Maxime Rigaux
LE SOLEIL
Maxime Rigaux — Document libre sous licence CC by-sa — http://creativecommons.org/licenses/by-sa/2.0/fr/
visites
elle se faisait les ongles
soufflait sur ses doigts
"j'mets des oignons,
alors ?"
je la regardais...
ma mère au téléphone
pour parler à son fils
elle me dit des choses
des répliques chaudes...
mon amie se sent seule
tout le monde
se sent seul
et je lui dit que nous souffrons
un homme qui souffre ne peut être mauvais
la bonté universelle...
mon père
pose sa main
sur mon épaule
je monte dans le train...
sur son lit d'hôpital
mon frère pleure
de douleur
l'infirmière pose sa main...
ma soeur allongée
sur le sol
tient son chien dans ses bras...
nous avons inventé
l'amour
l'amour ne suffit pas
tendresse oh tendresse...
toutes les idées se mélangent et nous mangeons
le muet
abasourdi sans raisonque poids et volumeje baille immobilesous le vent des arbreset soufflel'absence d'une phraseque je voudrais direvivre est insurmontablevivre est impossible
des croûtes sur les paupières
comme tous les corpss'épuisent à la longueusés sur des chemins grandscomme des intestins grêles on finit par s'étendresur des décors déjà vumais jamais saisisles vêtements trempés de bièreà la fêtele prochain prénomla prochaine frustration le sexe engourdi les bras sont tendus vers le secoursla paix possibleappercue dans un geste charmant où fasciné pour une secondeon se met à prieret les femmes s'enterrent dans d'alcooliques déjections au matin c'est bien celal'odeur de la merdele premierfrissonde la journéesuivi par aucunassis comme un penseurle cul froidclope au becet deux 'ploc' pour saluer les nuages
des statues aux cerveaux de plombsen concert assisle matin les images restées de la nuits'effacent sans laisser de bruitet le silence dur et denses'abatau pied de mon lit
vivre hystérique
récupérer les points d'appuitout est de tout son anaphorele monde est un merveilleux rêvequ'on oublie
de mon amour : des référencesde cette fille, rien qu'une pluiequi me fait penser au passé
comment lutter contre l'ennui
et comment être ici
mon corps tendu par des pitiésaveugles envoie ses membres dans l'espace
Le chant des fleurs
I. première heure
il y a d'abord sans alcoolla découverte du prépas un mot les doigts collent au gobeleton se sent sale et pas tout à fait sûr on s'ennuie à regarder les fillespas assez de peaul'air idiotedémarche vulgaireet puispuison tend l'indexélève la voix- regarde celle-là !celle-là...wouaw wouaw c'est parti et les fleurséclosent partoutplop ! plop !plop !des guirlandes sur les hanchesde la chair de printemps partoutpartoutpartoutdes anges !l'enfer dit que leur sourire nous sauvera la misedieu frappe du doigt il commandede créer la viefrotti frotti amoureux ?oui et nonet comme on est trop heureuxon pisse partouton salit le lyson dérange les hanches please, please please...
II. laideur y a parfois plus riendans les yeux des fillesça meurt soudaincoquelicottout moche à pleurer donc tenir bien que pour çal'enfer bleu d'une caressebon... bon... simplement avoirle dernier verrealorspasser l'hygièneet la révérencegarder les épaules droites son corps est une fleur séchéeça passera sans froisser
victoire
sentiment imprécisde tristesseimprimé sous mes paupières closes
j'ai toujourset je seraitoujours ému par les nuages roses
accident
Le facteur est mort: accident de la route... sur la rue... tout à coté.Des bassins d'eau salée pour désinfecter la plaie d'un ongle incarné.(Concerts de jazz: l'extase...)Kyste sur le cul !(Je... suis mon ongle incarné.)Ongles sur les murs !Sciatique et eczéma !Halte !Là.Continuons.Sourions-nous ?Les marins laissent nager leurs infirmières dans de petites cages en fer.
