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cinquAntenAire

Le 30 juin 2010 à L’AmbAssAde

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AmbAssAde

Ce 30 juin 2010, enl’absence de l’AmbassadeurHenri Mova Sakanyi, parti àKinshasa pour accompagnerles souverains belges,invités aux cérémonies duCinquantenaire, c’est M.Roger Uronya N’gadjole,Chargé d’Affaires a.i., qui aprononcé le discours decirconstance, devant unenombreuse assistance dediplomates, d’officiels et depersonnalités belges et demembres de la communautécongolaise de Belgique.Lors de son allocution, M.Uronya a notamment misl’accent sur le sens decette commémoration : “unacte de patriotisme, lafierté d’être Congolais”,après tous les soubresautsque notre pays a connudurant ces 50 ans.

JiKA

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AmbAssAde

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Le contexte

Le Fonds Monétaire international (FMi)et la Banque Mondiale ont pris depuisle 30 juin dernier, la décision d’allégerla dette extérieure de la RépubliqueDémocratique du Congo d’environ90%, dans le cadre de l’initiative PaysPauvres Très Endettés (iPPTE) etl'initiative d’allégement de la dettemultilatérale (iADM), à laquelle on estéligible une fois qu'on a atteint le pointd'achèvement de l'iPPTE qui est expli-qué ci-dessous. L'iPPTE est une initiative lancée en1996 par les institutions financièresinternationales de manière à assurer àchaque pays une charge d’endettementcompatible avec le niveau de ses res-

La Banque mondiale quant à elle, aoctroyé un prêt servant à liquiderl'arriéré à son égard.[2] Une autre phasede restructuration de dette allait sui-vre. Arnaud zacharie (2010) écrit à cesujet[3] que “l’accord de septembre2002 avec le Club de Paris, le cartel despays créanciers, déboucha sur l’annula-tion de 4,6 milliards de dollars dedettes − correspondant au montant desarriérés sur le principal de la detteextérieure congolaise de l’époque − etsur le rééchelonnement de 4,3 autresmilliards.” Vu autrement, cet arrangement signi-fiait que, dès 2002, la RDC a repris lecycle de remboursements de sa detteextérieure (22% des revenus gouver-nementaux en 2003), tout en poursui-vant des réformes majeures imposéesdans le cadre d'un programme d'ajus-tement structurel. En juillet 2003, elle a atteint le point dedécision. Mais le point d'achèvement,initialement prévu pour 2006, ne seraatteint qu'au 30 juin 2010. Que s'est-ilpassé pendant quatre années?Les embûches ont pris des formesdiverses. Pour des raisons de lenteur deréformes structurelles d'une part et denon respect de certains critères deperformance concernant le cadremacroéconomique, d'autre part, unpremier report de la rencontre descréanciers pour statuer sur le pointd'achèvement de fin 2006 au secondsemestre 2007, fut enregistré. Puis unnouveau report repoussa ce pointd'achèvement éventuel à la mi-2008. Unreport supplémentaire en 2009, puisfinalement à juin 2010, se basaitnotamment sur des inquiétudes con-cernant les “contrats chinois” quiétaient soupçonnés de faire peser surle gouvernement congolais une dettenon viable. il était également questiond'attribution de marchés non confor-mes aux standards internationaux. Lesparties congolaises et chinoises ont dûlâcher du lest. Elles ont renoncé à lagarantie de l’état congolais de 3,2 mil-liards de dollars et accepté la réduction

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En pleine célébration ducinquantenaire de sonindépendance, laRépublique démocratiquedu Congo (RDC), a obtenul'annulation d'une partsubstantielle de sa detteextérieure. Sachant que legouvernement en a fait unobjectif majeur de sapolitique économique, engelant toute une série dedépenses publiques, ycompris des augmentationsde salaires des fonction-naires, une note explicativesur la problématique de ladette se révèle donc d'ungrand intérêt pour lesCongophiles.

rAPPeL d'un PArcoursdifficiLe

Par A. NyEMBwEet S. MBENzA

La rdc a atteint le pointd'achèvement de l'initiative PPte[1]

sources. L’effacement de la dette dansle cadre de l’initiative PPTE, s’obtient aubout d’un processus à deux étapes : lepoint de décision qui est le fait qu’unpays soit officiellement admis à béné-ficier d’un allègement de sa dette, don-ne droit à un allègement intermédiaire;et le point d’achèvement qui est l’ob-tention d’un allègement de la dette plusconséquent et irrévocable de la part detous les créanciers. Pour atteindre cha-que étape, un pays doit satisfaire à uncertain nombre de critères contraignantset mettre en place des réformes ri-goureuses dont la mise en œuvre d'unestratégie de réduction de la pauvreté etde croissance, le maintien de la stabilitédu cadre macroéconomique, des avan-cées dans la gestion des finances del’état et le service de la dette. il doitégalement prendre des mesures desti-nées à améliorer la qualité du servicepublic et celle des prestations fourniesdans des secteurs sociaux de base telsque : l'éducation, la santé publique ouencore le développement des zonesrurales, sans oublier la libéralisation del'économie.

Le parcours de la RDC

Le début du chemin de croix de la RDCvers le point d'achèvement est proba-blement à situer en 2001, lorsqu'ellerenoue avec les institutions financièresinternationales. à cette époque,elle estretenue parmi les pays pouvant béné-ficier de l'initiative PPTE. Le principe envigueur dans les finances internatio-nales est qu'on ne peut bénéficier denouveaux prêts ni d'un allègement dedette sans régler les arriérés auprès duFMi et de la Banque mondiale. Les prêtsdes bailleurs bilatéraux (Belgique, Fran-ce, Suède, Afrique du Sud) ont permisde régler cette question permettantd'obtenir une première restructurationde la dette congolaise. ils ont servi àrembourser les arriérés de rembour-sements auprès du FMi, qui à son toura octroyé de nouveaux prêts à la RDCpour rembourser ces prêts bilatéraux.

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du contrat de 9 à 6 milliards[4]. Lesuspens a duré jusqu'à l'ultime minute,car le Canada s'est opposé jusqu'aubout à ce que le Club de Paris accordel'allègement de la dette attendue. ilconteste encore jusqu'à aujourd'hui larésiliation par le gouvernement congo-lais d’un contrat minier avec la firmecanadienne First Quantum. En dépit decela, le nouveau programme triennalsigné en décembre 2009 avec le FMi apermis, enfin, de déboucher sur le pointd'achèvement non sans des ater-moiements presque hitchcockiens.

Les montants

La valeur nominale totale du service dela dette que la RDC épargne, à la suitede l'atteinte du point d'achèvement,s'élève à 12,3 milliards USD. Ceci signi-fie que la part de la dette effacée plusles intérêts qu'il eut fallu payer surcelle-ci, équivalent à cette somme. Maisévaluée au dollar d'aujourd'hui (valeuractualisée), cette somme représente7,9 milliards USD[5]. Les estimations desautorités congolaises et du FMi mon-trent comment le stock de la dettepublique passerait de 12,8 à 4,329milliards en 2010[6].

Les implications de l'allègement de la dette

Au vu de tous les efforts consentis parle gouvernement de la RDC pour at-teindre le point d'achèvement, on peutse poser la question de savoir quellessont les conséquences immédiates etmoins immédiates de l'annulation de ladette. La réponse pourrait être struc-turée autour de l'horizon temporel.

Réduction du service de la dette enfaveur de la réduction de la pauvretéDans l'immédiat, cette annulation sub-stantielle de la dette va réduire demanière tout aussi substantielle leservice de la dette de la RDC, qui faitface une double contrainte de la fai-blesse de ses recettes fiscales et de larareté de ses ressources en devises. ilpermettra ainsi de dégager la marge demanœuvre budgétaire nécessaire pourdes programmes de lutte contre lapauvreté.

Accroissement de la capacité théoriqued'endettementToujours dans l'immédiat, mais seule-ment en principe, la capacité d'endet-tement de la RDC est considérable-ment améliorée. Mais, le mauvais clas-sement de la RDC, tant en ce quiconcerne la corruption (Transparencyinternational) que le climat des affaires

(Banque Mondiale) fait penser que seulsles bailleurs bilatéraux peuvent ac-croître le niveau des prêts publics à laRDC. Et même pour ces derniers, uncertain attentisme risque de prédo-miner pendant un certain temps. Lesemprunts contractés auprès des in-stitutions multilatérales telles que leFMi, la Banque mondiale ou la BanqueAfricaine de développement ne sontpas susceptibles de se modifier sen-siblement, car ils sont toujours couplésà certaines conditionnalités et dépen-dent de la capacité d'absorption dupays. Le FMi était toujours disposé àfaire bénéficier la RDC de ses multiplesfacilités pour faire face aux difficultés debalance des paiements avec ou sansannulation de dette. Pour leur part, tantla Banque mondiale que la BAD onttoujours financé des projets dedéveloppement en RDC, même pen-dant que la dette n'était pas encoreannulée.

Réduction du service de la dette aubénéfice de la croissanceLes économistes, théoriciens de ladette, soutiennent que le poids de ladette, lorsqu'il devient trop élevé, a uneinfluence négative sur la croissance. Onpeut retenir deux canaux possibles :d'une part le poids de la dette agissanten signal négatif pour les investisseurs,comme nous le verrons par la suite,empêche un afflux plus conséquent

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Ci-dessus : le bâtiment de la BanqueMondiale à New york

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d'investissements étrangers ; et d'autrepart, la réduction du service de la detteest susceptible de dégager des ressour-ces pour l'investissement interne. Cesdeux effets positifs sur l'investissementsont de nature à agir de façon béné-fique sur la croissance économique.

Début du processus pour un retourvers les marchés financiersinternationauxLe véritable enjeu à moyen et longterme, pour la RDC, c'est de retrouverdu crédit vis-à-vis des investisseursinternationaux. Pour vraiment décollercomme pays émergent, celle-ci a besoinde devenir un acteur permanent dansle circuit financier international. Certes,un faible poids de la dette publique estun signal positif pour les investisseurs.Mais d'autres critères, dont la crédibi-lité, priment pour être attractif sur lesmarchés financiers internationaux.

Deux effets perverspossibles

Cette annulation de dette n'a pas quedes effets positifs. Elle risque d'entraî-ner deux effets potentiellement per-vers, défavorables à l'économie congo-laise.

Le relèvement du prix de la dettenégociable sur le marché secondaire :un incitant à l'activité spéculativeD'une part, l'annulation de la dette, enrendant potentiellement à la RDC unemeilleure capacité de remboursement,devrait provoquer un accroissement duprix des actifs représentant la dettecommerciale cessible sur le marchésecondaire. Cela peut entraîner unregain d'intérêt de certains “fondsvautours”. Ceux-ci y verraient desopportunités de transactions rentablesdans la mesure où les possibilités derecouvrement forcé sont susceptiblesde s'accroître.

Une trop grande facilité à s'endetterde nouveauil est possible que d'une part desinvestisseurs ayant une très faibleaversion au risque et d'autre part desinvestisseurs pouvant obtenir des ga-ranties du gouvernement de la RDC (etdu soutien de leurs propres gouver-nements) offrent des fonds prêtables.On assisterait alors à une remontéerapide de la dette si une stratégied'endettement prudente n'est pas miseen place. il semble bien que les auto-rités congolaises sont conscientes durisque puisque le Président JosephKabila déclarait le 4 juillet 2010 qu’il“pense aussi et surtout à la capacitéd'endettement retrouvée qui ne de-

vrait, en aucune manière, être com-prise comme une licence à s'endetter ànouveau de manière inconsidérée.”Comment interpréter cette annulationde dette ? Est-ce un instrument dechantage qui disparaît ou un aiguillonpour faire avancer des réformes éco-nomiques qui est perdu ? La réponsedevrait venir des autorités congolaises.Si les résultats des politiques macro-économiques s'améliorent, y comprisdans la lutte contre la pauvreté, alors ilsera évident que tout ce parcours decombattant pour obtenir l'annulationde la dette aura été inutile. à l'inverse,si en dehors de tout facteur exogène,les performances économiques faiblis-sent, la preuve aura été faite pour lessceptiques que cette attente étaitnécessaire et aurait sans doute dû êtreprolongée.

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[1] Pays Pauvres Très Endettés.[2] zacharie, Arnaud (2008), “Dette etdéveloppement : Les défis du financementdu développement de la RDC RDC”.Conférence du CRE-AC – 22 février 2008.[3] zacharie, Arnaud (2010), “Dettecongolaise : un véritable parcours ducombattant”.http://www.cncd.be/spip.php?article1077[4] Arnaud zacharie (2010), “Dettecongolaise : un véritable parcours ducombattant”. [5] FMi, communiqué de presse, No.10/274, 1er juillet 2010 .[6] iMF Country report 10/88, March2010.

