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ÉCONOMIE Le dispositif est jugé contraire à la Constitution mais l’essentiel de la loi Macron a p ar ailleurs été validé. Le Conseil Constitutionnel a v alidé l’essentiel de la loi « pour l’activité, l a c roissance e t l ’ é galité des chances économiques » dans la nuit de mercredi à jeudi. M ais parmi l es quelques dispositions censurées figure une mesure phare : l e plafonnement des dommages et intérêts accordés p ar les prud’- hommes en cas de licenciement sans cause r é elle et sérieuse. L e C onseil Constitutionnel n’en conteste pas le principe, mais le fait que le montant arrêté diffère selon les effectifs de l’employeur condamné. Emmanuel Macron veut proposer un nouveau dispositif « acceptable par le Conseil constitu- tionnel » dès septembre. Leïla de Comarmond, modifié Eric Leger - VENDREDI 7, SAMEDI 8 AOÛT 2015 // LESECHOS.FR La loi pour la croissance, l’activité et l’égalité des chances économiques d’Emmanuel Macron a donné du fil à retordre aux sages de la rue Mont- pensier. Leurs débats ont été encore plus longs que ceux de la semaine dernière, sur la loi renseignement. Ce qui a conduit le Conseil constitu- tionnel à publier sa décision mer- credi un peu avant minuit. Il faut dire que ce texte couvre des sujets aussi divers que polémiques : du plafonnement des indemnités pour licenciement abusif aux prud’hom- mes au travail du dimanche, en pas- sant par les transports en autocar, la réforme des professions adminis- trées ou encore la publicité pour le vin. Il était donc probable que les sages viennent lui apporter quel- ques coups de rabot. C’est ce qui s’est produit : si de nombreuses mesures ont passé l’épreuve sans encombre (voir ci-contre), 23 articles sur 308 ont été partiellement ou totalement censurés (lire ci-dessous). « Les juges constitutionnels ont donné leur accord à la quasi-totalité de la loi », s’est félicité le Premier ministre, Manuel Valls, affirmant que « le mouvement de réformes pour lever les blocages, libérer les initiatives et amplifier la reprise de la croissance continue ». « Nous allons appliquer les mesures au plus vite», assure le ministre de l’Economie, Emmanuel Macron. Sur le travail du dimanche, il a déjà saisi cette semaine les élus concernés par les futures zones internationales et les gares où des commerces pourront ouvrir le dimanche en application de sa loi et compte prendre très vite, « d’ici au 15 septembre », les décrets et arrêtés nécessaires. Il table par ailleurs sur l’ouverture rapide d’une cinquantaine de lignes de liaisons routières par autocar au total. Mais si effectivement nombre de mesures de sa loi vont pouvoir dès à présent s’appliquer, la censure du Conseil constitutionnel a tout de même amputé sa loi d’au moins une disposition emblématique : le pla- fonnement des dommages et inté- rêts que peuvent obtenir les salariés devant les prud’hommes en cas de licenciement abusif en fonction de l’ancienneté du salarié et de la taille de l’entreprise. Les syndicats opposés La mesure était dénoncée par les syndicats et le Syndicat de la magis- trature, qui a mené la fronde. Mais ils se sont gardés de crier victoire. Il faut dire que le Conseil constitu- tionnel n’a pas contesté le principe d’un tel plafonnement, au motif de l’objectif d’intérêt général avancé : « Assurer une plus grande sécurité juridique et favoriser l’emploi. » En revanche, il a retoqué le choix d’un critère de taille de l’entreprise qui « n’est pas en lien avec le préjudice subi par le salarié ». Emmanuel Macron n’a pas l’intention de lâcher l’affaire. « Nous allons travailler à des solutions tech- niques qui prennent en compte les remarques du Conseil constitution- nel et ferons à la rentrée des proposi- tions au Premier ministre et au prési- dent de la République », précise-t-il aux « Echos », soulignant que les autres dispositions sur la justice prud’homale inscrites dans sa loi ont été validées, notamment le rac- courcissement de la durée des pro- cédures. Le ministre note aussi que le Code du travail intègre actuelle- ment un critère d’effectifs : depuis 1973, en cas de licenciement sans cause réelle et sérieuse par une entreprise de plus de 11 salariés, l’indemnité est de six mois de salaire au minimum. « Il faut qu’on reprenne l’exercice sur le plan juridi- que pour comprendre les conséquen- ces de la décision du Conseil constitu- tionnel, y compris sur la loi de 1973, et qu’on élabore un nouveau méca- nisme acceptable par le Conseil cons- titutionnel », explique-t-il. Reste à savoir dans quel texte législatif une telle disposition pour- rait s’insérer. En tout cas, le futur successeur de François Rebsamen est prévenu : le ministre de l’Econo- mie compte bien continuer à s’occuper de droit du travail. n l Le Conseil constitutionnel a validé l’essentiel de la loi Macron. l Le plafonnement des dommages et intérêts pour licenciement abusif a cependant été censuré. Emmanuel Macron : un regard sur sa droite (ie socialisme libéral) Une grande majorité de mesures avalisées l Si de nombreux articles ont été censurés, la très grande majorité du texte est validée. Ainsi, la libéralisation du transport par autocar sera mise en œuvre rapidement. l Sont aussi validés la réforme du permis de conduire comme le renforcement de la lutte contre la fraude aux travailleurs détachés. l L’extension du travail le dimanche également. Il sera possible aux commerces situés dans les nouvelles zones touristiques internationales d’ouvrir le dimanche sous réserve de trouver un accord avec les syndicats. Dans les autres zones urbaines, les magasins pourront fonctionner le dimanche dans la limite de 12 fois par an suite à l’approbation du maire. l Autres dispositions de la loi qui entrera en vigueur, les retraites chapeaux seront sérieusement encadrées. Et, en cas de difficulté économique, la possibilité pour une entreprise de négocier avec ses salariés une augmentation du temps de travail sans hausse de salaire contre un maintien de l’emploi sera assouplie.

