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REPUBLIQUE DE COTE D’IVOIRE *********************** REPUBLIQUE DU CONGO *********** Union – Travail – Discipline ***************** Unité – Travail – Progrès ***************** MINISTERE DE L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR MINISTERE DU PLAN, DE L’AMENAGEMENT DU TERRITOIRE, DE L’INTEGRATION ECONOMIQUE ET DU NEPAD ECOLE NATIONALE SUPERIEURE DE STATISTIQUE ET D’ECONOMIE APPLIQUEE (E.N.S.E.A.) CENTRE NATIONAL DE LA STATISTIQUE ET DES ETUDES ECONOMIQUES (C.N.S.E.E.) MEMOIRE REDIGE EN VUE DE L’OBTENTION DU DIPLOME D’ INGENIEUR STATISTICIEN ECONOMISTE PRESENTE PAR : SOUS LA DIRECTION DE : M. NGUENDJIO YOMI Aristide Donald Elève Ingénieur Statisticien Economiste M. AMBAPOUR Samuel Directeur Général du C.N.S.E.E. Novembre 2006 PAUVRETE MONETAIRE ET INEGALITES DE GENRE EN REPUBLIQUE DU CONGO

Mémoire ISE 2007

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Page 1: Mémoire ISE 2007

REPUBLIQUE DE COTE D’IVOIRE ***********************

REPUBLIQUE DU CONGO ***********

Union – Travail – Discipline *****************

Unité – Travail – Progrès *****************

MINISTERE DE L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR

MINISTERE DU PLAN, DE L’AMENAGEMENT DU TERRITOIRE,

DE L’INTEGRATION ECONOMIQUE ET DU NEPAD

ECOLE NATIONALE SUPERIEURE DE STATISTIQUE ET D’ECONOMIE

APPLIQUEE (E.N.S.E.A.)

CENTRE NATIONAL DE LA STATISTIQUE ET DES

ETUDES ECONOMIQUES (C.N.S.E.E.)

MEMOIRE REDIGE EN VUE DE L’OBTENTION DU DIPLOME D’ INGENIEUR STATISTICIEN ECONOMISTE

PRESENTE PAR : SOUS LA DIRECTION DE :

M. NGUENDJIO YOMI Aristide Donald

Elève Ingénieur Statisticien Economiste

M. AMBAPOUR Samuel Directeur Général du C.N.S.E.E.

Novembre 2006

PAUVRETE MONETAIRE ET INEGALITES DE GENRE EN REPUBLIQUE DU CONGO

Page 2: Mémoire ISE 2007

Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

NGUENDJIO YOMI Aristide Donald ENSEA, Novembre 2006 Elève Ingénieur Statisticien Economiste i

DEDICACE

A L’Auteur de toute grâce et de toute bénédiction dans ma vie :

Le Fils Unique du Dieu Tout-Puissant, Jésus-Christ de Nazareth.

Page 3: Mémoire ISE 2007

Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

NGUENDJIO YOMI Aristide Donald ENSEA, Novembre 2006 Elève Ingénieur Statisticien Economiste ii

SOMMAIRE DEDICACE.................................................................................................................................I REMERCIEMENTS ................................................................................................................ III AVANT-PROPOS ................................................................................................................... IV LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS ............................................................................ V LISTE DES TABLEAUX........................................................................................................VI INTRODUCTION...................................................................................................................... 1 CHAPITRE 1 : PRESENTATION GENERALE DU PAYS ET DE LA STRUCTURE D’ACCUEIL .............................................................................................................................. 4

1.1 - Présentation du Congo ................................................................................................... 4 1.1.1 - Aspects géographiques............................................................................................ 4 1.1.2 - Contexte politique et administratif : ....................................................................... 4 1.1.3 - Evolution récente de l’économie ............................................................................ 5

1.2 - Présentation de la structure d’accueil ............................................................................ 8 1.2.1 - Les Missions du CNSEE......................................................................................... 8 1.2.2 - Organisation et fonctionnement du CNSEE ........................................................... 9

CHAPITRE 2 : PROBLEMATIQUE ET CADRE DE REFERENCE.................................... 11

2.1 - Problématique .............................................................................................................. 11 2.1.1 Formulation du problème : ...................................................................................... 11 2.1.2 - L’objectif de la recherche ..................................................................................... 12 2.1.3 - Les limites de la recherche.................................................................................... 13

2.2 - cadre de référence ........................................................................................................ 14 2.2.1 - Le concept de pauvreté ......................................................................................... 14 2.2.2 - Le concept de genre .............................................................................................. 22

CHAPITRE 3 : SOURCE DES DONNEES ET METHODOLOGIE ..................................... 40

3.1 - Présentation de l’enquête congolaise auprès des ménages (ECOM) ........................... 40 3.1.1 - Contexte et justification ........................................................................................ 40 3.1.2 - Objectifs de l’enquête ........................................................................................... 41 3.1.3 - Présentation technique de l’enquête...................................................................... 41 3.1.4 - Méthode de détermination du seuil de pauvreté ................................................... 43

3.2 - Présentation de la méthodologie .................................................................................. 47 3.2.1 - Outils de comparaison de la pauvreté : ................................................................. 49 3.2.2 - Analyse de la pauvreté non différenciée selon le sexe du chef de menage : ........ 53 3.2.3 - Analyse de la pauvreté différenciée selon le sexe du chef de ménage : ............... 59

CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS ........................................................................ 63 BIBLIOGRAPHIE ................................................................................................................... 67 ANNEXES ............................................................................................................................... 69

Annexe 1 : Justification du choix du seuil calorique normatif............................................. 69 Annexe 2 : Dépenses totales et structure du panier - ECOM 2005...................................... 71 Annexe 3 : Aperçu de quelques approches conceptuelles.................................................... 72 Annexe 4 : Résultats des régressions effectuées .................................................................. 76

Page 4: Mémoire ISE 2007

Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

NGUENDJIO YOMI Aristide Donald ENSEA, Novembre 2006 Elève Ingénieur Statisticien Economiste iii

REMERCIEMENTS

Nos remerciements vont :

A nos parents M. et Mme YOMI ;

A nos frère et sœurs Bérile, Coralie, Laure, Raïssa et Hugues YOMI : qu’ils voient

dans ce travail un encouragement dans la poursuite de leurs propres études ;

A notre directeur de stage M. Samuel AMBAPOUR Directeur Général du C.N.S.E.E.

qui a bien voulu distraire de son précieux temps pour superviser nos travaux ;

A MM. Christophe MASSAMBA et Etaki WA DZON Ingénieurs Statisticiens

Economistes en service au C.N.S.E.E. qui ont été les premiers à nous accueillir en

République du Congo ;

A MM. Aimé OUADIKA, Hylod MOUSSANA et Alain MPOUE Ingénieurs

Statisticiens Economistes pour les relectures qu’ils ont bien voulu accordées à ce

document ;

A tout le personnel du secrétariat général du C.N.S.E.E. : Mme Catherine DEBY,

M. Barthélemy NKOUNKA, M. FOUMOU Gilbert, M. ATSOUTSOULA Norbert pour

l’accueil chaleureux qu’ils nous ont réservé pendant tout notre stage ;

A l’ensemble du personnel du C.N.S.E.E. qui par sa grande sollicitude a largement

contribué au bon déroulement de notre séjour. Nous pensons en particulier à Mme

Marie NTSIAGNA, à M. Léonard NABASSEMBA, à M. Guecko OBAMBI ;

Nous tenons aussi à remercier tous ceux qui ont contribué à notre formation. En

particulier :

M. Koffi N’GUESSAN Directeur de l’ENSEA ;

M. Hugues KOUADIO Directeur des études du cycle des I.S.E. ;

M. Jean Arnaud KOUAKOU Directeur des études des cycles I.T.S. /A.D. /A.T. ;

M. Ouattara ABOUDOU Directeur des études du cycle D.E.S.S. ;

Tout le personnel enseignant et administratif de l’ENSEA ;

De façon plus générale, nous voulons remercier tous ceux qui de près ou de loin ont

contribué à notre formation tant sur le plan scientifique qu’humain. Nous les prions de

voir dans cette étude le fruit de leur dévouement et de leurs efforts assidus.

Page 5: Mémoire ISE 2007

Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

NGUENDJIO YOMI Aristide Donald ENSEA, Novembre 2006 Elève Ingénieur Statisticien Economiste iv

AVANT-PROPOS

L’Ecole Nationale Supérieure de Statistique et d’Economie Appliquée d’Abidjan

(E.N.S.E.A.) a pour vocation la formation des cadres des pays francophones d’Afrique sub-

saharienne. Elle constitue dans son domaine un pôle d’excellence et assure depuis 1962 une

formation de haut niveau en statistique et économie appliquée d’étudiants venant de tous les

horizons d’Afrique. Elle couvre, parmi plusieurs autres cycles de formation, celui des

Ingénieurs Statisticiens Economistes.

Les élèves Ingénieurs Statisticiens Economistes reçoivent une formation d’une durée

de trois ans, qui les rend aptes à encadrer des travaux de production statistique et d’analyse

économique là où le besoin se fait sentir. A terme, ils doivent être des agents de

développement affectés auprès d’organismes internationaux, des ministères, des organismes

publics et/ou privés, des grandes entreprises.

A la fin de la deuxième année de la formation et en vue de l’obtention du diplôme

d'Ingénieur Statisticien Economiste, il est prévu un stage pratique d’une durée de trois mois.

Ce stage académique, obligatoire, a pour objet essentiel l'application des enseignements

théoriques reçus durant les deux premières années de formation des Elèves Ingénieurs

Statisticiens Economistes. Il constitue aussi pour l’étudiant l’occasion de s’immerger dans son

futur milieu professionnel.

La présente étude dont le thème est : «Pauvreté monétaire et inégalités de genre en

république du Congo » est le fruit des travaux que nous avons effectué à la Direction Générale

du Centre National de la Statistique et des Etudes Economiques (C.N.S.E.E.) en République

du Congo. Elle s’inscrit dans le cadre de l’analyse des données de l’Enquête Congolaise

auprès des Ménages pour l’Evaluation de la Pauvreté.

Page 6: Mémoire ISE 2007

Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

NGUENDJIO YOMI Aristide Donald ENSEA, Novembre 2006 Elève Ingénieur Statisticien Economiste v

LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS

AFRISTAT Observatoire économique et statistique d’Afrique subsaharienne

CEMAC Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique Centrale

CM Chef de Ménage

CNLP Comité National de Lutte contre la Pauvreté

CNSEE Centre National de la Statistique et des Etudes Economiques

CSP Catégorie Socio Professionnelle

DSRP Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté

DSRP - I Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté Intérimaire

ECOM Enquête Congolaise auprès des Ménages pour l’évaluation de la pauvreté

EDS Enquête Démographique et de Santé

ENSEA Ecole Nationale Supérieure de Statistique et d’Economie Appliquée

FCFA Franc de la Coopération Financière Africaine

ISE Ingénieur Statisticien Economiste

Kcal Kilocalorie

Kg Kilogramme

Km Kilomètre

Km2 Kilomètre carré

NEPAD Nouveau partenariat économique pour le développement en Afrique

OMD Objectifs du Millénaire pour le Développement

ONG Organisations Non Gouvernementales

P0 Ratio de pauvreté

P1 Gap de pauvreté

P2 Sévérité de la pauvreté

PIB Produit Intérieur Brut

PIPC Programme Intérimaire Post-Conflit

PNUD Programme des Nations Unies pour le Développement

QUIBB Questionnaire des Indicateurs de Base du Bien-être

ZD Zone de Dénombrement

Page 7: Mémoire ISE 2007

Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

NGUENDJIO YOMI Aristide Donald ENSEA, Novembre 2006 Elève Ingénieur Statisticien Economiste vi

LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1: Répartition de l'échantillon selon les strates .......................................................... 42 Tableau 2: Résultats du test de khi deux entre la variable "statut de pauvreté" et chacune des variables explicatives ............................................................................................................... 49 Tableau 3: Indices de pauvreté par strate suivant le sexe du chef de ménage ......................... 50 Tableau 4: Contributions relatives à la pauvreté en fonction du sexe du chef de ménage....... 50 Tableau 5: Récapitulatif des résultats des estimations du modèle pour l’ensemble de l’échantillon.............................................................................................................................. 54 Tableau 6: Récapitulatif des résultats des estimations des modèles ........................................ 56 Tableau 7: Récapitulatif des résultats des estimations des modèles en milieu urbain selon le sexe du chef de ménage............................................................................................................ 59 Tableau 8: Récapitulatif des résultats des estimations des modèles en milieu rural selon le sexe du chef de ménage............................................................................................................ 61 Tableau 9: Besoins énergétiques moyens de la population et incréments énergétiques recommandés (Kcal par jour) compte tenu des niveaux d’activité et de la température ambiante. .................................................................................................................................. 69 Tableau 10: Besoin Energétique utilisé par quelques pays pour le calcul du seuil de pauvreté.................................................................................................................................................. 70 Tableau 11: Dépenses totales et structure du panier - ECOM 2005 ........................................ 71 Tableau 12: Résultats de la régression pour l’ensemble de l’échantillon ................................ 76 Tableau 13: Résultats de la régression pour le milieu urbain .................................................. 76 Tableau 14: Résultats de la régression pour le milieu rural ..................................................... 77 Tableau 15: Résultats de la régression pour les hommes en milieu urbain.............................. 77 Tableau 16: Résultats de la régression pour les femmes en milieu urbain ............................. 78 Tableau 17: Résultats de la régression pour les hommes en milieu rural ................................ 78 Tableau 18: Résultats de la régression pour les femmes en milieu rural ................................ 79

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Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

NGUENDJIO YOMI Aristide Donald ENSEA, Novembre 2006 Elève Ingénieur Statisticien Economiste 1

INTRODUCTION

« Réduire au moins de moitié d’ici à 2015 la proportion de personnes vivant dans une

situation d’extrême pauvreté dans les pays en développement », tel est l’un des points

principaux des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) issus du sommet

mondial sur le développement social de Copenhague de 1996 au Danemark.

A travers cet engagement, la communauté internationale marquait ainsi une ferme

volonté de lutte contre la pauvreté dans les pays en développement. Les Nations Unies,

notamment l’UNICEF et le PNUD, qui ont mis en avant les conséquences sociales des

programmes d’ajustement structurel, ont joué un rôle précurseur dans cette prise de

conscience du problème de pauvreté dans les pays en voie de développement. James G

SPAETH, administrateur du PNUD, en préfaçant le Rapport sur le Développement Mondial

de 1997, a montré combien la question de pauvreté est préoccupante : « il y a 160 ans, le

monde s’est lancé avec succès dans une campagne contre l’esclavage. Aujourd’hui, nous

devons tous contribuer à mener une nouvelle campagne dirigée cette fois contre la pauvreté».

CONTEXTE La République du Congo a connu des troubles socio politiques pendant les années

1993, 1997 et 1998. Ces troubles ont eu pour conséquences d’aggraver une situation

économique et sociale déjà fragile depuis le milieu des années 1980.

Au sortir de ces troubles et dans l’objectif de redresser la situation, l’Etat

Congolais a élaboré et adopté en Juin 2000 le Programme Intérimaire Post Conflit (PIPC)

qui va couvrir la période 2000-2002. Au travers de certains des objectifs de ce

programme, le Congo montrait ainsi une ferme volonté de lutter contre la pauvreté

Parallèlement et dans le cadre de l’Initiative de réduction de la dette des Pays

Pauvres Très Endettés (Initiative PPTE), le pays s’est lancé dans l’élaboration du

Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté Intérimaire (DSRP-I). En s’attelant à

la rédaction de ce document, le Congo s’engageait en même temps à atteindre les

Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD). C’est ainsi que dans ce document

intérimaire sont repris les objectifs suivants :

• réduire de moitié l’incidence de la pauvreté monétaire ;

• diminuer de deux tiers la mortalité infantile et juvénile ;

• réduire de trois quart la mortalité maternelle ;

Page 9: Mémoire ISE 2007

Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

NGUENDJIO YOMI Aristide Donald ENSEA, Novembre 2006 Elève Ingénieur Statisticien Economiste 2

• réaliser la scolarisation universelle au niveau de l’enseignement primaire ;

• éliminer la disparité entre les garçons et les filles dans l’éducation.

Par ailleurs, les mesures en faveur de la lutte contre la pauvreté nécessitent une

connaissance aussi précise que possible des conditions de vie des ménages. C’est ainsi

que dans le cadre de la finalisation du Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté

(DSRP), une enquête qualitative sur la perception de la pauvreté par les populations et

deux enquêtes classiques, à savoir une enquête démographique et de santé et une enquête

sur l’évaluation de la pauvreté ont été retenues.

C’est dans ce contexte que l’Enquête Congolaise auprès des Ménages pour

l’évaluation de la pauvreté (ECOM 2005) a été réalisée par le Centre National de la

Statistique et des Etudes Economiques (CNSEE) en 2005. Il s’agit d’une enquête à vocation

nationale qui permet d’avoir l’essentiel des informations sur la vie des ménages. Elle vise à

mettre à la disposition des dirigeants un niveau d’information suffisant afin d’inscrire leurs

actions dans un cadre cohérent et prévisible.

PROBLEMATIQUE

La pauvreté est au cœur de nombreuses analyses économiques. Différentes approches

du concept de pauvreté lui-même ont été envisagées. Ainsi a-t-on envisagé la pauvreté

monétaire, la pauvreté non monétaire et la pauvreté subjective. La mesure même de ce

phénomène n’est pas sans poser de nombreuses difficultés. C’est ainsi qu’ont été élaborées

différentes méthodes afin de déterminer si un ménage est pauvre ou non. Nous pouvons citer

entre autres la méthode du coût des besoins essentiels ou encore celle de la détermination de

la part des dépenses de consommation alimentaire s’appuyant sur la loi d’Engel. Toutes ces

différentes tentatives prouvent que la pauvreté est un phénomène multidimensionnel et donc

particulièrement difficile à cerner.

Par ailleurs, l’intégration de l’approche genre dans l’analyse de la pauvreté et plus

généralement dans l’analyse du développement s’est faite à partir des années 70 avec Esther

Boserup. Des fortes corrélations ayant été établies entre le genre et le développement, cette

nouvelle approche n’est non seulement plus à négliger mais apparaît comme étant

indispensable dans l’élaboration de politiques de lutte contre la pauvreté.

Page 10: Mémoire ISE 2007

Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

NGUENDJIO YOMI Aristide Donald ENSEA, Novembre 2006 Elève Ingénieur Statisticien Economiste 3

L’importance de ce point a été souligné dés 1997 par le Programme des Nations Unies

pour le Développement (PNUD) qui dans son Rapport sur le Développement Humain de 1997

établit, pour un ensemble de pays, une corrélation positive entre les inégalités de genre telles

que mesurées par l’ Indice Genre de Développement (en anglais Gender Development Index)

et le niveau général de la pauvreté humaine tel que mesuré par l’indice de pauvreté humaine

(en anglais H.P.I. Human Poverty Index).

Comme le fait remarquer le Comité National de Lutte contre la Pauvreté (CNLP) de la

République du Congo, « l’intégration du Genre dans le DSRP est non seulement une

innovation mais constitue l’approche multidimensionnelle et multisectorielle de l’analyse de

la pauvreté, parce qu’il existe un lien étroit entre l’égalité des sexes, la reconnaissance des

droits de la personne, la réduction de la pauvreté et la croissance économique ».

Dans le cadre de notre étude nous envisageons d’analyser, selon une approche genre,

la pauvreté monétaire en République du Congo. Ce mémoire est structuré suivant les

différentes parties suivantes :

- Le chapitre I consiste en une présentation générale de la République du Congo suivi

de la description de la structure dans laquelle nous avons effectué notre stage, le

Centre National de La Statistique et des Etudes Economiques (C.N.S.E.E.) ;

- Le chapitre II comprend la problématique de notre étude ainsi que le cadre de

référence dans lequel nous situons notre analyse.

