UNIVERSITE D’ANTANANARIVO
Faculté de Droit, d’Economie, de Gestion et de Sociologie
Département ECONOMIE
MAITRISE options : « Macroéconomie et Modélisation »
« Développement »
Mémoire pour l’obtention
du diplôme de Maîtrise – ès – Sciences Economiques
ROLE DU CAPITAL HUMAIN DANS LA CROISSANCE
ECONOMIQUE
Impétrants : -RAKOTONDRANAIVO Rovamalala Linah (n°49)
-RAKOTOMIHANTA Mamisoa (n°160)
-RAKOTONIAINA Jonathan (n°164)
-RATIA- RAMAHAVONJY Henintsoa (n°205)
-SOANEKENA Falitiana Andrandraina (n°221)
Encadré par Monsieur RAMIARISON Herinjatovo Aimé
Date de Soutenance : 16 Novembre 2009
Année : 2008-2009
REMERCIEMENTS
En premier lieu, Nous tenons à rendre grâce au Seigneur Tout-puissant pour sa
bienveillance et sa bénédiction.
Le présent Mini-mémoire n’a pu être réalisé sans l’inestimable contribution de
plusieurs personnes à qui nous adressons nos vifs remerciements.
Malgré leurs innombrables obligations, elles ont su renoncer à une large partie de leur
temps pour nous encadrer et nos guider.
Ainsi, nous tenons à exprimer nos sincères reconnaissances à :
- Monsieur RAVELOMANANA Mamy Raoul, Chef de Département de l’Economie,
- Monsieur RAVELOSON Harimisa, Responsable 2nd cycle du Département
Economie,
- Monsieur RAMIARISON Herinjatovo Aimé, notre encadreur enseignant, qui a bien
voulu approuver ce travail et avoir la bonne volonté de le diriger et de suivre de près
avec patience la réalisation de ce travail de recherche.
Ainsi, nous tenons à adresser notre respectueuse reconnaissance et nos chaleureux
remerciements à tous nos professeurs qui, depuis des années d’études dans ce département,
n’ont pas ménagé leurs efforts pour la réussite de notre formation.
Nous adressons également nos vifs remerciements à notre famille qui nous a soutenu
moralement et financièrement dans la réalisation de ce travail.
Que tous ceux qui nous ont encouragé, soutenu et aidé, de près ou de loin, dans
l’élaboration de cet ouvrage, trouvent ici nos sincères remerciements et l’expression de notre
profonde gratitude.
1
INTRODUCTION
Les pays en voie de développement sont caractérisés par une forte dépendance aux
capitaux étrangers : entre autres les aides, les investissements directs étrangers, les dons.
Malgré les aides multiples et prépondérantes octroyées par les pays développés durant
plusieurs années, la misère règne encore dans les pays en voie de développement. La question
qui vient de suite à ce constat est : « pourquoi ces pays n’arrivent pas à endiguer la
progression de la pauvreté malgré les aides qu’ils reçoivent ? »
Cette question est d’autant plus fondamentale que nous savons très bien que les aides
apportées par les pays développés ne datent pas d’hier et que celles-ci ont toujours été
considérables. Nos dirigeants ont toujours accordé une très grande importance à ces capitaux
étrangers qu’ils ont même négligé leurs propres capitaux, notamment le capital humain. Ainsi,
ce travail traitera le rôle du capital humain dans la croissance économique. La problématique
qui se pose est : « quelle devrait être la place du capital humain pour un pays en voie de
développement afin de promouvoir la croissance ? »
Afin de mieux cerner cette problématique, les objectifs spécifiques de ce travail sont :
- Dans quelles mesures et sous quelles conditions le capital humain peut –il engendrer la
croissance économique ?
- La valorisation des investissements en ce capital permet- elle d’aboutir à la croissance
économique d’un pays ?
- Quels sont les rôles de l’Etat dans l’accumulation de ce capital ?
En effet, cette problématique doit être soulevée pour apporter des solutions durables au
développement de ce pays.
Ainsi, l’objectif du présent mini mémoire est d’apporter des éléments d’explications et
d’analyses concernant la relation entre capital humain et croissance économique. Pour mieux
répondre et analyser la problématique qui se pose, le concept du capital humain (chapitre 1),
son rôle dans la croissance économique (chapitre 2), son accumulation (chapitre 3) et enfin
ses limites (chapitre 4) seront appréhendés.
2
PARTIE 1
GENERALITE SUR LE CAPITALHUMAIN
3
Chapitre 1 : LE CONCEPT DE CAPITAL HUMAIN
1) Définition :
Le capital humain est l’ensemble des capacités productives qu’un individu acquiert par
accumulation de connaissances générales ou spécifiques. La notion de capital exprime l’idée
que c’est un stock immatériel attribué à une personne qui peut être accumulé mais aussi s’use.
En d’autres termes, le capital humain est formé de trois éléments : les compétences, les
expériences est le savoir-faire qui, en fonctionnant ensemble, déterminent une certaine
aptitude de l’individu à travailler.
Dans la théorie du capital humain, les compétences acquises sont considérées à la fois
comme un bien de consommation durable c’est-à-dire qu’on peut les acquérir à tout âge ; un
bien spécifique où les compétences sont propres à chaque individu, limitées par les capacités
physiques et intellectuelles de ces individus et non exploitable que par leur volonté ; un bien
de production car la productivité de l’individu est déterminée par ces compétences ainsi
celles-ci doivent être considérées comme un facteur au même rang que la terre et les
machines1.
Comme le capital physique, le capital humain peut s’acquérir par l’intermédiaire de
l’éducation, se préserver et se développer à travers des formations ou par l’attention portée à
la santé de l’individu. De même, il doit pouvoir produire un bénéfice.
En d’autres termes, le capital humain se définit comme la forme de travail des salariés.
Plus précisément, c’est l’ensemble des facultés physiques (puissance, endurance), morales
(courage, conscience morale et professionnelle), relationnelles (le sens de la négociation),
intellectuelles (connaissances générales, intelligence), que les salaries peuvent mettre en vente
sur le marché du travail.
1 Gary S. Becker, Human Capital, The University of Chicago Press for NBER (3ème edition 1993).p.16.
4
2) Les caractéristiques du capital humain :
Comme le capital humain est un choix individuel incorporé à la personne, il se distingue
ainsi du capital non humain. Ses principales caractéristiques sont la personnalisation, la
limitation et l’opacité.
La personnalisation traduit l’indissociabilité du capital humain de son détenteur : un
investissement personnel s’évalue de façons différentes selon son utilité, il ne peut donc
devenir propriété d’un tiers mais il est simplement mis à disposition par l’individu et dépend
de ses capacités physiques et mentales ainsi que de son cycle vital. Sa constitution et sa mise
en œuvre implique l’individu tout entier dans une démarche d’investissement constante : il
investit de manière à augmenter sa productivité futur et ses revenus en s’enrichissant en
permanence de nouveaux savoirs et expériences. Il optimise également ses capacités en
évitant qu’elles ne se déprécient trop du fait de la dégradation de sa santé physique et morale
ou de ses connaissances.
La limitation du capital humain est expliquée par le fait que l’investissement en ce
domaine est coûteux en temps et la période de perception des bénéfices est limitée par la
durée de vie humaine. De plus, le niveau de l’investissement optimal en capital humain est
fortement individualisé du fait du choix de formation qui dépend de la capacité des individus
à valoriser cette formation et de l’importance des ressources qu’ils sont en mesure de
mobiliser pour la financer.
L’opacité du capital humain est la conséquence d’une asymétrie d’information : au
début, l’employeur ne connaît pas les réelles compétences des travailleurs, ainsi il pourrait
être tenté de donner le même salaire à des travailleurs qui ont des productivités différentes. Il
est donc nécessaire que les travailleurs les plus productifs fassent parvenir des signaux, tels
que le diplôme qui révèle le montant de l’investissement éducatif, à l’entreprise pour que cette
dernière puissent réviser la redistribution des salaires par exemple.
Chaque individu devrait donc se considérer et agir comme un centre potentiel
d’accumulation de richesses, se comporter comme un capitaliste dont le capital ne serait autre
que sa propre personne.
