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UNIVERSITE D’ANTANANARIVO Faculté de Droit, d’Economie, de Gestion et de Sociologie Département ECONOMIE MAITRISE options : « Macroéconomie et Modélisation » « Développement » Mémoire pour l’obtention du diplôme de Maîtrise ès Sciences Economiques ROLE DU CAPITAL HUMAIN DANS LA CROISSANCE ECONOMIQUE Impétrants : -RAKOTONDRANAIVO Rovamalala Linah (n°49) -RAKOTOMIHANTA Mamisoa (n°160) -RAKOTONIAINA Jonathan (n°164) -RATIA- RAMAHAVONJY Henintsoa (n°205) -SOANEKENA Falitiana Andrandraina (n°221) Encadré par Monsieur RAMIARISON Herinjatovo Aimé Date de Soutenance : 16 Novembre 2009 Année : 2008-2009

ROLE DU CAPITAL HUMAIN DANS LA CROISSANCE ECONOMIQUE

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Page 1: ROLE DU CAPITAL HUMAIN DANS LA CROISSANCE ECONOMIQUE

UNIVERSITE D’ANTANANARIVO

Faculté de Droit, d’Economie, de Gestion et de Sociologie

Département ECONOMIE

MAITRISE options : « Macroéconomie et Modélisation »

« Développement »

Mémoire pour l’obtention

du diplôme de Maîtrise – ès – Sciences Economiques

ROLE DU CAPITAL HUMAIN DANS LA CROISSANCE

ECONOMIQUE

Impétrants : -RAKOTONDRANAIVO Rovamalala Linah (n°49)

-RAKOTOMIHANTA Mamisoa (n°160)

-RAKOTONIAINA Jonathan (n°164)

-RATIA- RAMAHAVONJY Henintsoa (n°205)

-SOANEKENA Falitiana Andrandraina (n°221)

Encadré par Monsieur RAMIARISON Herinjatovo Aimé

Date de Soutenance : 16 Novembre 2009

Année : 2008-2009

Page 2: ROLE DU CAPITAL HUMAIN DANS LA CROISSANCE ECONOMIQUE
Page 3: ROLE DU CAPITAL HUMAIN DANS LA CROISSANCE ECONOMIQUE

REMERCIEMENTS

En premier lieu, Nous tenons à rendre grâce au Seigneur Tout-puissant pour sa

bienveillance et sa bénédiction.

Le présent Mini-mémoire n’a pu être réalisé sans l’inestimable contribution de

plusieurs personnes à qui nous adressons nos vifs remerciements.

Malgré leurs innombrables obligations, elles ont su renoncer à une large partie de leur

temps pour nous encadrer et nos guider.

Ainsi, nous tenons à exprimer nos sincères reconnaissances à :

- Monsieur RAVELOMANANA Mamy Raoul, Chef de Département de l’Economie,

- Monsieur RAVELOSON Harimisa, Responsable 2nd cycle du Département

Economie,

- Monsieur RAMIARISON Herinjatovo Aimé, notre encadreur enseignant, qui a bien

voulu approuver ce travail et avoir la bonne volonté de le diriger et de suivre de près

avec patience la réalisation de ce travail de recherche.

Ainsi, nous tenons à adresser notre respectueuse reconnaissance et nos chaleureux

remerciements à tous nos professeurs qui, depuis des années d’études dans ce département,

n’ont pas ménagé leurs efforts pour la réussite de notre formation.

Nous adressons également nos vifs remerciements à notre famille qui nous a soutenu

moralement et financièrement dans la réalisation de ce travail.

Que tous ceux qui nous ont encouragé, soutenu et aidé, de près ou de loin, dans

l’élaboration de cet ouvrage, trouvent ici nos sincères remerciements et l’expression de notre

profonde gratitude.

Page 4: ROLE DU CAPITAL HUMAIN DANS LA CROISSANCE ECONOMIQUE

1

INTRODUCTION

Les pays en voie de développement sont caractérisés par une forte dépendance aux

capitaux étrangers : entre autres les aides, les investissements directs étrangers, les dons.

Malgré les aides multiples et prépondérantes octroyées par les pays développés durant

plusieurs années, la misère règne encore dans les pays en voie de développement. La question

qui vient de suite à ce constat est : « pourquoi ces pays n’arrivent pas à endiguer la

progression de la pauvreté malgré les aides qu’ils reçoivent ? »

Cette question est d’autant plus fondamentale que nous savons très bien que les aides

apportées par les pays développés ne datent pas d’hier et que celles-ci ont toujours été

considérables. Nos dirigeants ont toujours accordé une très grande importance à ces capitaux

étrangers qu’ils ont même négligé leurs propres capitaux, notamment le capital humain. Ainsi,

ce travail traitera le rôle du capital humain dans la croissance économique. La problématique

qui se pose est : « quelle devrait être la place du capital humain pour un pays en voie de

développement afin de promouvoir la croissance ? »

Afin de mieux cerner cette problématique, les objectifs spécifiques de ce travail sont :

- Dans quelles mesures et sous quelles conditions le capital humain peut –il engendrer la

croissance économique ?

- La valorisation des investissements en ce capital permet- elle d’aboutir à la croissance

économique d’un pays ?

- Quels sont les rôles de l’Etat dans l’accumulation de ce capital ?

En effet, cette problématique doit être soulevée pour apporter des solutions durables au

développement de ce pays.

Ainsi, l’objectif du présent mini mémoire est d’apporter des éléments d’explications et

d’analyses concernant la relation entre capital humain et croissance économique. Pour mieux

répondre et analyser la problématique qui se pose, le concept du capital humain (chapitre 1),

son rôle dans la croissance économique (chapitre 2), son accumulation (chapitre 3) et enfin

ses limites (chapitre 4) seront appréhendés.

Page 5: ROLE DU CAPITAL HUMAIN DANS LA CROISSANCE ECONOMIQUE

2

PARTIE 1

GENERALITE SUR LE CAPITALHUMAIN

Page 6: ROLE DU CAPITAL HUMAIN DANS LA CROISSANCE ECONOMIQUE

3

Chapitre 1 : LE CONCEPT DE CAPITAL HUMAIN

1) Définition :

Le capital humain est l’ensemble des capacités productives qu’un individu acquiert par

accumulation de connaissances générales ou spécifiques. La notion de capital exprime l’idée

que c’est un stock immatériel attribué à une personne qui peut être accumulé mais aussi s’use.

En d’autres termes, le capital humain est formé de trois éléments : les compétences, les

expériences est le savoir-faire qui, en fonctionnant ensemble, déterminent une certaine

aptitude de l’individu à travailler.

Dans la théorie du capital humain, les compétences acquises sont considérées à la fois

comme un bien de consommation durable c’est-à-dire qu’on peut les acquérir à tout âge ; un

bien spécifique où les compétences sont propres à chaque individu, limitées par les capacités

physiques et intellectuelles de ces individus et non exploitable que par leur volonté ; un bien

de production car la productivité de l’individu est déterminée par ces compétences ainsi

celles-ci doivent être considérées comme un facteur au même rang que la terre et les

machines1.

Comme le capital physique, le capital humain peut s’acquérir par l’intermédiaire de

l’éducation, se préserver et se développer à travers des formations ou par l’attention portée à

la santé de l’individu. De même, il doit pouvoir produire un bénéfice.

En d’autres termes, le capital humain se définit comme la forme de travail des salariés.

Plus précisément, c’est l’ensemble des facultés physiques (puissance, endurance), morales

(courage, conscience morale et professionnelle), relationnelles (le sens de la négociation),

intellectuelles (connaissances générales, intelligence), que les salaries peuvent mettre en vente

sur le marché du travail.

1 Gary S. Becker, Human Capital, The University of Chicago Press for NBER (3ème edition 1993).p.16.

Page 7: ROLE DU CAPITAL HUMAIN DANS LA CROISSANCE ECONOMIQUE

4

2) Les caractéristiques du capital humain :

Comme le capital humain est un choix individuel incorporé à la personne, il se distingue

ainsi du capital non humain. Ses principales caractéristiques sont la personnalisation, la

limitation et l’opacité.

La personnalisation traduit l’indissociabilité du capital humain de son détenteur : un

investissement personnel s’évalue de façons différentes selon son utilité, il ne peut donc

devenir propriété d’un tiers mais il est simplement mis à disposition par l’individu et dépend

de ses capacités physiques et mentales ainsi que de son cycle vital. Sa constitution et sa mise

en œuvre implique l’individu tout entier dans une démarche d’investissement constante : il

investit de manière à augmenter sa productivité futur et ses revenus en s’enrichissant en

permanence de nouveaux savoirs et expériences. Il optimise également ses capacités en

évitant qu’elles ne se déprécient trop du fait de la dégradation de sa santé physique et morale

ou de ses connaissances.