- Le chapitre III décrit la source des données que nous exploitons, l’Enquête Congolaise

auprès des Ménages (ECOM 2005). Nous expliciterons ici les objectifs, le cadre

méthodologique et la procédure de détermination du seuil de pauvreté alimentaire.

- Le chapitre IV consiste en la présentation des résultats des analyses effectuées. Ces

résultats nous permettent de suggérer quelques recommandations dans le sens de la

réduction des inégalités sexuées en termes de pauvreté monétaire au Congo.

La présente étude ne prétend pouvoir cerner tous les contours de la dimension

sexospécifique de la pauvreté monétaire au Congo. Néanmoins nous espérons apporter une

contribution dans l’analyse des multiples facettes du phénomène de la pauvreté et dans la

réduction de celui-ci.

Page 11: Mémoire ISE 2007

Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

NGUENDJIO YOMI Aristide Donald ENSEA, Novembre 2006 Elève Ingénieur Statisticien Economiste 4

CHAPITRE 1 : PRÉSENTATION GÉNÉRALE DU PAYS

ET DE LA STRUCTURE D’ACCUEIL

Dans ce chapitre nous nous emploierons premièrement à décrire de façon brève la

République du Congo dans le contexte qui a justifié l’Enquête Congolaise auprès des

Ménages. Dans un second temps, nous présenterons la structure qui nous a accueilli pendant

notre stage : le Centre National de la Statistique et des Eudes Economiques (C.N.S.E.E.).

1.1 - PRÉSENTATION DU CONGO

1.1.1 - ASPECTS GÉOGRAPHIQUES

Situé en Afrique Centrale, la République du Congo s’étend au sud-ouest sur 11 degrés

de latitude est et 5 degrés de latitude sud, et au nord-est sur 18 degrés de longitude est et 4

degrés de latitude nord.

Le pays couvre une superficie de 342 000 km² et possède une façade maritime de 170 km sur

l’Océan Atlantique. Il est limité au nord par la République du Cameroun et la République

Centrafricaine, au sud par la République Démocratique du Congo et la République d’Angola

(enclave du Cabinda), au sud-ouest par l’Océan Atlantique, à l’est par le fleuve Congo et son

affluent l’Oubangui qui le séparent de la République Démocratique du Congo et à l’ouest par

la république du Gabon.

1.1.2 - CONTEXTE POLITIQUE ET ADMINISTRATIF :

Ancienne colonie française, la République du Congo est un état souverain,

indépendant depuis le 15 Août 1960. Une dizaine d’années après son accession à la

souveraineté nationale, la République du Congo a été appelée « République Populaire du

Congo » par le régime du parti unique, le Parti Congolais du Travail (PCT), qui a dirigé le

pays jusqu’à l’instauration de la démocratie pluraliste en 1992. Le retour au multipartisme,

qui a restauré le nom de la « République du Congo », s’est accompagné de troubles, en 1993

puis entre 1997-1999, qui ont occasionné des préjudices au sein de la population et la

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Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

NGUENDJIO YOMI Aristide Donald ENSEA, Novembre 2006 Elève Ingénieur Statisticien Economiste 5

destruction d’une partie du tissu économique du pays. Toutefois, grâce aux efforts du

Gouvernement et de la République et au soutien multiforme des partenaires nationaux et

internationaux, la paix et la sécurité sont restaurées dans la quasi-totalité du territoire national.

Le découpage administratif du Congo subdivise le pays en douze départements à

savoir : Kouilou, Niari, Bouenza, Lékoumou, Pool, Plateaux, Cuvette, Cuvette-Ouest, Sangha,

Likouala, Brazzaville et Pointe-Noire.

Le pays compte six communes qui sont les principales villes du pays. Il s’agit de :

Brazzaville (capitale politique), Pointe-Noire (capitale économique), Dolisie, Nkayi,

Mossendjo et Ouesso.

Le Congo est membre des institutions sous-régionales, régionales et internationales

suivantes : la Communauté Economique des Etats de l’Afrique Centrale (CEEAC), la

Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC), l’Union Africaine

(UA), l’Organisation des Nations Unies (ONU), l’Observatoire Economique et Statistique

d’Afrique Subsaharienne (AFRISTAT), l’Organisation pour l’Harmonisation en Afrique du

Droit des Affaires (OHADA).

1.1.3 - EVOLUTION RÉCENTE DE L’ÉCONOMIE Au sortir des conflits armés de la période 1997-1999, le gouvernement du Congo s’est

investi dans la mise en place des bases de la relance effective de l’économie nationale en

s’inscrivant dans la double dynamique :

i) du sommet de Copenhague (1996) visant la réduction de moitié de la pauvreté

d’ici à l’an 2015, conformément aux Objectifs du Millénaire pour le

Développement (OMD) et

ii) de l’Initiative Pays Pauvres Très Endettés (PPTE).

En 2005, le Gouvernement de la République a créé les conditions nécessaires à

l’accession du point au point de décision conformément aux exigences du programme appuyé

par la Facilité pour la Réduction de la Pauvreté et la Croissance (FRPC) signé en décembre

2004 avec les Institutions de Bretton Woods. L’objectif fondamental demeure l’atteinte du

point d’achèvement en 2007 grâce au Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté

Page 13: Mémoire ISE 2007

Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

NGUENDJIO YOMI Aristide Donald ENSEA, Novembre 2006 Elève Ingénieur Statisticien Economiste 6

(DSRP) en cours d’élaboration, qui circonscrit parfaitement les politiques de consolidation du

cadre macroéconomique et de relance des secteurs clés de l’économie nationale.

C’est ainsi qu’à la fin de l’année 2005, la situation macroéconomique, telle que résumée par le

Programme Triennal du Congo, s’est caractérisée par :

a) la consolidation de la croissance économique (6,8% contre 4,2% en 2004) grâce à la

forte montée de la production pétrolière. Le PIB à prix courants a enregistré une

hausse de 64,9% en 2005 contre 20,9% l’année précédente, passant de 2307,8

milliards de FCFA en 2004 à 3157,8 milliards de FCFA en 2005 ;

b) Le redressement des comptes extérieurs symbolisé notamment par un excédent de 216,

2 milliards du solde global de la balance des paiements, grâce au réaménagement de la

dette extérieure de 126,2 milliards dans le cadre des allègements obtenus après la

signature du programme appuyé par la FRPC.

c) La baisse des prix à la consommation comme le montre la variation du niveau général

des prix pour l’ensemble des deux seules villes (Pointe-Noire et Brazzaville) dans

lesquelles les prix ont été observés : le taux d’inflation est de 2,1% en 2005 contre

3,5% l’année précédente.

La carte administrative du Congo est donnée à la page suivante :

Page 14: Mémoire ISE 2007

Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

NGUENDJIO YOMI Aristide Donald ENSEA, Novembre 2006 Elève Ingénieur Statisticien Economiste 7

CARTE ADMINISTRATIVE DU CONGO

Source : CNSEE, DIGBD.

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Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

NGUENDJIO YOMI Aristide Donald ENSEA, Novembre 2006 Elève Ingénieur Statisticien Economiste 8

1.2 - PRÉSENTATION DE LA STRUCTURE D’ACCUEIL

Le Centre National de la Statistique et des Études Économiques (CNSEE) est la

structure dans laquelle nous avons réalisé notre stage académique, qui est sanctionné par la

rédaction de cette présente étude. C’est pourquoi il nous paraît utile de consacrer ce premier

chapitre de notre mémoire à sa présentation. Nous nous proposons, pour cette présentation,

de traiter notamment des missions du CNSEE dans une première section ; puis de son

organisation et de son fonctionnement qui feront l’objet d’une seconde section. Nous nous

référons ici au décret présidentiel N°_2003-133 du 31 Juillet 2003 portant attributions et

organisation de la Direction Générale du Centre National de la Statistique et des Études

Économiques.

1.2.1 - LES MISSIONS DU CNSEE

L’article premier du titre 1 du décret ci-dessus mentionné traitant des attributions du

CNSEE décrit cette institution comme l’organe technique qui assiste le ministère dont il

dépend, en l’occurrence le Ministère du Plan, de l’Aménagement du Territoire, de

l’Intégration Économique et du NEPAD, dans l’exercice de ses attributions en matières de

statistiques et d’études économiques. Les missions suivantes ont à ce titre été assignées au

CNSEE :

• promouvoir la science statistique ;

• veiller à l’application de la loi sur la statistique au niveau national ;

• produire, de concert avec les services spécialisés du Ministère en charge de

l'Economie et des Finances, des comptes nationaux ;

• produire et suivre, de concert avec le ministère en charge de l’économie, des

finances et du budget, les indicateurs macro-économiques;

• produire les statistiques démographiques et sociales ;

• réaliser les travaux statistiques relatifs à l’état et au mouvement de la population, à

la production et à la commercialisation des biens et des services;

• conduire les enquêtes statistiques sur l’emploi, le chômage, le secteur informel,

l’habitat et l’environnement ;

• publier les indicateurs économiques, sociaux et culturels d’intérêt national;

Etc.

Page 16: Mémoire ISE 2007

Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

NGUENDJIO YOMI Aristide Donald ENSEA, Novembre 2006 Elève Ingénieur Statisticien Economiste 9

1.2.2 - ORGANISATION ET FONCTIONNEMENT DU CNSEE Le CNSEE est placé sous le contrôle d’une Direction Générale comprenant un

secrétariat de direction, un service de la communication et de la diffusion, un service des

méthodes et mécanismes de suivi du développement humain, cinq directions centrales

dirigées et animées par des directeurs, et des directions départementales dirigées par des

directeurs départementaux. D’autres services spécialisés, placés sous la responsabilité des

chefs des services, dépendent de chacune de ces directions centrales pour l’exercice des

missions bien spécifiques.

1.2.2.1 - Les services de la Direction Générale.

Il s’agit des trois services ci-dessous mentionnés :

Le secrétariat de direction

Le service de la communication et de la diffusion

Le service des méthodes et des mécanismes de suivi du développement humain

1.2.2.2 - Les directions centrales

Placée sous l’autorité d’un Directeur Général, la Direction Générale du CNSEE

comprend les cinq directions centrales suivantes ainsi que les directions départementales :

La Direction des Statistiques Économiques (DES)

La Direction des Statistiques Démographiques et Sociales (DSDS)

La Direction de la Coordination et de l’Harmonisation Statistiques (DCHS)

La Direction de l’Informatique et de la Gestion des Bases de Données (DIGBD)

La Direction Administrative et Financière (DAF)

Les Directions Départementales (DD)

C’est à la Direction Générale du CNSEE que nous avons effectué notre stage.

L’organisation complète du CNSEE est donnée par l’organigramme ci-dessous :

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Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

NGUENDJIO YOMI Aristide Donald ENSEA, Novembre 2006 Elève Ingénieur Statisticien Economiste 10

ORGANIGRAMME DU CENTRE NATIONAL DE LA STATISTIQUE ET DES ETUDES ECONOMIQUES

Source : CNSEE, DIGBD.

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Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

NGUENDJIO YOMI Aristide Donald ENSEA, Novembre 2006 Elève Ingénieur Statisticien Economiste 11

CHAPITRE 2 : PROBLÉMATIQUE ET CADRE DE

RÉFÉRENCE

Ce chapitre consiste en la définition de la problématique qui sous tend notre étude. Il

se poursuit ensuite par la présentation du cadre de référence qui rassemble les éléments

théoriques qui appuient notre analyse.

2.1 - PROBLÉMATIQUE

2.1.1 FORMULATION DU PROBLÈME :

Les premières stratégies de lutte contre la pauvreté ne faisaient aucune mention du genre.

Cela n'a rien d'étonnant puisque, en général, elles ne considéraient même pas le « facteur

humain » comme une dimension significative du développement. Dans les années 1970,

cependant, les études et les politiques accordent une importance croissante aux besoins

essentiels, à la productivité rurale et au secteur informel, elles commencent aussi à s'intéresser

de plus près à la place des femmes dans le développement. Cette réorientation des

préoccupations prend essentiellement deux formes : d'une part, les plaidoyers en faveur de

l'équité économique se multiplient; d'autre part, les femmes sont désormais considérées

comme les « pauvres d'entre les pauvres ». Ces deux axes reposent sur une même hypothèse :

les femmes sont des acteurs économiques de premier plan. Ils s'intéressent toutefois à des

dimensions très différentes de leur vie et de leurs rôles, et ils font appel à des approches

analytiques bien distinctes.

L’importance de l’approche de genre dans l’étude de la pauvreté et du développement va

être mise en exergue par le PNUD. Dans son rapport sur le développement humain de 1997, le

PNUD établit, pour un ensemble de pays, une corrélation positive entre les inégalités de genre

telles que mesurées par le GDI (Gender Development Index) et le niveau général de la

pauvreté humaine tel que mesuré par l’indice de pauvreté humaine (en anglais HPI Human

Poverty Index).Ainsi la question de la réduction des inégalités de genre ne se pose plus

seulement en termes d’équité sociale mais elle apparaît comme un élément essentiel dans la

lutte contre la pauvreté (Nilüfer Cagatay, 1998, working paper series UNDP).

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Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

NGUENDJIO YOMI Aristide Donald ENSEA, Novembre 2006 Elève Ingénieur Statisticien Economiste 12

L’intégration de la dimension genre dans l’analyse de la pauvreté et plus généralement

dans l’analyse du développement s’est faite à partir des années 70 avec Esther Boserup. Des

fortes corrélations ayant été établies entre le genre et le développement, cette nouvelle

approche n’est non seulement plus à négliger mais apparaît comme étant indispensable dans

l’élaboration de politiques de lutte contre la pauvreté (DSRP).

Pendant de très nombreuses années, à l’instar des institutions de Bretton Woods,

l’approche de la pauvreté est surtout restée monétaire et se basait essentiellement sur le critère

du revenu : était pauvre celui qui avait un revenu inférieur à un dollar US par jour (en valeur

de 1985). Si cette approximation peut avoir une certaine utilité, notamment pour des

comparaisons internationales, elle s’avérait toutefois trop réductrice pour capter les multiples

dimensions de la réalité des vies des êtres humains concernés.

Avec le Rapport Mondial sur le Développement Humain du PNUD en 1990, le

concept de développement humain a eu très rapidement des répercussions sur l’approche de la

pauvreté. Celle-ci se caractérise non plus uniquement par le faible niveau de revenu ou de

consommation, mais également par un faible niveau d’instruction, par une santé précaire et un

vieillissement précoce. L’édition de 1997 de ce rapport introduit en outre le concept de

"pauvreté humaine", tout en soulignant que l’indice élaboré à cette occasion ne saisit pas la

totalité des aspects de ce concept. La pauvreté y est alors désormais considérée comme "la

négation des opportunités et des possibilités de choix les plus essentielles au développement

humain – longévité, santé, créativité, mais aussi conditions de vie décentes, dignité, respect de

soi-même et des autres, accès à tout ce qui donne sa valeur à la vie" (PNUD, 1998).

Cette complexité du concept de pauvreté a été confirmée par la Banque Mondiale et

destinée à montrer la pauvreté telle que la ressentent les plus démunis. Les statistiques

obtenues expriment ainsi des facettes multiples de la pauvreté ayant surtout trait à des formes

d’impuissance et de mal-être. Un des aspects évoqués par les femmes concerne par exemple

les relations conflictuelles et inégales avec l’autre sexe.

2.1.2 - L’OBJECTIF DE LA RECHERCHE

Dans le cadre de la présente étude, nous envisageons d’étudier la pauvreté au Congo

suivant l’approche genre. Pour cela nous utilisons les données issues de l’Enquête Congolaise

auprès des Ménages (ECOM 2005). Cette enquête a permis d’établir le profil de pauvreté au

Congo.

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Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

NGUENDJIO YOMI Aristide Donald ENSEA, Novembre 2006 Elève Ingénieur Statisticien Economiste 13

La présente étude vise en particulier à répondre aux préoccupations soulevées par le

Secrétariat technique permanent du Comité National de Lutte contre la Pauvreté dans le

document de travail « Intégration du genre dans le DSRP : une approche multisectorielle et

multidimensionnelle de la lutte contre la pauvreté » :

Quels sont les facteurs explicatifs de la pauvreté monétaire au Congo ?

La pauvreté monétaire affecte –t-elle différemment les hommes et les femmes ?

Quels sont les déterminants de la pauvreté sur lesquels agir en vue de réduire les

inégalités sexuées en terme de pauvreté ?

Notre analyse porte essentiellement sur la pauvreté monétaire des hommes et femmes

chefs de ménages selon leur milieu de résidence.

2.1.3 - LES LIMITES DE LA RECHERCHE

L’intégration du Genre est non seulement une innovation mais constitue une approche

multidimensionnelle et multisectorielle de l’analyse de la pauvreté. A ce titre, la présente

étude ne saurait cerner tous les éléments de la dimension sexospécifique de la pauvreté.

Dans le cadre de notre étude, nous avons choisi de nous limiter à l’analyse de la

pauvreté monétaire. Bien que cet aspect est considéré comme le plus important, même par les

auteurs des théories multidimensionnelles de la pauvreté tels Amartya Sen (1970, 1973), il ne

saurait rendre compte à lui tout seul de l’influence du genre dans ce phénomène.

Au-delà de ces considérations, Mukhopadhyay et Ghatak dans une note

méthodologique sur l’analyse des liens entre genre et pauvreté, remarquent que les études sur

le sujet utilisent le plus souvent des enquêtes où l’individu statistique est le ménage. Ainsi la

pauvreté des femmes est souvent confondue avec pauvreté des femmes chefs de ménage.

Cette hypothèse forte ne manque pas d’introduire des biais dans l’analyse. Il faudrait donc

disposer de données au niveau des individus et non seulement au niveau des ménages ce qui

n’est pas sans poser de nombreuses difficultés pratiques.

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Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

NGUENDJIO YOMI Aristide Donald ENSEA, Novembre 2006 Elève Ingénieur Statisticien Economiste 14

2.2 - CADRE DE RÉFÉRENCE

2.2.1 - LE CONCEPT DE PAUVRETÉ

2.2.1.1 - Les différentes approches et définitions de la pauvreté

Malgré le fait que nous pouvons recenser de nombreuses définitions de la pauvreté dans la

littérature, le concept de pauvreté lui-même a été développé suivant trois principales

approches :

- L’école welfarist ;

- L’école des besoins de base ;

- L’école des capacités ou des capabilities.

2.2.1.1.1- L’école welfarist

Un exemple de définition donnée par l’approche welfarist est :

Un individu est dit pauvre dans une société donnée lorsqu’il n’atteint pas un certain niveau de

bien-être économique jugé comme étant le niveau minimum par les standards de cette société.

Les welfarists ramènent le concept de bien-être soit directement au concept d’utilité

commun en économie, soit indirectement via le terme bien-être économique compris comme

l’utilité générée par la consommation totale. L’utilité elle-même est conçue comme un état

mental, tel que le bonheur, le plaisir ou la satisfaction du désir procuré à une personne par la

consommation (ou la possession) de biens et services. Le terme “niveau de vie” est un autre

terme quelques fois utilisé pour référer au bien-être économique. Ce concept de pauvreté tire

principalement ses origines dans la théorie microéconomique moderne et découle de

l’hypothèse que les individus maximisent leur bien-être.