La notion de capital humain conduit les travailleurs à se persuader qu’il leur faut se
mobiliser en permanence pour conserver et accroître ce capital si précieux, en transformant
5
ainsi leur existence hors travail en une entreprise permanente d’accumulation de ressources de
tous ordres destinés à se valoriser sur le marché du travail.
3) Mesures du capital humain et comparaisons internationales :
Les économistes trouvent généralement un lien étroit entre le stock de capital humain et
le niveau d’activité économique. La difficulté se situe dans l’évaluation de se stock et dans la
validité des comparaisons internationales.
La plupart des analyses empiriques mesure la notion de capital humain tout d’abord à
l’aide d’un éclatement de la population par niveau d’instruction. Les comparaisons
internationales consistent donc à comparer les proportions d’agents ayant atteint un niveau
d’éducation donné. Le problème est que, résumer le stock de capital à un indicateur de
diplôme est très réducteur. Cela néglige toutes les autres formes d’apprentissage et l’existence
des aptitudes des individus, sans parler des différences qualitatives des diplômes, liées aux
différences de programmes des établissements scolaires.
Une deuxième approche qui est l’approche alternative consiste à fonder la mesure du
capital humain sur le montant des rémunérations auxquelles ce capital humain donne lieu.
Cette approche s’avère toute aussi difficile pour deux raisons essentielles :
le salaire instantané des individus ne reflète pas clairement la productivité marginale
des travailleurs, ceci pour des raisons multiples : par exemple, le salaire fixe ne
représente pas la productivité d’un salarié car quelque soit le travail qu’il a fait, le
salaire reste le même.
cette productivité marginale est un concept « relatif » lié aux conditions économiques
tel que la quantité des autres facteurs utilisés ainsi que la substitution entre les
facteurs.
Enfin, une autre tentative d’évaluation plus précise consiste à soumettre des individus à
des tests de connaissances standardisés. Si cette approche ne permet pas de mesurer
réellement les stocks de capital humain de l’individu, elle est supposée permettre des
comparaisons interindividuelles ou inter régionales.
6
En fait, le capital humain se résume par l’ensemble des compétences, des expériences et
des savoirs faire qui peuvent s’acquérir par l’intermédiaire de l’éducation, et des formations et
qui doivent produire des bénéfices. Il se caractérise surtout par son indissociabilité de son
détenteur et se mesure par le montant des rémunérations auxquelles il donne lieu.
7
Chapitre 2 : IMPORTANCE DU CAPITAL HUMAIN DANS LACROISSANCE ECONOMIQUE
1) Théorie de la croissance endogène
La théorie de la croissance endogène a pour objet d'expliquer la croissance
économique à partir de processus et de décisions microéconomiques. Elle est apparue en
réponse aux limites du modèle de croissance exogène, en particulier le modèle de Solow, qui
fondait la croissance économique sur le progrès technologique, mais n'expliquait pas l'origine
de ce progrès technologique. Le premier modèle de croissance endogène a été établi par Paul
Romer en 1986, dans un article intitulé « Increasing Returns and Long Run Growth »2. Elle
est basée sur l'idée d'une croissance auto-entretenue Depuis, ce sujet est devenu un domaine
d'étude majeur des sciences économiques.
1.1) Un modèle de croissance novateur
Il existait deux grands modèles de croissance avant la parution du modèle fondateur de
Romer : le modèle keynésien de Harrod-Domar qui met en avant une situation instable de la
croissance à court terme, et celui sur des hypothèses néo-classiques et qui conclut à une
situation de convergence des économies à un état de croissance stationnaire.
Pourtant, ces deux modèles n'expliquent pas certains phénomènes de l'économie. En
effet, la convergence de toutes les économies au sens de Solow n’est pas constatée
empiriquement: au XXème siècle, l'Afrique n'a pas rattrapé les économies occidentales, et
d'autres économies ont régressé, c’est le cas de l'Argentine ou de la Russie. De plus, le modèle
de Solow utilise le progrès technique comme une variable exogène, « une manne tombée du
ciel ». Solow avait lui-même fait une autocritique de son modèle, car il existait une part
inexplicable de la croissance qui était « hors du champ économique ».
La tâche des théoriciens de la croissance endogène a donc été de chercher les ressorts
de l'économie qui lui permettent de croître durablement.
2 Romer, P.M., « Increasing Returns and Long-Run Growth », Journal of Political Economy, Vol. 94, N°5.
8
En 1962, Nicholas Kaldor et James Mirrlees publient un premier modèle faisant appel
à une fonction de progrès technique, qui dépend du niveau d'investissement, mais ce modèle
n'admet pas l'existence de rendements croissants3.
Kenneth Arrow affine ce modèle en faisant dépendre la fonction de progrès de la
quantité de connaissances déjà accumulée (qui sera plus tard appelée capital humain), ce qui
permet d'avoir une économie à rendements d'échelle croissants tout en ayant des firmes à
rendement au mieux constant4.
Paul Romer, enfin, lève cette restriction en partant d'une fonction de production
admettant un nombre variable de paramètres, correspondant aux différentes catégories de
biens d'équipement, et en montrant comment la recherche et développement permet
l'apparition de nouvelles catégories de ces biens d’équipement5.
1.2) Quatre facteurs influant la croissance
La théorie de la croissance endogène a identifié quatre facteurs principaux de
croissance : les rendements d'échelle, l’innovation, le capital humain, et l'intervention
judicieuse de l'État.
a) Les rendements d'échelle
Si les rendements d'échelle sont majoritairement constants, certains investissements
peuvent entraîner des rendements croissants, qui augmentent ainsi le capital physique et
poussent la croissance. Par exemple, les infrastructures publiques causent des externalités
positives en permettant des économies internes chez les producteurs privés.
b) L'innovation
Le progrès technique est considéré comme l’un des facteurs de la croissance, ce n'est
plus un « résidu » par rapport à l'apport des facteurs de production traditionnels considérés
endogènes (ressources naturelles, capital, travail). Paul Romer est le premier à avoir considéré
3 Alain Beitone et al, Dictionnaire des sciences économiques, Armand Colin, 20044 Idem5 Ibid.
9
comme endogène l'innovation car il fait dépendre l’innovation du comportement, des
initiatives et du développement des compétences des agents économiques. L'innovation est
alors une activité à rendement croissant qui augmente le stock de connaissances, et le
débordement de ces connaissances finit par être bénéfique à tous, au lieu de se limiter à la
firme innovante. Les firmes sont alors interdépendantes, la « course à l'innovation » de chaque
firme bénéficie à l'ensemble des firmes et tire l'économie vers la croissance.
c) Le capital humain
Les connaissances, les compétences et la motivation d’un individu contribuent à
l’amélioration de la productivité de l’économie. Rebelo6 a introduit dans son modèle
l'existence d'un capital humain qu'il note H. La dimension du travail L disparait au profit d'un
capital physique couplé avec le capital humain dans la fonction de production F(K,H).
En outre, pour tenter d’améliorer le modèle Néoclassique, Robert Lucas va tenter
d’expliquer le « générateur de la croissance » que sont les changements technologiques. Dans
ce dessein, il va intégrer le capital humain dans son modèle lequel s’inspire notamment des
travaux d’Uzawa7. En effet, le capital humain est un facteur qui modifie les conditions de la
production8.
d) L'action publique
L'action publique peut augmenter la productivité de l'économie, par exemple en
augmentant le stock de connaissances ou les infrastructures publiques. Dans le cas des
infrastructures publiques, elles facilitent la circulation des biens, des personnes, et de
l'information, et que leur financement par l'impôt est alors bénéfique.
2) Fondement de la théorie du capital humain
Gary Stanley Becker a été l'un des premiers économistes à élargir le champ de
l'analyse économique, surtout microéconomique, à des comportements sociaux9. Gary Becker
6 Alain Beitone et al, Dictionnaire des sciences économiques, Armand Colin, 20047 H. Uzawa : « Optimum technical change in aggregative model of economic growth », International economicreview, p18-318 Mankiw G, Macroéconomie , de Boeck Université, 3ème édition, 2003.9 Selon le résumé de l’ouvrage de G. Becker sur le site « alternatives économiques » :
www.alternatives-economiques.fr/human-capital-gary-becker
10
occupe en effet une place singulière puisqu'il contribuera à ouvrir la science économique à des
champs de recherche habituellement rattachés à la sociologie comme l'éducation et la
formation, la discrimination raciale, les décisions familiales, la criminologie et les
comportements déviants ou encore les mécanismes de pression politique.
