Techniques, décors et patrimoine. Nécessités et limites d’intervention • Auditorium des Moulins de Beez (Namur) • Jeudi 18 octobre 2018 • p. 106
J O U R N É E D ’ É T U D Eorganisée par l’Agence wallonne du Patrimoine et le Comité Patrimoine et Histoire de la FABI
TECHNIQUES, DÉCORS ET PATRIMOINENÉCESSITÉS ET LIMITES D’INTERVENTION
AUDITORIUM DES MOULINS DE BEEZ (NAMUR – BELGIQUE)JEUDI 18 OCTOBRE 2018
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JOURNÉE D’ÉTUDETECHNIQUES, DÉCORS ET PATRIMOINENÉCESSITÉS ET LIMITES D’INTERVENTION
PROGRAMME DU VENDREDI 18 OCTOBRE 2018
Président de séance : Patrick Hoffsummer, Archéologue et Historien de l’art, Professeur,
ULiège ; Président du Master de spécialisation conjoint en
conservation et restauration du patrimoine culturel immobilier
8h30 Accueil des pArticipAnts
9h Introduction par Jean Plumier, Inspecteur général de l’Agence wallonne du Patrimoine
(AWaP), et Michel Provost, Président du Comité Patrimoine et Histoire de la FABI
9h10 Interactions décors et techniques. Nécessités et limites d’intervention sur des biens
classés. Jacques Barlet, Architecte, Historien de l’art et Archéologue, Chargé de missions,
AWaP
9h25 Lumière et chaleur. L’apparition et le développement du confort moderne dans les
intérieurs (XIXe-XXe siècles). Vincent Heymans, Historien de l’art, Ville de Bruxelles, ULB
10h25 Acoustique et Patrimoine : entre conciliation et contradiction. Jean-Christophe Rolland,
Associé, Bureau ATS, Ingénieurs conseils en acoustique
10h55 pAuse-cAfé
11h10 La salle académique de l’Université de Liège. Restauration et pertinences techniques
(1824-2005). Alain Dirix, Ingénieur-architecte, Architecture Alain Dirix
11h40 La ventilation naturelle originelle et la ventilation actuelle de l’Hôtel van Eetvelde de Victor
Horta (Bruxelles – 1895-1901). Barbara van der Wee, Architecte, RLICC KU Leuven &
Filip Descamp, Ingénieur-architecte, Daidalos-Peutz, VUB
12h10 La ventilation naturelle dans un projet d’Antoine Pompe (Saint-Gilles-lez-Bruxelles –
1910). Jérémy Brakel, Ingénieur-architecte, Associé Architectures Parallèles
12h30 Questions – réponses
12h45 lunch
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14h La restauration de l’Aegidium et de ses lumières (Saint-Gilles-lez-Bruxelles – 1905).
Francis Metzger, Architecte, Metzger et Associés Architecture ; Responsable académique
de l’Executive Master en Patrimoine architectural ULB-VUB
14h30 L’intégration des techniques dans la restauration de l’Opéra royal de Wallonie (Liège –
1820-2012). Yves Jacques, Ingénieur-architecte & Philippe Kessels, Ingénieur-architecte,
Architectes Associés S.A. et Techniques générales et Infrastructures S.A.
15h La restauration du Musée royal de l’Afrique centrale, intégration des techniques
contemporaines (Tervuren – 1908). Robin Engels, Ingénieur-architecte, Associé Origin
Architecture & Engineering
15h30 pAuse-cAfé
15h45 Utilisation des technologies d’acquisition 3D comme support à la compréhension
matérielle de certains décors en partant du cas de l’oratoire de Germigny-des-Prés
(France). Pierre Hallot, Chargé de Cours, UR Art Archéologie et Patrimoine, ULiège
16h05 L’analyse des matériaux : une mission de l’ISSeP au service du patrimoine (l’exemple de
l’étude préalable à la restauration des mosaïques en plaquettes de verres plats du lycée
Léonie de Waha à Liège – 2016). Dominique Bossiroy, Géologue, Attaché scientifique,
ISSeP
16h25 Entre tradition et modernité. La cour royale de Tiébélé, préservation et valorisation de
décors exceptionnels au Burkina Faso. Stéphanie Bonato, Coordination des projets de
coopération internationale, Direction du Développement stratégique, AWaP
16h55 Créations d’artistes intégrées au patrimoine classé. Jacques Barlet, Architecte, Historien
de l’art et Archéologue, Chargé de missions à l’AWaP
17h05 Questions – réponses
17h20 Conclusion par Patrick Hoffsummer, Président de séance
17h30 drink de clôture
Les textes engagent la seule responsabilité des auteurs.
Retrouvez les actes en version couleur sur le site de l’AWaP :
www.awap.be
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JOURNÉE D’ÉTUDETECHNIQUES, DÉCORS ET PATRIMOINENÉCESSITÉS ET LIMITES D’INTERVENTION
Au cours de cette journée consacrée à « Techniques, décors et Patrimoine » deux thématiques seront
abordées.
La première concerne les équipements du bâtiment (chauffage, ventilation, éclairage…). Après un exposé relatif
à l’histoire du confort et donc à celle de ces équipements, six bureaux d’architecture nous présenteront des
exemples de réalisation en mettant l’accent sur cette problématique. Il sera notamment question de réutilisation
ou de remplacement du matériel ancien parfois obsolète, d’interaction avec les décors, de difficulté de mise en
place de techniques contemporaines… Sans oublier l’impact de l’adaptation aux nouvelles normes de sécurité
notamment dans le domaine de la protection au feu des bâtiments publics. Nous y avons également ajouté un
exposé relatif aux aspects acoustiques. En effet les solutions apportées dans ces cas interagissent avec les
décors, la problématique est donc comparable.
Toutes ces interventions, parfois inévitables, sont susceptibles d’altérer l’unité des décors dont on vise par
ailleurs à pérenniser l’image matérielle. Interaction décors/techniques, source de conservation ou de destruction
du second œuvre du Patrimoine est l’enjeu même des réflexions de ce jour.
Ce domaine des équipements techniques appliqués au patrimoine, bien qu’apparaissant dans chaque projet,
a été relativement peu abordé jusqu’ici. Il est extrêmement vaste tant par les techniques que par les époques
concernées. Pour ne pas nous éparpiller pour cette première journée consacrée à ce thème, nous nous sommes
limités à des bâtiments de la période allant du début du 19e siècle à la Première Guerre mondiale
La seconde thématique concerne la technique au service de l’analyse des décors en vue de leur restauration.
Les méthodes d’investigations de plus en plus précises, notamment en matière de relevés, sont susceptibles
d’informer ou de confirmer les connaissances antérieurement acquises et d’étayer une remise en question critique
de l’authenticité des décors. Ainsi, par exemple, Le relevé de l’abside de l’oratoire carolingien de Germigny-
des-Prés a permis de mettre en évidence la succession des interventions matérielles réalisées jusqu‘ici.
Nous clôturerons cette journée par deux exposés dans lesquels la technique est moins présente : l’un consacré
à la préservation et à la valorisation de décors exceptionnels au Burkina Faso et l’autre aux créations d’artistes
intégrées au patrimoine classé.
Michel Provost,
Président du Comité Patrimoine et Histoire de la FABI
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JOURNÉE D’ÉTUDETECHNIQUES, DÉCORS ET PATRIMOINENÉCESSITÉS ET LIMITES D’INTERVENTION
JAcQues BArletArchitecte – Historien de l’Art et Archéologue
Expert auprès de l’IPW et Formateur Paix-Dieu jusqu’au 31.12.2017
Chargé de mission à l’AWaP depuis le 01.01.18
2009 – 2018 Chargé de mission IPW-AWaP/WBI en Palestine pour la gestion des chantiers à
Birzeit, Ramallah, Bethlehem, Gaza et Qalandiya
Enseignant dans le cadre du Master de spécialisation conjoint en conservation
restauration du patrimoine culturel immobilier
2006 Chargé de cours honoraire à la Fac de Sciences appliquées de l’ULg ;
Conservation et restauration du Patrimoine
2002 Président honoraire CRMSF Région Wallonne
2002 Professeur émérite à l’I.S.A
Composition architecturale
Conservation et restauration du patrimoine culturel immobilier
1973-1976 Expert consultant auprès du Conseil de l’Europe
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JOURNÉE D’ÉTUDETECHNIQUES, DÉCORS ET PATRIMOINENÉCESSITÉS ET LIMITES D’INTERVENTION
JAcQues BArlet
RéflExIONs lIMINAIREs
L’évolution des techniques spéciales et leur utilisation sur des biens classés nécessitent d’évaluer leur
impact sur la conservation des décors lorsque ceux-ci ont été expressément conçus pour intégrer les
techniques en usage à l’époque. Lorsque l’élément de décor concourt à l’unité de la composition, il doit être
maintenu, y compris s’il a perdu sa fonction.
Dans le cas contraire, il peut faire l’objet d’une adaptation technique à condition que celle-ci n’altère pas
l’aspect de l’élément lui-même ni la cohérence de l’ensemble du décor ;
La fonction originelle de l‘élément doit parfois être repensée ; dans ce cas, la restauration intégrera
idéalement des techniques nouvelles, si celles-ci s’avèrent plus aptes à assurer la conservation pérenne de
l’ensemble du décor.
L’évolution des méthodes scientifiques et techniques d’investigation, notamment en matière de relevés,
et leur interdisciplinarité élargissent notablement la connaissance du monument, préalablement à
toute intervention matérielle. C’est ainsi que le relevé de la voûte en cul de four de l’abside de l’église
carolingienne de Germigny-les-Prés par Pierre Hallot a permis d’affiner la connaissance de la mosaïque qui
la décore, notamment d’identifier les interventions successives.
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chAuffAGe-VentilAtion
• CHIMAY, Théâtre du château des Princes de Chimay, arch.
Cambon, 1863 –Rest. F. de Baere de Clercq, D. Menchior,
1991 (Pat. exc. 1993)
Grande rosace du plafond, en bois, ajourée et polychrome,
composée de huit éléments permettant la circulation de l’air et
couchée d’un décor en trompe-l’œil.
Déposée en raison de son état d’infestation, la rosace est une
réplique à l’identique.
• LIEGE, Société littéraire, fondée en 1779 par le Prince-
Evêque F. Ch. de Velbrück, arch. J.B. Renoz,
1787-Incendiée en 1859 – Rest. arch.L. Demany, 1860 et
J. Carpey (décors peints des salons), 1862 Rest. p. HD,
2004 (Pat.exc. 2003)
Plafond du petit salon, toile peinte circulaire –comme dans
le grand salon, quatre écoinçons ornés d’entrelacs en métal
découpé dissimulent des bouches d’aération.
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• BRUXELLES, Maison Horta, 1898-Rest. B. Van der Wee,
(Pat. Unesco)
Radiateur à ailettes du vestibule initialement à la vapeur –pose
d’un réseau à l’eau à l’intérieur du radiateur pour le raccorder
au réseau général, 2005
eclAirAGe
• LIEGE, Société littéraire
Lustres des salons attribués à Van Marcke (ou Paris, 1860)
Rest. à l’identique, arch. p. HD., 2004
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• LIEGE, Forum, arch. J. Lejaer, 1922/24 (Pat. exc. 1992)
– Rest. H. Natowitz, P. Sauveur, 1989
- 15000 ampoules (initialement, directement serties dans le staff
par 90kms de fil !) – Alimentation B.T. 12 Volts
- caissons de plafonds décorés de vitraux : remplacement des
ampoules par une double rangée de T.L. pour réduire le coût de
la maintenance.
- Rest. de la dernière configuration du parterre de la salle
ramenée de 996 à 816 places. Rest. Triangle Architecture,
2003.
• BRUXELLES, Maison Horta, 1898 – Rest. B. Van der Wee,
lustres dessinés par V. Horta pour la salle à manger,
modifiés par J. Delhaye, partiellement reconstitués par B.
Van der Wee en laiton et équipés de LED, 2016
AcoustiQue
• LIEGE, Conservatoire, arch. L. Demany, 1886 (Pat. class.)
Rest. Triangle Architecture, 2000
Amélioration de l’acoustique
L’équipement prévu a tenu compte des décors peints des murs
de scène, exécutés sur base des huiles sur panneaux données
par Ed. Scauflaire en 1952 et de l’installation de l’orgue de P.
Schyven en 2005.
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Diffuseurs acoustiques de scène RPG réalisés en MDF (dim.
120x60x10 et 60x60x10) de type QRD (Quadratic Residue
Diffusors), pivotables de 90°, installés latéralement et en fond
de scène, selon les impératifs de la programmation musicale de
l’Orchestre Philharmonique de Liège.
norMes de securite
• LIEGE, Bains de la Sauvenière, arch. G. Dedoyard, 1938
(Pat. class.)
Réaffectation en Cité Miroir pour l’asbl MNEMA, Rest. Triangle
Architecture, 2015
Afin de répondre aux exigences des nouvelles normes relatives
à la hauteur des gardes corps des bâtiments publics, les
anciennes structures métalliques ont été équipées de glaces
pour conserver le caractère architectural d’origine (type
« Bauhaus ») et les courbes des extrémités des gradins
longitudinaux de style « Paquebot ». Vitrages droits (Stadip
10mm Planilux Securit – 4PVB 6mm) et les courbes (Stadip
8mm) fixés aux montants verticaux des gardes corps
métalliques par des attaches les en écartant légèrement. Les
protections transparentes garantissent la vue vers l’espace
d’exposition et renforcent la légèreté de l’intervention par leurs
reflets changeant « mémoire de l’eau ».
• LIEGE, Institut du Génie civil de l’ULg, arch. J. Moutschen,
1937
Reconversion en espaces d’activités économiques (SPI),
Rest. A. Baumans, Deffet et Architecture Alain Dirix, 2016
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Mise aux normes de hauteur de la main courante des escaliers.
Une fine lisse de rehausse, de section cylindrique en métal noir,
épouse le tracé de la main courante d’origine, mais dans un
plan parallèle, extérieur à celle-ci.
Ce discret ajout « de conformité » est porté par de délicates
potences, elles-mêmes fixées par des colliers aux montants du
garde corps.
Depuis l’intérieur de l’escalier, la perception de la composition
d’origine du garde-corps reste intacte. Depuis le jour de
l’escalier, la position de la nouvelle lisse en avant-plan est
visuellement neutralisée par le contre-jour dispensé par les
vastes baies.
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JOURNÉE D’ÉTUDETECHNIQUES, DÉCORS ET PATRIMOINENÉCESSITÉS ET LIMITES D’INTERVENTION
Vincent HEYMANS
Licencié en histoire de l’art et Archéologie, docteur en philosophie et lettres.
Coordinateur de la Cellule Patrimoine historique de la Ville de Bruxelles – Département Patrimoine Public.
Professeur d’histoire de l’architecture à l’Université libre de Bruxelles, à l’École Nationale supérieure des Arts
Visuels de La Cambre et à l’École supérieure des Arts les Arts2 à Mons.
Conférencier et auteur de divers ouvrages et articles relatifs à l’histoire de l’architecture, et notamment aux
intérieurs historiques.
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JOURNÉE D’ÉTUDETECHNIQUES, DÉCORS ET PATRIMOINENÉCESSITÉS ET LIMITES D’INTERVENTION
Vincent HEYMANS
titre :
lUMIèRE ET ChAlEUR.l’APPARITION ET lE DéVElOPPEMENT DU CONfORT MODERNE DANs lEs INTéRIEURs.
Auteur :
Vincent Heymans
références :
Historien de l’architecture
Mots-clés :
Confort
Techniques spéciales
Intérieurs
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ABstrAct :
Bien que nous étant familière, la notion de confort n’est pas antérieure au XIXe siècle. Elle résulte,
notamment d’une série d’avancées technologiques majeures, dont nous expérimentons encore les effets au
quotidien.
Les problématiques de l’éclairage et du chauffage constituent un enjeu majeur dans cette conquête
du confort. Prises réellement en considération dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, elles ont
progressivement donné lieu à la conception et à l’installation d’équipements, d’abord mobiles puis fixes,
dans les intérieurs à partir du XIXe siècle. Ces équipements ont à leur tour influencé en profondeur la
conception de l’architecture.
texte :
1. Delaflammeàl’interrupteur:l’éclairagedomestiqué
À l’origine, le feu chauffe et éclaire à la fois ; il permet en outre de cuisiner, il offre une protection et fournit
l’énergie nécessaire à nombre d’activités artisanales. L’histoire du confort trouve en grande partie ses
origines dans le processus de spécialisation progressive des usages de la flamme, le premier à se détacher
étant l’éclairage, dès la préhistoire grâce à des ustensiles dédiés à cet usage. Cette situation va perdurer,
sans changement majeur, jusqu’à la fin de l’Ancien Régime et il faudra attendre le XVIIIe siècle pour voir
les modes d’éclairage évoluer, sur base des nouvelles connaissances en physique et en chimie et sous la
pression de l’industrie naissante, exigea nt de la lumière pour des durées et dans des espaces plus grands.
