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27LA LIBERTÉ JEUDI 9 FÉVRIER 2006

CHANSON

Bénabar,c’est completLa tournée de Bénabar enSuisse romande affiche com-plet depuis belle lurette.Toujours inspiré lorsqu’il s’agitd’emballer une salle, le chan-teur français (PHOTO VINCENT

MURITH) a séduit le public grué-rien lors de ses différents pas-sages aux Francomanias. Pasétonnant que les 770 fauteuilsde la salle CO2 de La Tour-de-Trême aient trouvé preneurs enquelques jours. Agendé ven-dredi, le triomphe de Bénabarsera précédé par le tour dechant du Neuchâtelois RobertSandoz. Pour les incondition-nels de Monsieur «Y’a une fillequ’habite chez moi», sachezenfin que le premier album del’artiste («La p’tite monnaie»,1997, distr. Disques Office) vientd’être réédité, avec un livret departitions en prime. ViC> Ve 20 h 30 La Tour-de-TrêmeSalle CO2.

ÉBULLITION

Un carrefour pour les fans de metalMMaadd33mmuussiicc eesstt uunnee aassssoocciiaattiioonn qquuii oorrggaanniissee ddeessmmaanniiffeessttaattiioonnss eett ttiieenntt àà jjoouurr uunn ssiittee iinntteerrnneettddééddiiéé aauu rroocckk mmeettaall.. EEnnttrreettiieenn aavveecc ddeeuuxx ddee sseessaanniimmaatteeuurrss,, aavvaanntt uunn ccoonncceerrtt bbuullllooiiss.. > 31

Maria, ou la métaphore du tango argentinLE MONDE EN FÊTE • La mezzo argentine Mariana Rewerski et l’ensemble Triade jouentau Nouveau Monde «Maria de Buenos Aires», l’opéra-tango de Piazzolla. Interview.PROPOS RECUEILLIS PAR

ELISABETH HAAS

La mezzo léger argentine Mariana Re-werski entre pour la première fois surscène dans la peau de «Maria de BuenosAires», l’héroïne de l’opéra-tango d’As-tor Piazzolla. Sur le texte surréaliste deHoracio Ferrer, elle incarne samedi auNouveau Monde la métaphore my-thique du tango argentin. Aujourd’huiinstallée à Milan pour les besoins de sacarrière de chanteuse d’opéra, elle a cecharme sensuel et magnétique du tan-go, un milieu qu’elle connaît bien pouravoir grandi à Buenos Aires.

Mis en scène par Alain Bertschy(dont c’est la première scénographie) etarrangé pour l’ensemble Triade par sonclarinettiste Alain Chavaillaz, «Maria deBuenos Aires» réunit Christophe Rody(flûte), Marc Paquin (violon), Orfilia SaizVega (violoncelle) et Atena Carte (pia-no). Au côté de Mariana Rewerski, le té-nor argentin de tango Daniel Garcia in-terprète El Duende. Des danseurs detango et des figurants étoffent l’opéra,créé dans le cadre du festival «Le Mondeen fête», dédié cette année à l’Argentine.

Mariana Rewerski, est-ce difficile d’aborderle rôle de Maria?Pas vraiment. J’ai la chance d’évoluerdans une mise en scène très riche, cequi m’a beaucoup aidée dans mon in-terprétation de Maria. Alain Bertschym’a donné la possibilité de chercherdes couleurs, des émotions et de faireun travail corporel. Comme créationmusicale, Maria, c’est à la fois le tango,la ville de Buenos Aires et une femme.Dans le premier acte, je joue une pros-tituée, qui est à la fois la poupée d’ElDuende, de Piazzolla et de Ferrer. J’aibeaucoup travaillé sur l’interprétation.La musique m’aide aussi beaucoup.Quand j’entends Piazzolla, je vois Bue-nos Aires.

Vous venez vous-même de Buenos Aires, laville du tango...Je suis née et j’ai vécu toute ma vie là-bas. Pour moi c’est un honneur d’inter-préter Maria et de faire connaître cettemusique. C’est un opéra très peu jouéen Argentine. Piazzolla n’était pas trèsaimé à Buenos Aires, parce que son tan-go n’était pas traditionnel. C’est plutôt

un produit d’exportation. Il plaît beau-coup à l’extérieur. Je me sens commeune ambassadrice de l’Argentine.

Qu’est-ce que représente le tango pourvous?Il fait partie de moi, de ma culture, dema tradition, de mon enfance aussi. Jeme souviens que mon père écoutaitbeaucoup la radio. Il connaissait toutesles voix des chanteurs de tango. Mongrand-père m’a aussi appris des chantsquand j’étais enfant. En fait je n’ai paseu de formation spécifique au tango, j’aifait des études de chant lyrique. Mais àBuenos Aires, on écoute et on chantebeaucoup de tango. Donc je sais lechanter.

La technique du tango n’est pourtant pas lamême que celle d’une chanteuse lyrique...«Maria de Buenos Aires» est un opéra, jepense que Piazzolla n’a pas spéciale-ment voulu une interprète de tango. Il aécrit le rôle pour Amelita Baltar, unechanteuse qui a beaucoup de gravesmais pas une grande tessiture. J’ai dûm’adapter. Mais je sens l’esprit du tango.

