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N°252 - du 22 au 28 février 2011 2012 : une nouvelle génération ? (1/2)

Lettre 252

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Lettre Exprimeo : "la génération terrain". (1/2)

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N°252 - du 22 au 28 février 2011

2012 : une nouvelle génération ?

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L’opinion publique fran-çaise connaît deux pou-voirs : le Président et le Maire. En ces deux occasions, l’opinion publique s’é-chappe des logiques de défoulements qui peuvent exister lors d’autres scru-tins. Dans une quinzaine de mois, la présidentielle 2012 connaîtra ses der-niers jours décisifs ou-vrant la période des légi-slatives dans l’immédiate foulée. Cette période peut-elle être de nature à changer significativement l’actuel-le donne politique ? De façon préalable, il im-porte de rappeler com-bien la présidentielle 2012 reste à ce jour une inconnue. Les évène-ments actuels majeurs dans le monde arabe ajoutent aux interroga-tions traditionnelles. Ils peuvent significativement

impacter l’économie mon-diale et ouvrir une pério-de de crises profondes. Ce contexte éventuel changerait bon nombre des actuelles prévisions. A supposer que de telles perspectives ne se véri-fient pas et donc en res-tant à l’écart d’un scena-rio du chaos, il est pour-tant possible d’identifier des changements majeurs probables. La présidentialisation des élections législati-ves semble s’inscrire dans la durée. Si un doute demeurait sur la présidentialisation du régime politique Français, la dernière décennie a le-vé les dernières interro-gations en ce domaine. La France est entrée tota-lement dans la logique permanente de démocra-tie d’opinion. Dans cette démocratie, c’est le Prési-

dent de la République qui est au centre des appré-ciations. Lors des élections législa-tives de juin 2012, l’opi-nion va se comporter comme elle le fait désor-mais dans ce calendrier très particulier : elle don-ne une majorité au Prési-dent pour qu’il ait les moyens politiques pour appliquer son contrat conclu lors de la présiden-tielle. Par conséquent, selon les géographies et selon les résultats de cette prési-dentielle, il y a là une tendance qui va considé-rablement influencer les nouveaux rapports de for-ces. Le calendrier entre le ré-sultat présidentiel et les élections législatives est tellement restreint que la campagne législative est entièrement étouffée. Il faut alors identifier une vague et tenter de surfer

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Vincent Peillon ou le retour des intellectuels Vincent Peillon est le mar-queur de la place des intellec-tuels dans le débat politique français. Longtemps caractérisée par une surreprésentation des in-tellectuels, la vie politique française a été plutôt désertée par eux ces dernières années à quelques exceptions près. Vincent Peillon est l’une de ces exceptions. Quelle place prendra-t-il dans le débat 2012 ?

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avec elle. Cette logique installe davantage un en-jeu de style, d’image que de contenu. Dans cette bataille du style, des mots clefs com-mencent à émerger mani-festement : - changement : ce chan-gement n’est pas tant une question d’âge d’état civil qu’une capacité à incar-ner une certaine fraî-cheur, un renouvelle-ment, - gagneur : là aussi, c’est le leader qui marque sa capacité à faire, à agir, à réaliser, - proximité : derrière la connotation habituelle de ce mot est surtout appa-rue une attente de sym-pathie. C’est la proximité affective qui modère le poids pénalisant de l’en-gagement partisan. Les prochaines élections seront d’abord une batail-le d’images sur des critè-res émotionnels. C’est la proximité humaine de ter-rain qui va communiquer en créant des évène-ments visuels accélérant l’implication et l’adhésion des citoyens. Cette démocratie émo-tionnelle de l’instant qui manie les symboles, les images bien au-delà de leur rationalité est le so-cle des victoires .

Cette logique de l’émotion visuelle immédiatement consommable va d'ail-leurs considérablement marginaliser le débat poli-tique traditionnel. Comme cette place des émotions grandit dans un contexte de moindre an-crage idéologique, la vo-latilité de l’électorat aug-mente. L’installation de cam-pagnes des fiertés lo-cales. La fierté locale n’est pas une idéologie. C’est un état d’esprit qui repose sur l’exaltation de critères d’identité (géographique, culturelle …) pour présen-ter une alternative aux

idéologies habituelles et ouvrir des partenariats nouveaux. Ces dernières années, La p o u s s é e d e s «patriotismes locaux» a été considérable. Les campagnes des fiertés lo-cales ont été innombra-bles : depuis le «temps d’avance» à Paris jusqu’à Lyon «la ville que le mon-de entier va nous envier» ... Que traduit ce phénomè-ne ? Tout d’abord, dans des circonstances où les idéo-logies traditionnelles ont fait preuve de leurs fai-blesses et s’avèrent inca-pables de mettre en œu-vre des solutions dura-

