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DEMAIN SERA UN AUTRE JOUR... RECUEIL DE NOUVELLES SUR LES DROITS DES ENFANTS ECRITES ET ILLUSTREES PAR LA CLASSE DE CM1A DE L’ECOLE JACQUES MAJORELLE DE MARRAKECH

Demain sera un autre jour

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Page 1: Demain sera un autre jour

DEMAIN SERA UN AUTRE JOUR...

RECUEIL DE NOUVELLES SUR LES DROITS DES ENFANTS

ECRITES ET ILLUSTREES PAR LA CLASSE DE CM1A DE L’ECOLE

JACQUES MAJORELLE DE MARRAKECH

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LE PAPILLON MAGIQUE

Un conte chinois

Ecrit et illustré par: Sophia Lasmolles Rayan Fettrelet Ismaïl El Idrissi Lylia Lahmadi

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C'est l'histoire d'un petit garçon âgé de 7 ans prénommé Yong et de sa petite soeur Yuki, âgée de 5 ans. Courageux et gentils, les deux enfants ha-bitaient dans un quartier pauvre de Shenzhen en Chine avec leurs parents jusqu'au jour où ceux-ci sont morts dans un accident de voiture quand ils al-laient rendre visite à un membre de leur famille. Yu-ki avait 3 ans et Yong 5 ans. Du jour au lendemain, les deux enfants sont devenus orphelins. Originaires d’une région de l’Ouest de la Chine, personne ne fut capable de les recueillir. Maintenant, ils ne vont plus à l'école et sont obligés de mendier dans les rues pour survivre. Sans argent, ils portent des ha-bits déchirés. Dans les rues, tous les enfants riches se moquaient d’eux. Chaque jour, quelques personne leur donnaient un peu d’argent ou un peu de riz. Les pauvres petits mendiants regardaient avec envie les autres enfants qui avaient des parents et une mai-son. Eux, ils n’avaient rien et devaient mendier comme toujours.

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Un jour, Yong et Yuki étaient en train de mendier tristement quand soudain la petite fille de-manda: « Yong, je peux mendier de l'autre côté du quartier. Peut-être j'aurai un peu plus de chan-ce... ». Yong hésita mais finit par laisser sa sœur aller mendier ailleurs. Au bout d'un long moment, ne voyant pas sa sœur revenir, alors le garçon s'inquiéta et se mit à sa recherche.

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De l'autre côté du quartier, Yuki aperçut un très joli papillon doré qui volait autour d'elle. Amusée, elle se mit à le suivre et alla de plus en plus loin. Au bout d'un moment, toujours en pour-suivant le drôle de papillon, elle arriva dans la gran-de gare de Shenzhen. Soudain, le papillon disparut. La petite fille se rendit alors compte qu'elle était complètement perdue ! Paniquée, elle se mit à pleurer. Elle se demandait comment retrouver son frère dans une ville aussi grande. La gare était im-mense et il y avait beaucoup de monde. Personne ne faisait attention à la petite fille.

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Soudain, au milieu de la foule, un homme l'appela: « - Yuki !!! Est-ce que c'est bien toi ? Yuki, c'est moi, c'est papa ! -Papa ??? Est-ce que c'est bien toi ? Mais, mais... Je croyais que tu étais mort... répondit la petite fille. -Non, je n’étais pas mort. J’étais endormi après l’accident. J’ai dormi pendant 2 ans, ma petite. Mais, aujourd’hui, je suis réveillé et je suis là. -Oh Papa ! Je suis si contente ! Ca fait si longtemps que je ne t’ai pas vu, si tu ne peux pas savoir com-me tu m’as manqué, pleurait de joie la petite Yuki. -Qu'est-ce que tu fais là toute seule ? Pourquoi pleurais-tu ? demanda son père. -Je... j'ai suivi un drôle de papillon tout doré et c'est lui qui m'a amené ici, dans cette gare. Mais, sou-dain, il a disparu ! Je pleurais parce que j'étais per-due et que je ne sais pas où est Yong... -Viens avec moi ! On va à sa recherche ! » décida le gentil papa.

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Pendant ce temps, Yong cherchait déses-pérément sa sœur dans toutes les rues de Shenzhen. Soudain, il aperçut un papillon doré qui tournait au-tour de sa tête et qui semblait lui indiquer une di-rection. Très étonné, il se mit à le suivre. Le papil-lon tourna à gauche puis à droite. Tout à coup, le garçon aperçut sa petite sœur accompagnée d'un homme: « - Papa ? Papa, est-ce que c'est toi ? demanda le pe-tit garçon. -Et oui, c'est moi ! C'est incroyable que nous nous retrouvions comme ça, par hasard, dans cette gran-de ville ! dit le père. -Mais, tu n'es pas mort ? interrogea le garçon très étonné. -Non, après l'accident, je suis tombé dans le coma et on m'a amené dans un hôpital loin d'ici. Je me suis réveillé il y a 3 jours seulement. Depuis, je suis à votre recherche. »

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Yong demanda à sa sœur: « - Et toi, où étais-tu ? J'étais très très inquiet. -J'ai suivi un papillon doré jusqu'à la gare. Puis, il a disparu et c'est là que j'ai rencontré Papa. -C'est bizarre, répond le garçon, je viens de suivre un papillon moi-aussi et au moment où il a disparu, je vous ai vus ! -A mon avis, c'était un papillon magique ! s'écria Yu-ki -Mais, ça n'existe pas les papillons magiques ! dit Yong. -La preuve que si ! rétorqua la petite fille. Yong et Yuki s'installèrent alors avec leur père dans une nouvelle maison. Depuis ce jour, ils vont chaque jour à l’école et ils portent même un uniforme. Ils ont des habits neufs et mangent à leur faim. Ils se sont fait plein d’amis. Leur vie de men-diant n’est désormais plus qu’un mauvais souve-nir...