En 1992, il a eu le Prix Nobel de la Banque de Suède en sciences économique pour le
développement et l’approfondissement de la théorie du capital humain.
Gary Becker définit le capital humain comme "l'ensemble des capacités productives
qu'un individu acquiert par accumulation de connaissances générales ou spécifiques, de
savoir-faire,…."10.
2.1) Le capital humain : une forme de capital comme les autres11.
Chaque travailleur a un capital propre, qui lui vient de ses dons personnels innés, et de
sa formation. Son stock de capital immatériel peut s'accumuler ou s'user. Il augmente quand il
investit, ce qui détermine les différences de productivité, et, par hypothèse, de revenu.
Comme tout investissement, l’investissement en capital humain peut faire l'objet d'un calcul
d'un taux de rendement marginal, associé à une dépense ou une année d'études
supplémentaire. Ce rendement peut dans le cas présent s'évaluer comme le rapport entre, d'un
côté, le surcroît des revenus du travail que cet investissement permettra d'obtenir sur le restant
de la vie active et, de l'autre côté, l'ensemble des coûts occasionnés par cet investissement.
Ces coûts résultent des dépenses d'éducation, frais de scolarité, matériel, etc. mais aussi des
revenus que la personne ne touchera pas pendant le temps consacré aux études : ces derniers
coûts sont appelés «coûts d'opportunités». L'individu fait donc un arbitrage entre travailler et
suivre une formation qui lui permettra de percevoir des revenus futurs plus élevés
qu'aujourd'hui.
10 Becker. G. S, Human Capital, A Theoretical and Empirical Analysis, University of Chicago Press, 196411 Selon le résumé de l’ouvrage de G. Becker sur le site « alternatives économiques » :
www.alternatives-economiques.fr/human-capital-gary-becker
11
Le maintien en état de son capital physique (santé, nourriture, etc.) est également pris
en compte. L'individu optimise ses capacités en évitant qu'elles ne se déprécient trop du fait
de la dévalorisation de ses connaissances générales et spécifiques ou de la dégradation de sa
santé physique et morale. Il investit de façon à augmenter sa productivité future et ses
revenus.
C'est dans cette logique que G.Becker développe la théorie du capital humain laquelle
considère la connaissance accumulée et la santé, des investissements comme les
investissements physiques et financiers.
En résumé, selon Becker, le capital humain est un actif, un patrimoine, un stock
susceptible de procurer un revenu. Il en est de même pour le capital humain qui est un sous-
ensemble dans cette notion globale de capital : le capital humain est un stock de
connaissances et d'expériences, accumulé par son détenteur tout au long de sa vie par des
investissements.
Si un investissement est une opération réalisée par un agent économique consistant à
acquérir des moyens de production, dans le cas particulier du capital humain, il s'agit pour
l'investisseur d'accroître son potentiel productif, sa productivité future et donc son salaire. Le
salaire est considéré comme le rendement du capital humain, la rémunération de
l’investissement dans l’éducation.
Les détenteurs de leur seule force de travail peuvent donc louer leur capital humain
aux détenteurs du capital physique (bâtiments, machines). Ces derniers en ont besoin car le
capital humain permet de valoriser le capital physique. Toutefois, contrairement au capital
physique ou financier, le capital humain est incorporé c’est-à-dire qu’il est « produit » avec un
capital intellectuel, une mémorisation et un temps donnés. La personne qui se forme ne peut
pas se démultiplier comme une entreprise pourrait démultiplier ses unités de production.
Il va sans dire que l'approche par le capital suppose que l'individu soit capable de
calculs rationnels. Il s’agit là de l’homo œconomicus.
12
2.2) L’idée d’homo œconomicus et le capital humain12
L'analyse de Becker suppose une rationalité des agents économiques investissant dans
le capital humain. En effet, tout investissement induit un choix et donc des coûts
d'opportunité. L'investissement dans le capital humain résulte d'un calcul coût-avantage de la
part de l'agent économique, en supposant qu'il a toutes les informations nécessaires et qu'il fait
les bonnes anticipations. L’agent économique se comporte comme un vrai homo œconomicus
dans le domaine de l’éducation.
Le coût d'un investissement en capital humain, nous l'avons vu, comprend les coûts de
la formation ou de l'éducation en elles-mêmes (frais de scolarités), les coûts entraînés par ce
choix (logement universitaire, déménagement) et le coût de renoncement à ce qu'aurait
rapporté le choix inverse : c'est le coût d'opportunité (le salaire qui aurait été perçu en entrant
sur le marché du travail au lieu de poursuivre ses études). Un individu peut consentir à
retarder son entrée sur le marché du travail, et à changer son arbitrage travail / loisirs, parce
que le salaire qu'il attend ensuite est supérieur à celui qu'il aurait eu sans formation. Mais,
l'éducation présente par hypothèse des rendements décroissants puisque chaque année
supplémentaire passée en formation, même si elle augmente le revenu futur, rapporte moins
que la précédente.
En général, l'investissement en capital humain est rentable lorsqu'il permet d'obtenir
un salaire plus élevé qui permet de rembourser les frais d'investissement de départ.
2.3) Distinction entre formation générale et spécifique : l'arbitrage desentreprises13
La théorie du capital humain souligne, nous l’avons vu, que l’investissement en capital
humain accroit la productivité des salariés et donc la rentabilité de l’entreprise. Cet
investissement passe essentiellement par la formation et Gary Becker en distingue deux
sortes : la formation générale et la formation spécifique.
12 Selon le résumé de l’ouvrage de G. Becker sur le site « alternatives économiques ».13 Idem.
13
La formation générale, acquise dans le système éducatif, augmente la productivité de
l'agent dans toute entreprise puisqu'elle reste attachée au travailleur qui peut la faire valoir sur
l'ensemble du marché du travail. Les entreprises sont donc peu encouragées à supporter les
coûts de formation d'une personne puisque celle-ci risque de la faire prévaloir dans une autre
entreprise prête à mieux la rémunérer. L'accord entre le travailleur et la firme consiste donc en
l'achat par l'entreprise de la « force de travail », tandis que le travailleur achète sa formation.
La formation spécifique augmente à l'inverse la productivité du travailleur dans
l'entreprise qui l'a formé mais peu ou pas en dehors de celle-ci. La firme n'accepte le
financement de la formation que dans la mesure où elle estime avoir des chances de
rentabiliser son investissement : le salaire qu'elle versera à l'issue de la période de formation
sera supérieur au salaire du travailleur pour des emplois situés à l'extérieur de l'entreprise de
façon à l'inciter à rester en son sein mais inférieur à sa productivité en valeur, la différence
avec le salaire versé représentant la rémunération de l'investissement en capital spécifique de
l'entreprise. La valeur de l'investissement dans une formation spécifique est perdue lorsque le
contrat de travail est interrompu. Elle ne peut être renouvelée qu'au prix de nouveaux
investissements. Cette distinction entre formation générale et formation spécifique présente un
intérêt pour analyser les déterminants du chiffre d’affaires et pose les bases d’une réflexion
sur les coûts de transaction sur le marché du travail.
L'entreprise a donc intérêt à financer les formations spécifiques mais pas les
formations générales car l'employé pourrait ensuite proposer son travail (devenu plus
productif) dans une autre entreprise.
3) Les rôles du capital humain dans la croissance :
3.1) Capital humain : un outil de progrès économique
Le caractère « auto-entretenu » de la croissance, dans la théorie de la croissance
endogène est possible notamment grâce à l'outil du capital humain qui permet de considérer le
progrès technique comme endogène. En effet, le progrès technique et l'innovation (mesurés
par la productivité globale des facteurs) sont le fait des chercheurs ou ingénieurs, qui sont
eux-mêmes le fruit d'un investissement en capital humain. De manière générale, l'épargne
investie dans la formation des citoyens est un puissant accélérateur de croissance. Le capital
14
humain apporte donc une grande partie de la solution du fameux « paradoxe de Solow14 ». Si
les progrès évidents dans le domaine de l'informatique étaient difficiles à voir dans les
statistiques, c'est en partie dû au temps dont ont besoin les travailleurs pour s'approprier des
nouvelles techniques de production, notamment par la formation.
