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la Lettre de la SFMC Société Française de Médecine de Catastrophe 84 - novembre 2015 - 17 e année La vie de la SFMC. ...................................................................................2 Les attentats de Paris ..............................................................................5 Les principaux événements .................................................................10 Bibliographie ........................................................................................ 25 Rétrospectives .....................................................................................26 Catastrophes et deuils ......................................................................... 27 Concept d’implication nationale ? ..................................................... 30 Catastrophe, informations et éléments de langage ........................ 31 38, rue Dunois - 75637 Paris Cedex 13 Téléphone : (33) 06 43 26 81 51 [email protected] www.sfmc.eu 84 La lettre de la SFMC n°84 - 1 -

Lettre sfmc n°84_novembre_2015

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la Lettre de la SFMC

Société Française deMédecine de Catastrophe

N ° 8 4 - n o v e m b r e 2 0 1 5 - 1 7 e a n n é e

La vie de la SFMC. ...................................................................................2

Les attentats de Paris..............................................................................5

Les principaux événements .................................................................10

Bibliographie ........................................................................................ 25

Rétrospectives .....................................................................................26

Catastrophes et deuils......................................................................... 27

Concept d’implication nationale ? ..................................................... 30

Catastrophe, informations et éléments de langage ........................ 31

38, rue Dunois - 75637 Paris Cedex 13Téléphone : (33) 06 43 26 81 [email protected]

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La lettre de la SFMC n°84 - 1 -

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La vie de la SFMC

Le mot du président

Médecine de Catastrophe et l’Uber-terrorisme du 13 novembre

Les récents attentats dont la population parisienne a été la cible ont été la catastrophe anthropogénique sociale la plus impor-tante vécue en France depuis la seconde guerre mondiale1.Notre première pensée ira aux victimes innocentes et à leurs familles, à tous ces jeunes adultes fauchés aumoment de leur pleinépanouissement familial, social et professionnel. La seconde à l’ensemble des sauveteurs publics et privés, professionnels etassociatifs engagés au mépris de leur propre sécurité sur un théâtre d’opération non ou peu sécurisé. Ils méritent notre admi-ration et notre soutien.Le vendredi noir a également relancé les réflexions sur l’organisation des secours et des soins d’urgence pour un type de ca-tastrophe que la France n’avait pas encore vécu: l’attentat terroriste multisite qui avait frappé deux capitales européennes Ma-drid et Londres. À partir des informations que nous avons pu réunir, nous avons rédigé des réflexions que vous trouverez plusavant dans cette Lettre de la SFMC. C’est l’article que j’ai intitulé L’attentat du vendredi 13 et l’"Ubérisation" du terrorisme.

Que penser de cette série d’attentat?Il ne nous appartient pas de revenir aux causes de la radicalisation des terroristes, aux divers facteurs qui ont favorisé ou sus-cité l’éclosion de ce type d’agression: les médias les ont largement développés. Il en est un qui, de notre point de vue, a étésous-estimé et qui a des conséquences sur le comportement citoyen: c’est l’Ubérisation du terrorisme. Le rôle des réseaux so-ciaux a contribué au développement d’un terrorisme nouveau: le passage à l’acte d’individus ou de groupes qui ont été recru-tés, convaincus, téléguidés par l’intermédiaire d’internet, de Facebook, de Tweeter. Terroristes parfois dépourvus d’une véritableformation au maniement des armes: qui se tire une balle dans le pied et appelle le SAMU, qui enraye sa kalachnikov dans letrain…A cet « Uber-terrorisme » doit répondre symétriquement « l’Uber-résistance » des citoyens. C’est ce qui s’est passé spontané-ment en Belgique: diffusion saturante de messages sur les chats pour couvrir une intervention de police. C’est aussi dévelop-per la capacité des citoyens de se prendre en charge ou de porter secours à un proche, un voisin blessé. Des témoins ont utiliséleur chemise pour faire des pansements compressifs, des garrots aux blessés. Cette capacité est encore trop rare en France.

Que penser des secours?Il s’agit de la première attaque simultanéemultisite en France. Avecmulti-types d’agression: fusillades, explosions, prise d’otages.Trois types d’agression qui provoquent trois types de dominantes: blessures balistiques, blasts et forte agression psycholo-gique.La simultanéité de ces trois types d’agression complique la tâche des sauveteurs:- L’engagement des moyens de secours et de soins d’urgence s’effectue sous menace,- Les dominantes lésionnelles n’ont pas le même caractère évolutif, gravité immédiate des blessures balistiques, moins rapidepour les blastés,- Si l’explosion a un caractère instantané, les fusillades entretiennent le climat d’insécurité, la prise d’otage l’inscrit dans la durée,il s’agit de catastrophe évolutive.Enfin l’urgence est donnée aux interventions de sûreté. Les secours aux personnes perdent leur caractère priorisé. Ce phéno-mène est bien connu des soignants qui interviennent quand les sapeurs-pompiers sont occupés à combattre un feu: la prioritéest à l’extinction.Il s’agit d’une intervention avec des centaines de victimes2. Plus de 700 victimes ont été enregistrées dans les hôpitaux dont unecentaine d’UA et 250 UR. Nombre considérable qui a nécessité l’intervention de 45 SMUR auxquels il faut ajouter les AR de laBSPP, les VSAV sapeurs-pompiers et les ambulances associatives (Croix-Rouge, FNPC, OHM…) et privées. Deux faits sont ànoter:

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- Les itinéraires d’arrivée et d’évacuation n’ont pas toujours été sanctuarisés par la police qui au contraire avait fixé des zones in-terdites d’accès,- Une réserve de 25 SMUR et 9 hélicoptères a été constituée afin de faire face à de possibles nouveaux attentats.L’énorme capacité d’accueil des hôpitaux de l’AP-HP a été mise à contribution. L’ensemble des victimes a été hospitalisé dansles hôpitaux parisiens, au grand bénéfice des familles, avec une régulation adaptée à la situation de catastrophe: régulation pargroupes de victimes catégorisées plutôt que régulation nominale.Le caractère «multisite » a également compliqué l’organisation des secours. Cinq pôles distincts, mais quelques fois très prochessont identifiables. L’articulation entre ces différents chantiers, le comptage et l’établissement des listes de victimes en ont étérendus plus difficiles, d’autant que le système SINUS sur lequel reposait la traçabilité n’a pas totalement rempli son rôle.Deux facteurs ont joué positivement:- L’adoption par la BSPP d’un plan d’intervention multisite après les attentats deMadrid et de Londres appelé Plan Rouge Alpha,- Lematin même des attentats, un exercice dans les locaux de l’AP-HP et de la BSPP a réuni plus de 50médecins, sur le thème:attentat sur 13 sites avec 74 UA et 48 UR.Le nombre d’impliqués confrontés à la mort, encore mal connu, est considérable. Le travail des équipes de soins médico-psy-chologiques immédiats a été démultiplié sur plusieurs sites, quelques fois de manière spontanée et improvisée. Il continue au-jourd’hui dans des sites pérennes comme celui de l’Hôtel-dieu. Victimes, impliqués et sauveteurs ne peuvent qu’avoir été trèsmarqués par un vécu au caractère agressif effroyable.

Que proposer?D’abord d’essayer de comprendre et de réfléchir. C’est ce que nous vous proposons en lisant l’article que vous trouverez plusavant dans cette Lettre de la SFMC, consacré à cette catastrophe de nature et d’ampleur exceptionnelle.Nous réunir pour entendre les principaux acteurs des secours. C’est ce que la SFMC a organisé lors de la session du 27 jan-vier dont la matinée sera consacrée, non pas à un retour d’expérience, nous n’aurions pas assez de temps, mais à l’audition degrands témoins.Une fois de plus il faut rebondir et penser à améliorer la qualité des soins et leur organisation que nous devons aux victimes quinous font confiance. Il faut continuer de former les personnels de santé et les préparer aux situations de catastrophe. C’est lavocation de la SFMC, elle n’y faillira pas.“Le malheur n'est jamais pur, pas plus que le bonheur. Un mot permet d'organiser une autre manière de comprendre lemystère de ceux qui s'en sont sortis : la résilience, qui désigne la capacité à réussir, à vivre, à se développer en dépit d'ad-versité.3”

Henri JulienPrésident de la SFMC

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1. La rupture du barrage de Malpasset le 2 décembre 1959 avait entraîné 423 morts. Elle a eu des conséquences pour la société française : juridiques,article 171 du Code civil prévoyant les mariages posthumes, matérielles, création des unités d’intervention de la Sécurité Civile, etc.2. Seule la catastrophe de Furiani (mai 1992) avait provoqué plus de blessés : officiellement 2357 auxquels il faut ajouter 18 morts.3. Boris Cyrulnik, Antoine Spire, Le Monde de l’éducation - Mai 2001.

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La vie de la SFMC

Liste des nouveaux membres au 21 novembre 2015

ABRIAT-LALLEMAND Lauriane 97365 GuyaneALVES Renata BrésilAVRASIJO-SOUZA Larissa BrésilBELLEOUD Didier 97306 CayenneBERTI CAVALCANTI Marcos Porto Velho RondôniaBONIFACIO DAS NEVES Moises 20720-360 BrésilBOTELHO Gabriel Sampaio RondôniaCARDOSO DA SILVA Elizângela BrésilCHICHE Paul 97320 GuyaneCOSTA Gustavo Messias 14.405-298 FrancaDA SILVA FERREIRA Artur 22760-400 BrésilDIEDERICH Joe L-7713 WelsdorfDOS SANTOS Maria Estela BrésilDOS SANTOS SILVESTRE Carla Isabel BrésilFWEDE PWHEMO Felipe José BrésilHAMON Annick 77510 SablonnièresHEENEN NETO Augusto Scardazan BrésilHEITOR Castro Junior 22031072 BrésilJULIEN-ALEXANDRE Christine 75016 ParisKLESCOSKI JUNIOR Joad BrésilLEHIDA ANDI Ibrahim 97320 GuyaneMAÎRE D'HÔTEL Sandy 67130 WischesMANHAES DE SOUZA Ricardo Alberto BrésilMAUPOINT-JANODY Régine 01960 PeronnasNGUESSOM Williams 97320 GuyanePINTO GRAMAES Marcus Felipe BrésilPIRES Paulo BrésilROSAS PETROCINIO Roberta 20510-130 Brésil JSAVIO-COSTE Sylvie 37550 St AvertinTSAFEHY Mosa 97310 Guyane

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Le mot du secrétaire général

13 novembre 2015, Paris, Saint-Denis. L’horreur.130 morts, toute une jeune génération d’innocents frappée à mort. Cris, sang, larmes, tragédies. Images de mili-taires, casque lourd sur la tête, chargeurs engagés dans les FAMAS, en posture de combat.

À Paris, chez nous ! Aurions-nous, malgré les attentats d’il y a vingt ans, pu imaginer ces scènes?

La vie reprend, doit reprendre, notamment ses droits du quotidien. Honorer nos morts et nos blessés, et égalementopposer à la barbarie la plus cinglante des ripostes en ne modifiant pas, sinon à la marge, notre mode de vie.

La SFMC continue d’avancer.Le scrutin pour renouveler le conseil d’administration s’est tenu, et les résultats seront proclamés à l’occasion de l’as-semblée générale qui se tiendra pendant la pause déjeuner lors de la journée scientifique du mercredi 27 janvier2016. Il sera présenté, comme chaque année, les rapports financier et moral de l’exercice écoulé ainsi que les pers-pectives 2016. Notre président fera un point général sur la SFMC et ses axes futurs.

À bientôt pour se retrouver à notre assemblée générale.Luc Ronchi

Secrétaire général de la [email protected]

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L’attentat du vendredi 13 novembreet « l’Ubérisation » du terrorisme par Henri Julien

Les odieux attentats terroristes qui viennent de faire près de 500 victimes innocentes à Paris, interpel-lent tous les personnels de santé et de secours qui s’intéressent à l’organisation des secours et dessoins d’urgence, au premier chef les membres de la SFMC.L’émotion et l’empathie que nous avons ressenties à l’égard des victimes et de leurs proches, la colèrecontenue devant ces crimes inexcusables ne doivent pas nous faire oublier notre mission : celle de ré-fléchir à la meilleure réponse à apporter aux blessés somatiques ou psychiques.

Cette première analyse est permise par les images et les inter-views rapportées par des médias placés volontiers sur le regis-tre émotionnel et par l’écoute de quelques grands témoins quenous avons pu entendre.Nous n’aborderons volontairement pas, ce n’est pas là notresujet, les motifs et les facteurs de cet odieux passage à l’acte,les personnalités des assassins terroristes et leurs motivations,les composantes et les conséquences politiques de l’attentat.D’autres se sont étendus sur ces sujets pour lesquels nousn’avons aucune légitimité.

1. Les faits, les chiffres dont nous avons pu disposer1

Il s’agit d’une Catastrophe à Effets Limités (CEL), sociétale, sousla forme d’attentats multiples simultanés sur 7 sites distincts.Les attentats de Madrid et de Londres, du même type, pouvaientlaisser craindre leur répétition à Paris.La chronologie des attaques et leur impact sont les suivants :• 21h20: Premier attentat-suicide par bombe avec projectiles(boulons) au stade de France : un témoin mort,• 21h25: Fusillade au restaurant le Petit Cambodge et le Ca-rillon : 15 morts,• 21h30: Deuxième attentat-suicide par bombe au stade deFrance,• 21h32: Fusillade aux cafés Bonne Bière et Casa Nostra : 5morts et 8 UA,• 21h36: Fusillade au restaurant La Belle Équipe : 19 morts,• 21h40:- Début de la fusillade au Bataclan et prise d’otages,- Suicide par explosion d’un terroriste Boulevard Voltaire,• 21h53 : Suicide par explosion d’un terroriste au stade deFrance : au total 5 HUA, 33 UR et des centaines de consulta-tions par le dispositif DPS et le SAMU 93,• 00h20: Assaut du BRI et du RAID au Bataclan.Au total 479 victimes ont été répertoriées :- 129 morts,- 100 HUA,- 250 UR.Ces chiffres sont ceux qui ont été communément admis au len-demain de l’attentat, ils ne sont pas officiels et ne tiennent pascompte des petits blessés auto-soignés, des impliqués, desotages ou des témoins au contact, des blessés psychiques quiont consulté les équipes médico-psychologiques.Une semaine après les chiffres retenus par l’AP-HP sont les sui-vants2 :- 679 personnes au total ont été prises en charge en incluant lespersonnes ayant subi un choc psychologique et s’étant présentédans les hôpitaux parisiens,

- Auxquelles il faut ajouter les victimes accueillies dans les hô-pitaux militaires et autres hôpitaux franciliens non AP,- 69 victimes sont encore hospitalisées,- 52 personnes ne relevaient « pas ou plus » d’une surveillanceintensive en service de réanimation.

Sept sites différents :

Cinq pôles différents sont identifiables :- Restaurants Le petit Cambodge et Le Carillon : fusillade.- Restaurants Casa Nostra et la Bonne Bière : fusillade.- Restaurant La Belle Équipe : un peu plus tard et plus au sud :fusillade.- Dancing Le Bataclan : fusillade, prise d’otages, exécutions etprise d’assaut : unité de lieu, localisation dans le bâtiment,durée : 2 heures ½ à 3 heures.- Stade de France, 3 explosions-suicides à 10 minutes d’inter-valle.Chacun a des caractéristiques différentes de durée, de perma-nence de la dangerosité mais concerne des victimes balistiquesavec des morts et des blessés hémorragiques nécessitant uneprise en charge rapide : fort pourcentage d’UA.Les explosions-suicides ou attentats suicides n’ont fait qu’unmort innocent, sans blessé.

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Douze hôpitaux ont accueilli les UA3

Accueil hospitalier Urgences Absolues Dont UA régulées Urgences RelativesHpl Amboise Paré 1 6Hpl Beaujon 5 4Hpl Bichat 6 4 17Hpl Georges Pompidou 11 10 30Hpl Henri Mondor 11 3 15Hpl Kremlin Bicêtre 2 2 6Hpl Lariboisière 21 5 8Hpl Pitié Salpêtrière 28 10 25Hpl St Antoine 6 3 39Hpl St Louis 13 5HIA Bégin 10 3HIA Percy 9 5

Cellules blanches = les chiffres ne nous sont pas connus.

2. Le déploiement des secoursL’anticipationLa forme « multisite » de l’attentat de Madrid (mai 2004) a faitcomposer par la Brigade des Sapeurs-Pompiers de Paris(BSPP) un plan de secours et soins d’urgence adapté : le PlanRouge Alpha4 dérivé du Plan Rouge destiné à couvrir plusieurssites de CEL simultanées tout en préservant la capacité de cou-vrir à la fois la continuité des risques quotidiens et faire face àune deuxième vague de CEL.Basé sur la priorisation des EU et 1re Urgences après tri, et l’or-ganisation sectorielle intégrée des différents « chantiers », laconstitution d’une réserve opérationnelle, ce plan a fait l’objetd’exercices internes à la BSPP.Remarquable coïncidence : à la demande du Général comman-dant la BSPP, le Plan Rouge Alpha avait fait le matin même, l’ob-jet d’un exercice avec l’AP-HP et les 8 SAMU de la grandecouronne Parisienne5. Le thème: plusieurs groupes de terro-ristes avec 13 sites d’agression par fusils d’assaut, organisationdu relevage et de l’accueil de 150 blessés. Plus de 50 méde-cins ont travaillé sur deux sites : BSPP et SAMU 75 pendant2 heures ½.

