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lundi 12 octobre 2015 3SUISSE PAGE

SUISSE

Or virtuel, devise de la liberté, ar-naque du siècle, on a tout entenduou presque sur la monnaie élec-tronique décentralisée conçue en2009 par Satoshi Nakamoto. Lebitcoin a ses détracteurs. Il a aussid’ardents défenseurs. Entretienavec Jon Matonis, membre fon-dateur de la fondation Bitcoin, àla conférence FinDating de Du-kascopy à Genève.

On reproche au bitcoin d’être

une devise non collatéralisée.

Qu’en pensez-vous?

Si vous vous présentez à la Fede-ral Reserve avec un billet de 10dollars, elle vous rendra deux bil-lets de cinq dollars. Aucune de-vise n’est réellement collatérali-sée par autre chose que laconfiance que ses usagers lui at-tribuent. En cela, le bitcoin n’estpas différent des autres monnaies.

Le bitcoin a affiché une forte

volatilité récemment. N’est-ce

pas inquiétant?

La volatilité du bitcoin est infé-rieure à celle du S&P mais il estexact que la liquidité est insuffi-sante d’où les écarts de cotation.

Vous décrivez le bitcoin comme

l’équivalent virtuel des espèces,

c’est-à-dire une monnaie impossi-

ble à contrôler. Cela ne risque-t-il

pas de lui attirer les foudres des

Etats?

La monnaie est effectivement uninstrument politique et une de-vise libre et décentralisée est po-tentiellement susceptible d’êtreconsidérée comme une menace.Nous en sommes bien loin. Pourque le bitcoin en arrive là, encorefaudrait-il que son pool de liqui-dité soit suffisant. Le bitcoin n’apas atteint la masse critique né-cessaire pour présenter un quel-conque danger. S’il l’atteignait unjour, nous assisterions vraisem-blablement à des réactions poli-tiques mais il resterait difficiled’éliminer un moyen d’échangeentièrement décentralisé.

Contrairement aux réseaux quipeuvent être bloquées par pres-sion sur une ou plusieurs institu-tions (comme on l’a vu avecSWIFT pour l’Iran ou avec Visapour Wikileaks), le réseau bitcoinrepose sur des milliers de pointde distribution indépendants trèsdifficiles à contrôler.

Le bitcoin est-il un défi aux

banques?

Aux banques centrales certaine-ment, mais pas aux banques com-merciales qui peuvent le traitercomme une devise semblable auxautres.

A ce propos, il est question que

le bitcoin puisse être ajouté à la

liste des devises ISO.

Il est effectivement question quela norme ISO 4217 qui définitles codes à trois lettres des devisesau niveau mondial, lui attribuele code XBT, la première lettre Xsignifiant qu’il n’a pas de paysémetteur. Comme l’or dont lecode est XAU ou l’argent XAG.

Le bitcoin ne risque-t-il pas de

devenir la monnaie d’échange du

crime?

Pas plus que n’importe quelle au-tre devise. L’essentiel des trans-actions associées à des activitéscriminelles sont négociées dansdes devises officielles et nul ne re-proche aux banques centrales quiles émettent d’être complices deces crimes. D’ailleurs la saisie etla mise aux enchères des bitcoinssaisis par la justice américaine au-près de Silk Road n’a en rien terni

la réputation du bitcoin.

Comment les Etats essaient-ils de

règlementer le bitcoin?

Ils règlementent essentiellementses points de contact avec leursdevises. Comme l’Australie quifrappe les achats de bitcoins d’uneTVA. Avec pour résultat unefuite des bitcoins vers d’autrescieux.

Où voyez-vous le plus grand

potentiel d’essor pour le bitcoin?

Dans les pays dont les régimesmonétaires sont carentiels. L’Ar-gentine par exemple où le pesosouffre de dévaluations conti-nuelles et où il est interdit d’ache-ter de l’or. Le Venezuela est unautre exemple possible. Un autreterrain fertile est celui des paysoù la quantité de cash à disposi-tion des personnes est sévère-ment contrôlée comme la France.

La limite de 21 millions ne signe-

t-elle pas la mort du bitcoin à

terme?

C’est une limite arbitraire inscritedans le code mais ce code est enopen source. Si la majorité desutilisateurs décident de la modi-fier, elle peut l’être. Par migrationvirale au nouveau software unpeu comme pour les médias so-ciaux. De la même manière queFacebook a remplacé MySpace.Argent et software sont virauxpar nature.

Où sont les plus grands centres

d’échange du bitcoin?

A Hong Kong, en Chine et en

Arménie. Ces trois pays présen-tant des risques de contrepartie,les centres d’échange se dirige-ront dorénavant vers le Luxem-bourg. C’est d’ailleurs là que jetransfère celui que j’ai créé, Glo-bitex. L’Europe, avec son passe-port financier, est un terrain fa-vorable qui évite, comme auxEtats-Unis, la multiplicité desbarrières légales, Les centresd’échange se développent aussien Grande-Bretagne, à Gibraltaret dans l’Ile de Man. Souvent enassociation avec l’industrie desjeux.

La technologie du blockchain

éveille l’intérêt des centres de

règlement plus traditionnels.