Ci-dessus : Jean-Claude Masangu, BCC,avec Dominique Strauss-Kahn du FMi

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Le colloque s’articulait autour de troisaxes : les fondements de l’OHADA :Traité, institutions et normes ; sa matu-ration historique : actes uniformes (éla-boration et projets) et Traité révisé ; etles enjeux de l’adhésion de la Répu-blique démocratique du Congo. Autour de ces trois thématiques, seréunissait un panel d’orateurs de qua-lité : les professeurs Bernard Dubuis-son, Michel De wolf, Georges AlbertDal, Patrick De wolf, Grégoire Bakan-deja wa Mpungu, Bernard Remiche,Marcel Fontaine, Salvatore Mancuso,Michèle Schmiegelow, Séverine Mene-trey, Alex Kabinda Ngoy, yves De Cordt,Me Chifflot-Bourgeois, ainsi que l’ancienprésident de la Cour Commune de Jus-tice et d’arbitrage (CCJA) de l’OHADAet premier président honoraire de laCour Suprême du Sénégal, Seydou Baet le président de la Cour de cassationde Belgique, ivan Verougstraete.

Une législation ancrée dans l’économie réelle

Les différents exposants se sont accor-dés sur les qualités intrinsèques del’OHADA, en soulignant que la qualitéde la législation OHADA, n’a de sensque si elle s’ancre dans le réel, surtoutavec des économies africaines basées à80% sur l’informel. il s’est posé à nou-veau le problème de l’effectivité desnormes, soulevé précédemment par uncolloque de l’iNEADEC sur les réformesde droit économique. il faut à nouveau nuancer le propos ensoulignant que l’OHADA n’est pas“magique”, qu’il est un instrument juri-dique et qu’il doit pour être efficients’inscrire dans une politique de déve-loppement. il ressort des débats sur l’adhésion dela RDC à l’OHADA, et l’applicationbrutale de ses règles, que la nécessitéd’un droit des affaires sécurisant etattractif pour des investissements étran-gers se faisait sentir. Aurait-il fallu undéveloppement par zone de prospéritécomme la Chine et donc l’applicationd’un droit sectoriel ? Des Accordsd’étapes auraient-ils été bienvenus ?Autant d’interrogations auxquelles nousne pourrons jamais répondre.

droit des AffAires

Le Centre d’études JeanRenaud de la Faculté deDroit et de Criminologiede l’Université catholiquede Louvain, a organisé enpartenariat avec l’institutEuro-Africain de Droitéconomique (iNEADEC),le 12 mars dernier, uncolloque sur l’OHADA etl’adhésion de la RépubliqueDémocratique du Congo,en présence de sonExcellence l’AmbassadeurHenri Mova Sakanyi. Pourrappel, l’OHADA constituel’Organisation pourl’Harmonisation du Droitdes Affaires en Afrique.

Jok OGA ET MADiMBAKADiMA-NzUJi

oHAdAde sA créAtion à L’AdHésion de LA réPubLique démocrAtique du conGo

intégrer les règles du jeu de la mondialisation

Assurément la méthodologie OHADAappliquée à la RD Congo peut être dis-cutable, mais il n’en reste pas moinsqu’en dehors d’avoir comme vocationde devenir spectateur du théâtre de lamondialisation, il faut à un momentdonné, pouvoir intégrer les règles dujeu. Certes, les ajustements seront bru-taux et la “casse sociale” certaine, maisil serait dangereux, voire criminel, ànotre sens de ne rien faire ou du moinsde ne pas essayer de vouloir tirer partide la mondialisation. Le professeur Ba-kandeja wa Mpungu, souligne qu’avecson poids démographique, sa situationgéostratégique et sa volonté politique,la République démocratique du Congoa un rôle important à jouer au sein del’OHADA. Par notre expertise sur lespays de l’UEMOA, nous sommes arri-vés à la conclusion que même s’iln’existe pas d’études statistiques éta-blissant une corrélation positive entrele droit OHADA et la croissance éco-nomique des états de l’UEMOA, il n’endemeure pas moins que ce droit con-tribue au développement et peut fina-lement donner à tout un continent desraisons d’espérer.

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Plusieurs accords de libre-échange etd’autres bilatéraux ont été signés cesdernières années, à l’initiative d’Ankara,entre les autorités turques et certainsétats situés dans les différentes airesgéographiques en Afrique. Des missions de prospection économi-que visant à instaurer des relations forteset durables dans quelques secteursd’activités ciblés, se rendent régulière-ment en Afrique dans le but d’explorerles opportunités de coopération. Pour l’aider dans cette démarche, laTurquie n’hésite pas à organiser à An-kara des grands-messes d’échanges bi-latéraux au cours desquelles des milliersd’industriels et hommes d’affaires turcsrencontrent les principaux décideursafricains. Grâce à ce genre de rencontresà caractère essentiellement commercialet d’investissement, la Turquie a réussi àfaire passer le volume de ses échangescommerciaux avec l’Afrique de 10 mil-liards de dollars en 2005 à plus de 30milliards de dollars en 2009, selon unrapport rendu public par le ministèreturc du Commerce extérieur. Ceséchanges atteindront 50 milliards dedollars à l’horizon 2012, indique la mêmesource.

Une visibilité renforcée en AfriqueLa politique extérieure de la Turquieparticipe d’une volonté fermement affi-chée d’œuvrer en faveur de la conso-lidation de sa présence sur le terrainafricain. C’est dans ce sens qu’il faut considérer lavisite à Kinshasa en mars 2010, à l’in-vitation de son homologue congolaisJoseph Kabila, du président turc, Abdul-lah Gül, qui a déclaré, que son paysespérait ouvrir “une ère nouvelle” decoopération, particulièrement dans leséchanges commerciaux avec la RDC,qu’il considère comme “l’un des pays lesplus prééminents de l’Afrique”. Le chefde l’état turc était accompagné d’uneforte délégation de 200 personnes, in-vestisseurs et autres industriels venusprospecter les opportunités d’affairesdans des secteurs aussi variés que lesmines, la santé, la foresterie, l’agro-alimentaire ou les infrastructures. à cette occasion, il s’est tenu à Kinshasa,un forum entre les milieux d’affairescongolais et les entrepreneurs turcs, aucours duquel les deux parties se sontpenchées sur les moyens de promouvoir

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Les investisseurs turcs sontde plus en plus présentssur le marché africain,diversifiant leur offre touten intensifiant leuroffensive commerciale. à l’ombre d’autres paysémergents à croissanceéconomique spectaculaire,la Chine en tête, la Turquieest en train de renforcer saprésence dans les paysd’Afrique subsaharienne, et en Républiquedémocratique du Congo,en particulier.

Les Ambitions AfricAines de LA turquie

Par MP KABAMBA

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la coopération économique et com-merciale entre Kinshasa et Ankara. Un “mémorandum d’entente” destiné aumaintien et à la promotion du dialoguedans le cadre des relations bilatérales aété signé entre les deux pays, en pré-sence des deux chefs d’état. Sa principalemission porte sur l’organisation régulièrede consultations multisectorielles en vued’examiner le niveau d’exécution de dif-férents programmes mis en œuvre dansle cadre des accords de coopération etd’échanger sur les principales questionsd’intérêt commun. La Turquie qui s’estime satisfaite del’amélioration du climat des affaires enRDC, envisage le renforcement de saprésence également dans le domaine del’éducation et celui de la santé. Un projetde construction à Kinshasa d’une uni-versité et d’un hôpital moderne est àl’étude. Puissance économique et politique dansle monde, située à cheval entre l’Europeet l’Asie, non pas là où les deux con-tinents se séparent, mais plutôt où ils serencontrent, la Turquie voudrait égale-ment apporter son aide aux pays afri-cains dans leurs efforts de dévelop-pement social et humain. Plusieurs projets d’assistance au déve-loppement portant sur un montant d’unpeu plus d’un million de dollars amé-ricains ont été réalisés en 2008, aubénéfice des populations congolaises,pouvait-on lire dans un communiquépublié par la mission diplomatique deTurquie à Kinshasa. Poursuivant dans la même veine, laTurquie qui a soutenu le processusélectoral en RDC avec 100. 000 dollars,a également débloqué un million dedollars pour la réalisation d’un projet deconstruction d’une école à Kinshasa. Ellea, par ailleurs, financé la constructiond’une maternité communautaire auKatanga ainsi que la réhabilitation descentres de santé à Kinshasa, indique la

même source. Elle promet égalementd’apporter sa contribution financière auxprochaines élections générales de 2011en RDC. il y a peu encore, en 2008, Ankara avaitmis à la disposition des populationscongolaises un montant de 500.000dollars d’aide humanitaire pour luttercontre les effets pervers de la crisealimentaire mondiale.

Volontarisme commercialet enjeux diplomatiquesSixième puissance économique euro-péenne, deuxième grande armée aprèsl’OTAN, depuis 1959, la Turquie a for-mellement exprimé sa volonté d’ad-hérer à la Communauté européennedevenue aujourd’hui l’Union Europé-enne. Officiellement reconnue candi-date à l’adhésion en 1999, elle se heurteà l’opposition de l’Allemagne et de laFrance et à celle d’autres pays commela Grèce, Chypre et l’Autriche. Sonpoids démographique, 76 millions d’ha-bitants, sa situation géographique, 3%de son territoire se situe en Europe etle reste en Asie, pays musulman, ce sontautant de facteurs qui font peur auxEuropéens dans sa laborieuse marcheen direction de l’Europe. Ankara entend mener une politiqued’ouverture afin d’élargir sa sphèred’influence en Afrique subsaharienne viale renforcement de ses relationsdiplomatiques, militaires économiqueset culturelles, d’autant plus encouragéepar la sanction positive de ses effortsd’amélioration de ses relations avec sesvoisins au plan commercial et diplo-matique. Cette poussée de visibilité surle continent africain lui a valu d’obtenirle statut particulier de membre obser-vateur auprès de l’Union Africaine et desiéger (depuis 2008) au sein du club desmembres non-régionaux de la Banquede Développement Africaine, BAD.

C’est également grâce au soutien dugroupe africain aux Nations-Unies, quile lui rend bien, que la Turquie a obtenule poste de membre non permanent duConseil de sécurité.

Un partenariatgagnant-gagnant

il est important de remarquer que lesinterventions et autres initiatives diplo-matiques de grande envergure dé-ployées dans les différents théâtres enAfrique mais également en Asie, témoi-gnent de la volonté de puissanceaffichée par Ankara, qui voudrait sepositionner en tant qu’acteur majeursur la scène internationale. C’est le lieude rappeler que la Turquie a assuré lamédiation dans les conflits israélo-palestinien ou iran-irak. Et qu’en plus,les diplomates ottomans sont réguliè-rement consultés par les autoritésirakiennes pour préparer l’après-engagement américain, tandis que l’irana récemment recouru à la médiationd’Ankara sur le dossier très sensible dunucléaire qui l’oppose aux états-Unis. Enfin, retour sur le plan économique, ledynamisme actuel de son économie,plus de 7% de croissance annuelle,incite Ankara à multiplier les axes dedéveloppement stratégiques qui seraientutiles à l’écoulement de ses produits,adaptés et même nettement compé-titifs sur le marché africain. La visite officielle que vient d’effectuerla délégation turque à Kinshasa, consi-dérée désormais par Ankara commetête de pont de la pénétration turqueen Afrique subsaharienne, en plus dufait qu’elle rentre dans la dynamique derenforcement des rapports diploma-tiques entre les deux états, permet deconstruire un partenariat commercialet économique de type nouveau engagédans une logique gagnant-gagnant aubénéfice des deux pays.

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Source : Ministère turc du Commerce extérieur

2005 10 milliards de dollars

2009 30 milliards de dollars

Prévision 2012 50 milliards de dollars

écHAnGes commerciAuXde LA turquie AVec L’Afrique

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à l’occasion des festivités marquant le 50e

anniversaire de l’indépendance du Congo, leministre des Affaires étrangères, StevenVanackere, porte un regard lucide etpragmatique sur les relations entre la Belgique etson ancienne colonie. il plaide pour des relationsbilatérales normalisées et durables entre lesdeux pays. S’il porte un regard sur le passé, qui avu les relations belgo-congolaises connaître deshauts et des bas, c’est avant tout pour travailler àla stabilisation de ces relations. il se réjouit de lareprise du dialogue entre les autorités belges etcongolaises, qui permet, dit-il, de se parlerfranchement et d’aborder en confiance, sansarrière-pensées, les problèmes.

Depuis l’indépendance de la Républiquedémocratique du Congo, les relationsbelgo-congolaises ont connu des hautset de nombreux bas qui font partie denotre histoire commune. Mais, au mo-ment où la RDC fête un demi-siècled’indépendance, les autorités congo-laises souhaitent entamer une phase derenouveau et plaident pour une reprisedu dialogue. Un sentiment partagé parle ministre belge des Affaires étran-gères qui lui, ambitionne d’établir desrelations normalisées durables.à son arrivée à la tête du départementdes Affaires étrangères, Steven Vanackerea semblé marquer une rupture avec l’unde ses prédécesseurs, le libéral KarelDe Gucht. Ce dernier, on le sait, n’avaitpas eu des propos très diplomatiques àl’égard des dirigeants congolais, ce quiavait provoqué un nouveau coup defroid sur les relations entre la Belgiqueet son ancienne colonie. Pourtant,Steven Vanackere évite de parler derupture, affirmant qu’au niveau de l’ana-lyse, il y a plus de points de conver-gence qu’on ne le croit. “Je partagecertaines analyses faites par Karel DeGucht. La RDC a des potentialitésénormes, mais pas toujours utilisées àbon escient. il y a encore des chosesinquiétantes qui suscitent notre atten-tion”, dit-il.