3.2) Capital humain : facteur pour accroitre la productivité privée
Pour l'essentiel, le capital humain se développe au moyen de l'éducation ou de la
formation, qui a pour effet d'accroître la productivité économique d'un individu — c'est-à-
dire, qui lui permet de mieux gagner sa vie. Les gouvernements, les employés et les
employeurs investissent tous dans le capital humain en consacrant du temps et de l'argent à
l'éducation et à la formation donc à l'accumulation de connaissances et de compétences.
Comme tout autre investissement, cela suppose des sacrifices, et les individus y consentent
s'ils s'attendent à ce que cela leur rapporte à l'avenir un surcroît de revenus.
Les employeurs prennent en charge la formation de leurs employés dans l'attente d'un
surcroît de productivité qui leur permettra à la fois de rentrer dans leurs frais et de réaliser des
bénéfices supplémentaires. Enfin, les individus sont souvent prêts à consacrer du temps et de
l'argent à l'éducation et à la formation parce que, dans la plupart des pays, ceux qui sont plus
éduqués et qualifiés gagnent mieux leur vie. En effet, les employés instruits et qualifiés sont
généralement mieux à même de produire plus, ou de fournir un produit qui a plus de valeur
marchande, et les employeurs ont tendance à reconnaître cela en leur offrant des salaires plus
élevés.
Cela dit, l'éducation n'a pas toujours le même niveau de rentabilité économique, et ses
rendements peuvent être réduits dans certains cas :
Si la qualité de l'enseignement est faible, ou si les connaissances et compétences
acquises à l'école ne correspondent pas à la demande du marché. Dans ce cas, les
investissements dans le capital humain n'ont pas été assez efficients. Ce qui se traduit
par un niveau moindre de capital humain et des rendements moins élevés pour les
individus et la société.
14 Solow fait remarquer que l’introduction massive des ordinateurs dans l’économie, contrairement aux attentes,ne se traduit pas par une augmentation statistique de la productivité.
15
Si la demande en capital humain est insuffisante, du fait d'une croissance économique
lente. Dans ce cas, le capital humain représenté par la main-d'œuvre risque d'être sous-
employé et sous-rémunéré.
Si les travailleurs qui sont moins éduqués et qualifiés et ceux qui le sont plus sont
délibérément payés de la même façon pour préserver une relative égalité de salaires —
comme c'était le cas dans les pays à économie planifiée. Ces distorsions sont éliminées
à mesure que les pays en question passent à l'économie de marché.
Le capital humain d'un pays et son taux de progression sont deux considérations
essentielles pour le niveau et le rythme de développement économique de ce pays,
principalement parce que le capital humain est ce qui détermine plus que tout autre facteur
son aptitude à générer et adopter des solutions technologiques novatrices. Mais investir dans
le capital humain, bien que primordial, ne suffit pas à assurer une croissance économique
soutenue. Ce type d'investissement doit en effet s'accompagner d'une stratégie de
développement appropriée.
Prenons l'exemple des Philippines et du Viet Nam. Ces deux pays jouissent d'un taux
d'alphabétisation des adultes supérieur à la plupart des autres pays d'Asie du Sud-est15. Or,
l'un et l'autre ont connu jusqu'à dernièrement une croissance relativement lente, en grande
partie du fait que leurs stratégies de développement les ont empêchés de tirer pleinement parti
de leurs ressources en capital humain. Dans le cas du Viet Nam, la planification centralisée
faisait interférence ; quant aux Philippines, c'était leur isolement économique par rapport au
marché mondial qui posait problème. Mais depuis quelques années, ces deux pays ont
recueilli les fruits de leurs investissements dans le capital humain : le Viet Nam, en adoptant
une approche du développement basée davantage sur les lois du marché et en améliorant
radicalement son taux de croissance ; les Philippines, en « exportant » une bonne partie de
leur main-d'œuvre qualifiée et en « rapatriant » ses gains en devises.
3.3) Capital humain : facteur pour améliorer la productivité nationale
La productivité privée du capital humain a un effet externe positif car, en améliorant
son niveau d’éducation et de formation, chaque individu augmente le stock de capital humain
de la nation et contribue à améliorer la productivité de l’économie nationale.
15 DJISTERA, Andrianasy, “Le rôle du capital humain dans la croissance: Le cas des économies émergentesd’Asie”, 20p
16
Pour Joseph Schumpeter, la croissance économique résulte aussi d’une activité
d’innovation engagée par des agents qui espèrent en tirer profit. La théorie de Schumpeter
retient deux applications de cette idée 16:
- la croissance est due à une spécialisation accrue dans l’utilisation des facteurs de
production.
- la croissance est due à l’effort de recherche-développement qui élève la productivité.
L’accroissement de la productivité nationale permet l’expansion économique. En effet,
le volume de la production augmente et le marché national peut s’étendre sur plusieurs
secteurs que ce soit à l’intérieur du pays que ce soit à l’extérieur.
La théorie de la croissance endogène a permis de vérifier l’hypothèse de départ comme
quoi le capital humain contribue à la croissance économique. En effet, il permet d’accroître la
productivité privée et nationale. Par extension, il permet d’accroître la production nationale.
16 Alain Betone et al, Dictionnaire des sciences économiques, Armand Colin, 2004.
17
PARTIE 2
ACCUMULATION ET LIMITESDU CAPITAL HUMAIN
18
Chapitre 3 : L’ACCUMULATION DU CAPITAL HUMAIN
1) Education et santé
La théorie récente de la croissance endogène privilégie les ressources humaines et les
institutions spécifiques qui génèrent les innovations technologiques, qui servent de
locomotive à la croissance économique à long terme17. Cette théorie repose sur l’idée selon
laquelle un pays doit réunir une masse critique de personnes qualifiées, notamment les
chercheurs et les ingénieurs, avant que son économie ne décolle. A la différence de
l’hypothèse de Solow concernant le rendement décroissant, les modèles de croissance
endogène affirment que l’investissement dans le savoir pourrait avoir un rendement constant,
voire croissant, car il y a plus de chances qu’une base de connaissances plus large engendre
davantage d’innovations à long terme. Il s’avère alors important pour un pays qui veut se
développer d’investir dans le capital humain. Dans cette partie, sera abordé l’investissement
dans le domaine de l’éducation et de la santé.
Non seulement l’investissement dans ces domaines permet d’améliorer directement le
bien-être des populations, mais il contribue également, de façon indirecte, au renforcement de
différentes formes du capital humain, qui concourt à l’accroissement des revenus. Par
conséquent, le développement du capital humain est à la fois un outil essentiel de croissance
économique soutenue et un moyen de lutte contre la pauvreté. Les arguments en faveur de
l’investissement dans le capital humain tiennent aux avantages matériels et non matériels qu’il
engendre pour l’éducation et la santé, tel que résumé dans la Figure 1. D’une manière
générale, ces avantages pourraient se répartir en trois catégories intimement liées, à savoir les
avantages directs, les avantages indirects et les retombées générales pour la croissance.
17 Barry.W.Ickes, Endogenous Growth model, Penn state University, 1996
19
Figure 1 : Schéma de la corrélation entre les différents aspects du capital humain
Source : Propre auteur
Améliorationde la nutrition
Améliorationde la santé
Croissance économique accélérée
. Accroît la productivité et les revenus
. Améliore la santé et l’espérance devie. Réduit la fécondité. Favorise d’importants changementsD’attitudes à l’égard du travail et de laSociété
Accroît la productivité. Améliore la fréquentationdes écoles et la capacité àapprendre. Réduit la mortalité infantileet accroît l’espérance de vie. Comporte des avantagesIntangibles, notamment laRéduction de la souffrance
Renforce la capacité des ménages àInvestir davantage dans la santé,
L’éducation et la nutrition. Réduit la croissance démographique
Et améliore les conditions de vie. Réduit la mortalité maternelle
. Améliore la santé etréduit la mortalitéAccroît la productivité. Comporte des avantagesintrinsèques, notammentla réduction de lasouffrance due à lafamine
Améliorationdel’éducation
Réduction dela fécondité
Améliore les conditions de viePermet d’accéder à l’éducation, auxservices de santé et à la nourriture
Augmentation durevenu desménages
20
1.1) Les avantages directs de la valorisation du capital humain
a) Education
L’éducation est considérée comme source d’aptitudes et de connaissances, elle est un
élément essentiel de la croissance économique du fait que le changement technologique ne
soit possible sans une main d’œuvre qualifiée. L’éducation est considérée comme la
principale source d’accumulation de capital humain. Selon Barro, le taux de croissance du
PIB est positivement lié au niveau initial du capital humain, un pays connait une croissance
économique non pas par l’offre en grande quantité de son main d’œuvre mais plutôt par la
qualité de celui-ci18 . L’éducation influence positivement la croissance en améliorant la
qualité de la main d’œuvre et en stimulant sa mobilité, facilitant ainsi la division du travail.
