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FACE A LA RIGIDITE POLITIQUE ET DU SYSTEME, L’ALGERIE NE PEUT ETRE SAUVEE Par sadek KHEDDACHE* En 2011, un ex : cadre de la nation, bien engagé dans la politique du pouvoir, m’avait dit un jour : « L’Algérie, n’est pas un pays technologique…. » Ceci, en s’opposant a mes allusions a l’intégration économique, qui pourrait assurer la stabilité au pays et un développement socioéconomique. En me rappelant cette anecdote aujourd’hui, j’ai eu envie de commenter cette réponse qui en dit long sur la manière simpliste de penser du pouvoir , et leur complaisance dans la rente pour ne fournir aucun effort afin de sécuriser l’Algérie et son peuple contre les effets désastreux qu’induiront la chute des prix du pétrole . Je lui ai répondu a l’époque ceci : « Aucun pays au monde n’est né technologique, on devient technologique …. » et comme ma réponse l’a un peu cloué, la discussion avec les deux autres personnes présentes a tourné vers autre chose. Ce constat est vrai, et il n’est pas vrai aussi. C’est vrai car c’est bien la situation réelle de l’Algérie par rapport a l’industrialisation du pays et par rapport a la recherche et développement technologique, exclu par le pouvoir et son système en place de la politique générale du développement national. Ce constat amer, a été créé et fait en Algérie par le pouvoir en place. C’est la traduction de ses politiques et son conservatisme d’une

Face a la rigidité politique et du système , l'Algérie ne peut être sauvée

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FACE A LA RIGIDITE POLITIQUE ET DU SYSTEME, L’ALGERIE NE PEUT ETRE SAUVEE …Par sadek KHEDDACHE*

En 2011, un ex : cadre de la nation, bien engagé dans la politique

du pouvoir, m’avait dit un jour : « L’Algérie, n’est pas un pays

technologique…. » Ceci, en s’opposant a mes allusions a

l’intégration économique, qui pourrait assurer la stabilité au pays

et un développement socioéconomique.

En me rappelant cette anecdote aujourd’hui, j’ai eu envie de

commenter cette réponse qui en dit long sur la manière simpliste

de penser du pouvoir , et leur complaisance dans la rente pour ne

fournir aucun effort afin de sécuriser  l’Algérie  et son peuple

contre les effets désastreux qu’induiront la chute des prix du

pétrole   .

Je lui ai répondu a l’époque ceci : «  Aucun pays au monde n’est né

technologique, on devient technologique …. » et comme ma

réponse l’a un peu cloué, la discussion avec les deux autres

personnes présentes a tourné vers autre chose.

Ce constat est vrai, et il n’est pas vrai aussi. C’est vrai car c’est

bien la situation réelle de l’Algérie par rapport  a l’industrialisation

du pays et par rapport a la recherche et développement

technologique, exclu par le pouvoir et son système en place  de la

politique générale du développement national. Ce constat amer, a

été créé et fait en Algérie par le pouvoir en place. C’est la

traduction de ses politiques et son conservatisme d’une ligne

politique insensée et apeurée par la perte des prestiges, du pouvoir

et de leurs  intérêts mesquins , qui a fait que l’Algérie traine parmi

les derniers pays au monde en matière d’industrialisation et de

développement technologique. Ce n’est pas vrai , car le défunt

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Président BOUMEDIENNE , a bien tenté l’industrialisation qui  a

presque réussie , si ce n’est la politisation , la bureaucratisation et

l’exploitation des entités économiques a des fins politiques .Cette

politique de l’époque  privilégiait l’attribution des postes de

dirigeants aux titulaires de cartes de FLN ou d’anciens

combattants , non a des compétences qui les méritaient . Des

compétences de valeur existaient bien à l’époque, qui critiquait

déjà les pratiques malsaines et policières du parti unique. En outre

la tolérance de pléthore des effectifs et la non-obligation aux

résultats économiques de ces entreprises, ont converti ces

entreprises économiques à des casernements sociaux pour donner

l’illusion qu’on travaille en Algérie.