La limitation du capital humain est expliquée par le fait que l’investissement en ce

domaine est coûteux en temps et la période de perception des bénéfices est limitée par la

durée de vie humaine. De plus, le niveau de l’investissement optimal en capital humain est

fortement individualisé du fait du choix de formation qui dépend de la capacité des individus

à valoriser cette formation et de l’importance des ressources qu’ils sont en mesure de

mobiliser pour la financer.

L’opacité du capital humain est la conséquence d’une asymétrie d’information : au

début, l’employeur ne connaît pas les réelles compétences des travailleurs, ainsi il pourrait

être tenté de donner le même salaire à des travailleurs qui ont des productivités différentes. Il

est donc nécessaire que les travailleurs les plus productifs fassent parvenir des signaux, tels

que le diplôme qui révèle le montant de l’investissement éducatif, à l’entreprise pour que cette

dernière puissent réviser la redistribution des salaires par exemple.

Chaque individu devrait donc se considérer et agir comme un centre potentiel

d’accumulation de richesses, se comporter comme un capitaliste dont le capital ne serait autre

que sa propre personne.

La notion de capital humain conduit les travailleurs à se persuader qu’il leur faut se

mobiliser en permanence pour conserver et accroître ce capital si précieux, en transformant

Page 8: ROLE DU CAPITAL HUMAIN DANS LA CROISSANCE ECONOMIQUE

5

ainsi leur existence hors travail en une entreprise permanente d’accumulation de ressources de

tous ordres destinés à se valoriser sur le marché du travail.

3) Mesures du capital humain et comparaisons internationales :

Les économistes trouvent généralement un lien étroit entre le stock de capital humain et

le niveau d’activité économique. La difficulté se situe dans l’évaluation de se stock et dans la

validité des comparaisons internationales.

La plupart des analyses empiriques mesure la notion de capital humain tout d’abord à

l’aide d’un éclatement de la population par niveau d’instruction. Les comparaisons

internationales consistent donc à comparer les proportions d’agents ayant atteint un niveau

d’éducation donné. Le problème est que, résumer le stock de capital à un indicateur de

diplôme est très réducteur. Cela néglige toutes les autres formes d’apprentissage et l’existence

des aptitudes des individus, sans parler des différences qualitatives des diplômes, liées aux

différences de programmes des établissements scolaires.

Une deuxième approche qui est l’approche alternative consiste à fonder la mesure du

capital humain sur le montant des rémunérations auxquelles ce capital humain donne lieu.

Cette approche s’avère toute aussi difficile pour deux raisons essentielles :

le salaire instantané des individus ne reflète pas clairement la productivité marginale

des travailleurs, ceci pour des raisons multiples : par exemple, le salaire fixe ne

représente pas la productivité d’un salarié car quelque soit le travail qu’il a fait, le

salaire reste le même.

cette productivité marginale est un concept « relatif » lié aux conditions économiques

tel que la quantité des autres facteurs utilisés ainsi que la substitution entre les

facteurs.

Enfin, une autre tentative d’évaluation plus précise consiste à soumettre des individus à

des tests de connaissances standardisés. Si cette approche ne permet pas de mesurer

réellement les stocks de capital humain de l’individu, elle est supposée permettre des

comparaisons interindividuelles ou inter régionales.

Page 9: ROLE DU CAPITAL HUMAIN DANS LA CROISSANCE ECONOMIQUE

6

En fait, le capital humain se résume par l’ensemble des compétences, des expériences et

des savoirs faire qui peuvent s’acquérir par l’intermédiaire de l’éducation, et des formations et

qui doivent produire des bénéfices. Il se caractérise surtout par son indissociabilité de son

détenteur et se mesure par le montant des rémunérations auxquelles il donne lieu.

Page 10: ROLE DU CAPITAL HUMAIN DANS LA CROISSANCE ECONOMIQUE

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Chapitre 2 : IMPORTANCE DU CAPITAL HUMAIN DANS LACROISSANCE ECONOMIQUE

1) Théorie de la croissance endogène

La théorie de la croissance endogène a pour objet d'expliquer la croissance

économique à partir de processus et de décisions microéconomiques. Elle est apparue en

réponse aux limites du modèle de croissance exogène, en particulier le modèle de Solow, qui

fondait la croissance économique sur le progrès technologique, mais n'expliquait pas l'origine

de ce progrès technologique. Le premier modèle de croissance endogène a été établi par Paul

Romer en 1986, dans un article intitulé « Increasing Returns and Long Run Growth »2. Elle

est basée sur l'idée d'une croissance auto-entretenue Depuis, ce sujet est devenu un domaine

d'étude majeur des sciences économiques.

1.1) Un modèle de croissance novateur

Il existait deux grands modèles de croissance avant la parution du modèle fondateur de

Romer : le modèle keynésien de Harrod-Domar qui met en avant une situation instable de la

croissance à court terme, et celui sur des hypothèses néo-classiques et qui conclut à une

situation de convergence des économies à un état de croissance stationnaire.

Pourtant, ces deux modèles n'expliquent pas certains phénomènes de l'économie. En

effet, la convergence de toutes les économies au sens de Solow n’est pas constatée

empiriquement: au XXème siècle, l'Afrique n'a pas rattrapé les économies occidentales, et

d'autres économies ont régressé, c’est le cas de l'Argentine ou de la Russie. De plus, le modèle

de Solow utilise le progrès technique comme une variable exogène, « une manne tombée du

ciel ». Solow avait lui-même fait une autocritique de son modèle, car il existait une part

inexplicable de la croissance qui était « hors du champ économique ».

La tâche des théoriciens de la croissance endogène a donc été de chercher les ressorts

de l'économie qui lui permettent de croître durablement.

2 Romer, P.M., « Increasing Returns and Long-Run Growth », Journal of Political Economy, Vol. 94, N°5.

Page 11: ROLE DU CAPITAL HUMAIN DANS LA CROISSANCE ECONOMIQUE

8

En 1962, Nicholas Kaldor et James Mirrlees publient un premier modèle faisant appel

à une fonction de progrès technique, qui dépend du niveau d'investissement, mais ce modèle

n'admet pas l'existence de rendements croissants3.

Kenneth Arrow affine ce modèle en faisant dépendre la fonction de progrès de la

quantité de connaissances déjà accumulée (qui sera plus tard appelée capital humain), ce qui

permet d'avoir une économie à rendements d'échelle croissants tout en ayant des firmes à

rendement au mieux constant4.

Paul Romer, enfin, lève cette restriction en partant d'une fonction de production

admettant un nombre variable de paramètres, correspondant aux différentes catégories de

biens d'équipement, et en montrant comment la recherche et développement permet

l'apparition de nouvelles catégories de ces biens d’équipement5.

1.2) Quatre facteurs influant la croissance

La théorie de la croissance endogène a identifié quatre facteurs principaux de

croissance : les rendements d'échelle, l’innovation, le capital humain, et l'intervention

judicieuse de l'État.

a) Les rendements d'échelle

Si les rendements d'échelle sont majoritairement constants, certains investissements

peuvent entraîner des rendements croissants, qui augmentent ainsi le capital physique et

poussent la croissance. Par exemple, les infrastructures publiques causent des externalités

positives en permettant des économies internes chez les producteurs privés.

b) L'innovation

Le progrès technique est considéré comme l’un des facteurs de la croissance, ce n'est

plus un « résidu » par rapport à l'apport des facteurs de production traditionnels considérés

endogènes (ressources naturelles, capital, travail). Paul Romer est le premier à avoir considéré

3 Alain Beitone et al, Dictionnaire des sciences économiques, Armand Colin, 20044 Idem5 Ibid.

Page 12: ROLE DU CAPITAL HUMAIN DANS LA CROISSANCE ECONOMIQUE

9

comme endogène l'innovation car il fait dépendre l’innovation du comportement, des

initiatives et du développement des compétences des agents économiques. L'innovation est

alors une activité à rendement croissant qui augmente le stock de connaissances, et le

débordement de ces connaissances finit par être bénéfique à tous, au lieu de se limiter à la

firme innovante. Les firmes sont alors interdépendantes, la « course à l'innovation » de chaque

firme bénéficie à l'ensemble des firmes et tire l'économie vers la croissance.

c) Le capital humain

Les connaissances, les compétences et la motivation d’un individu contribuent à

l’amélioration de la productivité de l’économie. Rebelo6 a introduit dans son modèle

l'existence d'un capital humain qu'il note H. La dimension du travail L disparait au profit d'un

capital physique couplé avec le capital humain dans la fonction de production F(K,H).