Déclenchement du Plan Rouge Alpha et du Plan BlancÉlargiAlertés, les centres de réception des appels de la BSPP (CCOT)et du SAMU (CRAA) qui ont une obligation légale d’informationréciproque, engagent leurs moyens selon les procédures pré-vues :• Plan Rouge Alpha pour la Brigade, avec envoi sur les diffé-rents sites de moyens d’intervention de premiers secours et deVSAV, renforcés par des ambulances de réanimation médicali-sées, redéploiement des moyens de la BSPP pour la continuitédes moyens opérationnels, mise en œuvre de la cellule de crise,alerte des SDIS de la grande couronne et liaisons avec la Pré-fecture de Police, les SAMU 75 et 93.• Plan Blanc Élargi pour le SAMU 75 en coordination avec leSAMU 92-93:- Envoi de SMUR sur le terrain en conservant une réserve d’in-tervention pour une éventuelle nouvelle attaque,- Renforcement de la Régulation Médicale et mise en place decellules, suivi de l’événement, régulation du flux quotidien, anti-cipation opérationnelle, activation des hôpitaux, liaisons avec la

cellule Plan Blanc de l’Assistance Publique Hôpitaux de Paris(AP-HP), la Cellule d’urgence du DUS, les SAMU régionaux.- In fine interviendront des SMUR des SAMU 75 et 93, de laBSPP appuyés par des SMUR du 92, 94, 78, 91, 95, 77: 45au total.• Alerte des associations de secouristes : Croix Rouge, Pro-tection Civile et Ordre de Malte.• Plan « Camembert » des SAMU parisiens6 :Il consiste, afin de rationaliser les renforts, à sectoriser Paris entrois « portions » à partir du centre (Musée du Louvres) et ratta-cher les parties nord aux SAMUS 93 et 95, sud-ouest auxSAMU 92 et 78, sud-est aux SAMU 94, 77 et 91. Du fait de lasituation des attentats dans le quart nord-est de la capitale et dusite Stade de France situé dans le 93, ce plan de renfort a dûêtre adapté à ces localisations.

Régulation zonaleElle a été initiée dans une salle de crise spécifique pour gérerles moyens zonaux et notamment créer une réserve opération-nelle : 25 SMUR pré-alertés disponibles et prévoir une noriad’hélico : 9 machines ont été déployées sur une DZ dans le boisde Vincennes.• Soins médico-psychologiques :Dès 23 heures, activation de la cellule d’urgence médico-psy-chologique de l’Hôtel-Dieu référente depuis les attentats deCharlie Hebdo et appuyée par les cellules CUMP de la BSPP,du 75 et du 927.

3. Les caractéristiques de l’interventionTrois caractéristiques vont dominer :• La persistance du danger : du fait de l’évolutivité des agres-sions unilatérales terroristes-parisiens et les affrontements bila-téraux forces de l’ordre-terroristes, les personnels sontengagés, sans protection individuelle, en zone de tirs possibles ;• La concomitance de trois formes d’agressions simultanées :- les fusillades à l’arme de guerre,- L’explosion de bombes à fragmentation artisanales,- La prise d’otages ;• L’association de trois dominantes lésionnelles concomitantes :- Des blessures par balles dont le risque est l’hémorragie donton sait le danger vital depuis les engagements sur les théâtresde guerre au Moyen-Orient : la mort survient dans la premièreheure si l’hémorragie n’est pas contrôlée sur le terrain par un

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garrot (tourniquet) et/ou par l’intervention rapide du chirurgien(Damage Control) ;- Les victimes d’explosion, généralement criblées d’éclat, ex-posées aux risques d’un blast primaire, notamment pulmonaireet éventuellement brûlés, dont le devenir immédiat n’est pasaussi rapidement engagé ;- Les conséquences physiques (mouvements incontrôlés etpiétinements) et psychiques auxquelles exposent les prisesd’otages en nombre dans un espace restreint.

4. Le cas du BataclanL’organisation des secoursa reproduit le mode d’orga-nisation pour risque chi-mique ou radiologique :• Zone d’exclusion : ledancing du Bataclan et sonabord immédiat où seule lapolice avec EPI (BRI etRAID) peut pénétrer, ac-compagnée de leurs capa-bles de faire des gestes desurvie immédiate et secou-rir les policiers éventuelle-ment blessés, extractionde victimes par les poli-ciers,• PRV ou équivalent, enbordure de zone d’exclu-sion avec médecins sousEPI effectuant des soins detype contrôle des hémorra-gies et le tri de victimes afin d’évacuer les plus graves.• Deux PMA hors zone d’exclusion pour parfaire le tri et effec-tuer la mise en condition d’évacuation.Après l’assaut du BRI et du RAID, intervention des sapeurs-pom-piers et des associations pour le ramassage des blessés.

5. Quelques réflexions au sujet de plusieurs aspectsdu CEL et de sa prise en charge

• L’"Ubérisation" du terrorismeL’utilisation des réseaux sociaux a permis de créer une nébu-leuse terroriste sous le mode créé par Uber8 : un conducteur devoiture particulière va, par exemple, devenir temporairement taxipour répondre à une demande sur le réseau internet alors quece n’est ni son métier ni son activité dominante. Le passage àl’acte terroriste, aux conséquences dramatiques, peut être l’œu-vre d’un individu isolé, d’un petit groupe réuni pour l’occasion,motivé et téléguidé de loin, de l’étranger.L’Uber-terrorisme, nouvelle forme d’organisation distendue com-plique le travail policier de prévention.À notre sens une des meilleures réponses devrait être l’Ubéri-sation de la réponse citoyenne symétrique : au mieux l’interven-tion directe telle qu’elle a été magistralement assumée dans leThalys, sinon la capacité pour tout un chacun de se préparerpsychologiquement, techniquement et matériellement par uneformation et des gestes de secourisme adaptés.Les médias ont montré des témoins avec le torse nu : ils avaientenlevé leurs chemises pour faire des garrots improvisés.Contre-exemple, le journaliste du Monde qui a filmé les otagesen fuite à l’arrière de Bataclan puis qui a courageusement porté

secours aux victimes avant d’être blessé par balle au bras estarrivé à l’hôpital avec un hématocrite effondré faute d’avoircontrôlé son hémorragie par un pansement compressif, un gar-rot.

• La permanence du dangerLa forme d’agression retenue par les terroristes : succession defusillades, plusieurs équipes simultanées, plusieurs modes opé-rationnels ont créé une insécurisation des moyens de secoursqui a eu deux conséquences visibles :

- L’exposition des équipes de sapeurs-pompiers et de person-nels de santé aux risques balistiques sans protection indivi-duelle, dans une zone sous le feu ou non sécurisée,- La création par la police d’une zone contrôlée très large qui anui aux déplacements des véhicules de secours, notammentpour organiser des itinéraires libres d’arrivée et d’évacuation. Ortout plan de secours est un plan d’évacuation, donc de trans-port, ici par la route et les rues.Ceci a contribué au fractionnement des équipes sur les chan-tiers, à l’isolement opérationnel et aux initiatives individuelles,aux retards d’intervention ou d’évacuation

•La direction des secours médicauxL’organisation harmonieuse, maîtrisée et hiérarchisée d’une in-tervention multisite simultanée est complexe mais cependant im-pérative. Elle se rapproche d’une organisation de secours surplusieurs chantiers, caractéristique de la catastrophe majeuremais avec un déploiement et une montée en puissance beau-coup plus rapide.Sur chaque site un DSM et un COS ont été désignés.Où doit de situer le DSM? Combien de DSM et où les prévoir ?Identifiés comment? Rattachés à quel COS ou chef de chan-tier? Dotés de quels réseaux de transmission pour entrer en lienavec qui?Lors des reportages le ou les DSM ont été inapparents, il estvrai que les périmètres de sécurité étaient larges et les imagesprises de loin, les reportages à chaud parcellaires.

• Le triage et ses conséquencesLe tri a été effectué selon les critères classiques :

Tous premiers instants au restaurant La Belle Equipe - Crédit X

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- UA avec risque vital regroupant les EU à risque immédiat et les 1res Urgences ou U1 avec risque vital contrôlé par réanimationpendant quelques heures, EU et U1 nécessitant un acte chirurgical.- UR pour les victimes sans risque vital.Afin de prendre en charge rapidement les UA, soit l’évacuation s’est faite directement par les SMUR sans création de PMA, soitaprès passage au PMA.Ceci entraîne un risque de sur-triage qui a pu conduire aux chiffres de 100 UA9 signalés par la presse et surcharger les pointsd’accueil hospitaliers.Cette impression est corroborée par le fait qu’une semaine après l’AP-HP fait part de 69 personnes (ex UA) encore hospitaliséeset de 27 personnes toujours en USI10.

• La régulation des victimesElle a été réalisée sur le mode médecine de catastrophe, une régulation semi-quantitative a été substituée, à la régulation unino-minale :- Régulation par groupes de victimes catégorisés après mise en alerte des services d’accueil hospitaliers,- Activation de filières d‘évacuation et de soins dédiées aux UA, aux UR.Il est à signaler que la totalité des victimes a été admise dans des hôpitaux de Paris et quatre hôpitaux de la petite couronne (mi-litaires, Percy et Bégin ; civils H. Mondor et Kremlin Bicêtre) témoignant de la très grande capacité d’accueil et de traitement del’AP-HP.Mais comment aurait pu être géré le même événement en province? À Nancy, Nantes… dont les capacités hospitalières ne sontpas les mêmes?

• La traçabilité des victimesUn PMA a été installé dans le restaurant Le Repaire de Cartouche, en face du bar le Petit Cambodgien mitraillé, bien visible surles écrans. Deux autres PMA ont été déployés à proximité du Bataclan.Il ne pleuvait pas, il ne faisait pas froid. Cela m’a rappelé la fusillade de la rue des Rosiers au mois d’août où le PMA avait été ins-tallé dans une cour d’immeuble. La prudence impose de prévoir une intervention sous d’autres conditions météorologiques, avecdes véhicules moins nombreux offrant un abri insuffisant.Les fiches de tri n’ont été visibles sur les écrans et les images, le système informatique Sinus ayant été déployé sur le terrain. Sapremière application à une intervention multisite de cette importance numérique méritera une étude particulière.Médecins de catastrophe, nous devons aux familles au premier chef et aux autorités la liste des personnes que nous prenons encharge. Un médecin, même et surtout en situation de catastrophe a le devoir d’information direct ou indirect des familles.La destination préférentielle des victimes vers les hôpitaux de l’AP-HP a permis de reconstituer des listes, mais là encore c’est uneexception toute parisienne.

• Les soins médico-psychologiquesLe contact direct avec la mort qu’ont vécu les témoins des fusillades, le long calvaire (plus de 2 heures) des otages exécutés froi-dement ne peuvent que provoquer un stress, un choc psychologique facteur de Syndrome Post Traumatique (SPT).Après les attentats de Charlie Hebdo, il a été décidé, qu’après tout événement susceptible de traumatiser des parisiens en nom-bre, d’activer une cellule de soins médico-psychologiques à l’Hôtel-dieu, ce qui a été fait. Un renforcement venu de la BSPP etdes cellules du 75 et 92 a permis de réunir rapidement 45 psychiatres. Peu d’impliqués ont rejoint ce site et cette capacité desoin a été sous employée.Parallèlement se sont développées des cellules improvisées dans les mairies du 10e et 11e arrondissement qui ont été débor-dées. Le lendemain matin une cellule a été installée à l’École Militaire.Deux thèmes de discussion ont fait surface :- Très classiquement la controverse sur l’utilité de soins médico-psychologiques immédiats et leur justification non évidente pourcertains spécialistes,- La nécessité de mieux coordonner la réponse : « comment le dossier va-t-il évoluer? Qui procédera à l’évaluation? Quelle estici, la chaîne de commandement? Que s’est-il passé? » s’interroge publiquement un des acteurs.- La nécessité d’un retour sur événement et d’une anticipation par un plan d’intervention et une direction des secours est appa-rue clairement.

• La multiplication des centres de gestion de criseLa doctrine élaborée lors de la conception du plan rouge, gage de son efficacité préconise un seul chef, une seule organisation,une mission commune. Cela a été rendu difficile à appliquer par la multiplication des sites, leurs situations dans deux départements(heureusement les explosions du stade de France n’ont fait que peu de victimes).Il semble également que la multiplication des cellules de crises dans la capitale et ses ministères aient été une gêne au traitementdu CEL. Ces dernières, averties de l’importance de l’agression et de ses conséquences ont manqué de renseignements directset ont de ce fait interrogé les responsables opérationnels déjà très occupés au règlement des urgences.

• Le nécessaire RetexUn débriefing, retour d’expérience s’impose pour tirer les leçons de cet épisode catastrophique subi en France pour la premièrefois. Ce débriefing devrait inclure l’ensemble de la chaîne de secours et de soins d’urgence concernés : du policier au directeur

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d’hôpital en donnant la parole à tous les acteurs publics et privés, gouvernementaux ou associatifs.C’est à ce prix que le Plan Rouge alpha peut être rendu plus performant encore, qu’il sera complété par un plan Blanc Élargiadapté si cela apparaît utile, que l’intervention des CUMP sera rendue plus performante.C’est ce que nous souhaitons, persuadés que c’est dans l’analyse scientifique que peut survenir le progrès, à distance de l’évè-nement pour ne plus subir de pression psychologique et médiatique,

En conclusionIl ne nous appartient pas de gloser sur les facteurs de l’attaque terroriste subie par notre capitale le 13 novembre, ni sur les me-sures de prévention qu’il aurait fallu prendre ou qui doivent être développées. Ceci n’est pas notre propos.Cependant, la forme nouvelle du terrorisme, portée par les réseaux sociaux, qui vise à mobiliser des individus en dehors d’unschéma organisationnel rigide, repérable, que je propose d’appeler l’Uber-terrorisme, réclame une contre-mesure du mêmemode: la diffusion dans le public de la capacité de se prendre en charge sans délai. Diffuser les techniques de self protection,les techniques et les matériels de premiers secours nous semble aller dans le sens d’une plus grande résilience des populations.L’attentat « multisite » dont nous venons de vivre la première manifestation a fait l’objet, depuis les attentats similaires mais non iden-tiques de Madrid et de Londres, de la rédaction par la BSPP d’un Plan Rouge alpha. Le 13 novembre a été sa première applica-tion. Il est souhaitable que ce plan soit approfondi et mieux connu, qu’il dispose d’un volet complémentaire blanc.L’extraordinaire capacité d’accueil et de traitement de l’énorme conglomérat hospitalier que constitue l’AP-HP a absorbé l’essen-tiel des blessés. Un renforcement des équipes de garde par des confrères et des paramédicaux qui se sont présentés sponta-nément a également contribué à augmenter encore la capacité de traitement. Mais ce qui est valable à Paris, capitale suréquipéeen capacité hospitalière ne l’est certainement pas dans le reste de la France.Ceci plaide pour le respect des fondamentaux de la médecine de catastrophe opérationnelle qui ne doivent pas être oubliés. Ilest très important de tirer les leçons de cette catastrophe, notamment dans ses aspects opérationnels : organisation de la réponse,techniques performantes et adaptées, accompagnement logistique. L’objectif de mieux former les personnels de santé à la mé-decine de catastrophe s’en trouve renforcé.C’est ainsi que la SFMC se propose de réunir et écouter les grands témoins le 27 janvier au matin. L’urgence collective n’est pasla somme des urgences individuelles11.Si le lecteur de ces pages très personnelles avait l’envie de compléter ces informations, de transmettre une remarque ou une cri-tique, de faire part d’une expérience personnelle, il sera écouté ou lu avec beaucoup d’intérêt.

Au lendemain de la plus importante catastrophe que la France ait eu à déplorer depuis la rupture de barrage de Malpasset (dé-cembre 1959), cet article est rédigé :- En hommage aux victimes et à leurs familles, avec toute notre empathie attristée,- Aux personnels de santé, de secours et de sûreté engagés, avec notre sincère admiration.

