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Isabelle Goudchaux +33-06 86 93 24 44 [email protected] Le formidable potentiel des technologies numériques au service de l’agriculture --- Thèse professionnelle MBA spécialisé DMB Décembre 2016

I.G. numérique et agriculture

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Page 1: I.G. numérique et agriculture

Isabelle Goudchaux

+33-06 86 93 24 44 [email protected]

Le formidable potentiel des technologies numériques au service de l’agriculture

- - -Thèse professionnelle MBA spécialisé DMB

Décembre 2016

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Résumé 3

I. Introduction 61.Contexte de la thèse 72.Particularités du métier d’agriculteur 8

II. Les réseaux sociaux : des alliés qui bouleversent les règles du jeu de la communication agricole 121. Le social media : support privilégié pour révéler les initiatives vertueuses au service d’un métier revalorisé 152. Les réseaux sociaux révèlent le soutien du grand public vis-à-vis de l’agriculture 22

a. Démarches agro-écologiques largement soutenues par Facebook 26b. Facebook au service des plateformes de vente directe de produits alimentaires fermiers 33c. Plateformes de financement participatif 39

III. Le numérique au service de l’outil de production agricole 441. Le numérique introduit des conversations opérationnelles entre l’agriculteur et ses « partenaires de production » 462. La robotique permet de gagner du temps et d’optimiser la précision de certaines taches déterminantes 643. Enjeux de la gestion des données digitalisées 71

a. La Big Data agricole 72b. Solutions et casse-tête des données digitalisées sur l’exploitation 74

IV. Internet au service de la performance commerciale des agriculteurs 75

V. La cross-fertilisation des savoirs pour replacer l’agriculteur au cœur du dispositif numérique 821. Les Digifermes 842. Les Champs du Possible 983. La Ferme Digitale 1014. Les Agreenstartups 105

VI. Conclusions et perspectives d’avenir 106

VII. Annexes : sources 111

Sommaire

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Résumé

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Une des particularités de l’activité de production agricole consiste à devoir produire à partir de matière vivante, végétale ou animale, et en

tenant compte de l’impact d’un partenaire parfois imprévisible qu’est la nature : la première véritable ressource de l’agriculteur c’est le

sol, la seconde la biodiversité.

Ni les plantes, ni les animaux, ni la nature ayant la parole, l’observation minutieuse est pour l’agriculteur le seul moyen d’appréhender les

besoins de ses cultures ou de ses animaux dans leur environnement.

Le numérique a donné lieu à de nombreux outils ayant en commun leur capacité à connecter des éléments entre eux : l’agriculture s’est

emparée de ces nouvelles opportunités de connexion pour plusieurs raisons.

Tout d’abord le « social media » en général et plus particulièrement les réseaux sociaux ont permis aux agriculteurs de faire connaître

auprès du grand public leurs valeurs et leur façon de travailler. Ce nouveau support de communication accessible à tous fut ainsi un

support privilégié pour faire connaître des initiatives vertueuses allant dans le sens de l’agro-écologie.

Inversement, l’interactivité permise sur les réseaux sociaux a permis de mettre en lumière l’engagement réel du grand public à soutenir les

agriculteurs ainsi qu’à encourager les projets visant à restaurer une agriculture plus écologique. Dans cette logique, les plateformes de

financement participatif dédiées à l’agriculture sont un succès pour accompagner le développement de projets agro-écologiques.

Les solutions de vente directe en ligne de produits fermiers, dont les business modèles ne cessent de se perfectionner, ont aussi favorisé

le rapprochement entre producteurs et consommateurs.

L’agriculture connectée, c’est la facette du numérique qui va permettre d’affiner les remontées d’informations depuis les cultures, les

animaux, la biodiversité, en temps réel. Le numérique permet ainsi à l’agriculteur de travailler plus précisément et plus rentablement, en

ajustant ses opérations aux besoins réels de son outil de production.

L’arrivée des places de marché dans le milieu professionnel agricole apporte quant à elle un nouveau degré d’indépendance à l’agriculteur.

Et en harmonie avec l’agilité propre au numérique, la cross-fertilisation des savoirs est omniprésente pour replacer l’agriculteur au cœur

du dispositif numérique.

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Summary

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The particularity of the farming activity is that production has to come out from living tissue, animal or plant life, while taking into account

the impact of that potentially unpredictable partner which is the nature : the main resource of the farmer is definitely soil, the second one

being the biodiversity.

Neither plants nor animals or nature can talk : that is why observation with a high level of attention is the only way for the farmer to

understand the requirements from his land under cultivation or from his breeding animals within their environment.

Digital technology gave way to a range of tools which all have in common their capacity to connect elements: agriculture has taken hold of

these new opportunities of connections for various reasons.

First of all « social media » and more specifically the social networks have allowed farmers to reveal their true personal values and the way

they work, to consumers. This new means of communication, within everyone’s reach, has therefore become a privileged way to introduce

virtuous initiatives in relation with agro-ecology.

Conversely, the interactivity of social networks allowed consumers expressing themselves about agriculture : it highlighted their

commitment to support farmers as well as to encourage projects aiming to restore a more ecological agriculture. Accordingly,

crowdfunding platforms dedicated to the development of agro-ecological projects show quite performing results.

Following this logic, the online solutions for direct sales of food products, which business models don’t stop improving , definitely boosted

proximity between producers and consumers.

Smart agriculture involves digital technologies allowing to collect data directly from land under cultivation, breeding animals or

biodiversity, in real time. Digital has therefore offered to farmers the opportunity to work more precisely and in a more profitable way,

thanks to a better adjustment of their operations to the real needs of their production « partners ».

Regarding marketplaces, their arrival in the professional farming ecosystem is a way to increase the independence of the farmer.

And in harmony with the agility that characterizes new behaviour trends born from digital, crowdsourcing is omnipresent to set the farmer

at the heart of the digital process.

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I. Introduction

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1. Contexte de la thèse

Cette thèse clôture le cursus d’un an (Novembre 2015 à Décembre 2016) du MBA Digital Marketing & Business dirigé par Vincent

Montet à l’EFAP : en relation avec la thématique du cursus, la thèse de fin d’études doit traiter de la digitalisation d’un secteur

industriel ou d’une activité.

Ce document est le fruit d’un an d’immersion dans l’univers du marketing et du business digital qui, combiné à ma passion pour la

nature et l’agronomie, m’a naturellement conduite vers l’univers digital plus ciblé de l’agriculture de demain.

La découverte de nouveaux modèles de fournisseurs au service de l’agriculteur via des startups montées par des enfants

d’agriculteurs, ou de la dynamique insufflée par un ensemble d’initiatives vertueuses diffusées via les réseaux sociaux, a rapidement

inspiré puis confirmé le sujet que je souhaitais traiter dans le contexte de cette thèse.

Ce que je cherche à mettre en lumière ici, c’est la capacité de l’outil numérique à redonner ses lettres de noblesse à la profession

agricole et à rapprocher l’agriculteur de ses premiers partenaires que sont la nature, les plantes, les animaux.

Ce document aborde pour cela l’agriculture sous différentes thématiques émanant des technologies numériques, sans toutefois

approfondir les aspects techniques qui dépassent généralement mon domaine d’expertise.

Chaque thématique est illustrée par quelques initiatives concrètes : ces exemples ne sont en aucun cas exhaustifs, leur présence dans

cette thèse est simplement le fruit de mes rencontres au cours de cette année 2016. Ce document est ainsi une radiographie de

l’agriculture vue sous l’angle du numérique, en France, à un instant T qui est la fin de l’année 2016.

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2. Particularités du métier d’agriculteur

Des partenaires « techniques » avec qui le dialogue n’est pas évident

Le cultivateur utilise la nature et il doit composer avec ses aléas car c’est d’elle que va dépendre en partie la qualité et la quantité de

sa récolte

Cette nature que doit prendre en compte l’agriculteur dans la conduite de ses cultures, c’est d’une part le sol avec tous ses micro-

organismes, d’autre part la faune et la flore (biodiversité) environnantes, et enfin le climat.

Pour essayer de comprendre la nature et ajuster au mieux ses opérations à son évolution, l’agriculteur a toujours été un observateur,

et il le restera. Mais l’œil humain a ses limites, surtout lorsqu’il s’agit de mesurer des paramètres comme l’humidité du sol,

l’hygrométrie, le CO², l’azote, les probabilités d’attaques de ravageurs,….

L’éleveur quant à lui, travaille avec des animaux, qui ont chacun leur propre métabolisme, leur sensibilité à leur environnement, qui

tombent malades, qui réagissent éventuellement différemment à un même traitement. Là encore l’outil de production est vivant et ne

raconte pas toujours l’état dans lequel il se trouve.

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L’agriculture de précision est celle qui permet à l’agriculteur de travailler en harmonie avec ces partenaires

techniques, donc de connaître leur état et leurs besoins précisément, en temps réel.

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Particularités du métier d’agriculteur (2)

Les composantes du coût de production en production intensive

Pour les cultures, les intrants (engrais, semences, produits phytosanitaires), la mécanisation et le temps de main d’œuvre sont

les principales composantes du coût de production

Pour l’élevage, le coût de production revient à l’alimentation animale, poste d’autant plus pesant que l’élevage est intensif et que

la part d’alimentation achetée est importante par rapport à la part d’alimentation produite sur la ferme.

Puis la main d’œuvre.

Enfin le poste vétérinaire est aussi un poste de dépenses important.

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Une majeure partie des dépenses est destinée à l’achat de produits qui, indirectement, contribuent à détruire l’écosystème naturel

(intrants chimiques, engins de plusieurs tonnes)

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Consommateur final

Agriculteur

Sol & Biodiversité Cultures Animaux d’élevage

Dans les systèmes actuels de production intensive, les dépenses directement liées aux productions correspondent, outre la main

d’œuvre, à des achats ou des utilisations de produits destinés à bousculer les équilibres naturels dans lesquels vivent les plantes :

intrants chimiques et tracteurs de plusieurs tonnes en culture, aliments concentrés et médicaments en élevage

Fournisseurs Distributeurs

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Partenaires « techniques »

Partenaires commerciaux

Semences Engrais

Produits phytosanitaires

Machinisme

P r o d u c t i o n s

Conduite de la production : Rationalisation et Contrôle par la Chimie

Aliments concentrés & médicaments

Le contrôle par la chimie et l’automatisation

des process de production permet de

satisfaire les exigences de quantité et de

produit standardisé, mais empêchent le sol

et la biodiversité d’alimenter naturellement

les cultures.

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Source : alim’agri 09/12/2016 (site du ministère de l’agriculture, de l’agroalimentaire et de la forêt)11

Et enfin….les agriculteurs ne sont pas en reste en matière de complicité avec les dernières technologies

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II. Les réseaux sociaux :

des alliés qui bouleversent le jeu de la communication agricole

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La possibilité de s’exprimer sur les réseaux sociaux a rompu l’isolement de l’agriculteur

Avant l’existence d’un web interactif, l’agriculteur avait peu l’occasion de prendre la parole, et la réalité de son quotidien comme de ses

préoccupations restait dans l’ombre du seul flux de communication existant : la communication Top-Down.

Les médias jugeaient intéressant de parler des agriculteurs principalement pour les présenter sous un angle négatif : pollueurs, toujours

insatisfaits. Personne cependant ne se demandait pourquoi ils polluaient, ni pourquoi ils se plaignaient…

Inversement, peu de médias grand public s’intéressaient aux initiatives vertueuses pourtant existantes en matière de pratiques agricoles :

agriculture raisonnée et mise en œuvre des OAD, agriculture biologique, respect des zones de biodiversité en bordure de champ cultivé,

attention portée par certains éleveurs à leurs animaux, etc…

Sous ses différentes formes que sont notamment les blogs ou le web social, le web 2.0, a mis Internet à la portée de tous les consommateurs, y

compris ceux qui n’ont pas de compétences techniques en informatique.

Chaque consommateur a pu ainsi aisément devenir un gisement de messages atteignant rapidement et gratuitement des milliers de

personnes. De plus, cerise sur le gâteau, l’interactivité apportée par le web 2.0 permet désormais à chaque émetteur d’un message de savoir

directement dans quelle mesure son message a été vu et apprécié.

L’agriculteur qui avait tendance à se sentir isolé du monde urbain a rapidement perçu l’intérêt de cet outil de communication interactif et

se l’est approprié :

• En affirmant ses convictions de façon personnalisée au travers de blogs (Hervé Pillaud dès 2011, DumDum ou Ageeekulture pour les nuls

dès 2013, pour ne citer que ceux-là)

• En s’appuyant sur les réseaux sociaux qui ont encore démultiplié la visibilité des messages et les possibilités d’interactivité

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La possibilité de s’exprimer sur les réseaux sociaux a rompu l’isolement de l’agriculteur (suite)

Au service des initiatives agricoles vertueuses, les réseaux sociaux offrent deux pôles d’intérêt :

• Ils permettent à des individus ou des entrepreneurs n’ayant pas les moyens de s’offrir des publicités sur les média traditionnels d’accroitre

leur visibilité et de communiquer leurs valeurs auprès d’un large public. Dans ce contexte, les réseaux sociaux sont largement utilisés par

les agriculteurs innovants comme vitrines de leurs initiatives.

• Leur vocation interactive favorise les dialogues, les partages de connaissances et une forme de développement collaboratif. Un mode de

fonctionnement particulièrement adapté à la diffusion de pratiques agricoles innovantes, sachant que l’agriculture est un métier

d’observation, et d’apprentissage par le test et l’expérience. Là aussi le monde agricole utilise largement les réseaux sociaux pour créer et

animer des communautés d’ambassadeurs

Hervé Pillaud témoigne ainsi dans son livre Agronuméricus « ce fut pour moi, depuis 2011, une succession de belles rencontres qui a changé

ma vie »

Aujourd’hui, l’analyse du contenu posté par le milieu agricole ou en relation avec le milieu agricole sur les réseaux sociaux, fait

essentiellement ressortir des contenus positifs, valorisant d’une part une agriculture innovante et orientée vers l’agro-écologie, d’autre part

l’engagement massif du grand public en faveur des solutions innovantes qui sont mises en valeur

• Sachant que par principe le réseau social sélectionne l’information par son potentiel à créer l’adhésion (nombre d’abonnés au compte,

nombre de j’aime), ce constat est extrêmement encourageant car la multiplication des abonnés et ambassadeurs confirme le bon sens qui

anime les porte parole de nouvelles solutions agricoles

• Il m’a donc semblé important de mettre en perspective toute la dynamique que révèlent ces contenus en faveur d’une agriculture plus

performante et plus respectueuse des ressources naturelles, dynamique initiée par les agriculteurs et relayée par les consommateurs

urbains

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II.1.

Le social media : support privilégié pour révéler les initiatives vertueuses au service d’un métier revalorisé

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1. « L’avenir vu du sol » de Sarah Singla

https://youtu.be/vOy1q5GVlkY

Pour introduire cette partie sur la révélation d’initiatives agricoles vertueuses, j’ai choisi le témoignage diffusé par Youtube de Sarah

Singla, agricultrice passionnée, qui s’est exprimée pour la Fondation pour l’Innovation Politique (fondapol.org) le 20 Novembre 2013.

• Après ses études d’ingénieur agronome, Sarah reprend en 2010 la ferme familiale située en Aveyron. Elle exploite 90 hectares

de cultures en semis direct sous couverts végétaux.

• En 2011, Sarah Singla remporte la bourse Nuffield. (financement de voyages à travers le monde à la rencontre des techniques

les plus innovantes et les plus performantes)

• Sarah a fondé l’association « Clé de sol » qui regroupe agriculteurs, techniciens et maraîchers de l’Aveyron souhaitant

échanger, s’informer sur le semis direct sous couvert végétal et sur les techniques favorisant la régénération des sols

Dans sa conférence, Sarah nous transmet sa passion consistant à exercer l’agriculture telle qu’elle la pratique. Une passion qu’elle

justifie par tous les bénéfices qu’elle y trouve, grâce à la technique qu’elle a mise en place. Cette technique dont le principal avantage

est de respecter les nappes phréatiques tout en restructurant le sol, lui a aussi permis de diminuer voire de supprimer les produits

phytosanitaires.

Sarah nous parle de « l'avenir les pieds sur terre » : selon elle notre agriculture est en pleine mutation et le numérique va contribuer à

permettre de renouer avec ses principes fondamentaux, dont notamment l’utilisation, le respect et la régénération des ressources

offertes par le sol, l’air et l’eau .

Cultures

Sol

Eau

Homme

Air

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Principaux messages de Sarah Singla à ceux qui préparent l’agriculture de demain

Son principal outil de production, ce n’est ni son tracteur, ni son banquier,…. c’est le sol

Les progrès techniques en agriculture doivent désormais viser 3 axes d’objectifs :

• Répondre aux besoins alimentaires grandissants

• Améliorer la qualité de vie des agriculteurs

• Respecter et régénérer les ressources naturelles que sont l’air, l’eau, le sol

Sarah nous rappelle que le sol sous nos pieds héberge davantage d’être vivants que nous sommes d’humains sur la planète et

que notre devoir est de nourrir ces micro organismes, pour mieux nourrir les plantes, afin de mieux nous nourrir nous-mêmes.

Selon elle, « notre innovation, elle va venir de la nature » : c’est en observant la nature et en essayant de favoriser les synergies

naturelles que nous attendrons les objectifs de productivité dans le respect de notre environnement naturel.

