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2 regaRds croisés La nature est-elle compatible avec Paris ? Louis Benech : Oui, la preuve ça pousse! Aux Tuileries en 1989, dans les bassins à sec ont germé spontanément des graines transportées par les oiseaux. Et dans cette période difficile, le jardin est important car il peut apporter de la douceur et j’espère, panser un peu les gens qui sont dans le désarroi… Pierre-Alexandre Risser : Elle est indispensable. Il y a encore vingt ans mes clients citadins avaient des parents qui possédaient un jardin. Aujourd’hui les quadragénaires ont toujours vécu en appartement. Ils savent à peine qu’il faut arroser une plante ! Depuis les années 1970 le monde a évolué. On vit de plus en plus dans le virtuel et l’immédiateté. Mais notre horloge biologique n’a pas changé. On a toujours ce besoin vital du rythme du jardin. C’est la bouffée d’oxygène des citadins. Qu’est-ce que signifie la protection de l’environnement dans vos réalisations ? L. B. : Je me sens citoyen du monde. On consomme de l’eau en excès et on rejette des eaux polluées. Quand j’ai présenté mon projet des Tuileries en 1989 avec des plantes qui ne nécessitaient pas d’arrosage, on a gentiment rigolé. Aujourd’hui ça semblerait tout à fait normal. P-A. R. : Je travaille sur un projet de maison de jardin bio. Une pièce à vivre végétale, de 3 x 3 m pour s’échapper, totalement inscrite dans le développement durable. Votre dernière émotion forte dans la nature ? L. B. : La Nouvelle-Zélande où j’ai marché pendant dix jours dans des forêts sublimes ! Le Botswana pour ces arbres qui L’UN A REPENSÉ LES TUILERIES IL Y A VINGT ANS, L’AUTRE Y ORGANISE LA 6 E ÉDITION DE “JARDINS,JARDIN” DU 5 AU 7 JUIN, L ’ÉVÉNEMENT VERT AU CŒUR DE PARIS. LOUIS BENECH ET PIERRE-ALEXANDRE RISSER ONT PLUS QUE JAMAIS LEURS MOTS À DIRE SUR NOTRE ÉPOQUE QUI SE MET AU VERT. PROPOS RECUEILLIS PAR SABINE BOUVET. Louis Benech en 4 dates. 1957 : naissance. 1982 : maîtrise de droit et stage à la pépinière de Kerdalo (Trédarzec). 1989 : jardin des Tuileries. 2007 : jardin du Trianon Palace (Versailles). Pierre-Alexandre Risser en 4 dates. 1962 : naissance. 1983 : BTS horticulture ( Antibes). 1990 : jardin de Kenzo (Paris). 2004 : création de “Jardins, jardin”. mots verts © D.R. © Claude Weber Pierre-Alexandre Risser poussent à deux mètres du sol, sur des monts. Et mon bout de balcon au bureau quand une fleur éclot le matin. P-A. R. : Un champ de pavots en fleurs au Rajasthan ou le Jardin Botanique de Cape Town. Et chaque année au printemps, retrouver l’explosion des bulbeuses, ces plantes qui vivent sous terre tout l’hiver. Cet été vous serez mer, montagne, cam- pagne ou bitume ? L. B. : Je travaille à la montagne, au Portugal et en Grèce mais j’irai aussi piquer une tête dans l’Atlantique en France. Et j’aime l’odeur du bitume à Paris l’été ! P-A. R. : J’irai faire la tournée de mes four- nisseurs en Toscane avec mes enfants. Quand j’arrive là-bas, je leur dis “C’est mon pays !” Ensuite direction le cap Ferret et l’Auvergne, dans mon moulin au trou du c… du monde où il n’y a pas l’eau cou- rante mais seulement la rivière ! Si vous étiez une plante ? L. B. : L’olivier, un arbre mythique, qui peut raconter plein de choses. Une graminée en bord de route, du Massif central ou de Bretagne. Une annuelle, vagabonde. P-A. R. : La violette, je la cueillais quand j’étais môme. Le figuier, cet arbre biblique, pour son ombre. Quelle est votre actu ? L. B. : Le Royal Monceau avec Starck et à nouveau les Tuileries avec Pascal Cribier, la locomotive de cette histoire-là. P-A. R.: Mon livre Un beau jardin au fil des saisons (Solar) pour expliquer au citadin que le jardin n’est pas une corvée et “Jardins, jardin”. Si vous n’habitiez pas ici ? L. B. : L’Angleterre, j’y ai vécu, je me sens chez moi. On peut parler poireau ou hamamélis avec quelqu’un qu’on rencontre pour la première fois ! P-A. R. : À Cape Town ou Rio, pour ce mélange de nature sauvage et de ville. Sur une île en Grèce à ma retraite. Louis Benech COP0005_regardscroisesBATok_coteparis05 04/01/12 18:19 Page2

