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Œlî19t.ba, ZLE PORTIQUE DES AMIS DE DIEU. RECUEIL SCIENTIFIQUE ET RELIGIEUX A L’ U s A G E DES NÉOSOLYMES DES DEUX SEXES. ENTREPBIS PAI L. G. HOFAKER. _ / DEUXIÈME PARTIE. CONTENANT LE SEIGNEUR AVEC nous, un L’INTERMÊDIMRE DE ANNA ET GASPARD LINEWEG. —-—<ar®œ——yÿyÿy PARIS , TnEUTTEL ET WÜRTZ , LIER. , RUE DE LILLE Nm. 17. SAINT - AMAND , A LA LIBRAIRIE DE LA NOUVELLE JÉRUSALEM. TUBINGUE ET LEIPSIC , A LA LIBRAIRIE GUTTENBEBG. 1840.

Abbé Guillaume OEGGER Adresse au clergé de France, et traduction Anna et Gaspard Lineweg, La Nouvelle Jérusalem Céleste ... Saint Amand 1840

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Œlî19t.ba,

ZLE PORTIQUE DES AMIS DE DIEU.

RECUEIL SCIENTIFIQUE ET RELIGIEUX

A L’ U s A G E

DES NÉOSOLYMES DES DEUX SEXES.

ENTREPBIS

PAI

L. G. HOFAKER.

_ /

DEUXIÈME PARTIE.

CONTENANT

LE SEIGNEUR AVEC nous, un L’INTERMÊDIMRE DE ANNA ET

GASPARD LINEWEG.

— —-—<ar®œ——yÿyÿy

PARIS ,

TnEUTTEL ET WÜRTZ , LIER. , RUE DE LILLE Nm. 17.

SAINT - AMAND ,

A LA LIBRAIRIE DE LA NOUVELLE JÉRUSALEM.

TUBINGUE ET LEIPSIC ,

A LA LIBRAIRIE GUTTENBEBG.

1840.

RAPPORTS

ENTRE

LA NOUVELLE JÉRUSALEM CÉLESTE

ET

LA NOUVELLE JÉRUSALEM TERRESTRE;

OU

LE SEIGNEUR AVEC NOUS,.

un L’INTEEMEDIAIRE

7

DE ANNA ET GASPARD E_æEWEG.

TRADUIT DE L’ALLEMAND

PAR

L’AUTEUR DES RAPPORTS ENTRE LES DEUX MONDES.

. y“flw'1

——.09909&—

PARIS ,

TEEUTTEL ET Wümz , LIBR., II'UE DE LILLE Nro. 17.

SAINT - AMAND ,

A LA LIBRAIRIE DE LA NOUVELLE JÉRUSALEM.

TUBINGUE ET LEIPSIC ,

A LA LIBRAIRIE GUT'I‘ENBERG.

1840.

A MESSIEURS DU CLERGÉ DE FRANCE.

Messmuns.

Depuis plusieurs années je fais des efforts pour rendre le

Clergé de France attentif à l‘apparition de la Nouvelle Jérugalem

sur la terre. Un examen approfondi et consciencieux m’a intime—

ment convaincu de la vérité de ce grand et réjouissant évène

ment. Et je ne suis point seul: plus de cent mille autres personnes,

parmi lesquelles on peut compter des esprits distingués de toutes

les classes et de tous les pays, partagent mes convictions.

Malgré mon in<ufliunrn et mnn indignité personnelle, la

divine Providence m’a conduit à travailler, en particulier, dans

ma patrie à une si belle cause. Dès 1828, en revenant d’Angle—

terre, où j’étais allé étudier la Nouvelle Eglise déjà florissante,

je publiai, sous le titre du Vrai Messie, un ouvrage dans lequel

j‘exposai la théorie de la langue de la nature, ou des correspon—

dance: des objets de la 1création visible avec les wéñte’s et les

sentiments invisibleq dans l’homme, ce qui offre une véritable

clef d’or conduisant à tous les trésors encore cachés de la parole

prophétique. Dans ce livre je fis en même tems l’application des

principes exposés aux passages les plus remarquables de l'ancien

et du nouveau Testament, relatifs aux vrais caractères de Dieu—

Rédempteur, afin de montrer que ma théorie n’est point vaine,

mais qu’elle offre des résultats: et cet ouvrage fit quelque sensa—

tion, quoique ma position sociale ne me permit pas alors d’y

donner suite. Cette théorie, bien que faiblement tracée, d’une

langue par images, d’une langue «me plutôt qu’entendue, frappa

singulièrement quelques esprits penseurs. Un des hommes les plus

1

s_v]_

distingués de notre époque *), qui s’était beaucoup occupé des

anciens mythes, se trouva d’avance si persuadé d’une langue de

la nature perdue depuis les tems les plus réculés des annales

humaines, qu'en voyant paraître le Vrai Messie il s’écria: Voilà

ce que j'attendais depuis longtems. Il est vrai que mon travail

ensuite ne répondit pas entièrement à son attente: mais j'ose

assurer, que s’il n’a pas reconnu la vérité toute entière, c‘est à

la faiblesse seule de mes moyens qu’il doit l’attribuer; ou, peut—

être aussi, à quelques idées inexactesdont l’étude des mytholœ

gies anciennes l’avait préoccupé, et qui l’auront empêché d’appré—.

cier le système à sa juste valeur : car s’il avait pu être porté à

recourir aux sources où j’avais puisé moi-même , il serait sans

aucun doute demeuré pleinement convaincu.

Ce premier ouvrage je l'ai fait suivre de l'Essai d’uanic—

tionnaire r]p la Ïrmg:m de la Nature, dans lequel i'expliquai le

sens de plus de huit cents hiéroglyphes, ou emblèmes de la lan—

gue prophétique, pris dans la nature extérieure, afin de montrer

par des résultats plus positifs encore, jusqu‘à quel point la théo

rie d'une pareille langue était fondée en raison. Je ne donnai

naturellement pour. incontestables, que ceux des articles que

j'avais trouvé consignés dans les nouvelles données supérieures,

les autres significations assignées ne restant que_ plus ou moins

probables ou ingénieuses; mais , du moins, tout le travail, pris

dans son ensemble, prouve la vérité du principe, et signale une

mine inépuisable à exploiter à la science et à l'étude.

Quelques années plus tard un de mes amis d’Allemagne crut

devoir publier des Mémoires sur des particularités extatiques qui

s’étaient offertes dans ma propre vie, et dont le fait principal lui

semblait pouvoir se rattacher à l’apparition de la Nouvelle Église.

‘Je savais très—bien à quoi je m’exposais par une pareille publication ,

') Mr. Ballanche.

—- VII —

dans laquelle, à côté de données évidemment pures, j’entrais

dans des détails, plus ou moins hasardés, sur'des songes ordi—

mires, qui, selon moi, pouvaient devenir le sujet de spécula

tions philosophiques comme tous les autres phénomènes de la

nature: mais tel est le peu de cas que je fais, à tort sans doute,

de l'opinion des autres hommes à mon égard, que cette considé

ration ne put m’arrêter. Cet ouvrage me fit du tort, en effet,

dans l’esprit des personnes étrangères aux nouvelles études exta

tiques, et qui ne se donnèrent pas la peine de discerner lesfizits

sérieux que j'avance, des matières secondaires que je traite,

qu’il est permis à chacun d‘expliquer comme il l’entend , et sur

diverses particularités desquelles j’ai moi-même changé d’opinion

depuis. Plusieurs des disciples même de la Nouvelle Je’rusalem

m’ont blâmé dans cette occasion, prétendant que je compromet—

tais la dignité et la pureté de la Nouvelle Doctrine. biais sans

vouloir autrement défendre ici, absolument tout ce que contient.

ce livre (dans lequel je déclare moi-même que je n'ai pu bien

distinguer la nuance de ce qui me paraissait pur, de la partie

qui me semblait être une réaction infernale), ne pourrait-on pas

dire qu’il y aurait un avantage à publier même quelques-unes

des aberrations auxquelles les expériences extatiques peuvent

donner lieu? Les erreurs forment en quelque sorte les ombres

du tableau de la vérité: celle-ci ne sera parfaitement connue

que de celui qui aura aussi une idée claire de ce qui n’est point

elle. Il serait donc bon et utile, dans ce cas, que quelqu’un se

sacrifiât, pour montrer jusqu’où peuvent aller les illusions dans

une question aussi délicate. Encore ne faut-il pas trop étendre

le champ des illusions possibles dans cette partie, sans cela on

ne saurait plus à la fin où s’arrêter, et les communications les

plus belles en recevraient un échec. Si vous accordez, en effet,

que les esprits infernaux peuvent inspirer un volume entier de

réflexions et de raisonnements pas trop mal liés ensemble, et ex

_ —

primant des sentiments plus ou moins touchants ou pieux, d’au—

tres diront que la même illusion peut se glisser dans quinze vo

lumes*); et adieu alors toute espèce de communication céleste,

quelle qu’elle soit!

Il va sans dire que toutes les données particulières ne doi—

vent ni ne peuvent jamais être jugées que par l’ensemble de la

Doctrine de la Nouvelle Eglise, laquelle demeurera toujours le

seul cn’te’n‘um auquel tout devra être rapporté, et auquel je suis

prêt à me soumettre tout le premier.

Enfin je puhliai encore un tout petit ouvrage intitulé:

Nouvelles Questions philosophiques, pour réhabiliter un peu,

s’il était besoin, mon caractère, aux yeux d’un certain public;

en faisant voir que toutes ces matières de songes et d’extases

peuvent être présentées d’une manière dont un esprit sérieux n’a

point à rougir. — Il y a, en effet, dans la Nouvelle Doctrine

deux points fort distincts, le côté philosophique et le côté mys—

tique. Le côté philosophique est tellement à la hauteur des lu

mières du siècle, que Jean-Jacques, pour lequel j’ai toujours

professe une haute admiration, dans la partie saine de sa phi—

losophie morale et religieuse n’eût eu qu’un pas à faire pour

devenir un disciple de la Nouvelle Jérusalem; il n’eût eu qu’à

reconnaître la Divinité personnelle et absolue du Cunrsr, et

accepter comme Créateur et Rédempteur, en d’autres termes

comme Père, Fils et Saint-Esprit, l’Etre étonnant qu’il avait

si fort élevé au—dessus de Socrate, et dont la mort lui paraissait

la mort d'un Dieu.

' Quant au côté mystique de la Nouvelle Doctrine, qui, re—

marquez-le bien, ne peut plus effrayer personne, dès que la

‘) Le docteur Han-dey ne pourrait plus donner alors, avec la même assu

rance, comme une des preuves de la vérité des communications de Swe

denhorg, que dans les quinze mille paragraphes de ses ouvrages ou

chercherait en vain une contradiction réelle. '

—xx——

morale, la foi chrétienne , et une parfaite tolérance sont en sû—

reté, c’est une étude à part, pour ceux qui ont le goût de ces

choses. Elle ouvre un champ immense à la recherche du sens

riche et profond de toutes les images parlantes de l’Ecriture

sainte; et cela, sans que l’on puisse jamais s’égarer sur les ap—

plications essentielles, le Dictionnaire et la Grammaire de la

langue spirituelle étant assez complets maintenant pour que l’er—

reur sur l’ensemble ne soit plus possible, quelles que soient les

nuances particulières de l’esprit de chaque individu. Cette étude

met sur la voie de l’origine de toutes les Mythologies, et suggère

sur les songes les plus ordinaires, qui sont toujours un com—

mencement d‘extase , des conjectures très-intéressantes pour le

philosophe qui sait que rien dans la nature n’est à dédaigner.

Voyant toutefois, de plus en plus, mon insuffisance et sur—

tout mon indignilé à travailler pour une cause à la fois si belle

et si épineuse, je m’étais résigné à ne plus penser qu’à faire mon

propre salut, comme un membre caché, et de peu de consé—

quence, de la Nouvelle Jérusalem, lorsque parut tout-à—coùp en

Allemagne l’ouvrage dont on va lire la traduction.

Si donc je m’adresse de nouveau au public, et surtout au

Clergé de France, c’est que j’ai été porté à croire que le SEI

GNEUB lui—même est venu au secours de ma faiblesse et de mon

impuissance, par des signes tellement frappants de sa présence

déjà active au sein de sa Nouvelle Église, qu’aucun esprit im—

partial ne puisse plus le méconnaître.

Je vous adresse donc, Messieurs, ce livre, demandant pu

bliquement votre Jugement, que, j’espère, vous ne refuserez pas.

Il y a eu un tems où les prélats chargés de veiller au dépôt de

la foi, montraient une plus grande sollicitude à l’apparition d’une

nouveauté en fait de religion, et ne se laissaient pas prier des

années avant d’agir. Vous devez vous montrer aussi vigilants

_x_

qu’eux, sous peine de laisser croire que les questions de ce genre

sont» devenues moins intéressantes par le laps du tems.

Non—seulement les progrès extérieurs de la Nouvelle Jéru—

salem offrent un phénomène qui ne peut plus vous échapper,

celui d’une rapidité extraordinaire, puisqu’en 1828 , il n’y avait

encore qu’une Eglise de la Nouvelle Jérusalem à Londres, et

qu’aujourd’hui il y en a trois, et dans toute l’Angleterre plus de

soixante-dix sociétés particulières; un seul Ecclésiastique *) qui

s’était consacré à la prédication de la Nouvelle Doctrine , ayant

compté près de trente mille Disciples au moment de sa mort:

non—seulement cette Église nouvelle fait de même des conquêtes

extraordinaires en Amérique, en Allemagne, en Suède, et envahit

àen ce moment la France, où elle a déjà un organe respectable

j. dans la presse périodique, mis en rapport avec toutes les Eglises

et les sociétés étrangères, par les PiÏm‘ts duquel le premier tem

ple est près de s’élever; mais une preuve matérielle **) d'un

rapport déjà réellement établi entre la société de la Jérusalem

spirituelle ou céleste, et la société de la Jérusaiem terrestre est

signalée dans une des grandes villes de France! Je le repète

donc, vous êtes forcés maintenant, Messieurs, de faire attention

à ces choses, et vous ne pouvez plus reculer : il faut parler, si

vous ne voulez pas que dorénavant votre silence soit pris pour

un consentement!

C’est à Strasbourg que ces rapports entre l’Eglise triom

phante et l’Église militante ont en lieu; dans cette ville, où l’on

avait si fort exploité, avant la grande révolution de 89, le phé—

nomène de l’imposition des mains de Mesmer, renouvellée des

anciens temples, et dont la société magnétique, dite des amis

') Mr. Clowes, Pasteur à Manchester.

“) L’expression est neuve, appliquée à un Esrmr, mais enfin elle est

juste, et.consacrée.

._'x] _

réunis, a laissé des Annales si étonnantes touchant des guéri—

sons et des rapports avec des agents invisibles *). Les Rapports

que nous publions sont du même genre : seulement nous avons

la consolation de pouvoir les annoncer comme provenant d’une

source plus pure. — Pendant plus d’un an, et tous les trois à

quatre jours, un Chrétien défunt, ou plutôt ayant subi son état

de transformation, est venu s’entretenir, avec ses amis et sa fa

mille, du royaume spirituel du SEIGNEUR, et cela avec l’agrément

et de la part du SEIGNEUR, [L qui soit rendu honneur, louange

et gloire à jamais! ’

Lisez, Messieurs, cette relation, avec toute l’impartialité

dont vous êtes capables, et décidez ensuite par oui ou non cette

question: « La Nouvelle Jérusalem promise par Saint—Jean de la

part de son Maître ressuscité et glorifié, est—elle ou n’est—elle

pas descendue des cieux de nos jqus ? ou bien descend-elle ou

ne descend-elle pas des cieux en ce moment même? »

L’Académie de‘Médecine a depuis longtems donné, de son

côté, ses décisions relativement à de si étonnants phénomènes“),

le public a le'droit d’attendre aussi les vôtres. La question était

plus encore dans vos attributions que dans la leur. ——' Nous

pouvons par conséquentv0as sommer, comme nous vous 50m.

') Voir les Annales de Strasbourg, 5. vol. , pendant les années 1786

à 1789. J’ai eu également entre les mains le manuscrit d’une cor

respondance entre le fameux Saint-Martin de Paris, le Conseiller

aulique Ekartslmusen de Munich, le Conseiller de Kirchbergcr de

Berne, et Lavater de Zurieh, sur ce qui s’est passé dans les loges

de Paris, de Lyon, de Bâle, d’Avignon, de Péterslrourg, par où il

est constaté, que, moyennant des consécratious égyptiennes, on

n’était pas seulement parvenu aux rapports avec des esPrits, mais

que des phénomènes physiques mêmes commençaient à avoir lieu, ce

qui efl'rayait jusqu’aux adeptes. '

' “) Voir le Dr. Foissac, Rapports et Discussions de l’Académie de me.

decide sur le magnétisme animal. Paris 1855.

‘h_‘I \I l |

_xu_

mous, au nom du ciel et du salut des fidèles, d’examiner la doc

trine de la Nouvelle Jérusalem, avec les nouveaux symptômes

de révolutions spirituelles que nous vous signalons.

Si vous reconnaissez la réalité de ce grand évènement, alors

proclamez-le, et le christianisme, et avec lui la face de la terre,

sera renouvellée.

Si vous ne reconnaissez pas cette réalité, expliquez alors,

d’une manière satisfaisante, 'des phénomènes d’un genre si nou—

veau; montrez comment l'illusion naturelle, cules illusidns in

fernales, peuvent aller jusque-là, que, pendant plus d’un an, une

somnambule, ou extatique, puisse parler au nom d‘une autre

personne défunte, avec tous les caractères de son individu, en

prose, en vers, toujours d’une manière digue de celui auquel

elle sert d’organe; qu’elle puisse parler au nom du SEIGNEUR,

ou de sa part, d’une façon qui ne paraisse pas trop indigne

d’une si haute source, et enfin dire des choses souvent si édi—

fiantes, et si touchantes dans leur simplicité, qu‘il semble que

ce ne sont plus des discours de notre terre.

Pour ce qui est du parfait honneur, de la science, de la

solidité du caractère, et de la bonne foi chrétienne de tous les

acteurs de ce drame nouvaau, je n'ai pas besoin d’en répondre:

ces acteurs sont connus; et d’ailleurs il est clair que ce n’est pas

ainsi qu’on invente.

Il est véritablement tems, Messieurs, de prendre enfin au

sérieux la question de cette Nouvelle Église, qui commence à

envelopper, comme d’un réseau, l‘ancien et le nouveau monde,

et qui a pris maintenant aussi racine au milieu de vous.

Serait-il d’ailleurs si étonnant, que , selon la promesse du

SEIGNEUR, la Nouvelle Jérusalem, attendue depuis si longtems,

fût enfin descendue du ciel, bien qu’avec des circonstances diffé

rentes de celles que l’imagination des faibles humains s’était plu

à se forger? Quand Saint-Paul annonçait paisiblement pendant

— XIll —

deux ans l’Evangile à quelques Juifs de Home, on ne se doutait

guère non plus que dans peu sa secte envahirait l’univers: la

même destinée peut être réservée à la Nouvelle Jérusalem; et

il n‘y aurait absolument rien 'étonnant qu’elle fût l’Eglise véri

table des derniers temps. N’est- on pas assez généralement d’ac

cord, chez les Chrétiens de toutes les communions, et parmi les

savants même qui ne considèrent ces grands mouvements des na

tions que comme des phénomènes naturels de la vie sociale, à

penser que le christianisme est arrivé à ce qu’on a appelé son

époque critique, et qu’une nouvelle époque organique se présente?

Cette persuasion est générale, et il n’y a entre les deux partis que

cette différence, que les chrétiens de conviction croient que leur

Dieu, toujours fidèle, se mêlera immédiatement de cette grande ré—

volution, tandis que les simples philosophes pensent que ces change—

ments se feront par l’entraînement naturel des choses de ce monde.

Pour nous, nous le répétons, après un examen sérieux et

consciencieux de plusieurs années, nous avons entièrement re—

connu le doigt du SEIGNEUR. Oui, les derniers temps sont arrivés!

ou plutôt ils sont déjà derrière nous. Les temps ont été abrégés,

et la vraie lumière a déjà lui!

La période de l’abomination et de la désolation, selon les

disciples de la Nouvelle Jérusalem, doit être placée dans cet

intervalle où l’esprit humain, parvenu aux limites de ce qu’il a

appelé sa philosophie, n’a plus rien trouvé ni à examiner ni à

nier; où toutes les passions lamentables du cœur humain ont été

déchaînées au point que le récit seul en fait encore frisonuer,

et que les générations à venir ne pourront le croire; où non—

seulement le christianisme a été aboli au sein de la nation la

plus civilisée de l’Europe, mais où, portant tous ses fruits de

mort , le déisme lui—même s’est suicidé, pour faire place au ma—

térialisme , à l’incrédulité et à l’indifférence absolue; où un

Robespierre! pour dire tout en un mot, s‘est trouvé contraint

u

—- XIV —

de proclamer de nouveau , au milieu de chrétiens dégénérés, la

croyance et l’Être suprême et à l’immortalité de l’âme ! *) Oui,

voilà le moment suprême! LeÎmoment suprême est nécessairement

arrivé, quand il n’y a plus rien au-delà, ni pour les errements de

l’esprit humain, ni pour les égarements du cœur. Comment serait

il possible, aujourd’hui que toute la pensée humaine est fixée irrévo

cablement par l’imprimerie , que l’univers parcourût encore une

fois le même cercle d’idées qu’il a si laborieusement parcouru

depuis deux mille ans? Cela n’est pas dans la nature des choses,

évidemment. Tout a été dit et redit, toutes les suppositions ont été

faites, tous les systèmes ont été débattus, toutes les hérésies ont

été mises en avant .- et il ne reste plus absolument qu’à accor

der enfin à Dieu-Rédempteur tous ses droits, à reconnaître toute

la plénitude de la Divinité habitant en Lui corporellement, ou

à tout nier et rejeter pour jamais, et sans retour.

Voulez-vous un autre signe des derniers temps, et de la

nouvelle ère que nous avons déjà commencée. On avoue géné—

ralement en France un retour aux idées religieuses. Dans les

autres pays de même , parmi les populations protestantes, on a

signalé ce qu’on est convenu d’appeler le réveil religieux : mais

ce sentiment, ce besoin général, comment les nourrira—t- on?

Cette faim et cette soif spirituelle , comment les appaisera-t—on?

Qu’est-ce qui ranimcra assez le christianisme pour obtenir de si

grands résultats? Qui est—ce, en un mot, qui offrira au monde

cette nourriture devenue indispensable? — Sera-ce le catholi

cisme ravivé? Les faits ont déjà prouvé l’impossibilité de l’effica—

cité de cette ressource. En se déclarant infaillible, Home s’est

étranglée de ses propres mains: elle ne peut reconnaître la

') Il est dans tous les cas extrêmement remarquable, que Var-urne et

SwEnnnnono aient vécu à peu de chose près ensemble, et que Messuen

et GAL]. se soient rencontrés dans cette ville, où le matérialisme était

devenu l’unique article «la foi.

moindre erreur, avouer le plus léger abus, sans cesser d’être!

N’a-t-on pas vu dans quel embarras se sont trouvés de nos

jours, tous ces esprits généreux que la nouvelle école spirituæ

liste, réaction naturelle contre le matérialisme grossier du der

nier siècle, avait jetés dans la lice? Quel enthousiasme d’abord,

quand on a vu de si intéressants athlètes renoncer a un bel

avenir dans le monde, pour consacrer des talents déjà éclatants

à leur aurore, à une cause, respectable sans doute, mais que

l’on s’était accoûtumé à regarder comme perdue! Toute l’Eu

rope, alors, rétentit d’éloges et d’admiration. - Cependant qu’est—

il arrivé? Dès qu’on a remarqué que ces nouvelles et admira

bles convictions étaient le moins du monde raisonnées et philo—

sophiques , on s’est cru forcé de les flétrir du soupçon d’hérésie,

on s’est cru forcé d’articuler ’épithète obligée d’hérésie, et aus—

sitôt tout ce beau feu s’est amorti. L’insuffisance du catholicisme

romain a donc été mis à nu en ce point aux yeux de tous. *)

Sera-ce le protestantisme qui sauvera la chrétienté du

XIXme siècle de son naufrage immense? — Pas davantage! Le

temps de se faire protestant est passé; en d'autres termes, le

protestantisme a fait son temps. Sous Charles X. , au moment où

') Qui ne déplorerait pour le Christianisme la perte de l’admirable ta—

lent de M. de Lamennais? Ce beau génie uni à un beau caractère,

s’était en quelque sorte cunnronmä à Rome! Eh bien, il n’a pas pu y

tenir, une séparation violente a eu lieu; et la réaction a porté ce

génie plus loin qu’il ne serait allé, s’il avait trouvé à se satisfaire.

Qui ne regretterait aussi un Bautain, un Bonncchose? Ils se sont

soumis, dit-on, au bon plaisir de la cour romaine que] qu’il puisse

être: à la bonne-heure, mais le froid de la mort a ainsi tout glacé! -

Une telle soumission a un côté respectable; mais peut- être qu’à

l’époque où nous sommes parvenus, une résistance généreuse eût été

plus utile. - Quant à l’abbé Lacordairc, c’est encore autre chose: il

veut raviver le christianisme, ou plutôt le catholicisme, en ressusci

tant un ordre religieux; j’ose affirmer que personne, hors lui, ne

croit à la réussite.

II*

l’on avait les plus fortes raisons politiques d’en venir à une pa

reille mesure comme réaction contre le Jésuitisme qui nous me

naçait de son intempestif et malencontreux retour, près de deux

cents membres d‘une des sociétés les plus respectables et les

plus instruites de la capitale *) avaient pris la résolution d’écla—

ter au même jour par une déclaration de principes protestants:

mais à l’heure venue, ils ont senti le peu d'importance que l'opi

nion publique attacherait à une pareille démarche , chacun pou—

vant aujourd’hui, dans l‘un comme dans l‘autre parti, être croyant

ou mécréant à sa façon sans que personne y prenne garde; ils

se sont tus, et ils ont bien fait. Ce n’est donc pas de-là non plus

qu'il faut attendre du secours.

Beaucoup de Protestants, il est vrai, sont parvenus, dans

leur société, à une foi d’autant plus éclairée et plus inébranla

ble, qu‘elle s‘est trouvée fondée sur leurs propres réflexions et

leurs propres raisonnements; mais d’autres aussi sont arrivés au

déisme et à l'incrédulité par la même voie, surtout parmi ceux

qui se croient, ou se donnent pour savants. Et il n’est rien

moins que sûr, que, sans un secours particulier d'enhaut, l'in

crédulité ne l‘emporterait pas encore une fois dans la balance,

à la longue. Voyez cet autre phénomène des derniers temps,

l’ouvrage du Dr Strauss, qui a enfin lié en un système suivi

tout ce qu’on avait dit, ou donné plus finement à entendre avant

lui , contre la foi chrétienne (car le D“ Strauss n'a que le mérite

de l’arrangement, et de l'audace plus libre de son siècle) : que

les passions brutales viennent maintenant se joindre à ce der

nier efl'ort de l'incrédulité, et vous pourrez douter raisonnable

ment du triomphe ultérieur de la vérité.

Sans donc méconnaître ce que le catholicisme romain a

pu faire de bien par la foi imposée d‘autorité aux masses , ni ce

‘) L’Atbénée royal.

—- XVII —

que le protestantisme a pu rendre de vie à cette foi par le libre

examen, sans méconnaître ce que l'un et l’autre des deux sys—

tèmes ont pu avoir d’utile, d’opportun, de nécessaire même,

chacun à son époque; on peut raisonnablement désespérer au—

jourd‘hui de leur efficacité pour l’avenir : et, même humaine

ment parlant, il n‘y aurait que la foi de la Nouvelle Église, fon—

dée sur la Parole de Dieu divinement interprétée, offrant un

christianisme tout-à-fait universel, et pouvant être mise en une

parfaite harmonie avec tous les progrès de l'esprit humain au

Xlee siècle, qui pourrait sauver la grande oeuvre de Dieu—Ré—

dempteur, et présenter la chance d’infuser une vie nouvelle dans

la société morte par l’égoïsme, l’individualisme et l'absence ab—

solue de toute espèce de convictions sérieuses : état social dont

la perspective eût effrayé les peuples payens. —

Il ne me reste qu‘à faire quelques réflexions particulières

sur les communications mêmes qu’on va lire, et sur l’adoption

générale de la Nouvelle Jérusalem.

On aurait tort d'abord de prendre ces communications

pour de nouvelles révélations, ou même de regarder tout ce qui

y est dit comme vérités infaillibles. Les communications de

l’apôtre moderne lui—même, faites de la part du SEIGNEUR, ne sont

point proprement des révélations nouvelles. La Parole de Dieu

est close par le dernier verset de l’Apocalypse de Saint—Jean ,

comme elle avait été ouverte par les premiers mots de la Genèse.

L’homme, le chrétien devenu esprit immortel, qui s’est mani—

festé à Strasbourg, avoue avoir encore au-dessus de lui des

Instructeurs dans le monde spirituel dans lequel il a passé; il

avoue ignorer encore bien des choses: il est donc bien éloigné

de se donner pour infaillible; et il est le premier à dire avec

l‘apôtre: Examinez ,- éprouvez tout, et retenez ce qui est bon.

Examinez même les choses que vous apprenez de moi par cette

voie Mmrdinaire, et ne croyez que ce qui vous paraîtra

— XVIII -—

vrai sous les yeux du SEIGNEUR. Cet esprit supérieur n‘est au

fond , lui, qu’une preuve de l’immortalité, que l'on peut appeler

matérielle ou palpable; une preuve de la vérité du christia

nisme, et de la divinité personnelle de Jésus Dieu—Rédempteur,

sous les auspices duquel ses rapports avec la terre ont en lieu;

et enfin une preuve de la bonté et de l’amour infini du SEI—

GNEUB, qui renoue dans ces derniers temps les rapports entre le

ciel et la terre interrompus depuis si longtemps.

Autre réflexion : dans tout le livre que nous présentons,

il ne se trouve pas un mot des sectes ni des divisions, ni encore

moins des haines religieuses, dont l’Église a si souvent été le

théâtre. Ceci, nous supposons, est de nature à faire plaisir à

tout le monde, dans ce siècle des lumières; et c’est à nos yeux

une nouvelle preuve en sa faveur, puisque le SEIGNEUR, en

effet, ne doit point se mêler de nos malheureuses dissensions ni

de nos disputes absurdes. En un seul endroit l’homme-esprit

blâme les indulgences: mais les catholiques éclairés eux-mêmes

reconnaissent aujourd’hui tout ce que ce point avait d’abusif.*)

') Nous croyons devoir dire aussi un mot , ici, sur ce que pensent ou peu

vent penser de cette publication les Néosolymites. En général, ils n’ai

ment pas , comme on l’a déjà vu , ces sortes de petites révélations partiv

culièrcs : celle-ci néanmoins, j’espère, fera exception. Peut—être recon—

naîtront—ils plus tard , que c’est précisément par ces sortes de rapports

entre les deux mondes, que la Jérusalem céleste descendra sur notre

terre nus TOUTE sa PLÉNITUDE , sans que pour cela , il soit changé ,

quoi que ce soit au fond même de sa doctrine, que nous savons être com

plète quant aux principes , bien qu’une grande partie de la parole pro—

phétique reste encore à être expliquée dans ses détails.

Un des disciples de la Nouvelle Eglise qui a lu l’original allemand de

ma traduction, et qui avait connu l’esprit—communicateur de son vivant,

a été contrarié de certaines particularités de ses communications au

point de douter de la pureté de l’ensemble. Il est une preuve que les

Néosolymites ne sont point aussi crédules que l’on pourrait être porté

à le croire. Néanmoins les lecteurs jugeront comme moi qu’il a tort; car,

comme je l’ai dit, si l’on n’attache point, à ces sortes de communications

-—-—xrx—

Que si quelqu‘un craignait que l'adoption de la Nouvelle

Eglise n’entraînerât trop de changements sur la terre, je lui

dirais d’abord que ce n’est pas là la question : s’il était reconnu

que le souverain Maître a parlé, il n’y aurait certes plus à délibé

rer. Mais de plus, la Nouvelle Jérusalem ne changera que peu

de chose parmi les chrétiens; elle ne fera, au fond, que faciliter

la naissance de la foi chez ceux qui s’appellent aujourd’hui sa

vants, philosophes, et penseurs, parce qu’elle conduit à la foi

par la science même et par la philosophie. Tous ceux, du reste,

qui dans tous les pays croient à la Divinité absolue de CHRIST,

adorent en Lui le Père, le Fils et le Saint-Esprit, un dans sa

personnalité divine, et triple seulement par rapport à l’homme,

et n’attendent de salut qu’en Lui et par Lui, sont par—là même

de la Nouvelle Eglise. La Nouvelle Jérusalem ne fera au fond

que nous rendre tous plus chrétiens, en nous faisant toucher

pour ainsi dire au doigt, l’impossibilité absolue d’entrer en rap

port avec le Dieu métaphysique et insaisissable, qui, comme

créateur, est à la fois partout et nulle part; qui n'est rien pour

partielles , l’importance qu’elles méritent, les hommes pourront être

portés à négliger aussi la PRINCIPALE ne mores, sous prétexte qu’elle

n’est qu’un peu plus étonnante que les autres , mais que rien ne garantit

sa pureté absolue. -- Ce critique disait, par exemple, que l’Esprit en

question avait très - bien connu pendant sa vie les ouvrages de la Nou

velle Église, contrairement à ce que déclarent les éditeurs. Mais ceux-ci,

autant que j’ai pu le comprendre, ne nient pas que M.” L. a connu la

Nouvelle Doctrine ;' ils disent qu’il ne s’était point déclaré femelle

ment Néosolymite pendant sa vie, se contentant d’être chrétien à sa

manière. -- Il s’ofl'ense aussi de ce que cet esprit ne parle jamais de sa

première femme , avec laquelle il avait fait un si heureux ménage pen

dant de longues années , et seulement de la seconde , qu’il avait épousée

sur la fin de ses jours: mais de bonne foi, qui peut décider laquelle des

deux était devant Dieu son épouse véritable , - celle qui devait pouvoir le

mieux harmoniser éternellement avec son être , comme il arrive parmi

les anges?

Cette relation ne contient donc rien de choquant, rien qui soit pré

_xx_

nous, s‘il n’est personnifié; qui, en un mot, envisagé hors de Cumsr,

n‘offre qu’un X introuvable, et un Être que l’on chercherait et

poursuivrait inutilement pendant toute éternité sans pouvoir

l'atteindre. Relativement à l'Ecriture sainte, la Nouvelle Jéru—

salem ne fera que nous donner la véritable; clé du langage em

blématique, afin que nous puissions dorénavant comprendre la

Bible dans son entier, et non plus simplement les passages les

plus saillants et les plus aisés à saisir, et qui jusqu‘aujourd’hui

avaient suffi, bien qu’ils ne dussent plus suffire dans les derniers

temps. Mais du reste elle ne changera rien aux détails de la foi,

qu’elle ne fait que simplifier. Enfin, quant au culte extérieur,

elle ne fera que le remettre également sur ses véritables bases ,

en ramenant toutes les cérémonies à leurs significations emblé

matiques et primitives.

Un des premiers prélats de la France *), auquel je fis

part dans le temps de la découverte que je croyais avoir faite de

la Nouvelle Jérusalem promise , me dit : .. Ressuscitez-moi un

mort! et je vous écouteraî. ” Il y a assurément un côté respec—

table dans ce mot, en ce qu’il montre une foi vigoureuse, si

rare aujourd'hui : cependant, Messieurs, vous reconnaîtrez d’un

autre côté, avec moi, que c’est tenter Dieu que de demander

des miracles; qu‘il faut que ce moyen violent des miracles, qui

forcent l’entendement, pour le moment, sans convertir le cœur,

cesse avec les temps d’un christianisme plus éclairé. Les morts,

en effet, ressuscités par Jésus - Cnmsr pendant sa vie mortelle,

doivent servir pour tout le monde, et pour toutes les générations,

et l’on n’a pas le droit de Lui en demander d’autres. D'ailleurs ce

que demanderait l’un, tous pourraient le demander, et cela

cisément contraire à la Nouvelle Doctrine, bien qu’on n‘ait pas be

soin d‘ndopter ce qu’elle confient, comme si c’étaient des véritéa évan

géliques.

‘) Mr. de Quélen, Archevêque de Paris.

_m_.

n’aurait plus de fin. Le SEIGNEUR n’opère donc plus aujourd‘hui

de ces sortes de miracles; mais ce sera avant tout l’évidence

des explications données sur l’ensemble du christianisme, qui

devra convaincre les esprits dans l’Église nouvelle qui se pré

sente; et cette merveille, d‘une nouvelle espèce, suffira. —- Que

si quelqu'un veut appeler du nom de miracle la communication

d’un chrétien mort, avec d’autres chrétiens encore vivants, par

l’intermédiaire d’une personne tierce qui lui serve d’organe, rien

n‘empêche : cette sorte de conversation inattendue , est assuré—

ment très—merveilleuse. Il est certain cependant que bientôt on

s'y accoûtumerait, comme on s’y était accoûtumé lors de la

première origine du genre humain, quand le monde matériel et

le monde spirituel étaient nécessairement en relations; et alors

on demanderait encore une fois d’autres signes pour croire,

comme faisaient les Juifs du temps du SEXGNEUB. Aussi n’est-ce

pas ce qu’il y a de merveilleux dans la présente Relation, qui

doit porter à croire à la Nouvelle Église; mais ce qu’elle ren—

ferme de simple, de clair, de conforme à la raison et au bon

sens, et de propre à faire recourir les lecteurs à cette autre

source plus importante encore, et sur laquelle repose plus

exclusivement l’Église de la Nouvelle Jérusalem, savoir aux

ouvrages si longtemps méconnus de l’apôtre des derniers temps.

Berne , 1. Juillet 1840.

0E G G E R,

Ancien premier Vicaire de la Cathédrale

de Paris.

RAPPORTS

ENTRE

LA NOUVELLE JÉRUSALEM CÉLESTE

ET

LA NOUVELLE JERUSALEM TERRESTRE,

ou

Ë

LE SEIGNEUR AVEC NOUS,

un L’mrumfimunn

DE ANNA ET GASPARD LINEWEG.

———-——ŒW—m

AVERTISSEMENT DU TRADUCTEUR.

Les Disciples de la Nouvelle Jérusalem et les Savants

qui se sont occupés de l’extase provoquée, peuvent seuls se

flaire une idée de l’extrême dificulté de communiquer d’une

manière utile avec le monde des esprits par la connaissance de

la langue de la nature. C’est ce qui rend si épineuse la publi—

cation d’écrits sur ce sujet. On ne sait au juste jusqu’à quel

point on aide ou compromet la bonne cause. L’ensemble toute—

fbis des communications qu’on va lire, ne permet guère à un

homme raisonnable de douter de leur réalité, ni même de leur

pureté.

Il n’est pas nécessaire pour cela de connaître les noms

des personnes éclairées. et respectables qui attestent la vérité

des faits: elles ont cru devoir garder l’anonyme; bien qu’elles

soient assez au-dessus du qu’en dira-t-on pour se déclarer au—

vertement à tous ceux qui par un véritable amour pour la vé—

rité , voudraient remonter aux sources. On verra par la suite

qu’un avis positif a été donné aux témoins de garder l’anonyme

vis—à—vis du public, probablement pour des raisons d’une mo—

deste réserve.

—— XXVI -—

Il y a des personnes, et surtout Disciples de la Nouvelle

Jérusalem, qui blâment singulièrement ces sortes de publica—

tions. Je ne saurais être de leur avis. Si personne ne publie

rien de ces choses extraordinaires, comment saura-bon que les

deux Églises, la visible et l’invisible, ont été enfin mises en

contact? Comment parviendra—bon à distinguer les communi—

cations pures d’avec celles qui ne le sont pas? Car certes, on

ne les arrêtera plus; elles iront leur train. Nefaut-il pas que

les Néosolymites eux—mêmes sachent jusqu’où peuvent aller les

illusions ? Pour peu que l’on _y mette de la prudence et de la

circonspection, la vraie doctrine de la Nouvelle Église n’en

saurait recevoir d’atteinte; celle-ci est trop bien exposée dans

les ouvrages de l’apôtre moderne, pour qu’elle puisse jamais

être obscurcie: le SEIGNEUR y a trop bien pourvu; et les phé—

nomènes noupeaux ne servent qu’à y rendre attentif de plus

en plus.

Ce sont ces considérations qui m’ont engagé àfaire con

naître aussi en France un ouvrage, en tout cas extrêmement

curieux, qui a déjà paru en Allemagne: ses lecteurs jugeront

de la plus ou moins grande opportunité de ma démarche.

«nm. sum’!» ':.Mb'dÿz‘€‘ 'e'5”;"1hW

ARGENTINE.

DE L’ANNEE 1855.

Gaspard Linetveg descendait d’une famille suisse,

et était natif de la ville de Saint-Gall; mais il passa toute

sa vie en France; et ses premières années comme ofliu

cier du corps du génie.

Ayant été porté de bonne heure vers les choses

célestes par une mère pieuse, il fixa toüj0urs fidèlement

ses regards sur le Dieu créateur et sauveur, au milieu

des flots agités de sa vie aventureuse. Aussi le SEIGNEUR

de Son côté le conduisit—Il avec une bonté toute pater

nelle, et ne le laissa jamais souffrir lohg-tems sans lui

donner des‘marques assez frappantes de sa présence,

en particulier par la manière dont Il le fit échapper

plus d’une fois aux périls imminents que sa vie avait à

COlll‘ll‘.

Mais sur la soirée de ses jours, le SEIGNEUR lui ré—

servait un lot bien plus désirable encore, celui de tra

vailler pour le bien spirituel de ses semblables.

Lineweg en se retirant dans la vie privée, fixa son

séjour à Argentine. " - \ u;

Là celui qui depuis lmg-téms était l’ami de cœur

de tous ceux qui l’approchaien’t, par son fonds inépui—

sable de charité et d’amour, comme par son inébran—

lable courage dans les périls et sa gaîté inaltérable au

milieu des plus grands malheurs, devint aussi leur con

ducteur zélé vers Celui seul peut donner la vraie

joie et la paix, Vers le Père est. aux cieux. Le “don

1

__2__

de la parole et de la prière qui lui avait été accordé

dans un très-haut degré de perfection, assemhla autour

de lui une société spirituelle d’un cercle très-étendu;

des amis et des frères même de l’Allemagne, venaient

se réunir chez lui.

Nous aurions du plaisir à retracer l’image de cet

homme de bien;:ccpendant comme la manière la plus

courte et la plus exacte de bien faire connaître une per—

sonne consiste à faire connaître ses amis, surtout ses

amis de cœur, nous rappellerons simplement que les

amis les plus intimes de Linewcg étaient Mr. _Lezai—

Mamesia, préfet du Bas-Rhin, dont le souvenir vit en

core dans le cœur de tous les Alsaciens, et Mr. 0ber

lin, ce pasteur si connu du Ban de la Roche. Une

élève de ce dernier, formée sous ses yeux au Ban de

la Roche, était l’excellente épouse de Lineweg. Nous

aurons occasion de revenir sur toutes ces personnes

par la suite.

.. ' Comme ses bons et'pieux amis , Lineweg était lui—

même un homme pieux de la bonne souche. Une haine

du mal franche et sans détour, la vigueur de la jeu

nesse, la sagesse et la prudence de l’âge, tout cela

était empreint dans sa personne. Et l’on se souvient

encore en#France combien sa charité ingénieuse a

trouvé de moyens pour faire passer la frontière à nom

bre de victimes destinées à tomber sous la hache révo

lutionnaire,len les mettant' en sûreté sur les terres

d’Allemagne, souvent sans les connaître, et au péril

de sa propre vie; et conservant au milieu de tout cela

un tel sang-froid, qu’ayant une fois déguisé un célèbre

général en commis voyageur, il causa et disputa si

long-tems avec lui, à ’ w = du pont de Echl, sur des

i ' _ ,

._5__

articles de marchandises ne répondant pas aux échan—

tillons, que l’oflicier du poste lui—même, excédé de leur

sot bavardage , leur ordonna de pousser leur chemin et

de débarrasser le pont.

Pour l’intelligence complète de tout ce qui va

suivre, il faut encore savoir, que, pendant bien des

années, la maison de Lineweg était le lieu de rassem

blement de tous ceux qui cherchaient Dieu, dans tous

les pays, et le lieu de refuge de tous les malheureux

de la ville, où la source des consolations et des secours

ne tarissait jamais. Par ce long exercice de tous les

devoirs de la charité, l’épouse de Lineweg avait acquis

une douceur de manières vraiment angélique.