Enfin, Sarah aborde le volet social, sociétal de son métier

• Un métier qui a de bonnes raisons d’évoluer vers davantage de sérénité : «Aujourd’hui on aborde l’agriculture avec

beaucoup de confiance et de sérénité… »Avant on labourait et on regardait derrière…aujourd’hui on laboure en regardant

devant…et pourquoi pas ? »

• Un métier dont on peut être fier car une agriculture agro-écologique contribue à la performance économique,

environnementale, et sociétale.

• Un métier dans lequel les relations humaines sont clés. Au-delà des réseaux sociaux, Sarah souligne l’importance des

échanges dans la vraie vie pour construire la transmission de savoir-faire et de savoir-être, et le partage de valeurs.

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2. Thierry Agriculteur d’aujourd’hui

Thierry est un agriculteur passionné par son « beau métier ». IL a souhaité en faire partager autour de lui la vie quotidienne,

aussi bien auprès d’autres agriculteurs qu’auprès de personnes ne connaissant pas le milieu agricole.

L’idée de Thierry est née d’une mésaventure arrivée à son fils à l’école, rapportée non pas par son fils lui-même mais par un professeur: son

fils avait été l’objet de moqueries et d’attaques par ses camarades de classe, simplement parce que son papa était agriculteur et qu’il trouvait

que c’était un beau métier.

Aux yeux de Thierry, cette anecdote illustrait bien la façon dont le grand public ne connaissant pas le monde agricole, peut considérer celui-ci.

Il a alors ressenti la nécessité de s’impliquer personnellement pour démontrer que l’on peut être agriculteur sans être «… des gens arriérés,

retardés, ou vivant sur une autre planète ....Je me suis dit pourquoi ne pas créer un blog, exposer ce que nous faisons, expliquer ce que nous

savons faire, nous agriculteurs, expliquer nos productions, nos techniques, sans tabou…. »

Selon Thierry « L’agriculture mérite d’être expliquée »

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Une démarche méthodique qui va permettre à Thierry de mener son projet en adaptant chaque étape auniveau de réceptivité et aux attentes de son public

Thierry commence par poster une vidéo avec un questionnaire pour tester auprès du public l’intérêt suscité par son projet et savoir quel

serait le format de diffusion préféré. La vidéo et les interviews étant alors plébiscités, Thierry construit ensuite son format d’information

conformément a ces attentes.

• Décembre 2013 : création d’un blog, rapidement relayé par une chaîne Youtube intitulée Agriculteur d’aujourd’hui (11 000 abonnés à fin

décembre 2016), une page Facebook ( aimée par 4 372 personnes) et un compte Twitter (1 226 abonnés)

• Depuis octobre 2014 : une vidéo par semaine sur la chaîne Agriculteur d’Aujourd’hui (1 725 959 vues à fin décembre 2016)

• 1er mai 2016 : pour fêter les 1 000 000 de vues sur sa chaîne, Thierry lance son premier live d’une heure pendant laquelle il répond en

direct aux questions des auditeurs

• Depuis le 4 novembre 2016 : Thierry lance une émission mensuelle, lui permettant d’intégrer le témoignage d’autres experts du monde

agricole: La première émission a été vue plus de 10 600 fois.

https://youtu.be/lAhnLhIXNGc 19

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Ce que je vous invite à retenir de l’initiative de Thierry

https://youtu.be/jzjm3m37Kng?t=1531. Un esprit de partage, collaboratif, annoncé dès sa vidéo d’introduction

«…Vous expliquer simplement avec mes moyens et mes connaissances ce qui pour moi est le

plus beau métier du monde…solliciter tout le monde pour partager et commenter, et améliorer

l’image de notre métier »

« Si vous êtes du milieu agricole et que vous voulez participer à cette aventure n’hésitez pas.

Contactez moi et proposez moi vos vidéos et vos articles. Vous pouvez vous aussi participer à

l’amélioration de l’image de marque de notre métier »

« Si vous n’êtes pas du milieu, je vous demande aussi de participer, en ajoutant des

commentaires sous les vidéos, des questions, des réactions…. C’est pour moi dans le dialogue

que l’on peut le mieux se comprendre »

Dans ses vidéos hebdomadaires, Thierry s’inspire aussi de l’expérience d’autres agriculteurs

pour nous faire découvrir son métier. Une vidéo nous emmène même sur une exploitation de

Californie.

Il invite à témoigner des acteurs de la filière à tous les niveaux : Arvalis, coopérative, CUMA, ….

Enfin ses nouvelles émissions sont l’occasion de donner la parole à d’autres porteurs de

messages importants pour l’agriculture du futur.

Ce fut déjà le cas de son émission avec Hervé Pillaud, agriculteur éleveur en Vendée et auteur

du livre Agronuméricus.

Vidéo introduisant Agriculteur d’Aujourd’hui15 Mai 2014 - 5 264 vues.

http://youtu.be/nB0J5ZJhN2U

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2. Chez l’agriculteur, Authenticité et Générosité font bon ménage avec Expertise

Toutes les vidéos de Thierry Agriculteur d’aujourd’hui immergent l’internaute directement dans l’action au quotidientelle que la vit Thierry ou d’autres agriculteurs ayant accepté de témoigner pour lui

Dans ces vidéos, Thierry nous fait vivre une diversité de situations de la vie d’un agriculteur moderne, sous un angle qui reste toujours

informatif et pédagogique. Il nous embarque sur son tracteur, au milieu de ses champs, dans ses bâtiments avec ses équipes, etc…

• L’agriculteur selon Thierry Agriculteur d‘aujourd’hui nous invite à découvrir la précision, la réflexion, la technologie, impliquées

dans les travaux classiques comme le labour, la moisson, le binage des betteraves, l’épandage d’engrais, ou simplement 1 jour à la

ferme, ….

• Il est inventif et nous révèle quelques solutions pour diversifier les sources de revenu de l’agriculteur moderne: hébergement de

chevaux à la ferme, 10 ha en culture biologique partagée avec des voisins, production de spiruline, méthanisation, ….

• Il est connecté et saisit toutes les opportunités que lui offre le numérique : guidage RTK de son tracteur, interventions aux Agreen

Startups, …. Sans oublier évidemment Internet et les réseaux sociaux qui lui ont permis de prendre la parole.

Enfin, détail non négligeable : la démarche de Thierry au service de son métier est une démarche bénévole

Défi gagné pour Thierry, me semble-t-il….. au regard de l’histoire de l’agriculteur moderne tissée au fil de ses vidéos :

• Entrepreneur courageux• Expert polyvalent, capable d’intégrer dans son quotidien les

dernières technologies pour améliorer la qualité de son travail• Ouvert et généreux• Passionné

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II.2.Les réseaux sociaux révèlent le soutien du grand public

vis-à-vis de l’agriculture

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Le réseau social le plus fédérateur autour d’initiatives innovantes liées à l’agriculture

Nous avons vu déjà avec Thierry Agriculteur, l’efficacité des réseaux sociaux pour révéler l’intérêt manifesté à l’égard de ses initiatives.

Chaque réseau social joue à sa façon un rôle efficace pour relayer l’actualité des différents acteurs ou startups

Les vidéos de Thierry agriculteur d’aujourd’hui sur Youtube par exemple témoignent de l’intérêt du visuel animé pour permettre de

comprendre un métier qui comporte toute une gamme d’opérations différentes, ou encore pour visualiser son environnement de

travail et les équipements utilisés.

Cependant dans cette partie qui est destinée à présenter l’engagement du grand public en faveur d’une agriculture revisitée, je

porterai un regard particulier sur Facebook : à ce jour, il reste sans doute le réseau social à la fois le plus exploité et le plus efficace

pour éveiller l’intérêt du plus grand nombre vis-à-vis d’initiatives au service d’une agriculture innovante. Ses points forts dans ce

contexte :

• Facebook permet d’agréger les vidéos Youtube, les images Instagram, etc…. Donc de fédérer l’ensemble de la communication

postée via les réseaux sociaux

• Son mode d’emploi facilite aussi les commentaires, les échanges, et la motivation de l’internaute à s’impliquer dans la dynamique

générée par le flux d’information.

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Même dans un contexte B to B, Facebook reste dominant par rapport à Twitter

A titre d’illustration, le tableau ci-dessous présente les nombres d’abonnés respectivement sur les comptes Facebook et Twitter de quelques

startups du monde agricole à la date du 22 décembre 2016 : sauf pour La Ruche qui dit Oui, les chiffres indiquent systématiquement une

performance supérieure, légèrement ou très supérieure, pour Facebook.

Plus finement, on constate que les comptes destinés au grand public (Miimosa, BlueBees, Monpotager.com, Le Comptoir Local, Fermes

d’Avenir) sont largement plus suivis (et sans doute plus travaillés) sur Facebook, alors que les comptes destinés à un public d’agriculteurs

fonctionnent de façon équivalente sur les deux réseaux (Airinov, Agriconomie), voire plus active sur Twitter (La Ruche qui dit Oui).

Date début Nombre d’abonnés Date début Nombre d’abonnés

Airinov 2010 2 064 Juin 2012 2 000

Agriconomie.com Avril 2013 3 843 Mai 2013 2 453

La Ruche qui dit Oui 21 sept 2011 159 499 Juin 2010 214 000

Miimosa Septembre 2014 4 161 Septembre 2014 2 761

BlueBees Fin 2012 5 417 Février 2013 1 255

Monpotager.com 2013 11 080 Juillet 2013 1 771

Le Comptoir Local Mai 2015 18 235 Avril 2015 585

Fermes d’Avenir Fin 2014 61 449 Décembre 2016 81

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Page 25: I.G. numérique et agriculture

3 axes d’initiatives en particulier illustrent la capacité de Facebook à fédérer des communautés autour de projets innovants pour l’agriculture

Promotion depratiques culturales allant dans

le sens de l’agro-écologie

Plateformes de vente directe de produits alimentaires

Plateformes de financement participatif

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Page 26: I.G. numérique et agriculture

Qu’est-ce que la Permaculture ?

• Pour décrire simplement le concept, la Permaculture est une approche culturale consistant à utiliser la bio-diversité de

l’environnement naturel et à combiner plusieurs strates de végétation ensemble, afin de favoriser les synergies naturelles

entre les espèces.

• La Permaculture se veut très économe à la fois en intrants, en eau, en énergie et en main d’œuvre.

• Il ne s’agit pas d’une méthode figée mais d’un « mode d'action » adaptatif puisqu’il prend en considération pour chaque

milieu naturel, le fonctionnement naturel des organismes vivants qui lui sont propres : chaque permaculteur peut

développer son propre éco-système, par observation et mimétisme de la façon dont la végétation locale s’organise

naturellement.

• La productivité issue de la Permaculture est réelle. Elle n’est cependant pas due à la qualité des intrants utilisés mais à la

qualité de l’observation et de la maîtrise des synergies au sein de l’écosystème naturel.

Démarches agro-écologiques largement soutenues via

Observation

De la nature

Compréhension des interactions

naturelles productives

Reproduction par

biomimétisme

(biodesign)

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Exemple 1 : La pratique de la Permaculture

Page 27: I.G. numérique et agriculture

Permaculture, agro-écologie etc…7 842 abonnés

37 511 membresPermaculture

59 276 membres

Permaculture, Projets micro-fermes16 943 membres

Permaculture pour les nuls6 561 membres

La dynamique suscitée par la permaculture sur facebook révèle à quel point

le sujet stimule non seulement l’intérêt mais l’imagination de tous

Au-delà de l’agriculture biologique ou du concept d’agro-écologie, c’est donc la permaculture qui alimente les conversations autour de

l’agro-écologie sur les réseaux sociaux

Sur Facebook en particulier, les groupes dédiés à la permaculture se sont multiplié

• Chaque groupe positionne la permaculture en relation avec un enjeu spécifique : protection de l’environnement (agro-écologie),

contexte approprié (micro-fermes), dimension vertueuse (solution contre les pesticides et la faim ), didactique (permaculture pour

les nuls), ….

• Les abonnés partagent leurs pratiques, leurs expériences, demandent des conseils, et alimentent mutuellement leur maîtrise du

sujet

• Des événements thématiques sont organisés

Permaculture, solution définitive aux pesticides et à la faim

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Page 28: I.G. numérique et agriculture

Pourquoi cet essor des discours autour de la Permaculture me semble intéressant à noter ?

Pour différentes raisons, la Permaculture est sans doute une technique agricole que de nombreux agriculteurs aimeraient pouvoir

appliquer sur leur exploitation :

• Tout d’abord, c’est une technique valorisante pour l’agriculteur : comme elle est l’aboutissement poussé à l’extrême d’une agriculture

visant à exploiter le mieux possible les ressources naturelles, la pratique de la permaculture valorise évidemment le talent

d’observateur de celui qui la pratique et sa connaissance du milieu naturel avec lequel il travaille.

• D’autre part, le caractère économe de la Permaculture, aussi bien en eau qu’en intrants, est une clé de motivation majeure.

Ce n’est pas un hasard si les tendances actuelles en grandes cultures avec le semis direct sous couvert végétal, les réflexions sur

l’architecture des haies pour optimiser la biodiversité, etc… vont dans le sens de la permaculture. Malheureusement, les obligations de

rendement et la configuration actuelle des exploitations résultant de nombreuses années de culture intensive sont incompatibles avec une

vraie mise en œuvre de Permaculture pour la quasi-totalité des agriculteurs aujourd’hui.

Il reste encore beaucoup à apprendre sur le fonctionnement de la nature pour qu’un vrai système de Permaculture puisse être mis en

œuvre à l’échelle de surfaces cultivées pour le commerce.

Ce constat me fait penser à un phénomène plus global que celui simplement de l’agriculture : c’est à la mode, notamment avec le

numérique, d’évoquer les schémas de pensée ou les stratégies d’organisation d’autrefois en silos versus les nouveaux schémas de pensée

ou nouvelles organisations en systèmes plus horizontaux…. On pourrait faire un parallèle avec ce qui se passe en agriculture : l’agriculture

intensive telle qu’on la pratique aujourd’hui résulte d’une juxtaposition de connaissances en silos : on va utiliser tel produit pour détruire

telle espèce dont on a étudié le métabolisme en long et en large, sans assez se préoccuper de la façon dont son environnement pourrait

également contribuer à nous apporter le résultat recherché. Demain, il faudrait essayer d’approfondir les connaissances sur les

interactions entre les espèces, pour ré-introduire progressivement les processus naturels dans les pratiques de production agricole.

28

Page 29: I.G. numérique et agriculture

Pour développer ces connaissances sur les interactions entre les différentes espèces, la meilleure façon est de s’inspirer du gisement

d’idées et d’enseignements provenant des expériences existantes.

Aujourd’hui, la pratique de la Permaculture s’applique principalement au maraîchage, et reste le privilège de quelques passionnés qui se

donnent les moyens de prendre du temps pour « designer » et mettre en œuvre leur système de production :

Du côté des professionnels, la mise en œuvre de la Permaculture reste compliquée et assez confidentielle. Mais certains s’efforcent

tout de même de démontrer par leur propre expérience la faisabilité et les bénéfices de la Permaculture. C’est le cas notamment de la

ferme biologique du Bec Hellouin. La ferme produit en Permaculture plus de 800 espèces de fruits et légumes, du cidre, du jus de

pomme, des sirops et confitures, des plantes aromatiques et médicinales et du pain, et commercialise ses produits sous forme de

paniers hebdomadaires distribués auprès de deux AMAP.

• Depuis fin 2011, la Ferme du Bec Hellouin est engagée dans un programme de recherche en partenariat avec l’INRA et AgroParisTech :

« Maraîchage biologique et performance économique » qui vise à « explorer des pratiques agricoles naturelles et efficaces, qui

contribuent à la régénération de la biosphère »

• Elle a également monté une école de Permaculture et constitué un fonds documentaire associé, et se veut ainsi un lieu de production,

de recherche et de transmission. La pertinence de son travail a d’ailleurs été reconnue par le Ministère de l’Agriculture qui lui a attribué

le Trophée Agriculture durable de Haute Normandie avec une mention spéciale « Espoir de l'Agriculture durable » en 2013 et celui du

Développement Durable en 2014

Du côté des particuliers, c’est sans doute là que le nombre d’idées et de réalisations est le plus important. Sur les réseaux sociaux les

échanges évoquent des situations extrêmement concrètes et diversifiées. On peut se demander dans quelle mesure toute cette

matière recueillie dans les « conversations » en ligne pourrait être exploitable pour enrichir les données d’experts comme ceux du

Bec Helloin, et en extraire des modèles viables en contexte professionnel…

29

Page 30: I.G. numérique et agriculture

59 276 membres

)Avec Fermes d’Avenir, on est toujours dans la même logique de promotion de l’agro-écologie, la permaculture, l’agriculture biologique,

ciblant donc en priorité le maraîchage et l’élevage.

La particularité de l’association Fermes d’Avenir est la diversité des opérations qu’elle mène, son engagement à démontrer par les

chiffres l’intérêt d’une transition agricole sans chimie et sa capacité à mobiliser de nombreux acteurs pour soutenir ses actions.

Et Facebook est l’un de ses principaux vecteurs de communication Le réseau Fermes d’Avenir sur Facebook

61 449 abonnés - 63 183

30

Exemple 2 (association loi de 1901)

Fermes d'Avenir a pour objectif d'explorer de nouveaux

modèles agricoles, d'expérimenter et faire connaître les

techniques agro-écologiques. L’association s’engage

dans le développement de l’agro-écologie et de la

permaculture sur les territoires.

Elle a créé une microferme expérimentale en Touraine

pour évaluer le modèle économique et la pertinence

écologique de ce type d’agriculture.

En parallèle, l’association souhaite promouvoir et

accompagner les agriculteurs tournés vers ces pratiques

en constituant un réseau pour l’échange des savoirs, en

organisant des formations, en soutenant les expériences

de transition, de mutualisation.