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LE SAVIEZ-VOUS ? La Chine a longtemps caché la situation des enfants des rues. Pourtant, la politique de l’enfant unique a entraîné de nombreux abandons d’enfants. Malgré de récents progrès, le trafic d’enfants, les disparités entre les différentes régions en matière de santé et d’éducation restent problématiques pour les enfants des rues en Chine. Malgré les initiatives gouverne-mentales de réduction de la pauvreté, la répartition des richesses reste très inégale en Chine. Environ 4,2 millions d’enfants sont considérés comme vi-vant dans des conditions de pauvreté extrême ; par ailleurs, on estime que près de 9 millions d’enfants sont « défavorisés ». Les familles les plus touchées par la pauvreté sont celles vivant en région rurale ou issues de minorités ethniques. On estime encore aujourd’hui à 150 000 enfants en Chine qui n’ont pas d’habitat. (Source: Humanium.org)

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KIDNAPPING A LUBANGO !

Ecrit et illustré par: Ranya Belliraj Lina Benomar Soufian Barka Ghali Raoundi Joumana Mjadli

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En 1995 vivait dans un village angolais un petit garçon nommé Angelo Monédro. C'était un enfant de 11 ans très noir de peau. Il avait des yeux vifs de couleur marron, des cheveux noirs et frisés. Il habitait avec ses parents dans un petit village près de Lubango. Typique de la brousse angolaise, le vil-lage comportait quelques cases qui servaient de maisons à toutes les familles, quelques champs, des chèvres et des vaches. Un jour, comme chaque matin, Angelo se leva tôt pour aller à l'école des missionnaires car il devait parcourir 7 km à pied à travers la brousse pour s'y rendre. Il devait faire attention car il avait entendu au village que de nouvelles milices du Front National de Libération de l'Angola étaient dans le coin. Ils tuaient tout le monde, volaient tout le bétail et brûlaient les maisons. Ils étaient à la re-cherche de nouvelles recrues aussi et ils kidnap-paient les enfants pour en faire des soldats.

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Sur le chemin, il devait traverser une ri-vière et passer par un pont. Malheureusement, le pont était gardé par une nouvelle milice. Des ado-lescents gardaient l'entrée, armés de fusils. Angelo essaya de passer timidement mais tout à coup, un militaire sortit d'un camion et lui ordonna: « -Minute, toi ! Où est-ce que tu crois pouvoir al-ler ? Monte dans le camion ! -Non, je dois aller à l'école ! Laissez-moi tranquille, bande de sauvage ! » répondit imprudemment le jeune Angelo. Le soldat s'énerva, lui donna une violente gifle, l'at-trapa et le jeta dans le camion. L'enfant était très malheureux. Le camion était rempli d'enfants des environs kidnappés comme lui...

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Ils arrivèrent dans un camp effrayant et très ancien au milieu de la jungle. Les enfants dor-maient sur le sol. Les militaires leur donnaient de la mauvaise nourriture: de l’eau croupie qui venait d’un puits très sale, un peu de viande séchée ac-compagnée de manioc. Les soldats conduisirent les nouvelles recrues dans une tente. Angelo était très inquiet. Il regarda, apeuré, autour de lui. Il y avait des soldats et des armes partout. Puis, un homme vient les voir et leur présenta un flacon à respirer. C’était de la drogue ! Quand Angelo respira dans la flacon, sa tête se mit à tourner et il sentit les battements de son cœur qui s’affolait. Le militaire amena à chacun des enfants un prisonnier et il leur ordonna de les tuer. Angélo ne voulait tuer personne. Il refusait de toutes ses forces mais il sentait que son cerveau me fonction-nait plus. Un soldat lui donna une gifle qui rendit sa joue toute rouge. Angelo pleurait et hurlait en mê-me temps. Les adultes lui criaient dessus : « Allez ! Tue-le ! Tue-le ! Ou c’est moi qui te tue ! » Angelo prit son fusil, pointa le canon vers le prisonnier et en fermant les yeux, appuya sur la gâchette…

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Après l’avoir tué, Angelo ne ressentit plus aucune émotion car il était sous l’effet de la drogue mais, il ressentait une douleur incroyable dans sa tête. Il ne savait plus ce que c’était d’être un enfant. Les jours passèrent et Angelo ne pensait même plus à s'enfuir. On lui avait comme lavé le cerveau. Les drogues l'empêchait de réfléchir, ce qui lui faisait du bien car sinon, il faisait des cauche-mars en repensant à l'homme qu'il avait tué. Puis, un jour, ils partirent attaquer un vil-lage riche et grand qui s’appelle Yenit. Sur une montagne, pendant que les paysans faisaient du troc, les soldat se camouflèrent et s’approchèrent douce-ment des maisons. Mais le village était déjà occupé par une autre milice, des MPLA. Dès qu'ils virent les soldats du FNLA, ils se mirent à tirer dessus à la mitraillette. Les autres aussi tirèrent dans tous les sens. Angelo n’eut même pas le temps de tirer lui aussi car il se prit une balle dans le bras. Tout devint noir dans sa tête et il s'écroula.