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reLAtionsbeLGo-conGoLAisesPropos recueillis parJean-Jacques DURRé

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Pour lui, la “rupture” entre le style DeGucht et le style Vanackere est davan-tage au niveau de la forme que du fond.Le ministre rappelle que la normali-sation des relations entre le Congo etla Belgique a été initiée par le Premierministre Van Rompuy. Toutefois, il re-connaît que son style est différent decelui de De Gucht. “Je suis comme jesuis. J’estime que si l’on a des diver-gences, il faut aussi avoir des canaux decommunication pour éviter de couperles liens. Je ne suis pas pour la diplo-matie du porte-voix, mais plutôt pourun dialogue discret”. Pour lui, émettredes critiques de façon discrète fait quel’on est mieux écouté. “Mon objectif aété de mettre en place une diplomatieefficace pour avoir un impact en Afri-que centrale, qui est l’une des régionsdu monde, où la Belgique, petit pays, acertainement un rôle important àjouer.” Pourtant, certains milieux congolaisestiment que l’on met trop souvent enévidence ce qui ne va pas, que l’onrevient sur des épisodes douloureux etsur les tensions qui ont émaillé lesrelations belgo-congolaises en 50 ans,jusqu’à il y a peu. ils voient dans cettesituation, l’action invisible et néfasted’un “lobby” soucieux que les relationsentre les deux pays connaissent desratés. Ce n’est pas l’avis du ministre desAffaires étrangères qui incite à ne pastomber dans ce qu’il appelle la logiquede la conspiration. “L’histoire fait quenos relations ont une intensité qui doitêtre utilisée pour stabiliser nos contacts.C’est ce que j’appelle la normalisationdurable. il faut que nos relations bi-latérales ne passent plus par des hautset des bas et qu’elles restent stables.Faisons attention de ne pas tomber dansl’émotionnel ”, souligne Steven Vanackere.

Certains affirment que sur le papier leschoses changent, mais pas dans la pra-tique. Est-ce votre avis ?Je ne suis pas là pour donner des di-plômes. On ne peut pas nier que deschoses s’améliorent, comme la guerredans l’est du Congo qui, il y a un anencore, était très forte. Mais, à côté decela, il y a toujours des infractions no-tamment au niveau des droits humains.

La stabilité et la sécurité ne sont pasencore une réalité. Par ailleurs, au ni-veau politique, les élections présiden-tielles et parlementaires qui ont lieu nedonnent pas nécessairement un labelde démocratie maure. il y a encore deschoses à construire. Mais, il faut se direque l’on prépare déjà les prochainesélections et qu’à cet égard on nepourra plus faire marche arrière. Lalogique démocratique ne peut plus êtresous-estimée. Enfin, d’un point de vueéconomique, le Congo a fait d’impor-tants efforts qui devraient lui permettred’atteindre les critères que la Banquemondiale impose pour réduire la dette.On peut voir les choses de manièreoptimiste ou pessimiste, c’est la théoriedu verre à moitié plein ou à moitié vide.Pour ma part, je veux soutenir tout cequi peut encore être amélioré.

Vous parliez d’infractions aux droitshumains. à cet égard, l’assassinat dudéfenseur des droits de l’homme Flo-ribert Chebeya est inacceptable. Vousavez été le premier a demandé uneenquête. êtes-vous satisfait de ce quel’enquête diligentée jusqu’à présent ?Je le serai lorsqu’une clarification totaleaura été faite. Mais je constate que legouvernement congolais a réagi trèsrapidement et condamné cet acte inac-ceptable. il a accepté aussi la présenced’experts hollandais. Des arrestationsont eu lieu. On n’a pas traîné. Ce sontdes éléments qui contribuent à unecrédibilité. J’attends des résultats con-crets.

Quelle est votre relation personnelleavec le Président Joseph Kabila et lesautorités congolaises en général ?Je le répète : il faut normaliser nosrelations. Dès lors, il est normal quel’on traite avec le Chef de l’état. Je parleau nom de la Belgique et en tant quechef de la diplomatie, j’ai le respect despersonnes et des fonctions. Je meréjouis que le dialogue qui s’est instauréentre nous permette d’aborder tous lessujets, y compris ceux qui peuvent êtredélicats. Dans mes relations avec lePrésident Kabila et les autorités gou-vernementales congolaises, j’ai eu l’im-pression d’être écouté et précisément

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beLGique-rdc

Le ministre belge Vanackere plaide pour des relations normalisées durables, porteuses d’avenir !

de pouvoir aborder tous les sujets.Vous avez souvent parlé d’un dialoguefranc, porteur de relations normalisées.Est-ce réellement le cas ?Oui, il y a un dialogue franc. Lorsque j’aiété à Kinshasa, j’ai senti que l’on étaitprêt à m’écouter. J’ai même ren-contréune certaine lucidité. Ce sont parfoisles dirigeants congolais qui ont abordéd’eux-mêmes certains problè-mes,mettant le doigt sur ce qui ne marchepas bien. C’est une logique de confiancequ’il faut garder.

il y a cinq grands chantiers en Ré-publique démocratique du Congo. Com-ment jugez-vous ceux-ci ?Ce sera à la population de juger aumoment des élections. Pour ma part, jeme réjouis de l’apport de la coopé-ration belge y compris dans le domainede l’éducation où elle compte renfor-cer son action, notamment en ce quiconcerne la formation professionnelle.

L’Ambassadeur de la RDC en Belgique,Son Excellence Henri Mova Sakanyi,plaide pour un retour des Belges auCongo, notamment des entrepreneursqu’il juge un peu “frileux”. il regretteque d’autres prennent leur place (chi-nois, français,…). Qu’en pensez-vous ?L’ambassadeur fait son travail. Je peuxcomprendre la frilosité de certainsentrepreneurs belges qui ont connuparfois des problèmes. Mais, le mondeéconomique s’informe et est généra-lement bien au courant de ce qui sepasse. En tant que ministre chargé aussidu commerce extérieur, je parle avecnos entrepreneurs et je peux vous direqu’ils savent que faire du business àl’international nécessite une prépara-tion. J’ajouterai qu’à côté de la diplo-matie politique, il y a aussi la diplomatieéconomique qu’il ne faut pas sous-estimé. Elle ne doit pas remettre encause les valeurs que nous prônons,mais elle est essentielle. Je sais qu’ennovembre, il y aura une importantemission économique de la Région wal-lonne en RDC. il n’est pas exclu qu’il yait d’autres initiatives d’ici la fin de l’an-née sur les possibilités d’investissementau Congo.

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La RDC est un pays d’avenir qui, selonses autorités, commencent à réunirtous les critères d’un pays émergents.Partagez-vous cette vision ?Si le Congo peut gagner le défi d’in-staller une autorité forte et un état dedroit permettant de créer une stabilitéinterne, il a effectivement toutes lescaractéristiques d’un pays émergent.Mais tant qu’il y a encore des pro-blèmes qui empêchent l’état de seprendre en main, comme par exemplela mise en place d’une fiscalité régulée,il y aura des blocages.

La RDC compte 60 millions d’habitantset plus de 60% de ceux-ci ont moins de25 ans. L’éducation et l’emploi (deuxdes cinq chantiers) sont donc impor-tants. Or, pour créer des emplois, il fautdes investissements. La Belgique peut-elle jouer un rôle à cet égard ?Les Belges ont toujours manifesté l’en-vie de participer au développementéconomique du Congo. il existe déjàd’importants accords de partenariats.Prenez par exemple la volonté du Portd’Anvers de collaborer avec les portsde Matadi et de Boma. Avec le Port deBruxelles, que j’ai le plaisir de diriger,nous avions mis en place une coopé-ration avec le Port de Kinshasa. Jeplaide pour l’installation de partenariatspublic/privé et public/public entre nosdeux pays. Nous pouvons apporter unregard extérieur qui procure un éclai-rage différent et un regard nouveau.C’est important.

Sur le plan diplomatique, partant duprincipe que Belges et Congolais seconnaissent bien, certaines person-nalités congolaises plaident pour une“alliance stratégique” entre la RDC et

notre pays. Ainsi, le Congo serait uneporte d’entrée pour la Belgique sur lecontinent africain et inversement laBelgique serait une porte d’entrée surl’Europe. Qu’en pensez-vous ? Je veux tenir un discours que je sou-haite ambitieux mais prudent. Avant decourir, apprenons à marcher. En réta-blissant des liens, cela permet d’envisa-ger beaucoup de choses mais il fautd’abord investir dans des relationsstables et durables. Une bonne relationavec la République démocratique duCongo peut aider la Belgique à dialo-guer avec le continent africain et à yjouer un rôle. Des relations normali-sées durables peuvent porter des fruits.Ainsi, lorsque j’ai repris le contact avecles autorités congolaises en janvierdernier, j’avais aussi en tête la fin de lamission de la MONUC qui s’achevaitfin mai. Or, la Belgique n’est pas auConseil de sécurité de l’ONU et jepensais qu’il était important de pro-longer cette mission. Mais, les autoritéscongolaises ne semblaient pas le vou-loir. Nous avons entamé un gros travaildiplomatique qui a abouti à repenser lamission. il fallait passer aussi à une logi-que d’objectif plutôt qu’à une logiquede calendrier. Nous sommes arrivés àdistinguer deux aspects : le maintien dela paix et la construction de l’état. Nousnous sommes engagés dans un soucid’aider le Congo à aller dans le bonsens. La décision prise par le Con-seilde sécurité de l’ONU - qui a re-baptiséla mission en MONUSCO - a été danscette direction et nous en sommes trèsfiers. Cela a été une réus-site mais celan’aurait pas été possible si les relationsbelgo-congolaises n’étaient pas norma-lisées.

Si demain vous retrouvez votre poste

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de ministre des Affaires étrangères dansle prochain gouvernement belge, quelsseront les grands axes de votrepolitique congolaise ? Ces axes iront dans le sens de la con-tinuité. Je crois que l’Afrique centraleest l’endroit où la Belgique peut jouerun rôle important.

Comment la Belgique se positionneravis-à-vis des élections présidentielles de2011 ? J’ai d’abord un petit regret concernantle report des élections locales, même siconstitutionnellement cela ne pose pasde problème. L’exercice démocratiquepasse par la démocratie locale. Ceci dit,les élections législatives et présidentiellessont essentielles. Nous sommes prêtsà aider et souhaitons que les autoritéscongolaises nous fassent part à tempsde leurs besoins.

Un anniversaire est l’occasion de for-muler des vœux. Quels sont ceux quevous adresser d’abord aux dirigeantscongolais et ensuite au peuple congolaiset quel est votre rêve pour le Congo ?Je suis un homme pragmatique mais j’aiaussi des rêves. En politique, si on n’apas de rêves, on ne tient pas. Je rêvepour le Congo d’un pays où la jeunessepeut avoir confiance dans son avenir etoù les potentialités sont pleinementutilisées. Les Congolais peuvent créerun pays stable et démocratique. Je croisque la Belgique ne peut pas oublier leCongo et l’Afrique. Je souhaite voir desprogrès constants qui permettront aupays de prendre en mains les choses. Lecinquantenaire de l’indépendance de laRépublique démocratique du Congodoit être l’occasion de regarder versl’avenir et de voir ce qui doit se passerdans le futur.

éviter de tomber dans l’émotionnel

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les fonds réellement sous sa gestion.Dans un deuxième temps, il sera ques-tion de jeter un regard sur le cadreactuel qui régit cette coopération ens’attardant sur les mécanismes de miseen œuvre des programmes de coopé-ration actuellement en vigueur.

Analyse des chiffres de l’APDUn examen détaillé de ces chiffres ré-vèle que les chiffres de l’Aide Publiqueau Développement comprend touteforme d’assistance que la Belgique al-loue à la République Démocratique duCongo, directement ou indirectement,soit les prêts d’état à état, les subven-tions aux Organisations Non Gouver-nementales, les frais de gestion desorganismes de mise en œuvre, etc. à titre d’exemple, un regard sur leschiffres ventilés pour l’année 2008montre que, sur 122 millions, un mon-tant de 54 millions est enregistré autitre de la coopération gouvernemen-tale et 23 millions au titre de lacoopération non-gouvernementale, lereste des fonds va alimenter d’autresrubriques.Et sur les 54 millions, environs 45millions (soit 83%) sont absorbés par la“coopération technique et bourses”ainsi que par “l’aide d’urgence à l’Afri-que Centrale”, 1,2 millions au titre desfrais de gestion de la coopérationtechnique belge (CTB). Ces fonds nesont donc pas sous la gestion directede la République Démocratique duCongo. Si nous considérons que la ru-brique “coopération financière et l’aidebudgétaire est celle pour laquelle laresponsabilité de l’état peut être véri-tablement engagée”, alors la RDC nepourra être tenue responsable directeque pour sa gestion de 3,6 millions sur122 millions (soit 3%).