Page 31: I.G. numérique et agriculture

Fin 2014 : lancement de l’Association

2015 : lancement avec La Ruche qui dit Oui du concours « La France cherche ses Fermes d’Avenir » suivi

d’une campagne de financement participatif sur la plate forme BlueBees . Chacun des 13 lauréats (un par

région) s’est vu attribuer un financement compris entre 10 000 et 30 000 euros.

Teaser de la campagne : 11 657 vues (https://youtu.be/NT_hw55l8ks)

13 décembre 2016 : lancement de la pétition Fermes d’Avenir

Après un an de recherches ponctué de rencontres et de retours d'expérience, l'association Fermes d’Avenir

publie un plaidoyer de 150 pages pour chiffrer les "externalités négatives de l'agriculture chimique qui

domine nos campagnes »

« Ce plaidoyer nous a permis d'identifier 10 propositions de lois qui permettraient de changer radicalement,

et rapidement, nos modèles de productions »

Vidéo de lancement : 1 099 670 vues

https://www.facebook.com/Fermesdavenir/videos/1293883840668507/

Eté 2017 : premier tour de France de l’agro écologie.

A la découverte des initiatives locales qui préfigurent le monde rural

de demain. 90 jours. 30 étapes. Plus de 100 projets

59 276 membres

La dynamique Fermes d’Avenir : une synergie de compétences + un enchaînement d’actions permettant directement la création ou l’extension d’entreprises agro-écologiques

31

Page 32: I.G. numérique et agriculture

32

Page 33: I.G. numérique et agriculture

9 206 abonnés(lancement 2012)

18 233 abonnés(lancement 2015)

Achat en ligne et retraiten points de livraison surla région de Lille (Nord)

156 732 abonnés (lancement 2011)

Facebook au service des plateformes de vente directe de produits alimentaires

« Le meilleur des petits producteurs d’Ile de France livré chez vous »

11 080 abonnés(lancement 2013)

33

Internet a été un facilitateur incontestable en faveur de la vente de produits alimentaires directe au consommateur. Et dans ce

contexte, la technologie ne cesse d’évoluer avec le temps, si bien qu’étape par étape, l’outil de vente digital réussit à apporter des

services de plus en plus personnalisés de part et d’autre.

Les formules pionnières, et en particulier La Ruche qui dit Oui, ont permis un système de réservation de produits que l’on récupère

ensuite sur le marché physique, d’où un gain de temps pour le consommateur qui de plus savait ce qu’il allait pouvoir acheter, et

surtout pour le producteur une meilleure maîtrise de ses ventes et donc de sa gestion.

Aujourd’hui, grâce au perfectionnement des algorithmes logistiques, l’outil de vente digital et la géolocalisation permettent d’offrir un

service de livraison à domicile sous 48h, pour répondre aux besoins des consommateurs de plus en plus pressés mais également de

plus en plus demandeurs de qualité et de fraîcheur pour leur alimentation.

Sur ce marché des circuits courts via le digital, les plus performants animent une communauté significative sur Facebook

Page 34: I.G. numérique et agriculture

La Ruche qui dit Oui est une plate forme pionnière, ouverte en septembre 2011, avec l’idée d’assurer un certain revenu aux

producteurs auprès d’un public de consommateurs locaux.

La plateforme favorise les échanges directs entre producteurs locaux et communautés de consommateurs qui se retrouvent ainsi

régulièrement lors de petits marchés éphémères.

Les valeurs qu’elle revendique sont « la coopération, la transparence, l’entreprenariat et la créativité »: valeurs véhiculées par la

charte du réseau qui est simple, rigoureuse, facile à respecter avec des conditions financières affichées et transparentes

Après un achat sur Internet, le consommateur vient une fois par semaine récupérer ses produits sur le site de la « Ruche » la plus

proche de chez lui .

Le réseau compte 700 Ruches ouvertes et fédère près de 4 000 producteurs partout en France.

Opérationnelle sur toute la France, la communauté Facebook de la Ruche qui dit Oui approche les 160 000 membres.

Tous les acteurs digitaux qui on suivi le sillage de La Ruche qui dit Oui en commercialisant des produits alimentaires en circuits courts,

continuent, chacun avec son business model et son fonctionnement propres, à poursuivre les objectifs suivants :

• Donner accès à une alimentation locale de qualité au plus grand nombre

• Favoriser l’agriculture à taille humaine et chaque fois que cela est possible la transformation artisanale locale.

34

Echanges et partage entre producteurs et communautés

de consommateurs

Gestion facilitée pour les producteurs et assurance

d’un revenu maîtrisé

Page 35: I.G. numérique et agriculture

35

Monpotager.com a été créé par le fils d’un agriculteur maraîcher d’Ile de France. Ayant souffert de la distance qu’il ressentait

entre l’univers professionnel de son père et l’univers des citadins d’Ile de France qui pourtant n’étaient pas très éloignés

géographiquement, Thierry a souhaité trouver une idée permettant de rapprocher les consommateurs et les producteurs d’Ile de

France : le digital et les fonctionnalités de la vente par Internet lui ont permis de réaliser son souhait .

Son idée est originale et permet au consommateur de s’impliquer dans le travail de production des produits qu’il a choisis

Le principe est un abonnement d’un an sur la plate forme, abonnement donnant accès à une parcelle d’une surface donnée. Le

consommateur va ensuite décider des fruits et légumes qu’il souhaite cultiver sur cette parcelle parmi les produits de l’offre

monpotager.com. Chaque niveau de surface permettant de cultiver une quantité donnée de produits.

Le ou les agriculteurs qui cultiveront les produits choisis sont sélectionnés par monpotager.com parmi les partenaires ayant des

parcelles disponibles et producteurs des fruits et/ou légumes demandés.

Au fur et à mesure de l’évolution de ses cultures, le consommateur est informé du stade d’avancement de ses produits puis il est

livré des produits arrivés à maturité selon un nombre de livraisons correspondant à son abonnement.

Pour le consommateur, une initiation inédite au cycle de vie

des produits qu’il aime consommer

Pour le maraîcher : un ajustement facilité du choix

des cultures à la demande du consommateur

Page 36: I.G. numérique et agriculture

Avec Le Comptoir Local, les consommateurs franciliens font leur course sur le site comptoirlocal.fr et se font livrer leur panier à domicile,

sous 48 heures. Franco de port à partir de 60 euros sur Paris et un peu plus sur des départements limitrophes.

Dans sa communication, Le Comptoir Local souligne :

• Sa contribution à défendre la création d’emplois locaux en faisant travailler ses exploitations partenaires

• Ses exigences en termes de traçabilité : transparence des approvisionnements, respect de l‘environnement et des employés

« Nous mettons en avant les produits et les producteurs, il y a une vraie traçabilité », déclare Philippe Crozet, le co-fondateur du Comptoir

Local. « Quand on choisit un produit, on renseigne sur la manière dont le producteur travaille. »

• La compétitivité de ses prix « le prix d’un panier sur le site s’aligne sur le prix d’un panier de produits du terroir sur Carrefour

online », précise Philippe Crozet. Mais à la différence des grandes surfaces, leurs produits viennent essentiellement d’Ile-de-France.

Un concept qui semble séduire à la fois les producteurs et les consommateurs, compte tenu de la rapidité de son développement. Alors

qu’au début de sa création, Le Comptoir Local démarchait les producteurs, aujourd’hui certains producteurs s’adressent directement à lui

pour le rejoindre.

Un acteur qui s’appuie sur Facebook pour se faire connaître auprès des consommateurs, avec un compte régulièrement alimenté,

recueillant systématiquement entre 100 et 200 likes par post.

« Le meilleur des petits producteurs d’Ile de France, livré chez vous »

36

L’Amazon des produits alimentaires frais en région parisienne ?

Un modèle qui fonctionnera par le volume… source potentielle

de développement chez les producteurs ?

Page 37: I.G. numérique et agriculture

Viniv : un autre concept de site internet au service d’un « circuit court » original…

« VINIV permet aux passionnés de vin d’intégrer, le temps

d’un millésime, l’élite des vignerons ».

« Désir d’apprendre et de partager sont les seuls critères

pour vivre l’expérience VINIV et réaliser le rêve de tout

amateur : élaborer sa propre cuvée ».

• En agriculture, il existe des savoir-faire un peu mythiques comme celui du viticulteur-vinificateur pour la production du vin. Par ailleurs

une façon de rapprocher le consommateur de l’environnement des producteurs est de le faire participer à l’élaboration du produit

transformé artisanalement chez le producteur.

• L’équation consistant à juxtaposer ces deux principes existe déjà aux Etats-Unis avec succès, et Stephen Bolger, anglo-saxon d’origine, a

eu l’idée de développer ce concept en France, dans la région de prédilection des amateurs de grands crus, la région bordelaise

• Viniv propose ainsi l’expérience très implicante d’élaborer son propre vin à son goût. En même temps, il apporte aux viticulteurs

vinificateurs de nouveaux clients voués à devenir ambassadeurs des appellations dont des parcelles auront été incluses dans leur cuvée

Facebook : 895 abonnés

37

Page 38: I.G. numérique et agriculture

Moyennant un forfait à partir de 7 500 €, Viniv met à la disposition de son client un chai dédié à sa micro-production à son client un

ensemble de vignobles dont la plupart en grand cru classé et une équipe technique issue de châteaux de renom pour l’accompagner dans

la réalisation de sa propre cuvée.

Résultat pour le client : 288 bouteilles (24 Caisses de 12) d’un vin issu de l’assemblage de grands crus qu’il a choisis, élaboré selon son

propre goût et par lui-même s’il l’a souhaité, personnalisé au nom qu’il a choisi, et avec son étiquette également personnalisée.

« Ils créent leur propre marque et racontent leur histoire par le vin qu’ils créent eux-mêmes »

Le client décrit le style de vin qu’il souhaite créer et choisit son niveau d’implication dans sa réalisation

La plateforme permet d’informer chaque client de l’avancée de son vin et des différentes opérations en cours. Le client a le choix de

suivre à distance ou de venir participer aux opérations qui l’intéressent (vendange, assemblages, etc..) ainsi qu’aux événements organisés

par Viniv.

Bénéfice pour les châteaux partenaires

Un lien privilégié avec une clientèle assez originale qui devient de facto prescriptrice des châteaux et parcelles introduites dans son vin

450 clients en 2016 dont 70% de consommateurs privés, 20% corporate et 10% particuliers qui créent un vin pour le commercialiser.

38

Viniv s’adresse à une clientèle amatrice de vin qui cherche un expérience dans le luxe.

Il propose aux consommateurs ou à des sociétés d’élaborer eux-mêmes, le temps d’un

millésime, leur propre vin à partir de grands crus du Bordelais

« Tous nos clients sont des créatifs et voient dans le vin une manière de se défouler

autrement que dans leur travail par une activité créative »

Page 39: I.G. numérique et agriculture

Plateformes de financement participatif

« Première plateforme de financement participatif exclusivement dédiée à l’agriculture et à l’alimentation »

La création de Miimosa en 2014 est issue des constats suivants :

• L’agriculture a été fragilisée ces dernières années ;

• Depuis la crise des subprimes, les banques tendent à rétracter leur accompagnement aux PME, ce qui crée le besoin chez les TPE et

PME de trouver d’autres partenaires pour les aider à se développer ;

• Les français ont le plus fort taux d’épargne.

Le pari de Miimosa a donc été de sensibiliser le grand public à des projets porteurs de sens à leurs yeux, en proposant un

fonctionnement sous forme de dons avec contrepartie en nature

A fin 2016, la plateforme a accompagné 464 projets agricoles

• Soit 2 080 000 euros collectés et 31 128 membres actifs (porteurs de projets + donateurs)

• 60% des porteurs de projets ont moins de 40 ans donc Miimosa soutient les agriculteurs de demain

• Répartition des projets par secteur : 26% élevage / 24% nature & environnement / 18% produits laitiers

La majorité des régions où sont situés les projets financés se trouvent au sud de la Loire

La plate forme Miimosa a permis à des projets insulaires de se développer, en Guadeloupe, à la Réunion, à Belle Ile, en Corse, à l’île de

Groix : encore une preuve tangible de l’intérêt d’Internet pour dynamiser l’agriculture excentrée par rapport aux grands bassins de

production dont on parle le plus.

Lancement en Belgique de projets en Novembre 2016 : déjà 18 projets et 75 000 euros de financés

39

Page 40: I.G. numérique et agriculture

« Première plateforme de financement participatif dédiée à l'agro-écologie et l'alimentation durable »

BlueBees offre la possibilité de financer ses projets soit par des dons soit sous forme de prêt

Lancement : décembre 2012

La plate forme Blue Bees est partenaire de l’association Fermes d’Avenir, et a entre autres permis la campagne de financement

participatif lancée dans le cadre du concours « La France cherche ses 13 Fermes d’Avenir » organisé par Fermes d’Avenir avec La

Ruche qui dit Oui

Sur la seule année 2016, Blue Bees a lancé près de 1,5 millions d'euros, soit près de 5.000€ chaque jour.

« Merci beaucoup pour votre soutien, votre confiance, votre enthousiasme, vos encouragements...On ne lâche rien, le

meilleur est à venir, et au pire, ça marche !! ;-) »

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Page 41: I.G. numérique et agriculture

Pour conclure avec ce chapitre sur les réseaux sociaux, deux points

De même qu’ils facilitent la mise en lumière des initiatives de bon sens, les réseaux sociaux sont également efficaces pour

faire sortir de l’ombre les initiatives allant à l’opposé du bon sens, et surtout les faire disparaître

• C’est par exemple le formidable travail de l’association L214 dont les efforts ont abouti à des actions concrètes contre la

maltraitance des animaux dans les abattoirs ou dans certains types d’élevages

L214 totalise 580 535 abonnés et 609 716 j’aime (fin décembre 2016) !

Enfin, cet engagement massif du grand public en faveur des initiatives pour une agriculture revisitée, va de paire avec son

soutien vis-à-vis des problèmes rencontrés par les agriculteurs dans la conjoncture économique actuelle.

• Les résultats d’enquête Terre-net BVA présentés sur les pages suivantes confirment ce constat, et doivent encourager les

agriculteurs à se mobiliser ainsi qu’à mobiliser les bonnes énergies pour trouver les solutions aux soucis qui leur sont propres.

• Dans les faits, on peut citer comme exemple le succès de Ce Lait, inventé et commercialisé pour permettre aux producteurs

de lait de vivre de leur travail.

41

Page 42: I.G. numérique et agriculture

Les Français soutiennent massivement les agriculteurs. Beaucoup plus que les paysans ne l'imaginent. La preuve …...

Quelle que soit la région ou le profil de consommateur, le taux d’adhésion du public reste supérieur à 80%.

Plus précisément, la région qui marque le soutien le plus fort aux agriculteurs est la Bretagne avec 87 %

d’adhésion, à l’opposé de l'agglomération parisienne qui reste cependant favorable à 81 % !

Source : Baromètre agricole Terre-net BVA. Enquêtes réalisées lors de la mobilisation des agriculteurs en février et lors du SIA 2016.

Seulement 16 % des agriculteurs pensentque les Français approuvent "tout à fait"leur mobilisation (20 % des polyculteurs-éleveurs)…

…Alors qu’en réalité, la moitié des Françaisinterviewés affirment approuver "tout àfait" le mouvement (et un tiers répondent"oui plutôt" pour totaliser 84 % de soutien).

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Page 43: I.G. numérique et agriculture

Les Français se déclarent très majoritairement prêts à faire un effort financier pour privilégier les produits agricoles français. Mais là encore les agriculteurs restent sceptiques

Source : Baromètre agricole Terre-net BVA. Enquête BVA pour Orange et iTélé (2016)

Seule une minorité d’agriculteurs estime queles français sont prêts à faire un effort financierpour privilégier les produits issus de l'agriculturefrançaise (viande, fruits, légumes,...)Et seulement 6% en sont vraiment convaincus « oui,tout à fait »….

… alors qu’en réalité les Français interrogés sedisent très majoritairement d'accord pour faire desefforts financiers en faveur des produits agricolesfrançais.Une volonté encore plus marquée chez les plus de50 ans (88% de oui), et présente même chez lesfoyers qui perçoivent moins de 1 500 € par mois :82% parmi ces derniers se disent prêts à faire uneffort financier pour privilégier les produits agricolesfrançais.

43

Page 44: I.G. numérique et agriculture

III. Le numérique au service de l’outil de production agricole

44

Page 45: I.G. numérique et agriculture

Introduction

Après avoir vu le rôle du numérique pour connecter le monde agricole au monde non agricole, voyons maintenant comment le

numérique révolutionne l’outil de production agricole.

On parle beaucoup d’agriculture connectée ou de smart agriculture et c’est bien de cela qu’il s’agit. Mais ce qu’il est intéressant de

comprendre au sujet de cette fameuse agriculture connectée, c’est son intérêt réel pour l’agriculture. Car le numérique, l’agriculteur

connecté, la Big Data agricole jouent un rôle particulier dans l’univers agricole.

Pour cela, rappelons nous juste les partenaires principaux de l’agriculteur que sont la nature, ses cultures, ses animaux, et la difficulté qui

se pose de ne pas pouvoir facilement converser avec ces partenaires pour comprendre précisément comment optimiser le

« partenariat ».