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Lorsqu’il se réveilla, de longues heures après, il n'y avait plus personne. Le village brûlait. En croyant qu'il était mort, les soldats l'avaient lais-sé là avec les autres cadavres. Il souffrait de sa bles-sure au bras. Il aperçut un vieil homme nommé Charlie qui l’observait. Sa maison était proche. Il était très surpris de voir un cadavre vivant. « -Que fait tu là, jeune homme ? demanda Charlie. -Je…j’ai tué un…un homme, on… on m’a forcé... Je ne suis pas un soldat, je suis un enfant. Je ne sais plus…Je suis blessé au bras, bredouilla Angelo. -Je vais t’emmener au camp de la croix rouge, c’est un camp de refugié pour les gens qui n’ont plus de famille ni de maison, ni rien à manger, lui proposa Charlie. -Mais d’abord il faut enlever la ba…balle d...d…dans le bras ! gémit le jeune garçon. -Je pense que les médecins de la croix rouge pour-ront te soigner, lui répondit le vieux monsieur. »

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Charlie emmena Angelo au camp de la croix rouge à pied. Le camp occupait une grande place car il y avait plus de dix milles refugiés et plus de 500 tentes toutes avec la fameuse croix rouge. Il y avait de l’herbe mais aucune autre plante. On donnait à manger dans des tonneaux et à boire dans des bidons. Charlie emmena vite Angelo chez un médecin qui le soigna, puis lui met un pansement. Angelo poussait de grands cris. Le médecin lui indi-qua qu’il lui fallait une semaine pour se rétablir. Et effectivement, une semaine plus tard, il était guéri. Il vivait dans une tente avec d’autres enfants. Ils n’a-vaient rien à faire et personne ne jouaient, personne ne souriait. Les gens semblaient enfermés dans leurs têtes.

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Puis, un jour, quelqu’un de l’Unicef arriva et demanda au jeune Angelo comment il se nommait. Angelo lui répondit : « Je m’appel-le Angelo Monédro et j’ai 11 ans. Je viens d’un petit village près de Lubango. L’homme lui dit : « Viens avec moi, tes parents nous ont signalé ta disparition, ils nous ont appelés. » Angelo s’é-cria : « Quoi ?! Mes parents ? Comment ça se fait ? Oui, je veux les revoir ! Je ne veux plus de cette guerre ! » Quand il retrouva ces parents, Angelo remercia de tout son cœur l’homme de l’Uni-cef. Il cria à ses parents : « Quel bonheur de vous avoir retrouvés ! » Angelo retrouva alors sa vie d’avant, ses amis, son école. Pourtant, pen-dant longtemps, il fit des cauchemars.

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LE SAVIEZ-VOUS ? L’utilisation abusive des enfants en cas de conflits ne se limite pas au port d’arme ni à la parti-cipation directe au conflit. Certains enfants, garçons et filles, sont utilisés comme messagers, es-pions, porteurs, cuisiniers, voire comme bouclier ou comme objet sexuel. C’est particulièrement le cas dans les groupes armés non-étatiques : les rebel-les, les guérillas, les groupes terroristes, etc. Cer-tains enfants sont kidnappés ou recrutés de force, tandis que d’autres rejoignent les groupes armés parce qu’ils pensent ne pas avoir d’autres choix. Ce sont des enfants pauvres, discriminés, abu-sés, traumatisés à vie.

Dans les années 2000, sur les 300 000 enfants-soldats estimés, la moitié était africain.

La guerre civile en Angola a débuté en 1975 à son indépendance. Elle a duré presque trente années. De nombreuses milices armées (MPLA, UNITA, FNLA, etc.) se sont combattus et ont utilisé beau-coup d’enfants dans cette guerre.

(Source: Unicef et wikipedia)

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CE N’EST PAS MA FAUTE...

Ecrit et illustré par: Yacout EL Gorai Achraf Belkziz

Inès Graigaa Aya Jahidi Ali Kitane

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Mohamed Bouchrit était un garçon âgé de 10 ans. Cheveux châtains, yeux marron, de taille moyenne, il vivait avec son père à Mar-rakech au Maroc. Toujours très mal vêtu, il n'avait quasiment pas d'amis. Malheureusement, la mère de Mohamed était morte en lui donnant naissance. Depuis, Rachid, son père, écrasé par le chagrin, s'était mis à boire tous les jours. Ivre et déprimé, il perdit rapidement son travail, ce qui rendit encore pire sa situation. Mohamed se faisait souvent battre par son père lorsque celui-ci était saoul car il lui reprochait la mort de sa femme adorée. Maltraité et détesté par son pro-pre père, Mohamed était un enfant triste et ren-fermé sur lui-même. Ses résultats à l'école étaient catastrophiques car il n'arrivait pas à se concentrer et chaque mauvaise note lui valait d'être battu. Sa passion, c'était le football mais il ne pouvait jamais y jouer à cause de son père, qui lui refusait presque toujours de sortir et de s'amuser. Chaque jour, après l'école, il enfer-mait son enfant à clé dans sa chambre.

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Un jour, Mohamed rentra à la maison avec une évaluation à faire signer par les parents où il avait eu D, la pire note de la classe. Il la donna à son père en bégayant: « Papa, heu... Il faut que, heu.... ». Mohamed avait peur et tremblait comme une feuille. Dès que Rachid aperçut le D, il tira l'en-fant par le cou et le fit rentrer de force dans sa chambre. Mohamed criait « Papa, s'il te plait, ce n’est pas ma faute, Papa, s'il te plait, ce n’est pas ma faute... ». La violence a été dure ce soir là... Dans sa chambre, le garçon pleurait beaucoup et se demandait pourquoi son père était si méchant avec lui car il ne savait pas ce qu'il lui avait fait. Soudain, l'enfant s'arrêta de pleurer. Il avait dé-cidé de s'enfuir de sa maison. Il se confectionna alors une corde avec ses draps de lit. Il avait réfléchi à ce plan depuis longtemps. Quand il descendit par la fenêtre, il faisait heureusement nuit. Il y avait à peu près un an, il avait découvert une cabane aban-donnée dans un terrain vague. Il eut l'idée d'y passer la nuit.

