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Les banques françaises profitent du redemarrage de la croissance en Europe RESULTATS SEMESTRIELS 2015-Q2 DES BANQUES FRANCAISES Les banques françaises ont surfé au deuxième trimestre sur la reprise progressive de la croissance en Europe. En témoignent la baisse continue de leur coût du risque (provisions pour faire face au ris- que d’impayés) et, surtout, la hausse significative de leurs encours de crédit. En France, ces encours aug- mentent ainsi de 0,8 % dans le réseau de BNP Paribas par rapport au deuxième trimestre 2014, ils pro- gressent également de 2,2 % dans les enseignes du groupe Crédit Agricole (atteignant 500 milliards d’euros) ou encore de 2,7 % dans les réseaux Banques Populaires et Caisses d’Epargne. Dans l’ère actuelle de taux bas, la demande de crédit est particulière- ment dynamique chez les particu- liers. Elle concerne en premier lieu les prêts à l’habitat, avec des encours en hausse de 3 % dans les caisses régionales du Crédit Agricole, de 6,7 % chez LCL ou de 4,9 % dans les Caisses d’Epargne. En outre, même si les taux des crédits ont atteint des planchers, les marges à la produc- tion restent à un bon niveau. LCL souligne ainsi avoir été « la première banque française à relever les taux de crédit immobilier sans que cela n’ait eu un impact sur la croissance des volumes ». A la Société Générale, cette course au crédit a même per- mis d’élargir la base de ses clients au premier semestre : au total, la ban- que a ouvert 185.000 nouveaux comptes dans ses réseaux. La production de crédits à la con- sommation connaît également un vrai redémarrage. Elle progresse par exemple de 17 % au premier semestre chez les Banques Popu- laires. La tendance est aussi perceptible du côté des entreprises et des clients professionnels. Chez LCL, les encours de crédit aux pro- fessionnels ont même bondi de 5,7 % en un an. Nouvelle sur ce mar- ché, La Banque Postale en a aussi bénéficié. Ses encours de crédit aux personnes morales atteignent 8,1 milliard d’euros, en progression de 66 % par rapport au second semestre 2014. La Société Générale a ainsi vu le résultat net de sa banque de détail dans l’Hexagone progresser de 11,8 % (hors PEL-CEL). En revan- che, le résultat avant impôt du réseau France de BNP Paribas a reculé de 5,2 %. La banque de la rue d’Antin pâtit notamment de la forte vague de renégociations des crédits immobiliers. Effet de change avec le dollar Pour Natixis, BNP Paribas et la Société Générale, les activités de marché ont par ailleurs largement contribué aux performances globa- les du deuxième trimestre. « Ces activités ont bénéficié de l’effet change avec un dollar fort. La volati- lité provoquée sur les marchés du fait des incertitudes sur l’avenir de la Grèce ont aussi profité aux dérivés actions », explique Romain Bur- nand, gérant chez Moneta. BNP Paribas a ainsi vu les revenus de son pôle de banque de financement et d’investissement progresser de 15,6 %. A la Société Générale, les activités de marché et services aux investisseurs ont aussi vu leurs revenus croître de 16,2 % entre avril et juin. Cette dynamique pourrait toutefois ne pas se répéter au troi- sième trimestre, traditionnelle- ment pénalisé par une activité plus faible sur les marchés. Ces bonnes performances ne détournent toutefois les grands groupes bancaires de leurs pro- grammes de réduction de coûts, qui visent notamment à compenser la hausse des coûts réglementaires. V. Ch. et S. W. Les grands réseaux bénéficient d’une reprise de leurs encours de crédit à l’habitat, à la consomma- tion et aux entreprises. Jeudi 6 août 2015 Les Echos

Banques : un 2015-Q2, signe de reprise ou miroir d'illusions ?

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Page 1: Banques : un 2015-Q2, signe de reprise ou miroir d'illusions ?

Les banques françaises profitent du redemarrage de la croissance en Europe

RESULTATS SEMESTRIELS 2015-Q2 DES BANQUES FRANCAISES

Lesbanquesfrançaisesontsurféaudeuxième trimestre sur la repriseprogressive de la croissance enEurope. En témoignent la baissecontinue de leur coût du risque(provisions pour faire face au ris-qued’impayés)et,surtout,lahaussesignificative de leurs encours decrédit. En France, ces encours aug-mentent ainsi de 0,8 % dans leréseau de BNP Paribas par rapportaudeuxièmetrimestre2014,ilspro-gressent également de 2,2 % dansles enseignes du groupe CréditAgricole (atteignant 500 milliardsd’euros) ou encore de 2,7 % dans lesréseaux Banques Populaires etCaisses d’Epargne.

Dans l’ère actuelle de taux bas, lademande de crédit est particulière-ment dynamique chez les particu-liers. Elle concerne en premier lieulesprêtsàl’habitat,avecdesencours

en hausse de 3 % dans les caissesrégionales du Crédit Agricole, de6,7 % chez LCL ou de 4,9 % dans lesCaisses d’Epargne. En outre, mêmesi les taux des crédits ont atteint desplanchers, les marges à la produc-tion restent à un bon niveau. LCLsouligne ainsi avoir été « la premièrebanque française à relever les taux decrédit immobilier sans que cela n’aiteu un impact sur la croissance desvolumes ». A la Société Générale,cette course au crédit a même per-misd’élargir labasedesesclientsaupremier semestre : au total, la ban-que a ouvert 185.000 nouveauxcomptes dans ses réseaux.

Laproductiondecréditsà lacon-sommation connaît également unvrai redémarrage. Elle progressepar exemple de 17 % au premiersemestre chez les Banques Popu-laires. La tendance est aussiperceptible du côté des entrepriseset des clients professionnels. ChezLCL, les encours de crédit aux pro-fessionnels ont même bondi de5,7 %enunan.Nouvellesurcemar-ché, La Banque Postale en a aussi

bénéficié. Ses encours de crédit auxpersonnes morales atteignent8,1 milliard d’euros, en progressionde 66 % par rapport au secondsemestre 2014.

La Société Générale a ainsi vu lerésultat net de sa banque de détaildans l’Hexagone progresser de11,8 % (hors PEL-CEL). En revan-che, le résultat avant impôt duréseau France de BNP Paribas areculé de 5,2 %. La banque de la

rue d’Antin pâtit notamment de laforte vague de renégociations descrédits immobiliers.

Effet de change avec le dollarPour Natixis, BNP Paribas et laSociété Générale, les activités demarché ont par ailleurs largementcontribuéauxperformancesgloba-les du deuxième trimestre. « Cesactivités ont bénéficié de l’effetchange avec un dollar fort. La volati-

litéprovoquéesurlesmarchésdufaitdes incertitudes sur l’avenir de laGrèce ont aussi profité aux dérivésactions », explique Romain Bur-nand, gérant chez Moneta. BNPParibasaainsivulesrevenusdesonpôle de banque de financement etd’investissement progresser de15,6 %. A la Société Générale, lesactivités de marché et services auxinvestisseurs ont aussi vu leursrevenus croître de 16,2 % entre avril

et juin. Cette dynamique pourraittoutefois ne pas se répéter au troi-sième trimestre, traditionnelle-ment pénalisé par une activité plusfaible sur les marchés.

Ces bonnes performances nedétournent toutefois les grandsgroupes bancaires de leurs pro-grammesderéductiondecoûts,quivisent notamment à compenser lahausse des coûts réglementaires.— V. Ch. et S. W.

Les grands réseauxbénéficient d’une reprisede leurs encours de crédità l’habitat, à la consomma-tion et aux entreprises.

Jeudi 6 août 2015 Les Echos