La refonte des dispositions relatives aux prud'hommes a reçu un (au) revoir !

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Page 1: La refonte des dispositions relatives aux prud'hommes a reçu un (au) revoir !

ÉCONOMIE Le dispositif est jugé contraire à la Constitution mais l’essentiel de la loi Macron a p ar ailleurs été validé.Le Conseil Constitutionnel a v alidé l’essentiel de la loi « pour l’activité, l a c roissance e t l ’ é galité des chances économiques » dans la nuit de mercredi à jeudi. M ais parmi l es quelques dispositions censurées figure une mesure phare : l e plafonnement des dommages et intérêts accordés p ar les prud’-hommes en cas de licenciement sans cause r é elle et sérieuse. L e C onseil Constitutionnel n’en conteste pas le principe, mais le fait que le montant arrêté diffère selon les effectifs de l’employeur condamné. Emmanuel Macron veut proposer un nouveau dispositif « acceptable par le Conseil constitu-tionnel » dès septembre.

Leïla de Comarmond, modifié Eric Leger - VENDREDI 7, SAMEDI 8 AOÛT 2015 // LESECHOS.FR

Laloipourlacroissance, l’activitéetl’égalité des chances économiquesd’EmmanuelMacronadonnédufilàretordreauxsagesdelarueMont-pensier.Leursdébatsontétéencoreplus longs que ceux de la semainedernière, sur la loi renseignement.Ce qui a conduit le Conseil constitu-tionnel à publier sa décision mer-credi un peu avant minuit. Il fautdire que ce texte couvre des sujetsaussi divers que polémiques : duplafonnementdesindemnitéspourlicenciement abusif aux prud’hom-mesautravaildudimanche,enpas-santparlestransportsenautocar,laréforme des professions adminis-trées ou encore la publicité pourle vin.

Il était donc probable que lessages viennent lui apporter quel-quescoupsderabot.C’estcequis’estproduit :sidenombreusesmesuresont passé l’épreuve sans encombre(voir ci-contre), 23 articles sur 308

ontétépartiellementoutotalementcensurés (lire ci-dessous). « Lesjugesconstitutionnelsontdonné leuraccord à la quasi-totalité de la loi »,s’est félicité le Premier ministre,Manuel Valls, affirmant que « lemouvement de réformes pour leverles blocages, libérer les initiatives etamplifier la reprise de la croissancecontinue ». « Nous allons appliquerles mesures au plus vite», assure leministredel’Economie,EmmanuelMacron.

