    La politique est une bataille. Normalement elle oppose deux camps, bien contrasts. Quand en outre elle a des acteurs populaires et frustes, elle a besoin d'un langage simple, plus simple que les noms abs- traits qui renvoient une doctrine. Les couples droi- te-gauche, bons-mchants, ordre-anarchie, petits-gros, etc. sont simples, trop simples, mais ils sont ou ils ont t populaires dans la mesure mme de cette simpli- cit. cet gard, rien n'est plus spontan que le contraste du noir et du blanc. Nous le savons bien par le langage courant, o noir et blanc dsignent des groupes contrasts, noir tant souvent pris en ra- lit comme synonyme de plus fonc, ou trs fonc, et blanc comme synonyme de plus clair, ou de trs clair. Ainsi des raisins : le raisin noir qui est en ra- lit bleu, s'oppose au raisin blanc , qui est en ra- lit vert 5. Ainsi des nes : les nes noirs ont le pelage brun fonc, et les nes blancs une robe grise 6. On pourrait se demander d'ailleurs pourquoi cette loi ne s'applique pas aux vins ; pourquoi, si nous avons des vins blancs , qui sont jaunes, les vins la robe sombre ne sont pas appels des vins noirs ...

    Ethnologie franaise, XX, 990, 4, Paradoxes de la couleur

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    Comme s'il y avait dans le vin trop de sduction et de chaleur pour que noir ft concevable, alors que rouge ... mais ceci nous loigne de la politique.

    La politique franaise a-t-elle donc connu des conflits de noirs et de blancs ? En province, sporadiquement, au temps de la Rvolution, mais cela n'a pas suscit de tradition durable 7 pourtant.

    Pourquoi ? Parce que l'effet de couple (noir-blanc) tait contrari chez nous par un symbolisme plus fort et plus direct des couleurs singulires, et qui, associant le noir au camp de l'glise romaine, et le blanc au parti de la Monarchie traditionnelle, a mis ds 1791 les Noirs et les Blancs de France dans le mme camp, celui de la Contre-Rvolution. Ici l'histoire, dans sa spcificit franaise, contrecarre la logique qu'aurait pu susciter le vocabulaire. Le camp de la Contre- Rvolution est la fois noir et blanc , et celui de la Rvolution se reconnatra en revanche dans l'clat vari des trois couleurs associes dans la cocar- de, ou, de faon plus simple, dans le bleu, et plus tard dans le rouge. Nous y reviendrons.

    Nous sommes ainsi conduits dissocier le phno- mne des couleurs par couples, de celui des couleurs en emploi isol, ce qui n'allait pas de soi d'abord.

    Commenons par les couples. Les antagonismes dans le langage politique franais tant en dfinitive ceux-ci :

    Contre-Rvolution - Rvolution Droite - gauche

    Noir, blanc - bleu, rouge II en ressortait quatre cas de figure possibles, noir

    contre bleu, noir contre rouge, blanc contre bleu, blanc contre rouge. On notera que le premier n'a - que nous sachions -jamais servi. Serait-ce que noir et bleu sont perus comme deux couleurs sombres, donc se prtent mal au contraste ? Simple hypothse. Les trois autres couples ont en revanche t effectivement utiliss.

    Les Blancs contre les Bleus , c'est toute l'histoire de la guerre civile symbolise par la Vende, aux si durables squelles. Blanc pour le drapeau du Roi, bleu pour la Rvolution (pourquoi ? nous y reviendrons).

    Le noir et le rouge, ou plutt le Rouge et le Noir, ont t immortaliss par Stendhal. L'interprtation la plus courante de son roman voit dans le noir ce qui domi- ne sous Charles X, le catholicisme contre-rvolution- naire alli l'tat des Bourbons, le parti-prtre , avec ses soutanes omniprsentes, et, dans le rouge, l'clat des uniformes de l'arme, la grande carrire militaire napolonienne, alors rpute progressiste, et garde en tte avec nostalgie. De nos jours un ouvra- ge succs, pour raconter la vie d'un homme d'tat pass du catholicisme de sa jeunesse au socialisme de

    son ge mr, n'a pas craint de prendre pour titre Le Noir et le Rouge 8, et tout le monde en a compris la fois le sens direct et le clin d'il culturel.

    De la discrte permanence du couple rouge-noir, nous avons eu rcemment et personnellement une preuve vraiment inattendue : il s'agit d'appareils de prothse auditive, petits, discrets, destins tre enfouis dans le creux de l'oreille. Ces objets tant peu diffrents de forme, le fabricant a imagin, pour per- mettre au patient de les poser sans ttonnement, de les distinguer par une petite pastille colore : or, elle est noire pour l'oreille droite, et rouge pour l'oreille gauche !

