Manche : aucun impact installations nucléaires sur la santé
of 8/8
L’industrie nucléaire et le risque de cancers dans le département de la Manche Le Nord-Cotentin concentre quatre sites nucléaires de nature et de risques potentiels très différents : la Centrale de Flamanville (où un troisième réacteur est en construction, l’EPR), l’Établissement AREVA de La Hague dont la fonction est de traiter les combustibles nucléaires usés pour séparer les déchets ultimes des matières valorisables et les conditionner, le Centre de stockage de la Manche dédié au stockage des déchets radioactifs de faible et moyenne activité (fermé en 1994 et en phase de surveillance depuis 2003) et l’Arsenal de Cherbourg, spécialisé dans la construction et la maintenance des sous-marins nucléaires. Suite à la polémique déclenchée par des publications scientifiques posant l’hypothèse d’un agrégat de leucémies de l’enfant en lien avec la proximité de l’usine de retraitement des combustibles usés 1 , deux missions d’expertise pluri- disciplinaire pour l’étude radioécologique et pour la partie épidémiologique initiées par les ministères de l’environnement et de la santé ont été mises en œuvre par le Groupe Radioécologie Nord-Cotentin (GRNC) avec l’appui de l’IPSN 2 , et par l’unité de recherche INSERM U292 3 en collaboration avec le registre général des cancers de la Manche. Après reconstitution des expositions, à partir des concentrations de radioactivité dans l’environnement et détermination des modes de vie, le GRNC a estimé la dose à la moelle osseuse et en a déduit le risque de leucémies radio-induit dans une population fictive de moins de 25 ans vivant dans le canton de Beaumont-Hague entre 1978 et 1996. Le nombre total de cas attribuables à l’ensemble des sources d’exposition aux rayonnements ionisants est de 0,84 cas dont 0,62 cas imputables aux sources naturelles, 0,20 cas aux pratiques médicales, 0,012 cas à l’accident de Tchernobyl et aux essais militaires atmosphériques, et 0,002 cas aux rejets des installations nucléaires locales. Ce nombre de cas théoriquement attribuable aux installations nucléaires locales est 1 000 fois plus faible que les deux cas en excès à expliquer (écart entre les 4 cas réellement observés et les 2 cas attendus dans cette population). Le GRNC concluait alors que l’incidence élevée de leucémies observée chez les jeunes, vivant à proximité de l’usine AREVA-La Hague ne pouvait pas être attribuée à la dose de rayonnement liée aux installations nucléaires locales 4 . Hors série - Décembre 2013 Bulletin d’information des CLI de la Manche Sommaire ■ Missions des registres des cancers couvrant la population de la Manche p. 2 ■ La gestion post-accidentelle d’un accident nucléaire p. 5 ■ Les indicateurs de base de la surveillance épidémiologique des cancers p. 6 ■ Comparaison de l’incidence des cancers dans la Manche et en France p. 8 ■ Cartographie de l’incidence des cancers dans la Manche (période 1999-2010) p. 8 Cet article est un document de synthèse d’une publication scientifique beaucoup plus détaillée que le lecteur intéressé pourra trouver sur le site des CLI de la Manche. I ntroduction 1. Pobel D, Viel JF. Br Med J. (1997) 314: 101-106. Statistics in medicine (1995) 14 : 2459-2472. 2. IPSN : Institut de Protection et de Sûreté Nucléaire, ancienne appellation de l’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN). 3. INSERM : Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale. 4. Estimation des niveaux d’exposition aux rayon- nements ionisants et des risques de leucémies associés de populations du Nord-Cotentin – GRNC, IPSN, (1999). Fontenay-aux-Roses, France. Laurier D, Rommens C et al. Revue d’Épidémiologie et de Santé Publique (2000) 48 : 2S24-2S36 Laurier D, Rommens C et al. Revue d’Épidémiologie et de Santé Publique (2000) 48 : 2S24-2S36
Manche : aucun impact installations nucléaires sur la santé
Les enquêtes sanitaires effectuées auprès des populations habitant à proximité des installations nucléaires se suivent et se ressemblent : elles ne montrent, parmi ces populations riveraines, aucun excès de cancers ou de leucémies attribuables à la centrale nucléaire ou à l’usine située dans le voisinage. La dernière en date de ces études a été menée en 2013, à l’initiative des Commissions Locales d’Information du département de la Manche – qui compte sur son territoire l’usine de retraitement de La Hague, la centrale nucléaire de Flamanville, le centre de stockage de déchets radioactifs CSM et l’arsenal de Cherbourg spécialisé dans la construction et la maintenance des sous–marins nucléaires. L'étude a pour thème : « L’industrie nucléaire et le risque de cancers dans le département de la Manche ». Elle a été menée par le Registre régional des hémopathies malignes de Basse-Normandie en collaboration avec le Registre général des cancers de la Manche.