Henri JulienPrésident de la SFMC18-26 novembre 2015

_________________________________________________________________1. Ces éléments proviennent de sources diverses : journalistiques, relationnelles ; toujours publiques. Elles méritent toutes vérification et ne sont pas vérité,mais elles permettent une première réflexion sur les bases disponibles à l’heure où ces lignes sont écrites. HJ2. http://www.leparisien.fr/faits-divers/attentats-de-paris-69-personnes-encore-hospitalisees-jeudi-matin-27-11-2015-5316141.php3. Deux sources différentes avec des chiffres non concordants. Dernière source :http://www.thelancet.com/pb/assets/raw/Lancet/pdfs/S0140673615010636.pdf4. Le médecin en chef C. FUILLA étant médecin chef de la BSPP.5. Départements 75, 92, 93, 94 qui constituent la zone d’intervention de la BSPP.6. CARLI Pierre, NAHON Michel. Attentats terroristes du 13 novembre 2015, SAMU de Paris. Présentation Power Point sous PDF.7. Jean-Yves NAU, interview du Point.8. Uber, anciennement UberCab, est une entreprise technologique qui développe et exploite des applications mobiles de mise en contact d'utilisateurs avecdes conducteurs réalisant des services de transport. www.uber.com/Conduire9. Au lendemain du week-end toujours selon les journaux seuls 43 victimes étaient encore en ranimation, un est décédé.10. Point de l’AP-HP le 26 novembre à 10h : 69 personnes prises en charge dans les hôpitaux de l'AP-HP : à l'hôpital Saint-Louis, l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière, l'hôpital Européen Georges Pompidou, l'hôpital Henri-Mondor, l'hôpital Lariboisière, l'hôpital Saint-Antoine, l'hôpital Bichat et l'hôpital Beaujon.Parmi elles, 52 personnes ne relevaient «pas ou plus» d'une surveillance intensive en service de réanimation.11. Voir l’éditorial de la Lettre de la SFMC n° 75.

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Les principaux évènements par René Noto

AvertissementCertains lecteurs considèrent que La Lettre de la SFMC est, ou est devenue, un catalogue de divers événementsagressifs survenant dans le monde.Il sera « répondu » à ces remarques dans le numéro 85 à paraitre fin décembre.

René Noto

Les événements naturels• Californie, le 22 septembre 2015Les grands incendies ont continué d’évoluer en Californiependant plusieurs semaines où plus de 10000 pompiersont été mobilisés contre ces feux. Le bilan est de plusieursmorts et des centaines habitations détruites.http://www.lemonde.fr/climat/article/2015/09/21/a-l-heure-du-changement-climatique-les-pompiers-ne-parviennent-plus-a-eteindre-les-incendies_4941_1652612.html

AnalyseLa Californie n’est pas le seul état ravagé par les incendies,l’État de Washington a fait face aux incendies qui sont consi-dérés actuellement comme les plus destructeurs de ces der-nières années.Les incendies apparaissent sur les photos satellites de laNASA, ils ont détruit 200 maisons et en menaçant 12 000autres et l’armée appelée en renfort pour combattre les in-cendies.En même temps les États de l’Utah et de l’Arizona, étaient at-teints par d’importantes inondations et glissements de terrainavec plusieurs morts et des dégâts importants.

• États du Wyoming et du Montana et, le risque volca-niqueLe volcan du Parc national de Yellowstone, situé dans leWyoming et le Montana serait une menace naturelle ma-jeure pour plusieurs experts.Des études auraient montré que l'explosion du super-vol-can pourrait causer la mort de 90000 personnes et queson explosion pourrait faire passer aux États-Unis un "hivernucléaire".www.atlantico.fr/.../bombe-retardement-yellowstone-scientifiques-predisMagma expanse under Yellowstone supervolcano more vastwww.cnn.com/.../yellowstone-supervolcano-magma-r

AnalyseDevant une telle menace quelle réaction potentielle? Sinonl’évacuation préventive de nombreuses populations.

• Chili, séisme, le 17 septembre 2015Un tremblement de terre, d’une magnitude de 8.4, dans lecentre et le nord du pays durant plus de trois minutes. Il aété ressenti à Santiago, la capitale, mais aussi en Argen-tine voisine.Une alerte-tsunami a été déclenchée pour les 4000 kilo-mètres de côtes chiliennes, mais aussi en Équateur, auPérou et à Hawaï pour des vagues qui pourraient dépas-ser les trois mètres de hauteur.

Le gouvernement a ordonné l‘évacuation des habitantsdes villes côtières et les classes ont été suspendues dansles communes du littoral centre-nord. Quelques victimeset des dégâts matériels modérés.AnalyseOn voit l’importance d’une part des protections des bâtimentsconstruits en « parasismique » et d’autre part des évacuationspréventives des populations face au risque tsunami.Dans les pays qui n’observent pas ces règles, il est habituel deconstater demilliers demorts lors de séismesde cette intensité.

• Guatemala, glissement de terrain, le 3 octobre 2015Un glissement de terrain est survenu dans la nuit de jeudià vendredi 3 octobre à 15 kilomètres à l'est de la capitale,dans la municipalité de Santa Catarina Pinula.Le bilan provisoire faisait état de plus de 100 morts et 300disparus.Plus 2500 personnes ont été évacuées des zones encoreintactes mais susceptibles d’être de nouveau atteintes.http://www.lepoint.fr/monde/glissement-de-terrain-au-guatemala-nouveau-bilan-d-au-moins-56-morts-04-10-2015-197049

AnalyseLes glissements de terrain apparaissent actuellementcomme les phénomènes naturels dévastateurs les plus fré-quents dans toutes les régions du monde.L’organisation des secours se heurte chaque fois aux mêmesdifficultés :- Estimation du nombre d’habitants ensevelis dans les dé-combres à partir de l’évaluation des bâtiments détruits ;- Recherche des disparus dans les bâtiments souvent im-possible à réaliser et durée des recherches très longues ;- Risques évolutifs importants en fonction des données mé-téorologiques (persistance des pluies) ;- Prise en charge rapide des sinistrés pour éviter une aggra-vation des pertes humaines.

• Moyen Orient, tempête de sable majeure, octo-bre 2015Une tempête de sable d’une ampleur exceptionnelle qui atraversé les régions allant de la mer Noire à la mer Cas-pienne. À son passage de violents orages ont éclaté aunord de l’Irak, mais c’est en Arabie Saoudite qu’elle a étéle plus ressentie.Une dizaine de morts d’origine accidentelle, de nombreuxmalades présentant des troubles respiratoires et des per-turbations importantes dans les activités quotidiennes.

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http://actualite.lachainemeteo.com/actualite-meteo/2015-09-09-11h19/moyen-orient---gigantesque-tempete-de-sable-287

AnalyseCette tempête de sable est exceptionnelle à la fois par sonampleur, son étendue et par la date de survenue dans cetterégion du monde.Le plus souvent les tempêtes de sables survenant dans desrégions semi-désertiques n’ont pas d’incidence notable.

• Les catastrophes naturelles en AsieL'Asie, avec en particulier la Chine, a été la région la plusaffectée par les catastrophes naturelles en 2014, concen-trant 85 % des quelque 8000 décès enregistrés.Ce sont les données d’un rapport établi par la Fédérationinternationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Crois-sant-Rouge (FICR), elles indiquent qu’en 2014 cette ré-gion du monde :- À subit 17 catastrophes naturelles qui ont atteint 94 pays,- Que le nombre de décès a été de 8186.Dans l’ensemble des pays atteints, c’est la Chine qui est lepays qui a été le plus affecté, avec des sécheresses, destempêtes, des inondations et un tremblement de terre enaoût 2014 qui a tué 731 personnes.En 2014, 87 % des catastrophes naturelles sont liées auclimat, dans la tendance enregistrée ces 20 dernières an-nées, avec plus de phénomènes associés au climat (sé-cheresses, inondations, glissements de terrain, tempêtes,cyclones…) que de catastrophes géophysiques commeles tremblements de terre, les tsunamis ou les éruptionsvolcaniques.http://www.lapresse.ca/environnement/201509/24/01-4903563-lasie-region-la-plus-affectee-par-les-catastrophes-naturelles-en

• Indonésie, les conséquences des cultures sur brûlis,septembre 2015Les faitsComme chaque année pendant la saison sèche, l’Indo-nésie est le théâtre d’incendies de forêts et de terres agri-coles réalisés pour permettre la culture sur brûlis.Il en résulte la production de fumée blanche qui obscurcitle ciel indonésien et celui de ses voisins.Ces feux se sont multipliés sur les îles de Sumatra et Ka-limantan, partie indonésienne de l'île de Bornéo. Ils ontdes répercussions sur la santé des habitants chez qui lafumée provoque des pathologies respiratoires. Des cen-taines d'écoles ont dû fermer jusqu'en Malaisie, et lemanque de visibilité a entraîné l'annulation et le retard denombreux vols.À Singapour, en face de l'île de Sumatra, les gratte-ciel duquartier d'affaires sont enveloppés d'épaisses colonnesde fumée blanche.http://geopolis.francetvinfo.fr/indonesie-la-culture-sur-brulis-fleau-pour-lenvironnement-et-la-sante-81875

AnalyseIl s’agit là d’événements récurrents qui se produisent très ré-gulièrement chaque année avec des répercussions aussibien dans le domaine de la santé publique et dans le do-maine des activités sociales habituelles (fermeture desécoles, arrêt des déplacements aériens etc.).

La participation internationale« Après des semaines de refus obstiné, l’Indonésie a fi-nalement accepté les propositions d’aide extérieurepour lutter contre les incendies de forêt dans le nord del’archipel dont les fumées affectent plusieurs pays.Les premiers avions sont arrivés samedi 10 octobre surl’île de Sumatra. Un avion Bombardier de Malaisie, unavion Hercules C-130 et un hélicoptère Chinook de Sin-gapour commenceront sous peu à arroser les zones af-fectées, ont annoncé les autorités.Ces incendies, qui ont débuté il y a trois mois dans lesprovinces indonésiennes de Sumatra et Kalimantan,provoquent un brouillard nocif qui affecte jusqu’à la Ma-laisie et Singapour depuis plusieurs semaines – deuxpays situés en face de Sumatra de l’autre côté du dé-troit de Malacca – et entraîne des infections respira-toires pour des dizaines de milliers de personnes, desfermetures temporaires d’écoles et des graves pertur-bations du trafic aérien. »http://www.lemonde.fr/planete/article/2015/10/11/l-aide-internationale-arrive-pour-lutter-contre-les-feux-de-forets-en-indonesie_4787133_3244.html

AnalyseIl s’agit d’événements récurrents, car chaque année on as-siste aux mêmes événements plus moins « amortis » parles conditions météorologiques régionales.On peut également classer ces « catastrophes « commedes » faits de société « dans la mesure où le facteur es-sentiel est l’attachement à des « coutumes et comporte-ments humains dépassés. ».On peut aussi évoquer le poids des faits économiquesdans la mesure où ces déboisements sont utilisés pour laculture intensive ses arbres produisant ensuite de l’huilede palme.

La situation un mois après octobre 2015Tous les pays membres de l’Association des Nations del'Asie du Sud-Est (l’ASEAN) ont décidé récemment decoordonner leurs actions pour lutter contre les incendiesde forêts en Indonésie qui durent depuis près de deuxmois, outre les perturbations importantes dans la région,le bilan serait de 10 morts et plus de 500000 personnesatteintes de troubles respiratoires liés à l’inhalation des fu-mées d’incendies.http://fr.vietnamplus.vn/asean-cooperation-pour-lutter-contre-les-incendies-de-foret-en-indonesie/68458.vnp

AnalyseDevant l’importance des conséquences régionales, voire pla-nétaires, de ces incendies de végétaux d’origine humaine onest quelque peu « rêveur » devant la récente mesure prise enFrance d’interdire pour les particuliers le brûlage des végé-taux dans leur jardin mais d’accorder des dérogations auxagriculteurs.

Dans une période, où la communauté internationale scienti-fique et politique examine les causes anthropogéniques duréchauffement climatique, peu de commentaires média-tiques sur ces incendies qui ont duré plusieurs mois et quiseront de nouveau présents l’an prochain.

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• Japon, inondations majeures, septembre 2015Inondations majeures dans l'est du Japon, plusieurs morts,une vingtaine de disparus, une ville partiellement évacuéepour assurer la protection de sa population, des dégâtsmatériels importants.http://www.i24news.tv/fr/actu/international/asie-pacifique/85373-150911-japon-3-morts-au-moins-23-disparus-dans-des-inondations

AnalysePour l’essentiel les services de secours ont procédé à des ac-tions de sauvetage d'habitants bloqués par les eaux.

• États-Unis, inondationsInondations dans une partie du sud-est des États-Unis, enparticulier en Caroline du Sud, le bilan est initial fut de 17morts, plusieurs centaines de maisons sont menacées à lasuite de l’écroulement des digues du cours d’eau.http://fr.euronews.com/depeches/3076902-etats-unis-les-inondations-dans-le-sud-est-font-17-morts/

AnalyseComme lors des inondations récentes en France, les mortspar noyade se sont produites dans les voitures.

• Sierra Leone, inondations majeures, le 16 septembre2015Inondation majeure à Freetown, capitale de la SierraLeone. Selon les dernières données diffusées au momentde l’événement, environ 9000 personnes sont demeuréessans abri, 3000 ayant trouvé refuge dans un stade du cen-tre-ville où se sont concentrées les aides. Les eaux ontégalement dévasté l’hôpital Connaught, le plus grand de laville.De nombreuses autres régions de l’Afrique ont subi égale-ment des inondations importantes.AnalyseConstat habituel d’un hôpital hors service alors qu’il devraitêtre le « dernier bastion » des secours et des soins.Lire à cette occasion le rappel des recommandations del’OMS sur le « durcissement des hôpitaux ».

• France, inondations majeures sur la Côte d’Azur, le4 octobre 2015Sur la Côte d’Azur de nombreuses villes (Cannes, Vallauris,Mandelieu) sont inondées et submergées en quelquesheures. Le bilan provisoire fait état de 16 morts et 4 dis-parus, l’importance des dégâts matériels n’a pas encoreété chiffrée et les circonstances de survenue se résumentpour l’instant en la survenue d’un épisode pluvieux très in-tense.Analyse.Début de controverse plus moins accentuée par les médias :pourquoi pas une alerte météo de « grande gravité c’est-à-direune « Alerte Rouge ».Les nombreux détails concernant cet événement semblentmontrer que la population ne prend pas en compte les« alertes météo » au moins dans les activités quotidiennes ex-térieures susceptibles de présenter des risques soudains.En témoignent les constatations suivantes :- La plupart des morts sont survenues dans des voitures em-portées par les eaux ou dans des parkings souterrains. Pour-quoi continuer à circuler dans de telles conditions? Pourquoi

descendre dans un parking souterrain zone de risquemajeur?- Dans des campings détruits des vacanciers « ont frôlé lamort », pourquoi ces terrains n’ont-ils pas été évacués dès lanotification de « l’alerte orange « en raison de leur situationprès d’un cours d’eau?

• Philippines, le typhon Koppu, 19 octobre 2015Le typhon Koppu a ravagé le nord des Philippines, avecdes dégâts matériels importants : arbres, lignes électriqueset murets ont été emportés par les eaux.Des glissements de terrain ont provoqué la destruction denombreuses habitations. Des dizaines de milliers de per-sonnes ont pu fuir les inondations à temps. Le bilan humainprovisoire est de 16 morts.http://fr.euronews.com/nocomment/2015/10/19/le-typhon-koppu-frappe-les-philippines/AnalyseDevant l’imminence de tels événements dévastateurs en par-ticulier les inondations, seule l’évacuation des populations deszones inondables permet d’assurer une protection minimale.

• Californie, pluies importantes et glissements de ter-rain, octobre 2015Des pluies diluviennes ont provoqué des glissements deterrains et des inondations.Conséquences habituelles avec de nombreux véhiculesbloqués sur toutes les routes, y compris les autoroutes, pardes coulées de boue. Il n’y pas eu de victime.http://tvanouvelles.ca/lcn/infos/lemonde/archives/2015/10/20151017-143759.htmlhttp://www.francetvinfo.fr/monde/usa/video-115-vehicules-et-75-camions-bloques-dans-la-boue-sur-une-autoroute

AnalyseCet événement est signalé bien qu’il n’ait entraîné aucune vic-time car il est le témoignage manifeste des comportementsinappropriés des populations lors de certains événements na-turels tels que les inondations par exemple : ne pas tenircompte des «alertes météo ». Ici ce fut plusieurs centainesde véhicules submergés par des torrents de boue nécessi-tant des actions de sauvetage dans des conditions très diffi-ciles.La formation des populations à prendre en compte desrisques est indispensable.

• Birmanie, glissement de terrain, le 12 octobre 2015Des pluies torrentielles survenues dans l'est de la Birma-nie ont entraîné des glissements de terrain.Le bilan humain provisoire est de plus de 17 morts. Lesdégâts matériels sont importants au niveau des habitationsnécessitant des évacuations et des relogements de popu-lations sinistrées.Ces événements s’intègrent dans les conséquences glo-bales du cyclone Komen qui a touché plus d’un million depersonnes avec plus de 100 morts.http://www.rts.ch/info/monde/7163033-un-glissement-de-terrain-en-birmanie-fait-au-moins-17-morts.html

AnalyseCertes cyclone puissant mais la précarité des constructionscomme, les conditions générales de l’urbanisme local sontaussi responsables de l’importance des dégâts, l’analyse des

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divers documents photographiques transmis par les médiasest à ce titre significatif.