Le combustible qui permettra la révolution la plus radicale en matière d’éclairage depuis le début de l’histoire
de l’humanité est le gaz.
Les premiers travaux sur la distillation du gaz et les premiers essais à des fins d’éclairage remontent à la
fin du XVIIIe siècle. Mais il faut attendre le début du XIXe siècle pour en voir l’usage effectif, d’abord dans
l’espace public : en 1807 à Londres et en 1819 à Bruxelles. Ensuite, il sera mis en œuvre dans les édifices
publics avant d’être distribué aux premiers abonnés : vers 1840 à Paris et en 1875 à Bruxelles (ill. 01).
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L’éclairage au gaz offre à l’utilisateur une qualité de lumière jusqu’alors inconnue : froide, relativement
régulière, puissante et réglable. La maison est désormais raccordée à un réseau de distribution dont l’autre
extrémité est l’usine de production du combustible, ce qui constitue une révolution dans les modes de
vie, comparable à celle qui s’est déroulée peu auparavant avec la généralisation de la distribution d’eau à
domicile. Jusqu’alors mobiles, les lampes deviennent fixes, formant l’extrémité privée du réseau commun.
Par contre, il suffira d’un simple geste pour disposer de la source lumineuse de laquelle il est désormais
possible de s’écarter en raison de sa puissance.
Si le gaz s’avère coûteux, potentiellement dangereux et polluant, ses remarquables qualités l’emportent sur
ses défauts et lui permettent de s’imposer comme le nouveau mode d’éclairage duquel il n’est plus possible
de se passer. Pourtant, il ne conservera pas longtemps son monopole de source moderne d’énergie.
Les premières recherches relatives à l’utilisation pratique de l’électricité remontent au début du XIXe siècle.
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Thomas Edison commercialise son
ampoule à incandescence en 1881,
oublieux d’autres inventeurs moins
roués que lui, l’ayant précédé de
plusieurs décennies. Ces premières
ampoules diffusent une lumière très
faible, pourtant jugée aveuglante
par ses contemporains, sans
doute en raison de sa nouveauté
et de l’impossibilité d’en modifier
l’intensité (ill. 02). Les recherches relatives à la nature des filaments incandescents, qui mèneront au choix
du tungstène vers 1900, représentent le progrès ultime de ce type d’éclairage, dont le marché se satisfera
jusqu’à la fin du XXe siècle.
Comme le gaz, et sur son modèle, l’éclairage électrique impose le développement de réseaux centralisés de
production et de distribution auquel les utilisateurs sont branchés et dont ils bénéficient par abonnement. Les
premières centrales de production apparaissent à
Londres et New York en 1882, durant la décennie
suivante dans d’autres grandes villes. À Bruxelles,
la production débute en 1893, suite à la mise sur
pied d’une régie communale l’année précédente.
L’électricité pénètre progressivement chez les
particuliers au cours de la dernière décennie du
siècle, dans les pièces de réception puis à travers
le reste de la maison, d’autant plus aisément que
le gaz avait préparé les mentalités (ill. 03). Le
passage du gaz à l’électricité est donc à considérer
comme une progression technologique plutôt que
comme une rupture, même si l’éclairage électrique
doit à son tour surmonter les craintes et les
préjugés des utilisateurs.
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Pourtant, le changement d’énergie a des
conséquences importantes. Le gaz avait libéré
l’utilisateur de la mèche et de son entretien,
l’électricité le libère désormais de la flamme elle-
même. Désormais, la lumière est emprisonnée
dans des ampoules de verre isolées de
l’atmosphère ambiante qu’elles ne modifient
pas, à l’exception d’une légère augmentation
de température. Ces sources lumineuses d’un
nouveau genre peuvent être réparties librement
dans des luminaires qui dispensent une clarté
abondante et régulière, disponible d’un simple
mouvement opéré à distance, au moyen un
interrupteur (ill. 04).
En outre, l’installation électrique autorisera l’usage
d’appareils électro-ménagers à brancher dans des prises, ce que ne permettait pas le gaz.
2. Thermodynamique appliquée ; le chauffage intégré
L’histoire du chauffage est plus confuse que celle de l’éclairage et se prête moins aisément à un récit
linéaire. Des modes de chauffage très différents coexisteront longuement, y compris à l’intérieur d’une même
maison, alliant des traditions séculaires à des technologies modernes.
L’homme fait du feu depuis la préhistoire mais il n’en comprend le processus physico-chimique que depuis
peu. Il faut attendre les travaux sur la combustion à la fin du XVIIIe siècle, puis l’étude du transfert des
énergies par la calorimétrie, préfigurant la naissance de la thermodynamique dans la seconde moitié du
XIXe siècle, pour que les notions de « chaleur » et de « température » cessent d’être appréhendées de
manière intuitive.
À l’origine, on fait du feu à l’air libre mais l’intérêt de l’allumer à l’intérieur des habitations s’impose
rapidement. D’abord disposé au centre du logis, sous une simple ouverture dans la toiture, le feu est
repoussé le long d’un mur contre lequel est aménagé un âtre, surmonté d’une hotte raccordée à un
conduit destiné à l’évacuation des fumées. Ce mode de chauffage restera quasiment inchangé jusqu’à
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la Renaissance. Il sera remplacé par des
cheminées moins encombrantes à partir des
XVIIe-XVIIIe siècle, dont le modèle survivra jusqu’à
l’entre-deux-guerres (ill. 05).
Le feu ouvert dans la cheminée permet de cadrer
les fonctions dans la pièce, de diminuer les risques
d’accidents et procure une forme architecturale au
foyer. Mais son rendement est très faible, il impose
un entretien et une surveillance permanents, il
enfume le logement et ne permet aucun réglage.
Lorsqu’il est éteint, la cheminée produit un courant
d’air que l’on combat avec des systèmes de
trappes.
Malgré de nombreuses tentatives d’amélioration des cheminées ouvertes, le progrès viendra de la maîtrise
de la combustion dans une enceinte fermée. Après des millénaires de liberté, le feu de chauffage est
désormais enfermé dans un appareil spécifique. De ce fait, il perd sa fonction d’éclairage au seul profit de
son pouvoir calorifique.
Le principe du poêle est connu depuis des millénaires puisqu’il ne diffère pas sensiblement des fours
d’usage utilitaire, artisanal puis proto-industriel.
Pourtant, il n’apparaît dans les logements,
qu’à partir du XVIe siècle, dans le nord et l’est
de l’Europe. On en trouve mention dans nos
régions depuis la première moitié du XVIIe siècle.
Assez fréquent vers 1830, il se généralisé dans
les années 1860. Contrairement à la cheminée
à feu ouvert, le poêle se prête à une infinité
d’améliorations techniques. D’abord lente, son
évolution devient fulgurante au XIXe siècle, pour
culminer avec les appareils à double enveloppe
et feu continu, tels que le poêle américain et la
salamandre française (ill. 06).
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Mais l’installation de poêles dans
les cheminées ne supprime pas la
présence de multiples foyers et donc
d’un phénomène de combustion
dans les pièces, imposant la
multiplication d’opérations d’entretien
salissantes et dangereuses. Apparu
au début du XIXe siècle, le chauffage
central semble offrir une solution à ce
problème puisqu’il ne nécessite plus
qu’un seul foyer pouvant, en outre, être éloigné des pièces de vie (ill. 07). L’énergie fournie par la chaudière
est conduite vers les locaux à chauffer par la circulation d’un courant d’air, plus tard de vapeur et finalement
d’eau. Mais son coût exorbitant, les exigences de gestion et d’entretien et son faible rendement confinent
son usage à des édifices publics. À la fin du siècle, le chauffage central s’impose enfin comme une étape
essentielle dans la progression vers le confort moderne, comparable à l’avènement des réseaux – eau, gaz
et électricité – qui lui sont relativement contemporains. Mais à l’inverse de ceux-ci, le réseau de chauffage ne
dépasse que rarement l’échelle du logement : la
source de production se trouve dans la maison ou
l’appartement et alimente un seul bâtiment.
Lié à ce nouveau système, le radiateur constitue
l’évolution ultime de la séparation entre le feu et
ses effets : avec lui, le lien direct entre flamme et
chaleur est brisé. À terme, sa généralisation dans
les intérieurs va également causer la disparition
de la cheminée, devenue inutile et dès lors jugée
encombrante (ill. 08).
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3. Traces
Les progrès techniques en matière de confort, principalement réalisés dans la seconde moitié du XIXe siècle,
ont révolutionné les modes de vie. En une génération, les habitants sont passés d’un logement dépourvu
de tout équipement autre que mobilier à une maison irriguée par des réseaux complexes et efficaces.
L’éclairage moderne, au gaz puis à l’électricité, les a affranchis du rythme journalier et saisonnier de la
lumière solaire. Le chauffage central lui ont offert une maîtrise du climat encore inimaginable au début du
siècle.
Ces progrès ont occasionné l’obsolescence rapide de techniques, de savoirs et de gestes répétés depuis
des siècles.
Les traces matérielles de ces premières installations modernes tendent à disparaître à leur tour, à l’occasion
de chantiers de modernisation (ill. 09) (ill. 10).
Il s’agit donc d’en étudier les parties encore conservées, de les documenter et ne pas les démanteler
systématiquement, afin de préserver un témoignage d’une réalité technologique passée.
léGendes des illustrAtions :
Ill. 01
Plan de l’implantation d’une installation de gaz d’éclairage.
Lors de sa reconstruction, cette maison est dotée d’une installation complète d’éclairage au gaz.
Bruxelles, 1901.
Archives de la Ville de Bruxelles.
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Ill. 02
Ampoules électriques à incandescence.
Collection d’ampoules électriques des premières années de la production.
Haarlem (Teylers Museum), 1881-1882.
Photo de l’auteur.
Ill. 03
Remplacement d’un réseau par un autre, sans démontage.
Dans cette cave d’une maison particulière, le réseau original d’éclairage au gaz a été remplacé par une
installation électrique.
Bruxelles, 1901.
Photo O. Berckmans.
Ill. 04
Interrupteur standard en bakélite.
La bakélite était appréciée pour sa solidité et ses propriétés isolantes convenant parfaitement aux
installations électriques. Le système d’allumage-extinction est encore rotatif.
Bruxelles, 1926.
Photo de l’auteur.
Ill. 05
Chambre d’un hôtel de maître.
Porteuse d’une haute valeur décorative et symbolique, la cheminée classique avec conduit droit et manteau
en marbre survivra longtemps à son obsolescence fonctionnelle.
Bruxelles, 1907.
Photo de l’auteur.
Ill. 06
Publicité pour le poêle continu dit « Américain » de marque Crown-Jewell.
Le dispositif intérieur est détaillé dans la coupe avec son réservoir à charbon de grande contenance et son
système de double paroi.
Bruxelles, 1885.
Publicité d’époque.
Ill. 07
Détail d’un plan avec indication du calorifère à air chaud.
Cet hôtel de maître de la fin du XIXe siècle dispose d’un calorifère représenté sur les plans, au niveau du
sous-sol.
Techniques, décors et patrimoine. Nécessités et limites d’intervention • Auditorium des Moulins de Beez (Namur) • Jeudi 18 octobre 2018 • p. 23
Bruxelles, 1890.
Archives de la Ville de Bruxelles.
Ill. 08
Radiateur en fonte de salle à manger.
La partie supérieure de ce luxueux radiateur fait office de chauffe-plats. Le même genre de dispositif peut se
retrouver dans les salles de bains, pour les serviettes.
Mons, 1905.
Photo de l’auteur.
Ill. 09
Systèmes d’éclairage.
Le démontage des planchers a fait réapparaître les tuyaux du réseau de distribution du gaz et les gaines du
système électrique qui l’ont remplacé.
Bruxelles, 1876.
Photo de l’auteur.
Ill. 10
Vestige d’un calorifère à air chaud.
Très encombrants, les systèmes de chauffage central par convection ont été démantelés, au profit
d’installations plus modernes et efficaces. Quelques traces en subsistent parfois comme ce conduit oblique
qui reliait la chaudière à la colonne montante de distribution vers les étages.
Bruxelles, 1876.
Photo de l’auteur.
références illustrAtions dAns le texte :
Voir texte.
BiBlioGrAphie :
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Techniques, décors et patrimoine. Nécessités et limites d’intervention • Auditorium des Moulins de Beez (Namur) • Jeudi 18 octobre 2018 • p. 27
JOURNÉE D’ÉTUDETECHNIQUES, DÉCORS ET PATRIMOINENÉCESSITÉS ET LIMITES D’INTERVENTION
JeAn-christophe rollAnd
fORMATION
Ingénieur Civil Architecte (Université de Liège)
CARRIèRE
Depuis 2008 : ATS sprl (associé) – Bureau d’Ingénieurs en Acoustique et Traitement du Signal.
2005 – 2008 : Bureau d’Architecture NJDA (Liège).
DOMAINE DE COMPéTENCE
• Acoustique du bâtiment ;
• Acoustique de l’Environnement ;
• Mesures et modélisations acoustiques.
ExPéRIENCEs PROfEssIONNEllEs
• Acoustique du bâtiment
* Études acoustiques de grands projets immobilier (logements, bureaux, hôtels…) ;
* Conseils sur le choix des matériaux à mettre en œuvre : façades, châssis, vitrages, cloisons, dalles
flottantes, sélection de matériaux isolants, absorbants, diffuseurs,... ;
* Études acoustiques prévisionnelles : modélisations, simulations, cartographie acoustique.
• Acoustique environnementale
* Réalisation de mesures acoustiques in situ ;
Techniques, décors et patrimoine. Nécessités et limites d’intervention • Auditorium des Moulins de Beez (Namur) • Jeudi 18 octobre 2018 • p. 28
* Gestion et création de logiciels de visualisation et d’analyse statistique des mesures ;
* Études d’impact environnemental dans le cadre de demandes de permis d’exploitation,
modifications du relief du sol,... ;
* Études d’impact d’infrastructures existantes ou futures : axes routiers, aériens ou des voies ferrées ;
* Cartographie acoustique prévisionnelle ;
* Détermination et simulation informatique des solutions ;
* Contrôle des performances acoustiques des solutions mises en œuvre : calculs d’efficacité.
• Mesures et modélisations acoustiques
* réalisation de mesures in situ (bruits aériens, bruits de chocs, mesures en environnement, niveaux
NR…) ;
* modélisations acoustiques (cartographie 3D) en environnement – logiciel IMMI ;
* modélisations acoustiques de volumes fermés (salles, théâtres, auditoires…) – logiciel ODEON.
Techniques, décors et patrimoine. Nécessités et limites d’intervention • Auditorium des Moulins de Beez (Namur) • Jeudi 18 octobre 2018 • p. 29
JOURNÉE D’ÉTUDETECHNIQUES, DÉCORS ET PATRIMOINENÉCESSITÉS ET LIMITES D’INTERVENTION
JeAn-christophe rollAnd
ACOUsTIQUE ET PATRIMOINE : ENTRE CONCIlIATION ET CONTRADICTION
Cette présentation survolera les différentes problématiques acoustiques dans les bâtiments à haute qualité
patrimoniale.
Pour ce faire, elle abordera trois thèmes particuliers :
• Partie 1 : Les notions de base appliquée à l’acoustique ;
• Partie 2 : Le cadre acoustique légal en Belgique ;
• Partie 3 : L’application de ces éléments dans un projet de rénovation.
Dans le cadre de la partie 3 de l’exposé, il sera directement fait référence à des exemples concrets de
projets en cours ou finalisés, pour lesquels les études acoustiques ont influencé directement le design
architectural ainsi que les techniques de construction.
Techniques, décors et patrimoine. Nécessités et limites d’intervention • Auditorium des Moulins de Beez (Namur) • Jeudi 18 octobre 2018 • p. 30
Techniques, décors et patrimoine. Nécessités et limites d’intervention • Auditorium des Moulins de Beez (Namur) • Jeudi 18 octobre 2018 • p. 31
JOURNÉE D’ÉTUDETECHNIQUES, DÉCORS ET PATRIMOINENÉCESSITÉS ET LIMITES D’INTERVENTION
AlAin dirix
• Ingénieur Civil Architecte, diplômé de l’Université de Liège en 1976, Gérant de ARCHITECTURE ALAIN
DIRIX SCPRL.
