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S O M M A I R E Décembre 2016 n° 118 Sommaire Les maîtres de la volatilité ou comment les prix du pétrole s’envolent ................... p.11 La liste des candidats à la Présidentielle de 2017 se précisant de jour en jour, tout comme les programmes des représentants des différents mouvements politiques, nous vous proposons une série sur les pro- grammes énergétiques des futurs candidats avec pour débuter, dans ce numéro, celui de François Fillon. Cette édition de décembre revient également sur l’accord signé le 30 novembre dernier à Vienne, par les mem- bres de l’OPEP. L’article consacré détaille l’histoire de l’organisation et l’évolution de son emprise sur les marchés pétroliers jusqu’à aujourd’hui. Si lors du dernier succès de l’équipe de football Monégasque vous vous demandiez comment les projecteurs du stade Louis II étaient alimentés en électricité, cet Inf’Ose est fait pour vous ! On y présente la SMEG, le concessionnaire qui fournit électricité et gaz sur la Principauté, ses activités et dernières innovations. Certains météorologues s’accordent à dire que cet hiver sera rigoureux, avez-vous pen- à revoir l’isolation thermique de votre habitation ? En cette période de bonnes résolutions, on se penche sur la question en faisant le point sur la future Réglementation Thermique 2020. Les membres du CMA, les élèves du mastère OSE, ainsi que Téré, notre mascotte, se joignent à nous pour vous souhaiter d’excellentes fêtes de fin d’année, ainsi qu’une bonne lecture ! EDITORIAL NF’ SE Les actualités... p.2 Electricité à Monaco : la SMEG innove ! .......... p.4 La politique énergétique de François Fillon ........................ p.7 En route vers la RT 2020....................... p.8 Oil pumps USA © fotolia

Inf'OSE Décembre 2016

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Page 1: Inf'OSE Décembre 2016

SOM

MAI

RE

Décembre 2016 n° 118

Sommaire

Les maîtres de la volatilité ou comment

les prix du pétrole s’envolent ................... p.11

La liste des candidats à la Présidentielle de 2017 se précisant de jour en jour, tout comme les programmes des représentants des différents mouvements politiques, nous vous proposons une série sur les pro-grammes énergétiques des futurs candidats avec pour débuter, dans ce numéro, celui de François Fillon.Cette édition de décembre revient également sur l’accord signé le 30 novembre dernier à Vienne, par les mem-bres de l’OPEP. L’article consacré détaille l’histoire de l’organisation et l’évolution de son emprise sur les marchés pétroliers jusqu’à aujourd’hui.Si lors du dernier succès de l’équipe de football Monégasque vous vous demandiez comment les projecteurs du stade Louis II étaient alimentés en électricité, cet Inf’Ose est fait pour vous ! On y présente la SMEG, le concessionnaire qui fournit électricité et gaz sur la Principauté, ses activités et dernières innovations.Certains météorologues s’accordent à dire que cet hiver sera rigoureux, avez-vous pen-sé à revoir l’isolation thermique de votre habitation ? En cette période de bonnes résolutions, on se penche sur la question en faisant le point sur la future Réglementation Thermique 2020.Les membres du CMA, les élèves du mastère OSE, ainsi que Téré, notre mascotte, se joignent à nous pour vous souhaiter d’excellentes fêtes de fin d’année, ainsi qu’une bonne lecture !

EDITORIAL

NF’ SE

Les actualités... p.2

Electricité à Monaco :

la SMEG innove ! .......... p.4

La politique énergétique

de François Fillon ........................ p.7

En route vers la RT 2020....................... p.8Oil pumps USA© fotolia

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Actualités

INF’OSE Décembre 2016 n° 118 2

Actualités

Depuis le 27 novembre dernier, une arche de confinement vient recouvrir le réacteur 4 qui avait

explosé lors de l’accident de Tchernobyl en 1986. Après sept années de construction, cette coquille de béton et d’acier a été installée au-dessus d’un premier sarcophage, construit à la hâte après la catastrophe et qui avait subi des travaux d’entretien réguliers depuis 1999. Cette nouvelle arche est prévue pour résister à tout type d’aléas (séismes et tornades de forte intensité notamment), mais doit également empêcher la dispersion des poussières radioactives et ainsi limiter l’exposition de la population locale. La particularité de cette structure est qu’elle a été construite à 330 mètres du réacteur puis déplacée sur des rails, en raison de la radioactivité ambiante. Ses dimensions gigantesques – équivalentes à celles du Stade de France – en font « la plus grande structure métallique mobile jamais créée au monde ». Construite par les poids lourds français du BTP Bouygues Construction et Vinci, elle permettra à l’Ukraine de démanteler le réacteur dans le siècle à venir, une fois les travaux d’installation d’équipements électromagnétiques achevés (prévus pour fin 2017).

Confinement du réacteur 4 de Tchernobyl

Un accord historique vient d’être conclu par les pays membres de l’OPEP (Organisation des Pays

Exportateurs de Pétrole) le 30 novembre dernier. C’est la première fois depuis 2008 que les états membres se sont entendus pour limiter leur production et ainsi faire remonter le cours du pétrole. Plus de détails dans l’article consacré à ce sujet dans ce numéro.

L’arche de confinement en cours de construction ©Arcelor Mittal

Accord des pays de l’OPEP

L’Agence de Sureté Nucléaire (ASN) avait demandé en juin dernier le contrôle des générateurs de

vapeurs de 18 réacteurs du parc nucléaire français, potentiellement concernés par des anomalies de fabrication. Huit d’entre eux ont eu l’autorisation de redémarrer le 5 décembre dernier, dont six fabriqués à l’usine du Creusot d’AREVA, car « considérés comme ne posant pas de problème en termes de sureté », selon le président de l’ASN Pierre-Franck Chevet. Les générateurs de vapeur fabriqués par l’entreprise japonaise JCFC, présents sur quatre réacteurs à l’arrêt à ce jour (Civaux 1, Fessenheim 1, Gravelines 4, Tricastin 2), doivent encore être contrôlés d’ici la mi-janvier par EDF.