Peut-être néanmoins, ce qui pourrait mieux encore

expliquer les événemens particuliers qui ont en lieu au

sein de cette famille, qui ont un côté si sérieux, et dont

nous avons à faire part à nos contemporains, ce qui

pourrait donner la clef des choses extraordinaires que

la Providence y a laissé éclore, ce serait l’harmonie

admirable qui régnait entre les deux époux, le véri

table amour conjugal qui s’était conservé intact jusque

dans les glaces de l’âge, et qui avait changé pour eux

leur automne au printems de la vie. Mais qui pourrait

décrire cette fidélité, cette tendresse, cette paix, cette

inaltérable bonne humeur, qui faisait le bonheur de

ce ménage? les sentimens de Philémon et Baucis pour

raient seuls en donner une légère idée, si ces sentimens

étaient représentés comme purifiés, comme fortifiés et

annoblis par l’amour bien plus divin du SAUVEUR et de

tous ses Racheté5.

C’était une croyance généralement répandue à Ar—

gentine,que Lineweg était favorisé de terps ep terne

I à

_4_

d’apparitions personnelles du SEIGNEUII . Comme il s’est

tû à ce sujet pendant sa vie, nous n’avons pû véri—

fier‘le fait; mais à sa mort du moins nous eûmes des

preuves convaincantes de son amour extrême pour le

SEIGNEUR, et de l’amour parconséquent aussi que, dans

sa bonté infinie, le SEIGNEUR lui portait.

Un jour Lineweg fit avec nous une promenade

dans les champs, marchant comme à l’ordinaire d’un

pas ferme, et paraissant jouir d’une bonne santé; mais

tout-à-coup, en revenant à la porte de sa maison, il

nous déclara qu’il était dans l’impossibilité de monter

l’escalier. Nous l’aidâmes; il fit un effort; mais l’ha—

leine lui manquait, il étouffait. Arrivé dans la pre

mière pièce, il se jeta sur une chaise, et quand il put

parler, il nous dit avec calme: c’est une hydropisie

de poitrine. Cette indisposition soudaine devait le

conduire dans le monde spirituel; et ce moment solen

nel arriva au bout de quelques semaines. Il fallut de

grandes souffrances pour dissoudre la dépouille mor

telle de cet homme si plein de force; nous nous

abstiendrons d’en faire la relation. “W “NM

Nous remarquerons seulement que l’esprit du ma—

lade triompha toujours des souffrances du corPs‘t“ 'Li

neweg attendit la mort dans son fauteuil. Ayant't0u8

les membres couverts de plaies, et sentant déjà ’l’0n-’

nemi travailler au cœur, il conserva toujours’tm=vfl

sage gai, calme et résigné. Il ne put même s’empêcher

de nous chercher des yeux et de nous sourire en en—'

tendant les discours apprêtés d’un ecclésiastique qui

vint lui faire les visites que son ministère lui imposait,

et qui ne se doutait guère de la joie de son patient, et

de son ardept désir d’être réuni à son Sauveur: et à

_5_

l’heure où les siens se réunissaient autour de la grande

table placée devant lui, pour chanter les louanges de

Dieu et des cantiques d’actions de grâces, la voix du

mourant sé ranimait tellement, qu’elle dominait sou

vent pendant un quart-d’heure ou une demi-heure, sur

toutes les autres voix ;_ tant il était touché, et retrou

vait de force au souvenir de ses destinées immortelles.

Quand Lineweg se trouva tout près d’expirer, il

fit approcher de lui le jeune Gustavc d’Allemagne,

qu’il avait pris tout particulièrement en affection, et

lui donna sa bénédiction avec tant de chaleur et d’ef

fusion de cœur, que sa voix étoutt‘ait. Il lui mit au

doigt le bijou le plus précieux qu’il eût sur cette terre,

un anneau d’0berlin, garni de ses cheveux , et lui dé

clara qu’il reviendrait le visiter après sa mort, si le Smo

NEUR le permettait; puisqu’il avait plû à Sa divine pro

vidence d’établir entre eux un lien extrêmement étroit.

C’est par -là qu’il termina sa belle vie, le ’14 Fé

vrier 1855.

Maintenant, cher lecteur, les mémoires de ce même

Gustavc vous apprendront comment par la bonté in

finie du SEIGNEUR le coucher de ce bel astre, a été suivi

aussitôt d’un plus brillant lever.

S’il faut parler franchement, dit Gustavc en tête

de ses mémoires, je dois avouer qu’après la mort de

mon vénérable ami, je.ne pensais que bien rarement

à la promesse qu’il m’avait faite: je n’avais aucune idée

qu’il dût jamais m’arriver rien d’extraordinaire.

Je me rappelle seulement que dans un voyage que

je fis avec mon ami Chandani et ses enfans par une

partie de la Suisse, à une époque où des peines de toute

espèce venaient nous assaillir, je sommais en quelque

n__ê.n__«.______ L

__6..

sorte Lineweg dans mon intérieur, de venir me soutenir

par son courage, vu qu’il avait souvent passé lui

même par de semblables tribulations. — Et, en efl'et,

plus d’une fois, surtout quand il y avait quelque mon

tée, et que je suivais la voiture seul et à pied, le cœur

malade, tourmenté de tristes réflexions, je sentis di

stinctement sa présence et ses touchantes consolations,

et j’élevai au ciel des yeux baignés des larmes de la

reconnaissance.

Le jour de notre retour En Argentine , le 29 Juillet

1855, notre première course fut une visite dans la fa

mille de Lineweg. Dans le courant de la conversation

nous apprîmes qu’on n’y était point entièrement aban—

donné, et qu’on avait quelquefois des nouvelles du

cher défunt, Un ami de la maison‘), ayant les yeux

de son esprit ouverts pour le monde spirituel, etreçoit presque journellement pendant plusieurs heures

des conseils supérieurs pour la guérison de ses mala.

des, l’avait vu, au moment de sa mort, passer dans le

monde des esprits, couvert d’un long vêtement blanc,

serré sur la poitrine d’une ceinture bleue, et le visage

rayonnant de joie.

L’excellente veuve vint le lendemain nous remer

cier de notre visite: elle était accompagnée de Meue

Arma Lineweg, fille d’un frère du défunt. En les re

conduisant par le jardin, Chapdani qui marchait au

milieu d’elles, crut devoir leur demander, si elles

mc‘mex n’avaient point reçu quelque manifestation de

' 1‘”

*) Il est question ici de Jean Lin_k, ce médecin très-connu d‘Argen

fine et des environs, dont le portrait plus détaillé, sans doute

communiqué par un autre ami de Lineweg, a été inséré dans les

Feuilles de Prévorst. ; 'i '

_.7_

l’ami que nous pleurions: elles se regardèrent d’un air

embarrassé, comme si à peine elles comprenaient cette

demande. Chandani, pressé intérieurement, insista;

mais il ne put rien apprendre de précis.

Ce ne fut que quelques jours après, que (sans doute

sur un avis communiqué) elles furent plus courageuses

à me faire l’aveu de leur secret, pendant une visite. Mme

Lineweg me prit en particulier, et m’avoua qu’elles

avaient en effet des nouvelles du cher bienheureux, et

cela par Arma, qui de tems en tems avait une sorte

de ravissement, pendant lequel, par son intermédiaire,

le maître de la maison se trouvait présent; que par cet

organe nonseulement son époux, mais encore d’autres

bienheureux, et quelquefois le Sarcunun lui-même se fai

saient entendre; tandis qu’Anna personnellement ne sa

vait rien de ce qui se passait, ni pendant ni après la

communication faite, à moins qu’on ne le lui racontait.

De cette manierc, continua-belle, déjà pendant que vous

partiez pour votre pénible voyage en Allemagne, mon

époux nous avait dit: Il faut que je vous laisse main

tenant pour un tems, afin d’accompagner mon ami, et

que je le ramène en sûreté. Plus tard, pendant votre

course en Suisse, il m’a dit: Gustave, pendant son

voyage, a senti ma présence. —— Votre grand père, dit

elle encore, vous a aussi alors accompagné; car il jouit

également d’un haut degré de béatitude.

Ces simples données furent déjà pour nous un

baume salutaire, au milieu de nos peines et de nos lon

gues souffrances. D’où en effet, Chandani, dépouillé

comme il l’était, et blessé dans ses plus chères afl'ec

tiens, eût-il pu tirer quelque consolation, si ce n’est

du ciel? ‘

"8——

Cependant parla miséricorde du Surcsrun,nos cœurs

navrés, ainsi consolés, devaient puiser bien plus avant

encore dans cette nouvelle source de joie.

Le 7 août, à une heure dujour où je n’allais jamais

en visite chez Mme Linewcg, je me sentis intérieure

ment comme pgussé et entrâiné à m’y rendre; je cédai

à cette invitation et j’y allai.

A peine les salutations réciproques furent elles

faites, qu’Ar;na, jusque là fort éveillée, tomba dans

l’état mentionné de ravissement, état qui, après avoir

commencéparun légerbâillement, n’offrait d’autre carac- ‘

tère particulier que les paupières parfaitement fermées

et un treswif incarnat de la figure exprimant un degré

extraordinaire de paix, de bonheur et de bonté.

Mme Linewcg lui donna le bras, lui fit quitter le sa

lon, et la conduisit dans la petite chambre retirée du

défunt, d’où elle revint bientôt pour m’y conduire égale

ment. En y entrant je me sentis en quelque sorte placé

sur les confins de deux mondes, ayant d’un côté le sen.

timcnt de la joie de l’homme spirituel qui va voir et se

convaincre, de l’autre côté le doute de l’homme natu

rel qui se tient sur ses gardes et qui craint encore d’être

trompé. La circonstance extraordinaire me donna unîlé

gcr frissonl— Je m’assis vis à vis d’Anna qui se tournant

aussitôtvers moi, me parla ainsi: ou plutôt ce fut son oncle

défunt, mon immortel ami, qui me dit d’une voix claire

et solennelle, toutes les paroles qucje vais écrire, et que

ma mémoire me permettra j’espère de rendre fidèlement:

” Ton ami autrefois souffrant, et maintenant heureux

au delà de toute expression , est là. Oui , l’instant

désiré est arrivé; il m’est permis de te parler, de te

consoler et de te tranquilliser. Ne crains pas , crois

_9_

seulement. Ne crains pas au milieu de tes contrariétés

et de tes soulirances; il ne le sera pas dérangé un

cheveu sur la tête. Quelques peines que t’arrivent, ne

crains pas; attends et patiente; car c’est par ces souf

frances que le SEIGNEUR, qui t’aime, veut t’attircr de plus

en plus à Lui et en Lui. Les souffrances servent si

bien à la perfection, que je serais prêt à repasser

de nouveau par toutes les épreuves pénibles que j’ai

eu à endurer dans ma vie, plutôt que de dire qu’une

seule, même la plus petite, en ait été inutile. Toute

fois faut-il remarquer, que les peines ne sont pas aussi

utiles à tout le monde. Tu rencontres, en effet, souvent

dans le monde des personnes tourmentécs pendant toute

leur vie, de peines de toute espèce, et qui n’en devien

nent pas meilleures. Pourquoi cela? parce qu’elles ne

font jamais autre chose que se plaindre, sans recourir

à la prière, et sans se laisser attirer vers le SEIGNEUR. Il

ne s’agit pour toi que de t’attacher fermémcnt à ton

RÉDEMPTEUR par la foi, comme un enfant s’attache à

son père; alors tu pourras tout surmonter. Cependant

cette foi encore, tu ne peux te la donner toi-même; elle

est donnée par grâce à tous ceux qui la demandent

sérieusement. Tiens-toi donc uniquement attaché au

SEIGNEUR, la source d’eau vive, et Il t’éelairera et te fera

connaître de plus en plus sa sainte vérité. Pourquoi

chercherais-tu la vérité chez les hommes, et dans leurs

citernes crevassées? 0 mon ami! ne cherche point à

suivre les sentiers de ta volonté propre; ne tourmente

pas ton esprit par des subtilités métaphysiques; ne re

cherche point les plaisirs. Vis uniquement dans la sim

plicité de la foi au SAUVEUR, et demeure fidèle jusqu’à

la fin. (Outre les peines extérieures de la vie, j’avais en

_10_

core à combattre à cette époque, surtout sur une pro—

vidence particulière, des doutes qui me tourmeutaient

beaucoup, et dont je cherchais souvent à me distraire

par les distractions du monde.) Ton Rédempteur t’aime,

Il est toujours près de toi, et te soutient par la main

à chaque pas que tu fais, comme l’ange Raphaël con

duisit le jeune Tobie. (Ce tableau de Raphaël, qui se

trouvait dans une des chambres de Lineweg, m’avait beau

coup attiré.) Crois-tu que j’eusse pu supporter, moi,

toutes mes souffrances, surtout ma dernière et cruelle

maladie, si je n’avais pas eu cette foi ferme àmon

Rédempteur? Maintenant toutes les vérités auxquelles

je m’étais ainsi tenu attaché surla terre, je les vois, non

plus par la foi, mais de mes yeux. Rien n’est plus vrai ‘

que ce que le SEIGNEUR a dit: Partout où deux ou trois

sont assemblés en mon nom , je suis au milieu d’eux.

Quand tu étais chez moi, et que nous nous entretenions

de sujets de piété, le SEIGNEUR était toujours là. Comment

aussi mes paroles eussent-elles pu trouver un sol prêt

à fructifier, si le Dieu de toutes grâces n’avait point

été présent avec ses riches bénédictions? J’ai encore

beaucoup de choses à te dire, et je causerai souvent ici

avec toi, mais le proverbe connu, Trop est mal—sain,

demeure toujours vrai même encore ici; je m’arrêterai

donc pour le moment. Garde ce que je t’ai dit dans

un cœur bon et pur. Va, et sois sûr que ton BÉDEMP

TEUR t’accompagne; même quand tu te crois seul et

abandonné, Il est toujours à tes côtés.

,,Dans tes deux voyages j’ai été ton compagnon.

,, Encore un mot, priez pour vos persécuteurs, toi

et ton frère dans l’affliction, afin qu’en cela aussi vous

ressembliez à votre SAUVEUR. Priez ensemble pour eux;

..u..

cette prière portera certainement son fruit. Quand vous

ne les verriez point ici bas ces fruits, vous les verrez

plus tard. (J’avais justement la le chapit. 5, Vs. 44 et

suivans de St. Mathieu, avant de partir de chez moi,

où il est question de l’amour des ennemis; mais je

n’étais point entré, comme je le devais, dans ces senti

mens évangéliques. En général même j’étais porté à

négliger davantage la prière, à mesure que j’avais à

repousser plus de tentations intérieures et extérieures.)

,, Il te semblera que tu pars seul; mais d’aimables

amis t’accompagneront. Loué soit Celui en qui seul se

trouve le salut, JÉsus-Cnmsr, le SEIGNEUR, Amen. “

Tels sont les premiers discours de ce nouveau mes

sager du ciel, envoyé par le Roi des rois , après un si

long silence.

Je m’éloignai , à peine maître de mon émotion, et

accablé de tous les sentimens qui m’agitaient.

Mais le croira-bon? il me vint encore des doutes

sur la question de savoir, si, réellement, mon bien

heureux ami m’avait parlé? si ce n’était point une illu—

sion? Il ne fallut rien moins que plusieurs entretiens

consécutifs, pour m’ôter tous mes doutes. Mais ces

entretiens eurent lieu peu de tems après, et je m’accoû

tumai enfin entièrement à ce nouveau mode de

communication.

Du 9 août 1855.

Ce soir j’ai été au cercle de la famille Lineweg avec

Alfred Astio, qui était sur le point de s’en retourner à

Bâle, à l’Institut des Missions. Anna eut un ravisse

ment, et par elle nous entendîmes ce qui suit:

- Un vainqueur par la grâce de Jésus est là, et dit:

_12_

«Amis dans le SEIGNEUR, vous qui? l’aimez! Le

SEIGNEUR se manifeste à vous de bien des manières. Il

a mille voies ouvertes pour venir à vous, si vous vou

lez le reconnaître. Ne voyez donc que Lui dans tous

les accidens de votre vie, afin que vous Le trouviez.

Mes bien-aimés, la dernière heure est venue; veillez et

priez. Veillez, afin que votre SAUVEUR ne vous soit pas

enlevé, et que vous demeuriez fidèles jusqu’à la mort.

Conduisez-vous avec prudence et rachetez le tems, car

les tems sont mauvais. Je veux dire, soyez sept fois plus

vigilants que vous ne l’avez jamais été, afin de n’être

point ébranlés dans la foi et l’amour. Travaillez et

agissez dans le monde, non avec le monde. Beaucoup

de Faux docteurs et de faux prophètes sont là, et disent:

Voilà le CHRIST. Ne vous laissez pas séduire; et sur

tout ne croyez pas que le salut ne puisse point vous

échapper parceque vous vous trouvez au milieu de

chrétiens. Voyez cette ville si singulièrement favorisée

du SEIGNEUR (il entendait la ville de Bâle qui venait

précisément d’être teinte de sang fraternel, lors de sa

fameuse querelle avec les campagnes environnantes), à

laquelle Sa parole avait été si abondamment annoncée

par des serviteurs fidèles; elle a abandonné le SEIG

NEUR: elle dit maintenant: voyez, je suis riche, je suis

rassasiée; et elle ne sait pas qu’elle est pauvre etmisé

rable et nue. O priez, priez pour elle. La prière, voi

là la meilleure arme aujourd’hui contre les attaques

rasées du démon. Ce sont précisément ceux qui s’at

tachent au SEIGNEUR que le démon recherche aujourd’hui

avec ardeur, afin de les faire tomber. Mais, mes

bien -aimés, n’ayez d’autre souci que de vous tenir collés

au SEIGNEUR avec, une confiance Vraiment filiale; Il a

__15_.

le pouvoir de sauver. Ne perdez point courage, en

vous sentant faibles; seulement ne vous arrêtez pas;

allez toujours en avant, et eonjurcz le SEIGNEUR de vous

donner la force nécessaire; Il ne vous la refusera pas.

Comment, Lui, qui est mort pour vous, qui vous a sa

crifié sa vie, comment ne vous donnerait-il pas cette

légère force dont vous avez besoin? Avez-vous des

peines, même de grandes peines, jettez un regard sur

le Golgotha, et elles deviendront légères. Vous reste-t-il

quelque sentiment de haine contre un frère, jettez un

regard sur le Golgotha, et ce sentiment s’éfl'accra. Oh,

venez, venez auprès du SEIGNEUR, auprès de cet ami qui

versa son sang pour vous!

«Et toi, mon ami Alfred, tu te rends dans cette

ville du deuil, ah! prends avec toi le SEIGNEUR qui

t’aime; en vérité je te le dis, tu as besoin de Lui. Il ne

t’a pas seulement appelé; Il t’a aussi élu; pour que tu

devinsses un témoin fidèle de sa vérité. Tu auras en

core bien des combats à livrer; mais ne crains pas, tu

vaincras dans le SEIGNEUR. Aime seulement; apprends

il aimer, et tu auras tout appris. — p

uEt maintenant, mes bien-aimés, adressons une

prière au SEIGNEUR;

- SEIGNEUR Jésus! jette un regard favorable sur

cette pauvre petite assemblée ici présente, îsouillée, et

chargée de ses péchés. Nous venons à toi, et te prions

humblement de vouloir bien nous aiderànous purifier.

Et comme nous-’mêmes nous nous ménageons trop, viens

et redresse nos cœurs gâtés; ne nous épargne pas, quand

ces cœurs devraient saigner; ne cesse de les travailler,

jusqu’à ce que tout mal en soit extirpé? SEIGNEUR Jésus,

nous ne te prions pas de nous délivrer de nos souffran

_14_

ces; ce serait nous priver de tes bénédictions: fais

seulement que ces soulfrances servent à nous rappro

cher de Toi. Viensdemeurer ennous, afin que nous

devenions ta gloire et la récompense de tes humilia

tions et tes souffrances sur le Golgotba. 0 SEIGNEUR

JÉsus! lave-nous par ton sang, nétoie-nous de toutes

nos souillures; corrigesnous de toutes nos faiblesses,

afin que nous devenions tes enfans. Envoie-nous ta lu

mière, afin qu’elle nous éclaire, afin que nous brillions

de ses rayons, et que nous devenions lumière nous

mêmes, capables de nous éclairer les uns les autres.

Fais que nous aimions les pécheurs, et que nous haïs

sions uniquement le péché. Aide-nous à te suivre; dé

tache-nous de nous-mêmes et du monde, afin que nous

ne vivions plus que pour Toi. Délivre-nous de nous

mêmes, et fais que nous ne p0rtions d’autres liens que

ceux de Cumsr. Donne-nous un cœur reconnaissant;

afin que nous te glorifions par une vie qui te soit agré

able. Aie pitié de nous, et nous grave profondément

dans le cœur cette vérité que tunous as enseignée: ’)

Qui ne peut entièrement se dégager,

Mais le souhaite de tout cœur:

Le SEIGNEUR change son plaisir en peine

Et ses joies en douleur; ‘

Le Smoumm lui enlève un bien terrestre après l’autre,

Il lui enlève tout:

Heureux qui le laisse agir

Et lui abandonne tout avec plaisir!

*) Je n’ai pas cru devoir traduire en vers, ce qui est en vers dans

l’original: je ne suis point assez poète pour cela. Il eût d'ail—

leurs fallu dénaturer plus ou moins le sens; et il suffit de savoir,

que la poésie de l‘original est excellente. N. d. '1‘.

_45__

c Oui, SEIGNEUR Jésus , fais que nous t’ayons tou

jours devant les yeux et dans nos cœurs. Nous ne prions

pas quetu nous retires du monde; mais seulement que

tu nous préserves du mal dans lequel le monde est en

veloppé. Rends-nous fidèles; donne-nous d’être à Toi,

et de demeurer à Toi, pour la gloire de ton saint nom!

Amen. '

Enfin il ajouta : « Vous pouvez encore prendre

maintenant quelques miettes de la table du Summum;

car je vous donne l’assurance que mon ami n’arrivera

pas’ trop tard. » (Alfred devait être à dix heures à la

diligence.) Nous tirâmes alors au sort, de la boîte aux

sentences, les versets des saintes écritures qui y étaient

renfermés pour cet usage; et chacun en eut un qui parut

adapté à son état. Le mien se trouva être le 20“” Verset

du Psaume 55: Notre âme s’attend au SEIGNEUR, Il est

notre aide et notre bouclier.

Du M Août 1855.

(Un Dimanche.)

Pour mettre par écrit la prière précédente, ma

mémoire n’avait été fidèle que jusqu’à ces mots: Et que

nous haïssions seulement le péché. Le reste, je ne pus

en aucune façon me le rappeler; et j’en étais surtout

peiné à cause des vers. Mme Lineweg aussi regrettait

de voir cette lacune, pendant la visite que je lui fis au

jourd’hui. A mon arrivée Arma était au piano; nous

nous mimes à chanter, et arrivâmes ainsi au cantique

favori de Lineweg. En le terminant nous entendîmes

30udain un léger bruit dans la chambre; nous nous

regardâmes étonnés, mais Arma dit: Ah! il n’est pas

loin; j’en suis sûre. - Je leur racontai alors un songe

in

—16—.

remarquable que j’avais en quelques semaines aupara

vant. Voici ce songe: «Je me vis dans une grande salle

d’étude avec plusieurs de mes amis de l’université. On

voyait au mur un tableau qui ressemblait au portrait

du père de ma tante Piscatori, que dans ma jeunesse

j’avais en presque toujours sous les yeux. J’examinai

donc attentivement ce tableau dans mon rêve; et je re

marquai avec surprise que d’abord les yeux, puis dilI‘é

rents traits, et enfin toute la figure remuait. Je le fis

remarquer aux personnes présentes, qui semblèrent n’y

pas faire grande attention; tandis que moi, je ne pus

m’empêcher de continuer à l’observer; d’autant plus que

le regard sérieux et triste de la figure paraissait s’atta

cher principalemeut à moi. Enfin j’eus la force de lui

dire: Es-tu un être vivant de l’autre monde? -— Oui,

répondit-il. — Et qui donc? Il me dit alors un nom que

je n’ai pas retenu, sans doute son nom spirituel, ou le

nom de son esprit. ——Comment te trouves-tu de l’autre

côté? lui dis-je. — Pas bien; le SEIGNEUR a jugé, etje

n’ai point été accepté. (Je crois du moins que c’étaient

[à ses expressions.) — Veux-tu que je prie le SEIGNEUR

Jésus pour toi? — Oui, oui; ah! fais-le! s’écria-t-il aus

sitôt, et avec instance. En même temps , il me sembla

qu’une figure d’homme, grande et mince, habillée et

ornée selon la mode de notre pays, sortit de derrière le

tableau, courut à une chaise et s’assit. Sa tête était comme

enveloppée d’un brouillard; et il me dit, que je ne devais

point le voir. J’engageai alors quelques-uns de mes ca

marades que je regardais comme pieux, de vouloir aussi

prier pour lui; je m’approchai et les lui nommai, avec

quelques autres, en lui demandant s’ils ne devaient point

aussi prier pour lui. Non, s’écria—t—il, avec impatience, je

-17—

ne puis souffrir que tu me nommes , tantôt l’un, tantôt

l’autre de ces individus; il suffit que tu pries, toi, pour

moi. Alors je laissai tout;je me mis à genoux à côté

de lui à terre; et sentant réveiller en moi l’ardeur

d’une ancienne amitié, je me cachai le visage dans les

mains et le posai sur ses genoux. Après quoi je me

réveillai avec le sentiment pénible, que mon ancien

penchant pour une amitié humaine, qui m’avait causé

tant d’amertume, gagnait de nouveau mon cœur. Cette

conclusion du songe me chagrina. J’ajouterai ici, par

manière de commentaire, que dans l’ensemble de ce songe

je devais reconnaître mon ami Becher, mort depuis peu.

Déjà à l’école j’avais contracté à lui une amitié intime, qui,

de mon côté du moins, fut un attachement violent; car il

était labonté et l’amabilité personnifiée. Al’université

nous fûmes séparés, mais conservant toujours notre pre—

mier attachement. Il s’abandonna à tous les plaisirs du

jeune âge, sans toutefois manquer jamais à la vertu ni

à l’honneur, et il était aimé de tout le monde. Seule—

ment il paraissait s’occuper peu des choses immortelles.

Et dans cet état une fièvre chaude vint l’enlever. Je

pensais souvent à cet ami, et j’étais inquiet de son sort.

Ce songe, de plus, représentait assez fidèlement son

état; et pourtant je doutais que ce songe vint d’une

bonne source, à cause des circonstances qui le termi

naient, et je priais quelquefois le SEIGNEUR de m’éclairer

sur ce que j’avais à faire; car je craignais jusque-là

d’agir en conséquence. J’osai même demander au

SEIGNEUR de me faire savoir de manière ou d’autre si ce

songe était réellement de Lui D.

Pendant que je racontais, Anna entra dans son état

2

_18._

de ravissement: elle voulait d’abord se contraindre,

pour entendre le songe jusqu’à la fin; mais cela ne fut

pas possible, son esprit était absent. Nous la condui

sîmes dans le cabinet, et aussitôt Lineweg s’empressa

de parler:

«L’amour m’a pressé de venir à vous; vous avez

dû m’entendre arriver. Je viens principalement pour

donner à mon ami la fin de la prière, qu’il désire. Il

me dicta cette fin mot à mot ainsi qu’elle est rapportée

plus haut. Puis il continua. ” Je voulais aussi t’engager

à prier pour celui que le SEIGNEUR t’a montré en songe;

car tu le délivreras, comme un tison qu’on tire du feu,

et cela par la grâce et le secours du SEIGNEUR. Oh! que

bien-heureux est celui à qui il est donné de pouvoir

prier. .

«Écris maintenant ce que je vais te dicter:

,,Le Seigneur t’invite lui-même

De vouloir aller à lui;

Lui-même veut être ton maître,

Lui qui t’a reçu en grâce;

Donne-lui ton cœur, confie-lui tes prières,

Il pense à toi, comme un père,

Il veut être ton berger.

Ton sentier souvent est rude et rapide,

Mais jamais tu n’es abandonné;

Il t’envoie des peines pour ton salut,

Il veut te saisir en entier.

0! crois-moi, et ne crains pas;

Il tient toutes ses promesses,

Il est ton rempart.

Il est une lumière dans le sentier ténébreux

Pour tous ceux qui se confient à lui;

Il te remplit de la joie de sa face;

\

_49_

Tu verras de tes yeux son puissant secours.

Mais reconnais comme pure grâce

Ce que le Seigneur a fait pour toi,

Car en vérité ce n’est que miséricorde.

Donne-toi à lui en pr0priété,

Donne-lui ton cœur en entier et sans rescrve,

Demande l’esprit de Jesus,

Dans les joies comme dans les peines.

Alors tu apprendras

Combien il est précieux et doux

De porter son joug à sa suilc.

Reçois-le dans ton cœur tout entier,

Et laisse l’y régner en maître.

‘ Il veille sur tes sentiers;

Laisse-toi seulement conduire.

Si tu restes près de lui, il reste près de toi ;

Tu deviendras un joyeau de sa couronne

Et lui ton (éternelle) vie. Amen. “

.Il me dit de mettre éternelle entre parenthèses.

Ensuite il ajouta: «C’est une commission bien

douce que d’être envoyé pour le service de ceux qui

doivent hériter la vie éternelle. Prenez pour vous tous

ce que j’ai dit à l’un; ce sont des miettes de la table

du SEIGNEUR.”

En dictant ces mots: Il t’envoie des peines pour

ton salut, Arma s’arrêta quelque tems, ses traits expri

mant une grande satisfaction. Mme Linewcg lui dit:

N’est-ce pas, il est content? Oui, extrêmement, dit-elle;

car son vieux ami est là. Madame demanda si c’était

li... — Non, repondit-elle; c’est son compagnon de

voyage. -— Ah! votre grand père! me dit Madame avec

joie. — Oui, reprit la voix d’Anna; mais il n’est plus

vieux maintenant; il a rajeuni jusqu’à l’âge du SEIGNEUR.

2a

-20...

Il est extrêmement beau. Sais-tu qui il est? il est

chargé de tirer ta clochette")

Du 18 Août 1855 (au Dimanche).

En sortant de table j’allai chez Mme Lineweg. Je

lui parlai de notre projet d’aller demeurer à la cam

’ pagne, et notamment à Tz'gle’sIneîm. Elle me nomma

plusieurs demeures qui pouvaient nous convenir; entre

autres aussi la maison d’un ouvrier. Tandis que nous

en eausions, Anna, qui croyait aussi la maison susdite

convenable, tomba tout à coup dans son état de simple

instrument, et la voix dit:

«Ton ami est là. Je viens pour te conseiller dans

tes projets. Je savais bien que tu viendrais; car c’est

moi qui t’ai poussé à venir; et si tu ne fusses pas venu,

j’aurais donné le conseil à ma chère femme. Je lui ai

fait savoir hier soir que tu viendrais aujourd’hui.» (En

allant se coucher, Anna, en état d’extase, le lui avait

dit, comme elle lui disait souvent certaines choses con

cernant le ménage; mais Mme Lineweg ne lui en avait

pas parlé dans son état de veille, pour lui ménager une

surprise.) Pour ce qui concerne maintenant ton projet

d’aller demeurer dans ce village, je te conseillerais, et

le. SEIGNEUR lui-même par moi, d’aller ni à l’entrée ni à

l’autre bout de cette Sodome; car la colère du SEIGNEUR

pèse sur ce lieu impie. En particulier je ne puis te

conseiller la maison de N. . . . Car les mauvais esprits

y auraient puissance de te donner une maladie, ainsi

') Expression tirée de l’homme gris de Stilling, désigne,

je crois, les avertissements provenant de l’instruction par

l’Église. N. (I. T.

_21_

qu’à ton ami. Pour l’appartement que j’y avais. une

fois choisi, moi et ma chère femme, il serait absolument

passable; passable sous le rapport spirituel (il appuya

lentement sur cette expression); mais cet appartement

est humide, et ne vaudrait rien pour vous. (Madame

m’expliqua cela, en me disant qu’il se trouvait un puits

sous la principale chambre.) Si tu as prié le SEIGNEUR,

et si tu continues à t’adresser à lui, il te montrera une

demeure; il te la montrera sans faute, et même d’une

manière frappante, de sorte que tu la reconnaisscs; il

fera plus, il s’y rendra avec toi. S’il a fait le plus,

pourquoi ne ferait-il pas le moins, et n’aurait-il pas

soin de vous loger? — Oh! mets tanIlfiance en lui

comme un enfant en son père; il ne te porte pas seule,

ment dans les mains, il te porte dans son cœur. |

«Quelques personnes pourraient trouver étrange

que les bien-heureux s’occupent encore de ces sortes

de choses; mais ces personnes là n’ont pas encore ré

fléchi pourquoi le SEIGNEUR a fait distribuer par ses

disciples du pain et du poisson ‘). C’est par les bien

") C’est ici une allusion au sens spirituel du passage de

l’Evangilc en question. De la part de Lineweg qui pen

dant sa vie étaitgdemeuré généralement étranger à la doc

trine de la Nouvelle-Jérusalem et surtout à la connaissance

d’un sens spirituel particulierè chaque met, cette manière

d’employer ce passage nous frappa et nous surprit. Mais

bientôt nous nous dîmes: Pourquoi donc nous étonner?

ceux qui meurent dans le SEIGNEUR sont tous dans la

Nouvelle Eglise, et entrent parconséquent dans le langage

intérieur de la parole. Les nombreux rapports que nous

trouvâmes ensuite entre ses communications successives et

la science des correspondances, nous confirma entièrement

dans cette opinion. 2 D’après le sens intérieur des saintes

7’92—

heureux que le SEIGNEUR veut faire conduire les siens.

Oh! combien Il désire donner la nourriture et la boisson,

à ceux qui lui appartiennent, par l’intermédiaire de ses

bien-heureux! Combien Il désire leur donner par eux

des avis et des consolations. Mais, mes très-chers, vous

ne pouvez tout recevoir en une fois. Et même il y a

toujours douze panniers de restes ’). Mais ce sont là des

morceaux précieux que le SEIGNEUR ne donne qu’aux siens,

et que tout estomac ne peut pas supporter. Aussi ne les

distribue-t-on pas comme le pain quotidien, et ne les

donne-bon que de loin en loin,pour ranimer la vie et lajoie.

,,0 mes bien-aimés! S’il vous était donné de jeter

en ce moment un regard dans le hadès, ou l’univers

des esprits dégradés, et de voir que] trouble y règne,

vous seriez consternés; vous vous attacheriez à JEsus

plus fortement que jamais, et vous ne le quitteriez plus.

Ils savent là-bas que bientôt le jugement sera porté

sur eux, que le jour du SEIGNEUR est proche; c’est

pourquoi ils tremblent, ils frissonnent, et sont dans un

désordre affreux.

( Parmi ces esprits, les plus persécuteurs sont les en

vieux; ils ne peuvent souffrir que vous suiviez un meilleur

chemin qu’eux, et que vous atteignicz un plus heureux

Écritures les Disciples du Seigneur sont ceux qui se

trouvent dans le vrai par le bien, comme c’est le cas de

tous les bien-heureux (voy. Apocalypse expliquée, No.

405). Le pain et le poisson signifient du bien et du vrai ,'

c’est-à-dire des conseils pour la vie active (Apoc. expl.

No. 557, 553; — 280, 540, 515.)

‘) Douze panm'ers signifient la plénitude des trésors de

l’instruction (ibid. No. 548). Comparez Clowes Gospel of

Matthew, relativement au passage en question, Ch. 14,15—20.

_25_

but; et ils mettent tout en œuvre pour vous en détour

ner. 0 tenez-vous donc inébranlables à côté de votre

SAUVEUR. Là où est Jésus, là est le ciel, et non ailleurs;

et si Jésus était en enfer, le ciel y serait; et si Jésus

quittait le ciel, l’enfer s’y trouverait! Demeurez donc

en JEsus, et vous serez au ciel partout où vous irez;

ce trône de l’ETERNEL sera en vous. Conjurez-le de

vous accorder un ardent amour; car alors il sera en

vous, et les choses les plus difficiles vous deviendront

faciles et douces. — Il est impossible que vous soyez

entièrement exempts de souffrances tant que vous ne

serez point parfaits: — et s’il y a encore en vous quelque

mauvais penchant, il disparaîtra bientôt en présence de

cet amour. La charité est la reine du ciel; car la foi passe

quand la vue arrive; l’espérance passe également: mais

la charité demeure éternellement.

«Mes bien-aimés, si votre fardeau commence à

vous peser sur votre route, ne perdez pas courage;

avancez toujours sur l’étroit sentier. Si le chemin devient

rapide, ne voyez-vous pas votre salut sur la montagne

de Sion? Voyez l’agneau qui s’y tient, et vous fait un

signe amical: Venez, venez à moi! Le son de la

trompette vous crie de même: Venez à moi, pauvr‘es

malheureux, qui êtes chargés! et je vous soulagerai ‘).

«Mes bien-aimés, recevez le SEIGNEUR dans votre

cœur, car alors , quand vous paraîtrez devant le PÈRE,

') L’agneau signifie le SEIGNEUR quant a son humanité (Apoc.

révélée, 256). Le son de la. trompette vous crie. Dans

le monde spirituel de grandes vérités sont souvent annon

cées par cette voie; c’est le signe sensible d’une publication

importante et générale.

_24..

il ne vous abandonnera pas, il ne pourra vous abandon

ner, puisqu’il verra Jésus en vous. Il vous dira: Venez,

venez, enfans bénis, venez aux noces de l’agneau! Ve

nez toutes ses épouses, âmes innocentes et purifiées;

héritez le royaume qui vous est préparé depuis le com

mencement du monde! Venez, partagez maintenant la

gloire de votre époux, avec lequel vous avez en pa

tience un peu de tems, triomphez maintenant éternelle

ment dans le ciel. Amen. —

«Dites à ma chère femme de ne pas se ehagriner de

ce qu’elle n’ait pas pu prendre part à toute cette béné—

diction. L’époux de son âme est disposé à lui en tenir

compte d’une autre façon; et Il le fera. » (Elle avait été

forcée de s’absenter presque durant tout le tems de

cette communication.)

(Après une pause.) «Vous pourriez vous étonner

que je fasse toujours réveiller cet intermédiaire, qui

me sert d’organe, par ma fidèle épouse. Celui qui a

mis Anna dans cet état, pourrait bien aussi l’en tirer

sans aucun secours humain. Mais il est donné à ma

femme de contribuer, pour sa part, à cette bénédiction.

Quelqu’un de vous peut maintenant la réveiller. ” (Cela

5e fit d’après la formule arrêtée.)

Du 21 Août 1853.

Tout ce qui précède, je n’avais pu le mettre par

écrit que jusqu’à ces mots: Venez, épouses etc. Et

puis,\à la fin, il me manquait les mots, de contribuer

aussi pour sa part. Je fis donc aujourd’hui une visite

à Mme Lineweg; mais j’y rencontrai une personne de

connaissance. Je m’entretenais avec cette personne d’ob

jets de physique, quand soudain Mme Lineweg se retira.

-—-—25—

Je m’apperçus qu’il se passait quelque chose de par

ticulier, etj’eus (le la peine à continuer ma conversation.

Bientôt Madame revint avec Anna, et comme je voulais

prendre congé, elle me prit à part, et me dit que dans

l’intervalle son mari était venu, et qu’il avait dit qu’il

ne s'arrêterait qu’un instant; qu’il voudrait bien me

parler, mais qu’à cause de la personne présente, bonne

au fond, mais un peu bavarde, il remettrait la chose à

une autre fois. ,, Qu’on ne soit pas en peine des lacunes,

avait-il ajouté, tout cela se retrouvera“.

Du 25' Août 1855.

Chandani et moi nous vînmes ce soir chez Mme

Lineweg. Pendant la journée j’avais nourri le secret

espoir que Lineweg pourrait adresser quelques paroles

de consolation à cet ami souffrant, qui ce jour même

avait reçu de nouveau quelques tristes nouvelles tou

chant le sort de ses enfans; et cet espoir ne fut point

déçu. Anna entra bientôt en notre présence dans son

état extraordinaire, et Liueweg parla par elle avec une

ardeur et une énergie de zèle et de charité telles que

je ne les avais point encore rencontrées.

«Un racheté du SEIGNEUR, votre ami et votre frère,

est là. Son visage brille d’un reflet de l’amour divin.

--o Pressé par cet amour je viens à vous, mes bien

aimés, non pour vous dire que le SEIGNEUR vous aime:

votre propre expérience doit vous le dire tous les

jours. Votre propre cœur vous le dit, pour peu que

vous y soyez attentifs; Il travaille incessamment à ces

cœurs, et veut les attirer à Lui de plus en plus. Je

dirai seulement que vous ayez foi en Lui, le Maître

qui a été crucifié, qui est ressuscité, qui est monté aux

-26—

cieux, et est assis à la droite de Dieu; que vous ayez foi

au RÉDEMPTEUR qui reviendra, et cela bientôt. La foi

tient la clef du trésor des grâces; et plus vous y puise

rez par elle, plus vous y trouverez '.

Il se tourna alors vers Chandani, et lui dit ce qu’on

trouvera rapporté sous la date du 25 Août, parce que

je n’ai pu le compléter que ce jour là. — Quand il

eut fini, Arma se tourna vers moi, et la voix me dit

avec la plus douce charité:

«Et toi, mon cher, tu désirerais bien aussi avoir

quelque chose? je te dirai donc quelques paroles que tu

écriras sur les tablettes de ton cœur, bien que tu puisses

aussi te les marquer sur le papier si tu veux». Tandis

que je me préparais à écrire, il dit encore à Chandani:

,, C’est une bien grande joie pour moi, qu’il me soit

permis d’intercéder pour toi auprès du SEIGNEUR“.

J’étais alors prêt, et après m’avoir engagé à écrire

ligne par ligne, il me dicta les vers suivans:

Grave, ô JESUS, profondément ton nom

Et tout ton être dans mon cœur;

Plante—moi, comme ta semence,

Dans la bonne terre de ton champ.

Sois tout pour moi sur la terre et dans les cieux,

0 Père du SEIGNEUR Jnsus-Cnmsr.

Crée en moi, Esprit d’amour,

Simplicité, foi, charité, fidélité;

Enseigne-moi le secret

De ne point fuir la croix;

Perfectionne en moi ton œuvre:

Gloire, louange, gratitude à toi!

c Cherchez, et vous trouverez; ces paroles pourront

aussi s’appliquer à la circonstance'. -— Je considerai

__27._

q

mes vers avec quelque timidité. Mule Linewegry jeta

un coup d’œil,“devina la petite surprise, et trahit le

secret. Je vis avec autant d’étonnement que d’attendrisse

ment que c’était un acrostiche, et que les premières

lettres représentaient mon nom. Mais ’qui peut peindre

la joie de l’ami bien -heureux, qui perça à travers la

figure d’Anna! C’était le principal plaisir du défunt

de ménager de ces innocentes surprises à ses amis. —

,,Maintenant, ajouta-t-il, épouse bénie du SEIGNEUR, tu

peux réveiller“.

Le fait est que nous fûmes tous profondément tou

chés. Nous racontâmes à Arma tout ce qui s’était

passé. Ces vers lui firent aussi un singulier plaisir; et

nous nous séparâmes enivrés des bontés du SEIGNEUR.

Le soir du mêmejour, avant le coucher, Lineweg dicta

encore à sa femme les vers suivans également acrostiches

dans l’original, et contenant ses noms à lui, en disant

que ce qu’il était juste de donner à l’un , pouvait être

équitablement accordé à l’autre.

,, Centre de toute félicité,

Alpha et Oméga, bien suprême!

Tu vins toi-même montrer le chemin aux pêcheurs,

Tu donnas ton sang pour de pauvres pélérins:

Oh! rends-moi reconnaissante,

Purifie-moi et je serai pure.

Voie, vérité, salut, vie;

Le ciel et la terre te glorifient!

Que les désirs de mon cœur

Ne se fondent que sur toi, bien unique!

Apprends-moi, JEsus, ta volonté,

Fais que je la remplisse avec joie,

Maintenant et à jamais. Amen,

_28l

Du 25 Âoût (un dimanche) d855.

Cet après-dîner j’allai dans la famille de Lineweg,

avec un grand désir de voir remplir les nombreuses

lacunes qui m’étaient restées dans mes dernières réla

tions. Je trouvai Anna chantant au piano; mais elle

paraissait si gaie et si éveillée, que je déscsperai de la

voir devenir en ce jour un simple instrument passif.

Je m’assis donc près de la chanteuse, et mêlai ma voix

à ses pieux accords. Nous éprouvâmes bientôt une

grande jouissance et une grande consolation. Mme

Lineweg qui vint se faire entendre aussi, fut touchée

jusqu’aux larmes. Il entra encore un autre monsieur,

qui avait été dans le tems un membre de la paisible

société du défunt; et il chanta avec tous les autres.

