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GRANDE DISTRIBUTION Regard d’expert par Bertrand GUÉLY ©FFANG-DREAMSTIME.COM 28 vegetable.fr • n o 340 / janvier 2017  Des applications dédiées, un nouveau moyen d’apporter au consommateur les informations et la culture f & l qui lui manquent aujourd’hui ? Pour informer 1 Le Shazam des f & l Bien sûr, tout le monde ou presque sait reconnaître une pomme d’une poire (même si, comme le disent fort justement les Guignols, la frontière est fine et que le taux de réussite au premier tour du baccalau- réat f & l chute dès qu’on sort un nashi...) ou un poireau d’une endive, mais combien peuvent différencier une Golden d’une Tentation, une Williams d’une Guyot, une laitue Iceberg d’une Chioggia ? À quel très faible pourcentage d’initiés tombe-t-on quand il s’agit -plus diffi- cile- de mettre un nom sur un petit exotique d’importation ou même un légume ancien bien de chez nous mais d’il y a longtemps ? Je suis convaincu qu’avec les formes, les couleurs et les tailles, il doit y avoir moyen, simplement en « montrant » le produit à son smartphone, de se voir indiquer l’espèce et peut-être même la variété concernées. De même que l’ensei- gnement par les instituteurs/professeurs doit venir se poser sur le socle de l’éducation des parents, l’information aux consommateurs se doit de démarrer par les bases. Inutile d’aller leur infliger quelques speed dating avec d’éphémères diététiciennes ou d’alicamentiser le discours... s’ils ne savent pas mettre un nom sur le produit. 2 Doutuvien Même si la notion de trio espèce/variété/ terroir mécanique- ment revendiquée par les plus intéres- sés est, à de nombreux Des applications pour informer et éduquer ET SI ON TROUVAIT LE MOYEN VIA DES APPLICATIONS, D’INFORMER ET D’ÉDUQUER MME MICHU ? SI LE SMARTPHONE ARRIVAIT À FAIRE CE QUE LA FILIÈRE SE LAMENTE DE NE PAS RÉUSSIR DEPUIS DES ANNÉES ? IMAGINONS DES APPLICATIONS GRATUITES POUR SIMPLIFIER LES ACHATS FACE À L’ÉTAL. DANS UN PREMIER TEMPS JE VOUS PROPOSE 5 APPLICATIONS POUR INFORMER, LE MOIS PROCHAIN, 5 APPLICATIONS POUR ÉDUQUER.

Janvier 2017 - Des applications pour informer et éduquer

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GRANDE DISTRIBUTION Regard d’expert

par Bertrand GUÉLY

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28 • vegetable.fr • no 340 / janvier 2017

Le smartphone au secours du rayon f & l

 Des applications dédiées, un nouveau

moyen d’apporter au consommateur

les informations et la culture f & l qui lui manquent

aujourd’hui ?”

Pour informer

1 Le Shazam des f & lBien sûr, tout le monde ou presque sait reconnaître une pomme d’une poire (même si, comme le disent fort justement les Guignols, la frontière est fine et que le taux de réussite au premier tour du baccalau-réat f & l chute dès qu’on sort un nashi...) ou un poireau d’une endive, mais combien peuvent différencier une Golden d’une Tentation, une Williams d’une Guyot, une laitue Iceberg d’une Chioggia ? À quel très faible pourcentage d’initiés tombe-t-on quand il s’agit -plus diffi-cile- de mettre un nom sur un petit exotique d’importation ou même un légume ancien bien de chez nous mais d’il y a longtemps ? Je suis convaincu qu’avec les formes, les couleurs

et les tailles, il doit y avoir moyen, simplement en « montrant » le produit à son smartphone, de se voir indiquer l’espèce et peut-être même la variété concernées. De même que l’ensei-gnement par les instituteurs/professeurs doit

venir se poser sur le socle de l’éducation des parents, l’information aux consommateurs

se doit de démarrer par les bases. Inutile d’aller leur infliger quelques speed dating avec d’éphémères diététiciennes ou d’alicamentiser le discours... s’ils ne savent pas mettre un nom sur le produit.

2 DoutuvienMême si la notion de trio espèce/variété/terroir mécanique-ment revendiquée par les plus intéres-sés est, à de nombreux

Des applications pour informer et éduquer

ET SI ON TROUVAIT LE MOYEN VIA DES APPLICATIONS, D’INFORMER ET D’ÉDUQUER MME MICHU ? SI LE SMARTPHONE ARRIVAIT À FAIRE CE QUE LA FILIÈRE SE LAMENTE DE NE PAS RÉUSSIR DEPUIS DES ANNÉES ? IMAGINONS DES APPLICATIONS GRATUITES POUR SIMPLIFIER LES ACHATS FACE À L’ÉTAL. DANS UN PREMIER TEMPS JE VOUS PROPOSE 5 APPLICATIONS POUR INFORMER, LE MOIS PROCHAIN, 5 APPLICATIONS POUR ÉDUQUER.

