Transcript

2. Discussion

Nous rapportons une forme pseudotumorale de neuro-Behcet

survenue chez un patient de 12 ans et decrivons les aspects

cliniques, radiologiques et therapeutiques de cette entite.

La maladie de Behcet (MB) est rarement decrite chez

l’enfant. Chez ce dernier, sa frequence varie entre 0,9 et 7,6 %

([2,3]). Elle atteint 14 % dans certaines series [4]. La forme

pseudotumorale du neuro-Behcet est rare et sa presence

chez l’enfant est exceptionnelle. Seulement 12 cas de neuro-

Behcet de l’enfant ont ete rapportes dans la litterature.

Aucun cas de forme pseudotumorale de neuro-Behcet de

l’enfant n’a ete decrit a notre connaissance. La symptoma-

tologie clinique de la forme pseudotumorale du neuro-

Behcet de l’enfant est bruyante et rapidement progressive,

marquee par des signes d’hypertension intracra nienne et/ou

de localisation. La TDM cerebrale est peu contributive. L’IRM

encephalique montre le plus souvent une lesion volumi-

neuse et unique localisee au niveau du tronc cerebral surtout

au niveau de la jonction diencephalo-mesencephalique, et

plus rarement dans la substance blanche hemispherique [5].

Lorsqu’elle est inaugurale, la forme pseudotumorale du

neuro-Behcet de l’enfant peut poser de veritables problemes

diagnostiques comme dans le cas presente. Elle peut mimer

cliniquement et en imagerie une tumeur cerebrale de

l’enfant, necessitant dans certains cas le recours a la biopsie

cerebrale avec une etude histologique a la recherche des

cellules malignes [6]. Dans notre cas, la biopsie cerebrale n’a

pas ete realisee, par defaut de consentement de la famille du

patient. Le traitement de la forme pseudotumorale du neuro-

Behcet de l’enfant doit etre instaure rapidement du fait du

risque evolutif. Il consiste en une forte corticotherapie par

bolus intraveineux. En raison de la gravite et de l’etendue des

lesions, notre patient a recu, en parallele de la cortico-

therapie du cyclophosphamide pendant 1 an [6]. L’evolution

sous traitement des lesions se fait dans la majorite des cas

vers la regression avec une diminution de leur taille, dans un

delai d’un mois [6].

Declaration d’interets

Les auteurs declarent ne pas avoir de conflits d’interets en

relation avec cet article.

r e f e r e n c e s

[1] International study group for Behcet’s disease. Criteria fordiagnosis of Behcet’s disease. Lancet 1990;335:1078–80.

[2] Mili-Boussen I, Kriaa L, Anane R, Marrakchi I, Ouertani A. Lamaladie de Behcet de l’enfant a propos de 3 observationstunisiennes et revue de la litterature. J Fr Ophtalmol1999;22:635–8.

[3] Kone-Paut I, et al. La maladie de Behcet chez l’enfant enFrance. Arch Fr Pediatr 1993;50:561–5.

[4] Hachicha M, Chaabouni M, Hamida N. La maladie de Behcet

[5] Lee SH, Yoon PH, Park SJ, Kim DI. MRI findings in neuro-Behcet’s disease. Clin Radiol 2001;56(6):485–94.

[6] Park JH, Jung MK, Bang CO, Park HK, Sung KB, Ahn MY, et al.Neuro-Behcet’s disease mimicking a cerebral tumor: a casereport. J Korean Med Sci 2002;17:718–22.

M. Albakaye*

N. Louhab

M. Chraa

Y. Mebrouk

N. Adali

N. Kissani

Service de neurologie, Hospital Ibn Tofail, CHU Mohammed VI,

PO Box 7010, 40 000 Marrakech, Maroc

*Auteur correspondant.

Adresse e-mail : [email protected]

(M. Albakaye)

Recu le 16 mars 2013

Recu sous la forme revisee le 18 mai 2013

Accepte le 23 mai 2013

Disponible sur Internet le 8 janvier 2014

0035-3787/$ – see front matter

# 2013 Elsevier Masson SAS. Tous droits reserves.

http://dx.doi.org/10.1016/j.neurol.2013.05.009

Myelite transverse aigue revelatriced’un neurobehcet

Acute transverse myelitis revealingneurobehcet disease

1. Observation 1

Mme B.N., a gee de 32 ans, ayant des antecedents d’aphtoses

bipolaires recidivantes a raison de trois aphtes par mois,

presentait depuis deux mois une lourdeur des quatres

membres d’allure aggravante, compliquee d’une retention

aigue des urines trois jours avant son hospitalisation. A

l’admission, elle etait consciente avec un bon etat general.

