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Monsieur le Président, Dans un message électronique daté du 15 mars, vous m’avez in- terpellé quant à nos propositions et à notre programme concernant Saint-Cloud. Vos questions portaient notamment sur l’urbani- sation de la ville, sa densification, la protection de ses espaces verts, ses aménagements et la fiscalité. Je vous remercie très sincèrement pour ces questions concrètes, légitimes et fondamentales pour l’avenir de notre ville. Je vais tenter d’y répondre de façon très claire et j’espère que vous pourrez porter à la connaissance de vos adhérents le contenu de cette réponse. Pour autant, je ne suis pas convaincu que mes réponses satisfassent vos adhérents. Ma conception de la morale publique et de l’éthique en politique m’obligent néanmoins à la plus grande transparence et à une absolue sincérité. Je sais qu’il est de bon ton d’abonder systématiquement dans le sens de ceux qui vous interpellent, surtout en période électorale... Je préfère quant à moi expliciter, objectiver et assumer les désaccords, tout en vous assurant de ma réelle ouverture d’esprit et de ma totale disponibilité pour échanger avec vous et nuancer mes propos, voire à modifier mes positions si vous parvenez à me convaincre sur le fond. Pour répondre à vos questions, il convient de se replacer dans une perspective historique. Saint-Cloud compte, en 2014, 29 194 habitants. Elle en comptait 29 726 en 2009. Loin de certains fantasmes qui ont été relayés pendant la campagne électorale, Saint-Cloud n’est pas en phase d’explosion démo- graphique. Elle a même perdu des habitants ces dernières an- nées. D’ailleurs, dans les années 60 Saint-Cloud comptait plus de 29 000 habitants. Il y a donc une véritable stabilité démo- graphique de long terme. Pourtant, c’est là le paradoxe, la ville poursuit sa densification. Il s’agit là d’un phénomène démo- graphique bien connu et valable au niveau national : la décoha- bitation. Alors que l’on comptait plus de 3 personnes par foyer à Saint-Cloud il y a quelques années, on ne compte plus que, en moyenne, 2,1 personnes par foyer aujourd’hui. Les raisons sont multiples : vieillissement de la population (départ des enfants du foyer), familles recomposées, divorces, gardes alternées… La conséquence, c’est que nous sommes obligés de construire à Saint-Cloud une soixantaine de nouveaux logements par an (donc de densifier) pour assurer la stabilité démographique de la ville (et non la croissance du nombre d’habitants). La stabilité démographique est importante car une ville qui se dépeuple est une ville qui meurt : moins de commerces, moins d’écoles, moins d’équipements collectifs, moins de rentrées fiscales… En région parisienne, les logements sont rares et chers. Des milliers de familles sont logées dans des conditions précaires ou insa- lubres. Les conditions de vie et d’insécurité sociale qui en résultent sont dramatiques et toute personne manifestant un minimum d’empathie pour autrui, que cette empathie soit inspirée par des convictions morales, religieuses, philosophiques ou politiques, ne peut y rester insensible. Peut-on se satisfaire de reléguer en lointaine banlieue, dans des ghettos, les familles les plus pré- caires ? Comment continuer à déplorer les incivilités, l’échec scolaire, les problèmes d’intégration et de communautarisme si nous continuons à reléguer et à concentrer les familles les plus dans la difficulté à l’extrême périphérie des villes ? Sans parler de la pollution qui en découle, des temps de trajet dans les transports en commun et de l’impact que cela peut avoir sur les cellules familiales. Le projet du Grand Paris vise notamment à participer à la résolution de ces problèmes. Certaines communes ont souhaité privilégier l’immobilisme et l’égoïsme en ne prenant pas leur part des problèmes collectifs : refus de construire du loge- ment social, préservation des intérêts catégoriels et de « l’entre-soi ». Nous devons au contraire renouer avec l’intérêt général. L’association « Aimer Vivre à Saint-Cloud » a adressé à Xavier Brunschvicg, candidat de la gauche à Saint-Cloud ainsi qu’aux autres candidats, une lettre concernant l’avenir de la ville. Vous trou- verez ci-dessous la réponse que nous lui avons apportée le 18 mars, en espérant que la transpa- rence dont nous faisons preuve permettra de faire avancer le débat démocratique à Saint-Cloud.

Urbanisation à Saint-Cloud : réponse à Aimer Vivre à Saint-Cloud

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Lettre adressée par Saint-Cloud Rive-Gauche, Xavier Brunschvicg, à l'association Aimer Vivre à Saint-Cloud qui a interpelé tous les candidats quant à leurs projets pour la ville.

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Monsieur le Président,

Dans un message électronique daté du 15 mars, vous m’avez in-

terpellé quant à nos propositions et à notre programme concernant

Saint-Cloud. Vos questions portaient notamment sur l’urbani-sation de la ville, sa densification, la protection de ses espaces verts, ses aménagements et la fiscalité.