• Le cyclone tropical Chapala, le 30 octobre 2015Un cyclone tropical dénommé Chapala, s'est formé dans lamer d'Oman et s'est intensifié très rapidement pendant24 heures. Chapala, initialement qualifié par les experts de"tempête cyclonique très sévère", devrait devenir une"super tempête cyclonique", avec des vitesses de ventpouvant atteindre 220 à 230 km/heure, l'équivalent d'unouragan de catégorie 4 (sur une échelle allant jusqu'à 5).Le cyclone tropical se déplace vers l'ouest et devrait frap-per, dans la nuit de lundi à mardi, les côtes du sultanatd'Oman et le nord du Yémen.Les conséquences seront marquées par l’intensité de lapluviométrie avec inondations et glissements de terrain.http://www.voaafrique.com/content/le-puissant-cyclone-chapala-se-rapporche-du-yemen-et-d-oman/3029623.html

AnalyseÉvénement naturel comme il en survient habituellement dansde nombreuses régions du monde, cependant les consé-quences matérielles et humaines risqueront d’être notable-ment « amplifiées » par la situation des pays atteints, en effetle Yémen est un théâtre de conflits armés depuis plusieursmois. Il s’agit d’un exemple très démonstratif des interactionspotentiellement négatives entre un événement naturel et unesituation sociétale dégradée par les conflits armés, interac-tions qui compromettent à la fois les mesures de protectionavant la survenue du cyclone et les mesures de secours aprèsson passage.

• Brésil, incendie de forêts, le 30 octobre 2015« Un vaste incendie en Amazonie brésilienne menacel’un des peuples les plus vulnérables de la planète.L’incendie a détruit plus de 1200 kilomètres carrés deforêt amazonienne, soit plus de 42 % du territoire indi-gène Arariboia. Ce territoire est celui des Awá, ungroupe qui n’a aucun contact avec le monde extérieur.Comme tous les peuples isolés, ils sont extrêmementvulnérables et sont exposés à la violence et aux mala-dies introduites par les étrangers.Devant l’inertie des autorités brésiliennes, des Indiensguajajara de la région ont tenté d’éteindre l’incendiepour protéger les Awá. Les Guajajara avaient attiré l’at-tention par le passé en résistant à l’exploitation fores-tière illégale qui pourrait avoir des conséquencesdésastreuses sur leurs voisins awá si elle continuaitd’être tolérée.Un homme d’un groupe appelé ‘les gardiens guajajara’a déclaré : ‘ Nous défendons notre territoire pour que lesAwá isolés puissent survivre. Nous avons réussi à ré-duire le nombre de bûcherons présents sur nos terres etnous espérons pouvoir tous les expulser. Sinon, les Awápourraient être décimés. Nous voulons seulement qu’ilspuissent vivre en paix. »http://www.survivalfrance.org/actu/10972

AnalyseLes données de cette information communiquée par l’ONG

« Survival International », branche « Survival France », sont re-produits sans commentaire.

• Asie, séisme important, le 22 octobre 2015Un séisme important est survenu affectant le Pakistan etl’Afghanistan, d’une intensité de 7,2, les secousses ont étéressenties jusqu’en Inde.La plus grande partie des zones atteintes se trouve en ré-gion montagneuse d’accès difficile, les destructions maté-rielles sont importantes et le bilan initial faisait état d’unecentaine de morts. Les secours ont été longs à se mettreen place et continuaient de s’organiser plusieurs joursaprès pour venir en aide aux victimes.Lire la suitehttp://www.lematinal.com/news/international/10364-seisme-en-afghanistan-et-au-pakistan-les-secours-mobilises-pour-retrouver-les-victimes.htm

AnalyseComme pour les conséquences prévisibles du cyclone Cha-pala (voir plus en début de texte), ce séisme survient dans unezone de combats (Afghanistan) ce qui complique l’organisa-tion des secours, aussi bien en provenance locale que ceuxréalisés par des ONG.http://french.xinhuanet.com/2015-10/31/c_134769410.htm

• Chine, glissement de terrain, le 14 novembre 2015Les secours se sont poursuivis pendant plusieurs jourspour essayer de retrouver des survivants dans le glisse-ment de terrain survenu dans la province du Zhejiang, àl'est de la Chine. Des coulées de boues et des chutes derochers ont enseveli 27 maisons dans ce village, et 21 au-tres ont été inondées.Le bilan initial fut de 21 morts et 16 disparus, d’autressources donnent 21 morts et 21 disparus.http://french.xinhuanet.com/2015-11/15/c_134818784.htm

AnalyseLes conséquences de cet événement s’inscrivent dans « leclassique » des glissements de terrain de cette importanceaprès des pluies importantes : glissements de terrain et cou-lées de boues sont associés, les recherches de survivant sontdifficiles et souvent totalement infructueuses, les bilans hu-mains toujours provisoires comportent toujours des disparus,en fait des « morts potentiels » dont les corps ne seront jamaisretrouvés.Au délai des recherches éventuelles des disparus, l’essentieldes actions de secours et de soins sera orienté vers la priseen charge des rescapés-sinistrés.Lire la suite http://www.who.int/mediacentre/factsheets/fs266/fr/

• Fin de la saison cyclonique dans l’atlantiqueSelon la définition de l’Organisation météorologique mon-diale, la saison 2015 des ouragans qui avait débuté le1er juin 2015 s’est terminée le 30 novembre 2015.Cette saison 2015 est restée relativement calme, confor-mément aux prévisions du TSR (Tropical Storm Risk).http://www.sxminfo.fr/104120/30/11/2015/la-saison-cyclonique-2015-sacheve-officiellement-ce-jour/

AnalyseLes prévisions pour la saison cyclonique permettent aux dif-férents états concernés de mettre en place des plans de pro-tection des populations et d’anticiper ainsi sur les mesures àprendre en urgence quand les cyclones apparaissent.

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• Dernière heure : feux de forêts en Australie, fin no-vembre 2015D’importants incendies, sont apparus en Australie Méri-dionale en raison de l’importante sécheresse et des ventsviolents.Le bilan est de plusieurs morts et des dizaines de blessés.AnalyseCette série d’incendies suivant les autorités locales n’auraientaucune origine humaine ; accident ou actes délibérés.Mais L’importance des diverses conséquences des incen-dies de forêts doivent inciter à prendre en compte cette nou-velle menace qui peut » duale » :- naturelle avec la sécheresse, les vents violents qui sontdans les possibilités de plus en plus fréquentes dans lecontexte du réchauffement climatique,- mais aussi anthropomorphique avec des mises à feu volon-taires ou accidentelles.

• Dernière heure : mortalité et changement clima-tique, un rapport de l’ONU, novembre 2015Un rapport de l’ONU annonce plus de 600.000 morts aucours des 20 dernières années en raison des catas-trophes climatiques: Cela représente “en moyenne30.000 vies par an, avec en plus 4,1 milliards de per-sonnes blessées, devenues sans-abri ou ayant eu besoind’une aide d’urgence”, précise également ce rapport.La très grande majorité des victimes (89%) vivaient dansdes pays pauvres.

http://fr.euronews.com/depeches/3093786-catastrophes-climatiques-600-point-000-morts-en-20-ans-un-accord-su

AnalyseUn autre travail précise que 90% des victimes est représentépar les enfants.**”Global climate change and children’s health”Pediatrics. 2015 Nov; 136(5):e1468-84. doi: 10.1542/peds.2015-3233.Epub 2015 Oct 26

• Dernière heure : Mortalité « neige » dans les HautesAlpes du SudLe bilan de la saison 2014-2015 dans les Hautes-Alpesa mis en évidence l’importance de la mortalité par acci-dents, essentiellement lors d’avalanches ; 24 morts entredécembre 2014 et septembre 2015.À titre de sensibilisation donc de prévention, l’ANENA, Asso-ciation Nationale pour l’Étude de la Neige et des Avalanches,organise le 12 décembre p2015 une journée d’informationsautour de Météo France, de guides, de secouristes profes-sionnels et d’instructeurs fédéraux à Embrun.http://alpesdusud.alpes1.com/infos/infos-locales

AnalyseCette information doit concerner non seulement la po-pulation des « usagers » de la montagnemais aussi tousles professionnels afin à ne pas céder aux demandesde ces usagers qui souvent ne veulent pas tenir comptedes » alertes avalantes » des services de Météo Franceet profiter pleinement de leur séjour en montagne.

Changement climatique et santé, Aide-mémoire N°266 de l’OMS, octobre 2015

- Le changement climatique influe sur les déterminants sociaux et environnementaux de la santé: air pur, eau pota-ble, nourriture en quantité suffisante, sécurité du logement.- Entre 2030 et 2050, on s’attend à ce que le changement climatique entraîne près de 250 000 décès supplé-mentaires par an, dus à la malnutrition, au paludisme, à la diarrhée et au stress lié à la chaleur.- On estime que le coût des dommages directs pour la santé (à l’exclusion des coûts dans des secteurs déterminantspour la santé tels que l’agriculture et l’eau et l’assainissement) se situe entre 2 et 4 milliards de dollars (US$) par and’ici 2030.- Les zones n’ayant pas de bonnes infrastructures de santé, pour la plupart dans les pays en développement, serontles moins en mesure de se préparer et de faire face à la situation sans assistance.- La réduction des émissions de gaz à effet de serre, en élargissant le choix des transports, de l’alimentation et desénergies, peut entraîner une amélioration de la santé.Lire la suite http://www.who.int/mediacentre/factsheets/fs266/fr/

Hôpitaux et catastrophes naturellesUn avis de l’OMS de …2009

http://www.who.int/mediacentre/news/releases/2009/disaster_day_20091014/fr/

Septembre 2009, Burkina Faso, OuagadougouLes inondations ont provoqué la fermeture de l’hôpital principal du Burkina Faso

Novembre 2015, Australie Nouvelle Galles du SudDes orages accompagnés chutes de grêle ont provoqué des dommages matériels, dont l'effondrement du toit de

la maternité de l'hôpital Base.12 mères et 5 bébés ont dû être évacuéshttp://www.catnat.net/veille-catastrophes/veille-des-catastrophes-naturelles/veille-catastrophes-monde/226-grele-m

Septembre 2015, France, hôpital de Lodève (Hérault)Envahissement du rez-de-chaussée par les eaux au cours d’inondations,

reprise des activités après une semaine de travaux.Lire également http://www.sinquery.com/pourquoi-pouvoir-est-si-difficile-pour-les-hopitaux-pendant-les-ouragans/

La lettre de la SFMC n°84 - 14 -

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Accidents technologiques et industriels - René Noto

• Philippines, incendie de prison, le 8 octobre 2015Un incendie s’est rapidement propagé dans un centre péni-tentiaire de l'île de Leyte dans l'archipel des Philippines, lebilan provisoire serait de 10 morts.http://www.rtbf.be/info/monde/asie/detail_un-incendie-dans-une-prison-aux-philippines-fait-10-morts?id=9103537

AnalyseLes incendies de prison, même quand ils sont d’origine stric-tement accidentelle, sans rapport avec des émeutes internes,sont souvent très meurtriers en particulier dans les pays et lesrégions où il y a une surpopulation carcérale, car les secourssont très difficiles à organiser.

• Incendie de discothèque à Bucarest (Roumanie), le31 octobre 2015«Un incendie a dévasté vendredi soir une discothèque deBucarest causant la mort de 27 personnes. C'est l'un desaccidents les plus graves de ces dernières décennies enRoumanie. "C'est une grande tragédie", a déclaré le mi-nistre roumain de l'Intérieur Gabriel Oprea. Selon le se-crétaire d'État à l'intérieur Raed Arafat, il s'agit de "la plusgrave tragédie du genre" à Bucarest. Selon le ministère,27 personnes, des adolescents pour la plupart, sont dé-cédées. 162ont été blessées et conduites dans différentshôpitaux de la capitale roumaine. Le bilan pourrait encores'alourdir. Aumoins 25personnes se trouvent dans un étattrès grave, selon des sources hospitalières. Une enquêteest en cours pour définir les causes du drame, qui s'estproduit vers 23 heures, heure locale (21 heures) ».http://www.lepoint.fr/monde/roumanie-27-morts-dans-l-incendie-d-une-discotheque-31-10-2015-1978342_24.ph

AnalyseLes incendies de discothèques représentent un type d’acci-dent particulièrement destructeur dans lequel le bilan humainest toujours très important. Chaque fois les conclusions des en-quêtes aboutissement aux mêmes constatations: non-respectdes règles de sécurité dans les ERP, issues de secours ferméesetc. On rappelle pour mémoire l’incendie du dancing le 5/5dans l’Isére en novembre 1970 (cf. Rétrospectives).

• Chine, effondrement d’immeuble, le 30 octobre 2015Effondrement d'un bâtiment dans la province chinoise duHenan (centre).Le bâtiment à deux étages, construit dans les années 1990dans le village de Beiwudu du district de Wuyang, s'est sou-dainement effondré, alors que les ouvriers procédaient à destravaux sur les fondations.Sur le site 40 ouvriers ont pu être dégagés et le bilan total faitétat de 17 morts et 23 blessés dont certains graves.http://french.xinhuanet.com/2015-10/31/c_134769410.htm

AnalyseCe type d’accident est très fréquent enChine et concerne aussibien des constructions en cours, des constructions neuves etrécentes et des constructions anciennes en cours de rénova-tion. Les effondrements concernent aussi des ouvrages d’art,routes, ponts, quelques exemples:- Mars 2015: Le toit d'une cimenterie en construction s’effon-

dre, 7 morts et des dizaines de blessés.- Août 2015 : Une station de métro en construction disparaîtdans une crevasse;- Janvier 2013: Plusieurs immeubles s’effondrent dans une ex-cavation néoformée, pas de victime.- 2013 : Un pont s’effondre sous le poids des passants: unevingtaine de blessés.- Novembre 2010: Effondrement d’un viaduc, 7 morts et plu-sieurs blessés.- Juin 1995: Effondrement d’un grand magasin, plus de 500morts.Dans les Lettres de la SFMC plusieurs présentations d’effon-drement de constructions ont été réalisées en justifiant l’intérêtde leur étude.

•Brésil, rupture d’un barrageminier, le 6 novembre 2015« Un village presque entièrement submergé et un bilanprovisoire d’aumoins 17morts et cinquante blessés. C’estla conséquence de l’effondrement d’un barrage minierdans le sud-est du Brésil. Une coulée de boue a déferlésur deux kilomètres dans la localité de Bento Rodrigues,engloutissant des habitations et rendant impraticables lesvoies d’accès au village. Les habitants ont été évacuésmais outre les victimes retrouvées, une quarantaine depersonnesmanqueraient à l’appel. Les conséquences surl’environnement pourraient être désastreuses. Cette cou-lée est constituée de déchets provenant d’une exploita-tion deminerai de fer et elle contient des résidus toxiques.Pour l’heure, aucune explication sur l’origine du désastre.Le barrage était géré par une compagnie minière, pro-priété de deux groupes, brésilien et australien ».http://fr.euronews.com/2015/11/06/bresil-un-barrage-minier-s-effondre/

AnalyseUn deuxième barrage s’est effondré deux jours après et ac-tuellement un 3e barrage est instable.Les barrages miniers sont des ouvrages d’art particulierconstruits pour retenir des eaux « industrielles» provenant d’uneactivité minière.Ces barrages sont également dénommés « barrage de sté-riles » qui est donc une structure visant à contenir les stérilesmi-niers et les eaux usées lorsque les métaux lourds forment undépôt avant le retour de l'eau au milieu local.Les ruptures de ces barrages exposent donc les populations –victimes à deux types de dangers et de risques: celui de lanoyade par la masse d’eau et de boue qui déferlent et ensuiteaux contaminations des sols par les résidus toxiques.Ce sont donc des catastrophes « duales » et pour lesquellesles secours immédiats sont de même nature que pour la rup-ture d’un barrage en eau.- 1966, Bulgarie: rupture du barrage de la mine de cuivre dePlakalnitsa près de Vratsa, des dégâts matériels important etenviron 500 morts.- 2010, Hongrie : rupture du barrage de retenue d’une usined’aluminium, 10 morts.- 2010, Mozambique: rupture du barrage de retenue d’uneusine de titane, 10 morts.