Text of Manche : aucun impact installations nucléaires sur la santé
1. Bulletin dinformation des CLI de la Manche Hors srie -
Dcembre 2013 Lindustrie nuclaire et le risque de cancers dans le
dpartement de la Manche I ntroduction Le Nord-Cotentin concentre
quatre sites nuclaires de nature et de risques potentiels trs
diffrents : la Centrale de Flamanville (o un troisime racteur est
en construction, lEPR), ltablissement AREVA de La Hague dont la
fonction est de traiter les combustibles nuclaires uss pour sparer
les dchets ultimes des matires valorisables et les conditionner, le
Centre de stockage de la Manche ddi au stockage des dchets
radioactifs de faible et moyenne activit (ferm en 1994 et en phase
de surveillance depuis 2003) et lArsenal de Cherbourg, spcialis
dans la construction et la maintenance des sous-marins nuclaires.
Suite la polmique dclenche par des publications scientifiques
posant lhypothse dun agrgat de leucmies de lenfant en lien avec la
proximit de lusine de retraitement des combustibles uss1, deux
missions dexpertise pluridisciplinaire pour ltude radiocologique et
pour la partie pidmiologique inities par les ministres de
lenvironnement et de la sant ont t mises en uvre par le Groupe
Radiocologie Nord-Cotentin (GRNC) avec lappui de lIPSN2, et par
lunit de recherche INSERM U2923 en collaboration avec le registre
gnral des cancers de la Manche. Aprs reconstitution des
expositions, partir des concentrations de radioactivit dans
lenvironnement et dtermination des modes de vie, le GRNC a estim la
dose la moelle osseuse et en a dduit le risque de leucmies
radio-induit dans une population fictive de moins de 25 ans vivant
dans le canton de Beaumont-Hague entre 1978 et 1996. Le nombre
total de cas attribuables lensemble des sources dexposition aux
rayonnements ionisants est de 0,84 cas dont 0,62 cas imputables aux
sources naturelles, 0,20 cas aux pratiques mdicales, 0,012 cas
laccident de Tchernobyl et aux essais militaires atmosphriques, et
0,002 cas aux rejets des installations nuclaires locales. Ce nombre
de cas thoriquement attribuable aux installations nuclaires locales
est 1 000 fois plus faible que les deux cas en excs expliquer (cart
entre les 4 cas rellement observs et les 2 cas attendus dans cette
population). Le GRNC concluait alors que lincidence leve de
leucmies observe chez les jeunes, vivant proximit de lusine
AREVA-La Hague ne pouvait pas tre attribue la dose de rayonnement
lie aux installations nuclaires locales4. Sommaire I Missions des
registres des cancers couvrant la population de la Manche p. 2 I La
gestion post-accidentelle dun accident nuclaire p. 5 I Les
indicateurs de base de la surveillance pidmiologique des cancers p.
6 I Comparaison de lincidence des cancers dans la Manche et en
France p. 8 I Cartographie de lincidence des cancers dans la Manche
(priode 1999-2010) p. 8 1. Pobel D, Viel JF. Br Med J. (1997) 314:
101-106. Statistics in medicine (1995) 14 : 2459-2472. 2. IPSN :
Institut de Protection et de Sret Nuclaire, ancienne appellation de
lInstitut de Radioprotection et de Sret Nuclaire (IRSN). 3. INSERM
: Institut National de la Sant et de la Recherche Mdicale. 4.
