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Compte-rendu " Je selfie donc je suis, quelles conséquences pour le commerce ? " mercredi 7 décembre 2016 Chaire E.Leclerc / ESCP Europe "Prospective du commerce dans la société 4.0" PETITS-DEJEUNERS DU COMMERCE 4.0.

Compte rendu - Petit-déjeuner Commerce 4.0 - "Je selfie donc je suis, quelles conséquences pour le commerce?"

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Compte-rendu

" Je selfie donc je suis, quelles conséquences pour le commerce ? "

mercredi 7 décembre 2016

Chaire E.Leclerc / ESCP Europe

"Prospective du

commerce dans la société 4.0"

PETITS-DEJEUNERS DU COMMERCE 4.0.

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" Je selfie donc je suis, quelles conséquences pour le commerce ? "

Experts réunis pour en débattre :

Dr. Elsa Godart

Et Maxime Valette (Multi-entrepreneur digital)

Elsa Godart est Docteur en psychologie et Docteur en philosophie et auteur, entre autres, de

l’ouvrage “Je selfie donc je suis. Les métamorphoses du moi à l’ère du virtuel".

Maxime Valette est multi-entrepreneur dans la nouvelle économie et créateur du site

internet « viedemerde.fr » et d’autres sites.

En présence de Michel-Edouard Leclerc (Président des Centres E.Leclerc et Président

de la Chaire E.Leclerc/ESCP Europe) et du Prof. Olivier Badot (Doyen à la recherche à

ESCP Europe et Directeur scientifique de la Chaire) pour animer, étayer et approfondir

le débat.

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La première édition du cycle des « Petits-Déjeuners du Commerce 4.0 » organisés par la

Chaire E.LECLERC / ESCP EUROPE a eu lieu le mercredi 7 décembre 2016 au campus parisien

de ESCP Europe.

Animé par Michel-Edouard Leclerc, Président de la Chaire et son directeur scientifique le

Professeur Olivier Badot, Doyen en charge de la recherche à ESCP Europe, cet événement a

réuni plus de 100 participants autour du thème « Je selfie donc je suis, quelles conséquences

pour le commerce ? », avec la participation d’Elsa Godart, Docteur en psychologie et Docteur

en philosophie et de Maxime Valette, multi-entrepreneur.

Garder ses valeurs et les actualiser dans un monde en profonde mutation

Michel-Edouard Leclerc a donné le coup d’envoi de ces rencontres à cheminement mensuel

en résumant l’origine et les objectifs de la Chaire « Prospective du Commerce dans la Société

4.0 ». Par leur association, le groupe E. Leclerc et ESCP Europe ont souhaité créer un

nouveau lieu de débat pour qu'étudiants, enseignants, chercheurs et professionnels portent

des réflexions et imaginent ensemble des réponses novatrices aux grands enjeux du

commerce de demain. “ Avec plus de 120 000 salariés et 3 000 salariés de plus par an, nous

avons souhaité nous associer à des équipes expertes et pluridisciplinaires ayant un recul

académique. Dans ce croisement générationnel de regards, nous cherchons des reflets, des

miroirs, des pensées et des guides d’actions“ soutient Michel-Edouard Leclerc. Il souligne

qu’au-delà de l’aspect business et performance, l’étude de l’impact social et sociétal de ces

changements dans un monde enclin à de profondes mutations est au cœur de l’engagement

citoyen du mouvement E.Leclerc.

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Le Professeur Olivier Badot complète cette introduction en exposant les trois champs

d’activités prioritaires de ce partenariat, à savoir : un volet recherche, un volet

enseignement et un volet transfert vers les communautés professionnelles, publiques et

associatives.

Quel commerce demain ?

Maxime Valette entame son intervention en racontant son parcours fulgurant. Dès l’âge de 7

ans, il fait ses premiers pas dans le développement informatique et à 15 ans déjà il crée sa

première entreprise dans l’hébergement de sites Web. À 18 ans, il s’associe à Guillaume

Passaglia pour lancer le site « Vie de merde » (VDM) qui relate des anecdotes du quotidien.

« Rapidement ce dernier est devenu viral au point de devenir le premier site d’humour

participatif en France. La version en anglais est également un grand succès, et le site cumule

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aujourd’hui à peu près 3 millions de visites par jour et un chiffre d’affaires de 2 millions

d’euros pour une dizaine de salariés » affirme le multi-entrepreneur.