L’industrialisation dans les années 60 et 70 a bien permis la

formation et l’acquisition d’une certaine expertise technologique,

avec même le transfert de technologie presque totalement réussi

dans certains secteurs. Malheureusement encore, ils seront perdus

a jamais, lors des compressions des effectifs et de la privatisation

aveugle et criminelle de ces  entreprises publiques dans les années

90/2000.

Aujourd’hui on peut ajouter a cette personne, et a tout les 

membres du pouvoir algérien, qu‘il faut continuer  dans le constat

de leur échecs politiques (enfin même ça , la politique scientifique

et noble  a la Jean Jacques Rousseau ,  ça n’existe pas chez eux , ils

administrent la rente et c’est tout !), et de médiocrité de 

gouvernance qui a fait aussi aujourd’hui que l’Algérie n’est pas

aussi un pays agricole , ni un pays touristique , ni un pays de

services , ni une plaque tournante financière , ni un pays a fort

potentiel  de savoirs et de savoir-faire , etc.

La fuite en avant depuis des décennies et la médiocrité de

gouvernance, ont rendu inextricable la problématique

d’investissements et d’application de  toutes stratégies industrielles

pragmatiques. Le  climat des affaires moribond en Algérie bloque

actuellement toutes les  initiatives dans le but de rendre l’Algérie

industrielle, agricole, touristique, de services, etc. Et ceci avec du

génie  de spécialisation et d’exploitation des opportunités

mondiales. On ne peut pas malheureusement réguler le marché,

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car même s’il y’avait une volonté politique, les  compétences et les

engagements patriotiques   pour ces opérations complexes et

salutaires n’existent plus dans le système politique algérien et dans

leurs serviteurs. Par ailleurs, si le pouvoir se lancerait dans cette

politique de redressement industrielle et du marché,  il  redoute

énormément  les retours des réactions négatives de la mafia

politico-financière sur la stabilité du pays et la préservation du

pouvoir.

La puissance du pouvoir réel de cette mafia politico-financière a

été  démontrée en début 2011, quand le gouvernement d’Ouyahia

avait tenté d’introduire un décret qui imposait le chèque pour les

transactions commerciales supérieures à 500 000 DA, l’exigence de

la traçabilité commerciale des affaires par notamment

l’établissement de la facture, les justificatifs des grands montants

en dinars et en devises avant les dépôts bancaires, etc. Ce projet de

régulation du marché et de l’économie en général a été stoppé net

par ce lobby financier et politique algérien.

Nous sommes bien dans  l’impasse !  Une impasse générale, car

elle est politique, économique, sociale, comportementale, et

stratégique !

Le tableau de bord Algérie en termes d’indices et de paramètres

socioéconomiques, générés par une gestion catastrophique et sans

aucune vision stratégique, n’est pas maintenant une équation à

deux inconnues, mais d’une myriade infinie d’inconnues politiques,

économiques et de probabilités de réussite. L’achat de la paix

sociale qui est tributaire totalement de la rente risque aussi

bientôt d’être impossible ! Aussi, la seule possibilité de forcer la

main à ce pouvoir pour changer de politique est bien verrouillée

par l’interdiction des manifestations. Comment faire alors ?

Si on travaillait au niveau du pouvoir  (présidence, ministères,

wilayas  ,tribunaux ,  Directions générales des entreprises et des

institutions , etc…), même quand on est simplets et incapable de

résoudre une équation a deux inconnues, une étude de la

révolution industrielle et  agroalimentaire  en Europe et en

Amérique permettra de tirer les enseignements qu’il faut,  et de se

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lancer dans une industrialisation sélective  et compétitive , d’autant

plus que nous avons une réserve financière qui le permet .Il faut

aussi tout simplement mettre le paquet , comme pour les logements

,  pour réhabiliter et motiver toutes les compétences du pays a

s’engager dans le redressement de l’économie nationale . Le rejet

de cette solution est justifié par les conséquences politiques

négatives quelle puisse engendrer,  car les compétences nationales

vont mettre à nu les graves disfonctionnements  de  l’économie

nationale, la corruption et la médiocrité  dans tout le système.