Je vous remercie très sincèrement pour ces questions concrètes, légitimes et fondamentales pour l’avenir de notre ville. Je

vais tenter d’y répondre de façon très claire et j’espère que vous

pourrez porter à la connaissance de vos adhérents le contenu

de cette réponse.

Pour autant, je ne suis pas convaincu que mes réponses satisfassent

vos adhérents. Ma conception de la morale publique et de l’éthique en politique m’obligent néanmoins à la plus grande transparence et à une absolue sincérité. Je sais qu’il est de bon

ton d’abonder systématiquement dans le sens de ceux qui vous

interpellent, surtout en période électorale... Je préfère quant à moi

expliciter, objectiver et assumer les désaccords, tout en vous assurant

de ma réelle ouverture d’esprit et de ma totale disponibilité pour

échanger avec vous et nuancer mes propos, voire à modifier mes

positions si vous parvenez à me convaincre sur le fond.

Pour répondre à vos questions, il convient de se replacer dans

une perspective historique. Saint-Cloud compte, en 2014, 29 194 habitants. Elle en comptait 29 726 en 2009. Loin de

certains fantasmes qui ont été relayés pendant la campagne

électorale, Saint-Cloud n’est pas en phase d’explosion démo-graphique. Elle a même perdu des habitants ces dernières an-

nées. D’ailleurs, dans les années 60 Saint-Cloud comptait plus de 29 000 habitants. Il y a donc une véritable stabilité démo-

graphique de long terme. Pourtant, c’est là le paradoxe, la ville poursuit sa densification. Il s’agit là d’un phénomène démo-

graphique bien connu et valable au niveau national : la décoha-

bitation. Alors que l’on comptait plus de 3 personnes par foyer

à Saint-Cloud il y a quelques années, on ne compte plus que, en

moyenne, 2,1 personnes par foyer aujourd’hui. Les raisons sont

multiples : vieillissement de la population (départ des enfants

du foyer), familles recomposées, divorces, gardes alternées…

La conséquence, c’est que nous sommes obligés de construire à Saint-Cloud une soixantaine de nouveaux logements par an (donc de densifier) pour assurer la stabilité démographique de la ville (et non la croissance du nombre d’habitants).

La stabilité démographique est importante car une ville qui se dépeuple est une ville qui meurt : moins de commerces, moins

d’écoles, moins d’équipements collectifs, moins de rentrées fiscales…

En région parisienne, les logements sont rares et chers. Des milliers de familles sont logées dans des conditions précaires ou insa-lubres. Les conditions de vie et d’insécurité sociale qui en résultent

sont dramatiques et toute personne manifestant un minimum

d’empathie pour autrui, que cette empathie soit inspirée par des

convictions morales, religieuses, philosophiques ou politiques, ne

peut y rester insensible. Peut-on se satisfaire de reléguer en lointaine banlieue, dans des ghettos, les familles les plus pré-caires ? Comment continuer à déplorer les incivilités, l’échec scolaire, les problèmes d’intégration et de communautarisme si nous continuons à reléguer et à concentrer les familles les plus dans la difficulté à l’extrême périphérie des villes ? Sans

parler de la pollution qui en découle, des temps de trajet dans les

transports en commun et de l’impact que cela peut avoir sur les

cellules familiales. Le projet du Grand Paris vise notamment à

participer à la résolution de ces problèmes. Certaines communes

ont souhaité privilégier l’immobilisme et l’égoïsme en ne prenant

pas leur part des problèmes collectifs : refus de construire du loge-

ment social, préservation des intérêts catégoriels et de « l’entre-soi ».

Nous devons au contraire renouer avec l’intérêt général.

L’association « Aimer Vivre à Saint-Cloud » a adressé à Xavier Brunschvicg, candidat de la gauche à Saint-Cloud ainsi qu’aux autres candidats, une lettre concernant l’avenir de la ville. Vous trou-verez ci-dessous la réponse que nous lui avons apportée le 18 mars, en espérant que la transpa-rence dont nous faisons preuve permettra de faire avancer le débat démocratique à Saint-Cloud.

Pour autant, nous ne sommes pas des partisans de la densifi-cation à outrance de Saint-Cloud et nous n’avons absolument

aucun objectif quantitatif en termes de nombre d’habitants. Il est à la fois irréaliste et illusoire de vouloir porter la population de Saint-Cloud à 35 000 ou 40 000 habitants. Il n’y a tout simplement

pas assez de place. Notre objectif principal, c’est la diversité et la mixité sociale. Si pour parvenir à cette mixité sociale nous devons

en passer par un minimum de densification, alors nous sommes

prêts à l’assumer.