Nous choisîmes enfin le cantique chéri de Lineweg;

et une heure s’écoula de la sorte aussi vite que fait

d’ordinaire minute. Le moment d’aller à l’église était

venu; et Anna aussi bien que moi, nous avions résolu

de nous y rendre; car c’était Racther, le meilleur ora

teur de la Ville, qui devait se faire entendre. Malgré

cela, au moment même, je sentis quelque répugnance.

Anna déclara aussi qu’elle n’y irait pas; et en même

tems elle parut accablée de sommeil. Elle n’eut plus

que la force de me dire: ,, Si j’étais allée au temple, je

’ m’y serais endormie“; et elle passa dans le cabinet de

son oncle dans l’état complet de ravissement. Lineweg

était là, et dit à sa femme: Fais entrer mon ami. J’entrai,

et il parla ainsi:

1 Je viens pour dédommager ma chère femme de

la peine qu’elle ressent de ne pas pouvoir se rendre

au temple. Car le SAUVEUR sait bien que ce déplacement

-29__

lui serait nuisible. Je te l’ai de même dit à l’oreille,

mon cher ami, de ne pas aller à l’église. Nous nous

comprenions si bien ensemble sur la terre, pourquoi

ne nous comprendrions-nous plus maintenant? Et puis,

mes bien-aimés, nous pourrons aussi avoir notre office

divin entre nous. Mais avant, pensons à remplir les

lacunes. -

Pendant que je m’arrangeai, il dit à sa femme:

Il faut avouer, mon cœur, que ton veuvage t’est rendu

passablement doux. Assurément, répondit-elle, je suis

plus avantagée que bien d’autres. J’étais néanmoins

mieux encore, quand je pouvais prendre conseil à tout

instant. — Mais de cette manière, ajouta Liueweg, tu

me possèdes de même; et le plaisir en est plus grand

quand il est un peu plus rare. Le SElGNEUR t’a déjà dit,

tu le sais, qu’il ne m’a retiré pour un tems qu’afin de

m’orner et de m’enriehir mieux pour l’époque où je

te serai rendu. Sois donc tranquille, et remercie le

SEIGNEUR de ce qu’il te soit permis de lui faire ce léger

sacrifice.J’étais alors prêt, et il me dit: in Tu as dans ta

relation ce passage: « et si Jésus était en enfer, le ciel

y serait » : mais il te manque la phrase parallèle: 1 et

si Jésus quittait le ciel, le ciel se changerait en enfer I.

Plus loin tu as ces mots : uVenez, vous, enfants bénis,

venez aux noces de l’agneau! ; écris à présent le reste:

«Venez etc. » (Voir et comparer plus haut.) Comme

l’espace que j’avais laissé sur ma feuille me parut un peu

trop petit, j’allais commencer vers le milieu de la page

vis-à-vis. «Non, dit-il; continues là où tu es resté, en

serrant un peu‘. A cette remarque de détail je regardai

Mme Lineweg avec quelque étonnement. «Le lieu ni

2..

_50._

l’écriture ‘n’y font rien sans doute, ajouta-t-il aussitôt:

mais enfin c’est là la place de ce passage I. Et en effet

il s’y rangea très-bien.

Il m’indiqua de même encore ces mots: 4 de con

tribuer pour sa part à cette bénédiction» (voyez plus

haut). Puis il continua du ton de la plus tendre amitié:

.Voilà donc ce qu’il y avait à ajouter pour tout com

pléter. Tu as bien fait, mon ami, d’y faire mention de

la bénédiction de ma femme. -—- Le SEIGNEUR t’a fait don

d’une bonne mémoire. De plus tu avais la confiance que

tes lacunes seraient remplies, et tu vois que ta confiance

a été couronnée '.

Comme il me restait toujours encore une certaine

timidité à lui adresser la parole directement, je dis à

Mme Lineweg: «Je voudrais bien savoir ce qu’il y a

d’imparfait dans les paroles adressées à Chandani; il

y a là aussi des choses omises. Relisez-les une fois, me

répliqua-t-elle. Et comme je hésitais encore: Allons,

ajouta Lineweg, lis-les! C’est au nom du SEIGNEUR D. Je

me mis donc à lire, m’arrêtant aux endroits où je sup

posais des lacunes; il les remplissait aussitôt. Quelque

fois il disait: 1 C’est cela, bien; ou: Le sens est rendu,

c’est l’idée principale 1'.

Le discours qu’il avait tenu à Chandani, et que

je n’avais pas pu donner plus haut, était donc celui-ci:

l« Et toi, mon cher ami, que craindrais-tu? Qu’est

ce qui pourrait te donner de l’effroi? Les hommes, que

peuvent-ils te faire, quand le dieu des armées est avec

toi? Il est vrai, bien des tribulations t’ont atteint:

des peines, tu en as autant que tu en peux endurer;

mais réjouis -toi et triomphe , car ton SAUVEUR veut te

rendre son frère et s’unir à toi de plus en plus! Oui,

—5l.-— .

réjouis-toi et jette des cris d’allégresse, non de ce qu’il

t’a fallu, mais de ce qu’il t’a été permis d’offrir ton ;

Isaac. Publie avec des chants de louanges la gloire du

SEIGNEUR, et exalte son saint nom a toujours et à jamais!

,,Le SEIGNEUR t’a fait la grâce de te donner à Lui;

de déposer tes enfans dans son cœur de RÉDEMPTEUB:

sache donc que le SEIGNEUR les gardera; qu’ll les

environnera comme d’un mur de feu; et que tous tes

ardents désirs seront remplis. Aucune de tes prières,

aucun de tes soupirs ne seront perdus. Il les exauce selon

son infinie bonté, bien qu’il ne les accomplisse en ton

tems, mais en son tems. Ce que je fais, te dit-il, tu ne

peux le comprendre maintenant; mais tu le comprendras

plus tard.“ - (Ici il s’adressa à sa femme, et lui dit:

,, Tu te rappelles, mon cher cœur, combien de fois le

SAUVEUR m’a répété ces mêmes paroles pendant ma vie

. mortelle. 0 combien j’en sens maintenant la. vérité!“)

«Et quand tes enfans seraient entraînées pour un

tems vers les plaisirs du monde, quand ils recevraient

même quelquefois du poison au lieu de sucre; ne crains

pas , le SEIGNEUR sera toujours à leur côté, et les pro

tégera; il est plus puissant que tout. Il peut rechanger

le poison en sucre; et la prière, si tu continues à la

lui adresser avec ardeur et avec foi, formera véritable

ment comme un mur de feu autour d’eux. Confie-toi

uniquement à ton SEIGNEUR; il peut tout te donner; et

il veut l’enrichir de ses dons les plus parfaits si tu

l’aimes. Aime-le donc de tout ton cœur, non à cause

de ses dons, mais à cause de Lui-même, et uniquement

parce qu’il mérite un amour infini. Si la foi porte une

clef, la foi des enfans porte tout un paquet de clefs

pour arriver aux trésors célestes. Le SEIGNEUR a aimé

. “.32...

tous ses disciples; et néanmoins il a plus accordé à

Pierre et à Jacques qu’aux autres; et Jean a reçu plus

qu’eux tous. Il a moins parlé à Jean qu’aux autres; et

toutefois c’est à lui qu’il a découvert ses mystères les

plus importants. —- Sais-tu quelle est ta tâche journa

lière? Notre tâche à tous, c’est de nous détacher de

plus en plus de tout, afin de deVenir un avec le SEIG

NEUR. Donne-toi au SEIGNEUR entièrement, et sans aucune

réserve; dis-lui souvent: Vois, SEIGNEUR, devant toi,

un pauvre petitver de terre; prends-moi tel que je

suis. Aie pitié de moi; je ne suis rien, et ne puis rien

par moi-même; mais par toi je serai tout. Tu es mon

rocher, ma forteresse et mon désir. C’est à toi que je

me confie; éclaire-moi continuellement, et prends soin

de moi et des miens, selon ta miséricorde. Ainsi, mon

ami, rends-toi toujours plus intime avec Moi; alors tu

obtiendras la force qui te manque, de prier aussi pour

tes ennemis. Oh, prie pour tes ennemis! je te le dis de

la part de ton Maître et du mien! fais-le, et tu rassem

bleras des charbons ardents sur leur tête. Un jour

viendra que tu t’écrieras: Vous pensiez me faire du mal

à moi et à mes enfans, et Dieu l’a changé en bien.

Mais apprends à leur bien pardonner. Il y en a tant

qui disent: Je veux bien pardonner une offense; mais

je ne saurais l’oublier. Ne leur ressemble pas; ils

agissent contre l’am0ur divin, lequel ne peut point agir

en eux. Le SAUVEUR voudrait faire de toi quelque chose

de meilleur que cela. Oublie donc ce qu’ils t’ont fait.

N’est-ce pas? tu l’avoues; tu es bien aise aussi que

ton Rédempteur te pardonne tes péchés; qu’il les oublie

et les jette derrière lui? — Eh bien, fais donc de même

à l’égard de tes semblables. Pense que ton SAUVEUR

-55

sait bien ce qu’il en coûte de pardonner, et qu’il le

provoque à prier après Lui en disant: Pardonne-leur,

car ils ne savent ce qu’ils font. Sais-tu le nom de la

plus belle perle de la couronne de vie? elle s’appelle

amour des ennemis. -—- Toutefois, cher ami, ce ne

doit point être quelque motif particulier qui doive tc‘

porter à prier pour tes ennemis; ce ne doit être que

l’amour et la reconnaissance envers Celui qui t’assure,

en te choisissant pour disciple, que si tu prends le

SEIGNEUR pour Pasteur, il ne te laissera manquer de

rien. Rempli de cette consolante assurance, pars en

paix, je serai avec toi, dit le SEIGNEUR, je veillerai sur

toi; je serai ton protesteur, ton soutien! Pars en paix.”

Nous avions terminé notre travail relativement aux

lacunes restées dans le discours du 25 août. Alors Line

weg continua:

«Oui, je le répète, c’est une grande vérité, que si

la foi a une clé, la foi de l’enfance en a un paquet tout

entier. Même parmi les chrétiens les plus distingués

il y a aujourd’hui tant de préjugés: Vous irez. jusque

lll, disent-ils, et pas plus loin. Ils prescrivent ainsi à

la grâce divine un point auquel elle doit s’arrêter. Ils

s’arrêtent aux instrumens, au lieu de s’élever jusqu’à

la cause et à l’agent. Oh, de combien de gloire ces

chrétiens se privent et se priveront!

«Mais il viendra un tems, un tems malheureux tel

qu’il n’y en a pas encore en, et tel qu’il n’y en aura plus,

où la pure doctrine de l’Evangile disparaîtra presqu’cn

entier, où la publication de la vérité deviendra telle

ment rare, que ces chrétiens si distingués s’enquerront

d’elle avec anxiété, et se contenteraient alors même de

"

0

-54

l‘avoir de Panama de Balaam‘). Mais en ce moment

ils ne voient absolument que l’instrument; et demandent

s’il est convenable ou digne qu’on l’écoute, tandis qu’il

faudrait examiner directement ce qu’il annonce.

«Et toutefois, n’est-il pas vrai, mon ami, que

quand tu reçois un livre qui contient de bonnes choses,

tu ne t’arrêtes pas Iong-tems à la couverture? Tu ne

demandes pas avec quel instrument il a été coupé, avec

quel marteau on l’a battu? Tout cela ne t’inquiète

pas: tu ne fais que. lire ce qui y est écrit, et tu t’en ré

j0uism

Ici il s’arrêta un instant, comme s’il voulait une

réponse. Je ne dis rien; et il ajouta de nouveau avec

douceur: N’en est-il pas ainsi? A quoi je répondis

«oui, assurément», ' avec timidité.

«Il n’y a pas long-tems, mon cher ami, continua-t

il, que je demandai au SEIGNEUR pourquoi Il n’avait pas

permis plutôt que tu puisses être témoin de sem

blables rapports avec'le monde des esprits; quoique

tu fusses en état de les recevoir. Il me répondit: c’est

parceque je savais que tu lui serais bientôt enlevé de

la terre, et j’attendis jusqu’à ce moment.* Mme Lineweg

me dit à cette occasion, que plusieurs fois, dans ses

ravissemens (car il en avait pendant sa vie), son mari

avait demandé au SEIGNEUR s’il ne lui serait pas permis

de m’entraîner avec lui; et qu’il lui avait toujours été

répondu: Encore un peu de tems. Lineweg reprit:

‘) Selon la doctrine des correspondances le cheval, l’âne, le

chameau etc. comme moyen de voyager et d’explorer le

monde, indiquent le scientifique naturel.

N. du Trad.

_55_

c Aujourd’hui, à l’heure que vous appelez midi,

Oberlin et moi nous sommes allés sous le berceau

appelé le Berceau de Jésus, et nous avons chanté un

cantique de louange. Après cela nous nous sommes

rendus dans la vallée de Nazareth pour y faire une

instruction. J’y ai instruit, entre autres, ton ami, qui

fait beaucoup de progrès. Oh! il est si désireux d’ap

prendre! Le SEIGNEUR a exaucé ta prière pour lui; et

’ cette prière a réveillé dans ton ami le désir d’apprendre.

Il s’est beaucoup humilié. Et il porte maintenant le nom

de Timidus. »

Ici j’eus l’assurance de demander vivement: «Est

ce Becker? 1' Car bien que j’en fusse assez sûr , je n’en

avais pas néanmoins une assurance formelle. —— Oui,

me dit-il, c’est lui. L’Intercession réveille une certaine

contrainte et cette contrainte se change bientôt en un

désir d’appartenir entièrement au SEIGNEUR.

u Lorsque tantôt, reprit-il, vous chantiez les

louanges du SEIGNEUR, il y avait une légion entière de

bienheureux autour de vous. Cet exercice est comme

un aimant qui les attire. Quand vous louez le SEIGNEUR,

vous attirez à vous vos frères d’enhaut, et eux vous

’altirent de leur côté vers les régions supérieures.

« Oh! combien votre BEDEMPTEUR est fidèle! Il l’est

au-delà de toute expression : sa bonté surpasse infini

ment celle d’un père. Vous le savez bien; vous l’avez

éprouvé. —A mon égard sa fidélité a été inexprimahle.

Il m’a conduit par de rudes épreuves, parce qu’Il savait

que sans cela je me serais sans cesse éloigné de Lui.

Mais en ce moment j’aimerais mieux endurer encore

une fois toutes mes épreuves que de renoncer à la

moindre des félicités qui me sont arrivées par cette

51

_56_

’source des grâces. —Ah, ajouta-t-il avec une profonde

émotion, adressez-vous donc toujours à Lui! Dites—Lui

tout ce qui vous presse; parlez avec Lui comme un

ami avec son ami. N’est-il pas vrai que quandvous

vous entretenez avec un ami intime, vous ne cherchez

pas longtems vos paroles, vous n’étudicz point les ex

pressions dont vous dcvcz user pour vous faire com—

prendre? N’est-il pas vrai que vous lui dites absolu

ment tout ce que vous avez sur le cœur? —— Eh bien,

usez donc de -même avec cet ami, le meilleur de tous.

Dites-lui tout avec une simplicité filiale; et il vous

exaucera avec une bonté, un amour infini! Un enfant,

qui a conservé la véritable simplicité de l’enfance, confie

à sa mère tous ses besoins: eh bien, sachez que le SEI—

GNEUR est toujours encore la poule-mère qui appelle ses

poussins. Oh! pressez-vous donc de plus en plus sous

ses ailes et dans son sein: et vous éprouverez qu’il est

bon d’être là; et vous direz nous allons y établir nos ta

bernacles.

« Je l’ai déjà souvent dit aux miens, et je te le dis

de-même, mon cher-ami, ne crois pas que quand tu

demandes quelque chose au SAUVEUR, même la plus

petite chose, il ne t’exauce pas aussitôt. Le SAUVEUR

exauce chacune de tes prières. Ou bien il remplit aus

sitôt ton désir; ou bien, au lieu de ce que tu demandes,

il te donne quelque bien beaucoup plus précieux et

plus durable. Et de cette dernière façon , même le

Non dans la bouche du SEIGNEUR , devient un Ûui d’un

grand prix.

. Aujourd’hui, vers l’heure que vous appelez le

soir, je pars avec une grande légion de bienheureux

pour aller recevoir une épouse du SEIGNEUR. — Hélas, il

-—57—- '.

en arrive ici un si grand nombre qui ne meurent pas

comme celle-là. Mortels! ne croyez point qu’il y ait

une contradiction dans ces paroles: Le juste ne verra

point la mort, et toutefois le juste meurt 5 car c’est pré

cisément à l’approche de sa mort, que le juste cesse de

mouru’.

«Tu reçois ici, mon ami, une collection de pierre

rles ÿ, qui vaut plus que toutes les collections d’histoire

naturelle des environs.

«Et maintenant, mes bien-aimés, je m’arrêterai;

vous avez eu un repas assez splendide, nous continue

rons une autre fois.”

Pendant qu’il disait cela, des personnes revenant

du temple, se présentèrent dans l’antichambre. Mme

Lineweg se leva pour aller les recevoir: je lui témoi

gnai que je n’avais pas encore bien saisi le sens des

paroles relatives à l’intercession: Et il était important

pour moi d’être bien instruit sur ce point; ma prière,

je le sentais bien, ne pouvant avoir l’efficacité conve

nable que quand j’aurais bien compris la manière dont

elle opère. — Lineweg me dit donc: «Ton intercession

a pénétré jusqu’au SEIGNEUR, et elle a réveillé dans ton

ami le désir d’apprendre. Tu comprends alors que le

SAUVEUR a exaucé ta prière. Quand tu pries, c’est-à-dire

quand tu pries avec ardeur et piété filiale, le SEIGNEUR

se sert de cet ardent désir, de ce désir plein de vie et

de foi que tu manifestes, pour remuer et toucher celui

qui est l’objet de ta prière. Dis donc souvent en priant

pour cet ami: «1 SEIGNEUR, réveille en lui une pénitenc‘e

‘) Les pierres précieuses signifient des vérités tirées de la

parole. N. du Tr.

sincère 1'. Car il faut que tu saches une chose, c’est que

la pénitence devient trés-diflicile pour ceux qui sont de

l’autre côté. Le premier mouvement à cet égard, est

donc déjà un riche présent de la grâce *. (J’avais

demandé dans le tems au SEIGNEUR de savoir comme je

devais prier pour cet ami: ne pouvant jusque-là faire

autre chose que solliciter en général sa miséricorde en

sa faveur.)

Me Lineweg venait de rentrer: «Ma chère femme,

lui dit-il, fais passer ces personnes dans une autre

chambre, afin que mon ami puisse sortir sans gêne.

Il ne faut pas que l’ombre la plus légère tombe sur

mon ami; c’est le SEIGNEUR qui me dit d’en user ainsi ”.

Elle lui promit de le faire. «N’est-ce pas, répéta-t-il,

vous êtes richement pourvus de nourriture en ce mo

ment?” Assurément, répondîmes -nous; et Madame

demanda si elle devait réveiller Anua. Il y consentit,

et elle le fit.

Quand cette dernière fut rentrée dans le monde

matériel, je lui racontai toutes les choses qui nous

étaient arrivées par son intermédiaire; et je quittai la

maison sans être vu des visiteurs.

Du 28 Août 1855.

Nous n’avions encore arrêté aucune demeure. Melle

Palmettas, autre nièce adoptive de la maison Lineweg,

s’était mise en devoir de trouver un logement pour

Chandani, et les siens, parmi lesquels je comptais.

Celui qu’elle nous proposait, paraissait assez conve

nable, mais il ne devait être libre que pour Noël. Je

ne savais donc au juste que faire, pour ne pas aller

contre ce qui nous avait été conseillé le 18. 1‘ me

-59...

Lineweg fit la réflexion que probablement je devais

d’abord prendre un parti; que je ne pouvais recevoir

d’avis qu’après que je me serais décidé moi-même, afin

d’agir d’après mon libre arbitre qui ne devait point

souffrir de tout cela. Il y avait du vrai dans cette ré

flexion; mais je ne pouvais prendre de résolution dé

finitive, bien que mon choix penchât pour le premier

appartement proposé. Nous en étions là, lorsque tout

à-coup Arma tomba dans son état de ravissement; le

bien-heureux était là, et dit aussitôt à sa femme: ,, Donne

de suite du papier et une plume“. Puis il me dicta ce

qui suit:

«Celui qui est éternellement fidèle; Celui qui veille

à tous tes besoins avec une immuable attention, te fait

dire: Tu crois; c’est pourquoi tu verras. Celui qui

recherche avant tout le royaume de Dieu et sa justice,

celui qui regarde cet objet comme le principal, et s’en

occupe exclusivement, le reste lui sera donné comme

par surcroît. — C’est à dire que les choses moindres,

bien loin de lui être refusées, lui seront données libé

ralement. L’ami de ton âme, celui auquel tu t’es confié,

a soin de toi. Toutefois, tu sais qu’il agit lentement,

avec mesure, et qu’il conduit les siens par des voies

admirables “. — (Arma s’arrêta un instant en cet endroit,

et dit enfin à Mme Lineweg: ,, Ton fidèle époux est de

très-bonne humeur.“) — ,, Tu sais, mon ami, croire et

attendre sont étroitement liés, mais la confiance au SEIG

NEUR n’est jamais déçue. Parle avec ton ami, avec

l’ami de ton âme; et il te répondra; enfonce-toi dans

cette lumière, et tu ne resteras pas dans les ténèbres.

Fais ton œuvre avec fidélité, Il fera la sienne. Tiens

..toi seulement à ses côtés, comme son enfant; tu con

_4o_

naitras sa volonté. — Sois sûr que si ton SAUVEUR avait

voulu que tu fusses dans la demeure qui t’a été offerte,

tu y aurais été décidé. Reste donc tranquille, et con—3

tente-toi, en attendant, d’un autre appartement, pour

l’habitation duquel tu te sentiras intérieurement porté.

Fais attention au but de tes démarches; mais sache que

partout tu te trouveras sur le champ de bataille; car

rien de parfait ne se rencontre sur cette terre. Contente

toi, avec la grâce de l’ami de ton âme, de ce qui est

bon, en attendant que vienne le meilleur. Il y a , mon

cher ami, un grand sens dans ce peu de paroles. ——

Cherche; et tu y trouveras le SEIGNEUR et son appui.

Tiens-toi donc aussi satisfait de sa grâce, pour cette fois.

Ceci te servira de matière de réflexions. Reçois main

tenant quelque chose pour ta joie. Il faut que je te le

communique moi-même , sans cela la délicatesse de ma

femme t’en eût fait un mystère.

Il dicta alors l’acrostiche suivant sur le nom de

Mme Lineweg :

Cancan, 6 but des malheureux!

Tout te cherche, tout te désire;

La séparation produit ici une semence de larmes:

(Comme nous ne comprénions pas bien le sens de

ces derniers mots , sans toutefois le témoigner; il ajouta,

« Vous renversez le sens ‘), mes bien-aimés: c’est vrai

ment la séparation qui produit. ici la semence des larmes.

') En allemand effectivement le sujet et le régime ne sont

ici distingués que par le sens qu’on donne à la phrase.

C’est comme le /'uror ù-a brevis d’Horace.

_N. d. T.

-41_

Tu l’as bien éprouvé, mon cœur, n’est-ce pas? ' — C’est

bien vrai, répondit-elle.)

Plus tard elle produira le ravissement céleste.

Médecin de tous ceux qui ont la maladie du pays,

Conseiller de chacune de nos pensées,

Jesus, c’est à Toi que je m’abandonne;

Reçois—moi pour l’éternité,

Ancre de mon salut.

c Voilà, ajouta-t-il, ce que la délicatesse de ma

femme t’aurait caché, bien que dans tout le reste elle

agisse avec une tendresse _ vraiment maternelle à ton

égard. Tu vois quelle trahison je commets moi -même

à l’égard de ma chère moitié.

«Maintenant, mes bien-aimés, le SEIGNEUR est avec

vous, et reste avec vous; demeurez aussi avec Lui, et il '

ne pourra vous arriver aucun mal. Amen. -—

«Si vous sentiez que l’inquiétude veut vous gagner,

rappelez-vous seulement ce qui est écrit: Le SEIGNEUR

est afl‘able et sa bonté demeure à jamais ‘). Alléluia;

Amen. Ma chère, tu peux réveiller.»

Du 50 Août 1855.

Chandani s’en étantremis entièrement à moi du choix

d’une habitation, je cherchai uniquement à diriger mes

démarches d’après les avis de Lineweg. Déjà auparavant

nous avions visité un appartement assez agréable dans

la rue d’Elisabeth; j’y retournai donc pour prendre de

') La bonté de Dieu est éternelle, signifie dans le sens inté

rieur, que tout ce qu’il nous envoie, toutes les destinées par

lesquelles il conduit l’homme, n’ont pour but que l’état

éternel de ce dernier, ou son éternel bonheur.

_42_

nouvelles informations. Mais la réponse, tant à cause

du prix qu’à cause des manières du propriétaire, ne me

donna pas précisément un grand désir de conclure un-'

marché; et en m’en allant je ne sentais plus aucun goût

pour ce logement, au contraire, je me sentis répoussé.

Nouvelle incertitude par conséquent. Tu dois entrer,

me dis -je, dans une maison qui t’attire, qui te plaise;

par là même ce ne peut être celle-là. L’appartement

d’ailleurs parait beaucoup trop. grand. Je me trouvai

donc de nouveau inquiet, ne sachant que faire. Tout à

coup je me rapellc que mon premier penchant m’avait

porté vers une maison, quai St. Jean, et à laquelle nous

n’avions renoncé que parce que le logement était trop

petit. C’est sans doute cette maison - là, pensai-je; il

faudra s’en contenter. J’y allai aussitôt, et je trouvai

que si je me décidais à faire ma chambre à coucher d’un

petit cabinet qui donnait sur le péristyle, nous aurions

suffisamment de place; et de plus p_n espace libre et

éclairé du soleil; en un mot une demeure tranquille et

'commode, bien que resserrée. Dans le moment même

les paroles de Lineweg me parurcnt si claires et mon

goût tellement en harmonie avec ce qui avait été dit,

que je ne conscrvai plus aucun doute. Le soir donc

j’allai chez Mme Lineweg, pour savoir ce qu’elle en dirait.

Il se trouva qu’elle pensait différemment. Elle croyait

que les paroles de son époux cadraicnt mieux avec l’ap

partement de la rue d’Elisabeth. Elle était ainsi à,m’ébran

fer, quand jetant un coup d’œil sur Anna, elle me dit:

[Je crois que vous allez avoir encore quelque avis ». «Je

le crois aussi, dit Arma; car il me semble que Monsieur

l’a amené avec lui». Elle se fit conduire dans le cabinet;

et aussitôt nous entendîmes ces paroles: u Ton conduc

-45\

teur est ici, et dit: Tu te trouves, mon ami, dans l’em

barras; le SEIGNEUR a dit: Je suis le conseil de celui

qui se fie à moi. Vois-tu, mon ami, ton confrère et toi,

vous êtes tous deux conduits par le SEIGNEUR. Lui, au

quel rien n’est caché, ne peut pas vous placer également

partout: il faut qu’Il fasse une différence entre les siens

et les enfans du siècle, bien que vous vous trouviez

partout sous la protection de l’ami de votre âme. Par

sa grâce vous êtes arrivés à la lumière; voilà pourquoi

les ténèbres vous contrarient souvent. Cependant ne

craignez point; la lumière de la gloire du SEIGNEUR perce

partout; et Il sera toujours avec vous. Il t’a été dit,

mon ami, que tu dois te c0ntcnter de peu; mais le con

seil donné n’a pas déterminé le lieu auquel tu devais

être restreint. — Le principal but de l’avis donné était

de t’apprendre que partout où tu irais, tu trouverais

quelque chose (souligne ce mot) qui ne conviendrait pas

bien pour vous. Ce n’est donc pas précisément ceci qui

doive préciser le lieu de votre retraite. Chère âme,

tout ce que je te dis, entends-le plutôt dans le sens de

la langue des esprits; que tu apprendras peu à peu. —

Ce qui a été également dit de l’attrait que tu y trouve

rais, ne devait point te lier exclusivement. Tu as du

reste encore le tems, bien qu’il soit court, de prendre

tes mesures; mais sois sûr que le conseil du SEIGNEUR te \

sera enfin connu. Tu sais bien qu’Il s’occupe du ver

dans la poussière, et lui donne sa nourriturejournalière:

comment donc pourrait-il refuser une retraite à ses élus?

Ainsi, mon ami, examine encore un peu, au nom du

SEIGNEUR; tu trouveras certainement ce que tu cherches.

Aussitôt que tu auras trouvé un logement qui te sem

blera convenable pour l’extérieur; et qui te plaira plus

_44_

ou moins; viens alors, et ton SAUVEUR, ton Protecteur,

te fera dire oui, ou non, par ton guide. Mais alors aussi

prends l’appartement tel qu’il sera. Tu es heureux,

mon cher ami, d’être un enfant; c’est-à-dire d’avoir la

simplicité et la confiance d’un enfant ; car tu verras le

Père dans le secours qui te sera donné. Va donc dans ta

foi; sois ferme, libre, sans contrainte et agis en tout en

présence du SEIGNEUR, et avec le SEIGNEUR. Si tu marches

avec Lui, Il marchera avec toi; et tu ne peux manquer

d’arriver à tes fins. Il est vrai que les croyans eux-mêmes

sont quelquefois portés à s’écrier: 0 Dieu, tu es vrai—

ment uu Dieu caché! Tu le sauras par expérience; le

SEIGNEUR dontlenom est1dmirable, laisse souvent attendre

long-tems; mais à la fin pourtant il porte toujours une

entreprise glorieusement à exécution. Il est certain que

si nul mortel ne savait plus te secourir, et qu’il n’y eût

plus de logement au monde, ton Dieu trouverait encore

des moyens, ton Dieu saurait encore te fournir une de

meure. C’est Lui qui prépare l’étable pour ses agneaux,

c’est Lui qui reçoit ses fidèles serviteurs dans son aire.

Il est toujours fidèle; il sera ton secours; il sera votre

secours à tous. Amen 1'.

Mme Lineweg me rappela que je pouvais encore

chercher un logement dans la rue sur laquelle donnait

la fenêtre de la chambre de son mari, et où il y en avait

de vacants. Je lui témoignai la crainte que cette rue ne

fût trop bruyante. Là dessus Lineweg observa que je

pouvais être dans l’erreur. «Crois-tu, dit-il, que si cette

rue avait été trop bruyante, ton ami y eût établi son

cabinet pour prier? Mais, comme je l’ai dit, partout tu

trouveras quelque contrariété. Je sonpirai: « console-toi,

ajouta-HI; ton soupir sera entendu ». Je cherchai 21 ex

-45

caser un peu ce soupir, en remarquant qu’une contra

riété suivait toujours l’autre. « Oh, s’écria-t-il, entre avec

joie dans l’école de la croix, car elle est l’école la plus

riche en bénédictions». «Ainsi, continuai-je, dans l’espoir

également d’obtenir quelque conseil, suis-je encore dans

l’embarras de savoir si je dois ou non faire un voyage

à la maison. Car je ne voudrais rien faire sans avoir

d’abord consulté la volonté du SEIGNEUR”. —- «Eh bien,

me dit-il, n’ai—je pas été ton conducteur dans l’autre

voyage? et l’ai -je été en vain? Je le serais aussi dans

celui-ci. L’intention et le but d’une entreprise y sont

beaucoup pour la réussite. Quand un enfant de Dieu

choisit telle ou telle chose pour son propre plaisir ou

sa propre satisfaction, il lui arrivera plutôt quelque mal,

que quand il ne suit que son devoir ou sa vocation. Du

reste, mon ami, nous pourrons encore en parler. Pré

sentes cette requête comme toutes les autres à ton SAU

vEUR; continue de Le solliciter; je ferai la même chose

de mon côté, ainsi que les miens; et certainement le

SEIGNEUR t’aidera ”. «Combien de fois, mon cher cœur,

dit-il en s’adressant à sa femme, tu le sais, combien de

fois ne t’a-t-Il pas laissée aussi te débattre contre des

souffrances prolongées ou des difficultés incessamment

renaissantes! et toutefois, à la fin Il est toujours venu

à ton aide, et cela au tems opportun. Oh! c’est un éco

nome exacte que le SEIGNEUR. Il dirait plutôt à la terre

de s’ouvrir et de vous procurer une demeure, que de

vous abandonner, Lui, l’ami de vos âmes”! — En ce

moment il sonna huit heures, et c’était l’heure du souper

de nos deux ménages. Il s’arrêta donc, et ajouta seule

ment encore à la hâte: «Vous savez, mes bien-aimés,

que l’ami de vos âmes a de l’ordre en tout, et qu’il tient

46—

aux tems et aux heures: nous ferons de même. Allez,

et Il sera avec vous. Alléluia. Amen ”.

«Voyez comme il entend encore tout ce qui se passe

sur notre terre! dit Mme Linewcg; jusqu’à la cloche de

notre vieille cathédrale. » « Oh! s’écria-t-il avec solennité,

oh! pourquoi chaque coup de la cloche n’est-il pas pour

tous les enfans des hommes un appel à veiller et à prier!

Les infortunés! ils aiment mieux les ténèbres que la lu

mière; mais malgré eux un jour la lumière luira! Mais

elle luira sans les éclairer! elle ne fera que révéler leurs

abominations; car ils s’enivrent tous du vin de la pro

stituti0n ‘). -— Mais, chère femme, il est tems d’éveiller.'

Du 51 Août 1855.

Pressé par ma charge de pourvoir au logement , et

n’ayant plus de repos, je sortis aujourd’hui de bonne

heure, pour visiter de nouvelles demeures. Je n’en trou

vais point: celle qu’on m’avait indiquée vis-à-vis des

fenêtres de Lineweg, avait été louée dans l’intervalle.

Je courus donc chez sa veuve pour chercher de nouvelles

adresses dans la feuille des annonces. Il ne s’y rencon

tra qu’un seul qui offrit quelque chance de pouvoir nous

convenir. J’étais sur le point de partir pour l’aller voir,

quand Anna donna les signes de l’extase; et le Bien

heureux rendu présent nous dit: «Le serviteur de votre

Maître est ici. (Je me préparai à écrire.) Puisque tu

') Il est question ici de la grande Tour de la cathédrale

d’Argentine, un des sièges les plus remarquables des évêques

de l’Eglise romaine: N. de l’Edit. (Il est inutile d’ajouter

que le vin de la prostitution puisse 'se retrouver dans toutes

les sectes: N. d. Trad.)

\

veux écrire, fais-le. Voici ce que le SEIGNEUR vous dit:

Bien-aimés, pour le moment vos épreuves ont assez

duré. Toi, mon ami, tu as fait fidèlement tout ce qui

dépendait de toi. Voilà pourquoi aussi l’avis te sera

donné. Tu dois te retirer de suite, mais seulement en

attendant (souligne ces mots), dans la petite chaumière.

Votre SEIGNEUR aura fidèlement soin du reste. Cela

durera peu; conforme-toi au tems. Dans ce moment il

faut savoir se contenter. Mais pour plus tard je t’an

nonce des choses meilleures.

'«Si tu avais trop froid, mon ami, dans ton petit

cabinet, tu pourrais bien pour ce peu de jours, faire,

comme on dit parmi les hommes, de nécessité vertu, et

établir ton lit dans une des deux chambres. Encore une

fois, ce n’est que pour peu de tems; car votre Maître

sera fidèle à penser à vous. — C’est, humainement par—

lant, une chose singulière que de si grandes personnes

doivent aller demeurer dans une si petite chaumière ‘)”!

Toutefois, il en est ainsi, et cela aussi aura son utilité.

Va donc, et au nom de Jésus termine cette affaire.

L’Eternel, toujours fidèle, a dit: «Il en est tems à pré

sent, et je veux retirer mes enfans de cette anxiété.

Fais donc ce qui est dit, mon ami, et le raconte à tous

ceux qui prennent un intérêt si vrai à ce qui touche des

enfans du SEIGNEUR comme vous. Ils ont souffert avec

vous, ils ont prié avec vous, ils pourront aussi se ré

jouir avec vous. Le SEIGNEUR vous accompagne. La

‘) Pour l’intelligence de cette remarque il faut savoir, que

le jeune Gustave est d’une taille bien audessus de la taille

ordinaire.

_48_

moindre des ehoses_alors vous sera agréable. Encore

une fois, va, ton Dieu est avec toi. Amen!‘

Profondément touché comme on peut croire, de ces

soins si paternels, qui entrent dans les plus petits dé

tails, je m’écriai: Hélas! que n’en sommes-nous aussi

plus dignes! — «Eh! que dis-tu? reprit-il; ne sais-tu pas

que le SEIGNEUR étend nuit etjour ses bras vers un peuple

infidèle et désobéissant? que ne fera-t-îl donc pas pour

ceux qui s’occupent de lui nuit et jour, pour ceux qui

l’aiment et le cherchent sans relâche? A ceux -là Il se

donne tout entier, Il leur donne tout ce qu’Il est et tout

ce qu’Il a’. — .

«Si le logement vis-à-vis avait encore été libre, mon

ami, je ne vous y eusse pourtant point laissé aller‘).

Des occupations indispensables avaient éloigné Ma

dame depuis quelques moments: quand elle revint il lui

dit: «Tu es encore une fois caissière aujourd’hui, au

nom du SEIGNEUR?‘ Comme je ne comprenais point ces

mots: il ajouta que c’était lejour où venaient les pauvres;

mais il aurait voulu que je ne fisse pas mention de cette

particularité. .Puisque tes mains ont béni les pauvres,

dit-il à sa femme, le SEIGNEUR te bénira aussi, et riche—

ment, sois en certaine. -— Maintenant réveille ’.

Du 1 Septembre 1855.

Notre bienheureux ami se trouva de nouveau au

milieu de nous, et nous parla ainsi:

«Un reflet du soleil éternel qui vivifie tout, est ici.

Béni soit le SEIGNEUR, dit-il, de ce que nous nous con

‘) Les propriétaires de cette maison étaient des personnes

ayant l’extérieur du chrétien, mais non l’intérieur.

-49_

naissions et nous aimions en Lui. Celui qui, tant que

nous sommes , ne nous a pas seulement appelés , mais

qui nous a élus , pour devenir et pour demeurer un prix

de ses indicibles tourments; c’est Lui qui pendant ces

heures de bénédiction de son jour de repos, veut ravi

ver vos âmes par son amour ineffable et sa paix qui

pénètre tous les cœurs. Il vous salue donc, mes bien

aimés dans le SEIGNEUR, par ce salut d’amour: Que ma

paix soit avec vous! O mes bien-aimés! ouvrez bien au

large les portes de vos cœurs , afin qu’y puisse entrer

le Roi de gloire, le Prince de la paix. 0 mes bien-chers!

sacrifiez tout, tout sans réserve, afin de le posséder,

celui qui veut être à vous: ne craignez pas, c’est l’amour,

la vie, le bonheur, qui veut entrer chez vous et remplir

votre être. Qui eraindrait un doux agneau, une douce

colombe? Ouvrez donc, ouvrez votre maison, afin que

le salut y entre. C’est la Charité qui se communique à

vous, qui se communique à tous les hommes: et qui

donc oserait demander des explications à cette reine du

ciel; qui oserait se présenter devant elle et lui dire:

Pourquoi en uses -tu ainsi? pourquoi te donnes -tu à

celui-ci, et à celui-là? Rappelez-vous, mes bien-aimés,

que le SEIGNEUR est Roi, et qu’Il agit selon son bon

plaisir; qu’Il donne son esprit à qui il Lui plaît, et qu’Il

déclare sa volonté quand et où il Lui plaît. Que l’envie

se retire de sa présence, que l’avarice Le fuie, et que

celui qui vient pour Lui demander compte, tombe sur la

face en sa présence.

Sachez-le , la fin est proche

Tout va être renouvellé ;

Les choses anciennes passent,

_50_

L’Amour et la Fidélité restent;

Humiliez-vous devant le SEIGNEUR ,

Et soyez petits à vos propres yeux;

Petit troupeau de la croix

Vois Iuire déjà l’étoile du matin.

« Bienheureux l’homme qui se confie au SEIGNEUR,

bienheureux est celui qui s’abandonne au SAUVEUR du

monde! En vérité je vous le dis: encore un peu de tems,

et le SEIGNEUR se montrera à découvert; Il se montrera

en puissance et en majesté, pour sa propre gloire, à

la joie des bons et à la terreur des méchants. Bientôt,

mes bien-aimés, la Justice demeurera sur la terre,

l’Amour et la Fidélité se rencontreront, la Justice et

la Paix s’entrebaiseront. Bientôt arrive l’époque tant

désirée, où le loup s’ébattra avec l’agneau, où l’enfant

à la mamelle jouera avec le basilique. Qui donc ne se

réjouirait, de tous ceux qui aiment le SEIGNEUR , qui

attendent sa venue? Qui ne soupirerait après cette douce

paix, qui verra disparaître la ruse et la fraude, l’injus

tice et la haine, la persécution et la violence? Oh! pa

tientez, mes amis, patientez encore quelques moments;

je sais que l’époux se hâte, l’amour et les soupirs de

l’épouse le pressent, tout se prépare pour le dernier

combat; les moissonneurs ont reçu leurs ordres, les

anges de la mort sont en activité; de tous les points

du champ de bataille s’élève ce cri retentit par les

cieux: SEIGNEUR JEsus, viens bientôt! Oh! mes bien-aimés

dans notre SEIGNEUR et notre ROI, encore quelques in

stants:

Et le combat est terminé:

Restez donc aux mains de Jésus,

Elevez vos têtes et réjouissez-vous,

Le règne de votre Epoux commence.

_51_

«Oui, mes très-chers, le SEIGNEUR sait que le juste

souffre beaucoup sur la terre: mais cette terre, elle passe,

et avec elle tous les combats de la vertu, tous les cris

des malheureux, et les larmes des ceux qui soupirent

après Jésus. Elle s’approche, mes bien-aimés, elle s’ap

proche, l’heure de la délivrance, pour tous ceux qui ont

la maladie du pays, à cause de l’absence de l’époux de

leurs âmes. Soyez dans la jubilation, Rachetés du SEIG

NEUR, car votre rédemption s’approche: car bientôt, oui

bientôt, Chrétiens et Juifs, Payens et Turcs, Nègres et

Blancs, Grands et Petits, Biches et Pauvres, Maîtres et

Serviteurs, entonneront un seul cantique de louange, et

chanteront d’une voix unanime I’Alléluia de l’Agnean

immolé dès l’origine du monde. — Qu’est ce qui passe

et qui périt, mes bien-aimés? — N’est-ce pas le monde

avec ses folles joies? — Et qu’est-ce qui demeure éter

nellement? — N’est-ce pas le ciel, avec ceux qui font la

volonté du Père, lequel est un avec Jésus-Cumsr, auquel

appartient la gloire à tout jamais? — Ce sont là les

amis et les parents du SEIGNEUR, sa mère, ses frères et

ses sœurs. Oh! mes bien-aimés, si vous pouviez sentir

le bonheur ineffable qu’il y a de se sentir intimement

allié à l’éternel amour, d’être attaché, lié au SEIGNEUR, et

son prisonnier! Oh! choisissez par la suite le Rédemp

teur pour être la voie de votre vie , cette voie qui con

duit ?! la vérité et à la vie; vous ne vous en répentirez

jamais. Oh! aimez le SEIGNEUR Jésus par-dessus tout;

c’est par expérience que je vous parle: Quand par grâce

il vous sera donné de le voir face à face, alors vous

verrez que le ciel avec toutes ses lumières, que les sé

raphins, les chérubins, que la gloire des vingt -quatre

vieillards, l’auréole des apôtres, les anges de tous les

4e

cieux à la fois, ne seront plus rien, et que vous ne ver—

rez que la beauté unique du Martyr de votre rédemption,

de la Victime de votre pardon. C’est moi, vous dira-t-il,

le Dieu triple et unique; et les rayons de la gloire de la

sainte et adorable Trinité vous pénétréront entièrement;

le côté du SEIGNEUR, ses mains, ses pieds, annoncent aux

cieux des cieux que le SAUVEUR vit, et qu’il vit pour les

siens! Aucune langue humaine ne peut décrire l’amour

de la beauté incréée; recevez-le donc, et l’expérience fera

votre félicité; que cet amour vous pénètre tout en

tiers; désirez ardemment lui appartenir, et tout vous

appartient sur la terre et aux cieux.

Oh! jubich avec moi, et louons le SEIGNEUR avec joie,

Il l’a dit, il tire nos cœurs en haut:

Et ce qu’il dit, Il sait aussi l’accomplir;

Suivez-Le, Il vous conduit à son Paradis.

Qui pourrait fermer son cœur à un tel amour?

Ne connaissons donc que louange et gratitude.

Recevons-Le, et tous les dons avec Lui.

Pour vous il a répandu tout son sang,

Pour vous ses larmes ont coulé.

Pour vous il quitta le sein du Père.

Devenez petits, et en lui vous deviendrez grands.

