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Afficher cette lettre dans votre navigateur internet Par Olivier GUY, édition du 03/12/2012 A la une La 18ème Conférence des Nations Unies sur le climat s'est ouverte à Doha (Qatar) le 26 novembre et se poursuivra jusqu'au 7 décembre. Coté medias occidentaux, on reste très discret. Après Copenhague, Durban et le Sommet de la Terre à Rio, personne ne croit plus à des avancées spectaculaires. Le multilatéralisme s'essoufle, d'autres voies sont à explorer. De toutes façons, Doha est considéré comme un sommet de transition. Dans The Guardian , Fiona Harvey fustige les diplomates qui discutent pendant des jours de l'emplacement d'une virgule alors que le Monde se dirige vers +6°C à la fin du siècle. Juliet Eilperin du Washington Post reprend les propos du chef de la délégation chinoise, estimant que les émissions de son pays continueraient à augmenter jusqu'en 2030. Sur le site d'Aljazeera , le directeur de GreenPeace International, Kumi Naidoo, s'interroge sur la capacité des négociateurs à avancer sur l'ordre du jour : la prolongation du protocole de Kyoto et la neutralisation des crédits carbone excédentaires de la précédente période, des objectifs ambitieux de réduction des émissions, l'établissement des bases d'un accord général contraignant à adopter en 2015, le financement de la transition et de l'adaptation des pays en développement, grâce au fonds vert, la protection de la forêt et des populations indigènes. Au moins les délégués pourront-ils profiter de l'architecture impressionnante du Qatar National Exhibition Center, conçue par Arata Isozaki et photographiée ici par Dennis Guichard. Météo et climat [Effet de serre] L'Organisation Météorologique Mondiale (WMO) a publié son rapport annuel sur la concentration des différents gaz à effet de serre dans l'atmosphère. Pas de surprise, elle a atteint de nouveaux sommets en 2011. Le forçage radiatif (c'est à dire l'action réchauffante) du à ces gaz, et principalement au CO 2 , a augmenté de 30% depuis 1990. Cela ne va pas s'arranger si l'on en croit une étude -eh oui, encore une- du Programme des Nations Unies pour l’Environnement (UNEP) : Emission Gap Report 2012 . Ce rapport s'attache à déterminer si les engagements pris par les différentes nations pour limiter leurs émissions de gaz à effet de serre suffisent pour limiter la hausse à 2°C, objectif internationalement accepté. La réponse est ... non. D'autant plus que les engagements, déjà insuffisants, ne sont pas respectés. Il faudrait des émissions globales annuelles ramenées à 44 GTeqCO 2 (gigatonnes équivalent CO 2 ) en 2020, or les projections actuelles nous emmènent vers 58 GTeqCO 2 . Bon résumé en français sur le site de l'UNEP, avec quand même quelques notes positives : tout n'est pas encore perdu ! 1

La lettre du climat n°01

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Page 1: La lettre du climat n°01

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Par Olivier GUY, édition du 03/12/2012

A la une

La 18ème Conférence des Nations Unies sur le climat s'est ouverte à Doha (Qatar) le 26 novembre et se poursuivra jusqu'au 7 décembre. Coté medias occidentaux, on reste très discret. Après Copenhague, Durban et le Sommet de la Terre à Rio, personne ne croit plus à des avancées spectaculaires. Le multilatéralisme s'essoufle, d'autres voies sont à explorer. De toutes façons, Doha est considéré comme un sommet de transition.

Dans The Guardian, Fiona Harvey fustige les diplomates qui discutent pendant des jours de l'emplacement d'une virgule alors que le Monde se dirige vers +6°C à la fin du siècle.Juliet Eilperin du Washington Post reprend les propos du chef de la délégation chinoise, estimant que les émissions de son pays continueraient à augmenter jusqu'en 2030.Sur le site d'Aljazeera, le directeur de GreenPeace International, Kumi Naidoo, s'interroge sur la capacité des négociateurs à avancer sur l'ordre du jour : la prolongation du protocole de Kyoto et la neutralisation des crédits carbone excédentaires de la précédente période, des objectifs ambitieux de réduction des émissions, l'établissement des bases d'un accord général contraignant à adopter en 2015, le financement de la transition et de l'adaptation des pays en développement, grâce au fonds vert, la protection de la forêt et des populations indigènes.

Au moins les délégués pourront-ils profiter de l'architecture impressionnante du Qatar National Exhibition Center, conçue par Arata Isozaki et photographiée ici par Dennis Guichard.

Météo et climat

[Effet de serre]

L'Organisation Météorologique Mondiale (WMO) a publié son rapport annuel sur la concentration des différents gaz à effet de serre dans l'atmosphère. Pas de surprise, elle a atteint de nouveaux sommets en 2011. Le forçage radiatif (c'est à dire l'action réchauffante) du à ces gaz, et principalement au CO2, a augmenté de 30% depuis 1990.