L’objet connecté utilisé par l’agriculteur ne va pas servir à le connaître, lui, pour détecter comment le faire dépenser plus, il va servir à

l’agriculteur lui-même pour mieux comprendre les besoins de ses partenaires. Et ce, avec deux finalités :

• Au service de l’agriculteur : lui permettre d’optimiser la rentabilité de son travail en ajustant ses opérations au potentiel offert par ses

partenaires

• Au service de la nature et des êtres vivants : mieux utiliser leurs ressources naturelles en relation avec les objectifs de production

recherchés, et réussir à optimiser, voire à reproduire, les processus naturels de régénération des ressources puisées

Ainsi, la clé du succès du numérique au service de l’outil de production agricole ne sera pas sa capacité à faire dépenser plus à

l’agriculteur mais au contraire, sa capacité à lui permettre d’acheter moins et plus rentablement. Parallèlement, concernant la nature, la

clé du succès du numérique sera sa capacité à permettre de produire sans la déshériter ni la détruire.

45

Page 46: I.G. numérique et agriculture

III.1.Le numérique introduit des conversations opérationnelles

entre l’agriculteur et ses « partenaires de production »

46

Page 47: I.G. numérique et agriculture

• Observations à l’œil nu + expérience

• Chronophage

• Anticipation difficile

XXème siècle

Observation

• Gestion des intrants mieux adaptée à l’environnement

• Mais mise en place de modèles globaux pouvant manquer de précision

Années 2000

Premiers OAD

• Connaissance du vivant en temps réel

• Pilotage de précision

2015

Exploitation / Agriculteur connecté

L’agriculture n’a pas attendu le numérique pour chercher à gagner en précision mais le numérique ouvre la porte à de nouvelles solutions

Dans la deuxième partie du XXème siècle, avec le baby boom et plus globalement l’augmentation de la population, la nécessité de

produire de façon intensive donna lieu à des pratiques ne laissant plus à la nature la possibilité de s’exprimer librement : pour éviter tout

risque de moindre rendement dû aux aléas de l’environnement naturel (insectes et autres parasites, végétation, intempéries), on traitait

ou on boostait les productions en préventif et de préférence en utilisant des doses « de sécurité ». Une aubaine pour l’industrie chimique

qui avait de bonnes raisons de promouvoir l’efficacité de ses produits plutôt que leurs risques, mais moins pour le milieu naturel et les

consommateurs des produits.

Les limites de ce système ont tout de même fini par se faire entendre, et les premiers OAD (outils d’aide à la décision) sont arrivés au

début des années 2000, avec par exemple en cultures spécialisées la lutte intégrée utilisant la « faune auxiliaire » ou en grandes cultures

les programmes Farmstar ou Geosys fonctionnant par imagerie satellitaire, marquant une première révolution technologique au service

de l’agriculture.

Depuis leur invention, les OAD poursuivent deux objectifs étroitement liés : travailler plus en harmonie avec le milieu naturel et réduire

les intrants.

Aujourd’hui, les solutions offertes par la technologie GPS couplée au numérique s’inscrivent dans le prolongement des premiers outils,

en démultipliant leur potentiel.

47

Page 48: I.G. numérique et agriculture

L’enregistrement en temps réel des données issues de la nature

Quelque soit le domaine de production concerné, la logique de l’Outil d’Aide à la décision (OAD) numérique reste le même :

1. Des capteurs spécifiques selon la donnée à enregistrer, portés par différents supports, enregistrent en temps réel des données

précises et géolocalisées, de façon plus précise que précédemment où les données étaient repérées « au feeling », selon des critères

de décision plus ou moins aléatoires sur la base de l’expérience et du ressenti de l’agriculteur :

2. Des applications permettant de visualiser les informations enregistrées sur une interface compréhensible par l’homme avec leur

interprétation en termes de plan d’action opérationnel.

3. Une conduite des cultures ou de l’élevage qui gagne en précision, du fait de la meilleure prise en compte de l’état d’avancement de la

production et de ses besoins réels.

1. Capteur spécifique connecté

2. Application

Interface permettant de visualiser la situation en

temps réel

3. Tableau de bord opérationnel

Guidage de précision adapté aux données

du vivant

TimingProduitDosageTraçabilité

Outre les bénéfices que sont le pilotage de précision, l’économie d’intrants, ou encore le meilleur respect de l’environnement, ces outils

dédiés à l’agriculture de précision apportent aussi la traçabilité automatique des opérations lorsque les conseils de l’application sont

mis en œuvre : une source de sérénité non négligeable alors que la règlementation oblige à tout tracer.

48

Sachant que l’agriculteur ou l’éleveur est par définition un observateur et sait intuitivement, à l’œil, déterminer si sa production suit son

cours ou s’il y a un souci, le repérage « numérique » de différents paramètres clés lui apporte un soutien principalement à trois niveaux :

• L’anticipation des problèmes

• Le diagnostic précis des dysfonctionnements et la possibilité par conséquent d’agir plus vite de façon ciblée pour les résoudre

• La capacité à suivre avec précision un élevage important ou une surface cultivée importante

Page 49: I.G. numérique et agriculture

Contexte

Dans la conduite d’une exploitation agricole, les données météorologiques telles que la pluie, le vent, la température, ont un fort

impact sur l’efficacité des opérations menées dans les champs : une météo favorable va optimiser l’efficacité de l’opération

(température favorisant la réactivité de la végétation, absence de vent,..). Inversement , une météo défavorable pourra annihiler le

travail réalisé ou le rendre impossible (pluie juste après un traitement provoquant le lessivage du produit, vent,…. ) .

La météo est donc une composante essentielle à prendre en compte dans le processus de décision du moment d’intervention pour la

plupart des opérations : elle va déterminer non seulement le jour mais éventuellement le moment optimal dans la journée pour que

l’opération soit la plus efficace possible.

Dans ce contexte Météo France est devenu un partenaire incontournable des agriculteurs depuis de nombreuses années, les

Chambres d’agricultures fournissent des services météorologiques plus localisés, etc…

L’état hydrique des plantes conditionne aussi leur bonne santé et leur aptitude de croissance

Avec l’agriculture de précision, la station météo connectée va permettre à l’agriculteur de connaître, de façon personnalisée pour

chacune de ses parcelles, différentes mesures telles que l’hygrométrie, la température, la vitesse et la direction du vent,……en temps

réel et en prévisionnel. Ces mesures pouvant être différenciées entre la plante et le sol.

De telles précisions vont lui permettre d’ajuster plus précisément la programmation de ses différentes interventions dans les

champs pour en optimiser à chaque fois l’efficacité.

Stations météo connectées

49

Page 50: I.G. numérique et agriculture

Les capteurs Weenat mesurent à la parcelle la pluviométrie, la température et l’hygrométrie.

« Avec notre solution Néo , vous pouvez suivre les données météorologiques et agronomiques directement issues de votre parcelle. Visualisez

l’environnement de votre culture, et ses évolutions, ou que vous soyez et organisez vos interventions en conséquence »

« La Solution Irrigation vous permet d’optimiser les périodes d’arrosage de vos cultures. Les données sont transmises en temps réel sur notre

plateforme Weenapp et vous permettent d’anticiper tout risque de stress hydrique ! »

Les promesses de bénéfices portent sur l’optimisation de l’emploi du temps et l’amélioration de la gestion des cultures.

Qualités importantes pour faciliter l’appropriation de ces nouveaux outils : Weenat revendique la facilité d’utilisation de son application, le coût

« abordable » de ses solutions, la fabrication en France de ses capteurs et leur durabilité

« Les capteurs actuellement disponibles sont le pluviomètre, le tensiomètre de sol, l’hygromètre de l’air, le thermomètre du sol et de l’air et ils

sont géolocalisés. Ils sont prêts à l’emploi, autonomes et ont une longue durée de vie. »

Créée en 2014, la société Weenat souligne son positionnement en tant que fournisseur de services en

proposant 3 « solutions logicielles» comprenant toute ou partie des services disponibles.

50

Page 51: I.G. numérique et agriculture

« Nous utilisons l'application tous les jours, notamment en période

de protection des cultures. Les données remontées par les capteurs

aident à la prise de décision.

Grâce à la Météo-Expert qui affine les prévisions météorologiques,

l’outil Weephyt est très efficace, tout en étant simple d’utilisation.

Sa fiabilité nous permet de prévoir nos interventions en fonction de

la règlementation et des prévisions à 4 jours.

A côté, le P+ que nous avons installé sur notre second corps de

ferme nous évite de faire le trajet pour vérifier l’état du terrain

avant les travaux agricoles, ce qui nous permet de gagner du temps

et de mieux gérer nos parcelles.

Pour finir, l’archivage des données assure une sécurité, dans un

contexte règlementaire qui nous demande de plus en plus de

justifications »

M.J. producteur dans la Marne

« Mon parcellaire est éclate avec des natures de sol très

différentes.

Je suis équipe de la Solution Irrigation Weenat, celle-ci m’a

permis de piloter mon irrigation et d’adapter la quantite

apportée et ma fréquence de passage en fonction des besoins

de la plante. Avec la canicule 2015, l’investissement a éte

rentabilisé sur l’année.

J’avoue avoir éte bluffé par la précision des données et par

l’évolution de certains paramètres, notamment la température

du sol.

Cela remet en cause nos aprioris... »

A.R. Producteur de pomme de terre

Les témoignages de clients Weenat confirment les bénéfices annoncés : le bénéfice de gain de temps et d’organisation semblant d’autant

plus probant que l’exploitation comporte plusieurs parcelles dispersées géographiquement.

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Page 52: I.G. numérique et agriculture

Autre fournisseur de stations météo, la société Sencrop, basée à Euratechnologies (Lille) a été créée en Janvier 2016

Les capteurs Sencrop mesurent la température, l’hygrométrie, la vitesse et la direction du vent

Egalement une offre basée sur les services rendus à l’agriculteur :

Bénéfice 1 : vous organisez plus facilement votre journée

Bénéfice 2 : vous Faites les bons choix agronomiques au bon moment : phyto /semis /irrigation

Bénéfice 3 : facilitez votre suivi cultural et valorisez vos contrats

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Page 53: I.G. numérique et agriculture

Rappel du contexte

Pour répondre au besoin de produire toujours plus et de meilleure qualité, il est indispensable pour l’agriculteur de :

• Nourrir ses cultures en fertilisant le sol de façon optimale. En grandes cultures par exemple, notamment pour le blé et le colza, le taux

d’azote du sol et sa capacité à être absorbé par la plante, sont directement liés au taux protéines de la plante récoltée, critère déterminant

pour la qualité et le prix qui en sera payé.

• Protéger les cultures des insectes parasites et des adventices c’est-à-dire des mauvaises herbes qui poussent entre les rangs de culture et

entrent en compétition avec la plante cultivée pour l’absorption des ressources du sol et de la lumière

C’est dans ce contexte notamment que l’agriculteur utilise des produits qui, d’une part lui coûtent très cher, d’autre part sont des produits

potentiellement néfastes pour la santé, et dont les excès se retrouvent dans les nappes phréatiques, tels les nitrates issus des engrais

azotés.

Afin de connaître l’état et les besoins du sol ou d’une végétation en cours de croissance, on devait autrefois réaliser des prélèvements de sol

impliquant le piétinement de la parcelle, ou de végétation impliquant la détérioration de certaines plantes. De plus, même si l’agriculteur

connaissait à peu près les différences de qualité de ses sols d’une zone à l’autre, il n’avait pas la possibilité technique de moduler ses apports

au sein de la parcelle lors d’un même passage.

Utilisation de capteurs embarqués sur drone pour ajuster la fertilisation ou le désherbage

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Page 54: I.G. numérique et agriculture

Les premiers Outils d’Aide à la Décision destinés à mieux appréhender les besoins en traitements, tels que les programmes

Farmstar ou Géosys utilisant la télédétection via satellite, ont permis un premier niveau d’ajustement des différents traitements

en évitant les prélèvements destructeurs.

Le principe consiste à détecter par imagerie satellitaire les différences en besoins azotés selon les zones au sein d’une même

parcelle, de façon à moduler les doses en conséquence au lieu de pulvériser de façon homogène une dose « de sécurité ». Ce

système a prouvé son efficacité pour réduire la quantité de produits utilisée, d’où : moindre pollution, meilleure rentabilité des

intrants et économie globale pour l’agriculteur.

Cette technologie a toutefois quelques limites liées à la lourdeur de sa mise en œuvre :

• Interdépendance avec l’achat de produits : accessible via le fournisseur de produits, comme service associé à la vente, ce

service suscite la méfiance chez certains agriculteurs.

• Il peut aussi être reproché à ce système le caractère aléatoire de ses passages, selon un timing pas forcément ajusté au besoin

individuel de chaque agriculteur.

Les avantages du drone dans ce contexte :

• L’indépendance vis-à-vis du fournisseur de produits

• Plus de flexibilité dans le timing de mise en œuvre

• L’enregistrement direct des données vers l’outil de pulvérisation ou d’épandage avec ajustement automatique des opérations

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Page 55: I.G. numérique et agriculture

L’offre Airinov

La startup Airinov, dont l’un des fondateurs est lui-même agriculteur, a d’abord développé en partenariat avec l’INRA (Institut

National de Recherche Agronomique) le premier capteur multi-spectral permettant de suivre la croissance des cultures

Puis grâce à l’entrée du fabricant de drones Parrot à son capital, Airinov propose maintenant une offre combinant ses capteurs et

ses agridrones, c’est-à-dire des drones configurés pour le secteur agricole : le drone servant de vecteur au capteur, il permet à ce

dernier, en le faisant survoler la parcelle, en quelque sorte de scanner de façon très précise certaines composantes clés des

cultures et du sol.

Airinov essaie aussi d’optimiser la réactivité de son service, en s’efforçant de fournir les recommandations opérationnelles de

pilotage dans le délai le plus court

• A titre d’exemple, un vol de 30 minutes permet de cartographier une parcelle de 10 hectares au cm près. Les informations

détaillées et les recommandations opérationnelles qui en sont déduites sont envoyées par email à l’agriculteur dans les 24

heures pour une majorité, au plus tard sous 4 jours.

Dès• qu’il a récupéré les données, l’agriculteur les enregistre sur une clé USB qu’il va mettre dans la console de son pulvérisateur.

Le pulvérisateur va ainsi programmer le traitement de la parcelle analysée, en ajustant localement les doses aux besoins

précisément identifiés par le capteur sur drone.

Visualisation Préconisation

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Page 56: I.G. numérique et agriculture

L’utilisation principale des capteurs d’Airinov aujourd’hui est l’ajustement de la fertilisation azotée en cultures de blé et colza.

La dose optimale de fertilisation azotée à apporter pour chaque m² étant calculée à partir de l’Indice de Nutrition Azoté (INN

développé par Airinov, basé sur la matière sèche (biomasse) et l’azote absorbé.

Autre utilisation : la gestion des adventices dans un champ de maïs : le repérage des taches d’adventices permis grâce aux drones

va permettre de sélectionner les zones de la parcelle réellement envahies. L’information est ensuite transmise à la console du

pulvérisateur pour que seules ces zones soient traitées.

Les 3 principaux avantages du service Airinov, selon le témoignage d’un agriculteur client

Economie1. : détection de la dose précisément utile au bon endroit

Confort2. : cette technologie couplée à l’automatisation du pulvérisateur et à l’assistance par GPS pour gérer les coupures de

tronçons, permet un travail de plus en plus précis avec de moins en moins de stress.

Impact3. positif sur l’environnement : la modulation intra parcellaire résulte en une baisse des intrants chimiques utilisés.

« Les cartes de zonage fournies par Airinov permettent d’apporter la bonne dose d’engrais au bon endroit et au bon moment. Précis

au mètre carré près, la modulation de l’apport d’engrais améliore le rendement dans certaines zones et diminue l’impact sur

l’environnement et le coût des intrants dans d’autres zones. »

Sources : https://youtu.be/z9tu_5Tef6A et https://youtu.be/NHcm8x5Fw-k 56

Page 57: I.G. numérique et agriculture

Les lunettes connectées libèrent les mains de l’agriculteur

Un précieux outil d’aide à la décision

Entreprise spécialisée dans la conception et la production de projets numériques innovants pour le milieu agricole, Adventiel a mis au

point des lunettes connectées permettant d’effectuer des comptages de pucerons ou autres parasites et de noter ainsi la

progression des maladies sur les feuilles de céréales.

L’application permet de donc de suivre avec précision en temps réel, l’état de menace parasitaire des cultures. Avec un double

bénéfice : pouvoir anticiper le risque à partir duquel il va falloir agir, et le cas échéant, traiter avec précision en fonction des

comptages localisés.

Des lunettes intelligentes, qui écoutent son utilisateur et conversent avec son système informatique

L’application reproduit par des écrans informatiques, au sein des lunettes, les diverses tâches que doit mener l’opérateur et attend

des informations de manière séquentielle pour permettre ce comptage. Le technicien n’a pas besoin d’écrire et peut, s’il a un doute,

prendre une photo de la tache de maladie pour l’analyser ensuite. Il peut également être connecté à un bureau de hotline qui analyse

la photo en direct et lui renvoie l’information dans ses lunettes.

Comme la plupart des lunettes connectées, elles sont en liaison directe par wifi ou bluetooth et sont dotées d’un traceur GPS

Elles fonctionnent en reconnaissance vocale, automatiquement adaptée à toute personne parlant français.