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Au matin, il partit au marché dans l'es-poir d'y trouver à manger et peut-être un travail. Par surprise, il rencontra son oncle, Jalil, le frère aîné de son père. Jalil était directeur de l’école Bou-chrit près du centre-ville... L'oncle regarda Moha-med et aperçut sur son visage les traces de coups. «-Qu'est-ce qui t'arrive, mon petit Mohamed ? Tu as l'air triste. Et quelles sont ces cicatrices ? le ques-tionna-t-il, très étonné. -Heu... Je.... Je suis tombé par terre... répondit ef-frayé le garçon. -Ce n'est pas possible ! Tu as été battu ! Qui t'a fait ça ? C'est ton père ? gronda l'oncle. L'enfant avoua: « Oui, oncle Jalil... C'est lui... Il me bat toujours. Il est méchant. Je n'en peux plus. J'ai décidé de m'enfuir de la maison et de me débrouil-ler pour vivre. Même pauvre, ce sera toujours mieux que de rester avec lui. -Mais tu ne peux pas vivre comme ça ! Tu sais quoi ? On va aller chez moi. Je vais te préparer à manger et pendant ce temps, je vais passer un coup de fil à ton père et aller le voir, annonça le gentil oncle.

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Pendant que Mohamed se reposait chez son oncle, celui-ci rendit visite à son frère avec l'in-tention de le ramener à la raison: « -Mais pourquoi bats-tu ton fils ? Tu as vu dans quel état il est ? Tu n'as pas honte ? demanda très en colè-re Jalil. -Ce n’est pas ma faute ! Ce n’est pas ma faute ! Tu ne peux pas comprendre ! Mêle-toi de tes oignons ! répondit furieusement le père qui était déjà très saoul. -Non, ça me concerne aussi ! C'est mon neveu et tu es mon frère ! Je ne peux pas vous laisser comme ça. Tu dois arrêter de boire et retrouver un travail, refaire ta vie ! Ca fait 10 ans maintenant que ta fem-me, Leila, est morte. Tu dois oublier et recommen-cer à vivre ! -Tu vas la fermer espèce de …. ! tonna le père qui devenait fou en entendant le nom de sa femme. Tout à coup, il donna un violent coup de poing à Jalil, ce qui déclencha une bagarre entre les deux frères. Ils roulèrent par terre et soudain, Ra-chid reçut un énorme coup sur la tête, ce qui le ré-veilla de son ivresse.

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Complètement sonné, il se prit la tête et commença à pleurer. Il venait de réaliser sa folie. Il gémit: « Mais, que fais-je ? Mais qu'est-ce que je suis devenu ? Je bats mon fils et maintenant, je me bats avec mon frère. Ma femme est morte, j'ai per-du mon travail. Je bois de l'alcool pour oublier et je deviens fou. Ce n’est pas ma faute. C’est le chagrin. Leila m’a abandonné, ce n’est pas ma faute. -Oui, frérot, tu deviens fou et tu es en train de dé-truire ta vie et celle de ton fils. Tout ça est de ta fau-te. Ce n’est pas celle de Leila ou de ton fils. C’est toi qui est malade. Mais, si tu veux, je peux t'aider à en sortir, proposa gentiment Jalil. -Il faut que j'arrête cette pagaille entre nous, cette pagaille dans ma tête... Je ne sais plus quoi faire ni ce que je fais... -La seule solution, c'est d'arrêter l'alcool et de re-trouver un travail. Je vais t'aider, ne t'inquiète pas. -Tu crois que je pourrai ? Tu es sûr de toi ? -Mais oui, ça marchera, fais-moi confiance, tu t'en sortiras !

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Jalil tint sa promesse et amena son frè-re à l’hôpital pour qu’il arrête de boire de l’al-cool. Ensuite, il lui trouva un poste d’assistant dans son école. Rachid inscrit son fils dans cette école. Il lui trouva aussi un club de foot, car c’é-tait sa passion. Il lui acheta de nouveaux habits et des tenues de foot. Mohamed était à nouveau très fier.

Un jour, quand Mohamed revint d’un match où son équipe avait gagné, il dit à son pè-re : « Merci papa ! Grâce à toi, je suis heureux. » Rachid lui répondit : « Merci à toi, mon fils, c’est toi le bonheur de ma vie. »

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La situation des enfants battus dans le mon-de La violence se rencontre dans les écoles, les établis-sements spécialisés (tels que les orphelinats et au-tres établissements de soins), dans la rue, sur le lieu de travail et dans les établissements pénitentiaires. Les enfants sont confrontés à la violence chez eux, au sein de leur famille et de la part d'autres en-fants. Une faible proportion des actes de violence commis contre les enfants entraînent leur mort, mais le plus souvent, la violence ne laisse même pas de traces visibles. C'est pourtant l'un des plus graves problèmes auxquels les enfants soient confrontés aujourd'hui. Au Maroc, une étude sociologique de l’UNICEF de 2005 portant sur plus de 5000 enfants révèle que 87% des enfants disent avoir été frappés, 73% des enseignants reconnaissent utiliser les châtiments corporels et 61% des parents reconnaissent frapper leurs enfants.

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BONJOUR LA VIE...

Ecrit et illustré par: Ali Touqui Aya Ouaiss

Sarah Mouajih Ahmed Benchekroun

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C’est l’histoire d’une petite ouvrière dans le textile âgée de 9 ans qui s’appelait Leila. Les yeux marrons et en amande, brune, maigre et très sensible, la pauvre petite fille vivait au Pakistan à Islamabad. Les parents de Leila sont morts dans un accident de voiture. Depuis ce jour, Leila et Moha-med, son petit frère âgé de 6 ans, handicapé des mains, vivaient dans une pièce de 9 m2 dans le sous-sol d'un vieux bâtiment. Leila travaillait durement pour pouvoir nourrir son petit frère. Elle a commencé à travailler dans une usine de textile à l’âgée de 6 ans, 15 heures par jour quasiment sans s’arrêter. La seule pause dont elle bénéficiait, c' était quand on lui donnait un bol de riz avec un peu d’eau après 5 heures de travail. Cha-que matin, elle se levait à 5 heures pour partir au travail. L’usine où elle travaillait fabriquait des t-shirt imprimés qui étaient ensuite revendus en Eu-rope et aux USA dans les grands magasins. Le prix d’un t-shirt vendu en Europe correspondait à envi-ron 3 mois de salaires des petites ouvrières. L’usine employait principalement des jeunes filles car leurs petites mains et leurs yeux étaient très appréciés dans la couture. Elles ne coûtaient pas cher au di-recteur de l’usine. Le directeur de l'usine s'appelait Rachid. Il était gros, riche et vulgaire.