En pratique cependant, le bien-être économique des individus n’est pas directement

observable. Parce que les préférences varient de plus d’une personne à l’autre, cette approche

est amenée à formuler un premier principe: celui que les individus sont les seuls à savoir ce

qui est véritablement dans leurs intérêts. Par l’analyse classique de la “main invisible”

formalisée dans l’étude moderne du bien-être et des équilibres, un second principe découle du

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Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

NGUENDJIO YOMI Aristide Donald ENSEA, Novembre 2006 Elève Ingénieur Statisticien Economiste 15

premier : celui que l'Etat ne doit pas trop intervenir dans l'économie. C'est-à-dire que ce qui

doit être produit, comment et pour qui il doit l'être, doit être déterminé par les préférences

inconnues des individus. Cette approche préconise donc des politiques axées sur

l'augmentation de la productivité, de l’emploi, etc., et donc du revenu, pour alléger la

pauvreté. En conséquence l’approche welfarist est associée à ce qui est appelé “l’approche

revenu de la pauvreté”.

L’école welfarist est actuellement l’approche dominante et était vue jusqu’à

récemment comme l’unique façon de faire. La Banque Mondiale, l’un des leaders parmi les

organismes de développement, promeut fortement le concept welfarist de la pauvreté.

2.2.1.1.2 - L’école des besoins de base

Cette école identifie un petit sous-ensemble de biens et services spécifiques identifiés

et perçus comme rencontrant les biens de base de tous les être humains. Ils sont dits “de base”

car leur satisfaction est considérée comme un préalable à l'atteinte d'une certaine qualité de

vie. Ils ne sont pas perçus comme contribuant nécessairement au bien-être.

Au lieu d’être sur l’utilité, l’accent est mis sur les besoins individuels relativement à des

commodités de base.

Dans l’approche traditionnelle des besoins de base, les commodités de base

comprennent :

- de la nourriture,

- de l’eau potable,

- des aménagements sanitaires,

- un logement,

- des services de santé et d’éducation de base,

- un service de transport public.

Comme nous le voyons, ces besoins vont au-delà des besoins nécessaires à l'existence,

généralement appelés les besoins minimaux, qui n'incluent qu'une nutrition adéquate, un

logement et un habillement décents.

Avant même d’aborder la question de ce qui est “suffisant”, le sous-ensemble de

commodités de base est compris comme variant avec l’âge et le sexe : les enfants et les

femmes requièrent des services de santé particuliers, l’éducation de base pour un enfant de 7

Page 23: Mémoire ISE 2007

Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

NGUENDJIO YOMI Aristide Donald ENSEA, Novembre 2006 Elève Ingénieur Statisticien Economiste 16

ans peut signifier d’aller à l’école primaire, alors qu’elle peut signifier l’alphabétisme

fonctionnel pour un adulte, etc. Un exemple de définition de la pauvreté suggérée par cette

approche est : l’incapacité d’une famille à faire face à ses besoins de base pour sa survie

(nourriture, santé, vêtements), sa sécurité (revenu, logement) et pour l’amélioration de ses

habiletés (éducation de base, alphabétisme fonctionnel, participation à la vie politique).

L'un des principaux problèmes auquel se confronte cette approche, est la détermination

même des besoins de base. Ce sont généralement les nutritionnistes, les physiologistes et

autres spécialistes qui sont appelés à déterminer les besoins de base. Or ceux-ci ne s'entendent

pas toujours. Cette école est la deuxième en importance après l’école welfarist. Ses origines

remontent au début des années 1990 avec les études de Rowntree (1990).

Quoiqu’elle reconnaisse le bien fondé des politiques de lutte contre la pauvreté

orientées vers l’accroissement des revenus, cette approche privilégie plutôt des politiques

ayant pour objectif plus particulier la satisfaction des besoins de base. Cette hypothèse repose

elle-même sur deux prémisses. Premièrement, que les inefficiences des mécanismes de

marché ne permettent pas aux pauvres de bénéficier de la croissance ; les principaux

bénéficiaires demeurant les mieux nantis (Streteen et al. 1981).

Deuxièmement, que l’accroissement du revenu des ménages pauvres n’est pas la

meilleure façon d’accroître la satisfaction des besoins de base. Quelques-unes des raisons

invoquées sont les suivantes:

- les besoins de base en éducation, santé, eau et en hygiène sont plus facilement

satisfaits par des services publics que par des revenus accrus;

- les individus n’utilisent pas toujours leurs augmentations de revenu pour accroître

leur nutrition et leur santé,

- il y a souvent une distribution inéquitable des ressources à l’intérieur des ménages.

2.2.1.1.3 - L’école des capacités (capabilities)

Pour cette école, l’accent n’est mis ni sur l’utilité ni sur la satisfaction de besoins de base,

mais sur les habiletés ou les capacités humaines. Cette approche qui a pris naissance dans les

années quatre-vingt et dont le principal maître d'oeuvre est Amartya Sen, n'a pas été

développée initialement dans l'optique de s'appliquer à la pauvreté. La visée de Sen était bien

plus vaste : développer une nouvelle conception de ce qui a de la valeur pour l'humain.

Page 24: Mémoire ISE 2007

Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

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La valeur de la vie d’une personne dépend en fait d’un ensemble de façons d’être (being)

et de faire (doing), qu’il regroupe sous le terme général de “fonctionnements” (functionings).

Les fonctionnements sont donc des accomplissements alors que les capacités réfèrent à la

liberté de choisir parmi les divers fonctionnements.

La valeur de la vie d’une personne est mieux conçue en termes de capacités que de

fonctionnements.

L’école des capacités considère donc comme pauvre, une personne qui n'a pas les

capacités d'atteindre un certain sous-ensemble de fonctionnements. En conséquence, pour

cette école, ce qui manque n’est pas de l’utilité ou des besoins de base satisfaits, mais

certaines capacités considérées comme raisonnablement minimales. La considération des

capacités et des fonctionnements plutôt que des commodités, oblige à prendre en compte les

caractéristiques personnelles des individus.

Puisque cette approche est assez récente, et se positionne au-dessus de toutes les autres

pour élaborer un nouveau concept du bien-être, ses applications à la pauvreté sont peu

nombreuses. Le développement de certains indices par le PNUD en est une tentative.

Quel que soit le cadre d’analyse dans lequel nous nous situons, nous pouvons

néanmoins définir un indicateur de niveau de vie. Ainsi une personne sera déclarée pauvre si

l’évaluation de l’indicateur de niveau de vie pour cet individu est inférieure à un certain seuil.

Nous allons maintenant nous intéresser à différents indices et mesures de pauvreté.

2.2.1.2 - Les principaux indices et mesures de la pauvreté Lorsque le seuil de pauvreté a été identifié, différents indices synthétiques peuvent être

proposés pour agréger les situations individuelles en mesure synthétique.

2.2.1.2.1 - L’incidence de la pauvreté

C’est le pourcentage de pauvres dans la population totale. C’est l’indice le plus intuitif et

le plus utilisé dans la pratique. Sa mesure est :

qHn

=

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Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

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Où n désigne le nombre d’individus dans la population totale et q le nombre total de pauvres.

La faiblesse de cet indice réside dans le fait qu’il ne suit que les passages de la ligne de

pauvreté. En effet sa valeur ne change pas si un pauvre devient encore plus pauvre.

2.2.1.2.2 - L’intensité de la pauvreté

C’est un indice qui prend en compte l’écart moyen qui sépare les pauvres du seuil de

pauvreté.

Sa mesure est donnée par la formule :

1 1

q

ipi

z yI

qz zμ

=

−= = − +∑

où pμ est le revenu moyen des pauvres,

y désigne les dépenses des ménages,

z le seuil de pauvreté.

Cette mesure est parfois appelée déficit de pauvreté. En effet, le montant nécessaire

pour éliminer la pauvreté est qzI si on suppose les coûts de transactions nuls.

Ravallion (1996) fait remarquer qu’elle ne peut servir à elle seule d’indice de la pauvreté,

car elle peut augmenter lorsqu’un pauvre échappe à la pauvreté, puisque dans ce cas le revenu

moyen des pauvres diminue.

2.2.1.2.3 - L’inégalité de revenu parmi les pauvres

C’est le troisième indice élémentaire et se définit comme le produit des deux premiers :

1

q

ipi

z y q qPnz nz n

μ=

−= = − +∑

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Il permet de calculer le montant des dépenses totales qu’il faudrait consacrer à la

réduction totale de la pauvreté soit qzI nzP= . Il présente les mêmes avantages que les deux

premiers indices sans avoir leurs inconvénients.

2.2.1.2.4 - La mesure de Sen

Elle est donnée par la relation :

1

2(1 ) ( 1 )1 ( 1)

q

p ii

qS H I I G q i gq q q nz =

⎡ ⎤= + − = + −⎢ ⎥+ +⎣ ⎦

Où Gp est le coefficient de Gini de la distribution des revenus des pauvres et gi = z-yi.

Cet indice introduit un indice d’inégalité de revenu à l’intérieur de la population

pauvre, et permet ainsi de rendre compte des effets de redistribution à l’intérieur de la

catégorie des pauvres.

Toutefois l’indice de Sen baisse lorsqu’on effectue un transfert de revenu d’un individu

pauvre vers un autre moins pauvre. De même il enregistre un saut dans la mesure de la

pauvreté à la suite d’une faible variation du seuil de pauvreté.

2.2.1.2.5 - La mesure de Shorrocks (1995)

Elle est donnée par :

21

1 (2 2 1)q

ii

SH n i gn z =

= − +∑

Cette mesure présente l’avantage de posséder la propriété de continuité que ne vérifie pas

l’indice de Sen.

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2.2.1.2.6 - Les mesures de Foster, Greer et Thorbecke (FGT)

Cette famille d’indices, désignées par Pα, sont en pratiques les plus utilisées dans

l’analyse de la pauvreté du fait de leurs diverses propriétés (Ponty, 1998). Elles trouvent leur

force dans leur complémentarité. Elles vérifient en effet toutes les propriétés des mesures de

pauvreté.

Elles sont données par :

1

1 ( )q

i

i

z yPn z

αα

=

−= ∑

Où α ≥ 0 désigne l’aversion pour la pauvreté.

P0 = Incidence de la pauvreté ; P1 = Intensité de la pauvreté ; P2 = Sévérité de la pauvreté

La sévérité de la pauvreté mesure la répartition des ménages pauvres autour de leur

niveau de dépenses moyennes : plus la proportion des ménages très pauvres est grande, plus la

sévérité est forte.

Les indices FGT présentent une propriété intéressante qui est la « décomposabilité ». En

effet, considérons une partition de la population en m catégories j=1,…,m. Chacune de ces

catégories ayant un poids k j (avec la somme des k j égales à l’unité), la mesure Pα de

l’ensemble de la population est simplement la moyenne pondérée des mesures jPα de

l’ensemble des sous-groupes, c'est-à-dire :

,j jj

P k Pα α=∑

On peut donc calculer la contribution de chacun des sous groupes à la pauvreté; elle est égale à:

,*j jj

k PC

α

=

Ces contributions donnent une idée des groupes où se concentre la pauvreté et peuvent donc

être utilisées pour le ciblage des politiques. On peut réaliser cet exercice pour les groupes

socio-économiques, les régions, etc.

2.2.1.2.7 - Les indices synthétiques

Ils ont trait au développement humain et ont été construits par le Programme des

Nations Unies pour le Développement (PNUD) à la suite des travaux de Sen.

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L’indice de développement humain (I.D.H.)

Il permet de mesurer le niveau de développement humain atteint par un pays ou une

région donnée. Son calcul repose sur trois types d’indices de bien-être avec des valeurs

minimales et maximales fixées :

- L’espérance de vie à la naissance (de 25 à 85 ans) ;

- Le niveau d’instruction, combinaison du taux d’alphabétisation des adultes (2/3) et du taux

de scolarisation (1/3) ; les valeur extrêmes sont 0% et 100% ;

- Le niveau de vie mesuré par le PIB réel par habitant (exprimé en parité de pouvoir d’achat)

(de 100$ à 40 000$).

Pour chacune des variables on calcule un indice par la formule suivante :

minmaxmin

valeurvaleurvaleuronalevaleurnatiI

−−

=

.

Notons que l’indice du revenu se calcule en logarithme.

Soit Io, Ii, Ir respectivement les indices de l’espérance de vie, de l’éducation et du revenu.

L’IDH se calcule de la façon suivante :

)(31

0 ri IIIIDH ++=

L’indice de pauvreté humaine (I.P.H)

L’indice de pauvreté humaine prend en compte :

- les déficits en terme de longévité mesurés par le pourcentage de personnes risquant de

mourir avant 40 ans (P1)

- les manques dans le domaine de l’instruction mesurés par le taux d’analphabétisme (P2)

- les déficits en termes de conditions de vie identifiés par le pourcentage d’individus privés

d’accès à l’eau potable (P31) ; le pourcentage de personnes privées d’accès aux services de

santé (P32) et celui des enfant de moins de cinq ans souffrant de malnutrition (P33)

Sa formule de calcul est :

31

321 )(31 PPPIPH ++=

Où )(31

3332313 PPPP ++=

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Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

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2.2.2 - LE CONCEPT DE GENRE

Le « genre » d'une personne est défini par les règles, normes, coutumes et pratiques

qui expriment les différences biologiques entre les deux sexes sous la forme de différences

socialement construites entre hommes et femmes (et entre garçons et filles). Les deux genres

ainsi définis ne sont pas valorisés de la même façon et ne bénéficient pas de possibilités

égales d'évolution et d'action. (Kabeer, 2003).

Le genre est tout d’abord une notion de sociologie et son intégration dans le domaine

de l’économie s’est faite de façon très progressive depuis les années 1970 jusqu’en 2006.

2.2.2.1 - Les cadres de références des politiques et stratégies de genre

L'importance accordée aux questions de genre tant au niveau international qu'au

niveau national a donné lieu à plusieurs initiatives pouvant constituer des cadres de références

pour l'élaboration des stratégies et politiques de réduction des inégalités de genre. C'est

pourquoi, ne pouvant pas être exhaustif dans ce travail, nous allons retenir uniquement les

plus important au niveau international et au niveau national.

2.2.2.1.1 - Les cadres de références au niveau international

Au niveau international, deux cadres de références de grande importance peuvent être

mentionnés. Il s'agit des conférences des Nations Unies sur les femmes qui ont eu lieu entre

1975 et 1995 et qui retracent l'histoire de la lutte pour l'égalité des sexes et les Objectifs du

Millénaire pour le Développement qui donnent une place de choix aux problèmes des

femmes.

2.2.2.1.1.1 - Les conférences des Nations Unies sur les femmes

Les conférences mondiales sur les femmes organisées par les Nations Unies ont été le

moyen de placer la question de l'égalité entre les sexes au cœur de l'agenda mondial. Elles ont

permis de grouper la communauté internationale autour d'un ensemble d'objectifs communs,

assorti d'un plan d'action effectif pour la promotion générale des femmes, dans toutes les

sphères de la vie publique et privée.

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Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

NGUENDJIO YOMI Aristide Donald ENSEA, Novembre 2006 Elève Ingénieur Statisticien Economiste 23

Lors de la création des Nations Unies, en 1945, la lutte pour l'égalité entre les sexes

était encore balbutiante. Seuls trente, des cinquante - et - un premiers Etats Membres de

l'Organisation, accordaient aux femmes les mêmes droits de vote qu'aux hommes ou les

autorisaient à travailler dans l'administration publique. Néanmoins, les rédacteurs de la Charte

des Nations Unies, prévoyants, firent délibérément mention de «l'égalité des droits entre les

hommes et les femmes» alors qu'ils déclaraient «la foi [de l'Organisation] en les droits de

l'homme» ainsi que «la dignité et la valeur de la personne humaine». Aucun document légal

international n'avait auparavant affirmé avec une telle vigueur l'égalité de tous les êtres

humains ou n'avait considéré la différence de sexe comme possible motif de discrimination. Il

devint alors évident que les droits des femmes seraient au cœur des travaux futurs de

l'Organisation.

Au cours des trois décennies qui suivirent, le travail des Nations Unies relatif aux

femmes fut principalement consacré à la codification de leurs droits juridiques et civils ainsi

qu'à la collecte d'informations sur leur statut dans le monde. Avec le temps, il devint toutefois

de plus en plus évident que les lois, en elles-mêmes et comme telles, ne suffisaient pas à

garantir aux femmes des droits égaux à ceux des hommes.

Le second stade de la lutte en faveur de l'égalité entre les sexes commença avec

l'organisation, par les Nations Unies, de quatre conférences mondiales destinées à développer

des stratégies et des plans d'action pour la promotion des femmes. Les efforts déployés

connurent plusieurs phases et transformations. Après avoir considéré les femmes presque

exclusivement en fonction de leurs besoins en matière de développement, on reconnut les

contributions essentielles qu'elles apportaient à tout le processus de développement et l'on

chercha à leur donner davantage de pouvoir ainsi qu'à promouvoir leurs droits à participer

pleinement aux activités humaines, sur tous les plans.

a. La première conférence : Mexico 1975

La première conférence mondiale sur le statut des femmes se réunit à Mexico en 1975,

coïncidant de la sorte avec l'Année internationale de la femme, célébrée afin de rappeler à la

communauté internationale que le problème de la discrimination à l'égard des femmes

persistait presque partout dans le monde. De concert avec la Décennie des Nations Unies pour

la femme (1976-1985), proclamée par l'Assemblée générale cinq mois après que la

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Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

NGUENDJIO YOMI Aristide Donald ENSEA, Novembre 2006 Elève Ingénieur Statisticien Economiste 24

Conférence en avait fait la demande express, celle-ci ouvrit une nouvelle phase dans les

efforts mondiaux relatifs à la promotion des femmes, en initiant un dialogue de portée

internationale sur l'égalité entre les sexes. Un processus venait d'être déclenché – un processus

d'apprentissage – qui impliquerait des délibérations, des négociations, la mise en place

d'objectifs, l'identification des obstacles et l'évaluation des progrès accomplis.

La Conférence de Mexico fut organisée à la demande de l'Assemblée générale des Nations

Unies pour attirer l'attention internationale sur le besoin de développer des objectifs futur

précis, des stratégies efficaces et des plans d'action en faveur de la promotion des femmes. A

cette fin, l'Assemblée générale identifia trois objectifs clés qui devaient servir de base au

travail des Nations Unies relatif aux femmes :

• Une égalité complète entre les hommes et les femmes et l'élimination de la

discrimination fondée sur le sexe;

• L'intégration et la pleine participation des femmes au développement; et

• Une contribution de plus en plus importante des femmes au renforcement de la paix

internationale.

La Conférence réagit en adoptant un Programme mondial d'action, document qui

proposait des directives aux gouvernements et à la communauté internationale pour mettre en

oeuvre, au cours des dix années à venir, les trois objectifs prioritaires déterminés par

l'Assemblée générale. Le Programme d'action établissait les résultats minimums devant être

atteints avant 1980 et qui permettraient de garantir un accès égal aux femmes dans des

domaines tels que l'éducation, les opportunités d'emploi, la participation à la vie politique, les

services de santé, le logement, la nutrition et le planning familial.

Cette approche marqua un tournant, déjà amorcé au début des années 70, dans la façon

dont les femmes étaient perçues. Alors que les femmes étaient considérées auparavant comme

des individus recevant passivement aide et soutien, elles devenaient dès lors les véritables

partenaires des hommes, possédant les mêmes droits d'accès aux ressources et aux

opportunités. Une transformation similaire était en train de s'opérer dans la conception du

développement. Il ne devait dès lors plus servir à la promotion des femmes et on reconnaissait

qu'il n'y avait de développement possible sans la pleine participation des femmes.

La Conférence demanda aux gouvernements d'établir des stratégies nationales et

d'identifier des objectifs et des priorités pour orienter leurs efforts de promotion d'une

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Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

NGUENDJIO YOMI Aristide Donald ENSEA, Novembre 2006 Elève Ingénieur Statisticien Economiste 25

participation égale des femmes. A la fin de la Décennie des Nations Unies pour la femme, 127

Etats Membres avaient répondu à cette demande, en mettant en place des mécanismes

nationaux, des institutions s'occupant de la promotion des politiques, des recherches et des

programmes visant à promouvoir les femmes et à les faire participer au développement.

