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SÉANCE 1H23 – MODE DE VIE

ET CULTURE DES OUVRIERS

Comment la vie quotidienne des ouvriers a-t-elle évolué ?

Introduction : L’Internationale : un chant révolutionnaire ouvrier :

Les paroles de L’Internationale d’Eugène Pottier (1871) :

I

Debout ! les damnés1 de la terre,

Debout ! les forçats2 de la faim.

La raison tonne en son cratère

C'est l'éruption de la fin.

Du passé, faisons table rase,

Foule esclave, debout ! debout !

Le monde va changer de base

Nous ne sommes rien, soyons tout !

Refrain

C'est la lutte finale

Groupons-nous et demain,

L'Internationale

sera le genre humain.

II

Il n'est pas de sauveurs suprêmes

Ni Dieu, ni César, ni tribun3 ;

Producteurs, sauvons-nous nous-

mêmes !

Décrétons le salut commun !

Pour que le voleur rende gorge,

Pour tirer l'esprit du cachot,

Soufflons nous-mêmes notre forge,

Battons le fer quand il est chaud !

Refrain

C'est la lutte finale

Groupons-nous et demain,

L'Internationale

sera le genre humain.

III

Ouvriers, paysans, nous sommes

Le grand parti des travailleurs ;

La terre n'appartient qu'aux hommes,

L'oisif4 ira loger ailleurs.

Combien de nos chairs se repaissent ?

Mais si les corbeaux, les vautours

Un de ces matins disparaissent,

Le soleil brillera toujours !

Refrain

C'est la lutte finale

Groupons-nous et demain,

L'Internationale

sera le genre humain.

1 Damnés : Maudits, torturés.

2 Forçats : Prisonniers.

3 Tribun : Bon orateur, homme politique qui s’exprime bien.

4 Oisif : Qui ne travaille pas.

Questions :

1. Soulignez en rouge les termes désignant les ouvriers : que signifie ce choix

de mots ?

2. Soulignez en bleu les termes désignant les patrons : que signifie ce choix de

mots ?

3. Entourez les termes qui appartiennent au champ lexical du combat.

4. Par quels procédés d’écritures l’auteur montre-t-il que les ouvriers doivent

s’unir ?

5. « Le monde va changer de base / Nous ne sommes rien, soyons tout ! » :

que signifie selon vous ces deux vers ?

Trace écrite :

A partir du XIXème siècle, les ouvriers prennent conscience

d’appartenir à une même classe sociale*, car ils partagent

des conditions de travail, des conditions de vie, et des luttes

identiques. Petit à petit, cette classe ouvrière va se créer une

culture commune, en partageant les mêmes loisirs, les mêmes

chants, les mêmes types de logements, les mêmes idéaux

politiques, et en fréquentant les mêmes lieux.

• Classe sociale : groupe de la société dont les membres

partagent les mêmes conditions de vies et de travail, la

même culture et les mêmes comportements.

I. Une vie encadrée : l’exemple des ouvriers des usines Schneider, au Creusot :

Doc 1. Au début du XIXème siècle : la caserne :

La première solution apportée au problème du logement des ouvriers fut la caserne. Les logements, alors d’une pièce, étaient desservis par des couloirs et des escaliers communs. La dernière réalisation de ce type a été construite vers 1845 par Schneider et Cie. Ce bâtiment dit « des Mécaniciens », long de 100 m, regroupait 130 logements sur quatre niveaux. Bien que cette solution présentât l’avantage d’être peu coûteuse et qu’elle permît une surveillance aisée, elle fut abandonnée, car la caserne (ainsi que tout immeuble comportant des espaces collectifs où les ouvriers pouvaient se rencontrer, se réunir) était un « foyer d’immoralité » pour le paternalisme social.

http://www.ecomusee-creusot-montceau.fr

Doc 2. La cité de la Villedieu (1865) :

Groupant 80 maisons, construites en 1865, [la cité de la Villedieu] s’étend sur un plan orthogonal. Cette cité, la deuxième édifiée par Schneider, tend vers le modèle conforme à l’idéologie du paternalisme social et elle fut perçue comme telle. Ce sont des maisons individuelles de deux pièces sur un seul niveau avec cuisine en appentis ; toutes sont rigoureusement identiques avec la même position dans des parcelles d’égale superficie. Les critères d’attribution des logements, où intervenait la valeur de l’ouvrier à l’atelier, montrent que ces habitations locatives patronales étaient aussi une récompense sociale.