    Le blanc et le rouge enfin, c'est toute l'histoire lec- torale, et plus qu'lectorale (passionnelle, culturelle, etc.) du peuple franais sous la Troisime Rpublique, du moins dans les rgions fortes polarisations. Blanc le conservateur, de tradition royaliste ou non, mais attach en tout cas la dfense de l'glise et de ses positions d'influence dans la socit. Bref, le clrical . Rouge , en face, dsigne le rpublicain avanc, le rpublicain de combat, de dfense rpu- blicaine c'est--dire, en fait, le laque et 1' anti- clrical - ce qui ne veut pas dire forcment le rvo- lutionnaire social. Il y a en effet rouge et rouge , comme nous le verrons bientt.

    Ainsi rappele la prsence, incontestable et notoi- re, de l'usage politique des noms de couleur en termes de contraste et de couples antagonistes, nous pouvons ajouter quelques notes supplmentaires sur chacune des grandes couleurs concernes, le noir, le blanc, le bleu et le rouge.

    Le noir n'est pas le plus usuel. Malgr Stendhal, malgr Branger : Hommes noirs, d'o sortez-vous ? - Nous sortons de dessous terre, - Moiti renards, moiti loups - Notre rgle est un mystre - Nous sommes fils de Loyola - etc. {Les Rvrends pres, 1819). On n'a gure dit un noir pour un rac- tionnaire . Dans le langage de la Gauche, blanc l'a vite supplant, probablement cause du rle sym- bolique trs notoire et officiel que le parti contre-rvo- lutionnaire a confr au drapeau blanc. Les hommes noirs (les prtres catholiques) sont tenus pour les principaux auxiliaires ou allis du royalisme tradi- tionnel, mais c'est celui-ci qui porte le drapeau ( l'tendard des lys ) et l'adjectif qui va avec lui 9.

    Le fait qu' la fin du XIXe sicle le drapeau noir ait pu tre brandi par l'Anarchie, qui assumait courageu- sement l'inversion des valeurs morales usuelles, est par lui-mme un signe qu'en France au moins noir avait bien cess d'tre peru comme synonyme de royaliste et de clrical. En 1900 personne n'aurait eu l'ide de percevoir le drapeau noir comme d'extrme droite ! Toute la droite tant perue comme blanche,

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    et le reste de la bourgeoisie tant tricolore, le noir tait devenu disponible pour une subversion totale, reste trs minoritaire.

    Il faut y insister en effet : noir en langage cou- rant est un mot rpulsif, un terme de blme ; il faut donc un courage rare pour s'en faire un drapeau. Ce ne peut tre le cas que d'une lite de convaincus. L'homme ordinaire dira malaisment je suis un noir . On dit au contraire plus volontiers je suis un blanc car pour des raisons symtriques, le blanc valorise. Il semble bien que noir en politique n'ai t employ qu'en mauvaise part, par des adversaires, alors que blanc ait fait partie du langage des deux camps opposs, celui qui le prenait en bonne part (en ajoutant au drapeau blanc du royalisme les connota- tions de propret, puret, innocence) et celui qui le prenait en mauvaise part, en termes de politique pure 10. La Terreur tout court ayant t faite par la Rvolution, la violence perptre par la Contre-Rvo- lution s'est appele trs tt la Terreur blanche n, etc.

    Le bleu politique a une histoire un peu plus com- plexe. Nous n'avons pas eu le loisir de vrifier l'asser- tion usuelle qui assigne au bleu, comme synonyme de combattant de la Rvolution, une origine vestimen- taire : la couleur de l'uniforme des volontaires de 1792. L'affaire est trs militaire en effet : Bleus contre Blancs, on l'a dit, la rfrence est l'Ouest, o les cita- dins patriotes (plus tard libraux, puis rpublicains) s'opposent aux paysans chouans.

    Vers 1830, apparat dans la presse politique une ide plus raffine. Un Bleu est un ami de la Rvolu- tion, puisque c'est un ennemi irrductible des Blancs, mais ce n'est pas ncessairement, d'autres gards, un rvolutionnaire extrmiste. Un Bleu est moins avan- c qu'un Rouge, partir du moment o il y a des Rouges.

    En 1848 on peut rencontrer dans la presse des textes qui, jouant sur les trois couleurs du drapeau national, considrent la France politique comme divise en trois,

    les Blancs : droite (Contre-Rvolution, glise, etc.),

    les Bleus : gauche modre, de Bonaparte Cavai- gnac,

    les Rouges : extrme gauche, de Ledru Rollin Blanqui 12.