Estimation des niveaux dexposition aux rayonnements ionisants et
des risques de leucmies associs de populations du Nord-Cotentin
GRNC, IPSN, (1999). Fontenay-aux-Roses, France. Laurier D, Rommens
C et al. Revue dpidmiologie et de Sant Publique (2000) 48 :
2S24-2S36 Laurier D, Rommens C et al. Revue dpidmiologie et de Sant
Publique (2000) 48 : 2S24-2S36 Cet article est un document de
synthse dune publication scientifique beaucoup plus dtaille que le
lecteur intress pourra trouver sur le site des CLI de la
Manche.
2. Missions des registres des cancers couvrant la population de
la Manche Le dpartement de la Manche est couvert par deux registres
des cancers en population : le Registre gnral des cancers de la
Manche et le Registre spcialis des hmopathies malignes de
Basse-Normandie crs respectivement en 1994 et en 2005. Leur mission
est denregistrer tous les nouveaux cas de cancers solides et
dhmopathies malignes survenant chez les personnes domicilies dans
le dpartement ; cela permet den surveiller la frquence, lvolution
dans le temps et la rpartition gographique. Conformment aux
recommandations du rapport Rayonnements ionisants et sant : mesure
des expositions la radioactivit et surveillance des effets sur la
sant 5, le suivi pidmiologique local des leucmies a t ralis ensuite
par ces deux registres entre 1999 et 2005, un seul cas tant survenu
pour lensemble des 0-24 ans (chez un enfant de moins de 5 ans) on
compte au total, entre 1978 et 2005, six cas de leucmies pour 4,2
attendus (soit un rapport : nombre de cas observs/nombre de cas
attendus gal 1,42.Vu le nombre de cas observs, ce rapport appel
SIR. voir page 7 - est trop voisin de 1 pour tre significatif).
Dans le canton dimplantation de la centrale de Flamanville (Les
Pieux), entre 1997 et 2005, quatre cas dhmopathies malignes (tous
types confondus) chez les moins de 25 ans ont t observs pour 2,9
attendus (SIR : 1,40). Dans lensemble des cantons du Nord-Cotentin
Ouest (Beaumont-Hague, Les Pieux, Cherbourg, Equeurdreville,
Octeville et Tourlaville), 37 cas ont t observs pour 28,2 attendus
(SIR : 1,31). Comme pour le canton de Beaumont-Hague, mais pour une
priode dobservation plus courte, ces carts ne sont pas
statistiquement significatifs bien que les effectifs observs soient
suprieurs la moyenne rgionale6. Par leur couverture dpartementale
ou rgionale, les registres en population sont les outils pertinents
pour surveiller lincidence des cancers dans les zones o des
questions sanitaires peuvent se poser (polluants industriels,
agricoles,..) et comparer cette incidence avec celle enregistre
dans dautres zones ou dans lensemble du territoire couvert par le
registre. De plus les habitants sont en droit dobtenir, et
sollicitent souvent, des informations sur les risques ventuels
quils encourent ou non. Localisation des registres de cancers en
France mtropolitaine en 2013 Quelques dfinitions I Incidence
(frquence des nouveaux cas dune maladie) : nombre de nouveaux cas
dans la population et la priode considre. Le taux dincidence est ce
nombre de nouveaux cas rapport la population totale et exprim pour
100 000 personnes. Lille Somme Manche Calvados I Taux de mortalit :
nombre de dcs pour une cause et une anne donnes, rapport la
population correspondante. Finistre Bas-Rhin Orne Haut-Rhin Cte-dOr
Territoire de Belfort Loire-Atlantique Vende Doubs Sane et Loire
Vienne Isre Haute-vienne Registre gnral Tarn Registre spcialis
Registre gnral et spcialis Hrault Source : Francim Gironde Note :
ne figure pas sur la carte le registre multicentrique vocation
nationale des msothliomes pleuraux - Mesonat et les 2 registres
nationaux de lenfant (Registre national des hmopathies malignes de