Elle est source d’innovation, et source d’amélioration des techniques de gestion des
entrepreneurs. Cette thèse est soutenue par Mincer car selon lui l’éducation, rend l’individu
plus réceptif au changement économique. Elle a donc pour effet d’accroitre la productivité et
permet de réaliser une distribution plus égalitaire de revenu, une main d’œuvre plus éduquée
tend à être plus productive et mieux rémunérée19.
L’étude de l’importance de l’investissement dans l’éducation est souvent limitée au
critère de l’augmentation totale des recettes qu’engendre une année supplémentaire
d’éducation, et c’est le volume de cette augmentation que les calculs du rendement s’attachent
à évaluer. Il a été démontré que tant dans les pays développés qu’en développement, il existe
une corrélation positive entre le niveau d’éducation et les revenus, et que chaque année
supplémentaire d’instruction entraîne une augmentation des revenus de 10 pour cent, voire
plus20
18 Barro, R., "Government Spending in a Simple Model of Endogenous Growth," Journal of Political Economy,98, 1990, S103-S125.19 Tiré du « Rôle des conditions initiales dans la croissance économique rapide de l’après guerre en Asie del’Est : cas de la Corée du Sud » 2002 de Ramiarison.H.A20 GROVES,H.M. “Education and economic growth” national education association, D.C. 1961 pp50
21
Une réunion des experts de différents pays, et de différentes disciplines a débattu sur
la relation entre économie et éducation, ils ont ainsi reconnu et conclu que l’éducation est un
investissement en capital humain, elle est la plus grande richesse de la nation21. Par
conséquent, l’éducation doit être étendue, elle doit être pour tous et non seulement pour une
minorité compte tenu de la manière dont elle est accumulée (cas des pays sous développés).
Par contre l’éducation doit être bien planifiée et bien conçues.
Etant donné que l’éducation d’une génération s’étend sur plusieurs années, l’éducation
des adultes ne semble pas constituer un substitut direct à l’éducation des jeunes. L’offre
d’éducation pourrait s’adapter plus lentement que l’évolution de la demande, entraînant ainsi
un excédent d’offre ou des pénuries sur le marché du travail. L’évaluation du taux de
rentabilité sera donc influencée par un tel déséquilibre entre l’offre et la demande, qui pourrait
être provisoire.
En outre la valeur de l’investissement dans le capital humain est tributaire de
l’investissement dans les autres formes de capital. Le capital humain peut jouer un rôle
prépondérant dans la croissance économique, à condition qu’il y ait des politiques nécessaires
pour assurer l’investissement productif dans les autres formes de capital.
Ensuite , les avantages découlant des années supplémentaires d’instruction peuvent être de
peu d’utilité si les informations sur la qualité de l’éducation ne sont pas disponibles dans les
pays où la mauvaise qualité de l’instruction et la stagnation des taux de scolarisation
constituent le problème majeur .Lorsque la qualité de l’instruction varie considérablement
dans le temps et dans l’espace, le nombre d’années d’études peut s’avérer être un indicateur
très insuffisant du niveau de capital humain. De simples estimations du taux de rentabilité
privée de l’instruction peuvent ainsi induire en erreur.
Finalement, une éducation meilleure et plus poussée ne constitue pas le seul facteur
d’accroissement des revenus. Les faits indiquent que l’éducation entraîne une augmentation
des revenus de différentes manières, notamment l’effet revenu et mobilité du travail.
21 International Association of Universities, conference held at the Villa Serbelloni Bellagio, Italy july 1960
22
b) Santé
La santé a des conséquences monétaires directes sur l’offre de main-d’œuvre et les
revenus. A titre d’exemple, les estimations des pertes de revenus dues à l’absentéisme
imputable à la maladie oscillent entre environ 5 % du revenu total en Côte d’Ivoire et en
Mauritanie et plus de 10 % au Ghana22.
Ces chiffres sont probablement en deçà de la réalité, dans la mesure où ils ne prennent
pas en compte un certain nombre d’autres conséquences majeures de la mauvaise santé. En
fait, les gens continuent souvent de travailler même s’ils sont malades, et leur productivité
s’en alors trouve réduite. Il y a de fortes chances que les travailleurs en bonne santé cessent de
travailler pour s’occuper de membres du ménage malades (en particulier les enfants).
L’invalidité et les décès prématurés peuvent également réduire considérablement l’offre de
main-d’œuvre. La baisse de l’espérance de vie et le risque de maladies graves (notamment le
Sida) peuvent constituer un frein à l’investissement à plus long terme qui pourrait accroître la
productivité. Investir dans la santé implique tout d’abord la prévention d’où le dicton « mieux
vaut prévenir que guérir » qui est toujours d’actualité ; mais aussi la détection des risques,
leurs éliminations et l'éducation des ouvriers à une prise de conscience du danger. Il est
généralement établi qu’il existe une corrélation positive entre les indicateurs de nutrition et de
santé, notamment la taille, l’éducation et la mobilité, au niveau des individus dans une société
donnée. Par conséquent, il se peut que certains effets de l’augmentation des revenus et de la
productivité, qui ont été attribués à l’éducation concernent davantage l’état de santé.
1.2) Les avantages indirects de la valorisation du capital humain
Tel qu’il est indiqué à la Figure 1, l’éducation, la santé, la nutrition et la fécondité sont
intimement liées. Les dépenses d’éducation peuvent avoir une incidence sur la santé. Les
dépenses de santé peuvent, à leur tour, influer sur la valeur de l’éducation. Ainsi,
l’investissement dans le capital humain par le truchement de l’accroissement des services
sociaux, notamment l’éducation et la santé, comporte des avantages directs pour les individus
et leurs familles, ainsi que des avantages indirects pour l’économie générale. Bien que la
corrélation entre les différents aspects du capital humain soit multiforme et complexe, on
pourrait relever trois principaux types.
22 Enquête effectué en Côte d’Ivoire et en Mauritanie sur l’impact de la santé sur le travail par l’ADR, 1998
23
a) Impact de l’éducation sur la santé et la nutrition
L’impact sur la santé constitue l’une des conséquences indirectes des dépenses
d’éducation. Dans les pays en développement, les enfants de parents éduqués sont moins
exposés au risque de décès prématuré. En d’autres termes les parents instruits sont mieux à
même de détecter les problèmes médicaux de leurs enfants. C’est la raison pour laquelle les
enfants dont les mères ont reçu une éducation formelle courent moins de risques de mourir à
un âge précoce. L’instruction d’une mère est donc un facteur vital pour la mortalité de son
enfant et qu’elle pourrait même compenser le manque d’infrastructures médicales
communautaires, car les mères qui ont reçu une éducation formelle sont moins affectées par
l’absence de ces services. Bien que la corrélation entre l’instruction des parents et la mortalité
des enfants s’explique, en partie, par le niveau du revenu du ménage, celle-ci ne constitue pas
le seul mécanisme de transmission. En effet, de nombreuses études ont montré que
l’éducation a un impact direct plus significatif sur la santé de l’enfant que le revenu.23
L’incidence directe de l’éducation peut se situer au niveau de l’information.
b) Impact de la santé sur l’instruction de l’enfant
La mauvaise santé et la malnutrition peuvent avoir des conséquences indirectes sur la
productivité par le truchement de l’incidence négative sur les études. Ceci s’explique par le
fait que la maladie entraîne souvent la déperdition scolaire, et les carences nutritionnelles
peuvent réduire l’aptitude à apprendre.
c) Impact de l’éducation sur la fécondité
En général, les femmes qui ont reçu une éducation plus poussée ont tendance à avoir
des familles moins nombreuses. Les femmes ayant fait des études au-delà de l’enseignement
primaire ont nettement moins d’enfants. Ces corrélations se vérifient, même lorsqu’on tient
compte d’autres variables notamment les cultures de chaque pays, le niveau de vie et les
régions. Le lien manifeste entre instruction des femmes et fécondité renferme, du moins en
partie, un facteur de causalité. Les femmes instruites pourraient gagner des salaires plus
élevés, augmentant ainsi le coût d’opportunité du temps consacré à l’éducation des enfants.