    Mais ce tripartisme intelligent n'aura pas grande fortune. Sous la Troisime Rpublique, selon les rgions, on opposera Blancs et Bleus ou bien Blancs et Rouges . Et, l o il y aura des Bleus opposs aux Rouges , la tendance sera

    (abusivement peut-tre) considrer ces Bleus comme des presque Blancs ... 13.

    Plus intressant parce que plus rpandu est un autre avatar du bleu politique, celui qui s'est accroch la notorit vite acquise du testament de Jules Ferry. Il demandait reposer avec les siens, au cimetire, en face de cette ligne bleue des Vosges d'o monte jusqu' mon cur fidle la plainte touchante des vain- cus (les Alsaciens). Rien ne prouve vraiment que Jules Ferry ait voulu, dans un texte la fois solennel et confidentiel - son testament - faire de la symbo- lique politicienne. Il est plus vraisemblable d'admettre qu'il s'exprimait en homme, la fois campagnard et artiste (il peignait ses heures), qui savait qu'une ligne de montagne vue d'un peu loin, formant horizon sur un ciel bleu clair, s'y dtache en bleu fonc 14. La toponymie universelle est pleine de montagnes bleues . Mais personne aprs lui n'a jamais plus cit la ligne des Vosges sans la qualifier de bleue , comme si le nom de couleur, peru ( tort, en ce cas prcis) comme symbolique, avait voulu souligner le patriotisme du propos : je n'ai pas oubli l'Alsace. Au XXe sicle, le bleu en symbolique politique ne dsigne donc plus tout fait le rpublicanisme rai- sonnable, mais le patriotisme. Pour nommer la majo- rit issue des lections lgislatives de 1919 (Clemen- ceau, Bloc national, Anciens combattants) le mot de Chambre bleu horizon fera fortune. Rfrence aussi, bien sr, la vareuse d'uniforme que bien des nouveaux dputs, rescaps de la guerre, portaient encore. Le bleu est donc la couleur la plus solidement lie la nation.

    En revanche, son emploi en terme de politique int- rieure (contre les Blancs et contre les Rouges la fois) n'est plus que rsiduel. Le Gnral de Gaulle, qui fut la fois anti-Blanc (contre Vichy) et anti-Rouge (contre le communisme), aurait rempli les conditions idales pour incarner le parti bleu. Or personne, notre connaissance, n'a song exhumer pour la lui appliquer cette vieille catgorie.

    L'histoire du rouge est plus connue. On pourrait la retracer plus longuement, c'est pourquoi... nous serons brefs 15. Il parat bien qu'ici la pratique concrte ait prcd le langage.

    D'une part la Rvolution franaise a popularis, en mme temps que le drapeau et la cocarde tricolores, le bonnet, gnralement rouge. Qu'il soit l'attribut de la Libert dans l'iconologie acadmique, ou la coiffure symbole des gens du peuple opposs aux aristocrates porteurs de chapeaux, ou bien encore une coiffure relle des petites gens, il a vite pris place dans la sym- bolique comme dans la pratique.

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    D'autre part la Rvolution a institu, dans sa pre- mire loi sur le maintien de l'ordre, le drapeau rouge comme signe distinctif d'interdiction : les autorits dcrtent la loi martiale, ce signe bien visible, dploy, en avertit mme de loin la foule, et l'on procde aux sommations 16. De cette liaison intime du drapeau rouge avec l'meute populaire, natra, par un renver- sement un peu mystrieux, son adoption par l'meu- te elle-mme : eh ! bien oui, on va se battre, et c'est nous qui en donnons le signal ! Le drapeau de la rvo- lution populaire est pour la premire fois signal comme tel Paris le 6 juin 1832 (funrailles du Gn- ral Lamarque) 17. De l, en 1848, l'ide que, quand le peuple arrive au pouvoir, il faut remplacer par son drapeau (le rouge), le drapeau officiel de la Monarchie bourgeoise renverse (le tricolore). On sait l'chec de cette tentation, le 26 fvrier, grce au plus clbre des discours de Lamartine.

    Cependant, par le bonnet de 1792 comme par le drapeau de 1832 et de 1848, la couleur rouge s'tait pour le langage, associe l'ide du peuple en rvo- lution, de rpublicanisme intransigeant, d'aspirations sociales.