Redémarrage de 8 réacteurs nucléaires autorisé par l’ASN

La raffinerie de la Mède (Bouches-du-Rhône) exploitée par Total sera reconvertie au printemps prochain

en une usine de production de biocarburants. Le groupe vient de signer un partenariat avec l’entreprise Suez, qui s’engage à fournir 20 000 tonnes d’huile alimentaire usagée et résiduelle par an à la future bioraffinerie, pendant dix ans. Jusqu’à présent, moins de la moitié de cette huile alimentaire était collectée alors qu’elle peut être convertie en biodiesel. Cependant, seuls 30 à 40% des entrants seront des déchets tandis que le reste sera de l’huile « neuve ».

Suez approvisionnera la bioraffinerie Total de la Mède

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A la suite d’une initiative des Verts, les Suisses se sont exprimés le 27 novembre sur leur volonté

de sortie anticipée du nucléaire à l’horizon 2029. Avec un parc vieillissant de 4 centrales et 5 réacteurs, le nucléaire représente en moyenne 40 % de leur électricité. Cette proposition a finalement été rejetée par les citoyens à 54,2 %. Ce résultat a soulagé le gouvernement, qui craignait une compensation à court et moyen termes par des importations massives notamment d’électricité produite à partir de ressources fossiles, ce qui aurait alourdi leur bilan carbone. Cependant, la sortie progressive du nucléaire de la Suisse, qui abrite l’une des plus vieilles centrales du monde, reste programmée même si aucune date n’a encore été fixée.

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Actualités

INF’OSE Décembre 2016 n° 118 3

Référendum suisse sur la sortie anticipée du nucléaire

Les fournisseurs alternatifs d’électricité français, bénéficiant depuis juillet 2011 d’un accès à

l’électricité produite par les centrales historiques d’EDF à un prix régulé, viennent d’émettre leurs demandes d’ARENH (Accès Régulé à l’Energie Nucléaire Historique) pour le premier semestre 2017. Après un volume d’ARENH commandé en forte baisse en 2014-2015 et même nul en 2016, la Commission de Régulation de l’Energie (CRE) a au contraire constaté une forte hausse des demandes pour le premier semestre de l’année 2017. Dans le contexte actuel d’une hausse des prix spot sur les marchés de gros de l’électricité, la demande d’ARENH totale s’élève ainsi à 40,75 TWh, à un prix fixé à 42€/MWh depuis 2012.

Demande d’ARENH pour le premier semestre 2017

Sources :

• http://www.lemonde.fr/energies/article/2016/11/29/le-sarcophage-geant-coiffe-desormais-la-centrale-nucleaire-de-tchernob-yl_5040157_1653054.html

• http://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/nucleaire/arche-de-tchernobyl-ou-en-est-le-projet-de-confinement-de-la-cen-trale_30268

• http://www.lemonde.fr/planete/article/2016/12/05/l-asn-autorise-le-redemarrage-de-8-reacteurs-nucleaires_5043705_3244.html• http://www.lesechos.fr/finance-marches/marches-financiers/0211548013090-petrole-les-marches-semballent-apres-laccord-historique-

de-lopep-2047112.php• http://lexpansion.lexpress.fr/actualite-economique/l-asn-donne-son-feu-vert-au-redemarrage-de-8-reacteurs-nucleaires-

sur-12_1857242.html• http://www.lesechos.fr/paris-climat-2015/actualites/0211563914275-suez-et-total-convertissent-lhuile-usagee-en-biodiesel-2048149.php• « Volume total d’ARENH demandé au premier semestre 2017 » - Communiqué de Presse CRE - 1er décembre 2016 • http://www.lemonde.fr/energies/article/2016/11/26/les-suisses-invites-a-voter-sur-la-sortie-du-nucleaire_5038758_1653054.html• http://www.lemonde.fr/planete/article/2016/11/27/pourquoi-les-suisses-ont-dit-non-a-une-sortie-rapide-du-nucleaire_5039091_3244.

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Cécilia REILHANCentrale nucléaire Atomkraftwerk en Suisse © fotolia

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Electricité à Monaco : la SMEG innove !

Articles

Just Another Newsletter TitleINF’OSE Décembre 2016 n° 118 4

Figure 1: construction du poste source du vallon Sainte Devote© B. Bert, Eiffage

La Société Monégasque de l’Electricité et du Gaz (SMEG) a été implantée à Monaco il y a 125 ans, avec

la construction et l’exploitation de la première usine à gaz destinée à l’éclairage public dans le territoire de la principauté. En parallèle des activités de distribution d’électricité et de gaz dont elle détient le monopole, la SMEG est aujourd’hui responsable de la maintenance et de l’exploitation de l’éclairage public dans l’ensemble du territoire. Depuis 1987, l’entreprise exploite également une centrale thermo frigorifique alimentant un réseau de chaud et froid urbains pour le quartier de Fontvieille et l’îlot Rainier III. Cette unité fonctionne en récupérant l’énergie fournie par le centre de valorisation des déchets, qui est lui exploité par la Société Monégasque d’Assainissement (SMA), elle-même filiale de la SMEG.

La totalité de l’électricité distribuée à Monaco par la SMEG est délivrée par RTE, gestionnaire du réseau de transport en France. L’interconnexion avec le réseau électrique français est réalisée au moyen de trois postes sources situés en périphérie de la ville, permettant de passer de la haute tension (HTB) à la moyenne tension (HTA). Le troisième poste source situé à l’Est du vallon de Sainte-Dévote, dont la construction s’est achevée courant 2015, permet de répondre à une augmentation significative du soutirage électrique dans la principauté ces dernières années. Outre les consommations électriques liées aux clients résidentiels, le réseau de distribution à Monaco a à son actif des activités portuaires et industrielles importantes, autant de sources de soutirage électrique notables.

L’actionnaire principal de la SMEG, avec 64 % de participation au capital, est ENGIE, par le biais de sa branche Energie Services dont le chiffre d’affaire s’élève à 15,7 milliards d’euros. 16 % de la capitalisation boursière de l’entreprise monégasque est également détenue par le holding EDEV, créé en 2002 par EDF, et ayant pour vocation de créer des produits et des services commerciaux innovants. Les 20 % restant de la capitalisation boursière de la SMEG sont détenus par l’Etat monégasque qui, en retour, accorde la concession des activités de l’entreprise [1].