• Membre de la Commission Royale des Monuments, Sites et Fouilles, depuis 1992, Chambre régionale,
Section Monuments.
ACTIVITÉS D’ENSEIGNEMENT
• 1990 . 2001 : Architecture & Techniques d’Architecture : Faculté des Sciences Appliquées de l’Université
de Liège.
• 1994 . 1995 : Composition Architectonique – Projets (2AR) : Faculté des Sciences Appliquées de
l’Université de Liège.
• 1996 . 2016 : Chargé d’enseignement d’architecture à l’Université de Mons : Direction de projets
Ingénieurs Civils Architectes.
• 2008 . 2016 : Chargé d’ennseignement « Méthodologie du projet de restauration » dans le cadre de
MCC.
ACTIVITÉS PROFESSIONNELLES D’AUTEUR DE PROJET
• Ir Architecte – Collaborateur du C.R.A.U. / U.L.G. • 1975-1978
• Ir Architecte – Collaborateur aux études et réalisations de l’Architecte Charles VANDENHOVE • 1979-
1990
• Ir Architecte en collaboration avec René GREISCH • 1995-1996, Bâtiment B52 Sciences appliquées au
Sart Tilman
• Ir Architecte – Chef de projet en charge des projets d’architecture du L.A.P.T. • 1990-2001, restauration
de la salle académique
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NOMBREUSES RÉALISATIONS, DONT LES PLUS RÉCENTES :
• Restauration et Aménagement du Donjon de Lizin à OUFFET • Bâtiment classé
• Espace Gentry – Rue du Mouton Blanc à LIÈGE
• Restauration de l’Hôtel de Copis, Rue Saint-Étienne à LIÈGE • Bâtiment classé
• Restauration des immeubles 3 & 5, Rue de Bex à LIÈGE • Bâtiments classés
• Restauration de l’Arvô et des Communs de l’Abbaye Saint-Remacle à STAVELOT, Galerie d’art
contemporain TRIANGLE BLEU • Bâtiment classé
• Restauration de l’immeuble Bacot & Cie – Immo Gentry SA, Rue Dartois 42 à LIÈGE . Bâtiment classé
• Restauration de la COMBLEN maison Art Nouveau 33, rue des Augustins à LIÈGE. Bâtiment classé
• Restauration de l’abbaye de la Paix-Dieu • Centre des Métiers du Patrimoine, Rue Paix-Dieu 1b à
Amay • Bâtiments et site classés
• Construction du nouvel hôpital psychiatrique AGORA, Montagne Sainte Walburge à LIÈGE.
• Restauration de l’ancienne brasserie et vide-bouteilles du couvent des Capucins, Montagne Sainte-
Walburge à LIÈGE – Bâtiment classé
• Restauration du Portail des Capucins, Montagne Sainte-Walburge à LIÈGE – Bâtiment classé
• Construction du nouvel hôpital du Valdor et restauration du bâtiment principal du XIXe s. « ISoSL – Site
Valdor » à LIÈGE
• Transformation de la MRS « LES TOURNESOLS » – Site Valdor à LIÈGE
• Valorisation urbaine des quartiers historiques de la ville de MONS [En collaboration avec ARCADUS]
• Valorisation urbaine et aménagement de la Grand’Place de la ville de MONS [En collaboration avec
ARCADUS]
• Requalification du Site du Val-Benoit à LIÈGE, Abords et bâtiments modernistes (Génie Civil – Chimie
Métallurgie – Centrale Chaufferie
[En association momentanée avec Baumans-Deffet & BELEMAIRE]
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RÉALISATIONS PRIMÉES
Espace Gentry . Salon de coiffure • Liège . 1992 . Prix de l’Urbanisme de la Ville de Liège, Prix du jury 1992.
Restauration & réaffectation de la Cour des Prébendiers • Liège . Prix de l’urbanisme de la Ville de liège .
Mention Patrimoine . 1998 .
Maison Bacot & Cie – Gentry • Liège . 2004 . Urbanisme de la Ville de Liège, Prix du Patrimoine, Prix de la
réhabilitaion d’immeuble, Prix du public, 2005.
Construction du nouvel hôpital du Valdor • Liège . Restauration & réaffectation des ailes conservées, Prix de
l’urbanisme de la Ville, 2007.
Intégration d’ateliers contemporains dans l’ancienne abbaye de la Paix-Dieu, IPW • Amay – BIENNALE
D’ARCHITECTURE DE WALLONIE 2010 GRAND PRIX D’ARCHITECTURE DE WALLONIE – Catégorie 3 –
Lieux de travail.
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JOURNÉE D’ÉTUDETECHNIQUES, DÉCORS ET PATRIMOINENÉCESSITÉS ET LIMITES D’INTERVENTION
AlAin dirix
La salle académique de l’Université de liège, classée patrimoine exceptionnel, a bénéficié d’une restauration
complète de l’ensemble des décors. La nécessité d’intevenir au préalable sur la structure même de l’édifice
a permis d’intégrer toutes les techniques spéciales requises pour faire de cette salle, datant de 1824, un
modèle de confort et de techniques de communication dignes du XXIe siècle.
Ainsi, toutes les techniques ont été renouvelées en se fondant principalement à l’arrière des décors, tant le
chauffage et la ventilation que les techniques d’éclairage, l’électricité et les techniques d’audio visuel.
De plus, le confort a été amélioré par l’installation de nouveaux sièges et la création d’un mobilier
contemporain spécifique, fonctionnel et esthétique.
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JOURNÉE D’ÉTUDETECHNIQUES, DÉCORS ET PATRIMOINENÉCESSITÉS ET LIMITES D’INTERVENTION
BArBArA VAN DER WEE Architecte, RLICC KU Leuven
filip DESCAMPIngénieur-architecte
Daidalos-Peutz, VUB
lA VENTIlATION NATUREllE ORIGINEllE ET lA VENTIlATION ACTUEllE DE l’hôTEl VAN EETVElDE DE VICTOR hORTA (BRUxEllEs – 1895-1901)
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JOURNÉE D’ÉTUDETECHNIQUES, DÉCORS ET PATRIMOINENÉCESSITÉS ET LIMITES D’INTERVENTION
JereMy BrAkel
Ingénieur civil architecte (Faculté Polytechnique de Mons – diplômé en 2006)
Ingénieur généraliste (École Centrale de Lille – diplômé en 2006)
Coordinateur sécurité et santé niveau B (formation AIFC)
ACTIVITÉS PROFESSIONNELLES :
Collaborateur indépendant au sein du Bureau Metzger et Associés Architecture – Ma² [08.2006>01.2010]
Collaborateur au sein de Vermillon, Bureau d’architecture, jardins et paysages [01.2005>01.2010]
Gérant de la SPRL Architectures Parallèles, [01.2010>à ce jour]
Sélection de divers projets :
Beffroi de Gembloux // Ville de Gembloux > Mise en valeur et en lumière // Culturel
Église Saint-Henri // Fabrique d’église St Henri > Restauration // Lieux de culte
Wafelaerts 53 // Institut Dalcroze > Restauration // Culturel
Château de Trois Fontaines // SPRB > Restauration // Culturel
Ferme Hof Ten Berg // Montessori > Restauration et réhabilitation // Scolaire
Hôtel de Flandre // Tetis s.a. > Restauration // Tertiaire
Le Logis – Menuiseries de 199 maisons // SLRB > Restauration // Logements
Le Falstaff // ABinbev > Restauration // Tertiaire
Le Grand Café // Cofinimmo > Reconstitution de la marquise // Tertiaire
Le Cirio // sa CIR > Reconstitution de la marquise et de l’intérieur // Tertiaire
Salons décorés d’un bâtiment historique // BNB > Restauration // Tertiaire
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Église Saints Martin et Adèle // Commune d’Orp-Jauche > Restauration // Lieux de culte
Louvain 38 // BNP Paribas > Restauration des façades // Tertiaire
Park Atrium // BNP Paribas > Restauration des façades // Tertiaire
Rue Marché aux Herbes 99 // Gesticonseil > Restauration // Commerce
Rue Marché aux Fromages 22 // Immo Van Erp > Restauration // Commerce
Rue au Beurre 28-30-32 // J. De Four > Restauration // Commerce
Rue Marché aux Herbes 9-11 // Gesticonseil > Restauration // Commerce
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JOURNÉE D’ÉTUDETECHNIQUES, DÉCORS ET PATRIMOINENÉCESSITÉS ET LIMITES D’INTERVENTION
JereMy BRAKEL
lA VENTIlATION NATUREllE DANs UN PROjET D’ANTOINE POMPE
Auteur :
Brakel Jeremy
ABstrAct :
Analyse du système de ventilation mis en place par Antoine Pompe dans son projet emblématique : La
clinique orthopédique du docteur Van Neck, et plus particulièrement des 6 cheminées de ventilation rythmant
la façade principale.
Mise en perspective des débits théoriques, des normes actuelles et de l’évolution du programme intégré au
bâtiment.
Mots-clés :
Antoine Pompe
Clinique
Système de ventilation
Techniques, décors et patrimoine. Nécessités et limites d’intervention • Auditorium des Moulins de Beez (Namur) • Jeudi 18 octobre 2018 • p. 40
lA VENTIlATION NATUREllE DANs UN PROjET D’ANTOINE POMPE
Bref historiQue :
Antoine Pompe (1873-1980)
Fils d’un modeste artisan-bijoutier bruxellois, Antoine Pompe fait ses études à l’Académie royale des beaux-
arts de Bruxelles avant de suivre une formation de dessin à la Kunstgewerbeschule de Munich.
Ses excellentes qualités de dessinateur lui valent une certaine notoriété, et des architectes de renom ont
fréquemment recours à lui.
Lorsqu’il revient à Bruxelles, il travaille comme dessinateur pour plusieurs architectes, dont Georges Hobé
et Victor Horta pour qui il trace les plans du pavillon du Congo pour l’Exposition universelle de 1900 à Paris
et auprès duquel il assiste au développement et au triomphe de l’Art nouveau qui vient de débarrasser
l’architecture belge de l’éclectisme pasticheur hérité du XIXe siècle.
Sa carrière d’architecte commence très tard (à l’âge de 35 ans) en tant qu’assistant de l’architecte Adhémar
Lener qui vient de remporter le concours organisé par la société « Les Grands Hôtels Belges S.A. » pour la
construction d’un hôtel de luxe à la place Rogier : le Palace Hôtel.
Et ce n’est qu’à 37 ans qu’il construit sa première œuvre personnelle, la clinique du Dr Van Neck qui
héberge aujourd’hui et ce, depuis 1978, l’Institut de Rythmique Jaques-Dalcroze de Belgique.
Il pratiquera un art fonctionnel, tout en recherchant le parfait équilibre entre commodité et esthétique. L’objet
doit être fonctionnel avant d’être décoratif, mais pas non plus complètement « nu » !
L’ancienne clinique du docteur Van Neck
L’ancienne clinique orthopédique est le résultat de la rencontre, dans une salle de gymnastique, entre un
jeune étudiant en médecine, Maurice Van Neck et un architecte aux idées révolutionnaires, Antoine Pompe.
Ce dernier séduit le jeune étudiant par ses propos enthousiastes et innovants et repart avec la promesse
de se voir confier la construction d’une clinique privée après l’obtention du diplôme du jeune médecin. Cette
occasion se présente en 1910 et Pompe va la saisir tout en respectant sa parole.
La particularité de cet édifice réside dans l’usage et la visibilité de matériaux nouveaux (linteaux métalliques,
briques issues de la fabrication industrielle, l’usage de briques de verre) mais également la présence
Techniques, décors et patrimoine. Nécessités et limites d’intervention • Auditorium des Moulins de Beez (Namur) • Jeudi 18 octobre 2018 • p. 41
d’éléments techniques assurant la ventilation naturelle dans la composition même de la façade, dont
l’architecture, au final, constitue une transition entre l’éclectisme (ou l’architecture plus traditionnelle du début
XXème) et les débuts du modernisme.
Ce projet fait écho aux théories hygiénistes (développement de la médecine) de la fin du 19e siècle et qui
ont eu, petit à petit, comme conséquence l’intégration de diverses techniques dont l’alimentation en eau,
l’égouttage, l’électricité, la ventilation…
Elles ont également une dimension sociale car elles sont appliquées pour l’ensemble des citoyens de la
ville et visent à offrir, même au plus démunis, des conditions de vie salubre, de l’air et de la lumière. Des
architectes engagés, comme Pompe, se feront un devoir de les appliquer au travers leurs conceptions
architecturales.
Le programme de la clinique Van Neck est double, en ce sens que la clinique privée accueille à la fois un
établissement médical et une habitation. Si la distribution des pièces suit une certaine logique de division
clinique/habitation, c’est un peu moins le cas pour les circulations (croisement des flux publics/privés). Cet
état de fait doit être tempéré par une inconnue, à savoir le mode de vie des habitants et leur implication dans
l’activité médicale de la clinique (l’épouse du docteur participait vraisemblablement à l’activité de son mari...).
La clinique a subi quelques transformations suite à l’évolution du programme :
• 1910-1961 : clinique orthopédique
• 1961-1983 : bureaux
• 1978 à aujourd’hui : Institut de Rythmique Jaques Dalcroze
La façade du bâtiment a fait l’objet d’un classement le 7 décembre 1981 et une procédure de classement de
l’entièreté du bâtiment a abouti le 7 mai 2015.
Techniques, décors et patrimoine. Nécessités et limites d’intervention • Auditorium des Moulins de Beez (Namur) • Jeudi 18 octobre 2018 • p. 42
présentAtion du systèMe Mis en plAce pAr poMpe :
Dans le cadre de cette présentation, nous nous attarderons donc plus spécifiquement sur le système de
ventilation mis en place par Pompe et essentiellement celui qui participe à la composition de la façade à rue.
On retrouve différents éléments :
1. Des grilles extérieures en laiton d’amenées d’air (une cheminée sur deux, les plus hautes)
2. Des grilles intérieures d’extraction (réglables) = OER
3. Des grilles intérieures d’amenée d’air réchauffé par les radiateurs
4. Des cheminées d’extraction avec couvre-cheminée
Ce système de ventilation est donc porches du système A (amenée et évacuation d’air naturelles) comme
nous le définissons aujourd’hui.
3
1
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2
3
3
4
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Extrait du Digest édité par le CSTC (La ventilation des habitations)
Photographie architecturesparallèles©2017 : Vue des couvre-cheminée de ventilation en façade à rue, le projet de restauration prévoit de reconstituer leur hauteur d’origine (ce qui permettra également de retrouver les débits d’origine).
Techniques, décors et patrimoine. Nécessités et limites d’intervention • Auditorium des Moulins de Beez (Namur) • Jeudi 18 octobre 2018 • p. 44
À gauche photographie issue du TFE de Anne-Sophie Mahauxs© : grilles d’alimentation basse des cheminées de ventilation en façade à rue.
À droite photographie architecturesparallèless©2017 : Vue extérieure des grilles d’alimentation sous les bow-windows débouchant derrière les radiateurs.
Photographie architecturesparallèless©2017 : Vue des OER (ouvertures d’évacuation réglables).
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Photographie architecturesparallèless©2017 : implantation des OER (ouvertures d’évacuation réglables) en hauteur dans les pièces (l’air vicié plus chaud étant plus léger se retrouve en partie haute des pièces).
Photographie architecturesparallèless©2017 : implantation des alimentations d’air frais derrière les radiateurs (associés phénomènes convectifs des pièces).
Techniques, décors et patrimoine. Nécessités et limites d’intervention • Auditorium des Moulins de Beez (Namur) • Jeudi 18 octobre 2018 • p. 46
Photographie architecturesparallèless©2017 : vue d’autres type de grille d’évacuation en caves
Photographie architecturesparallèless©2017 : vue d’autres type de grille d’évacuation (avec problème d’infiltration d’eau)
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VérificAtion du diMensionneMent oriGinel (déBits théoriQue) :
L’implantation des cheminées est importante, idéalement placées au niveau du faîtage et sur le versant
opposé aux vents dominants. C’est exactement ce qu’Antoine Pompe a appliqué pour les cheminées de
ventilation de la clinique.
Ci-dessus, la coupe extraite du dossier de demande de permis de 1910. On constate l’implantation des conduits au niveau du faîtage et sur le pan de toiture opposé aux vents dominants, favorisant ainsi le tirage.