    Ds lors rouge devait supplanter bleu dans le rle de la principale alternative au blanc. Rouge alors est partout dans les actions et propos de gauche et plus encore d'extrme gauche, dans la Commune de Paris (1871), dans le mouvement ouvrier.

    Chaque fois qu'il y a lieu de s'opposer blanc, on voit rouge. Les Blancs ayant le culte de l'glise, et, entre autres symboles, celui de la Sainte Vierge (blanche pour plusieurs videntes raisons), lorsque l'extrme gauche portera une hrone au pinacle, Louise Michel, tout le monde se rencontrera aisment pour en faire la Vierge rouge , avec respect dans la bouche de ses amis, sur le ton de la drision ailleurs 18.

    Mais, la fin du XIXe et aux dbuts du XXe sicle, la France rouge est aussi complique que la France rpublicaine ( vrai dire, c'est la mme !). Dans la France profonde, provinciale, les Rouges sont ceux qui s'opposent aux Blancs ruraux et clricaux, ils forment donc le parti laque, dont le gros des troupes est constitu par l'alliance, toujours secoue mais tou- jours restaure, des Radicaux et des Socialistes. A Paris, cependant, et dans la France industrielle, Rouge tend plutt dsigner ceux qui, dans l'esprit de la Commune, lvent le drapeau de la lutte des classes, qui sera bientt celui des Internationales ouvrires, la Ile, celle de 1889, puis la lile, celle de 1918. Ce n'est pas exactement la mme chose, car le Rouge de Paris attaque comme bourgeoise la mme Rpublique que le Rouge du Limousin ou du Languedoc dfend comme laque.

    Aprs 1920, formation du parti communiste au Congrs de Tours, il y aura donc assez nettement Rouges et Rouges ! Les Communistes du Cher 19 ou du Var 20 auront beau brandir le drapeau rouge de la Commune de Paris et de la Rvolution d'Octobre, ils refuseront de s'intgrer au bloc rouge de la Gauche socialo-radicale traditionnelle, devenue bien trop bourgeoise leurs yeux. Il faudra attendre la veille du Front populaire pour que les deux acceptions de rouge se confondent nouveau, et pour que le P.C.F., loin de dnoncer cette quivoque ambivalence, enjou au contraire pour tenter de sou- der ensemble la tradition de la lutte proltarienne et la tradition de la lutte rpublicaine .

    De nos jours, comme on sait, Rouge est rest aisment dchiffrable dans ce sens de gauche avance, ou radicale (au sens anglo-saxon du terme). Le mot n'est plus gure dans le langage ; il est certainement moins usuel, en France, que Red aux tats-Unis, mais il reste compris de nos contemporains.

    Les autres noms de couleurs sont secondaires, et ont surtout une moins longue histoire.

    Jaune n'est pas politique proprement parler. Il dsigne le mauvais syndicaliste dans l'argot du syn- dicalisme rvolutionnaire, soit que le jaune soit un briseur de grve, soit - pire encore - qu'il appartien- ne un syndicat ami du patronat ou de l'tat.

    Vert fut un temps politique, ultra-royaliste, au temps o le Comte d'Artois, futur Charles X, faisait de l'opposition son frre le roi Louis XVIII. Mais cela n'a pas dur, a t vite oubli, et l'adjectif tait parfaitement disponible lorsqu'il fut de nos jours remploy par les cologistes, en vertu du lien vident qui existe entre l'cologie, la nature qu'il faut dfendre, et les feuillages d'arbres qui en sont le plus visible lment21.

    Rose enfin pose un intressant problme de conver- sion smantique, comme il y en a si souvent en ces matires. Le Parti socialiste refond par Franois Mit- terrand s'est dot d'un emblme indit, la rose au poing. Rouge, d'ailleurs, cette rose. Mais le nom de la rose est aussi un nom de couleur, et cette couleur, elle, n'est pas rouge.

    Or il se trouve que le langage politique usuel avait, depuis au moins 1900, l'habitude d'attribuer le rouge au parti le plus avanc vers l'extrme gauche, et - iro- niquement mais logiquement - le rose au parti un peu moins avanc, celui qui diluait, comme on met de l'eau dans son vin, l'idal commun dans le rformis- me et la modration. Avant 1914, lorsque le parti socialiste S.F.I.O. tait dit rouge , les Radicaux taient raills comme roses . Aprs 1920, le P.C. tant peru comme rouge , ce fut au tour de la

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    S.F.I.O. d'tre, malgr ses prtentions et ses protesta- tions, qualifie de rose .