Cadre actuel de coopérationRDC - BelgiqueDepuis 2008, les deux pays ont décidéde donner un nouveau cap à leur co-opération. Les principes fondamentauxémanant des traités internationauxdont la Déclaration de Paris et l’Agenda

d’Accra, qui recommandent d’alignerl’aide sur les priorités du pays béné-ficiaire, ont été essentiellement pris encompte. Ce processus de requalifi-cation de la coopération a abouti à lasignature de deux Programmes indi-catifs de Coopération pour les pé-riodes 2008-2010 et 2010-2013.Ces instruments définissent, avec laConvention générale et l’Accord decoopération signés en 1990 entre lesdeux pays, le cadre juridique qui régit lacoopération entre la Belgique et laRépublique Démocratique du Congopour les périodes visées.

Programmes indicatifs deCoopération (PiC) 2010-2013Le premier PiC signé en mars 2007pour la période 2008-2010 a connu unretard d’exécution suite au gel desdécaissements, consécutif aux tensionsdiplomatiques entre la Belgique et laRDC en 2008. à ce jour, un montanttotal 130 millions d’euros a été engagé,essentiellement consacré aux secteursde la santé, de l’éducation, des infra-structures de base, de l’agriculture/développement rural et forêts ainsi quela bonne gouvernance et la dynamiquecommunautaire. Le nouveau programme conclu le 21décembre 2009 pour la période 2010-2013 porte sur un montant initial de300 millions d’euros assorti de la pos-sibilité d’une allocation additionnelle de100 millions, pour les deux dernièresannées.

Domaines d’interventionPour répondre à un souci d’efficacité,les principaux domaines d’interventionont été sensiblement réduits dans ledeuxième programme. De six dans leprécédent programme, ils sont passésà trois, consacrés aux pistes et bacs,l'agriculture et l'éducation. à eux seuls,ces secteurs absorbent 60% du totaldes fonds alloués au programme com-me le montre le tableau ci-contre.Ce programme prévoit également lapoursuite d’un certain nombre d’actionsciblées dans le domaine de la santéavant de sortir de ce secteur.

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coopération entre la rdc et la belgique

un reGArd sur LA Gestiondes fonds en jeu

La RDC est perçue par laBelgique comme leprincipal partenaire de sacoopération au dévelop-pement. En effet, le poidsrelatif de la RépubliqueDémocratique du Congodans les dépenses de laBelgique au titre del’Aide Publique auDéveloppement estimportant. il ressort deschiffres publiés par laDirection Générale belgede la Coopération auDéveloppement, que laBelgique a consacré enmoyenne 144 millionsd’euros à la RDC pour lapériode 2005-2008 autitre de l’aide publique audéveloppement. Ce quireprésente environ9,34% de l’Aide Publiquebelge globale pour cettepériode.

Par Serge MBENzA

étant donné la taille relative de l’éco-nomie belge[1] et le nombre de ses par-tenaires au développement[2], les effortsfournis sont non négligeables. Cela estd’autant plus vrai que la Belgique visepour 2010 d’atteindre l’objectif de 0,7%du Revenu National Brut.Toutefois, dans le cas de la RépubliqueDémocratique du Congo, l’usage de cesfonds est parfois sujet à polémiques. Lapartie congolaise étant parfois accuséed’une gestion peu efficiente. Pour abor-der cette question, il s’impose avanttout une analyse en profondeur de ceschiffres afin de dégager la part de res-ponsabilité de la partie congolaise sur

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Mise en œuvre du programmeEn matière de mise en œuvre, lestextes sont sans équivoques. Le Programme indicatif de Coopéra-tion prévoit clairement les mécanismesde mise en œuvre, en déterminant demanière extrêmement précise le rôle àjouer par chacune des parties. il stipulenotamment que “toutes les prestationsde coopération seront planifiées, pré-parées, exécutées et clôturées de com-mun accord entre les deux partiesselon un cycle intégré de gestion com-posé de quatre phases : l’identification,la formulation, la mise en œuvre etl’évaluation.” Clairement, les deux par-ties agissent de manière conjointe dansla mise en œuvre de ce programme.La partie congolaise a la charge d’iden-tifier les projets/programmes priori-taires pour l’année suivante.

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Poids reLAtif de LA rdc dAns Les déPenses de LA beLGique Au titre de L’Aide PubLique Au déVeLoPPement

La partie belge par l’entremise de laCoopération Technique Belge (CTB)[3],en concertation avec les Ministèrestechniques soumettra pour approbationau COMPAR[4] un calendrier pour laformulation des projets/programmesapprouvés ainsi que des échéancespour la remise des dossiers techniqueset financiers (DTF).Une fois approuvés, les DTF serontsoumis aux autorités décisionnelles desdeux parties pour procéder à la signa-ture d’une Convention Spécifique. Encas de litige sur le DTF, le COMPARsera saisi pour harmoniser les points devue.

Conclusionil ressort des chiffres relatifs à la pé-riode 2005-2008 que la responsabilitédu gouvernement de la RépubliqueDémocratique du Congo sur la gestiondes fonds qui lui sont alloués au titre de

l’aide publique au Développement resteassez marginale. La gestion du gouver-nement congolais n’intervient de ma-nière directe que sur un montantd’environ 3% du total des fonds pour2008.D’autre part, les nouveaux program-mes de coopération privilégient plusl’approche par projets et programmes,et définissent des mécanismes clairs enmatière de mise en œuvre des projetsou la gestion des fonds aux repré-sentants par les deux parties avec unpoids important pour la partie dona-trice.Dans ce contexte, un détournementdes fonds par la partie congolaise sem-ble difficile à moins d’une collusionentre les deux parties. Les critiquesfaites au gouvernement congolais sur lagestion des fonds émanant de l’aidebelge sont dès lors à relativiser.

[1] 328 milliards d’euros de PiB réalisés en 2009 selon la Banque Nationale de Belgique.[2] Selon la Direction Générale de la Coopération au Développement, la Belgique compte 18 pays partenaires parmi lesquels figure la RDC.[3] Une agence d'exécution dont la mission consiste à réaliser, au nom de l'état belge et d'autres donateurs, des actions dedéveloppement avec l'aide des partenaires établis dans les pays en développement.[4] Le comité des partenaires

réPArtition indicAtiVe de L’enVeLoPPe

2005 2006 2007 2008 MOyENNE

TOTAL EN EUROS 123.232.090 176.653.862 155.531.720 122.062.770 144.370.111

EN % APDBELGE

GLOBAL7,84% 11,23% 10,91% 7,38% 9,34%

2010 2011 2012 2013 TOTALPistes, bacs et petites voies navigables 22 23 22+5 22+10 104Agriculture 9 10 12.25+15 32.25+10 88.5éducation 0 17 20 10 47Actions ciblées santé 6 5 10 0 21MULTiSECTORiELBourses études 12 0 0 0 12FEE 0 4 0 0 4MiPs 1 1 0.75 0.75 3.5Réserve 5 5 5+10 5+10 40Coopération déléguée 20 10 5+20 5+20 80TOTAL 75 75 75+50 75+50 400

source : dGcd beLGe

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à peine le lancement des activitésdu Cinquantenaire de l’indépen-dance du Congo en Belgiqueeffectué, avec brio, le 29 janvier,l’Ambassadeur Henri Mova Saka-nyi était déjà, le 3 février, à l’invi-tation de la Gouverneure duBrabant wallon, Marie-JoséeLaloy, l’intervenant de la confé-rence “Les relations entre la Bel-gique et le Congo”, programméedans le cycle des conférencesdes “Mercredis du Brabant wal-lon”.Dans un échange fructueux avecle public, l’ambassadeur a relevéles “malentendus” qui ont émailléles relations belgo-congolaises. En conclusion de son exposél’Ambassadeur Henri Mova, aproposé un “partenariat straté-gique belgo-congolais”, commeconcept novateur dans les rela-tions de deux pays. Parmi les participants, le députéfédéral André Flahaut, le prési-dent du Parlement de la com-munauté française Jean-CharlesLuperto, et le Vice-gouverneurdu Nord-Kivu, Maitre Feller Lu-taichirwa Mulwahale. Pour clôturer cette soirée, undîner d’amitié a été offert à ladélégation congolaise au Châteaude la Hulpe.

Pascal BAyLON

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L’AmbAssAdeur moVA dAns Le brAbAnt-WALLon

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Le 2 juin dernier, au même en-droit, l’Hôtel de la Gouverneuredu Brabant wallon, à l’initiatived’associations du Brabant wallonactives dans la coopération audéveloppement en RD Congo,l’Ambassadeur Mova a participéau colloque “Planète Congo enBrabant wallon”, avec pour thè-me “Associations brabançonnespour la coopération au dévelop-pement en République Démo-cratique du Congo : Quelle col-laboration, quels moyens, quellesperspectives ?” Ce colloque aconnu la participation du repré-sentant du ministère des AffairesEtrangères, Karl Dhaene, le pré-sident de Caritas international,l’Amiral Verhulst et d’Alain Trus-sart, député provincial brabançon,chargé des relations internatio-nales. Dans son propos, l’Am-bassadeur Mova a félicité les as-sociations brabançonnes pour“leur implication sur le terrain”à l’amélioration du bien-être despopulations congolaises.

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coLLoque sur LA cooPérAtion Au déVeLoPPement

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Une mission économiquede la Républiquedémocratique du Congo aeffectué une visite detravail du 18 au 27 juilleten Belgique dans le cadrede la prospection desopportunitésd’investissements et departenariat dans le secteurde l’agro-industrie et del’élevage.Conduite par le Secrétairegénéral au Ministère del’Agriculture, pêche et del’élevage, M. Hubert AliRamazani, la délégationcomposée d’une quinzainede membres venus detoutes les provinces de laRDC, ont capitalisé leurséjour en présentant auxindustriels belges lesopportunités d’affairesdans les domainesconcernés.La délégation desopérateurs économiquescongolais, a bénéficié dusoutien et del’accompagnement del’ambassade, notammentlors du séminaire inaugural,où étaient présentsl’ambassadeur Henri MovaSakanyi et sescollaborateurs.

Prenant la parole à cette occasion, leconseiller économique de l’ambassadede Belgique à Kinshasa, M. Jérôme Roux,a présenté, individuellement, les mem-bres de la délégation, s’appuyant sur larevue “Beltrade contacts”, laquelle con-sacre son dernier numéro à l’agricul-ture, pêche et élevage en RDC. Jérôme Roux a, en outre, souligné l’ex-cellence des relations qu’il entretientavec l’Ambassade de la RDC en Bel-gique.L’Ambassadeur Henri Mova, ainsi queM. H. Ali Ramazani, ont présenté, lesopportunités d’affaires qu’offre le Con-go, et ont abondé dans le sens del’esprit et de la lettre du discoursprononcé le 30 juin par le chef de l’état,Joseph Kabila, au cours duquel, faisantdu cinquantenaire un moment particu-lier d'évaluation en vue d'un nouveaudépart, il avait présenté la légitimeambition de la RDC, de pouvoir s'éle-ver au rang de puissance économiqueau coeur du continent africain.

La RDC veut devenir unegrande puissance agricole

Une ambition, à laquelle l’assistance aporté une attention particulière, comp-

te tenu des énormes potentialités exis-tantes en RDC.En effet, selon les statistiques dispo-nibles, la République démocratique duCongo :- dispose d'un potentiel faisant d'elle leseptième géant agricole du monde ;- elle détient plus de quatre-vingtmillions d’hectares de terres cultivablesdont environ 10% seulement en exploi-tation ;- compte quatre millions d’hectares deterres irrigables dont 10.000 hectaresen parfaite maîtrise d'eau ;- possède des prairies et des savanescapables de supporter des élevages deplus de 40 millions de têtes de bétails ;- regorge de plans d’eau susceptibles defournir des captures annuelles de plusde 700 milles tonnes de poissons ;- Environ 97 % des terres arablesbénéficient d’une saison culturale deplus de huit mois dans l’année et 34%(2.345.000 km2²) du territoire nationalcongolais sont des terres agricoles. Ces différentes ressources naturellescombinées au climat des affaires favo-rable et en constante amélioration auCongo grâce, notamment aux effortssoutenus du gouvernement, sont sus-ceptibles de favoriser une révolutionverte dans notre pays, au mieux des

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cooPérAtion beLGo-conGoLAisemission de prospection en belgique d’une délégation des opérateurs congolais en agro-industrie et élevage

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intérêts de nos populations, dans unpartenariat gagnant-gagnant, public-privé.

Visite de terrain

La suite du séjour de la délégationcongolaise, a été consacrée aux visitesde terrain en vue de s’informer sur lesentreprises préalablement ciblées parles organisateurs sur base de profils despartenaires recherchés. il s’agissait notamment des entreprisesNovacel, Vitamex, CiD Lines, Packoinox nv, Somers Seeds, issol, Sotradwater ainsi que la criée de Mechelen,la Foire de Libramont et l’AwE, Agen-ce wallonne d’Exportation.La mission s’est achevée par un rapportcommuniqué à l’Ambassadeur MovaSakanyi, dans lequel la délégation aexprimé sa pleine satisfaction et té-moigné de sa volonté de promouvoirses relations avec les milieux d’affairesbelges. Dans ce cadre, a été évoquée,l’épineuse problématique de facilitationd’obtention de visa pour les opérateurséconomiques congolais, dont quelquesmembres n’ont pu effectuer le voyage,bloqués pour des problèmes d’immi-gration.La délégation a ensuite présenté ses vifsremerciements à l’Ambassadeur et àmonsieur Jérôme ROUX, artisan de lamission, ainsi qu’à toutes les personnesqui ont participé au succès de cettemission, dont l’intérêt principal est decréer des synergies en vue de favoriserle développement de relations d’affai-res entre les opérateurs économiquesdes deux pays.De son côté, l’ambassadeur a clôturé laséance en remerciant tous les partici-pants et rappelé que la mission a donnéun contenu aux discours du Chef del’état et du Roi qui ont insisté sur lamise en place d’un partenariat respon-sable dans les relations entre la RDC etla Belgique.Qu’on se rappelle, utilement, ces motsdu président de la république JosephKabila, qui avait notamment déclaré :“Que les investisseurs nationaux etétrangers se rassurent quant à notrevolonté d’entretenir avec le secteurprivé un partenariat actif, dans lerespect, bien entendu, des lois de laRépublique et des intérêts vitaux denotre pays.”