S’il vit en vous, vous avez en vous la paix,

Et avec elle tous les trésors de la terre.

Amour, Paix, lien adorable,

Heureux celui qui a trouvé la Perle de‘Cnmsr! .. ..

Que de couronnes le SEIGNEUR a réservées,

A celui qui s’attache à Lui dès maintenant;

Il est son bouclier, il est sa récompense,

Il l’attire avec Lui sur un même trône. .

Par sa grâce moi-même je suis bienheureux; _ ’ ' "

Il m’a reçu dans l’ordre éternel de Sion; . . ‘.

Il est la Voie, la Vérité, la Vie, . . ,' . ;.,, _.

Il s’est donné à moi, entier et sans réserve. ‘ .

_55_

Oh! jubilez avec moi, exaltez l’agneau, la victime;

Vous aussi, Il vous attire, et bientôt vous possédera;

Arrivez, arrivez à son sanctuaire

Et, d’une seule voix, nous chanterons tous sa gloire. Amen.“

Il s’arrêta un instant, puis il termina par ces mots:

«Vous y ajouterez quelques miettes du Testament de

l’amour du SAUVEUR”.

Le 2 Septembre 1855.

Je devais aussi recevoir des. avis touchant mon

voyage; mais ceux-là vinrent d’une source à laquelle je

ne m’attendais pas. Je les reçus par Henri 0berlin, fils

du célèbre Pasteur du Ban de la Roche. Il avait déjà

précédé en 1817, son excellent père, qui ne mourut

qu’en 1825. Je n’avais connu aucun des deux person-Â

nellemcnt, mais j’avais pris beaucoup d’affection pour

eux. La personne du père, et sa conduité dans sa pa

roisse , m’avaient déjà beaucoup attiré quand j’étais

encore à Ebertsbrunn, par la lecture d’une petite notice

publiée sur lui par Schnbert. Au commencement de

mon séjour ici à Argentine, je ne pouvais me rassassier

d’entendre parler de lui. J’avais en quelque sorte dé

voré les détails de sa vie; et l’image de cet homme s’était

imprimée dans mon imagination bien plus profondément

que celle de tous les autres grands hommes dont parle

l’histoire. Avec quelle joie, et quel étonnement j’appris

donc auj0urd’hui par Mme Lineweg, que pendant tout

le tems que je lisais ici la vie d’Oberlin écrite par Stœber,

l’excellent pasteur avait été incessamment à côté de moi,

pour m’impressionner des sentimens qui -l’animaient sur

la terre, ainsi que lui-même l’avait déjà fait savoir dans

_54_

le tems à la famille par l’intermédiaire de L . . . que c’était

pour cette raison queje l’avais sibien compris ; et qu’enfin

dans la famille on avait souventsouri avec émotion quand

on m’entendait parler du pasteur avec tant de feu. Elle

ajouta, que pendant que j’avais lu les ouvrages d’Anne

Bourignon qu’0berlin avait aussi beaucoup goutés, il

avait été également près de moi pour exciter mon intérêt.

Il est très vrai que la vie et la doctrine de cette femme

m’avaient de même singulièrement étonné, et éclairé sur

bien des points.

Le fils donc de cette ancienne connaissance dont je

ne me doutais pas, savoir l’être qui sur terre avait été

Henri Oberlin, vint parler à notre chère veuve, par l’inter

médiaire d’Anna, pendant que Lineweg se trouvait à

remplir une commission de la part du SEIGNEUR à Madrid.

Après l’avoir puissamment consolée elle-même, il lui

avait dicté pour moi ce qui suit:

«Mon cher frère en notre SEIGNEUR JEsus-Cnmsr, au

quel est la gloire aux siècles des siècles. Amen.

«Comme tu es un objet particulier de l’intercession

de mon père, nous aussi nous sommes liés d’une ma

nière particulière; c’est pour cela que notre Maître m’a

fait la grâce de pouvoir te donner conseil sur l’affaire

pour laquelle tu as sollicité ses lumières. Le SEIGNEUR

t’a béni en te donnant une grande simplicité de cœur;

donne-lui toujours ton cœur avec cette simplicité; et

certainement tu ne manqueras pas la bonne route.

« Tu demandes de la lumière, elle te luit; tu sollicites

un avis, le voici: si notre Maître à tous trouve bon de

prolonger encore la saison froide (il était tombé de la

neige dans les montagnes), il t’est conseillé au nom de

Dieu de renoncer à ton voyage. Quoique le mouvement

te serait très-utile à cause de la complexion sanguine

de ton corps, le voyage ne te serait point favorable

néanmoins en ce cas. Mais s’il plaît au SEIGNEUR d’envoyer

un peu de chaleur, ce qui sans doute doit être aban

donné à sa seule sagesse, alors mets-toi en route avec

courage; ton Dieu sera avec toi, et ton bienheureux et

fidèle ami t’accompagnera. O que bienheureux est celui

qui connaît le SEIGNEUR, et qui marche dans ses voies!

Demeure en Lui, afin que dans un bonheur commun, il

nous soit donné de comtempler ce SEIGNEUR éternelle

ment. I{emercie le SEIGNEUR de sa grâce; c’est à Lui

qu’appartient toute la gloire. Alléluia. Amen»

Du 4 Septembre 1855.

Tourmenté de différentes tentations, j’allai ce soir

chez Mme Lineweg; je lui demandai de nouveau ce qu’elle

avait reçu elle-même de Henri Oberlin; car à cette oc

casion elle‘ m’avait encore donné à lire un autre écrit,

et je désirais les emporter tous deux pour les copier.

Elle répondit avec quelque hésitation; car elle avait

remarqué qu’au même moment Arma passait peu à peu

à l’état de ravissement. Lineweg, en effet, était présent;

et sur la demande de sa femme: depuis quand es-tu de

retour? depuis environ ce que vous appelez une heure,

répondit-il. Je ne pus cacher la joie de pouvoir l’entendre

de nouveau, après un tems qui m’avait paru si long; et

de son côté, ses paroles semblaient de même tout de

feu, animées par la joie de se retrouver au milieu de

nous. En s’adressant à moi après s’être fait connaître

par ces mots: Ton fidèle compagnon est là, il ajouta:

Pour salut du soir, apprends que tu auras tout ce que

tu désires écrire. Je me doutais bien, remarque Mme Li

56

‘neweg, qu’il aurait à dire quelque chose à cet égard:

vous poiivez vous flatter d’avoir un ami vigilant. -—

-Celui, ajouta-t-il, qui est l’enfant du SEIGNEUR, le SEIG

NEUR lui est père. Vous savez qu’il est écrit: L’humble

reçoit la grâce. Tu désires sans doute aussi savoir, ma

chère femme, quel était le but de notre visite àMadrid?

Ton désir sera également satisfait. Il y avait là un ex

cellent enfant du SEIGNEUR horriblement tourmenté de

doutes que lui suggérait l’auteur du mal. Nous fûmes

donc envoyés pour fortifier cet enfant, pour l’encoura

ger, et lui donner des solutions satisfaisantes sur les

questions à l’occasion desquelles il était si fort travaillé

dans son esprit. Le SEIGNEUR bénit cette œuvre, car elle '

était entreprise en son nom; et nous fûmes, à plusieurs,

favorisés de cette grâce. Il est étonnant de voir tout

ce que le démon suscite d’obstacles à ceux qui cherchent

Dieu!

Moi aussi, je me plaignis à cette occasion de tout

le mal qu’il me faisait. Alors le Bienheureux se tourna

vers moi et dit: «Sais-tu, mon ami, quel est le meilleur

moyen, et le plus court, d’éloigner l’adversaire? Le

SAUVEUR lui-même t’a laissé pour cela son exemple. Quand

il a été tenté, il n’a point fait de longs discours, Retire

toi, Satan, s’est il contenté de dire. Ne disputes donc

pas non plus longtems avec lui; prononce seulement

les mêmes paroles avec une ferme foi. Plus une âme

s’abandonne au SEIGNEUR et veut lui appartenir, plus le

démon la tente , mais ne crains pas, le SEIGNEUR est plus

fort. Un seul soupir adressé au SEIGNEUR fait trembler

tout l’enfer. La prière est la meilleure arme, celle qui

frappe l’ennemi le plus efficacement. Chaque enfant de

Dieu, sans exception, a ses tentations, ses combats, ses

_57_.

passions, des attaques de toute espèce à repousser: heu

reux celui qui se jette dans les bras de JEsus. Il est alors

en sûreté; avec Lui, avec le puissant vainqueur, il

triomphe du monde et de tout ce qui est dans le monde.

— Si la crainte et l’inquiétude veulent se glisser dans

ton cœur, rapelle-toi encore cette vérité contenue dans

le trésor de la parole de Dieu: Là où’ le péché abonde,

la grâce de Dieu abonde encore davantage. Que eette

grâce soit ta conductrice, et tu triompheras; et tu rem

porteras le prix de ta foi, savoir le salut de ton âme. 0

mon bien-aimé! ne te laisse ravir, ni par un ami ni par

un ennemi, le moindre accent de la parole de Dieu; ne

la laisse attaquer ni affaiblir ni ébranler en rien. Le

SEIGNEUR, le SAUVEUR, Lui, l’éternelle vérité, n’a sans

doute besoin d’aucun garant étranger; mais c’est une

grâce qu’Il me fait en ce moment d’oser te confirmer

la glorieuse sainteté de l’ancien et du nouveau Testa

ment depuis le premier mot jusqu’au dernier '). Aussi

vrai que Jésus notre SEIGNEUR et Roi est vivant, aussi

vrai est chaque lettre qui s’y trouve écrite.

0 parole chère et inappréeiable, sois toujours mon unique

trésor

Que mon cœur lui soit toujours ouvert, et qu’il la reçoive tou

jours comme telle.

Qu’elle soit mon plus fidèle compagnon, elle me conduira dans

ma vrai patrie, '

Elle m’enseigne la patience sur une route semée de croix et

d’épines.

‘) Savoir, de tous les livres vraiment inspirés et qui se re

connaissent par le sens intérieur et spirituel.

N. (1. T.

_58_

«O mes bien-aimés, l’état de cette âme dont nous

parlions, confirme encore cette vérité que La tentation

rend attentif à la parole. Cette pauvre âme était sur

le point de s’arracher la vie; une vie qu’elle ne s’était

pas donnée! et de s’abréger par-là le tems de la grâce.

Voilà jusqu’où le Teutateur l’avait troublée. Mais le

SEIGNEUR dit: Jusque là, et pas plus loin. Oh! bien—

heureux, éternellement bienheureux, l’homme auquel

il est permis de servir le SEIGNEUR! Les anges du ciel

qui jouissent d’une félicité et d’une gloire si immense,

font leur plus grand bonheur de pouvoir agir en sér

viteurs. Et, chose étrange! les enfans des hommes se

donnent partout du mouvement pour être les premiers,

pour être servis; et ils se tourmentent pour se rendre

malheureux les uns les autres, au lieu de s’aimer dans le

SEIGNEUR,et de s’adoucir mutuellement leur séjour dans

la vallée des larmes! Quelle folie! —

«Tu aurais tort, ma chère femme, de croire que je

ne t’ai pas visitée dans l’intervalle de ma course; car,

mes bien-aimés, nos voyages ressemblent à vos pensées;

je n’ai qu’à vouloir, et je suis aussitôt près de toi. —

Ne t’inquiète donc pas aussi, mon ami, si je t’accom

pagne dans ton voyage; ma femme ne sera pas abandon

née pour cela. Toutefois vous savez que l’amour aime

aussi les privations)

Il faut savoir qu’un instant avant le ravissement

d’Anna, j’avais témoigné àMme Lineweg, qu’un des mo

tifs qui s’opposaient àmon voyage était aussi la crainte

de lui enlever son bon ange. Je lui avais répété la même

chose _à l’occasion de quelques paroles de son époux; mais

elle m’avait dit: Que cela ne vous retienne pas; vous

voyez que quand absolument mon mari reste loin, aussi

tôt un autre ami est prêt, comme Oberlin par exemple,

que vous savez être venu. -—

Lineweg continua: «Ce sont là de ces disputes de

l’amour dont il y a aussi des exemples dans le ciel: oui,

ici nous nous disputons continuellement pour savoir à

qui il sera permis de porter du soulagement aux mortels.

Oh! qu’heureux est l’homme qui marche avec le SEIG

NEUR! le SEIGNEUR le soutient puissamment. Jésus-Cumsr

est le plus grand trésor au ciel et sur la terre; tous les

univers ne sont rien en comparaison. Si vous vouliez

recevoir dans votre cœur tous les vains trésors qu’offre

votre terre, il faudrait déjà qu’il fût bien spacieux: et

toutefois, le trésor, qui vaut mieux que tous les trésors

y demeure! savoir le SEIGNEUR avec son amour! Chose

étonnante! Heureux celui dont le SEIGNEUR remplit tout

le cœur par son esprit! —

«Encore une fois, mon ami, si sur la route l’idée

te venait que je suis loin de ma femme, rappelle-toi que

j’y puis me transporter par la pensée, et m’y rendre

présent quand je le veux. —

«Oh! prie continuellement pour ceux qui te sont

chers: on a déjà enlevé bien des pierres de ces tom

beaux, et le SEIGNEUR est éternellement le même. Sa

mort a ouvert le Saint des Saints; sa mort a déchiré le

voile; ou peut pénétrer maintenant jusqu’à l’Arche d’al

liance. Ne vous contentez donc pas de rester dans

l’avant-cour : pénétrez dans le saint des saints, pénétrez-y.

Conjurez l’esprit de Jésus-CHRIST de vous assister; qu’il

vous montre comment on y pénètre. Tant que quel

qu’un se trouve dans l’avant-cour, il prie, il frappe, il

cherche: mais dans l’intérieur du Saint des Saints on

n’entend que ces mots: SEIGNEUR, que ta volonté soit faite!

_60_

0mes bien-aimés! que les plaies du SEIGNEUR deviennent

de plus en plus pour vous la fente du rocher dans le

quel vous reposerez. N’en doutez pas, Noé, le grand

Noé, sera votre protecteur; demeurez dans l’arche avec

lui; c’est à dire, demeurez dans, sa grâce qui vous a été

révélée. Veillez, à ce que vous croissicz et fassiez des

progrès quant à l’homme intérieur. Que l’Esprit du

SEIGNEUR qui vous conduit dans toute vérité, demeuré

votre lumière. Celui qui le demande, le reçoit; mais

que celui qui l’a reçu veille, afin qu’il le conserve; car

celui qui le conserve et le laisse agir, celui-là porte des

fruits pour la vie éternelle. Tous ses penchants, toutes

ses actions, ses pensées et ses paroles, partiront de lui

comme une nouvelle génération, une lumière allumera

l’autre; et de cette manière s’assemblent par ci par là,

des pierres, bien que petites, pour la construction du

Temple de Sion. Mais l’architecte fera tout le reste:

L’aider seulement de loin, c’est déjà la félicité)

Ces paroles prononcées avec quelque force, me re

présentèrent Lineweg si vivement à l’esprit, que même

les traits d’Anna, bien qu’elle eût les yeux fermés, me

le montraient vivant devant moi; il me semblait aussi

que mes propres traits s’épanouissaient de joie, comme

si je pouvais lui exPrimer ma profonde émotion; car,

quant à lui, je reconnus tout son agréable sourire au

jeu des lèvres d’Anna. Lineweg avait quelque chose du

sourire d’un enfant, dans les moments qu’il préparait

une agréable surprise à quelque ami.

40 mon ami, continua-t-il, le SEIGNEUR veut t’ap

prendre a faire de tout un sujet de prière, conformément

à cette précieuse parole: Priez sans cesse. Cela ne veut

pas dire qu’il faille prier comme font quelques-uns, qui

_61_

croient se sanctifier par des œuvres mortes, qui parlent

beaucoup et remuent le bout des lèvres pendant des

journées entières, à genoux dans un coin. Tout cela

ne mène à rien. La plus belle prière, mon ami, c’est

de devenir entièrement un avec la volonté du SEIGNEUR.

Si sa volonté est entièrement la tienne, tu es en harmo

nie avec Lui; et c’est ce que veuille nous accorder notre

SAUVEUR à tous. Qu’il t’amène à cet état: que le matin,

le soir, à la maison, en voyage, que partout et en tous

tems, il soit seul ton secours, et l’objet de tes pensées,

et la joie de tes yeux! Que notre SEIGNEUR vous bénisse

tous, qu’il demeure avec vous tous les jours de votre

vie, et qu’il achève en vous l’œuvre de la grâce qui est

commencée, pour votre salut et son éternelle gloire.

Alléluia. Amen.l>

Il se tourna alors vers sa femme et lui dit: «Tu

trouves bien, n’est-ce pas, ma chère, que je cause ainsi

longuement avec mon ami? avec toi je suis tous les

jours.” Elle reconnut avec beaucoup de bonté de cœur

que cela était dans l’ordre. -— Vous savez, d’ailleurs,

ajoutai-je, sur que] terrain desséché ses bénédictions

viennent de tomber. Mu“? Lineweg partagea ma joie

d’avoir été si richement consolé. Il continua: «Le vé

ritable amour se réjouit plus du bien d’un frère que du

sien propre. Sache de nouveau, mon ami, que le SEIG

NEUR m’accorde la grâce d’être à tes côtés, soit que tu

reste à la maison ou que tu te mettes en voyage.” —

Quand ici Mme Lineweg me demanda si mes idées étaient

maintenant arrêtées sur la question de mon voyage, je

lui avouai que non, et il ajouta: «Le SEIGNEUR t’a donné

ses conseils par notre‘ ami. Tu sais combien tu as à

te garder contre les refroidissemens; c’est l’affaire de

_62

‘ ta santé qui doit te décider. Le SEIGNEUR a parlé, et tu

peux choisir ').'

Huit heures vinrent à sonner; et il dit aussitôt:

«Encore une fois, mes bien-aimés, je vous recommande

à Dieu.» Nous témoignâmes notre étonnement que le

tems se fut écoulé si vîte: «Oh! ajouta-t-il, la vie avec

le SEIGNEUR est infiniment agréable; plus vous avancerez,

mieux vous le sentirez. —- Tu peux réveiller, ma chère. '

Voici maintenant les deux pièces dont Lineweg m’a

permis'de prendre copie. La première contient ce que

Henri 'Oberlin dicta à Mme Lineweg au moment qu’il lui

donna les conseils relatifs à mon voyage.

«Ame chère et précieuse!

«Comme ton époux bien-aimé se trouve occupé par

un voyage agréable que le SEIGNEUR l’a jugé digne, ainsi

que mon père, de faire à Madrid, ce même SEIGNEUR a

bien voulu me choisir pour te porter de sa part des

paroles de salut, de bénédiction et de consolation. Une

petite troupe de Bienheureux s’est assemblée. En se

donnant la main, ils se sont approchés de l’Amour éter—

nel; j’étais du nombre; le SEIGNEUR nous regarda avec

amour; et nous lui dîmes: SEIGNEUR, celle que tu aimes

") Il faut bien que sur certaines choses nous demeurions libres

dans notre choix, sans cela nous ne serions plus des hommes,

mais de pures machines. Mais ‘a cette époque le jeune

Gustave était presque incessamment tourmenté par de grandes

tentations, dans lesquelles l’ennemi de son salut I’accusait

sans relâche touchant sa conduite intérieure; lui reprochant

toutes ses pensées et ses démarches, de quelque manière

qu’il se conduisit. Ses scrupules ne s’étendaient pas seule

ment a son état de foi chrétienne en général, mais à tous les

plus petits détails de la vie. — Maintenant ce combat est

fini, et il est tranquille et fort dans le SEIGNEUR.

_65_

I

est malade; va donc à elle et lui dis que tu es sa con

solation, que tu es son secours! Oh! chère-amie, si tu

eusses pu Le voir! Si tu eusses pu voir luire dans ses

yeux et dans tous ses traits le feu de l’amour qui ac

corde tout à l’amour! Oui, dit-Il: Je suis à elle, et elle

est à moi; j’irais et je la soulagerais; je lui ferai com

prendre que toutes les souffrances qu’elle a à endurer

pour des raisons de sagesse, ne sont rien c comparai

son de la gloire qui l’attend. L’Amour éte l y ajouta

ces vers :

Je vais moi-même à sa rencontre ,

Elle me verra le premier , avant tous les autres;

Elle se jettera dans mes bras ,

Elle s’est donnée entièrement à moi;

Elle verra combien elle m’est chère.

Comment n’aurais-je pas eu pitié d’elle?

a Ame chère et bien-aimée, en prononçant ces pa

roles de l’amour le plus vrai, Il se leva de son trône ,

et courut te bénir et te presser sur son sein, pour te

consoler, t’inspirer du courage et de la joie, au souve

nir de la prochaine arrivée de ton Rédempteur. 0 bien

aimée ! Nous, les habitants heureux du ciel, nous sommes

restés muets d’étonnement à la vue d’un pareil amour;

et nous sommes tombés le front en adoration. A chaque

syllabe qu’Il prononçait, les marques de ses plaies di

vines devenaient plus brillantes; et nous comprîmes

qu’un jour notre joie serait ineffable en te recevant au

milieu de nous, quand la sagesse éternelle du SEIGNEUR

déclarera que ta tâche est remplie. O âme précieuse,

cette consolation nous a nous-mêmes ravivés dans notre

joie: combien plus n’a-t-elle pas dû te faire impression!

à toi qui as encore besoin de patience dans tes peines,

Æaa

mais qui as confiance, et qui mets ton espoir et ta joie

dans ton Rédempteur et ton éternel Protecteur! Oh!

vois, aussi vrai que Jésus vit, aussi vrai Il te glori—

fiera; tu jetteras des cris de joie et tu diras:

Le SEIGNEUR a tout bien fait ,

Il a tout bien ordonné ,

A Lui, 31 notre Dieu la gloire!

c Le .1eu de ton cœur te donne l’assurance , que

quand tu seras cxaltée, tu pourras influencer mille fois

mieux ceux qu’il te coûte maintenant des larmes de

quitter. Oh! vois, chère âme, comment l’homme de

douleur, ton soutien, te prévient dans chaque douleur!

comment il t’aide à porter ton fardeau, et combien il te

rend doux ce qui est amer! O bien-aimée, nous sommes

tombés sur nos visages, en voyant son inconcevable

amour! Oui certes:

Les âmes soufl'rantes qui se confient en Lui,

Verront de leurs yeux son secours admirable;

Car elles l’attirent à elles comme un aimant;

Lui-même, lui-même Il les soulagera!

Il réjouit de ses regards d’amour

Celui qui ne désire que Lui.

«I Nous nous réjouissons généralement dans le ciel

de l’approche du jour du SEIGNEUR, quand le boiteux

sautera de joie, que l’aveugle verra jusqu’aux lieux les

plus éloignés, et que le sourd distinguera les sons les

plus délicats *); quand l’amour règnera, quand la dou

ceur gouvernera et que la justice commandera.

') Pour l’intelligence du sens intérieur de ces paroles, nous

dirons que le boiteux signifie celui qui n’est pas dans le

_65_

«En vérité, chère aime, les peines de la vie, quelque

nom qu’elles portent, ne sont point comparables avec

la gloire que le SEIGNEUR Jésus révélera dans ses Elus.

C’estpourquoi, épouse promise du SEIGNEUR, reste encore

avec quelque patience dans le creuset qui doit te puri

fier; ce creuset se changera bientôt en un vert gazon,

sur lequel tu sauteras de joie éternellement.

«Le SEIGNEUR, le Dieu de ta consolation soit loué,

qu’il soit glorifié, le Dieu toujours fidèle! Car la lou

ange et la gloire lui appartiennent à jamais. Amen.‘

Mme Linewcg qui à cette époque souffrait beaucoup,

me dit que dans le moment où la scène rapportée plus

haut pouvait avoir eu1ieu dans le ciel, elle avait ressenti

des émotions tellement profondes, qu’elle ne pouvait

verser assez de larmes de joie. —

La pièce suivante est du.tems que Lineweg vivait

encore sur la terre; elle lui fut donnée le jour anniver

saire de sa naissance, le 18 avril 1850.

Le Grain de blé récueilli dans le grenier qui demeure

éternellement.

|Pour le jour où naquit un ami pour ma gloire.

Ami de mon coeur je te salue,

Ma bénédiction paternelle coule sur toi,

vrai bien par l’ignorance du vrai (Apoc. expliq. 455 , 518,

721); sauter de joie signifie le plaisir de découvrir le vrai;

les aveugles sont ceux qui se trouvent dans le faux positifl

et ne peuvent par conséquent recevoir le vrai (Le Ciel et

l’Enf. 487. Apoc. cxpliq. 555); les sourds sont ceuxne comprennent rien au bien; et ceux qui entendent sont

les personnes qui comprennent le bien et le recherchent

(Apoc. expliq. 259, 455). '

5

..66—

Comme un fleuve descendant du trône de l’agneau.

Mon frère, sois le bien-venu en ce jour.

Le livre de vie a reçu ton nom

Il y a soixante-trois ans.

Sois béni en ce jour

Et pour l’Eternité,

Ami et frère,

De la part de ton SEIGNEUR,

L’Etoile du matin

Prête h s’élever dans l’Orient.

2.

Dès ta naissance tu fus conduit

Par ma main, qui t’a préparé,

Pour être un des prix de mes douleurs.

Frère, j’ai compté tes jours,

Chacun a été placé sur la balance,

Et ce fut mon cœur qui servit de poids.

Je sus que tu m’aimâis,

Que profondément tu te contristais

Quand tu voyais mes pleurs;

En cet état restera la balance,

Mon ami, jusqu’au jour

ou ma voix t’appelera.

5.

De bonne heure déjà je t’avais ceint,

De bonne heure. je t’avais donné la houlette, _

Pour paître mes brebis;

Tu étais encore au sein de ta mère

Quand Je dis a cette pieuse femme

Qui te mit au monde: crois moi,

Tu reçois un fils

Dont tu entendras dire

Qu’il m’amène un petit troupeau

A la porte de la bergerie;

Et tu m’en glorifieras éternellement.

-67...

4.

Ami, je continuerai à te conduire,

Tu continueras à sentir mon secours,

Monpbras fort, ma main puissante.

Ne crains pas; seulement, dans le combat,

Demeure ferme et plein de confiance;

Déjà tu t’approches du bord de la mer.

Sois courageux dans la dernière tentation;

Car il n’est pas loin

Le jour du triomphe,

Où plein de joie,

Exempt de souffrances,

Ta fidélité se reposera.mm :2‘-:;: 37

.:iu‘s;i .sxm ‘I

g. 3 .;Q“.\, r’lï;r;1t{xäj

.’l fu)fæ

Prends pour gage de mon amour _"”””iÎ’ , .

La parole d’ami que je te donne ;æ?ë;î”@’i ”’Ï’"Ï

Et te plonge entièrement en moi.

Je voudrais de même, ami, vivre en toi,

Me donner entièrement à toi, m‘êçA

Partager tes plaisirs et tes peines. , î,y_ ‘l:fÀ\r

Lève-toi et demeure ferme, "

n

nur 'u:

.""Ï"ir>‘i’! 'l!l'fl"s

Ami bien-aimé, ami chrétien,

Aussi dans les souffrances;

Afin qu’en homme fortTu regardes le ciel “afin ,LsinI2'x’l

Quand je te conduirai sur GOlgotha. n;fl;‘.i aimev

im=: f:c;z» ianis

34“.

:..f 'ï’fl;'æ :‘n3 i

6.

Je demeure le soleil de ta vie,

Je demeure ton plaisir et ta joie,

Mon ami, même pendant ton pélérinage. ’ " **"

Je veux devenir fin avec toi; N* -”Que ta volonté se perde dans la mienne “æ’-' th‘3

Dès maintenant et à jamais.

Je demeure ta force,

Qui sait tout créer en toi;

Donne-moi ton cœur

.‘tE ‘î";:-.î-è. a

:529; : mon

5.

Pour toujours, ‘

Je te le purifierai

Dans mon propre sang.

7.

0 mon ami,’ après quelques heures, H":

Tout est surmonté pour l’éternité:Portes donc encore ta croix avec plaisir. '. ,;

Tout te sera changé en douceur; ,r.‘; k

Patiente seulement encore à mes pieds, I {M ',

Te confiant à ton Dieu et à ton maître. ‘

Vois, je te bénis aujourd’hui ’Et ainsi pour l’éternité; ‘ *" ",,.‘ ‘

Frère, ami, " ”‘

Reprends ta tâche;

Mon Benjamin, ,..a-'

Tu as toute mon amitié. Amen ‘).

Du 8 Septembre 1855.

Aujourd’hui, un dimanche, j’allai, accompagné de

Chandani, chez Mme Lineweg. Mon ami désirait ytrou

ver un service divin d’un genre supérieur, pour son

cœur froissé. On devine quel prédicateur il cherchait,

ainsi que moi. Nous trouvâmes notre amie un peu souf

frante, ayant le coeur malade. Des anciens amis étaient

venus la voir, et lui avaient témoigné toute la douleur

que leur causait la perte du cher défunt. Cette circon

stance avait renouvellé ses propres regrets; et nous

nous mimes à discourir sur cette vérité, que le bonheur

‘) Il est inutile de remarquer] que chacun demeure libre de

penser sur l’origine de cette pièce étonnante ce qu’il

voudra: cette origine , évidemment, peut être plus ou

moins pure ou plus ou moins immédiate; j’ajouterai seule—

ment que la beauté des vers dans l’original la rend moins

étrange. N. (I. T.

_59_

de l’amitié ne peut se goûter dans sa plénitude que

dans la présence visible de celui qui nous est cher. Peu

d’instans après se montrèrent chez Anna les symptômes

de l’influence du monde spirituel. Nous nous assemblâmes

autour d’elle. Elle se tourna d’abord vers Mme Lineweg,

mais la voix me dit à moi: écris.

«Ame bénie du SEIGNEUR, l’époux qui t’est uni pour

toute l’éternité est ici. Il te présente une fleur céleste. Son

nom est: Plusje te vois plus je t’aime. Elle est aspergée

du sang de l’amour sacrifié, et te rappelle la douceur

d’un amour indestructible en JEsus-Cunxsr. On y lit:

Le lien de l’amour qui nous unit,

Demeure ferme, même au delà du tombeau,

Où Dieu est tout en tous.

-Oui, femme bien-aimée, ceux'qui s’aiment dans le

SEIGNEUR , ne sont jamais séparés; bien que l’amour

éternel interpose pour quelques instants entr’eux un

voile léger: et ce voile lui-même ne sépare pas ce qui

s’aime réellement. Attends avec patience, et sois calme

dans l’espérance; réjouis-toi dans l’objet de ton amour.

Ne m’a-t-il pas été donné d’aller à ce SEIGNEUR , qui t’a

fait à toi, comme à tous, cette consolante promesse: Je

demeure avec vous tous les jours? Loué donc soit l’Eter

ne]! Alleluia! Amen)

Il avn, dit Mme Lineweg, que j’étais un peu triste;

et il est venu aussitôt me consoler. Elle alla à une ar

moire; et, à notre grand étonnement, elle en retira une

tasse, sur laquelle nous vîmes écrites en lettres d’or

toutes les paroles rapportées ci-dessus, et que Lineweg

lui avait donnée dans le tems en cadeau, le jour anni

versaire de sa naissance.

c Maintenant, ajouta-t-il, écris un autre article» (Pour

...7o_.

bien comprendre ce qui suit, il faut savoir que Chan

dani, depuis la dernière communication qui lui avait été

faite, avait été beaucoup occupé à réfléchir sur la signi

fication de ces mots: Pardonnez à vos ennemis, car ils

ne savent ce qu’ils font. Comment, disait-il, ces derniers

mots peuvent-ils s’appliquer aussi à ceux de mes enne

mis qui, selon moi, savaient très-bien qu’ils étaient des

juges prévarieaieurs? Nous en avions souvent causé;

mais ce sujet dans son esprit demeurait toujours un peu

obscur. L’ami fidèle, qui avait dissipé déjà tant de

nuages, dissipa encore celui-là.) Voici ce qu’il dit:

«Amis du SEIGNEUR! Comme JÉsus-Cnmsr (il pro

nonçait Ztous les différents noms du SEIGNEUR avec une

solennité de ton indéfinissable) demeure avec vous tous

les jours, Il connaît votre désir et vos voeux. Rien ne

Lui est caché! Il veut donc répondre au souhait d’un

disciple, et parler avec lui touchant sa parole de pitié

et de miséricorde: Père, pardonne leur, ils ne savent ce

qu’ils font. JÉsvs-Cumsr fit cette prière sur la croix,

pour ses ennemis, comme fils de Dieu. Il prie comme

fils de Dieu. Et à qui s’adresse-t-il? A son Père; car

Il sait que ce qui est fait à son enfant est fait au père.

Père, s’écrie-Ml, pardonne leur , pardonne à mes enne

mis! — O bien-aimés du Semeun, sachez qu’en de

mandant avec cette ardeur le pardon, le Fils de Dieu

demande en même tems un châtiment paternel. Châtie

ce peuple , dit-il, mais châtier-le avec mesure. Car bien

qu’un père pardonne ses fautes à son enfant, ily ajoute

en même tems la grâce (le la punition salutaire qui ga

rantit l’enfant des chiites de l’avenir. Châtie donc les

coupables, mais les châtie avec mesure, et fais que le

châtiment leur soit profitable. Viens à leur aide par ta

-71

grâce; et que ta longanimité porte enfin ces cœurs si durs

à la pénitence. Pardonne leur, ils ne savent ce qu’ils

font. Ils ne savent pas qu’ils blasphèment le Père qui est

dans l’enfant; pardonne leur, ils ne savent pas qu’ils ne

se moquent pas d’un pur homme, mais du Dieu qui est

en lui. Dans leur incrédulité ils ignorent qu’ils commet

tent un si horrible attentat et pèchent contre leur BÉDEMP

TEUR. Père, pardonne leur; c’était la prière du Fils de

Dieu, à la suite de la prière du Fils de l’homme, quand

dans sa dernière tentation le SEIGNEUR s’était écrié en son

pirant: Mon Dieu! mes amis et mes ennemis m’ont aban

donné, pourquoi m’as-tu aussi abandonné? 0 bien

aimés du SEIGNEUR, dans ce moment le Père s’est aussi—

tôt manifesté dans le larron répentant à sa droite en

disant au Fils de l’homme si désolé, et au Fils de Dieu

qui avait si soif du salut des âmes: SEIGNEUR, souviens

toi de moi quand tu seras entré dans ton royaume. Voilà

la révélation du Père, opérant par son esprit, une telle

merveille dans le coeur d’un pécheur, pour la consola

tion et le soulagement de son Fils. -— O mes chers

frères, âmes rachetées comme moi, priez donc comme

prie ce Jésus; établissez-vous près de cette source

d’amour; placez-vous avec Marie à ses pieds; et Il vous

enseignera ce qui est bon pour vous. Il vous donnera cet

esprit qui vous conduira en toute vérité. Petits enfans,

si vous voulez que le SEIGNEUR, la source de tout salut,

vous lave et vous purifie, il faut que vous-mêmes dimi

nuez, il faut que votre moi diminue. Car je vous le dis

en vérité, ce n’est que dans cet abandon plein d’humi

lité, au SEIGNEUR et à son amour, que l’on apprend à

aimer; et il n’y a que cet amour-là qui sache prier pour

les amis et les ennemis:

-72

L’ain0ur recherche l‘amour:

SEIGNEUR ne laisse point sans culture le champ de mon cœur;

Rends ce cœur fertil et riche dans le tems,

Afin qu’il goûte les plus doux fruits pendant l’éternité.

«0 bien-aimés , celui qui suit le SEIGNEUR, l’agneau

de Dieu, avec un amour vraiment filial, et se donne à

lui sans réserve, celui-là est un disciple de l’amour, un

frère de Dieu-Messie! C’est pour celui-là que Dieu

homme, JEsus-Cnmsr, a prié avec tant d’ardeur vers le

Père, et a dit à Celui qui est un avec Lui: Père, je veux

que là où je suis, soient aussi ceux que tu m’as donnés.

Oh! qu’on est heureux d’être la possession, la propriété

de Dieu! Voulez-vous l’être, suivez-Le seulement quel

ques instans, partagez un moment l’opprobre de sa

croix, et Jésus sera votre félicité et votre triomphe éter

nel. Suivez-Le, oui, suivez-Le! Celui qui vaincra, sera

vêtu de vêtemens blancs; il recevra un nouveau nom,

il sera élevé sur le trône de son SEIGNEUR, et il jugera

avec Lui les douze tribus d’Israël. C’est à ceux qui

sont élevés de la sorte que le Dieu des armées, à qui

est donnée la puissance au ciel et sur la terre, déclare

que-s’ils pardonnent leurs péchés aux hommes, leurs

péchés leur seront pardonnés; et que s’ils les leur

retiennent, ils seront retenus. Mais qui est au juste

celui qui est assis sur un même trône avec le SEIGNEUR?

C’est celui qui est devenu un avec l’éternel amour, avec

l’amour qui crie: Père, pardonne; pendant qu’il aban

donne le moment et la manière de pardonner, au Dieu

de gloire, auquel seul est réservé l’acte du bon plaisir.

Demander, mes bien-aimés, est votre tâche, exaucer est

celle du SEIGNEUR. Allez, et soyez miséricordieux comme

votrePère céleste est miséricordieux; Lui, qui fait lever

-75

son soleil sur les bons et sur les méchants, sur lesjustes

et sur les injustes.

Abandonnez-vous à JESUS seul,

Demandez l’esprit de Jnsus;

Le fils alors vous transformera,

L’esprit saint vous instruira.

Bénie soit l’adorable Trinité,

Dans le _tems et dans l’éternité. Amen.

«Maintenant, bien-aimés du SEIGNEUR, l’amour éter—

nel vous a ravivés; que cet amour demeure en vous,

qu’il agisse en vous; alors il portera des fruits pour la

vie éternelle. Que le Dieu de toute bonté opère le tout

en vous par sa grâce! Amen.»

Après une petite pause ilvajouta encore avec rapi—

dité ces mots, que je n’ai pu écrire qu’après son départ:

«Il n’y a que le trésorier des biens célestes puisse

ainsi parler; il n’y a que la source d’eau vive de l’Eter

nel qui puisse ainsi étancher la soif. 0 petits enfans,

chers petits enfans, demeurez en Lui, Il demeurera en

vous, et vous posséderez Tout. Amen!»

_ Du 12 Septembre 1855.

Depuis quelque tems je vivais dans une pénible

obscurité d’esprit. Des doutes de toute espèce venaient

m’assaillir. Touteperception supérieure du vrai m’échap

pait, au point qu’il ne me restait pas une seule vérité

dontje pusse dire avec une entière confiance: je la crois.

Je fus bien forcé de reconnaître que l’homme ne peut

pas croire par lui-même. A Cela venaient se joindre

les souvenirs de fautes et d’erreurs paSsées , et l’ennui

de celles dans lesquelles je tombais * tous les jours.

' —74-—

Enfin, des souffrances extérieures n’y manquaient pas.

Je me croyais, de plus, indigne de prier; je n’osais plus

dire que ces mots: SEIGNEUR, aie pitié de moi , pauvre

pécheur. Je perdais même l’espoir qu’un être ainsi

réduit à l’état le plus misérable, pût être rendu à une

vraie santé spirituelle. J’errais donc ça et là, entière

ment découragé. Ce soir j’allai voir Mme Lineweg, sans

lui faire part de l’état de mon âme; et ne montrant au

cune tristesse, simplement pour ne point aller contre

les paroles du SEIGNEUR, en St. Mathieu 6. 16—18. Je

n’avais non plus l’intention d’y chercher quelque conso

lation, car mes vraies dispositions étaient réellement

dans ces momens une totale indifférence. C’est du moins

ce que je croyais. Mais, comme on va voir, le SEIGNEUR

en jugeait autrement: si je renonçais, moi, à tout espoir

de perfection et de salut; le SEIGNEUR n’y renonçait pas.

A peine me trouvai-je là, que Anna ressentit les symp

tômes de son sommeil spirituel 5 elle entra dans l’état

supérieur et dit: «Ton ami toujours fidèle, et s’intéres

sant à ton sort, est là.* Il dit: «Écris.»

«N’est-il pas vrai, cher ami, qu’il te semble qu’il y

a bien longtems que je ne t’ai parlé d’une manière sen

sible? Je te voyais pourtant, crois-moi, et je savais tes

peines et tes désirs; voilà pourquoi je t’appelle à rece

voir ce soulagement. Viens donc, âme chargée du poids

de l’angoisse, et écoute cette parole: Console-toi, ne

crains point; crois seulement. Si c’est ta foi qu’on attaque,

dis simplement: Au nom de JEsus-Cnmsr je t’ordonne,

Satan, de te retirer: JEsus est à moi, et je suis à Lui.

0 mon bien-aimé, ne t’étonne pas d’avoir bien des com

bats à livrer, bien-des tentations à endurer. Rappelle—

toî que celui que le SEIGNEUR glorifie et comble de

_75_.

grâces, a aussi d’un autre côté bien des humiliations à

endurer. Est-ce le souvenir de tes fautes qui t’attriste?

0 mon ami, je te conjure, ne te laisse point abattre par

cette tristesse; cours à ton Rédempteur, au Médecin

qui connaît ton cœur; jette-toi dans les bras de Jésus;

dis-lui tout; expose-lui toutes tes peines; Il est ton

meilleur conseil. Il t’aime; c’est Lui qui t’a conduit dès

ta naissance; Il t’a eonduitàla lisière, comme une mère

conduit son enfant. 0 penses-y, et ne rejette point ta

première confiance, qui a une grande récompense. O

pense combien de tems tu as vécu au milieu de serpens,

et entouré de la race des vipères, qui, poussés par le

prince qu’ils servent, ont voulu te ravir ta foi, et avec

ta foi, ta félicité. Le SEIGNEUR t’a protégé et conservé

au milieu de ces bêtes féroces, pour que tu devinsses un

des prix de ses souffrances. Daniel s’est trouvé pendant

longtcms au milieu de meurtriers qui en voulaient à

sa vie corporelle; le SEIGNEUR l’a secouru avec la puis

sance d’un roi: pour toi, mon ami, tu t’es trouvé pen

dant plusieurs jours au milieu d’assassins qui en vou

laient à ton âme; mais le SEIGNEUR, ton bouclier, t’a“

maintenu par sa grâce. O âme chérie, pe crains donc

point, crois se‘ulement. Tiens-toi ferme au souvenir de

cette parole: Je fais ce que je fais, je laisse ce que je

laisse, comme si le SEIGNEUR venait incessamment me

surprendre. Oh! vois; ton BEDEMPTEUR, qui a aussi été

le mien, et qui le sera toujours, Il ne t’abandonnera pas,

Il ne te négligera pas; cela est aussi vrai que tu sais

qu’Il est vivant aux siècles des siècles. Pense seulement

que Jésus , ton Maître, a aussi traversé le désert pour

aller à Canaan. Rappelle-toi que c’est à ceux de ses

disciples qu’il aime, qu’il fait part de ses croix les plus

n

riches en bénédictions. Réjouis-toi de ce partage plein

de grâces, et pense: sans combat point de victoire; sans

croix point de couronne. Par la nuit on arrive à la lu

mière, par le malheur à la félicité, par la privation à la

jouissance, par la tribulation à la gloire. O mon ami,

cette vie de souffrance n’a que la largeur de la main.

Les pleurs ne durent qu’une soirée, le plus court inter

valle d’un jour; et au matin commence la joie "). Encore

un peu de tems, et les disciples de Jésus se réjouiront

d’une joie ineffable et éternelle, qui ne leur sera plus

enlevée. Oh! aie donc encore un peu de patience; celui

qui persévère jusqu’à la fin sera seul sauvé. C’est main

tenant l’heure que la foi et la patience des imitateurs

de JEsus-Cmusr sont le plus puissamment éprouvées.

Je t’assure, âme précieuse, que je ne voudrais point

qu’on m’cût épargné un seul des combats, une seule des

soufl'rances qui sont venues m’assaillir. Mille et mille

fois j’ai vu confirmée cette parole de l’Ecriture: Quand

la tribulation est présente, elle n’annonce pas la joie;

mais bientôt après (souligne ces mots) elle devient un

’truit précieux de la justice pour tous ceux qu’elle a

éprouvés. Rappelle-toi, que ce Jésus, qui est toujours

près de toi, connaît toutes les tentations. Il a été tenté

lui-même. Il est un Grand-prêtre compatissant, qui ne

permettra pas que tu sois tenté au delà de tes forces

‘) Dans ces paroles, comme dans le Psaume dont elles sont

tirées, il est sans doute aussi question du renouvellement

de l’Église: car dans le sens spirituel la soirée signifie les

derniers tems, quand le mal et l’erreur règnent dans l’Église

et que le SEIGNEUR pense ‘a la renouveller (Apoe. expliq.

557, 677); et le matin signifie ce renouvellement réalisé.