    L'alliance d'ides entre socialiste et rose (couleur) tait donc bien ancre dans un fond de langage qui, venu des polmistes et des railleurs de la droite, s'tait aisment banalis 22. Cette ancienne alliance entre socialiste et rose (couleur) a-t-elle ml ses effets avec l'alliance plus rcente entre socialiste et rose (fleur) ? C'est probable a priori. Mais il faudrait de biens fins sondages (existent-ils ?) pour en dmler les nuances. Quand, par exemple, un journaliste de 1981 parle, sans trop de sympathie, de la mare rose qui dfer- le au Palais Bourbon, a-t-il en tte le rose-fleur ou le rose-couleur ? Sans compter qu'il a aussi, dans son intention vidente, le jeu de mots faire avec les mares noires qui dferlent ailleurs, polluantes, par les temps qui courent. Voil donc quelques rappels, quelques rfrences, ou quelques pistes, pour l'tude du vocabulaire.

    I Pratiques

    Cependant, plus encore que les couleurs parles, ce sont les couleurs portes ou exhibes qui importe- raient l'ethnologue. Le champ de recherche est immense, insuffisamment frquent, il y aurait mettre en chantier toute une ethnographie du com- portement politique 23.

    L'exhibition des drapeaux sur la voie publique est encore ce qui est le plus accessible l'historien, ne serait-ce que parce qu'elle donne lieu des rapports de police. Mais un rassemblement ou un dfil n'ont pas que des drapeaux, ils ont aussi des dcors, et les participants portent (ou peuvent porter) des insignes.

    Le choix des couleurs dans les tentures de fte n'est certainement pas alatoire. Il nous est arriv de sug- grer qu'au temps de la Restauration, en Provence, les tentures des faades de maisons pour la Fte-Dieu, formes pratiquement de draps de lit immaculs et de guirlandes de feuillages, - quoi de plus naturel ? - se trouvaient par concidence former le blanc et le vert de l' ultra-royalisme. Concidence rencontre ? cherche ? ou au contraire inaperue ? 24.

    Le rouge dans les dcors de congrs rpublicains ou socialistes tait probablement dominant, mais on ne l'a gure tudi.

    Insignes ? Le rouge se portait aussi sous forme de fleur la boutonnire, l'glantine rouge, notamment au 1er Mai, quand on prenait au srieux cette fte du Travail, fte de lutte des travailleurs syndiqus, non encore banalise en fte du muguet . Ce n'est qu'un exemple 25.

    Plus difficile encore serait de suivre, au-del de ces pratiques collectives, ftes, manifestations, obsques, combats, les pratiques individuelles de manifestation politique quotidienne par la couleur du vtement.

    C'est comme toujours aux Rouges que l'on pense d'abord, et sur eux que l'on serait le mieux documen- t. Un militant rouge portait-il plus volontiers un bon- net rouge qu'un bonnet d'une autre teinte, au XIXe sicle ? 26 Et, au XXe sicle, plus volontiers une cra- vate rouge (homme), une robe rouge (femme), une echarpe ou un foulard rouge (les deux sexes) ? Nous n'avons pour l'instant que des bribes d'informations, il faudrait mieux rassembler ce qui se trouve pars incidemment dans des ouvrages divers consacrs d'autres objets, et, pour le temps prsent, imaginer des formes d'enqutes ou reprer des sources.

    On entrevoit que l'exhibition du rouge tait assez pratique dans les annes 1920 au temps du commu- nisme pur et dur 27, qu'elle tait oublie et presque rprouve par le communisme national, unanimiste, fondu dans le peuple, des annes d'aprs la Libration (en ces temps-l une cravate rouge dsignait plus pro- bablement un trotzkyste ou mme un vieux socia- liste qu'un membre du P.C.) 28 ; et qu'elle redevient plus frquente de nos jours (sous la forme d'charpe ou de foulard du moins, car la cravate comme objet est en voie d'abandon).

    I Explication

    Enfin, au-del des recensements d'informations sur les usages linguistiques comme sur les pratiques concrtes, il faudrait ouvrir les dbats sur l'explica- tion.

    S'il est avr que, dans telle culture nationale et telle poque, une couleur s'est trouve intimement lie une certaine tendance politique, quelle en peut tre la raison ?

    Dans son histoire de la Rvolution franaise, rela- tant l'adoption du bonnet rouge par le club des Jaco- bins (alors sous influence girondine) en fvrier 1792, Michelet s'exprime ainsi : c'est pour symboliser l'ga- lit et la fraternit qu' on adopta le bonnet rouge, universellement port alors par les plus pauvres pay- sans. On prfrait la couleur rouge toute autre, comme plus gaie, plus clatante, plus agrable la foule. Personne alors n'avait Vide que ce rouge fut celui du sang. 29 En deux phrases, le grand historien nous ouvre les deux pistes majeures, celle de la psy- chologie et celle de la sociologie. Peu importe que, pour sa part, il les juxtapose de faon un peu confuse au lieu de percevoir qu'elles sont alternatives.