Effectivement, les institutions fi-nancière s’y intéressent de plusen plus près pour les substituer àleurs techniques archaïques. Ladirection de SWIFT, par exem-ple, a créé un département dédiéà la technologie bitcoin.

Vous aviez songé faire de Genève

le siège de la Bitcoin Foundation.

Pourquoi est-elle à Londres?

Genève était en effet l’une de nosdeux préférences mais nousavons jugé les coûts trop élevés.

INTERVIEW:

NICOLETTE DE JONCAIRE

Dans l’attente de la masse critiqueBITCOIN. Les centres d’échange de la crypto-monnaie confluent vers l’Europe et le Luxembourg en particulier. La norme ISO 4217 n’est pas exclue.

JON MATONIS. Tout échange

monétaire est basé

sur la confiance.

PRÉSENTEZ VOUS À LA

FEDERAL RESERVE AVEC UN

BILLET DE 10 DOLLARS. ELLE

VOUS RENDRA 2 BILLETS DE

CINQ DOLLARS.

Difficile d’imaginer deux angles plus radicalement différents sur lesdevises que ceux présentés par Otmar Issing et Jon Matonis à la confé-rence FinDating organisée par la banque Dukascopy vendredi. D’uncôté un ancien chef économiste et membre du Conseil de la BanqueCentrale Européenne. De l’autre un membre fondateur de la fondationBitcoin. La position de la devise centralisatrice ultime contre celle dela monnaie totalement décentralisée. Otmar Issing était là où l’on attend un banquier central européen, desurcroit allemand: l’euro est irréversible (il n’y a d’ailleurs aucuneclause de bail out dans le traité de Maastricht), les pays-membres doi-vent prendre leurs responsabilités et s’aligner sur leurs engagements,sinon ils seront sanctionnés. Il rappelait - non sans une certaine justesse- que les maux attribués à l’euro sont souvent du fait des défaillancesstructurelles de la gouvernance des Etats. Sur les 30 dernières années,le chômage espagnol a frisé les 30%, bien avant l’arrivée de la monnaieunique. Trop facile d’accuser l’euro qui est une sorte de club dont ilfaut accepter les règles sinon gare. Le Bitcoin est évidemment une toute autre affaire. Protocole de réseaudistribué (Bitcoin) ou monnaie parallèle (bitcoin)? Les deux évidem-ment. A la fois algorithme génial et moyen d’échange, répondant ex-clusivement aux lois de l’offre et de la demande sans autres contraintesque celles intégrées dans les logiciels open source. La force du bitcoinest celle des espèces: respect de la vie privée, règlement instantané, ir-réversibilité des transactions, traçabilité minimale, fongibilité … etcoût de transactions internet pratiquement nuls. De quoi faire peuraux gouvernements qui perdraient un outil de contrôle précieux deleurs populations en cas de succès malgré un pool de liquidité qui seralimité puisque le programme de base ne prévoit l’émission que de 21millions de bitcoins.C’est la première fois que Dukascopy assortit sa désormais célèbresoirée mensuelle d’une conférence financière. Avec un succès quin’était pas seulement dû au défilé de mode de Versace. Participaientà l’évènement des représentants des autorités de contrôle financièresturques, chypriotes et maltaises. SIX Financial Information et le groupeBanque Baring Brothers Sturdza s’étaient joints aux sponsors.– (NJN)

Euro et bitcoin aux extrêmesopposés du concept de devise

GOTTEX: Pierre Udriot nommé directeur financier

Le gérant de fortune Gottex Fund Management a nommé PierreUdriot nouveau directeur financier (CFO) à partir du 16 novembre.Il succède à Tim Roniger qui quittera l’entreprise le 30 novembre, an-nonce vendredi un communiqué. Pierre Udriot travaillait auparavantpour Ernst & Young comme cadre supérieur spécialisé dans le secteurfinancier. Il sera basé en Suisse pour sa nouvelle fonction.

D’importanteséconomiesen vueCREDIT SUISSE.La banque Cre-dit Suisse envisagerait des écono-mies de 1,5 à 2milliards de francs,selon une source interne interro-gée par l’hebdomadaire domini-cal Schweiz am Sonntag.«Une grande incertitude règneparmi les employés au siège prin-cipal suisse» de la banque à Zu-rich, a déclaré au journal un cadrede l’entreprise sous couvert del’anonymat. La réduction des coûts doit no-tamment permettre de dégagerdes ressources pour investir enAsie. Interrogée par l’AFP, CreditSuisse, qui emploie 45.800 per-sonnes dans le monde, a indiquéne pas commenter les «spécula-tions des médias».Le 8 octobre, le Financial Timesavait indiqué, en citant dessources proches du dossier, quela banque préparerait une aug-mentation de capital «substan-tielle» qu’elle pourrait annoncerlors de la publication des résultatstrimestriels le 21 octobre.Les capitaux levés permettraientd’absorber les pertes liées à la re-structuration du groupe bancaireet de répondre aux exigences desrégulateurs en matière de fondspropres, avait estimé le journal.Dans un communiqué publiéaprès la clôture de la Bourse, labanque indique avoir signalé le23 juillet dernier qu’elle procédaità une évaluation de sa stratégie,«en étudiant toutes les optionspour le groupe, ses affaires et l’af-fectation de ses capitaux». Le ré-sultat de cette évaluation sera an-noncé le 21 octobre prochain.n

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