-77

Et toujours la tentation, chez toi, tournera de manière

que tu puisses la supporter. Vois, mon cher ami, con»

bien ton SEIGNEUR et ton Dieu veille sur toi, puisqu’il

m’a fait la grâce de pouvoir venir te consoler, au mo

ment que tu es abattu et que tu as le cœur brisé. Oh!

qui saura mieux consoler que celui qui a soufl'ert lui

même? Réjouis-toi donc en ton Dieu; saute de joie au

souvenir de ton RÉDEMPTEUR. Recommande-Lui tes

destinées futures, et sans aucun doute Il te conduira à

une heureuse fin. Il est ton Défenseur, ton Rempart,

ton Bouclier et ton Abri. Tiens-toi tranquille et dans le

silence, Il parlera pour toi. Il est avec toi dans l’arène;

Il est ton Roi et ton Guerrier; Il combat avec toi et

pour toi, et Il veut que tu demeures victorieux. Donc,

mon ami, reste avec ce Dieu en vérité; Il est le Dieu

vivant! Ce qu’Il veut se réalise. Il ordonne ettout obéit.

En disant c’est moi Il a jeté des guerriers dans la pous

sière. Il accourt à ton aide, et t’encourage; Il te con

sole, Il t’apelle, Il dit à ton cœur: C’est moi! et tu sauras

un jour qu’Il s’est occupé de toi en Père.

Tu n’es que pour quelques instans dans les ténèbres,

L’Etoile du matin brillera bientôt;

Oh! console—toi, tu appartiens au SEIGNEUR,

Il est lui-même ton étoile. ' Amen.

Je le remerciai, profondément touché de tout ce

qu’il venait de me dire. Alors il s’adressa à sa femme‘

N’est—ce pas, chère femme, lui dit-il, tu sais par expé

rience comment le SEIGNEUR peut c0nsoler? —- Sans

doute, répondit-elle, aussi touchée que moi-même.

Elle me dit alors que je pouvais proposer des

questions sur tout ce qui m’embarrassait, queje ne ferais

-78

nécessairement aucune demande déplacée, et qu’elle

était même chargée de m’y encourager. "

J’avais toujours été très-timide jusque là, dans ces

circonstances; toutefois, en ce moment, après que j’eus

commencé, il s’établit bientôt entre nous une de ces

conversations cordiales, qui caractérisaient nos rapports

pendant sa vie: avec cette différence qu’il était plus

aimable encore et plus sage qu’il n’avait été ; tandis que,

de mon côté, j’étais devenu plus pauvre et plus aban

donné. Voici ce que je me rappelle de cette conversation:

Moi. Je Suis forcé de l’avouer, toute ma foi s’est trouvée

ébranlée.

Vois, men ami, c’est—là la grande affaire de Satan,

de vouloir nous ravir la foi: parce qu’il sait que

s’il réussit, il a beau jeu.

Moi. Je voudrais bien souffrir, si je n’étais forcé d’at

tribuer toutes mes souffrances à mes péchés.

Heureux celui qui, avec l’enfant prodigue, recon—

naît qu’il apéché; et qui dit: j’ai péché, moi; non

tel ou tel. Oh! celui-là est sûr que le Père va à

sa rencontre, les bras ouverts, et l’embrasse. Celui

qui se juge ainsi soi-même est déjà jugé. Ce

n’est que par un effet de l’esprit de Dieu et de sa

grâce, qu’il peut reconnaître son véritable état;

car, par sa nature, l’homme est vain et orgueilleux,

et il ne veut pas s’avouer pécheur. Celui donc qui

reconnaît ses péchés et les avoue, celui-là sent

déjà l’influence de l’esprit de Dieu et de sa grâce.

Oh! remercie de tout ton cœur ton Rédempteur,

de ce qu’il te donne son esprit, et prie—le, conjure

le , de continuer à te faire faire des progrès dans la

connaissance de toi—même, et à t’éclairer de plus

Lui.

Lui.

.43...“

. _79_

Moi.

Lui.

Moi.

Lui.

en plus, et à fond. La connaissance .de soi-même

conduit à la connaissance des hommes; alors mûrit

aussi la connaissance de Dieu. Bien-aimés, vous

verrez toujours que plus un enfant de la terre

parviendra à connaître ses faiblesses et ses mi

sères spirituelles, et plus il s’humiliera en pré

sence de Dieu, plus il deviendra indulgent, doux,

tendre envers ses semblables. Il est écrit: Aime

ton prochain comme toi- même; mais vous savez

trop que l’homme sejuge toujours, lui et ses fautes,

avec indulgence; c’est pourquoi l’amour de Dieu

et du prochain est une étude continuelle.

Souvent je me surprends dans des mouvemens de

haine, même envers des personnes qui sont le

plus étroitement liées à moi.

Rapelle -toi que la haine est le meurtrier de son

frère. La vie est un combat continuel; celui qui

combat avec le SEIGNEUR, le SEIGNEUR combat pour

lui; et nécessairement il remporte la victoire.

Quand Satan avec tout l’enfer se lèverait contre

toi, ne crains pas; nous sommes plus nombreux

et plus forts que Satan et l’enfer. Et quand le

SAUVEUR serait seul avec toi, quand personne d’autre

ne t’entourerait, tu serais encore plus fort; car

sur un signe du SEIGNEUR, du Dieu des armées,

des légions entières tombent dans la poussière.

En reconnaissant que le péché soit pardonné,

comment se consoler quand on voit que les suites

de ce péché vous rendent incapable de faire le

bien parmi vos semblables?

Il est vrai que le péché souille l’homme; mais

celui qui se donne entièrement au SEIGNEUR, le

' -- 80 -

SEIGNEUR le purifie de son péché. La culpabilité

est détruite; et celui qui marche avec le SEIGNEUR,

peut bien encore se heurter le pied; mais il ne

tombe plus dans son péché.

IŸIoi. J’ai aussi été inquiet d’avoir parlé, en divers en

droits, de ces communications surnaturelles, sans

en avoir demandé la permission. Dans la joie de

mon cœur, je n’y ai point assez réfléchi.

Lui. Ton intention était bonne; et c’est l’intention que

le SEIGNEUR considère. Toutefois, n’oublie pas ce

qui est écrit: Soyez prudcns comme les serpens,

et simples comme les colombes. C’est précisément,

vois-tu, parceque les hommes sur cette terre sont

conduits dans mille et mille situations variées, qu’il

nous est indispensable de solliciter continuellement

l’esprit de Jésus-CHRIST; lui seul peut nous éclai

rer. Il est nécessairement permis de glorifier le

SEIGNEUR et de publier hautement ses grâces. Un

mot dit à sa place est souventun puissant secours

pour la foi. Il est dit qu’il faut annoncer le soir

sa grâce et le matin sa vérité. -— Que le SEIGNEUR

soit avec vous, mes bien-aimés , et qu’il vous

maintienne dans le bien par sa grâce vivifiante et

son immuable fidélité.

Moi. Maintenant je me sens soulagé; mais j’étais bien

tourmenté.

Lui. Souvent le SEIGNEUR nous laisse vivre dans l’ari

dité, afin que nous nous donnions à Lui sans re

serve.

Moi. Ce que j’ai peine à eroire, c’est que le SEIGNEUR

puisse s’occuper d’une pareil pécheur.

Lui. Ne connais-tu pas ce met: mon royaume est le

—.81

Moi.

royaume des pécheurs. Ton SAUVEUR est venu à

cause des pécheurs, non à cause des justes. 0

mon ami, n’accorde pas à l’ennemi de ton âme le

triomphe de te voir perdre la Foi à l’amour de JE

sus pour les pêcheurs. Car s’il te tourmente et

que tu renonces pour cela à la foi, il faut voir

comment il se réjouit et saute de joie autour de

toi; c’est-là la vraie jouissance de Satan. 0 mon

enfant, mon ami, pour l’amour de JESUS, prends

patience, et continue de combattre. Tiens ferme

ce que tu as, afin que personne ne te ravisse ta

couronne. Quand tu es tenté sur la foi à JESUS,

dis: '

Il est à moi, je_suis à Lui.

Cette alliance entre nous est éternelle.

Je ne puis pas dire que je suis à Lui; je puis

tout au plus me rendre le témoignage que je vou

drais qu’il me prit pour un valet, un j0urnalier.

Lui. De son côté il est tout à toi; pourvû donc que tu

Moi.

veuilles être à Lui, par là même tu Lui appartiens.

Si tu ne veux être que sonjournalier, son employé,

eh bien, présente-toi en cette qualité 5 mais alors

pour toi il se changera en Père, il te recevra

dans ses bras, il mettra l’anneau à ton doigt, et

t’appellera au banquet de la vie éternelle. a

Je me tourmente aussi souvent pour savoir si, ici,

à Argentine je suis vraiment à mon poste?

Abandonné-toi seulement à Lui sans réserve, alors

il t’éclairera. Recommande-lui tes voies , et il te

montrera le chemin que tu dois suivre. Dis bien

souvent de tout cœur:

6 .

_32_

Tu es le maître, je suis le serviteur;

Tout ce que tu ordonnes est bien ordonné.

Lit-dessus, il renouvella sa bénédiction, et je m’en

retournai à la maison rempli de sentimens de joie et de

reconnaissance. '

Du 15 Septembre 1855.

Comme mon âme demeurait toujours encore tour

mentée de doutes et de tentations, mon fidèle ami et

compagnon entendit toutes mes questions inquiètes sans

que je les lui proposasse, et il y répondit dans la dictée '

suivante qu’il fit faire pour moi:

L’Àmi et l’Ennemi.

Jssus à l’âme. Crois-moi, en nul autre ne se trouve le

salut, et il n’est point donné aux hommes d’autre

nom, par lequel ils puissent être sauvés, si ce

n’est le seul nom de JESUS-CHRIST.

Satan ä l’âme. Comment Peux-tu espérer encore ta

grâce?

JESUS. Je suis la voie, la vérité et la vie; personne ne

vient au Père que par moi.

Satan. Comment peut-on te pardonner? tes péchés sont

vraiment trop grands.

Jssus. Là où le péché abonde, la grâce abonde bien

plus encore.

Satan. Mais ceci ne te regarde pas: pour toi, tu es re

jeté depuis longtems.

Jesus. Rapelle-toi cette parole précieuse: Moi, JESUS

CHRIST, je suis venu au monde pour chercher et

sauver ce qui avait péri.

—- 85 ———

Satan.

Jésus.

Satan.

JEsus.

Satan.

JESUS.

Satan.

JESUS.

Satan.

Jésus.

Satan.

Jésus.

Satan.

JEsus.

Satan.

Qui pourra sauver celui qui a péché, parceque

le SEIGNEUR est misécordieux? _

Je suis le bon Pasteur, je donne ma vie pour

mes brebis, je laisse les quatre-vingt-dix-neuf,

et je cours après la seule brébis égarée.

Tes péchés sont en trop grand nombre, et puis

tu as commis de tels forfaits que si quelqu’un

doit périr c’est toi.

Et quand tes péchés seraient rouges comme du

vermillon, je les laverai et les rendrai blancs

comme la laine.

Le Dieu qui te jugera est un Dieu de justice.

Je ne te*trRite pas selon tes péchés, je ne te

châtie pas selon tes iniquités.

Je te dis que tu es perdu! tu es un enfant des

ténèbres: Dieu qui est lumière ne peut rien

avoir de commun avec les ténèbres.

Heureux ceux qui s’attristent à cause de leurs

péchés, car ils seront consolés. ’

Ne te donne plus aucune peine pour trouver

grâce et miséricorde, tout est inutile.

Venez à moi, vous tous qui êtes malheureux et

chargés, et je vous soulageraia‘;

Pour moi je te donnerai tout ce que ton cœur

souhaite, si tu te prosternes et m’adqres. _ .

Je suis la seule vraie porte; celui qui entre par

moi a la vie éternelle. - i” '" _

Bien, bien; tout est fini pour toi; il n’y a plus

de secours. '

Celui qui vient à moi,"3 je ne le repousserai pas.

Pour tout le reste tu pourrais trouver pardon,

7’“ si seulement tu n’avais pas commis telle faute.

6a

84

Jssus.

Satan.

Jssus.

Satan.

Jnsns.

Satan.

Jnsus.

Satan.

JEsus.

Satan.

Jssus.

Satan.

Décharge-toi sur moi de toutes tes peines; j’ai

trouvé le salut, ne crains pas, crois seulement.

N’est-ce pas une folie de croire une chose qu’on

n’a point vue?

Heureux ceux qui croient sans avoir vu.

Mille autres ont trouvé du secours; mais on ne

s’occupe plus de toi; pour toi point de conso

lation.

Attends et espère, ta force croîtra comme celle

de l’aigle.

Où est donc ton SAUVEUR? tu ne le vois ni ne le

sens.

La parole de Dieu est stable; et sa promesse il

l’accomplira certainement.

C’est dans sa colère que Dieu t’a abandonné.

C’est en t’humiliant que je t’exalte.

Où est maintenant ton Dieu?

Dans ta faiblesse tu deviens fort. Dans ta ma

ladie tu as recours à ton médecin.

Ne vois-tu pas que c’est en vain que tu pries,

que tu cries?

Jssus. Le SEIGNEUR a pitié du misérable, il exauce ses

Satan.

JESUS.

Satan.

Jssus.

cris et vient à son aide.

Si tu me sers, tu auras des biens et des honneurs,

rien ne te manquera.

Cherchez d’abord le royaume de Dieu et sa

justice , et le reste vous sera donné comme par

surcroît.

Mais où est l’accomplissement des anciennes

promesses? Où est ton Rédempteur?

Tant que tu ne regarderas que toi tu perdras

courage; mais porte tes regards sur le principe

_35_

et le consommateur de ta foi, alors le secours

est trouvé.

Satan. Tu apprendras plus tard que tes soins sont su

perflus; car tu mourras de mort.

JESUS. Celui qui croit en moi vivra, quoiqu’il meure.

Satan. Eh bien, va alors; cherche ton bonheur si tu

peux.

JESU3. Mon âme, loue le SEIGNEUR; que tout ce qui est

en moi loue son saint nom. Mon âme loue le

SEIGNEUR, et n’oublie jamais tous ses bienfaits.

Il te pardonne tous tes péchés, et guérit toutes

tes infirmités; Il rachette ta vie de ta tombe, et

te couronne de grâce et de miséricorde. Oh!

que chaque battement de ton cœur soit un sen

timent de reconnaissance, que chaque reprise

d’haleine, soit un chant de louange, pour Gelui

qui est mort pour toi, afin que tu Vives. Ré

jouis-toi, chante le triomphe de ton SAUVEUR,

exalte sa miséricorde, et comprends le cri de

son amour:

Tes larmes ont ceulé en abondance

Sur tes nombreux égaremens;

Pleure maintenant aux pieds_ de JEsus

En voyant sa grâce et sa bonté sans fin.

«Oui, mets—toi aux pieds de JEsvs comme un néant;

car Il veut être tout en tout pour toi; il faut que tu di

minues s’Il doit croître en toi.

Ce n’est que par am0ur qu’ll t’a ainsi châtié,

Oh! remercie-le, s’il vient a t’anéantir;

S’Il te rend chétif, petit, tu deviens grand en Lui,

C’est le sort le plus heureux, au sort digne d’envie.

_86_

Du 15 Septembre 1855 (un dimanche).

Chandani et moi, nous avions demandé à Mme Li

neweg si elle ne nous permettait pas de nous rendre

chez elle à une heure convenable, dans l’espoir de re

cevoir quelque avis du SEIGNEUR. Elle nous remit à cinq

heures du soir (heure à laquelle Lineweg avait coutûme

d’avoir ses réunions quand il était encore de ce monde).

Il faisait un temps magnifique, et Chandani m’en

gagea à faire d’abord un tour dans les champs. Nous

arrivâmes à un endroit d’où la chaîne de montagnes de

ma patrie, au-delà du Rhin, offrait un point de vue très

imposant. A cette vue je sentis quelques atteintes de

la maladie du pays, laquelle venait quelquefois m’as

saillir. Je me plaignis à Chandani de la peine que

j’éprouvais de vivre ainsi sans patrie. Il me dit que

notre patrie devait être là où ilyavait à travailler pour

le règne du SEIGNEUR; que pour lui, tout lui avait été

enlevé sur la terre; qu’il en avait fait le sacrifice, et

n’avait plus:d’autre désir que de voir arriver le règne

du SEIGNEUR. Je me disais bien aussi à moi-même que

tous mes désirs devaient être tournés vers le SEIGNEUR;

mais celui de vivre avec mes parents et mes amis, celui

d’agir plus directement sur une portion d’hommes, et

celui enfin d’avoir une fois un séjour fixe sur la terre,

venait de même se faire sentir. Ce fut au milieu de ces

réflexions et de ces causeries que nous arrivâmes chez

Mme Lineweg, et cela une demi-heure après le moment

convenu. Tout en entrant, nous apprîmes que le SEIG

NEUR faisait déjà sentir sa présence. Anna avait peineà

combattre l’esprit; depuis un quart-d’heure elle com

battait, aussi entra-t- elle immédiatement en état d’ex

-87

w

tase, et dit: IUn prêtre du SEIGNEUR est là et dit: écris.‘

Ces paroles, et le ton dont elles furent prononcées,

rappelèrcnt à la veuve ces heures paisibles de dévotion

pendant lesquelles le défunt savait si bien édifier la

petite société de chrétiens qui venaient chercher chez lui

la nourriture spirituelle pendant sa vie ; et elle ne put

s’empêcher de verser des larmes.

«Le SEIGNEUR l’avait donné, le SEIGNEUR l’a enlevé,

que le nom du SEIGNEUR soit béni! Voilà, dit la voix,

qui doit être votre consolation, ma chère femme, et mes

chers amies en Jésus-Cunrsr. Oh! qu’heureux est celui

que le SEIGNEUR visite dans le plaisir et la peine, dans

la joie et les tribulations! Ce que fait ton Dieu est bien

fait. Oh! chantez l’amour éternel, louez-le par des

cantiques d’allégresse. C’est à Lui qu’appartient lagloire,

à Lui l’amour. Alléluia! Amen.

«Réjouissez-vous: partout où deux ou trois sont

assemblés au nom de Jésus, Jésus est au milieu d’eux.

Et où est Jésus, là est la paix et la joie! Heureux qui

le reçoit; il reçoit Celui qui livra son fils unique à la

mort, afin que ceux qui croient en Lui ne soient point

perdus, mais qu’ils aient la vie éternelle. Heureux celui

en qui vit Jésus; il vaincra le monde. Et bien qu’il soit

quelquefois inquiet, qu’il ne se décourage pas; son Sau

veur lui dit: Dans le monde vous avez de la peine, mais,

consolez-vous, j’ai vaincu le monde. Réjouissez-vous,

bien-aimés, et louez le SEIGNEUR quand Il vous humilie,

quand Il vous abaisse et vous réduit au néant. Il veut

faire de vous une œuvre admirable pour la gloire de

son saint nom. Pour vous donner tout, Il vous enlève

tout; pour qu’Il devienne tout pour vous, il faut que

vous soyez réduits à néant. Patientez, mes amis, dans

.' -38—

cette école de la souffrance et de la grâce. Pensez que

ce qui est amer dans la bouche est favorable à la santé.

Le SEIGNEUR, le Dieu de miséricorde, Il vous fait des

cendre d’abord avec Lui dans les enfers, où Il est des

cendu Lui-même; c’est dans ce creuset qu’il vous pu

rifie comme de l’or, afin que votre foi devienne réelle

et véritable; afin qu’elle devienne agissante dans la cha

rité. O âme chère et précieuse, si tu épreuves cette

grâce qui châtie pour le bien, ferme la bouche et adore.

Jette-toi dans l’abîme de l’amour lequel te purifie de

toutes tes scories, et te rend propre à devenir un ci

toyen du royaume céleste. Oh! quand la grâce de notre

SEIGNEUR et Sauveur JESUS-CRRIST, auquel appartient la

louange et la gloire à jamais, brise bien ainsi un cœur

pécheur, ce n’est autre chose que l’action puissante de

l’Esprit qui procède du Père et du Fils. C’est là cet

attrait ineffable du Père que l’on n’exallera jamais assez

pendant l’éternité, qui pousse vers le Fils, lequel il son

tour porte la brebis égarée sur ses épaules, la porte au

Père, la place dans son cœur, et la ramène ainsi dans

sa véritable patrie. Vous êtes des pèlerins et des étran

gers ici bas: et vous êtes heureux de l’être, car tous vos

vœux, tous vos désirs vous portent vers le lieu où vous

devez demeurer éternellement. Si différentes choses

vous pèsent sur la terre, mes bien-aimés, pensez que

v0us êtes en voyage, et que naturellement vous devez

rencontrer diverses incommodités; que toutes ces peines

et ces amertumes ne font qu’augmenter chez vous la

maladie du pays. Toutefois, mes bien-chers, ce ne sont

pas les peines, ce ne sont pas les chagrins qui doivent

produire en vous le souhait de mourir pour être auprès

de CHRIST. Il faut que la maladie du pays devienne

_89_

pure chez vous: l’amour, l'amour ardent tout seul, pour

votre RÉDEMPTEÙR, votre Sanctificateur, pour l’Ami de

vos âmes; cet amour seul doit vous rendre assez ma

lades pour que vous puissiez dire avec vérité et de tout

cœur: c’est l’amour du SEIGNEUR qui me fait désirer ma

dissolution. Vous éprouverez alors combien votre JESUS

s’empressera de vous réjouir de ses fleurs, et d’étancher

votre soif du jus de ses pommes ’). 0 mes petits en

fants, je vous le répète, apprenez à aimer, et vous avez

tout appris.»

Mme Lineweg fut appelée en ce moment, et nous

l’entendimes bientôt causer avec le médecin dans la

chambre à côté. Le Bienheureux dit alors d’un ton plus

bas; mais avec un grand sentiment de joie: «Réjouis

sez-vous, mes bien-aimés, réjouissez-vous; encore un

peu, et nous serons tous consolés par le SEIGNEUR; et

alors notre joie ne sera plus interrompue. —- Continue

d’écrire mon ami. » .

«Ecoutez, bien-aimés, ce que JESUS'V0us dit:

Le danger vous presse-t-il de tous côtés,

Faites ce que fait un enfant,

Il remet tout aux soins. de_sa mère,

Il se réfugie dans son giron et s’endort.

«Je t’ai aimé depuis longtems, dit le SEIGNEUR, je

t’ai toujours aimé; voilà pourquoi ma bonté t’a attiré

jusqu’à moi.. Ce n’est point toi qui m’as choisi, c’est

moi qui t’ai choisi. J’ai tout fait pour vous: et vous,

‘) Les fleurs, dans la langue céleste, signifient les joies pro

venant du vrai spirituel (Apoc. expl. 507); les pommes

les joies provenant du bien spirituel (ibid. 458). .

I _ % _

qu’avez-vous fait pour Moi? Je ne demande qu’un

retour d’amour, continue JESUS: pouvez-vous me le refu

ser? Je vous place comme un cachet sur mon cœur;

laissez-vous donc bien éprouver par mon amour. Mon

trez par votre conduite, que la grâce a créé en vous la

charité; prouvez par là que tout ce que JESUS vous en

voie, vous le recevez comme un gage d’amour. 0 mes

chers petits enfants! cet amour vous rendra bienheureux;

il rendra doux tout ce qui est amer; et le plus précieux

de tous les joyaux, l’heureuse paix du SEIGNEUR, ne sera

plus troublée chez vous; car vous direz sans cesse:

C’est le Père qui agit. Quand votre foi sera attaquée

au point que vous croyez que tout est fini, ômes bien

aimés, c’est alors que le soleil de la grâce est le plus

près de vous! C’est de sa chaleur que vient la couleur

brune de la Sulamith. Oh! réjouis-toi, âme bien-aimée,

le Père se souvient de son enfant, le Pasteur de sa

brebis, l’Epoux de son épouse. Patientez, bien-aimés,

patientez avec l’homme de Dieu, et chantez de tout cœur

avec lui ce cantique de la confiance: Malgré cela, je

serai toujours avec toi, SEIGNEUR (P5. 75, 25). Oui, mes

bien-aimés, celui qui demeure inébranlable malgré tous

les revers, verra enfin arriver le Libérateur, qui ne

laissera pas éternellement souffrir ses serviteurs. Il le

mènera enfin à son but, son unique, et à un but glorieux.

Après qu’Il l’aura conduit selon sa sagesse ici-bas, Il

le recevra en honneur; et Il lui donnera un nouveau

nom, que personne ne connaît que celui qui le reçoit.

Et comment, direz-vous, faut=il entendre ce nouveau

nom? Le voici: ce nom, mes bien-aimés, est frappé au

coin du caractère qu’imprime à chacun la course de

sa vie. Le bienheureux qui s’est endormi dans le

_91_

SEIGNEUR, porte un regard en arrière sur toute la car

rière de sa vie terrestre; cette vue le porte à l’éternelle

louange de Dieu; car il voit ce qu’il a été; et il voit ce

qu’il est devenu par l’admirahle munificence de Jésus!

Il voit Ïquelle route il aurait prise, si le Bon Berger

n’eût eu pitié de lui, et ne l’eût reçu en grâce; il se con

naît, il connaît son nouveau nom.

C’est de là, mes bien-aimés, que vient le chant

éternel des bienheureux, et leur éternel Alléluia:

Le SEIGNEUR est venu a mon secours ,

Le SEIGNEUR m’a sauvé,

Son sang m’a lavé,

Il a en pitié de moi.

Je serais perdu maintenant

S’Il ne fût accouru a mon cri;

C’est Lui, c’est Lui qui m’a racheté!

Il m’a attiré à Lui.

A Lui la gloire!

Sa fidélité et sa grâce

Demeurent à jamais. Alléluia. Amen.

. Maintenant, mes bien-aimés, le SEIGNEUR votre

Rédempteur vous a fortifiés, allez donc et témoignez

Lai votre gratitude par un cantique de louange. Edi

fiez-vous les uns les autres en vous entretenant de ce

que vous avez entendu. Que le SEIGNEUR notre Sauveur

à tous, le SAUVEUR unique, bénisse vos cœurs, afin

qu’ils portent des fruits de gloire et de salut en CHRIST.

C’est son amour qui m’a porté à vous parler. — Ré

veille. '

Je relus toute la relation, afin qu’Anna en eût

aussi connaissance. Nous chantâmes quelques cantiques

sur l’amour du SEIGNEUR. Mon cœur était rempli de joie.

Quelquefois je frissonnais en pensant à ces événements

6..

_92_

supérieurs; mais je pus chanter sans fatigue, et plus

longtems qu’à l’ordinaire.

Du ’19 Septembre 1855.

Je n’avais pas l’intention d’aller aujourd’hui visiter

la famille Lineweg. J’étais au musée à étudier, entouré

de Journaux savants et politiques; au milieu de tout

cela je me sentais de tems en tems poussé de m’y rendre.

Je me raisonnais, je trouvai des raisons de rester, et

me remettais à l’étude. Enfin pourtant je cédai, sou—

riant en moi—même de cet esprit inquiet. Mais déjà à la

porte je rencontrai Chandani qui s’était de même senti

pressé d’aller dans cette famille. Nous n’avions nulle

idée, ce jour-là, de vouloir entendre quelque chose

par la voie surnaturelle. Seulement le matin nous nous

étions entretenus péniblement de notre position; nous

nous étions confié mutuellement les peines de nos cœurs,

nous plaignant de ce que même nos travaux relatifs au

règne de Dieu, auxquels nous avions sacrifié notre re

pos, n’avançaient point et se trouvaient contrariés de

tant de façons. Mon ami ne s’était de même décidé à

venir que parce qu’il n’avait pu combattre plus long—

tems les sollicitations intérieures. Cependant entrés

chez Mme Lineweg, Chandani n’eut que le tems de lui

donner quelques nouvelles consolantes touchant ses

enfants, en confirmation des promesses que le SEI

GNEUR en avait faites, quand Anna fut aussitôt ravie en

esprit, et que je fus dans le cas de préparer la plume

et le papier. c Oui, mon ami, dit le Bienheureux, tu

peux écrire. '

c Vous savez assez, mes bien-aimés, continua-t-fl,

quel est celui que l’amour presse de venir vous entre

-95

tenir; c’est un envoyé du Roi de vos âmes et de l’auteur

de votre félicité. Que JÉSUS-Cmusr, la couronne de vie,

soit toujours avec vous, afin que vous soyez liés toujours

plus étroitement par les liens de son saint Esprit, et

que par ses communications vous soyez de plus en plus

enracinés dans la vraie liberté des enfans de Dieu. C’est

l’amour, l’amour fidèle de JESUS qui fortifie et renou

velle continuellement, et qui là même où il frappe,

n’ouvre la plaie que pour la guérir plus radicalement.

Voilà ce qui vous arrive dans ce moment, bien-aimés

dans le SEIGNEUR; c’est le pur amour de JESUS qui vous

visite: le SEIGNEUR châtie ceux qu’il aime. Oh! qu’heu

reux est celui sur qui tombe ce châtiment de l’amour!

heureux celui qui s’y soumet, non seulement parcequ’il

le faut, mais volontiers et avec un plein consentement.

Les plus riches bénédictions tombent sur lui à chaque

pas. Vous êtes comme chassés, pour le moment, mes

frères dans le SEIGNEUR, mais consolez-vous, ce n’est

aussi que pour un moment; vous êtes comme une petite

plante méprisée; mais soyez tranquilles et joyeux, votre

trésor est dans le ciel; le jardinier des grâces vous y a

transplantés, dans la prairie de son immense amour.

C’est Lui, c’est le Dieu éternellement fidèle qui vous

conduit, et cela par des chemins dont l’entrée est extra

ordinaire, et la fin glorieuse. O cœur d’ami, cœur de

père, ne saigne plus, ne saigne jamais plus; c’est le bon

pasteur qui est le Maître, l’Ami, le Protecteur de ces

enfans qui sont bien plus siens que tiens. Oui, ils sont

à Lui, et il conserve ce qui Lui appartient. Oh! que

tu es heureux d’avoir répondu à l’appel de l’amour

éternel te préparant une bénédiction en te disant: «Mon

ami, laisse ces petits enfans venir à moi. Je veux les

-94_

élever pour ma gloire, pour ta félicité. Tu les as

bénis en moi, et je les ai bénis en toi, en les enrichis

sant de la semence du salut. Vois, cette semence est

placée profondément dans leurs cœurs, comme un or

précieux qui ne prend point de rouille. Moi-même, je

me les conserverai comme ma propriété; car en vérité, je

te le dis, la faiblesse de leur mère ne leur sera point

mortelle) Voilà mon ami, la promesse que t’a faite le

SEIGNEUR ton Dieu, et sa parole est stable éternellement.

Il est le Dieu d’amour; l’Ancien des Jours. Il a été hier,

il est aujourd’hui, et sera le même à toujours et à jamais,

Amen.

«Et toi, mon plus jeune ami, apprends que tes

prières, tes soupirs et tes supplications pour ces petites

brebis, ont aussi pénétré jusqu’au cœur du Père. 0

mon ami, il y a toujours autour de vous un certain

nombre de bienheureux, dont le bonheur est chaque

fois enflammé par la joie que vous leur préparez en

faisant des prières qu’il leur est permis de porter au

sein de Celui qui peut les exaucer. Si après une prière,

après une sollicitation bien intime, tu sens comme un

frisson qui pénètre tout ton être, oh! réjouis-toi, c’est

que tu as reçu de la part d’un ange le baiser de paix et

d’amour au nom du Dieu de miséricorde. Oh! alors

laisse monter librement ton cœur vers Celui qui a tout

fait pour toi; et sois réjoui en Lui. Et si Satan, dans

sa méchanceté infernale t’envie cette bénédiction, et te

tourmente par des inquiétudes intérieures, alors soupire

simplement après ce Jasus, dont l’amour est toujours

ancien et toujours nouveau, et tu sentiras

Qu’un regard porté vers Lui

Ramène mille et mille bénédictions.’

-95...

Sois persévérant dans la prière; demande instam—

ment à ton Dieu qu’il fortifie ta foi, qu’il augmente ta

charité, qu’il te conserve l’espérance, qu’il entretienne

ta patience, et assure ton humilité. Et tout te sera ac

cordé; car le SEIGNEUR s’est donné lui-même à tous, et

à vous tous, comme Conseil, Force, Héros admirable,

comme Père de tous les siècles, et comme Prince de la

paix. Heureux celui qui l’a reçu, il est la proie du ciel;

Alléluia! Amen.)

Je me rappelai qu’avant de sortir de chez moi le

matin, j’avais lu la sentence citée plus haut; que je

l’avais méditéc, et je le lui dis: Ah! répondit-il, j’ai

souvent fait la même surprise à ma femme, en trahis

sant ainsi ses pensées. Mais, ma chère, ajouta-t-il, tu

peux réveiller maintenant; le Dieu de gloire, le Sauveur

riche en grâces vous a comblés de toutes ses bénédic

tions.‘

Il est vrai que nous nous sentions tout renouvelés,

et tout humiliés à cause de notre indignité. -— Je dois

encore ajouter que quelques jours auparavant, d’après

une invitation de Lineweg, sa femme m’avait conseillé

de lire la vie de quelques âmes pieuses par Tersteegen,

afin de méditer sur la conduite du ciel à leur égard.

Du 25 Septembre 1855.

La respectable veuve souffrait depuis plusieurs ours

d’un rhumatisme très—douloureux au bras, pour me servir

de l’expression par laquelle elle désignait un mal bien

plus sérieux et plus grave. Depuis assez longtems je

magnétisais de l’eau pour elle; et elle s’en trouvait bien

comme bien d’autres personnes, s’en étaient servies

avec confiance. Mais alors son mari lui dit le soir, de

_96_

m’engager à lui frotter le bras immédiatement; vu que

le SEIGNEUR m’avait accordé beaucoup de force magné

tique. Je m’y rendis donc ce soir, bien charmé de pou

voir rendre quelque service à une personne qui m’était

si chère, et j’allais commencer les frictions, lorsque

nous apperçumes chez Anna les symptômes de son état

supérieur. Comme on venait de laver le cabinet, aussi

bien qu’une autre pièce voisine, et que je craignais

l’humidité pour ma patiente, je proposai de rester dans

le salon; ce que néanmoins Madame n’approuva pas,

dans la crainte d’être dérangée par des visites. Nous

conduisîmes donc Anna dans le cabinet; mais déjà en

chemin elle commença à parler:

«Votre fidèle ami est là, dit la voix: si je n’avais

pas su qu’il y a encore une petite place sèche dans la

maison, je me serais bien gardé d’influencer Anna en

ce moment; pourquoi ne la conduisez-vous pas dans

mon ancien petit oratoire?

(C’était un tout petit cabinet à côté de la première

chambre de Lineweg, auquel nous n’avions effectivement

point pensé; et nous y fîmes passer Anna, tandis que la

voix disait: Contentons-nous pour cette fois de ce petit

coin.)

Lui. Des âmes qui demandent peu pour être heureuses

savent se contenter de la plus petite chose. Je

voulais te dire, avant tout, mon cher cœur, de ne

jamais laisser l’eau ainsi bénite, ou magnétisée,

sans fermer la bouteille.

Elle. Je ne la laisserai plus ouverte; la vertu sans doute

s’évapore.

Moi. Ou bien de mauvais esprits pourraient la dénaturer.

97

Elle. C’est encore vrai, l’ennemi en approche plus fa

Lw.

cilement. .

Cette dernière raison est la véritable. -— Ecris

maintenant quelques mots, mon cher ami:

«Je vois que tu es toujours encore un peu ti

mide dans tes demandes: cela ne vaut rien; sois

tout-à-fait libre et abandonné avec ton ami. Il

faut que tu saches que quand notre glorieux RE

DEMPTEUR était sur la terre au milieu de ses dis

ciples, et conversant avec eux, Il voyait bien sou

vent leurs pensées et leur désir de l’interroger,

sans pourtant leur en parler. Il se conduisait, en

attendant, comme s’Il ne le savait pas. Et pour

quoi cela? C’est parce qu’Il voulait qu’ils arri

vassent au point de Lui parler avec franchise,

d’aller à Lui avec une pleine confiance, et de Lui

adresser hautement les questions qu’ils avaient à

Lui faire. Et chaque fois Il leur répondait avec

une bonté inconcevable. Lui, qui est omniscient,

n’avait point besoin de l’intermédiaire d’un son

matériel, pour savoir tout ce qui était dans l’homme ;

mais Il voulait faire sentir à tous la dépendance

pleine de grâce dans laquelle ils vivaient. Tu

n’as point non plus, mon cher ami, à te gêner en

rien devant mon épouse. Comme femme, comme

mère, comme amie, elle a acquise assez la connais

sance des choses de ce monde; ne crains donc

pas de lui faire part sans aucune gêne de l’état de

ton intérieur. Et qui donc désire plus sincèrement

le bien d’un enfant que sa mère? Vois-tu? l’amour

de CHRIST me presse de te dire tout cela. Tu re

çois aussi en ce moment ton petit emploi de béné

' 7

_98_

diction: un bienfait en vaut un autre. Le SEIGNEUR

ton Rédempteur t’a accordé beaucoup de feu élec

trique, ct tu es disposé à employer ce feu pour

sa gloire; tu sais que c’est une grâce qui vient de

Lui, et que c’en est une nouvelle de servir entre

les mains de son amour, et en son nom, d’instru

ment au soulagement de ses semblables. Conti

nue donc tes fonctions. (Lineweg aussi pendant

sa vie avait en la main très-bienfaisante ; sa femme,

comme beaucoup d’autres personnes en avait res

senti les heureux effets.) Frotte au nom du Dieu

Trois fois saint, ce présent de Dieu , ma chère

femme, depuis l’épaule, le long des bras jusqu’aux

bouts des doigts, en faisant un mouvement comme

si tu voulais rejeter quelque chose.

(Madame me montra comment son mari avait

toujours fait.) Elle lui demanda, sije devais aussi,

comme lui, faire les passes au nombre de neuf; il

répondit qu’oui. De cette manière, ajouta-t-il, tu

reçois à mesure que tu donnes. Au nom du SAU

vEUR, il sortira à chaque passe une vertu salutaire

de toi; mais le Dieu d’amour te la rendra à me

sure et avec usure.

Moi. Je sens parfaitement que cette vertu que je com

munique, ne peut venir que de Dieu; car moi-même

je suis naturellement très-faible. Je me sens sou

vent entièrementprivé de force; tandis que d’autres

fois je me sens plein de vigueur; surtout dans les

mains, qui sont alors comme chargées; au point

que je sens distinctement l’influence qui survient:

mais moi-même je suis faible.

Lui. Quand tu es faible, c’est alors que tu es fort;

99

Moi.

Lui.

Elle.

Moi.

Lui.

car c’est dans les faibles que Dieu est puissant.

Commence donc au nom glorieux de notre SEI

GNEUR JESUS-CIIRIST. Quand cela ne procurerait que

quelques heures de soulagement, mes bien-aimés,

cette œuvre de charité ne serait point sans objet.

Assurément; et d’ailleurs, il n’y a que du plaisir

à rendre quelque service à des personnes que l’on

aime et que l’on honore.

Crois-moi, ma chère, je connaissai trop bien mon

ami, pour ne pas savoir que je pouvais m’adres

ser àlui. (Madame, dans la crainte de me prendre

du tems et de la force, n’avait pas voulu me faire

part des soins dont son mari me chargeait.) Il

fera certainement tout ce qu’il pourra, et avec

plaisir; et certes aussi, dans ces cas là, la béné

diction du SEIGNEUR n’y manquera pas. Toutefois

rappelez-vous, qu’en tout ceci, le succès est en

tièrement entre les mains du SEIGNEUR, dont la

volonté seule soit faite en tout et partout.

Je suis en cela entièrement soumise au SEIGNEUR;

Il sait bien qu’il est nécessaire que j’aie ce mal,

sans cela lui-même pourrait me l’ôter tout-à-fait

en un instant.

Son intention est de laisser à d’autres le plaisir

de soulager de semblables souffrances, en leur en

donnant le pouvoir..

Enlever, en ces cas, toutes les souffrances, ce se

rait enlever en même tems toutes les bénédictions.

Apprends par là, mon ami, apprends de nouveau

quelle est la fidélité de ton Dieu, qui s’occupe avec

tant de bonté de notre enveloppe de poussière,

et qui a imprimé tant de majesté à notre corps

71

100 -

mortel. Combien plus de soin encore ne doit—il

point avoir de notre âme immortelle? Combien

ne doit-il pas attacher d’importance à ce qu’elle

soit perfectionnée, rendue digne de Lui et de sa

félicité? Donc, mes bien-aimés, revenons toujours

au point principal: Celui qui n’a point épargné

son Fils unique, mais l’a livré à la mort pour

nous donner la plénitude de la vie, comment, avec

ce fils, ne nous aurait-il pas tout donné? Que ce

soit là, mes bien-aimés, le fruit de sa bénédiction

d’aujourd’hui sur vous.

Peu de paroles, mais beaucoup de bien,

C’est JESUS qui I’opère en nous,

Lui, le fidèle, le véritable ami,

Il nous a toujours voulu du Bien.

Alléluia, Amen.

«Fais remarquer encore à mon ami, ajouta-t—il, ma

chère, qu’il y a dans sa dernière relation un endroit

inexact; le mot enflammer (entzi‘mden) doit remplacer

celui d’éprouver (empfinden). (On peut voir plus haut

(page 90) que j’avais bien employé le mot éprouver,

mais je l’avais placé avec quelque répugnance.)

«Encore un mot pour terminer, dit-il avec rapidité,

j’ai deux choses à vous proposer, vous en ferez l’une

ou l’autre aujourd’hui, et le tout à une prochaine ré—

union; édifiez-vous par un cantique de louange, ou tirez

au sort quelques miettes des grâces de la parole de

Dieu.”

Madame voulut que je décidasse. Ence cas, dis-je,

je voudrais de tout mon cœur chanter au SEIGNEUR un

cantique d’actions de grâces pour tant de bienfaits reçus

-—IOI-—

de Lui en ce. jour, entre autrgs pour ses lumières sur

plusieurs passages de la Parole.

Lui. Bien; faites cela; et toi aussi, ma chère, au milieu

de tes souffrances, le SEIGNEUR a souvent tourné

sur toi un régard de miséricorde; tu peux bien

aussi mêler ta voix aux cantiques de louange et

de gratitude. Le remercier est une prière nou

velle. Et maintenant, mes bien-aimés, que le

SEIGNEUR demeure avec vous; et si alors votre

sentier vient quelquefois à s’obscurcir, vous avez

sa lumière, Il est la lampe de nos pieds. Amen.

Du 24 Septembre 1855. ’

Je remarque seulement pour ce jour que j’ai fait les

frictions ordinaires au bras de la Dame soulfrante, qu’elle

a ressenti une grande chaleur au simple contact de mes

mains, et que son mari lui a fait savoir le soir que le

SEIGNEUR avait contribué à ce bien-être par sa sainte

présence.

Du 26 Septembre 1855.

J’eus de nouveau à passer quelques heures téné—

breuses; quelquefois c’était un fond d’inquiétude inex

plicable, quelquefois le chagrin causé par de nouvelles

découvertes de la dégradation de mon être; quelquefois

encore l’insénsibilité, l’indifférence glaciale que je sen

tais pour tout bien; et enfin une foi toujours languis

saute et sans activité. Comme Lineweg m’avait engagé

avec tant de bonté à lui parler sans gêne, je me propo

sai de l’interroger, à la première occasion, sur cet état

d’inquiétude; afin de savoir comment j’avais à m’y con

duire. Aujourd’hui donc, tandis queje passais les'mains

—102—

sur le bras souffrant, Arma entra tout-à-coup en extase

et dit: «L’ami de son ami est là, il désire que l’on écrive. ’

«Loué soit le SEIGNEUR qui nous a fait la grâce de

lier une de ces amitiés qui durent éternellement. C’est

Lui, c’est l’amour éternel qui l’a fait; ce qu’ll lie tient,

ce qu’Il noue ne peut plus se dénouer. Celui dont le nom

est admirable nous a aussi fait faire connaissance d’une

admirable manière: que ce soit pour sa gloire et notre

salut! D’où peut venir, mon ami, que Dieu ne t’ait pas

conduit ici deux ans plus tard, comme cela pouvait

tout naturellement se faire? Ah! Lui, qui sait tout, n’a

p -’nt agi sans de sages raisons. Il conduit tout à des

fins si admirables! qu’ll soit loué et béni à jamais. Com

bien il est consolant pour nous d’avoir appris de sa

bouche, que toutes choses (souligne ces mots) tournent

à leur plus grand bien, pour ceux qui aiment Dieu. Je

sais très-bien, mon ami, que dans les premiers moments,

mon jour de naissance pour l’éternité te paraissait avoir

été trop hâté. (Oui, à lui et à beaucoup d’autres, ajouta

Madame en pleurant.) Eh bien, s’écria-t-il, maintenant

par la grâce n’es-tu pas devenue, toi, plus résignée?

n’as tu mieux renoncé à ta propre volonté? Tu Lui en

sais gré; et cela aussi le SEIGNEUR l’a bien fait. — Je

conçois bien, ma chère femme (elle continuait de pleurer),

que tout cela tu ne peux "à présent le bien reconnaître

que comme chrétienne, par la foi, la charité et l’espé

rance: mais sois sûre, que quand un jour ton tour vien

dra de passer à l’état de clarté, tu verras de tes propres

yeux, et tu reconnaîtras avec une profonde gratitude, que

le meilleur moment de mon départ était l’heure de dé

livrance choisie par le SEIGNEUR. — Et toi aussi, mon

ami, sois en persuadé. Tout ce qu’îl fait est bien fait

—105—

Pensez que c’est l’amour même qui a tout :irrangé; alors

la douleur elle-même vous paraîtra douce. Celui qui

connaît le SEIGNEUR JESUS, n’a pas besoin d’autre chose.