23 Groves,H.M “Education and economic growth” national education association, D.C. 1961 pp50
24
Elles peuvent également avoir une préférence pour des enfants plus instruits, ce qui
rend les grandes familles plus onéreuses. L’éducation peut changer également les
connaissances et les attitudes à l’égard de la contraception moderne et de son utilisation. Bien
que les progrès en matière de survie de l’enfant liés au niveau d’instruction des femmes
puissent se traduire, à court terme, par un accroissement de la population, les effets combinés
de l’éducation des femmes sur la fécondité et la survie de l’enfant ralentiront
considérablement le taux d’accroissement actuel de la population.
d) Impact de l’éducation des parents sur l’instruction de l’enfant
En général, les enfants ont plus de chances d’aller à l’école lorsque leurs parents sont
instruits. Toutefois, l’instruction de la mère semble avoir une incidence plus grande sur la
scolarisation des filles par rapport à celle des garçons, tandis que l’instruction du père a une
influence plus grande sur la scolarisation des garçons par rapport à celle des filles aux niveaux
secondaire et supérieur. 24Ces enfants ont également tendance à obtenir de meilleurs résultats
scolaires, et dans certains cas, peuvent obtenir des revenus plus élevés pendant la vie adulte
par rapport aux enfants de parents non instruits.
e) Retombées pour la croissance économique générale
Il est important également de mettre en exergue l’impact du capital humain sur la
croissance macroéconomique, ainsi que l’incidence de celle-ci sur le développement du
capital humain. Les études macroéconomiques ont démontré que les périodes de croissance
soutenue de la production nationale par unité de production vont de pair avec des
améliorations en matière d’instruction, de nutrition, de santé et de mobilité. Elles ont
administré la preuve qu’il existe, tant dans les pays industriels que dans les pays en
développement, une corrélation positive entre l’investissement qu’une nation effectue dans
l’éducation, et sa croissance économique. Selon les estimations, entre 1950 et 1962, la
contribution de l’éducation à la croissance économique s’était élevée à 12 pour cent au
Royaume-Uni, 14 pour cent en Belgique, 14 pour cent aux Etats Unis, et 25 pour cent au
Canada. S’agissant des pays en développement, la contribution de l’éducation à la croissance
économique, au cours de la même période avait oscillé entre 12 et 23 pour cent au Ghana, au
Kenya, au Nigeria, en Malaisie et en République de Corée25.
24 M.N. Hussain, Capital humain et lutte contre la pauvreté, Paris, Février 200025 Psacharopolous et Woodhall, 1983.tel qu’il ressort d’une étude de la banque mondiale 1993 sur 113 pays :l’éducation primaire est le facteur qui contribue le plus à la croissance des économies des pays d’Asie de l’Est.
25
Il est probable que l’éducation devienne un facteur déterminant plus important de la
performance des économies au 21ème siècle. 26La compétitivité internationale repose de plus
en plus sur l’information et la technologie de l’information (ou l’informatique) qui comprend
les réseaux de télécommunications et les outils de calcul. Etant donné que son principal
objectif est de transporter, manipuler, stocker et diffuser l’information de façon efficace, la
technologie de l’information est devenue "l’outil du savoir" qui constitue la clé de voûte de la
réussite de toute économie. Les avantages de l’investissement dans le capital humain en
Afrique peuvent être très élevés, pour peu qu’ils s’accompagnent d’une croissance plus rapide
des revenus et d’un climat économique qui encourage l’innovation et l’investissement.
2) Politique de valorisation du capital humain
Quelques politiques de valorisation du capital humain sont recommandés surtout dans
les pays en développement.27
Il s’agit surtout par exemple de politique pour la promotion
· L’éducation primaire universelle
· La réduction des taux de mortalité infantile
· L’accès aux services de santé reproductive
2.1 ) En matière d’éducation :
La politique en matière d’éducation vise surtout à mettre en place un système
d’éducation efficace c'est-à-dire un système éducatif qui permet de produire des
connaissances hautement qualifiées et par conséquent permet de réduire les couts de
travailleurs qualifiées. Il s’agit donc d’un système visant à :
a) Prioriser l’éducation fondamental et promouvoir l’équité et l’efficacité : dans ce cadre
l’OMD, alloue les ressources publiques de façon que à ce que chaque enfant achève
l’école primaire. En fait l’éducation primaire constitue la pierre angulaire du
développement de l’éducation formelle et de la formation sur le tas.
26 Marian Crites, “Human Resources and economic growth”, Stanford Research Institute27 Bauer,Peter T and B.S Yamey, “the Economics of underdeveloped countries”, University of Chicago Press1957 pp257
26
b) Favoriser la formation professionnelle, et la spécialisation car un ouvrier bien formé
et qui est spécialiste dans un domaine tend à produire de meilleur résultat et par
conséquent il plus productif.
2.2) En matière de santé :
Un dicton dit « que la santé n’a pas de prix mais elle a un coût ». Par conséquent, la
politique de valorisation du capital humain en matière de santé vise à minimiser ce coût de
manière à ce que chacun puisse avoir accès aux soins et à la prévention. L’objectif est non
seulement de guérir les malades et victimes d’accidents diverses mais aussi de prévenir les
maladies. Pour ce faire, il faut améliorer le système de santé du pays par :
L’amélioration des infrastructures de soins : la qualité de l’hôtellerie, les équipements
médicaux.
Mise en place d’un système de santé équitable : tout le monde même les plus démunis
ont accès au soin et à la prévention (vaccin), en effet ceci peut être rendu possible grâce
au système de protection sociale qui prend en charge en partie ou en totalité les
dépenses de soins.
Amélioration de la qualité des soins : incluant la minimisation de la durée des
traitements de la maladie avec un meilleur impact des soins sur la durée de vie du
patient.
27
2.3) Autres méthodes de valorisation du capital humain
1. Un environnement légal : qui permettra aux entrepreneurs de s’approprier une
fraction significative des revenus générés par leurs investissements innovant tel que la mise en
place de loi sur la protection des droits intellectuels ; la loi sur la concurrence.
2. Stabilité macroéconomique : qui stimule la croissance de productivité à long terme,
on parle ici d’absence de grande inflation, forte augmentation du taux de change28,… la
stabilité macroéconomique favorise l’anticipation des agents économiques, favorise la
prévision par conséquent un investissement dans les connaissances.
3. Un système de financement efficace : la croissance à long terme suppose un
investissement profitable à long terme. L’investissement requiert un accès préférentiel au
financement. La plupart des systèmes financiers dans les pays en voies de développement sont
des banques de dépôts, il n’y a pas de banque d’investissement donc il n’y a pas
d’investissement à long terme.
D’autres facteurs peuvent influencer l’investissement tel que l’égalité de genre, la
démocratie et la liberté d’expression, l’égalité sociale, l’espérance de vie…
Il est maintenant largement reconnu qu’une bonne stratégie de valorisation du capital
humain qui vise à atteindre les objectifs de développement doit partir de l’hypothèse que le
capital humain et certaine forme de capital, physique et social, sont complémentaires.
L’investissement dans les ressources humaines sera voué à l’échec si très peu d’opportunités
d’emploi sont créées pour utiliser pleinement le capital humain. Par ailleurs, il ne peut y avoir
de croissance économique durable sans un pool suffisant de personnes qualifiées disposant
des connaissances et des compétences nécessaires pour mettre à profit les nouvelles
opportunités d’emploi. Ainsi, pour accomplir des progrès, il faudra élaborer une stratégie qui
appelle à la fois des actions concertées à deux niveaux :
L’augmentation de l’investissement dans le capital humain par le truchement de
l’amélioration de l’éducation, de la santé, de la nutrition et des autres services sociaux ; et la
relance de la croissance économique par l’adoption de mesures propres à promouvoir
l’investissement privé et l’accumulation du capital physique.
