Upload
yves-vianney
View
21
Download
6
Embed Size (px)
Citation preview
TIBULLE, Elegies
Livre I, vers 1 -‐ 40 L’infidélité féminine : Délie Longtemps favorisé par l’Amour, le poète se sent délaissé, trahi par la femme qu’il aime et chante sous le nom de Délie (dévote du dieu de Délos et inspiratrice du poète). Par les aveux de cette même pièce (vers 67 – 68), c’était une affranchie qui vivait avec sa mère et semble avoir eu un mari des plus complaisants. Pour se consoler, le poète devenu l’émule d’Ovide rappelle les ruses dont il usait pour retrouver en secret son ami et, par solidarité masculine, fait part au mari des règles de son art, Ars amatoria. Cette élégie est la dernière qui soit consacrée à Délie ; on la date de 28 av. J.-C. Traduction du texte : Toujours, pour m'attirer, tu m'offres un visage caressant, et bientôt, hélas ! je n'éprouve que ta tristesse et ta rigueur, Amour ! Qu'ai-‐je avec toi de commun, sauvage enfant ? La grande gloire pour un Dieu que de dresser des embûches à un homme ! Déjà on me tend des pièges ; déjà Délie, en cachette, réchauffe traîtreusement je ne sais quel rival dans la nuit taciturne. Elle jure et affirme le contraire, il est vrai ; mais j'ai peine à le croire : ne nie-‐t-‐elle pas de la sorte nos amours à son mari ? C'est moi-‐même qui, pour mon malheur, lui ai appris le moyen de tromper ses gardiens. Hélas ! hélas ! je suis aujourd'hui la victime de mes propres leçons. Tantôt elle a appris à feindre des prétextes pour coucher seule, à faire tourner sans bruit une porte sur ses gonds ; tantôt je lui ai donné des sucs et des herbes pour faire partir la meurtrissure que Vénus réciproque imprime avec les dents. Mais toi, imprudent mari d'une femme qui te trompe, prends garde à moi aussi, pour qu'elle ne pèche pas. Veille à ce qu'elle évite les longs et fréquents entretiens des jeunes gens ; à ce qu'elle ne s'étende avec une robe flottante qui lui découvre la gorge ; à ce qu'elle ne te trompe pas par un signe, et ne tire la liqueur avec son doigt pour tracer des caractères sur la table ronde. Crains ses nombreuses sorties, assurât-‐elle se rendre aux mystères de la « Bonne Déesse », dont l'accès est interdit aux hommes. Si tu m'en crois, je la suivrai seul au pied des autels : alors je n'aurai point à redouter que mes yeux me trompent. Souvent, sous prétexte d'admirer ses pierres ou son cachet, je me souviens de lui avoir touché la main. Souvent je t'ai endormi avec du vin pur, tandis que moi, je buvais sobrement en mettant de l'eau au fond de la coupe, et j'avais la victoire. Je ne t'ai point offensé à dessein pardonne à mes vœux.
C'est l'Amour qui le voulut : qui lutterait contre les Dieux ? C'est moi, -‐ je ne rougirai pas de dire la vérité, -‐ que ton chien poursuivait durant la nuit entière. Qu'as-‐tu besoin aussi d'une jeune épouse ? Si tu ne sais pas garder ton bien, c'est en vain qu'une clef est à la porte. Elle te prend dans ses bras, soupire après d'autres amours absentes, et fait semblant soudain d'avoir mal à la tête. Eh bien ! confie-‐la à ma garde ; je ne me dérobe pas aux coups sauvages ; je ne refuse pas de me laisser mettre des chaînes aux pieds. Arrière alors tous ceux qui cultivent leur chevelure avec art, qui laissent flotter le pli ondoyant d'une toge lâche. Si quelqu'un se trouve sur son chemin, que, pour prévenir toute accusation, il s'arrête ou prenne une autre route.
Visitez l’audioblog d’ Yves Vianney pour apprendre en s’amusant…
Voici le lien à copier dans votre navigateur internet : http://yvesvianney.e-‐monsite.com/