Si vous le possédez réellement, mes bien-aimés, vous

possédez tout, et vous ne manquez de rien. Tout ce

qui est à Lui est à vous. Quel baume pour le cœur hu

main, qu’une pareille assurance! Plus d’une fois vous

vous êtes écriés vous-mêmes: Si ta parole, Seigneur,

n’eût été ma consolation, j’eusse péri dans ma misère.

Voilà, jusqu’où, mes bien-aimés, l’amour éternel a étendu

ses soins. Il n’a préparé que des choses précieuses et

admirables pour ceux qui se donnent à Lui. Vous n’avez

qu’à demander, pour recevoir avec abondance; vous

n’avez qu’à étendre les mains et prendre. Sans doute,

mes bien-aimés, l’amour éternel connaît les jours et les

heures mieux que vous; mais rassurez-vous,

Quelque étroit que soit le sentier

Quelque mauvais, quelqu’ahandonné!

Quel que soit le nombre des épines

Et des croix dont il est semé;

Traversez le désert,

Avancez toujours, avancez!

Nous suivons notre guide,

Et nous sortirons triomphants.

«N’est-ce pas, ma chère femme, c’est une expérience

que nous avons souvent faite?

Elle. Assurément. Mais ces vers me paraissent si connus?

Sont-ils tirés d’un cantique, ou les ai-je déjà en—

tendus réciter dans l’état extatique?

Lui. Tu voudrais le savoir?

Elle. Oui, s’il n’y a point d’obstacle.

Lui. Petits enfants, venez, allons, etc.

104

Elle. Ah! je inc le rappelle! C’est un cantique qu’il a

Moi.

Lu 1‘.

Moi.

Elle.

La1.

Moi.

Lul.

souvent récité en forme de prière dans ses réu

nions. Il en savait un grand nombre.

Ces vers peignent parfaitement mon état; mais

comment percerai-je à travers les buissons et les

épines? Je m’y arrête plein d’inquiétude et de

découragement.

Cela arrive souvent au voyageur. Nulle part il

n’aperçoit d’issue; devant lui, il voit l’obscurité,

derrière lui les ténèbres: mais il faut néanmoins

qu’il prenne courage.

Quelqu’obscurité qu’ofl're l’horizon,

Quelque oppressé que soit ton cœur,

Un seul regard vers Celui qui règne aux cieux

Ramène la paix et la tranquillité.

Vois-tu, ma chère femme, il faut que je fasse aussi

part à mon ami du trésor que j’ai amassé.

Les cantiques impriment admirablement certaines

vérités dans l’esprit et le cœur.

Tout y est dit avec simplicité et avec concision.

Savez-vous, bien-aimés, ce qu’il y a de meilleur

dans tout cela? c’est que les vérités et les senti

ments exprimés entrent dans la vie et la conduite.

C’est bien vrai; je voudrais pouvoir y réussir.

(Le sourire perçait dans son ton de voix.) Toi tu

ne peux rien faire, quelque peine que tu prennes;

réunis toutes tes forces, toutes tes pensées, toutes

tes facultés, tu ne parviendras à rien de réel;

mais rappelle-toi ce mot: Je puis tout en‘Celuz’

qui me fortifie, savoir, en Camsr.

——.105—

«Il serait possible que tu dises en toi-nième, mon

cher ami, (et je me le disais réellement): La sentence

rappelée plus haut, qu’un régard vers JESUS-JEHOVAE

ressuscité des morts, rétablit aussitôt la paix dans l’âme,

ne s’est point encore vérifiée en moi. Mais ne crains

pas, ceci—même (souligne ces mots), ceci—même est pour

ton bien, et doit t’y conduire. — Et comment donc cela

mon REUEMPTEUR, ô Pasteur de mon âme? —— Le voici,

chère brebis: Il faut que tu fasses des progrès dans la

vertu de patience. — Dans la patience? — Oui, mon

fils, dans la patience; car la patience est nécessaire à

ceux qui combattent sur la terre. — Et à quoi donc doit

elle me servir, mon cher Maître? - A devenir fort,

mon cher disciple, dans l’accomplissement de la volonté

de Dieu.

«Quand tu ne vois plus rien, quand tu n’entends

plus rien, et que tu crois être entièrement émoussé, obtus,

incapable; alors va, ou si tu ne peux marcher, traîne

toi, auprès de JESUS, ton éternel ami, qui ne connaît

point de changement, et tiens-toi simplement dans sa

présence. —

Moi. Voilà précisément mon état. —- Mon Dieu! qu’il

est étonnant, dis-je à Mme Lineweg, que l’on ré

ponde ainsi à mes pensées les plus secrètes! Au

jourd’hui même, quand j’avais le cœur si oppressé,

j’avais prié le SEIGNEUR de me consoler par sa pa

role, et en l’ouvrant je.tombai sur le passage du

Bon-pasteur et de ses brebis. Combien ce passage

est beau, me dis—je, mais il faudrait être réellement

une brebis du SEIGNEUR. Il est dit: elles entendent

ma voix et me suivent; mais quand on est sourd,

que l’on n’entend pas, et boiteux et que l’on ne

106

Moi.

Lui.

Moi.

Lui.

Mai.

peut marcher: qu’y a-t-il à faire? Alors on ne

lui appartient pas.

Tu vois du moins par là, mon ami, que tu es l’ob

jet des attentions de ton SEIGNEUR: tu n’es donc ni

abandonné, ni négligé, mais simplement éprouvé.

Je voudrais bien endurer cette épreuve, mais je

voudrais aussi savoir commentje dois me conduire.

Dis, ou plutôt bégaie, ces mots, en t’adressant au

cœur de JESUS comme au cœur d’une mère : SEI

GNEUR parle, car ton serviteur écoute. Et même

alors, quand tu n’entendrois pas un mot de ré

ponse, il ne faudrait pas perdre courage. Car tu

te rappelles, toi, qu’une tendre mère, tout en de—

meurant muette, jette encore un regard indéfinis

sable sur son nourrisson dans ses bras!

Il est vrai, l’amour d’une mère caractérise le mieux

l’amour du SEIGNEUR.

Eh bien, si tu t’abandonnes entièrement à cette

mère, tu n’as plus à t’inquiéter de ton éxtérieur

dérangé, malpropre, taché. Un nourrisson ne se

salit-il pas dix fois par jours? et arrive-t-il jamais

que la bonne mère le laisse dans cet état? sa

tendresse se décourage-belle? ou prend-elle de

l’humeur? — 0 mon ami! et quand il arriverait

qu’une mère oubliât son enfant, sois assuré, en

présence de notre SEIGNEUR à qui rien n’est caché,

et qui est la vérité même, que JESUS-CRRIST, plus

tendre et plus fidèle que toutes les mères, ne

t’oubliera pas; que tu es toujours présent à ses

yeux, et que tu lui as été gravé dans les mains et

dans le côté!

Oh! cet amour est si grand qu’on ne peut y croire.

107

Lu1.

Et toutefois je sais que je ne surmonterai Satan

que quand cet amour sera devenu bien vivant dans

mon cœur et que je croirai queje suis aimé. Voilà

pourquoi Satan met tout en œuvre pour ne me

point laisser parvenir à cette foi, et qu’il me re

proche continuellement mes péchés.

Comment donc, un amour éternel, indicible, incon

cevable, immense, sans bornes, et qu’aucune langue

ne saurait décrire, comment ne pourrait-il point

avoir pitié, même du plus misérable des pécheurs?

Pour qui cet amour s’est-il fait crucificr? pour

qui s’est-il fait fouetter, martyriscr, couvrir de

crachats, maudire, persécuter àmort? Pour qui?

-— Pour une âme que le père du mensonge, le

meurtrier dès le commencement, a laissé languir

dans son sang. Voilà ce que déplorait l’Etcrnel;

voilà ce qui porta son incompréhensible charité

à abandonner le séjour des parfaites félicités, à

s’abaisserjusqu’à terre, à étendre sa main miséri

cordiense, et à saisir cette pauvre âme, perdue

sans Lui. Il fit plus cet amour! Il fit couler le

baume précieux et bienfaisant de son huile sur

cette âme; Il lui donna à boire la boisson de la

vie, le vin qu’il produit lui-même comme le véri

table cep ‘). Cet amour, il prit soin de cette âme

pour le passé, pour le présent et pour le tems fu

tur. 0 mon ami, le SEIGNEUR, l’ami des pécheurs,

t’a appelé, t’a élu, pour être la proie de cet amour.

Oh! attends donc avec patience: ton Protecteur

‘) L’huile signifie l’amour divin (Apoe. expliq. 575, 684); le

vin la vérité divine (ibid. 252, 576, 1152).

108

Moi.

Elle.

0l.

Lui.

Moi.

Lui.

est Celui devant qui doivent se ployer les genoux

de tout ce qui est dans les cieux, sur la terre, et

sous la terre! Et il est fidèle, mon ami, sois en

assuré, ce RÊDEMYTEÜR, ce SAUVEUR plein de misé

ricorde et plein d’amour.

Il aide à tous et toujours

Non quand l’homme le pense,

Mais au tems qu’il le faut.

Amen.

«Ajoutez tout ceci aux trésors que vous avez déjà

déposés dans vos cœurs.

Hélas! quel désert dans le mien! tout m’est enlevé

à la fois; car je ne puis encore croire fermement.

Et pourquoi ne croiriez-vous pas? Croyez donc

enfin sans retour.

Je le voudrais bien, mais le péché m’en a ôté la

force.

La foi est un don de la grâce.

Oh! je le sens bien; je ne puis qu’une chose, prier

que Dieu me donne la foi et la patience.

La patience est souvent mise à unelongue épreuve;

mais tout-à-eoup le secours arrive, et il arrive avec

puissance (ces derniers mots il les prononça avec

une énergie particulière). Sais-tu, mon ami, qui

a prononcé un jour ces paroles: J’ai prié pour

toi afin que ta foi ne succombe pas? Il t’adresse

ces mêmes paroles; le fidèle Intercesseur dans les

cieux, prie pour toi, il prie avec toi; et quand

l’heure sera venue, quand ce sera pour ton bon

heur, alors tu recevras la foi dans toute sa pléni

tude.‘

Le lendemain matin en tirant des sentences au sort,

—109—

il m’échut la suivante: La part de ceux qui se dé;

couragent est dans l’étang de feu (Apoc. 21, 8.). C’était

un rayon bien lumineux tombant dans mes ténèbres. Je _

me dis: Évidemment tu es timide et découragé, voilà

ton défaut. Risque donc une fois ta vie dans l’entre

prise: que peux-tu y perdre? Une vie dans la foi au

SEIGNEUR est toujours plus noble, qu’une vie sans elle,

quand même à la fin tu te tromperais. Ce est bon,

ce qui est beau, il faut donc toujours l’aimer! Oui,

c’est la résolution que je fais, et c’est là une puissante

arme contre le père du mensonge.

Du 1 Octobre 1855.

Hier nous allâmes demeurer dans la petite habita

tion nous avait été désignée par le SEIGNEUR, après

lui avoir d’abord rendu grâce pour les puissantes con

solations qu’Il nous avait fait goûter dans l’ancienne.

En entrant dans la nouvelle maison nous avions la douce

persuasion que le SEIGNEUR y entrait avec nous. Aussi

quand je me retire le soir dans mon petit cabinet, je

sens tant de contentement, que j’aurais envie d’y sauter

de joie, s’il y avait assez de place. Voilà combien il est

vrai que le SEIGNEUR peut donner du charme à la moindre

des choses, et un charme inexprimable.

Cet après-dîner, par un jour d’autômne magnifique,

nous fimes une promenade sur les terres d’Allemagne.

Nous ne ressentions pas seulement cette joie et ce bien

être que le beau temps naturellement inspire , mais nous

éprouvâmes comme un nouveau et profond sentiment

d’amour de la patrie. Pendant toute la promenade aussi

je me sentais échaufl’é de l’amour des bienheureux, dont

je sentais distinctement la présence.

-. HO ——

L’explication de ces diverses sensations me fut bien

tôt donnée. Le soir j’allai visiter notre veuve, pour lui

rendre le petit service de charité qui pour moi était un

service d’amitié. Quand j’eus fini de passer les mains

sur le bras malade, Anna, qui pendant ce tenus était

entrée promptement dans l’état d’esprit, nous dit: «Votre

inséparable et toujours fidèle compagnon est là.»

«Tu remplis très-bien ton emploi, mon ami. (Il me

dit cela pour me rassurer à propos de doutes à cet

égard que je venais justement d’exprimer à Madame.)

Et tu dois sentir que les forces dépensées te sont ren

dues à mesure.» ——

Moi. Cela est vrai; je me trouve même plus de forces

qu’auparavant.

Elle. Puis-je faire appeler maintenant Ml‘ Palmettas?

Lui. Oui, oui, va l’appeler.

Ce Palmettas est un frère de Mlle Palmettas dont

il a été question plus haut, et dont la famille Lineweg

prenait soin. Il était venu en visite de la Bourgogne

où il demeurait habituellement; et on lui avait promis

qu’il pourrait assister à une communication avec le bien- V

heureux défunt.

Pendant que Madame était allé l’appeler, Lineweg

me dit:

«J’avais déjà ce matin averti ma femme que j’aurais

besoin aujourd’hui d’un bien-aimé secrétaire.»

Moi. Je suis extrêmement réjoui de pouvoir encore

une fois me trouver ici, il y a un assez long tems

depuis notre dernière entrevue. Aussi ai-je bien

senti que vous me suiviez et me pressicz.

Lui. Vous avez été poussé à venir.

Moi. C’est un plaisir d’être ainsi poussé.

—lM—

o

Lui. C’est la paix et la bénédiction du SEIGNEUR qui

nous presse.

Mr Palmettas entra, et aussitôt Lineweg lui adressa

la parole:

«Un ami qui t’est inconnu, mais qui te connaît très—

bien, qui t’aime ardemment, qui te bénit souvent et qui

est à jamais heureux, est en ta présence.»

Ici Madame entra aussi, et il me dit: Lis d’abord

ce qui vient d’être écrit, à ma chère femme. Après que

je l’eus fait, il continua :

«Tu sais, et vous tous, bien-aimés ici présents, vous

savez comment le SEIGNEUR JESUS se glorifie dans les

enfants des hommes, non pas simplement par les voies

ordinaires, mais aussi quelquefois par des voies extra

ordinaires; et cette dernière bénédiction t’a aussi été

réservée; car il est dit: heureux ceux qui ont faim et soif

de la justice; car ils seront rassassiés. Avant tout je

veux que mes amis sachent que parmi nous on se tutoie

toujours et éternellement; car ici règne la vraie liberté

et la pure égalité. Et maintenant, Bénis du SEIGNEUR,

et toi en particulier, ami bien-aimé en CHRIST, notre

unique Maître, sois le tout bien-venu dans le cercle de

ceux qui me sont si chers! A voir les choses d’une

manière terrestre, tu crois, mon ami, avoir trouvé ici

une veuve; mais sache que nous sommes liés maintenant

plus étroitement que jamais; car le Bon Pasteur, dont

les paroles sont véritables, a dit: Je ne la laisserai point

veuve, Je viendrai à elle! C’est donc bien plutôt une

amie du SEIGNEUR que tu es venu trouver. Oh! vraiment

celui qui possède le SEIGNEUR JESUS, peut bien se passer

de tout le reste, il ne laisse pas d’être dans l’abondance.

De même, mon} ami, tu n’es pas non plus abandonné

—-ll‘2—

,de Lui, ni négligé. Tu es solitaire, il est vrai, mais

non pas seul; le Roi du ciel et de la terre est avec toi.

Il est ton protecteur, ton soutien, ton secours. Lui

même il est ton Berger, qui te conduit dans de vertes

prairies. C’est Lui - même, l’éternelle fidélité, qui te

nourrit du pain de vie, de la Manne céleste, qui est

Lui-même; c’est Lui, la source du salut, qui t’abreuve

de ses eaux salutaires. Tu es bien heureux d’avoir mis

ta confiance en Lui; c’est ton salut, que d’avoir com

mencé à l’aimer. En vérité, aimer JEsus,par-dessus

toute chose , c’est la suprême science. 0 mon ami!

JESUS-CIIRIST à qui appartient la louange et la gloire à

jamais, Il s’occupe de toi avec une bonté infinie, Il ne te

perdjamais de vue; ses yeux te suivent partout où tu vas.

Ne crains donc point; quand il serait vrai qu’il te faut

quelquefois traverser des vallées ténébreuses, JEHOVAH

est ta lumière, Cnmsr est ton bâton et ton soutien, JE

sus est ta main qui te conduit. Comme Berger Il veille

sur sa brebis, comme Maître Il guide son disciple. Con

tinue, mon ami, à mettre ta confiance dans le SEIGNEUR

et attends patiemment le salut de ton Dieu. Vois, sa

bénédiction est sur toi comme la rosée du ciel, Il bénit

ta sortie et ta rentrée. Oh! qu’il est heureux, celuicomprend le cri de son amour: Marche en ma pré

sence et sois sage! Quand il t’arrive quelquefois d’être

abreuvé de quelque amertume, pense que si JEsus te

charge d’un fardeau, Il t’aide aussi à le porter; réjouis

toi, mon ami, des peines de cette vie; car ce sont autant

de bénédictions; et puisque tu aimes le SEIGNEUR JESUS,

. mêmes les choses les plus pénibles tourneront enfin

nécessairement à ton plus grand bien. Attends en paix

et dans la patience; le SEIGNEUR conduit les siens d’une

-115—

manière admirable par les ténèbres à la lumière, parle

combat à la victoire, par la croix à la couronne. Omon

cher ami, choisis pour ta devise, à l’exemple de l’homme

selon le cœur de Dieu: Et toutefois je reste toujours;

avec toi! Oui, mon ami, reste près de Lui et en Lui.

Il est le rocher inébranlable. Fais comme la sage Marie;

établis-toi à ses pieds percés par amour pour toi; Lui

même Il veut être ton maître et ton instructeur, la chaire

où il parle est ton propre cœur. Oh! réjouis-toi dans

le salut de ton Maître; Il veut t’enseigner à prier, à veil

ler, à combattre, à vaincre et à triompher. Il veut te

perfectionner au point que tu puisses terminer toutes

tes demandes dans la vertu de sa sainte résignation en

présence de son Père, quand il dit: Cependant que ta

volonté soit faite, et non la mienne. Voilà, mon ami,

00mment le Dieu éternellement fidèle, ton pasteur, veut

travailler sur toi par l’esprit de sa grâce, jusqu’à ce

qn’ll ait tout terminé pour sa gloire et ton éternelle

félicité. Heureux, mille fois heureux celui qui est devenu

un avec le Dieu d’amour! Heureux celui dont la vo—

lonté se perd entièrement dans la volonté de l’amour éter

nel! Assurément celui - là goûte une paix durable; car

rien ne peut plus arriver contre sa volonté.

« Et qu’est-ce donc, mes bien-aimés, qui cause tant

de souffrances aux hommes sur cette terre? Rien autre

chose que la volonté propre. Mais plus l’amour

propre diminue, plus la paix devient grande dans un

cœur jusque-là tourmenté. Là où se trouve la résigna

tion, là se trouve la paix; et c’est ton Rédempteur, mon

ami, qui opère tout cela en toi. Loue et glorifie, exalte

le nom du SEIGNEUR; chante des cantiques d’allégresse;

car Il t’aime avec tendresse, et sa bonté demeure éter«

8

—114—

uellement. Celui qui le cherche l’a déjà trouvé. O mon

ami, patiente jusqu’à la fin! Le SEIGNEUR qui t’a appelé,

qui t’a élu, Lui-même s’occupe de toi comme un père

s’occupe de son enfant. Demande—Lui instamment son

bon esprit, et il te conduira en toute vérité; Il t’éclairera

de part en part. Il te changera en lumière; et à la fin tu

seras forcé d’avouer, à son éternelle gloire, la vérité

de cette parole: Je ne manque de rien, car le SEIGNEUR

est mon Berger.‘ '

Il s’adressa ensuite à moi. Mais avant de rapporter

ses paroles, il faut que j’avertisse que je possédais le

Psaume 25 et le 126m0 en musique et que je les avais

chantés plusieurs fois dans la maison Lineweg, mais

non de son vivant. Comme donc je m’apperçus que le

discours adressé à M“ Palmettas, était calqué sur le

premier de ces psaumes, je pensais, en écrivant, qu’il

conviendrait de le chanter pour clore la séance. Il me

dit donc d’une voix extrêmement caressante:

«Eh bien, cher ami, bien-aimé chantre des Psaumes,

serais-tu disposé à édifier mon ami, par quelque chant

agréable?

Moi. De tout mon cœur; lequel faut-il chanter? Dieu

est mon Berger, ou Quand le SEIGNEUR délivrera

les prisonniers de Sion?

Lui. Sais-tu ce qu’il faut faire? Chante-les tous deux.

-— Le bonheur éternel consiste à édifier SOn sem—

blable et à exciter dans son cœur la joie du SEI—

GNEUR. C’est une félicité d’être envoyé au service

de ceux qui doivent hériter la vie éternelle. Egaie

toi donc, mon ami, au nom du SEIGNEUR, et réjouis

toi en Dieu ton Sauveur. Amen. Oh! combien le

SEIGNEUR trouve de plaisir en ceux qui l’aiment!

-— 115—

Avec quel plaisir il répond, oui, amen! à ceux

qui lui crient: SEIGNEUR Jssus viens à moi. 0

mes bien-aimés, rappelez bien souvent dans votre

mémoire ces paroles: '

Un regard porté vers Lui

Ramène mille et mille bénédictions.

«Le cœur de mère de JESUS est si tendre, si doux,

qu’un regard même peut le brisera (La sentence qui

m’était échue aujourd’hui au sort, c’était le verset ’1‘?)

du chapitre 49 d’Isaïe.)

Mme Lineweg“, qui s’était éloignée, rentra; et il lui

dit: N’est-ce pas, ma chère femme, mon ami, le chantre

des Psaumes, doit édifier, et réjouir notre autre ami

par son chant? Tu dis bien aussi ainsi soit-il à cette

invitation? -

Oh! assurément, répondit Madame. Ainsi ajouta-t

il, notre SEIGNEUR et SAUVEUR JESUS à qui appartient

l’honneur et la gloire aux siècles, ayant béni de ses

plus riches bénédictions tous les bien—aimés ici présens,

tu peux réveiller en son saint nom.*

Du 2 Octobre 1855.

En entrant ce soir chez Mme Lineweg, je ne trouvai

dans le salon que Mr Palmettas; Anna était déjà réduite

à l’état d’instrument, ou d’organe, de l’immortel, et on

l’avait conduite dans le cabinet ordinaire.

En nous entendant parler au-dehors, la voix dit

aussitôt à Mme Lineweg. «N’est-ce pas, le SEIGNEUR sait

rassembler ses brebis? — Elle nous fit entrer et la

voix continua.

uUn serviteur du SEIGNEUR, votre frère en JESUS

8a

—— “6—

Cmusr est venu pour vous bénir au nom de son maître

et du vôtre; écris donc ce que je vais dicter:

.

Reste avec JESUS, chère société d’enfants de la croix,

Près de Lui seul vous vous trouvez vraiment bien;

Vous n’êtes point a vous, vous êtes à Lui;

Il vous racheta de son précieux sang.

Reste près de JESUS, cher petit troupeau;

Lui-même t’a conduit au royaume du Père,

Pour que tu apprisses a bénir son saint nom;

Il se fit pauvre pour que tu devinsses riche.

Reste près de Jssus, âme chèrement achetée,

Lui, le vrai Samaritain, prend soin de _toi,

Il te fortifie de son vin, de son huile;

Entendez-vous sa voix: Petits enfants, aimez-moi,

Dit-il, suivez-moi sur l’étroit sentier;

Recevez de moi la force et la lumière;

Venez, puisez, enfants, grâce pour grâce;

Croyez seulement, et ne craignez pas.

Partout où vous irez, je serai votre protecteur,

Et je vous enverrai mon consolateur.

Surtout dans tes combats sur la terre,

Ame chérie, crois à mon puissant secours.

Moi—même je couronnerai enfin ta patience;

Attends seulement le tems que ton JESUS voudra.

Viens, je veux te familiariser avec moi;

Le nourrisson n’est-il pas bien près de sa mère?

Aimez donc JESUS de tout votre cœur,

La charité est la reine du ciel!

0 combien elle adoucit la souffrance et la peine?

L’amour toujours attire à lui l’amour.

Et certes l’époux de vos âmes

Il mérite tout, il est digne de tout amour.

Unissez-vous donc à Lui, comme sa chaste},épouse;

Il y a bien longtems qu’il a demandé vos cœurs,

Il veut vous donner tous ses trésors;

Heureux ceux qu’il enrichit!

Quel malheur pourra contrister

——117-—

Un cœur habité par JESUS-CRRIST?

Ame heureuse, de ton JESUs heureuse proie,

Ah! tu as choisi la meilleure part.

Au près et au loin, partout, partout,

Louez JESUS, petits et grands;

Car pour une seule âme, et la plus pauvre,

Il en laisse quatrevingt-dix-neuf,

Il vole pour la chercher, pour la sauver;

Ah! de ton côté, cours donc aussi à sa rencontre.

Oh! qui n’aimerait pas le Dieu Rédempteur?

Qui ne se consacrerait pas entièrement à Lui?

Et toi aussi, mon ami, il t’a marqué de son sceau,

Celui qui a été, qui est et qui sera.

C’est Lui qui te donne la douce paix de Dieu,

C’est Lui qui te fortifie, t’afl'crmit, te perfectionne,

C’est Lui qui t’a fait une heureuse part,

Il te bénit et dit; Amc Je suis à toi!

0 âme chèrement rachetée! le SAUVEUR est à toi!

Il t’a donné tout ce qu’il a et tout ce qu’il est.

Est-il une bénédiction, est-il une grâce plus grande?

La couronne t’est préparée dans ta ville natale.

Continue, mon cher ami, à marcher en sa présence;

L’honnêté seul est de durée, c’est une bien grande vérité.

Il bénit tes travaux, il bénit tes démarches;

Tu l’as souvent vu, et tu t’en es convaincu.

Il continuera toujours à te bénir;

Oh! demeure fidèle jusqu’à la mort!

Alors Il viendra à toi avec tout son an10ur,

Et Il te dira: Mon fils je suis moi-même ta récompense,

Tu as été fidèle dans les petites choses,

Viens que je t’établisse sur les grandes!

Et dans ses yeux tu liras cette vérité:

C’est par moi que tu atteignis l’heureux but:

Entre, entre dans la joie de ton maître;

Moissonne maintenant ce que tu as semé;

L’agneau de Dieu lui-même te paîtra;

Tu seras plus qu’un hôte, tu seras un citoyen.

Reçois, mon cher, reçois de JESUS ses riches bénédictions,

’ —MS—

Exalte à jamais son am0ur et sa fidélité.

Continue à marcher dans ses voies

Et sa grâce chaque jour sera nouvelle sur toi. Alléluia! Amen.

f?

«L’amour du SEIGNEUR JESUS, même pour ceux qui

ne l’aiment qu’autant que leur faible nature le leur

permet, ne saurait être décrit.

.Ce sont justement ceux qui craignent de n’être

point du nombre de ses élus, qui s’y trouvent inscrits

les premiers. Celui qui est vraiment humble, ne Con

naît pas son humilité. L’humilité a reçu la promesse des

plus grandes grâces Un enfant de l’humilité éprouve

souvent de ces moments de bonheur qui lui font dire:

Ah! SEIGNEUR éloigne—toi de moi, je suis un homme pé—

cheur. Mais le SEIGNEUR ne s’arrête pas pour cela dans

l’œuvre de sa grâce, jusqu’à ce que l’âme puisse dire:

Il est à moi, je suis à Lui. Heureux celui qui Le laissa

agir, et se tient bien tranquille en sa présence: souvent

les enfants des hommes dans leur inquiétude et leur em

pressement, dévanceut la marche de la grâce du SEI

GNEUR, et en gênent le travail. C’est Lui seul qui donne

le vouloir et qui donne le faire. Amen.»

Du 5 Octobre 1855.

Il y avait assez longtemsl que j’avais raconté à Mme

Lineweg les tourments que me causaient les mauvais

esprits, la nuit pendant mon sommeil. Elle me con

seilla de porter sur moi comme souvenir, une croix,

qu’elle-même et son mari avaient portée dans une oc

casion analogue. ‘ Quand je la pris, j’étais triste et 0p

pressé: mais ce nuage passa, et bientôt je sentis revenir

la joie et la paix, au souvenir de la bonté du SEIGNEUR. ‘

—-119—

Commeje disais aujourd’hui à Mme Lineweg, quej’éprou—

vais quelque répugnance à accepter en propriété, la

croix qu’elle m’avait donnée, qui était une croix en argent

ancienne et beaucoup portée, et ayant par conséquent de

toute manière un prix double dont je ne me sentais point

digne: Ah! me répondit—elle, si vous saviez de qui vous

vient cette croix, vous la garderiez avec grand plaisir!

et elle m’avoua qu’elle ne m’avait été donnée que par

un_ ordre supérieur.

Du 4 Octobre 1855.

MmeLineweg avait reçu de son bienheureux époux

l’avis que l’imposition des mains sur son bras devait être

supprimée. Je craignis que cela ne vint de ce_que je m’en

étais rendu indigne, ou que mon désir violent d’aller à

la maison, n’eût amené cette disposition. Par la même

raison j’étais dans l’incertitude de savoir si je continue

rais ou non à aller aussi souvent dans la famille Line

weg qu’auparavant; quoique ce fût la seule maison où

mon âme se trouvait à son aise. Aujourd’hui j’étais en

chemin pour m’y rendre, quand je fus retenu par les

considérations ci—dcssus. L’idée néanmoins me vint que

Madame pouvait n’avoir plus d’eau préparée, et je me

décidai à y aller. Mais à peine fus—je entré, et que

Madame et Anna m’eussent reçu, que cette dernière

passa instantanément dans son état supérieur, on la

conduisit dans le cabinet, et elle dit:

«Ton fidèle compagnon est ici. Écris, cher ami.

L’amour fraternel me force de venir te tranquilliser sur

l’interruption momentanée de ton œuvre de bénédiction.

Dans ce moment, mon ami, le but proposé est atteint»

_42()_

Mme Lineweg fut appelée dehors; il lui dit assez

haut: ma chère femme! mais elle était déjà trop éloignée.

Quand elle revint il lui dit: Je voulais seulement t’aver

tir que tu pourrais rentrer le chapeau de notre ami, afin

qu’il n’éprouve aucune gêne si l’on vient. Elle courut

le chercher; et aussitôt quelqu’un arriva dans l’anti

chambre. Il continua de parler de l’état de sa femme:

«Ce que tu as fait, c’était la subtilisation du sang

dans cette partie qui l’exigcait. Il s’y était engorgé;

mais la chaleur de tes mains lui a rendu peu à peu sa

liquidité, et maintenant il circule comme àyl’ordinaire.

J’ajouterai, mon ami, que l’interruption de ce service

ne doit nullement t’empêcher de visiter cette demeure

qui est devenue la tienne, aussi souvent que tu le voudras.

c Eh! s’il en est ainsi, dis-tu, je pourrais bien y rester

toujours': c’est pour cela, mon ami, que l’amour fra

ternel m’a engagé à t’encourager à venir librement,

puisque je sais que tu aimes beaucoup la tranquillité

d’une famille douce et paisible. Et puis, voyons, me

permets-tu de trahir ta pensée? l’idée seule de ton

voyage ne t’a-t-elle pas déjà fait craindre une sorte de

maladie du pays en pensant à ma chère famille? Avoue

le. —-— Toutcfois, cher ami, il ne faut pas renoncer à

ton voyage pour cela, si tu en a réellement envie. Je

ne te dirai à ce sujet qu’un mot, un mot d’ami et de

père: sache que les tiens souhaitent ardemment de te

voir au milieu d’eux, et cela non pas simplement pour

une visite, mais pour te retenir entièrement. Examine

donc bien, mon cher, pour savoir quel est ton désir;

j’ajouterai, qu’en effet tu ne pourras pas toujours rester

au poste que tu occupes en ce moment. Pour ton esprit

de feu, ce cercle d’activité est trop étroit; et puis, il y a

un certain tems que l’esprit de grâce t’a travaillé ien ’

plus que tu ne t’en doutes, surtout depuis peu; de sorte

qu’il peut arriver qu’au tems’opportun ton Rédempteur

t’appelle et te dise: m’aimes-tu? Pais mes brebis (ou

plutôt mes agneaux; vu que tu es en particulier un

ami des enfants). Du reste ne t’en inquiète pas, à l’heure

que cela sera nécessaire, tout te sera donné. Vois-tu,

j’ai été invité à te dire ces choses, parce que je t’ai vu

déjà souvent le cœur oppressé de toutes ces pensées.

Sois sûr que quand ta petite heure sera venue, ton

SEIGNEUR REDEMPTEUR te donnera des signes qui te ma

nifesteront sa volonté: alors, mon ami, tu pourras prou

ver par les effets, que c’est de tout cœur que tu lui dis:

Tu es le maître, SEIGNEUR, je suis le serviteur,

Tout ce que tu ordonnes est bien ordonné.

«Telles sont les choses, mon ami, que j’ai voulu et

dû te communiquer en peu de mots.

«Que le SEIGNEUR te bénisse, qu’il conduise tous tes

pas, et termine tout selon le bon plaisir de son amour,

pour sa gloire et pour son salut. Amen.» *)

Se tournant alors vers Mme Lineweg, j’ai accom

pagné, dit-il, mon ami (savoir, Mr Palmettas qui partit

hier, pour arriver aujourd’hui au lieu de sa destination),

’) Au moment que nous livrons ces lignes à la presse, Gustavc

est déjà fondateur et directeur de deux écoles de jeunes

enfants dans deux villages différents. L’amour et la béné

diction dc ses petits élèves sont la joie des environs et

jusque dans la capitale. Ses capitaux qui au grand étonne

ment de plusieurs paraissent ne point devoir s’épuiser, ne

reposent pourtant que sur sa foi. (Note de l’Éditeur.)

_. 199 _

.

je ne l’ai quitté que rendu dans la ville. Alors je suis

venu te bénir, et chercher cet autre ami présent. Cette

nuit c’est moi qui suis ton gardien.

Elle. Quelle ardeur il a, pour rendre service de tous

côtés!

Lui. Ces services augmentent chaquel‘ois ma félicité.

—-Les moments sontprécieux. —Tupeux éveilleræ

Du 8 Octobre 1855.

L’avis précédent nous avait tout bouleversés, Chan

dani et moi-.; Pour moi, il était, sous un rapport, ré

jouissant, puisqueje sentais le goût d’agir sur les hommes

plus directement que par des écrits, croître en moi de

plus en plus. D’un autre côté,’néanmoins, une sépara

tion d’avec Chandani pouvait être occasionnée par-là;

et nos travaux littéraires en recevaient nécessairement

un échec. Cette considération avait aussi inquiété mon

ami, qui regardait mon départ comme prochain._ Mais

hier en faisant une visite à Mme Lineweg, elle me ra

conta que son bienheureux époux lui avait dit, qu’il ne

fallait pas prendre aussi littéralement tout ce qu’il m’avait

dit, mais toujours un peu plus selon le sens intérieur et

spirituel; que quelque grands savants que nous fussions,

nous avions néanmoins encore compris peu exactement

ce qui avait été dit en dernier lieu; qu’il m’expliquerait

encore les choses plus clairement; qu’ean Mme Line

weg devait me copier le cantique: Société de l’interces

sion, sanctifie-toi.

Aujourd’hui me trouvant de nouveau dans la fa

mille, Arma entra dans l’état de communication, et nous

apprîmes ce suit:

_125__

«Ton ami toujours fidèle est là. Il dit: Ecris.

«Une soirée de bénédiction, enfant bien-aimé. Voici,“ *

l’amour me ramène de nouveau vers toi, et me force ’

de t’entretenir, en partie, sur notre dernier entretien.

Cher ami, l’avis que tu as reçu comme une indication

de la part d’un père et d’un ami, n’est réellement qu’une

indication du doigt de Dieu, et une grâce de la part de

ton SEIGNEUR. On ne t’a point parlé d’une place arrêtée

pour une époque déterminée: c’est une vocation que le

SEIGNEUR te prépare, et qu’il te confiera quand son heure

sera venue, en son tems (souligne cela, en son tems). En

attendant l’esprit de toutes grâces continuera à te pré

parer, à te fortifier, à te rendre capable de remplir ce

précieux emploi. Sois sûr, mon bon ami, que quand

cette petite heure du SEIGNEUR viendra, tu le sentiras

clairement. Car, en vérité, quand notre Roi conduit une

entreprise, il la conduit à sa fin, d’une main puissante.

Il ne s’interrompt pas comme les enfants des hommes.

Mais aussi il prend les tems et les moyens convenables,

et la fin est toujours glorieuse. Donne toute ta con

fiance a ce bon Maître; honore-Le par cette confiance.

Celui qui'l’honore, Il l’honore à son tour. Et en

attendant, mon ami, s’il te semble quelquefois, que tu

es là désœuvré et entièrement inutile, rappèle-toi ce

que je dois te dire: c’est qu’en ce moment, ton unique

travail, ton unique occupation, consiste à t’abandonner

entièrement à la conduite du SEIGNEUR. Ton SAUVEUR,

mon ami, veut d’abord, et doit d’abord, agir en toi,

avant que tu puisses agir Pour Lui; après cela seule

ment, mon enfant, après cela seulement on pourra te

dire: Travaille maintenant pour les autres, et laisse

veiller le Tout-puissant sur toi. Ne te tourmente pas

——124—

de soins inutiles: Comment pourrai-je amener des bre

bis au SEIGNEUR, moi qui suis encore égaré moi-même

dans le sentier de l’erreur? Encore une fois mon ami,

je t’en prie, ne te tourmente pas de soucis sans but, car

ces soucis sont un reproche pour le SAUVEUR. Peux

tu douter de cette vérité, que, ce qui est impossible

aux hommes, est possible àDieu? Lui, la fidélité éter

nellex et l’éternelle puissance, sait rendre utile, rendre

grand et fort ce qui est faible et méprisé dans le mqnde.

Il possède bien les moyens nécessaires pour te pourvoir

de tout ce qu’exigeront ta vocation et ton élection. En

attendant encore, mon ami, je puis t’assurer que tu n’es

point oisif. N’es-tu pas quelquefois , sous les yeux du

SEIGNEUR , la joie et le soulagement d’âmes souffrantes

et abandonnées; un disciple du SEIGNEUR, mon cher, ré-À

pand souvent de grandes bénédictions, sans qu’il le

sache lui-même, on puisse et doive le savoir. Souvent

le Tout-miséricordieux le lui cache pour de sages raisons;

souvent, mon cher enfant, pour éprouver sa foi et sa

fidélité, Il veut savoir s’il sera croyant sans voir de ses

yeux, et fidèle et persévérant dans la patience. Les

petits enfants qui se donnent à Lui, notre R’oi les con

duit avec un amour, avec une richesse de grâces et de

bénédictions indicibles. Il les reçoit à’son école, dans

son institut; Il se charge lui-même de leur éducation.

0 ami bien-aimé! Il t’a reçu, il t’a agréé, laisse-le donc

gouverner tes affaires; attends avec patience, sois tran

quille et espère. Par-là tu deviendras fort dans la ré

signation à sa volonté, et de cette manière l’ami de ton

âme arrivera nécessairement au but d’amour et de grâce

qu’il se propose à ton égard. Quelle œuvre précieuse,

quel riche travail, que d’être la bénédiction, la conso

-—125

lation des âmes souffrantes. Console-toi donc mainte—

nant, mon cher ami, le SEIGNEUR JESUS, ton soutien, te

donnera la force de L’aimer. Il établira ta foi sur le

rocher, il augmentera ton amour et te conservera l’espé

rance, et te maintiendra dans l’humilité. Il fera tout

cela par sa grâce et selon son bon plaisir, je L’en ai prié

pour toi et avec toi; et je le Lui demande avec ardeur;

que l’amour éternel nous exauce, et te conduise à ton

salut. Que le SEIGNEUR notre Rédempteur te bénisse,

qu’il te scelle de son sceau, comme sa propriété, pour

son grand jour. Que 50n Saint-Esprit te conduise en

toute vérité; qu’il te guide dans les sentiers de l’immor

talité, et ne te laisse pas , que tu ne sois devenu une

belle couronne du SEIGNEUR. Amen.» ’

Moi. Je vous remercie mille et mille fois. Tout ce que

vous venez de me dire est extrêmement précieux

pour moi. Aujourd’hui même, et depuis bien long

tems, je priais le SEIGNEUR de me faire la grâce de

sentir que je Le sers: car il est bon que chaque

serviteur sache au juste quel est son maître.

Quand il se rencontrerait, mon ami, des heures

entières, pendant lesquelles tu ne paraîtrais rien

faire extérieurement, pourvu que tu sois attaché

au SEIGNEUR, tu ne laisserais pas d’être son SERVI

TEUR. Que ton cœur soit toujours tourné vers ton

JESUS, et tu vis dans un service de Dieu continuel;

réjouis-toi d’une pareille vérité.

C’est une grande joie, en effet, pour moi, d’ap

prendre qu’il m’est permis de continuer à servir

le SEIGNEUR, malgré mon indignité; je n’aurais ja

mais cru en avoir la force.

N’est-ce pas, ma chère femme, nous avons appris

Lui.

Moi.

126

Elle.

Moi.

Moi.

Lui.

Moi.

Moi.

Lui.

Mai.

à quel point le SEIGNEUR sait fortifier ses instru

ments quand il veut s’en servir? -—

Plus d’une fois, certainement; aujourd’hui même

en se levant, Anna se sentait si faible, qu’elle

croyait à peine pouvoir se soutenir, et la voilà

très-bien. 1

Chez moi ce sera un vrai miracle si je conserve

la force d’agir pour le bien.

Eh bien, ne seras-tu pas bien aise de devenir une

merveille de sa grâce?

J’en serais nécessairement bien-aise: mais il me

semble toujours que la merveille serait trop grande.

de voir entrer le SEIGNEUR dans le cœur d’un pé

cheur tel que moi. '

La grâce en paraîtra d’autant plus glorieuse.

Je ne pourrai qu’à l’exemple du malade de l’Evan

gile, publier toujours hautement quelles grandes

choses le SEIGNEUR a opérées en moi.

Au ciel, parmi les, bienheureux, mon ami, on

n’entend absolument que louer et exalter le SEI

GNEUR et sa grâce. Chaque âme bienheureuse est

un miracle particulier de la grâce.

Chez moi, le miracle ne sera pas seulement spiri—

tuel, il sera aussi corporel, si j’ai les forces né

cessaires pour travailler au service du SEIGNEUR.

Ne vois-tu pas, mon cher, journellement, et à toute

heure, comment le SEIGNEUR toujours fidèle, ré

pare à mesure tout ce que les enfants des hommes

dégradent et détruisent?

En moi du moins, je l’ai remarqué: à voir le peu

de ménagement que j’ai apporté à ma santé cor

porelle, je devrais être étendu aujourd’hui sur un

127 -‘

Lui.

Moi.

Lula

lit de douleur, si la nature avait suivi son cours

ordinaire.

Ceci aussi, "I'non ami, le SEIGNEUI1 sait par son

amour le tourner pour le bien de ceux qui s’atta

chent à lui. N’as-tu pas avoué tout-à-I’heure toi

même, que le SEIGNEUR laisse souvent tomber

l’homme dans tel ou tel péché pour le forcer à se

bien reconnaître. Eh bien! le SEIGNEUR met à profit

maintenant ces oublis de toi-même, en te les rap

pelant si souvent. Et pourquoi le fait—Il? et dans

quelle intention? Il assure par-là ton humilité,

’ . . I

mon cher ami. Ces souvenirs sont autant d’humi

liations salutaires; et chaque humiliation est un

effet de la grâce du SEIGNEUR.