l'enfant et Registre national des tumeurs solides de l'enfant)
ainsi que les registres gnraux outre-marins. 2 I Hmopathie maligne
(HM) - synonyme du terme ancien de cancer du sang (leucmies,
lymphomes, cancer hmatologique de la moelle osseuse) : Prolifration
de cellules sanguines dans la moelle osseuse et/ou le sang
diffrents stades de leur maturation partir des cellules souches de
la moelle. Les facteurs de risque dHM ne sont connus que dans 20%
des cas : prdisposition gntique, produits chimiques (benzne,
pesticides), radiations ionisantes, certaines chimiothrapies,
certains virus, tabac I Cancers solides : les cancers solides
dsignent la multiplication anormale de cellules dans des organes
"solides" comme le sein ou la prostate, par opposition aux
hmopathies malignes o les cellules cancreuses ne constituent pas de
masse solide. Bulletin dinformation des CLI de la Manche - Hors
srie - Dcembre 2013
3. Envoyez-nous vos questions [email protected] Runis au
sein du rseau FRANCIM7, les Registres de cancers sont associs aux
missions de surveillance de ltat de sant de la population et de
lutte contre le cancer de lInstitut de Veille Sanitaire (InVS) et
de lInstitut National du Cancer (INCa) qui les financent dans le
cadre de ce partenariat. La plupart (18) sont des registres gnraux
dpartementaux (dont trois outremarins : Guadeloupe, Martinique,
Guyane), huit sont spcialiss dans certaines localisations
cancreuses et trois ont une couverture nationale (le registre
national des hmopathies de lenfant, le registre national des
tumeurs solides de lenfant et le registre multicentrique vocation
nationale des msothliomes de la plvre). Ce rseau de 27 registres
des cancers actuellement couvre environ 24% de la population
franaise. Les donnes de ces registres viennent alimenter chaque
anne la base nationale des registres de cancers gre par FRANCIM,
lInVS et les Hospices civils de Lyon ; elles servent tablir les
estimations de lincidence des cancers en France. Les registres sont
rgulirement valus par le Comit National des Registres en vue du
renouvellement de leur qualification et de leur financement. Ils
sont principalement subventionns par ltat, le reste des ressources
devant tre apport par des contrats dtude. 5. Spira A, Boutou O. La
Documentation Franaise (1999). France, Paris. 6. Collignon A,
Duchenet V, Mouchel D, Malet M, Cornet E, Troussard X. Revue
dpidmiologie et de Sant Publique (2012) 60 :343353 7. France Cancer
Incidence Mortalit (voir : www.invs.sante.fr/surveillance/
cancers/acteurs.htm). La gestion post-accidentelle dun accident
nuclaire Dans le cadre du retour dexprience de laccident survenu le
11 mars 2011 la centrale nuclaire de Fukushima, les CLI de la
Manche ont ralis un Livre blanc sur la sret des installations
nuclaires civiles de la Manche. Parmi les nombreuses questions
poses, certaines concernent le Plan Particulier dIntervention, la
radioprotection et les problmes de sant publique. Par ailleurs, le
CODIRPA (COmit DIRecteur pour la gestion de la phase
Post-Accidentelle dun accident nuclaire) avait ralis et publi
antrieurement ses travaux sur la gestion de la phase
postaccidentelle dun accident nuclaire, avec un chapitre relatif
aux problmes sanitaires. Par leur pratique du recueil et de
lenregistrement des nouveaux cas de cancers, les registres peuvent
apporter leur contribution la surveillance dune population expose
aux rayonnements ionisants. Le CODIRPA Le CODIRPA a t mis en place
en 2005 par lAutorit de Sret Nuclaire la demande des ministres de
lenvironnement et de la sant. Sa mission est de dfinir des lments
de doctrine pour la gestion des consquences dun accident nuclaire.