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Accidents de transport - René Noto• Seattle, accident de circulation sur un pont, le 24 septembre 2015Deux bus de touristes, dont un véhicule amphibie, sont entrés en collision sur un pont de Seattle.Le bilan provisoire faisait état de 4 morts et douze blessés graves.AnalyseDétails intéressants sur l’organisation des secours selon une information de la chaîne CNN.« 50 personnes ont été évacuées » après l’accident, en précisant que les équipes de secours étaient encore en train de trai-ter des blessés légers sur le pont Aurora, après avoir évacué les cas les plus urgents. »http://www.seattletimes.com/seattle-news/ride-the-ducks-vehicle-collides-with-bus-on-aurora-bridge/

• Aéroport de Las Vegas, incendie d’avion, le 8 septembre 2015Un avion de British Airways a pris feu alors qu'il s'apprêtait à décoller de l'aéroport de Las Vegas, 172 personnes àbord ayant été évacuées dans l'urgence dont au moins sept d'entre elles légèrement blessées. Il y avait 159 passa-gers et 13 membres d'équipage à bord, dont trois pilotes et dix personnels de bord.http://www.huffingtonpost.fr/2015/09/09/avion-feu-las-vegas-evacuation-blesses_n_8107994.htm

AnalyseLes incendies au décollage (ou à l’atterrissage) s’observent régulièrement et leur gravité est liée d’une part au momentexact de survenue et d’autre part à la nature de l’incendie.- Afrique du Sud, 2012Incendie au décollage d’un avion à Johannesburg, pas de blessé, il s’agissait du feu de pneu d’un avion avec 120 passa-gers à bord et 7 membres d’équipage.- Australie, 2014Le 30 avril 2014 un avion avec 90 personnes à bord a été forcé de retourner à l'aéroport de Perth mardi après qu'un incendiese soit déclaré dans un de ses moteurs quelques instants après le décollage.- Bénin, aéroport de Cotonou, 2004Atterrissage d’un Airbus de la compagnie Air France en provenance de Paris. L’avion qui avait des problèmes au décollagede Paris a atterri à l’aéroport de Cotonou avec des flammes. Pas de victime.- Australie novembre 2012Un Airbus A380 de la compagnie Emirates à destination de Dubaï avec 380 passagers a été contraint de faire demi-tour versl'Australie dimanche soir en raison d'un incendie qui s'est déclaré sur un de ses moteurs peu après le décollage.- Japon, Tokyo un Boeing de la compagnie taïwanaise China Airlines prend feu juste après son atterrissage, tous les pas-sagers ont pu être évacués.http://www.securiteaerienne.com/le-feu-a-bord-des-avions-partie-1/

• France, accident fluvial, le 10 octobre 2015Un bateau de tourisme fluvial, baptisé Bellefleur, est venu heurter une pile du pont autoroutier de Givors, sur lequel passe l’A47. Au moment de la collision,cent quarante passagers, de nationalité allemande et anglaise essentiellement, étaient à bord, Une quinzaine de personnes souffrant de contusions oud’hématomes après avoir chuté à l’intérieur du navire, a été hospitalisée. http://www.20minutes.fr/lyon/1706383-20151011-lyon-quinze-blesses-accident-bateau-tourisme

AnalyseLes accidents de transports fluviaux de passagers sont rares en France et souvent de très faible gravité, sans aucune com-paraison avec ce que l’on peut observer dans les pays où le transport fluvial est l’équivalent du transport routier en Europeet en France (Bangladesh, Indonésie, Chine, Afrique…). Par ailleurs les secours sont dans ces accidents très rapides etstructurés.

• Accident de car, le 23 octobre 2015Accident de car de touristes dans la commune de Puisseguin, dans le Libournais en Gironde, marqué par une colli-sion avec un camion suivie de feu.Le dernier bilan fait état de 43 morts, 4 blessés graves et 2 blessés légers.AnalyseQuels enseignements peut-on tirer de cet accident dans le domaine de l’organisation des secours et de la ges-tion des crises?1. Cet accident se range dans la catégorie des accidents de cars très graves survenus en France au cours deces quarante dernières années.2. C’est donc un événement rare pour lequel les services de secours ne peuvent avoir d’expérience et doiventutiliser des procédures générales établies suivant les principes de la MRT, les cas précédents étant souvent trèsanciens et ne peuvent servir de référence.3. Tous les médias ont rappelé les circonstances de ces accidents similaires et pour lesquels dans la quasi-to-

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talité des cas des erreurs humaines ont été les facteurs essentiels.4. Avec 43 morts et 6 blessés, ce n’est pas une catastrophe au sens « inadéquation des moyens par rapport auxbesoins », mais une catastrophe au plan de l’impact social, la mise en place d’une cellule de crise en témoigneet très probablement un deuil national sera décrété, dans les heures à venir.5. Comme dans tout accident grave, une enquête judiciaire est en cours pour déterminer les circonstances desurvenue de l’événement et déterminer les secteurs de responsabilité, aussi on a pu s’étonner des déclarationsplusieurs médias, télévisés en particulier, mettant en cause la qualité du réseau routier de cette région tout endéclarant que l’impact de la collision avait été « très violent » et que le véhicule avait pris feu immédiatement, seuls5 passagers dont le chauffeur ayant pu quitter le véhicule.6. Les problèmes à résoudre dans l’immédiat et dans les jours à venir sont spécifiques de ces accidents avecincendie et détérioration, voire carbonisation, des corps des victimes :- Mise en place dans un premier temps d’une chapelle ardente pour le dépôt des corps puis transfert vers un cen-tre de médecine légale pour identification des corps en même temps que des contacts sont établis avec les fa-milles et les proches des victimes.On peut penser que la seule extraction des corps des victimes du car incendié sera très longue et difficile.Dans cet accident il faut tenir compte du fait que toutes les victimes étaient originaires de quelques docilitésproches ce qui entraîne un impact sociétal encore plus important tout en facilitant les identifications.- Mise en place d’une cellule médico-psychologique pour l’accueil des familles pour gérer à la fois le deuil et lefait que les obsèques et autres manifestations des rites mortuaires ne pourront pas être possibles en l’absenced’identification médico-légale.Il faut aussi envisager l’impact émotionnel auprès des personnels de secours dont certains ne sont pas obliga-toirement « familiarisés » avec une telle situation.

ConclusionsSi les accidents de cars avec une importante mortalité sont des événements fréquents dans certaines régionsdu monde (voir Lettre de la SFMC), ils sont rares en Europe.La survenue des derniers accidents (Suisse 2012, Italie 2013) a déclenché les mêmes réactions sociétales.La seule question à résoudre dans le domaine de la prévention : ces accidents et les enquêtes pour en déterminerles causes ont-ils pu améliorer la sécurité générale des transports collectifs au-delà des mesures prises?- Ceintures de sécurité : sont-elles mises systématiquement pour éviter les traumatismes qui limitent les possi-bilités de fuite du véhicule en feu?- Vitesse des véhicules : sont-elles adaptées à l’état des routes et des conditions météorologiques?- Inflammabilité du véhicule : comment réduire l’inflammabilité des véhicules utilisant pourtant du gasoil ?

• Accident d’avion dans le Sinaï.Un avion ayant à bord des touristes russes s’est écrasé dans le Sinaï, il n’y a aucun survivant et le bilan humain est de237 morts.AnalyseIl aurait pu s’agir d’une « banale » catastrophe aérienne, comme il s’en produit régulièrement dans le monde chaque année,si les causes et les circonstances de survenue avaient également « habituelles », c’est-à-dire erreur humaine, faute de pilo-tage, mauvais entretien de l’avion, très mauvaises conditions météorologiques, mais les informations évoquent un attentatterroriste qui a été ensuite revendiqué.Il s’agit donc d’une catastrophe aérienne « duale » avec l’intervention d’un accident de société dont les conséquences po-litiques régionales et internationales seront à suivre.

Secours aérien une anticipation des secours de demain?Un nouveau concept a été proposé par le bureau d'étude Tatarenko V.N qui pourrait parer à ce désastre : une cap-sule éjectable. La capsule sera fixée à l'intérieur du fuselage de l'appareil par des attaches amovibles auto-déta-chables. Au moment où l'avion est incontrôlable et menace de s'écraser le dispositif se déclenche.En savoir plus : http://voyage.gentside.com/avion/avion-une-capsule-ejectable-qui-pourrait-sauver-des-vies-par-tatarenko_art2797.html

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Tourisme spatial de demainEnvoyer ne serait-ce qu'un satellite en orbite, cela implique sacrifier une fusée. En effet, jusqu'ici, les véhiculespropulsant les capsules spatiales, sondes et autres engins mis en orbite étaient perdus une fois leur travail effec-tué. Le retour d’une navette spatiale qui peut donc être réutilisable va certainement ouvrir dans quelques annéesun nouveau domaine de transport et de tourisme: le tourisme spatial.http://tempsreel.nouvelobs.com/sciences/20151124.OBS0121/grande-victoire-pour-jeff-bezeos-l-atterrissage-reussi

Quelle réflexion? De même que s’est créé le secours nautique, le secours en montagne, le secours spéléo, le se-cours en milieu périlleux, il faudra envisager le secours spatial pour une navette en perdition. Secours spatial avecses procédures, son matériel, ses risques, ses acteurs. C’est le domaine de l’anticipation qui est une des clés d’ef-ficacité des actions de secours.

• France, Alsace, accident d’un TGV, le 14 novembre 2015Accident de TGV concernant une rame d’essai à Eckwersheim, en Alsace, selon les informations disponibles le TGVaurait heurté une pile de pont après déraillement et une des « locomotives » est tombée dans le canal tandis que lesautres rames se renversaient.Sur un total de 47 (?) passagers, le bilan serait de 11 morts et disparus et 39 blessés dont des enfants.Toutes les victimes sont des agents de la SNCF qui procédaient aux essais de cette nouvelle rame.http://france3-regions.francetvinfo.fr/alsace/accident-de-tgv-en-alsace-les-recherches-de-corps-se-poursuivent-la-caus

AnalyseLes accidents graves de TGV sont rares depuis sa mise en service en 1981 en particulier « les sorties de voie » ou dérail-lement.Actuellement aucune explication n’a été avancée pour cet accident.Au-delà de ces recherches de cause on peut s’interroger sur la présence d’enfant dans une rame de TGV effectuant desessais, probablement des enfants de personnels profitant du « spectacle ».Cet événement doit entraîner une réflexion pour l’ensemble des acteurs de secours qui peuvent « un jour ou l’autre » parti-ciper à un dispositif « DPS » (dispositif prévisionnel de secours) mis en place pour une activité festive quelconque (matchde foot, course automobile, concert de musique etc.) : ne jamais profiter de cette possibilité pour y faire assister sa famille,et ce en raison du dilemme en cas d’accident collectif : assurer son rôle d’acteurs de secours ou se préoccuper du sort desa famille.

• États-Unis un déraillement de train de TMD, le 6 novembre 2015Accident au cours duquel 32 wagons ont quitté la voie après un déraillement. L'accident s'est produit près de la villeaméricaine d'Alma, dans le Wisconsin. Le déraillement du train, qui transportait des réservoirs remplis d'alcool déna-turé, a entraîné la fermeture des routes avoisinantes et l'évacuation des habitants du quartier. La catastrophe a eu lieule long du fleuve Mississippi.http://actu.orange.fr/image/monde/etats-unis-un-spectaculaire-deraillement-vu-du-ciel-magic_CNT000000ffACA.html

AnalyseCe type d’accident est actuellement très fréquent aux États-Unis et au Canada, leurs conséquences sont variables, celle sur-venue l’an dernier à Lac Mégantic illustre bien les risques permanents pour les populations avoisinantes, concept particu-lier qu’il faut prendre en compte dans les conséquences des catastrophes industrielles et technologique.

• Les accidents en mer en 2014L'Agence européenne pour la sécurité maritime (AESM) a recensé, en 2014, pour les navires relevant de sa compé-tence, 3025 accidents en mer, au cours desquels 136 personnes ont perdu la vie et 1075 ont été blessées, Sur ces3025 accidents, 99 sont considérés comme "très graves" car ayant provoqué la mort de personnes, la perte du na-vire ou eu des conséquences graves sur l'environnement.« Ces accidents ont impliqué 3399 bateaux, dont 51 ont été perdus,Sur la période 2011/2014, l'agence basée à Lisbonne, a recensé 9180 accidents maritimes, ayant impliqué10439 navires. Au cours de ces accidents, 393 personnes ont perdu la vie et 3250 ont été blessées. »http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2015/12/01/97001-20151201FILWWW00209-136-morts-en-2014-dans-les-accidents-en-mer.php

AnalyseCes données ne représentent que la navigation contrôlée par cette agence et par ailleurs ce sont le plus souvent des ac-cidents semi-collectifs, cependant ils reflètent le niveau général de sécurité en mer et donnent une bonne vision de ce quedoit prendre en compte l’organisation des secours.Le nombre d’accidents peut être considéré comme faible compte tenu de l’importance du trafic maritime, on admet ac-tuellement que 80 % du commerce mondial emprunte la voie maritime.

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Les événements toxiques et infectieux - René Noto

• États-Unis, prévention des intoxications alimentaires, septembre 2015L’Agence américaine des produits alimentaires et médicamenteux (Food and Drug Administration, FDA) officialisédeux réglementations qui exigent des installations de production d'aliments destinés à la consommation humaine etanimale d'identifier et de prévenir les éventuels problèmes de sécurité.À l'heure actuelle, 15 % de l'offre alimentaire américaine est importée d'autres pays, notamment 80 % des fruits demer, près de 50 % des fruits frais et 20 % des légumes frais.Selon une estimation des Centres américains de prévention et de lutte contre les maladies, 48 millions de personnes,soit un Américain sur six, est victime chaque année d'une intoxication alimentaire.http://french.xinhuanet.com/2015-09/11/c_134612456.htm

• France, épidémies animales en cours

a) Une épidémie de brucelloseElle sévit parmi les bouquetins de Haute-Savoie justifiant l’abattage de 200 à 250 animaux (dont 40 % sont atteints dela maladie) et 75 autres seront préservés après avoir « été marqués au cours des derniers mois afin d’être facile-ment identifiables ».Cette décision a été prise par des raisons de santé publique, qualifiant la brucellose de « maladie grave », et par la vo-lonté de préserver les cheptels agricoles d’une contamination.http://www.invs.sante.fr/publications/guides_biotox/guide_brucellose.html

AnalyseLa brucellose, également appelée fièvre de Malte, fièvre sudoro-algique, fièvre ondulante, mélitococcie ou fièvre méditer-ranéenne est une Anthropozoonose.L’agent de la brucellose fait partie des agents microbiens et viraux recensés dans les menaces de bioterrorisme (Brucella)peut être utilisé comme arme biologique de plusieurs manières, mais la dissémination par aérosol est le scénario le plus pro-bable car elle permet d’aboutir à un nombre maximum de victimes. L’inhalation de 10 à 100 bactéries suffit à provoquer lamaladie chez l’homme.

b) France des cas de fièvre catarrhaleTrois cas de fièvre catarrhale ovine (FCO), ou maladie de la langue bleue, ont été détectés récemment dans le dé-partement du Cher, a-t-on appris jeudi auprès de la préfecture à Bourges.À la suite de la découverte de ces trois cas dans les communes de Bussy, Cuffy et Vernais, le préfet du Cher a dé-cidé mercredi de placer les exploitations concernées sous limitation de mouvement. "Les éleveurs concernés peu-vent cependant continuer à amener leurs animaux à l'abattoir", précise un communiqué de la préfecture, en relevantque ces exploitations seront prioritaires pour la vaccination.http://www.notretemps.com/sante/trois-cas-de-fievre-catarrhale-ovine,i95443

AnalyseLa fièvre catarrhale ovine ou FCO (ou maladie de la langue bleue) est une maladie virale non contagieuse, transmise par desmoucherons-piqueurs touchant les ruminants sauvages ou d'élevages, mais principalement les moutons, moins souvent leschèvres, bovidés, les cervidés, dromadaires et antilopes.L’incidence de ces épidémies animales (épizooties) est essentiellement actuellement d’ordre économique car on ne connaîtaucun cas de transmission avec infection chez l'Homme.

• Maladies infectieuses et catastrophe : Choléra en HaïtiAlors que plusieurs rapports ont confirmé que la réintroduction du choléra en Haïti en 2010 a été provoquée par laprésence de soldats népalais de la Mission des nations unies pour la stabilisation en Haïti (Minustah), aucune répa-ration de la part de l’ONU n’a pour l’heure été envisagée. La semaine dernière, des centaines de victimes manifestaientà Port-au-Prince « réclamant justice ».http://www.jim.fr

AnalyseLe transfert de germes pathogènes est une éventualité à prendre en compte lors des grandes catastrophes avec « trans-fert « de population, ici c’est l’importation de germes à partir d’acteurs de secours, manifestement une faille dans le do-maine de la surveillance santé collective des personnels des missions des Nations Unies.À cette occasion, l’OMS avait rappelé aux personnels des ONG la nécessité d’être vaccinés contre le choléra, autant pourleur propre sécurité que pour éviter ce type de transfert.Il faut cependant signaler que cette épidémie de choléra a pu se propager rapidement en raison des conditions déplora-bles de l’hygiène collective (eau potable, latrines) avant et après le séisme.

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• Tanzanie, épidémie de choléra, novembre 2015Une épidémie de choléra est apparue en Tanzanie depuis quelques mois.Cette épidémie semble s’étendre actuellement avec plusieurs milliers de cas recensés.http://www.lexpress.fr/actualite/monde/afrique/la-tanzanie-confrontee-a-une-grave-epidemie-de-cholera_

AnalyseLe choléra peut être considéré comme endémique dans ce pays avec les nombreuses épidémies graves dans le passé ;1997, 2010.La situation générale de cette région du monde avec des milliers de réfugiés quittant les zones de conflits favorise l’exten-sion du choléra.

