Une nouvelle ambition pour l’école maternelle
Philippe ClausInspecteur général de l’éducation nationale,
doyen du groupe enseignement primaireStrasbourg, le 26 septembre 2012
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Plan de l’exposé
Introduction: éducation et scolarisation de la petite enfance, une question d’espace et de temps
1. Le fruit des observations dans les classes
2. Perspectives d’action
Conclusion: penser une organisation du travail ouverte aux partenaires de l’école maternelle
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Introduction: éducation et accueil de la petite enfance à l’étranger
Premier constat : une conviction partagée dans tous les pays de l’OCDE de la nécessité et de l’intérêt d’accueillir et d’éduquer les très jeunes enfants : pour des raisons sociales et éducatives ; pour des raisons économiques.
Deuxième constat : des déclinaisons de l’accueil et de l’éducation de la petite enfance diverses, que l’on peut néanmoins rassembler sous 2 grands modèles : deux modèles concernant l’accueil :
Un modèle intégré / Un modèle juxtaposé deux modèles concernant l’éducation :
Une approche holistique / Une approche scolaire
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Education et accueil de la petite enfance à l’étranger
Troisième constatTroisième constat : malgré les différences, des principes et des pratiques partagés :
- en matière de prestations de services,- comme en matière pédagogique.
Le modèle précurseur de la maternelle française est concurrencé, peut-être dépassé, par celui de certains de ses voisins européens.
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L’école maternelle française dans le temps
L’école maternelle, une institution de plus en plus scolaire. Quelques jalons.
Fin XIXème/début XXème : « l’école maternelle n’est pas une école au sens ordinaire du mot » (1908).
Années 70 : « un triple rôle éducatif, propédeutique et de gardiennage » (1977).
De 1986 à 2008 : effacement de la mission d’accueil, primauté de la finalité propédeutique, renforcement de l’identité scolaire.
Des années 70 à aujourd’hui : une évolution de la hiérarchie des contenus d’apprentissage sous l’influence d’une ambition : la prévention de l’échec scolaire ; la prééminence du langage.
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1. Observations
1.1. La classe maternelle : une organisation qui a perdu son originalité et qui s’est figée.
« Primarisation » des références : espace de la classe, journée scolaire, exercices sur fiches, modalités d’évaluation parfois.
Naturalisation de pratiques dont on ne sait plus ce qui les a fondées et ce qui les justifie : modalités de groupement des élèves, formes d’activités. Modalités organisationnelles qui contraignent les approches didactiques.
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1. Observations
1.2. Langue et langage : une priorité dont le bilan est inégal.
Priorité donnée à la préparation à la lecture et à l’écriture : lecture d’histoires (mais peu de travail réel sur la compréhension) ; hypertrophie du travail sur les composantes des mots ; initiation aux gestes graphiques.
La pédagogie de l’oral : des pratiques mais très peu de situations d’apprentissage et d’interactions personnalisées.
Peu de production assistée de textes et d’encodage de mots.
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1. Observations
1.3. Une école qui tient insuffisamment compte des besoins des élèves.
Des activités, et souvent même des exigences, identiques au sein d’une classe : peu d’adaptation aux
différences interindividuelles, au fil du parcours : des difficultés pour construire une
progressivité même quand on en affiche le principe, d’une école à l’autre : peu d’adaptation aux besoins
de groupes d’enfants particuliers. Une prise en charge indifférenciée particulièrement en
langage, par manque d’une évaluation adaptée des besoins langagiers des enfants.
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1. Observations
1.4. Une réelle préparation de la classe , mais pas toujours bien orientée.
Logique d’activités prévalant sur la logique d’apprentissage aussi bien pour les « progressions » (thèmes ou projets d’action dominants) que pour la préparation au jour le jour.
Pas d’anticipation sur les observables essentiels, sur les obstacles ou les difficultés : pas d’adaptation en situation.
Peu d’annotations a posteriori : pas de leçons tirées de l’expérience, réutilisables ultérieurement.