FAITAGE
VENTS DOMINANTS
Techniques, décors et patrimoine. Nécessités et limites d’intervention • Auditorium des Moulins de Beez (Namur) • Jeudi 18 octobre 2018 • p. 48
Ci-dessus, le plan du grenier extrait du dossier de demande de permis de 1910. On constate la numérotation
des conduits de ventilation.
En résumé voici la répartition des bouches de ventilation selon la nomenclature de Pompe :
A : Buanderie K : Ventilation cuisineB : Bureau L : Fumées cuisineC : Buanderie M : Refuge (hall de nuit)D : Chaufferie N : bureau ou salle de gymnastiqueE : Salle de Gymnastique O : chambreF : Refuge (hall de nuit) P : chambreG : Salle de radio Q : salle de gymnastiqueH : Chaufferie R : chambreI : Cave à provision S : salle de gymnastiqueJ : Douches T : Refuge (grenier)
En rouge les conduits étudiés dans le cadre de la restauration de la façade et de la présente étude.
NB pour les bâtiments arrières des conduits de ventilation sont également présents mais non numérotés
par A. Pompe.
OP
QR
S
T
ABC GD HE IF J
K L
M
Techniques, décors et patrimoine. Nécessités et limites d’intervention • Auditorium des Moulins de Beez (Namur) • Jeudi 18 octobre 2018 • p. 49
Qu’en est-il des débits théoriques que l’on pourrait attendre de ces dispositifs rythmant la façade (bouches
de ventilation N à S) ?
Le débit d’air déplacé par tirage thermique s’exprime par l’équation suivante :
Q = C S (2 g h (Ti – To) / Ti)^0,5
où :
Q = débit d’air déplacé par tirage thermique, m³/s
S = surface du flux, m²
C = coefficient de décharge (ordinairement de 0,65 à
0,70)
g = accélération de la pesanteur, 9,81 m/s2
h = hauteur ou distance, m
To = température extérieure, en K
Ti = température intérieure, en K
Pour un conduit de façade :
S = 6cm x 29cm = 0,0174m2
C = 0,675 (valeur moyenne)
h = variable selon les pièces
Ti = 20°C (hypothèse de température moyenne) = 293,15 K
To = -10°C (en hiver) = 263,15 K
Le tirage hivernal théorique (To = -10°C) obtenu en fonction des pièces :
1er étage – salle de gymnastique de 57 m2 (deux grilles*) : 0,1038m3/s soit 747,503m3/h
2e étage – chambre à coucher de 13m2 (une grille par chambre) : 0,0535m3/s soit 192,595m3/h
NB selon la formule, le tirage estival a tendance à fortement diminuer (températures extérieure et intérieure
proches), mais la formule ne tient pas compte des phénomènes de tirage liés aux vents et aux différences
de pression atmosphérique. Le fait que certaines cheminées soient munies d’une grille de tirage en partie
basse (dans la plinthe de façade) améliore également le tirage de la cheminée.
* pour la cheminée N nous n’avons à ce stade pas encore retrouvé la bouche à ouverture réglable, ces
recherches s’effectueront lors des travaux de restauration prévu en 2019. Il est fort à parier que celle-ci
alimentait plutôt la salle de gymnastique au 1er étage que le rez ou le 2e étage. Si tel est le cas le débit
théorique serait donc encore plus important.
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Mise en perspectiVe AVec les norMes Actuelles :
À l’heure actuelle, on pourrait, pour faciliter l’analyse, généraliser les besoins actuels en ventilation à 3,6m3/h
et ce, par m2 carré de surface au sol.
Par contre, pour les salles de gym on table plutôt sur 25m3/h par sportif et 22m3/h par spectateur.
Pour le cas étudié :
La salle de gymnastique du premier étage devrait offrir un débit de ventilation de 205 m3/h (3,6m3/h) avec
la méthode des 3,6m3/h.m2. Ce qui donne un taux d’occupation de +/- 8 personnes seulement, cela semble
peu pour l’affectation envisagée.
On devrait donc plutôt opter pour un calcul plus fin, à savoir par occupation : par exemple 12 patients + 2
infirmières + 1 docteur => 366 m3/h.
Les chambres de 13 m2 nécessiteraient quant à elles un débit de 47 m3/h, selon la méthode des 3,6m3/h.m2.
Les débits théoriques (hivernaux) semblent tout à fait suffire à répondre aux normes actuelles.
Il y a tout de même lieu de garder un regard critique par rapport à ces résultats. En effet, il serait intéressant
de prévoir une étude plus complète, in situ, avec un monitoring (pose d’anémomètres et de sondes de
températures) de ces conduits permettant de vérifier l’évolution des débits par rapport aux saisons, aux
conditions climatiques extérieures et aux consignes de températures actuelles. Pour pouvoir réellement
conclure quant à l’efficacité de ces éléments architecturaux.
Une endoscopie sera également prévue dans le cadre des travaux pour vérifier l’état des conduits
(poussières, obstructions, dégradations...).
norMes et AffectAtions :
Si aujourd’hui des normes imposent certains débits en fonction de l’usage des espaces, il faut également
s’interroger sur l’affectation envisagée des bâtiments existants !
Pour chaque projet il y a donc lieu de tenir compte des éléments techniques existants, de connaître
l’évolution des pièces, des volumes par rapport aux usages d’origine.
Si à l’origine, les techniques (débits de ventilation dans le cas qui nous occupe) semblent suffire, ce n’est
peut-être plus le cas aujourd’hui au vu des usages que l’on fait des espaces…
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Dans le cas de l’Institut Dalcroze, au deuxième étage on ne retrouve plus trois chambres de 13 m2 mais un
seul espace servant de classe. La surface correspond au rassemblement des 3 chambres, ce qui ne devrait
donc pas avoir d’impact sur la ventilation, même si une salle de cours nécessite plus de ventilation qu’une
chambre (22m3/h par personne, pour une occupation de +/- 15 personnes : 330m3/h).
Au premier étage, la salle de gymnastique d’origine est devenue une salle de danse (la fonction est donc
proche de celle d’origine) mais elle a été réduite (les douches situées à l’arrière ont été supprimées ce
local agrandi). Ce qui a pour effet de perdre la bouche de ventilation E au profit de la salle agrandie à
l’arrière (ancienne douche). Là encore la fonction envisagée devrait correspondre aux techniques en place
(moyennant vérification in situ des débits théoriques).
conclusions :
Étant donné que les cheminées de ventilation imaginées par A. Pompe fournissent des débits intéressants il
y a lieu de :
• Conserver les éléments qui subsistent
• Reconstituer les éléments disparus dans leur état originel
• De bien adapter la fonction des salles à ventiler si nécessaire (avant d’envisager des compléments
techniques)
Par ailleurs, le génie d’Antoine Pompe, sera de faire participer ces éléments techniques à la composition
même de la façade principale !
Les avantages de ces systèmes de type A sont multiples :
• En rénovation, ils sont souvent présents, le coût est donc inférieur à l’installation d’une système de
ventilation type B,C ou D, il s’agit éventuellement de travaux de remise en fonction (réouverture de grille,
entretien…)
• Ils n’engendrent aucun frais de fonctionnement (électricité) et l’entretien est plus facile qu’un système de
ventilation mécanisé (moins de coudes, ou d’obstacles)
• Pas de nuisance acoustique liée à une motorisation
Les inconvénients :
• Le système demande une régulation manuelle des besoins
Les débits diminuent quand les températures intérieures et extérieures sont proches
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Cette analyse permet aussi de mettre en lumière certaines dérives en termes de système de ventilation
mécanisé à mettre en place lorsque l’on souhaite répondre aux normes ou aux performances énergétiques
des bâtiments.
Il est donc primordial que les bureaux d’études en techniques spéciales aient connaissance et tiennent
compte des techniques existantes et de leur fonctionnement pour que ces éléments ne soient pas
perturbés ou ne mettent pas à mal le fonctionnement des nouvelles installations envisagées ou nécessaires
(refoulement, pertes de charge, transferts ou courants d’air indésirables...).
À l’heure actuelle, certains projets de nouvelle construction réintègrent des systèmes de ventilation de type
A, mais ils restent marginaux à cause des difficultés à les intégrer dans les logiciels de PEB.
En effet, dans la plupart des cas, les logiciels ne tiennent pas compte des consommations électriques des
appareils de ventilation mécanisée...
Il y aurait donc lieu de mieux adapter les outils et la règlementation pour favoriser la conservation du
patrimoine technique existant et minimiser l’impact des équipements contemporains !
BiBlioGrAphie :
• ANTOINE POMPE, immeubles réalisés dans la Région de Bruxelles-Capitale – étude réalisée les AAM
pour la CRMS, auteurs : Éric Hennaut – 2009-2010
• Cas de restauration : L’institut de Rythmique Jaques Dalcroze situé rue Wafelaerts, 53 à 1060
Bruxelles – TFE réalisé par Anne-Sophie Mahaux – Promotteurs : Françoise Duperroy et Michel
Provost – UCL 2014-2015
• Natural Ventilation – Andy Walker – National Renewable Energy Laboratory – 2016
• CSTC-digest n°7 « La ventilation des habitations » – 1999
• AAM – dossier reprenant les plans d’autorisation de bâtir de 1910
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JOURNÉE D’ÉTUDETECHNIQUES, DÉCORS ET PATRIMOINENÉCESSITÉS ET LIMITES D’INTERVENTION
frAncis MetZGerArchitecte
Metzger et Associés Architecture
Responsable académique de l’Exécutive
Master en Patrimoine architectural ULB-VUB
Site internet : www.ma2.be
Je suis un architecte éclectique. Partir aujourd’hui d’une page blanche ou partir de pages jadis rédigées,
parfois intactes, altérées ou effacées, les architectes se spécialisent la plupart du temps dans l’une ou
l’autre écriture. Rarement dans les deux. Par gourmandise ou plutôt par amour de l’architecture, je me
délecte des deux entreprises. Elles sont semblables, seuls y diffèrent les paysages et visages dans lesquels
s’insérer, qu’il revient de compléter. À partir de rien ou de fragments existants, tenter de (re)constituer un tout
cohérent, (ré)inventer une histoire homogène…
Francis Metzger, 2009.
Architecte, Francis Metzger se partage entre des projets de restauration de bâtiments remarquables et des
constructions contemporaines. Il anime l’atelier Ma² Project, composé d’une vingtaine de collaborateurs.
Parmi les projets les plus marquants, au niveau restauration il faut mentionner la transformation de la
maison Delune, avenue Franklin Roosevelt à Bruxelles, la maison Autrique de Victor Horta à Schaerbeek, la
restauration de la bibliothèque Solvay, la villa Empain. Actuellement, il restaure, à Bruxelles, l’hôtel Astoria,
l’église royale Notre Dame de Laeken, la Gare Centrale de Bruxelles et depuis peu le Palais de Justice de
Bruxelles et l’intérieur de la maison Saint Cyr de Gustave Strauven. Au niveau architecture contemporaine,
parmi les projets les plus marquants il faut mentionner le complexe Kinetix, le théâtre de la Balsamine ou la
réalisation sur le campus Érasme de la Haute École Libre de Bruxelles Ilya Prigogine, couplée à l’Institut des
Sciences de la Motricité de l’Université Libre de Bruxelles.
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Ce travail de praticien a permis à Francis Metzger d’obtenir de nombreux prix et reconnaissances diverses
dont la notoriété professionnelle par arrêté du gouvernement le 26 juillet 1995. Il obtient le prix de la biennale
internationale d’architecture de Sao Paulo en 2003 et au Costa Rica en 2004. À trois reprises, on lui décerne
le prix du patrimoine culturel de l’union européenne Europa Nostra » dont le dernier date de 2012.
Francis Metzger est également impliqué depuis plusieurs années dans le milieu de l’enseignement de
l’architecture. Après des débuts en tant qu’enseignant en 1991, il devient successivement professeur en
1995, directeur adjoint à l’I.S.A. Victor Horta en 2008. En 2011, lors de la fusion de l’I.S.A. La Cambre et
l’I.S.A. Victor Horta pour devenir la faculté d’architecture de l’Université Libre de Bruxelles, Francis Metzger
est nommé premier Doyen de la nouvelle institution. Il assure aujourd’hui la vice-présidence de l’Ordre
Francophone et Germanophone Cfg-OA.
Sur le plan international, Francis Metzger assure de nombreuses conférences et missions à l’étranger.
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JOURNÉE D’ÉTUDETECHNIQUES, DÉCORS ET PATRIMOINENÉCESSITÉS ET LIMITES D’INTERVENTION
frAncis MetZGer
lA REsTAURATION DE l’AEGIDIUM ET DEs sEs lUMIèREs (sAINT-GIllEs-lEz-BRUxEllEs – 1905)
ABstrAct
Il n’existe que bien peu de choses concernant l’histoire de ce lieu fascinant de la commune bruxelloise
de Saint-Gilles, aujourd’hui connu sous le nom d’Aegidium. Il s’agit d’un bâtiment complexe qui a subi
différentes campagnes de rénovation au fil du temps qui ont transformé, adapté, altéré le Diamant Palace
pour devenir successivement le Panthéon Palace puis l’Aegidium.
Ce complexe a été un lieu de rassemblement, un lieu de fêtes et de spectacles ancré dans la mémoire
collective. D’un point de vue architectural, l’Aegidium est exceptionnel pour les techniques variées qu’il
rassemble pour former ses étonnants décors éclectiques ponctués d’ampoules et de miroirs. Il constitue un
témoin de l’architecture éclectique du début du XXe siècle. Il représente un monument unique à Bruxelles. Le
chantier de restauration est en cours d’exécution.
Mots-clés
Architecture éclectique
Aegidium
Décors byzantins
Techniques, décors et patrimoine. Nécessités et limites d’intervention • Auditorium des Moulins de Beez (Namur) • Jeudi 18 octobre 2018 • p. 56
résuMé de lA coMMunicAtion
lE DIAMANT-PAlACE
Méconnu et insoupçonné depuis le Parvis de St-Gilles, l’ancien Diamant-Palace, actuel Aegidium, constitue
un incroyable ensemble architectural éclectique de 4700m2. La construction, attribuée à l’architecte
Guillaume Segers, a été érigée en 1905 pour un particulier soucieux d’offrir un lieu de sortie à la bourgeoisie
du Sud de Bruxelles. Ainsi, l’Aegidium déploie deux grandes salles, la salle mauresque et la salle Louis XV
ainsi qu’un ensemble d’autres espaces tels que le couloir d’entrée, le jardin d’hiver, la tabagie, la cage
d’escalier monumental dont les décors et les volumétries sont tout aussi riches que variées.
D’ailleurs, lors de son ouverture le 27 décembre 1906, la presse de l’époque ne tarit pas d’éloges. Elle se
fait l’écho d’« une véritable stupéfaction pour la foule nombreuse des invités (...) Rien de plus féerique, de
plus éblouissant que cette salle merveilleusement décorée, éclairée à profusion, formant un décor de rêve.
Les cris d’admiration partaient sans cesse, et les coeurs des Saint-Gillois ont battu d’allégresse, car pas
une commune de l’agglomération ne possède un local pareil ». Sans équivoque, l’Aegidium fait partie du
patrimoine majeur belge dont le classement en tant que Monument s’est confirmé dès 2006.
Fig.1
Techniques, décors et patrimoine. Nécessités et limites d’intervention • Auditorium des Moulins de Beez (Namur) • Jeudi 18 octobre 2018 • p. 57
un lieu, un proGrAMMe.
Depuis 2013, le bureau MA2 est en charge du projet de rénovation et de restauration du complexe Aegidium.
L’enjeu d’un tel projet est double.
Le premier est la mise en valeur du bâtiment en tant que patrimoine monumental. En dehors de l’intérêt
certain que présentent les salles Louis XV, mauresque et la cage d’escalier, le rez-de-chaussée est
également d’une grande richesse au niveau de sa décoration même si celle-ci a davantage souffert du
temps et des différentes occupations qui se sont succédés. Il est essentiel d’intervenir pour les préserver et
retrouver une cohérence et une lisibilité aujourd’hui très altérées.
Le second est l’intégration de la programmation souhaitée par le maître de l’ouvrage. L’objectif de Cohabs
et Alphastone, actuels propriétaires, est de rendre sa fonction d’origine à l’Aegidium qui autrefois était un
lieu de fêtes et de spectacles, de rassemblement pour les Saint-Gillois et Bruxellois. Il s’agit donc de créer
un véritable laboratoire urbain dans la prolongation du Parvis de St-Gilles en offrant des activités telles que
des pièces de théâtre, des conférences, des expositions, des concerts. La rénovation implique la prise en
compte des exigences actuelles en termes d’acoustique, d’incendie, d’isolation et de techniques spéciales.