Au sein du système des Nations Unies, en plus de l'Agence (aujourd'hui Division) de la

promotion de la femme, la Conférence permit la création de l'Institut international de

recherche et de formation des Nations Unies pour la promotion de la femme (INSTRAW) et

le Fonds de développement des Nations Unies pour la femme (UNIFEM) fournissant un cadre

institutionnel pour la recherche, la formation et les activités opérationnelles dans le domaine

des femmes et du développement.

Un aspect important de la réunion de Mexico réside dans le fait que les femmes jouèrent

elles-mêmes un rôle directeur dans les discussions. Parmi les délégations des 133 Etats

Membres rassemblées, 113 étaient menées par des femmes. Les femmes organisèrent

également, en parallèle de la Conférence, un forum des organisations non gouvernementales,

la tribune annuelle internationale des femmes, qui rassemblait environ 4 000 participants.

Des différences notables qui reflétaient les réalités politiques et économiques de l'époque

apparurent au sein des femmes présentes au Forum. Les femmes des pays du bloc de l'est, par

exemple, se montrèrent plus intéressées par la question de la paix, alors que les femmes de

l'Ouest insistèrent sur celle de l'égalité entre les sexes et que celles des pays en développement

mirent l'accent sur le développement. Néanmoins, le Forum joua un rôle important, dans la

mesure où il rassembla des hommes et des femmes de cultures et d'origines différentes qui

allaient partager des informations et mettre en marche un processus qui aiderait à unifier le

mouvement féminin, devenu véritablement international à la fin de la Décennie pour la

femme. Le Forum permit également aux Nations Unies de s'ouvrir aux ONG qui favorisèrent

la prise en compte de l'opinion des femmes dans le processus de développement des politiques

de l'Organisation.

b. La deuxième conférence : Copenhague 1980

Lors de la réunion de représentants de 145 Etats Membres à Copenhague en 1980 qui

visait à revoir et examiner le Programme mondial d'action, à l'occasion de la seconde

Page 33: Mémoire ISE 2007

Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

NGUENDJIO YOMI Aristide Donald ENSEA, Novembre 2006 Elève Ingénieur Statisticien Economiste 26

conférence sur les femmes, on reconnut de façon unanime que des progrès significatifs

avaient été réalisés. Les gouvernements et la communauté internationale avançaient à grands

pas vers les objectifs fixés, cinq ans plus tôt, à Mexico.

Une étape importante avait été l'adoption, par l'Assemblée générale en décembre 1979,

de la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des

femmes, l'un des instruments les plus puissants pour assurer l'égalité entre les hommes et les

femmes. La Convention, dénommée «déclaration des droits de la femme», lie aujourd'hui

légalement 165 Etats, devenus Etats partis, et les oblige à présenter dans l'année suivant la

ratification et par la suite tous les quatre ans les mesures qu'ils ont prises pour éliminer les

obstacles rencontrés dans l'application de la Convention. Un Protocole facultatif, permettant

aux femmes victimes de discrimination fondée sur la différence des sexes de porter plainte

devant une instance internationale, ouvert à la ratification à l'occasion de la Journée des droits

de l'homme, le 10 décembre 1999. Après son entrée en vigueur, le Protocole placera la

Convention sur un pied d'égalité avec d'autres instruments internationaux relatifs aux droits de

l'homme et qui comprennent des procédures de plaintes individuelles.

Malgré les progrès réalisés, la Conférence de Copenhague releva l'émergence de

disparités entre les droits théoriquement garantis et la capacité des femmes à exercer

effectivement ces droits. Afin d'examiner ce problème, la Conférence isola trois domaines

dans lesquels une action spécifique et extrêmement ciblée était essentielle si l'on souhaitait

atteindre les objectifs d'égalité, de développement et de paix identifiés par la Conférence de

Mexico. Un accès similaire à celui des hommes à l'éducation, aux opportunités d'emploi et à

des services de soins médicaux appropriés, tels étaient ces trois domaines.

Les délibérations de la Conférence de Copenhague furent assombries par des tensions

politiques dont certaines dataient de la Conférence de Mexico. Toutefois la Conférence

parvint à adopter, mais pas par consensus, un programme d'action qui identifiait divers

facteurs responsables de la divergence entre les droits légaux et la capacité des femmes à les

exercer. Ceux-ci incluaient :

• Le manque d'engagement suffisant de la part des hommes pour améliorer le rôle de la

femme dans la société;

• Une volonté politique insuffisante;

• Le manque de reconnaissance de la valeur des contributions des femmes à la société;

Page 34: Mémoire ISE 2007

Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

NGUENDJIO YOMI Aristide Donald ENSEA, Novembre 2006 Elève Ingénieur Statisticien Economiste 27

• Le manque d'attention portée aux besoins particuliers des femmes au niveau de la

planification;

• La rareté des femmes aux postes de décision;

• L'insuffisance de services tels que les coopératives, les centres de soins journaliers et

les organismes de prêts destinés à soutenir le rôle de la femme dans la vie nationale;

• Un manque général de ressources financières; et

• Une faible prise de conscience des femmes en ce qui concerne les opportunités

disponibles.

Pour que l'on remédie à ces problèmes, le Programme d'action de Copenhague appela à la

mise en place de mesures nationales plus importantes pour garantir aux femmes la propriété et

le contrôle foncier, de même qu'une amélioration des droits des femmes en matière de

succession, de garde parentale et de perte de nationalité. C'est également à la Conférence que

les représentants demandèrent instamment que soit mis fin aux comportements stéréotypés à

l'égard des femmes.

c. La troisième conférence : Nairobi 1985

Le mouvement pour l'égalité entre les sexes avait vraiment acquis une reconnaissance

internationale, au moment où s'organisait, en 1985 à Nairobi, la troisième conférence

mondiale sur les femmes, la Conférence mondiale pour le suivi et l'examen des réalisations de

la Décennie des Nations Unies pour la femme : égalité, développement et paix. Avec 15 000

représentants d'organisations non gouvernementales présents au forum des ONG, organisé

parallèlement à cet événement, nombreux furent ceux qui estimèrent bientôt que la

Conférence avait permis la «naissance du féminisme mondial». Le mouvement des femmes,

divisé à la Conférence de Mexico en raison des réalités politiques et économiques mondiales

de l'époque, était alors devenu une force internationale unifiée sous la bannière de l'égalité, du

développement et de la paix. Derrière cette étape historique, se cachaient dix années de

travail. Beaucoup d'informations, de connaissances et d'expériences avaient été rassemblées

par le biais du processus de discussion, de négociation et de révision.

Au même moment, les représentants se trouvèrent confrontés à des rapports choquants.

Les renseignements recueillis par les Nations Unies révélaient que seule une petite minorité

de femmes avaient tiré parti des améliorations du statut des femmes et des efforts pour réduire

la discrimination à leur égard. Dans les pays en développement, l'amélioration de leur

Page 35: Mémoire ISE 2007

Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

NGUENDJIO YOMI Aristide Donald ENSEA, Novembre 2006 Elève Ingénieur Statisticien Economiste 28

situation n'avait été qu'un processus marginal, dans les meilleurs cas. En bref, les objectifs de

la seconde partie de la Décennie des Nations Unies pour la femme n'avaient pas été atteints.

Cette constatation appelait à l'adoption d'une nouvelle approche. La Conférence de

Nairobi fut mandatée pour rechercher de nouvelles voies qui permettraient de surmonter les

obstacles à la réalisation des objectifs de la Décennie : égalité, développement et paix.

Les Stratégies prospectives d'action de Nairobi pour l'an 2000, stratégies développées

et adoptées par consensus par les 157 gouvernements participants, constituaient un plan de

travail remis à jour et concernant l'avenir des femmes jusqu'à la fin du siècle. Sa nouveauté

résidait dans le fait qu'il déclarait que tous les problèmes humains étaient aussi les problèmes

des femmes. La participation des femmes au processus de décision et à la gestion de toutes les

affaires humaines reconnue non seulement comme un droit légitime, mais aussi comme une

nécessité politique et sociale dont le respect devait être incorporé dans toutes les institutions

de la société.

Une série de mesures visant à permettre l'égalité entre les hommes et les femmes au

niveau national se trouvait au centre de ce document. Les gouvernements se devaient de

définir leurs propres priorités en fonction de leurs politiques de développement et des

ressources à leur disposition.

Trois catégories élémentaires de mesures furent établies :

• Mesures légales et constitutionnelles;

• Égalité avec les hommes au niveau de la participation sociale; et

• Égalité avec les hommes dans la vie politique et les processus de prise de décisions.

S'inspirant de l'idée que tout problème est aussi un problème de femme, les mesures

recommandaient que les Stratégies prospectives de Nairobi incluent un large éventail de sujets

allant de l'emploi à la santé jusqu'aux services sociaux, à l'industrie, à la science, aux

communications et à l'environnement. A cette occasion, des directives pour la mise en place

de mesures nationales, concernant la promotion de la participation des femmes dans les

efforts de paix et l'assistance aux femmes en situations de détresse particulières, furent

également proposées.

Page 36: Mémoire ISE 2007

Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

NGUENDJIO YOMI Aristide Donald ENSEA, Novembre 2006 Elève Ingénieur Statisticien Economiste 29

De la même façon, la Conférence de Nairobi exhorta les gouvernements à déléguer les

responsabilités relatives aux questions de la femme à tous les bureaux et programmes

institutionnels. De plus, suite à la Conférence, l'Assemblée générale demanda aux Nations

Unies d'inclure, si cela ne l'était déjà, la question des femmes à tous les domaines d'activité de

l'Organisation.

La Conférence de Nairobi avait donc permis d'envisager la question de la promotion

de la femme de manière plus large. Il était maintenant admis que l'égalité entre les femmes et

les hommes, loin d'être un problème isolé, touchait tous les domaines de l'activité humaine.

De ce fait, la participation active et à long terme des femmes pour résoudre les problèmes de

la société, et pas seulement les problèmes de femmes, était essentielle pour pouvoir atteindre

les buts et objectifs de la Décennie de la femme.

d. La quatrième conférence : Beijing 1995

Alors que les efforts déployés au cours des deux décennies précédentes, depuis la

Conférence de Mexico en 1975, avaient aidé à améliorer la condition de la femme et son

accès aux ressources, ils n'avaient cependant pas été permis de modifier les formes

élémentaires d'inégalité existant au sein des relations hommes-femmes. Les décisions qui

affectaient la vie de la plupart des individus continuaient d'être prises par des hommes. Il

fallait donc élaborer les moyens de donner plus de pouvoir aux femmes afin qu'elles puissent,

en tant que partenaires équivalents des hommes, insérer leurs priorités et valeurs propres dans

les processus de prise de décisions, à tous les niveaux.

La reconnaissance de ce besoin d'impliquer les femmes dans la prise de décisions avait

commencé à se manifester au cours d'une série de conférences mondiales organisées par les

Nations Unies au début des années 90, qui traitaient des divers aspects du développement :

l'environnement, les droits de l'homme, la population et le développement social. Toutes ces

conférences avaient souligné l'importance de la pleine participation des femmes à la prise de

décision; leurs points de vue formèrent une partie intégrante des délibérations et des

documents alors adoptés.

Page 37: Mémoire ISE 2007

Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

NGUENDJIO YOMI Aristide Donald ENSEA, Novembre 2006 Elève Ingénieur Statisticien Economiste 30

Néanmoins, ce ne fût qu'à la conférence suivante, la quatrième Conférence mondiale

sur les femmes, organisée à Beijing en 1995, que l'on assista véritablement à l'ouverture d'un

nouveau chapitre dans la lutte pour l'égalité entre les sexes.

La transformation fondamentale qui eut lieu à Beijing fut la reconnaissance du besoin

de déplacer l'attention focalisée sur les femmes vers un concept plus large, celui de genre,

pour montrer ainsi que la structure de la société, dans son ensemble, de même que les

relations entre les hommes et les femmes qui la composent devaient être réévaluées. Ce n'est

que par une restructuration aussi profonde de la société et de ses institutions que les femmes

pouvaient acquérir suffisamment de pouvoir pour occuper la place qui leur revenaient, en tant

qu'égales des hommes, dans tous les aspects de la vie. Par ce changement, on avait réaffirmé

énergiquement que les droits des femmes faisaient partie intégrante des droits de l'homme et

que l'égalité entre les sexes était une question universelle dont la prise en compte bénéficiait à

tous.

Le legs de la Conférence de Beijing résidait dans le fait que celle-ci avait provoqué un

renouveau des engagements mondiaux pour l'attribution de pouvoirs accrus aux femmes

partout dans le monde et qu'elle attira une attention internationale sans précédent. La

Conférence adopta de manière unanime la Déclaration de Beijing et le Programme d'action

conçu comme un ordre du jour en faveur du renforcement de la position de la femme et

comme la pierre angulaire de la promotion de la femme au XXIe siècle. Le Programme

d'action définissait douze domaines critiques, estimés être représentatifs des obstacles

principaux à la promotion de la femme et pour lesquels une action concrète des

gouvernements et de la société civile était nécessaire :

• Les femmes et la pauvreté;

• L'éducation et la formation des femmes;

• Les femmes et la santé;

• La violence à l'égard des femmes;

• Les femmes et les conflits armés;

• Les femmes et l'économie;

• Les femmes, le pouvoir et la prise de décision;

• Les mécanismes institutionnels pour la promotion des femmes;

• Les droits humains des femmes;

• Les femmes et les médias;

Page 38: Mémoire ISE 2007

Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

NGUENDJIO YOMI Aristide Donald ENSEA, Novembre 2006 Elève Ingénieur Statisticien Economiste 31

• Les femmes et l'environnement; et

• Les fillettes.

En adoptant le Programme d'action de Beijing, les gouvernements s'engagèrent à inclure

effectivement la dimension séxospécifique dans toutes leurs institutions, politiques, de

planification et de prise de décisions. Cela signifiait concrètement qu'avant que des décisions

ne soient prises ou que des programmes ne soient mis en place une analyse de leurs effets sur

les hommes et les femmes, ainsi que des besoins de ceux ci, devait toujours être conduite. Au

lieu de s'astreindre, par exemple, à faire en sorte qu'un système éducatif soit de plus en plus

ouvert aux femmes, cette valorisation de l'aspect sexospécifique imposerait une

restructuration du système afin qu'il épouse uniformément les besoins des femmes comme

ceux des hommes.

Introduire l'aspect sexospécifique impliquait un réexamen de toute la société et de

l'inégalité de ses structures de base. L'attention n'était donc plus limitée aux femmes et à leur

statut dans la société, mais englobait la restructuration des institutions et des processus de

prise de décisions politiques et économiques au sein d'une société envisagée dans son

ensemble.

En approuvant le Programme d'action, l'Assemblée générale des Nations Unies demanda à

tous les Etats, au système des Nations Unies et aux autres organisations internationales,

comme aux ONG et au secteur privé, de prendre des mesures pour appliquer les

recommandations y figurant. Parmi les Etats Membres, les mécanismes qui avaient été établis

pour promouvoir le statut de la femme furent réassignés comme unité centrale de coordination

des politiques sur l'ensemble des institutions et programmes. Au sein du système des Nations

Unies, le Secrétaire général désigna un fonctionnaire de haut rang pour servir de conseiller

spécial sur les questions sexospécifiques, ayant pour rôle de garantir une application large des

perspectives sexospécifiques à tous les niveaux du champ de travail des Nations Unies.

L'Organisation se vit également confier un rôle central, celui de superviser le Programme.

La Conférence de Beijing apparut comme un succès majeur, à la fois en raison de son ampleur

et de ses résultats. Avec 17 000 participants dont 189 gouvernements, elle constituait la

réunion la plus importante de représentants de gouvernements et d'ONG jamais organisée. Le

Forum ONG, organisé parallèlement à la Conférence battit tous les records en accueillant 35

000 personnes, portant ainsi le nombre général de participants à 47 000.

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Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

NGUENDJIO YOMI Aristide Donald ENSEA, Novembre 2006 Elève Ingénieur Statisticien Economiste 32

La présence et l'influence des ONG, l'un des fers de lance de la recherche de l'égalité

entre les sexes, avaient énormément augmenté depuis la Conférence de Mexico, en 1975. A

Beijing, les ONG influencèrent directement le contenu du Programme d'action. Elles allaient

de même jouer un rôle important en rendant leurs dirigeants nationaux responsables des

engagements qu'ils avaient acceptés de mettre en oeuvre.

2.2.2.1.1.2. Les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD)

Les OMD sont l'aboutissement d'un long processus qui remonte aux grandes

conférences internationales organisées dans les années 1990. Il s'agit du sommet mondial pour

les enfants (1990 – 2002); de la Conférence Internationale de Pays en Développement (1994);

de la Conférence Mondiale sur les femmes à Beijing en Chine (1995); du Sommet Mondial

pour le Développement Social à Copenhague (1995); du Nouveau Partenariat pour le

Développement de l'Afrique NEPAD (2000) et du Sommet du Millénaire pour le

Développement (2000)

La République du Congo, s'est engagée à élaborer et à mettre en œuvre des politiques

conformes aux OMD. Ces derniers au nombre de huit (8) ont été fixés avec une douzaine (12)

de cibles. Le premier objectif est l'élimination de l'extrême pauvreté et de la faim. Cet objectif

comprend deux cibles à savoir :

(i) la réduction de moitié, entre 1990 et 2015, la proportion de la population

dont le revenu est inférieur à un dollar par jour et

(ii) la réduction de moitié, toujours entre 1990 et 2015, la proportion de la

population qui souffre de faim. Le deuxième objectif qui consiste à assurer

une éducation primaire pour tous a pour cible d'ici 2015, de donner à tous

les enfants, garçons et filles, partout dans le monde, les moyens d'achever

un cycle complet d'études primaires.

Promouvoir l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes constitue le troisième

objectif qui a pour cible l'élimination des disparités entre les sexes dans l'enseignement

primaire et secondaire d'ici 2015 si possible et à tous les niveaux de l'enseignement en 2015

au plus tard. L'objectif 4 est de réduire la mortalité des enfants de moins de 5 ans. La cible ici

est de réduire de deux tiers, entre 1990 et 2015, le taux de mortalité des enfants de moins de 5

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Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

NGUENDJIO YOMI Aristide Donald ENSEA, Novembre 2006 Elève Ingénieur Statisticien Economiste 33

ans. L'objectif 5 est d'améliorer la santé maternelle avec pour cible la réduction de trois

quarts, entre 1990 et 2015, du taux de mortalité maternelle.

Combattre le VIH / SIDA, le paludisme et d'autres maladies constitue le sixième

objectif des OMD. Cet objectif comprend deux cibles qui sont :

(i) d'ici 2015, avoir stoppé la propagation du VIH / SIDA et commencé à

inverser la tendance actuelle et

(ii) d'ici 2015, avoir maîtrisé le paludisme et d'autres maladies et avoir

commencer à inverser la tendance actuelle.

Le septième objectif consiste à assurer un environnement durable. Cet objectif s'articule

autour de trois cibles à savoir :

(i) intégrer les principes du développement durable dans les politiques nationales et

inverser la tendance actuelle de la déperdition des ressources environnementales;

(ii) réduire de moitié, d'ici 2015, le pourcentage de la population qui n'a pas accès de

façon durable à un approvisionnement à une eau potable;

(iii) réussir, d'ici 2010, à améliorer sensiblement la vie d'au moins 100 millions

d'habitants de taudis.

Enfin le dernier objectif consiste à mettre en place un partenariat mondial pour le

développement. Il a pour cible le traitement global du problème de la dette des pays en

développement, par des mesures d'ordre national et international propres à rendre leur

endettement viable à long terme.

