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Des clics et des hommes
De l’homo economicus, roi de l'ancien monde à l’homo socius, premier occupant du nouveau monde
Comment la mutation digitale ouvre une alternative à l’économie classique de rétention, au moment où ce système atteint les limites de sa
viabilité sociale et écologique.
par Jean-Alain Jutteau
Les articles précédents ont mis en évidence les comportements individuels et collectifs nouveaux des occupants du nouveau continent digital. Ce
qui ne laisse pas de plonger dans la perplexité les responsables économiques et politiques de l’ancien monde, et ce d’autant plus qu’ils
pressentent le caractère inéluctable d’une migration de masse vers cette nouvelle Terre Promise.
Les conséquences sociales du libéralisme économique ont été largement décrites et dénoncées, sans qu’il soit utile de les rappeler. Il n’est pas
douteux qu’un premier effet de la mutation digitale est de les aggraver en donnant des moyens nouveaux pour concentrer les ressources
techniques, harceler les personnes dans espaces privés et paupériser une large partie des populations.
Cependant, notre propos est optimiste à double titre :
Premièrement en montrant qu’une autre façon de gérer la mutation digitale permet de limiter les premières conséquences. Un changement de
modèle est nécessaire pour organiser la gestion de la valeur sur le continent digital.
Deuxièmement, en montrant que le même changement de modèle peut permettre de sortir nos sociétés de l’ornière où les précipite.
“Il n’est pas douteux qu’un premier effet de la mutation digitale est de les aggraver en
donnant des moyens nouveaux pour concentrer les ressources techniques, harceler
les personnes dans espaces privés et paupériser une large partie des populations”
Une telle thèse aurait semblé utopique, voici quelques années à peine, tant les vieilles certitudes résistaient ; des fissures et des failles béantes
apparaissent qui ouvrent peut-être la possibilité de solutions alternatives. Morosité et catastrophisme ambiants n’ont pas de mal à trouver des
justifications : Nous allons dans le mur, dans un des nombreux murs qui sanctionnent l’absurdité de notre système économique et social actuel.
La seule question reste de savoir si nous atteindrons d’abord le mur écologique, qui nous confrontera à l’épuisement de certaines ressources
naturelles ou le mur social qui marquera la limite dans l’exploitation de la ressource humaine.
Ici encore, de nombreux travaux ont établi la robustesse de ces scénarios, que les pouvoirs et l’opinion qu’ils manipulent récusent pour préserver
jusqu’au bord du précipice leur chancelante légitimité. C’est un aveuglement incompréhensible de la part d’élites culturelles dont la première
mission est d’assurer la prospérité durable des peuples. Par quel envoutement sont-elles devenues des Shadocks qui pompent absurdement à
la conquête d’une croissance impossible ?
A travers deux fictions, regardons ce qui sépare l’homo economicus, roi de l’ancien monde de l’homo socius, premier occupant du nouveau
monde.
L’homo economicus est né quand un de ses ancêtres a planté un panonceau sur une parcelle de terrain sur lequel était écrit « c’est à moi ».
Cette appropriation fonde le capitalisme, selon un enchainement trop familier dans l’histoire des sociétés humaines, qui justifie que l’on le
désigne par l’économie de la rétention :
Pour calmer l’inquiétude née de son usurpation notre propriétaire multiplie les actes de rétention. Il n’a eu de cesse de ceindre de mur pour
protéger son bien, et de s’assurer le concours de pouvoir de coercition pour faire respecter sa propriété. Puis celle-ci devint un fait acquis, donc
un droit transmissible et opposable au contestataire par la création d’un système de lois et de leurs idéologies de légitimation.
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“ Cette appropriation fonde le capitalisme, selon un enchainement trop familier dans
l’histoire des sociétés humaines, qui justifie que l’on le désigne par l’économie de la
rétention ”
Fort de son bon droit et de l’appui des pouvoirs il a pu valoriser son capital foncier en concédant une partie des profits à ceux qui acceptaient d’y
travailler. Le rapport de force entre le possédant et le travailleur n’étant pas naturellement équilibré, des situations de dépendances s’installent,
conduisant à la généralisation de l’esclavage ou du servage sous toutes ses formes dans les sociétés humaines.