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La nature est-elle compatible avec Paris?Louis Benech: Oui, la preuve ça pousse! Aux Tuileries en 1989,dans les bassins à sec ont germé spontanément des grainestransportées par les oiseaux. Et dans cette période difficile, le jardin est important car il peut apporter de la douceur etj’espère, panser un peu les gens qui sont dans le désarroi…Pierre-Alexandre Risser : Elle est indispensable. Il y a encorevingt ans mes clients citadins avaient des parents qui possédaientun jardin. Aujourd’hui les quadragénaires ont toujours vécu enappartement. Ils savent à peine qu’il faut arroser une plante !Depuis les années 1970 le monde a évolué. On vit de plus en plus dans le virtuel etl’immédiateté. Mais notre horloge biologique n’apas changé. On a toujours ce besoin vital durythme du jardin. C’est la bouffée d’oxygènedes citadins.

Qu’est-ce que signifie la protection de l’environnement dans vos réalisations?L. B.: Je me sens citoyen du monde. On consommede l’eau en excès et on rejette des eaux polluées.Quand j’ai présenté mon projet des Tuileries en1989 avec des plantes qui ne nécessitaient pasd’arrosage, on a gentiment rigolé. Aujourd’hui çasemblerait tout à fait normal.P-A. R. : Je travaille sur un projet de maison de jardin bio. Une pièce à vivre végétale, de 3 x 3 m pour s’échapper, totalement inscrite dans le développement durable.

Votre dernière émotion forte dans la nature?L. B. : La Nouvelle-Zélande où j’ai marché pendant dix joursdans des forêts sublimes ! Le Botswana pour ces arbres qui

L’UN A REPENSÉ LES TUILERIES IL Y A VINGT ANS, L’AUTRE Y ORGANISE LA 6E ÉDITION DE “JARDINS,JARDIN” DU 5 AU 7 JUIN, L’ÉVÉNEMENT VERT AU CŒUR DE PARIS. LOUIS BENECHET PIERRE-ALEXANDRE RISSER ONT PLUS QUE JAMAIS LEURSMOTS À DIRE SUR NOTRE ÉPOQUE QUI SE MET AU VERT.

PROPOS RECUEILLIS PAR SABINE BOUVET.

Louis Benech en 4 dates.1957 : naissance. 1982 : maîtrise de droit et stage à la pépinièrede Kerdalo (Trédarzec). 1989 : jardin des Tuileries. 2007 : jardin duTrianon Palace (Versailles).Pierre-Alexandre Risser en 4 dates.1962 : naissance. 1983 : BTS horticulture ( Antibes). 1990 : jardinde Kenzo (Paris). 2004 : création de “Jardins, jardin”.

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Pierre-Alexandre Risser

poussent à deux mètres du sol, sur desmonts. Et mon bout de balcon au bureauquand une fleur éclot le matin.P-A. R. : Un champ de pavots en fleurs au Rajasthan ou le Jardin Botanique de Cape Town. Et chaque année au printemps,retrouver l’explosion des bulbeuses, cesplantes qui vivent sous terre tout l’hiver.

Cet été vous serez mer, montagne, cam-pagne ou bitume?L. B. : Je travaille à la montagne, au Portugalet en Grèce mais j’irai aussi piquer une têtedans l’Atlantique en France. Et j’aimel’odeur du bitume à Paris l’été !P-A. R. : J’irai faire la tournée de mes four-nisseurs en Toscane avec mes enfants.Quand j’arrive là-bas, je leur dis “C’est mon

pays !” Ensuite direction le cap Ferret et l’Auvergne, dans monmoulin au trou du c… du monde où il n’y a pas l’eau cou-rante mais seulement la rivière !

Si vous étiez une plante?L. B. : L’olivier, un arbre mythique, qui peut raconter pleinde choses. Une graminée en bord de route, du Massif centralou de Bretagne. Une annuelle, vagabonde.P-A. R. : La violette, je la cueillais quand j’étais môme. Le figuier,cet arbre biblique, pour son ombre.

Quelle est votre actu?L. B. : Le Royal Monceau avec Starck et à nouveau les Tuileriesavec Pascal Cribier, la locomotive de cette histoire-là.P-A. R.: Mon livre Un beau jardin au fil des saisons (Solar)pour expliquer au citadin que le jardin n’est pas une corvéeet “Jardins, jardin”.

Si vous n’habitiez pas ici ?L. B. : L’Angleterre, j’y ai vécu, je me sens chez moi. On peutparler poireau ou hamamélis avec quelqu’un qu’on rencontrepour la première fois !P-A. R. : À Cape Town ou Rio, pour ce mélange de nature sauvage et de ville. Sur une île en Grèce à ma retraite.

Louis Benech

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