Il est primordial que ces deux aspects soient intégrés de manière complémentaire.
Fig.2 Fig.3
Techniques, décors et patrimoine. Nécessités et limites d’intervention • Auditorium des Moulins de Beez (Namur) • Jeudi 18 octobre 2018 • p. 58
lA MéthodoloGie de restAurAtion et de rénoVAtion.
Lorsque l’équipe Ma2 entre pour la première fois dans le bâtiment, l’éclairage d’époque a disparu, les décors
anciens ont été le plus souvent recouverts, la salle de bal Louis XV a été divisée à mi-hauteur par une dalle
de béton. Même si certaines salles se trouvent dans un relativement bon état de conservation, d’autres ne
disposent que de peu de fragments intacts. Après avoir réalisé deux campagnes de fouilles archéologiques,
il apparait qu’il reste assez de données pour reconstituer le pristin état et rendre au lieu son identité
première, exubérante.
En vue d’y parvenir, de nombreuses études préalables ont été menées dont notamment celle sur l’éclairage
d’origine.
En effet, alors qu’en 1906, l’électricité fait une apparition parcimonieuse dans les foyers, les visiteurs en
découvrant le Diamant-Palace font face à des décors féériques, éblouissants ponctués d’ampoules. La
presse relate entre autres la présence de 5500 ampoules dans la salle mauresque.
Aujourd’hui, il ne reste plus une ampoule dans l’Aegidium et le réseau électrique est inutilisable. L’option
n’est pas, ne peut pas être de reconstituer l’éclairage à l’identique. La question est : comment tirer parti de la
modernité pour recréer une sensation d’éclairage qui réponde aux normes et au confort, et se décline dans
les niveaux de perceptions sensorielles actuelles ? Comment faire exister aujourd’hui une vibration, une
chaleur d’atmosphère, qui trouble le visiteur, tout autrement qu’en 1906 ?
Fig.4 Fig.5
Techniques, décors et patrimoine. Nécessités et limites d’intervention • Auditorium des Moulins de Beez (Namur) • Jeudi 18 octobre 2018 • p. 59
En collaboration avec l’entreprise TSPO, le bureau MA2 a réalisé une étude spécifique sur l’éclairage.
L’objectif étant de proposer une solution alternative d’éclairage capable de répondre aux normes et aux
attentes actuelles en termes de consommation d’énergie, de puissance et de température de couleur.
L’ampoule Edison à filament non spiralé (42W) définie comme étant la référence a été placée en parallèle
d’ampoules Led constituées de diodes jaunes, rouges et/ou blanches.
Plusieurs simulations ont été réalisées en modifiant le niveau de l’intensité lumineuse des ampoules. Les
deux prototypes Led, dont les diodes jaune/blanc et rouge/blanc ont été combinés, donnent des résultats
concluants se rapprochant de l’éclairage produit par l’ampoule Edison d’origine.
Sur base de cette première étape suivront des essais avec des prototypes grandeur nature réalisés in
situ. De plus, des investigations complémentaires devront être menées sur la manière d’installer le nouvel
appareillage électrique et en particulier de reloger les culots d’origine dans les décors classés.
La totalité des études menées jusqu’à ce jour constitue la base permettant à l’Aegidium de retrouver ses
atouts et d’apparaitre comme si cela avait toujours été.
Fig.6
Techniques, décors et patrimoine. Nécessités et limites d’intervention • Auditorium des Moulins de Beez (Namur) • Jeudi 18 octobre 2018 • p. 60
Fig.7
léGende des illustrAtions
Fig. 1 – Vue de la cage d’escalier monumentale © Marie-Françoise Plissart
Fig. 2 – Salle mauresque © Marie-Françoise Plissart
Fig. 3 – Salle mauresque © Marie-Françoise Plissart
Fig. 4 – Couloir d’entrée © Marie-Françoise Plissart
Fig. 5 – Couloir d’entrée © Marie-Françoise Plissart
Fig. 6 – Salle mauresque © Marie-Françoise Plissart
Fig. 7 – Étude préalable pour l’éclairage réalise par TSPO
Techniques, décors et patrimoine. Nécessités et limites d’intervention • Auditorium des Moulins de Beez (Namur) • Jeudi 18 octobre 2018 • p. 61
JOURNÉE D’ÉTUDETECHNIQUES, DÉCORS ET PATRIMOINENÉCESSITÉS ET LIMITES D’INTERVENTION
philippe kessels
Formation : 2008 Ingénieur civil architecte – Université de Liège
2010 Formation dans le cadre de la PEB
2012 Certificat universitaire en performance énergétique et environnementale des
constructions
2017 Formation dans le cadre des études de faisabilité
Fonction : Ingénieur civil architecte collaborateur et chef de projets
cursus professionnel :
2008-2009 Architecte stagiaire d’Architectes Associés s.a.
2010 Architecte collaborateur puis responsable de projet au sein de Architectes Associés s.a. et
Techniques Générales et Infrastructures s.a.
expériences professionnelles (extrAits) :
Restauration :
Ville de Liège : Agrandissement, restauration et remise aux normes du Théâtre Royal de Liège (Opéra
Royal de Wallonie). Projet réalisé en association momentanée A2RC et Origin.
Commune de Soumagne : Aménagement des locaux de l’ancienne coopérative qui accueilleront les
services communaux. Mise aux normes et modernisation du Centre Culturel.
Techniques, décors et patrimoine. Nécessités et limites d’intervention • Auditorium des Moulins de Beez (Namur) • Jeudi 18 octobre 2018 • p. 62
Soins de santé :
Centre Hospitalier Régional de la Citadelle à Liège : Modernisation, mise aux normes et agrandissement
de divers services et unités de soins, Construction d’un service de radiothérapie.
Hôpital Universitaire des Enfants Reine Fabiola à Bruxelles : Réaménagement, remise aux normes et
agrandissement de l’ensemble de l’hôpital par phases (23.250 m²).
CHU Brugmann à Bruxelles : Études de techniques spéciales pour les extensions et rénovation des
bâtiments du site,
Autres :
Conservatoire de Namur – Espace Rogier : Construction d’un conservatoire et d’une salle de spectacle.
Surface 5.915 m²
Techniques, décors et patrimoine. Nécessités et limites d’intervention • Auditorium des Moulins de Beez (Namur) • Jeudi 18 octobre 2018 • p. 63
JOURNÉE D’ÉTUDETECHNIQUES, DÉCORS ET PATRIMOINENÉCESSITÉS ET LIMITES D’INTERVENTION
yVes JAcQues
Formation : 1977 Ingénieur civil architecte – Université de Liège
1983 Certificat en physique du bâtiment – Université de Liège
Fonction : Ingénieur civil architecte Administrateur de AA sa et TGI
cursus professionnel :
1977-1978 Architectes stagiaire au bureau des architectes Barbason – Brévers
1982 Fondateur d’Architectes Associés s.a.
1992 Fondateur de Techniques Générales et Infrastructures S.A.
1998 Membre de la Chambre Provinciale de la Commission des Monuments Sites et Fouilles de
Liège
expériences professionnelles (extrAits) :
Restauration :
Ville de Liège : Agrandissement, restauration et remise aux normes du Théâtre Royal de Liège (Opéra
Royal de Wallonie). Projet réalisé en association momentanée A2RC et Origin.
Cathédrale Saint Paul à Liège : Restauration complète de l’édifice – monument classé – patrimoine majeur
de Wallonie.
Église Sainte Croix à Liège : Restauration globale de l’édifice et affectation d’une double fonction culturelle
œcuménique et culturelle.
Techniques, décors et patrimoine. Nécessités et limites d’intervention • Auditorium des Moulins de Beez (Namur) • Jeudi 18 octobre 2018 • p. 64
Soins de santé :
Centre Hospitalier Régional de la Citadelle à Liège : Modernisation, mise aux normes et agrandissement
de divers services et unités de soins, Construction d’un service de radiothérapie.
Hôpital Universitaire des Enfants Reine Fabiola à Bruxelles : Réaménagement, remise aux normes et
agrandissement de l’ensemble de l’hôpital par phases (23.250 m²).
CHU Brugmann à Bruxelles : Études de techniques spéciales pour les extensions et rénovation des
bâtiments du site,
Techniques, décors et patrimoine. Nécessités et limites d’intervention • Auditorium des Moulins de Beez (Namur) • Jeudi 18 octobre 2018 • p. 65
JOURNÉE D’ÉTUDETECHNIQUES, DÉCORS ET PATRIMOINENÉCESSITÉS ET LIMITES D’INTERVENTION
yVes JACQUES philippe KESSELS
ThéâTRE DE lIèGE – REsTAURATION ET ExTENsION DE l’OPéRA ROyAl DE WAllONIE à lIèGE
L’ORW constitue une institution culturelle et artistique majeure dont la renommée dépasse de loin nos
frontières.
Le projet conçu par l’architecte J-A Duckers est achevé en 1820, il subit dès 1860 un agrandissement et une
refonte complète de la salle. D’autres interventions vont se succéder jusqu’à la fin du XXe siècle.
Les derniers travaux concernaient la restauration et la rénovation de cet écrin prestigieux et en la réfection
globale des techniques de scène et de scénographie. Le « nouvel » Opéra intègre une salle de répétition,
des bureaux pour le personnel et des loges modernisées pour l’accueil des artistes.
Lieu : Liège, Belgique
Client : Ville de Liège
Auteurs de projet : A.2.R.C. – Architectes Associés SA – Origin – TGI
Conception : 2005-2010
Chantier : 2010-2012
Surface : 11.850 m²
Budget : 28.250.000 €
Techniques, décors et patrimoine. Nécessités et limites d’intervention • Auditorium des Moulins de Beez (Namur) • Jeudi 18 octobre 2018 • p. 66
l’INTéGRATION DEs TEChNIQUEs DANs lA REsTAURATION DE l’OPéRA ROyAl DE WAllONIE (lIèGE 1820 – 2012).
le proJet d’extension du théâtre (1)
Situé au cœur de la Ville, l’ORW constitue une institution culturelle et artistique majeure du patrimoine
liégeois, dont la renommée dépasse de loin nos frontières. Les travaux concernaient la restauration/
rénovation de cet écrin prestigieux en ce compris la réfection globale des techniques spéciales et de
la scénographie.
Afin de choisir une entreprise spécialisée dans ce domaine spécifique et d’avoir la meilleure vision sur le
suivi du chantier, la Ville de Liège a décidé de procéder au lancement de deux marchés distincts. Le premier
concernait les travaux de rénovation et d’agrandissement de l’Opéra.
Le deuxième était relatif aux techniques de scène et de scénographie. Le budget global consacré à ce projet
atteint 26.900.000 €.
Les divers postes du chantier comprenaient notamment l’actualisation du gabarit de la cage de scène
(rehaussée de 4 mètres) et de la machinerie afin d’optimaliser le potentiel scénographique du Théâtre.
La fosse d’orchestre et l’avant-scène ont été redessinées pour améliorer la qualité acoustique à tous les
niveaux de la salle. Les travaux portaient aussi sur le confort des spectateurs (siège, ventilation de la salle,
nouveaux espaces d’accueil, etc…), sur la qualité de l’éclairage, le renouvellement des toitures et des
fenêtres ainsi que la restauration des façades. Le « nouvel » Opéra intègre aussi une salle de répétition aux
dimensions du plateau, des bureaux pour le personnel et des loges modernisées pour l’accueil des artistes.
Au terme de ces importants travaux de rénovation, la Ville de Liège dispose d’un écrin lyrique de niveau
international, apte à séduire même les mélomanes les plus exigeants.
Techniques, décors et patrimoine. Nécessités et limites d’intervention • Auditorium des Moulins de Beez (Namur) • Jeudi 18 octobre 2018 • p. 67
Le chantier de l’Opéra Royal de Wallonie s’est divisé en deux phases : le renouvellement des
équipements relatifs à la scénographie a précédé la restauration de l’édifice. Cette scission du mode
opératoire a été rendue indispensable pour d’évidentes raisons de sécurité ainsi que par l’impossibilité
technique de faire coexister au même endroit des entreprises aux activités si diverses.
lA scénoGrAphie
La machinerie de scène du Théâtre Royal avait été complètement rénovée en 1960. Considérée à
l’époque comme l’une des plus modernes d’Europe. Elle comprenait quatre plateaux de scène à deux
niveaux, mobiles sur une course verticale de plus de 6 mètres, la face supérieure des plateaux du
haut pouvait s’incliner et ils étaient pourvus de trappes d’apparition. Un dispositif mobile permettait aux
artistes d’accéder à chacune de ces trappes. Le plancher de la fosse d’orchestre était lui aussi mobile et
permettait de le remonter jusqu’au niveau de la scène. Le gril était équipé de 56 perches dont 48 manuelles
contrebalancées. À la fin des années 80, la commande des machines inférieures avait été automatisée.
L’éclairage de scène et de la salle comportait 576 circuits de 5kW avec variateurs.
L’outil était arrivé en fin de vie et ne répondait plus aux nécessités actuelles, notamment en matière de
fiabilité et de sécurité.
L’ensemble de la machinerie scénique et de l’électricité de scène sont donc remplacés par des installations
contemporaines relevant la performance et les possibilités de mise en scène et d’accueil du théâtre.
Le rehaussement de la cage de scène permet de placer le grill 4 mètres plus haut, cela a pour conséquence
un meilleur dégagement des décors ainsi qu’une possibilité d’augmenter la hauteur du cadre de scène qui
était limitée par la course du rideau de fer bloquée au niveau de l’ancien gril.
La machinerie des plateaux comprend 4 plateaux supérieurs et 4 plateaux inférieurs, ceux-ci peuvent tous
se déplacer indépendamment les uns des autres. Des trappes d’apparitions sont créées dans les plateaux
supérieurs, et des ascenseurs sécurisés permettent de réaliser des apparitions en tout point du plateau en 3
secondes.
Les planchers des plateaux supérieurs ainsi que de l’avant-scène sont inclinables, ce qui permet de donner
à la scène une pente continue. Le plancher de la fosse d’orchestre est mobile et peut être remonté jusqu’au
niveau de la scène.
Les plateaux sont mus par des vérins mécaniques qui permettent une grande précision des déplacements.
Techniques, décors et patrimoine. Nécessités et limites d’intervention • Auditorium des Moulins de Beez (Namur) • Jeudi 18 octobre 2018 • p. 68
Des dispositifs de sécurité permettent d’éviter les accidents lors des mouvements des plateaux.
Toute la machinerie supérieure est électrique. Les moteurs et les treuils sont placés dans des locaux situés
sur le gril à cour et jardin. Cette disposition permet d’éliminer le bruit des mécaniques dans le volume de la
scène.
L’ensemble compte 56 équipes, reprenant chacune une charge de 500 kg, soit le double de ce que
pouvaient accueillir les anciennes, elles peuvent en outre se mouvoir à grande vitesse, les mouvements de
chacune étant contrôlables et programmables séparément ou par groupe.
L’ensemble est complété par des enrouleurs de câble permettant d’équiper des perches destinées à recevoir
de l’éclairage scénique.
L’ensemble des circuits d’éclairage scénique est également renouvelé, les circuits de 5 kW restent au
nombre de 576, les variateurs de dernière génération permettent une meilleure gestion des éclairages du
spectacle.
Un réseau informatique complet, permettant la circulation des informations ainsi que la transmission
d’ordres, relie tous les points susceptibles d’accueillir des éléments actifs (récepteurs, automates,
appareillages commandés à distance…).
Techniques, décors et patrimoine. Nécessités et limites d’intervention • Auditorium des Moulins de Beez (Namur) • Jeudi 18 octobre 2018 • p. 69
La câblerie de distribution du son et de l’image ainsi que le matériel son et image sont également
entièrement renouvelés. Ceci permettra aux utilisateurs du théâtre de bénéficier des derniers progrès faits
ces dernières années dans ces domaines.
Outre la cage de scène, l’équipement de la salle (distribution de la lumière et barres de suspension des
projecteurs ou autres équipements) est entièrement repensé et redessiné pour une meilleure intégration
dans le décor historique. La nouvelle disposition permettra une utilisation plus simple et plus sûre de tous
ces équipements.
Les régies sont également renouvelées. La régie de la salle comportait de nombreuses lacunes, tant du
point de vue de la visibilité que de l’acoustique.