Les temps modernes et les premières révolutions industrielles du XIXème et XXème siècle ont installé des modalités différentes des rapports de
sujétion d’une grande majorité de gens ordinaires à une élite qui organise son pouvoir dans des hiérarchies économiques, politiques ou
religieuses. Les trois ordres de la société française du siècle des lumières sont toujours là, et un économiste faisant autorité vient de confirmer le
caractère inéluctable de la concentration du capital financier entre les mains d’une minorité quasi héréditaire.
L’homme n’est qu’une ressource pour l’homme, comme travailleur, mais aussi citoyen avec l’apparition du suffrage universel, et consommateur
avec le mercantilisme libéral, sans être jamais reconnu dans sa dignité humaine de personne autonome. « Homo homine lupus », plus que
jamais. L’homme n’a de valeur pour l’homme que s’il est utile pour créer un profit individuel et collectif.
L’impératif économique s’est peu à peu imposé à toutes les couches des sociétés modernes. Individuellement, il exclut toutes les personnes qui
ne conviennent pas ou ne conviennent plus au système en dominant. Collectivement, il orchestre les déplacements géographiques et les
déracinements sociaux et culturels des populations, chassées de leur milieux originels par les progrès de l’exploitation collective de l’homme par
l’homme: Des « common laws » anglaises qui ont créé l’aristocratie foncière, à l’exode rural qui a fournit la main d’œuvre des révolutions
industrielles, à l’immigration des anciennes colonies, sans oublier le peuplement du Nouveau Monde par des exilés et des exclus des vieilles
sociétés européennes, la liste est longue.
Au fil des siècles, le système se perpétue et se clone, depuis que Christophe Colomb a pris possession d’une île des Caraïbes au nom du roi
d’Espagne, au roi de France qui assoit son pouvoir en donnant titres, terres, charges et bénéfices à ses loyaux serviteurs, à telle collectivité
locale qui concède l’exploitation de services des biens publics à une entreprise privée, jusqu’au nouveau tzar de Russie qui assoit son pouvoir en
organisant la curée des vestiges de l’empire soviétique.
Les darwiniens noteront que ce modèle s’inscrit dans la continuité de la compétition entre individus et entre espèces, décrite par les biologistes ;
la rétention et l’accumulation de biens matériels remplacent aux avantages corporels acquis par mutation génétique positive ou occupation d’une
niche écologique favorable. Fondée dans l’angoisse ontologique du manque, cette attitude enrichit les uns en installant la précarité chez les
autres ; répétant la rivalité originelle entre les individus, ce comportement crée naturellement la défiance et la ségrégation.
Ainsi le cauchemar des sociétés modernes qui ont fondé leur prospérité sur ce modèle ne fait-il que répliquer de façon compulsive, le défi
quotidien que posait la survie individuelle dans les premiers âges préhistoriques.
Un des premiers représentants de l’homo socius a pu être un colporteur, de ceux qui apportaient ustensiles, almanachs et ragots dans les
campagnes. Il anime les réseaux de relations entre les communautés humaines dispersées, passeur universel par qui l’on passe pour sortir de
son chez soi. Ainsi il préfigure l’économie de la relation.
Mi-commerçant, mi-poète, libre et nomade, il ne possède rien, que son bagage et son bagout, qu’il troquera et enrichira par les relations nouées
sur sa route. En passant les cols, les fleuves et les frontières il fait la passe entre tous les sédentaires.
On le consulte pour trouver un parti acceptable dans la vallée d’à côté. En vendant ses rubans, il raconte la mode de la grand’ ville. Colporteur
d’informations il ouvre les esprits sur tout ce qui s’y passe d’incroyable. Il apporte les premiers journaux, qu’il lit en public, puis que l’on se passe
de maison en maison entre ses visites. Ses quincailleries, ses outils font passer le progrès technique des mains des artisans à celles des
travailleurs.
Ce voyageur lève naturellement le nez vers les étoiles, pour y trouver les indications qui guident sa route ; il lui en vient aussi des
questionnements, des idées nouvelles. Le temps long du voyage lui laisse le tenter de réfléchir, de prendre du recul par rapport aux choses. Il est
philosophe par oisiveté et passe-temps.