2.2.2.1.2 - Les cadres de références au niveau national

Sur le plan national, quatre cadres de référence peuvent être mentionnés. Il s'agit de la

constitution de 20 janvier 2002, du statut général de la fonction publique, du code de travail

en vigueur dans le secteur privé qui a été révisé en 1982 et du code de la famille rentré en

vigueur le 17 octobre 1984.

En effet, la constitution de 20 janvier 2002 consacre deux articles à la situation des

inégalités. Le premier stipule : " … toute discrimination fondée sur l'origine ethnique ou

régionale, l'idéologie, la religion, la philosophie, le sexe et l'état physique est interdite …". Le

second dispose que "la femme a les mêmes droits que l'homme dans tous les domaines de la

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Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

NGUENDJIO YOMI Aristide Donald ENSEA, Novembre 2006 Elève Ingénieur Statisticien Economiste 34

vie politique et sociale" et que "pour un travail égal, la femme a les mêmes droits que

l'homme". Au niveau du statut général de la fonction publique, il s'agit de la loi n°021/89 du

14 novembre 1989. Cette loi fixe le statut des agents de l'Etat fonctionnaires ou non titulaires.

Dans l'article 129, il assure une égalité entre l'homme et la femme sous réserve des

dispositions relatives au congé de maternité.

Dans le secteur privé, la loi n°45/75 instituant le code du travail révisé en 1982,

dispose en son article 30 : "à conditions égales de travail, de qualification professionnelle et

de rendement, le salaire est égal pour tous les travailleurs quelles que soient leur origine, leur

sexe, leur âge et leur statut. Enfin, la loi n°073/84 du 17 octobre 1984 portant code de la

famille congolaise affirme également le principe de l'égalité des droits dans tous les domaines

de la vie privée, politique et sociale. Au terme de l'article 308 de ce code, les coutumes

cessent d'avoir force de loi. La capacité juridique de la femme est connue et son consentement

est exigé pour le mariage. Cependant, le mari demeure le chef de famille (article 168) et sa

femme ne le remplace qu'en cas d'indisponibilité ou d'incapacité (PNUD, 2002).

2.2.2.2 - Les stratégies et politiques de réduction des inégalités de genre

antérieur et en cours en République du Congo depuis la décennie 1990

La situation de la femme congolaise est à plusieurs égards aussi défavorable que celle

des femmes des autres pays en développement. Bien que la république du Congo ait ratifié

’essentiel des conventions internationales prônant le respect des droits de la femme, la

condition de celle ci est encore caractérisée par des nombreuses violations.

Les crises que le pays a connues ont accentué cette situation avec les violences

sexuelles sur les femmes, les filles, l’aggravation des difficultés financières liées a la prise en

charge de la famille en l’absence du mari, l’inégalité de longue date entre l’homme et la

femme en matière de santé, du niveau d’instruction, de qualification personnelle, de la

participation de la femme à la prise de décision et à l’accès aux possibilités économiques.

2.2.2.2.1 - Les stratégies et politiques de genre entre 1980 et 2003

La création d’un mécanisme institutionnel chargé des questions de la femme intégrait la

démarche des institutions internationales soucieuses de l’égalité entre les sexes dans la

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Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

NGUENDJIO YOMI Aristide Donald ENSEA, Novembre 2006 Elève Ingénieur Statisticien Economiste 35

législation, les politiques et les programmes du gouvernement. C’est ainsi, les activités et les

projets spécifiques des femmes jusque là gérés par l’Union Révolutionnaire des Femmes du

Congo (URFC) et la Direction Générale des Affaires Sociales (DGAS) vont au cours des

années 1980 s’aligner sur les orientations du contexte international dominé par l’approche

Intégration de la Femme au Développement (I.F.D.).

Dans cette optique, en 1989, le système des Nations Unis à travers le projet « Appui à

l’Intégration de la Femme au développement » aida le gouvernement à mettre en place un

cadre cohérent pour la coordination des projets d’assistance. Le projet fut implanté à la

Direction Générale du Plan au sein du ministère des Finances, de l’Economie et du Plan.

En 1990, la cellule du projet fut érigée en Direction de l’Intégration de la Femme au

développement (DIFD) sous tutelle de la Direction Générale du Plan elle élabora un

programme axé essentiellement sur les études socio-économiques, le renforcement des

capacités locales et nationales et la coordination nationale des activités du développement.

Au cours de cette même période marquée par les revendications syndicales, les femmes

commencèrent à se regrouper sur la base de leurs intérêts.

Naquirent ainsi les associations scientifiques, de développement et humanitaires notamment

l’Association Congolaise des femmes Chercheurs (ACFC), l’Association des Femmes Juristes

du Congo (AFJC), l’Union Africaine des Femmes Managers (UAFM), le Comité

International des Femmes Africaines pour le Développement (CIFAD), etc. Par ailleurs, les

partis politiques de création récente créèrent des ailes féminines..

La tenue de la Conférence Nationale Souveraine en 1991, suscita un second sursaut

des femmes qui tenaient à participer à cet événement. A l’unisson, les 50 participantes sur

1200 conférenciers élevèrent une fois de plus leurs voix pour revendiquer leur présence aux

sphères de prise de décisions et aussi la création d’un ministère de la femme. Ainsi, le

Gouvernement de la République, conscient de l'importance d'intégrer la dimension genre dans

toutes les sphères de la vie économique et sociale, a crée en 1992 un ministère chargé de

l’intégration de la femme au développement.

Ce ministère s’emploie à mettre en œuvre une stratégie qui permette aux femmes :

de s’assurer des moyens d’existence,

d’alléger leurs lourdes responsabilités domestiques,

d’éliminer les obstacles socio-culturels à sa participation à la vie active,

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Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

NGUENDJIO YOMI Aristide Donald ENSEA, Novembre 2006 Elève Ingénieur Statisticien Economiste 36

De sensibiliser davantage la société à son sort, à la faveur des programmes

d’éducation et d’information.

Il avait comme objectifs :

D’alléger le fardeau de la pauvreté qui pèse sur les femmes.

De supprimer les inégalités d’accès à la formation et à l’éducation.

De mettre fin aux inégalités de sexe dans le partage du pouvoir et la prise de

décision dans tous les domaines.

D’arrêter la violence contre les femmes.

De mettre en place des mécanismes chargés de favoriser la promotion de la

femme.

De faire respecter les droits fondamentaux des femmes.

D’améliorer la condition de la jeune fille, en supprimant la discrimination et

autres atteintes à ses droits fondamentaux.

De faire disparaître les stéréotypes appliqués aux femmes ainsi que l’inégalité

d’accès et de participation des femmes aux systèmes de communication,

particulièrement les médias.

De prendre en compte et intégrer la dimension féminine dans des politiques et

programmes de développement national ainsi que dans des réformes

administratives et juridiques.

Depuis lors, (1992), le ministère en charge de la femme est toujours présent dans

chaque équipe gouvernementale.

Le Forum National de la femme de 1993 fit une analyse critique des douze (12) thèmes

identifiés par la commission préparatoire de la quatrième Conférence Mondiale des Femmes.

En 2002, la Conférence Générale des Femmes avait fait une évaluation mi-parcours de la

plate forme de Beijing d’une part et l’état des lieux sur leur implication dans les différents

secteurs de développement d’autre part.

L'actuel ministère en charge de la promotion de la femme dispose depuis le 15 septembre

1999, d'une politique nationale de la promotion de la femme assortie d'un plan d'action (2000-

2002) adopté par le Gouvernement. Cette politique nationale de la femme s'articule autour de

quatre objectifs à savoir :

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Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

NGUENDJIO YOMI Aristide Donald ENSEA, Novembre 2006 Elève Ingénieur Statisticien Economiste 37

a. développer le potentiel économique de la femme;

b. améliorer les conditions et le cadre de vie de la femme;

c. promouvoir et protéger les droits de la femme et de la jeune fille;

d. améliorer les capacités d’intervention et de management des mécanismes charges

de la promotion de la femme.

La politique en matière de la promotion de la femme se base sur les fondements et les

principes énoncés au niveau national, régional et international.

- Au niveau national

La politique trouve son fondement dans l’Acte Fondamental du 24 octobre 1997, le

Programme d’Action de Relance Économique, les recommandations du Forum National sur

les femmes de décembre 1993, le rapport de la Conférence Internationale sur la Population et

le Développement de septembre 1993 ainsi que les engagements pris par le Congo lors de la

Conférence Mondiale sur les femmes de Beijing.

- Au niveau régional

Elle prend appui sur la plate- forme d’action africaine qui vise à fournir aux Africains

une position commune pour l’amélioration de la situation de la femme ainsi qu’un cadre

d’engagements et d’actions concertés pour une application accélérée des stratégies de Nairobi.

- Au niveau international

Elle s’appuie sur les conclusions et recommandations des quatre conférences mondiales

sur la femme organisées par les Nations Unies. Qu’il s’agisse de la promotion de la paix, de la

protection de l’environnement, du développement durable, des droits de l’Homme, de la

population, de la santé, de l’éducation…, ces conférences ont précisé qu’aucun progrès n’est

possible sans la pleine participation de l’homme et de la femme.

Il sied de souligner qu’en république du Congo, le processus d’élaboration d’une politique

nationale Genre est en cours. Cependant le gouvernement a adopté en 1999, une politique

nationale de la promotion de la femme assortie d’un plan d’action 2000-2002, sur la base

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Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

NGUENDJIO YOMI Aristide Donald ENSEA, Novembre 2006 Elève Ingénieur Statisticien Economiste 38

duquel le département chargé de la promotion de la femme a mené des actions, en vue

d’assurer la promotion de l’égalité entre les sexes et la démarginalisation des femmes.

Ce plan d’action mettant en application cette politique en matière de la promotion de la

femme (2000-2002) comprenait quatre sous programmes :

a. droit de la femme et de la jeune fille : accès a la prise de décision;

b. lutte contre la violence à l’égard des femmes;

c. accès des femmes au revenu;

d. femme, santé et environnement

En quatorze ans d’activités (1989-2003), il n’est pas ambitieux de reconnaître que ces

mécanismes ont créé auprès des décideurs politiques, de l’opinion publique et des femmes

elles même, une prise de conscience sur la question de la promotion de la femme. Bien que la

légitimité de ces mécanismes institutionnels n’est plus contestée, la conception que l’État et

les bénéficiaires se font la promotion de la femme reste problématique.

Pour l’État, la question de la femme est résolue par la création du ministère en charge de

la femme et de ce fait, le problème de sa promotion reste marginal par rapport aux grandes

questions nationales traitées par les ministères des finances, des hydrocarbures, de

l’industrie…la plupart des grands projets à composante femme tombe en désuétude quelques

mois après l’appui des partenaires de développement. La faiblesse des ressources allouées au

ministère en charge de la femme ne permet pas à celui-ci de prendre la relève des activités

amorcées par les organismes de développement.

2.2.2.2.2 - Les stratégies et politiques de réduction des inégalités de genre

depuis 2004

L'amélioration des conditions de vie des populations est l'une des préoccupations majeures

du Gouvernement de la République du Congo qui a pris l'engagement de faire de la lutte

contre la pauvreté sa priorité dans le cadre des grandes orientations de sa politique de

développement en rapport avec les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD).

Page 46: Mémoire ISE 2007

Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

NGUENDJIO YOMI Aristide Donald ENSEA, Novembre 2006 Elève Ingénieur Statisticien Economiste 39

Un Document Intérimaire de Stratégie de Réduction de la Pauvreté a été rédigé. Ce document

est actuellement l'unique cadre de référence des interventions en matière de développement.

Ce document prend en compte la dimension genre dans le troisième axe stratégique

consacré à l'accès aux services sociaux de base et la protection sociale. Il ressort de ce

document que l'objectif principal visé est d’améliorer le statut social, culturel économique et

politique de la femme. Ainsi la stratégie globale s'appuie sur:

• Le renforcement de l'accès égal du genre à l'éducation;

• L'élaboration, l’adoption et la mise en œuvre d'une politique nationale du genre;

• Le lancement de plaidoyers auprès des décideurs et la sensibilisation des populations

sur les questions du genre ;

• Le renforcement des capacités du Département de la promotion de la femme ainsi que

des ONG et des associations oeuvrant pour la promotion du genre.

Les actions suivantes sont envisagées:

• La création d'un système d'information sur les questions du genre;

• Le développement de l'équité homme - femme au niveau de l'emploi et des services;

• La promotion de la santé maternelle et infantile

Page 47: Mémoire ISE 2007

Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

NGUENDJIO YOMI Aristide Donald ENSEA, Novembre 2006 Elève Ingénieur Statisticien Economiste 40

CHAPITRE 3 : SOURCE DES DONNÉES ET

MÉTHODOLOGIE

3.1 - PRÉSENTATION DE L’ENQUÊTE CONGOLAISE

AUPRÈS DES MÉNAGES (ECOM)

3.1.1 - CONTEXTE ET JUSTIFICATION

La République du Congo a connu des troubles socio politiques pendant les années

1993, 1997 et 1998 qui ont contribué à détériorer la situation économique et sociale

devenue précaire depuis le milieu des années 1980.

Au sortir de ces troubles, l’Etat Congolais a élaboré et adopté en Juin 2000 le

Programme Intérimaire Post Conflit (P.I.P.C.) qui va couvrir la période 2000-2002. Ce

programme visait, parmi d’autres objectifs, l’amorce d’une politique volontariste de lutte

contre la pauvreté.

Parallèlement le pays s’est lancé dans l’élaboration du Document de Stratégie de

Réduction de la Pauvreté Intérimaire (DSRP-I). Ce nouveau document s’inscrit dans la

logique du PIPC et en prend le relais dès 2003. En s’attelant à l’exercice d’élaboration du

DSRP, le Congo s’engageait en même temps à atteindre les objectifs du millénaire pour le

développement (OMD).

L’élaboration du DSRP-I a mis en exergue un déficit important en informations

sur les conditions de vie des ménages et la pauvreté. C’est ainsi que dans le cadre de la

finalisation du Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté (DSRP), une enquête

qualitative sur la perception de la pauvreté par les populations et deux enquêtes

classiques, à savoir une enquête démographique et de santé et une enquête sur

l’évaluation de la pauvreté ont été retenues dans le cadre de la finalisation du DSRP.

C’est dans ce contexte que l’Enquête Congolaise auprès des Ménages pour

l’évaluation de la pauvreté (ECOM 2005) a été réalisée par le Centre National de la

Statistique et des Etudes Economiques (CNSEE) en 2005 sur l’ensemble du territoire

national.

Page 48: Mémoire ISE 2007

Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

NGUENDJIO YOMI Aristide Donald ENSEA, Novembre 2006 Elève Ingénieur Statisticien Economiste 41

3.1.2 - OBJECTIFS DE L’ENQUÊTE

L’enquête ECOM été conçue pour servir de référence dans le cadre de la

connaissance de la pauvreté en république du Congo.

L’objectif général de l’ECOM est de permettre de disposer de données actuelles

sur les conditions de vie des ménages en vue de finaliser le DSRP en vue de suivre la

réalisation des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD).

Les objectifs spécifiques sont les suivants :

- construire une ligne de pauvreté monétaire ;

- produire un profil de pauvreté monétaire ;

- produire un certain nombre d’indicateurs retenus dans le DSRP-I pour le suivi

des OMD ;

- réaliser certaines études sectorielles en vue de la finalisation du DSRP

- fournir des statistiques de base pour l’élaboration des comptes nationaux

(consommation des ménages au niveau fin pour la réalisation des équilibres

ressources emplois etc.) ;

- fournir des pondérations pour le calcul d’un nouvel indice des prix à la

consommation finale des ménages dans le cadre du projet d’harmonisation des

prix CEMAC.

3.1.3 - PRÉSENTATION TECHNIQUE DE L’ENQUÊTE

L’Enquête Congolaise auprès des Ménages (ECOM) a couvert l’ensemble des dix

départements que compte le pays et les deux principales villes : Brazzaville et Pointe-Noire.

C’est une enquête par sondage qui a été réalisée auprès des ménages ordinaires résidant sur le

territoire national. Les ménages collectifs (internats, casernes, malades de longue durée dans

les hôpitaux, etc.) ont été exclus du champ de l’enquête, de même que les ménages ordinaires

extra territoriaux (diplomates et assimilés). Par contre, les ménages des congolais travaillant

dans les ambassades et les organisations internationales accréditées au Congo ont fait partie

du champ de l’enquête.

La stratification du pays s’est basée sur deux critères :

- le pouvoir économique des zones considérant les principales activités

économiques ;

Page 49: Mémoire ISE 2007

Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

NGUENDJIO YOMI Aristide Donald ENSEA, Novembre 2006 Elève Ingénieur Statisticien Economiste 42

- le classement des milieux selon le poids démographique et le degré

d’urbanisation.

Ces critères ont conduit à retenir cinq (5) strates dont la composition est résumée dans le

tableau ci-après :

Tableau 1: Répartition de l'échantillon selon les strates

Strates Nombre de ménages

sélectionnés

Nombre de Ménages

Enquêtés

Taux de réponse en

%

Brazzaville 1 188 1 165 98,1

Pointe-Noire 1 008 999 99,1

Autres Communes1 1 008 995 98,7

Milieu semi urbain2 972 918 94,4

Milieu rural3 1 080 1 069 99,0

Ensemble 5 256 5 146 97,9 Source : Enquête congolaise auprès des ménages (ECOM 2005).

Les milieux semi urbain et rural se définissent de la façon suivante :

Milieu semi urbain : localités d’au moins 10 000 habitants qui ne sont pas des communes;

Milieu rural : localités de moins de 10 000 habitants ;

Le tirage de l’échantillon s’est effectué suivant les modalités suivantes :

Pour les strates urbaines (Brazzaville, Pointe-Noire et les autres communes), un tirage à deux

degrés a été effectué :

• au premier degré les zones de dénombrement proportionnellement à leurs effectifs de

ménages (tirage à probabilités inégales) ;

• au second degré, à l’intérieur de chaque zone de dénombrement (ZD) douze (12) ménages

(tirage à probabilités égales).

Pour les strates rurales (milieux semi urbain et rural), un tirage à trois degrés a été effectué :

• au premier degré, concernant la strate semi urbaine 10 centres semi urbains ont été

tirés proportionnellement à leur taille exprimée en nombre de ménages ; Quant à la

1 Dolisie, Mossendjo, Nkayi, Ouesso 2 Loudima, Madingou, Loutété, Sibiti, Mindouli, Kinkala, Gamboma, Makoua, Etoumbi, Impfondo 3 Kakamoeka, Louvakou, Mfouati, Zanaga, Mbandza-Ndounga, Ignié, Ngo, Abala, Oyo, Bétou

Page 50: Mémoire ISE 2007

Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

NGUENDJIO YOMI Aristide Donald ENSEA, Novembre 2006 Elève Ingénieur Statisticien Economiste 43

strate rurale, 10 districts ont été sélectionnés proportionnellement aux effectifs des

ménages ;

• 108 ZD et 120 ZD ont été tirées proportionnellement à leurs effectifs de ménages

respectivement dans les strates Semi urbaine et rurale au second degré ;

• le troisième degré a consisté à tirer au hasard 9 ménages dans chaque zone de

dénombrement échantillon (tirage à probabilités égales).

3.1.4 - MÉTHODE DE DÉTERMINATION DU SEUIL DE

PAUVRETÉ

Dans le cadre de la méthodologie de l’enquête ECOM, l’indicateur de niveau de vie a

été approché par les dépenses annuelles de consommation finale des ménages.

Le seuil de pauvreté a été déterminé par la méthode du coût des besoins essentiels sur

la base d’un seuil normatif de 2450 Kcal par jour et par équivalent adulte.