Un nouveau local a été dessiné, permettant aux éclairagistes et ingénieurs du son de travailler dans de
bonnes conditions sans gêner les spectateurs les plus proches.
Enfin, le théâtre va abriter, au dernier étage construit au-dessus de la salle, une salle de répétition qui a les
dimensions du plateau et qui est également équipée pour l’image, le son et la lumière, ceci afin de permettre
des répétitions en conditions proches du spectacle.
La préoccupation des auteurs de projet a été de donner à l’Opéra Royal de Wallonie un outil plus performant
et plus sûr que celui dont il disposait avant les travaux. Cette démarche a mené à une réflexion poussée
des équipes de conception soutenues par les utilisateurs du théâtre, de manière à ne pas manquer l’objectif
fixé de mettre à la disposition des artistes un outil leur permettant de donner le meilleur d’eux-mêmes et de
placer le public dans des conditions idéales pour apprécier ce spectacle complet qu’est l’opéra.
techniQues spéciAles et sécurité
Sécurité des biens et des personnes :
L’ensemble des travaux de rénovation et restauration a été pensé pour apporter d’importantes améliorations
techniques sur le plan de la sécurité incendie, tant au niveau de la prévention, ce qui permet d’anticiper au
mieux tout incident, que de l’évacuation : les chemins d’évacuation sont compartimentés et les structures
existantes de la salle sont protégées du feu. Les locaux de la rehausse ont été quant à eux étudiés
conformément aux dernières normes et arrêtés royaux édités en matière de sécurité.
Techniques, décors et patrimoine. Nécessités et limites d’intervention • Auditorium des Moulins de Beez (Namur) • Jeudi 18 octobre 2018 • p. 70
Les techniques spéciales :
Depuis de nombreuses années, les installations techniques du théâtre avaient fait l’objet de modifications,
de transformations, de mises aux normes et d’adaptations nécessaires à la poursuite de l’activité. La
restauration du bâtiment a donc nécessité le renouvellement de l’ensemble des installations techniques, les
nouvelles installations devant répondre aux normes actuelles tant au point de vue de la sécurité qu’au point
de vue du confort des utilisateurs et des spectateurs.
Les installations électriques :
La cabine haute tension est mieux ventilée, ce qui va assurer une meilleure tenue des équipements ; elle est
équipée d’un tableau haute-tension dont les fonctions sont motorisées, seul le transformateur – remplacé il y
a peu – a été conservé.
Les câbles des réseaux primaires sont renouvelés et alimentent le tableau général basse tension, facilement
accessible, qui est situé à proximité du principal local technique sous la salle. La technologie du tableau
général est du type « modulaire », ce qui permet une grande facilité de maintenance et une grande sécurité
lors des opérations nécessaires sur le réseau.
L’ensemble des colonnes d’alimentation et des tableaux divisionnaires est cohérent et un schéma clair
permet de comprendre rapidement la hiérarchie et la position ainsi que le cheminement du raccordement de
chaque utilisateur. Toutes les protections sont dimensionnées et hiérarchisées pour limiter les risques en cas
de surcharge ou de court-circuit.
Les éclairages de sécurité sont assurés à partir d’un poste central de batteries, la distribution se faisant par
câbles résistant au feu. Cette installation permet le contrôle permanent du fonctionnement des installations.
De plus, un groupe électrogène assure la continuité de l’alimentation des équipements indispensables
à la sauvegarde des personnes en cas de rupture du réseau durant une évacuation. Sont maintenus en
fonction : un ascenseur et les groupes de désenfumage des cages d’escalier pour permettre l’évacuation
des personnes et maintenir des chemins d’accès en tout point du bâtiment pour les pompiers.
Les circuits d’éclairage sont équipés d’un dispositif permettant un contrôle et une gestion centralisée, ceci
afin de limiter le gaspillage et d’augmenter la durée de vie des sources. Les luminaires historiques (grand
lustre, girandoles, appliques anciennes) sont restaurés, recâblés et équipés de nouvelles sources à basse
consommation d’énergie lorsque c’est possible. Les nouveaux luminaires font appel aux derniers progrès en
matière d’efficacité et de faible consommation énergétique.
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Les réseaux dits « courants-faibles » comprennent :
Un réseau de distribution d’information à haut débit, permettant de distribuer des données, de l’image, du
son, de la téléphonie, des informations ou des commandes.
La détection incendie, qui reçoit un nouveau central permettant de réunir les informations venant des
détecteurs ou d’autres équipements. Les détecteurs sont choisis en fonction de leur destination ; dans les
parties du bâtiment aux décors riches, on utilise une détection « par aspiration » qui permet de rendre les
détecteurs invisibles.
Le contrôle d’accès, qui permet au personnel d’accéder aux locaux qui lui sont réservés et ne permet pas
aux spectateurs de quitter les zones publiques. Ce contrôle permet également de contrôler l’occupation du
bâtiment, de maîtriser des accès différentiés pour les artistes, le personnel administratif, les techniciens et
les livraisons.
Les installations de chauffage et de ventilation :
L’objectif de ces installations est d’assurer le confort du public, des artistes et du personnel tout en ne
gaspillant pas l’énergie. Outre l’amélioration de l’enveloppe du bâtiment du point de vue thermique et
acoustique, les installations de chauffage et de ventilation sont étudiées de manière à utiliser rationnellement
l’énergie. Cette utilisation rationnelle nécessite un contrôle du temps de fonctionnement et de la puissance
des installations, afin d’ajuster au mieux la production à la demande. On économisera également l’énergie
en récupérant la chaleur de l’air renouvelé.
Le combustible est le gaz naturel, de nouvelles chaudières à très haut rendement remplacent les anciennes
beaucoup moins performantes, la cheminée est renouvelée de manière à diminuer les pertes de chaleur.
Les circuits de distributions équipés de pompes peu énergivores et de vannes de réglage sont étudiés de
manière à être les plus courts possibles, ceux-ci doivent présenter un minimum de pertes de charge. Les
tuyauteries sont calorifugées sur tout leur tracé.
La chaleur est distribuée dans les locaux soit par des radiateurs, soit par l’installation de ventilation.
La salle, le grand foyer, le hall principal, les escaliers d’honneur et la nouvelle salle de répétition sont
ventilés, la ventilation assurant également le chauffage et le rafraîchissement de ces locaux. Le froid est
produit par des compresseurs installés dans le local technique principal sous la salle tandis que l’échange
thermique se fait à l’aide d’aéroréfrigérants situés dans la partie supérieure du bâtiment.
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La grande difficulté du projet réside dans le fait qu’il est difficile de concilier l’intégration de nombreux
équipements techniques, souvent volumineux, dans un bâtiment historique aux décors importants. La
nécessité de respecter des normes acoustiques draconiennes impose également une grande attention lors
de l’étude et un grand soin dans la réalisation. Pour assurer le confort des spectateurs, l’air est pulsé dans la
salle à très faible vitesse par les pieds des sièges du parterre et par des bouches disposées de manière à ne
pas provoquer de mouvements d’air gênants. L’installation est conçue et équipée d’une régulation qui peut
être contrôlée et conduite à distance.
Enfin, la détection incendie surveille également ces installations et permet d’agir en cas de présence d’un
feu, de manière à éviter sa propagation.
Les ascenseurs :
Avant sa restauration l’opéra comptait 5 ascenseurs, dont 4 étaient réservés au public. La restauration voit
l’installation de 6 nouvelles machines, toujours 4 réservées au public, une pour permettre les déplacements
dans la scène et la dernière pour assurer les accès des artistes au plateau de scène.
Une importante réflexion a dû être faite pour intégrer les ascenseurs qui donnent accès aux locaux créés au-
dessus de la salle. Le problème était en effet de ne pas déséquilibrer visuellement le bâtiment par la création
de gaines d’ascenseurs qui auraient rompu l’équilibre de la partie historique néoclassique.
La solution proposée est donc d’installer des ascenseurs panoramiques, suspendus à une structure en
béton intégrée dans la façade. Ces ascenseurs permettront une vue sur la ville. Lorsqu’ils ne sont pas
utilisés, ils rejoignent un niveau sous la toiture.
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La conception de ces machines d’exception a nécessité la mise en œuvre de moyens d’études importants.
L’objectif poursuivi étant dans le cas présent d’assurer le transport du public en toute sécurité, et dans de
bonnes conditions de confort quelles que soient les conditions climatiques extérieures. Les cabines sont
donc chauffées ou climatisées selon les besoins. L’ouverture de la gaine dans sa partie supérieure aura
pour conséquence la propagation du son de l’extérieur vers l’intérieur. Pour remédier à cet inconvénient,
les parois de ces gaines sont couvertes de panneaux absorbants acoustiques qui doivent limiter l’entrée
des bruits venant du dehors. Les portes font également l’objet d’une fabrication spéciale afin d’assurer
l’étanchéité à l’air, à l’eau et d’assurer une isolation acoustique convenable.
Deux ascenseurs panoramiques sont installés, l’un côté jardin, l’autre côté cour, l’ascenseur côté jardin est à
grande capacité – 40 personnes – et il permet d’amener des équipements encombrants et pondéreux dans
la salle de répétition.
L’ascenseur côté cour permet l’évacuation des personnes à mobilité réduite, son alimentation électrique
étant secourue par un groupe électrogène.
Les autres machines sont du type « avec machinerie en gaine », ce qui permet de gagner de l’espace au
niveau des cabanons techniques et ainsi de ne pas perturber la lecture du bâtiment néoclassique.
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conclusion
Dans son expression architecturale extérieure, le monument réaffirme l’élégance et la sobriété de ses
lignes néoclassiques d’origine et utilise un vocabulaire résolument contemporain pour sa partie nouvelle;
l’ensemble permet à l’Opéra de retrouver sa position d’édifice culturel majeur au sein de la ville de Liège.
Intérieurement, le rehaussement et la reconstruction complète de la cage de scène donnent l’opportunité
de créer une nouvelle salle de répétition et de prestige, de repenser et de rationaliser les équipements
techniques et d’intégrer les normes contemporaines ; c’est aussi tout l’ensemble des locaux fonctionnels
existants qui sont rénovés en profondeur.
Quant aux espaces intérieurs classés, ils retrouvent, grâce à une restauration aussi respectueuse
qu’ambitieuse, un éclat et une harmonie disparus
les Acteurs du proJet
Dans le cadre de la restauration des bâtiments emblématiques du centre de la ville, dont le Théâtre Royal
classé comme monument en mars 1999 fait partie, la Ville de Liège a décidé en 2003 de lancer le projet
de restauration du théâtre. L’Opéra Royal de Wallonie, utilisateur et occupant des lieux, a été étroitement
associé au projet, depuis la programmation jusqu’à la fin des travaux.
Maître d’Ouvrage : Ville de Liège :
Les travaux ont été subsidiés par l’Union Européenne dans le cadre des financements Feder et par la
Région wallonne.
Association momentanée des auteurs de projet :
A2RC et ORIGIN Architecture et Engineering – Bruxelles
Architectes Associés –Techniques Générales et Infrastructures – Sprimont
Avec la collaboration de :
Pour la stabilité : Bureau d’études Greisch – Liège
Pour l’acoustique : Daniel Commins – Paris
Pour la conception des installations scéniques : Ar-Te – Bruxelles
Pour la coordination sécurité-santé : Génietec – Bastogne
Bureau de contrôle : SECO – Bruxelles
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Les Entreprises désignées pour la réalisation des travaux :
Entreprise générale (par adjudication) : association momentanée Galère – Moury – Wust
Entreprise pour la scénographie (par appel d’offres) : association momentanée Putman – Balteau
Planning du projet :
Démarrage des études : 2005
Démarrage des travaux : Juin 2010
Inauguration au public : Septembre 2012
Bibliographie :
https ://www.liege.be/fr/vie-communale/projet-de-ville/grands-projets/realisations/un-theatre-royal-pour-lopera
Frédéric MARCHESANI (dir.), Le Théâtre de Liège : du Théâtre royal à l’Opéra royal de Wallonie, Namur,
Institut du Patrimoine wallon, 2012.
Techniques, décors et patrimoine. Nécessités et limites d’intervention • Auditorium des Moulins de Beez (Namur) • Jeudi 18 octobre 2018 • p. 76
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JOURNÉE D’ÉTUDETECHNIQUES, DÉCORS ET PATRIMOINENÉCESSITÉS ET LIMITES D’INTERVENTION
roBin ENGELS Ingénieur-architecte
Associé Origin Architecture & Engineering
Robin Engels (°Genk, 1974) is Burgerlijk Ingenieur-Architect (Katholieke Universiteit Leuven, 1997),
Master in the Conservation of Historical Towns and Buildings (KUL, Raymond Lemaire Centre for
Conservation, 1999) en sinds 2007 werkzaam als projectverantwoordelijke bij het studiebureau ORIGIN
Architecture & Engineering (Brussel). Hij is er verantwoordelijk voor de coördinatie van restauratie- en
herbestemmingsdossiers van onroerend erfgoed in Vlaanderen en Brussel. Hij was onder andere de
projectverantwoordelijke voor de restauratie van het Koninklijk Museum voor Midden-Afrika in Tervuren in het
team rond Stéphane Beel Architecten. Verder is Robin zelfstandig onroerend erfgoed adviseur, bestuurslid
van de Vereniging van Restauratiearchitecten GORDUNA en publiceert regelmatig over onderwerpen uit de
onroerend erfgoedsector.
Robin Engels (°Genk, 1974) est Ingénieur Civil – Architecte (Université Catholique de Louvain, 1997) et
possède un Master in the Conservation of Historical Towns and Buildings (KUL, Centre Raymond Lemaire
pour la Conservation, 1999). Depuis 2007, il est responsable de projet patrimoine au sein du bureau d’étude
ORIGIN Architecture & Engineering à Bruxelles. Il y travaille comme responsable de projet de restauration
et réaffectation du patrimoine en Flandre et à Bruxelles. Il a notamment été le responsable pour le projet de
restauration du Musée Royale d’Afrique Centrale à Tervueren, en association avec l’équipe de Stéphane
Beel Architectes. Il est membre du comité de conseil de l’association des architectes de conservation/
restauration GORDUNA et publie régulièrement sur des sujets concernant le patrimoine.
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JOURNÉE D’ÉTUDETECHNIQUES, DÉCORS ET PATRIMOINENÉCESSITÉS ET LIMITES D’INTERVENTION
roBin ENGELS
lA REsTAURATION DU MUséE ROyAl DE l’AfRIQUE CENTRAlE, INTéGRATION DEs TEChNIQUEs CONTEMPORAINEs. (TERVUREN – 1908)
Le Musée Royal de l’Afrique Centrale à Tervueren a été achevé en 1908 d’après les plans de l’architecte
francais Charles Girault. Le typologie du batiment est celui d’un musée de beaux arts 19e : grandes salles
d’exposition monumentales, décorations somptueuses et des grandes baies et lanterneaux vitrés. Le
bâtiment, inadapté à la présentation contemporaine de l’Afrique Centrale, a été le sujet d’une rénovation
complète et profonde ces dernières années et réouvrira en décembre 2018.
La mise en place d’un conditionnement d’air était une des priorités du maître d’ouvrage de cette renovation,
mais n’est jamais très évident dans un bâtiment classé. Grâce à la créativité de toute l’équipe de projet la
renovation récente a pu répondre aux exigences du Musée. Le bâtiment historique a été muni d’un système
d’équipements techniques assez élaboré sans la mise en péril des valeurs patrimoniales essentielles. De
plus, les interventions realisées dans l’enveloppe du bâti aident à mieux gérer le fonctionnement de ces
systèmes et les consommations énergétiques.
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JOURNÉE D’ÉTUDETECHNIQUES, DÉCORS ET PATRIMOINENÉCESSITÉS ET LIMITES D’INTERVENTION
pierre HALLOTAssociate Professor University of Liège
educAtion
10/2003 – 09/2005 : University of Liège, Belgium
• Licence in Geographical Sciences – Geomatics – Geometrology
10/2005 – 09/2006 : University of Liège, Belgium
• Master in Geographical Sciences – Applied Geomatics
10/2005 – 04/2012 : University of Liège, Belgium
• PhD in Science
professionAl experience
10/2013 – 12/2013 : University of Liège, Belgium
• Scientific Attaché
• Geomatics Unit – Department of Geography
07/2013 – 09/2014 : The University of Iowa, Iowa – The United States of America
• Post-Doctoral Research Fellow
• Department of Geographical and Sustainable Sciences, University of Iowa
10/2014 – today : University of Liège, Belgium
• Lecturer
• Geomatics Unit, University of Liège
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10/2014 – 09/2016 : University of Liège, Belgium
• Substitute Professor
• Faculty of Architecture, University of Liège
10/2016 – today : University of Liège, Belgium
• Associate Professor
• Faculty of Architecture, University of Liège
expertise And reseArch experience (suMMAry)
Heritage Documentation - Geomatics – Land Survey
• Acquisition – Modelling – Storage – Treatment – Spatial information dissemination
• Lasergrammetry and photogrammetry
• Spatio-temporal identity reasoning
• Geovisualization
AwArds
2005 : Prix Spork
• Best Master thesis – Department of Geography
2013 : Laureate of the Belgian American Educational Foundation, Inc.