• France, bilan de l’épidémie de grippe 2014-2015«L’Institut de veille sanitaire (InVS) dresse le bilan de l’épidémie de grippe durant l’hiver 2014-2015 dans le bul-letin épidémiologique hebdomadaire du 13 octobre 2015.L’épidémie de grippe a été forte durant l’hiver 2014-2015 : près de 3 millions de personnes ont consulté pourun syndrome grippal. Dominée par le virus A(H3N2), l’épidémie a été particulièrement sévère chez les personnesde 65 ans et plus, qui ont été plus souvent hospitalisées pour grippe que durant les années précédentes. L’ex-cès de mortalité constaté a également particulièrement concerné cette tranche d’âges. La gravité de cette épi-démie est imputable au virus A(H3N2), connu pour provoquer des complications chez les personnes fragiles. Elleest aussi liée au fait que moins d’une personne à risque sur deux (46,1 %) était vaccinée (personnes âgées deplus de 65 ans, femmes enceintes, personnes obèses ou atteintes de maladies chroniques). De plus, parmi lespersonnes vaccinées, une partie était mal protégée du fait de l’inadéquation entre les souches de virus A(H3N2)circulantes et celles contenues dans le vaccin».http://www.vie-publique.fr/actualite/alaune/sante-bilan-epidemie-grippe-2014-2015.htmlAnalyseCes résultats sont à prendre en compte avec les données actuelles qui révèlent que deux personnes sur trois récusent l’uti-lité de la vaccination antigrippale.

• Turquie, intoxications collectives avec de l’alcool frelaté, le 2 novembre 2015Le bilan des victimes, ayant consommé récemment de l'alcool frelaté à Istanbul en Turquie s'est élevé à 23 morts, rap-porte l'agence de presse turque Anatolie.11 personnes sont mortes durant le weekend, alors qu'une quinzaine d'autres individus se trouvent encore dans lessoins intensifs dans plusieurs hôpitaux de la ville.Au total, 89 personnes ont été hospitalisées depuis le 18 octobre dernier à Istanbul. Elles avaient toutes bu du "Raki".Il s'agit d'une boisson anisée fortement alcoolisée de consommation courante en Turquie. Les autorités ont détectéla présence d'alcool méthylique dans cette boisson.http://www.jawharafm.net/fr/article/turquie-23-deces-lies-a-l-alcool-frelate/106/29506

AnalyseAvec les intoxications alimentaires, d’origine infectieuse le plus souvent, ce sont les intoxications avec de l’alcool frelaté quereprésentent les formes d’intoxications collectives graves le plus souvent recensées dans de nombreuses régions dumonde,y compris dans les pays où les « coutumes et religions » s’opposent à la consommation de boissons alcoolisées.

• Russie, intoxications collectives avec de l’alcool frelaté, le 23 novembre 2015« Quinze personnes sont décédées en Russie au cours des deux dernières semaines après avoir bu de l’alcoolproduit illégalement », ont révélé les autorités.Cinq des victimes sont des résidents d’une ville de la Sibérie ayant consommé du whisky américain frelaté.http://journalmetro.com/monde/878795/de-lalcool-frelate-cause-15-deces-en-russie/

AnalyseIntoxications récurrentes en Russie, pas d’information sur les séquelles présentées par les survivants.

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Les accidents de société - René Noto

• États-Unis, fusillades, le 1er octobre 2015Une fusillade dans une université de l’État de l’Oregon, sur le campus de l'Umpqua University College entraîne denombreux morts et blessés.Selon les informations transmises par les chaines de télévision américaines et françaises le nombre de morts seraitcompris entre 10 et 15 et il y aurait une vingtaine de blessés.Le tireur a été arrêté par les services de police et ne se serait pas suicidé comme cela est fréquent dans ces tueriesde masse dans les centres universitaires.AnalyseDans les heures qui ont suivi cet événement, « comme d’habitude », on a pris connaissance des réactions officielles de tousles responsables politique du pays, conséquence directe ou indirecte de la prolifération des armes à feu dans le pays (plusde 300 millions d’armes pour une population de 250 millions d’habitant).On rappelle l’information communiquée dans les Actualités de la 1re décade de juillet 2015.

•États-Unis, tueries de masse, une étude comportementaleCette étude porte sur les motivations des auteurs de tuerie de masse dans les établissements d’enseignements et l’im-portance des actions de mimétisme.Contagion in Mass Killings and School Shootings.Towers S, Gomez-Lievano A, Khan M, Mubayi A, Castillo-Chavez C.PLoS One. 2015 Jul 2; 10(7):e0117259. doi: 10.1371/journal.pone.0117259. eCollection 2015.

• États-Unis, une rétrospective des tueries de masse en 25 ansLa dernière tuerie de masse aux États-Unis a été « l’occasion » pour certains médias de faire le bilan de 25 ans surces événements.Ce travail a été réalisé par Le site d’information belge RTBF a élaboré une infographie sur les plus violentes tueries demasse américaines de ces 25 dernières années, une occasion de pouvoir comparer chacune de revenir sur la tra-gédie des armes à feu.L’infographie a été créée par Samuel Laloux et Adeline Louvigny pour la RTBF, reprenant des informations du journalaméricain à but non lucratif Mother Jones. Ce document fait figurer les 16 plus grandes tueries de masse des 25 der-nières années.http://citizenpost.fr/2015/10/infographie-pires-tueries-de-masse-americaines-25-dernieres-annees/

• États-Unis, des perspectives » nouvelles » sur les tueries de masse aux États UnisLes analyses et perspectives sur ces accidents de société se multiplient lors de chaque nouvel événement, un choixde ces réactions :- Lors que les débats sur la possession d'armes avaient repris de plus belle après une nouvelle fusillade en Oregon,le 1er octobre, un sondage montre qu’une majorité d’Américains ne considère pas les lois permissives comme la causedu problème.D’après une enquête du quotidien américain Washington Post, 63 % des citoyens nationaux estiment que les tueriesde masses dépendent directement de « problèmes de santé mentale », contre 23 % qui pensent qu’elles sont laconséquence d’une loi trop permissive sur le contrôle des armements. Les 1001 Américains interrogés par le jour-nal s’entendent en revanche, à 82 %, sur le constat que la violence armée constitue un problème « très » ou « assez »sérieux.https://francais.rt.com/international/9183-usa-tueries-imputees-sante-mental

- Selon une nouvelle étude scientifique, les auteurs des attaques meurtrières dans les écoles aux États-Unis agiraientsouvent par mimétisme.http://www.lepoint.fr/science/les-tueries-de-masse-seraient-contagieuses-03-07-2015-1942058_25.php

• Arabie saoudite, accidents graves lors du pèlerinage de La Mecque, septembre 2015Le pèlerinage annuel de La Mecque a été le théâtre de 2 accidents graves à quelques jours d’intervalle (11 et 19 sep-tembre).Le premier est lié à l’effondrement d’une grue sur la Grande Mosquée. Le bilan a fait état d’au moins 87 morts et deplus de 150 blessés.Le second est lié à un phénomène de bousculade dans le déplacement des colonnes de pèlerins, le bilan faisait étatde plus de 700 morts et plus de 800 blessés.http://fr.euronews.com/actualites-24h/fr

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AnalyseIl s’agit de deux accidents très différents : le premier est un accident technologique comme cela arrive assez régulièrementdans les chantiers de construction (chute de grue en raison des conditions météorologiques ou des erreurs de mise enplace), le deuxième résulte de phénomènes de flux de populations lors de grands rassemblements.Le dénominateur commun étant la raison de ce rassemblement : une manifestation religieuse sous forme de pèlerinage quiregroupe chaque année des millions de personnes de plusieurs dizaines de pays, ce qui laisse entrevoir les difficultés pourgérer la phase post-accidentelle (responsabilité, identification des victimes, soins aux blessés, rapatriement des corps desvictimes décédées etc.).Ces deux événements avaient été précédés, quelques jours auparavant, par un incendie d’un hôtel IGH de 55 étages avecquelques blessés et une évacuation de 1500 personnes.

• Chine, explosions multiples en septembre 2015Une série d’explosions se sont produites à Liuzhou, ville située dans la région autonome du Guangxi, le bilan est desept morts, deux disparus (dans les décombres des bâtiments détruits) et une cinquantaine de blessés. Les informa-tions ont fait état également d’une quinzaine de déflagrations dans plusieurs lieux publics.http://www.scmp.com/news/china/society/article/1862823/multiple-explosions-said-be-triggered-parcel-bombs-rock-county

AnalyseIl s’agit manifestement d’attentats « classiques » par explosions, tels qu’il s’en produit régulièrement dans plusieurs régionsdu monde. Habituellement la Chine semblait « protégée » par ces accidents de société.

• Attentats, médias et rumeurs«Régulièrement dans toutes les régions dans lesquelles surviennent des attentats au lendemain de ces événe-ments les populations sont soumises au phénomène des « rumeurs ».Mouvements de foule, alertes à la bombe, rumeurs de nouvelles attaques, thèses complotistes, peur d'armes chi-miques : la situation à laquelle font face les journalistes français au lendemain des attentats du 13 novembre estcompliquée à gérer… mais pas inédite. Voir les paniques de l'après 11 septembre 2001… On redécouvre qu'iln'y a pas besoin de Twitter ou Facebook pour voir se diffuser les peurs plus ou moins fondées.Paris après les attaques du vendredi 13 septembre n’a pas échappé à cette conséquence.Ce fut la toute première. La première grande panique de l'’après attentats. Place de la République, le dimanche15 novembre en fin d'après-midi. Brusquement, un mouvement de panique saisit la foule qui se recueille. Desmilliers de personnes s'enfuient en courant. On dit avoir "entendu des tirs". Le mouvement se propage jusquedans les quartiers de Belleville et du Marais, des clients se réfugient dans les cafés, des passants se terrent dansdes halls d'immeubles. L'origine de la panique? La lampe de chauffage de la terrasse d'un bar qui a rendu l'âme,révélera le ministère de l'Intérieur.Les chaînes d'information en continu en rendent compte avec plus ou moins de sang-froid (et de précision).Sur une chaîne de télévision on stoppe une interview en plateau pour annoncer : "Je vous interromps parce qu'ily a en ce moment même des incidents place de la République, on nous parle de coups de feu qui ont été tirés,qui ont été entendus, la place s'est vidée en quelques minutes". Elle le redira cinq minutes plus tard : "Appa-remment il y a eu des incidents, on nous parle de coups de feu".L'envoyé spécial de la chaîne indiquera lui qu"il y a eu "des détonations" à République et que "des tirs de som-mation ont été entendus" dans le Marais.La concurrente sera plus sobre : son envoyée spéciale jointe par téléphone indique immédiatement qu'elle n'a"pas entendu de coups de feu ni de bruits particuliers, ni de détonations". Les deux chaînes optent pour un ban-deau : "Confusion à… " »AnalyseCes événements ont été signalés à plusieurs reprises dans la lettre de la SFMC car ces phénomènes de panique sont sou-vent très meurtriers quand ils surviennent lors d’un rassemblement important de population : manifestations festives, reli-gieuses etc.Ce sont alors des bousculades incontrôlées, et les morts surviennent par écrasement, piétinement lors des réactions defuites.

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Prévision, Prévention, Protection - René Noto

Quelques informations relatives aux différentes actions dans le domaine de la prévision, de la préven-tion des accidents et des catastrophes qui seront autant d’axes de recherche pour envisager en mêmetemps toutes les actions de protection des populations.

• France, la sécurité en zone montagneuseLe 28 septembre 2015 a été diffusée instruction gouvernementale donnant consigne aux préfets de prendre encompte le guide méthodologique avalanches, rédigé en 2004 pour prendre en compte des zones montagneuses in-constructibles ou à risques pour les constructions et les activités humaines ou de loisirs.AnalyseCe « guide méthodologique avalanches » a été élaboré rédigé en 2004 après la catastrophe de Montroc (Chamonix) le 9 fé-vrier 1999 qui avait fait 12 morts.Cette coulée s’était déjà produite selon la même trajectoire en 1843, 1908 et 1945 ce qui n’avait pas empêché le déve-loppement de l’urbanisme.Cette nouveauté de « zone jaune » objective le fait que ce sont des zones à » suspicion de coulées » liées à l’ancienneté,la puissance ou une météo ou nivologie exceptionnelle. Il s’agit ici de tenir compte de la sécurité des hommes et non dubâti.C’est ce dernier principe qui doit être pris compte pour l’élaboration des « PPR avalanches » dans les 292 communes de17 départements en France où se trouvent quelque 1429 sites habités au pied de couloirs.Prendre également connaissance :Plan de prévention des risques naturels - Avalanches : Guide méthodologiqueLes modalités de prise en compte des avalanches exceptionnelles pour améliorer la prévention des risques et renforcer lasécurité des personnes.Le dossier de l’ANEMhttp://www.kairn.com/fr/milieu-montagne/95799/urbanisme-en-montagne-et-avalanches-segolene-royal-valide-les-zones-qu

• Avalanches et prévention sur les axes routiers, octobre 2015Le projet SAPYRA élaboré par le département de l’Ariège et la principauté d’Andorre a pour objectif d’améliorer la sé-curité des accès routiers pyrénéens face aux risques d’avalanches, particulièrement en ce qui concerne l’accès à laPrincipauté.Les travaux vont permettre de réduire les risques et les études, couplées aux dispositifs de gestion naissant du pro-jet, et permettront également de développer durablement la coopération transfrontalière.http://france3-regions.blog.francetvinfo.fr/pyrenees/2015/10/30/lariege-et-la-france-travaillent-main-dans-la-main-pour-la-securisation-des-acces-routiers-face-aux-avalanches.html

AnalyseIl s’agit là de la protection contre un risque à la fois naturel (les avalanches) et un risque anthropomorphique (constructionde route dans des zones d’avalanches).Ces mesures comprennent donc « classiquement » d’une part la mise en place d’infrastructures de protection et d’autre partle développement d’instruments de prévention, qui permettront de mieux connaître le risque et réduire le nombre et la duréedes fermetures des itinéraires concernés en souhaitant toutefois que le respect des fermetures des itinéraires soit respecté.

• États-Unis, utilisation des drones pour le déclenchement d’avalanchesÀ titre expérimental un prototype de drone multi-rotor spécialement conçu pour la montagne a été utilisé pour trans-porter une charge d’explosif afin de déclencher des avalanches.Son fonctionnement est simple : une fois le drone chargé avec l’explosif, un opérateur le contrôle et lui définit un iti-néraire préprogrammé. Le drone se charge par la suite de larguer sa charge sur le site pour provoquer ainsi l’ava-lanche.http://www.tomsguide.fr/actualite/drones-avalanche,49003.html

AnalyseLe transport de charges explosives pour déclencher des avalanches est habituellement confié à des hélicoptères et lesdrones utilisés à des fins destructrices appartiennent actuellement aux armées.On peut facilement envisager le risque d’une diffusion de ce transport de charge explosive en milieu civil dans un contextede terrorisme.

• Canada, la protection contre les avalanchesAu Canada, les forces armées participent régulièrement à la prévention et à la protection contre les risques d’ava-lanches.C’est un régiment d’artillerie qui est déployé lors de programme de prévention des avalanches de Parcs Canada,

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dénommée « opération PALACI », dans les régions où routes et chemins de fer traversent la chaîne de montagnes.http://www.45enord.ca/2015/11/le-5e-regiment-dartillerie-legere-du-canada-de-valcartier-fournira-la-2e-roto-de-loperation-palaci/

AnalyseIl s’agit donc là d’opérations d’anticipation qui consistent dans des tirs pour produire des avalanches contrôlées avantqu’elles ne deviennent une menace pour les corridors de transport routier et ferroviaire.

• France, les enseignements des retours d’expériencesLes commémorations du 70e anniversaire du débarquement en Normandie avaient été l’occasion d’une organisationdes secours particulièrement importante.Des enseignements on en été tirés sous forme de « Retex » ; synthèse réalisée par les DGSCGC / SDPGC / BPERE/ Pôle Exercice et retour ...www.interieur.gouv.fr/content/download/.../file/RETEX_Dday_HD

• Polynésie française, exercice annuel « cyclone », octobre 2015Les forces armées en Polynésie française (FAPF) ont participé à l’exercice annuel, Cyclonex. Il permet de préparerl’ensemble des forces armées à prendre les mesures de protection de leur personnel et de leur matériel face à un cy-clone. Il s’agit aussi de vérifier l’aptitude des forces armées à remplir leur mission d’assistance aux populations aprèsle passage d’un cyclone.Cet exercice est réalisé conjointement avec les services de l’État, du Pays, des communes et des différents opéra-teurs. Le haut-commissariat est responsable de la diffusion de l’alerte, en particulier vers les administrations et de l’or-ganisation des secours. Il dirige les opérations à travers son centre opérationnel et s’appuie principalement sur laforce publique et les pompiers. Il prend les arrêtés nécessaires fixant notamment les différents stades d’alerte et lesrestrictions de libertés publiques en vue de protéger les populations. Le COMSUP.PF exerce un contrôle opération-nel depuis le poste de commandement inter armées de théâtre (PCIAT) qui détient le contrôle tactique de tous lesmoyens. Le poste de commandement (PC) santé assure la planification et la conduite de la manœuvre santé, sous lesordres du COMSUP-PF et en liaison avec les moyens de secours civils. Les risques sont répartis en cinq niveaux dif-férents.http://www.radio1.pf/exercice-cyclone-pour-les-forces-armees-en-polynesie/

AnalyseDans les régions « d’endémie » d’événements naturels susceptibles d’être très dévastateurs, la préparation et l’entraine-ment de tous les acteurs de secours sont essentiels pour limiter les conséquences de ces évènements, mais la populationdoit également participer à sa propre sécurité en respectant les consignes générales édictées par les pouvoirs publics.