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    Psychologie : le rouge aurait donc bnfici d'une puissance d'attraction intime plus grande (clat, gaie- t) ; d'autres diront chaleur, excitation, caractre san- guin (non pas le sang qui coule, rpulsif, mais le sang qui monte au visage dans l'hilarit ou dans la colre) ; d'autres ajouteront encore le vin, le vrai, le plus colo- r, le vin rouge. Le problme consiste d'ailleurs moins collecter ou imaginer ces apparentements plau- sibles qu' en vrifier la prise de conscience sociale ; quel type de sources (pour le pass), d'enqutes ou de sondages (pour le prsent) pourrait vrifier la ralit de la corrlation, chez les adeptes des doctrines et des engagements rvolutionnaires, entre rouge, rvolu- tion, sang ou vin ?

    La sociologie offre l'autre srie de pistes : le pay- san portait constamment sur la tte un bonnet ou une sorte de foulard nou, mme sous le chapeau. Ce tissu grossier tait souvent teint, et le rouge tait une cou- leur de teinture banale. De l penser que cette proxi- mit du peuple avec le rouge vestimentaire a pu jouer quelque rle dans des prfrences symboliques... 30. Un fait curieux nous a rcemment et inopinment ren- voy vers ce type de spculation. Un collgue archo- logue, spcialiste d'antiquit romaine, mais explorant l'ensemble des sicles quand il s'agit de sa petite patrie languedocienne 31, me demande un jour : De quand date le drapeau rouge ? - Rponse : de 1789, comme signe de proclamation de loi martiale, puis de 1832, comme emblme rvolutionnaire. - Question : comment se fait-il alors qu ' Gignac en 1 787 des com- pagnons tailleurs de pierre en rvolte (nous dirions en grve) aient arbor un drapeau rouge en se battant contre la marchausse ?

    Aprs relecture de la relation authentique de cette bagarre dans le rapport adress l'intendant 32, il en ressort que le meneur des ouvriers rvolts, ayant besoin, sur le terrain, d'un signe de ralliement bien visible pour servir de repre ses camarades, avait cette fin pris sa ceinture, la longue et large ceinture de drap plusieurs tours (la taiolle, en occitan), pice d'toffe qui est en effet assez usuellement teinte en rouge.

    Familier, populaire, pratique, mais improvis, ce premier drapeau rouge anticipait inconsciemment d'un demi-sicle sur celui des bords de la Seine. L'insertion populaire relle du rouge en rvolution prcdait sa conscration populaire consciente et orga- nise.

    Anticipations, concidences, rencontres, termes vagues. Ils n'en disent pas assez pour suggrer un dterminisme, mais ils ne sont certes pas liminer du dbat.

    On s'en convaincra peut-tre mieux par un dernier exemple, celui de l' association-contraste aujourd'hui multiforme entre le rouge et le vert.

    Dans la ralit, et dans les connotations psycholo- giques banales de notre perception, ils s'opposent - ainsi dans ce pome clbre, d'un auteur inspir qui n'a cess djouer sur les couleurs, Le dormeur du val, d'Arthur Rimbaud 33.

    C'est un trou de verdure o chante une rivire Accrochant follement aux herbes des haillons D'argent ; o le soleil, de la montagne fire, Luit : c 'est un petit val qui mousse de rayons. Un soldat jeune, bouche ouverte, tte nue, Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu, Dort ; il est tendu dans V herbe, sous la nue, Ple dans son lit vert o la lumire pleut. Les pieds dans les glaeuls, il dort. Souriant comme Sourirait un enfant malade, il fait un somme : Nature, berce-le chaudement, il a froid. Les parfums ne font pas frissonner sa narine ; 11 dort dans le soleil, la main sur la poitrine Tranquille. Il a deux trous rouges au ct droit. On notera, entre dix autres observations stylistiques

    possibles, que le rouge et le vert sont ici d'autant plus directement promis un examen commun, qu'ils s'appliquent l'un et l'autre au mme mot le trou .Rouge, donc le sang rpandu par la cruaut de la guerre, verte, la nature vgtale qui offre un lit de repos, de calme et de paix.

    Dans la ralit conventionnelle de la circulation urbaine d'autre part, aux feux tricolores des car- refours, le rouge dit imprativement on ne passe pas ! , le vert vous pouvez aller .