Patrice KAMANDA

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foire de LibrAmont

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isabelle Kibassa Maliba,mère de famille, comptableet administratrice de 3asbl, conseillèrecommunale à Tubize,militante au sein du PSdepuis 6 ans, venant del’internationale socialiste,se définit comme uneboulimique de la vie,“amoureuse de Brel et deMohamed Ali”.La politique, elle y esttombée depuis le berceau,puisque son père n’estautre que Frédéric KibassaMaliba, qui a été ministre àplusieurs reprises etprésident de l’UDPS(Union pour la Démocratieet le Progrès Social), leprincipal parti d’oppositionsous le Mobutisme.Dans ce numéro, nousévoquons quelques-uns dessujets qui lui tiennent leplus à coeur : sa doubleculture, la coopération audéveloppement et unepolitique plus solidaire ?

Le credo d’isabelle Kibassa ?

“Nous avons tous en nous un potentielde courage et d’abnégation. Avec del’audace en plus nous pouvons mêmeêtre des héros. Avec la solidarité, nouspouvons ériger des ponts. Avec de lavolonté et de l’intelligence, nous pou-vons remplir notre devoir : participerau progrès d’une nation. Et avec de lasagesse, les blessures de la vie serventà nous rappeler avec humilité d’où nousvenons afin d’ajuster notre trajectoirequand tout part en vrille.”interrogée par Andy Kalala, nous avonsrepris quelques-unes de ses réponses sursa double culture congolaise et belge, lepartenariat entre le Katanga, sa pro-vince d’origine et le Brabant wallon oùelle habite.

Une double culture

Sur sa double culture, elle explique : “Sipar là nous devons comprendre «pointd’intersection» entre les 2 pays… celapeut être moi ! Car authentique dansmes 2 identités. (Et d’autres belgo-congolais encore). Sous ma douche, jechante du Brel et du Koffi avec le mêmeplaisir de chanter la chanson d’uncompatriote. Quand je parle de «cheznous» en étant en RDC, je pense à laBelgique, et que quand je suis enBelgique «chez nous» c’est au Congo !

Sinon nous avons une part d’histoirecommune… avec beaucoup de chosesdouloureuses à revoir, des choses quidevraient nous pousser à rajuster le tir.”Quant au partenariat entre le Katanga,RDC et la province du Brabant wallon,elle explique que “signé en fin 2005, lepartenariat a du être réactivé en 2008 ;car de parts et d’autres des 2 provincesil y a eu changement de gouverneurs.Ce partenariat, il est vrai, est un peubalbutiant à mon goût, l’agent de liaisonque je suis est frustré, car je me re-trouve souvent en train de gérer desproblèmes de lenteurs bien africains…et faire coïncider les agendas desdécideurs est un défi d’équilibriste! Jedéplore aussi la tiédeur de la nouvellemajorité politique au niveau provincialMR-Ecolo, ils ont tout simplement jetéaux orties toutes les conventions si-gnées par l’équipe sortante PS-MR…(cherchez l’erreur !), les aides n’ontdonc pas été reconduites par exemple. ici comme il s’agit d’un partenariat ef-fectif, c'est-à-dire que ça fonctionnedans le sens nord-sud comme dansl’autre sens, nous avons tout recadrésur une forme de partenariat direct, ennégociant directement avec des entre-prises, des promoteurs des institutionsdésireuses de travailler au Katanga, etc.Ce lobbying commence à porter desfruits, nous avons des offres à concré-tiser : en agro-alimentaire (formation et

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diAsPorA

isAbeLLe KibAssA mALibA“je suis une bouLimique de LA Vie”

Propos recueillis parANDy KALALA

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échange de technique), pharmacie,enseignement, infrastructure médicaleetc.”

La coopération au développementComment voit-elle la coopération audéveloppement ?Selon moi, la coopération au dévelop-pement est avant toute chose, uneaffaire de cœur et de valeurs.

il faut la rendre plus efficace et la ren-dre aux citoyens, parce qu’elle touchede moins en moins le citoyen du Sud etéloigne le citoyen du Nord, car elledevient de plus en plus illisible ettechnocratisée. Elle peut parfois décou-rager une jeune ONG du Nord ou ungroupe local fondé sur des valeurshumaines et voulant concrétiser savolonté de solidarité avec des gens duSud… La coopération, c’est d’abord “œuvrerensemble”, ce qui revient pour nous,gens du Nord, à renforcer les opéra-teurs et gens du Sud. Nous devonsoublier nos préjugés, nos prudences decomptables, notre visibilité et oserplutôt la confiance et la modestie.

Car, l’avenir d’un pays et de ses popu-lations n’appartient qu’à lui. il importedonc de soutenir des programmes etdes projets réellement conçus par desgouvernements, des municipalités, desinstitutions publiques ou des organi-sations civiles locales. Les partenariats engagés à travers lemonde doivent se faire dans la plus to-tale transparence et dans le plus grandrespect mutuel. L’aide ne sera jamaisaussi efficace que lorsqu’on cessera deprendre d’une main ce que l’on donnede l’autre. Les écoles, les associations, les syndi-cats, les ONG, les autorités locales etnotamment les communes, les servicespublics régionaux et fédéraux, les dia-sporas ont également un rôle d’appuiet d’accompagnement à jouer pour quela volonté se traduise en réalisationsprofitables aux gens du Sud.

Comment atteindre cet objectif ? La coopération au développement estun outil essentiel pour atténuer lesinégalités, en conscientisant les popu-lations du Nord et du Sud, et en aidantces dernières à s’organiser pour faireface à l’adversité et prendre leur destinen main. Elle est utile, nécessaire, maispas suffisante pour changer radicale-ment l’ordre des choses. Elle ne doitpas servir d’alibi pour justifier, légitimeret ainsi renforcer un système dévoyé.

Quelle est la stratégie de votre partipour œuvrer dans ce sens ?Le PS continue résolument à s’inscriredans l’accomplissement des Objectifsdu Millénaire. Les secteurs prioritaires

d’intervention doivent être : santé,éducation, infrastructures de base(accès à l’eau potable, à l’électricité, autransport,…), agriculture (souverainetéalimentaire), renforcement de l’état dedroit et démocratisation des institu-tions (y compris société civile et syn-dicats), défense des droits humains(droits des enfants, travail décent,…),égalité hommes / femmes.Parmi les objectifs que son parti le PSassigne à la Belgique, pour atteindre lesobjectifs tant qualitatifs que quantitatifsqu’elle s’est fixée, et soucieux de pou-voir mettre en oeuvre des politiquesambitieuses, le PS propose, notamment,d’atteindre et pérenniser les 0,7%d’aide publique au développement parrapport au revenu national brut, objec-tif adopté par la plupart des pays richesdepuis des décennies et que seuls quel-ques états du Nord ont jusqu’ici atteint.En conclusion, dit-elle, aujourd’hui, plusque jamais, internationalisme, dialogueentre les Peuples et solidarité, doiventguider l’action socialiste.

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interVieW

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Mauricette Nsikingu évoqueson parcours en Belgique, avecHervé Doyen, le bourgmestrede Jette. Congolaise d’origine etcitoyenne belge, engagée enpolitique, Mauricette Nsikunguest aujourd’hui Présidente ducdH de Jette. Pour yambi, elleretrace son itinéraire dans sonpays d’accueil, dans uneinterview croisée avec HervéDoyen (cdH), le DéputéBourgmestre de la communede Jette. Comme beaucoup de Belgesd’origine congolaise engagés enpolitique, elle est une sorted’exemple de l’intégration de lapopulation congolaise immigréedans la communauté belge.Comment en est-elle arrivée là ?

Mauricette Nsikungu : Nous sommespour la plupart venus poursuivre nosétudes en Belgique. Pour ma part, j’avaisdéjà vécu à Bruxelles de 6 à 15 ans, avecmon père qui faisait un doctorat enchimie et donc pour moi, ce fut unretour. Quand on arrive, c’est le choc,tout d’abord on se retrouve seul loindes siens, ensuite on doit faire facefinancièrement… lot encore aujourd’huide beaucoup d’étudiants congolais.Une fois le diplôme obtenu, on décidede rester ou pas en Belgique selon lesattaches que l’on a. Moi, j’avais comp-tabilisé plus d’année en Belgique qu’enRDC et vu le contexte politique del’époque, je décidais de m’installer enBelgique ! il fallait régulariser sa situa-

tion, passer du statut d’étudiant à celuide résident ou, acquérir la nationalitébelge. Une fois le nouveau statut obte-nu, on se lance sur le marché del’emploi dont on a été longtempsécarté faute de permis de travail… Onest optimiste ! Désenchantement ! Onse rend compte que malgré notre nou-veau statut ou notre naturalisation, lemarché de l’emploi reste difficilementaccessible ! Si l’école est le premier lieud’intégration, et à ce niveau la mixitédans l’ensemble se fait, la rupture sesitue vraisemblablement après les étu-des, au moment de rentrer dans lemonde professionnel !Fort de ce constat, je me suis impliquéedans le monde associatif, mais je voulais

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Hervé doyen, bourgmestre de jette, en compagnie de mauricette nsikungu

diAsPorA et intéGrAtion

Propos recuillis par M. KUNGU

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aller plus loin : je ne voulais pas seule-ment me situer en aval, où l’on identifieet on pense les conséquences de cer-taines politiques, mais je voulais aussime situer en amont, là où les décisionsse prennent ! J’ai donc décidé de faireentendre ma voix au cdH !

il y a avant tout des hommes et des femmesHervé Doyen : Je suis toujours touchéd’entendre un témoignage de vie com-me celui de mon amie Mauricette. Celadonne à une politique d’immigrationtoute sa réalité, toute sa dureté, maisaussi toute la profondeur humaine. Lescitoyens “belges” voient trop souventl’immigration comme une menace alorsqu’il s’agit avant tout de démarchesindividuelles, de véritables choix de vie.Et cela me montre que sur notre pla-nète, il y a avant tout des hommes etdes femmes qui veulent trouver unchemin de vie.Ceci dit, l’enjeu de l’intégration resteentier, ... parce qu’on ne sait sans doutepas trop quelle est la vraie question del’intégration. Je vois fleurir sur les mursde Bruxelles un slogan qui me plait :“Finalement, est-ce qu’il n’y a pas tropd’étrangers sur cette planète ? ” C’estune manière humoristique de poser laquestion de notre “vivre ensemble”.Notre terre est devenue un village.Comment nous accepter différents ?Comment établir des règles de viecommunes ? Quelles sont les valeursqui vont tous nous rassembler plutôtque nous diviser ? Et quand je dis ça, jepense que l’on en arrive à la vraiequestion.

Q : il y a l’enjeu de l’intégration ici. Maisil y a aussi l’enjeu de la coopération “là-bas”. Comment voyez-vous cela?HD : Je n’ai pas une grande expertiseen matière de coopération, mais j’aiquand même la conviction qu’unepriorité doit être mise sur les initiativesvolontaires d’ici et de là-bas. C’est entravaillant avec les gens et non avec degros projets que l’on pourra faire untravail positif. La mise en place d’unemutuelle de santé au Sud-Kivu, en par-tenariat avec deux mutualités franco-phones belges, me semble un bonexemple de ce qu’il faut faire : trans-mettre l’expertise pour que des projetspuissent se développer avec les com-pétences et les ressources locales. Maiscela demande aussi un soutien desétats, tant financier qu’administratif.

Une coopération“win-win”

MN : Je voudrais faire un focus sur“Congo Event”, qui s’est déroulé le 07mai 2009. Congo Event rentre dans lecadre du projet “mobilité profession-nelle” entre la Belgique et la RDCdéveloppé par le CiRE et la MaisonAfricaine. Ce projet veut faire rencon-trer des candidats congolais ou belged’origine congolaise avec des entre-prises en RDC. Ce type de démarchepermet de répondre aux besoins de laRDC en matière d’emploi (formateur,profils spécifiques) d’une part, et d’au-tre part, de donner la possibilité aubelge d’origine congolaise en difficultésur le marché de l’emploi belge, depouvoir avoir des perspectives d’avenir.C’est ce que j’appelle une relation win-win ! Cela devrait s’étendre à d’autresdomaines de la coopération.HD : N’oublions pas non plus la ques-tion de la dette des pays du Sud. il n’yaura pas de coopération efficace etdonc développement économique du-rable, si les pays du Nord ne revoientpas fondamentalement leur position surcette question.