« L’application est commandée à la voix, on déclenche l’écoute en passant la main près de l’oreille, on peut même prendre des photos

sans les mains. S’il y a du réseau, la connexion internet permet de recevoir et d’envoyer les données en temps réel à un ordinateur ou

une tablette. S’il n’y pas de réseau, les lunettes communiquent en bluetooth avec un smartphone dans la poche ou en wifi avec un PC »

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Page 58: I.G. numérique et agriculture

Les lunettes connectées : outil polyvalent, au service d’une meilleure productivité pour l’éleveur ou le cultivateur

Sur le plan pratique ces lunettes ont une réelle utilité au quotidien car elles permettent de travailler les mains libres, en environnement

difficile, et de saisir des données multiples en limitant les risques d’erreur :

« A la différence des simple Google Glass utilisées à fins plutôt récréatives, les lunettes Vuzix permettent de travailler avec des mains humides,

sales ou affectées à d’autres tâches”

Un outil d’observation qui peut s’appliquer à de nombreux contextes agricoles

Si leur fonction première est le comptage et le suivi de la pression parasitaire sur les cultures,

ces lunettes connectées peuvent aussi effectuer des audits et contrôles qualité, réaliser des

expérimentations agronomiques en micro-parcelles, ou encore faciliter le travail de l’éleveur

à évaluer, peser et noter ses animaux (bovins, ovins et caprins).

« On peut très bien imaginer des applications pour des opérations d’identification et d’enregistrement sanitaire en élevage, ou encore de

contrôles de stocks et commandes de produits. Tout reste à inventer » selon Michel Buchet, responsable commercial.

Adventiel innove dans un mode collaboratif, avec ses clients mais aussi avec des experts techniques comme Arvalis, en se projetant à 3-5 ans,

et en définissant des objectifs à partir de « problèmes à résoudre ». En croisant l’expérience métier à l’expérience technologique, Adventiel

cherche en permanence à inventer le système sur mesure qui apportera une réelle valeur ajoutée pour l’agriculteur.

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Page 59: I.G. numérique et agriculture

Contexte

Si l’animal est un peu plus démonstratif que la plante en cas de dysfonctionnement métabolique, il n’en reste pas moins que

l’éleveur peut passer à côté d’un problème, et ce, d’autant plus que son troupeau est important.

De plus, l’animal qui en arrive à manifester de façon clairement visible un problème, est généralement déjà bien atteint et le

traitement efficace sera plus compliqué à mettre en œuvre.

Au-delà de la problématique « maladie » , la problématique « reproduction » requiert une attention particulière en élevage

puisque son impact est déterminant pour la rentabilité de l’élevage : il faut en particulier guetter la période la plus propice du

cycle de la femelle, puis essayer d’être présent pour éviter les soucis lors de la mise-bas, et enfin surveiller les complications

éventuelles post-partum.

Ce que l’Internet des Objets apporte à l’élevage

Le numérique a permis de mettre au point des solutions pour suivre des indicateurs physiologiques déterminants des

animaux et avertir l’éleveur aux moments stratégiques, avec trois types de bénéfices :

Moins de stress et de contraintes horaires

Meilleur timing dans les interventions humaines, résultant en une amélioration à la fois du bien-être des animaux et de la

rentabilité de l’élevage

Anticipation ou détection précoce des accidents métaboliques, d’où économies de médicaments ou de frais vétérinaires

L’élevage connecté donne davantage la parole à ses animaux

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Page 60: I.G. numérique et agriculture

Plusieurs outils existent, chacun étant programmé pour répondre à un besoin précis

La société Medria fut pionnière sur ce marché avec la mise au point successive de capteurs

permettant de surveiller différents indicateurs physiologiques liés aux chaleurs, au vêlage puis au

comportement alimentaire :

2007 : Le Vel'phone installé dans le canal vaginal de la vache, avertit l’éleveur par SMS lorsqu'une

vache est sur le point de vêler.

2010 : Le Heatphone permet de détecter les chaleurs

2014 : Le San'phone, en mesurant la température de l'animal toutes les cinq minutes, détecte

l’émergence d’un trouble de la santé (trouble respiratoire, mammite, complication post-partum,…..)

et en informe l’éleveur par SMS tandis que Le Feedphone étudie le comportement alimentaire du

bovin (rumination notamment) grâce à un capteur fixé à son collier.

En 2016, la société Fujitsu lance au Japon et en Europe GyuHo, un programme pilote de vaches

connectées au cloud Azure grâce à un podomètre capable de détecter leur période de chaleurs à

partir de leur nombre de pas et de leurs déplacements.

Selon la société, les premiers résultats indiqueraient une augmentation des naissances de veaux de 12

à 31%.

Premier sujet ayant donné lieu à des solutions connectées en élevage : la gestion de l’activité de reproduction bovine

60

Page 61: I.G. numérique et agriculture

La solution Farminal, créée par l’équipe de l’égyptien Waleed Sorour, est un projet d’imagerie pour la reconnaissance de mammite

chez la vache avant la traite. La solution Farminal permet de détecter les inflammations du pis de vache avant que l’infection ne

contamine le lait.

L’intérêt d’une détection précoce de la mammite va permettre de soigner la vache efficacement et le plus souvent sans

antibiotiques

Alors que les mammites constituent un risque vétérinaire majeur dans les élevages laitiers, la solution Farminal va permettre de

débuter un traitement adapté de façon précoce, et par conséquent de limiter à la fois une aggravation de la santé de la vache et les

risques de contamination du lait.

Bénéfice : gain en précision dans le suivi de chaque vache et limitation des dépenses vétérinaires

Farminal a remporté le concours Agreen Startup organisé dans le cadre du festival Futur en Beauce sur le campus des Champs

du possible à Châteaudun du 23 au 25 septembre 2016

Il a aussi reçu le prix Coup de Cœur du concours Agreen Startup du Salon International de l’Agriculture 2016

Une solution pour limiter la mammite, problème sanitaire majeur en élevage laitier

61

Page 62: I.G. numérique et agriculture

Biopic a été fondé par un chef d’exploitation agricole ayant également une expertise de physicien

« Je me suis confronté à une mauvaise rentabilité de mon exploitation dû à mes absences répétées. J’ai alors imaginé un système de

monitoring à distance et automatique. C’était le début de l’aventure Biopic »

Le cœur de la biotechnologie des produits BIOPIC est une puce électronique intelligente. Munie de différents capteurs, cette puce

peut être implantée dans le corps de l’animal ou installée dans différents dispositifs externes. Autour de cet ensemble d’implants

intelligents et connectés est associé un ensemble de services regroupés sous l’appellation FarmCloud Service.

BIOPIC revendique plusieurs aspects innovants de son offre :

La miniaturisation du dispositif permettant à moindre frais une implantation dans l• ’animal une fois dans sa vie.

Les algorithmes permettant de lever plusieurs problématiques avec un seul produit.•

• L’utilisation d’une pile enzymatique transformant le glucose en énergie électrique.

Un suivi en continu, alors que les autres techniques existant aujourd• ’hui ne mesurent les paramètres biologiques de l’animal que

ponctuellement.

La coordination des différentes données en un tableau de bord unique apporte évidemment un confort et un gain de temps dans

la gestion opérationnelle de l’élevage par rapport à des données éclatées provenant de différents systèmes souvent incompatibles,

et constitue la voie d’avenir à développer. Sa finalité étant, comme le souligne BIOPIC une amélioration significative de la

rentabilité globale de l’exploitation, de l’écurie, de l’élevage.

62

Coordonne entre elles les solutions connectées pour tous types d’élevage

Page 63: I.G. numérique et agriculture

Alerte poulinage pour la poulinière gestanteMonitoring de l’entraînement du cheval de sport

Diagnostic santé adapté aux chiens

Suivi en continu de la santé et de la reproduction Dosage et monitoring de la glycémie

Mesure en continu de l’état de santé du couvain, la production de miel et l’essaimage

63

Les solutions connectées pour les élevages ont aujourd’hui confirmé leur intérêt pour :

• Limiter l’usage des médicaments

• Simplifier le métier et limiter les sources de stress

Désormais, les facteurs de différenciation d’une offre à l’autre seront surtout :

• Leur accessibilité, tant au niveau du coût que sur le plan pratique par leur convivialité d’utilisation

• Leur capacité à respecter le bien-être des animaux (solutions internes notamment) ainsi que leur environnement

Avec sa gamme de dispositifs, BIOPIC montre l’étendue des possibilités de la « biotechnologie numérique » pour établir des

« dialogues » utiles aussi bien avec les animaux de compagnie qu’avec ceux dont on attend des performances.

En comparant les noms de cette dernière génération de solutions avec les noms de la première génération, on constate une

évolution depuis des produits mettant en avant leur fonctionnalité (« HeatPhone », « Vel’Phone », « FeedPhone ») vers des

solutions globales personnalisées en fonction du profil d’élevage auquel chacune s’adresse.

Page 64: I.G. numérique et agriculture

III. 2

La robotique permet de gagner du temps et d’optimiser la précision de certaines taches déterminantes pour la rentabilité de l’exploitation

64

Page 65: I.G. numérique et agriculture

Les premiers qui ont pu bénéficier des tâches robotisées furent sans doute les éleveurs laitiers, avec les robots de traite qui ont changé

leur vie en les soulageant de cette corvée très chronophage du matin et du soir.

La technologie et les développements des robots de traite sont déjà bien avancés aujourd’hui : le robot reconnaît chaque vache

individuellement, il analyse différents indicateurs de la composition de leur lait et les remonte automatiquement au logiciel de gestion de

l’éleveur, lui permettant ainsi d’ajuster l’alimentation de chaque vache en conséquence et de détecter un éventuel problème sanitaire.

Au-delà de la traite et des données propres au lait, les robots peuvent aujourd’hui être connectés à d’autres types de capteurs avec

lesquels les données combinées apporteront encore d’autres indications utiles.

Aujourd’hui, le robot Meteor de la société Lely spécialiste des robots de traite, nettoie même les pieds des vaches avant la traite et les

désinfecte à la sortie du robot : un geste préventif qui devrait permettre de réduire les boiteries dues aux infections.

Pour les cultures en revanche, la robotique capable de prendre en charge des travaux chronophages n’arrive que depuis peu

Les modèles commercialisés à ce jour effectuent des travaux de désherbage mécanique ou de binage, principalement en cultures

spécialisées (maraîchage, viticulture)

Ces robots autonomes se dirigent grâce à la technologie GPS et se pilotent via le smartphone de leur propriétaire. Les premiers

fonctionnent à l’électricité, alors qu’une nouvelle génération de robots équipés de panneaux photovoltaïques pour capter l'énergie solaire

arrive progressivement sur le marché.

Tous sont conçus pour être faciles d’utilisation, avec un minimum de manipulations tout en offrant des réglages adaptatifs aux différentes

situations rencontrées.

Outre l’économie de main d’œuvre, l’économie de carburant pour les opérations qui pouvaient être faites à partir d’un tracteur et le gain

en précision, ces robots extrêmement légers présentent l’intérêt de moins abîmer la structure du sol que les tracteurs classiques.

65

Introduction

Page 66: I.G. numérique et agriculture

66

Oz assure le désherbage mécanique en maraîchage

Oz peut fonctionner en mode autonome ou bien guidé à distance par l’homme au moyen d’une une

télécommande. Il est conçu pour travailler un espace inter rang de 55 cm à 1m20

En mode autonome il est rapide (13 km/h maxi) et peut désherber tous les rangs sans intervention humaine

À la fin de l’exécution d’un mode automatique, ou en cours de travail s’il détecte une anomalie (obstacle,

blocage de l’outil, erreur dans la longueur de l’allée…) Oz envoie un SMS d’information directement à son

propriétaire (disponible dans la limite de couverture du réseau GSM).

Le robot Dino, plus haut qu’Oz et un peu moins rapide (4km/h maxi), répond aux besoins de cultures légumières

en planches avec des écartements plus étroits.

Ted et Bob sont des robots de désherbage adaptés à la viticulture

Aujourd• ’hui, le robot enjambeur Ted permet de désherber sous le rang. Ultérieurement, le fabricant souhaite

l’adapter pour l’effeuillage, le rognage, la tonte des bandes inter rang enherbées

Au salon international Vinitech –SIFEL 2016, Ted a reçu le Trophée d’Argent au Trophée de l’Innovation,

catégorie Techniques Culturales.

Bob • est adapté aux contraintes des vignes étroites et aux coteaux en pente : équipé de chenilles, et avec

une motorisation plus puissante.

Naïo Technologies, startup française, fut l’un des premiers à développer une gamme de robots électriques destinés à l’entretien mécanique du

sol en cultures spécialisées. Ses robots sont déjà opérationnels en maraîchage où ils ont démontré leur rentabilité.

Robots autonomes électriques

Page 67: I.G. numérique et agriculture

67

Non satisfait des solutions existant, ce viticulteur a imaginé le robot Vitirover pour permettre d’entretenir des

parcelles de vigne entre les rangs sans aucun produit chimique.

L’intérêt spécifique de ce robot est son équipement d’un panneau photovoltaïque lui permettant de

fonctionner à l’énergie solaire, donc lui conférant une dimension encore plus « écologique » que les robots

fonctionnant à l’électricité.

Le fabricant souligne son intérêt économique : « Comparé à l’utilisation de désherbants chimiques (environ

60kg/ha dans les vignes), Vitirover économise 179 litres de fuel, 195kg de CO2 et 200 litres d’eau ! »

Il est très simple d’utilisation :

• Bouton On/Off

• Livré avec les coordonnées GPS de la parcelle, Vitirover est branché sur WiFi et travaille dans les limites

indiquées par le GPS

Ses points faibles par rapport à un robot électrique concernent sa rapidité et son autonomie

• Vitesse maxi 300 M/h

• Autonomie 2 hectares

Le robot Vitirover est l’invention d’un viticulteur, propriétaire d’un château à Saint Emilion.

L’enherbement entre les rangs de vigne est une pratique agro-écologique qui a remplacé le désherbage total depuis quelques années pour

favoriser l’activité microbienne et la structure du sol, ainsi qu’une protection naturelle contre certains ennemis de la vigne. Mais c’est aussi une

technique qui nécessite de maîtriser l’enherbement et n’évite pas forcément de désherber chimiquement le rang lui-même.

Robot autonome à l’énergie solaire

Page 68: I.G. numérique et agriculture

68

Il peut fonctionner selon deux modes

• Avec des bras mécaniques, comme Oz, pour un désherbage mécanique ou un binage. En grande culture

biologique où les herbicides sont interdits, le désherbage doit souvent se faire manuellement et

EcoRobotix pourrait réduire de façon importante les coûts de main d’œuvre

• Avec des bras robotiques équipés de buses dispersant de l’herbicide. Mais ici le dosage sera 2 ou 3 fois

inférieur aux dosages habituellement pratiqués en grande culture conventionnelle.

Muni d’une intelligence artificielle, Ecorobotix circule tout seul dans la parcelle à la recherche des adventices:

muni d’une caméra il reconnaît la plante utile et ne détruit que les indésirables en sélectionnant à chaque fois

la buse qui contient le produit correspondant. Grâce à ce ciblage précis de l’adventice et à la réduction de

doses que cela permet pour assurer l’efficacité sur chaque plante, EcoRobotix pourrait utiliser vingt fois moins

de désherbant qu’un pulvérisateur classique !

Avec EcoRobotix, l’intelligence artificielle s’installe dans les champs !

Ce robot conçu par une société belge est encore en cours de mise au point et sera commercialisé en 2017

Il est doté d’avances technologiques qui pourraient révolutionner le désherbage en le faisant intégrer l’univers des grandes cultures :

Sa taille et son ergonomie sont pensés pour lui permettre de fonctionner en grandes cultures

Robot intelligent à l’énergie solaire

Le plus grand défi pour EcoRobotix est de reconnaître progressivement les différentes espèces

végétales utiles afin d’adopter pour chacune la bonne démarche : laisser tranquille la plante

cultivée, détruire l’adventice en lui administrant le bon produit

Page 69: I.G. numérique et agriculture

Géolocalisation et Guidage RTK

Contexte

Le guidage manuel des engins agricoles sur les parcelles de grandes cultures, outre la difficulté que cela représente, conduit facilement à

du gaspillage de carburant et d’intrant du fait des repassages du tracteur en bout de champ (fourrière) et sur des parcelles de forme

irrégulière. De plus ces repassages impliquent un tassement supplémentaire du sol.

Le guidage RTK est une technologie qui contribue largement à l’installation d’une agriculture de précision

Il s’agit d’un outil de navigation basé sur une utilisation satellitaire comme un GPS classique de voiture, mais recevant au niveau du sol une

correction RTK qui ramène sa précision à 2 ou 3 centimètres près versus 1 mètre à 1m50 environ pour le GPS.

Le principe consiste à permettre au tracteur de se diriger automatiquement avec deux objectifs principaux :

Eviter les recroisements en bout de champ, c’est-à-dire ne pas repasser deux fois au même endroit et ce, quelque soit la forme de la

parcelle.

• Quelque soit l’opération réalisée, on économise ainsi du carburant et on limite le tassement du sol.

• Par ailleurs, lors d’un traitement ou d’un semis, le système RTK permet d’économise des produits qui ne seront donc pas diffusés

deux fois au même endroit.

• Jusqu’à 5% à 30% d’intrants pourrait être ainsi économisé selon les avis des agriculteurs utilisateurs !

Se diriger en ligne, sans dérive. Egalement un gros avantage notamment pour les semis.

• Une fois le tracé enregistré, il peut être réutilisé pour des passages successifs sur une même culture (exemple semis de betterave

suivi de binage), et sera adapté à chaque fois selon la largeur de l’outil.

• On peut enregistrer des traces en ligne droite ou en courbe.

69

Page 70: I.G. numérique et agriculture

Géolocalisation et Guidage RTK (suite)

Le niveau de satisfaction vis-à-vis du guidage RTK est tel qu’il a créé une réelle dépendance chez ses utilisateurs, résultant de plusieurs

bénéfices conjugués :

• Economie d’intrants

• Confort d’utilisation : moindre concentration nécessaire donc moindre fatigue d’où amélioration de la qualité de travail

• Moindre tassement du sol

• Possibilité de travailler de nuit

« un levier colossal » A.L.