• Grant of a one-year post-doctoral research in the United States of America
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JOURNÉE D’ÉTUDETECHNIQUES, DÉCORS ET PATRIMOINENÉCESSITÉS ET LIMITES D’INTERVENTION
pierre HALLOT
UTIlIsATION DEs TEChNOlOGIE D’ACQUIsITION 3D COMME sUPPORT à lA COMPRéhENsION MATéRIEllE DE CERTAINs DéCORs EN PARTANT DU CAs DE l’ORATOIRE DE GERMIGNy-DEs-PRés.
ABstrAct :
L’exploitation des données 3D acquises avec les techniques de lasergrammétrie et photogrammétrie
reste encore peu développé alors que la résolution, la finesse et la qualité des modèles 3D produits par
ces mêmes techniques ne sont plus discutés aujourd’hui. Au travers d’une application collaborative, nous
montrons comment le dialogue entre scientifique et archéologue permets un traitement rapide et novateur
de données 3D tout en faisant gagner un temps considérable aux applications archéologiques. Au-delà
d’applications de recherche, nous montrons également comment des données 3D peuvent être exploitées
via 2 méthodologies simples pour les architectes, historiens de l’art, du bâti ou archéologues.
reMercieMents :
Nous tenons à remercier chaleureusement Line Van Wersch pour ses conseils avisés lors de l’interprétation
archéologique des données 3D. Nous remercions également Florent Poux dont le travail a inspiré une
grande partie de cette présentation.
Techniques, décors et patrimoine. Nécessités et limites d’intervention • Auditorium des Moulins de Beez (Namur) • Jeudi 18 octobre 2018 • p. 82
coMMunicAtion :
Depuis plusieurs années, plus personne ne questionne l’intérêt de l’utilisation de nouvelles techniques
d’acquisition 3D dans le domaine du patrimoine. Ces technologies principalement basées sur le principe de
la photogrammétrie ou de la lasergrammétrie permettent de collecter un grand nombre de données en un
temps restreint.
L’utilisation et la valorisation de ces données doit encore être amélioré. Bien que la recherche soit fort active
dans ce domaine et que plusieurs procédures soient maintenant en place, il reste encore à sensibiliser et
apprendre les nouvelles compétences nécessaires à leur exploitation à un grand nombre d’architectes,
d’historiens de l’art, d’historiens du bâti et d’archéologues.
Nous constatons déjà de façon quotidienne que ces compétences, incontournable dans ces professions,
sont de plus en plus apprises tant au niveau des pratiques professionnelles que de l’enseignement de ces
mêmes disciplines.
La présentation parcourt plusieurs projets de recherches et plusieurs exemples d’application pour lesquelles
ces deux techniques montrent une grande efficacité par rapport à une identification manuelle des formes
et, ou, matériaux. Nous montrerons finalement que l’acquisition de données au travers de techniques
photogrammétriques simples et de méthodologies accessibles permettent une exploitation aisée pour un
professionnel désireux de documenter des décors architecturaux.
La première recherche présentée fait suite à une collaboration fructueuse entre Line Van Wesrch de
l’Université Libre de Bruxelles et l’Unité de Géomatique de l’Université de Liège. L’étude porte sur la
définition et la classification des tesselles de la voute de l’oratoire carolingien de Germigny-des-Prés en
France. Cette œuvre exceptionnelle du 9e siècle est composée de plus de 100 000 tesselles individuelles.
Le dôme culmine à une hauteur de plus de 5,4m ce qui rends son accessibilité difficile pour de longs relevés
manuels.
L’étude archéologique rends compte de plusieurs questions encore sans réponse, notamment au sujet de
l’origine des tesselles, des différents travaux de restauration... La recherche relative à ces questionnements
pourra évoluer plus facilement lorsque l’identification individuelle de chaque tesselle, de sa localisation, de
sa surface, de sa composition sera réalisée.
Techniques, décors et patrimoine. Nécessités et limites d’intervention • Auditorium des Moulins de Beez (Namur) • Jeudi 18 octobre 2018 • p. 83
L’inventaire d’une telle surface n’est pas aisée. L’identification manuelle est chronophage, sujette à de
nombreuses erreurs. C’est pour cette raison que nous avons eu recours à l’utilisation conjoint d’un relevé
photogrammétrique et lasergrammétrique de la voute.
Le relevé a eu lieu en plusieurs phases. Premièrement 8 stations de relevé au scanner laser ont été
géoréférencées à l’aide de plus de 1388 points de contrôles. Cette démarche a pour objectif d’assurer
la qualité géométrique de la modélisation 3D. En effet, une erreur au niveau de celle-ci entrainerait
une mauvaise identification des éléments et pourrait conduire à une interprétation entachée d’erreurs.
Afin de contrôler l’ajustement entre les stations de relevé laser, 127 points de contrôles ont étés acquis
classiquement avec une station totale. L’erreur globale moyenne de l’ajustement est inférieure à 2mm. En
plus de ces acquisitions, nous avons réalisé une mesure à grande résolution permettant d’obtenir un nuage
de points avec une densité de plus de 3 points par millimètres. La superficie de la voute calculée sur le
relevé est de 9,38m2.
Lors du relevé lasergrammétrique, nous avons constaté que certains points étaient entachés d’erreur
dues à la traversée de matériaux réfléchissants ou absorbants. Cette propriété sera utilisée par la suite
de la classification. Cette variabilité a nécessité l’utilisation d’un relevé photogrammétrique (dense image
matching) moins sensible aux perturbations matérielles.
Il en résulte un nuage de points coloré beaucoup plus dense, de l’ordre de 30 points/mm2.
Les deux jeux de données ont été assemblés via le calcul de surfaces NURBS (calculée sur les joints de
tesselles uniquement) et un ajustement « Iterative Closest Point » a également été réalisé. L’ajustement
global est significativement bon, avec une variance de 1mm.
Représentation de la distribution des écarts entre les deux modèles 3D acquis de la voute.
Techniques, décors et patrimoine. Nécessités et limites d’intervention • Auditorium des Moulins de Beez (Namur) • Jeudi 18 octobre 2018 • p. 84
Sur base de données acquises et d’une modélisation tridimensionnelle de l’édifice, nous avons appliqué
plusieurs méthodes de détection automatiques de formes pour identifier les tesselles et une classification
des résultats basés sur une approche sémantique.
La classification supervisée a tenu compte d’un ensemble de descripteurs de formes calculés à partir du
nuage de points. Il s’agit des coordonnées de points, des voxels à plusieurs échelles (il s’agit d’un indice
d’indexation spatiale 3D), de la couleur, de l’intensité laser, de la densité, normales, courbatures...
Parmi ces indices, nous avons également utilisé une carte d’erreur 3D basée sur les différences de positions
observées entre l’acquisition laser et l’acquisition photogrammétrique.
Représentation de l’amplitude de l’erreur entre le scanner laser et la surface NURBS calculée à partir des combinaisons de relevés lasergrammétriques et photogrammétriques.
La détection des tesselles individuelle est alors réalisée via l’utilisation de paramètres de couleurs et de
contiguïté spatiales. Cette approche prend part dans un processus plus général qui vise à réaliser un modèle
de d’information et de représentation de nuages de points intelligent basé sur la sémantique des objets. Lors
de la classification, une injection de connaissance thématique a été réalisée. Ce contrôle de connaissances
permet l’identification des différents matériaux qui composent la voute. Il est important de noter que les
bons résultats de classification sont très dépendant de l’ajout de connaissances thématiques lors de
l’interprétation des paramètres de classification. En effet, la connaissance du terrain est indispensable pour
identifier quels éléments appartiennent à quels matériaux.
Techniques, décors et patrimoine. Nécessités et limites d’intervention • Auditorium des Moulins de Beez (Namur) • Jeudi 18 octobre 2018 • p. 85
Représentation des résultats obtenus par la segmentation et la classification. En haut à gauche, le nuage original, en haut à droite, le résultat de la segmentation (identification des tesselles individuelles), en bas à gauche le résultat de la classification automatique,
en bas à droite la classification sémantique sur base des connaissances archéologiques.
Le processus permet l’identification de plus de 95% des tesselles individuellement et leur classification dans
plus de 10 classes. Pour chacune d’entre elles, une validation statistique a été effectuée et les résultats de la
classification montrent des valeurs très prometteuses allant de 94% à 100% de tesselles pour lesquelles le
matériau est bien classifié.
Modèle 3D réalisé de la voute
Au-delà de cet exemple, nous parcourons également autres réalisations et présenterons des exploitations
2D et 3D des données collectées dans le cade d’applications architecturales et d’histoire de l’art.
L’acquisition de données 3D souffre souvent d’un manque d’exploitation et de visibilité du fait de la
complexité de leur manipulation. Plusieurs exploitations peuvent cependant être proposées pour fournir
des supports de travail plus aisés. L’exploitation la plus courante consiste à réaliser des tranches de
nuages de points afin de réduire la représentation 3D en 2D. De cette manière, l’ensemble de la tranche de
Techniques, décors et patrimoine. Nécessités et limites d’intervention • Auditorium des Moulins de Beez (Namur) • Jeudi 18 octobre 2018 • p. 86
nuage est projeté orthogonalement sur un plan. Nous attirons l’attention sur le fait que ces représentations
ne constituent pas des élévations ou des plans en soi. En effet, elles ne représentent qu’une collection
de points suffisamment denses pour que le cerveau humain puisse reconstruire un objet à partir de la
représentation. Cependant, ce support de base est suffisamment riche pour pouvoir directement être enrichit
sémantiquement et donc devenir un plan ou une élévation telle qu’habituellement manipulé par les experts
du domaine.
Tranche de nuage de points issu du relevé laser de l’hôtel de ville de Verviers.
La seconde grande voie d’exploitation qui commence à émerger est une exploitation directe des données 3D
dans un environnement web. Ce type d’environnement affranchit l’utilisateur de devoir utiliser une machine
puissante et un logiciel dédié. La simple connexion à une page web permet de visualiser les données de
d’y réaliser un ensemble de mesures à une échelle 1:1. Nous pensons que ces environnements vont se
développer rapidement et qu’ils permettront d’inclure une sémantique sur des ensemble de points. Ceci
étant un grand pas vers des modèles 3D intelligents et vers le Heritage-BIM.
Techniques, décors et patrimoine. Nécessités et limites d’intervention • Auditorium des Moulins de Beez (Namur) • Jeudi 18 octobre 2018 • p. 87
Extrait d’une application basée sur la librairie open-source Potree permettant la navigation et l’interrogation de nuage de points via le web.
le lecteur intéressé pourrA se référer Aux Articles suiVAnts :
F. Poux and P. Hallot. « Smart Point Clouds for information modelling : application in Cultural
Heritage. » Paper presented at Journées d’études « Le numérique : outil d’étude de la valeur
patrimoniale ! ». Paris, France, juin 1, 2018.
P. Hallot. « Intérêt de la digitalisation du patrimoine bâti. » Paper presented at Grandes Conférences de
l’ULiège à Verviers. Verviers, Belgique, 2018.
F. Poux, R. Billen (Other coll.), P. Hallot (Other coll.), A. Luczfalvy Jancsó (Other coll.), R. Neuville (Other
coll.), G.-A. Nys (Other coll.), and L. Van Wersch (Other coll.). « Fusion de données lasergrammétriques/
photogrammétriques et techniques d’extraction d’information archéologique sur base de nuage de points
3D. » Paper presented at Patrimoine, modélisation numérique et systèmes d’acquisition d’informations : les
enjeux actuels de la recherche. Lille, France, mars 8, 2018.
P. Hallot and C. Houbart. « La modélisation 3D comme outil de convergence des données au service du
projet patrimonial. » Paper presented at Architecture Patrimoine Création – 4e séminaire inter-écoles du
réseau pédagogique scientifique thématique d’enseignement et de recherche dans le champ du patrimoine.
Paris, France, février 8, 2018.
Techniques, décors et patrimoine. Nécessités et limites d’intervention • Auditorium des Moulins de Beez (Namur) • Jeudi 18 octobre 2018 • p. 88
F. Poux, R. Neuville, P. Hallot, and R. Billen. « MODEL FOR REASONING FROM SEMANTICALLY
RICH POINT CLOUD DATA. » ISPRS Annals of the Photogrammetry, Remote Sensing and
Spatial Information Sciences IV-4/W5 (octobre 26, 2017) : 107-115.
P. Hallot. « Considering Rich Spatiotemporal Relationships in Cultural Heritage Information
Management. » Lecture Notes in Geoinformation and Cartography (septembre 2017).
Techniques, décors et patrimoine. Nécessités et limites d’intervention • Auditorium des Moulins de Beez (Namur) • Jeudi 18 octobre 2018 • p. 89
JOURNÉE D’ÉTUDETECHNIQUES, DÉCORS ET PATRIMOINENÉCESSITÉS ET LIMITES D’INTERVENTION
doMiniQue BossiroyGéologue
Attaché scientifique, ISSeP
Expert dans le domaine de la conservation et de la restauration du patrimoine bâti
Responsable Unité Technique Asbeste et Patrimoine
Responsable Cellule Microscopie et Minéralogie
ActiVités principAles :
• Gestion des activités de l’Unité Technique Asbeste et Patrimoine et de la Cellule « Microscopie et
minéralogie ».
• Étude de la pathologie du bâti ancien (observation et analyse des symptômes, diagnostic des causes,
recherche des remèdes et traitements possibles).
• Établissement de l’état des lieux (identification des matériaux, recherche et analyse stratigraphique de
décor, analyse de métaux, etc.).
• Analyse physico-chimique des matériaux (pierres naturelles, produits manufacturés, mortiers, enduits,
badigeons, peintures, fresques, métaux, dorures, etc.).
• Travaux de recherche en relation avec les méthodes de caractérisation physico-chimiques des mortiers,
des enduits et des badigeons, peintures, etc.
Techniques, décors et patrimoine. Nécessités et limites d’intervention • Auditorium des Moulins de Beez (Namur) • Jeudi 18 octobre 2018 • p. 90
expérience professionnelle :
Avril 2013, Mars 2016 & Novembre 2017 participation à 3 missions en Palestine (Bethléem, Birzeit,
Ramalah, Gaza, Qalandiya, Jaba) en collaboration avec l’AWAP, l’IPW, l’UNESCO, le RIWAQ, l’IWAN et le
WBI.
Depuis juin 2005. Attaché scientifique depuis novembre 2006. Responsable de l’Unité technique Asbeste et
Patrimoine de la cellule de Microscopie et Minéralogie qui traite les divers travaux d’expertise, d’analyses et
de recherche sur les matériaux minéraux naturels et artificiels.
À partir de janvier 1996. Attaché à l’ISSeP. Gestion et direction des travaux et des études orientées dans le
domaine du patrimoine bâti.
Mars 1990. Attaché à l’Institut Scientifique de Service Public (ISSeP). Expertises minéralogiques diverses et
travaux de recherche (subsidiés par les Communautés Européennes – CECA).
Août 1988 à février 1990. Chercheur à l’Association pour une recherche coordonnée – ARC (Association
pour une recherche coordonnée) et à INIEX (Institut National des industries extractives).
Mai 1987 à juillet 1988. Chercheur au Laboratoire de Géologie et Minéralogie des Argiles, Service du
Professeur J. Thorez, Ulg.
Juillet 1986 à février 1987. Service militaire. Sous-officier de réserve au Génie (Allemagne).
Mai 1985 à avril 1986. Attaché au Service de Minéralogie, Service du Professeur P. Bourguignon, Ulg.
forMAtion :
• FNDP, 1982 – Candidature en Sciences Géologiques et Minéralogiques.
• ULg, 1984 – Licence en Sciences Géologiques et Minéralogiques (Ulg, 1984). Travail de fin de cycle :
« Contribution à l’étude pétrographique des roches métamorphiques du Massif de Stavelot ».