Q : Un de vos points communsaujourd’hui, c’est votre engagementpolitique local. Jette est une communepeu connue hors de ses frontières ;comment la décririez-vous ?MN : Jette, c’est ma commune et j’aiplus d’une raison pour y vivre et m’yinvestir ! Elle a l’atout d’être une com-mune à taille humaine. Entourée par lebois de Dieleghem véritable poumon,Jette est également une commune quibouge, avec ses festivals, son marchéannuel, sa patinoire en plein air ettoutes les activités proposés par leCentre culturel.Les enfants ont également leur place !Avec des écoles de proximité - ce quin’enlève rien à la qualité de l’enseigne-ment qui y est proposé - des activitésextras-scolaires, des espaces de jeuxpour les plus petits...Jette est également une commune quiveut rester belle, avec le prochain réa-ménagement de place Cardinal Mercier !HD : J’adore l’enthousiasme de Mauri-cette ! C’est agréable pour un Bourg-mestre d’avoir des citoyens qui parlentainsi de leur commune. Ceci dit, moinslyriquement, Jette est une communedite “moyenne”. Que ce soit en chiffrede population, de surface, de moyens, ...nous tournons toujours autour de lamoyenne régionale. Elle a aussi une vo-

cation familiale, donc une atmosphèrecalme. Nous sommes loin des strass etpaillettes des communes du centre oudes aisances des communes du Sud-Est.Donc, on attire moins les regards, c’estvrai. Mais il y a une vraie vie sociale.Seule ombre au tableau : notre finan-cement. Un problème d’assiette fiscalepour le foncier. C’est un problème quenous partageons avec les communes deBerchem et Ganshoren, d’ailleurs. Maison y travaille activement avec la Région.

Laisser les jeunesvivre leur expérienceQ : Mauricette Nsikungu, votre réussiten’est-elle pas atypique pour une femmeafricaine à Bruxelles ?MN : Pendant la campagne électoralede juin 2009, j’ai rencontré certainsjeunes belges d’origine congolaise à larue Neuve. J’ai été consternée d’enten-dre tant de défaitisme, et des phrasesempruntées, des réflexions déjà enten-dues (de toutes les façons, on ne trou-vera pas de travail…).De grâce, ne transmettons pas nospropres doutes à nos enfants, laissonsles vivre leurs propres expériences !Nos jeunes ont besoin de modèles deréussite et de héros ! J’appelle les mé-dias de la communauté à avoir unerubrique qui met en avant le parcourset la réussite de femmes et d’hommesnoirs hors de leurs pays d’origine dansdifférents domaines ; j’appelle égalementles autorités belges à soutenir toutesinitiatives allant dans ce sens.HD : Mauricette a raison. Portons desdiscours positifs. il est déjà assez diffi-cile de combattre les problèmes. Si enplus on se lamente dessus...

Q : Vous ne pouvez quand même pasnier qu’il est plus difficile pour un jeuneà la peau noire de trouver du travail !HD : évidemment que c’est un réelproblème. C’est même une honte dansun pays comme le nôtre.MN : En parler, c’est donner une exis-tence, reconnaître et donc aller vers larecherche de solutions. Je voudraisaborder ici, la notion de “la couleurnoire de la peau”, couleur à l’originedes discriminations que l’on rencontre.Je pense qu’il faut pouvoir nommer leschoses. On parle d’islamophobe, d’anti-sémite, à quand un terme pour dési-gner une personne qui discrimine surle simple fait de la couleur noire de lapeau ? Cette couleur ne me permet pasde fondre dans la population belgecomme par exemple les ressortissantsdes pays de l’Est, qui après une géné-

intéGrAtion

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ration sont confondus avec la popu-lation belge blanche. C’est égalementelle qui fait que l’on me ramènera tou-jours à mon pays d’origine même si jesuis plus blanc que blanc dans monmode de vie ! La question est donc desavoir comment faire accepter aux Bel-ges qui nous accueillent, ce métissage,ce brassage, la mutation de leur société ?Comme faire pour qu’ils puissent nousvoir comme des Belges à part entière ?Je suis consciente que nous avonségalement notre part de responsabilitédans le processus. Le débat est lancé !

La responsabilité des pouvoirs publicspour lutter contreles discriminations

HD : L’exemple doit venir des pouvoirspublics. il y a encore trop peu de per-sonnes issues de l’immigration dans lesadministrations publiques. Quand il seranormal pour la population d’avoir der-rière le guichet de la commune, devantle tableau noir ou dans la voiture depolice une personne de type méditer-ranéen ou africain, alors les entreprisessuivront. Mais il faut conjointement tra-vailler sur les qualifications ; ce n’est pastout le problème, mais il en fait parfoispartie.

Q : Comment voyez-vous chacun votreavenir politique ?MN : Bourgmestre en 2012 ! (RiRES)Soyons sérieux ! Je suis actuellementmembre du conseil d’administration duFoyer Jettois et présidente de la sec-tion cdH Jette. Je vais d’abord travaillerpour convaincre l’électeur et être élue

au conseil communal en 2012 et pourle reste… plaise à Dieu ou inch Allah !HD : Je ne suis pas encore à l’âge où onpeut dire que son avenir est derrièresoi. J’ai encore plusieurs projets quej’aimerais mener à terme, que ce soitau niveau régional ou comme Bourg-mestre. Et je dois aussi être respon-sable d’un nouvel équilibre que je viensde mettre en place au niveau com-munal. Mais il faut aussi rester raison-nable et accepter que l’avenir appar-tient à plus jeune que soi. Et doncMauricette a raison de me charrier unpeu.

Q : Quelle qualité appréciez-vous leplus l’un chez l’autre ?HD : Sa franchise !MN : Sa sérénité !

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diAsPorA

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il s’agit de Boris Cyrulnik, d’originefrançaise, psychiatre, éthologue,neurologue et psychanalyste ;Venantie Bisimwa Nabintu, d’ori-gine congolaise, qui est activiste desdroits de l’Homme ; Esther Duflo,d’origine française, économiste etHerman Van Rompuy, belge, Prési-dent du Conseil européen.Dans ce cadre, la République démo-cratique du Congo a été honoréepar notre compatriote VenantieBisimwa Nabintu, Secrétaire exécu-tive du Réseau des femmes pour ladéfense des droits et de la paix(women’s Network for Justice andPeace) en République démocratiquedu Congo. Une fonction qui la rendtrès active dans la recherche et ladénonciation des abus sexuels subispar les femmes du Sud Kivu, lorsdes conflits armés. En 2005, elle fitpartie du millier de femmes propo-sées à l'obtention du prix Nobel dela Paix. Son objectif est de con-tribuer à l’avènement d'une sociétédans laquelle les hommes et lesfemmes pourraient bénéficier d’unejustice équitable qui engendreraitune harmonie collective et favo-riserait la construction et le main-tien de la paix.

Jok OGA

Le 02 février dernier,l’Ambassadeur HenriMOVA SAKANyi aassisté à la fête del’Université deLouvain-la-Neuve, aucours de laquellequatre personnalitésont reçu le titre dedocteur honoris causa,autour du thème : “Lescrises, l'opportunitéd’innover”.

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une conGoLAise docteurHonoris cAusA de L’uniVersitécAtHoLique de LouVAin

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Le 5 juin 2010 a eu lieu àl’hôtel de ville de Bruxel-les, la sortie officielle dela Fédération desAssociations et desProfessionnels de la santéde la RépubliqueDémocratique du Congo,FAPS en sigle. Les professionnels de lasanté d’origine congolaisede Belgique ont eul’ingénieuse idée de créerla FAPS, une associationsans but lucratif de droitbelge en vue de participerau renforcement descapacités du système desanté en RépubliqueDémocratique du Congo.

Pour atteindre cet objectif, la FAPS s’estassignée le rôle fédérateur des associa-tions et des professionnels de la santépour : favoriser la synergie entre lesdifférentes associations de santé ; créerune interface entre la Diaspora et laRépublique Démocratique du Congo ; infine se placer comme groupe de pres-sion et de lobbying en matière de santépour la RDC. L’échevin de la ville de Bruxelles, Char-gé de la Solidarité internationale, BertinMamkapa a ouvert les travaux.L’événement s’inscrivait dans le cadredu cinquantenaire de la RépubliqueDémocratique du Congo. Un peu plusde soixante professionnels de la Santéont rehaussé de leur présence cettecérémonie.Plusieurs présentations étaient prévuesau programme de cette journée; no-tamment, la présentation de l’organisa-tion par le président de la Fédération, leDocteur Luabeya.D’autres professionnels de la santé ontdéveloppé des thèmes liés aux maladiesd’actualité tels que : le traitement parantirétroviraux en RDC par le Profes-seur Clumeck avec la collaboration duDr Kabeya ; le vaccin contre la malariapar Madame Uwamwezi de la firmeGSK. L’espace réservé à la Diaspora a étéanimé entre autre par Madame Rachelizizaw, présidente de l’ASBL TSHELAqui a fait un exposé sur Excellensis, unprojet de formation continue à dis-tance, initié par Madame la Vice-Pre-mière Ministre et Ministre de la Santé,Laurette Onkelinx.Le Docteur Elanga a partagé l’expé-rience du Centre Médical SpécialiséSchweitzer, engagé dans l’assistance auprocessus de transfert des malades dela RDC vers la Belgique mais aussi detransfert des compétences en ortho-pédie et en traumatologie, tandis queMadame Albertine Tshibilondi du Cen-tre d’Etudes Africaines et de rechercheinterculturelle a fait un exposé portantsur la place de la femme dans le déve-loppement.Pour allier l’utile à l’agréable, MonsieurPie Tshibanda n’a pas manqué de par-tager quelques réalités propres auxcommunautés migrantes en terre d’ac-cueil, dans le style “un fou noir au paysdes blancs”.

L’Ambassadeur de la République Dé-mocratique du Congo près le Royaumede Belgique, S.E.M. Henri Mova Sakanyi,invité d’honneur, a honoré de sa pré-sence cette cérémonie dès le début destravaux jusqu’en début d’après-midi.Dans son adresse, il a salué la volontédes compatriotes qui se sont liguéspour défendre une cause commune. ils’est félicité de l’initiative de la FAPS,inhérente aux aspirations des migrantsqui cherchent à jeter des ponts pourgarder les liens avec leur pays d’origine ;leur souci étant d’apporter leur pierreà l’édification de leur chère patrie qu’ilsont quittée pour diverses raisons. S.E.Ml’Ambassadeur a d’autant plus encoura-gé la FAPS, que la santé est au centredu développent humain et qu’elle in-fluence l’économie des pays.à l’issue de son intervention, l’échangeavec les membres de la diaspora a por-té sur la question de la double natio-nalité qui reste l’une des principalespréoccupations de la Diaspora.Dans sa réponse à cette préoccupation,S.E.M. l’Ambassadeur a indiqué que lesouci de la diaspora n’était pas ignorédu gouvernement congolais et, qu’ellereste d’actualité au niveau du parle-ment.Cette manifestation avait accueilli unautre invité d’honneur dans l’après-midi,en la personne de la Vice-premièreMinistre et Ministre de la Santé, Ma-dame Laurette Onkelinx, qui a confir-mé, par sa présence, la volonté decoopération entre les deux ministèresde la santé, belge et congolais, mani-festée au travers de l’accord de co-opération signé lors de sa dernièrevisite de février 2010 en RDC. il y a lieude signaler au passage que c’était lapremière fois que cette autorité belgefoulait le sol congolais.Elle a saisi cette occasion pour rappelerle cadre de cette coopération et s’estdéclarée prête à soutenir la FAPS. Lediscours de la Vice-première et Minis-tre de la santé, en affaire courante, a misl’accent, bien évidemment, sur la closestipulant l’implication de la Diasporacongolaise prévue dans le cadre de cetaccord bilatéral.

info : FAPS-RDC.org

Florence MBiLE

sAnté

sortie officieLLe de LA fPAs

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nouVeAu mAGAzine de LA communAuté conGoLAise

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Afin de participer à leurmanière, aux commémo-rations du Cinquantenaire,les animateurs du Groupe“Le Coin”, Jeanine Maisin(Coordinatrice générale) etAndré Bila, ont organisé cemardi 20 juillet 2010, dansle cadre de la salle desfêtes de l’ambassade de laRDC à Bruxelles, lelancement officiel de larevue : “Congolais fiers del’être”, le tout nouveaumagazine de société belgo-congolais.invité d’honneur,l’ambassadeur Henri MovaSakanyi, a félicité lesanimateurs de ce magazine,pour cette initiative, avantle baptême officiel de larevue.

