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L’action collective en temps de crise écologique: Pistes d’articulation entre Travail social et Sciences de l’environnement Sylvie Jochems Chercheure au Centr’ERE et professeure à l’École de travail social UQAM Maryse Poisson Étudiante 2e cycle, ISE Mélanie Létourneau Étudiante 2e cycle, École de travail social UQAM Colloque Pierre- Dansereau 8 mai 2015

Présentation ise- mai 2015 -v finale

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L’action collective en temps de crise écologique:

Pistes d’articulation entre Travail social et Sciences de l’environnement

Sylvie JochemsChercheure au Centr’ERE

et professeure à l’École de travail social UQAM

Maryse PoissonÉtudiante 2e cycle, ISE

Mélanie LétourneauÉtudiante 2e cycle,

École de travail social UQAM

Colloque Pierre-Dansereau8 mai 2015

Plan de la présentation

1. Sur quelles bases théoriques peut-on s’appuyer pour définir le problème socio-écologique?

2. Quels sont les cadres théoriques sur l’action collective auxquels nous avons recours pour conceptualiser les problèmes de recherche?

3. Quelle est la contribution réciproque potentielle des connaissances développées en travail social et en sciences de l’environnement ?

●Définition juridique et fonctionnaliste : Ordre professionnel des TS

●Définition qui doit prendre en compte la pluralité (Harper et Dorvil, 2013)

Qu’est-ce que le travail social?

1. Conceptualiser le problème socio-écologique

Problèmes sociaux Otero et Roy, 2013: p.1,3

● Ce qui pose “problème” dans une société :

○ Ce qui est acceptable/non acceptable; tolérable/intolérable …

○ Une construction sociale en fonction de contextes Problèmes sociaux et contextes du travail social Dorvil et Mayer, 2001

● Théories: Fonctionnalisme, culturalisme, interactionnisme, féminisme, …● Perspectives d’analyse: Pathologie sociale, comportement déviant,

désorganisation sociale, conflit social, interaction

Défi épistémologique de l’analyse du problème socio-écologique Otero et Roy, 2013: p.5

● La nécessité d’une sensibilité à des explications disciplinaires multiples : analyse hétéro-référentielle (et non pas auto-référentielle)

2. L’action collective

L'action collective des mouvements sociaux est

un agir ensemble comme projet volontaire qui naît de la mobilisation de

personnes qui se concertent en faveur

d'une cause commune.

Cette action concertée peut prendre la forme d'entreprises collectives visant à établir un nouvel ordre de vie, viser des changement profonds ou encore, être inspiré par le désir de résister à des changements. En somme, cette action peut impliquer des modifications de portée « révolutionnaire » ou cibler des enjeux spécifiques, temporaires ou très localisés.

Blumer, 1946 dans Neveu, 2002 : chap. 1

2. Les cadres de l’action collective et le travail social

Déclinaison de l'intervention en organisation communautaireen travail social au Québec sous 4 modèles d'approches:

Modèle "sociopolitique" dit de l'action sociale Modèle "socio-économique" dit du développement local des communautés Modèle socio-institutionnel incluant l' "approche du planning social"Modèle socio-communautaire

Bourque et Lachapelle, 2010

Acte mandaté Acte mandaté ou autonome

2. Recension des écrits sur la prise en compte de l’environnement naturel en travail social au Québec

● Pratiques de théorisation davantage développées en milieux anglophones Besthorn, 2012; Coates et Gray, 2012; Dewane, 2011; Dominelli, 2012; Gray et Coates, 2012; Jeffrey, 2014; Molyneux, 2010; Yadama, 2013

● Au Québec, surtout des analyses de pratiques d’intervention communautaire en environnement Comeau, 2010; Maldonado-Gonzalez, 2009

Très peu de théorisation et d’empirie en français en travail social au Québec!

Problème socio-écologique: Controverse socio-environnementale du développement et du transport des sables bitumineux au Québec

Objet de recherche: Les pratiques de coordination entre Autochtones et non-Autochtones

Problème de recherche : La coordination des grammaires (arguments de justification) entre différents acteurs

Cadre théorique sur l’action collective: Sociologie des mouvements sociaux et sociologie pragmatiste Nachi, 2006; Boltanski et Thévenôt, 1991; Thévenôt, 2006

Démarche de maîtrise de Maryse Poisson à l’ISE

● Participer à l’interdisciplinarité pour prendre en compte la complexité des problèmes socio-environnementaux

● Partager et co-construire des méthodologies de pratiques sociales notamment celles de l’intervention en action collective

3. Contributions réciproques Travail social Sciences de l’environnement

● Contribuer à démontrer la pertinence de l’articulation entre l’environnement (physique) et la personne/collectivité/société pour le travail socialo Partager des connaissances empiriques sur la complexité des problèmes socio-écologiques;

● Apporter un nouveau vocabulaire pour l’élargissement de la conceptualisation des problèmes sociaux en travail social:o Problèmes environnementaux ? socio-écologiques ? socio-environnementaux ?

3. Contributions réciproques Travail social Sciences de l’environnement

Conclusion Pistes d’articulation entre Travail social et Sciences de l’environnement

I. Pour s’engager dans l’analyse de l’éco-décision et de l’éco-développement, il y a nécessité de :

- Penser les pratiques d’intervention sur la base d’une conceptualisation qui articule le rapport entre l’humain/collectivités/communautés à l’environnement physique.