En plus , les conditions qu’exigeront les compétences ne seront pas

acceptées par le pouvoir en place au vu des risques de nuire a lui-

même , et pour les avantages qu’il faut attribuer équivalents au

moins à un salaire d’un député ou d’un sénateur inutile, chose qu’il

n’admettra pas !

Le pouvoir actuel ne peut pas aussi s’engager dans des réformes et

une politique d’industrialisation et de redressement

socioéconomique , pour la simple raison que les exigences de tels

projets nécessitent un préalable .Ce préalable concerne en premier

lieu , la fin de fonction a  faire parvenir à leurs hommes choisis et

placés dans des postes stratégiques et économiques dans le pays .

Ces désignations ont été faites par le clientélisme , le piston ,

l’appartenance au cercle du pouvoir , mais jamais sur la base de

critères  de compétences ,et de logique de promotion .En second

lieu , les nouvelles règles de management économiques universels

vont aussi dévoilé d’énormes trous noirs dans la gestion des

budgets de l’état , dans les bilans financiers des banques , dans les 

budgets des institutions et les bilans des entreprises.

Les compétences nationales peuvent bien esquisser  une stratégie

de développement générale, en partant de la situation actuelle et

des pressions de la mondialisation, qui conviendrait bien à notre

économie. La nouvelle stratégie économique devrait viser à amortir

en crescendo les effets néfastes de la chute des prix de pétrole sur

la stabilité du pays, et en même temps  réduire notre dépendance

de l’extérieur. Mais le pouvoir en place  ne peut  pas faire appel à

nos compétences, par la méprise d’abord qu’on leur accorde, et

ensuite  les énormes travaux économiques d’hercules qu’il faut

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entreprendre pour assainir et relancer l’économie algérienne sur

de bonnes bases .La rente a finalement engendré une paralysie du

système a aller a la recherche  d’autres options économiques de

diversification  qui nécessitent beaucoup d’efforts et de vigilances .

Cette inertie est aussi justifiée par la facilité procurée par la rente,

et par les  intérêts qu’ils ont de conserver cette opacité et ces

ténèbres du marché algérien.

La ré-industrialisation et la relance de l’agriculture du pays exige

tellement de conditions, que le pouvoir ne peut réunir maintenant.

On peut citer :

1- Des compétences en management,

2- Des qualifications de main d ‘œuvre,

3- La motivation des managers par des salaires très motivant en

fonction de l’importance de l’entreprise ou du projet agricole,

4- Une liberté de management sans les injonctions du pouvoir en

privilégiant les appréciations à travers les  bilans et des relations

entreprises – banque – commissaire aux comptes –tribunal (pour les

liquidations éventuelles)

5- Et l’instauration d’un contrat de performance raisonnable et

motivant,

6-  Un marché régulé,

7- Une concurrence loyale et contrôlée par l’interdiction  aussi de

rentrées des contrefaçons et des camelotes asiatiques, etc.

La relance  donc de l’industrialisation , de l’agriculture , du

tourisme , des services , des engineering financiers , et des

prospections de marchés internationaux  pour augmenter notre

PNB , nécessitent toute une nouvelle politique nationale qu’il faut

engager aujourd’hui au niveau de toute la chaîne sectorielle qui

concoure a la réalisation de cet objectif , à savoir :

1-Le ressourcement de toutes les institutions et les entreprises par

des compétences de valeurs,

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2-La création d’un système national de motivation des

compétences,

3-La réforme et le redressement de l’éducation nationale par la

réhabilitation du français et de l’anglais comme langues

scientifiques et techniques du cycle primaire a celui universitaire

tout en gardant l’arabe et tamazight comme langues nationales du

cycle primaire  a celui secondaire et même universitaire pour les

diplômes appropriés ( le massacre de l’éducation nationale et du

niveau universitaire  par l’arabisation insensée  au début des

années 80 et par la suite la destruction du niveau universitaire , a

bien réduit toute la jeunesse a un niveau médiocre et apolitique

même avec un doctorat ,  et qui ne comprennent même plus dans

quel système ils sont ? ni quels sont leurs droits ?  , et de ce fait ils

ne constituent plus un danger pour le pouvoir qui calme aussi les

« révoltés » par le biais des crédits ANSEJ ou autres domestications

et récupérations des plus intelligents   ) ,

4-La création d’universités d’excellence,

5-La formation à l’étranger de la maitrise et des cadres,

6-La facilitation des partenariats gagnant-gagnants,

7-Et la réadaptation du climat des affaires pour permettre

l’insertion et la vie a ces nouveaux projets industriels et

économiques.