Comme lont montr les retours dexprience des accidents de Tchernobyl
(avril 1986) et de Fukushima (mars 2011), cette priode
post-accidentelle est caractrise par de nombreux problmes trs
divers, lesquels peuvent persister plusieurs annes ; elle fait
suite la phase initiale de gestion de crise pour laquelle le Plan
particulier dintervention (PPI) constitue le guide et loutil des
actions durgence entreprendre sous lautorit du prfet. LES TRAVAUX
DU CODIRPA CONCERNANT LA SANT PUBLIQUE Ds la sortie dune phase
durgence lie un accident nuclaire, la priorit serait la
radioprotection des personnes au moyen dactions visant empcher la
consommation et/ou la mise sur le march des aliments provenant des
zones les plus touches par la contamination radioactive. De plus,
il sagirait de maintenir la prise en charge mdicale de la
population et dvaluer la dose reue par les personnes exposes
(identifies par des mesures de la contamination interne et un suivi
mdical spcifique). Lors de cette phase de transition, diffrents
rseaux dinformation sanitaire sont activs, dans le cadre de la
surveillance pidmiologique, afin de recenser les personnes
impliques : populations ayant bnfici de mesures de protection en
phase durgence (vacuation, mise labri, prise de comprims diode
stable) ou en phase post-accidentelle immdiate (loignement,
interdiction daliments). Les mesures dexposition doivent tre
centralises de manire approprie afin de permettre lexploitation de
ces rsultats par les professionnels de sant autoriss. Des tudes
pidmiologiques sur lensemble de la population concerne
gographiquement seraient alors susceptibles dtre lances afin de
quantifier les divers impacts sanitaires court terme lis laccident
(effets secondaires de la prise de comprims diode stable,) et de
disposer dun tat de rfrence 3
4. La gestion post-accidentelle dun accident nuclaire (suite)
pour les pathologies susceptibles dapparatre ultrieurement (nodules
et cancers de la thyrode par exemple). La surveillance devrait
cibler la population la plus radiosensible (les enfants au moment
de lexposition) et les organes les plus radiosensibles
(principalement la moelle osseuse, la thyrode et le poumon). de
cancers peuvent apporter leur contribution diffrents niveaux au
titre dacteur local potentiellement concern : LEXPRIENCE DES
REGISTRES MISE CONTRIBUTION I Exploitation des donnes antrieures et
postrieures laccident : la tendance chronologique de lincidence des
cancers dans une zone concerne ou non par un accident nuclaire peut
tre utile pour interprter lvolution de lincidence dans une
population expose. Selon les tudes pidmiologiques susceptibles dtre
dcides par les autorits sanitaires et selon la zone concerne, les
registres I Mise disposition de moyens humains et techniques ; I
Pratique et expertise du recueil, du codage et de la gestion dune
base de donnes de cas incidents ; Les indicateurs de base de la
surveillance pidmiologique des cancers PART DES CANCERS DANS LA
MORTALIT GNRALE ET FACTEURS DE RISQUE DES CANCERS Les deux premires
causes de dcs diffrent selon le sexe : ainsi, en France en 2004,
les cancers constituaient la 1re cause de dcs chez lhomme et la 2e
chez la femme (35% et 25% respectivement) ; inversement, les
maladies cardio-vasculaires reprsentent la 1re cause de dcs chez la
femme et la 2e chez lhomme (32% et 26% respectivement)8. Comme le
montre la figure ci-dessous, le tabac et une alimentation
dsquilibre sont les principaux facteurs de risque des cancers.