Ses multiples rencontres ne manquent pas de l’interpeller par la diversité des pratiques et des mœurs ; pèlerin de l’ailleurs, il devient passeur de
l’autrement, en imaginant des améliorations, des innovations qu’il essaime au fil de ses haltes.
S’il est bon conteur, on le retiendra aux veillées dont il sera le merveilleux passe-temps. S’il est musicien, il sortira sa flute de son étui pour faire
danser le village. Ses collègues esbaudissent les foules sur leurs tréteaux dressés à l’entrée des foires et des marchés.
Ce personnage présent dans toutes nos légendes a bien failli disparaître avec l’irruption des techniques modernes de communications. Avant la
mutation digitale, c’est le poste de radiophonie qui diffusait les nouvelles du monde, avant que les écrans de télévision ne s’invitent dans les
intimités domestiques, et que les écrans de PMU captent l’attention des salles de café. L’ailleurs tombe du ciel, prédigéré, il n’a plus besoin de
passeur pour savoir ce qui s’y passe, ni pour comprendre ce que l’on peut en faire.
Considéré de point de vue de l’évolution humaine, notre « homo socius » poursuit la compétition entre les individus et les espèces d’une autre
façon ; la cupidité qui accumule l’avoir fait place à l’ingéniosité qui développe les savoir-faire. Il décuple ainsi l’utilité des objets en organisant les
procédés de l’industrie et du commerce. La mise en dépendance de l’autre par le pouvoir imposé n’est plus nécessaire ; l’interdépendance
mutuelle négociée entre égaux assure l’équilibre dynamique des communautés et des associations de communautés.
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C’est ainsi que l’homo socius a installé, cahin-caha, la dynamique du progrès technique dans l’évolution humaine, toujours en rivalité avec le
conservatisme institutionnel de l’homo economicus.
“la cupidité qui accumule l’avoir fait place à l’ingéniosité qui développe les savoir-faire.
Il décuple ainsi l’utilité des objets en organisant les procédés de l’industrie et du
commerce”
Il est opportun de rappeler que les grands empires totalitaires ont succombé d’immobilisme technique, avant d’imploser sous la pression des
tensions sociales internes. Par exemple, il est aussi significatif que surprenant que l’empire romain n’a jamais su remplacer la force de travail
humaine par de l’énergie renouvelable ; malgré l’excellence de ses techniques et la qualité de ses élites, cette évolution lui était impensable, car
elle remettait en cause l’idéologie fondatrice de la société: Le régime de dépendance installé à tous les niveaux de la société, de l’exploitation
des esclaves, au parasitisme de la plèbe, et au clientélisme des patriciens. Les invasions des nomades de l’est ont installé des moulins sur les
cours d’eau et doté les charrues antiques d’un soc de fer. Avec l’augmentation des rendements agricoles, l’esclavage s’est adouci en servage, et
le progrès technique a pu se remettre en marche.
Certains auteurs se demandent avec quelque pertinence si nos sociétés libérales ne sont pas victime d’une fossilisation intellectuelle et sociale
comparable à celle de l’empire romain du IVème siècle. Elles ont tellement profité des premières révolutions industrielles, celles du machinisme
et de l’énergie fossile, qu’elles s’y sont installées, au risque de périr de leurs excès, avant même de s’adapter aux prochaines révolutions
engagées, celles des communications et des ressources renouvelables.
Les théories économiques, véritables piliers idéologiques de l’homo economicus, ont été conçues en plein essor des secteurs primaires,
l’extraction des matières premières, et secondaires, leur transformation en objets utiles. Socialiste ou libéral, le capital s’investit dans des
gisements et dans des usines, des actifs tangibles, et le travail n’est pris en compte que s’il s’effectue dans le cadre d’emplois dans des
organisations conçues comme de vastes machines régies par le dogme de la productivité, proche cousine du rendement industriel.
Les organisations pyramidales dominent le paysage économique, chaque jour plus globales et moins nombreuses sous les coups de la guerre
sans merci que se livrent leurs dirigeants pour le compte de leurs propriétaires capitalistes. Les féodalités médiévales ont renouvelé leurs
rouages et leurs territoires, pas leurs valeurs.
La course à l’avoir et à la taille reste le moteur des stratégies individuelles et collectives. Contre tout bon sens écologique et social, la croissance
demeure l’obsession collective.