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bles, l’opinion éprouve alors le besoin de se réfu-gier dans une autre voie. Ensuite, l’émergence du patriotisme local accom-pagne les périodes où les valeurs universelles sont perçues comme un luxe. L’opinion publique ne conteste pas fondamenta-lement telle ou telle va-leur d’accueil, de libéralis-me, de tolérance mais el-le considère que la pres-sion des évènements du moment renvoie ces va-leurs à des défis d’une autre époque ou à des as-pects de «vitrine» qui n’ont plus de raison d’ê-tre. Enfin, dernière étape, fa-ce à des sociétés de plus en plus précaires, ce pa-triotisme local est perçu comme un moyen de «protection» au moment où la période actuelle est marquée par l’échec sur trois fronts d’aspirations vitales pour le progrès de l’espèce humaine : être, se réaliser, fraterniser. La présidentielle 2012 se jouera sur ces trois thè-mes. Dans l’actuelle ambiance d’insatisfaction et de dis-crédit, il paraît probable que cette campagne ou-vre un espace à une nou-velle génération. Une «nouvelle généra-

tion» d’élus va appa-raître. C’est une tendance forte des actuelles enquêtes d’opinion. L’actuelle offre politique ne correspond plus à la demande qui est à la recherche de cœur et de proximité. Si l’opinion publique fran-çaise entretient un rap-port très original avec son passé, son rapport au fu-tur n’échappe pas à des considérations complexes. L’une des tendances fon-damentales consiste à at-tendre des points de re-pères permanents. Le discours politique fran-çais est celui qui veille le plus à dissiper l’inconnu, à éliminer la surprise. Les citoyens français aspi-rent à la programmation qui leur donne la visibilité dont ils ont besoin. L’ab-sence de visibilité les in-quiète. Pire, ils assimilent souvent la spontanéité ul-térieure d’évènements à un défaut de programma-tion comme si tout pou-vait être prévisible… Pour les Français, le pré-sent n’est qu’un point transitoire entre le passé et le futur. Le passé est riche de ré-férences qui permettent de classer chaque évène-ment dans une catégorie déjà ouverte. Le futur doit

Le précédent des légi-slatives de 2007 En 2007, le 1er tour des lé-gislatives a été l’heure de gloire de l’UMP dépassant la barre des 40 % là où le PS peinait à franchir celle des 30 %. Le MoDem n’est pas parvenu à franchir le seuil des 10 %. Toutes les autres formations descendaient alors en dessous de la barre emblématique des 5 %. 2) La faiblesse du MoDem naissait. La parenthèse de la «vitalité Bayrou » se refer-mait. 3) Des défaites spectaculai-res de vedettes du PS étaient annoncées au soir du 1er tour : Montebourg, Dray, Queyranne, Bianco … Il faudra beaucoup d’énergie pour corriger le tir pour le second tour. 4) La participation chutait par rapport à la présiden-tielle. Chaque camp avait adopté une grille de lecture qui démobilisait. La droite parce qu'elle est devenue certaine de gagner. La gau-che parce qu'elle traversait les explications orageuses de la défaite présidentielle.

5) Des géographies s'apprê-taient à connaître des "redistributions" de pouvoir à l'approche du lancement des élections locales. Le cas le plus emblématique est indiscutablement la situation de Lyon où la défaite d’An-ne-Marie Comparini et des ex-UDF ouvrait une nouvelle donne considérable tournant

des pages historiques.