    Dans la ralit politique enfin, rouge s'applique aux thories de revendication sociale extrme, qui admettent la violence, vert aux cologistes, qui dfendent les arbres par des moyens pacifiques, et qui, de plus, sont souvent aussi pacifistes en politique gnrale. Le rapprochement est admissible. On peut le schmatiser ainsi :

    Perception de la couleur Rouge Vert

    En gnral duret douceur

    Chez Rimbaud sang, guerre nature, paix

    En circulation Halte l! sinon Vous pouvez gare vous! passer, donner

    le feu vert

    En politique lutte des non-violence classes

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  • Les couleurs dans la politique franaise 397

    que par concidence, elle est bien troublante, la con- cidence !

    Si au contraire il y a une rationalit dans la concor- dance, quelle est-elle ? Deux raisons alors sont pos- sibles. Ou bien le rouge, le vert, etc. ont des propri- ts intrinsques assez fortes pour que l'application s'impose tous emplois ; ou bien un emploi contras- t du rouge et du vert s'est tabli pour une raison quel-

    conque dans l'un des domaines considrs, et il s'est trouv ensuite reproduit par les autres.

    Mais, dans cette dernire hypothse, quel fut l'emploi initial, et quels furent les emplois drivs ? Et quels furent les processus de ces drivations ? La rflexion devra donc demeurer ouverte, et d'abord, comme il se doit, ouverte aussi la collecte des faits.

    M. A., Paris

    I Notes

    1. Tout ce qui prcde est trop notoire pour qu'il soit utile de donner des rf- rences. 2. Information procure par C. Delangle, archiviste au Collge de France. 3. Information venue d'un de nos anciens professeurs d'histoire, non vrifie. 4. D'aprs les recherches en cours de notre lve Ftima Ferreira, Universit de Parisi. 5. tant enfant, nous avons connu un ins- tituteur qui aimait dire Le raisin noir, qui est bleu, quand il est rouge, c 'est qu 'il est vert . En quatre adjectifs, voil donc trois emplois de la couleur : sens propre, descriptif (bleu, rouge), sens figur (vert, pour pas mr), enfin, au sens - faut-il dire symbolique ? - noir. Ainsi nous amusait- on, en nous prparant de loin, de trs loin, philosopher sur le langage... 6. Fait de langage repr par nous-mme en Corse, dans un village de la Casta- gniccia (canton de La Porta) vers 1980.

    7. Nous avons signal un cas Toulon dans la priode initiale de la Rvolution franaise, et l'avons attribu alors aux noms des Confrries des Pnitents noirs et des Pnitents blancs dans le local des- quelles se runissaient les clubs (Agul- hon, Pnitents et francs-maons de l'ancienne Provence, 1968, p. 281). 8. Par Catherine Nay (il s'agit de M. Fran- ois Mitterrand). 1987. 9. Heureuse concidence encore, en faveur du Blanc royaliste, que la cou- leur des lys, qui taient prcisment l'emblme hraldique des Bourbons. 10. Un vieux provenal nous a signal un jour qu'en Provence blanc pouvait avoir un sens pjoratif en langage popu- laire, avec le sens de btard ! Explication : on appelait enfants blancs les enfants abandonns (presque tous de naissance irrgulire) levs dans une institution charitable patronne par les Pnitents blancs. Nous n'avons pas pu vrifier l'extension de ce fait de langage. 11. Terrorisme perptr par les Blancs. Blanche a ici valeur mtonymique, et non pas le sens figur, anodin et passif, qu'il

    a dans paix blanche ou mariage blanc . 12. Nous avons rencontr ce thme sans cesse l'poque o nous travaillions sur la Rvolution de 1848, mais, peu intres- ss alors par le symbole, nous avions nglig d'en relever les textes prcis. La rfrence est globale dans notre mmoire de lecteur des journaux et brochures de la Seconde Rpublique. 13. En clair, assimiler la Raction des Rpublicains, mme vieux rpubli- cains, s'ils restent modrs au lieu de se radicaliser. C'est toute l'histoire de la Troisime Rpublique. 14. Nous menons cette discussion dans notre La Rpublique, tome V de Y Histoi- re de France illustre, Hachette, 1990. 15; Voir en dernier lieu Annick Geffroy, tude en rouge, 1789-1798 , in Cahier de lexicologie, n 51, Nancy, I.N.L.F., 1988. 16. Rouge comme attention ! danger ! interdit ! c'est l'emploi qui nous est tou- jours familier avec les feux de circulation, la jauge d'essence ou le compte bancaire qui tombent dans le rouge , etc.