En outre, pour tenter d’améliorer le modèle Néoclassique, Robert Lucas va tenter

d’expliquer le « générateur de la croissance » que sont les changements technologiques. Dans

ce dessein, il va intégrer le capital humain dans son modèle lequel s’inspire notamment des

travaux d’Uzawa7. En effet, le capital humain est un facteur qui modifie les conditions de la

production8.

d) L'action publique

L'action publique peut augmenter la productivité de l'économie, par exemple en

augmentant le stock de connaissances ou les infrastructures publiques. Dans le cas des

infrastructures publiques, elles facilitent la circulation des biens, des personnes, et de

l'information, et que leur financement par l'impôt est alors bénéfique.

2) Fondement de la théorie du capital humain

Gary Stanley Becker a été l'un des premiers économistes à élargir le champ de

l'analyse économique, surtout microéconomique, à des comportements sociaux9. Gary Becker

6 Alain Beitone et al, Dictionnaire des sciences économiques, Armand Colin, 20047 H. Uzawa : « Optimum technical change in aggregative model of economic growth », International economicreview, p18-318 Mankiw G, Macroéconomie , de Boeck Université, 3ème édition, 2003.9 Selon le résumé de l’ouvrage de G. Becker sur le site « alternatives économiques » :

www.alternatives-economiques.fr/human-capital-gary-becker

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10

occupe en effet une place singulière puisqu'il contribuera à ouvrir la science économique à des

champs de recherche habituellement rattachés à la sociologie comme l'éducation et la

formation, la discrimination raciale, les décisions familiales, la criminologie et les

comportements déviants ou encore les mécanismes de pression politique.

En 1992, il a eu le Prix Nobel de la Banque de Suède en sciences économique pour le

développement et l’approfondissement de la théorie du capital humain.

Gary Becker définit le capital humain comme "l'ensemble des capacités productives

qu'un individu acquiert par accumulation de connaissances générales ou spécifiques, de

savoir-faire,…."10.

2.1) Le capital humain : une forme de capital comme les autres11.

Chaque travailleur a un capital propre, qui lui vient de ses dons personnels innés, et de

sa formation. Son stock de capital immatériel peut s'accumuler ou s'user. Il augmente quand il

investit, ce qui détermine les différences de productivité, et, par hypothèse, de revenu.

Comme tout investissement, l’investissement en capital humain peut faire l'objet d'un calcul

d'un taux de rendement marginal, associé à une dépense ou une année d'études

supplémentaire. Ce rendement peut dans le cas présent s'évaluer comme le rapport entre, d'un

côté, le surcroît des revenus du travail que cet investissement permettra d'obtenir sur le restant

de la vie active et, de l'autre côté, l'ensemble des coûts occasionnés par cet investissement.

Ces coûts résultent des dépenses d'éducation, frais de scolarité, matériel, etc. mais aussi des

revenus que la personne ne touchera pas pendant le temps consacré aux études : ces derniers

coûts sont appelés «coûts d'opportunités». L'individu fait donc un arbitrage entre travailler et

suivre une formation qui lui permettra de percevoir des revenus futurs plus élevés

qu'aujourd'hui.

10 Becker. G. S, Human Capital, A Theoretical and Empirical Analysis, University of Chicago Press, 196411 Selon le résumé de l’ouvrage de G. Becker sur le site « alternatives économiques » :

www.alternatives-economiques.fr/human-capital-gary-becker

Page 14: ROLE DU CAPITAL HUMAIN DANS LA CROISSANCE ECONOMIQUE

11

Le maintien en état de son capital physique (santé, nourriture, etc.) est également pris

en compte. L'individu optimise ses capacités en évitant qu'elles ne se déprécient trop du fait

de la dévalorisation de ses connaissances générales et spécifiques ou de la dégradation de sa

santé physique et morale. Il investit de façon à augmenter sa productivité future et ses

revenus.

C'est dans cette logique que G.Becker développe la théorie du capital humain laquelle

considère la connaissance accumulée et la santé, des investissements comme les

investissements physiques et financiers.

En résumé, selon Becker, le capital humain est un actif, un patrimoine, un stock

susceptible de procurer un revenu. Il en est de même pour le capital humain qui est un sous-

ensemble dans cette notion globale de capital : le capital humain est un stock de

connaissances et d'expériences, accumulé par son détenteur tout au long de sa vie par des

investissements.

Si un investissement est une opération réalisée par un agent économique consistant à

acquérir des moyens de production, dans le cas particulier du capital humain, il s'agit pour

l'investisseur d'accroître son potentiel productif, sa productivité future et donc son salaire. Le

salaire est considéré comme le rendement du capital humain, la rémunération de

l’investissement dans l’éducation.

Les détenteurs de leur seule force de travail peuvent donc louer leur capital humain

aux détenteurs du capital physique (bâtiments, machines). Ces derniers en ont besoin car le

capital humain permet de valoriser le capital physique. Toutefois, contrairement au capital

physique ou financier, le capital humain est incorporé c’est-à-dire qu’il est « produit » avec un

capital intellectuel, une mémorisation et un temps donnés. La personne qui se forme ne peut

pas se démultiplier comme une entreprise pourrait démultiplier ses unités de production.

Il va sans dire que l'approche par le capital suppose que l'individu soit capable de

calculs rationnels. Il s’agit là de l’homo œconomicus.

Page 15: ROLE DU CAPITAL HUMAIN DANS LA CROISSANCE ECONOMIQUE

12

2.2) L’idée d’homo œconomicus et le capital humain12

L'analyse de Becker suppose une rationalité des agents économiques investissant dans

le capital humain. En effet, tout investissement induit un choix et donc des coûts

d'opportunité. L'investissement dans le capital humain résulte d'un calcul coût-avantage de la

part de l'agent économique, en supposant qu'il a toutes les informations nécessaires et qu'il fait

les bonnes anticipations. L’agent économique se comporte comme un vrai homo œconomicus

dans le domaine de l’éducation.

Le coût d'un investissement en capital humain, nous l'avons vu, comprend les coûts de

la formation ou de l'éducation en elles-mêmes (frais de scolarités), les coûts entraînés par ce

choix (logement universitaire, déménagement) et le coût de renoncement à ce qu'aurait

rapporté le choix inverse : c'est le coût d'opportunité (le salaire qui aurait été perçu en entrant

sur le marché du travail au lieu de poursuivre ses études). Un individu peut consentir à

retarder son entrée sur le marché du travail, et à changer son arbitrage travail / loisirs, parce

que le salaire qu'il attend ensuite est supérieur à celui qu'il aurait eu sans formation. Mais,

l'éducation présente par hypothèse des rendements décroissants puisque chaque année

supplémentaire passée en formation, même si elle augmente le revenu futur, rapporte moins

que la précédente.

En général, l'investissement en capital humain est rentable lorsqu'il permet d'obtenir

un salaire plus élevé qui permet de rembourser les frais d'investissement de départ.

2.3) Distinction entre formation générale et spécifique : l'arbitrage desentreprises13

La théorie du capital humain souligne, nous l’avons vu, que l’investissement en capital

humain accroit la productivité des salariés et donc la rentabilité de l’entreprise. Cet

investissement passe essentiellement par la formation et Gary Becker en distingue deux

sortes : la formation générale et la formation spécifique.

12 Selon le résumé de l’ouvrage de G. Becker sur le site « alternatives économiques ».13 Idem.

Page 16: ROLE DU CAPITAL HUMAIN DANS LA CROISSANCE ECONOMIQUE

13

La formation générale, acquise dans le système éducatif, augmente la productivité de

l'agent dans toute entreprise puisqu'elle reste attachée au travailleur qui peut la faire valoir sur

l'ensemble du marché du travail. Les entreprises sont donc peu encouragées à supporter les

coûts de formation d'une personne puisque celle-ci risque de la faire prévaloir dans une autre

entreprise prête à mieux la rémunérer. L'accord entre le travailleur et la firme consiste donc en

l'achat par l'entreprise de la « force de travail », tandis que le travailleur achète sa formation.

La formation spécifique augmente à l'inverse la productivité du travailleur dans

l'entreprise qui l'a formé mais peu ou pas en dehors de celle-ci. La firme n'accepte le

financement de la formation que dans la mesure où elle estime avoir des chances de

rentabiliser son investissement : le salaire qu'elle versera à l'issue de la période de formation

sera supérieur au salaire du travailleur pour des emplois situés à l'extérieur de l'entreprise de

façon à l'inciter à rester en son sein mais inférieur à sa productivité en valeur, la différence

avec le salaire versé représentant la rémunération de l'investissement en capital spécifique de

l'entreprise. La valeur de l'investissement dans une formation spécifique est perdue lorsque le

contrat de travail est interrompu. Elle ne peut être renouvelée qu'au prix de nouveaux

investissements. Cette distinction entre formation générale et formation spécifique présente un

intérêt pour analyser les déterminants du chiffre d’affaires et pose les bases d’une réflexion

sur les coûts de transaction sur le marché du travail.