Facteurs de risque des cancers Alimentaires 30% infections
chroniques 11% Hormonales 10% Inconnues 7% Alcool 5% Soleil et
radiations ionisantes 5% Tabac 30% Source : CEA 2009 4 Sel et
additifs alimentaires 1% Mdicaments 1% LES CANCERS RADIO-INDUITS Le
cancer radio-induit est le risque tardif redout aprs une exposition
aux rayonnements ionisants. Aprs irradiation forte dose et/ou fort
dbit de dose, un excs de cancer a t observ dans pratiquement tous
les organes et tissus. Il ny a pas de spcificit clinique apparente
des cancers radio-induits. Certains facteurs favorisant lapparition
de cancers radio-induits ont t identifis : I lge : lenfant, dont
lorganisme est en croissance et dont les tissus sont le sige de
multiplication cellulaire est plus radio-sensible que ladulte ; I
chez ladulte, les tissus o les cellules sont en division cellulaire
permanente, comme la moelle osseuse (leucmies) ; I linteraction
avec dautres produits cancrignes ou stimulant la prolifration
cellulaire ; I laltration des fonctions immunitaires ; I les
facteurs gntiques prdisposant au dveloppement de certains cancers
(mutations sur des gnes de rparation, des gnes de contrle de
lintgrit du gnome,)9 8. Aouba A et al. BEH thmatique 35-36 / 18
septembre 2007 9. Les recherches sur les effets des faibles doses
dirradiation. Dossier de presse. CEA, fv. 2009. Bulletin
dinformation des CLI de la Manche - Hors srie - Dcembre 2013
5. Envoyez-nous vos questions [email protected] Comparaison
de lincidence des cancers dans la Manche et en France Lincidence
des cancers dans la Manche sur la priode 1999-2010 prsente
certaines particularits par rapport la moyenne nationale estime en
2005 10, anne considre comme centrale de la priode tudie et
permettant une comparaison. Chez les hommes, certains cancers sont
plus frquents dans le dpartement : les cancers de la cavit buccale
et du pharynx, de loesophage, de lestomac, du cerveau, et de la
plvre. Par contre lincidence des cancers de la prostate est
moindre, ainsi que celle des cancers de la vessie, de la thyrode et
du mlanome de la peau. Au total, avec un taux comparatif de
395,7/100 000, lincidence de lensemble des cancers masculins dans
la Manche est quivalente celle estime en France. Chez les femmes,
lincidence des tumeurs malignes de lovaire, du cerveau et de
lestomac dans la Manche est suprieure celle estime en France.
linverse, la frquence des cancers du sein, du poumon, de la thyrode
et des cancers colo-rectaux apparat moindre dans le dpartement. Au
total, avec un taux comparatif de 245,0/100 000, lincidence des
cancers chez la femme est infrieure de 1,5% celle estime en France.
10. Remontet L, Belot A, Bossard N, Registres du rseau Francim,
Service de biostatistique des Hospices Civils de Lyon (HCL) 2013.
5
6. Cartographie de lincidence des cancers dans la Manche
(priode 1999-2010) Les ratios standardiss dincidence (Standard
Incidence Ratio : SIR) reprsents par cantons sur les cartes sont
les rapports des nombres rels de cas incidents par cantons pendant
la priode 1999-2010 sur les nombres attendus. Le nombre attendu
correspond au nombre de cas que lon aurait si la population du
canton avait le mme taux dincidence que celui dune population prise
pour rfrence (ici lincidence rgionale pour les hmopathies malignes
et lincidence dans la Manche pour les tumeurs solides). Le nombre
attendu est assimilable une moyenne rgionale ou dpartementale,
pondre par la structure dge du canton. Un SIR de 1,5 traduit un
nombre observ suprieur de 50% au nombre attendu ; un SIR de 2,0 un
nombre observ deux fois suprieur et un SIR de 0,6 un nombre observ
infrieur de 40% la moyenne rgionale . Un test statistique permet
ensuite de dire si lcart constat est suffisamment diffrent de 1
pour tre significatif cest dire non d la fluctuation inhrente aux