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  • 398 Maurice Agulhon

    17. tude classique de Gabriel Perreux dans la revue La Rvolution de 1848 en 1932, reprise par Maurice Dommanget dans son Histoire du drapeau rouge des origines la guerre de 1939, 1966, Paris, Librairie de l'toile. 18. Pour tout ceci, mme remarque que note 1 ci-dessus. 19. Thse manuscrite de Michel Pigenet, dont on lira l'article dans ce mme num- ro. 20. Thse manuscrite de Jacques Girault (Universit de Paris 1, 1989). 21. Sans compter que ce qu'il y a de paci- fique et gentil dans l'cologisme s'accor- de trs bien - concidence - avec l'emploi euphorique usuel de vert (feux de circu- lation, donner le feu vert ). Voir plus loin. 22. Mais les dirigeants socialistes qui ont fait choisir l'emblme de la rose au poing m'ont assur qu'ils n'avaient pas pens l'quivoque la rose-le rose et ont t dsa- grablement choqus lorsque je la leur ai signale (entretien avec Jacques Guyard, dput - maire d'vry).

    23. Le sujet est abord dans toute l'uvre rcente de Daniel Roche, La culture des apparences, une histoire du vtement XlIIe-XVIIIe sicle, Paris, Fayard, 1989. 24. Dans ma contribution Y Histoire de la Provence sous la dir. de E. Baratier, Toulouse, Privat, 1969, p. 447. 25. Beaucoup de notations dans l'uvre de Maurice Dommanget, Histoire du dra- peau rouge (note 17) et Histoire du Pre- mier Mai, 1953, Paris, Sudel. 26. Dans ses Mmoires de Lonard (d. tablie et annote par Maurice Agulhon, 1976, Paris, Hachette), Martin Nadaud le suggre incidemment propos de son propre pre, maon de la Creuse tra- vaillant Paris sous Louis-Philippe. 27. Une notation dans ce sens dans la thse de A.M. Sohn sur le fminisme dans le syndicalisme enseignant dans les annes 1920, propos de la militante Maria Rabat, future dpute communis- te Paris aprs 1946. 28. Souvenirs personnels. 29. Dans l'dition de la Pliade, tome I, p. 854.

    30. Ainsi pourrait s'expliquer le rouge des paysans portugais des annes 1830, qui taient pourtant conservateurs.

    Il faudrait encore commenter ici l'effet (involontairement ?) rvolutionnaire de l'opra d'Auber, La muette de Portici 1830, qui porte sur une rvolution napo- litaine du XVIIe sicle, dans laquelle les gens du peuple, les pcheurs, sont coiffs de leurs usuels bonnets rouges. Il fut acclam en 1830 par les publics libraux de Paris et de Bruxelles.

    31. Notre ami J.-C. Richard, directeur de la recherche au C.N.R.S.

    32. Arch. dp. de l'Hrault, C 6717, le sergent Nicolas M. de Cambis, lieute- nant gnral, commandant de la province de Languedoc, 27 aot 1787. Le dossier de l'ensemble de ces vnements d'aot 1787, sera prochainement publi par J.-C. Richard et P. David.

    33. Dont on n'a pas oubli le clbre son- net des Voyelles mais c'est toute sa po- sie qui joue des couleurs.

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    Article Contentsp. [391]p. 392p. 393p. 394p. 395p. 396p. 397p. 398

    Issue Table of ContentsEthnologie franaise, nouvelle serie, T. 20, No. 4, Paradoxes de la couleur (Octobre-Dcembre 1990), pp. 365-464Front MatterParadoxes de la couleur [pp. 365-367]Une histoire des couleurs est-elle possible? [pp. 368-377]Le sang-dragon au "Jardin des Dlices" [pp. 378-390, 449-450]Les couleurs dans la politique franaise [pp. 391-398]Le vocabulaire des couleurs dans l'identit, politique et sociale: L'exemple du Cher au XIXe sicle [pp. 399-409]La couleur des hommes, principe d'organisation sociale: Le cas antillais [pp. 410-418]Exotisme et couleurs [pp. 419-427]Les couleurs de la neige [pp. 428-438]Note de rechercheColorations sur photographie : la photopeinture [pp. 439-446, 451-452]Les couleurs du prestige en publicit [pp. 447-448]Dans les coulisses de la mode : le mtier de teinturier [pp. 453-456]

    RSUMS/ABSTRACTS [pp. 457-460]Ouvrages reus en 1990 [pp. 461-461]Back Matter


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