Cela ne va pas s'arranger si l'on en croit une étude -eh oui, encore une- du Programme des Nations Unies pour l’Environnement (UNEP) : Emission Gap Report 2012. Ce rapport s'attache à déterminer si les engagements pris par les différentes nations pour limiter leurs émissions de gaz à effet de serre suffisent pour limiter la hausse à 2°C, objectif internationalement accepté. La réponse est ... non. D'autant plus que les engagements, déjà insuffisants, ne sont pas respectés. Il faudrait des émissions globales annuelles ramenées à 44 GTeqCO2 (gigatonnes équivalent CO2) en 2020, or les projections

actuelles nous emmènent vers 58 GTeqCO2. Bon résumé en français sur le site de l'UNEP, avec quand

même quelques notes positives : tout n'est pas encore perdu !

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Pour faire bon poids, lire encore un autre rapport de l'UNEP -décidément ils ne chôment pas- sur la fonte du permafrost (pergélisol en français), ces terres gelées sur plusieurs centaines de mètres de profondeur qui entourent l'Arctique. C'est l'exemple type d'une "rétro-action positive" : la hausse des températures fait dégeler le permafrost qui libère du dioxyde de carbone et du méthane dans l'atmosphère, accentuant ainsi le réchauffement. Spirale infernale.

[Changement climatique / Europe]

L'Union Européenne y va aussi de ses rapports, comme celui-ci, réalisé par l'Agence Européenne de l'Environnement (EEA) : "Climate change, impacts and vulnerability in Europe 2012". Il décrit les effets du changement climatique déjà meusrables sur notre continent -fréquence des sécheresses et inondation, précipitations, niveau des mers- et leurs impacts. Certains sont positifs, comme l'allongement des périodes de récolte en Europe du Nord, mais la plupart sont néfastes surtout en Europe Centrale et du Sud.

Energie et matières premières

[Pétrole]

Jean-Marc Jancovici s'en prend dans le Cercle des Echos à l'Agence Internationale de l'Energie qui prévoit un boom pétrolier aux Etats-Unis grâce aux pétroles de roche mère (en gros, l'équivalent liquide des gaz de schiste). Selon lui, elle se serait toujours trompée dans ses prévisions par le passé. Mauvais procès à mon avis : les prévisions ne sont pas des prédictions.

Economie et Politique

[Agriculture / France]

La dépendance à l'énergie de l'agriculture française la rend trop vulnérable aux soubresauts du marché. Pour les exploitations sous serre chauffées, l'énergie représente 30 à 40% des charges. Il faudrait développer l'autoproduction à la ferme (biomasse, biogaz, solaire). Analyse d'une étude de l'Ademe sur le sujet par Dorothée Laperche dans Actu-Environnement.

[Plans nationaux / Chine / Australie]

A l'occasion de la publication simultanée des livres blancs australien et chinois sur les feuilles de route énergétiques respectives de ces deux pays, John Mathews met en lumière leur différence de vision (The Conversation). Il présente une Australie ancrée dans une logique passéiste d'exploitation et d'exportation de ressources fossiles brutes, surtout gaz et charbon, alors que la Chine s'engage agressivement dans les énergies renouvelables et les réseaux électriques intelligents.

Science et technologie

[Eolien]

Une éolienne offshore de 10MW a été mise au point par la société norvégienne Sway Turbine AS (le modèle actuel le plus puissant, fabriqué par Vestas, affiche 8 MW). Un véritable monstre, dont le rotor fait 145 mètres de diamètre. Plusieurs innovations lui permettraient de réduire les coûts au kilowattheure de 15 à 20% par rapport aux éoliennes classiques. Elle doit entrer prochainement en phase de test (Techno-science.net). Pour une présentation synthétique de la problématique de l'éolien offshore, voir ce document du Ministère de l'écologie.

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Entreprises

[Débat énergétique national / gaz de schiste]

L'Usine Nouvelle fait état des conclusions d'un groupe de travail du Groupement des Entreprises Parapétrolières et Paragazières qui affirme pouvoir maitriser les risques de l'exploitation des gaz de schistes en France : pollution des sous-sols, gestion en eau, composition des fluides de fracturation et impacts sociétaux. Un constat opportunément rendu public au commencement du débat sur la transition énergétique.

Société

[Eco-cités]

Deutsche Welle publie un article plutôt critique sur Masdar, la ville entièrement neutre en carbone qui se construit en plein désert d'Abu Dhabi : énergie solaire, recyclage des déchets, transports électriques pour 40.000 habitants et autant de travailleurs journaliers. L'ambition de devenir la Silicon Valley des énergies nouvelles... Le chantier prend 10 ans de retard et présente apparemment de nombreuses faiblesses.

Photo/vidéo de la semaine

Grâce à ce reportage de The Verge, on plonge dans les entrailles d'un central de communication téléphone et internet situé en plein New York et dévasté par la tempête Sandy. L'arrière-cuisine de la communication moderne n'est pas très reluisante et apparait très vulnérable aux aléas climatiques.

Abréviations :WMO : World Meteorological OrganizationUNEP : United Nations Environment ProgramEEA : European Environment Agency

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