Distances
ailleurs mes méta-mains longent l'information d'un corpssans le caressermes méta-mains sont seules
dans un siècle à proposdes siècles passésle monde fuit devant moi
je méta-communiquecruellementen attendant et pour ne pas m'effondrertous les visages se répondentet je me trouve très loin d'euxeffrayé je les commente à haute voix
repos
- les enfants trouvent les ballons très drôles
les femmes
sont pleines vues de dos
leurs épaules parlent aux ballons
tout se gonfle au soleil où je me calme
les femmes sont belles
les épaules en hélium
vues de dos
ici je ne veux rien découvrir
les visages déçoivent de toutes façons
une boule, bleue, s'échappe
les enfants crient
par surprise
longtemps
tout ce désert et pas la place pour un crimequelque chose nous en empêchequelque chose
je baille
et tu bailles
et nous nous infectons
ma plainte ne m'appartiens plusdes corps énervés se répondentle sable vieux bourdonne lentement
tout ce désert et pas la place pour un crimede l'eau pour ce cerveau qui siffle
ma plainte a l'air si bêtetouttout ce que je peux dire me fait honte
politique
ça meurt...par là-basme dit-elle gravement
une très bonne colombienneen robe ravissantepleurait sincère en attendant de se faire embrasser
ça meurt...par là-basme dit-elleet j'ai sorti ma langue
j'ai voté rougecomme le sang entre ses jambes
lourdeur
tristestristes lieuxprès du danger
sommeil et corpsstressés se disloquent
difficilede se ressaisir
tentative aux lieux froids :très vieux rythmes danses tristes
pauvre amour
des femmes en monokinidraguent le soleilcœur en boucheà genouxje voudrais toutes les baiser elles parlent entre ellesde choses que je ne comprends pascœur en bouche mâchouilléleur amour est cruelet dépassé j'ai besoin...j'ai besoin de tendresseleur peaufait monter l'écumejusqu'au bord de mes dentset le soleil au-dessus(je voudrais toutes les baiser)bave comme un chien
ce qui tue (à un mort)
au bout du compte
ce qui reste de nerfs
a sommeil
un peu de ventet ta raison s'est retournée
- tu disparais -
un jour le bruits'excusera
guillotine
à mort les athéistes|un prisme dans mon verre d'eaucoquille de verrelumière épaissequi je veux voir||chateauxcouleurs artificielles inventé des histoires||athéistes chiens puantsrasoirs|à l'eau|à l'eau|à l'eau
de joie
sur une mer immense et calme dépasse quelque foisde quelques femmesune présence en long matinmontée d'un chant
tout est ennui à la surface et ces lumières douces et pâlesbaignant les sensnous font le drame transparent
et leur peau douce est impalpablecomme une joie
sur une mer immense et calmela vie a suffit un instant
et tout le reste n'est qu'ennuiremords sereins sur le courant
blanc
en une nuit l'espace est transformé
le soleil est peut-être là je ne sais pas
mais ma chimie c'est la couleur fatale à ma fenêtre
et je dépends du vent comme un jouet.
belgique salope tu ris tu me réveilles
le ciel est gris,
le vent est blanc et je suis paniqué
monde
les vitamines sont tombéesd'un ciel musicalvoilà ma joie
ce sont mes derniers gestescalories de bonheur
et bientôt heureux:l'ampérage et moi nous seront dissipésune onde étrange persistera
que l'on me mette en terrede mon vivantet ma fine peau sera rompue
pour de l'engrais et du soleil
un endroit précis
boire un thé ouallumer un joint
enfermés toujours pour toujours dans cet appartement qui est le monde
choisir un CDse choisir une chansondans notre spirale
et toi toujours à mes cotés
chair et faim
deboutcomme une mèreelle donnait la becquée de nuit par dessus les braises cuisantesses seins immobilesses belles cuisseset son visagechaud
elle tenait dans ses doigts la viandequi nous brûlait les dents
sous la lumière rougenous étionstrès fatiguésle feu éblouissait nos langues
la chaird'une mèreet nous très affamés
long haiku sur l'été
descendant les escaliersbelle les cheveux mouilléset les traits simples
une jupe blanche"bonjour !"vêtements blancsfraîche et délicieuse
"il fait très chaud dehors !"va se couper les cheveux
je suis
c'est le matinle ciel s'injecte dans mes yeuxle vent rentre par ma peauc'est le soirle temps rallonge les secondesl'avenir me livre de longs messages tremblantsc'est la nuit et je retiens mes larmesc'est le jour et je hurle de joie c'est le soleil qui me digèredes envies de mort dans la vie immensec'est contre lui que je voudrais finirdans un profond grondement sourd je suis tous les hommes à genouxtoujours
mais d'où vient ta chanson personnelle ?
entre mon corps et mes terrains d'amourdes mystères musicaux
quoi tendre
et quelle oreille ?
devant tes yeux ouvertsla très peur de mourir
le sifflet
"le temps n'est jamais aussi légerqu'avec toi" me dit-elle assise sur un banc
au mois d'aoûtl'après-midi chaudle ciel bleunous étions dans ce parc etje me sentais chanceuxmalgré tous mes déboires
car elle portait une robeet souriaitet me dit "le tempsn'est jamais aussi légerqu'avec toi. regarde comment on fabrique un siffletavec un noyau d'abricot."