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être une prolongation du passé sous ses aspects les plus positifs. Dans certains pays, dont les Etats-Unis, le passé est rapidement marginali-sé car c’est du «temps mort» puisque «derrière». L’avenir ne prolonge pas le passé. Il est le présent de demain et l’objectif est de conserver le maximum possible d’options ouver-tes. L’actuel décrochage entre l’opinion et sa représenta-tion politique peut ouvrir une étape nouvelle de ra-dicale modification à l’op-posé des usages d’évolu-tions douces. Dans cette optique, 11 personnalités nous pa-

raissent mériter une at-tention particulière car el-les correspondent à des ancrages prometteurs en-tre leurs profils, leurs géographies et les atten-tes de l’opinion : • Isabelle Baert,

Conseillère Municipa-le de Lille, responsa-ble de la fédération du Nord du mouve-ment de Dominique de Villepin,

• Steeve Briois ,

membre de l ‘équipe nationale du FN, pro-che de Marine le Pen, élu du Pas de Calais,

• Denis Broliquier,

Maire DvD du 2ème arrondissement de Lyon, Conseiller Gé-

néral du Rhône (photo page 8),

• France Jamet ,

Conseillère Régionale FN de Languedoc Roussillon (photo page 4),

• Patrick Labaune,

Député UMP de la Drôme (photo couvertu-

re), • Augustin Legrand,

Conseiller Régional Ile de France (Verts) (photo page 9),

• Jean Vincent Placé,

Conseiller Régional Ile de France (Verts),

• Patrick Mennucci,

Maire du 1er arron-dissement de Mar-

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-seille, Conseiller Ré gional PACA (PS), • Vincent Peillon,

Député Européen (PS) (photo page 3),

• Hugues Renson,

responsable de la fé-dération Paris de Ré-publique Solidaire,

• Arnaud Tauzin,

Conseiller Régional UMP d’Aquitaine, Conseiller Municipal de St Sever et Prési-dent de la fédération UMP des Landes.

Ces onze personnalités sont au carrefour de ten-

dances lourdes qui, selon les résultats de 2012, de-viendront des marqueurs de tendances avec des effets accélérateurs. Patrick Labaune ou la génération reconquête par le terrain En mars 2008, Patrick La-baune est Maire sortant de Valence. A la tête de cette Capitale de la Drô-me, il a effectué un tra-vail considérable depuis deux mandats déjà. Le climat politique national est difficile pour sa ten-dance politique (UMP) mais tous les observa-

teurs considèrent que cet-te contrainte le conduira à une victoire plus serrée que d’ordinaire. Le soir du second tour, c’est la surprise : Patrick Labaune est battu. Patrick Labaune devient l’un des symboles des élus locaux emportés par une vague nationale vi-sant à sanctionner le pou-voir présidentiel. Une va-gue considérable, histori-que (voir tableaux pages 6 et 7) qui allait modifier de très nombreux rap-ports de forces locaux. Loin de s’éloigner de cette belle ville, Patrick Labau-

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connaissent chaque quar-tier d’une ville, qui ont partagé les bons et mau-vais moments de très nombreuses familles. Par sa résistance dans une épreuve aussi injuste, Pa-trick Labaune a acquis une dimension humaine nouvelle aux yeux des ci-toyens qu’il représente. Il incarne la loyauté dans la durée et non pas l’artifice dans l’ambition. Il est de-venu mode en cette pé-riode de retour des va-leurs d’authenticité.

ne et sa dynamique sup-pléante, Marlène Mourier, n’abandonnent en rien leurs habitudes de très forte présence sur le ter-rain. Au début, les contacts sont plus difficiles. Des électeurs témoignent une certaine gêne devant ce score si ingrat. Les an-ciens élus municipaux ex-priment parfois une cer-taine amertume devant une telle sanction politi-que si déconnectée des réalités concrètes d’un bi-lan. Le temps passe. Les successeurs font «leurs preuves». Progressive-ment, la réconciliation avec les citoyens tournent

à la nouvelle romance. Fin janvier 2011, plus de 2 200 valentinois se pres-saient aux vœux de Pa-trick Labaune battant des records de présence dans un climat chaleureux di-gne des plus beaux temps forts d’une campagne électorale pourtant … pas encore ouverte. Patrick Labaune est le symbole de la génération terrain décidée à re-conquérir «la preuve loca-le» qu’un scrutin national leur a enlevée. Face aux technocrates, aux politi-ciens abstraits, il incarne la génération des réalités. Des élus locaux qui

Editeur : Newday www.exprimeo.fr

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En novembre 2008, le Parti Républicain américain a donné naissance à une toute nouvelle génération politique. Cette di-versité est largement apparue lors de la récente édition de la CPAC la semaine dernière. La vie politique française dis-pose-t-elle d’un tel vivier tou-tes formations politiques confondues ? Et si oui, quels sont les profils à suivre qui pourraient incar-ner la génération de juin 2012 ?

Parution le : 1er mars 2011.