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Impossible n’est pas f & l !Compte-tenu de la multitude d’applications diverses et variées qui existe, il est probable que certaines de celles dont j’ai rêvé existent déjà, peut-être seulement sous une forme un peu différente. Il convient alors de mieux en faire la promotion.

Par ailleurs, il est inévitable de devoir faire face a priori à certaines impossibilités techniques à les réaliser. Ces difficultés ne doivent pas être freins dans la capacité à innover car ne pas s’attaquer au « ça n’est pas possible ! » asséné avec toutes nos certitudes bien françaises condamne à une approche timorée à la Tim Cook, qui consiste à s’éloigner peu à peu des vraies ruptures auxquelles nous avait habitués le regretté Steve Jobs.

Enfin, je suis conscient qu’il y a quelque chose d’un peu désespérant dans le fait de devoir passer par des applications pour tenter d’apporter des choses qu’on peine à distiller par ailleurs à Madame Michu mais, bon, modernité oblige !

Le smartphone au secours du rayon f & l

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Retrouvez l’humeur de Bertrand Guely sur son végéblog :

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Le mois prochain : 5 applications pour éduquer

le consommateur

égards, contestable, même si elle est d’abord souvent liée à une simple crispation protec-tionniste et à une volonté des chosen few de sacraliser leurs terroirs, on peut tout de même imaginer une application qui donnerait non pas tous les terroirs d’origine d’une espèce mais indiquerait plutôt d’où elle devrait logi-quement provenir. Je suis conscient que cela donnerait probablement lieu à d’interminables débats de spécialistes mais, à part pour les pro-duits hors-sol, le sol et le climat ont encore -et heureusement- leur mot à dire. Cette applica-tion permettrait aussi de s’affranchir de tous les signes de reconnaissance inventés par les marketeux et qui ne servent à rien.

3 La main au panierOn le sait, le client choisit majoritairement ses f & l à l’envie face à l’étal. Par contre, rien n’empêche d’aiguiller celui qui a quand même des convictions sur son panier de saison en les prenant d’em-blée en compte. Ren-trez un budget f & l et l’application vous listera ce qu’elle vous propose d’acheter si vous souhaitez consommer français, local, pas cher au kilo...

4 Comment ça pas frais mon cresson !?Pour les lecteurs d’Asterix (oui, je sais, les petits gaulois ne sont pas très tendance en cette période électorale...), vous vous sou-venez probablement de l’éter-nelle dispute entre les deux poissonniers con-cernant la fraîcheur de leurs produits. On peut aisément voir la même chose pour les f & l de l’étal. Frais ou pas ? En fonc-tion de l’espèce, les signes exté-rieurs de fraîcheur ne sont pas forcément très lisibles pour le néophyte, voire inexis-tants pour certains produits avant la prépara-tion ou la consommation... à la maison. D’où un fort risque de décevoir. Une application qui donnerait quelques clés simples (vous voulez vérifier que votre cresson est frais : assurez-vous que...) serait à mon sens utile. Elle aurait aussi comme intérêt corollaire de permettre de démasquer les maquilleurs (sur certains marchés de plein vent ou dans le métro) qui usent de différents artifices (dont certains

dangereux) pour, comme dans les « desperate cliniques » de Beverly Hills,

donner une seconde jeunesse à des défraîchis.

5 AdopteUnVendeur.comÀ chaque fois qu’on a besoin d’un conseil en magasin avant d’acheter, on trouve soit le tire-au-flanc délégué syndical avec son faux mal au dos qui roupille au pool balance, soit l’étudiant dégingandé bombardé ELS qui est en train de bourrer le rayon à la fourche, soit l’employé lambda qui n’est pas de bonne humeur car il vient d’apprendre qu’il n’a pas son samedi ou que le boucher lui a piqué son tire-pal, soit... personne !Qu’à cela ne tienne, il n’y a qu’à profiter de la

technologie récente de la réalité augmentée pour implanter des conseillers virtuels. Un peu à la façon des monstres Pokémon,

ils pourraient apparaître à la demande sur notre smartphone et, sur la base de mots clés, réciter tout ce qu’il y a à savoir sur un produit : comment choisir, conseils de préparation, de conservation... Ils pourraient aussi mettre l’accent sur une nouvelle aspérité de l’assorti-ment : nouvelle référence de saison, promo-tion percutante... Bien sûr, cela ne remplacera pas un vrai vendeur pour tout le monde, mais qui s’offusque encore de demander des choses à Siri ?