La SMEG travaille donc de concert avec le gouvernement princier : les deux parties sont ainsi signataires d’une concession de durée limitée mais renouvelable permettant de définir les modalités des activités de distribution d’électricité et de gaz [2]. Les dispositions de cette concession prévoient notamment que l’entreprise puisse posséder le monopole de son activité de distribution dans le territoire de Monaco, les gouvernements successifs ayant, de façon ininterrompue, renouvelé leur confiance à la SMEG. Malgré ce statut monopolistique, l’entreprise est depuis plusieurs années au cœur d’un processus de modernisation visant à encourager la transition énergétique.C’est ainsi que la SMEG propose via son offre Egeo de vendre à ses clients résidentiels des certificats d’origine Renouvelable attestant que l’équivalent de la consommation du client en question a été produit à partir de sources d’énergie renouvelable. Ces certificats précisent notamment le volume d’énergie électrique produit par chaque centrale de production d’électricité renouvelable ainsi que la quote-part de ce volume dont les droits ont été réservés et vendus exclusivement à chaque client [3].

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Décembre 2016 n° 118 4 Just Another Newsletter TitleINF’OSE Décembre 2016 n° 118 5

Articles

La loi sur la Nouvelle Organisation du Marché del’Electricité (loi NOME) en date du 7 décembre 2010 a institué la disparition des tarifs de vente règlementés (TRV) pour les consommateurs professionnels (tarifs HTA « jaunes » et BT+ « verts ») à partir du 1er janvier 2016.[4] La SMEG, qui historiquement facturait l’électricité aux consommateurs monégasques à partir de ces tarifs règlementés, a donc été contrainte, au même titre que tous les autres fournisseurs d’électricité, à construire de nouveaux montages tarifaires adaptés aux offres de marchés. Ces montages tarifaires doivent permettre de restituer sur la facture client une composante Réseau (dans laquelle figure notamment le TURPE et les taxes liées à l’utilisation du réseau), ainsi qu’une composante de fourniture permettant de couvrir à la fois le coût d’achat des volumes d’électricité soutirés et les coûts de commercialisation imputables à la SMEG. La structure tarifaire mise en place dès septembre 2016 a dû également être suffisamment bien dimensionnée pour garantir le dégagement d’une marge, seul revenu pour l’entreprise dans le cadre de son activité de distribution. Dans le contexte actuel de libéralisation des marchés électriques, il semble également très probable que le tarif bleu d’EDF, tarif règlementé destiné aux particuliers et aux petits professionnels pour des puissances souscrites entre 3 et 36 kVA, disparaisse dans les mois à venir.

D’autres problématiques liées à la modernisation des marchés de l’électricité ont permis à l’entreprise d’innover. Afin de prévoir le soutirage électrique effectif sur les différents postes sources de Monaco, la SMEG doit être en mesure de connaître chaque jour les prévisions de consommation électrique à court terme, c’est-à-dire à horizon J+15. Ces prévisions sont historiquement fournies de manière quotidienne par un prestataire puis communiquées par la SMEG à EDF. Les données sont ensuite utilisées afin de prévoir l’injection sur les trois postes sources de Monaco. Par souci de modernisation et d’innovation constante, l’entreprise a cherché à améliorer ses prévisions de consommation électrique. Elle a donc fait appel à une start-up travaillant à l’application d’une nouvelle classe d’algorithmes de prévision de consommation électrique. L’explosion des moyens informatiques a, en effet, rendu possible l’entrée sur le marché d’algorithmes de type machine learning basés

sur des méthodes d’apprentissage profond. La principale caractéristique de ce type d’algorithme réside dans le fait qu’ils utilisent un niveau d’abstraction très élevé : afin de construire les prévisions de consommation, l’algorithme de gradient boosting utilisé pour les prévisions de consommation va générer ainsi un grand nombre de couches permettant de passer de paramètres de bas niveau à des paramètres de plus haut niveau [5].

Pour pouvoir construire ces prévisions à la maille horaire, l’arbre de décision de l’algorithme de type gradient boosting requiert des données d’entraînement (train). Ces données sont les relevés de température, les données calendaires (jours fériés, évènements exceptionnels, changement d’heures…) ainsi que les relevés de consommation électrique. A noter que les données météorologiques fournies à la SMEG nécessitent d’être extrêmement précises et font l’objet d’un contrat passé avec Météo France. A l’aide de ces données réalisées, l’algorithme de gradient boosting va entraîner l’arbre de décision pour qu’à tout n-uplet de paramètres d’entrées puisse être associée une prévision de consommation électrique. Une fois que l’arbre de décision a été entraîné, il peut être utilisé en prenant comme paramètres d’entrée les données météorologiques et calendaires prévisionnelles afin de prévoir les consommations électriques futures.

Parallèlement aux prévisions de consommation électrique à court terme, la SMEG cherche à connaître sa part climatique, c’est-à- dire la quantité d’électricité qui aurait été consommée si la température avait toujours été maintenue à 16°C. Cette information est importante pour l’entreprise car elle permet de connaître l’impact des variations de température sur la consommation finale d’électricité. Il faut rappeler que la courbe de soutirage à l’échelle du territoire monégasque présente une saisonnalité annuelle nettement différente de celle observée sur l’ensemble du réseau électrique français. En moyenne, la charge électrique dans le territoire de la principauté est en effet plus importante en été qu’en hiver, ce qui n’est pas le cas en France. Cela s’explique en grande partie par l’utilisation intensive de la climatisation durant les mois d’été, dont la consommation électrique est supérieure à la consommation électrique imputable au chauffage en hiver dans la principauté. Au total, les résultats fournis par le modèle ont permis de montrer que la part climatique correspondait à environ un dixième de la consommation électrique

Impacts de la libéralisation des marchés de l’électricité

Répercussions des conditions météorologiques sur la consommation électrique

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Sources :

• [1] http://www.smeg.mc/fr/qui-sommes-nous/qui-sommes-nous-section/l-actionnariat• [2] https://www.legifrance.gouv.fr/content/.../ei_electricite_monaco_cm_13.10.2010.pdf • [3] http://www.smeg.mc/fr/particuliers/nos-offres/avec-egeo-agissez-concretement-pour-le-developpement-durable• [4] http://eric.univ-lyon2.fr/~ricco/cours/slides/gradient_boosting.pdf• [5]https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000023174854&categorieLien=id

Jean BERTIN

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Promotion 2015Articles

Figure 2: le port de Monaco©wonderlux.co

totale sur le territoire monégasque, c’est-à-dire 55 GWh de part climatique pour 550 GWh de consommation électrique en 2015, tous clients confondus. La ventilation de cette part climatique sur les saisons précise que cette thermo-sensibilité est deux fois plus élevée en été qu’en hiver.