Sur le travail du dimanche, il adéjà saisi cette semaine les élusconcernés par les futures zonesinternationales et les gares où descommerces pourront ouvrir ledimanche en application de sa loiet compte prendre très vite, « d’iciau 15 septembre », les décrets etarrêtés nécessaires. Il table parailleurssurl’ouverturerapided’unecinquantaine de lignes de liaisonsroutières par autocar au total.

Mais si effectivement nombre demesuresdesaloivontpouvoirdèsàprésent s’appliquer, la censure duConseil constitutionnel a tout demêmeamputésaloid’aumoinsunedisposition emblématique : le pla-

fonnement des dommages et inté-rêtsquepeuventobtenirlessalariésdevant les prud’hommes en cas delicenciement abusif en fonction del’ancienneté du salarié et de la taillede l’entreprise.

Les syndicats opposésLa mesure était dénoncée par lessyndicats et le Syndicat de la magis-trature, qui a mené la fronde. Maisils se sont gardés de crier victoire. Ilfaut dire que le Conseil constitu-tionnel n’a pas contesté le principed’un tel plafonnement, au motif del’objectif d’intérêt général avancé :« Assurer une plus grande sécuritéjuridique et favoriser l’emploi. » Enrevanche, il a retoqué le choix d’uncritère de taille de l’entreprise qui« n’est pas en lien avec le préjudicesubi par le salarié ».

Emmanuel Macron n’a pasl’intentiondelâcherl’affaire.« Nousallons travailler à des solutions tech-niques qui prennent en compte lesremarques du Conseil constitution-nel et ferons à la rentrée des proposi-tionsauPremierministreetauprési-dent de la République », précise-t-ilaux « Echos », soulignant que lesautres dispositions sur la justiceprud’homale inscrites dans sa loiont été validées, notamment le rac-courcissement de la durée des pro-cédures.

Le ministre note aussi que leCode du travail intègre actuelle-ment un critère d’effectifs : depuis1973, en cas de licenciement sans

cause réelle et sérieuse par uneentreprise de plus de 11 salariés,l’indemnité est de six mois desalaire au minimum. « Il faut qu’onreprenne l’exercice sur le plan juridi-que pour comprendre les conséquen-cesde ladécisionduConseil constitu-tionnel,ycomprissurlaloide1973,etqu’on élabore un nouveau méca-

nisme acceptable par le Conseil cons-titutionnel », explique-t-il.

Reste à savoir dans quel textelégislatif une telle disposition pour-rait s’insérer. En tout cas, le futursuccesseur de François Rebsamenest prévenu : le ministre de l’Econo-mie compte bien continuer às’occuper de droit du travail. n

l Le Conseil constitutionnel a validél’essentiel de la loi Macron.l Le plafonnement des dommageset intérêts pour licenciement abusifa cependant été censuré.

Emmanuel Macron : un regard sur sa droite (ie socialisme libéral)

Une grande majoritéde mesures avalisées

l Si de nombreux articles ontété censurés, la très grandemajorité du texte est validée.Ainsi, la libéralisation dutransport par autocar seramise en œuvre rapidement.l Sont aussi validés la réformedu permis de conduirecomme le renforcementde la lutte contre la fraudeaux travailleurs détachés.l L’extension du travaille dimanche également. Il serapossible aux commerces situésdans les nouvelles zonestouristiques internationalesd’ouvrir le dimanche sousréserve de trouver un accordavec les syndicats. Dansles autres zones urbaines, lesmagasins pourront fonctionnerle dimanche dans la limitede 12 fois par an suite àl’approbation du maire.l Autres dispositions de la loiqui entrera en vigueur,les retraites chapeaux serontsérieusement encadrées.Et, en cas de difficultééconomique, la possibilité pourune entreprise de négocieravec ses salariés uneaugmentation du temps detravail sans hausse de salairecontre un maintiende l’emploi sera assouplie.

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