phnomnes biologiques : les cantons pour lesquels cet cart est
significatif sont signals par un astrisque (noir en cas de
sur-incidence, gris pour une sous-incidence). La reprsentation
cartographique des ratios standardiss dincidence est une
investigation pidmiologique descriptive mme, par sa mthode de
standardisation, de mettre en vidence une diffrence significative
dincidence dans un canton par rapport aux donnes prises pour
rfrence. Elle doit tre distingue dune tude pidmiologique analytique
dont lobjet est de rechercher les causes de phnomnes observs
(ventuellement suite une tude descriptive) : facteurs de risque et
relations de cause effet. Les rsultats dincidence figurant sur les
cartes ne permettent donc pas de porter un jugement sur le lien
quil pourrait y avoir ou non entre lindustrie nuclaire et les
cancers observs dans la Manche. CANCERS SOLIDES Globalement
lincidence des cancers solides dans la priode 1999-2010 tait
infrieure la moyenne de la Manche dans la plupart des cantons de la
moiti sud du dpartement. Par contre elle tait significativement
augmente dans les cantons de Cherbourg au nord et de Granville,
Jullouville, Sartilly et SaintOvin au sud-ouest. 6 Certaines
localisations de cancer expliquent en partie ce constat densemble :
I les cancers du poumon taient plus frquents dans quatre cantons du
Nord-Cotentin (Tourlaville, Cherbourg, EqueurdrevilleHainneville,
Les Pieux), ainsi qu Jullouville ; I les cancers de la thyrode
taient surreprsents dans ceux de Cherbourg et de Bricquebec ; I
lincidence des cancers du sein chez la femme et de la prostate chez
lhomme dpassait la moyenne dpartementale Granville, Jullouville et
Sartilly ; I ces deux derniers cantons enregistraient davantage de
cancers colorectaux ; I enfin le canton de Jullouville tait le seul
du dpartement prsenter un excs de mlanomes de la peau. Les rsultats
relatifs Jullouville sont difficiles interprter du fait que ce
canton a subit divers remaniements gographiques
(rattachement/sparation de Granville, communes primes) entranant
une incertitude sur les estimations du recensement de la
population. HMOPATHIES MALIGNES Certaines hmopathies malignes
prsentaient les particularits suivantes : I Les lymphomes non
hodgkiniens taient surreprsents Granville et Marigny et
sous-reprsents Beaumont-Hague ; I Lincidence du mylome multiple
dpassait significativement la moyenne Saint-Sauveur-Lendelin et lui
tait infrieure Valognes ; I Les lymphomes de Hodgkin ont t plus
frquents quau niveau rgional Beaumont-Hague et moins frquents
Torignisur-Vire ; I Deux cantons ont enregistr davantage de
leucmies aigus (LA) : Saint-Hilaire du Harcout pour les LA
lymphodes et Montmartin-sur-Mer pour les LA mylodes. Bulletin
dinformation des CLI de la Manche - Hors srie - Dcembre 2013
7. Envoyez-nous vos questions [email protected] Tous cancers
solides, Manche, 1999-2010 Ratio standardiss dincidence par
cantons, tous ges, hommes et femmes Toutes hmopathies malignes,
Manche, 1999-2010 Ratio standardiss dincidence par cantons, tous
ges, hommes et femmes CHERBOURG N-O-OCTEVILLE S-E 0,80 - 0,99 (38)
0,00 - 0,79 (5) OCTEVILLE 1,00 - 1,19 (8) 1,20 - 2,93 (3) OCTEVILLE
SAINT-PIERREEGLISE 0,00 - 0,79 (6) 0,80 - 0,99 (20) VALOGNES 1,00 -
1,19 (20) BRICQUEBEC 1,20 - 1,81 (10) CARENTAN CARENTAN VESLY
SAINT-SAUVEUR-LENDELIN SAINT-JEAN-DE-DAYE SAINT-CLAIR-SUR-L'ELLE
SAINT-L-OUEST SAINT-L SAINT-L-EST COUTANCES TORIGNI-SUR-VIRE
MONTMARTIN-SUR-MER TESSY-SUR-VIRE GAVRAY PERCY GRANVILLE
VILLEDIEU-LES-POLES LA HAYEPESNEL GRANVILLE JULLOUVILLE SARTILLY
AVRANCHES SAINT-OVIN Registre gnral des cancers Registre spcialis
hmopathies malignes Manche, 2013 BRCEY SAINT-POIS SOURDEVAL
SOURDEVAL JUVIGNYLE-TERTRE ISIGNYLE-BUAT SAINT-JAMES MORTAIN