Le seuil de pauvreté se décompose en un seuil de pauvreté alimentaire auquel s’ajoute

un montant correspondant aux besoins non alimentaires de base :

• le seuil de pauvreté alimentaire a été estimé au niveau de dépenses alimentaires de

203 853 FCFA par an et par équivalent adulte, soit 558 FCFA par jour et par

équivalent adulte ;

• le seuil de pauvreté non alimentaire a été estimé à un montant de 102 548 FCFA par

an, soit 281 FCFA par jour ;

Le seuil de pauvreté total s’élève donc à 306 400 FCFA par an et par équivalent

adulte, soit 839 FCFA par jour et par équivalent adulte.

3.1.4.1 - Méthode de calcul du seuil de pauvreté alimentaire

Le calcul du seuil de pauvreté alimentaire consiste en l’évaluation aux prix courants

du marché d’un panier de biens alimentaires censé couvrir les besoins énergétiques. Cette

méthode pose principalement deux difficultés : celle des variations de prix pouvant exister

entre les différentes strates et celle de la détermination du seuil calorique normatif.

Page 51: Mémoire ISE 2007

Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

NGUENDJIO YOMI Aristide Donald ENSEA, Novembre 2006 Elève Ingénieur Statisticien Economiste 44

3.1.4.1.1 – Harmonisation spatiale des dépenses des ménages

Il s’agit ici de prendre en compte les différenciations du coût de la vie d’une strate à une

autre. Des indices de parité de pouvoir d’achat ont été ainsi calculés à partir des

informations sur les prix et les dépenses fournis directement par l’enquête. Deux indices

de prix ont été calculés dans chaque strate du pays : un indice de Laspeyres des prix et un

indice de Paasche des prix. Pointe-Noire a été retenue comme localité de référence car elle

bénéficie d’une stabilité des prix comparativement à Brazzaville où les prix sont plus

sensibles.

Les expressions analytiques de ces indices sont :

Pour l’indice de Laspeyres :

( )∑

∑ ⎟⎠⎞

⎜⎝⎛

=

i

Strateiix

ix

Noire Pointei,

i Noire Pointei,

,Noire Pointei,

Strate PondPr

PrPond PrixL

Pour l’indice de Paasche :

( )∑

⎟⎠⎞

⎜⎝⎛

=

i ,

Noire Pointei,Stratei,

iStratei,

Strate

PrPrPond

PondPrixP

Strateiixix

Où Noire Pointei,Pr ix est le prix du bien alimentaire i à Pointe-Noire ;

Strateiix ,Pr est le prix du bien alimentaire i dans la strate considérée ;

Noire-Pointei,Pond est la pondération du bien alimentaire i dans la structure de consommation de

la strate Pointe-Noire ;

Stratei,Pond est la pondération du bien alimentaire i dans la structure de consommation de la

strate considérée.

Page 52: Mémoire ISE 2007

Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

NGUENDJIO YOMI Aristide Donald ENSEA, Novembre 2006 Elève Ingénieur Statisticien Economiste 45

3.1.4.1.2 - Détermination du seuil normatif calorique Le choix de ce seuil calorique, conformément aux indications de l’annexe 1, tient compte

des besoins énergétiques journaliers moyens nécessaires pour bien vivre (2070 Kcal) auxquels

s’ajoutent les besoins caloriques moyens d’un niveau d’activité modérée (+360 Kcal) dans un

pays dont la température journalière moyenne est supérieure à 20°Celsius (+0 Kcal). Sur la

base de ces considérations, l’apport calorique total moyen a été estimé à 2 430 Kcal par jour

et par individu. Mais pour des raisons de commodité, ce seuil a été arrondi à 2 450 Kcal par

jour et par personne au Congo.

Le calcul du seuil de pauvreté alimentaire peut se décomposer de la façon suivante :

1) Tout d’abord il s’agit de déterminer le panier des biens alimentaires couramment

consommés dans tout le pays. Le panier de biens retenu est représentatif des dépenses

totales des 51 produits alimentaires les plus souvent consommés.

2) Une fois le panier de biens alimentaires défini, on détermine les quantités de produits

consommées par jour en unité standard (principalement en kg ou en litre) par

équivalent adulte.

3) On procède ensuite pour chacun des produits identifiés à la conversion en calories à

partir des données disponibles dans la table de correspondance des produits en calories

et des quantités journalières de nutriments (en unités standards- kg/litre) ;

4) On ajuste selon les cas (à la hausse ou la baisse) les valeurs caloriques obtenues pour

le panier de sorte à obtenir le seuil des 2450 Kcal ;

5) On calcule à l’aide des prix relevés, le montant des dépenses dans ces produits

permettant d’atteindre le seuil ajusté des 2450 Kcal.

Le seuil alimentaire journalier ( JourAZ _ ) au seuil normatif de 2450 Kcal est déterminé par la

formule :

=

=

×

××= n

1i

n

1iNoire-Pointei,

A_Jour

CQ

PrixmoyQ245 Z

ii

i

Où Noire-Pointei,Prixmoy est le prix moyen du produit i à Pointe-Noire ;

iQ est la quantité moyenne journalière consommée en produit i ;

iC est la valeur calorique (pour 100g ou 100 ml) correspondante au produit i consommé ;

Le seuil alimentaire ( AZ ) annuel est estimé comme suit :

365, ×= JourAA ZZ

Page 53: Mémoire ISE 2007

Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

NGUENDJIO YOMI Aristide Donald ENSEA, Novembre 2006 Elève Ingénieur Statisticien Economiste 46

3.1.4.1.3 - Méthode de détermination du seuil de pauvreté non alimentaire

Le calcul de ce seuil s’inspire des travaux de Ravallion (1996). Ce dernier définit le

bien essentiel non alimentaire comme étant le bien non alimentaire dont l’obtention nécessite

de renoncer à satisfaire à un besoin alimentaire de base.

La détermination du seuil de pauvreté non alimentaire se fait à partir de l’équation de

régression suivante :

Si = a + βLn(Yi/Za) + ui (1)

Si correspondant à la part des dépenses alimentaires dans la dépense totale Yi,

a, l’ordonnée à l’origine, représente une estimation de la part de la consommation alimentaire

moyenne des ménages pour lesquels la dépense totale (Yi) est égale au seuil de pauvreté

alimentaire

a et β sont des paramètres qui ont été estimés à partir d’un modèle économétrique sur la base

des informations sur les dépenses des ménages.

Pour un ménage qui a la possibilité de satisfaire tout juste ses besoins nutritionnels Za,

son niveau de dépenses non alimentaires est Dna. Pour ce type de ménage, la valeur de Dna

est estimée comme suit, dans l’équation (1) une fois la valeur de Za connue :

Dna =Za - aZa = (1-a)Za (2)

On détermine ainsi un seuil de pauvreté inférieur Zinf comme la somme du seuil alimentaire

et du seuil

Zinf = Za + Dna = Za + (1-a)Za = (2 –a)Za (3).

Page 54: Mémoire ISE 2007

Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

NGUENDJIO YOMI Aristide Donald ENSEA, Novembre 2006 Elève Ingénieur Statisticien Economiste 47

3.2 - PRÉSENTATION DE LA MÉTHODOLOGIE

La recherche des facteurs déterminants de la pauvreté permet de faire ressortir les

éléments essentiels sur lesquels les stratégies de lutte contre la pauvreté devraient agir.

Dans l’objectif de mettre en exergue les inégalités de genre, nous étudierons de façon

séparée :

• les déterminants de la pauvreté dans une analyse non différenciée selon le sexe du chef

de ménage.

• les déterminants de la pauvreté selon le sexe du chef de ménage.

La méthode d’analyse des déterminants : le modèle Logit

L’analyse empirique des déterminants de la pauvreté sera faite à partir d’une

estimation économétrique à l’aide du modèle Logit. Cette méthode d’analyse est préférée

au modèle de régression linéaire du niveau des dépenses de consommation finale en raison

de sa meilleure capacité de prédiction comme le soulignent Coudouel et al (2002).

Le modèle Logit est un modèle de régression où la variable à expliquer, notons yi, est

une variable qualitative dichotomique. Il s’agit ici d’estimer la probabilité d’apparition de

l’événement yi =1 selon le modèle suivant :

)()1Pr( ∑==k

kiki xFy β ; i=1,…, n.

Les coefficients kβ sont les paramètres du modèle à estimer.

Les variables ikx décrivent l’ensemble des caractéristiques de l’individu i.

F est la fonction de répartition de la loi logistique : xexF −+=

11)(

Comme le signale Keho (2001), la seule information vraiment directement

interprétable est le signe des coefficients, il indiquera si la variable associée influence la

probabilité de l’événement à la hausse ou à la baisse.

En posant ∑=k

kiki xZ β et )1Pr( == ii yp , nous avons : iZi e

p −+=

11

Page 55: Mémoire ISE 2007

Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

NGUENDJIO YOMI Aristide Donald ENSEA, Novembre 2006 Elève Ingénieur Statisticien Economiste 48

Par conséquent, l’effet marginal de ikx sur la probabilité ip est égal à :

kiikiik

iik ppZf

xZFxEm ββ )1()()()( −==

∂∂

=

Nous étudierons tour à tour les facteurs explicatifs de la pauvreté urbaine et de la

pauvreté rurale. Les modèles d’analyse en milieux urbain et rural se feront pour les deux

sexes. Nous effectuerons ensuite une analyse non différenciée selon le sexe du chef de

ménage pour les deux milieux de résidence.La variable à expliquer est le « statut de

pauvreté ». Elle prend les deux modalités : « pauvre » et « non pauvre ».

Comme le note Essama-Nssah (2000), les variables explicatives retenues dans un modèle

d’analyse de la pauvreté peuvent être classées en deux grandes catégories :

- les facteurs internes se rapportant aux attributs intrinsèques de l’individu tels

que le sexe, l’âge ou le niveau d’éducation ;

- les facteurs externes qui ont trait à l’environnement dans lequel évolue

l’individu tels que le milieu de résidence.

Pour la sélection des variables du modèle, nous nous inspirons des travaux de Attanasso

(2005) et Badji et Boccanfuso (2006) qui étudient respectivement la pauvreté monétaire des

femmes chefs de ménage au Bénin et au Sénégal. Ainsi dans le cadre de notre étude, nous

retenons les variables explicatives suivantes :

- Le sexe du chef de ménage

- Le groupe d’âge du chef de ménage

- Le niveau d’instruction du chef de ménage

- La taille du ménage

- La branche d’activité du chef de ménage

- L’effectif des rémunérés dans le ménage

- Le milieu de résidence du ménage

Nous effectuons tout d’abord les tests d’association du khi deux entre les variables

explicatives et la variable « statut de pauvreté ». Les résultats de ces tests sont présentés

dans le tableau ci-après.

Page 56: Mémoire ISE 2007

Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

NGUENDJIO YOMI Aristide Donald ENSEA, Novembre 2006 Elève Ingénieur Statisticien Economiste 49

Tableau 2: Résultats du test de khi deux entre la variable "statut de pauvreté" et chacune des variables explicatives

Nom Libellé Chi2 de Pearson P value

Genderec Sexe du CM chi2 (1) = 7.5623 P = 0.006

Gagerec Groupe d’âge du CM chi2 (3) = 81.3436 P = 0.000

Nivscol Niveau scolaire chi2 (3) = 228.0693 P = 0.000

Taille Taille du ménage chi2 (4) = 405.1181 P= 0.000

Bran4rec Branche d’activité chi2 (4) = 172.2457 P= 0.000

Z2 Effectif de rémunérés chi2 (9) = 143.7697 P= 0.000

Milieu Milieu de résidence chi2 (1) = 87.1693 P= 0.000 Source : Enquête ECOM 2005, nos calculs.

Au seuil de significativité de 5% (et même de 1%), il y a assez d’évidence pour rejeter

l’hypothèse nulle d’indépendance entre la variable « statut de pauvreté » et les variables

explicatives que nous avons retenues : ces variables sont donc susceptibles d’expliquer la

pauvreté monétaire.

3.2.1 - OUTILS DE COMPARAISON DE LA PAUVRETÉ :

Il s’agira ici de comparer les distributions des dépenses de consommation finale dans

les deux populations des ménages dirigés respectivement par les hommes et par les femmes.

Pour cela nous utiliserons les indices de pauvreté P0, P1 et P2 de la famille FGT calculés pour

chaque strate retenue dans l’enquête ECOM.

Puis nous évaluerons la robustesse des résultats obtenus en examinant le test de dominance

stochastique.

Page 57: Mémoire ISE 2007

Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

NGUENDJIO YOMI Aristide Donald ENSEA, Novembre 2006 Elève Ingénieur Statisticien Economiste 50

3.2.1.1 - Etude des indices de pauvreté P0, P1 et P2 de la famille FGT

Tableau 3: Indices de pauvreté par strate suivant le sexe du chef de ménage

Brazzaville Pointe-Noire Autres communes Semi urbain Milieu rural Ensemble

Homme Femme Homme Femme Homme Femme

Homm

e Femme

Homm

e Femme

Homm

e

Femm

e

P0 43,9 41,1 22,9 25,9 41,3 41,9 51,4 63,5 49,1 49,7 41,5 45,2

P1 15,1 19,6 5,4 7,6 13,1 15,2 22,4 30,0 15,6 17,0 13,4 17,4

P2 7,7 11,0 2,2 4,0 6,7 8,3 13,3 19,3 7,9 9,1 6,8 9,8

Source : Enquête congolaise auprès des ménages (ECOM), 2005.

Ce tableau montre clairement que les ménages dirigés par les femmes sont plus

affectés par la pauvreté que ceux dirigés par les hommes. Cette inégalité est perçue aussi bien

au niveau du ratio et du gap de pauvreté qu’au niveau de la sévérité de la pauvreté.

De plus elle se remarque dans toutes les strates de l’enquête ECOM : on peut donc dire que la

« féminisation de la pauvreté » est un phénomène réel en République du Congo.

Pour nous rendre compte de l’ampleur de ce phénomène, nous allons maintenant examiner les

contributions relatives des ménages dirigés respectivement par les hommes et par les femmes.

Tableau 4: Contributions relatives à la pauvreté en fonction du sexe du chef de ménage

Source : Enquête congolaise auprès des ménages (ECOM 2005).

On constate que bien que les ménages dirigés par les femmes apparaissent, au regard

de tous les indices de pauvreté (P0, P1, P2) comme étant les plus affectés par la pauvreté, cet

ordre est inversé par les valeurs des contributions relatives à la pauvreté.

Indices de pauvreté FGT

(%)

Contribution (%) à la

pauvreté Sexe

P0 P1 P2 P0 P1 P2

Homme 41,5 13,4 6,8 75,8 72,8 70,5

Femme 45,2 17,4 9,8 24,2 27,2 29,5

Page 58: Mémoire ISE 2007

Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

NGUENDJIO YOMI Aristide Donald ENSEA, Novembre 2006 Elève Ingénieur Statisticien Economiste 51

Ceci s’explique par le fait que la contribution relative à la pauvreté prend en compte la

proportion de l’effectif des sous populations étudiées. En particulier, dans le cas du Congo,

les ménages dirigés par les hommes sont les plus nombreux (77,4% contre 22,6%).

3.2.1.2 - Le test de dominance stochastique de premier ordre

Comme le soulignent Coudouel et al (2002), lorsqu'on procède à des comparaisons de

mesures de la pauvreté entre plusieurs périodes ou entre différents groupes, il est important de

tester la résistance des changements observés dans les indices de la pauvreté. En effet, ces

changements peuvent dépendre de la ligne de pauvreté choisie, au point que l'utilisation de

deux lignes de pauvreté différentes peut indiquer des changements en sens contraire. La

comparaison des mesures à l'aide de techniques de dominance stochastique peut aider à

estimer la résistance de classements ordinaux de la pauvreté.

Une dominance statistique de premier ordre implique la comparaison des fonctions de

distribution cumulative de l'indicateur de bien-être (dans le cadre de l’ECOM, le niveau des

dépenses de consommation finale), pour chacune des années de l'enquête ou pour les

différents groupes de ménages. Une distribution « domine » une autre si la fonction de

distribution des dépenses de consommation pour l'année ou le groupe de ménages considérés

se situe au-dessus de celle qui correspond à l'autre année ou à l'autre groupe à tous les niveaux

de consommation. S'il s'avère que la dominance de premier ordre se confirme pour deux

années ou deux groupes différents, il s'ensuit que toutes les mesures de la pauvreté de la

classe FGT, à savoir le ratio de pauvreté, le gap de pauvreté et la sévérité de la pauvreté, de la

première année ou du premier groupe sont plus élevés que celles de l'autre année ou de l'autre

groupe pour toutes les lignes de pauvreté.

Les tests de dominance de deuxième ordre reposent sur l'analyse de courbes dites de «

déficit ». Ce sont des intégrales des fonctions de la distribution cumulative de la

consommation. Elles permettent de déterminer si la pauvreté a reculé ou avancé avec le temps

pour toutes les mesures de la pauvreté de l'ordre du gap de pauvreté ou d'un ordre supérieur

(sévérité de la pauvreté). Des niveaux de dominance encore plus élevés peuvent être définis.

Page 59: Mémoire ISE 2007

Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

NGUENDJIO YOMI Aristide Donald ENSEA, Novembre 2006 Elève Ingénieur Statisticien Economiste 52

Dans le cadre de la présente étude, nous nous limiterons à l’étude de la courbe de

dominance du premier ordre qui établit une comparaison de pauvreté entre la population des

ménages dirigés par les hommes et celle des ménages dirigés par les femmes.

La robustesse des conclusions relatives à l’analyse des inégalités de la distribution des

dépenses de consommation est appréciée par rapport à l’examen de la courbe de dominance

stochastique du premier ordre. Cette courbe a été établie pour la variable « sexe du chef de

ménage ».

La situation par rapport au sexe du chef de ménage montre qu’en tout point de la

distribution la courbe des hommes domine celle des femmes. Autrement dit, en moyenne, les

ménages gérés par des hommes auraient un niveau de vie plus élevé que ceux dirigés par des

femmes. Cependant, au fur et à mesure que le niveau de vie augmente, l’écart entre les sexes

se réduit

Graphique: Courbe de dominance stochastique de premier ordre selon le sexe du chef de ménage

0,0

10,0

20,0

30,0

40,0

50,0

60,0

70,0

80,0

90,0

100,0

0 200000 400000 600000 800000 1000000 1200000 1400000

Revenus (F CFA)

Homme Femme

Source : Enquête congolaise auprès des ménages (ECOM 2005).

Comme l’affirme Essama-Nssah (2000), la relation de dominance stochastique du

premier ordre entre deux distributions nous permet de conclure sans ambiguïté à une inégalité.

En effet lorsque cette dominance est vérifiée, tous les indicateurs de la famille FGT seront en

défaveur de la sous population dominée en l’occurrence ici celle des ménages dirigés par les

femmes.

Page 60: Mémoire ISE 2007

Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

NGUENDJIO YOMI Aristide Donald ENSEA, Novembre 2006 Elève Ingénieur Statisticien Economiste 53

3.2.2 - ANALYSE DE LA PAUVRETÉ NON DIFFÉRENCIÉE

SELON LE SEXE DU CHEF DE MENAGE :

L’estimation des modèles dans cette partie est faite tout d’abord à partir des variables

explicatives retenues : sexe, classe d’âge, niveau d’instruction, branche d’activité des chefs de

ménage, taille, effectif des rémunérés, milieu de résidence du ménage.

Puis, nous reprenons les régressions cette fois en considérant les ménages des milieux urbain

et rural séparément.

Le seuil de significativité que nous retiendrons est celui de 10%. Les résultats de ces

différentes régressions sont récapitulés dans les tableaux présentés à partir de la page

suivante.