L'entreprise a donc intérêt à financer les formations spécifiques mais pas les

formations générales car l'employé pourrait ensuite proposer son travail (devenu plus

productif) dans une autre entreprise.

3) Les rôles du capital humain dans la croissance :

3.1) Capital humain : un outil de progrès économique

Le caractère « auto-entretenu » de la croissance, dans la théorie de la croissance

endogène est possible notamment grâce à l'outil du capital humain qui permet de considérer le

progrès technique comme endogène. En effet, le progrès technique et l'innovation (mesurés

par la productivité globale des facteurs) sont le fait des chercheurs ou ingénieurs, qui sont

eux-mêmes le fruit d'un investissement en capital humain. De manière générale, l'épargne

investie dans la formation des citoyens est un puissant accélérateur de croissance. Le capital

Page 17: ROLE DU CAPITAL HUMAIN DANS LA CROISSANCE ECONOMIQUE

14

humain apporte donc une grande partie de la solution du fameux « paradoxe de Solow14 ». Si

les progrès évidents dans le domaine de l'informatique étaient difficiles à voir dans les

statistiques, c'est en partie dû au temps dont ont besoin les travailleurs pour s'approprier des

nouvelles techniques de production, notamment par la formation.

3.2) Capital humain : facteur pour accroitre la productivité privée

Pour l'essentiel, le capital humain se développe au moyen de l'éducation ou de la

formation, qui a pour effet d'accroître la productivité économique d'un individu — c'est-à-

dire, qui lui permet de mieux gagner sa vie. Les gouvernements, les employés et les

employeurs investissent tous dans le capital humain en consacrant du temps et de l'argent à

l'éducation et à la formation donc à l'accumulation de connaissances et de compétences.

Comme tout autre investissement, cela suppose des sacrifices, et les individus y consentent

s'ils s'attendent à ce que cela leur rapporte à l'avenir un surcroît de revenus.

Les employeurs prennent en charge la formation de leurs employés dans l'attente d'un

surcroît de productivité qui leur permettra à la fois de rentrer dans leurs frais et de réaliser des

bénéfices supplémentaires. Enfin, les individus sont souvent prêts à consacrer du temps et de

l'argent à l'éducation et à la formation parce que, dans la plupart des pays, ceux qui sont plus

éduqués et qualifiés gagnent mieux leur vie. En effet, les employés instruits et qualifiés sont

généralement mieux à même de produire plus, ou de fournir un produit qui a plus de valeur

marchande, et les employeurs ont tendance à reconnaître cela en leur offrant des salaires plus

élevés.

Cela dit, l'éducation n'a pas toujours le même niveau de rentabilité économique, et ses

rendements peuvent être réduits dans certains cas :

Si la qualité de l'enseignement est faible, ou si les connaissances et compétences

acquises à l'école ne correspondent pas à la demande du marché. Dans ce cas, les

investissements dans le capital humain n'ont pas été assez efficients. Ce qui se traduit

par un niveau moindre de capital humain et des rendements moins élevés pour les

individus et la société.

14 Solow fait remarquer que l’introduction massive des ordinateurs dans l’économie, contrairement aux attentes,ne se traduit pas par une augmentation statistique de la productivité.

Page 18: ROLE DU CAPITAL HUMAIN DANS LA CROISSANCE ECONOMIQUE

15

Si la demande en capital humain est insuffisante, du fait d'une croissance économique

lente. Dans ce cas, le capital humain représenté par la main-d'œuvre risque d'être sous-

employé et sous-rémunéré.

Si les travailleurs qui sont moins éduqués et qualifiés et ceux qui le sont plus sont

délibérément payés de la même façon pour préserver une relative égalité de salaires —

comme c'était le cas dans les pays à économie planifiée. Ces distorsions sont éliminées

à mesure que les pays en question passent à l'économie de marché.

Le capital humain d'un pays et son taux de progression sont deux considérations

essentielles pour le niveau et le rythme de développement économique de ce pays,

principalement parce que le capital humain est ce qui détermine plus que tout autre facteur

son aptitude à générer et adopter des solutions technologiques novatrices. Mais investir dans

le capital humain, bien que primordial, ne suffit pas à assurer une croissance économique

soutenue. Ce type d'investissement doit en effet s'accompagner d'une stratégie de

développement appropriée.

Prenons l'exemple des Philippines et du Viet Nam. Ces deux pays jouissent d'un taux

d'alphabétisation des adultes supérieur à la plupart des autres pays d'Asie du Sud-est15. Or,

l'un et l'autre ont connu jusqu'à dernièrement une croissance relativement lente, en grande

partie du fait que leurs stratégies de développement les ont empêchés de tirer pleinement parti

de leurs ressources en capital humain. Dans le cas du Viet Nam, la planification centralisée

faisait interférence ; quant aux Philippines, c'était leur isolement économique par rapport au

marché mondial qui posait problème. Mais depuis quelques années, ces deux pays ont

recueilli les fruits de leurs investissements dans le capital humain : le Viet Nam, en adoptant

une approche du développement basée davantage sur les lois du marché et en améliorant

radicalement son taux de croissance ; les Philippines, en « exportant » une bonne partie de

leur main-d'œuvre qualifiée et en « rapatriant » ses gains en devises.

3.3) Capital humain : facteur pour améliorer la productivité nationale

La productivité privée du capital humain a un effet externe positif car, en améliorant

son niveau d’éducation et de formation, chaque individu augmente le stock de capital humain

de la nation et contribue à améliorer la productivité de l’économie nationale.

15 DJISTERA, Andrianasy, “Le rôle du capital humain dans la croissance: Le cas des économies émergentesd’Asie”, 20p

Page 19: ROLE DU CAPITAL HUMAIN DANS LA CROISSANCE ECONOMIQUE

16

Pour Joseph Schumpeter, la croissance économique résulte aussi d’une activité

d’innovation engagée par des agents qui espèrent en tirer profit. La théorie de Schumpeter

retient deux applications de cette idée 16:

- la croissance est due à une spécialisation accrue dans l’utilisation des facteurs de

production.

- la croissance est due à l’effort de recherche-développement qui élève la productivité.

L’accroissement de la productivité nationale permet l’expansion économique. En effet,

le volume de la production augmente et le marché national peut s’étendre sur plusieurs

secteurs que ce soit à l’intérieur du pays que ce soit à l’extérieur.

La théorie de la croissance endogène a permis de vérifier l’hypothèse de départ comme

quoi le capital humain contribue à la croissance économique. En effet, il permet d’accroître la

productivité privée et nationale. Par extension, il permet d’accroître la production nationale.

16 Alain Betone et al, Dictionnaire des sciences économiques, Armand Colin, 2004.

Page 20: ROLE DU CAPITAL HUMAIN DANS LA CROISSANCE ECONOMIQUE

17

PARTIE 2

ACCUMULATION ET LIMITESDU CAPITAL HUMAIN

Page 21: ROLE DU CAPITAL HUMAIN DANS LA CROISSANCE ECONOMIQUE

18

Chapitre 3 : L’ACCUMULATION DU CAPITAL HUMAIN

1) Education et santé

La théorie récente de la croissance endogène privilégie les ressources humaines et les

institutions spécifiques qui génèrent les innovations technologiques, qui servent de

locomotive à la croissance économique à long terme17. Cette théorie repose sur l’idée selon

laquelle un pays doit réunir une masse critique de personnes qualifiées, notamment les

chercheurs et les ingénieurs, avant que son économie ne décolle. A la différence de

l’hypothèse de Solow concernant le rendement décroissant, les modèles de croissance

endogène affirment que l’investissement dans le savoir pourrait avoir un rendement constant,

voire croissant, car il y a plus de chances qu’une base de connaissances plus large engendre

davantage d’innovations à long terme. Il s’avère alors important pour un pays qui veut se

développer d’investir dans le capital humain. Dans cette partie, sera abordé l’investissement

dans le domaine de l’éducation et de la santé.

Non seulement l’investissement dans ces domaines permet d’améliorer directement le

bien-être des populations, mais il contribue également, de façon indirecte, au renforcement de

différentes formes du capital humain, qui concourt à l’accroissement des revenus. Par

conséquent, le développement du capital humain est à la fois un outil essentiel de croissance

économique soutenue et un moyen de lutte contre la pauvreté. Les arguments en faveur de

l’investissement dans le capital humain tiennent aux avantages matériels et non matériels qu’il

engendre pour l’éducation et la santé, tel que résumé dans la Figure 1. D’une manière

générale, ces avantages pourraient se répartir en trois catégories intimement liées, à savoir les

avantages directs, les avantages indirects et les retombées générales pour la croissance.