JiKA

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nocturne de référence de Kinshasa,comme Matonge…Pour lui, la longue aventure de la vie estpartie de la commune de Bandal.L’homme évoque avec émotion sonécole d’enfance. L’école catholiqueSaint-Jean Baptiste de la Salle ! FrèreTshinkela ! Située dans le quartier“Sinkin”, dans le carré des avenuesMaduda, Lubuzi, Kasamvu, cette école aformé la plupart des “enfants de Ban-dal”. Si vous voulez connaître Bandal,essayez de le provoquer…. il vouscitera, année après année, tous les“vieux” de Bandal, toutes les anecdotesde cette commune : le mythique BigJohn, le célèbre Tshikosé avec qui, il aétudié à l’école primaire et qui de-viendra le protecteur du chanteurEmeneya et de son Victoria Eleison, yaGrand, le karateka Teddy Ndobo, le fouMangembo ya Lengos… Esenga porte en lui toute la mémoirede Bandal. il connaît chaque avenue decette commune, lui qui a habité juste enface de la station Tshibangu ! Enfant, ilest dans la foule effarée venue regarderla voiture accidentée de l’artiste BavonMarie-Marie, frère de Lwambo. Ledrame a eu lieu juste à côté de leurmaison ! Justement, dans leur “parcelle”,il y avait une maison d’édition musi-cale… il voit ainsi défiler toutes lesvedettes des années 60 et 70 :Pepé Kallé,wemba, Jeannot Bomenga, etc.Le “nsomi ya libinza” - c’est Fally ipupaqui l’a ainsi immortalisé dans sondernier album - est donc dans l’histoirede Bandal, donc de Kinshasa, donc duCongo, donc de l’Afrique ! Sa carrière professionnelle à Kinshasadébutera dans la Fonction Publique. in-specteur économique ! Nous sommesdans les années 1980. issu d’une famillenombreuse, l’homme doit se battrepour survivre dans cette ville de Kin-shasa déjà aux prises avec une criseéconomique qui n’en finit pas. D’aprèsles statistiques, ces années corres-pondent aux départs massifs desCongolais pour l’étranger, poussés parle souci économique de mieux gagnerleur vie. Esenga est dans le lot de cesnouveaux migrants volontaires que la

Cet éloignement physique avec leCongo le rend souvent nostalgique.Patriote, Congolais jusqu’aux ongles,Jean-Marie Esenga n’a jamais cessé depenser à ses origines. à son père, parexemple, cet instituteur si rigoureux, sidigne, un pur produit de l’école co-loniale. Jean-Marie Esenga pense aussi à sacommune préférée : Bandalungwa,“Ndal”, qu’il connaît comme sa poche.“Ndal”, dont il regrette l’évolutionrécente : jadis réputée “zone ya bakalaka”, ou “zone des intellectuels”,“Ndal” est devenu le lieu d’ambiance

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L’homme est né la mêmeannée et le même jour queson pays, la RépubliqueDémocratique du Congo.En 1960, le 30 juin ! Et comme son pays, Jean-Marie Esenga a fêté soncinquantenaire, cette année.Raison pour laquelle, pourle symbole, il tenait à êtreprésent à Kinshasa, au moisde juin, à l’occasion desfestivités du cinquante-naire de notre indépendance.il voulait, en effet, vivre en“live” cet événement histo-rique qui l’interpelle au plushaut point. Lui qui vit depuisvingt ans en Europe !

jeAn-mArie esenGAun “nsomi ya libinza”chef d’entreprise à Paris

crise économique chasse du pays. Commence alors pour notre homme,un parcours du combattant. Après desannées en Angola comme commerçant,il réussit à gagner l’Europe. D’abordl’Allemagne, et enfin la France. Paris, etses lumières. Paris et ses rêves. MaisParis, malgré ses lumières, est une villedifficile. Très difficile. Mais Esenga n’aqu’une arme : sa volonté de travailler.Légalement, honnêtement, selon lesprincipes de ses parents, ces bravespersonnes ancrées dans le catholicismeet le respect des lois. Toujours loin destentations multiples de Paris – “pimbo”,“chekula”, “coop”, etc. – le “nsomi yalibinza” poursuit son chemin, dans ladroiture. Pour Esenga, un seul mot d’ordre :travailler ! Le voilà donc dans la distri-bution des prospectus, alors que laplupart des Congolais n’aiment pas cetype de “caillou”, trop dur, et pas assezd’argent ! Mais Esenga reste droit dansses bottes. il faut se réveiller dès l’aube,malgré les rudesses du temps hivernal.L’homme s’y lance sans état d’âme. Desannées durant. Son courage et sonsérieux feront de lui l’un des meilleursdistributeurs de la ville de Paris. Lesboites de distribution se l’arrachent ! à force, il connaît toutes les ficelles dumétier. Alors, pourquoi continuer detravailler pour les autres ? Fort de sonexpérience, il finit par monter sa pro-pre boite : Mandouche et Cie PROS ! ila également fondé la Sarl DistraintsLivraison. Aujourd’hui, il emploie nonseulement d’autres compatriotes, maisd’autres distributeurs et livreurs dediverses nationalités ! Un exemple àsuivre…

Eddie TAMBwE

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Potion informAtique

Deux jeunes cadresd’origine congolaise sont àl’origine du lancement d’uncentre de formation eninformatique, à Bezons,dans la région parisienne.Leurs noms : Marie-FranceKayumba et StéphaneKakombe Funga Mukaba.Leur entreprise a pournom : Potion informatique,un centre qui propose à lafois des formations eninformatique pour lespersonnes qui souhaitenttravailler dans ce secteuret celles qui souhaitentenrichir leursconnaissances eninformatique. Potioninformatique offreégalement des servicesinformatiques auxentreprises.

à l’origine, les initiateurs pensaientseulement aider nos compatriotes àaccéder à la technologie informatiqueet par la même occasion aider audéveloppement informatique en RDC.Des démarches furent même entre-prises au pays pour enregistrer Potioninformatique. Qui est également en-registré en Grande Bretagne, au Bu-rundi et en Guinée Conakry : le centrey travaille avec des représentants per-manents sur des activités de vente etd’installation des supports informati-ques.Depuis le lancement de Potion infor-matique, en France, le centre dispensedes cours pour permettre aux étu-diants de suivre une carrière eninformatique et de bénéficier d'uneformation qui les prépare aux certi-fications CompTiA+ pour devenirtechnicien informatique en entrepriseentre autres.

un centre de formation fondé et animé par des congolais dans la région parisienne

Cours d’initiation

Le centre propose également des coursd'initiation à l'utilisation d'internet etdes cours de bureautique. D’autresthèmes peuvent être dispensés à lademande.Potion informatique s’adresse en règlegénérale aux Congolais, à la commu-nauté afro-caribéenne de France, qu'ilssoient jeunes ou moins jeunes, et à tousceux qui n'ont pas les moyens de suivredes études supérieures. Dans ces conditions, le centre est laporte idéale pour tous ceux qui ont dumal à entrer sur le marché du travail,tous ceux qui souhaitent développerdes notions en informatique ou enrichirleurs connaissances, tous ceux quisouhaitent tout simplement changer decarrière et se lancer dans l'informa-tique. De l’initiation à l’informatique à l’ad-ministration réseau, des cours sontproposés en anglais et en français. Auterme de ces formations, Potioninformatique accompagne les candidatsdans la réalisation de leur projet. Desateliers de recherche d’emploi et decréation d’entreprise sont organisés àcet effet.

Ouvrir un centre de formation à Kinshasa

Mais pour les initiateurs de Potion in-formatique, l’ambition est de revenir àl’idée première : ouvrir un centre deformation à Kinshasa. Le plus impor-tant pour eux étant d’œuvrer pour leurpays d’origine. En attendant, ils tra-vaillent sur un programme de forma-tion pour Kinshasa, permettant auxjeunes congolais d’acquérir une for-mation informatique rapide, efficace etde qualité supérieure, basée sur lademande des entreprises congolaises.L’idée sera d’organiser les trois mo-dules de formation actuellement pro-posés en France, mais de manièreaccélérée pour faire bénéficier auxjeunes congolais de la même qualité deformation dispensée en France, en lesfaisant financer, par exemple, par leursfamilles hors de la République Démo-cratique du Congo.Pour en savoir plus sur Potion infor-matique, visiter le site :www.potioninformatique.com oucontacter le centre à l’adresse mail :[email protected].

La rédaction

De g. à dr. : Margaret Chassaing, attachée marketing et commerciale ; Stéphane KakombeFunga Mukaba, directeur général et formateur, initiateur de Potion informatique ; Marie-

France Kayumba, responsable administrative et financière, initiatrice de Potioninformatique ; Kinkondja Kayumba, attaché financier et commercial

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clet wamba, champion du monde,Mendy, etc. Déçu, John se tournera vers les jobs,car il faut bien gagner sa vie. Le voilàdonc dans la sécurité. Nous sommes àl’époque des débuts de Quartier Latin. Koffi Olomide, grâce aux recomman-dations des amis communs, contacteMaître John pour sa sécurité et celle deson groupe. Une amitié va depuis lors,lier les deux hommes. Mais le parcours de Maître John, c’estaussi une certaine histoire de Paris. Villeoù, parfois, on confondait “sportifs” et“voyous”, car plusieurs sportifs se com-promettaient dans des affaires plus oumoins louches. C’est l’époque où l’onpayait des sportifs pour “corriger” sesennemis… Mais, en vrai sportif soucieux du res-pect du code moral et des valeurs demaîtrise de soi, Maître John refuse tou-te confusion de genre. Plus : il seramême amené à “corriger” publique-ment tous les sportifs-voyous de Paris.Nous ne citerons pas ici leurs noms !La séance est de toute façon restéemémorable. Le mythe Maître John, leMoïse, donc le sauveur des justes et desfaibles, était né !Depuis, respect ! Tout le monde estrentré dans les rangs ! John bénéficieraà partir de ce moment, d’une aura quilui permet aujourd’hui de rassembler.Rassembler les Congolais autour desvaleurs saines du sport. à ce sujet, il estdéçu par la prépondérance de la mu-sique dans la vie congolaise, au détri-ment du sport qui, plus que la musique,véhicule des valeurs saines et positives.Maître John est sidéré par tous cesjeunes congolais qui ne rêvent qued’être musicien, et de toutes ces jeunesfilles qui ne pensent qu’à devenir dan-seuses, malgré la dépravation des mœursque provoque souvent la musique. Ce souci l’a conduit à fonder l’associa-tion de tous les sportifs congolais, surle modèle de l’association des musi-ciens. Respectueux de ses aînés, il acontacté les catcheurs Edigwe, zefi,Pouma…Sur la même lancée, il s’est reconvertidans la production musicale sous lelabel “La Grâce de Dieu Production”.Le label a déjà produit plusieurs CD etDVD… Pour lui qui avait déjà managédes vedettes comme Madilu, Evoloko,Gina, wemba, Bozi, la production de laculture congolaise est un terrain qu’ilcompte bien développer, en respectantles valeurs d’équité. C’est ça, MaîtreJohn !

Eddie TAMBwE

L’histoire de Maître John débute évi-demment à Kinshasa, où il est un spor-tif surdoué, promu à un avenir sportifde premier plan. Dès la vingtaine, eneffet, il arbore deux ceintures noires enkaraté et en judo, sans compter sesperformances de boxeur. Mais les rêves du jeune sportif surdoué,sont hantés par l’Europe. John rêve, eneffet, d’une carrière professionnelle. il débarque pour ce faire en France en1986, la tête pleine d’ambitions. Carpour le jeune sportif sûr de ses capa-cités, il pensait qu’il suffisait de setrouver un bon manager pour voir sacarrière démarrer ! Mais très vite, laréalité européenne mettra fin à sesillusions. John se rendra compte, aprèsde nombreuses recherches, que la car-rière sportive, même en Europe, n’estpas aussi facile que l’on croit, surtoutquand il fera la connaissance de sesaînés comme Jo Kimpwany, Tex Ka-wankete, Jo Formose Mungongo, Ana-

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Sa légende plane sur Paris.il figure sans aucun douteparmi les Congolais lesplus connus de France.Maitre John, Moïse !Comme l’a si bien chantéson ami Koffi Olomide,dans l’album PapaBonheur. De son vrainom Monzali yabusele.Avec son physique degladiateur, de boxeurpoids lourd, il a conquisau propre et au figuré laville-lumière. Panama, villede toutes les joies, maisaussi ville de tous lesdangers.

mAître joHnle “moïse” de Paris

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besoin d’un coiffeur à Paris ?

C’est dans le secteur bouillant et mythique de“Château Rouge” ! Quartier de toutes lesexcentricités et de toutes les retrouvailles ! Endroit sordide, certes, mais c’est le lieuincontournable pour tout Congolais de Paris !

Pour acheter le dernier CD en vogue,pour acheter quelques mets bien dechez nous (pili-pili, malangwa, ngolo,chikwangue, etc.), vous êtes obligés depasser par Château Rouge ! Mais de Château Rouge, poursuivezvotre chemin jusqu’au métro Poisson-niers, si vous voulez vous faire coiffer.En sortant de la bouche du métro, troiscompatriotes, coiffeurs de premier plan,vous attendent dans leur salon, au nomévocateur : Mayi Ndombe ! Larges sourires aux coins des lèvres, lestrois boss vous accueillent dans uneambiance typiquement congolaise. ilss’appellent Mos Mossengo, Opika etAlphonso Nginamao ! Associés, touscoiffeurs pro, ils bossent comme asso-ciés, dans une harmonie étonnante. Le Salon est souvent rempli d’unemusique bien de chez nous, qui vouscaresse les oreilles comme le dernierKoffi, qui chante Tabou Ley ! Entre-temps, dans le brouhaha des con-versations des voisins, vous apprenezles dernières news du pays !