28 Conditions requis pour tout investissement
28
L’accumulation du capital humain s’effectue par l’investissement en éducation et
santé. En effet, l’éducation et la santé contribuent directement et indirectement à
l’augmentation du revenu des ménages et par conséquent à la croissance économique. La
valorisation de ce capital humain peut se faire grâce à la mise en place d’un système
d’éducation efficace et un système de santé équitable.
29
Chapitre 4 : LIMITES DU CAPITAL HUMAIN
Le chapitre précédent a montré la manière dont le capital humain peut être accumulé et
valorisé. Afin de mieux apprécier la relation entre la croissance et le capital humain, l’objet de
ce chapitre sera de développer les idées qui mettront en évidence le fait qu’il existe des
facteurs qui peuvent rompre la corrélation positive entre le capital humain et la croissance.
Dans un premier temps, l’analyse sera axée sur l’effectivité de la théorie de la croissance
endogène. Ensuite, une étude sera proposée concernant les problèmes que rencontre le capital
humain dans les pays en développement.
1) Les limites du capital humain
La relation qui lie le capital humain avec les autres facteurs de la croissance endogène
est très importante. Le capital humain est défini comme un ensemble de compétence que
l’individu acquiert pour augmenter son efficience dans le domaine du travail. C’est aussi le
capital humain qui est à l’origine du développement des recherches et développement dans les
entreprises ou dans les firmes, ce concept de Recherche et développement fait parti des mots
clés de la croissance endogène. En fin, la séparation du capital humain avec le capital
physique est impossible parce que ces deux concepts sont interdépendants dans la mesure où
le capital humain ne peut pas être efficient sans le capital physique et vice versa.
1.1) Limite de la croissance endogène
La croissance endogène met en hypothèse l’accumulation de quatre facteurs pour
aboutir à une croissance auto entretenue, ces facteurs sont principalement : le capital
physique, la technologie, le capital humain et le capital public. Le principe est en gros
d’investir dans ces facteurs pour accéder à la croissance. L’hypothèse stipule par exemple
qu’un investissement dans le capital humain ou dans la formation dans les entreprises plus
précisément va engendrer un niveau de croissance plus élevé. Si plusieurs entreprises
investissent en même temps sur une zone donnée, des externalités positives vont apparaître
par le principe de complémentarités positives. Le développement d’une entreprise va entraîner
le développement des autres. De même l’investissement en termes d’éducation et de
formation dans le capital humain va favoriser à la fois la productivité des salariés et
30
l’efficacité globale de l’entreprise sur le plan de l’organisation. Le problème vient de
l’application de cette hypothèse dans la mesure où il existe des phénomènes d’externalités.
« L’externalité est défini comme une interaction entre les agents ne passant pas par le
marché, à laquelle ne correspond aucun prix »29. L’existence de ces externalités va pousser
l’individu à ne pas investir dans la connaissance. L’appropriation est dite imparfaite lorsque
une firme ne peut pas garder à elle seul le droit d’utiliser un savoir faire parce que le savoir
faire est un bien collectif. C'est-à-dire que tout le monde peut y accéder sans aucune
contrepartie en échange. Cela nous rapproche au concept de bien publique qui possède deux
caractères dont : la non rivalité et la non exclusivité. Non rivalité puisque la consommation
des biens n’empêche pas les autres de le consommer simultanément et non exclusivité
puisqu’on ne peut pas empêcher qui que ce soit de consommer le bien en question. Le
caractère de non rivalité pousse l’inventeur à ne plus inventer puisque sa rémunération sera
improbable et même dans la plupart des cas impossible.
L’activité de recherche induit des effets externes positifs, les nouvelles idées sont
offertes gratuitement aux chercheurs futurs30. La recherche actuelle a un effet positif sur la
productivité marginale du capital humain dans la recherche futur à cause des effets de
diffusion. Lorsqu’un chercheur fait une découverte, elle bénéficie à la recherche future.
L’innovateur n’a aucun droit de propriété sur l’utilisation de son invention et sur son
utilisation dans la recherche.
1.2) Les externalités dans la croissance
Le découragement des firmes à investir dans les Recherches et développements va
engendrer un écart entre le rendement social et le rendement privé. Le rendement privé est
représenté par les firmes et le rendement social par la collectivité publique. S’il n’existe pas
d’investissements dans la recherche et développement des firmes, il n’y aurait pas de
rendement social conséquent donc il ne peut y avoir de développement. Les investisseurs
privés ne se rendent pas compte de l’effet de leur comportement sur leur environnement. Il
faut l’intervention de l’Etat pour améliorer le bien être en optimisant l’allocation des
ressources ou tout simplement combler le déficit du marché. Cette intervention peut se faire
par l’instauration des droits de propriété comme les brevets pendant une durée déterminée par
exemple.
29 Darreau, Phillipe, « Croissance et politique économique », De Boek et Lavier, 2003
30 Idem
31
Cette intervention de l’Etat sera très importante puisque aucun mécanisme ne
rémunère les chercheurs pour leur contribution à l’amélioration de la productivité des
chercheurs futurs31. L’Etat doit intervenir pour corriger deux distorsions au niveau du
monopole et des externalités. Pour cela, une politique économique doit être établie pour
subventionner l’achat des biens d’équipement pour supprimer la distorsion de la tarification
monopolistique32. Pour internaliser les externalités, il faut que l’Etat subventionne les
recherches par l’intermédiaire des impôts forfaitaires ou en encourageant les stratégies de
partenariat entre les entreprises et les universités.
Le développement de la connaissance est une forme de la croissance endogène dans la
mesure où la population va avoir tendance à se rapprocher du lieu où se situe une forte
concentration de connaissance et de compétence. Ce rapprochement va ensuite se transformer
en un véritable échange de connaissance en ce lieu et va permettre aux autres facteurs de se
développer.
1.3) Le développement de l’éducation face au marché du travail.
Dans une approche concernant la mesure du rendement social et du rendement privé se
situe le problème de l’emploi dû à l’asymétrie de l’information. En effet, le travailleur en tant
qu’individu va orienter son investissement pour satisfaire son rendement personnel donc, le
rendement privé. Avec cette tendance, aucun travailleur ne va se soucier d’augmenter
rendement social ou du bénéfice pour la société si ce n’est que d’une façon indirecte. Il y a
alors destruction de la conscience parce que le privé ignore qu’un rendement social existe et
qu’il doit investir dans ce sens. Au fait, cette ignorance peut venir du phénomène de
l’asymétrie de l’information puisque le travailleur ne dispose pas des éléments d’information
qui vont lui permettre d’indiquer dans quel secteur il faut investir par exemple. Ce phénomène
explique l’échec du marché sur les marchés de facteurs. Le travailleur va ensuite orienter son
éducation et sa formation en fonction du marché du travail et non en fonction de la croissance
économique, cette pratique va en aval du développement.
31 JONES I. Charles, « Théorie de la croissance endogène », DE Boeck Université, 200032 Darreau Phillipe, « Croissance et politique économique », De Boek et Larcier, 2003
32
2) Les problèmes du capital humain dans les pays en développement
Le capital humain est l’un des biens rares dont les pays en développement dispose.
Pour développer une croissance auto entretenue comme le prédit les nouvelles théories de la
croissance, il faut se concentrer sur ce facteur qui est le capital humain. Alors que si les pays
en développement seront privés de ce bien qui est le facteur humain dans le phénomène de
migration, leur chance de développement sera encore réduite.
2.1) Problème de migration
En théorie, la décision de migrer pour un individu se résume à une comparaison de
deux coûts qui sont les coûts pécuniaires qui sont liés aux dépenses liées à la migration
(transport,…) et les coûts non pécuniaires qui sont d’ordre psychologique liées à la séparation
de sa famille, de ses amis et de ses racines33. Les élites des pays en développement vont être
confrontées à beaucoup des changements qui vont modifier ses perceptions et qui va même
changer ses systèmes de valeur34. En voyant la réussite matérielle, l’élite en question va être
séduite et va adopter une attitude favorable en faveur des modèles culturels venant de
l’occident. Cette perception va favoriser le fait que la personne va complètement remplacer
ses valeurs à celles de l’occident. A l’extrême, cette personne va rompre avec son passé alors
que son pays a besoin de lui pour se développer. La croissance de chaque pays repose sur le
niveau de stock de connaissance qui existe dans ce pays. Si ce dernier est défaillant, l’espoir
de développement serait réduit.