17 Barry.W.Ickes, Endogenous Growth model, Penn state University, 1996

Page 22: ROLE DU CAPITAL HUMAIN DANS LA CROISSANCE ECONOMIQUE

19

Figure 1 : Schéma de la corrélation entre les différents aspects du capital humain

Source : Propre auteur

Améliorationde la nutrition

Améliorationde la santé

Croissance économique accélérée

. Accroît la productivité et les revenus

. Améliore la santé et l’espérance devie. Réduit la fécondité. Favorise d’importants changementsD’attitudes à l’égard du travail et de laSociété

Accroît la productivité. Améliore la fréquentationdes écoles et la capacité àapprendre. Réduit la mortalité infantileet accroît l’espérance de vie. Comporte des avantagesIntangibles, notamment laRéduction de la souffrance

Renforce la capacité des ménages àInvestir davantage dans la santé,

L’éducation et la nutrition. Réduit la croissance démographique

Et améliore les conditions de vie. Réduit la mortalité maternelle

. Améliore la santé etréduit la mortalitéAccroît la productivité. Comporte des avantagesintrinsèques, notammentla réduction de lasouffrance due à lafamine

Améliorationdel’éducation

Réduction dela fécondité

Améliore les conditions de viePermet d’accéder à l’éducation, auxservices de santé et à la nourriture

Augmentation durevenu desménages

Page 23: ROLE DU CAPITAL HUMAIN DANS LA CROISSANCE ECONOMIQUE

20

1.1) Les avantages directs de la valorisation du capital humain

a) Education

L’éducation est considérée comme source d’aptitudes et de connaissances, elle est un

élément essentiel de la croissance économique du fait que le changement technologique ne

soit possible sans une main d’œuvre qualifiée. L’éducation est considérée comme la

principale source d’accumulation de capital humain. Selon Barro, le taux de croissance du

PIB est positivement lié au niveau initial du capital humain, un pays connait une croissance

économique non pas par l’offre en grande quantité de son main d’œuvre mais plutôt par la

qualité de celui-ci18 . L’éducation influence positivement la croissance en améliorant la

qualité de la main d’œuvre et en stimulant sa mobilité, facilitant ainsi la division du travail.

Elle est source d’innovation, et source d’amélioration des techniques de gestion des

entrepreneurs. Cette thèse est soutenue par Mincer car selon lui l’éducation, rend l’individu

plus réceptif au changement économique. Elle a donc pour effet d’accroitre la productivité et

permet de réaliser une distribution plus égalitaire de revenu, une main d’œuvre plus éduquée

tend à être plus productive et mieux rémunérée19.

L’étude de l’importance de l’investissement dans l’éducation est souvent limitée au

critère de l’augmentation totale des recettes qu’engendre une année supplémentaire

d’éducation, et c’est le volume de cette augmentation que les calculs du rendement s’attachent

à évaluer. Il a été démontré que tant dans les pays développés qu’en développement, il existe

une corrélation positive entre le niveau d’éducation et les revenus, et que chaque année

supplémentaire d’instruction entraîne une augmentation des revenus de 10 pour cent, voire

plus20

18 Barro, R., "Government Spending in a Simple Model of Endogenous Growth," Journal of Political Economy,98, 1990, S103-S125.19 Tiré du « Rôle des conditions initiales dans la croissance économique rapide de l’après guerre en Asie del’Est : cas de la Corée du Sud » 2002 de Ramiarison.H.A20 GROVES,H.M. “Education and economic growth” national education association, D.C. 1961 pp50

Page 24: ROLE DU CAPITAL HUMAIN DANS LA CROISSANCE ECONOMIQUE

21

Une réunion des experts de différents pays, et de différentes disciplines a débattu sur

la relation entre économie et éducation, ils ont ainsi reconnu et conclu que l’éducation est un

investissement en capital humain, elle est la plus grande richesse de la nation21. Par

conséquent, l’éducation doit être étendue, elle doit être pour tous et non seulement pour une

minorité compte tenu de la manière dont elle est accumulée (cas des pays sous développés).

Par contre l’éducation doit être bien planifiée et bien conçues.

Etant donné que l’éducation d’une génération s’étend sur plusieurs années, l’éducation

des adultes ne semble pas constituer un substitut direct à l’éducation des jeunes. L’offre

d’éducation pourrait s’adapter plus lentement que l’évolution de la demande, entraînant ainsi

un excédent d’offre ou des pénuries sur le marché du travail. L’évaluation du taux de

rentabilité sera donc influencée par un tel déséquilibre entre l’offre et la demande, qui pourrait

être provisoire.

En outre la valeur de l’investissement dans le capital humain est tributaire de

l’investissement dans les autres formes de capital. Le capital humain peut jouer un rôle

prépondérant dans la croissance économique, à condition qu’il y ait des politiques nécessaires

pour assurer l’investissement productif dans les autres formes de capital.

Ensuite , les avantages découlant des années supplémentaires d’instruction peuvent être de

peu d’utilité si les informations sur la qualité de l’éducation ne sont pas disponibles dans les

pays où la mauvaise qualité de l’instruction et la stagnation des taux de scolarisation

constituent le problème majeur .Lorsque la qualité de l’instruction varie considérablement

dans le temps et dans l’espace, le nombre d’années d’études peut s’avérer être un indicateur

très insuffisant du niveau de capital humain. De simples estimations du taux de rentabilité

privée de l’instruction peuvent ainsi induire en erreur.

Finalement, une éducation meilleure et plus poussée ne constitue pas le seul facteur

d’accroissement des revenus. Les faits indiquent que l’éducation entraîne une augmentation

des revenus de différentes manières, notamment l’effet revenu et mobilité du travail.

21 International Association of Universities, conference held at the Villa Serbelloni Bellagio, Italy july 1960

Page 25: ROLE DU CAPITAL HUMAIN DANS LA CROISSANCE ECONOMIQUE

22

b) Santé

La santé a des conséquences monétaires directes sur l’offre de main-d’œuvre et les

revenus. A titre d’exemple, les estimations des pertes de revenus dues à l’absentéisme

imputable à la maladie oscillent entre environ 5 % du revenu total en Côte d’Ivoire et en

Mauritanie et plus de 10 % au Ghana22.

Ces chiffres sont probablement en deçà de la réalité, dans la mesure où ils ne prennent

pas en compte un certain nombre d’autres conséquences majeures de la mauvaise santé. En

fait, les gens continuent souvent de travailler même s’ils sont malades, et leur productivité

s’en alors trouve réduite. Il y a de fortes chances que les travailleurs en bonne santé cessent de

travailler pour s’occuper de membres du ménage malades (en particulier les enfants).

L’invalidité et les décès prématurés peuvent également réduire considérablement l’offre de

main-d’œuvre. La baisse de l’espérance de vie et le risque de maladies graves (notamment le

Sida) peuvent constituer un frein à l’investissement à plus long terme qui pourrait accroître la

productivité. Investir dans la santé implique tout d’abord la prévention d’où le dicton « mieux

vaut prévenir que guérir » qui est toujours d’actualité ; mais aussi la détection des risques,

leurs éliminations et l'éducation des ouvriers à une prise de conscience du danger. Il est

généralement établi qu’il existe une corrélation positive entre les indicateurs de nutrition et de

santé, notamment la taille, l’éducation et la mobilité, au niveau des individus dans une société

donnée. Par conséquent, il se peut que certains effets de l’augmentation des revenus et de la

productivité, qui ont été attribués à l’éducation concernent davantage l’état de santé.

1.2) Les avantages indirects de la valorisation du capital humain

Tel qu’il est indiqué à la Figure 1, l’éducation, la santé, la nutrition et la fécondité sont

intimement liées. Les dépenses d’éducation peuvent avoir une incidence sur la santé. Les

dépenses de santé peuvent, à leur tour, influer sur la valeur de l’éducation. Ainsi,

l’investissement dans le capital humain par le truchement de l’accroissement des services

sociaux, notamment l’éducation et la santé, comporte des avantages directs pour les individus

et leurs familles, ainsi que des avantages indirects pour l’économie générale. Bien que la

corrélation entre les différents aspects du capital humain soit multiforme et complexe, on

pourrait relever trois principaux types.