A en juger par-là, j’ai dû avoir un orgueil peu

commun; car aussi loin que ma mémoire peut

me rappeler le passé, je ne rencontre partout que

des humiliations.

Aussi bien, maintenant le SEIGNEUR te tient atta

ché à lui par le lien de son amour, jusqu’à ce que

tu sois rendu attentif. Oh! le bon, le fidèle Pas

teur, éternellement le même; combien de grâces

Il t’a déjà faites! — Et vois-tu, mon cher, cha

cune de ces grâces a été une préparation pour ta

vocation à venir; car ce ne sera que quand tu

auras bien appris à connaître, par ta propre expé—

rience, l’ami des pécheurs, que tu pourras le

louer et le glorifier avec toute ta force. Comment

pourrais-tu crier par la suite aux âmes égarées:

Venez à Jésus! si tu ne le connaissais pas bien

toi—même? — Et pour le bien connaître, ne faut

il pas que tu connaisses par toi-même toute sa

128

Moi.

Lui.

Moi.

Lui.

Moi.

Lui.

llIoi.

vertu divine. .C’est pour cette raison, mon ami,

que tu es conduit par tant d’épreuves différentes,

ce qui n’arriverait pas , si le SEIGNEUR n’avait pas

ces vues sur toi.

Je me soumettrais volontiers à tout, si seulement

je savais que je profite en quelque chose de ces

leçons.

N’est-il pas écrit: Les siens entendent sa voix?

Je crains toujours que la voix de mon cœur na

turel ne se mêle à la voix de Dieu; et il m’est

difficile de les distinguer l’une de l’autre.

L’esprit de Dieu parle toujours par la conscience,

et il tend continuellement à anéantir le vieil

homme. Tout ce qui flatte ce vieil homme, vient

de toi; mais ce qui l’aflligc et ce qui veut sa mort,

vient de l’esprit de Dieu. L’expérience, mon cher,

te rendra de même ceci fort clair.

Je ne vois pas non plus fort clairement, si mon

penchant à aller trouver les miens vient de moi

même ou d’une influence plus pure?

Si c’était ton vouloir et ton désir seul, il pourrait

bien en être comme tu crains : mais ne serait-ce

pas le désir ardent de ta mère, qui aurait réveillé

en grande partie chez toi ce même penchant qui

te presse? Si ce voyage peut s’arranger tu es con

tcnt, n’est-ce pas? De même que tu te soumet

trais dans le cas contraire?

Certainement, je n’ai que la crainte, que la vo

lonté de Dieu ne s’accomplisse point en moi.

Celui qui n’a pas de volonté propre , le SEIGNEUR lui

prépare une double jouissance. Il est bon et fidèle

au-delà de toute expression, notre REDEMPTEUR à

5129...

Mot.

Lui.

01.

Lui.

Moi.

t0us: voit—Il que telle ou telle de Ses brebis veut

avoir, de force, telle ou telle chose, Il a la bonté

de lui apposer toutes sortes d’obstacles, pour

rompre sa volonté pro re. Mais voit-Il que la

brebis est sonmiSe, dans sa bonté infinie Il lui

accorde avec bien du plaisir la satisfaction d’agir,

et Il l’aide même à mener une entreprise à une

beureuSe fin.

Qu’il fasse à men égard arriver tout selon sa

sainte volonté, quand elle serait contraire à mes

inclinations !

Il est fidèle. Il n’y a aucUn mal en Lui. Il t’a pro

mis, comme à tous, d’être ta lumière, et la lampe

de tes pieds; et tout ce qn’Il promet, Il l’exécute.

Amen.

Je renouVelle mes remercîments; je suis un grand

questionneur; et j’ai peut-être abusé de la per—

missi0n par ma trop grande hardiesse.

Tu y aVais été invité par écrit; et pour moi c’est

une augmentation de félicité que de te répondre;

c’est l’amour fraternel qui s’épanche, quand il

se communique au nom et à la gloire du Toute

Puissant. Tes questions ont pour but la Science

du salut; ce n’est pas un par effet de votre en

riosité.

Je ne désire savoir que ce qui peut me faire com

naître et accomplir la volonté du SEIGNEUR.

Alors, avec Marie, tu as choisi la meilleure part.

. '- A présent, chère femme, tu peux réveiller.

9

.. 150..

Du 8 Octobre 1855.

M. Palmettas était revenu dans la ville; et on

l’attendait à sept heures dans la famille Lineweg. J’y

arrivai'une'demi-heure avant. Arma se sentait puissam

ment attirée par le monde spirituel. Madame aurait

voulu attendre l’hôte, mais Anna déclara ne pouvoir

attendre plus longtems. J’en suis peut-être la cause,

lui dis—je; je suis fâché d’être venu sitôt. Aussitôt

qu’Anna fut conduite dans la petite chambre, la voix

dit à Mme Lineweg : - Comme on doit écrire, il n’y a

pas de difficulté que l’autre ami arrive plus tard , faites

entrer mon cher secrétaire. '

J’entrai, et la voix continua:

. SOis, mon ami, le bien-venu; ce n’est pas trop

tôt; votre frère en JESUS-CBRIST est là; il dit:

« Que le salut, la paix et la bénédiction} soit avec

vous tous de la part de Dieu, notre Père, et notre SEI—

GNEU‘R JESUS-CHRIST! Bénis du SEIGNEUR, vous qui avez

été reçus en grâce, et qui vous êtes attachés à Lui;

venez, bien-aiinés,plaœz-vous aux pieds de JESUS, à

ces pieds percés et attachés à la croix pour vous. Venez,

bien-aimés, tout est prêt; mettez-vous à la table, où

ses grâces les plus abondantes vous rafraîchiront, où

vous mangeréz la manne de la vie, et boirez l’eau qui

jaillit jusqu’à la vie éternellé, et provenant de l’océan

de l’amour de Cmusr. Oh! heureux celui qui reçoit cette

nourriture et cette boisson de l’amour! Il n’aura plus

de soif, il n’aura plus de faim. Oui, SEIGNEUR JESUS,

apprends toi-même à ces petits enfants assemblés en

ton nom, à aimer, rends-les de j0ur en jour plus sem

blables à toi; fais SEIGNEUR, Dieu toujours fidèle, qu’ils

——451——

préimedt en toi la forme de l’homme parfait, et qu’ils te

soient agréables; pénètre-les entièrement de ton essence

divine; et ’de cet amour qui les rendra capables de

vaiin‘cre par toi le monde en eux et le monde hors d’eux.

O SEIGNEUR JESUS! grave profondément dans leurs cœurs

cetfé parole que tu as prononcée: Celui qui me confesse

de’vant les hommes, je le confesserai aussi devant mon

Père céleste et devant tous les anges des cieux. SEIGNEUR

JESUS! accorde-leur pour cela la conduite de ton esprit,

dirige leurs cœurs, afin qu’ils distinguent le zéphyr lé

ger de ta grâce, qu’ils entendent la douce voix, et te

suivent comme tes brebis. Enfin, SEIGNEUR JESUS! rends

vivante en eux cette foi, qui empêchera que par la

suite ils ne soient arrachés de tes mains; cette foi, qui

les convaincra que c’est toi-même qui te donnes à eux

comme l’éternelle vie; oui, SEIGNEUR, fais par ta grâce

que rien, absolument rien, ne puisse arracher à ton

amour des êtres si chèrement rachetés. O Dieu! éter

nellement fidèle! aie pitié d’eux, aie pitié de ta pro

priété; ne les abandonne pas, afin qu’ils ne t’abandon

nent pas. Reste avec eux, vu le tems s’est approché de

la soirée, et que le j0ur,a commencé à décliner. Tu le

sais, tu le vois, comment la terre s’est couverte d’obs

curité, comment les ténèbres se sont répandues sur les

peuples ! Tu connais, SEIGNEUR JESUS, tous les dangers

que courent ceux des tiens qui voyagent sur la terre

dans ces derniers tems : oh! reste donc avec eux; sois

leur lumière et la lampe de leurs pieds; maintiens - les

dans tes lois; et quand ils seront entourés de serpents

et de la race des vipères, oh! sois leur bouclier, leur

retraite, sois leur un mur et un rempart. SEIGNEUR

JESUS, apprends à ces petits enfants à rester près du,

9.

—152—

A I

Père; qu’ils entrent en toi de plus en plus; rachctte-les

de tout ce qui te déplaît; Dieu de toute pupeté, rends

les purs comme toi: toutes choses te sont’possijples;

toute puissance t’est donné au ciel et sur la terre. Oui,

SEIGNEUR JESUS, c’est dans ton cœur de mère que je dé

pose tous ces êtres si chèrs, tes brebis qui te sont

connues. Prends-les dans ton école, élève-les pour" le

ciel, ô toi, notre DIEU et notre SAUVEUR à tous! Dans

cette heure de grâce, je recommande surtout à ton éter

nel amour ce cher ami et frère, ton enfant, que tu con

nais et dont tu connaissais le nom avant qu’il fût; tu

sais, Dieu éternellement fidèle, où il demeure et où il

va. Accompagne-le SEIGNEUR JI:SUS, demeure avec lui et

lui donne ta paix. Il t’aime, mais enflamme son amour

et le rends brûlant. Il a tourné les yeux vers Toi, bénis

lc et montre-lui ta grâce; son cœur veut être à toi, fais

lui connaître ta sainte volonté. Ses oreilles écoutent ta

voix, instruis-le donc : bénis-le, SEIGNEUR JESUS, guide

toutes ses démarches; fortifie-le de sorte qu’il devienne,

qu’il soit et qu’il reste un homme selon ton cœur; con

serve-le fidèle, et parle toi-même pour lui. Pour ta

gloire, SEIGNEUR, quelquefois il s’est tû; pour ta gloire

aussi, il a souvent ouvert la bouche. Couronne, 6 Dieu

éternellement fidèle, la foi de celui qui croit, et qu’il

reçoive ta parole comme le plus précieux joyau, et la

conserve de même; aide—le, SEIGNEUR Jssus, enrichis—le

de l’esprit de prière, place—lui toi-même cette arme pré

cieuse dans la main et le triomphe dans le cœur. Conserve

toi pour ton éternelle louange, ce prix de tes soulfranc'es ;

enfin, mon Dieu, si ici-bas, dans cette vallée des combats

et des larmes, il se sent quelquefois porté à l’inquiétude

et au souci, dis-lui par ta grâce de Rédempteur:

—- 155-4—

Enfant, ne t’inquiète pas , ..

Moi, ton JESUS , je suis près de loi;

Bien que tu ne puisses me voir;

Crois fermement et te rassure,

Je ne te laisse jamais seul.

. Tu parais isolé , tu parais abandonné ,

Tu ne l’es pas , crois moi,

Soudain tu me verras.y

. l

1 Oui, SEIGNEUR JESUS, fais-lui sentir ta douce et

Ê. ineffable présence. Continue à le guider sur ton chemin;

aide au fidèle soldat de la croix à garder tes trésors

fqu’il a déjà amassés; donne-lui la persévérance, afin

que personne ne lui enlève sa couronne; aide-lui à pa

tienter jusqu’à la fin; alors reçois-le, SEIGNEUR, reçois

ce pécheur, Toi l’ami des pécheurs, et fais lui voir Ton

salut; alors il tombera à tes pieds, et bégaiera ces mots

de gratitude : 0 mon SEIGNEUR et mon Dieu! et Toi,

divin JESUS, Tu lui répondras par ton sourire : viens,

mon fils, car là où je suis, là doit être aussi mon ser

viteur. Exécute tout cela, SEIGNEUR JESUS, et dis au nom

de "ta sainteté: oui, ainsi soit-il pour l’éternité. '

Il s’adressa alors à moi et me dit: c N’est-ce pas,

mon ami, tu auras la bonté d’ajouter cela à ce que j’ai

dit auparavant à mon cher ami? — 0 mes bien-aimés,

ce sont des paroles éternellement vraies que celles-ci:

Le SEIGNEUR est bon et miséricordieux, il est patient et

d’une grande bonté, d’une grande fidélité. En vérité, ’

celui que JESUS aime, celui-là porte le cœur du Père à

faire toute sa volonté. Maintenant, mes bien-aimés,

remerciez le SEIGNEUR pour les grâces obtenues; cha

que sentiment de gratitude est une nouvelle prière,

Amen. '

—»154—

Du 10 Octobre 1855.

J’avais résolu d’entreprendre le lendemain mon

voyage à la maison, si je ne recevais un avis contraire.

Le temps était très-beau ; ma famille avait un vif désir

de me revoir, et mon passe-port était en réglé. Il y

avait déjà quelque tems que Lineweg m’avait fait dire

par sa femme, qu’au cas que je voulusse voyager, il

fallait mettre en règle ce passe-port, qui en effet n’avait

point été renouvelé, et pour lequel on,m’aurait fait

plus tard de grandes difficultés. J’allai donc faire’ ma«

visite d’adieu à notre chère veuve; mais je la trouvai?

souffrante. Je lui témoignai ma peine de voir qu’il lui

faudrait se passer aussi de l’eau préparée par mes

mains. Ce que je pourrais faire à cet égard, lui dis—je,

ce serait d’y imposer les mains plus souvent, et vous

l’allongeriez alors avec d’autre eau. Mais en ce peu

d’instants Anna s’était trouvée dans l’état de ravisse

ment, et elle dit aussitôt : n Le guide qui t’est connu,

est là, et il dit: Ï'

«Pars en paix, le SEIGNEUR est avec toi. Tu es et

tu voyages sous sa puissante protection; tandis que tes

pieds s’avanceront sur la route, que ton cœur soit près

de Lui ; et tu sentiras que le Dieu d’Israël est partout.

Les moments les plus heureux pour toi sont ceux que

tu passes avec Lui. C’est Lui qui veut te bénir, t’ex

horter, t’instruire et t’élever. C’est dans le silence de

Sion que l’on entend le doux mouvement de l’Esprit.

Réjouis-toi de connaître un si bon SAUVEUR et de le

posséder. Commence dOnc ton pélérinage, plein de ce

sentiment de paix, et au nom de JESUS. Ton SAUVEUR

lui-même veut être ton bâton et ton soutien. Voyage

‘ _ -‘— 155 -—* '

Ï . _

avec Lui, et tu auras le meilleur des Per

sonne ne peut te le prendre, personne ne peut te le

fausser, ni l’anéantir. Fic-toi à cet Intendant fidèle. Il

s’avance avec toi comme ton rempart, Il t’accompagne

comme ton défenseur. Crois seulement, mon ami, et tu

éprouveras encore cette fois sa grâce, son amour, sa

fidélité; tu le verras Lui-même dans ses œuvres. Oh!

que bienheureux est celui qui voit en tout son Dieu!

Et toi aussi tu es heureux; car ton JESUS veut te con

duire chez toi, et exécuter ce que tu ne pourrais faire.

Il veut se révéler à toi comme le Dieu vivant, et comme

l’ami particulier de ceux qui savent qu’ils ont failli. {,

«Encore une fois pars, en emportant ces miettesl

du pain de sa grâce. Qu’elles te fortifient dans l’amour}

de celui qui te les a données. Et souviens-toi que ton

JESUS est avec toi, et qu’en outre ton autre ami, le ser

viteur de JESUS , aura le bonheur de pouvoir te suivre.

Ainsi Adieu, que le SEIGNEUR et son salut demeurent

avec toi! AmenuD

Enfin, après une petite pause, il ajouta encore:

«Quant à ma femme, mon ami, tranquillise-toi; je t’as

sure qu’elle ne souffrira pas de ton absence.”

Moi. Je voulais justement demander, si l’eau ne

pouvait pas être remplacée par autre chose , et de loin?

Lui. Sans aucun doute, tu peux faire cela très

bien — par une prière filiale et fervente. Et voici

comment: enveloppe bien ma chère femme dans le

nœud de ton amour, et emporte-la; mais, sans la gar

der pour toi, va la déposer dans le cœur de mère de

JESUS , et la bénédiction se répandra sur elle et sur toi.

«Du reste, ma chère, dit-il à sa femme, tu peux

facilement multiplier cette eau; la bénédiction y est.

-- 156 -—

ï

. Voilà , mes bien-aimés, ce que j’ai à vous dire

pour le moment: nous nous reverrons plus tard.*

Du 6 Novembre 1855.

J’avais fait un voyage assez heureux; je n’avais

éprouvé d’autre chagrin que celui de voir, combien les

peuples se tiennent encore éloignés de leur Dieu. Dans

ces moments je me sentais quelquefois saisi d’un ardent

désir de travailler au règne du SEIGNEUR dans la retraite.

Ce désir s’augmenta par degrés jusqu’aux derniers

jours , où je n’avais plus d’autre_souhait que d’être de

retour ici, pour goûter les charmes de la piété et de la

paix avec mes amis.

Ma première visite, à mon retour, fut celle de la

famille Lineweg. Madame me raconta qu’elle avait en

souvent de mes nouvelles. C’est ainsi que dans un mo

ment que j’étais dans de grands tourments relativement

à ma vocation, son mari lui dit: ah! si notre ami pen

sait seulement dans cet instant à ces paroles qu’il chante '

si souvent: Tu me prépares un banquet à la face de mes

ennemis! car ces paroles seront accomplies à son égard.

Il lui dit aussi que, selon sa recommandation, je ne

l’avais point gardée (elle) pour moi; mais que je l’avais

recommandée fidèlement à Dieu. En effet, bien souvent

cette pensée me venait tout-à-coup pendant le voyage:

maintenant il faut prier pour elle. Il est arrivé dans la

famille quelque chose de plus singulier encore : Deux

soirs consécutifs la clef du salon se tourna avec bruit,

et quand on voulut ouvrir, il n’y avait personne. Line—

weg dit le soir à Madame , que c’était un effet de mon

ardent désir du retour. '

—-157—

Elle me fit ensuite cadeau d’un livre richement

relié, intitulé: Le Ne-m’oubliez-pas du chrétien, qu’elle

avait une fois gagné dans une loterie, et que Lineweg

voulut bien me faire remettre. Elle y ajouta le discours

qui va être transcrit, et qui lui avait été dicté pour moi

quelque tems auparavant. Dans une conversation que

Chandani avait eue ave_c Mme Lineweg, cette dernière

avait désirée avoir quelque lumière sur le grand en

semble de la doctrine de la Nouvelle Jérusalem, et

Chandani lui en avait donné un petit précis pour cet

effet. Jusque là il avait évité de lui en parler, parce

qu’il pensait que ces grandes vues, quand bien même

il serait possible d’en donner une idée exacte par des

.r'conversations passagères, ne diraient rien de particu

lier à cette âme tendre et pieuse, qui avait la foi des

vrais enfants de l’Evangile, et pouvait se passer de tout

le reste. Moi-même, avant de lire ce discours, je m’étais

examiné}de mon côté pour savoir, si ce système im

mense et admirable ne m’avait pas trop absorbé par

tout ce qu’il a de grand, de céleste et d’extraordinaire,

pour me livrer avec assez d’attention à l’observation

des commandements du SEIGNEUR dans la vie pratique.

Ce qui avait amené chez moi cet examen, ce fut ce

passage de l’Evangile: Le royaume de Dieu ne vient

point avec des signes extérieurs; tandis qu’ébloui par

les rayons vainqueurs que je voyais sortir de l’explica

tion providentielle des saintes Écritures, donnée par

Emmanuel Swédenborg, je croyais toujours que la

Nouvelle Église devait éclater avec la puissance irré

sistible de ses vérités; ou, pour l’exprimer autrement:

il me semblait que préoccupés de merveilles extérieures,

nous ne recherchions pas assez le feu, la vie de la

—158—

parole intérieure pour nous l’appliquer.-— J’étais donc

sous tous les rapports bien-aise d’apprendre ce que

dirait notre Bienheureux à ce sujet: or voici sondîs

cours, était daté du 50 Octobre.

I

Ami bien-aimé dans le SEIGNEUR.

«L’amour de Cnmsr presse ton ancien ami, de"

causer avec toi, dont Dieu est le soutien‘), touchant la

seule chose nécessaire à ton âme immortelle.

(JESUS dit pendant sa vie mortelle : Je suis venu

allumer un feu sur la terre; et que désirai -je plus ar

demment, si ce n’est de le voir déjà brûler? Jssus seu

tait profondément le fardeau des péchés du monde; Il

sentait la puissance de la malédiction qui reposait sur

les créatures; Il voyait combien Il aurait à souffrir pour

effacer la grande culpabilité du genre humain, et le dé

livrer de cette malédiction: mais l’amour qui était en

lui triompha, et le conduisit victorieux sur le Golgotha

pour y endurer la mort la plus terrible, seule capable

de rendre les hommes attentifs à leur profonde perver

sité? C’est de la croix de Golgatha que partent les

flammes et les rayons de l’amour de Celui qui seul est

vraiment aimable, qu’ils s’étendent dans tous les sens

et pénètrent jusqu’aux confins de la terre. Oh! pourquoi

ce brasier n’a-t-il pas déjà échaul’l’é tous les cœurs?

Pourquoi ces rayons n’ont-ils pas encore attiré les jeunes

gens, l’âge mûr, les enfants à la mamelle et les vieil

lards! Car je vous le dis en vérité: la parole dela croix

') Le nom de (instave ( Gml -Staf) signifie en suédois Dieu

ton soutien. Note de l’Edit.

—159-—

estime vertu de Dieu, capable de sauver tous ceux

qui y croient. C’est par la seule parole de la croix de

CHRIST que le royaume de Dieu s’établira sur la terre.

Ce royaume ne paraîtra point avec des signes extérieurs;

c’est dans l’intérieur de l’homme qu’il prendra nais

sance par l’esprit de CIIRIST. La foi vient à naître : la

foi à quoi? la foi à la parole qui vivifie , la parole qui

était auprès de Dieu , et qui a été faite chair, afin

d’amener les enfants des hommes des ténèbres à la lu

mière. Cette parole, cette parole de bénédiction est

posée comme la pierre angulaire de l’édifice, sur lequel

les prophètes et les apôtres ont élevé le temple, ren

dant un éclatant témoignage au nom de leur Dieu, de

sorte que l’univers actuel puisse encore l’entendre. Per

sonne ne peut poser d’autre fondement que celui qui a

été posé; car il n’a été donné aucun autre nom aux

hommes, par lequel ils puissent être sauvés, que le

nom de JESUS. Ce nom de JESUS est la source de t0.ut

salut; et il ne suffit pas d’y croire, il faut qu’il devienne

une vertu de Dieu dans les cœurs et que son efficacité

passe dans la vie: or ceci n’arrive qu’à ceux qui s’absin

donnent sans réserve et comme des enfants à la conduite

de l’Esprit qui mène à toute véritéet qui rend àchacun

claire et intelligible cette parole de la croix. Tous ceux

qui demandent cet Esprit de lumière, le reçoivent! et

celui qui l’a reçu, doit veiller et prier, pour qu’il lui

reste , et qu’il lui montre le chemin de la vérité qui est

lé,CIIRIST, la vie éternelle. Ce qui vient de CHRIST, mon

ami, le seul SAUVEUR et SANGTIEI0ATEUR de l’univers, con-v

duit aussi à Lui. Voilà pourquoi ce même CHRIST a dit!

Allez dans tout l’univers, prêchez à tous les peuples

l’Evangile de JESUS-CHRIST, et leur enseignez à observer

_149_

tout ce que (moi Jssus) je leur ai commandé. JESUS dit:

Vpus êtes mes amis, si vous faites ce que je vous com

mande. 0 mon bien cher! qui n’aimerait être l’ami du

Rédempteur? — Ailleurs Il dit encore : Le serviteur

qui connaît la volonté de son maître, et ne la fait pas,

sera _d’êùblement châtié. Personne donc ne pourra se

présenter devant lui et lui dire : Je ne connais point,

SEIGNEUR, ta volonté! car la Lumière, qui est toujours

le même CHRIST, luit à tous; celui qui s’approche de

cette lumière est tellement attiré par ses rayons salu

taires èt’viv‘ifiants, qu’il est forcé de s’écrier: Lumière

divine, yiéfis en moi, éclaire-moi; éclaire mon cœur de

part_jenjjpart, afin que je voie et que je puisse mettre

de côté tout ce qui fait obstacle à JESUS, le Roi de

gloire ,! et tout ce qui l’arrête et l’empêche d’établir sa

démeui*e .en moi! Eclaire-moi jusqu’à ce que je trouve

la monnaie de la grâce et de l’unique salut en CHRIST,

lequel me crie: mon enfant, ma grâce te suflit.

c Oui, mon ami, c’est au nom de ce JESUS, de ce

SAUVEUR, que je dois te crier: Zachée, descends de

toutes les hauteurs des édifices que tu t’es construits,

ne perds pas ton tems à examiner des choses qui ne 'sont

point de tu vocation; descends, fais-toi petit; JESUS,

l’unique SAUVEUR, la source de tout salut, le pain de

vié,’veut entrer dans la demeure de ton cœur, afin que

le saluty entre avec Lui, et que tu sois revêtu de force

par l’esprit de la grâce de JESUS , pour devenir un té

moin de cette vérité qui seule te transportera dans la

vraie liberté des enfants de Dieu, et te rendra capable

d’annoncer la bonne nouvelle de la paix , et le nom de

Celui en qui seul est le salut.

« Ecoute, mon ami, ta vocation est d’annoncer la

—»—l41—

parole de vie, mais'de ne l’annoncer d’aucune autr'e

manière que par la communication pure et simple du

lait sans mélange de l’Evangile de JESUS-Cnms'r; et

‘ quand ta prédication ne Consistcr‘ait qu’en une réunion

‘ claire et naturelle de divers passages de la Bible, c’est

à-dire de textes rendus mot pour mot, mais formant

un ensemble dans tout l’esprit de simplicité native , je

te promets sur mon âme, que la semence de ta parole

sera agréable au SEIGNEUR qui la bénira‘. Que tu parles

donc aux grands ou aux petits, je te le répète, d’après

ta vocation, tu ne dois annoucer la parole de la croix

d’aucune autre manière que par le lait simple et sans

mélange de l’Evangile. Car vois-tu, c’est là la parole

de vie; ce n’est que dans la sainte Bible que le chemin

de la vie est ouvert aux peuples , qui seront jugés un:

jour selon le contenu de ses livres.

(JESUS - CHRIST dit: Quand l’Èvangile Sera prêché

aux confins de la“terre, alors entrera la plénitude des

gentils; alors paraîtra l’étoile brillante du matin; alors

on verra sur la terre le règne de Dieu aussi dans sa

forme extérieure. Il faut donc , mon ami, que le règne

de Dieu se forme d’abord dans l’intérieur de l’homme

pour paraître ensuite au dehors, et cela uniquement

d’après les conseils du Sage des sages, de JESUS, le

seul Maître et Instituteur, quand il a dit: Allez et prêt

chez l’Evangile. Je te le dis en vérité, la simple prédi

cation de la parole de la croix, voilà la vraie manière

de s’y prendre, pour construire le grand temple de

Dieu. Le CHRIST a frayé ce chemin , et Il nous invite à

L’y suivre. Il conduit, il est vrai, à la croix, mais il

conduit aussi à la gloire, dans laquelle Il est entré

comme le premier des héros, et d’où Il’nous dit :

-——142——

Là où je suis, je veux que mon serviteur soit avec

moi. '

«Je suis Venu allumer un feu sur la terre, et que

désirai-je plus ardemment, si ce n’est de le voir déjà

brûler? Voilà encore une fois ce que dit le SEIGNEUR;

le SEIGNEUR forme aussi des souhaits, mais non pour

Lui, mon ami; pour toi et tous les enfants des hommes.

Il voudrait que tous les cœurs fussent déjà enflammés

de ce feu allumé sur le Golgatha, et dont Oberlin,

Lavater, Arnd, Tersteegen, Franhe et beaucoup d’au

tres frères du même genre étaient enflammés, et qui

ont publié avec la Vraie simplicité qui plaît à Dieu,

l’amour‘de Celui qui s’était abandonné à la mort afin

qu’ils eussent la vie. Oui, mou ami, ces frères vraiment

chrétiens vivent et vivront éternellement; et ils ne se

répentiront jamais d’avoir annoncé les voies de Dieu

avec pureté et simplicité. Ils prêchaient aux peuples la

parole de la Bible; aux enfants ils donnaient le lait, à

ceux qui pouvaient la supporter, ils donnaient de la

nourriture plus solide; et‘ si le SEIGNEUR, qui a des

grâces de toute espèce, jugeait convenable de leur don

ner, à eux, quelque chose déplus, ils le gardaient

pour eux dans un cœur aimant et simple, et n’en com

muniquaient au. peuple que ce qu’il était en état de

digérer, se rappelant cette parole indispensable de l’Ecri—

turc : Ne jetez point vos perles devant les pourceauyç ,

et ne donnez pas les choses saintes aux chiens, afin

qu’ils ne se retournent pas vers vous pour vous déchi

rer. Ils se rappelaient que le SEIGNEUR aimait tous ses

disciples; mais qu’Il confia plus à Pierre, à Jacques et

à Jean qu’aux autres; qu’Il n’en prit que trois avec Lui

sur le Thabor , et que sa sagesse éternelle ne se découvrit

—’143—

entièrement qu’au Seul disciple reposa sur son sein.

0 mon cher ami! crois-moi, si, selon la volonté du

SEIGNEUR , tu veux devenir pasteur et prédicateur de la

Justice qui soit reconnue de Dieu, prédicateur simple

de la Bible et de l’Evangile, le SEIGNEUR, ton Intendant,

dirigera les cœurs même des plus revêchcs, comme on

dirige des ruisseaux d’eau pure. Prie donc le SEIGNEUR,

mon ami, de t’accorder encore plus de simplicité; laisse

toi entièrement mouvoir et conduire par Lui; cherche

a devenir un enfant; car alors Il fera de toi un homme.

Que le SEIGNEUR, notre SAUVEUR à tous , auquel appar

tient l’honneur et la gloire, veuille apposer sur toi son

sceau par son esprit, comme sur son éternelle pro

priété, comme appartenant à la famille divine en CHRIST;

qu’ll accomplisse cette parole en toi, selon le conseil

de son éternel amour, e.t son bon plaisir, afin que tu

puisses un jour t’écrier‘de tout ton cœur avec l’apôtre:

Je regarde tout comme des choses mauvaises et de la

boue , afin de gagner CHRIST! Que le Dieu d’amour

soit avec toi, et que son esprit te crie à toute heure:

.

Cherche JESUS et sa lumière,

Tout le reste n’est que chimère.

Amen. ‘)

‘) La manière dont les réflexions précédentes sont présen

' tées, semblerait donner à entendre que les explications

providentielles de l’Ecriture sainte, sur lesquelles repose

la Nouvelle Jémsalem, sont superflues: au fond pourtant

il n’en est rien, comme Gustave lui-même va le dire. Tout

ce que dit ici le bienheureux est parfaitement conforme à

la nouvelle doctrine. Il résulte donc simplement de ce

discours que tous les esprits sur terre aussi bien que dans

le monde spirituel, n’ont pas besoin d’être introduits dans

—M«Æ—

’ Du 8 Novembre 1855.

Le Discours précédent m’avait t’ait faire bien des

réflexions. Je craignis d’abord qu’il ne fût dirigé contre

mes travaux et mes convictions actuelles; mais ayant

mûrement réfléchi et suivi ensuite ce qui se passait en

nous, Mme LineWeg et moi, j’ai reconnu que le but

principal de ce discours était d’abord de ramener ami—

calement cette dame, par le canal de laquelle il me fut ‘

communiqué, à cette simplicité entière de la foi qui

convenait à son sexe et à la nature de son esprit; en

suite de me détourner moi-même un peu du tour spé

cial et scientifique que mon esprit avait pris depuis

quelque tems , et qui était entièrement opposé à la vo«

cation, telle qu’elle venait de m’être présentée. Déjà à

présent je reconnais que Cet avertissement est arrivé à

.

le sanctuaire de la foi par la porte des sciences profondes;

cela n’est réservé qu’à ceux qui ne sont point susceptibles

d’autant de simplicité. Et quand on reconnaîtrait que Li

peweg lui-même, quoiqu’un être bienheureux d’un ordre

très—élevé, n’était point encore initié à tantes les vérités

célestes, on n’ôterait rien à son mérite, ni à l’onction

Vraiment incomparable de ses communications. Le SEIGNEUR

n’est point tenu de déclarer immédiatement à chaque es—

prit que c’est Swédenborg qu’ll a chargé de transmettre

in la terre le sens spirituel de la parole: cette démaflhe

doit se découvrir par l’intermédiaire des autres esprits,

par l’examen et l’étude. Comme disciple sans restriction

de la Nouvelle Jérusalem, j’ai cru devoir placer ici cette

remarque : d’autant plus que ces mêmes communications

n’ont fait que me confirmer plus que jamais dans la doc<

trine destinée, selon moi, à faire par la suite le salut de

l’univers. Note du Trad.

—145-—

propos; il m’a porté un peu plus de la connaissance du

vrai à l’amour du bien, vers lequel se dirigent beau

coup plus maintenant mes all’ections et mes forces. La

vérité de mes convictions, pour le fond, n’en est de—

venue que plus inébranlable par la tentation; seule

ment le nom de ceux qui annoncent la Nouvelle Jéru

salem, et le matériel, pour ainsi dire, de son immense

système, sont rentrés un peu dans l’ombre, comme

moins compatibles avec le fond de mon caractère , qui

tend à suivre la bannière de l’amour et de la charité.

',.. Le combat, néanmoins, qu’il m’avait fallu livrer

à cette occasion, m’avait laissé quelque inquiétude dans

l’esprit, et je n’eus de repos que je n’eusse revu le

fidèle ami. Je demeurai bien quelque tems dans l’irré

solution à cet égard; mais enfin je me recommandai au

SEIGNEUR, et je l’allai trouver; car, malgré moi, je m’y

sentais toujours entraîné. Dès mon entrée Anna vint

au-devant de moi et me dit: Je suis bien aise que vous

arriviez; depuis longtems je me sens tourmentée. Et

moi aussi, lui répondis-je. Nous n’eûmes que le tems

d’entrer dans le cabinet; déjà elle était en esprit; et

Lineweg me dit d’une voix animée, comme par l’amour,

des paroles qui semblaient avoir des ailes de feu.

« Ton ami, toujours invariablement le même, est

là. Il dit: écris.

« Salut, salut, ami cher et précieux; sois mille

fois le bien - venu dans le cercle de mes bien -aimées;

ami de mon cœur; elles ont prié bien ardemment pour

toi pendant ton absence; et tes propres supplications

pour elles ont été portées par moi dans le cœur paternel

de notre Dieu; car l’amitié que l’on cultive dans le SEI

GNEUR est fidèle. Il n’est point question ici du proverbe

,10

-'-' 146 —

du monde : Loin des yeux, loin du cœur. Non , mon

bien cher, l’alliance de notre amitié a été cixnentée

plus fortement: elle durera toujours, tout comme le

gage que je t’cn_ai donné, et que j’ai mis à ton doigt.

Examine- le bien, tu verras que tu n’y trouveras point

de fin; eh bien! notre amitié sera de même éternelle.

u Et maintenant, mon ami, quel langage as-tu

reconnu dans la dernière communication qui t’a été

transmise? Oh! mon cher, je puis t’assurer, crois—moi,

il est celui de l’amitié la plus vraie et la plus. pure. Je

voulais te donner un mot d’avis salutaire pour ta main'

et pour ton cœur, et cela pour tout le reste de ta vie,

Comme il y a en ce moment beaucoup de séductions

spirituelles, que tu es encore jeune et sans expérience

à cet égard, je voulais te rendre attentif à la nécessité

pour toi de regarder toujours l’étude de la Bible et

l’enseignement de l’Ecriture sainte comme la chose

principale, et de ne donner qu’un rang secondaire à

tout le reste, quelque parfait qu’il puisse paraître.

Comprends bien, mon ami, que la science des esprits

n’est point faite pour toi, qu’elle n’est point dans la vo

cation. Ton emploi doit être de répandre la pure et

claire semence de la parole dans de jeunes cœurs et

dans des cœurs adolescents. Crois-moi, ami de m0n

cœur, c’est là une tâche agréable. Et quand tu te seras

une fois bien enfoncé dans les richesses de cet ineffable

trésor de la parole, tu ne donneras plus , pour aucun

prix, la félicité qu’il te procurera. Je rends grâce au

SEIGNEUR de m’avoir choisi moi-même pour un semblable

office, et d’avoir ainsi enrichi ma pauvreté pour le bien

de son église. Que le SEIGNEUR en soit béni; Il me per

met maintenant par sa grâce de voir et de goûter les

—-147—

Bar——

fruits de ce que j’avais semé en son nom, par sa vertu

et avec son assistance. Oui, que le SEIGNEUR qui m’a

donné tout cela, en soit éternellement béni. Il te donne

la même chose, mon ami; viens seulement à Lui; la

plénitude des trésors de ses grâces t’est aussi ouverte

à toi; viens avec confiance; plus tu feras d’instances

auprès de Lui, plus tu Lui seras agréable. Vois, Il m’a

fortifié et affermi de mille manières; c’est de Lui que

vient une grâce si ineffable. Oui, je célébrerai éter

nellement sa louange; car il m’a fait une grande misé

ricorde. Il m’a béni et m’a délivré sur le champ de ba

taille intérieur et extérieur; Il veut de même être ton

soutien. Après m’avoir ainsi gratifié, il y a ajouté, par

pure grâce, le don de deux compagnes pieuses, qu’Il

a fait tenir à mes côtés pour me soutenir puissamment,

et qui outre les mains du Dieu de toutes grâces sont

devenues pour moi une bénédiction permanente.

« 0 mon bien-aimé, quand tôt ou tard tu penseras

à te marier, ne te cherche ni une femme belle, ni une

femme riche, cherche plutôt un cœur pieux et fidèle;

c’est là la bénédiction d’une maison. Je le sais non

seulement par raisonnement, mais aussi par expérience.

« Remarque, mon ami, que ma félicité ne consiste

pas à te dire des choses qui sonnent bien à l’oreille;

mais des choses utiles pour le tems présent et pour le

tems futur. Regarde donc aussi la dernière communi—

cation qui t’a été faite, comme un avertissement salu

taire. L’heure viendra que tu te rappeleras cette même

communication sérieuse avec un cœur profondément

touché, et tu t’écrieras : SEIGNEUR Jésus - CHRIST, avec

quelle tendresse tu m’as traité! Je te remercie de

10"

148

)

m’avoir révélé cela , à moi, petit enfant, enfant encore

mineur. ‘)

« Sache que tu as été forcé de revenir ici. Je t’ai

pris par la main, comme un père prend son enfant, et

je t’ai mené au lieu où tu devais apprendre ceci, pour

ranimer ta force et ton courage. Si d’ailleurs tu as quel—

que chose sur le cœur, mon cher ami, si tu désires

quelque éclaircissement, parle, ton ami écoute.

Moi. Je ne sais au juste ce que je dois entendre

par l’édifice, ou la construction propre, de laquelle je

dois descendre, d’après la dernière communication.

Lui. Le passage en question, mon ami, a rapport

à ton état présent et à l’avenir. Il doit, comme quel

ques autres indications, te porter à reprendre davantage

le caractère simple de l’enfance. Tu l’as déjà , mais tu

ne risques rien de descendre encore plus à cette sim

plicité. Les systèmes et les écrits des savants sont re

présentés par des tours élevées; il en faut descendre

pour ramasser les miettes précieuses et trop négligées

aujourd’hui du simple Évangile. Tu dois être rendu

attentif à ne plus te perdre dans des doctrines et des

compositions étrangères à cette simplicité évangélique,

et à n’y point attacher plus d’importance qu’à la parole

‘) Note de Gustave. Cette heure est déjà venue. Depuis qua

tre ans je sers le SEIGNEUR dans une grande paroisse; et

tous les jours je vois avec joie, avec reconnaissance’et

étonnement, comment cette école m’a formé pour devenir

un pasteur des brebis et des agneaux. Cet image de tra

vaux utiles qui.1n’avait été offert, est toujours demeuré

présent à mon esprit; et conformément à la prédiction du

Bienheureux , ce sont surtout les agneaux me réjouis—

sent par leurs progrès. ' ’

-M.«9—

sortie de la bouche du Saint des Saints‘). Voilà au

juste, mon cher, quelle était mon intention dans ce que

je t’ai dit; et tu peux maintenant parfaitement le com

prendre.

Moi. Je suis forcé d’avouer que j’ai négligé un

peu l’étude directe de la parole, et que je n’aime pas

encore le SEIGNEUR comme je devrais.

Lui. C’est parce que le SEIGNEUR t’aime, et vou

drait faire quelque chose d’utile de toi, que cet avis

de la charité t’est donné; et c’est pour toi une chose

sérieuse. Mais ne crains pas; prends courage; attache

toi à Lui par la foi, attache - toi à Lui-même; Il est la

voie, la vérité et la vie. Reste avec Lui, Il restera avec

toi; et alors il faudra bien que tu réusisses. Celuit’a appelé est fidèle; il saura te préparer l’armure né

cessaire; laisse - le bien agir sur toi, et tu apprendras

qu’Il est le Dieu vivant; qu’il sait opérer des merveilles;

et tu jetteras enfin ce cri de joie : Mon âme, loue le

SEIGNEUR, que tout ce qui est en moi loue son saint

nom! Amen.

' ‘) Je suis forcé de le répéter ici, ce n’est point, sur la Nou

velle Jémsalem que tombe ce blâme, puisque la Nouvelle

Jérusalem enseigne de son côté précisemcnt ce que Line

weg vient de dire, et puisque Gustavc lui-même n’y a pas

renoncé, et s’y est au contraire plus fortement attaché. Il

ne peut être question ici que de l’abus des systèmes et de

la perte de tcms que peut entraîner l’étude de certaines

branches pour lesquelles du n’a point d’aptitude, aux dé

pens des soins a donner à la réforme’de son être; torts

que la Nouvelle Doctrine est la première à condamner,

bien qu’elle seule puisse accorder définitivement le chris

tianisme avec la science et la philosophie moderne.

Note du Trad.

—150—

Moi. Mille remereîments; le conseil m’a été donné

à propos , et j’y ferai attention.

Lui. Oui, mon bien cher, entre plus profondé—

ment dans l’Evangile, pénètre plus avant dans la parole

de la croix, et tu éprouveras les choses les plus admi

rables. Tu te rendras toi -même plus heureux et plus

riche en bénédictions, et d’autres en profiteront. Va

maintenant en paix, je serai à tes côtés. Amen.

Du 14 Novembre 1855.

J’avais bien souvent présent à l’esprit mon ami

mourant, voulant me dire quelque chose de particulier

les derniers jours de sa maladie , et n’en pouvant venir

à bout; mais je n’avais pas encore jugé convenable de

l’interroger à cet égard: aujourd’hui il m’a dit la chose

de lui-même; après quelques réflexions sur mes prières,

souvent trop pressantes ou trop inquiètes, quand je

désire porter le SEIGNEUR à se dévoiler tout-à-fait, et à

me faire entrer enfin dans la vocation annoncée. Il

me dit :

c Ton ancien ami est là; écris:

c Reçois de nouveau, mon cher ami, une miette

de la table de l’amour du SEIGNEUR; de ce SEIGNEUR qui

est aussi ton Père , et dont l’œil de feu et de flammes

est tourné jour et nuit sur toi ’), afin de te former tel

qu’il veut que tu sois. Réjouis -toi donc , âme chérie,

et pousse des cris de joie au souvenir de ton Dieu.

Sois homme courageux; Lui-même Il veut te guider,

') L’œil de Dieu signifie sa science infinie; le feu et les flam

mes, son amour infini. (Apoc. rêvé]. n.“ 48.)

—151—

Lui-même Il veut achever en toi l’œuvre commencée

de sa grâce pour son éternelle gloire. Il est fidèle Celui

qui t’a appelé, Celui qui t’a élu, et Il terminera son

œuvre. —

. Apprends maintenant, mon bon ami, ce que dans

ma dernière maladie j’avais voulu te dire sans trouver

la force. Je voulais te dire une chose que tu n’as pas

laissé de faire depuis, une œuvre pour laquelle ton

SAUVEUR te bénira. Ayant reconnu en toi, pour la gloire

du SEIGNEUR et dans son amour, un ami sincère et fidèle,

je v0ulais te recommander une perle précieuse, et te

dire d’avoir soin , autant qu’il sera en toi, de mon

excellente femme. Le SEIGNEUR m’a bien fait la grâce

d’être son gardien; mais , ô mon ami, demeurons encore

unis tous deux , même à présent, dans la véritable

charité. Le SEIGNEUR t’a béni, et Il te bénira encore:

vois , tu me réjouis au sein de ma félicité immortelle;

car l’amitié indissoluble que nous avons formée, bien

loin de s’afl'aiblir par le voile posé entre nous, croit au

contraire et s’étend de plus en plus dans toute la force

du véritable amour. Et combien je suis réjouis davan

tage en voyant que toi aussi tu trouves du plaisir à

pouvoir servir! Tu es heureux en cela , mon ami; car

notre glorieux Rédempteur a aussi servi tout le tems

qu’Il était sur terre. Combien sont insensés ceux qui

ont honte de servir, et qui en souffrent! Béni au con

traire celui qui aime à servir, qui sert au nom de Jésus,

et sous ses yeux! Celui là sert comme il faut! Vois,

mon ami, il vit dans un service de Dieu continuel; car

un service rendu par amour est vraiment un service divin.