- Se baser sur le principe d’une analyse hétéro-référentielle ie une sensibilité à des explications disciplinaires multiples

- Les cadres théoriques doivent prendre en compte 2 postures méthodologiques différentes : Acte mandaté et Acte autonome.

II. Perspectives académiques, scientifiques et pratiques

Maldonado-Gonzalez, A.-L. (2009). “Que peut faire le travail social en environnement au Québec?”, Le sociographe (no 29), p.85.

Perspectives

BibliographieBesthorn, F. H. (2012). “Deep Ecology's contributions to social work: A ten‐year retrospective”, International Journal of Social Welfare, 21(3), 248-259. Besthorn, F. H. (2002). “Radical Environmentalism and the Ecological Self”, Journal of Progressive Human Services, 13(1), 53-72. Coates, J. (2003). Ecology and social work : towards a new paradigm. Black Point, N.S.: Black Point, N.S. : Fernwood Publishing.Coates, J.et Gray, M. (2012). “The environment and social work: An overview and introduction”, Int. J. Soc. Welf., 21(3), 230-238.Comeau, Y. (2010). L’intervention collective en environnement, PUQ, 140 pages.Davis et al. (2007). “Aboriginal-Social Justice Alliances: Understanding the Landscape of Relationships through the Coalition for a Public Inquiry into Ipperwash”, Revue internationale d’études canadiennes, 36, p. 95-119.Dewane, C. J. (2011). “Environmentalism et Social Work: The Ultimate Social Justice Issue”, Social Work Today, 11(5), 20.Dominelli, L. (2012). Green social work : from environmental crises to environmental justice, Cambridge: Editions Polity.Dorvil, H.et R. Mayer (dir) (2001). Problèmes sociaux. Tome 1: Théories et méthodologies, Collection Problèmes sociaux et interventions sociales, PUQ, 592p.Germain, C. B. (1979 ). “Introduction: Ecology and social work”. In C. B. E. Germain (Ed.), Social work practice: People and environments. New York: Columbia University Press, p. 1-22. Gingras, Yves (2013). Sociologie des sciences, PUF, collection Que sais-je?, 127 pages.Gitterman, A. et Germain, C. B. (1976). “Social Work Practice: A Life Model”, Social Service Review, 50(4), 601-610. 0Harper, E. et H. Dorvil (dir) (2013). Le travail social. Théories, méthodologies et pratiques, PUQ, collection problèmes sociaux et interventions sociales, 436 pages. Jeffrey, D. (2014). “Environmentalism in Social Work: What Shall We Teach?”, Journal of Women and Social Work (1), 1-7.Maldonado-Gonzalez, A.-L. (2009). “Que peut faire le travail social en environnement au Québec?”, Le sociographe (no29), 83-91. McKinnon, M. J. (2008). “Exploring the Nexus Between Social Work and the Environment”, Australian Social Work, 61(3), 256-268.Molyneux, R. (2010). “The Practical Realities of Ecosocial Work: A Review of the Literature”, Critical Social Work, 11(2), 61-69. Otero, M. et S. Roy (2013). Qu’est-ce qu’un problème social aujourd’hui? Repenser la non-conformité, Collection Problèmes sociaux et interventions sociales, PUQ, 394 pages.Ungar, M. (2003). “The professional social ecologist: Social work redefined”, Canadian Social Work Review/Revue Canadienne De Service Social, 20(1), 5-23.Yadama, G. N. (2013). “Environment, Social Work and Sustainable Development”, Social Dialogue, 5, 10-21. Zapf, M. K. (2009). “Social work and the envrionment: Understanding people and place”, Critical Social Work, 11(3), 30-46.

Résumé

Le travail social a pour objet les pratiques sociales notamment celles de l’intervention auprès d’individus, de familles, de petits groupes et de collectivités. Au cours de son développement, le travail social s’est inspiré de différentes disciplines (psychologie, psychiatrie, sociologie, anthropologie, etc.) sur lesquelles il a basé ses analyses des problèmes sociaux (pauvreté, troubles mentaux, violence, itinérance, et autres) afin d’articuler ses méthodologies de l’intervention. Or, il s’intéresse au rapport entre l’humain et son environnement. Des pratiques de théorisation qui prennent en compte les interrelations entre environnement social et environnement physique et naturel s’exercent déjà en milieux anglophones, comme en témoignent plusieurs travaux, mais très peu au Québec. L'intérêt pour l’intégration et l’articulation des facteurs écologiques aux objets d’analyse “classiques” en travail social ouvre de nouveaux champs d’analyse et de pratique pour la discipline du travail social. Déjà, certains projets de recherche et d’enseignement - tel que le projet Ecominga amazonica - font appel aux théories et pratiques du travail social pour enrichir leur démarche interdisciplinaire. Cela démontre la pertinence d’entrevoir des pistes d’articulation théoriques et pratiques entre le travail social et les sciences de l’environnement. Cette communication a ainsi pour objectif de contribuer à cette articulation. Pour ce faire, nous partagerons bien sûr ce qui a été fait dans le cadre de nos recherches respectives : Sur quelles bases théoriques peut-on s’appuyer pour définir le problème socio-écologique? À quels cadres théoriques sur l’action collective avons-nous recours pour conceptualiser les problèmes de recherche? Quelle est la contribution potentielle des connaissances développées en travail social pour les sciences de l’environnement, et inversement?