Relation « troublante» entre organisation et préparation.
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1. Observations
CONCLUSION
Une dynamique collective qui organise les continuités éducatives vers l’aval surtout, selon une logique « régressive » à partir de l’élémentaire.
La forme scolaire devenue envahissante : du CP à la GS, et vers les classes antérieures. Anticipation qui expose les enfants « les moins prêts » aux risques d’un échec encore plus précoce et qui, vraisemblablement, accroît les différences entre enfants.
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2. Perspectives d’action
Corrections possibles : principes Repenser un « enseignement
préscolaire » propre à notre système = donner du sens, vraiment, à l’expression Devenir élève.
Installer l’école maternelle dans sa double fonction : accompagner et stimuler un développement des enfants et créer les conditions de l’adaptation scolaire : ne pas confondre Prévention et Anticipation .
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3. Perspectives d’action
3.1. Questions d’organisation : une approche évolutive ESPACE : repenser l’aménagement des classes et de
l’écoleDu milieu de vie à l’espace-classe.
TEMPS : différencier les exigences pour les enfantsDe la PS comme classe d’accueil et de transition à la GS où la journée scolaire doit commencer à avoir du sens : revenir sur des symboles (l’assiduité, la récréation).
ET bien distinguer temps de l’enfant et temps des PE. ROLES : revoir l’équilibre dans le binôme PE / ATSEM et
faire plus de place aux parents
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2. Perspectives d’action
2.2. Modalités d’apprentissage des jeunes enfants et situations d’apprentissage
MODALITES : une évolution à respecter et susciter Des apprentissages incidents aux apprentissages
programmés. Des apprentissages par essais-erreurs et
observation-imitation aux apprentissages « formels ».
SITUATIONS : un équilibre à trouver à tous les niveaux Jeux (penser leur valeur formatrice) Recherche, expérimentation, résolution de
problèmes Transmission – Imprégnation culturelle Activités dirigées à finalité d’entraînement
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3. Perspectives d’action
3.3. Objectifs à clarifier Différencier davantage la nature des attentes selon
les domaines d’activités : comprendre le rôle particulier en prévention du
langage, de la numération, de certaines attitudes favorables au travail scolaire ;
comprendre aussi la portée éducative (voire compensatoire) de tous les domaines d’activités pour eux-mêmes.
Préciser des niveaux d’exigence : éviter une approche normative mais identifier des seuils d’alerte.
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2. Perspectives d’action
2.4. Evaluation et modalités du « rendre compte »
Différencier les modalités d’évaluation selon les domaines et les sections ; bannir le formalisme en PS.
Revaloriser l’observation en situation comme forme d’évaluation.
Développer une approche positive en mettant en valeur d’abord les acquis et les progrès.
Valoriser des formes de comptes rendus moins normatifs et réserver la logique du livret scolaire / livret de compétences à la GS.
Distinguer outils du maître et outils de communication avec les enfants et leur famille
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2. Perspectives d’action
2.5. Postures et gestes professionnels clés pour les enseignants de l’école maternelle
LangageConnaissance du développement et des modalités d’action pour faire progresser des enfants ; maîtrise de ses propres postures et productions langagières (auto-analyse).
Observation - Création des conditions de progrès - Progressivité / DuréeConnaissance du développement ; connaissance et compréhension des modalités d’apprentissage ; boîte à outils pédagogique bien fournie ; identification de « variables didactiques » pertinentes ; travail en équipe et en coopération.
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Les enjeux: l’école maternelle dans la consultation nationale
L’unité et progressivité du premier cycle : de la petite à la grande section avec des professionnels
Repenser le rôle et la place des ATSEM, les associer aux choix et décisions
Scolariser les moins de trois ans en connaissant et travaillant avec les partenaires de la prise en charge collective de la petite enfance: une condition
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Au total:
Répondre au défi de la prévention de l’échec scolaire par une pédagogie adaptée et dans le cadre d’une progressivité renouvelée