Après avoir fait état de ses activités actuelles, le jeune autodidacte qui baigne dans le Web

depuis plus de 20 ans expose à une audience attentive les différentes évolutions qu’a

connues le Web.

Vers un Web 4.0 : challenges et opportunités

Partant du web traditionnel et allant vers un Web 4.0 dit Web intelligent, Maxime Valette

fait constat de l’accélération impressionnante de cette évolution. Nul besoin de revenir

longtemps en arrière pour le constater. Néanmoins, il demeure très utile de se pencher sur

les différentes itérations du Web, depuis sa version traditionnelle, pour mieux entrevoir

cette nouvelle génération de la grande toile.

En effet, après l’avènement des réseaux sociaux et l’apparition des smartphones, tablettes

et autres devices, une vraie dynamique a été créée et « on a assisté à une démocratisation

du Web. Les internautes génèrent eux-mêmes du contenu, communiquent entre eux, et

peuvent acheter sur Internet » explique Maxime Valette.

Donnant la possibilité de se connecter n’importe où et à tout moment, les objets connectés

ont modifié les habitudes des utilisateurs et font aujourd’hui partie de leur quotidien. Le

Web 3.0 ou Web social, tente de donner du sens aux flux d’informations et de données

générées afin d’améliorer l’expérience utilisateur.

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Aujourd’hui, on arrive à une saturation de la « bande passante humaine ». Finalement ce qui

donne naissance au Web 4.0 : « c’est le Web qui va venir à vous grâce aux objets du

quotidien qui vont être connectés » assure Maxime Valette.

Pour illustrer l’importance et les enjeux de cette transformation, il cite le projet « Bar à

Chats » qu’il met en place avec son épouse. Même si le projet n’a pas encore vu le jour, la

presse en parle beaucoup et la page Facebook compte plus de 2 500 fans : « la présence

virtuelle devient intrinsèquement du réel pour l’utilisateur. On est dans une ère 4.0 puisque

tout ce qui existe sur un écran, existe forcément en réel » selon le jeune entrepreneur.

Quels business models à l’ère du Web 4.0 ?

Le web 4.0 révolutionne le commerce des services. Maxime Valette parle d’économie

collaborative et plus précisément de « micro-services dématérialisés » qui permettent à tout un

chacun de proposer ses services ou d’y accéder grâce à quelques clics et moyennant des sommes

défiant toute concurrence. Le site « 5euros.com » qu’il a co-créé avec son associé Guillaume

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Passaglia est un exemple très parlant : « cette marketplace se développe à vitesse grand V et

réalise une croissance de 300 % cette année » affirme Maxime Valette. Si offreurs et

demandeurs affluent c’est parce que cela permet aux premiers de tester leurs idées et de

développer leur savoir-faire sans risque, d’acquérir de nouveaux clients et d’établir une

relation directe avec eux tout en monétisant leurs compétences pour avoir un complément

de revenu. Tandis qu’ils offrent aux demandeurs l’opportunité de réaliser de bonnes affaires

à moindres coup et effort.

Il ajoute que ces nouvelles formes de prestations (télétravail, multi-jobs, co-working, sites de

communauté, villes intelligentes) sont, en plus de leur valeur économique, porteuses de

sens, d’estime de soi, de confort au travail et d’épanouissement. Le modèle de

« Shoreditch », quartier londonien où les personnes travaillent en toute liberté dans des

lieux complètement réappropriés en est une parfaite illustration confirme le Professeur

Olivier Badot. Selon Maxime Valette, c’est une tendance de fond qui va continuer son

accélération : « sur Internet, on a toujours l'impression que tout a déjà été fait, mais tout

reste encore à inventer » conclut-il.

L’évolution de la relation à l’autre au travers du selfie

Après cette fraiche intervention, le Professeur Badot, introduit la deuxième partie de

conférence, en s’interrogeant : « ça n’est pas uniquement le commerce qui est en mutation

mais c’est aussi l’ethologie sociale et psychologique de la société occidentale qui est en train

de changer » ?

Docteur en psychologie et Docteur en philosophie, Elsa Godart tente à la lumière de son

dernier ouvrage Je selfie donc je suis. Les métamorphoses du moi à l’ère du virtuel, de nous

immerger de façon plus approfondie dans les évolutions du commerce et plus généralement

de la relation à l’autre. Pour cela, elle a choisi le « selfie » comme porte d’entrée et comme

indicateur puissant.