http://www.ecomusee-creusot-montceau.fr

Doc 3. Le paternalisme chez les Schneider :

Le souci moral est constant chez ces patrons qui comptent sur les effets régulateurs de la religion catholique. Il s’agit pour eux à la fois d’une question de stabilité sociale du groupe et d’efficacité au travail. La suppression des cafés et des cabarets (lieux de développement de l’alcoolisme et de propagation des idées socialistes), la disparition progressive des logements-caserne, l’existence du jardin ouvrier, l’encouragement du travail ménager des femmes et la création d’une image de la cellule familiale idéale participent de ce désir de moralisation. Le foyer doit être propre et la maison entretenue. La femme de l’ouvrier est préparée, dans les écoles ménagères et à l’église, à remplir son rôle de gardienne de la moralité de la famille. Elle doit par son travail domestique, par sa discipline quotidienne, gérer au mieux les moyens disponibles dans le ménage : elle doit faire en sorte que l’homme préfère son foyer au café. Il existe des " commissaires enquêteurs du bureau de bienfaisance " qui font des tournées régulières et qui notent " l’apparence du ménage ". Ils sont en particulier chargés de rapports sur les logements en location. En dehors du foyer, la vie collective est encadrée : existence d’associations sportives, de fanfares, de cercles pour les cadres. Des fêtes locales, généralement organisées à la gloire de la famille Schneider ont lieu régulièrement. Plusieurs églises ont été construites au Creusot par les Schneider et il était " mal vu " de ne pas les fréquenter. […]Il y a les exclus du système. En particulier les manœuvres, les célibataires, et, à la fin du siècle, la population d’origine étrangère pour lesquels subsiste un habitat sommaire.

http://www.lecreusot.com

Synthèse :

L’HABITAT DES « EXCLUS »

QUI SONT LES EXCLUS ? QUEL TYPE D’HABITAT ?

Synthèse :

L’HABITAT DES FAMILLES ET LE PATERNALISME

AU DÉBUT DU XIXÈME SIÈCLE PROBLÈME POSÉ PAR CE TYPE D’HABITAT

ÉVOLUTION DE L’HABITAT AU XIXÈME SIÈCLE HABITAT FINANCÉ ET ATTRIBUÉ PAR

Synthèse :

OBJECTIFS

ENCADREMENT DE LA VIE QUOTIDIENNE DES OUVRIERS

Trace écrite :

Au XIXème siècle et jusqu’au début du XXème, la vie des ouvriers est souvent encadrée par l’usine et le paternalisme* des grands patrons. Ceux-ci se voient en effet comme des « pères » pour leurs ouvrier et se donnent pour mission de les moraliser.

Dans les plus grandes entreprises, les patrons font construire des cités ouvrières destinées à loger une partie des travailleurs. Ces logements, tous identiques, permettent aux patrons d’encadrer leurs ouvriers : ceux-ci habitent près de l’usine, et le patron peut facilement savoir qui va à la messe, qui tient bien son foyer, qui va trop souvent au café, qui pousse les autres à la grève, etc… En échange de cette surveillance, les ouvriers obtiennent quelques avantages : un logement de meilleure qualité, parfois un accès aux soins, une crèche, une cantine ouvrière… En revanche, ceux qui ne respectent pas les critères de moralité sont exclus des cités ouvrières et de ses « avantages ».

Définition :

• Paternalisme : attitude protectrice des patrons, qui consiste à

aider les employés par une aide à l’accès au logement, à

l’éducation ou aux soins, en échange de leur respect, de leur

obéissance, et d’une certaine surveillance. Le but des patrons est

de moraliser les ouvriers et d’éviter les révoltes.

II. La culture ouvrière :

Doc 1. Les lieux de sociabilité :

Doc 2. Le lavoir, un lieu toujours très animé (ici à Eragny,

dans le Val d’Oise (95), date inconnue) :

Doc 3. L’harmonie (fanfare) de Wingles, dans le Nord,

1938 :

Doc 4. Le Tour de France (1930) :

Le Tour de France est un èvenement très suivi chez les ouvriers : le vélo est alors le moyen le plus utilisé pour se rendre au travail, et les coureurs sont souvent issus du monde ouvrier .