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Jean BERTIN

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Promotion 2015

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Promotion 2015Articles

François Fillon souhaite améliorer le marché européen des quotas d’émission de CO2 visant à réduire l’émission globale de gaz à effet de serre et à atteindre un objectif proche de 0% d’électricité d’origine fossile. Pour que ce système soit efficace, il propose de fixer le prix du quota d’émission à un niveau suffisamment incitatif de 30€ la tonne de CO2, afin d’inciter les principaux émetteurs de CO2 à réduire leur impact. Par ailleurs, il souhaite que l’Europe puisse engager des négociations avec les Etats-Unis, la Chine et les autres pays pour y mettre en place ce prix plancher, faisant de l’Europe un moteur de la lutte contre le réchauffement climatique. Outre la hausse du prix de la tonne de CO2, les politiques énergétiques proposées par le candidat pour parvenir à l’objectif de réduction de l’utilisation des énergies fossiles reposent sur le maintien du niveau de production d’électricité nucléaire ainsi que sur le développement de la filière renouvelable.

François Fillon se déclare en faveur du nucléaire qu’il considère comme une filière « propre car peu émettrice de CO2 » et constituant «un avantage compétitif pour l’économie française ».En effet, contrairement à la loi de Transition énergétique pour la croissance verte adoptée en juillet, qui prévoit la réduction de la part du nucléaire dans la production d’électricité en France de 75% à 50% d’ici à 2025, le candidat souhaite en assurer la pérennité à travers le renforcement de la sécurité des centrales nucléaires existantes. En ce sens, il affiche la volonté de prolonger leur durée d’exploitation de 40 à 60 ans, sous réserve

de l’accord de l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN).

Concernant les énergies renouvelables, François Fillon encourage une posture visant à « sortir des objectifs chiffrés, pour donner la main au marché ». Afin d’assurer une certaine performance économique, il prévoit de supprimer l’ensemble des dispositifs d’aides en faveur des énergies renouvelables intermittentes (éolienne et solaire). Pour continuer à inciter l’investissement dans ces énergies côté particuliers, ces dispositifs seraient remplacés par la prolongation du crédit d’impôt. Selon l’ancien Premier ministre, ces filières ne doivent pas être «au centre d’un développement massif qui pèse très lourd sur les finances de la collectivité nationale pour une efficacité contestable ». En ce sens, il propose de mettre en place une filière industrielle française des énergies renouvelables en développant des programmes de recherche ambitieux et en renforçant les pôles de compétitivité. Par ailleurs, il privilégie le développement des énergies thermiques, comme le bois-énergie, les biocarburants, la méthanisation et le solaire thermique.

L’année 2017 sera décisive à la fois au niveau national et au niveau européen pour le secteur de l’énergie, avec l’adoption des textes législatifs du «paquet d’hiver », constituant le socle de la politique énergétique et climatique de l’Union Européenne pour les années 2020-2030. Le futur Président de la République devra donc, quel qu’il soit, prendre en considération cette dimension européenne qui détermine dans une large mesure le paysage énergétique dans lequel évoluent les Etats membres.

Une réduction des émissions de gaz à effet de serre en renforçant le mécanisme du prix plancher du carbone Un développement des énergies renouvelables

Un maintien du nucléaire Français

Dimitra Ignatiadis

Qu’envisage le candidat François Fillon en matière de politique énergétique ?

A la suite du second tour de la primaire de la droite, c’est finalement le candidat François Fillon qui a remporté la majorité des voix des électeurs face à Alain Juppé, pour représenter la Droite et le Centre à la prochaine élection

présidentielle de mai 2017.Bien que peu évoquée lors des débats de la primaire, la thématique environnementale est néanmoins bien présente dans le manifeste de campagne de l’intéressé. « Aujourd’hui, le changement climatique impose une rupture radicale à nos politiques » affirme le candidat républicain dans son programme. Que peut-on alors retenir de ses propositions sur le volet environnemental et énergétique ?

Sources :

• https://www.fillon2017.fr/wp-content/uploads/2016/10/ENVIRONNEMENT-ET-TRANSITION-ENERGETIQUE.pdf

• http://www.techniques-ingenieur.fr/actualite/articles/primaire-droite-envi-ronnement-38034/

• http://www.techniques-ingenieur.fr/actualite/articles/fillon-sale-temps-renouvel-ables-38268/

• http://ufe-electricite.fr/actualites/edito/article/energie-que-propose-le-candidat-francois-fillon

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Promotion 2015

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Promotion 2015Articles

En France, le secteur du bâtiment représente 44 % de l’énergie utilisée et est le plus énergivore. Dans la mesure où 50 % de la consommation d’énergie d’un ménage est attribuée au chauffage et que les augmentations du prix du gaz, de l’électricité et du fioul gonflent nos factures, les économies d’énergie peuvent prendre une grande place dans notre quotidien. C’est dans cette optique que le Grenelle de l’environnement a proposé un renforcement de la performance énergétique des bâtiments à travers les lois Grenelle 1 et Grenelle 2 en juin 2010.

Les premières réglementations thermiques obligeant à isoler le bâti sont apparues en 1974 et 1982 à la suite des chocs pétroliers. Depuis cette date, les consommations énergétiques des constructions neuves ont été divisées par deux et les pouvoirs publics n’ont cessé d’adapter les normes en fonction des évolutions techniques à travers les réglementations successives : 1988, 2000, 2005 et enfin 2012. Cette dernière étape a pour but de réduire considérablement les consommations énergétiques des bâtiments neufs, en les divisant par trois par rapport à la RT précédente, avec une consommation moyenne de 50kWhEP/m2/an. En plus de l’économie réalisée, cet investissement permet de diminuer de 13 à 35 tonnes les émissions de dioxyde de carbone. le climat » .

La RT 2012 aujourd’hui mise en place, des réflexions sont en cours pour l’élaboration de la prochaine réglementation thermique RT 2020, qui doit prendre en compte la directive européenne sur la Performance énergétique des bâtiments.

La RT 2020 se base sur le principe du bâtiment à énergie positive. Tout bâtiment doit produire plus d’énergie qu’il n’en consomme. En plus de consommer le moins d’énergie possible, le bâtiment devra également produire des énergies renouvelables pour afficher une consommation positive.Le défi à relever aujourd’hui est donc de concevoir de telles maisons à un coût réduit. Les constructeurs peuvent pour cela s’appuyer sur le principe des maisons passives peu énergivores, largement répandues en Allemagne (notamment à travers le label PassivHaus), ainsi que sur le label Effinergie+.