22 Enquête effectué en Côte d’Ivoire et en Mauritanie sur l’impact de la santé sur le travail par l’ADR, 1998

Page 26: ROLE DU CAPITAL HUMAIN DANS LA CROISSANCE ECONOMIQUE

23

a) Impact de l’éducation sur la santé et la nutrition

L’impact sur la santé constitue l’une des conséquences indirectes des dépenses

d’éducation. Dans les pays en développement, les enfants de parents éduqués sont moins

exposés au risque de décès prématuré. En d’autres termes les parents instruits sont mieux à

même de détecter les problèmes médicaux de leurs enfants. C’est la raison pour laquelle les

enfants dont les mères ont reçu une éducation formelle courent moins de risques de mourir à

un âge précoce. L’instruction d’une mère est donc un facteur vital pour la mortalité de son

enfant et qu’elle pourrait même compenser le manque d’infrastructures médicales

communautaires, car les mères qui ont reçu une éducation formelle sont moins affectées par

l’absence de ces services. Bien que la corrélation entre l’instruction des parents et la mortalité

des enfants s’explique, en partie, par le niveau du revenu du ménage, celle-ci ne constitue pas

le seul mécanisme de transmission. En effet, de nombreuses études ont montré que

l’éducation a un impact direct plus significatif sur la santé de l’enfant que le revenu.23

L’incidence directe de l’éducation peut se situer au niveau de l’information.

b) Impact de la santé sur l’instruction de l’enfant

La mauvaise santé et la malnutrition peuvent avoir des conséquences indirectes sur la

productivité par le truchement de l’incidence négative sur les études. Ceci s’explique par le

fait que la maladie entraîne souvent la déperdition scolaire, et les carences nutritionnelles

peuvent réduire l’aptitude à apprendre.

c) Impact de l’éducation sur la fécondité

En général, les femmes qui ont reçu une éducation plus poussée ont tendance à avoir

des familles moins nombreuses. Les femmes ayant fait des études au-delà de l’enseignement

primaire ont nettement moins d’enfants. Ces corrélations se vérifient, même lorsqu’on tient

compte d’autres variables notamment les cultures de chaque pays, le niveau de vie et les

régions. Le lien manifeste entre instruction des femmes et fécondité renferme, du moins en

partie, un facteur de causalité. Les femmes instruites pourraient gagner des salaires plus

élevés, augmentant ainsi le coût d’opportunité du temps consacré à l’éducation des enfants.

23 Groves,H.M “Education and economic growth” national education association, D.C. 1961 pp50

Page 27: ROLE DU CAPITAL HUMAIN DANS LA CROISSANCE ECONOMIQUE

24

Elles peuvent également avoir une préférence pour des enfants plus instruits, ce qui

rend les grandes familles plus onéreuses. L’éducation peut changer également les

connaissances et les attitudes à l’égard de la contraception moderne et de son utilisation. Bien

que les progrès en matière de survie de l’enfant liés au niveau d’instruction des femmes

puissent se traduire, à court terme, par un accroissement de la population, les effets combinés

de l’éducation des femmes sur la fécondité et la survie de l’enfant ralentiront

considérablement le taux d’accroissement actuel de la population.

d) Impact de l’éducation des parents sur l’instruction de l’enfant

En général, les enfants ont plus de chances d’aller à l’école lorsque leurs parents sont

instruits. Toutefois, l’instruction de la mère semble avoir une incidence plus grande sur la

scolarisation des filles par rapport à celle des garçons, tandis que l’instruction du père a une

influence plus grande sur la scolarisation des garçons par rapport à celle des filles aux niveaux

secondaire et supérieur. 24Ces enfants ont également tendance à obtenir de meilleurs résultats

scolaires, et dans certains cas, peuvent obtenir des revenus plus élevés pendant la vie adulte

par rapport aux enfants de parents non instruits.

e) Retombées pour la croissance économique générale

Il est important également de mettre en exergue l’impact du capital humain sur la

croissance macroéconomique, ainsi que l’incidence de celle-ci sur le développement du

capital humain. Les études macroéconomiques ont démontré que les périodes de croissance

soutenue de la production nationale par unité de production vont de pair avec des

améliorations en matière d’instruction, de nutrition, de santé et de mobilité. Elles ont

administré la preuve qu’il existe, tant dans les pays industriels que dans les pays en

développement, une corrélation positive entre l’investissement qu’une nation effectue dans

l’éducation, et sa croissance économique. Selon les estimations, entre 1950 et 1962, la

contribution de l’éducation à la croissance économique s’était élevée à 12 pour cent au

Royaume-Uni, 14 pour cent en Belgique, 14 pour cent aux Etats Unis, et 25 pour cent au

Canada. S’agissant des pays en développement, la contribution de l’éducation à la croissance

économique, au cours de la même période avait oscillé entre 12 et 23 pour cent au Ghana, au

Kenya, au Nigeria, en Malaisie et en République de Corée25.

24 M.N. Hussain, Capital humain et lutte contre la pauvreté, Paris, Février 200025 Psacharopolous et Woodhall, 1983.tel qu’il ressort d’une étude de la banque mondiale 1993 sur 113 pays :l’éducation primaire est le facteur qui contribue le plus à la croissance des économies des pays d’Asie de l’Est.

Page 28: ROLE DU CAPITAL HUMAIN DANS LA CROISSANCE ECONOMIQUE

25

Il est probable que l’éducation devienne un facteur déterminant plus important de la

performance des économies au 21ème siècle. 26La compétitivité internationale repose de plus

en plus sur l’information et la technologie de l’information (ou l’informatique) qui comprend

les réseaux de télécommunications et les outils de calcul. Etant donné que son principal

objectif est de transporter, manipuler, stocker et diffuser l’information de façon efficace, la

technologie de l’information est devenue "l’outil du savoir" qui constitue la clé de voûte de la

réussite de toute économie. Les avantages de l’investissement dans le capital humain en

Afrique peuvent être très élevés, pour peu qu’ils s’accompagnent d’une croissance plus rapide

des revenus et d’un climat économique qui encourage l’innovation et l’investissement.

2) Politique de valorisation du capital humain

Quelques politiques de valorisation du capital humain sont recommandés surtout dans

les pays en développement.27

Il s’agit surtout par exemple de politique pour la promotion

· L’éducation primaire universelle

· La réduction des taux de mortalité infantile

· L’accès aux services de santé reproductive

2.1 ) En matière d’éducation :

La politique en matière d’éducation vise surtout à mettre en place un système

d’éducation efficace c'est-à-dire un système éducatif qui permet de produire des

connaissances hautement qualifiées et par conséquent permet de réduire les couts de

travailleurs qualifiées. Il s’agit donc d’un système visant à :

a) Prioriser l’éducation fondamental et promouvoir l’équité et l’efficacité : dans ce cadre

l’OMD, alloue les ressources publiques de façon que à ce que chaque enfant achève

l’école primaire. En fait l’éducation primaire constitue la pierre angulaire du

développement de l’éducation formelle et de la formation sur le tas.

26 Marian Crites, “Human Resources and economic growth”, Stanford Research Institute27 Bauer,Peter T and B.S Yamey, “the Economics of underdeveloped countries”, University of Chicago Press1957 pp257

Page 29: ROLE DU CAPITAL HUMAIN DANS LA CROISSANCE ECONOMIQUE

26

b) Favoriser la formation professionnelle, et la spécialisation car un ouvrier bien formé

et qui est spécialiste dans un domaine tend à produire de meilleur résultat et par

conséquent il plus productif.

2.2) En matière de santé :

Un dicton dit « que la santé n’a pas de prix mais elle a un coût ». Par conséquent, la

politique de valorisation du capital humain en matière de santé vise à minimiser ce coût de

manière à ce que chacun puisse avoir accès aux soins et à la prévention. L’objectif est non

seulement de guérir les malades et victimes d’accidents diverses mais aussi de prévenir les

maladies. Pour ce faire, il faut améliorer le système de santé du pays par :

L’amélioration des infrastructures de soins : la qualité de l’hôtellerie, les équipements

médicaux.

Mise en place d’un système de santé équitable : tout le monde même les plus démunis

ont accès au soin et à la prévention (vaccin), en effet ceci peut être rendu possible grâce

au système de protection sociale qui prend en charge en partie ou en totalité les

dépenses de soins.

Amélioration de la qualité des soins : incluant la minimisation de la durée des

traitements de la maladie avec un meilleur impact des soins sur la durée de vie du

patient.

Page 30: ROLE DU CAPITAL HUMAIN DANS LA CROISSANCE ECONOMIQUE

27

2.3) Autres méthodes de valorisation du capital humain

1. Un environnement légal : qui permettra aux entrepreneurs de s’approprier une

fraction significative des revenus générés par leurs investissements innovant tel que la mise en

place de loi sur la protection des droits intellectuels ; la loi sur la concurrence.

2. Stabilité macroéconomique : qui stimule la croissance de productivité à long terme,

on parle ici d’absence de grande inflation, forte augmentation du taux de change28,… la

stabilité macroéconomique favorise l’anticipation des agents économiques, favorise la

prévision par conséquent un investissement dans les connaissances.