Ce qui est sûr, c’est que si nous laissons faire le marché, la loi de

l’offre et de la demande, Saint-Cloud ne sera bientôt plus habitée

que par des traders, des avocats d’affaires et des rentiers. Comment fait concrètement une famille de la classe moyenne pour ha-biter à Saint-Cloud ? Les loyers sont exorbitants. Quant à l’accession

à la propriété, si vous n’êtes pas détenteur d’un patrimoine initial

très conséquent qui vous a été transmis par votre famille, inutile d’y

penser. Je me souviens d’un temps où une famille avec le couple

qui travaille, cadre moyen ou supérieur, avec des salaires confor-

tables, pouvait raisonnablement envisager d’acheter une petite

maison à Saint-Cloud avec le fruit de leur travail. C’est devenu tota-

lement impossible et je le regrette. Nous souhaitons par conséquent

que tout nouveau programme immobilier intègre 50% de logements

sociaux et de l’accession sociale à la propriété. Nous souhaitons

également que la ville n’hésite pas à préempter certains terrains

pour y construire des logements accessibles au plus grand nombre.

Mais soyons clairs, nous ne sommes pas partisans de défigurer ou de « bétonner » Saint-Cloud ! Nous souhaitons préserver ses

zones pavillonnaires, ses espaces verts, le parc bien évidemment

et les belles maisons si typiques de la ville et qui font son charme.

La densification, si densification il y a, doit se concentrer sur certaines artères déjà largement « impactées » : Boulevard de la

République, rue Gounod, rue Dailly… De ce point de vue, le PLU, certes

malheureusement imposé par Monsieur Berdoati sans suffisam-

ment de concertation, n’est pas scandaleux. Néanmoins, des marges

de manœuvre existent. Il reste un peu de foncier disponible. La ca-

serne Sully, en dessous des Bureaux de la Colline, est à l’abandon

depuis de nombreuses années alors que nous pourrions y construire

un magnifique éco-quartier comportant de nombreux logements

sociaux. Il y a aussi beaucoup de bureaux dans la ville qui sont

inoccupés. Alors que la ville compte plus de gens qui y travaillent que d’actifs qui y résident, nous pensons qu’il faut donner la priorité aux logements et non aux bureaux. La ZAC Porte Jaune

a été une grande réussite sociale et architecturale. Pourquoi ne pas

en créer d’autres ? Plutôt que de détruire de vieilles maisons pour y

construire un immeuble, ne peut-on pas envisager de les restruc-

turer en appartements ? Les exemples sont innombrables et nous

en avons détaillé un certain nombre dans notre programme.

Concernant la fiscalité, je vais là-aussi prendre le risque de l’impopularité. Je n’ai à ce sujet aucun tabou. Sachez que Saint-Cloud est l’une des villes des Hauts de Seine où la fiscalité est la plus faible et que son endettement est lui aussi très limité. Il est de 980 € environ par habitant. À comparer avec les 17 000 € de

Levallois ou les 2 000 € de Suresnes. La question qui se pose pour nous n’est pas tant celle de la fiscalité ou de l’endettement mais celle de l’efficacité de la dépense publique et du besoin des habitants. Si nous appliquions à Saint-Cloud une fiscalité locale

équivalente à celle de la fiscalité moyenne appliquée dans les Hauts

de Seine, nous parviendrions à dégager 16 millions d’euros par an,

des ressources qui pourraient servir à augmenter notre capacité

d’autofinancement afin d’investir dans des infrastructures collectives

utiles à la population : logements, gymnases, crèches, écoles, voie-

rie, maison de la santé… Sur les 36 communes des Hauts de Seine, Saint-Cloud est à la 32ème place en termes d’investissements. Bref, nous n’avons aucune envie d’augmenter les impôts à Saint-

Cloud mais si des projets de qualité émergent, alors nous ne nous

interdisons rien a priori. Notre position n’est pas dogmatique.

Pour résumer, nous croyons que Saint-Cloud mérite mieux ! Une ville aussi richement dotée économiquement, socialement et professionnellement ne peut se contenter de la médiocrité et de l’immobilisme.

Notre projet pour la ville est ambitieux. Il vise à mettre la ville en mouvement, à renouer avec la diversité sociale, à promou-voir une politique sociale qui protège la cellule familiale, à ré-concilier solidarité et excellence éducative. Nous souhaitons une ville belle, douce, agréable et ouverte à toutes les catégories socio-professionnelles. Nous souhaitons une ville tolérante et apaisée, exemplaire sur les plans environnementaux, écono-miques et sociaux qui s’appuie sur la démocratie locale et la participation des citoyens pour construire un avenir collectif.

J’espère que vous partagerez avec nous cette belle ambition

pour la ville.

Très cordialement,

Xavier Brunschvicg

Candidat de la gauche à Saint-Cloud