Le label PassivHaus est un standard allemand de performance énergétique dans les bâtiments neufs créé en 1988. Il vise à favoriser des constructions à faible consommation énergétique. Ce label est très répandu en Europe du Nord et de l’Est avec plus de 30 000 habitations passives ou encore « maisons sans chauffage » certifiées.

logo RT 2012 © fotolia

En route vers la RT 2020De nos jours, le réchauffement climatique et les en-jeux énergétiques sont dans tous les esprits. Une trop grande consommation d’énergies fossiles induit des gaz à effet de serre qui ont pour effet une mutation climatique irréversible. De plus, les ressources naturel-les s’épuisent au fur et à mesure. Il est maintenant primordial de réduire au maximum notre consomma-tion énergétique.

Evolution de la réglementation thermique

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Décembre 2016 n° 118 8 Just Another Newsletter TitleINF’OSE Décembre 2016 n° 118 9

Promotion 2015

Le label PassivHaus est très exigeant car, pour avoir la certification, il faut que la structure

respecte un certain nombre de conditions :• Un besoin de chauffage (en énergie

finale) inférieur à 15kWhEF/(m2.an)• Une étanchéité à l’air sous 50 Pascals : n50< 0,6 h-1• Une consommation totale d’énergie

(primaire) inférieure à 120 kWhEP/(m2.an)

Le surcoût d’une maison passive serait de 5% à 10% en comparaison à une maison classique (selon l’ADEME Haute-Normandie). Les principaux leviers pour prétendre à une maison passive sont une enveloppe performante grâce à une bonne isolation et des fenêtres de qualité (souvent une isolation par l’extérieur pour réduire les ponts thermiques ), et des appareils électroménagers économes en énergie. En effet, la RT 2020 vise une consommation d’énergie de 12kWhEP/m2.an pour le chauffage et de 100kWhEP/m2.an tous usages confondus (chauffage, eau chaude sanitaire, éclairage, équipements électroménagers, télévision…), là où la RT2012 limitait les consommations uniquement sur les postes de consommation principaux (chauffage, climatisation, ECS, éclairage et auxiliaires). Ainsi, la domotique jouera un rôle de plus en plus important dans la gestion de l’énergie des bâtiments. On estime à 30% le gain d’énergie !

Pour passer d’une maison passive à une maison à énergie positive le recours aux énergies renouvelables est indispensable. Les solutions techniques peuvent être la production d’électricité grâce à des panneaux photovoltaïques ou encore l’accumulation et la restitution de chaleur. La création de tels bâtiments est laissée libre aux concepteurs.

Deux piliers pourraient alors fonder la RT 2020.Le premier serait un pilier social et concernerait le confort des bâtiments tant au niveau de la température (été ou hiver) qu’au niveau de la qualité de l’air, des performances

acoustiques ou encore de l’information communiquée aux occupants quant à leurs consommations énergétiques.Le deuxième concerne le cycle de vie du bâtiment et des matériaux qui le composent. L’idée ici est de limiter les émissions de gaz à effet de serre en concevant des bâtiments durables et adaptables aux changements de leur environnement.

Finalement la RT 2020 s’intéressera à :- Prendre en compte le confort des occupants- Développer la production d’énergie locale d’origine renouvelable- Penser le bâtiment dans une démarche environnementale multicritères- Concevoir les bâtiments dans leur environnement, en prenant en compte les échanges qu’ils pourraient avoir avec le quartier (notamment pour les réflexions à l’horizon 2050).

La RT 2020 conserverait néanmoins les indicateurs de performances prévus par la RT 2012 : Bbio, Cep et Tic.

Le Bbio, ou Besoin Bioclimatique conventionnel, est l’innovation majeure de la RT 2012. Il permet de caractériser la qualité de l’habitation et de l’isolation. Un bâtiment doit être bien conçu en amont afin de profiter au mieux de l’emplacement. Ainsi, la démarche vise à optimiser l’orientation, les apports solaires, l’éclairage naturel, le niveau d’isolation, l’inertie, la compacité et la mitoyenneté. En RT2020, le Bbio serait contraint de 20% de plus par rapport à la RT2012.

Le Cep ou coefficient de Consommation conventionnelle d’Energie Primaire est, comme son nom l’indique, une valeur liée aux consommations annuelles. Plus particulièrement sur 5 usages :- le chauffage- la climatisation (s’il y a lieu)- l’ECS (Eau Chaude Sanitaire)- les auxiliaires tels que les pompes ou la ventilation- l’éclairage

Pour la RT2020, le Cep devra alors avoir une valeur maximum de 12kWhEP/m2.an et 0 kWhEP/m2.an après déduction de la production d’énergie.

Le Tic est le nom donné pour caractériser la Température Intérieure Conventionnelle en période de forte chaleur. Le but étant donc d’assurer un confort l’été sans qu’il soit nécessaire d’installer une climatisation.

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La réglementation thermique est donc axée principale-ment autour de ces trois valeurs : Bbio, Cep et Tic. Pour accompagner ces principes, il convient de mettre en place certaines exigences de moyens, essentiellement :• Disposer d’une ventilation performante• Traiter les ponts thermiques• Assurer une bonne étanchéité à l’air• Prévoir des protections solaires mobiles dans les

chambres• Recourir aux EnR• Avoir au minimum 1/6 de vitrage par rapport à la

surface habitable

La nouvelle réglementation demandera aussi aux oc-cupants de bâtiments de s’impliquer de plus en plus et d’avoir des comportements éco-responsables. En effet, même si les équipements installés sont performants, c’est l’utilisation que l’on en fait qui détermine réelle-ment la consommation énergétique. Ainsi, la mission de la RT2020 ne devrait pas s’arrêter à édicter des normes thermiques de construction mais s’intéresser aussi aux moyens de communication pour mieux consommer.