L’examen cutaneo-muqueux trouvait des aphtes buccaux

evolutifs et des lesions de pseudofolliculites au niveau du dos

(Fig. 1). Le test pathergique etait negatif. L’examen neurolo-

gique trouvait un syndrome tetrapyramidal. L’examen

ophtalmologique etait normal. L’etude du liquide cephalora-

chidien comprenant la cytochimie et l’electrophorese des

protides trouvait une meningite lymphocytaire avec 120 ele-

ments/mm3 ; une hyperproteinorachie a 0,5 g/L et une

glycorachie normale. Les serologies syphilitiques et HIV

etaient negatives. Le bilan immunologique, notamment les

anticorps anti-nucleaires, anticorps anti-SSA, anticorps anti-

r e v u e n e u r o l o g i q u e 1 7 0 ( 2 0 1 4 ) 1 4 0 – 1 5 0144

de l’enfant a propos de 2 observations. Ann Pediatr1997;44:261–6.

Sm, ainsi que le dosage de l’enzyme de conversion de

l’angiotensine etaient negatifs. L’imagerie par resonance

r e v u e n e u r o l o g i q u e 1 7 0 ( 2 0 1 4 ) 1 4 0 – 1 5 0 145

ran

magnetique (IRM) avait montre une lesion medullaire cervi-

cale etendue, qui apparaıt en hyposignal T1 et en hypersignal

T2 (Fig. 2). L’IRM encephalique avec angiographie etait

normale. Le diagnostic de myelite aigue en rapport avec le

neurobehcet etait retenu sur la base des criteres [1] et l’aspect

etendu des lesions medullaires a plus de trois vertebres. La

patiente fut traitee par methylprednisolone 1 g en bolus

intraveineux relaye par voie orale et des bolus mensuels de 1 g

de cyclophosphamide pendant un an. L’evolution fut marquee

Fig. 1 – Lesions de pseudofolliculites localisees au niveau

du dos.

Fig. 3 – IRM medullaire en coupe sagittale, sequence T2, mont

C3 et C5 a C7 (A) et au niveau dorsal (B).

par la remission totale des tetraparesies, ainsi que les troubles

sphincteriens.

2. Observation 2

Mons. B.A., age de 30 ans, ayant des antecedents d’aphtoses

bipolaires recidivantes a raison de deux aphtes par mois et

suivi en ophtalmologie depuis l’a ge de 23 ans pour pathologie

Fig. 2 – IRM medullaire cervicale, coupe sagittale en

sequence T2, montrant une lesion en hypersignal etendue

au niveau de la moelle cervicale de C3 a T1.

t une lesion etendue en hypersignal au niveau cervical C1 a

r e v u e n e u r o l o g i q u e 1 7 0 ( 2 0 1 4 ) 1 4 0 – 1 5 0146

oculaire non documentee. Il fut hospitalise en neurologie en

fevrier 2011 pour une lourdeur des deux membres inferieures

associees a des troubles sphincteriens a type d’incontinence

urinaire et anale. A l’admission, il etait conscient avec un bon

etat general. L’examen cutaneo-muqueux trouvait des cica-

trices d’aphtes au niveau buccal et genital. L’examen

neurologique trouvait un syndrome tetrapyramidal et un

niveau sensitif D12. L’examen ophtalmologique avait montre

une uveite posterieure. Le test pathergique etait negatif.

L’etude cytologique et chimique du liquide cephalorachidien

etait sans anomalie. Le reste du bilan dont l’intradermoreac-

tion a la tuberculine, les serologies HIV et syphilitiques, ainsi

que le bilan immunologique etaient negatifs. L’imagerie par

resonnance magnetique (IRM) avait montre une image intra

medullaire, en hyposignal T1 et en hypersignal T2, etendue au

niveau medullaire cervical et dorsal (Fig. 3). L’IRM encepha-

lique avec angiographie etait normale. Le diagnostic du

neurobehcet dans sa forme medullaire etait retenu [1] et le

patient fut traite par methylprednisolone 1 g en bolus

intraveineux relaye par voie orale associe a des bolus

mensuels de 1 g de cyclophosphamide pendant un an.