A la décharge de la pensée libérale, on doit reconnaître que le caractère local et informel de l’action de l’homo socius n’a pas facilité sa prise en
compte; bien des échanges auxquels elle donne lieu échappent à la monétarisation.
Ainsi au niveau macro-économique, le secteur tertiaire des économies, les services, est mal appréhendé par les comptabilités nationales ;
beaucoup de prestations liées à la vie courante y échappent totalement ou partiellement.
Au niveau micro-économique, les prestations de gestion des relations avec les clients des services marketing et commerciaux sont enregistrés
comme des coûts, qui grèvent les marges opérationnelles générées par les activités de production. La création de valeur par ces activités de
relation n’est pas enregistrée parce qu’elle n’est pas pensable dans la doxa du management. De même les immobilisations immatérielles, les
incorporels et les intangibles, ne sont pris en compte qu’avec la plus grande parcimonie à l’actif des bilans des entreprises.
L’exclusion des activités de relation des sources de création de valeur est d’autant plus étonnante, et trompeuse par les erreurs de jugement
qu’elle induit, que dans bien des secteurs économiques, leurs coûts excèdent ceux des activités de production.
Le vieux concept de fonds de commerce est à ce titre exemplaire de cette dévalorisation de l’homo socius par l’homo economicus. Pour
simplifier, il est porté dans l’approche classique par les marques commerciales. Des investissements publicitaires considérables sont réalisés
pour entretenir leur notoriété et leur attractivité auprès de leurs publics cibles. Rien ou bien peu apparaît dans les comptes sociaux, tant est
méconnu la valeur du capital relationnel que constituent les marques fortes. A l’inverse, pour les acteurs de l’économie digitale, les marchés
financiers ont reconnu la valeur de la relation en valorisant les entreprises selon à des multiples de leur capital relationnel, pour des montants qui
stupéfient les analystes « old school ».
Faute de mieux, les systèmes d’information traitent les données nées des enregistrements des comportements des acteurs. Elles sont agrégées
et mises en perspective avec des historiques comparables, des séries statistiques pour dégager des tendances et préparer des décisions. Les
tableaux de bord reflètent des réalités, pas des potentialités. Naturellement ils induisent des visions conservatrices qui répètent et modulent le
passé. Le schéma mental est la pérennisation de la croissance maîtrisée, et tout décrochement est pensé comme une « crise », à affronter et à
oublier, sans jamais y reconnaître des inflexions durables et croissantes des dynamiques économiques. On conduit la voiture en regardant dans
le rétroviseur, ce qui peut ne peut durer qu’aussi longtemps que la route est droite.
Il n’y a guère d’attention portée aux anticipations faites par les acteurs. On les réduit à ce que l’on peut en voir, ce qui ressort dans les grands
livres comptables et les états financiers, et on leur refuse une autonomie et une capacité d’initiative que l’on ne saurait pas gérer. Cet
aveuglement culmine avec la fiction d’un marché régulé par une divine main invisible, véritable irruption de la pensée magique dans une
discipline qui affiche ses prétentions scientifiques. De fait la négociation, le processus de base du négoce, qui repose sur les capacités
relationnelles des acteurs, marchands et chalands, est quasiment exclus de la pensée économique ; les récents prix Nobel qui l’ont abordée à
partir de la théorie mathématique des jeux n’en propose qu’une formulation appauvrie, réduite au déterminisme froid des équations.
Ce rapide survol aura convaincu le lecteur que l’homo economicus, acteur de l’économie de rétention, a fait tout son possible pour méconnaître
la contribution de l’homo socius, acteur de l’économie de relation, à la prospérité collective.
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Transmuté sur le continent digital, l’homo socius acquiert une autre dimension: Son almanach si utile pour ses informations pratiques s’appelle
Google ; les Nouveautés de Paris se trouvent sur Amazon ; le Café des amis s’est installé sur Facebook et Apple fournit les musiciens. Il était
depuis toujours présent dans le quotidien des gens, en accompagnement précieux mais méconnu de son collègue, l’homo economicus. C’est
avec lui désormais que les habitants du continent digital passent l’essentiel de leur temps.