La RT2012 initialement prévue en 2010 est entrée en vigueur au 1er janvier 2013. Il ne serait donc pas éton-nant que l’entrée en vigueur de la RT 2020 soit retardée de quelques années. Il est également important de noter que les points énoncés dans l’article ci-dessus sont des propos tirés de groupes de réflexion sur la nouvelle ré-glementation thermique et que rien n’est définitif. En-fin, quant à la mise en place de cette réglementation, des difficultés peuvent être rencontrées notamment au niveau du financement. En effet, un bâtiment posi-tif peut demander beaucoup de moyens de production d’énergie en fonction de plusieurs paramètres telle que sa localisation. Ainsi le surcoût pourrait varier d’une ré-gion à une autre. De plus, certains moyens de produc-tion que nous pouvons trouver dans la littérature ne sont pas nécessairement matures (production grâce aux fenêtres etc.) et peuvent engendrer une non rentabilité de l’investissement.On pourrait enfin se questionner sur les subventions qui pourraient être mises en place pour favoriser ces inves-tissements.

Yanis HIRIDJEE

Sources :• http://www.developpement-durable.gouv.fr/-Le-Grenelle-de-l-environnement-de-.html• http://www.developpement-durable.gouv.fr/-Batiment-et-energie-.html• Règles techniques applicables aux bâtiments faisant l’objet d’une demande de label Bepos-Effinergie, version 3, septembre 2015• https://www.effinergie.org/web/index.php/les-labels-effinergie/bepos-effinergie• Les critères pour la certification bâtiment passif ENERPHI et BaSE, la maison passive France, novembre 2016• Certifications et labels : performance énergétique et qualité environnementale, Pascale MAES, Techniques de l’ingénieur, Article /

Réf : TBA1402 v1, mai 2015• Construction dans le développement durable, Pascale MAES, Techniques de l’ingénieur, Article / Réf : TBA1400 v2, mai 2014• Stage élève ingénieur, Dimensionnement et étude thermique de logements passifs à énergie positive, Yanis HIRIDJEE, Janvier 2014

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Yanis HIRIDJEE

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Les maîtres de la volatilité ou comment les prix du pétrole s’envolent

Articles

Depuis sa création en 1960, l’Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole (OPEP) régule les prix du brut en jouant sur sa production et influence le cours de l’or noir de manière extrêmement forte. Selon l’IFP Energies nouvelles, l’OPEP est intervenue plus de 50 fois sur le marché depuis 1980, avec en majorité des actions visant à augmenter artificiellement le prix du pétrole. Elle compte aujourd’hui 14 membres (Arabie saoudite, Irak, Iran, Koweït, Venezuela, Qatar, Libye, Emirats Arabes Unis, Algérie, Nigéria, Angola, Gabon, Equateur, Indonésie) et détient 40% des parts de marché.

L’histoire commence au cours de l’année 1960 où une conférence est organisée à Bagdad à l’initiative du Venezuela et de l’Arabie saoudite, suite au prix démesurément bas fixé par le cartel des Seven Majors (BP, Chevron, Shell, Texaco, Esso/Exxon, Gulf Oil et Socony). Pendant cet évènement, les pays exportateurs de pétrole lancent un mouvement revendicatif et créent avec l’Iran, le Koweït et l’Irak, un organe permettant de défendre leurs intérêts nationaux. Le cartel de l’OPEP est né.D’après les premiers rapports, l’organisation devait permettre d’augmenter le revenu des pays membres

pour contribuer à leur développement, assurer la main mise progressive sur la production pétrolière aux dépens des compagnies internationales et enfin unifier les politiques de production.

L’entente entre les membres du cartel lui assure, dès le début des années 70, plus de 2/3 des exportations mondiales de brut et dans ce contexte, une politique de nationalisation massive est enclenchée. Forte de cette emprise de plus en plus marquée sur le marché pétrolier mondial, l’OPEP va prendre conscience que son pouvoir d’entente peut aussi devenir une arme diplomatique et changer les rapports de force dans un monde polarisé.

La première grande intervention de l’OPEP survient pendant la guerre du Kippour en octobre 1973. En représailles à la guerre de 6 jours (juin 1967) ayant amputé l’Egypte et la Syrie de territoires stratégiques, ces deux pays mènent une coalition arabe et attaquent Israël pendant la fête de Yom Kippour. 11 jours après le déclenchement de la guerre, alors que les combats font rage du canal de Suez au plateau du Golan, un embargo est décrété sur les pays jugés pro-Israéliens comme les Etats-Unis ou les Pays-Bas. L’OPEP augmente le prix du pétrole de 70%, ce qui mènera au premier choc pétrolier de l’histoire et à une crise économique mondiale.

Quelques années plus tard, et bien qu’elle ne soit pas l’unique responsable du second choc pétrolier, l’organisation profite du contexte géopolitique tendu des années 79-80 pour mettre en place une politique de plus en plus agressive. La convergence de plusieurs événements majeurs (révolution islamique d’Iran, guerre Irak-Iran, redémarrage de l’économie mondiale) mène inévitablement à une hausse incontrôlée du prix du baril au-dessus de 40$ et sème la panique sur les marchés. L’OPEP saisira cette opportunité et amplifiera ce choc en provoquant 8 hausses successives du prix du pétrole.

1 – La naissance d’un cartel

Une des premières réunions de l’OPEP à Genève, Suisse en 1962 - Photo OPEP

Moteur de la seconde révolution industrielle et base de la société contemporaine, le pétrole possède une place majeure dans tous les domaines, du transport à la géopolitique. Bien que concurrencé par de nou-

velles ressources énergétiques, le pétrole et plus particulièrement son prix, continue d’influencer l’économie énergétique, les relations diplomatiques et commerciales mais aussi les politiques environnementales.

Traduction de la complexité de notre monde contemporain, le prix du pétrole se caracté-rise par une extrême volatilité mais est aussi sujet à un grand paradoxe : une poignée de per-sonnes aux intérêts divers possèdent la force nécessaire pour le modifier artificiellement.

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2 – Les atouts changent de main

En réaction à la stratégie belliqueuse du cartel, les pays occidentaux diversifient leurs ressources

énergétiques et exploitent de nouveaux gisements hors de la zone d’influence de l’OPEP. Face à ce renversement de situation et à l’abondance de l’offre, l’Arabie saoudite s’isole et débute une guerre des prix en inondant le marché par de grandes quantités de pétrole saoudien. Ce contre choc pétrolier de 1986 provoque la chute libre des prix sous les 10$ et déstabilise une nouvelle fois l’équilibre fragile des marchés internationaux.

Mais revenons à présent à deux acteurs emblématiques du cartel : l’Irak et l’Iran. Leur longue guerre a laissé deux pays exsangues, frustrés et ruinés. L’Irak est écrasé par les dettes qu’il a contractées auprès de l’Arabie saoudite et du Koweït, afin de financer la guerre de 80-88. Ce contexte difficile sera le terreau idéal pour un nouveau conflit dans la région. La poudrière du golfe persique n’a besoin que d’une étincelle pour s’embraser.