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Leila fabriquait environ 50 habits en une journée. Elle était exploitée comme toutes les au-tres filles de l’usine car elle ne recevait qu’une tou-te petite somme d’argent en échange de son dur travail. Cependant, le directeur aimait beaucoup Leila car elle travaillait bien et obéissait toujours. Mais le travail était très dur. Elle était toujours tris-te et fatiguée. Un matin, le directeur lui donna de l’ar-gent pour aller chercher 5 bobines de fil dans un magasin qui se trouvait à 2km de là . Il lui faisait confiance car Leila ne protestait jamais. « - Leila ! Va chercher du fil rouge chez Kamal, le vendeur de fil. Hurla Rachid. -D’accord, monsieur. Répondit l’enfant. - 5 rouleaux ! Tu prendras le chariot pour me les ramener. Je te donne 500 roupies. Ne les perds pas ! Ou sinon gare à toi ! Je te fais confiance. -Oui monsieur. Je ferai attention répondit la jeune fille apeurée . »

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Elle prit le chariot et se mit en route. El-le était heureuse car c’était rare lorsqu’elle sortait de l’usine et voyait le soleil. D’habitude, elle restait 15h par jour entre les murs de béton de l’atelier où travaillaient une centaine d’ouvrières comme elle. Arrivée au magasin, elle chercha l'argent mais elle se rendit compte que sa poche était trouée à cause des aiguilles qu'elle y mettait. La petite fille recher-cha l’argent qu’elle avait perdu et refit 3 fois le tra-jet sans jamais le trouver. Quelqu’un avait du le trouver et le prendre. .Leila avait peur de se faire battre par le directeur. Elle ne savait plus quoi faire. et elle com-mença à pleurer silencieusement. A ce moment-là, un taxi s’arrêta devant elle et un couple de touristes en descendit.Ils y avait un homme et une femme, la femme s'appelait Françoise et l'homme s'appelait Gérard . Ils avaient l'air gentils, étaient bien vêtus. Ils venaient de France, de Lyon plus précisément. Ils trouvèrent la pauvre fille assise en train de pleurer. Le couple était curieux de savoir ce qu’elle avait.

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« -Qu’est-ce que tu as, petite fille ? demanda en an-glais le mari, pourquoi pleures-tu ? -Hhheu, je…. Je…., bégaya Leila impressionnée par ce couple d’étrangers qui lui souriait. Leila par-lait le Hurdu comme la majorité des pakistanais mais elle connaissait un peu d’anglais qu’elle avait appris avec ses collègues de l’usine. -Allez, n’aie pas peur, on ne va pas te manger, rassu-ra la femme. -Heu, je travaille dans une usine et le directeur m’a donné de l’argent pour acheter du fil. Mais j’ai per-du l’argent ! J’ai perdu l’argent ! Leila se remit à pleurer. -Calme-toi et raconte-nous ce qui s’est passé, de-manda Gérard. -Je ne sais pas, répondit Leila. Quand je suis arrivé au magasin, je n’ai plus trouvé l’argent. Ma poche est trouée et je n’ai pas fait attention. Le directeur va me punir si je rentre sans son argent ou sans son fil. Il va me battre et ne me paiera pas ce mois-ci. Comment on va faire pour manger si je n’ai pas mon salaire ? gémit la petite fille. -Ne pleure plus, ma pauvre petite. On va te prêter l'argent et tu vas pouvoir acheter le fil. Ne t'inquiè-te pas. »

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Le couple donna 500 roupies pour qu'elle puisse acheter le fil. Elle se rendit chez Kamal et acheta les bobines demandées. Puis, elle revint à l'usine. Les français eurent pitié de Leila et pri-rent la décision de rencontrer le directeur. Depuis qu'ils étaient mariés, Gérard et Françoise n'avaient pas eu d'enfant. Depuis quelques années, ils pen-saient à adopter un enfant mais n'avaient jamais eu le courage de choisir. Ils attendaient une occasion. La rencontre avec Leila fut cette occasion. L'idée d'adopter cette petite fille qui souffrait beaucoup commença à germer dans leurs têtes. Une fois arrivé à l'usine, Françoise et Gé-rard rencontrèrent directement le directeur. Gérard lui demanda : « - Bonjour. C'est bien vous le directeur de l'usine ? -Oui, c'est bien moi le directeur, répondit Rachid. Que puis-je faire pour vous, cher monsieur ? -C'est bien vous le patron de Leila ? Demanda Fran-çoise. -D'où connaissez-vous Leila ? s'écria le directeur, subitement méfiant.