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Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

NGUENDJIO YOMI Aristide Donald ENSEA, Novembre 2006 Elève Ingénieur Statisticien Economiste 54

3.2.2.1 - Au niveau de l’ensemble de l’échantillon Tableau 5: Récapitulatif des résultats des estimations du modèle pour l’ensemble de l’échantillon

Variable dépendante

Statut de pauvreté

Nombre d’observations

5002

Prob > chi2 0,00

Variables explicatives

Cœf. Odds ratio Effet marginal Significativité

constante -0,35 _ _ 0,08

caractéristiques démographiques

sexe Homme -0,14 0,86 -0,03 0,07

Femme (réf.) _ _ _ _ Groupe d’âge

Moins de 25 ans (réf.)

_ _ _ _

25 à 44 ans -0,04 0,95 -0,01 0,80 45 à 59 ans -0,12 0,88 -0,02 0,52

60 ans et plus -0,17 0,83 -0,04 0,37 Niveau

d’instruction

Aucun (réf.) _ _ _ _ Primaire -0,18 0,82 -0,04 0,07

Secondaire -0,72 0,48 -0,17 0,00 Supérieur -1,41 0,24 -0,28 0,00

Taille du ménage 1 à 3 personnes

(réf.) _ _ _ _

4 à 6 personnes 0,94 2,58 0,22 0,00 7 à 9 personnes 1,55 4 ,72 0,36 0,00 10 personnes et

plus 2,00 7,39 0,44 0,00

Milieu de résidence

Rural (réf.) - - - - Urbain -0,39 0,67 -0,09 0,00

Caractéristiques économiques

Branche d’activité

Agriculture (réf.) _ _ _ _ Mines, BTP,

industrie 0,50 1,66 0,12 0,00

commerce -0,10 0,89 -0,02 0,34 services -0,25 0,77 -0,06 0,00

Sans emploi 0,22 1,24 0,05 0,05 Effectif des rémunérés

0,05 1,06 0,01 0,11

Source : ECOM 2005, nos calculs.

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Influence du sexe du chef de ménage :

Au seuil de 10%, la variable « sexe du chef de ménage » est statistiquement significative. Le

signe négatif du coefficient associé nous renseigne sur le fait que les ménages dirigés par les

femmes ont plus de chance d’être pauvre.

Influence du niveau d’instruction du chef de ménage :

Au seuil de 10%, toutes les modalités du niveau scolaire achevé du chef de ménage sont

significatives. Relativement aux ménages dirigés par des chefs sans instruction, les ménages

dont le chef justifie d’un niveau primaire, secondaire ou supérieur sont moins sujets à la

pauvreté.

Influence de la classe d’âge du chef de ménage :

Les régressions que nous avons effectuées nous amènent à conclure à la non significativité de

la variable « classe d’âge du chef de ménage ». Ainsi l’âge du chef de ménage semble n’avoir

aucune influence sur le statut de pauvreté.

Influence de la taille du ménage :

La variable taille du ménage est significative. Au vu des signes des coefficients pour chaque

catégorie, la pauvreté d’être pauvre pour un ménage augmente avec sa taille.

Influence de l’effectif des rémunérés :

Cette variable est aussi significative au seuil de 10%. Paradoxalement, nous remarquons que

la probabilité d’être pauvre augmente avec l’effectif des rémunérés. Ce résultat peut

s’expliquer par le fait que le ménage influe négativement sur le statut de pauvreté :

l’augmentation du nombre de rémunérés, bien que génératrice de nouveaux revenus, est

contrecarré par l’effet d’augmentation de la taille du ménage.

Influence de la branche d’activité du chef de ménage :

La catégorie de référence ici est la branche « agriculture ». La seule modalité non significative

au seuil de 10% est la branche « commerce ». Ainsi par rapport au secteur agricole, le secteur

« service » semble moins exposé à la pauvreté au contraire du secteur « industrie, mines et

btp » qui apparaît comme défavorisé par rapport à l’agriculture.

Sans surprise, les « sans emploi » sont relativement plus touchés par la pauvreté.

Influence du milieu de résidence :

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A ce niveau encore, la variable est significative. Le signe du coefficient permet de dire que les

ménages du milieu urbain sont moins vulnérables à la pauvreté que les ménages du milieu

rural.

3.2.2.2 - Au niveau des milieux de résidence Tableau 6: Récapitulatif des résultats des estimations des modèles selon le milieu de résidence

Milieu de résidence

Milieu urbain Milieu rural

Variable dépendante

Statut de pauvreté Statut de pauvreté

Nombre d’observations

3015 1240

Prob > chi2 0,00 0,00 Variables

explicatives Cœf Odds

ratio Effet

marginal significativité Cœf Odds

ratio Effet

marginal significativité

constante -0,7 _ _ 0,03 -0,01 _ _ 0,96 caractéristiques démographiques

sexe Homme -0,04 0,95 -0,009 0,7 -0,27 0,76 -0,06 0,09

Femme (réf.) _ _ _ _ _ _ _ _ Groupe d’âge

Moins de 25 ans (réf.)

_ _ _ _ _ _ _ _

25 à 44 ans 0,20 1,22 0,04 0,48 -0,44 0,64 -0,11 0,16 45 à 59 ans 0,07 1,07 0,01 0,81 -0,52 0,59 -0,13 0,11

60 ans et plus -0,12 0,88 -0,02 0,69 -0,43 0,64 -0,10 0,21 Niveau

d’instruction

Aucun (référence) _ _ _ _ _ _ _ _ Primaire -0,34 0,71 -0,07 0,02 -0,09 0,90 -0,02 0,60

Secondaire -0,83 0,43 -0,18 0,00 -0,69 0,49 -0,17 0,00 supérieur -1,56 0,20 -0,28 0,00 -1,81 0,16 -0,38 0,00

Taille du ménage 1 à 3 personnes

(réf.) _ _ _ _ _ _ _ _

4 à 6 personnes 1,03 2,82 0,23 0,00 1,16 3,20 0,27 0,00 7 à 9 personnes 1,76 5,8 0,41 0,00 1,61 5,04 0,35 0,00 10 personnes et

plus 2,27 9,7 0,5 0,00 2,13 8,49 0,40 0,00

Caractéristiques économiques

Branche d’activité

Agriculture (réf.) _ _ _ _ _ _ _ _ Mines, BTP,

industrie -0,32 0,72 -0,07 0,05 1,17 3,22 0,27 0,00

commerce -0,40 0,66 -0,08 0,00 -0,48 0,61 -0,11 0,05 services -0,64 0,52 -0,14 0,00 -0,31 0,72 -0,07 0,10

Sans emploi -0,09 0,90 -0,02 0,53 0,36 1,43 0,08 0,20 Effectif des rémunérés

0,08 1,08 0,01 0,03 0,02 1,02 0,006 0,72

Source : ECOM 2005, nos calculs

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Au niveau du milieu urbain

Influence du sexe du chef de ménage :

Au seuil de 10%, il y a assez d’évidence pour dire que le sexe du chef de ménage n’a aucune

influence sur le statut de pauvreté. Ce résultat peut s’expliquer par le fait que les niveaux de

vie sont relativement plus élevés en milieu urbain qu’en milieu rural et que le graphique de

dominance stochastique du premier ordre montre que l’écart se réduit dans les derniers déciles

de dépenses de consommation finale.

Ce résultat nous permet donc de dire que les inégalités de genre en terme de pauvreté

monétaire sont moins accentuées dans le milieu urbain.

Influence du niveau d’instruction du chef de ménage :

La variable niveau d’instruction demeure très significative. Les ménages dirigés par des chefs

justifiant d’un niveau d’instruction sont relativement moins exposés à la pauvreté par à ceux

où le chef n’a aucun niveau.

Influence de la classe d’âge du chef de ménage :

Ici encore il y assez d’évidence pour dire que la classe d’âge du chef de ménage n’a aucune

influence sur le statut de pauvreté.

Influence de la taille du ménage :

Toutes les modalités de la variable « taille du ménage » sont significatives même au seuil de

1%. Une fois encore nous constatons que la probabilité d’être pauvre augmente avec la taille

du ménage

Influence de l’effectif des rémunérés :

Il y a assez d’évidence pour dire que le nombre de rémunérés influe sur le statut de pauvreté.

Une fois de plus, le statut de pauvreté se détériore avec l’augmentation du nombre de

rémunérés dans le ménage.

Influence de la branche d’activité du chef de ménage :

Ici la seule modalité non significative est celle des « sans emploi ». La modalité référence

demeure la branche « agriculture ». Ici nous remarquons que les ménages dont le chef

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Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

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travaille dans les secteurs « industrie, mines et btp », « commerce » et « service » sont

relativement favorisés par rapport à ceux du secteur « agriculture ».

Au niveau du milieu rural

Le tableau ci-dessus nous permet de dégager les résultats suivants :

Influence du sexe du chef de ménage

Il y a assez d’évidence pour conclure à la significativité de la variable « sexe du chef de

ménage ». De plus nous constatons que les ménages dirigés par les femmes sont plus

vulnérables à la pauvreté que ceux dirigés par les hommes.

Influence de la classe d’âge du chef de ménage :

La classe d’âge du chef de ménage est une variable non significative.

Influence du niveau d’instruction du chef de ménage :

Les modalités significatives ici sont « secondaire » et « supérieur ». Les ménages dont les

chefs appartiennent à ces modalités semblent moins exposés à la pauvreté par rapport à ceux

dont le chef n’a aucun niveau d’instruction.

Nous notons ici la non significativité de la modalité « primaire ». Ainsi un niveau d’éducation

se limitant au primaire ne semble pas contribuer significativement à l’amélioration des

conditions de vie en milieu rural

Influence de la taille du ménage :

Toutes les modalités de cette variable sont significatives. Nous constatons que, toutes choses

étant égales par ailleurs, la probabilité d’être pauvre augmente avec la taille du ménage.

Influence de l’effectif des rémunérés :

Il y assez d’évidence pour conclure à la non significativité de cette variable

Influence de la branche d’activité du chef de ménage :

Seules les « industrie, mines et BTP » et « commerce » sont significatives. Relativement au

secteur « agriculture », la branche « commerce » présente une probabilité de pauvreté plus

élevée, toutes choses égales par ailleurs. La branche « industrie, mines et BTP » présente à

elle une probabilité de pauvreté moins élevée relativement au secteur « agriculture ».

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3.2.3 - ANALYSE DE LA PAUVRETÉ DIFFÉRENCIÉE SELON LE

SEXE DU CHEF DE MÉNAGE : Cette analyse distingue les hommes des femmes au sein de chaque milieu. Elle évite

ainsi toute interférence des caractéristiques d’un groupe sur l’autre.

3.2.3.1 - Cas du milieu urbain Tableau 7: Récapitulatif des résultats des estimations des modèles en milieu urbain selon le sexe du chef de ménage Sexe du chef de

ménage Masculin Féminin

Variable dépendante

Statut de pauvreté Statut de pauvreté

Nombre d’observations

2319 728

Prob > chi2 0,00 0,00 Variables

explicatives Cœf Odds

ratio Effet

marginal significativité Cœf Odds

ratio Effet

marginal significativité

constante -1,07 _ _ 0,01 -0,01 _ _ 0,87 caractéristiques démographiques

Groupe d’âge Moins de 25 ans

(réf.) _ _ _ _ _ _ _ _

25 à 44 ans 0,38 1,46 0,08 0,29 -0,44 1,06 0,01 0,89 45 à 59 ans 0,35 1,43 0,08 0,33 -0,52 0,68 -0,08 0,46

60 ans et plus -0,03 0,96 -0,008 0,92 -0,43 0,74 -0,06 0,59 Niveau

d’instruction

Aucun (réf.) _ _ _ _ _ _ _ _ Primaire -0,04 0,95 -0,01 0,82 -0,09 0,43 -0,17 0,00

Secondaire -0,70 0,49 -0,15 0,00 -0,69 0,43 -0,19 0,00 supérieur -1,42 0,23 -0,26 0,00 -1,81 0,27 -0,24 0,00

Taille du ménage 1 à 3 personnes

(réf.) _ _ _ _ _ _ _ _

4 à 6 personnes 0,90 2,46 0,20 0,00 1,16 2,71 0,23 0,00 7 à 9 personnes 1,55 4,71 0,36 0,00 1,61 7,30 0,45 0,00 10 personnes et

plus 2,06 7,89 0,47 0,00 2,13 6,72 0,43 0,00

Caractéristiques économiques

Branche d’activité

Agriculture (réf.) _ _ _ _ _ _ _ _ Mines, BTP,

industrie -0,22 0,79 -0,04 0,25 1,17 0,60 0,07 0,15

commerce -0,52 0,59 -0,10 0,01 -0,48 0,69 0,05 0,13 services -0,50 0,60 -0,11 0,00 -0,31 0,282 0,05 0,00

Sans emploi 0,11 1,12 0,02 0,56 0,36 0,53 0,05 0,02 Effectif des rémunérés

0,09 1,10 0,02 0,06 0,02 0,99 -0,00 0,98

Source : ECOM 2005, nos calculs

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Les résultats de ces régressions nous montrent que, en milieu urbain, pour les ménages

dirigés par les hommes comme pour ceux dirigés par les femmes :

- la probabilité d’être pauvre croit avec la taille du ménage,

- la classe d’âge du chef de ménage n’a aucune influence sur le statut de pauvreté,

Les différentes se présentent au niveau du niveau d’instruction, de l’effectif des rémunérés et

de la branche d’activité.

Au niveau de l’éducation, tandis que la modalité « primaire » est non significative chez les

hommes, chez les femmes chefs de ménage elle présente une significativité même au seuil de

1%. Ainsi les femmes justifiant d’un niveau de scolarisation primaire sont moins exposées à

la pauvreté que les femmes n’ayant aucun niveau de scolarisation : la propension est

d’environ 67% moindre.

Au niveau de l’effectif des rémunérés : cette variable est significative chez les hommes

tandis qu’elle ne l’est pas chez les femmes.

Les ménages dirigés par les hommes semblent donc beaucoup plus sensibles à une

augmentation de leur effectif puisque leur probabilité d’être pauvre augmente avec ce dernier.

Par contre, l’effectif ne semble pas influer sur la probabilité de pauvreté des ménages dirigés

par les femmes.

Au niveau de la branche d’activité, les différences se situent au niveau de la modalité

« sans emploi » et « commerce » :

La modalité « sans emploi » est non significative pour les hommes tandis qu’elle est

significative chez les femmes. Ainsi, relativement aux ménages du secteur de l’agriculture, les

ménages dirigés par une femme « sans emploi » se voient défavorisés tandis qu’il n’existe pas

de différence pour ceux dirigés par les hommes « sans emploi ».

La modalité « commerce » est non significative chez les femmes tandis qu’elle est

significative chez les hommes. Relativement aux ménages dirigés par les femmes du secteur

agricole, les ménages dirigés par les femmes du secteur du commerce ne voient pas leur

situation s’améliorer. Par contre, la probabilité de pauvreté pour les hommes du secteur du

commerce diminue relativement à celle des hommes du secteur agricole.

Page 68: Mémoire ISE 2007

Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

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3.2.3.2 - Cas du milieu rural

Les deux modèles spécifiés dans le cas du milieu rural nous apportent les informations

suivantes : Tableau 8: Récapitulatif des résultats des estimations des modèles en milieu rural selon le sexe du chef de ménage Sexe du chef de

ménage Masculin Féminin

Variable dépendante

Statut de pauvreté Statut de pauvreté

Nombre d’observations

1522 433

Prob > chi2 0,00 0,00 Variables

explicatives Cœf Odds

ratio Effet

marginal significativité Cœf Odds

ratio Effet

marginal significativité

constante -0,29 _ _ 0,36 -0,71 _ _ 0,16 caractéristiques démographiques

Groupe d’âge Moins de 25 ans

(réf.) _ _ _ _ _ _ _ _

25 à 44 ans -0,32 0,72 -0,08 0,26 -0,44 -0,04 -0,01 0,92 45 à 59 ans -0,41 0,66 -0,10 0,17 -0,52 -0,16 -0,03 0,75

60 ans et plus -0,44 0,64 -0,10 0,15 -0,43 0,15 0,03 0,78 Niveau

d’instruction

Aucun (réf.) _ _ _ _ _ _ _ _ Primaire -0,05 0,94 -0,01 0,74 -0,09 -0,14 -0,03 0,65

Secondaire -0,64 0,52 -0,15 0,00 -0,69 -0,57 -0,14 0,08 supérieur -1,39 0,24 -0,30 0,00 -1,81 -1,40 -0,32 0,24

Taille du ménage 1 à 3 personnes

(réf.) _ _ _ _ _ _ _ _

4 à 6 personnes 0,95 2,61 0,23 0,00 1,16 1,32 0,30 0,00 7 à 9 personnes 1,35 3,87 0,31 0,00 1,61 2,13 0,39 0,00 10 personnes et

plus 1,70 5,52 0,36 0,00 2,13 2,45 0,39 0,00

Caractéristiques économiques

Branche d’activité

Agriculture (réf.) _ _ _ _ _ _ _ _ Mines, BTP,

industrie 0,78 2,19 0,19 0,00 1,17 1,92 0,39 0,00

commerce -0,32 0,72 -0,08 0,19 -0,48 0,00 0,00 1,00 services -0,29 0,74 -0,07 0,07 -0,31 -0,03 -0,00 0,95

Sans emploi 0,12 1,13 0,03 0,63 0,36 1,46 0,89 0,00 Effectif des rémunérés

0,06 1,06 0,01 0,33 0,02 -0,15 -0,03 0,16

Source : ECOM 2005, nos calculs

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Les résultats de ces régressions nous montrent que, en milieu rural, pour les ménages

dirigés par les hommes comme pour ceux dirigés par les femmes :

- la probabilité d’être pauvre croit avec la taille du ménage,

- la classe d’âge du chef de ménage n’a aucune influence sur le statut de pauvreté,

- l’effectif des rémunérés n’influe pas sur la probabilité de pauvreté.

Les différentes se présentent au niveau du niveau d’instruction et de la branche d’activité.

Au niveau de l’éducation, tandis que la modalité « supérieur » est non significative chez

les femmes, chez les hommes chefs de ménage elle présente une significativité même au seuil

de 1%. Ainsi les hommes justifiant d’un niveau d’éducation du supérieur sont moins exposés

à la pauvreté que leurs hommes n’ayant aucun niveau de scolarisation : la propension est

d’environ 76% moindre.

Cette différence ne s’observe pas dans le cas des ménages dirigés par les femmes.

Au niveau de la branche d’activité, les différences se situent au niveau de la modalité

« sans emploi » et « services » :

La modalité « sans emploi » est non significative pour les hommes tandis qu’elle est

significative chez les femmes. Ainsi relativement aux ménages du secteur de l’agriculture, les

ménages dirigés par une femme « sans emploi » se voient défavorisés tandis qu’il n’existe pas

de différence pour ceux dirigés par les hommes « sans emploi ».

La modalité « services » est non significative chez les femmes tandis qu’elle est significative

chez les hommes. Relativement aux ménages dirigés par les femmes du secteur agricole, les

ménages dirigés par les femmes du secteur des services ne voient pas leur situation

s’améliorer. Par contre, la probabilité de pauvreté pour les hommes du secteur des services

diminue relativement à celle des hommes du secteur agricole.

Page 70: Mémoire ISE 2007

Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

NGUENDJIO YOMI Aristide Donald ENSEA, Novembre 2006 Elève Ingénieur Statisticien Economiste 63

CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS

Au vu des différents résultats caractérisés précédemment, il ressort que les principaux

traits de la pauvreté se déclinent comme suit :

la pauvreté monétaire touche 42,3% des ménages congolais, représentant une

population totale de 1 779 300 personnes, soit 50,1% de la population totale du pays.

Ces ménages pauvres se retrouvent le plus souvent dans les milieux semi urbain, rural

et à Brazzaville.

L’âge moyen des chefs de ménages pauvres est de 48 ans (47 ans chez les hommes et

50 ans chez les femmes).

Les ménages gérés par des femmes comportent relativement plus de pauvres que ceux

dirigés par des hommes.