La succession de plusieurs événements tels que la menace de Saddam Hussein d’annuler les dettes de l’Irak auprès de l’Arabie saoudite sous peine d’affrontements armés, le regard avide de l’Irak sur le Koweït, son ancienne province ayant gagné son indépendance grâce au soutien occidental et lui restreignant l’accès à la mer, ou le non-respect des quotas de production de pétrole du Koweït, rendent la situation extrêmement délicate. L’équilibre de la région sera rompu au début de l’été 1990 quand l’Irak accusera le Koweït de forer côté irakien. La guerre du golfe durera moins d’un an et se soldera

par un embargo commercial décrété par l’ONU contre l’Irak ainsi qu’une forte tension sur le marché de l’or noir permettant à l’OPEP de récupérer sa position maîtresse.

Deux décennies plus tard, le pic historique atteint lors de la crise économique de 2008 sera le premier révélateur que le cartel doit repenser sa stratégie face à un monde en pleine mutation énergétique. L’OPEP interviendra 3 fois entre fin 2008 et 2009 pour réduire de manière drastique la production, afin d’augmenter artificiellement le prix du pétrole et conserver son influence.

Ce maintien de la hiérarchie traditionnelle ne sera néanmoins que de courte durée, car dès 2014 des accords sont signés avec les compagnies internationales pour l’exploitation du gaz et du pétrole de schiste aux États-Unis. Cette nouvelle offre inonde le marché mondial et force l’OPEP à réagir rapidement pour stopper l’hémorragie. L’organisation prend alors la lourde décision de ne plus soutenir les prix mais plutôt de protéger ses parts de marché et de tuer la production américaine en proposant un baril très bon marché.

On notera que ce type de stratégie n’est viable qu’à court terme dans un secteur aussi dynamique et dépendant du contexte géopolitique que le pétrole. Le cartel va tenter, avec le nouvel accord signé le 30 novembre 2016, de retrouver une position dominante en dépit d’un cours du pétrole à son niveau le plus bas depuis 2008 et de la situation catastrophique en Irak ainsi qu’au Venezuela.

3 – Un accord historique

1,2 million : il s’agit du nombre de barils par jour que les membres de l’Organisation des Pays Exporta-teurs de Pétrole se sont engagés à déduire de leur production à partir du 1er janvier 2017. Avec une diminution de 2% tous les mois sur la production mondiale pendant 6 mois reconductibles, l’OPEP espère limiter l’effondrement du prix du pétrole.

Cet accord historique a été conclu en deux temps. En septembre, un sommet est organisé et aboutit à la décision d’augmenter les prix en jouant sur la pro-duction de pétrole. Puis en novembre, les membres de l’OPEP ont déterminé la tactique à déployer pour permettre cette hausse artificielle sur les marchés.

Pour Algérie Focus, le vrai défi de ces deux sommetsétait le réchauffement des relations entre l’Arabie saoudite et l’Iran sur ces questions stratégiques. Depuis quelques mois, la République islamique bé-néficie d’une levée de l’embargo international et souhaite reprendre sa place sur l’échiquier des né-gociations pétrolières. La récupération de ses quotas implique une réduction non négligeable des parts de marché de l’Arabie saoudite. Trouver un terrain d’entente entre ces deux géants du golfe Persique, aux idéologies opposées, relevait presque du miracle.

Cependant, selon le Financial Times, la situation économique des membres de l’OPEP se ressem-

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Un journaliste filme une intervention au som-met de l’OPEP – Photo Joe Kalmar/AFP

ble étrangement et commence à devenir critique à cause de la grande faiblesse des prix du pétrole. La majorité des Etats oscillent entre des réformes économiques sans effet et des mesures d’austérité affectant durablement une paix sociale très fragile. Pour l’ensemble du cartel, cet accord est vital car les fonds des Etats se réduisent comme peau de chagrin.

Bien que non membre de l’organisation, la Russie a participé aux sommets et s’engage à réduire de 300 000 barils par jour sa production. De son côté, l’Iran a reçu l’autorisation de réduire sa production en pre-nant comme référence sa production d’avant la mise en place des sanctions internationales de 2012. Par ail-leurs, la Libye, qui fait face depuis 5 ans à une guerre civile sanglante, et le Nigeria, qui subit des attaques re-belles répétées sur ses installations pétrolières du fleuve Niger, ne participeront pas à cette réduction massive.

Dès l’annonce de la signature de l’accord, le prix du Brent, la référence européenne, a grimpé de 8% et a ainsi dépassé les 50$. De même, de l’autre côté de l’Atlantique le WTI, la référence américaine, a lui aug-menté de 9%. Face à cette hausse brutale de la bourse, le Wall Street Journal se demande si l’accord sera réel-lement respecté, car certains acteurs ont une fâcheuse tendance à ne pas respecter leurs engagements…

Du côté des prévisions, le journal suisse Le Temps pense que l’accord laisse les barils à 40 – 45$ loin derrière mais qu’il est peu probable que le prix du baril dépasse

les 60 – 80$. Une augmentation excessive des prix se-rait dangereuse et rendrait le pétrole classique moins compétitif par rapport au pétrole de schiste améric-ain. Or justement, la stratégie de l’OPEP depuis 2 ans consiste à évincer ces produits concurrents du marché.

Deux pays ressortent gagnants de cet ac-cord : l’Arabie saoudite et l’Algérie. Pour le royaume wahhabite, cette baisse indolore de la production, due à la diminution naturelle à cette période de l’année, lui permet de ne pas por-ter seul le poids de l’intervention. Par ailleurs, cet ac-cord permet d’empêcher l’Iran d’atteindre les 200 000 barils supplémentaires et protège l’Arabie saoudite pendant quelques mois. De son côté, l’Algérie a conduit les discussions et les navettes diplomatiques grâce à son ministre de l’énergie Noureddine Boutarfa. Le rôle de médiation de l’Algérie a été possible grâce aux relations apa-isées qu’elle entretient avec les autres membres du cartel mais surtout, elle lui a donné l’occasion de renforcer ses liens diplomatiques. Cet accord est un immense enjeu pour ce pays où le pétrole et le gaz génèrent plus de 2/3 des recettes fiscales.