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-Nous avons rencontré dans la rue une de vos ou-vrières, Leila. Elle nous a raconté son histoire, sa triste histoire. Nous avons été charmé par cette en-fant et nous souhaitons l'adopter, elle ainsi que son frère. Elle nous a dit que c'était vous son tuteur lé-gal. Seriez-vous d'accord ? - Ah mais, on n'est pas au supermarché ici. On ne prend pas mes enfants comme cela. Leila est une de mes meilleures ouvrières. Elle m'est très chère... Très très chère, vous comprenez ? Si vous vous vou-lez Leila et Mohamed, ce sera 100 000 roupies. » Françoise et Gérard étaient choqués. Non seule-ment, le directeur faisait travailler des enfants dans son usine mais en plus, il les vendait à ceux qui vou-laient les aider. « -La somme qu'il demande est énorme ! dit Gé-rard. -Écoute. Essaie de discuter avec lui. Fais comme si tu voulais négocier le prix. Moi, pendant ce temps, je vais me renseigner auprès de la police pour voir s'ils peuvent nous aider, annonça Françoise. »

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Pendant que Gérard négociait avec le di-recteur, Françoise appela la police et leur expliqua toute l'histoire. La police connaissait bien Rachid, le directeur, car il avait déjà eu des problèmes et fait de la prison. Rachid n'employait que des enfants dans son usine et souvent, il ne payait pas ses im-pôts. La police décida d'intervenir et d'arrêter en-core une fois Rachid. Quand ils arrivèrent sur pla-ce, Rachid paniqua et chercha à s'enfuir. Mais, un des policiers se jeta sur lui et lui passa les menottes. Les agents décidèrent d'inspecter l'usine. Non seu-lement, ils trouvèrent les enfants ouvriers, mais dans une salle, ils trouvèrent également beaucoup de marchandises volées. Ils le mirent directement en prison. L'usine ferma et les enfants furent re-cueillis par une association du quartier. Gérard et Françoise décidèrent de rallonger leurs vacances pour mieux connaître Leila et Mohamed. Chaque jour, ils emmenaient les enfants au parc pour jouer avec eux.

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Au bout de 3 mois, ils demandèrent aux deux enfants : « -Vous savez, les enfants, nous n'habitons pas ici mais en France. C'est un beau pays. Nous voudrions Gérard et moi que vous veniez avec nous et que vous deveniez nos enfants. Nos vrais enfants... Qu'en pensez-vous ? ». Leila n'en croyait pas ses oreilles. Bien sûr qu'elle était d'accord ! Et Moha-med aussi ! Enfin une maman et un papa ! Les deux français adoptèrent les enfants. Après de longues démarches administratives, ils pri-rent l'avion pour la France. Lorsqu'ils arrivèrent à la maison, Leila était tellement heureuse qu'elle dit alors : « Bonjour la vie ! »

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LA VENGEANCE

DE KHADIJA

Ecrit et illustré par: Chahinda Bouziane

Ghita Zitouni Ghita Yassine

Younès Soubki Israa Lakhdari

El Ghali Addine

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C'est l'histoire d'une petite fille marocai-ne qui se prénommait Khadija Ben Mounia. Âgée de 8 ans, de taille moyenne, plutôt mince, elle avait des cheveux noirs qui lui arrivaient jusqu'aux épaules. Elle vivait auparavant dans un pauvre village de montagne près d'Oukaimeden. Un jour, les parents de la petite Khadija reçurent la visite d'une dame de Marrakech qui se prénommait Hanadi. La femme était souriante et paraissait très riche. Elle avait une grosse voiture et portait des vêtements de luxe. Ses longs cheveux blonds brillaient sous le soleil. Ayant aperçu la peti-te Khadija, elle proposa aux parents de la lui confier : «-Ca sera une chance pour elle ! J'habite dans une grande maison à Marrakech. Je n'ai pas d'enfant. El-le sera un peu comme ma fille. Plus jamais, elle ne connaîtra la pauvreté ! »

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Après leur avoir promis qu'elle s'occupe-rait bien d'elle et qu'elle lui paierait l'école, ses pa-rents acceptèrent et confièrent leur petite fille à la dame si riche et si gentille. Malheureusement, depuis son départ, la pauvre Khadija ne vit jamais l'école car elle travail-lait tous les jours comme petite bonne dans la luxueuse villa de Hanadi. La petite fille travaillait 12 heures par jour : elle faisait la vaisselle, la lessive, le repassage, elle nettoyait toute la maison, elle prépa-rait les repas et faisait même des massages de pieds à sa patronne qui portait toujours des chaussures à talons. En général, elle n’avait que les restes à man-ger. Hanadi était très méchante avec Khadija. Elle souffrait la pauvre.

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Un jour, Hanadi ordonna à Khadija de faire les courses au marché du quartier. Sur le chemin, la petite fille rencontra par hasard sa tante Dounia qu'elle n'avait pas revue depuis longtemps. Dounia était jeune, belle, intelligente, gentille et vivait en ville. Très étonnée de voir sa nièce si fatiguée toute seule dans la rue, elle lui demanda : « -Mais que fais-tu là toute seule ? Tu n'es pas à l'école ? » Khadija avait tellement souffert. Elle avait vécu deux ans d'enfer. En pleurant et en balbutiant, elle raconta tout ce qu'elle endurait: « -C'est la faute d'Hanadi, une méchante femme ! Elle est venue nous voir chez nous dans la montagne et elle a promis à mes parents qu'elle m'offrirait l'école et qu'elle s'occuperait bien de moi. Alors, ils m'ont laissée partir avec elle. Mais, je n'ai jamais vu l'école car elle me fait travailler tout le temps chez elle. Je ne sors presque jamais car il y a toujours quelque chose à faire. Je ne me repose jamais. Oh Tante Dounia, aide-moi, s'il te plait, je veux rentrer chez moi ! Je veux revoir mes parents ! Je ne veux plus travailler chez cette femme ! »

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Tante Dounia amena la petite fille chez elle et lui conseilla de se reposer. Ensuite, elle déci-da de prendre l'affaire en main. Après avoir retrouvé la maison de Hanadi, elle se renseigna sur la mé-chante femme. En interrogeant le vieux jardinier qu'elle avait aperçu dans le jardin, elle comprit qu'Hanadi gardait les papiers d'identité de sa nièce dans un tiroir de sa chambre fermé à clé. Ainsi, la petite fille ne pouvait plus revenir chez ses parents. De retour chez elle, tante Dounia propo-sa a khadija un plan : « Tu reviens chez la méchante femme comme si de rien n’était. Pendant ce temps, je vais crever les pneus de sa voiture et l’attirerai dehors. Toi, pendant ce temps-là, tu iras dans sa chambre, tu forceras le tiroir et tu récupères tes pa-piers d’identité. Et je te ramène chez toi. Plus ja-mais tu ne reverras cette maudite Hanadi. »