Les ménages de grande taille (monoparental élargi, famille élargie, monoparental

nucléaire et couples avec enfants) se distinguent avec des niveaux de pauvreté les plus

élevés.

Le niveau d’instruction permet de faire la distinction entre les pauvres et les non

pauvres et le ratio de pauvreté baisse avec l’augmentation du niveau d’instruction.

L’examen du niveau d’instruction permet de constater que les pauvres sortent en

général assez tôt du système éducatif et ne dépassent que rarement le niveau d’études

primaires. La principale raison de cette situation est financière. En conséquence, on

dénombre parmi les pauvres une part plus importante d’individus de 15 ans et plus qui

ne sont pas alphabétisés.

La situation dans l’activité montre que les inactifs sont la catégorie de la population la

plus exposée à la pauvreté.

Dans le groupe des actifs occupés, les chefs de ménages travaillant dans les secteurs

de l’agriculture, du BTP, des mines et des industries de transformation sont le plus

confrontés à des conditions de vie difficiles. Cette situation est aggravée lorsqu’ils

opèrent dans des activités non formelles. Les pauvres sont en particulier identifiés

comme travailleurs pour compte propre opérant principalement dans des activités

agricoles ou exerçant des petits métiers dans le secteur informel.

On constate que le tissu économique des actifs occupés de 15 ans et plus est plus ou

moins homogène, ventilé entre des activités agricoles majoritaires (35%), des activités

Page 71: Mémoire ISE 2007

Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

NGUENDJIO YOMI Aristide Donald ENSEA, Novembre 2006 Elève Ingénieur Statisticien Economiste 64

de transformation/BTP/mines (21%), des activités commerciales (21%) et des activités

de services(23%).

Le chômage est particulièrement préoccupant au Congo puisqu’il touche 19,4% des

individus de 15 ans et plus, mais se situe à plus de 31% à Brazzaville et à Pointe-

Noire. Le chômage touche plus souvent les femmes (20,6%) que les hommes (18,1%)

et affecte surtout les jeunes de moins de 30 ans.

AXES DE RECOMMANDATION POUR LA POLITIQUE DE LUTTE CONTRE LA

PAUVRETE

Les principaux résultats dégagés précédemment nous permettent de formuler les

recommandations suivantes :

Dans le domaine de l’éducation

Accroître le nombre de classes et/ou d’établissements scolaires primaires dans le

milieu urbain afin de remédier au phénomène des effectifs pléthoriques ;

Encourager les parents d’élèves, surtout les plus pauvres à laisser plus longtemps leurs

enfants dans le cursus scolaire en améliorant la qualité de l’offre d’éducation

(disponibilité et facilité d’acquisition des livres et des fournitures scolaires, meilleure

gestion des effectifs scolaires, meilleur entretien des établissements scolaires,

mobilisation des enseignants du milieu rural à leur poste, etc.) et en réexaminant à la

baisse les coûts des services d’éducation ;

Améliorer les conditions de travail des enseignants et augmenter leurs effectifs ;

Investir dans le renforcement des capacités des enseignants par le biais des formations

qualifiantes et autres formations assimilées ;

Contribuer à rapprocher et/ou à accroître l’effectif des structures publiques

d’éducation du lieu de résidence des ménages dans les milieux ruraux où une bonne

frange de ces derniers a accès à ces structures en plus d’une heure ;

Développer des programmes alternatifs d’éducation pour les enfants exclus très tôt du

système éducatif mais aussi pour les adultes en activité n’ayant jamais été à l’école ;

Dans le domaine de la santé

Renforcer les campagnes de sensibilisation en matière de planning familial,

notamment dans les zones rurales. En effet, si aucune mesure n’est prise rapidement,

Page 72: Mémoire ISE 2007

Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

NGUENDJIO YOMI Aristide Donald ENSEA, Novembre 2006 Elève Ingénieur Statisticien Economiste 65

la croissance démographique risque sérieusement de compromettre le développement

du pays ;

Dans le domaine de l’emploi

Un intérêt particulier devra également être accordé à la situation des femmes, qu’elles

proviennent des milieux urbains ou des milieux ruraux pour leur garantir des moyens

d’existence durables ;

Contribuer à une meilleure identification des activités informelles ainsi que leurs

caractéristiques ;

Promouvoir le développement des activités agricoles qui sont encore très faiblement

valorisées dans le pays. En effet, à peine 35% des actifs occupés de 15 ans et plus

exercent dans le secteur agricole, seulement 22% exploitent des terres qui ne leurs

appartiennent pas, 1,5% pratiquent la pisciculture, 4,2% la pêche et 5,5%

l’exploitation forestière. L’élevage du gros bétail est quasiment absent et seulement

26% des ménages élèvent de la volaille ;

Tirer un meilleur profit des opportunités dont bénéficie le pays. En effet, le pays

dispose d’importantes ressources naturelles (agricoles, halieutiques, hydrauliques ou

minières) mais qui sont très faiblement exploitées. En jouant sur la diversification «

naturelle » des activités économiques par branche constatée dans le pays, il est

possible, moyennant des mesures appropriées d’accompagnement, de promouvoir un

entrepreneuriat privé dynamique dans des secteurs autres que pétroliers et de

l’exploitation forestière ;

Accroître le développement des activités agricoles en adoptant des mesures

réglementaires favorables au développement de la production nationale ;

Contribuer à la maîtrise des prix des produits de première nécessité afin d’encourager

la consommation et réduire l’autoconsommation qui freine la croissance économique ;

Promouvoir le développement des petites entreprises individuelles non agricoles qui

sont le plus souvent des activités à haute intensité de main d’œuvre (HIMO), surtout

dans le milieu rural où plus de 50% des ménages s’y investissent.

CONCLUSION

Comme le note KAMITEWOKO (2006), la réduction du phénomène de pauvreté

passe par l’adoption d’une démarche globale qui intègre le changement de comportement et

l’utilisation de l’approche genre à tous les niveaux.

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Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

NGUENDJIO YOMI Aristide Donald ENSEA, Novembre 2006 Elève Ingénieur Statisticien Economiste 66

Cette approche induirait assurément l’amélioration des conditions de vie des femmes

et par conséquent celle de la famille pour un développement équitable et durable.

L’élimination à tous les niveaux des inégalités de toutes natures implique que l’approche

genre fasse effectivement partie intégrante des paramètres de réduction de la pauvreté en

raison de son influence sur les rapports sociaux et que le changement institutionnel s’opère

progressivement en faveur de l’utilisation de l’intégration de l’approche genre dans les

politiques et programmes.

Page 74: Mémoire ISE 2007

Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

NGUENDJIO YOMI Aristide Donald ENSEA, Novembre 2006 Elève Ingénieur Statisticien Economiste 67

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Page 76: Mémoire ISE 2007

Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

NGUENDJIO YOMI Aristide Donald ENSEA, Novembre 2006 Elève Ingénieur Statisticien Economiste 69

ANNEXES

ANNEXE 1 : JUSTIFICATION DU CHOIX DU SEUIL

CALORIQUE NORMATIF

Tableau 9: Besoins énergétiques moyens de la population et incréments énergétiques recommandés (Kcal par jour) compte tenu des niveaux d’activité et de la température ambiante.

Valeurs

(Kcal)

1. Besoins énergétiques moyens 2070

2. Ajustement des besoins en fonction du niveau d’activité physique

d’un adulte (18 ans et plus)

Activité modérée

Hommes + 360

Femmes + 100

Population entière (adultes et enfants) + 140

Activité intense

Hommes + 850

Femmes + 330

Population entière (adultes et enfants) + 350

3. Ajustement des besoins en fonction de la température journalière

moyenne (°C)

20° -

15° + 100

10° + 200

5° + 300

0° + 400

Source : PAM

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Tableau 10: Besoin Energétique utilisé par quelques pays pour le calcul du seuil de pauvreté

Pays Besoin énergétique

1 990 Kcal

2 000 Kcal TOGO

2 080 Kcal

BENIN 2 400 Kcal

BURKINAFASO 2 283 Kcal

BURUNDI 2 400 Kcal

CAMEROUN 2 900 Kcal

COMORES 2 160 Kcal

CONGO 2 450 Kcal

GABON 2 100 Kcal

GUINEE 2 100 Kcal

SENEGAL 2 400 Kcal

MALI 2 450 Kcal

Source : PAM

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ANNEXE 2 : DÉPENSES TOTALES ET STRUCTURE DU

PANIER - ECOM 2005 Tableau 11: Dépenses totales et structure du panier - ECOM 2005

Rang Codes produits Produits

Dépenses alimentaires Annuelles totales (Milliards de F CFA)

% dans les dépenses totales des ménages

Effectif Population (équivalent Adulte)

Quantité Journalière Par jour (équivalent Adulte)

Valeur Calorique de la Consommation journalière (équivalent adulte)

1 011125 Farine de manioc 42,4 8,0 1 968 004 0,19 203,9 2 011737 Manioc cuit 37,0 15,0 1 958 991 0,28 124,6 3 011115 Riz 27,6 20,1 1 754 931 0,10 110,5 4 011522 Huile d’arachide 20,6 24,0 2 222 091 0,04 95,2 5 011326 Autres poissons salés et séchés (Congre) 20,3 27,8 1 370 397 0,02 15,9 6 011320 Hareng fumé 18,4 31,3 1 170 768 0,04 41,4 7 011325 Autres poissons d’eau douce fumé (Silure) 18,0 34,7 853 158 0,02 19,2 8 011310 Chinchard frais 17,1 37,9 986 824 0,04 18,0 9 011212 Viande de bœuf fraîche 17,0 41,1 813 464 0,02 16,7 10 011313 Autres poissons de mer frais (Massoundji ) 16,9 44,3 754 047 0,08 24,3 11 011314 Autres poissons d’eau douce frais (Carpe) 14,8 47,1 722 343 0,04 11,3 12 011242 Poulet congelé 14,7 49,8 705 628 0,04 25,1 13 011143 Pain de blé industriel en baguette (boma ngai) 12,9 52,3 1 214 351 0,04 37,6 14 011715 Mfumbu/coco (gnetum ≈ Feuille de manioc) 12,1 54,5 1 949 988 0,01 0,9 15 011311 Hareng frais 11,6 56,7 702 126 0,06 17,5 16 011245 Morceaux de poulets (cuisses) 9,2 58,5 574 294 0,03 21,0 17 011712 Oignons/Ciboule (oignons) 9,1 60,2 2 145 775 0,01 1,4 18 011521 Huile de palme 9,1 61,9 1 235 258 0,04 109,7 19 011719 Autres légumes frais (Bari ≈ Amarante de couleur verte) 8,3 63,4 1 447 220 0,05 5,4 20 011412 Lait en poudre 8,1 65,0 1 246 848 0,19 278,4 21 011711 Feuille de manioc 7,9 66,5 1 121 957 0,11 28,8 22 011721 Haricot sec (blanc) 7,2 67,8 884 009 0,02 20,9 23 011531 Pâte d’arachide locale 7,1 69,2 1 604 237 0,01 23,2 24 011726 Noix de palme 7,0 70,5 1 196 701 0,12 198,0 25 011812 Sucre en poudre 6,6 71,7 1 131 305 0,03 32,3 26 011142 Pain de blé industriel en baguette (petit pain) 6,3 72,9 595 801 0,04 34,7 27 011714 Tomate fraîche 5,9 74,0 1 441 903 0,02 1,0 28 011252 Gibier frais (Sanglier) 5,9 75,1 352 487 0,01 5,2 29 011718 Concentré de tomate 5,8 76,2 1 500 918 0,01 1,9 30 011214 Abats et tripes de bœuf (estomac) 5,7 77,3 456 132 0,29 73,4 31 011154 Beignet à base de farine de blé 5,5 78,3 938 399 0,03 27,6 32 011732 Manioc (tubercule) 5,4 79,3 310 811 0,25 109,5 33 011324 Autres poissons de mer fumés (Chinchard) 5,1 80,3 381 479 0,04 21,8 34 011141 Pain de blé local artisanal 4,8 81,2 451 862 0,05 43,2 35 011903 Cube (maggi) 4,3 82,0 1 640 003 0,00 0,8 36 011902 Sel 4,0 82,8 1 393 118 0,02 0,0 37 011731 Banane plantain 3,8 83,5 300 406 0,12 47,2 38 011717 Endive 3,6 84,2 665 463 0,08 7,5 39 011811 Sucre en morceaux 3,5 84,8 752 260 0,02 18,5 40 011312 Silure frais 2,6 85,3 156 251 0,02 5,2 41 011321 Nzombo fumé (Lotte fumée) 2,5 85,8 195 323 0,01 2,4 42 011730 Cossettes de manioc 2,3 86,2 119 456 0,41 425,2 43 011254 Gibier fumé (Gazelle) 2,3 86,7 171 302 0,01 5,1 44 011713 Epinard 2,3 87,1 586 735 0,03 3,3 45 011234 Abats et tripes de porc (pieds) 2,2 87,5 179 039 0,03 37,7 46 011710 Oseille 2,1 87,9 780 601 0,02 2,4 47 011323 Thon salé et séché 2,1 88,3 220 692 0,01 8,9 48 011724 Arachide décortiquée 2,1 88,7 468 171 0,02 32,4 49 011327 Conserves de poissons (sardines) 2,0 89,1 272 949 0,06 37,7 50 011431 Œufs frais de poule 2,0 89,4 303 439 0,01 3,7 51 012101 Café (Nescafé) 1,9 89,8 501 375 0,11 12,5 Total 477,3 - - - 2450,0

Source : Enquête Congolaise auprès des ménages (ECOM 2005).

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ANNEXE 3 : APERÇU DE QUELQUES APPROCHES

CONCEPTUELLES

1.1 Ménage et chef de ménage (CM)

L'ECOM définit le ménage comme étant un ensemble de personnes apparentées ou non, qui

mettent en commun leurs ressources et satisfont ensemble à l’essentiel de leurs besoins

alimentaires et autres besoins vitaux et qui reconnaissent l’autorité d’un même individu

appelé chef de ménage. Elles habitent généralement sous le même toit.

1.2 Groupes socio-économiques du chef de ménage

Le groupe socio-économique du chef de ménage se définit essentiellement par rapport à

l’activité principale du chef de ménage. Dans la présente étude, les groupes suivants ont été

retenus :

• Salariés du public

Groupe socio-économique dont le chef de ménage est salarié du service public ou para -

public.

• Salariés du privé

Groupe socio-économique dont le chef de ménage est salarié du secteur privé structuré ou

non.

• Employeurs

Groupe socio-économique dont le chef de ménage est employeur dans un secteur d’activité

non agricole.

• Travailleurs pour Compte Propre non agricoles (TCP-non agricoles)

Groupe socio-économique dont le chef de ménage travaille pour son propre compte dans un

secteur d’activité non agricole.

• Travailleurs pour Compte Propre agricoles (TCP-agricoles)

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Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

NGUENDJIO YOMI Aristide Donald ENSEA, Novembre 2006 Elève Ingénieur Statisticien Economiste 73

Groupe socio-économique dont le chef de ménage travaille pour son propre compte dans un

secteur agricole.

• Autres employés

Groupe socio-économique dont le chef de ménage occupe un emploi autre que les cinq

emplois cités auparavant.

• Sans emploi

Groupe socio-économique dont le chef de ménage est soit chômeur, soit inactif.

Indicateurs sur l’emploi

La population active : regroupe la population ayant un emploi (actif occupé) et les

chômeurs.

Le taux d’activité Rapport de l’effectif de la population active à l’effectif de la population en

âge de travailler (population de 15 ans et plus dans le cadre de la présente édition de

l’ECOM).

Les chômeurs : personnes (en âge de travailler) n’ayant pas travaillé (ne serait-ce qu’une

heure) pendant la semaine de référence (7 derniers jours précédant l’enquête), ayant recherché

un emploi au cours du mois précédant l’enquête et disponibles immédiatement pour travailler.

La population inactive, les élèves/étudiants (principalement) et les retraités ne sont pas

considérés comme des chômeurs.

Le taux de chômage : Rapport du nombre des chômeurs à l’effectif de la population active.

Taux de dépendance : Rapport de l’effectif total des inactifs et des chômeurs à l’effectif de

la population active occupée. Il mesure le nombre moyen d’inoccupés à la charge d’un actif

occupé.

Le taux de sous-emploi visible : Rapport du nombre d’actifs occupés ayant travaillé moins

de 35 heures au cours de la semaine de référence à l’effectif de la population active occupée.

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Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

NGUENDJIO YOMI Aristide Donald ENSEA, Novembre 2006 Elève Ingénieur Statisticien Economiste 74

Taux de sous-emploi invisible : Rapport du nombre d’actifs occupés gagnant moins que le

salaire minimum horaire à l’effectif de la population active occupée.

Taux de sous-emploi global : Rapport de l’effectif total des actifs occupés en situation de

sous emploi (visible ou invisible) et des chômeurs à l’effectif de la population active occupée.

Principaux indicateurs d’éducation

Le taux d’alphabétisation des adultes Rapport de l’effectif des individus de 15 ans et plus

sachant lire et écrire à la population totale des individus de 15 ans et plus.

Le taux d’alphabétisation juvénile taux d’alphabétisation estimé dans le groupe des

individus âgés de 15 à 24 ans.

Ecole primaire

Les estimations concernant l’école primaire se rapportent aux enfants âgés de 6 à 11 ans.

L'accès est défini pour les enfants vivant dans des ménages situés à moins de 30

minutes de marche d'une école primaire (CP1 à CM2),

Le taux net de scolarisation est défini par le rapport de l’effectif des enfants de 6-

11 ans inscrits au primaire sur l’effectif total des enfants de 6-11 ans.

Le taux brut de scolarisation est défini par le rapport de l’effectif des enfants

inscrits à un niveau d’études primaires (indépendamment de leurs âge) sur

l’effectif total des enfants de 6-11 ans.

La satisfaction concerne les enfants actuellement à l'école primaire et qui n'ont

cité aucune cause d'insatisfaction par rapport à l'école où ils sont inscrits.

Ecole secondaire

Les estimations concernant la scolarisation au secondaire se rapportent aux enfants âgés de 12

à 18 ans.

L'accès est défini pour les enfants vivant dans des ménages situés à moins de

30 minutes de marche d'une école secondaire (6ème à la Terminale),

Le taux net de scolarisation est défini par le rapport de l’effectif des enfants

de 12-18 ans inscrits au secondaire sur l’effectif total des enfants de 12-18 ans.

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Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

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Le taux brut de scolarisation est défini par le rapport de l’effectif des enfants

inscrits à un niveau d’études secondaires (indépendamment de leurs âge) sur

l’effectif total des enfants de 12-18 ans.

La satisfaction concerne les enfants actuellement à l'école secondaire et qui

n'ont cité aucun problème.

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Genre et réduction de la pauvreté en République du Congo

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ANNEXE 4 : RÉSULTATS DES RÉGRESSIONS

EFFECTUÉES Analyse non différenciée selon le sexe du chef de ménage Tableau 12: Résultats de la régression pour l’ensemble de l’échantillon

Source : ECOM 2005, nos calculs. Tableau 13: Résultats de la régression pour le milieu urbain

Source : ECOM 2005, nos calculs.

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Tableau 14: Résultats de la régression pour le milieu rural

Source : ECOM 2005, nos calculs. Analyse différenciée selon le sexe du chef de ménage Tableau 15: Résultats de la régression pour les hommes en milieu urbain

Source : ECOM 2005, nos calculs.

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Tableau 16: Résultats de la régression pour les femmes en milieu urbain

Source : ECOM 2005, nos calculs. Tableau 17: Résultats de la régression pour les hommes en milieu rural

Source : ECOM 2005, nos calculs.

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Tableau 18: Résultats de la régression pour les femmes en milieu rural

Source : ECOM 2005, nos calculs.