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"Les Français attendent une communication politique qui s’éloigne des codes standardisés"

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Cercle des communicants francophones

#Tribune3

Moins de confiance envers les hommes politiques, un problème de communication ?

Tribune libre rédigée par des étudiants de Sphère CCP, l’association des étudiants du Master communication publique et politique de Sciences Po Bordeaux et publiée en mars 2017.

Méfiance envers les hommes politiques, hausse de l’abstention aux élections, montée des extrêmes, telles sont les manifestations désormais bien connues, d’une crise du système démocratique actuel. En effet, même si ce système n’a jamais connu de réel âge d’or, il semblerait que les dernières années aient mis en exergue les difficultés du pouvoir à prouver sa légitimité. À cette dernière, s’ajoute le fiasco des experts, décrédibilisés à plusieurs occasions, aussi bien lors du référendum sur le Brexit que lors de l’élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis ou de François Fillon à la tête des Républicains.

Pourquoi cet échec de la démocratie ?

L’ingénierie de la communication politique et la crise de confiance citoyenne : un lien de cause à effet ?

L’élection de Donald Trump, au-delà de sa teneur polémique, nous intéresse en ce qu’elle interroge la fracture entre une communication politique moderne achevée, aboutie, organisée, « correcte » et une frange citoyenne toujours plus importante à la renier et à se tourner vers des horizons moins standardisés.

Il est en effet notable qu’Hillary Clinton a mené sa campagne avec une communication bien agencée et bien ancrée dans l’évolution du domaine, reprenant l’exponentiel appareil de communication de Barack Obama, qui fut pionnier dans le déploiement d’une véritable ingénierie communicationnelle moderne (Big data etc.).

La trame fondamentale de notre analyse est la suivante : plus les hommes politiques technocratisent leur communication, plus leur image et leur manière de s’adresser aux citoyens se standardisent, tant sur le fond que sur la forme. Les mêmes enjeux sont traités avec les mêmes mots-clés, et nous pouvons sentir dans de nombreuses interventions le poids

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du conseiller en communication qui pondère chaque discours en vue d’éviter le dérapage, le bad buzz.

Deux choses se produisent alors : non seulement les discours politiques, qui répondent en grande partie à ces principes communicationnels, s’uniformisent, mais au-delà, cela suscite un plus grand sentiment de rejet des « élites » qui « parlent tous pareils » et peut contribuer à envoyer une bonne partie de l’électorat dans les bras des dits « populistes », des adeptes du « non politiquement correct » et crée une grande fenêtre de tir pour ces derniers.

En effet, la crise de confiance actuelle se caractérise par une méfiance à l’égard du personnel politique. Il ne convient pas ici de discuter du bien-fondé ou de la pertinence de la critique des élites, mais de partir de ce constat pour mettre en évidence les enjeux très actuels de la communication politique. Si la rupture s’explique en grande partie par la perception du personnel politique comme élite coupée des réalités citoyennes, l’ingénierie communicationnelle ne fait qu’agrémenter cette distance.

Ainsi, la communication politique est face à un défi : réussir à toucher de nouveau les citoyens tout en évitant les dérives des communications des partis « populistes ». Il semblerait en effet que les Français attendent une communication qui s’éloigne des codes standardisés. Sortir des éléments de langage, des discours creux, du politiquement correct sans faire de discours démagogique ou alors tomber dans le racisme ou la misogynie ordinaire, tel semble être le défi qui attend les communicants d’aujourd’hui.