SAINT-HILAIREDU-HARCOUT BARENTON LE TEILLEUL Registre gnral des
cancers Registre spcialis hmopathies malignes Manche, 2013
SAINT-HILAIRE-DU-HARCOUET SAINT-JAMES Cet tat des lieux des cancers
dans la Manche sur la priode 1999-2010 montre lattnuation de sur
incidences dj connues dans le dpartement : diminution de lincidence
des cancers bucco-pharyngs, de loesophage et de lestomac chez
lhomme, et tendance la baisse de ce dernier chez la femme. Ils
montrent des progressions plus rapides quau niveau national pour
des taux dincidence plus faibles au dpart (cancer du poumon chez la
femme), mais aussi des progressions plus rapides avec des taux
dincidence comparables la France (cancers du rein et du foie chez
lhomme, cancer du pancras, syndromes mylodysplasiques et maladie de
Hodgkin chez la femme). Sur le plan gographique, les secteurs de
Cherbourg et de Granville ont concentr une sur incidence de
plusieurs cancers solides. Des secteurs voisins enregistraient
galement davantage dhmopathies malignes dans leur ensemble
(Octeville dune part et un secteur plus tendu autour de Granville
dautre part). Ces rsultats cartographiques sont interprter avec
prcaution du fait de la grande variabilit des SIR pour lexpression
de lincidence de maladies relativement peu frquentes sur des
petites units gographiques telles que les cantons. Cette
cartographie par canton des cancers dans la Manche montre quune
frquence plus leve des tumeurs solides et des hmopathies malignes
touche certaines populations du nord et du sud du dpartement. Dans
les cantons dimplantation de lindustrie nuclaire et pour lensemble
des cancers, lincidence observe nest pas diffrente de la moyenne.
7
8. En complment de ces travaux annuels, les 3 CLI de la Manche
ont engag depuis 2011 une vaste dmarche de rflexion et de
discussions communes suite la catastrophe de Fukushima au Japon. Un
groupe de travail INTERCLI de la Manche a t mis en place pour
travailler sur le niveau de sret peru des installations nuclaires
civiles de la Manche. Deux ans et demi aprs laccident, le travail
INTERCLI a abouti la ralisation dun document complet et dtaill
intitul livre blanc qui est mis en ligne sur les sites internet des
3 CLI : Vous pouvez tlcharger le livre blanc complet (version
dtaille) sur les sites internet des CLI de la Manche.
www.cli-andra.fr www.cli-areva.fr www.cli-flamanville.fr
Envoyez-nous vos questions [email protected] Bulletin
dinformation des CLI de la Manche - n Hors srie - Dcembre 2013
Adresse postale : CLI de la Manche - Conseil gnral - 50050 Saint-L
cedex - Contact : secrtariat des CLI - T. 02 33 05 90 48 - F. 02 33
05 95 54 - [email protected] Directeur de la publication :
Michel Laurent Rdaction : Albert COLLIGNON (Registre spcialis des
hmopathies malignes de Basse-Normandie), Simona BARA (Registre
gnral des cancers de la Manche), Delphine DEGR (Registre gnral des
cancers de la Manche), Dominique MOUCHEL(Registre spcialis des
hmopathies malignes de Basse-Normandie), Jean-Marc PONCET(Registre
spcialis des hmopathies malignes de Basse-Normandie), Xavier
TROUSSARD(Registre spcialis des hmopathies malignes de
Basse-Normandie et Chef du Service dHmatologie du CHU de Caen) Dpt
lgal : novembre 2013 Distribution : La Poste Tirage : 15000
exemplaires 8 Ralisation : Noir O Blanc Impression : Handi Print
Dcembre 2013 Les membres du groupe de travail INTERCLI ont souhait
proposer au grand public un document abordable et moins technique
qui sintitule synthse du livre blanc conu sous forme de livret
diffus partir de dcembre 2013 au niveau local, rgional et national
permettant de donner des rponses aux questions lgitimes des
populations mais aussi de conforter les CLI dans leur rle savoir
livrer le maximum dinformations sur lactivit des sites nuclaires du
dpartement en toute transparence.