« aujourd’hui je ne pourrais plus m’en passer » A.L.

Coût : Un outil qui reste encore cher à l’achat, donc pas accessible sur toutes les exploitations. Cependant ses utilisateurs estiment

rentabiliser l’investissement par l’économie d’intrants et d’usure du tracteur ainsi permise, et par le confort apporté au travail.

Réseau : L’utilisation du système RTK nécessite d’avoir une bonne couverture réseau sur l’exploitation afin d’éviter les « zones

d’ombre ». Donc là aussi un système qui gagnera progressivement en pertinence au fur et à mesure du développement des réseaux de

communication en zone rurale.

Aujourd’hui, sont accessibles en majorité les deux réseaux GPS (américain) et Glonass (réseau russe, un peu moins précis que le GPS

mais qui aurait moins de zones d’ombre, selon les agriculteurs). Sachant que certaines consoles de tracteurs n’ont pas la double

compatibilité GPS et Glonass.

Demain, on peut espérer que le réseau européen Galiléo facilitera l’utilisation du guidage RTK.

Pour les personnes que cela intéresse, Thierry Agriculteur d’aujourd’hui nous offre une belle démonstration du guidage RTK à l’aide

de ses deux vidéos suivantes : https://youtu.be/bMbZCNUz3xE et https://youtu.be/M5M3jyYauCc70

Page 71: I.G. numérique et agriculture

III. 3.

Enjeux de la gestion des données digitalisées

71

Page 72: I.G. numérique et agriculture

a. La Big Data agricole

Concernant cette Big Data agricole, il me semble qu’il faut distinguer deux catégories de données, ayant des enjeux assez différents :

72

Origine des données Données issues des capteurs du vivant (air, eau, sol, plantes, animaux)

Données issues de la Télématique embarquée

Source de génération de données

Les processus naturels L’utilisation humaine d’outils conçus par l’homme

Utilisateur des données L’agriculteur Le fabricant

Objectif des données Faciliter le suivi en temps réel de la nature et du vivant

Perfectionner les fonctionnalités et la maintenance

Mieux connaître les usages de l’agriculteur

Finalité de l’analyse des données Travailler plus en harmonie avec les « partenaires naturels » de l’agriculteur

Améliorer les performances et le confort d’utilisation par l’agriculteur

Le Fidéliser

La Big Data issue de l’utilisation des outils rejoint la Big Data en général avec ses enjeux positifs pour l’utilisateur (amélioration des

performances et du confort d’utilisation) et ses enjeux plus ambivalents (mieux connaître ses usages pour mieux lui vendre).

Celle qui est précieuse et qui, à mes yeux, donne vraiment du sens à la Big Data, c’est la Big Data des données non maîtrisées que

les outils numériques vont nous permettre d’identifier depuis la nature, les plantes, les animaux, pour mieux s’accorder avec eux.

La clé d’une agriculture intensive se rapprochant de la permaculture pourrait venir du perfectionnement de ces données là. Et au-

delà de simples « données » ou de connaissances, je préfère d‘ailleurs parler « d’informations en temps réel », puisqu’il s’agit bien de

s’informer en temps réel sur l’état biologique d‘un élément vivant situé à un endroit précis, ou d’anticiper ce qui risque de s’y

produire à court terme.

Page 73: I.G. numérique et agriculture

La Big Data agricole (suite)

73

L’intérêt de cette Big Data issue de la nature connectée, c’est qu’au lieu d’être destinée à traquer l’agriculteur pour le faire

consommer plus, elle est destinée à surveiller la nature pour mieux s’accorder avec elle et au contraire en conséquence réduire les

dépenses de l’agriculteur.

• Et c’est simplement le succès de cette équation qui donnera raison au numérique et de belles perspectives de développement aux

startups actuelles ou d’avenir.

Quant à la question épineuse de la propriété de ces données, cette Big Data « vivante » devrait rester la propriété commune de

deux acteurs :

• L’agriculteur bien sûr, chez qui les données ont été puisées

• Le fabricant de l’outil (ex: robot de traite ou de désherbage, station météo,) ou les fabricants de la chaîne d’outils (ex: capteur +

drone) ayant permis l’obtention des données. Car plus ils disposeront de données, mieux ils pourront mettre au point les réponses

aux différents scénarios possibles. Et ces données vont être encore plus indispensables à la mise au point des services utilisant

l’intelligence artificielle avec son apprentissage au fur et à mesure des situations que la nature lui fera rencontrer.

Page 74: I.G. numérique et agriculture

Les obligations de traçabilité imposent à l’agriculteur de saisir toutes ses opérations ainsi que d’enregistrer précisément les quantités de

chaque produit utilisées. Les premiers logiciels de gestion d’exploitation agricole proposés par des acteurs tels que Smag ou Isagri

intègrent donc déjà dans l’outil de pilotage de l’exploitation ces données, qui devaient toutefois être enregistrées manuellement par

l’agriculteur.

Le digital ici apporte une première simplification à l’agriculteur en permettant, pour chaque opération, la remontée et l’enregistrement

automatique des données issues de capteurs (aujourd’hui puces RFID sur les bidons de produits, demain capteurs au champ).

Cependant à ce jour les données collectées restent enregistrées en silos, par fabricant ou par système d’exploitation : l’agriculteur doit

donc tout re-saisir s’il veut en extraire un tableau de bord prévisionnel de sa production globale.

b. Solutions et casse-tête des données digitalisées sur l’exploitation

74

Le saut technologique qui reste donc à développer pour renforcer la pertinence des solutions connectées, est la transmission et

l’interprétation automatiques des données collectées en temps réel sur le vivant quelle que soit leur source, dans le tableau de bord de

pilotage global de l’activité.

Ce sont des partenariats entre acteurs oeuvrant de part et d’autre, qui permettront de relever ce défi. Défi que s’est notamment fixé la

startup Ekylibre, positionnée sur ce marché depuis 2015, avec son « programme zéro saisie »

Page 75: I.G. numérique et agriculture

IV. Internet au service de la performance

commerciale des agriculteurs

75

Page 76: I.G. numérique et agriculture

Historiquement, l’agriculteur travaillait principalement avec son environnement proche, ne disposant ni du temps ni des outils

techniques lui permettant de trouver des partenaires commerciaux dans un rayon géographique éloigné.

• Alors que les places de marché ont fait leur apparition depuis un moment déjà, elles n’existaient pas pour les achats

professionnels agricoles jusqu’à il y a 2 ou 3 ans

• De même pour l’économie collaborative : l’entraide se pratique depuis longtemps entre agriculteurs voisins, mais dans des

organisations bien cadrées, et non dans des systèmes permettant de façon flexible, des échanges d’opportunités ponctuels

avec des acteurs hors du microcosme habituel.

C’est dans ce contexte que des enfants d’agriculteurs, soucieux de trouver des solutions face aux difficultés financières qu’ils

vivaient au quotidien dans leur environnement proche, ont eu l’idée d’adapter au milieu professionnel agricole, ces outils issus

du web qui avaient déjà fait leurs preuves auprès du grand public, à savoir les places de marché et l’économie collaborative.

Je dis bien « adapter au milieu professionnel agricole » et non « appliquer », car nous allons voir que si les principes de base que

sont l’élargissement du cercle d’opportunités commerciales, le service de livraison à domicile, ou encore la mise en relation entre

particuliers pour des services rémunérateurs, sont bien exploités, les solutions conçues pour les agriculteurs dépassent ces

objectifs, en y ajoutant de l’expertise-conseil sur mesure et des développements logistiques spécifiques.

Ainsi, les sites de e-commerce étudiés pour le monde agricole ne sont pas destinés à faire dépenser de l’argent à l’agriculteur,

mais au contraire à l’aider à optimiser la gestion financière de son exploitation.

76

Introduction

Page 77: I.G. numérique et agriculture

Contexte

Le projet Agriconomie est né du fait que l’achat des approvisionnements pour un agriculteur était souvent source de stress :

• Nécessité de faire des kilomètres pour aller chercher les produits

• Opacité des prix

• Marché monopolisé par les 2 ou 3 acteurs du rayon géographique environnant

• Poids financier : « dix exploitations agricoles fermaient chaque jour en France pour des raisons financières, et notamment pour des raisons

liées aux approvisionnements »

Par ailleurs, alors que la plupart des agriculteurs réalisaient leurs achats privés sur Internet, les places de marché professionnelles dédiées

aux agriculteurs n’existaient pas avant Agriconomie. Et l’offre proposée sur les sites Internet des fabricants était pauvre et peu qualitative.

Le projet Agriconomie

Forts de ces constats, ce sont trois fils et petit-fils d‘agriculteurs qui ont associé leurs compétences informatique, commerciale, agronomique,

pour lancer en janvier 2014 une place de marché réservée aux achats agricoles, c’est-à-dire un site Internet ayant pour but d’aider les

agriculteurs à trouver plus facilement et à acheter au meilleur prix tout ce dont ils ont besoin pour leur exploitation.

Parallèlement, Agriconomie permet aux fournisseurs traditionnels d’augmenter leur visibilité au-delà de leur périmètre géographique

historique et par conséquent de développer leur volume de ventes en conséquence.

Les produits vendus sur le site Agriconomie sont les semences, les engrais, les produits destinés à l’élevage, les pièces détachées pour le

matériel agricole, l’outillage et autres petits équipements.

Alors qu’Agriconomie pensait à son démarrage toucher les plus jeunes agriculteurs, les clients sont en réalité en majorité des agriculteurs

dans la tranche d’âge 40 à 50 ans, dont une clientèle représentative de la population agricole dans son ensemble.

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Page 78: I.G. numérique et agriculture

• Des experts agricoles disponibles 7 jours sur 7 de 8h00 à 22h00 pour répondre aux questions techniques des agriculteurs (téléphone,

messagerie instantanée sur le site, email)

• Un Outil d’Aide à la Décision permettant à l’agriculteur de naviguer parmi les produits pour trouver ce qui lui convient le mieux, toujours

en fonction du contexte de son exploitation et de ses préférences personnelles. Un outil particulièrement sophistiqué pour toujours

optimiser le coût du transport malgré les montants élevés des achats :

«sur Agriconomie un client peut dépenser de 10 000 euros à 400 000 ou 500 000 euros par commande. On est un des seuls sites à faire des

paniers aussi gros. Nous faisons régulièrement des paniers à 50 000 euros en achat directement en ligne »

« l’un des plus gros actifs de la société est son algorithme logistique. On propose des coûts optimisés pour des produits très onéreux »

L’évolution du chiffre d’affaires d’Agriconomie, passé de 1 million de ventes en 2014 à 20 millions en 2016, est en lui-même éloquent

quant à l’intérêt que peut représenter une telle place de marché pour les agriculteurs.

Après avoir confirmé la pertinence de son offre en France, Agriconomie se développe dans les pays européens voisins.

Aujourd’hui, Agriconomie souhaite également accompagner l’agriculteur à l’autre bout de la chaîne commerciale c’est-à-dire dans la

commercialisation de ses produits, et développe une nouvelle offre dans ce sens.

« ce qu’on cherche c’est vraiment accompagner l’agriculteur à 360° pour l’aider à mieux vendre et gagner en productivité »

La clé du succès d’Agriconomie : un service sur mesure

Au-delà d’une simple place de marché, Agriconomie a réellement pour mission d’« aider l’agriculteur

à mieux acheter », c’est-à-dire non seulement acheter au meilleur prix mais également acheter les

produits qui conviennent le mieux à sa situation précise.

L’agriculteur a ainsi à sa disposition sur le site Agriconomie.com deux types de solutions pour l’aider à

trouver les produits les mieux adaptés à ses besoins :

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Page 79: I.G. numérique et agriculture

Contexte

Le matériel agricole est souvent très coûteux et ne sert parfois que quelques jours dans l’année

Pour cette raison, certains agriculteurs ont créé des CUMAs, coopératives d’Utilisation de Matériel Agricole dans lesquelles un certain

nombre d’équipements sont mis en commun. L’entraide se pratique aussi pour le matériel, mais plutôt entre voisins ou amis proches

En revanche, l'agriculteur n’avait aucun moyen de savoir qu'un autre agriculteur, situé « 3 collines plus loin » disposait du matériel

dont il avait besoin et qu'il était prêt à le louer à un tarif clairement indiqué.

L’offre WeFarmUp

Inscrite dans la dynamique de l’économie du partage, la plateforme collaborative WeFarmUp permet aux agriculteurs de mettre en

location leurs matériels sous-exploités. En parallèle, elle leur donne la possibilité d’accéder à des équipements variés et performants à

des prix avantageux.

« WeFarmup.com est une nouvelle solution bénéficiant de la puissance d'Internet pour agrandir le périmètre de mise en relation entre

agriculteurs dont certains possèdent des matériels non utilisés tandis que d'autres, parfois à seulement 20 km d'eux, ont besoin de ces

mêmes machines pour quelques jours »

La plateforme de location aujourd’hui ne bénéficie pas qu'aux agriculteurs: les concessionnaires y ont également trouvé leur intérêt,

en proposant à la location les matériels d'occasions qu'ils ont parfois du mal à vendre.

79

Page 80: I.G. numérique et agriculture

WeFarmup est donc une solution qui permet d’apporter à l’agriculteur un revenu complémentaire, sans investissement spécifique

puisque ce revenu supplémentaire sera généré à partir d’un équipement existant, et en restant dans son univers professionnel d’origine.

Le site propose même un « calculateur de gains » pour le loueur en fonction du type de matériel loué et de la durée concernée.

Ce que Wefarmup propose d’apporter à l’agriculteur loueur de matériel :

Mieux amortir un matériel sous utilisé et générer un revenu complémentaire

Promouvoir une activité de location

Ce que Wefarmup propose d’apporter à l’agriculteur utilisateur du matériel loué :

Comprimer ses charges d'équipement

Répondre à un besoin ponctuel de machine agricole spécifique

Utiliser du matériel plus performant

Remplacer une machine tombée en panne

Tester un matériel que l'on envisage par la suite d'acheter

« Récupérez de la trésorerie en louant vos matériels inutilisés »

« Financez votre nouvelle acquisition en louant votre matériel »

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Page 81: I.G. numérique et agriculture

Egalement avec l’objectif de permettre à l’agriculteur d’optimiser sa gestion, Comparateur agricole est une autre place de

marché, plus jeune puisqu’elle a démarré en 2016, avec cette fois-ci un positionnement principalement sur la vente de produits

de grandes cultures : blé, colza, maïs,..

Comparateuragricole permet aux agriculteurs de vendre leur production au meilleur prix , en les mettant en relation avec une

palette de distributeurs ou négociants

Par ailleurs, Comparateuragricole propose d’acheter ses engrais au meilleur prix

Pour l’agriculteur, Comparateuragricole base son offre sur la simplicité et la réactivité du service

La transparence est aussi l’un des objectifs de Comparateuragricole : la présentation de chaque coopérative ou négoce référencé

est personnalisée sur la plateforme, de façon à ce que les agriculteurs puissent bien identifier le contexte et la stratégie de chaque

acheteur potentiel.

Par ailleurs, Comparateuragricole établit avec chaque coopérative ou négoce référencé sur la plate forme, un cahier des charges

visant à clarifier le contexte du partenariat et à sécuriser l’agriculteur.

Comparateuragricole, startup hébergée par les Champs du Possible à Chateaudun, a démarré son offre en Beauce avec un succès

justifiant aujourd’hui son développement sur la France entière.

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Page 82: I.G. numérique et agriculture

V.La Cross-fertilisation des savoirs pour replacer l’agriculteur au cœur du dispositif numérique

82

Page 83: I.G. numérique et agriculture

Introduction

On pourrait aussi bien parler de « crowdsourcing » dans ce chapitre pour suivre la tendance actuelle de l’empreinte anglo-saxonne dans

le langage décrivant tout l’environnement des nouvelles technologies. Le terme « cross-fertilisation me semble cependant plus approprié,

d’une part parce que cette thèse concerne principalement l’agriculture française, d’autre part pour le clin d’œil de ce terme finalement

inspiré d’une pratique agricole.

Concernant cette cross-fertilisation de savoirs, la situation aujourd’hui est ambivalente :

D’un côté

Certains acteurs ont compris la nécessité de mettre en

commun leurs expertises pour réussir à réellement donner du

sens au numérique comme outil opérationnel au service du

plus grand nombre d’agriculteurs.

Nous verrons par exemple le cas des Digifermes, des Champs

du Possible, ou encore de la Ferme Digitale.

De l’autre

La réalité sur le terrain aujourd’hui est un fonctionnement en

silo où chaque constructeur propose sa propre solution sans

se soucier de sa compatibilité avec les autres solutions, ni de

la faisabilité de son utilisation par l’agriculteur au sein de

l’ensemble des solutions qui lui permettront au final, un vrai

pilotage de précision de son exploitation à 360°

83

Page 84: I.G. numérique et agriculture

V.1Les Digifermes d’Arvalis

84

Page 85: I.G. numérique et agriculture

ContexteLes Instituts Technique Agricoles sont moteurs pour donner du sens à la

transition numérique vue par l’agriculteur

Créés et pilotés par les agriculteurs, les Instituts Techniques Agricoles (ITA) sont des organismes de recherche appliquée, d’appui

technique, d’expérimentation, d’expertise, de formation et d’information. Ils ont une mission opérationnelle d’adaptation au terrain et

ils jouent, à ce titre, un rôle essentiel dans la création et la diffusion du progrès technique en agriculture et dans son aval. C’est notamment

grâce aux ITA que l’agriculture française apparaît comme l’une des plus performantes au plan européen et mondial

Les ITA sont fédérés par le réseau ACTA, véritable maison des ITA, autour de 4 valeurs communes :

Partage• : l’ACTA favorise les moments de partage des savoirs et d’échanges permettant de construire des liens durables et fructueux

entre ITA.