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Quand Khadija fut rentrée, Hanadi la gi-fla et la priva du diner car elle avait mis trop de temps à faire les courses. Peu de temps après son retour, Hanadi entendit quelqu’un sonner à sa por-te. C’était Tante Dounia qui venait annoncer qu’elle avait trouvé des jeunes en train de crever ses pneus de voitures. Hanadi sortit en courant et en criant constater les dégâts. Pendant ce temps, la petite fille entra dans la chambre et força le tiroir et récupéra ses papiers. Mais, avant de partir, elle décida de se venger et prit un énorme seau de peinture qu’elle trouva dans le garage et transporta jusqu’au salon. Hanadi était toujours en train d’hurler dehors. Puis, la petite Khadija s’enfuit par le jardin et vint rejoin-dre Tante Dounia qui l’attendait un peu plus loin.

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Hanadi rentra ensuite chez elle et ap-pela Khadija. Mais personne ne répondit. Elle se mit à la chercher en hurlant et entra dans le sa-lon…. Au milieu de la pièce, sur le sol et sur le beau tapis persan, Khadija avait peint un énor-me âne avec la tête d’Hanadi. Elle comprit alors que Khadija était partie et s’était vengée. Trem-blante de rage, elle HURLA :

« KHADIJAAAAAAAA !!!! »

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Les petites bonnes au Maroc Les "petites bonnes", face honteuse de la bonne société marocaine, se comptent encore par dizaines de mil-liers : elles étaient entre 60 000 et 80 000 en 2005, selon une étude citée par Human Rights Watch. L'organisation avait à l'époque dénoncé les longues heures de travail, les sévices et même parfois les abus sexuels commis sur ces petites filles ; près de 14 000 rien que dans la région de Ca-sablanca, selon une étude gouvernementale de 2001.

Pourtant, de l'avis général des ONG, le phénomène est en baisse grâce à la modernisation de la société qui accepte de moins en moins le travail des enfants et du travail des asso-ciations. "Au Maroc, les tabous sur le travail des enfants ont sauté, grâce au dynamisme de la société civile", estime Aloys Kamura-giye, représentant de l'Unicef dans le pays. La loi fonda-mentale sur l'obligation de scolarisation jusqu'à 15 ans commence aussi à s'appliquer. (Sources: journal Le Monde et Unicef)

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MAUDIT RACCOURCI

Ecrit et illustré par: Yasmine Bichara

Sofia Dahami Ilyan Benabaji Anas Bennani Adam Bouhtit

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Bonjour, je m'appelle Diego Delarosa et je vais vous raconter mon incroyable histoire d'en-fant-soldat. Mais, d'abord, laissez-moi me présen-ter: j'ai douze ans. J'ai des cheveux noirs et courts et je suis plutôt grand pour mon âge. Ce que j'aime, c'est jouer au foot. Par contre, je déteste me battre. Au début de cette aventure, je vivais avec ma mère, Maria, dans un petit village du nom de Bello au nord de la Colombie. Mon père est mort dans un accident de voiture quand j'avais 4 ans. Chaque jour, pour aller à l'école, je devais faire 5km de route à pied mais je prenais souvent un raccourci à travers la forêt. Ma mère n'aimait pas ça parce qu'elle me disait que c'était le repère des FARC et que parfois, ils capturaient des enfants pour en faire des soldats. Les Farcs, ce sont des forces révolutionnaires de Colombie, enfin, une des forces révolutionnaires de Colombie. Tout le monde peut faire la guerre ici et créer son armée. Mais, moi, je me croyais très ma-lin et pensais que personne ne pouvait me capturer.

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Un jour, je me rappelle, c'était un lundi, je me suis réveillé un peu tard pour aller à l'école et pour ne pas arriver en retard, j'ai coupé par la jun-gle. A mi-chemin, j'ai entendu des voitures de mili-taires qui arrivaient. Elles s'arrêtèrent brusquement devant moi. En un instant, j'étais encerclé. Des mi-litaires descendirent de leurs engins et vinrent vers moi. A ce moment, j'ai compris qu'ils étaient là pour moi. J'assistai alors à mon propre kidnapping ! Je réalisai que ce ne pouvait être que des FARC à la recherche de nouvelles recrues. J'étais pris de pani-que ! Je commençais à hurler en vain car personne ne pouvait me secourir. J'étais seul. J'aurais du être avec mes amis sur le chemin de l'école au lieu d'uti-liser ce raccourci. Les militaires me prirent avec eux dans leur engin de guerre. Dans le camion, au milieu d'une dizaine de soldats, je pleurais de toutes mes larmes... Un jeune soldat assis à mes côtés me regardait. Soudain, il me chuchota: « Ne t'inquiète pas, je vais t'aider... »

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Arrivé dans le camp en pleine jungle, j'ai suivi le soldat qui m'avait souri dans le camion. Il s'appelait Léon. Grand de taille, musclé et l'air sym-pathique, il avait 23 ans. Je savais que c'était lui la clé de ma liberté. Le commandant du camp s'appe-lait Marco. Il était sévère et torturé. Le camp était grand, entouré de longs bananiers et les soldats étaient sévères. Il y avait une cinquantaine d’enfants soldats et le double d’adultes. Deux heures plus tard, les soldats nous ont fait sortir de nos tentes et nous ont amené sur un grand terrain. Là, ils nous donné à chacun un fu-sil. Ils m’ont obligé a tirer sur des cibles. C’était la première fois que je tenais un fusil. C’était bizarre, j’étais à la fois fier et en même temps, j’avais très peur. Ces armes, ce n’était pas des jouets. Ils nous ont dit que le lendemain il y aura une bataille et qu’il nous faudrait tirer sur les ennemis de la Co-lombie. Moi, je n’ai jamais voulu tuer personne… Je voulais absolument m'évader de cet enfer.

