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TITE-LIVE, Histoire romaine
Livre XXXVIII, 24 Scène de la vie conjugale : L’honneur d’une femme Cet épisode se situe au cœur de la campagne menée par le consul Manlius Vulso contre les Gaulois d’Asie ou Gallogrecs (les Grecs les appellent Galates), en 189 av. J.-C. Pendant que les deux Scipions (l’Africain et son frère Lucius, alors consul) achevaient la guerre contre Antiochus, l’autre consul, à l’affût du butin autant que de la gloire, entreprit de faire la guerre aux Gaulois d’Asie (installés depuis un siècle dans la région d’Ancyre, aujourd’hui Ankara). Voici un épisode de cette guerre, qui n’est pas à l’honneur des Romains. Ogriago, un des roitelets galates (il appartenait à la tribu des Tectosages), s’est enfui dès le début de l’attaque romaine au mont Olympe, abandonnant femme et bagages. La femme d'Ogriago Restait la guerre contre les Tectosages, qui n'avait pas encore commencé. Le consul marcha contre eux, et, au bout de trois journées, arriva à Ancyre, grande ville de la contrée, dont les ennemis n'étaient qu'à dix milles. Pendant la halte qu'il y fit, une captive se signala par une action mémorable. C'était la femme du chef Ogriago. Cette femme d'une rare beauté se trouvait, avec une foule de prisonniers comme elle, sous la garde d'un centurion, homme avide et débauché, vrai soldat. Voyant que ses propositions infâmes la faisaient reculer d'horreur, il fit violence à la pauvre captive que la fortune de la guerre mettait en sa puissance. Puis, pour pallier cette indignité, il flatta sa victime de l'espoir d'être rendue aux siens, et encore ne lui donna-‐t-‐il pas gratuitement cet espoir, comme eût fait un amant. Il fixa une certaine somme d'or, et, pour ne mettre aucun des siens dans sa confidence, il permit à la captive de choisir un de ses compagnons d'infortune qui irait traiter de son rachat avec ses parents.
Rendez-‐vous fut donné près du fleuve : deux amis de la captive, deux seulement, devaient s'y rendre avec l'or la nuit suivante pour opérer l'échange. Par un hasard fatal au centurion, se trouvait précisément dans la même prison un esclave de la femme ; elle le choisit et, à la nuit tombante, le centurion le conduisit près des postes. La nuit suivante, se trouvent au rendez-‐vous les deux parents, et le centurion avec sa captive. On lui montre l'or ; pendant qu'il s'assure si la somme convenue y est (c'était un talent attique), la femme ordonne, dans sa langue, de tirer l'épée et de tuer le centurion penché sur sa balance. On l'égorge, on sépare la tête du cou, et, l'enveloppant dans sa robe, la captive va rejoindre son mari Ogriago. Celui-‐ci, échappé du mont Olympe, s'était réfugié dans sa maison. Avant de l'embrasser, elle jette à ses pieds la tête du centurion. Surpris, il lui demande quelle est cette tête, que veut dire une action si extraordinaire chez une femme. Viol, vengeance, elle avoua tout à son mari ; et, tout le temps qu'elle vécut depuis (ajoute-‐t-‐on), la pureté, l'austérité de sa conduite, soutint jusqu'au dernier moment la gloire de cette belle action conjugale.
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