“Ce rapide survol aura convaincu le lecteur que l’homo economicus, acteur de
l’économie de rétention, a fait tout son possible pour méconnaître la contribution de
l’homo socius, acteur de l’économie de relation, à la prospérité collective.”
En permettant l’ubiquité et l’instantanéité des relations entre les personnes et les objets, la mutation digitale étend à l’infini le terrain des
échanges relationnels. Il n’est plus contraint par la proximité géographique ni des délais d’accès. Le champ relationnel dans lequel se crée la
valeur par l’économie de relation, a la même globalité que le champ transactionnel de l’économie classique.
Ce qui était informel, donc informe, difficile à formaliser et à mesurer prend une autre consistance sur le continent digital : Toutes les mises en
relation sur la Toile sont observables et enregistrables, aussi concrètement et précisément que les échanges et les mouvements d’objets
physiques dans le vieux monde. Les sédiments de « big data » s’accumulent au fond des usines de données du nouveau continent. C’est de
cette nouvelle matière première que GAFA extrait déjà les données utiles pour gérer l’économie de relation.
Ainsi, sur le continent digital, l’activité de l’homo socius se voit-elle reconnue comme une économie à part entière, au sens « economics » du
terme anglais, c'est-à-dire un ensemble de procédés de création et de partage de valeur. Il n’est que trop évident au vu de ce qui précède, que
les concepts et les outils de l’économie classique ne sont pas adaptés à la gestion de cette nouvelle filière. L’économie de relation ne deviendra
le relais de croissante qualitative et durable qu’au prix d’une innovation conceptuelle et managériale permettant de piloter ses moteurs de
performance :
Elle exploite une matière première spécifique, l’intelligence relationnelle extraite des big data, notamment, dont les modèles conceptuels restent
à formaliser.
Elle implique une autre façon de gérer la création et le partage de la valeur, au sens de l’ « economy » de l’anglais, dont les pratiques de GAFA
donnent l’exemple et démontrent l’efficacité.
Les concepts et les outils spécifiques de l’économie de relation seront présentés dans les articles suivants.
“Il serait donc vain de réussir la transformation digitale dans le domaine économique,
dans le champ clos des entreprises et des institutions qui s’y rattachent, en laissant le
corps social de déliter ou exploser.”
Moins que jamais, le champ économique ne peut ignorer le domaine politique. La mutation digitale intervient au moment où bien des sociétés
traditionnelles connaissent de graves convulsions, les plus violents n’étant pas nécessairement les plus médiatisées. Il serait donc vain de
réussir la transformation digitale dans le domaine économique, dans le champ clos des entreprises et des institutions qui s’y rattachent, en
laissant le corps social de déliter ou exploser.
« Je suis Charlie » doit nous rappeler la prévalence des enjeux éthiques et politiques, et la responsabilité citoyenne de chacun. La mutation
digitale se heurtera nécessairement à la résistance opiniâtre des organisations politiques et sociales alliées à l’économie de rétention, dont elle
remet en cause les fondements idéologiques et les pratiques totalitaires.
Les premières escarmouches actuelles laissent penser que des scénarios de transition viable seront malaisés à négocier entre les deux camps.
Les tensions sociales qui ne manqueront pas d’en résulter peuvent conduire à deux scénarios catastrophes ; ils ont en commun de désespérer
durablement les personnes de sortir de l’aliénation imposée par les systèmes sociaux et politiques de l’ancien monde.
La longue dépression dans laquelle s’enfonce la société japonaise, qui ne parvient pas à libérer ses consommateurs, ses citoyens et ses
collaborateurs de l’emprise d’une féodalité séculaire. Dénatalité, déflation, récession chroniques résistent aux relances des gouvernements qui
refusent de changer les règles du jeu qui les ont portés au pouvoir.
La « somalisation » de plusieurs états, qui ne parviennent plus à imposer le régime d’un état de droit quand ils succombent sous les coups de
mouvements surgis d’un passé que l’on croyait dépassé. Comme il n’y a pas si longtemps en Europe, c’est le désespoir des peuples qui les rallie
sous ces bannières archaïques.
Par Jean-Alain Jutteau
Publié le 17/07/2015
De l’homo economicus, roi de l'ancien monde à l’homo... http://www.lenouveleconomiste.fr/de-lhomo-economi...
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