«Maria de Buenos Aires», c’est en 2004 unCD et une série de concerts avec l’ensembleTriade. Que représente la version scénique?C’est l’aboutissement de notre travail.Le projet a grandi, il est maintenantmûr. Pour moi, c’est aussi une très belleopportunité de donner tout ce que j’ai àtravers le tango, à travers cette musique.Evidemment, c’est un plaisir de tra-vailler avec l’équipe qui m’entoure.

Vous avez trente ans. Est-ce l’âge idéal pourinterpréter Maria?Quant tu as trente ans, tu te sens plusmûre, plus libre aussi, mais tu es encorejeune. C’est un moment génial. Pourmoi, c’est idéal que l’aventure de «Mariade Buenos Aires» se passe maintenant.Maria est un rôle très sensuel, il fautbeaucoup donner dans la sensualité. Sij’avais été plus jeune, j’aurais été plus ti-mide et moins libre. Trente ans, c’est lemoment idéal, où la sensualité s’épa-nouit chez une femme. I

> Sa 20 h FribourgNouveau Monde, Moncor. FT 026 350 11 00. Egalement les 17, 18 et 19 février. Programmecomplet du Monde en fête en page agenda.

Une mère suspendue par les cheveuxTHÉÂTRE • L’étonnant «Pourquoi l’enfant cuisait dans la polenta» est adapté à la scène.

FLORENCE MICHEL

Aglaja Veteranyi s’est donné la mort à40 ans, en février 2002 à Zurich. Comé-dienne, écrivaine, elle disait avoir choi-si «l’humour noir à la place des antidé-presseurs». Cette thérapie parl’expression artistique a abouti, en1999, à un premier livre qui connut ungrand succès en allemand: Pourquoil’enfant cuisait dans la polenta.

Dans ce récit à la première person-ne, aux phrases brèves et au verbe colo-ré, Aglaja Veteranyi dépeint son enfan-ce chaotique qui commence enRoumanie. Le père est clown dans uncirque, mais pas drôle du tout pour safamille. La mère est «la femme aux che-

veux d’acier», suspendue en haut duchapiteau. La sœur, abusée par le père,s’automutile pour échapper à son des-tin. En 1967, la tribu fuit la Roumaniede Ceausescu et s’installe en Suisse.

L’enfant qui cuit dans la polenta, c’estcelui d’un conte mystérieux que sasœur répète à la petite Aglaja pour cal-mer son angoisse: «Si je me représentel’enfant en train de cuire dans la polen-ta, et comme il a mal, je ne suis pasobligée de penser que ma mère pour-rait tomber de là-haut», dit-elle. En2004, à la parution du livre en français(Ed. d’En Bas), la comédienne fribour-geoise Isabelle Loyse Gremaud est en-

voûtée: «Je l’ai lu en une nuit, ai contac-té l’éditeur pour les droits, cherché unmetteur en scène. J’avais depuis long-temps envie d’un monologue.» Le Lau-sannois Jean-Claude Issenmann seral’homme de la situation.

«Nous avons coupé dans le textepour nous focaliser sur la base du mal-être d’Aglaja Veteranyi», explique Isa-belle Loyse Gremaud qui dévoile lespectacle ce soir à Treyvaux. «Dans cetexte, j’aime le rapport au monde del’enfance, les souvenirs de cette familledéglinguée, les superstitions enfan-tines, l’univers du cirque.» I> Je, ve, sa 20 h 30, di 17 h TreyvauxL’Arbanel. Rés. Fribourg Tourisme 026 350 11 00.

EXPOSITION

Paysages endamiers

Julien Victor Scheuchzerpeint Fribourg, la Gruyère etd’autres paysages qui lui sontchers, ou des nus. Il expose à laGalerie Osmoz à Bulle jusqu’au26 mars 2006. L’artiste, quitravaille à l’acrylique sur toile,applique la matière avec bon-heur et générosité à la spatule.Sa recherche esthétiquel’amène à traiter schématique-ment ses paysages en damierscolorés. Il aime les contrastesde la lumière dans la nuit ou lapénombre. Son expressivité sefait de plus en plus libre etvivante.

La cathédrale de Fribourg estla première œuvre de cetteveine qu’il poursuit avec despaysages montagneux,espaces imaginaires dedamiers ou des nus. JulienVictor Scheuchzer est égale-ment un illustrateur. Ilaccroche quelques encres etaquarelles au dessin vif. Cha-cune raconte une petite his-toire dans un site connu ducanton. MDL> Sa 17 h à 19 h 30 Bulle (vernissage)Galerie Osmoz, rue de Vevey 29. Isabelle Loyse Gremaud sera dès ce soir sur

la scène de L’Arbanel. JEAN-CLAUDE ISSENMANN

Mariana Rewerski: «Trente ans, c’est le moment idéal, où la sensualité s’épanouit chez une femme.» ALAIN WICHT

SORTIRCE WEEK-END

À L’AFFICHE


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