• Journée internationale pour la prévention des catastrophes naturelles le 14 octobre 2015Cette journée était organisée par l’Assemblée générale de l’Organisation des Nations Unies (ONU) depuis 1990.En France, plusieurs manifestations ou colloques ont été organisés et auxquels le Ministère de l’aménagement du ter-ritoire et de l’environnement, chargé de la politique de prévention des catastrophes naturelles, apporte son concours.

• France, interdiction provisoire des feux d’artifices en Ile de France, le 15 novembre 2015« Jusqu'au 16 novembre minuit, un arrêté, pris samedi 14 novembre par le préfet de police de Paris, interdit lavente et le transport des engins d'artifice en Ile-de-France. Un arrêté bien évidemment pris dans le "contexte desattentats" qui prohibe "la cession, à titre onéreux ou non, des artifices de divertissement" ainsi que leur transportpar les particuliers. »http://www.rtl.fr/actu/societe-faits-divers/attentats-a-paris-les-engins-d-artifice-interdits-en-ile-de-france-7780516631

AnalyseLa mise en œuvre des feux d’artifices et des pétards a toujours été l’occasion de fausses alertes, de rumeurs et de paniquede foule dans des villes où sont survenus récemment des attentats terroristes marqués par des explosions et de tirs d’armesautomatiques.Dans les Lettres de la SFMC ces événements ont été relatés à plusieurs reprises.Indépendamment de ces causes, les pouvoirs publics sont amenés très souvent à interdire, localement et à certaines pé-riodes de l’année, l’utilisation des tous les procédés pyrotechniques en raison des dangers d’incendies.

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Bibliographie, congrès - René Noto

• Public Safety Answering Points (PSAPs) in Europe,2dition,2015La nouvelle publication annuelle Réponse de sécurité publique en Europe, édition 2015, est maintenant disponible.Informations : [email protected].

• Is there a role for telemedicine in disaster medicine?Felipe Piza, Milton Steinman, Sergio Baldisserotto, Renata Albaladejo Morbeck,Crit Care. 2014; 18(6): 646.Published online 2014 Nov 27. doi: 10.1186/s13054-014-0646-2

Une expérience de télémédecine en situation de catastrophe lors de l’incendie d'une discothèque dans le sud duBrésil (Santa Maria) après spectacle pyrotechnique le 27 Janvier 2013, 242 morts et des dizaines de blessés.

• Regional Variation in Causes of Injuries among Terrorism Victims for Mass Ca-sualty Events.Regens JL1, Schultheiss A1, Mould N1.Front Public Health. 2015 Aug 17;3:198. doi: 10.3389/fpubh.2015.00198. eCollection 2015

Répartition des causes des blessures chez les victimes d’attentats terroristes avec nombreuses victimes en fonctiondes lieux de survenue.Un article qui met en évidence d’une part le concep de « dominante lésionnelle et d’autre part qui prend en compteles incendies dans des situations d’actes de terrorisme, faits rarement évoqués. (Cf. Lettre SFMC n° 43 de juillet2006).

• Communal bereavement and resilience in the aftermath of a terrorist event: Evi-dence from a natural experiment.Tsai AC1, Venkataramani AS2.Soc Sci Med. 2015 Dec;146:155-63. doi: 10.1016/j.socscimed.2015.10.050. Epub 2015 Oct 22.

Une étude qui précise quelques points du processus de deuil et de résilience à la suite d'un événement terroriste.

• Conseil de l’Europe et terrorismeLe Conseil de l’Europe a décidé d'actualiser et d’élargir sa Convention de 1990 pour tenir compte du fait que le ter-rorisme n’est plus uniquement financé par le blanchiment d’argent, mais qu’il peut également l’être par des activitéslégitimes.Cette nouvelle Convention est le premier instrument international traitant à la fois de l'action préventive et de la luttecontre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme.Lire la suitehttp://www.coe.int/fr/web/conventions/full-list/-/conventions/treaty/198

• Cyberterrorisme et cyberguerreCyberterrorisme : mythe ou réalité ?, mémoire de Cédric Thévenet publié sous l'égide du Centre d'Études Scientifiquesde Défense de l'Université de Marne-la-Vallée.Cité en 2006, Lettre SFMC n° 43 juillet 2006

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Il y a 250 ans à Lisbonne (Portugal),séisme majeurToutes les cloches des églises de Lisbonne ont sonné le1er novembre 2015 comme chaque année pour rappelerla catastrophe du 1er novembre 1755 à 10h30 qui avaitdétruit la ville à plus de 85 %.Cet important séisme, évalué actuellement entre 8,7 et 9sur l'échelle de Richter, fut suivi d'un incendie urbain puisd'un raz-de-marée, qui a atteint également toutes les côtesportugaises, espagnoles et celles de l'Afrique du Nord,causant d'énormes dégâts et des milliers de morts (cin-quante mille morts au Portugal).Cette catastrophe fut l'occasion d'un longdébat philosophiqueentre Voltaire et Rousseau dont certaines grandes lignes pour-raient être encore d'actualité: en réponse au poème de Vol-taire* avec sa thèse culpabilisante d'une punition divine,Rousseau, dans sa Lettre sur la Providence, considère la vieurbaine, l'entassement des populations, l'organisation socialecomme seules responsables de la catastrophe.*Poème sur le désastre de Lisbonne ou examen de cet axiome: « tout estbien »

Il y a 110 ans• Le 17 novembre 1905, un petit paquebot à vapeur, leHilda quitte le port de Southampton à destination de SaintMalo avec plus de 130 passagers à bord, la tempête s'estlevée et le bateau à quelques encablures seulement de lacôte se fracasse sur un écueil, le « Rocher des Portes ».Il y a 123 morts et seulement 6 rescapés. Dinard rendhommage aux rescapés et à la mémoire des victimes enérigeant un monument commémoratif. Des conférences,des expositions, une cérémonie en mer sur les lieux dunaufrage ont eu lieu le 19 novembre 2005 pour le cente-naire de cet accident : "Parce que la tragédie du Hilda faitpartie de notre histoire".Et durant la même période, témoignage de la vulnérabilitéde la navigation maritime de l'époque :- Le 31 octobre, le Ola M.Balcom s'échoue Tête de Ga-lantry, Saint -Pierre et Miquelon : 99 morts ;- Le 11 novembre, le GTD brûle dans le fleuve Saint-Lau-rent (Canada) : 165 morts ;- Le 25 novembre, la Marie-Josèphe s'échoue à Havre-Aubert, Iles de la Madelaine : 56 morts.

Il y a 50 ans en 1965• France, Carmaux (81) accident de mineLe 24 novembre 1965, peu après 5 heures du matin, uncoup de poussière s'est produit au puits de la Tronquié,des Mines de Carmaux, bilan 12 morts.• Maroc, crue et inondations, novembre 1965Une crue dévastatrice ravage la vallée du Ziz. Cette der-nière laissa autour de 25 000 personnes sans-abri.

Il y a 45 ans en 1970• France, incendie du dancing le 5/7 à Saint-Laurentdu Pont, le 1er novembre 1970Cet incendie qui causa la mort de 148 personnes, es-sentiellement des adolescents et des adultes jeunes, eutun grand retentissement. Les analyses de cette catas-trophe mirent en évidence, outre la toxicité importante desfeux de matières plastiques, l’importance du respect desrègles de sécurité dans les ERP.

Il y a 30 ans en 1985• France, Lois relatives à l'indemnisation des victimesde catastrophes naturelles- Décret n° 85-863 du 2 août 1985 art. 1 Journal Officieldu 15 août 1985, Chapitre V : L'assurance des risques decatastrophes naturelles. Article A.125-1 ;- Arrêté du 10 septembre 1985 art. 1 Journal Officiel du9 octobre 1985.• Colombie, éruption volcanique, le novembre 1985Une coulée de boue liée à la fonte du glacier enseveli laville d’Armero, le bilan est de 25000 morts environ.Cet événement a mis en évidence deux faits :- D’une part l’absence de mesures de protection des po-pulations qui auraient dû être évacuées à titre préventifpuisque des mesures scientifiques avaient prévu cetteéruption à 67 %,- D’autre part la discordance entre la pauvreté des moyensde secours en place et l’importance des moyens média-tiques pour « couvrir » l’événement et premières réflexionssur la déontologie nécessaire des reportages en situationde catastrophe.• Malte, détournement d’un avion par des terroristes,bilan de 57 morts parmi les passagers, les terroristes sonttués.

Il y a 20 ans en 1995Bakou (Azerbaïdjan) le 28 octobre) : incendie dans un tun-nel ferroviaire à Bakou, bilan de 300 morts.

Il y a 10 ans en 2005Pakistan, séisme majeur survenu le 9 octobre 2005C'est le nord du Pakistan, et dans les régions monta-gneuses du Cachemire, que les dégâts matériels et hu-mains ont été les plus marqués. Dès le premier jour lebilan est de 20 000 morts.

Il y a 5 ans en 2010• Shanghai, incendie d’immeuble IGH le 15 novembre2010 bilan de 58 morts et plus de 70 blessés.• Europe, vague de froid sur toute l’Europe au mois d’oc-tobre, plus de 200 morts et des perturbations importantesdans l’ensemble des activités humaines.

Rétrospective - C'est l’évocation de catastrophes, d'accidents passés, d'événements en relation avec les problèmes de sécurité, de prévention,organisation des secours… Quel intérêt? Certains accidents collectifs, autrefois sinon fréquents du moins possibles, ont pratiquement disparus avec la sup-pression de l'activité génératrice: c'est le cas des accidents de mine en France et dans nombre de pays européens, maintenant c'est en Chine que l'on lesconstate. D'autres persistent malgré toutes les mesures de prévention et protection réalisées: les accidents de car, les accidents de train….dont on retrouve ladescription succincte dans toutes les Lettres: la constance de la catastrophe qui vient s'ajouter à la logique de catastrophe.

Les catastrophes «arrivent». Puis elles sont «arrivées». Et on passe à autre chose. Hubert Reeves (L’espace prend la forme de mon regard).Et pourtant….

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Catastrophes et deuilsIl y a 10 ans dans la Lettre de la SFMC il était précisé dans cette étude que :« Lors de chaque catastrophe et de tout accident collectif, les activités de deuil semblent se manifester defaçon variable à la fois suivant la culture mais aussi semblent obéir, pour un observateur peut être superfi-ciel, à d'autres préoccupations. »Depuis 10 ans en de nombreuses occasions tant en France que dans des pays voisins et amis desaccidents collectifs : accidents de cars, de trains, d’avions, des attentats et d’autres accidents de so-ciété on a pu constater l’importance de ces manifestations aussi il a semblé utile de rappeler cetteétude réalisé par madame Dentan.Toute perte qu’elle soit individuelle ou collective s’assortit d’un processus de deuil. La qualité de ce der-nier va influer sur le devenir des proches mais aussi de la communauté entière quand il s’agit de ca-tastrophe.Les récents événements de l’été (accidents d’avion et catastrophes naturelles) sont l’occasion de rap-peler certaines notions.

• Traumatisme, perte et deuilTout d’abord il convient d’établir une distinction nette entre le traumatisme destructeur et le germe créateur du deuil,précise R. Kaës (5).L’événement traumatique est marqué par la rencontre avec le réel de la mort (F. Lebigot).Il va déclencher une symptomatologie spécifique : l’effroi (C. Barrois).La nouvelle en soi inacceptable ne peut pas être acceptée et une attitude de déni risque de se développer.L’annonce de la mort peut aussi provoquer une phase d’engourdissement, plus ou moins longue (quelques heures àquelques jours). Le sujet est comme assommé.La colère contre cette foudre du destin peut encore se déclencher soit individuellement soit collectivement, avec larecherche d’un coupable.Le deuil est un processus qui a pour objectif de dénouer la liaison avec l’objet anéanti. Les cérémonies de l’enterre-ment sont là pour inscrire la mort dans le marbre et canaliser le deuil. Les funérailles décrètent la reconnaissance dela mort, son irréversibilité. Elles comportent sensations, (R.Kaës) auxquelles souvent s’ajoute une douleur aiguë sur-gie du fond des viscères (J.C. Métraux).La conséquence possible, c’est un état de stress post-traumatique dont le signe distinctif est le syndrome de répéti-tion.C’est le retour incoercible des sensations brutes endurées lors du choc. Le sujet reste fixé à l’événement (passé).À l’inverse, la perte implique le tarissement irrévocable d’un flux sensoriel, par extinction de la source. La perte se rap-porte à la disparition d’une personne, objet que le sujet avait précédemment investi.L’objet aimé n’existe plus. Il va falloir retirer tout investissement affectif avec celui-ci.Là-contre, s’élève une rébellion compréhensible, car l’homme n’abandonne pas volontiers une position libidinale.Cette rébellion peut être si intense qu’on en vienne à se détourner de la réalité, et à maintenir l’objet par une psy-chose de souhait hallucinatoire. (Freud).traditionnellement différentes phases :- La toilette du mort.- La veillée mortuaire.- Le cortège funèbre.- Les obsèques.- Les condoléances.- L’inhumation, la crémation, etc.- Le repas funéraire qui est avant tout un repas communautaire où l’on parle du mort.Le travail du deuil, facteur d’évolution, peut alors commencer.Ce rituel va ainsi aider les personnes endeuillées à lutter contre cette tentation de continuer à faire vivre l’objet perdu.Cette acceptation de la réalité peut être « extraordinairement douloureuse », ajoute Freud, mais c’est une étape in-dispensable pour que le sujet redevienne libre et non inhibé.

• Après une catastrophe, un deuil compliquéC’est tout ce processus dicté par la tradition qui vole en éclats dans les catastrophes ou attentats.La catastrophe ou l’attentat provoque un choc sur les familles par sa soudaineté et sa violence. Les familles sont

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frappées à l’improviste. Elles sont confrontées brutalement avec la perte d’un être cher, et ce dans un environnementle plus souvent démuni. On assiste à une faillite des conduites symboliques. C’est d’autant plus vrai quand le cadavreest absent ou introuvable. L’absence du corps ne fait que redoubler l’absence de la mort qui est déjà absence.(L.V.Thomas). C’est la matérialité du cadavre qui fait prendre conscience de la mort.D’où la nécessité dans le cas où les corps ne sont pas retrouvés de mettre en place une parade symbolique s’appuyantsur les survivances de la pensée magique dans notre inconscient :- Autour d’un support collectif (monument) ;- Un cadavre impersonnel (la tombe du soldat inconnu);- Un élément du lieu où s’est déroulée la catastrophe (pierre ou sable par exemple);- Une statuette qui représente le mort;- Un cercueil inoccupé, à défaut.En hommage aux disparus, dont les corps n’ont pu être retrouvés, on transporte également un brancard vide, paréde draperies .On ne saurait trop insister sur le rôle des symboles sur des consciences en désarroi.

• Le deuil collectifPar deuil collectif, j’entends la dynamique sociale qui traverse familles, clans, communautés et sociétés après touteperte conjointe aux membres de la collectivité…, dit J.C. Métraux.Les rites partagés ont pour objectif de permettre la restauration de l’identité de la famille et de la société blessée parla mort de ses membres. L’objectif est double : régler le devenir du mort et prendre en charge les survivants marquéspar la perte en mobilisant autour d’eux la communauté et en cadrant leur deuil.Un des exemples est la mise en place des différentes actions après l’attentat de Karachi (Fidelle, Cabon D.)- L’accueil des familles et des amis endeuillés dans l’ancienne préfecture.- Le rapatriement des corps.- La réalisation d’une chapelle ardente.- L’hommage rendu par la population de Cherbourg.- La cérémonie officielle.La fonction thérapeutique du rite atteint son plus haut degré d’efficacité quand elle est actionnée par des croyancesreligieuses.On peut aussi associer des gestes de solidarité comme le port d’un brassard noir toute la journée des obsèques.