Ouverture• : au service de toutes les agricultures, l’ACTA a aussi compris le potentiel d’une ouverture sur le monde de l’enseignement,

de la presse, de l’économie, pour nourrir la créativité de ses équipes.

Anticipation• : veille prospective internationale et partage d’innovations permettent à l’ACTA d’appuyer les ITA et les acteurs des filières

végétales et animales dans leur recherche de compétitivité.

Enthousiasme• : ciment qui permettra de relever les défis du contexte économique difficile

Le contrat d’objectifs 2014-2020, signé le vendredi 20 décembre 2013 entre Stéphane LE FOLL, ministre de l’Agriculture, de

l’Agroalimentaire et de la Forêt, et Jacques LEMAITRE, président de l’ACTA, le réseau des instituts des filières animales et végétales, a

comme orientation principale la double performance économique et environnementale.

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Page 86: I.G. numérique et agriculture

Les Instituts Technique Agricoles sont moteurs pour donner du sens à la transition numérique vue par l’agriculteur (suite)

Au service de cette double performance, l’ACTA et les ITA ont immédiatement manifesté leur confiance dans les opportunités offertes

par le numérique, en dotant dès 2014 leur dispositif de Recherche Innovation d’un réseau numérique. Ce réseau a spontanément

trouvé son dynamisme en s’appuyant sur les expériences acquises par chacun et en recherchant les synergies.

Le numérique n’étant qu’un outil au service de la performance et non une fin en soi, la question de l’accès et de la valorisation des

données est apparue comme un sujet de préoccupation majeur, donnant lieu à deux réalisations fondatrices :

• Le projet API-AGRO, plateforme ouverte de données et de services agricoles qui se transforme en une société ouverte à d’autres

acteurs

• Un livre blanc sur « L’accès aux données pour la Recherche et l’Innovation en Agriculture », fruit d’un an de réflexions, et qui

propose 10 recommandations autour de 3 axes : « Innover », « Fluidifier », « Rassurer ».

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Page 87: I.G. numérique et agriculture

Axe de travail majeur : l’interopérabilité des sources de données

• La multiplication des outils de recueil de données techniques en temps réel, sur l’état de la culture, des animaux, du sol, et de la biosphère

environnante, n’a de sens que s’il y a interopérabilité entre les différentes données pour un pilotage global de l’exploitation

• La Big Data agricole est ainsi devenue un réel sujet de préoccupation, avec la nécessité de pouvoir facilement passer d’une somme de pilotages de

précision à un pilotage global intégrant des connexions entre chaque élément piloté.

La révolution numérique replace l’agriculteur au centre du processus

d’innovation

« Il est à la fois fournisseur de données et également utilisateur de services.

« Avec le captage des données à la source l’exploitation agricole est devenue une

source de données brutes incontournable et essentielle »

Une agriculture de précision si et seulement si les réseaux le permettent

« Le développement des données massives nécessite aussi des technologies nouvelles

pour le transport à haut débit de l’information, interrogeant l ’équité de toutes les régions de France et d’Europe

face à ces accès »

Le numérique moteur d’un nouvel écosystème collaboratif

« Les données constituent une composante de la transition

numérique qui favorise sur l’agriculture l’implication d’un grand nombre de

nouveaux acteurs »

Le numérique à chaque étape de la gestion de l’exploitation

« La production et l’utilisation de données mobilisent des capteurs nouveaux pour produire de la donnée, des algorithmes pour traiter ces signaux, et des modèles

pour transformer l’information en un support de décisions, ces différents

éléments étant au coeur des métiers des différents ITA »

Principaux enseignements du livre blanc publié par l’ACTA

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Page 88: I.G. numérique et agriculture

Innover – Fluidifier – RassurerLes 10 recommandations du livre blanc de l’ACTA

pour favoriser l’accès et la valorisation des données agricoles

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Page 89: I.G. numérique et agriculture

La mission d’ARVALIS est l’expérimentation sur le terrain d’innovations en matière de pratiques culturales, susceptibles d’améliorer la marge

nette de l’agriculteur tout en respectant mieux l’environnement.

ARVALIS a déjà développé une expertise reconnue dans les domaines du traitement de données massives, de la modélisation des cycles

biologiques, des capteurs, des outils d’aide à la décision, du guidage des engins.

Devant la montée des initiatives et le nombre croissant d’outils et services connectés mis à disposition des producteurs ou en cours de mise au

point, Arvalis a jugé fondamental d’en connaître l’intérêt en conditions réelles d’emploi :

• L’évaluation de leur interopérabilité et de leur ergonomie, le couplage des informations des capteurs à une expertise agronomique

garantissant leur valeur d’usage, entraient pleinement dans le champ de compétences classique d’ARVALIS.

• Mais compte tenu des enjeux d’avenir perçus par Arvalis autour du numérique, l’institut a souhaité aller plus loin et proposer des sites

permettant aux acteurs du numérique (start-up, institut de recherche, entreprises) de tester, évaluer leurs outils et prototypes dans la

logique des « farm labs » ouverts et collaboratifs.

Ainsi sont nées les deux fermes d’application ou DIGIFERMES® , exploitations agricoles connectées dédiées au pilotage numérique de la

production :

• La Digiferme de Boigneville en zone céréalière (Essone 91) dédiée aux grandes cultures

• La Digiferme de Saint-Hilaire-en-Woëvre, en zone mixte polyculture –élevage (Lorraine), avec une production de bovins viande.

Le digital au service de l’agriculture selon

Passer du concept aux travaux pratiques

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Page 90: I.G. numérique et agriculture

• Les instituts techniques, en particulier ceux impliqués dans les grandes cultures et l’élevage (IDELE, ITB, Terres Inovia) et partenaires du

projet ;

• Des « agriculteurs-chercheurs » investis dans le sujet ;

• Les centres de recherche publics et l’environnement scientifique et technique : ARVALIS par exemple co-anime le « groupe numérique » de

l’ACTA et s’investit dans le projet Agreen Tech Valley.

• Les entreprises, de la start up au grand groupe, spécialisées dans le domaine agricole ou non : les Digifermes ont compris notamment le

potentiel qui réside parmi les idées innovantes de jeunes startups, mais aussi la nécessité de faire émerger les idées les plus prometteuses en

les aidant à devenir pertinentes dans un contexte de pilotage numérique global par l’agriculteur. Elles affirment donc clairement leur

positionnement en tant que pépinières d'idées ouvertes et collaboratives, fonctionnant dans une logique de crowdsourcing, et offrant un

cadre scientifique et agronomique privilégié aux startups désireuses d'affiner leurs concepts.

Sur chacune de ces fermes, 4 pôles de travail correspondant aux 4 étapes clés du processus de mise au point de l’innovation

Pépinière d’idées, offrant aux acteurs de l’innovation numérique

un « terrain de jeu » ouvert, collaboratif et en situation réelle

pour affiner leurs concepts.

Test d’outils et de prototypes proposés par

des entreprises extérieures

Mise au point d’outils du numérique directement opérationnels dans les exploitations, sous la

responsabilité des instituts

Mise en œuvre du « pilotage numérique » de

la production, en combinant les outils et techniques existants

Concept Prototype Mise en œuvre opérationnelle Interopérabilité

marquent une évolution importante de la recherche agronomique classique,

en se situant dans la logique des « farm labs » ouverts et collaboratifs, avec :

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Page 91: I.G. numérique et agriculture

Interview avec Delphine Bouttet, responsable de la DIGIFERME® de Boigneville. 24 Novembre 2016

Delphine Bouttet, ingénieur agronome, responsable de toute l’Ile de France pour Arvalis, gère la DIGIFERME® de Boigneville

Cette Digiferme, inaugurée le 28 septembre 2016 sur la station expérimentale de l'institut technique Arvalis, est destinée à tester en

conditions réelles d’utilisation les outils numériques sur 150 hectares de grandes cultures au sud de l'Essonne (Boigneville).

Les technologies numériques sont testées sur trois systèmes de production agricole différents : agriculture biologique, culture sous

couvert permanent et un dispositif nommé Cap du futur dédié à la maîtrise des adventices et à l'irrigation dans un contexte de culture

raisonnée plus classique.

Au- delà d’ " évaluer l'amélioration des performances que l'on peut attendre de l'évolution de l'agriculture vers le numérique, et les gains

apportés en précision", les différentes technologies testées sont couplées avec les préconisations issues d'outils d'aide à la décision. L’objectif

étant de pouvoir chiffrer les gains économiques, techniques et environnementaux qui en découlent.

« L’objectif des Digifermes c’est d’imaginer l’exploitation agricole de demain. Recourir à des objets connectés pour une agriculture de

précision »

Vue aérienne de la Digiferme de Boigneville

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Page 92: I.G. numérique et agriculture

1. Le numérique avant tout pour améliorer la marge nette de l’agriculteur

Les expérimentations mises en oeuvre sur la ferme de Boigneville ont avant tout un enjeu de résultat et la ferme connectée s’inscrit dans

cette logique. Le premier bénéfice attendu des solutions numériques, compte tenu du contexte économique difficile de l’agriculture, est

clairement la diminution des coûts de production pour une amélioration de la marge nette de l’agriculteur.

« Ce qu’on ne souhaite pas c’est que les Digifermes soient des fermes gadgets….. D’autant que les grandes cultures vont mal en ce moment »

« On part du principe de réalité qu’un agriculteur doit gagner sa vie. Donc si ce n’est pas rentable, ça ne sert à rien de le proposer»

2. Le numérique, source potentielle de meilleures conditions de travail pour l’agriculteur :

Un des principaux enjeux de la Digiferme est de rendre la technologie accessible au plus grand nombre d’agriculteurs, non seulement d’un

point de vue financier mais également d’un point de vue pratique et opérationnel :

« On a aussi le projet aujourd’hui de vulgariser le diagnostic moléculaire. Je donne souvent l’image du petit chimiste qu’on offre à ses enfants :

on arrivera à mettre entre les mains des agriculteurs des outils pas plus difficiles à gérer que cela pour savoir par exemple si le ray gras est

résistant à tel ou tel herbicide. On souhaite en tous cas démocratiser ce genre de chose »

Un gain significatif de confort au travail peut à lui seul représenter un critère de succès dans la logique des Digifermes :

« Si jamais cela n’apporte rien sur le plan de la rentabilité il faut au moins que cela ne coûte rien et que cela apporte un confort à l’agriculteur.

Par exemple la technologie RTK apporte un confort inimaginable au chauffeur du tracteur »

Les 4 grands enjeux de la DIGIFERME® de Boigneville

Marge nette Conditions de travail Environnement Commercialisation

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Page 93: I.G. numérique et agriculture

Les 4 grands enjeux de la DIGIFERME® de Boigneville (suite)

3. Des solutions adaptées aux enjeux de l’agriculture locale :

Boigneville étant situé en région céréalière, la Digiferme travaille sur des solutions permettant de répondre aux enjeux de ce type de

production:

• Produire plus tout en produisant de la qualité (blé à destination humaine, grands écarts de prix entre blé panifiable ou non)

• Donc produire sur parcelles propres (désherbage mécanique = enjeu déterminant)

• A l’écoute des opportunités de commercialisation locales (culture de chanvre en test car installation récente à proximité d’une industrie de

traitement du chanvre)

• En protégeant le milieu: sol, air, eau (recherche de solutions alternatives pour lutter contre les ravageurs locaux, exploitation des haies et

de la biodiversité locale, pratiques culturales visant à limiter les fuites de nitrates)

« On va aller vers une gestion personnalisée de la haie. Avant c’était des haies basses de 1m70 de haut et là on est en train de voir l’impact

éventuel d’une haie plus haute. Sujet compliqué parce que les haies sont aussi des abris pour les ravageurs »

4. Un engagement de résultat, mesuré au stade du produit commercialisable

La production dominante étant le blé sur la région où est située la Digiferme de Boigneville, l’enjeu est de produire du blé panifiable et de la

meilleure qualité possible.

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Page 94: I.G. numérique et agriculture

La transition numérique est intrinsèque à l’organisation de la DIGIFERME® de Boigneville

Pour accompagner l’expérimentation de solutions numériques appliquées à l’agriculture, la DIGIFERME® de Boigneville s’est dotée de

moyens humains et techniques qui immergent sa propre organisation dans l’agilité propre à l’ère du numérique :

« L’informatique pour nous est très important car on a tous nos serveurs juste à côté. On s’est donné les moyens logistiques d’héberger les

données traitées ici et on a en parallèle embauché de nouvelles compétences, notamment pour le développement des Big Datas par

exemple…On a une équipe modélisation…. Là dessus on n’est pas à la traîne, on est plutôt pas mal, je pense… »

« Le numérique a révolutionné notre façon de travailler : avant nous avions de très nombreux déplacements sur Paris… maintenant nos

réunions se font sur Skype »

L’innovation ouverte est inscrite dans la culture d’entreprise d’Arvalis

L’agilité, l’innovation ouverte, la co-création, font partie des valeurs partagées par les membres des DIGIFERMES® :

« Nous aimons travailler en partenariat que ce soit avec gens de l’amont ou de l’aval : et puis des coopératives, des chambres d’agriculture

etc…. On a aussi pas mal de canaux de diffusion notamment grâce à Internet »

La DIGIFERME® de Boigneville accueille dans son écosystème de test aussi bien des technologies dédiées à l’agriculture que des

technologies conçues pour d’autres univers mais dont l’adaptation au contexte agricole peut présenter un intérêt:

« Innover ça veut dire aussi accompagner tous les gens qui ont des idées, les startups qui ont besoin d‘aide, etc….. On a une bonne

connaissance des besoins donc on peut aider les gens qui ont des idées…. Voire des gens qui ont des idées de technologies opérationnelles

appliquées à d’autres secteurs que l’agriculture et voir si ca peut fonctionner en agriculture. Il y a plein de choses qui peuvent être

intéressantes. Donc voilà, il y a des gens qui ont des techniques opérationnelles. Donc quand on peut, on oriente ces technologies vers des

idées pratiques et opérationnelles pour l’agriculteur »

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Page 95: I.G. numérique et agriculture

1. Multiplication des offres pour récupérer de la donnée

Météo

la Digiferme de Boigneville étudie le potentiel de différentes stations météo connectées ( Senscrop, Météus (Isagri), Weenat) sur différents

critères que sont la précision et le caractère opérationnel des données, la fiabilité, les besoins en maintenance. L’un des objectifs majeurs de

la Digiferme avec les données des stations météo connectées est l’optimisation de la précision pour l’irrigation.

En parallèle, un partenariat est établi avec Météo France, pour permettre de relativiser l’évaluation des solutions connectées innovantes :

« En termes de météo nous avons signé un partenariat avec Météo France avec qui nous avons développé le service TAMEO »

Vecteurs de capteurs permettant d’enregistrer les données du champ sans abîmer la parcelle

La Digiferme travaille aussi bien en partenariat avec les satellites d’Airbus qu’avec des fournisseurs de drones, en particulier pour

l’identification des taches d’adventices et la fonction de désherbage.

L’enjeu ici est de comparer la qualité de leur service respectif : finesse de la modulation intra parcellaire x coût x réactivité

2. Le développement des réseaux permettant une mise en œuvre fiable sur la totalité des exploitations, reste en cours

La Digiferme teste différents opérateurs de réseaux, qu’ils soient haut débit ou bas débit (Orange, Bouygues, Sigfox). L’essentiel de la ferme

fonctionne avec le réseau Sigfox aujourd’hui, en attendant la mise en place du réseau LoRa :

« on vient de passer un accord avec Orange pour déployer sur la station…..nous aurons donc les deux réseaux bas débit sur Boigneville »

Les chantiers en cours sur la Digiferme de Boigneville sont révélateurs de « l’état de l’art » de l’agriculture connectée en fin d’année 2016

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Page 96: I.G. numérique et agriculture

3. Le désherbage mécanique robotisé, alternative à envisager en grandes cultures

En grandes cultures, la recherche de solutions alternatives s’impose face à la diminution progressive de doses et de produits herbicides

homologués : dans ce contexte, la robotique est l’alternative très attendue. En plus de permettre idéalement la diminution des chimiques par

son ajustement de précision, le robot de désherbage aura un effet de tassement du sol très limité par rapport à celui d’un tracteur.

Plus particulièrement, le terrain privilégié pour tester les bineuses auto-guidées est la culture biologique, puisque celle-ci signifie zéro

traitement mis à part les anti-limaces homologués en bio. Donc pour favoriser la facilité de mise en oeuvre de la culture biologique, la Digiferme

attend beaucoup des robots de désherbage en termes de gain de temps et de précision

Actuellement le robot Oz de Naïo Technologies est à l’essai en grandes cultures sur la Digiferme de Boigneville : ce robot à priori conçu pour les

cultures maraîchères (écartement des rangs plus important qu’en grandes cultures) et qui a fait ses preuves dans ce contexte, n’est pas encore

commercialisé en grandes cultures.

Au printemps 2017, le robot EcoRobotix sera également mis à l’essai, notamment pour ses deux caractéristiques particulièrement prometteuses

selon Delphine Bouttet pour une utilisation en grandes cultures :

son• intelligence artificielle avec sa capacité d’apprentissage au fur et à mesure des situations qu’il rencontre, et d’adaptation du produit de

traitement à l’adventice identifiée;

son• fonctionnement à l’énergie solaire.