• ULg, 1988 – Cours de spécialisation intitulé « Clay Mineralogy and Geology » (Prof. J. Thorez, Ulg.
• ULg-INIEX, 1988 – Formation “Petrology / Sedimentology / Petrography of Pre-Permian siliciclastic
rocks” (Dr. W Zimmerle, Texaco, RFA).
• ULg – INIEX, 1988 – Formation “Economic application of fluvial depositional system : peat / coal forming
environements” (Dr. R. Flores, USGS, Branch of coal, Denver, USA).
• USGS, 1990 – Stage de formation sur les terrains houillers du Wyoming et du Montana, dans le cadre
Techniques, décors et patrimoine. Nécessités et limites d’intervention • Auditorium des Moulins de Beez (Namur) • Jeudi 18 octobre 2018 • p. 91
d’un programme de recherche en collaboration avec le « United States Geological Survey (USGS),
Branch of Coal ».
• BERLIN, 1996 – Participation à divers congrès axés dans le domaine de la géologie et principalement
sur la sédimentologie des charbons et depuis 1996 réorientation vers des activités concernant la
conservation et la restauration des biens culturels – 8e Congrès International sur la détérioration
et la conservation de la pierre.
• ICCROM – ENP, 1997 – Cours international « Les apports de la Sciences à la conservation
du Patrimoine – Méthodes d’analyse non destructives ou micro-destructives appliquées à la
conservation des biens culturels », Paris (230 heures).
Techniques, décors et patrimoine. Nécessités et limites d’intervention • Auditorium des Moulins de Beez (Namur) • Jeudi 18 octobre 2018 • p. 92
JOURNÉE D’ÉTUDETECHNIQUES, DÉCORS ET PATRIMOINENÉCESSITÉS ET LIMITES D’INTERVENTION
doMiniQue BOSSIROY
l’ANAlysE DEs MATéRIAUx : UNE MIssION DE l’IssEP AU sERVICE DU PATRIMOINE. l’étude préAlABle à lA restAurAtion des MosAïQues en plAQuettes de Verres plAts du lycée léonie de wAhA à lièGe (2016).
ABstrAct :
Sous l’impulsion de la Ville de Liège, et dans le cadre de leur conservation et restauration, une étude
préalable de 3 mosaïques monumentales a débuté en novembre 2012 et finalisée en juillet 2016. Il s’agit
de plusieurs panneaux de mosaïques, réalisés entre 1937 et 1938, par la S.A. Verres et Opales (Verropal),
filiale de la S.A. des Verreries des Hamendes L. Lambert (Jumet). Cette étude préalable a nécessité la mise
au point d’une méthodologie rigoureuse en mettant aussi l’accent sur l’utilisation de certaines analyses de
caractérisation devant permettre de donner un diagnostic de l’état sanitaire, le plus complet possible, et de
proposer un schéma de conservation restauration de cet ensemble exceptionnel et quasi unique.
Mots-clés :
Mosaïques
Méthodologie
Étude préalable
Techniques, décors et patrimoine. Nécessités et limites d’intervention • Auditorium des Moulins de Beez (Namur) • Jeudi 18 octobre 2018 • p. 93
JOURNÉE D’ÉTUDETECHNIQUES, DÉCORS ET PATRIMOINENÉCESSITÉS ET LIMITES D’INTERVENTION
stéphAnie BonAto Dr Ph.
Agence wallonne du Patrimoine (AWaP)
Direction du Développement statégique
Coopération internationale
2018-… Agence wallonne du Patrimoine (AWaP), résultat de la fusion de l’IPW et du Département
du Patrimoine du Service public de Wallonie
Direction du Développement stratégique
Coordination des projets de coopération internationale
2009-2017 Institut du Patrimoine wallon (IPW)
Direction de la Communication
Coordination d’un trimestriel gratuit d’information patrimoniale, valorisation du patrimoine
wallon dans la presse magazine et dans le cadre de projets variés (sites Web, identification
des biens classés wallons via les technologies mobiles, etc.)
2004-2008 Malagne - Archéoparc de Rochefort
Valorisation du site archéologique d’une villa gallo-romaine (volet scientifique et médiation)
2004-2008 Les cahiers de Science et Vie
Rédactrice freelance
1999-2003 Mandat d’aspirant FNRS - ULB
Doctorat en Philosophie et Lettres - orientation Histoire de l’Art et Archéologie
Participation à différents chantiers archéologiques internationaux (ULB – UNamur) et
groupes de recherche
Techniques, décors et patrimoine. Nécessités et limites d’intervention • Auditorium des Moulins de Beez (Namur) • Jeudi 18 octobre 2018 • p. 94
JOURNÉE D’ÉTUDETECHNIQUES, DÉCORS ET PATRIMOINENÉCESSITÉS ET LIMITES D’INTERVENTION
stéphAnie BONATO
ENTRE TRADITION ET MODERNITé lA COUR ROyAlE DE TIéBélé, PRésERVATION ET VAlORIsATION DE DéCORs ExCEPTIONNEls AU BURkINA fAsO
ABstrAct
Site emblématique de la culture kasena, présente dans le sud du Burkina Faso, la cour royale de Tiébélé
rassemble à elle seule ce qui fait la spécificité de cette architecture de terre si particulière. Si la construction
en terre est encore présente en différents endroits du pays, l’architecture kasena se distingue par la richesse
de la décoration qui en orne traditionnellement les parois. Outre leur qualité esthétique indéniable, ces
décors sont également le réceptacle d’un riche patrimoine immatériel. Malheureusement, ce site majeur est
confronté à plusieurs facteurs de dégradation, tant liés aux éléments naturels qu’à l’action humaine.
Mots-clés
Architecture en terre
Décors
Conservation
Techniques, décors et patrimoine. Nécessités et limites d’intervention • Auditorium des Moulins de Beez (Namur) • Jeudi 18 octobre 2018 • p. 95
résuMé de lA coMMunicAtion
Située dans le sud du Burkina Faso, à la frontière du Ghana, la cour royale de Tiébélé n’est autre qu’un
des plus précieux ambassadeurs de la culture kasena et le point d’entrée idéal pour en comprendre la
richesse. Ce site, classé au patrimoine national du Burkina Faso et inscrit depuis 2012 sur la Liste indicative
du patrimoine mondial, permet de découvrir cette culture et d’en comprendre les structures sociales et
politiques. Il aide également à appréhender le rapport au sacré de celle-ci, une composante souvent peu
familière au regard étranger. En parcourant la cour royale, on comprend dès lors mieux la manière dont est
organisé le site dans son ensemble ou ses abords. Mais surtout, on se familiarise avec les techniques et
matériaux de construction utilisés dans cette architecture de terre et avec le répertoire décoratif qui l’anime,
au gré d’une riche symbolique.
Fig.1
Malheureusement, en dépit des hommes et des femmes qui font vivre quotidiennement un site qui demeure
encore aujourd’hui le siège traditionnel de la chefferie de Tiébélé, des menaces bien réelles planent sur
celui-ci. Les phénomènes naturels ne doivent bien évidemment pas être sous-estimés, qu’il s’agisse
notamment d’inondations ou d’infiltrations causées par les pluies violentes fréquentes à la saison humide ou
encore des attaques d’insectes xylophages.
Techniques, décors et patrimoine. Nécessités et limites d’intervention • Auditorium des Moulins de Beez (Namur) • Jeudi 18 octobre 2018 • p. 96
Fig. 2 Fig. 3
Indépendamment de ces facteurs qui ne doivent en aucun cas être minimisés, force est de constater que
le monde évolue, à Tiébélé comme ailleurs, si bien que de nouveaux modes de construction font leur
apparition. Ceux-ci sontgénéralement mis en œuvre dans une recherche de modernité et de confort, avec
un résultat qui n’est parfois pas à la hauteur des attentes légitimes de la population. L’approvisionnement en
matières premières, devenu plus compliqué, implique trop souvent en effet le recours à d’autres matériaux,
la plupart du temps standardisés – mondialisation oblige – et les enduits traditionnels cèdent parfois le pas
à une décoration plus limitée dans ses teintes et techniques d’application, quand elle ne disparaît pas tout
simplement.
Techniques, décors et patrimoine. Nécessités et limites d’intervention • Auditorium des Moulins de Beez (Namur) • Jeudi 18 octobre 2018 • p. 97
Fig. 4
Ce simple fait rend d’autant plus prégnante la nécessité de mener, sans doute plus que jamais, un travail de
sensibilisation insistant sur l’intérêt de maintenir vivace l’utilisation des techniques traditionnelles non pas
uniquement pour conserver ces dernières dans une muséification sèche des lieux mais surtout pour l’intérêt
qu’elles peuvent représenter pour la communauté. Le défi actuel, qui est celui de tous les acteurs impliqués
dans la conservation et la valorisation de ce site vivant est de maintenir intacte la richesse patrimoniale et
culturelle de la cour royale dans un contexte et un environnement fluctuants.
Cependant, cette évolution inévitable peut également être considérée, si on dépasse une simple vision
fataliste, comme un gage de dynamisme. L’architecture de terre et sa décoration ne sont pas immuables,
elles doivent être périodiquement reprises, formant un cadre et un levier précieux pour la transmission
des savoir-faire traditionnels des anciens aux jeunes générations. Au risque sinon de le voir s’éteindre, ce
flambeau est amené à être passé, non pas d’abord pour les touristes burkinabé ou étrangers mais pour les
personnes qui habitent le site ou le côtoient régulièrement.
Cet élan visant à faire connaître le site, s’il est déjà bien présent, se doit d’être soutenu à plus long terme.
C’est d’autant plus vrai si on envisage d’étendre la reconnaissance de la cour royale au-delà des frontières
du pays, dans l’optique, par exemple, de la préparation de son inscription sur la Liste du patrimoine mondial
et de la gestion à long terme qui en est le corollaire. Les savoir-faire à l’origine de la création des structures
reconnues à ce titre auront alors autant de valeur que les structures elles-mêmes, au sens d’un patrimoine
Techniques, décors et patrimoine. Nécessités et limites d’intervention • Auditorium des Moulins de Beez (Namur) • Jeudi 18 octobre 2018 • p. 98
vivant. Ces deux aspects démontrent à quel point la sensibilisation est un des éléments qui se trouvent au
cœur de la problématique de conservation du patrimoine. Plusieurs actions très concrètes, comme l’édition
d’un ouvrage de vulgarisation envisageant le site dans son ensemble (architecture, techniques, symbolique,
menaces, patrimoine immatériel, etc.) ou la mise en place de quelques panneaux d’interprétation
patrimoniale, ont ainsi pu être menées par la Direction générale du Patrimoine culturel et l’Institut du
Patrimoine wallon avec le soutien constant de Wallonie-Bruxelles International. Ces actions sont amenées à
être poursuivies par l’Agence wallonne du Patrimoine et ces mêmes partenaires.
Au-delà de l’action internationale, ce processus visant la conservation de ce site inscrit au cœur des
évolutions et défis que connaît la région est appelé, pour porter ses fruits, à devenir l’affaire de tous les
acteurs impliqués dans la préservation du site et sa promotion, non pas de manière théorique mais bien
« pratico-pratique ». En un mot, au-delà de l’accueil des visiteurs et touristes nationaux ou étrangers et de la
mise en tourisme maîtrisée du site, l’effort de sensibilisation du public local à la richesse de son cadre de vie
reste primordial. La mise en œuvre d’une gestion commune respectueuse du site et de ses habitants, portée
par tous les acteurs impliqués n’est autre que la première et la plus pérenne des actions de sensibilisation.
BiBlioGrAphie
siMporé L. (dir.), BonAto S., dutrecQ A., duViGneAud V., GoMGniMBou M., GuiGMA L., Joris F., kABoré B.,
kiBorA L. O., MAQuet J., Moriset S., ouAMBAtouA A., sédoGo V., La cour royale de Tiébélé au Burkina Faso,
Namur, Institut du Patrimoine wallon, 2017, 54 p. (Les Carnets du Patrimoine. Hors-série).
léGende des illustrAtions
Fig. 1 – Vue d’ensemble de la cour royale de Tiébélé © AWaP
Fig. 2 – Effets des ruissellements © AWaP
Fig. 3 – Détail d’une galerie de termites © AWaP
Fig. 4 – Disparition des techniques traditionnelles et apparition de nouveaux matériaux © AWaP
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JOURNÉE D’ÉTUDETECHNIQUES, DÉCORS ET PATRIMOINENÉCESSITÉS ET LIMITES D’INTERVENTION
JAcQues BArletArchitecte – Historien de l’Art et Archéologue
Expert auprès de l’IPW et Formateur Paix-Dieu jusqu’au 31.12.2017
Chargé de mission à l’AWaP depuis le 01.01.18
2009 – 2018 Chargé de mission IPW-AWaP/WBI en Palestine pour la gestion des chantiers à
Birzeit, Ramallah, Bethlehem, Gaza et Qalandiya
Enseignant dans le cadre du Master de spécialisation conjoint en conservation
restauration du patrimoine culturel immobilier
2006 Chargé de cours honoraire à la Fac de Sciences appliquées de l’ULg ;
Conservation et restauration du Patrimoine
2002 Président honoraire CRMSF Région Wallonne
2002 Professeur émérite à l’I.S.A
Composition architecturale
Conservation et restauration du patrimoine culturel immobilier
1973-1976 Expert consultant auprès du Conseil de l’Europe
Techniques, décors et patrimoine. Nécessités et limites d’intervention • Auditorium des Moulins de Beez (Namur) • Jeudi 18 octobre 2018 • p. 100
JOURNÉE D’ÉTUDETECHNIQUES, DÉCORS ET PATRIMOINENÉCESSITÉS ET LIMITES D’INTERVENTION
JAcQues BArlet
crÉAtions d Artistes inteGrÉes Au pAtriMoine clAssÉ
• LIEGE, Sart Tilman « la mort de l’automobile, F. FLAUSCH,
1970
• LIEGE, Société littéraire
Plafond du grand salon sans décor, absence d’archives et de
projet Levé métrophotographique, S. Paeme
Techniques, décors et patrimoine. Nécessités et limites d’intervention • Auditorium des Moulins de Beez (Namur) • Jeudi 18 octobre 2018 • p. 101
• BERLIN, Charlottenbourg en 1945, – Rest. « Salle
blanche », 1972
Décor plafond peint sur le même thème qu’à l’origine « Mariage
de Thétis et Pélée » mais traité en abstraction lyrique par Hans
Trier, 1972
• BRUXELLES, Monnaie, Vestibule – Ch. Vandenhove
Peinture du plafond, Sam Francis
• LIEGE, CHU, arch. Ch. Vandenhove, 1984, J. Ch. Blais, Sol
Lewitt, N. Toroni
Techniques, décors et patrimoine. Nécessités et limites d’intervention • Auditorium des Moulins de Beez (Namur) • Jeudi 18 octobre 2018 • p. 102
• BRUXELLES, Palais royal, Salle des glaces
Intervention de Jan Fabre « Le ciel des délices », pose d’élytres
de scarabées sur la voûte en berceau.
• LIEGE, Tour Cybernétique, N. Schöffer 1960
(Pat. exc.)
Rest. B.A.G., visant à pérenniser l’œuvre en remédiant au
programme informatique d’origine obsolète et en remplaçant
l’essentiel des éléments métalliques dégradés (Alu remplacé
par acier inox) Le nouveau programme assure la fonctionnalité
de l’œuvre et la restitution de « l’image » du monument original.
COMITé ORGANIsATEUR
Agence wallonne du Patrimoine (AWaP)Aurélie Roskam / Jacques Barlet / Stéphanie BonatoRue des Brigades d’Irlande, 1 – 5100 JambesPour tous renseignements, s’adresser à Aurélie Roskam (0470 / 350 716) ou Adeline Lecomte (081 / 654 860 – [email protected])
FABI Comité Patrimoine et HistoireMichel ProvostRue Hobbema, 2 – 1000 Bruxelles
Éd.
resp
. : J
. plu
Mie
r –
AW
aP –
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Brig
ades
d’Ir
land
e, 1
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JOURNÉE D’ÉTUDETECHNIQUES, DÉCORS ET PATRIMOINENÉCESSITÉS ET LIMITES D’INTERVENTION
Salle philharmonique de Liège – Dispositif modulable de correction acoustiqueAncien bâtiment du Génie civil de l’ULiège sur le site du Val-Benoît – Adaptation des garde-corps aux normes de sécuritéAnalyse des mosaïques de l’oratoire de Germigny-des-Prés – Unité de géomatique et Faculté d’Architecture, ULiègeIntégration d’un radiateur dans la Maison Horta