3. Un système de financement efficace : la croissance à long terme suppose un

investissement profitable à long terme. L’investissement requiert un accès préférentiel au

financement. La plupart des systèmes financiers dans les pays en voies de développement sont

des banques de dépôts, il n’y a pas de banque d’investissement donc il n’y a pas

d’investissement à long terme.

D’autres facteurs peuvent influencer l’investissement tel que l’égalité de genre, la

démocratie et la liberté d’expression, l’égalité sociale, l’espérance de vie…

Il est maintenant largement reconnu qu’une bonne stratégie de valorisation du capital

humain qui vise à atteindre les objectifs de développement doit partir de l’hypothèse que le

capital humain et certaine forme de capital, physique et social, sont complémentaires.

L’investissement dans les ressources humaines sera voué à l’échec si très peu d’opportunités

d’emploi sont créées pour utiliser pleinement le capital humain. Par ailleurs, il ne peut y avoir

de croissance économique durable sans un pool suffisant de personnes qualifiées disposant

des connaissances et des compétences nécessaires pour mettre à profit les nouvelles

opportunités d’emploi. Ainsi, pour accomplir des progrès, il faudra élaborer une stratégie qui

appelle à la fois des actions concertées à deux niveaux :

L’augmentation de l’investissement dans le capital humain par le truchement de

l’amélioration de l’éducation, de la santé, de la nutrition et des autres services sociaux ; et la

relance de la croissance économique par l’adoption de mesures propres à promouvoir

l’investissement privé et l’accumulation du capital physique.

28 Conditions requis pour tout investissement

Page 31: ROLE DU CAPITAL HUMAIN DANS LA CROISSANCE ECONOMIQUE

28

L’accumulation du capital humain s’effectue par l’investissement en éducation et

santé. En effet, l’éducation et la santé contribuent directement et indirectement à

l’augmentation du revenu des ménages et par conséquent à la croissance économique. La

valorisation de ce capital humain peut se faire grâce à la mise en place d’un système

d’éducation efficace et un système de santé équitable.

Page 32: ROLE DU CAPITAL HUMAIN DANS LA CROISSANCE ECONOMIQUE

29

Chapitre 4 : LIMITES DU CAPITAL HUMAIN

Le chapitre précédent a montré la manière dont le capital humain peut être accumulé et

valorisé. Afin de mieux apprécier la relation entre la croissance et le capital humain, l’objet de

ce chapitre sera de développer les idées qui mettront en évidence le fait qu’il existe des

facteurs qui peuvent rompre la corrélation positive entre le capital humain et la croissance.

Dans un premier temps, l’analyse sera axée sur l’effectivité de la théorie de la croissance

endogène. Ensuite, une étude sera proposée concernant les problèmes que rencontre le capital

humain dans les pays en développement.

1) Les limites du capital humain

La relation qui lie le capital humain avec les autres facteurs de la croissance endogène

est très importante. Le capital humain est défini comme un ensemble de compétence que

l’individu acquiert pour augmenter son efficience dans le domaine du travail. C’est aussi le

capital humain qui est à l’origine du développement des recherches et développement dans les

entreprises ou dans les firmes, ce concept de Recherche et développement fait parti des mots

clés de la croissance endogène. En fin, la séparation du capital humain avec le capital

physique est impossible parce que ces deux concepts sont interdépendants dans la mesure où

le capital humain ne peut pas être efficient sans le capital physique et vice versa.

1.1) Limite de la croissance endogène

La croissance endogène met en hypothèse l’accumulation de quatre facteurs pour

aboutir à une croissance auto entretenue, ces facteurs sont principalement : le capital

physique, la technologie, le capital humain et le capital public. Le principe est en gros

d’investir dans ces facteurs pour accéder à la croissance. L’hypothèse stipule par exemple

qu’un investissement dans le capital humain ou dans la formation dans les entreprises plus

précisément va engendrer un niveau de croissance plus élevé. Si plusieurs entreprises

investissent en même temps sur une zone donnée, des externalités positives vont apparaître

par le principe de complémentarités positives. Le développement d’une entreprise va entraîner

le développement des autres. De même l’investissement en termes d’éducation et de

formation dans le capital humain va favoriser à la fois la productivité des salariés et

Page 33: ROLE DU CAPITAL HUMAIN DANS LA CROISSANCE ECONOMIQUE

30

l’efficacité globale de l’entreprise sur le plan de l’organisation. Le problème vient de

l’application de cette hypothèse dans la mesure où il existe des phénomènes d’externalités.

« L’externalité est défini comme une interaction entre les agents ne passant pas par le

marché, à laquelle ne correspond aucun prix »29. L’existence de ces externalités va pousser

l’individu à ne pas investir dans la connaissance. L’appropriation est dite imparfaite lorsque

une firme ne peut pas garder à elle seul le droit d’utiliser un savoir faire parce que le savoir

faire est un bien collectif. C'est-à-dire que tout le monde peut y accéder sans aucune

contrepartie en échange. Cela nous rapproche au concept de bien publique qui possède deux

caractères dont : la non rivalité et la non exclusivité. Non rivalité puisque la consommation

des biens n’empêche pas les autres de le consommer simultanément et non exclusivité

puisqu’on ne peut pas empêcher qui que ce soit de consommer le bien en question. Le

caractère de non rivalité pousse l’inventeur à ne plus inventer puisque sa rémunération sera

improbable et même dans la plupart des cas impossible.

L’activité de recherche induit des effets externes positifs, les nouvelles idées sont

offertes gratuitement aux chercheurs futurs30. La recherche actuelle a un effet positif sur la

productivité marginale du capital humain dans la recherche futur à cause des effets de

diffusion. Lorsqu’un chercheur fait une découverte, elle bénéficie à la recherche future.

L’innovateur n’a aucun droit de propriété sur l’utilisation de son invention et sur son

utilisation dans la recherche.

1.2) Les externalités dans la croissance

Le découragement des firmes à investir dans les Recherches et développements va

engendrer un écart entre le rendement social et le rendement privé. Le rendement privé est

représenté par les firmes et le rendement social par la collectivité publique. S’il n’existe pas

d’investissements dans la recherche et développement des firmes, il n’y aurait pas de

rendement social conséquent donc il ne peut y avoir de développement. Les investisseurs

privés ne se rendent pas compte de l’effet de leur comportement sur leur environnement. Il

faut l’intervention de l’Etat pour améliorer le bien être en optimisant l’allocation des

ressources ou tout simplement combler le déficit du marché. Cette intervention peut se faire

par l’instauration des droits de propriété comme les brevets pendant une durée déterminée par

exemple.

29 Darreau, Phillipe, « Croissance et politique économique », De Boek et Lavier, 2003

30 Idem

Page 34: ROLE DU CAPITAL HUMAIN DANS LA CROISSANCE ECONOMIQUE

31

Cette intervention de l’Etat sera très importante puisque aucun mécanisme ne

rémunère les chercheurs pour leur contribution à l’amélioration de la productivité des

chercheurs futurs31. L’Etat doit intervenir pour corriger deux distorsions au niveau du

monopole et des externalités. Pour cela, une politique économique doit être établie pour

subventionner l’achat des biens d’équipement pour supprimer la distorsion de la tarification

monopolistique32. Pour internaliser les externalités, il faut que l’Etat subventionne les

recherches par l’intermédiaire des impôts forfaitaires ou en encourageant les stratégies de

partenariat entre les entreprises et les universités.

Le développement de la connaissance est une forme de la croissance endogène dans la

mesure où la population va avoir tendance à se rapprocher du lieu où se situe une forte

concentration de connaissance et de compétence. Ce rapprochement va ensuite se transformer

en un véritable échange de connaissance en ce lieu et va permettre aux autres facteurs de se

développer.

1.3) Le développement de l’éducation face au marché du travail.

Dans une approche concernant la mesure du rendement social et du rendement privé se

situe le problème de l’emploi dû à l’asymétrie de l’information. En effet, le travailleur en tant

qu’individu va orienter son investissement pour satisfaire son rendement personnel donc, le

rendement privé. Avec cette tendance, aucun travailleur ne va se soucier d’augmenter

rendement social ou du bénéfice pour la société si ce n’est que d’une façon indirecte. Il y a

alors destruction de la conscience parce que le privé ignore qu’un rendement social existe et

qu’il doit investir dans ce sens. Au fait, cette ignorance peut venir du phénomène de

l’asymétrie de l’information puisque le travailleur ne dispose pas des éléments d’information

qui vont lui permettre d’indiquer dans quel secteur il faut investir par exemple. Ce phénomène

explique l’échec du marché sur les marchés de facteurs. Le travailleur va ensuite orienter son

éducation et sa formation en fonction du marché du travail et non en fonction de la croissance

économique, cette pratique va en aval du développement.