« Pour l’instant il est opérationnel en betterave et sur rumex en prairie. En cours d’apprentissage pour des parcelles cultivées en colza, puis en

maïs »

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Page 97: I.G. numérique et agriculture

4. La fluidité des données pour un pilotage global de précision : encore des étapes de mise au point à franchir

Alléger la contrainte de traçabilité, puis faciliter l’exploitation opérationnelle de l’ensemble des données numérisées, vouées à se multiplier : un

autre chantier sur lequel la Digiferme a jugé important de se positionner.

Eviter la « primo-saisie » des opérations en vue de traçabilité

L’utilisation de contenants équipés de puces RFID afin d’enregistrer directement chaque opération de traitement dans le logiciel de gestion

parcellaire est en cours de mise au point, en partenariat avec AXE-Environnement et son programme Zéro-saisie .

« l’un des principaux freins à l’utilisation du logiciel parcellaire aujourd’hui c’est la saisie »

Faciliter la mise en commun de toutes les données pour un pilotage global de précision

Concernant les données enregistrées sur les parcelles, il n’existe pas aujourd’hui d’interopérabilité entre les différents systèmes.

L’étape de recherche actuelle vise à élaborer une seul interface qui, une fois connectée, présentera au regard de la météo tous les points

stratégiques de l’exploitation, signalera par des alertes les tâches à réaliser, et actualisera en temps réel le potentiel de rendement , « L’objectif

étant de donner toutes les clés au producteur pour qu’il puisse prendre sa décision. »

Un projet de cahier des charges est en cours sur le sujet avec deux écoles sélectionnées pour leur expertise sur le sujet : Agro Sup à Dijon et

Sciences Agro à Bordeaux.

« L’enjeu il est là il faut que la chaîne des outils connectés soit fluide »

« Le grand projet 2017 sur les Digifermes, c’est le tableau de bord connecté »

97

Page 98: I.G. numérique et agriculture

Les Champs du Possible est une association créée en Janvier 2016 et labellisée Village by CA en septembre 2016. Sa mission consiste à

héberger, accompagner et fédérer, le campus du Village by CA dédié à l’innovation numérique au service de l’agriculture, situé à

Châteaudun, donc au cœur de la Beauce qui est l’une des régions agricoles les plus fertiles de France.

L’association émane d’une volonté commune aux membres fondateurs que sont le Conseil départemental d’Eure–et-Loir, le Pays Dunois, le

lycée agricole privé de Nermont et le Crédit Agricole Val de France, de valoriser le potentiel de développement économique de la région Eure

et Loir. Une démarche qui fait sens puisqu’elle est suivie par réseau d’entreprises partenaires, locales ou nationales, toutes motrices dans

l’innovation et le développement économique régional: Orange qui a entièrement équipé le bâtiment en fibre optique, l’hebdomadaire

agricole Horizons, CerFrance, Worwek, le groupe Scael, Veolia, Hamon, InfoMaintenance .

L’offre des Champs du Possible au service de l’innovation agricole combine un ensemble de moyens propres aux incubateurs de startups avec

un environnement « terrain » propre à la spécificité agricole. Un campus immergé en milieu agricole, et doté d’une triple vocation:

Facilitateur de liens

• Locaux équipés en mobilier et connectique de pointe favorisant les échanges, la créativité, le crowdsourcing

• Services d’accompagnement par l’ensembles des partenaires de l’association, aux différents stades de l’incubation des projets. Le campus

bénéficie notamment de la dynamique d’une communauté « French Tech Eurélienne » et de celle du réseau des Villages by CA.

V.2.

98

Page 99: I.G. numérique et agriculture

Impliqué dans la mise en œuvre concrète des projets incubés

Farmlab• dédié à la réalisation de prototypes : l’espace d’une surface de 230m² est conçu de façon à stimuler la créativité et la capacité à

inventer des nouveaux outils au service de l’agriculture de demain. Il met à disposition des startups tous les équipements nécessaires à la

création : outillages divers, imprimante 3D, découpeuse laser,….

Réseau• d’agriculteurs partenaires et « terrain d’expérimentation » de 90 hectares permettant de tester les nouveaux concepts et faire

avancer leur développement en situation réelle.

Equipe• et moyens dont la ferme expérimentale du lycée agricole de Nermont, qui propose notamment un BTS Systèmes numériques.

Créateur d’événements dédiés à l’innovation agricole

Les• Champs du Possible imaginent et conçoivent des événements dédiés à faire vivre les innovations grâce à une parcelle entièrement

consacrée aux démonstrations et présentations de solutions innovantes sur le campus lui-même, et à faire du campus une plate forme de

rencontres et d’échanges autour de l’agriculture de demain. C’est par exemple le cas de l’événement Futur en Beauce, qui sur 3 jours

propose différentes animations destinées à faire connaître et promouvoir les projets innovants (série de conférences, tables rondes et

pitchs autour de l’agriculture du futur, concours Agreen Startup), et initier à la culture numérique (atelier « le code est dans le pré »). Un

événement qui est aussi l’occasion de promouvoir les producteurs locaux.

Les Champs du Possible, du fait de la diversité de ses co-acteurs et de son implantation

géographique, confirme la pertinence du numérique pour préparer l’agriculture de demain.

La dynamique du campus révèle par ailleurs l’esprit visionnaire et l’engagement de la région

euralienne pour perpétuer l’image de leader de l’agriculture française.

99

Page 100: I.G. numérique et agriculture

100

Page 101: I.G. numérique et agriculture

La Ferme Digitale est une association loi de 1901, créée pour fédérer le regroupement autour de valeurs et d’objectifs communs, de 5

startups utilisant le numérique comme support d’innovations, et destinées à « promouvoir une agriculture performante et durable »

Les 5 startups fondatrices de La ferme Digitale ont été imaginées puis co-fondées par des fils ou petits-fils d‘agriculteurs. Chacun a

conçu le nouveau service qu’il propose au regard des difficultés qu’il constatait dans sa famille ou parmi les agriculteurs de son

entourage.

Leurs points communs : avoir réalisé les opportunités offertes par le numérique pour apporter des solutions à des problèmes du monde

agricole qu’ils avaient identifiés, puis avoir su mettre en œuvre ces solutions avec succès

Fédérées par ce dénominateur commun qu’est l’usage du numérique, les 5 startups fondatrices de la Ferme Digitale interviennent à

différents stades du cycle de production et de commercialisation agricole, exploitant le numérique sous diverses formes pour offrir

finalement une palette de services complémentaires :

• Agriconomie.com : 1ère place de marché spécialisée dans les approvisionnements agricoles

• Ekylibre : 1er logiciel open-source de gestion d’exploitation agricole, destiné à réduire la charge administrative

• Miimosa : 1ère plate-forme de financement participatif exclusivement dédiée à l’agriculture et à l’alimentation

• Monpotager.com : un concept inédit de circuit court entre maraîchers et consommateurs. Les citadins cultivent une parcelle de

potager en ligne et reçoivent leur récolte à domicile

• Weenat : Fournisseur de solutions météorologiques et agronomiques basées sur des réseaux de capteurs connectés

101

V.3.

Page 102: I.G. numérique et agriculture

Les membres de La Ferme Digitale revendiquent trois valeurs fédératrices :

Innovation

L’innovation est évidemment au cœur de La Ferme Digitale. L’association souhaite ainsi devenir un gisement de réalisations concrètes

permettant de légitimer l’innovation technologique inspirée par le numérique et basée sur l’observation de l’existant, pour faire

progresser le secteur agricole vers une meilleure rentabilité du travail et une meilleure prise en compte de l’environnement naturel.

Transparence

Une composante clé dans l’esprit de la Ferme Digitale qui veut redonner de l’indépendance à l’agriculteur au niveau de sa gestion et de

son outil de production et le rapprocher des consommateurs grâce à la simplicité de l’outil numérique.

Pragmatisme

« Ne pas croire aux belles idées, mais aux applications pratiques ayant un réel et direct impact sur la pérennité de notre agriculture »

Le succès de La ferme Digitale s’appuie sur la pertinence des projets portés par la communauté. Une pertinence qui n’a de meilleur juge

que la croissance des projets en question. Dans cette logique, La ferme Digitale toujours à la recherche de nouveaux membres, n’accueille

dans son écosystème que des startups qui non seulement partagent ses valeurs, mais sont en croissance avec des perspectives de

développement .

102

“La France fait partie des grandes puissances agricoles dans le monde et le rôle de La Ferme Digitale est de développer la ferme du futur.

Nous sommes convaincus que le numérique permettra de soutenir la compétitivité et le quotidien des agriculteurs.”

Paolin Pascot, Président de La Ferme Digitale et cofondateur d’Agriconomie

Page 103: I.G. numérique et agriculture

ou l’audace d’un pôle d’excellence

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Plusieurs aspects m’apparaissent remarquables dans l’initiative de La Ferme Digitale

Tout d’abord cette prise de conscience du fait que l’union fait la force et ce choix de se réunir entre acteurs dont on aurait

pu penser de prime abord qu’ils n’avaient rien à gagner l’un de l’autre : soit œuvrant sur des terrains complètement

différents avec des besoins en expertise différents, soit au contraire potentiellement concurrents, et tous en début de

parcours donc plutôt à la recherche de partenaires solides que d’autres startups…

En fait l’union des talents réunis autour d’une idée fait la force de cette idée : voilà la conviction de La Ferme Digitale qui

invente ainsi sa propre configuration du crowdsourcing au service de l’agriculture de demain portée par le numérique.

La ferme Digitale soigne sa visibilité par la présence de son équipe et chaque fois que cela est possible des interventions

sur une majorité d’événements dédiés à l’agriculture innovante, avec un dynamisme et des qualités humaines qu’il me

semble intéressant de souligner.

L’association s’apparente ainsi à un pôle d’excellence au service de l’agriculture de demain et invite à la rejoindre, toutes

les startups dont les premiers succès ont fait la preuve de leur pertinence pour faire bouger l’agriculture positivement. On

retrouve ici la logique de la Digiferme qui, de son côté, sélectionne les projets qu’elle accompagnera sur la durée seulement

dans la mesure où ces projets apportent une valeur ajoutée à l’agriculteur.

Depuis la fin 2016, 6 nouvelles startups performantes ont rejoint La Ferme Digitale qui compte maintenant 11 membres

Page 104: I.G. numérique et agriculture

Agriculteur

Consommateur final

Nature Cultures Animaux d’élevage

Fournisseurs Distributeurs

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La communauté de à fin décembre 2016

et ses domaines d’intervention dans la chaîne de production agricole

Page 105: I.G. numérique et agriculture

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L’Agreen startup représente la déclinaison du startup week end appliquée au milieu agricole. Durant deux

jours, des startups planchent pour affiner leu concept et préparer un pitch devant un jury d’experts.

Aujourd’hui, chaque manifestation agricole monte son Agreenstartup, qui est presque devenue une

évidence pour donner du sens à la manifestation dans une logique d’acteur à l’écoute de ce que sera

l’agriculture à venir.

L’occasion à chaque fois, de réunir ensemble des jeunes talents, des agriculteurs experts et mentors,

des organismes au service de l’agronomie ou de l’agriculture locale, avec comme seul objectif commun

de trouver les meilleures solutions à des problèmes rencontrés dans le contexte de l’agriculture actuelle.

Dans le concept d’Agreenstartup, la notion d’agro-écologie est intuitivement liée à l’idée d’innovation :

chaque projet impliquant directement la conduite des cultures ou de l’élevage a ses justifications à la fois

en termes de rentabilité économique pour l’agriculteur et en termes d’agro-écologie.

La multiplication des Agreenstartups est encore un phénomène confirmant la confiance de la profession

agricole vis-à-vis des opportunités qui restent à découvrir autour du numérique, et la mobilisation de

chacun pour apporter son expérience à l’élaboration des solutions

V.4. Les

Page 106: I.G. numérique et agriculture

VI.

Conclusions et perspectives d’avenir

106

Page 107: I.G. numérique et agriculture

Consommateur final

Agriculteur

Sol & Biodiversité Cultures Animaux d’élevage

Les 3 domaines d’intervention du numérique dans le système de production agricole

Elargissement des opportunités commercialesEconomie circulaire (matériel)

Qualité des produits consommésImage métier

Remontées d’information opérationnellesAutomatisation des taches contraignantes

Fournisseurs Distributeurs

107

Page 108: I.G. numérique et agriculture

Consommateur final

Agriculteur

Sol & Biodiversité Cultures Animaux d’élevage

Les 3 domaines de bénéfices apportés par le numérique au système de production agricole

Gain en indépendanceGestion optimisée des partenariats commerciaux

Rentabilité – Respect de l’environnement – Qualité de vie

Fournisseurs Distributeurs

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Rapprochement

Page 109: I.G. numérique et agriculture

Pour conclure ce n’est pas le numérique qui va faire évoluer l’agriculture mais bien la volonté de l’homme à aller dans ce

sens en explorant les possibilités à sa disposition pour réaliser cette évolution. Ce qui semble être le cas !

Le numérique en revanche rend possible un certain nombre d’évolutions intéressantes, grâce à la multitude de nouveaux

types de connexions qu’il permet d’établir : connexions entre les personnes, connexions entre la nature et l’agriculteur,

connexions entre les données elles-mêmes.

Pour connecter les hommes entre eux, le numérique fonctionne déjà bien.

Pour connecter la nature à l’homme et harmoniser les systèmes de production avec leur environnement naturel, les

progrès sont en cours et prometteurs. Sur ce chantier, l’intelligence artificielle devrait permettre d’apporter de nouveaux

services encore plus « sur mesure ». Les pistes qui restent à explorer sont notamment d’offrir à tous les profils

d’exploitation la possibilité de bénéficier des nouveaux services (coûts + faisabilité technique).

Pour connecter les données entre elles, le chemin est encore assez chaotique mais en cours de développement. Et sur ce

dernier point, la perspective des opportunités offertes par la Blockchain apparaît comme une voie possible pour

permettre de résoudre certains casse-tête actuels.

109

Page 110: I.G. numérique et agriculture

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Avec un peu d‘optimisme, on peut espérer que le numérique facilite l’évolution progressive depuis…

• Achat de services d’observation et d’engins légers

• Conduite des productions en harmonie avec la réalité instantanée de l’environnement naturel

Rentabilité•

Régénération des ressources •naturelles

Economie circulaire•

• Achat de produits chimiques et d’engins lourds

• Monoculture contrôlée chimiquement selon des calculs rationnels

• Prix de vente inférieurs au coût de production

• Destruction de l’environnement naturel

• Gaspillage

…Hier, une agriculture consommatrice de produits,

peu rentable et destructrice

…Demain, une agriculture consommatrice de services

d’observation, rentable et régénératrice

Jusqu’à…

Page 111: I.G. numérique et agriculture

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VII. Annexes : sources

Page 112: I.G. numérique et agriculture

Interviews

Merci encore pour le temps et les informations que vous m’avez accordées, à :

• Mélanie Bataillard, Weenat

• Stephen Bolger, Viniv

• Delphine Bouttet, Arvalis / Digiferme

• Karine Cailleaux, Ekylibre et La ferme Digitale

• Emilie Cornely, Crédit Agricole Val de France / Conseil départemental d’Eure & Loir

• Thierry Desforges, Monpotager.com

• François Duboeuf, Airinov

• Laurent Foirien, agriculteur

• Alexis Lepeu, agriculteur, président du GRCETA d’Ile de France

• Nicolas Mornet, Tousproducteurs.fr

• Paolin Pascot, Agriconomie et La Ferme Digitale

Source bibliographique

• AGRONUMERICUS – Internet est dans le pré - (Hervé Pillaud, agriculteur –éleveur)

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Page 113: I.G. numérique et agriculture

Sources Web

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Alim’agri 09/12/2016 (site du ministère de l’agriculture, de l’agro-alimentaire et de la forêt)

https://www.facebook.com/digifermes

www.agriculteurdaujourdhui.com

https://www.youtube.com/channel/UCKpXbgTztfWrrNLx4w1EYKw

Blog AgroTic 26 février 2016

Wikiagri.fr 24 février 2016

http://www.francetvinfo.fr/image/759w2bkmf-a7bf/580/326/11223387.png

www.journaldunet.com/ebusiness/le-net/1174030.../1174076-realite-augmentee

http://www.pleinchamp.com/var/ca_pleinchamp/storage/images/plein_champ/home/machinisme/actualites-machinisme/oz-un-robot-electrique-pour-cultures-

maraicheres/43276917-1-fre-FR/oz-un-robot-electrique-pour-cultures-maraicheres.jpg

http://www.rue89lyon.fr/wp-content/uploads/2015/09/robot-oz-naio-avant.jpg

https://youtu.be/M5M3jyYauCc et https://youtu.be/bMbZNCUz3xE

http://www.terre-net.fr/ulf/TNM_Biblio/fiche_97223/fiches_Remote_Display_Access_2.jpg

http://www.youchange.org/src/actualites/00/00/01/0E/ferme_davenir_mode_demploi_113531_b.jpg

https://bluebees.fr/assets/fa/home.jpg

www.vitirover.com

www.airinov.fr

www.weenat.com

www.ekylibre.fr

www.sencrop.com

https://youtu.be/z9tu_5Tef6A

https://youtu.be/NHcm8x5Fw-k

www.tousproducteurs.fr

Microsoft RSLN 11 mars 2016 - https://youtu.be/8h4pQiJsBe0

www.biopic.com

www.farminal.com

www.miimosa.com

www.bluebees.com

www.comparateuragricole.com

Page 114: I.G. numérique et agriculture

Evénements qui ont favorisé mes rencontres d’experts et contribué à m’inspirer

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