Kikie KiBAMBi

Le sALon mAyi ndombe !

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Le grand judoka congolaismAître KAmbA KAmuzunAnous A quitté

Le 10 février dernier, le monde sportifcongolais a perdu l’un des ses plusdignes représentants, en effet, MaîtreKamba Kamuzuna, le grand judokacongolais, plus connu sous lesobriquet d’ «états-Unis d’Amérique»est décédé à l’hôpital de Villiers-le-Bel,dans la banlieue parisienne (France).Ses obsèques ont eu lieu le samedi 27février à Sarcelles, où une foulenombreuse est venue assister à lamesse de requiem avant son inhu-mation au cimetière de la même ville.à cette occasion, l’Ambassade de laRépublique démocratique du Congoen Belgique avait envoyé unedélégation, conduite par Maître Kaza,représentant en Belgique de laFédération congolaise de Judo, venuemanifester sa solidarité auprès de lafamille du défunt.

Mtre Lifeta “Gorbatchev Poison”

De gauche à droite, Fabien Mafuta, Mtre Panchito, Mtre Le Mabe, Mtre Kaza, Mtre Kaski

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Le 25 février 2010, leComité des Ambassadeursde la SADC - Commu-nauté de Développementde l’Afrique Australe - atenu sa première réunionde l’année 2010 sous laprésidence del’Ambassadeur HenriMova Sakanyi. Un seul point à l’ordredu jour : la préparationde la Semaine de laSADC édition 2010.

Représentant de la RD Congo dans lesRoyaumes de Belgique et Pays-Bas, auGrand-Duché de Luxembourg et àl’Union Européenne, Henri Mova Saka-nyi est depuis septembre dernier, pré-sident du Comité des Ambassadeurs dela SADC à Bruxelles, suite au sommetSADC de Kinshasa où le président sud-africain Jacob zuma avait cédé, pourune année, les commandes de l’insti-tution sous-régionale au président Ka-bila.Au départ de Bruxelles, capitale del’Europe politique, siège de l’OTAN etde plusieurs autres institutions inter-nationales, les 15 états et 300 millionsde consommateurs potentiels de laSADC veulent attirer investisseurs ettouristes internationaux d’où le lance-ment réussi l’année passée – voir yambi2 – d’une semaine de la SADC dédiéeau tourisme et aux potentialités d’in-vestissement dans la région. En saqualité de Président du Comité desAmbassadeurs de la SADC, Henri Mova

L’AmbAssAdeur Henri moVAPréside Le comité des AmbAssAdeursde LA sAdc à bruXeLLes

Sakanyi a donc piloté les préparatifs del’édition 2010. Dans son mot introductif, l’Ambassa-deur rd-congolais avait souligné com-bien l’année 2009, s’est révélée “uneannée difficile” pour toutes les régionsdu monde, SADC incluse, “les consé-quences de la crise financière conti-nuant de se faire ressentir sur les éco-nomies respectives des pays de larégion.” à cet effet, il avait appelé les 15 états, à“redoubler d’ardeur dans la recher-chedes solutions aux problèmes com-muns” afin “d’améliorer la capacité àtravailler ensemble, échanger les pro-ductions respectives et partager lesconnaissances.” Concrètement le diplomate congolaispropose la publication d’une brochurecommune pour la promotion deséconomies de la SADC qui permettrait“d’accroître la visibilité de la région etfaciliter la prise en main de l’infor-mation sur les économies de la région”

Par Michael SAKOMBi

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à l’attention des investisseurs euro-péens et du monde. Sur le même point, l’Ambassadeur Mova,avait suggéré à ses pairs de la régionaccrédités à Bruxelles, de “stimuler uneréflexion approfondie sur l’intégrationrégionale dans la SADC” en réunissantdans une revue scientifique “une argu-mentation théorique et rigoureuse”fournie par diverses contributions pro-duites par des auteurs originaires de larégion ou tout autre scientifique nour-rissant un intérêt pour la SADC. Enoutre, pour accroître la visibilité de larégion, Henri Mova a proposé dès 2011,la publication d’un calendrier de laSADC, puissant outil de communica-tion, reprenant les drapeaux, présen-tations succinctes et diverses oppor-tunités des états membres SADC.En conclusion, félicitant les Hauts fonc-tionnaires pour le travail abattu dansl’évaluation de la semaine de la SADCpassée et dans la préparation de l’édi-tion 2010, le Président du Comité aouvert les travaux qui ont débouchésur le choix du tourisme commeprincipal thème de l’édition de cetteannée. Les débats clos, les Ambassadeurs etHauts fonctionnaires de la SADC sesont retrouvés dans le restaurant de laMaison ACP autour d’un déjeuneroffert par l’Ambassade de la RépubliqueDémocratique du Congo, présidente dela Communauté de Développement del’Afrique Australe à Bruxelles.

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VerViers reçoit L’AmbAssAdeur Henri moVA sAKAnyi

Dans son souci permanentd’être en contact avec lesautorités belges à tousniveaux ainsi que lacommunauté congolaise deBelgique dans toute saspécificité, en cette annéejubilaire, l’AmbassadeurMova Sakanyi s’est renduen visite officielle cesamedi 29 mai à Verviers,ville wallonne située à prèsde 100 km à l’Est deBruxelles. Deux tempsforts ont marqué cedéplacement du légatcongolais en Belgique :l’inauguration de la Maisondu Congo et la réceptionofficielle par les autoritésde Verviers, ville d’environ80.000 âmes dont près de2500 congolais.

Par Michael SAKOMBiCommunément appelée capitale wal-lonne de l’eau, pour ses nombreusesfontaines, Verviers a connu une at-mosphère particulière ce samedi 25mai dès 15 heures. Badauds et passants étaient curieux devoir la centaine de congolais agglutinésdevant le 23, rue Spintay, les nombreuxmicros et caméras des télévisions etradios locales ainsi que l’imposant dis-positif policier déployé pour recevoirl’hôte de marque du jour de la ville,l’Ambassadeur de la République Dé-mocratique du Congo en Belgique. à15h05, comme le protocole le stipulait,l’escorte policière motorisée et le cor-tège du premier diplomate congolaiss’immobilisent rue Spintay : l’Ambas-sadeur Mova est accueilli par Jean-François istasse, ancien Président duParlement de la Communauté Fran-çaise et échevin de la culture et desfinances de Verviers, ainsi que les re-présentants d’une dizaine d’associationscongolaises de la ville qui saluent leurreprésentant en Belgique.

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AmbAssAde

Une maison du Congoà VerviersLes salutations passées, l’ambassadeurcongolais a coupé le ruban symboliquede la Maison du Congo et effectué unevisite des lieux sous la direction duprésident du CORECO (Communautédes Ressortissants Congolais de Ver-viers), Claude Massa, association àl’origine de cette initiative. Sur troisétages, avec différentes salles multi-fonctionnelles dont une bibliothèque, laMaison du Congo se définit comme “unespace de rencontre, d’échange et devisibilité du Congo à Verviers” ainsid’après le président du CORECO, laMaison du Congo servira de “centre derayonnement” de la culture congolaiseà Verviers avec au programme diversesactivités culturelles, telles le théâtre, desexpositions, etc.Présenté par d’aucuns comme l’un despolitiques congolais les plus culturels,Henri Mova Sakanyi, lors du cocktail enla salle de réception de cette maisoncongolaise, se dira “très ému” d’inaug-urer la première maison du Congo enBelgique depuis son accréditation, enjuillet 2009. Pour l’Ambassadeur Mova, qui a sou-haité que l’homme congolais “revienneà ses fondamentaux, à savoir sa culture,ce qu’il a de plus cher”, si loin de chezlui, “sans calcul politique” et ce malgréles péripéties traversées par le pays cesdeux dernières décennies, cette inau-guration est le “signe de la renaissancede l’homme congolais en Belgique”.

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VerViers

Soutien sans faille de l’Ambassade

Félicitant les différentes associations quiont rendu cette “merveilleuse” ini-tiative possible, il a lancé un appel à lacommunauté congolaise de Belgiquepour qu’elle “suive l’exemple des frèreset sœurs de Verviers” afin que danstout le plat pays s’érigent des maisonsdu Congo auxquelles il promet un“soutien sans faille” de la repré-sentation diplomatique qu’il dirige. Autre signe de créativité culturelle desassociations congolaises de Verviers,Aline Ntwala, coordonatrice de l’ABEC(Action pour le Bien-être Commu-nautaire) a présenté à l’AmbassadeurMova un livre de gastronomie con-golaise édité par son association dontl’objectif est de “valoriser la cuisinecongolaise” et “soutenir les produc-tions des maraîchères et paysannescongolaises” encadrées par l’ABEC etentrant dans les compositions de cesrecettes dont les bienfaits nutritifs sontdétaillés par un diététicien dans l’ou-vrage.

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Match de foot en salle

Après le cocktail, l’Ambassadeur Movaet sa délégation se sont rendus à pied,au désormais ancien centre culturelcongolais de Verviers, à une centaine demètres de la Maison du Congo, ensuitele légat congolais a clôturé le voletcommunautaire de sa visite sur unenote sportive, donnant le coup d’envoid’un match de football en salle organisépar des jeunes d’origine congolaisedont l’international du Standard deLiège, Axel witsel. Le volet communautaire passé, ladélégation diplomatique s’est dirigée àl’Hôtel de Ville de Verviers pour laréception officielle où elle a étéaccueillie, au nom du bourgmestre etdu collège des échevins, par Jean-François istasse, pour une visite guidéedes lieux, dont les authentiques salonsLouis XVi et l’imposant Théâtre de laVille avec sa splendide fresque centrale.La visite achevée, l’Ambassadeur Movaet sa délégation se sont rendus en lasalle des Fêtes de l’Hôtel de Ville pourla réception officielle.

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Réception à l’Hôtel de Ville

Dans son mot de circonstance, M.l’échevin Jean-François istasse a remer-cié l’Ambassadeur Mova pour sa venuequi “honore” Verviers, soulignant quec’est “la première visite officielle d’unambassadeur congolais dans la ville”. il aaussi déclaré que sous sa direction,dans le cadre du Cinquantenaire del’indépendance du Congo, la ville deVerviers a lancé une programmationculturelle afin de commémorer l’in-dépendance du Congo avec la com-munauté congolaise de la ville, “une desplus importantes de Verviers”. Révé-lant avoir été à l’école primaire à Ki-sangani (ex-Stanleyville), Jean-Françoisistasse a souhaité que le Cinquan-tenaire soit “un moment de renforce-ment des relations belgo congolaises”. Pour sa part, l’Ambassadeur Mova aremercié la Ville de Verviers pourl’accueil chaleureux, tout en souhaitantque l’harmonie régnant à Verviers en-tre autorités de la ville et la com-munauté congolaise “serve d’exempleaux deux pays pour consolider les liensbelgo congolais séculaires” en cetteannée jubilaire. Ensuite, au nom de laville, M. istasse a remis un cadeau àl’Ambassadeur Mova, puis l’a invité àsigner le livre d’or de la ville. Dans uneambiance conviviale, la réception offi-cielle a suivi son cours autour d’uncopieux buffet congolais servi sous desairs de rumba bien de chez nous.

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Le 12 juin dernier, M. l’ambassadeur HenriMova Sakanyi a été l’hôtede la ville de Soignies dansle Hainaut, en wallonie,située à environ quarantekilomètres de Bruxelles, àl’occasion la Journéed’Amitié et de Solidaritéavec le Congo, organiséepar l’Association CongoSans Frontière, dans lafoulée des festivités ducinquantenaire del’indépendance de la RDC.

soiGnies AuX couLeursdu conGo

Par David PUTU

AmbAssAde

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à cette occasion, lors du toast qu’il aprononcé en l’honneur de l’Ambassa-deur de la RDC en Belgique, M. Marcde Saint Moulin, Bourgmestre de Soi-gnies, a annoncé qu’un projet de con-struction d’une ligne de tramway à Kin-shasa, était en cours d’étude dans sa ville. Le Bourgmestre n’a pas manqué l’occa-sion d’exprimer l’attachement profondde sa ville et, d’une manière globale,celle de la Belgique, pour la RDC. Laproximité entre les deux peuples necesse de se renforcer, a-t-il dit avantd’ajouter que ce rapprochement estune conséquence logique de l’histoirecommune des deux pays, faite de dé-chirements, certes, mais également depages glorieuses. Dans sa réponse, l’Ambassadeur Movas’est déclaré sensible à différentes ex-périences et autre expertise que laBelgique apporte au Congo, qui dans lecadre de l’immense chantier de recon-struction qu’est devenu le pays, attendplus d’ouverture et plus d’engagementde la part de ses partenaires tradi-tionnels. M. Mova s’est félicité, en outre, del’initiative de Congo sans Frontières qui,tout en levant les barrières, porte desprojets concrets de développement, àimpact visible, au bénéfice des popu-lations congolaises. Le diplomate congolais a encouragé lesdeux peuples à partager la même visionfondée sur l’exigence de respect et dedialogue. Cette journée d’amitié avec la RDC,s’est achevée par une soirée multicul-turelle, animée jusque tard dans la nuit,par des groupes belges et congolais.


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