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Une nuit, pendant que tout le monde dormait, Léon me réveilla et me chuchota de me lever et de ramasser discrètement des plantes sè-ches. Puis, il me donna un briquet et me demanda de mettre le feu aux plantes. « Cette nuit, on s'éva-de ! » m'annonça Léon. Tandis qu'il surveillait que personne ne nous surprenne, j'essayais d'allumer le feu mais les flammes ne venaient pas. J'étais paniqué car je ne savais pas quoi faire. J'aperçus soudain un bidon d'essence qui traînait près des camions. Je le pris et vidai l'essence sur mon tas de brindilles. Le feu s'alluma très rapidement et se propagea aux murs de la cabane qui servait de cuisine. Très vite, ce fut la panique générale. Les soldats se sont réveil-lés car tout le monde pensait que c'était une atta-que. Le commandant Marco hurlait: « Qui a fait ça ? Qui a fait ça ? Rassemblez-vous et éteignez ce feu ! ». Mais personne n'écoutait.

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Pendant que le commandait tonnait, j'ai pris la fuite avec Léon. Nous traversâmes la forêt en courant jusqu'à trouver une grotte où nous passâ-mes la nuit. Au petit matin, nous étions loin du camp. Léon me dit: «- Nous sommes sauvés. -Comment va-t-on faire pour se nourrir ? demandai-je affamé après cette longue course. -Nous irons dans le village qui s’appelait Pasto qui se trouve à côté. Je vais essayer de trouver un tra-vail, me répondit le jeune homme. » Dans le village, il y avait beaucoup de ruelles très sombres. Nous passâmes toute la jour-née à chercher un boulot mais personne ne voulait nous accueillir. C'était sans doute à cause de nos uniformes car tout le monde ici avait peur des FARC. Mais, le soir, nous tombâmes sur un très gentil vieillard du nom de Paulo. Il nous interrogea: « -Que voulez-vous, mes enfants ? -On cherche un travail pour avoir de quoi nous nourrir, répondit Léon. -J'ai un très bon travail pour vous. Bûcheron, ça vous tente ? proposa Paulo. Léon accepta. Nous travaillâmes pendant un mois chez Paulo à couper du bois et à le vendre aux habi-tants du village.

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Quand nous eûmes récolté suffisamment d'argent, nous décidâmes de rentrer chez moi et retrouver ma mère. Nous prîmes un bus pour Bogota. Sur le trajet, à un arrêt de bus, il y avait un avis de recher-che où il y avait ma photo, une adresse et un numé-ro de téléphone. C'était l'adresse de ma maison ! Dès que je suis arrivé à la maison, j’ai couru dans les bras de ma mère. Elle a tellement pleuré qu’elle avait les yeux tout rouges. « -Maman, maman, ça fait tellement longtemps que je ne t'ai pas vue ! Je suis si content ! criai-je. -Oh mon enfant, tu m'as tellement manqué. J'étais si inquiète. Je croyais que tu ne reviendrais plus ja-mais, pleurait maman. -Maman, je te présente Léon. C'est lui qui m'a sau-vé et qui m'a aidé à m'enfuir du camp des FARC. -Bonjour Madame. -Merci, merci de tout cœur. Avez-vous une famille ? Que voulez faire maintenant ? demanda ma mère. -Non, je n'ai plus personne, ni famille, ni maison... répondit un peu triste Léon. -Si vous voulez, vous pouvez rester chez nous. Vous nous aiderez au champ et vous accompagnerez Die-go sur le chemin de l'école.

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Léon accepta. Puis, il me dit :

«- Je t’accompagnerai à l’école tous les jours désor-mais. Je ne veux plus que tu risques ta vie sur le chemin de l’école.

Je répondis joyeusement :

-D’accord. Mais, on ne passera plus jamais par ce maudit raccourci !

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LA GUERRE EN COLOMBIE ET LES ENFANTS SOL-DATS Si la Colombie est reconnue comme une démocratie de longue date en Amérique latine, elle est également en conflit armé depuis plus de 50 ans. En effet, dès les années 60, en protestation contre le gouvernement de l’époque, des forces de guérilla se sont constituées et continuent tou-jours leur combat armé. Les plus anciennes sont les Forces armées révolutionnaires de Colombie-Ejercito del Pueblo (FARC-ECP) et l’Armée nationale de libération (ELN) qui financent leurs opérations par le kidnapping et le commer-ce de drogue. De graves violations ont été commises, la principale étant le recrutement d’enfants-soldats qui persiste encore au-jourd’hui. En 1996, le gouvernement colombien a fixé l’â-ge minimum d’entrée dans les forces armées à 18 ans. Pourtant, l’emploi d’enfants par des groupes armés est toujours d’actualité : en 2008 Human Rights Watch esti-mait qu’il y avait entre 8000 et 11 000 enfants dans des groupes armés. Rien qu’en 2011, 300 cas de recrutement et d’utilisation d’enfants ont été signalés. D’après un rap-port de l’UNICEF, l’âge moyen du recrutement en 2006 était de 12 ans et 8 mois. Chaque enfant soldat, garçon ou fille est obligé de tuer, mutiler ou torturer lorsqu’il est re-cruté. Eduardo, 17 ans, en témoigne : "Ils vous donnent une arme à feu et vous devez abattre votre meilleur ami. Si vous ne le tuez pas, votre ami reçoit l’ordre de vous tuer. J’ai dû le faire parce que sinon j’aurais été tué." (Sources: Amnesty international)