31 JONES I. Charles, « Théorie de la croissance endogène », DE Boeck Université, 200032 Darreau Phillipe, « Croissance et politique économique », De Boek et Larcier, 2003

Page 35: ROLE DU CAPITAL HUMAIN DANS LA CROISSANCE ECONOMIQUE

32

2) Les problèmes du capital humain dans les pays en développement

Le capital humain est l’un des biens rares dont les pays en développement dispose.

Pour développer une croissance auto entretenue comme le prédit les nouvelles théories de la

croissance, il faut se concentrer sur ce facteur qui est le capital humain. Alors que si les pays

en développement seront privés de ce bien qui est le facteur humain dans le phénomène de

migration, leur chance de développement sera encore réduite.

2.1) Problème de migration

En théorie, la décision de migrer pour un individu se résume à une comparaison de

deux coûts qui sont les coûts pécuniaires qui sont liés aux dépenses liées à la migration

(transport,…) et les coûts non pécuniaires qui sont d’ordre psychologique liées à la séparation

de sa famille, de ses amis et de ses racines33. Les élites des pays en développement vont être

confrontées à beaucoup des changements qui vont modifier ses perceptions et qui va même

changer ses systèmes de valeur34. En voyant la réussite matérielle, l’élite en question va être

séduite et va adopter une attitude favorable en faveur des modèles culturels venant de

l’occident. Cette perception va favoriser le fait que la personne va complètement remplacer

ses valeurs à celles de l’occident. A l’extrême, cette personne va rompre avec son passé alors

que son pays a besoin de lui pour se développer. La croissance de chaque pays repose sur le

niveau de stock de connaissance qui existe dans ce pays. Si ce dernier est défaillant, l’espoir

de développement serait réduit.

D’autre part, la raison pour laquelle les habitants doivent recourir à la migration c’est

la structure des systèmes d’éducation dans les pays en développement. On se souci peu de

l’éducation dans ces pays en général, alors qu’il a été démontré par exemple par les pays

comme l’Asie du Sud Est que pour accéder au développement rapide et durable, il faut

compter sur l’éducation de la population.

33 JUSTEAU Stéphane, « Application du concept d’investissement en capital humain à ladécision de migrer », (Université d’Angers, GEAPE)34 ALBERTINI J. M., « Les mécanismes du sous développement », économie et humanisme, Paris 1967

Page 36: ROLE DU CAPITAL HUMAIN DANS LA CROISSANCE ECONOMIQUE

33

En définitive, le système dans les pays en développement constitue un blocage à la

croissance parce que dans ces pays on découvre encore des indicateurs comme le manque

d'accès à l'enseignement, aux soins de santé et au travail et qui conduit à une fécondité

élevée. Cette fécondité élevée peut être résolu par la scolarisation des femmes parce qu’il a

été démontré que cette pratique peut stimuler de façon indirecte la croissance économique35.

2.2) Problème d’accès à l’investissement36

Ce problème est lié au fait que l’inégalité des revenus et le marché de capitaux qui est

imparfait à son tour constituent un blocage pour l’investissement en capital humain. Le fait est

que les enfants des riches c'est-à-dire ceux qui disposent des capitaux, même peu intelligent

peuvent accéder à la connaissance parce que leur parent a les moyens. Tandis que les enfants

des pauvres qui sont très intelligents ne peuvent pas continuer leurs études car du point de

vue financier ils n’ont pas les moyens.

L’Etat doit intervenir pour internaliser les externalités en faisant respecter les droits

de propriétés. L’inégalité des revenus et l’asymétrie d’information rendent l’investissement en

capital humain improductif. Les fuites de cerveau détruit les valeurs de l’élite et privent les

pays en développement de ressource rare

35 Barro, Robert J., « les facteurs de la croissance économique analyse transversale par pays », Economica,2000

36 DEMIRGUC-KUNT A. et LEVINE R., « Finance et opportunité économique », Revue d’économie dudéveloppement, n°4, Décembre, 2008, P8-9

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34

CONCLUSION

En bref, chaque individu peut s’attribuer des capacités intellectuelles lesquelles lui

permettront de procurer des richesses. Le capital humain favorise l’accroissement de la

productivité individuelle, et par extension, la croissance économique.

Par ailleurs, pour que le capital humain soit efficace, il devrait être associé au capital

physique car en général, ils sont complémentaires.

Pour que chaque citoyen puisse avoir ces capacités humaines économiquement

productives, les pays en développement devraient investir davantage dans l’éducation et la

santé car elles contribuent directement et indirectement à la croissance. Ainsi, plusieurs

politiques de valorisation du capital humain sont à recommander à ces pays. Ces politiques

concernent, non seulement l’éducation et la santé, mais aussi la stabilité macroéconomique et

l’efficacité du système financier.

Outre l’insuffisance en capital humain dans les pays en développement, ils connaissent

aussi des problèmes qui les empêchent de tirer profit de cette « ressource rare ». Ainsi, la fuite

de cerveau constitue un blocage majeur puisque, c’est le pays d’accueil qui jouit des

avantages procurés par la personne immigrante, dotée des capacités intellectuelles. Un autre

problème important réside dans la mentalité des individus, puisque la raison qui leur pousse à

étudier est de pouvoir décrocher ultérieurement de travail. Ainsi, un défi se lève pour ces pays

en développement : comment stopper les fuites de cerveau et comment motiver autrement les

personnes à étudier et se former davantage?

Page 38: ROLE DU CAPITAL HUMAIN DANS LA CROISSANCE ECONOMIQUE

35

BIBLIOGRAPHIE

OUVRAGES :

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SITE WEB :

www.alternatives-economiques.fr/human-capital-gary-becker, consulté le 15 Septembre 2009

Page 40: ROLE DU CAPITAL HUMAIN DANS LA CROISSANCE ECONOMIQUE

37

TABLE DES MATIERES

INTRODUCTION.................................................................................................................... 1

PARTIE 1: GENERALITES SUR LE CAPITAL HUMAIN

CHAPITRE 1 : LE CONCEPT DE CAPITAL HUMAIN.................................................. 3

1) DEFINITION : ...................................................................................................................... 32) LES CARACTERISTIQUES DU CAPITAL HUMAIN :.................................................................. 43) MESURES DU CAPITAL HUMAIN ET COMPARAISONS INTERNATIONALES :............................ 5

CHAPITRE 2 : IMPORTANCE DU CAPITAL HUMAIN DANS LA CROISSANCEECONOMIQUE ....................................................................................................................... 7

1) THEORIE DE LA CROISSANCE ENDOGENE ............................................................................. 71.1) Un modèle de croissance novateur ............................................................................ 71.2) Quatre facteurs influant la croissance....................................................................... 8a) Les rendements d'échelle ............................................................................................... 8b) L'innovation ................................................................................................................... 8c) Le capital humain........................................................................................................... 9d) L'action publique............................................................................................................ 9

2) FONDEMENT DE LA THEORIE DU CAPITAL HUMAIN ............................................................. 92.1) Le capital humain : une forme de capital comme les autres. .................................. 102.2) L’idée d’homo œconomicus et le capital humain..................................................... 122.3) Distinction entre formation générale et spécifique : l'arbitrage des entreprises ..... 12

3) LES ROLES DU CAPITAL HUMAIN DANS LA CROISSANCE :.................................................. 133.1) Capital humain : un outil de progrès économique .................................................. 133.2) Capital humain : facteur pour accroitre la productivité privée .............................. 143.3) Capital humain : facteur pour améliorer la productivité nationale ........................ 15

PARTIE 2: ACCUMULATION ET LIMITES DU CAPITAL HUMAIN

CHAPITRE 3 : L’ACCUMULATION DU CAPITAL HUMAIN .................................. 17

1) EDUCATION ET SANTE ................................................................................................... 181.1) Les avantages directs de la valorisation du capital humain.................................... 201.2) Les avantages indirects de la valorisation du capital humain ................................ 22

2) POLITIQUE DE VALORISATION DU CAPITAL HUMAIN .................................................. 252.1 ) En matière d’éducation : ..................................................................................... 252.2) En matière de santé : ............................................................................................... 262.3) Autres méthodes de valorisation du capital humain................................................ 27

CHAPITRE 4 : LIMITES DU CAPITAL HUMAIN ......................................................... 29

1) LES LIMITES DU CAPITAL HUMAIN ................................................................................. 291.1) Limite de la croissance endogène ............................................................................ 291.2) Les externalités dans la croissance.......................................................................... 301.3) Le développement de l’éducation face au marché du travail. ................................. 31

2) LES PROBLEMES DU CAPITAL HUMAIN DANS LES PAYS EN DEVELOPPEMENT .................... 322.1) Problème de migration ............................................................................................ 322.2) Problème d’accès à l’investissement ....................................................................... 33

CONCLUSION....................................................................................................................... 34

BIBLIOGRAPHIE................................................................................................................. 35