L’evolution fut marquee par la disparation totale des troubles

sphincteriens, ainsi que les signes de claudications medul-

laires intermittentes.

3. Discussion

L’atteinte neurologique au cours de la maladie de Behcet (MB)

est bien documentee. La meningo-encephalite et la thrombose

veineuse cerebrale en sont les presentations les plus

communes ; mais une myelite transverse isolee est rarement

decrite [2]. Nous rapportons deux cas de myelites transverses

aigues revelatrices de la maladie de Behcet. Les myelites

transverses aigues du neurobehcet sont rares, elles repre-

sentent 14 % des neurobehcets [2]. Seuls, huit cas de myelites

transverses aigues du neurobehcet bien documentees radio-

logiquement ont ete decrits dans la litterature [3]. Chez nos

deux patients, l’IRM avait montre des lesions medullaires

etendues depassant trois vertebres avec une IRM encepha-

lique normale [3,4]. Le caractere etendu de ces lesions

medullaires pourrait expliquer les troubles sphincteriens

observes chez nos patients [4]. L’a ge d’apparition de la myelite

chez nos deux patients etait coherent avec les donnees de la

litterature [5]. Il n’existe aucun consensus therapeutique etabli

pour les myelites du neurobehcet. Toutefois, la corticotherapie

a forte dose intraveineuse a ete rapportee comme etant

efficace dans les formes aigues ou subaigues [3]. Nos deux

patients avaient recu un double bolus de methylprednisolone

associe a la cyclophosphamide pendant un an avec une nette

amelioration.

Sous traitement, l’evolution des myelites du neurobehcet

se fait vers la regression des sympto mes, cela impose une prise

en charge therapeutique precoce.

Declaration d’interets

Les auteurs declarent ne pas avoir de conflits d’interets en

relation avec cet article.

r e f e r e n c e s

[1] International Study Group for Behcet’s disease. Criteria fordiagnosis of Behcet’s disease. Lancet 1990;335:1078–80.

[2] Yesilot N, Mutlu M, Gungor O, Baykal B, Serdaroglu P, Akman-Demir G. Clinical characteristics and course of spinal cordinvolvement in Behcet’s disease. Eur J Neurol 2007;14:729–37.

[3] Takechi U, Okada K, Uozumi T, Tsuji S. Longitudinallyextensive spinal cord lesion in a case of Neuro-Behcetdisease. Rinsho Shinkeigaku 2008;48:48–51.

[4] Jiro F, Kazuyuki N, Kenji F, Toshiyuki T2, Nobutaka H,Yasuyuki O. Subacute longitudinal myelitis associated withBehcet’s disease. Inter Med 2010;49:343–7.

[5] Ashjazadeh N, Borhani Haghighi A, Samangooie S, MoosaviH. Neuro-Behcet’s disease: a masquerader of manifestationsof Behcet’s disease in 96 Iranian patients. Exp Mol Pathol2003;74:17–22.

M. Albakaye*

S. Zahlan

N. Louhab

N. Adali

N. Kissani

Service de neurologie, faculte de medecine de Marrakech,

universite Cadi-Ayyad, CHU Mohammed VI, hopital Ibn-Tofail,

40000 Marrakech, Maroc

*Auteur correspondant.

Adresse e-mail : [email protected] (M. Albakaye)

Recu le 8 avril 2013

Recu sous la forme revisee le 1 juin 2013

Accepte le 4 juin 2013

Disponible sur Internet le 10 janvier 2014

0035-3787/$ – see front matter

# 2013 Elsevier Masson SAS. Tous droits reserves.

http://dx.doi.org/10.1016/j.neurol.2013.06.007

Abces cerebral a Cladophialophorabantiana : un cas metropolitain avecsurvie prolongee

Cladophialophora bantiana brain ab-scess: A case with long survival inmetropolitan France

1. Cas clinique

Un homme de 74 ans fut admis en 2010 pour des signes focaux

droits rapidement progressifs. Il presentait pour antecedents

une tuberculose pulmonaire (2008), un adenocarcinome

prostatique traite par chirurgie, radiotherapie et hormono-

therapie interrompus en 2005, et un lymphome gastrique a

grandes cellules traite en 1997 par radiotherapie locale de


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