D’emblée, elle interpelle en posant la question suivante : « En quoi un geste en apparence

banal et amusant, génèrerait-t-il une métamorphose dans la construction de notre moi et

dans nos rapports à l’autre ? »

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Que dit un selfie ?

Le selfie a vu le jour en 2002 sur un forum en ligne australien, du mot anglais self qui signifie

"soi", auquel on aurait ajouté le suffixe "ie" qui a une dimension affective. Depuis, il s’est

rapidement propagé dans le monde de façon virale.

Suite à la révolution technologique et à l’omniprésence des « objets écrans » dans notre

quotidien, nos représentations du temps et de l’espace changent, et nous assistons à des

états de « confusion émotionnelle ». Selon Elsa Godart, le selfie est un « comportement

révélateur de cette hypermodernité, à l’image de la société aujourd’hui ». De ce fait, il serait

donc très réducteur de le considérer dans une sorte d’égotisme et de narcissisme forcené,

puisqu’il renferme un sens plus profond.

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Self-challenge : « Être, c’est être liké »

La philosophe et psychanalyste poursuit sa réflexion en pointant le selfie comme « emblème

de nombreuses révolutions dans lesquelles nous nous trouvons entraînés ».

Elle développe ce raisonnement à travers deux changements de paradigmes principaux :

Du Logos à l’eidôlon : du discours rationnel vers « la puissance écranique »

Par opposition au Logos, terme grec qui signifie rationnel, Elsa Godart décrit cette nouvelle

ère de l’image numérique par l’eidôlon (image en grec). Elle ajoute que les photos partagées

sur les réseaux sociaux n’ont pas pour vocation d’être interprétées : « ce sont un néo-

langage ». Ainsi le selfie exprimerait un besoin de communication et d’échange qui passe par

l’image et non plus par les mots. C’est ce qu’elle qualifie par « la puissance écranique ».

Du présentéisme à l’instantanéisme

L’ère virtuelle est caractérisée par l’immédiateté. Elsa Godart appelle ce phénomène le « hic

et nunc ». Internet et les objets connectés ont changé notre rapport au monde affectif. Nous

sommes au « stade de selfie ». Ces deux paradigmes induisent « la métamorphose du moi »

qui n’est autre que la rencontre entre le moi réel et le moi virtuel. « Avec le selfbranding, il

ne s’agit plus de se contenter d’exister mais de se vendre : être, c’est être liké ».

La révolution éthique au cœur de la révolution technologique

A l’ombre de ces révolutions fulgurantes, Elsa Godart rejoint Michel-Edouard Leclerc et

Maxime Valette pour insister sur le caractère crucial d’accompagner et d’anticiper la

conversion numérique et digitale des métiers, des habitudes et des comportements. Face à

un fatalisme souvent exagéré ou à des discours alarmistes paralysants, elle ouvre le champ à

la réflexion et à la prise de recul pour poser les bases d'une « self-éthique » du digital qui

défierait le danger réel qui n’est autre que l’inertie.

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Remise des prix du Challenge E.Leclerc

Après les interventions remarquables des deux conférenciers et la séance débat, Michel-

Edouard Leclerc a remis un prix aux lauréats du Challenge E.Leclerc dans le cadre du cours de

« Distribution & Commerce 4.0 ». Bravo donc à Cécile Gros, Baptiste Margail, Normanno

Pisani et Adrianna Yvonne Castro Reyes pour avoir répondu avec professionnalisme au défi :

« Dans quelles conditions mettre en œuvre une opération commerciale globale, construite à

partir d’une offre multi-produits et multi-canal? ».

Les prochains « Petits-Déjeuners du Commerce 4.0 »

A l’aune de ces mutations sans précédent, il est plus que jamais nécessaire d’en considérer

l’ampleur, la portée et la complexité. Les prochains rendez-vous s’inscrivent dans la même

lignée et tentent d’apporter une vision transversale et prospective dans des domaines-clés

du commerce de demain. Ces rencontres sont gratuites et ouvertes à tout public sur

inscription. Vous êtes cordialement invités à y assister. Alors à vos agendas !

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• 4 janvier 2017 : Les enjeux de la crosscanalité à l’aune du commerce 4.0

• 1 février 2017 : La logistique 4.0

• 1 mars 2017 : Les stratégies et mécanismes des plateformes numériques dans la société 4.0

• 5 avril 2017 : La co-construction de l’expérience shopping

• 3 mai 2017 : Droit et régulation de l’“uberisation”

• 7 juin 2017 : Les modèles économiques de la société 4.0 : vers une grande rupture

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