D’autre part, la raison pour laquelle les habitants doivent recourir à la migration c’est
la structure des systèmes d’éducation dans les pays en développement. On se souci peu de
l’éducation dans ces pays en général, alors qu’il a été démontré par exemple par les pays
comme l’Asie du Sud Est que pour accéder au développement rapide et durable, il faut
compter sur l’éducation de la population.
33 JUSTEAU Stéphane, « Application du concept d’investissement en capital humain à ladécision de migrer », (Université d’Angers, GEAPE)34 ALBERTINI J. M., « Les mécanismes du sous développement », économie et humanisme, Paris 1967
33
En définitive, le système dans les pays en développement constitue un blocage à la
croissance parce que dans ces pays on découvre encore des indicateurs comme le manque
d'accès à l'enseignement, aux soins de santé et au travail et qui conduit à une fécondité
élevée. Cette fécondité élevée peut être résolu par la scolarisation des femmes parce qu’il a
été démontré que cette pratique peut stimuler de façon indirecte la croissance économique35.
2.2) Problème d’accès à l’investissement36
Ce problème est lié au fait que l’inégalité des revenus et le marché de capitaux qui est
imparfait à son tour constituent un blocage pour l’investissement en capital humain. Le fait est
que les enfants des riches c'est-à-dire ceux qui disposent des capitaux, même peu intelligent
peuvent accéder à la connaissance parce que leur parent a les moyens. Tandis que les enfants
des pauvres qui sont très intelligents ne peuvent pas continuer leurs études car du point de
vue financier ils n’ont pas les moyens.
L’Etat doit intervenir pour internaliser les externalités en faisant respecter les droits
de propriétés. L’inégalité des revenus et l’asymétrie d’information rendent l’investissement en
capital humain improductif. Les fuites de cerveau détruit les valeurs de l’élite et privent les
pays en développement de ressource rare
35 Barro, Robert J., « les facteurs de la croissance économique analyse transversale par pays », Economica,2000
36 DEMIRGUC-KUNT A. et LEVINE R., « Finance et opportunité économique », Revue d’économie dudéveloppement, n°4, Décembre, 2008, P8-9
34
CONCLUSION
En bref, chaque individu peut s’attribuer des capacités intellectuelles lesquelles lui
permettront de procurer des richesses. Le capital humain favorise l’accroissement de la
productivité individuelle, et par extension, la croissance économique.
Par ailleurs, pour que le capital humain soit efficace, il devrait être associé au capital
physique car en général, ils sont complémentaires.
Pour que chaque citoyen puisse avoir ces capacités humaines économiquement
productives, les pays en développement devraient investir davantage dans l’éducation et la
santé car elles contribuent directement et indirectement à la croissance. Ainsi, plusieurs
politiques de valorisation du capital humain sont à recommander à ces pays. Ces politiques
concernent, non seulement l’éducation et la santé, mais aussi la stabilité macroéconomique et
l’efficacité du système financier.
Outre l’insuffisance en capital humain dans les pays en développement, ils connaissent
aussi des problèmes qui les empêchent de tirer profit de cette « ressource rare ». Ainsi, la fuite
de cerveau constitue un blocage majeur puisque, c’est le pays d’accueil qui jouit des
avantages procurés par la personne immigrante, dotée des capacités intellectuelles. Un autre
problème important réside dans la mentalité des individus, puisque la raison qui leur pousse à
étudier est de pouvoir décrocher ultérieurement de travail. Ainsi, un défi se lève pour ces pays
en développement : comment stopper les fuites de cerveau et comment motiver autrement les
personnes à étudier et se former davantage?
35
BIBLIOGRAPHIE
OUVRAGES :
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BARRY.W.Ickes, Endogenous Growth model, Penn state University, 1996
BECKER, Gary S., Human Capital, The University of Chicago Press for NBER (3ème
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DARREAU Phillipe, Croissance et politique économique , De Boek et Larcier, 2003.
GUELLEC D., RALLE P., Les nouvelles théories de la croissance , édition La découverte,
Paris, 1995.
JONES I. Charles, Théorie de la croissance endogène , De Boeck Université, 2000.
MANKIW. G, Macroéconomie , de Boeck Université, 3ème édition, 2003.
ARTICLES :
BAUER, Peter T, B.S YAMEY; “The economics of underdeveloped” University of Chicago
Press 1957 p257.
BARRO, R., "Government Spending in a Simple Model of Endogenous Growth," Journal of
Political Economy, 98, 1990, S103-S125.
CRITES Marian, FRUTSCHI Alexander, “Human Resources and economic growth” Stanford
Research Institute
DEMIRGUC-KUNT Asli et LEVINE Ross, « Finance et opportunité économique », Revue
d’économie du développement, n°4, Décembre, 2008, p8-9.
36
DJISTERA, Andrianasy, « Le rôle du capital humain dans la croissance : le cas deséconomies émergentes d’Asie » 20p.
GROVES, H.M. “Education and economic growth” national education association, D.C. 1961
50p.
HUSSAIN M.N., MOYO S.S, OSHIKOYA T.W ; “Capital humain et lutte contre la
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SITE WEB :
www.alternatives-economiques.fr/human-capital-gary-becker, consulté le 15 Septembre 2009
37
TABLE DES MATIERES
INTRODUCTION.................................................................................................................... 1
PARTIE 1: GENERALITES SUR LE CAPITAL HUMAIN
CHAPITRE 1 : LE CONCEPT DE CAPITAL HUMAIN.................................................. 3
1) DEFINITION : ...................................................................................................................... 32) LES CARACTERISTIQUES DU CAPITAL HUMAIN :.................................................................. 43) MESURES DU CAPITAL HUMAIN ET COMPARAISONS INTERNATIONALES :............................ 5
CHAPITRE 2 : IMPORTANCE DU CAPITAL HUMAIN DANS LA CROISSANCEECONOMIQUE ....................................................................................................................... 7
1) THEORIE DE LA CROISSANCE ENDOGENE ............................................................................. 71.1) Un modèle de croissance novateur ............................................................................ 71.2) Quatre facteurs influant la croissance....................................................................... 8a) Les rendements d'échelle ............................................................................................... 8b) L'innovation ................................................................................................................... 8c) Le capital humain........................................................................................................... 9d) L'action publique............................................................................................................ 9
2) FONDEMENT DE LA THEORIE DU CAPITAL HUMAIN ............................................................. 92.1) Le capital humain : une forme de capital comme les autres. .................................. 102.2) L’idée d’homo œconomicus et le capital humain..................................................... 122.3) Distinction entre formation générale et spécifique : l'arbitrage des entreprises ..... 12
3) LES ROLES DU CAPITAL HUMAIN DANS LA CROISSANCE :.................................................. 133.1) Capital humain : un outil de progrès économique .................................................. 133.2) Capital humain : facteur pour accroitre la productivité privée .............................. 143.3) Capital humain : facteur pour améliorer la productivité nationale ........................ 15
PARTIE 2: ACCUMULATION ET LIMITES DU CAPITAL HUMAIN
CHAPITRE 3 : L’ACCUMULATION DU CAPITAL HUMAIN .................................. 17
1) EDUCATION ET SANTE ................................................................................................... 181.1) Les avantages directs de la valorisation du capital humain.................................... 201.2) Les avantages indirects de la valorisation du capital humain ................................ 22
2) POLITIQUE DE VALORISATION DU CAPITAL HUMAIN .................................................. 252.1 ) En matière d’éducation : ..................................................................................... 252.2) En matière de santé : ............................................................................................... 262.3) Autres méthodes de valorisation du capital humain................................................ 27
CHAPITRE 4 : LIMITES DU CAPITAL HUMAIN ......................................................... 29
1) LES LIMITES DU CAPITAL HUMAIN ................................................................................. 291.1) Limite de la croissance endogène ............................................................................ 291.2) Les externalités dans la croissance.......................................................................... 301.3) Le développement de l’éducation face au marché du travail. ................................. 31
2) LES PROBLEMES DU CAPITAL HUMAIN DANS LES PAYS EN DEVELOPPEMENT .................... 322.1) Problème de migration ............................................................................................ 322.2) Problème d’accès à l’investissement ....................................................................... 33
CONCLUSION....................................................................................................................... 34
BIBLIOGRAPHIE................................................................................................................. 35