Tableau de synthèse :

Les lieux de sociabilité (indiquez les lieux et ce qu’on peut y faire)

Les loisirs

Pour les hommes Les sports

Pour les femmes

Les Arts

Pour tous

Trace écrite :

Au XIXème siècle, la durée du temps de travail ne laisse pratiquement aucune place aux loisirs. Toutefois, les logements étant très petits, les ouvriers passent la plupart de leur temps libre dehors. Les hommes se retrouvent au café, où ils peuvent discuter politique, faire affaire, etc… Les femmes se retrouvent au lavoir, où elles peuvent discuter entre elles. Tous se retrouvent régulièrement dans des fêtes et des bals, où la jeunesse peut se rencontrer.

Avec la diminution du temps de travail et les l’apparition des congés payés en 1936, les ouvriers commencent à accéder aux loisirs. Dans les banlieues ouvrières, on voit enfin apparaître des chorales, des fanfares, et même des troupes de théâtre. Le football, le cyclisme, la boxe et le catch deviennent rapidement des sports extrêmement populaires. Le cinéma rencontre également un grand succès : il est alors très peu cher, et l’ouvrier est souvent le héros du film.

III. La culture politique des ouvriers :

Karl Marx (1818 – 1883) :

Karl Marx (1818 – 1883) est un philosophe, économiste et militant politique allemand. Il développe une philosophie basée sur la lutte des classes (lutte entre exploitants et exploités), à l'origine de l'établissement de régimes politiques communistes dans de très nombreux pays.

Doc 1. Une théorie…

L’histoire de toute société jusqu’à nos jours n’a été que l’histoire de la lutte des classes. La société se divise de plus en plus en deux vastes camps ennemis : la bourgeoisie et le prolétariat. A mesure que grandit la bourgeoisie se développe aussi le prolétariat, la classe des ouvriers modernes. […] Le but immédiat des communistes est le même que celui de tous les partis ouvriers : constitution du prolétariat en classe, renversement de la domination bourgeoise, conquête du pouvoir politique par le prolétariat. […] Le prolétariat se servira de sa suprématie politique pour arracher peu à peu à la bourgeoisie tout capital, pour centraliser tous les instruments de production entre les mains de l’État.

Karl Marx, Manifeste du parti communiste, 1848

Doc 2. … et deux partis :

A gauche, un tract de la SFIO (1936). A droite, une affiche du Part communiste (date inconnue).

Synthèse :

UN PHILOSOPHE DÉFENSEUR DES OUVRIERS

SES IDÉES

Synthèse :

NOM NOM

APPLIQUÉES PAR DEUX PARTIS

ANALYSE DE L’AFFICHE ANALYSE DE L’AFFICHE

Trace écrite :

A partir du XIXème siècle, une partie des ouvriers sont sensibles aux théories du philosophe allemand Karl Marx, qui appelle à la lutte des classes entre les « prolétaires* » et la bourgeoisie. Mais le mouvement ouvrier se divise en deux partis :

- En 1905, Jean Jaurès crée la SFIO, ancêtre du Parti Socialiste, un parti qui milite pour une République sociale, qui réduit les inégalités.

- En 1920, les communistes quittent la SFIO et créent le Parti Communiste Français. Révolutionnaires, ils veulent renverser la République et instaurer une « dictature du prolétariat », alliée à l’URSS, dans laquelle toutes les richesses, usines, machines et terres seraient confisquées aux riches et confiées à l’État.

Toutefois, ces deux partis parviendront à s’unir en 1936 pour créer le Front Populaire et remporter les élections.

Définition :

• Socialisme : doctrine née au XIXème siècle prônant la

disparition des inégalités sociales.

• Communisme : Communisme : doctrine révolutionnaire prônant la

suppression de la propriété privée et la mise en commun de

toutes les richesses d’un pays entre les mains de l’État.

• Prolétaires (ou prolétariat) : ouvriers qui ne possèdent rien.


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