• Le deuil nationalAujourd’hui où la mort a tendance à être évacuée, on pourrait dire que le deuil national aurait une fonction thérapeu-tique. Il est signe de reconnaissance de l’événement (ce qui est une aide aux victimes). Il contribuerait ainsi à amor-cer le travail de deuil.On pourrait aussi dire que le deuil national implique pour les familles la reconnaissance « d’une mort héroïque ousanctifiée ».Il faut toutefois rappeler que toute mort ne peut pas être décrétée « deuil national ».Le deuil national à l’origine était réservé aux héros. Il avait une fonction spécifique : assurer des louanges immortelleset leur donner le plus illustre des tombeaux.Les exemples dans l’histoire le démontrent. Achille en est l’exemple le plus frappant. Ce sera le cas des rois, des Pré-sidents, des personnages hors du commun comme Pasteur .Un autre exemple : Mère Térésa . On a pu lire dans la presse que Tandis que les hommages affluaient aussitôt de lapart d'autorités gouvernementales du monde entier, de Bill Clinton à Boris Eltsine, les petites gens de l'immense mé-tropole du Bengale, toutes religions confondues, se sont rendues par milliers pour saluer sa dépouille … et venir ren-dre le dernier hommage à la religieuse.Le deuil national peut être étendu à des victimes civiles, mais il faut que l’événement soit de nature à être une tragé-die qui concerne chaque membre de la communauté. Le deuil national est alors décrété par le gouvernement et pu-blié au journal officiel.C’est ainsi qu’après l’attentat des tours de New York, le Président de la République française, sur le rapport du Pre-mier ministre décrète le 12 septembre 2001 :Art. 1er. - Le vendredi 14 septembre 2001 est déclaré jour de deuil national en hommage aux victimes des attentatscommis aux Etats-Unis d'Amérique le 11 septembre 2001.Art. 2. - Le Premier ministre est chargé de l'exécution du présent décret, qui sera publié au Journal officiel de la Ré-publique française.Ce deuil sera observé dans tous les Etats de l’Union Européenne, conformément à la déclaration du Conseil des Mi-

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nistres de l’Union qui demande à tous ses ressortissants des Etats membres d’observer, à midi, trois minutes de si-lence.Durant un deuil national, le drapeau national est mis en berne, les programmes de radio et de télévision doivent s’adap-ter à cette atmosphère,C’est donc très différent de cérémonies de deuil communautaires qui concernent seulement un groupe social.

• Différences culturelles face à la mortEnfin, il semble nécessaire de rappeler, même si c’est une évidence, que s’il existe une parenté entre tous les habi-tants de la terre lorsque la mort frappe à la porte et que le processus de deuil suit le même tracé dans toutes les so-ciétés, la signification et les rituels diffèrent.Les attitudes varient en fonction des cultures. Il va évidemment falloir les prendre en compte en fonction du contexte.Or il n’est pas simple de laisser accéder aux pratiques rituelles propres à chaque culture.Un exemple : lors de l’accident d’avion en Colombie en avril 1998, les équipes de secours ont été confrontées auxdemandes de certaines familles sud-américaines d’aller sur le site de l’accident. Dans leur système de croyance, lesesprits des morts étaient toujours présents et les appelaient. Leur présence sur le site de l’accident était indispensa-ble pour apaiser leurs morts. (Payen A., Southwell G.)

ConclusionAinsi l’objectif est d’aider les personnes endeuillées par la mort brutale d’un ou de plusieurs proches à passer du refusà l’acceptation, puis au détachement pour pouvoir réinvestir dans d’autres objets, une fois le travail de deuil terminé.Les rituels funéraires sont des régulateurs. L’absence de ce travail ou la lenteur risque d’aboutir à des états patholo-giques.Une démarche communautaire est d’autant plus nécessaire dans les situations de catastrophe. La participation à descérémonies communes conduit à une nouvelle identité collective. Ils ont vécu un drame ensemble, il paraît logiquequ’ils vivent un dernier hommage ensemble de la part de la nation. (Fidelle C., Cabon D.).Le risque, c’est un déni social. Les sociétés qui osent affronter les plus douloureuses funérailles sont celles qui sontles plus saines. Elles vont permettre aux familles de regarder en face les pertes.Mais dans les catastrophes, le processus de deuil collectif ne doit pas freiner mais au contraire soutenir le deuil indi-viduel. Il faut qu’il y ait rencontre réussie entre le deuil individuel et le deuil collectif. La société doit répondre à la quêtede sens. La solennité des funérailles est un facteur d’enrichissement du rituel funéraire, mais doit tisser un lien avecles représentations singulières de chaque famille endeuillée. Il faut en permanence qu’il y ait ajustement et adaptationentre l’offre d’assistance et la demande, dit D. Cremniter.Enfin, il faut garder à l’esprit que dans de nombreux cas, les endeuillés sont, après une catastrophe, toujours obligésde vivre au jour le jour dans la précarité. Bien évidemment il faut penser aux morts, mais aussi penser aux vivants quiluttent au jour le jour pour un incertain lendemain.* Docteur en psychologie, Spécialiste de l’assistance des victimes après un évènement traumatique et du stress aéronautique

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Concept d’implication nationale ?De l’implication individuelle à l’implication collective et nationale

Le concept « d’impliqué » dans le cadre d’une action de secours a été créé en 1986 lors de la prise encharge des victimes des vagues d’attentats qu’a connues Paris à cette date.La création de ce concept est la résultante de l’expérience de terrain quand l’acteur de secours, le soi-gnant prennent la peine de dépasser le seul aspect technique de leur mission.Un impliqué désignait, et désigne encore, une personne qui, présente sur les lieux d’une agression col-lective, est indemne de toute lésion corporelle, mais qui, ayant vécu la dynamique de l’événement peutprésenter, immédiatement ou secondairement, des troubles psychologiques de nature variée.On parle de stress post-traumatique qui va modifier un comportement.On parle alors d’impliqué direct, d’impliqué simple : il a été présent, c’est le « rescapé » de jadis donton mesure maintenant que l’on ne réchappe pas totalement indemne d’une situation dans laquelle lamort était une éventualité proche et plus que probable.Les observations ultérieures ont permis d’élargir et de développer d’autres facteurs d’implication.et dedécouvrir la notion d’un impliqué plus complexe.

En effet, cet impliqué direct a dans certaines circonstances d’autres raisons de manifester des réactions émotion-nelles ; il est rescapé certes, mais son implication est plus polymorphe car il n’était pas seul sur les lieux, des personnesavec lesquelles il a des liens affectifs d’intensité différente, des proches, des amis, des parents font partie des victimes,il est probable que ses réactions émotives vont être modifiées par son anxiété au sujet de leur devenir immédiat.Tous les acteurs de secours et de soins ayant vécu ces situations se souviennent de la présence, des actions de cesimpliqués.Cette empathie naturelle pour les personnes qui sont proches, et qui sont victimes d’une agression collective, a jus-tifié plus tard que soit créée une autre catégorie d’impliqué indirect : il n’est pas présent sur les lieux, mais des proches,des parents surtout, étaient sur les lieux et figurent peut être parmi les morts ou les blessés… l’angoisse de l’incerti-tude, de l’attente, de l’information…Les pouvoirs publics l’ont très bien compris et essaient de répondre à ces attentes par la mise en place de « numérovert », numéro de téléphone accessible directement et où pourront être communiquées des informations.Au fil des ans et des catastrophes de toutes natures, les acteurs de terrain se sont aperçus que cette implication émo-tionnelle, affective n’a pas de limite précise, elle peut s’étendre à tout un groupe professionnel déterminé quand l’ac-cident concerne une partie de ses membres, les accidents graves du travail dans les sites industriels en témoignent.Ainsi au fil des ans et des évènements, on a pu assister à l’intervention de psychologues dans des milieux très divers,sportifs, scolaires, professionnels…L’implication peut être territoriale, limitée géographiquement à une commune dans laquelle un grand nombre d’habi-tants ont disparus dans un accident de circulation.Les acteurs de secours, personnels de police, secouristes, soignants, au stade préhospitalier comme au stade hos-pitalier ne peuvent ignorer l’existence de ce concept d’impliqué dans ses diverses configurations plus ou moins am-plifiées, déformées par les actions médiatiques.Ils sont acteurs de secours et de soins et de ce fait doivent développer une empathie naturelle sans pour autant selaisser submerger par l’émotion.Ils sont acteurs de secours, mais aussi citoyens d’un pays et de ce fait aussi sensibles à la dernière forme d’implica-tion : l’implication nationale.En effet, les grands événements qui par leur nature, leurs circonstances et lieux de survenue, le nombre de victimes,paraissent atteindre tout un pays, font apparaitre cette autre forme qui se manifeste par l’ensemble des manifesta-tions du deuil national.Les tragiques événements liés à des actes de terrorisme ont mis en évidence que ces manifestations d’empathie nepeuvent rester individuelles ou limitées à un groupe restreint quand l’agression par sa violence atteint directement etindirectement toute une nation.Empathie collective ou manifestations de patriotisme que l’on pouvait croire quelquefois disparu.En cette fin d’année qui prépare la nouvelle, il est probable que les manifestions habituelles resteront marquées parcette émotion nationale.Mais il convient de développer les capacités de résilience qui font la force d’une société responsable et évoluée.

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Catastrophes, information et éléments de langageLors de de la survenue d’un accident grave, d’une catastrophe, entrainant des dégâts considérableset surtout de nombreuses victimes, on assiste immédiatement de la part des médias de toute nature àun déferlement de témoignages, d’informations par de nombreux experts couvrant tous les aspects del’événement.Ces informations sont souvent très nombreuses, sans un référencement une présentation rationnellequi permettrait très rapidement de situer le fait dans un contexte donnéIl faut donc essayer de mettre en, évidence les « éléments de langage » qui permettront ensuite decomparer les événements entre eux.C’est donc une tentative de mise en place que sera abordée avec diverses formes d’agressions d’ori-gine naturelle, technologique et industrielle et surtout, pour rester dans le contexte événementiel, so-ciétale avec les actes de terrorisme.

A/Terrorisme et attentats, généralitésPour l’essentiel on retiendra :1. Les événements : "actes de terrorisme= faits de guerre en temps de paix" donc agissant une population civile obli-gatoirement non préparée et entrainée et vulnérable.2. Les moyens : les armes conventionnelles employées dans les combats mais aussi dans les guerres civiles (armesà feu, explosifs) avec la menace des armes non conventionnelles(NRBC).3. Les cibles: "cibles symboles", qu'il s'agisse de bâtiments, de quartiers, de ville de pays, de ville, de pays, d’indivi-dus, de collectivités, d'activités humaines (transport, loisirs, festives, religieuses travail, industrie,4. Les conséquences: somatiques, psychiques, économiques et sociétales tant quantitatives que qualitatives: dés-organisation, impact social et psychoaffectif plus que sur l'intensité des destructions, encore que cette intensité aconduit au concept d'hyperterrorisme.5: Les réactions institutionnelles en réponse à l'agression, le choix entre:

- "adaptation"(c’est le cas des pays où le terrorisme et les attentats font partie de la vie quotidienne),- fuite (c’est le cas partiel et invoqué des migrants actuels),- et enfin la lutte, la défense qui va regrouper tous les acteurs de secours.

6. Dans cette lutte "la médecine" a une part prépondérante puisqu'elle doit réparer avec les moyens dont elle dispose,les conséquences somatiques et psychiques de ces agressions qui n’ont pu être évitées.7. Cette médecine doit donc d'intégrer dans la chaine de réactions: secours, sureté, sécurité et ce dans des condi-tions exceptionnelles(liées ou non à une d'absence ou une insuffisance de moyens qui peut être partielle ou totale,provisoire ou de longue durée) que provoque l'événement: explosion, fusillade, incendie etc. À des moments diffé-rents, dans des sites différents, avec des victimes différentes, avec des lésions différentes des urgences conven-tionnelles etc. Le tout dans un contexte de risque évolutif que connaissent les médecins des armées en zones deconflits.8. Les "repères", sinon les modèles, de cette nouvelle forme d'exercice de la médecine d'urgence collective, qu'ellesoit préhospitalière ou hospitalière se trouvent dans le concept de médecine de catastrophe.9. L'organisation logistique, la coordination des moyens médicaux, "l'homogénéité" des actions médicales sur le ter-rain comme à l'hôpital, l'absence d'improvisation sont les clés de "l'efficacité".10. Au-delà de ces repères, l'anticipation et la réflexion sur de nouvelles agressions terroristes potentielles entrainantdes atteintes somatiques particulières est une nécessité avec la prise en compte des attentats innovants.

B/Les différentes formes des attentats, leur perception immédiateActuellement les attentats et actes de terrorisme prennent quelques formes « classiques » dont on doit connaitre lescaractéristiques de leur perception immédiate par la population donc les conditions de transmission de l’alerte.

B1/Les explosions

• Dans un périmètre très proche de quelques mètres à quelques dizaines de mètres, rarement au-delà de lacentaine de mètres :

- un grand bruit, une lueur, des matériaux qui volent dans tous les sens, des structures qui s’effondrent, d’au-tres qui prennent feu…

- des personnes qui gisent au sol, d’autres qui tentent de fuir, des blessés qui présentent des blessures évi-dentes….

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Cette perception est d’intensité variable suivant les lieux de l’explosion : à l’intérieur d’un bâtiment fermé, d’un véhicule,sur la voie publique.

• Dans une zone plus lointaine hors de vue des lieux- c’est le bruit caractéristique d’une explosion qui est perçu immédiatement,- éventuellement les fumées qui peuvent se dégager rapidement d’in incendies ou les poussières par effon-

drement de bâtiments.

B2/Les tirs d’armes à feu• Dans un périmètre plus réduit que celui des explosions, rarement au-delà de la centaine de mètres :- le bruit caractéristique de détonations d’armes à feu, le nombre, isolées, en rafales- des personnes qui gisent au sol, d’autres qui tentent de fuir, des blessés qui présentent des blessures évidentes…..- de tireurs visibles ou non visibles, qui se déplacent en tirant, qui s’enfuient pied ou en voiture• Comme pour les explosions, cette perception est différentes suivant la situation de l’observateur, le lieux de

survenue, local fermé, ouvert, voie publique, moyen de transport souterrain (métro) ou visible, car, bus.

B3/Les tirs d’armes à feu associées aux explosionsCertaines attaques peuvent combiner les deux formes d’agressions dans u ordre variable, d’abord tirs d’armes à feuet ensuite explosions ou inversement plus rares.On retrouvera alors les différentes composantes de ces deux formes d’agression.

B4/Les tirs d’armes à feu associées aux explosions dans les moyens de transport ferroviairesVoir dossiers attentats dans transports ferroviaires, Lettre N° 83, septembre 2015.

B5/Les incendies, actes de terrorisme• Ils sont évidents quand il s’agit de l’emploi d’engins incendiaires projetés sur et dans un véhicule, dans des

locaux, sur des personnes, il s’agit des « classiques cocktails Molotov » plus ou moins improvisés et complexes.Dans ces conditions la causalité entre l’incendie, l’acte de terrorisme et l’engins employé est évidente et perçue im-médiatement.

• Ils sont plus difficiles à mettre en évidence quand il s’agit d’incendies dans des locaux d’habitation, des lo-caux industriels, des locaux commerciaux, ensemble de lieux dans lesquels les causes d’incendies accidentelles sontsouvent présentes (circuits électriques, erreurs de manipulation, sources de chauffage etc..).Souvent, il faudra attendre les résultats de l’enquête technico-policière pour affirmer ou infirmer une cause volontairequi par ailleurs peut être étrangère à toute action terroriste (vengeances, banditisme et racket, troubles mentaux etc.Cependant ces actions de terrorisme ne doivent pas être exclus du champ d’anticipation des unités de secours sur-tout dans des lieux de grande vulnérabilité des occupants (hôpitaux, immeubles d’habitation la nuit, transport en com-mun tels que trains, cars, lieux de rassemblements festifs tels que discothèques etc.

C/Les enseignements à en tirerCes différents paramètres de perception doivent être connus de tous les services de secours de tous les acteurs desecours de façon à pouvoir très rapidement, pratiquement quasiment instantanément :

- rattacher ces perceptions de témoins à des actes de terrorisme et apprécier, anticiper leur évolutivité(concept du risque évolutif),

- anticiper la dominante lésionnelle ; plaies par armes à feu, lestions de blast et de polycribages etc.,- anticiper la dominante situationnelle : panique, et les difficultés d’organisation des secours sur place suivant

les lieux, voie publique, ERP, lieux publics, hall de gare etc.- anticiper le nombre de victimes (coefficient multiplicateur- penser également qu’en période de menace terroriste, ces différentes perceptions expliquent les réactions

des populations quand une explosion « normale », sans lien avec un acte de terrorisme, survient dans un local ou surla voie publique.

En conclusion

1-Quelques mots et concepts nouveaux ou oubliés- Coefficient multiplicateur pour anticiper le nombre de victime.- Risque évolutif pour comprendre la nécessité d’assurer une certaine protection des acteurs de secours.- Dominante situationnelle pour comprendre et expliquer les caractéristiques opérationnelles de chaque site

d’intervention.

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- Dominante lésionnelle pour anticiper les procédures et les techniques de secours et de soins en fonctionde la spécificité des lésions corporelles.

- Alerte, rumeurs et panique dans des contexte de crise et de menace diffuse.- Implication individuelle, collective, nationale.

2-Le dilemme des acteurs de secoursIl faut rappeler que les actions de secours et de soins sont donc toutes "en aval de l'événement «agressifs et ces ac-teurs de secours ne portent aucune responsabilité dans leur circonstances de survenue.Cependant ils seront « projetés » sur le devant de la scène car il leur sera demandé de compenser le plus vite possi-ble, le mieux possible l’ensemble des conséquences somatiques et psychiques de ces agressionsLes actions de secours et de soins représentent donc l’ultime réaction de la société quand elle a échoué dans cesactions de prévision, de prévention et de protection.Devant cet échec le risque est grand alors de chercher et de trouver un bouc émissaire, les services de secours peu-vent le devenir.C’est pourquoi la réflexion médicale doit aussi se projeter en "amont" anticiper les menaces pour y faire face et cré-dibiliser ainsi l’ensemble des actions.

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