Au regard de l’histoire agitée de l’organisation, on peut s’interroger sur la puissance de décision que détient aujourd’hui l’OPEP et sur les répercussions possibles de ce nouvel accord signé le 30 novembre dernier.

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Léa TATRY

Sources :

• http://www.lesechos.fr/finance-marches/marches-financiers/0211548638824-petrole-les-cinq-dates-qui-ont-marque-lhistoire-de-lo-pep-2046961.php

• http://www.monde-diplomatique.fr/2006/05/A/13414• http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2016/09/29/baisse-du-prix-du-petrole-qu-est-ce-que-l-opep_5005617_4355770.html• http://www.courrierinternational.com/article/environnement-cop21-lopep-decideur-de-lombre• http://videos.lesechos.fr/lesechos/c-est-quoi-ce-chiffre/lopep-un-accord-historique-fait-flamber-le-petrole/83s3fl• http://www.courrierinternational.com/article/energie-laccord-de-lopep-fait-remonter-les-cours-du-petrole• http://www.challenges.fr/entreprise/energie/accord-surprise-de-l-opep-une-victoire-pour-l-arabie-saoudite_440840• http://www.lemonde.fr/economie/article/2016/11/30/opep-accord-a-l-arrache-sur-une-baisse-de-production-de-petrole_5040959_3234.

html?xtmc=opep&xtcr=4• http://www.lesechos.fr/finance-marches/marches-financiers/0211547680695-lalgerie-sest-imposee-comme-lun-des-acteurs-clefs-dans-les-

tractations-diplomatiques-2047080.php• http://www.lesechos.fr/idees-debats/editos-analyses/0211548488088-le-nouvel-ordre-petrolier-2047154.php

Bien que les variations du cours du Brent et du WTI soient régies par des facteurs économiques et géopolitiques, les interventions de l’OPEP sur le marché exacerbent ou lissent ces variations au gré des intérêts person-nels de ses membres. Une littérature économique foisonnante tente depuis quelques années de pré-dire l’impact des chocs produits par l’organisation sur le prix du pétrole grâce à des modèles complexes.

Par le passé, les mesures prises par l’OPEP ont pro-voqué une crise économique d’ampleur interna-tionale lors du premier choc pétrolier de 1973. Aujourd’hui, le cartel s’est grandement affaibli mais garde un pouvoir de décision pouvant fortement in-fluencer les politiques énergétiques et climatiques.

Un des exemples emblématiques en matière de cli-mat est l’accord du 9 novembre 2015. La volonté des membres du cartel de conserver un prix bas rend par-ticulièrement compétitives les énergies fossiles, ce qui augmente la consommation de carburant et de chauffage au fioul ainsi que les émissions de gaz à effet de serre. Cet impact négatif à court et moyen termes pour le climat s’étend aussi aux énergies renouvel-ables, dont l’investissement devient moins attractif. Les

leviers politico-économiques disponibles aujourd’hui pour protéger l’environnement peuvent dès lors sem-bler bien faibles face à ces puissances pétrolières.

Pourtant, l’accord signé fin novembre 2016 devrait avoir un faible impact sur les marchés car l’âge d’or de l’OPEP des décennies 70-80 est révolu. La naissance de forts désaccords entre les membres du cartel rend les négociations extrêmement difficiles et la probabilité de trouver un compromis pouvant impacter le monde contemporain, infime. L’Irak et l’Iran font leur retour sur la scène internationale et ne cachent plus leurs ambi-tions, que les pays du Golfe et l’Arabie saoudite tentent de freiner avec un succès mitigé, tandis que les huiles et gaz de schiste américains inondent le marché oc-cidental et asiatique. Dans ce contexte, l’influence de l’OPEP se réduit et l’intervention des Etats, ainsi que les initiatives des oligopoles, sont de moins en moins décisives. Le marché reprend ses droits, et même si cela signifie que le glas a sonné pour le cartel, la vraie question est maintenant de savoir quand et surtout, à quoi ressemblera la sphère énergétique sans l’OPEP.

4 – Le sombre futur de l’oligarchie pétrolière

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Léa TATRY

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Noël

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Le prénom que nous lui avons attribué, Téré, a d’ailleurs contribué à sa bonne intégration dans la promo. Ce nom est en lien avec le titre d’une chan-son togolaise très appréciée par les élèves du Mas-tère. A bien des occasions, Téré a pu démontrer ses talents de danseur aux côtés de ses compagnons.

A notre arrivée Catherine nous a trouvé une mascotte, un chien de taille certaine, qui

errait comme une âme en peine dans son bureau depuis le départ de son père adoptif, Jérôme.

Certes, elle a essayé d’égayer son quotidien en lui créant une chevelure en élastique et en lui attribuant des objets confectionnés spécialement pour lui par Xavier.

Même Gilles, touché par la solitude du pauvre chien, a essayé de lui remonter le moral et de le ré-conforter. Mais rien n’y fit, le pauvre se sentait tou-jours aussi seul.

Tout a cependant changé lorsqu’il est arrivé dans la salle des OSE. Il a réellement repris vie et s’est

naturellement fait une place parmi les élèves, n’hésitant pas à être associé aux différentes activités du groupe y compris aux TP d’optimisation avec Jean-Paul.

Téré en projet de promo

Démo de danse de Téré

Téré est sans aucun doute le reflet de la bonne ambiance qui règne au sein du Mastère. Pour les fêtes de fin d’année, il s’est récemment mué en Téré-Père Noël, n’hésitant pas à nous offrir des cadeaux avant l’heure.

Nous lui avons bien entendu promis de rester sages, sérieux et travailleurs. Avec une telle implication dans le groupe, c’est tout naturellement qu’il se joint à nous pour vous souhaiter de bonnes fêtes de fin d’année.

Gildas SIGGINI

Téré, la nouvelle mascotte de la promo OSE 2016

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Rédacteurs en ChefsApolline FAURE - Thibaud ROY - Gildas SIGGINI

MaquettisteMichael CHAN

JournalistesTous les élèves du MS OSE

Rédaction : Contacts :

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Téléphone04 97 15 70 73

Mastère Spécialisé OSECentre de Mathématiques Appliquées

Mines ParisTech Rue Claude Daunesse - CS 10207

06 904 SOPHIA ANTIPOLIS Cedex

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La promo 2016 et Téré vous souhaitent de bonnes fêtes de fin d’ année

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