Malheureusement, cette politique est impossible a réaliser avec la

mentalité rigide et conservatrice du pouvoir actuel, qui n’accepte

pas par exemple de payer un manager créateur de richesses le

double d’un député destructeur de richesses, car le politique prime

chez eux  contre l’économique, quitte à détruire tout le pays ou le

faire basculer dans le chaos.

Certes, on ne peut pas être comme l’Allemagne, le japon ou les

USA ; ils sont trop loin maintenant, ils ont pris trop d’avance sur les

pays sous-développés comme l’Algérie (sous développée par ses

gouvernants, non  par rapport aux potentiels qu’elle renferme),

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mais les stratégies existent pour  réduire très vite les écarts, dont

on peut citer :

a)- Tirer le maximum de profits de la rente en investissant dans la

formation des hommes,

b)- En rehaussant la recherche et le développement au niveau qui

leurs sied et préparer ainsi l’avenir aux générations futures,

c)- Investir dans les créneaux de production dont la matière

première existe en Algérie et qui permettra la compétitivité

internationale,

d)- Engager des partenariats bien étudiés et préparer des

transferts ou d ‘acquisition de technologies,

e)- Réhabiliter l’économique face au politique,

f)-  Elargir notre PNB par les achats d’actions dans des

multinationales ,

g)- Exiger de nos  ambassadeurs la promotion de nos produits a

l’export et non les confiner a des agences administratives de

représentation du pays a l’extérieur,

h)-  préparer  les générations futures à relever tous les défis.

Il faut savoir aussi qu’avec seulement 20 milliards de dollars on

peut créer plus de 20 000 PME qui emploieront entre 50 à 300

travailleurs, soit une création d’emplois de plus de 2,5 millions de

postes de travail.

Les 20 000 PME qu'on pourrait créé ne permettront pas seulement de

créer 2,5 millions d’emplois, mais elles permettront aussi une intégration

des importations d'au moins 50 %, ce qui entrainera de fait une nette

amélioration de la balance commerciale extérieure et une meilleure

fiscalité qui assurerait les équilibres budgétaires.

Mais rester ainsi, passif et inactif, piétinant l’université, le travail

et la volonté de bien faire,  on prépare  plutôt l’Algérie  a un avenir

sombre et incertain.

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 Ce qui est suggéré dans cette contribution comme politiques et

changements urgents a opérer au sein du système , ainsi que les

stratégies d’intérêt national, est plus ou moins connu par certains

membres influents du pouvoir, en outre des modèles socio-

démocrates existent , notamment celui norvégien , allemand ou

finlandais  desquels on peut bien s’inspirer , et bien mieux encore

on peut bien faire des mixages entre le modèle norvégien et celui

des émirats arabes unis pour intégrer la question de l’islam par

exemple , etc. et sortir des ce laxisme politique qui ne peut que

nous confirmer l’esprit criminel de ce pouvoir ou bien son

incompétence et sa médiocrité  sur tous les plans.

Je vous l’ai dit, au début, si on veut devenir technologique,  on

devient technologique et on devient exportateur agricole, c’est une

question de volonté politique, de compétence et d ‘engagement

pour les intérêts de la nation. Se complaire dans la consommation

de la rente avec iniquité, car on ne laisse que des miettes tomber

vers le peuple ;  C’est la preuve de l’incompétence, de la folie du

pouvoir, et du crime latent contre l’Algérie et son peuple.

Sadek KHEDDACHE

Chercheur en sociologie et politique islamique

contemporaine.

Ex : DG de SPA franco-algérienne et ex : manager de

plusieurs sociétés privées.

Consultant en management, innovation et développement

d’entreprises.