«Voilà ce que je voulais déposer au fond de ton

cœur; tu l’as fait jusqu’à ce jour; continue de le faire,

—159—

principalement par la prière; car aucun soupir, si léger

qu’il soit, n’est perdu. Quand il ne serait pas entendu

tout de suite, quand il ne serait point exaucé à ta ma

nière, il ne laisse pas d’être entendu et même exaucé

d’une manière divine. Voici comment l’ami éternelle

ment fidèlc le conduit à l’égard de tes prières: si ce

que tu demandes t’est salutaire, Il te l’accorde aussitôt;

dans le cas contraire Il refuse, mais alors Il te donne

l’équivalent d’une autre façon. Voilà, mon cher, avec

quelle précision Il répond à chacune de tes demandes!

Demeure-Lui donc uniquement fidèle, et Il se glori

fiera en toi de la manière la plus admirable. Jusqu’ici

Il te cache encore bien des choses; Il te dit: ce que je

fais, tu ne le comprends pas maintenant; j’aurais encore

beaucoup de choses à te dire , mais tu ne pourrais les

porter. Mais glorifie le SEIGNEUR par la patience ; et le

tems viendra , qu’Il se révélera a toi entièrement, oui,

entièrement. Oh! ne renonce pas à ta confiance en Lui;

attends patiemment; son secours se prépare ; tu appren

dras dans peu, mon ami, que tu as au ciel un Dieu

vivant et véritable, un Dieu ami! Il est près de toi,

Il est en toi! Le secours peut- il être plus près? Oh!

parle-Lui , Il te répondra; attache-toi à Lui, Il te pla

cera sur son sein , et Lui-même fera ton œuvre avec soin.

« Tel est, mon ami, le message qu’Il m’a chargé

de te porter. Nous autres bienheureux, nous lisons sa

volonté sur une table de crystal ‘), telle est sa condes

cendance; nous nous plaçons sur le nuage de la grâce,

et l’haleine de l’amour nous porte près de vous les

bien-aimés que nous avons laissés sur la terre.

‘) Le crystal signifie la vérité divine.

Note du Trad.

—155—

. 0 mon ami! quelle jubilation ce sera aussi pour

toi, quand une fois tu entendras le chant de triomphe

de ceux qui ont cru et qui viennent à voir face à face!

Je partage ta félicité en te voyant consacrer ta _voix à

la louange du SEIGNEUR; cette voix se forme et se dé

veloppe de plus en plus pour sa gloire; elle pourra se

mêler plus tard aux sublimes accords du cantique nou

veau. ‘) Quand sur terre un homme, même un seul,

loue et glorifie le SEIGNEUR par le chant, c’est un aimant

qui attire des milliers de bienheureux autour de lui; ils

s’unissent à ses accords, et le bénissent au nom du

SEIGNEUR. Sois assuré, mon bien cher, que notre grand

Dieu s’occupe même de la plus petite chose, et qu’il

bénit ses enfants dans les petites circonstances comme

dans les grandes, et cela d’une manière inetl’able. Com

bien de fois je l’ai remercié de ce que, dans sa bonté

infinie, il m’ait fait la grâce de pouvoir bénir par ces

conversations extraordinaires et célestes , et enrichir

de grâces, en son nom, ceux qui me sont chers, et

parmi lesquels tu es compté! Que le SEIGNEUR en soit

glorifié. Vous aussi vous éprouverez un jour son amour

au -delà de ce que vous demandez , au- delà de ce que

vous pourrez comprendre. .

u 011! tenez-vous à Lui, Il se tiendra à vous. Lui

même Il vous formera pour son céleste empire. Ho

sianna! Amen. '

Après une pause il continua:

«Mon ami, tu es instamment prié d’imposer de

") Le cantique nouveau signifie la joie d’un cœur réjoui par

la nouvelle que le SEIGNEUR en tant que homme a reçu

toute puissance au ciel et sur la terre. (Apoc. expl. 526,

857, 859.)

-—154—

nouveau les mains à ma chère femme , comme aupara

vant, et au Nom trois fois saint; seulement tu pourras

ajouter des passes depuis les genoux jusqu’au bout des

pieds. Il faut que je te dise cela moi-même; car ma

femmè ne te l’eût jamais dit.” —(Même après cette in

vitation, elle prétendit encore que cela me forcerait

à trop me baisser.) «Mais la vraie charité, répartit Li

neweg, ne trouve rien de pénible à se baisser. " -—

Immédiatement avant l’arrivée du bienheureux père

de famille, nous nous étions entretenus d’un prince voi

sin, en Allemagne, qui avait été très-grand mangeur:

nous fûmes donc étonnés d’entendre tout- à - coup la

voix nous dire: «Ce grand mangeur , dont vous parliez

tout-à-l’heure, est assis en ce moment dans un désert

affreux , ayant devant lui une table admirablement ser

vie, couverte de mets excellents et de vins délicieux;

mais il lui est défendu d’y toucher, il ne peut pas même

se rafraîchir la langue brûlante; et il souffre horrible

ment dc la faim et de la soif. ”

Cela me rappela un article touchant le D” F . . .

d’Argentine que Lineweg avait fait insérer de son vivant

dans une gazette de main et que je m’occupais à tra

duire du français. Je lui demandai, si j’y devais faire

entrer une note ajoutée plus tard, également de sa

main, et qui m’avait été communiquée. «Tu n’as qu’à

l’ajouter également en note, me dit-il. Mais ce cher

racheté, ah! il faudrait le voir maintenant, comment

il fait résonner la harpe sous ses doigts?) Son hymne

“) Jouer de la, Harpe signifie célébrer le SEIGNEUR par la

joie d’avoir connu la vérité. Les instruments à cordes ont

plutôt rapport au vrai, les instruments à vent plutôt à

l’amour. Note du Trad.

—-155—

favori est: Le SEIGNEUR a fait pour moi de grandes

"3 choses. '

«Maintenant, dit-il, en terminant, nous allons

convenir d’un point très-naturel entre amis, et tu peux

également en prévenir ceux de ta maison, c’est que

dans le cas que nos entretiens se prolongent au - delà

de l’heure des repas , tu acceptes la table de mes bien

aimés, pour recevoir la nourriture corporelle, après

avoir reçu la nourriture spirituelle. Tu seras donc tou

lours le bien-venu, que ce soit aujourd’hui ou demain.”

* * *

Comme l’article mentionné ci-dessus n’a encore

rien perdu de son intérêt, et qu’il jette un grand jour

sur la manière de vivre et les aimables particularités

du caractère de Lineweg pendant sa vie, je crois

devoir en donner ici la traduction, avec la note en

question, et les réflexions orales qu’il y ajouta.

Rapport d’une conversion remarquable et touchante,

opérée par la grâce tue/fable de notre SEIGNEUR , à la

suite de prières et d’intercessionsI ardentes et multi—

pliées, sur la personne d’un ennemi décidé de la

croix de CHRIST.

Du 21 Mars 1816.

J’ai à vous communiquer l’histoire touchante de

la conversion d’un de nos concitoyens. Il n’y a pas

longtems qu’elle a en lieu dans notre ville (à Argen

tine). C’est notre ancien ami, le Dr F..., à qui le fait

est arrivé. Oh! louez et glorifiez avec moi le nom saint

et adorable de notre Rédempteur. qui a montré dans

-— 156..

<—_———..-A .

cette rencontre d’une manière si admirable sa puissance

et son amour!

Le D“ F... , mort depuis peu de jours; était par

venu à l’âge de 77 ans. Étant né de parents catholiques,

il avait passé ses jeunes années dans un couvent de

Jésuites , et était devenu pieux à un degré remarquable;

— mais la conduite scandaleuse et révoltante de plu.

sieurs mauvais prêtres , dont il fut souvent témoin , lit

sur son cœur une bien malheureuse impression; en

confondant la parole de Dieu avec ces ministres indi

gnes qui l’annonçaient, et qui sans doute auraient dû

prêcher I’Evangile par leur conduite comme par leurs

paroles, au lieu de le nier par leur vie, votre ami se

mit à haïr de tout son cœur des hommes qui lui fai

saient horreur, et devint en même tems un ennemi de

la croix de Cnmsr et de toutes les personnes qui avaient

à cœur la gloire de Dieu BÉDEMPTEUR et qui cherchaient

à la procurer. Il persévérait, dans un âge avancé, dans

ces désolantes dispositions; car il n’y a que quelques

mois qu’il renouvela encore en ma présence ce serment

solennel qu’il avait souvent fait, que jamais il ne souf

frirait l’approche d’aucun ecclésiastique à son lit de

mort. Je cherchais toujours, dans les moments que la

grâce du SEIGNEUR me ménageait, et où je pouvais lui

parler en ami, de faire quelque impression sur son

cœur; et je conservais toujours l’espoir, qu’à la fin

pourtant la grâce du SEIGNEUR triompheraît de cette

âme aveugléc et déroutée. Enfin le SEIGNEUR bénit cet

espoir et la peine que je prenais à son sujet; surtout

pendant les derniers jours que notre ami, qui n’avait

été que trop à plaindre, eut encore à vivre.

Écoutez le récit de cette merveille de notre Dieu.

z.“

——157-—

Il y a trois semaines, le D" F . . . tomba dange

reusement malade. Aussitôt nous convînmes au nombre

de cinq personnes, trois frères de sa propre commu

nion, avec ma femme et moi, d’adresser à la fois nos

prières au ciel; et cela uniquement pour le salut de

son âme, car la santé de son corps nous paraissait la

moindre des choses. Personne encore que môi n’avait

osé parler au malade de religion: encore n’en'pouvais

je dire moi - même qu’un mot en passant, sans insister

longtems. Il prit toutefois pour moi une tendre alfection,

et ne voulait soufl'rir personne d’autre auprès de lui,

même quand la maladie fut devenue décidément mor

telle. Comme avec tout cela je ne pouvais remarquer

encore aucun changement dans son cœur, nous nous

réunîmes tous chez moi, afin de prier pour lui en ohm

mun; et nous conjurâmes le SEIGNEUR de vouloir bien

amener par sa grâce ce pauvre malade, depuis si long

tems dérouté, à une prompte et salutaire pénitence.

Un des jours suivants je me sentis porté à l’aller

trouver pour lui parler tout - à - fait ouvertement de la

nécessité de se réconcilier avec Dieu, de lui représenter

ses égarements et ses péchés, enfin de lui rappeler la

mort de Celui en qui seul peut se trouver le salut. Je

sollicitai ardemment l’assistance du SEIGNEUR pendant

le trajet de chez moi jusqu’à sa‘demeure. gg,

Mais dans quel état je devais le trouver! sa langue

était paralysée, et il ne put parvenir à articuler une

seule syllabe; seulement il me serra à plusieurs reprises

sur son cœur, et semblait ne plus vouloir me laisser

aller. Je ne pus donc lui parler et m’ouvrir à lui aussi

librement que je m’étais proposé de le faire; mais au

lieu de cela je m’adressai avec d’autant plus d’ardeur

_.158._

au SEIGNEUR; et je Le conjurai de lui délier la langue et

de lui rendre la faculté de parler, si cela pouvait être

conforme à sa sainte volonté; ou bien de parler Lui

même au cœur de cet infortuné, et de lui dire tout ce

que je m’étais proposé de lui communiquer, savoir:

qu’il serait perdu sans retour s’il ne parvenait à recon

naître et 11 confesser ses péchés, et s’il ne venait à

s’adresser à Jésus, à son SAUVEUR , pour obtenir grâce

et miséricorde par la foi en Lui et l’amour pour sa

persowie adorable. Je le quittai vers neuf heures du

matin. Le jour suivant je fus dérangé par des affaires

pressantes et je ne pas le voir. Ce ne fut donc que le

Surlendemain que je pas de nouveau le visiter; mais en

attendant nous continuions à intercéder pour lui avec

ferveur; parce que nous étions vivement émus à la vue

de la position critique de notre ami, et du triste sort

qui l’attendait dans la vie future. Mais apprenez main

tenant les merveilles du SEIGNEUR. Aussitôt qu’il me vit,

il me saisit“ la main avec un empressement extraordi

naire, m’attira à lui, et me dit d’une voix distincte et

ferme : Ami! ami! Dieu a opéré en moi un miracle, un

miracle soudain, malheureux pécheur que je suis, et qui

ne sais comment j’ai pu le mériter. Dès qu’avant-hier vous

m’eûtes quitté j’ai pu prier le Dieu, que depuis si long

tems j’avais oublié. Tout a été changé en moi. J’ai

demandé grâce pour l’amour de JESUS-CRRIST. J’ai con

fessé mes péchés. Je me suis réconcilié avec Dieu et avec

les hommes. J’ai prié mes ennemis, et surtout les ecclé

siastiques , de me pardonner pour l’amour de Jésus—

Cnmsr. J’ai reçu la communion, et je sens dans mon

âme une paix indicible .' J’ai obtenu grâce entière. Jésus est

mort aussi pour moi! Je le sens; JESUS est tout pour moi!

-— 159 -

Notre frère vécut encore quatre jours dans cet

état d’un heureux changement, et dans cette plénitude

de grâce et de joie. Il avait à la vérité de grandes souf

frances corporelles à endurer; mais son âme était heu

reuse d’un bonheur que jusque-là il n’avait point connu.

Il demeura plein de foi et d’amour jusqu’à la fin, priant

continuellement avec un ecclésiastique, auquel il té

moigna toute sa reconnaissance. Quand j’allais le voir,

il ne voulait plus me quitter; tout son cœur était attiré

par un ami dont il savait que la suprême satisfaction

était d’appartenir entièrement au SEIGNEUR, et de savoir

que d’autres Lui appartiennent. Aussi passai—je chez

lui tout le tems que mes occupations me laissaient libre,

et sans aucune crainte de prendre sa maladie, qui était

contagieuse. Je m’abandonnai entièrement à la provi

dence du SEIGNEUR en ce point; même quand ayant

plusieurs fois tenu le malade embrassé, je sentis les

atteintes de la même fièvre et des mêmes chaleurs brû

lantes qui le dévoraient. Le SEIGNEUR ne permit pas que

cela eût pour moi aucunes suites fâcheuses.

Notre bienheureux ami mourut ainsi le cinquième

jour de sa conversion. J’étais dans mon lit, quand tout

à-eoup je me réveille vers cinq heures et demie , et me

sens porté intérieurement à prier pour ce nouveau frère

dans le SEIGNEUR. J’avais le pressentiment que dans ce

moment-là même il était à l’agonie et subissait son der!

nier combat. Je priai pour lui tout haut; j’étais tout en

larmes; et je conjurai le SEIGNEUR de recevoir dans sa

grâce cette pauvre âme qu’Il avait rachetée, et qu’Il

avait ramenée à la vie en Lui. — Je m’habillai alors à

la hâte; je me rendis chez le malade, et j’appris qu’il

venait de rendre son âme au milieu des prières. C’était

160 -—

.

a l’instant-même que je m’étais senti poussé chez moi

à prier pour lui.

La conversion de cet homme, qui demeure un

monument touchant de la bonté infinie du SEIGNEUR, a

fait une impression extraordinaire sur le public; car il

était généralement connu dans la ville pour un savant

du premier ordre dans sa profession; et on l’aimait à

cause de sa bienfaisance, de son honnêteté; mais on

savait en même tems très-bien que c’était un ennemi

décidé de la croix de CHRIST , et qu’il haïssait surtout

l’Église. On le regardait comme un déiste; encore crai

gnait-on que son incrédulité n’allât plus loin.

0 mes amis, remerciez le SEIGNEUR avec moi, de ce

que sa bonté ait touché aussi cette âme, qui est deve

nue un précieux prix de ses souffrances. Oui, qu’à

l’Agneau qui a été sacrifié pour nou_s , on accorde l’hon

neur, la gloire, la louange et la bénédiction; parce

qu’ll a répandu son sang pour les plus grands pécheurs,

et pour les pécheurs les plus endurcis. Conjurons -Le

que par sa puissance divine et par sa grâce , Il les rap

pelle tous à Lui et à sa félicité. Amen , Amen!

Note de Gustave.

J’avais trouvé cette Lettre dans un recueil manus

crit que le pasteur Oberlin faisait circuler dans sa pa

roisse du Ban-dc-la-Roche et parmi ses amis d’Argentine.

Mais il paraît qu’elle avait été singulièrement abrégée

et changée pour être insérée dans les feuilles publiques;

car dans ce manuscrit on lisait en marge l’addition sui

vante de la main de Linewe« :

*-161«

.Notre ami, le docteur Fischer, médecin de l’im«

pératrice. Joséphine , a obtenu de notre RÉDEMPTEU‘R la

grâce insigne, qu’au milieu de son répentir et de ses

larmes , la veille de sa mort, le SEIGNEUR Lui-même lui

apparût. Le SEIGNEUR lui montra son côté ouvert et les

plaies de ses mains, et lui assura de bouche l’entier

pardon de ses fautes. "

A la fin de la lettre on lisait cette autre note de

Lineweg : «Je ne me rappelle plus au juste le contenu

de ma lettre; mais dans l’original il devait y avoir des

détails bien plus circonstanciés; car j’ai entendu, de

mes oreilles, que le Docteur rernerciait le SEIGNEUR,

avec larmes, de s’être montré à lui face à face, à lui

le plus misérable de tous. les pêcheurs; de lui avoir

montré son cœur percé, et de lui avoir dit ces propres

paroles : Tous les péchés te sont pardonnés. La première

parole qu’il m’adressa , lors de ma dernière visite , fut

celle - ci : J’ai vu le SEIGNEUR, et j’ai obtenu mon

pardon! "

’ Je me rappelle de mon côté parfaitement, 00m4

ment Lineweg, pendant sa vie, parlait quelquefois du

D“ Fischer. Celui - ci se plaignait souvent amèrement,

que les Jésuites lui eussent ravi sa foi, la paix de son

cœur et le bonheur de sa vie: et quand Lineweg lui

représentait vivement la vérité et la majesté de la foi

chrétienne, il s’écriait avec larmes : «Si je pouvais

croire , je serais heureux; mais cela ne dépend plus de

moi. J’ai toujours devant les yeux l’horrible jeu que

mes professeurs faisaient de la religion. Moi-même,

qui me destinais à l’état ecclésiastique, ils ont voulu

m’initier à leur honte et à leur hypocrisie, me portant,

en quittant l’autel, au dévergondage des plus sales

——162——

voluptés et du blasphème contre les choses saintes. '

La noblesse de son caractère et son profond sentiment

de. moralité s’étaient trouvés tellement froissés, qu’il

avait pris le parti de se sauver, et qu’il s’était fait mé

decin. .Ce qui prouve jusqu’à quel point il avait été

révolté, c’est que dans un âge très-avancé, il s’écriait

encore souvent, que si un calottin avait l’audace de se

présenter à son lit de mort, il le percerait d’un dard.

Ce ne fut que dans les derniers moments de sa

vie que Lineweg avait réussi à lui faire entrevoir la lu

mière divine dans ce flambeau qui, entre les mains des

prêtres, ne lui avait paru qu’une lueur trompeuse; car

déjà avant sa maladie cet ami l’avait quelquefois entre

tenu de la nature de l’Evangile, et avait ébranlé les

appuis de son incrédulité les uns après les autres. Comme

son cœur au fond voulait le bien, il se laissait gagner

peu à peu. Ce fut dans cet intervalle qu’il fut surpris

par sa maladie, et alors Lineweg employa tous les

moyens en son pouvoir pour le salut de son âme; et

on sait avec quel succès. Ce fut lui qui engagea le ma

lade à faire chercher un ecclésiastique. Il eut d’abord

de la peine à persuader au prêtre catholique de venir,

car celui- ci avait peur de Fischer ; et il ne risqua sa

visite que sur l’assurance réitérée qu’il serait bien reçu:

Lineweg l’accompagna chez le patient.

Du 15 Novembre 1855.

Quand je visitai aujourd’hui la chère veuve, nous

entendîmes tout- à - coup un léger bruit : Anna assura

que l’Etre chéri devait n’être pas loin , elle avait déjà

plusieurs fois entendu ces sons , qui ne lui semblaient

/

..—— 165 —

point provenir uniquement des objets physiques de la

chambre. Mlle PalnIettas, frappée de surdité dans ses

organes matériels, mais d’autant plus impressionnable

pour les influences supérieures, prétendait aussi sentir

la présence de plusieurs êtres bienheureux. Après que

j’eus fini les soins à donner à Mme Lineweg, je voulus

me retirer; Mme Lineweg m’engagea à rester à souper;

et à peine eûmes-nous pris notre léger repas, qu’Anna

entra dans l’état extatique et dit:

«Votre heureux père de famille est là, et parle

ainsi:

«Vous n’aviez pas seulement une visite près de

vous, mais plusieurs, mes bien—aimés! Tant d’esprits

faibles et incrédules disent aujourd’hui: Jamais les dé

funts ne peuvent donner de leurs nouvelles aux hommes

de la terre. Insensés! les esprits malheureux et dégra‘

dés se font remarquer de mille façons parmi les enfants

des hommes; pourquoi la même chose ne serait-elle

pas possible aux esprits bienheureux, quand le SEIGNEUR

le leur permet et les soutient? -—

«Il m’est permis, mes amis, de vous annoncer

qu’aujourd’hui le SEIGNEUR abrègera encore les jours,

afin que son règne vienne. Il faut bien qu’il en soit

ainsi, mes bien-aimés; il le faut; car les ténèbres et la

perversité parmi les enfants des hommes sont plus

grandes que jamais; et si le SEIGNEUR n’abrogeait avec

rapidité les tems, personne ne pourrait être sauvé.

«Demandez, mes bien-aimés, demandez à Dieu

des cœurs aimants; demandez-Lui son amour; car ce

n’est qu’avec cet amour que vous pouvez triompher.

L’amour, est - il dit, est fort comme la mort. --— Vous

en avez tous besoin. Il faut que vous deveniez dignes

M.“

a.‘rw"'

—-164——

d’être aimés, afin que vous soyez dignes du SEIGNEUR.

L’amour est l’huile qui alimente la lampe; celui qui ne

l’acquiert pas bientôt, afin que sa lumière brille, risque

d’arriver trop tard. ‘) Car dans un intervalle très-court

l’homme de péché, l’enfant de perdition sera manifesté;

et la porte sera fermée, de sorte que personne ne pourra

plus entrer. Celui-là fiattera toutes les passions, em

ploira tous les moyens pour détacher les hommes de

CHRIST. C’est pourquoi, mes bien-aimés , priez le SEI

GNEUR de vous donner la plénitude de son Saint-Esprit;

priez sans cesse, afin d’échapper à toutes les tentations.

En ce moment ce n’est plus comme un lion rugissant

que le Démon tourne autour de vous, car sous cette

forme les fidèles le reconnaîtraient; il se glisse comme

un perfide serpent. Veillez donc et priez sans cesse!—

Et ce que je vous dis là ne signifie pas qu’il faille croi

ser les bras; non: c’est pendant le travail que vous

devez prier; un seul soupir peut briser le cœur tendre,

le cœur paternel de Dieu. Et je vous répéterai encore

une fois:

Un regard envoyé vers Lui

Ramène mille et mille bénédictions.

c Combien l’on cherche, combien on court quand

on sait qu’on peut parvenir à se procurer quelque bien

terrestre! et l’on ne ferait pas la même chose pour se

procurer un bien éternel? Vous ne pouvez rien vous

donner vous-mêmes: comment donc pourriez-vous vous

maintenir dans ces tems de ténèbres et d’obscurité, si

’) La lampe signifie la connaissance du vrai; l’huile, l’attrait

de l’amour. (Arcanes célestes. 4658.)

—165-—

le SEIGNEUR ne vous soutenait. Insistez, pour que le

SEIGNEUR reste avec v0us, maintenant que le soir est

venu, et que le jour a décliné; insistez! oh , combien

ce divin SAUVEUR aime qu’on Lui fasse cette sainte vio

lence! Prenez-Le pour votre Berger, alors rien ne vous

manquera. Que vienne alors l’enfer avec toutes ses

puissances, il ne pourra rien sur vous: vous êtes en

sûreté! 1*

Lineweg fit ensuite lui—même une admirable prière

au SEIGNEUR, exprimant tous les sentiments indiqués;

puis, après une pause, il dit d’un ton fort sérieux:

«Aujourd’hui, mes amis, a été abattu un avare, comme

on abat un arbre (c’est ainsi que se désigne ici la mort

subite), et son sort n’a point été fortuné. Il cherche en

ce moment la mort, et ne peut pas la trouver. Son es

prit en fureur court ça et là sous la forme d’un rat;

car les souris et les rats représentent les affections des

avares. '

Enfin Lineweg dit à sa femme : «Tu as très -bien

fait de retenir aujourd’hui ce cher hôte; tu nous as

ainsi retenus tous deux. -—- Tu peux réveiller. »

Puisque le bienheureux (exPlique lui-même, ici,

le sens de ces images naturelles qui apparaissent dans

le monde des esprits, nous sommes dispensés de le

faire nous-mêmes; mais nous ajouterons un évènement

de la vie terrestre de Lineweg qui rappelle des choses

semblables. De même que ce chrétien, plein d’une foi

agissante, avait reçu la grâce de guérir et de soulager

les malades par l’imposition de ses mains, de même il

chassait quelquefois les mauvais esprits par la vertu du

SEIGNEUR: car ces choses marchent naturellement en

semble, comme on le sait par l’Evangile et l’Église

166

primitive. La puissance du SEIGNEUR détruit toute espèce

de mal. Quand Lineweg sentait le moment venu, après

avoir prié, il saisissait un malheureux par le bras , lui

regardait fixement dans les yeux, et lui disait : «Le

SEIGNEUR te délivre; va et ne pèche plus. * C’est de

cette manière qu’il délivra un jour une paysanne de la

rive droite du Rhin, qui vint le trouver pour être guérie

de ses tourments intérieurs. Tandis qu’il priait avec

elle, entra le vieil ami de la maison, Link, connu pour

avoir la vue spirituelle ouverte (comme il y en a tant

aujourd’hui, soit pour le bien soit pour le mal): «Quels

animaux infernaux,» dit-il en entrant, «avez-vous donc

là dans la maison? » « Que v0ulez -vous dire? ’ lui de

manda Lineweg. — « Mais un énorme rat, que je viens

de rencontrer sur l’escalier! Il m’a fallu me retirer

contre la rampe pour le laisser descendre.» C’était

sans doute sous cette forme que partait l’esprit de

l’avarice qui tourmentait cette pauvre femme. ‘)

\

Du ’16 Novembre 1855.

Aujourd’hui, à la suite de quelques causeries du

soir, Mme Lineweg apporta la boîte aux sentences; on

tira au sort; et chacun eut à se réjouir des paroleslui étaient échues. Mue Palmettas, frappée de surdité,

eut le passage de St.-Mathieu XX. 29 —— 54.“) Nous_

chantâmes ensuite le cantique : Louez le Rédempteur,

le puissant roi de gloire. Anna nous accompagnait au

piano: tout-à-coup, au lieu de continuer le quatrième

“) Voyez Arcanes célestes. (958. 1514.)

”) C’est la guérison des deux aveugles.

—’167—

verset, elle retire vivement les bras à elle; et elle est

ra_vie en esprit. Lineweg était au milieu de nous, et dit:

« Attiré par votre hymne de louange, je viens vous

dire que non-seulement mon cœur, mais les cœurs d’un

grand nombre de bienheureux en ont été touchés. Votre

chant a même pénétré dans le ciel suprême, et a tou

ché le cœur paternel de Dieu. Le cœur paternel de

Dieu? dites-vous; et pourtant nous avons loué le RE

DEMPTEUR, le Fils de Dieu. Mais ne savez-vous pas, mes

bien-aimés, qu’Il est un avec le Père, et que le Père

Lui a donné la puissance, la gloire, les trônes et les

dominations? Si donc vous louez le RÈDEMPTEUR, vous

louez le Père. — 011! si vous saviez, combien Il aime

qu’on le loue et l’exalte ainsi, avec un cœur content et

joyeux! quand on Lui expose tous les mouvements

d’un cœur aimant et plein de gratitude! Apprenez qu’Il

est encore ce même Dieu de bonté qui guérit les deux

aveugles. Dans toutes vos peines, criez avec assurance:

SEIGNEUR, aie pitié de nous! Il se retournera aussitôt,

et dans sa profonde compassion Il vous dira à chacun

de vous: Que veux-tu que je te fasse? Et si alors vous

Lui demandez d’être délivré de quelque défaut moral

et spirituel, Il vous exauce; si ce n’est au moment

même, ce sera pour l’époque marquée par sa sagesse.

Je puis vous assurer ces choses sur mon âme et mon

éternelle félicité. Et si le peuple veut vous imposer

silence, si la génération mauvaise et perverse veut vous

intimider et vous arrêter dans l’efl'usion de vos cœurs

en présence de l’Eternel, alors criez encore plus fort:

Fils de David, aie pitié de nous! Et je vous dis en vé

rité que JEnovm-JEsus-Cnmsr vous exaucera. Priez-Le

de vous ouvrir les yeux; car Il a un excellent baume

——168—

pour tous ces’maux. Demandez-Lui sa lumière, afin que

vous ne marchiez pas dans les ténèbres. Et quelle est

cette lumière? direz-vous. Encore une fois, c’est l’es

prit de CHRIST. J’en reviens toujours à vous dire: De

mandez l’esprit de CHRIST, afin qu’ll devienne tout

votre bonheur.

. Telle est aujourd’hui la rosée de la bénédiction

du SEIGNEUR qui se répand sur vous. Achevez maintenant

votre hymne ; mille bienheureux vous accompagneront.

«1 Et toi, mon ami, s’il se fait trop tard, le cœur

t’invite à rester avec les miens , car tu es de la famille.

Aujourd’hui, demain, toujours tu seras le bien-venu.

«J’ai veillé à la nourriture spirituelle, ma chère

femme, veille de ton côté à la nourriture du corps. ”

Mme Lineweg réveilla au nom du SEIGNEUR, et nous

achcvâmes notre cantique.

Du 17 Novembre 1855.

Quand j’entrai aujourd’hui chez Mme Lineweg,

elle me dit: Avez-vous mis par écrit ce qui s’est passé

hier? —- Oui, lui répondis-je. — Tout cela aura coulé

de votre plume comme d’une Source, ajouta-belle? —

C’est vrai, dis -je ; j’en ai été étonné moi-même. Je ne

voulais d’abord pas m’y mettre , parce que je ne pou

vais croire qu’il mc serait possible de bien rendre un

discours prononcé avec tant de promptitude; mais peu

à peu une phrase après l’autre me revint à l’esprit, et

je crus devoir les jeter sur le papier. — Je savais déjà

tout cela, reprit Madame : ce matin mon mari m’a dit

au réveil : J’ai été chez notre ami, et je lui ai rappelé

tout ce qui a été dit hier, de sorte qu’il a pu l’écrire.

I.

-—169—

Mme Lineweg me raconta en outre un petit évé

nement fort singulier, arrivé la veille dans la majson.

Il y avait sur la table, dit- elle, trois carafl'es pleines

d’eau; la première, au bord, était restée sans bouchon,

parce qu’elle était destinée à être préparée par moi

comme remède, par la prière et l’imposition de mes

mains. Arma, en ôtant la poussière de la table, toucha

très-légèrement à la carafi'e bouchée la plus éloignée,

et ce léger choc, qui ne fit rien à cette carafi’e elle

même, suflit pour faire sauter un éclat de la troisième

caraffc, celle qui était ouverte; de sorte que toute l’eau

coula dans la chambre; et la pauvre fille fut toute sai

sie de cet accident, par la raison qu’elle ne pouvait

concevoir comment il avait pu avoir lieu. Madame en

rit et fit donner cette caraffe trouée à des enfants de la

rue qui s’en firent un amusement. Mais le soir, quand

elles se mirent au lit, Lineweg adressa, comme il fai

sait souvent, quelques paroles à sa femme : Ton mari

est là, lui dit-il, et cela en coupable; c’est moi, qui ai

amené le désastre de la carafl'e. Il faut que tu saches

qu’un mauvais esprit, en passant, avait fait couler de sa

bave dans ton eau, et lui avait communiqué par-là une

qualité délétère, telle, que si tu eusses bu de cette eau,

tu aurais souffert des douleurs insupportables. Le SEI

GNEUR m’a ordonné de détruire aussitôt cette influence

de l’enfer. J’aurais pu mettre Arma en extase, et vous

avertir; mais j’ai préféré m’y prendre d’une manière

plus frappante, afin de vous faire plus d’impression, et

vous mieux faire connaître la malice infernale. Même

si tu n’avais fait que toucher aux morceaux de verre

cassés, tu aurais encore souffert dans ton bras. Madame

demanda, si les enfants qui avaient joué avec cette bou

—170—

teille, en avaient aussi reçu quelque dommage: il ré

pondit que non, et l’engagea simplement à remercier

le SEIGNEUR de la providence particulière, avec laquelle

Il veille sur ceux qui Lui appartiennent.

Du 18 Novembre 1855.

On racontait hier chez Mme Lineweg une histoire

qui nous lit à tous un grand plaisir. Un ecclésiastique

de notre ville, disait une relation imprimée qui nous

était tombée entre les mains, appelé Laurenz , fut obligé

de faire un voyage à Jéna. En chemin il se consola de

l’abandon dans lequel il se trouvait, et de l’éloignement

de la ville natale et des amis, par la pensée que Dieu

et ses anges l’entouraient et le protégeaient. Quand il

n’eut plus qu’une journée de chemin à faire, il se pré

senta tout-à-c0up à lui un étranger qui lui proposa de

faire route avec lui, et cela—avec des manières très

afl'ables. Laurenz lui demanda qui il était ,_ et il dit

qu’il était employé au château de Bourg-Lumière ‘);

mais il tut son nom. Laurenz n’était pas précisément

réjoui de cette rencontre, il aurait préféré marcher

seul; mais il ne refusa pas la compagnie. Ils voyagèrent

donc ensemble; l’étranger à cheval, Laurenz en voi

ture. Celui-ci cependant perdit bientôt l’étranger de

vue. La nuit vint, il_fallut traverser une forêt, mais

après s’y être enfoncé, le cocher déclare qu’il ne con

naît plus rien aux chemins. Laurenz était dans une

‘) Leuchtenburg , ancien château sur les hauteurs de la ville

de Géra, dans laquelle Laurenz devait s’arrêter pour le dîner.

—I7l-—

grande inquiétude, regardant ça et là, quand tout-à

coup l’étranger s’approche et crie : soyez tranquille,

je vais vous conduire; je connais ici tous les chemins;

nous arriverons bientôt en un endroit, où il nous fau

dra passer la nuit. On arrive. Laurenz s’arrêtait avec

regret dans cet endroit qu’on lui avait signalé comme

peu sûr, et comme recélant des voleurs et des assassins.

Cependant il fallut se soumettre à la nécessité. On

entre dans l’auberge; aussitôt l’étranger se met à la

recherche d’une chambre commode pour Laurenz, au

quel il cn indique bientôt une, ayant une antichambre,

dans laquelle il offre de coucher lui - même pour

que son compagnon puisse dormir tranquille. Plein

( d’admiration et de reconnaissance, Laurenz se soumet

à tant de bontés. On soupe; l’étranger parle peu, ne

fait que les réflexions nécessaires, mais se montre par

faitement honnête et plein d’attentions pour tout le

monde. Après le souper, Laurenz lui souhaite une bonne

nuit de tout cœur, se retire dans sa chambre, remercie

Dieu de sa protection et de la paix qu’il ressent, et

s’endort. Le lendemain matin il trouva son compagnon

déjà dispos; ils repartirent ensemble; mais bientôt

Laurenz perdit de nouveau l’excellent étranger de vue:

et cette fois il ne le revit plus, bien qu’il dût aller aussi

à Jéna, et y arriver vers midi. Bien plus, Laurenz prit

des informations, et il se trouva que personne ne

connaissait d’employé du château de Bourg-Lumière

qui ressemblât le moins du monde à l’étranger en

question.

Cette avanture avait été chantée en beaux vers par

Laurenz, et la dernière strophe renfermait cette l‘é!

flexion:

—- 179-—

Était-ee un ange envoyé par Toi

A l’heure où Tu me vis en peine?

S’il est vrai que ce n’était qu’un homme,

Toujours a-t-il été ange pour moi.

C’était de cette histoire que nous nous occupions

hier soir. Aujourd’hui il était convenu que je lirais la

traduction de la lettre sur le D" Fischer que l’on con—

naît déjà. Je le fis; mais à peine eus-je terminé, qu’Anna

était déjà ravie en extase, et la voix connue nous dit:

«Mes enfants, un bourgeois, et si vous voulez un

bourgeois du château Bourg-Lumière, se trouve ici.

Salut, mes bien -aimés, assemblés au nom de ce JESUS

qui s’est montré d’une manière si admirable le miséri—

cordieux SAUVEUR de notre ami et frère Fischer, main

tenant heureux et très—heureux, et dont tu as rappelé

au mieux la fin terrestre. L’esprit du SEIGNEUR était sur

toi, tandis que tu écrivais, pour que tu rendisses bien

cette édifiante notice. Apprends, ma chère femme, que

c’est ce même frère, ami du SEIGNEUR, qui a été ton

gardien cette nuit. Il m’avait prié d’être chargé de rem—

plir cette œuvre de charité, parce qu’il savait que j’avais

été envoyé pas le SEIGNEUR dans la compagnie de cinq

autres bienheureux, parmi lesquels se trouvaient aussi

Stilling et Anne Bourignon, pour conduire dans le sein

d’Abraham, c’est-à-dîre, dans le sein de JEsus-JEnomn,

un excellent enfant de Dieu sortant des états d’Espagne.

Cette âmé précieuse avait été la mère de neuf enfants,

qu’elle laissait sur la terre; nous nous avançâmes avec

elle dans un char comme celui d’Hénoch. Il fallait la

voir, mes bien-aimés! Ces scènes là ne peuvent se dé

crire. Elle se tint longtems prosternée en adoration, ne

pouvant articuler une parole. Mais aussi, quelle assem

—175-—

blée auprès du trône céleste! Des chérubins, des séra

phins, des prophètes, des apôtres, des vieillards ra

jeunis, des hommes brillants de la force de l’âge, des

vierges sans nombre, des adolescents de la force de

l’homme fait, des femmes, des mères, des enfants !

Tous les habitants célestes accoururent pour célébrer

le triomphe éternel de cette âme aimante et résignée.

0 mes bien-aimés! le SEIGNEUR a conduit cette

âme par des voies admirables, mais glorieuses. Cet

enfant de la grâce sut imiter parfaitement Saint - Paul,

abandonner le vieil homme, briser la volonté propre,

renoncer à elle-même , pour connaître l’unique volonté

de Dieu et la faire. La première demande de Paul,

après que Dieu, dans sa miséricorde infinie, se fut ma

nifesté à lui, fut celle-ci: SEIGNEUR, que veux-tu que je

fasse? Et depuis ce moment il renonça pour jamais à

l’ennemi du salut des hommes dans son cœur. Le SEI

GNEUR vit sa résolution , et l’aida ; il ôta la pierre de la

volonté propre de la tombe du cœur de Paul. Telle fut

aussi, mes bien chers, la résolution de cette douce co

lombe. Elle s’était jetée entièrement dans les bras de

Dieu, n’ayant plus d’autre volonté que la sienne. Et

plus elle s’anéantit devant Lui, plus le SEIGNEUR devint

puissant en elle. Elle Le priait tous les jours de ne point

cesser que l’œuvre de sa rédemption ne fût accomplie,

pour sa propre gloire. Et sa prière fut entendue et exau

cée dans le ciel, par son ami éternellement fidèle. Il la

purifia dans le creuset des tribulations, et ôta toutes

les sorceries de l’homme terrestre en elle; Il agit in

cessamment jusqu’à sa parfaite guérison. 0 mes bien

aimés! elle est maintenant saine à jamais; votre Ré

dempteur a été son Rédempteur; votre médecin a été

-174—

le sien. Et maintenant elle triomphe et chante éternel

lement les grâces du SEIGNEUR. Mes bien-aimés! par

tout le ciel on entendait sortir, comme d’une seule

bouche, ces paroles : Quelle est celle-ci? D’où vient

elle? et une voix de jubilation répondait : Alléluia!

cette colombe vient d’une grande tribulation; elle a

lavé ses vêtements dans le sang de l’Agneau. Salut!

salut! elle a apporté avec elle l’olivier de la paix. Salut!

son nom est maintenant Enfant de Dieu. Oui, Amen,

dit Jéhovah; heureux les pacifiques , heureux ceux dont

le nom est inscrit au livre de vie! -- Mes enfants, ce

sont là des béatitudes, ce sant des scènes de joie, c’est

une gloire, en comparaison desquelles les soufi'rances

de cette vie ne sont rien. Oh! réjouissez-vous; l’ami de

cette bienheureuse est aussi votre ami; Il est à côté de

vous dans la joie et dans les pleurs. Elle repose main

tenant, cette âme fatiguée, dans la chambre de l’épou;

elle exalte le SEIGNEUR dans une glorieuse paix. Son oc

cupation est la louange et le chant de reconnaissance;

son repos est la célébration de la grâce du SEIGNEUR,

partout où le SEIGNEUR l’envoie. Vous aussi donc, mes

bien-aimés , ne laissez jamais s’afi'aihlir votre confiance

dans le SEIGNEUR. Il est fidèle, Il connaît les siens; Il

les conduit d’après les conseils de sa sagesse, et les

reçoit enfin en grâce , et les couronne d’honneur. Ho

norez l’ami de vos âmes par une confiance toute filiale,

et sa gloire vous apparaîtra aussi à vous. Oh! pensez

souvent à cette grande vérité: c’est l’amour qui t’éprouve;

bientôt tu entendras la voix du consolateur te criant:

me voici! Amen. —

«Ma chère femme, crois-tu que je ne t’ai pas vue

pleurer hier? (Elle avait en efi'et pleuré, en se rappelant

—-175—

les souffrances de Lineweg, et par le désir d’être avec

lui.) Vous autres petits enfants de la terre, vous pleu—

rez sur des choses qui seront éternellement le sujet de

mes chants!-—Te sens-tu un peu soulagé maintenant?

—Oui, grâce à Dieu! répondit-elle. — Te rappelles-tu,

ma chère, le tcms où nous allions faire de petites pro

menades dans les environs? Tu sais qu’alors je te dé

vançais aussi quelquefois un peu: eh bien, la même

chose nous est arrivée ici, je n’ai fait que te précéder;

et bientôt vous me suivrez tous. ”

Oh! suivez, suivez JESUS; alors point de séparation.

Celui qui aime JESUS est et reste dans la paix ').

Du 19 Novembre 1855.

Chandani avait reçu de nouveau une décision fort

affligeante, relativement au procès pour ses enfants,

que les juges d’Ebertsbrunn étaient appelés à terminer.

Tandis que, sous le prétexte odieux d’une restitution

qu’il devait faire à sa femme séparée de lui, avant

qu’ils lui eussent fait rendre compte, et même avant

qu’ils lui en eussent présenté un, ils retenaient tout son

bien, ils portèrent la sentence inique et cruelle, que

les enfants, que l’autorité supérieure avait fait placer

dans un institut, seraient rendus à leur malheureuse

mère, à moins que le père qu’ils venaient de piller, ne

donnât de son côté les sûretés nécessaires pour le paie

ment de la part de la pension. Dans cette occasion

") La paix signifie dans l’Eeriture sainte le ciel. et l’éternelle

félicité provenant de l’union avec le SEIGNEUR. (Apocal.

expl. 540. 565.)

-—176—«

Chandani ne savait plus laquelle de ses douleurs était

la plus grande, celle de voir le triste sort de ses en

fants, ou celle de voir les hommes oublier à son égard

les serments et les lois les plus sacrés. Nous ne savions

plus que faire ni lui ni moi: nous ne pouvions plus que

dire: SEIGNEUR, Ton règne vienne.

Pleins de ces inquiétudes nous arrivâmes tous

deux, chacun de son côté, dans la famille Lineweg,

avec le désir et l’espoir d’obtenir quelque avis et quel—

que consolation. Mais Anna demeura gaie et éveillée;

et Chandani retourna à la maison, afin de se distraire

par le travail. Pour moi, je restai encore quelque tems,

pour remplir mes petites fonctions; et enfin Arma entra

dans l’état supérieur, et le bienheureux commença à

parler.

«Ton ami et l’ami de ton ami est là , et dit: Mon

bien cher, le Dieu d’amour m’envoie de nouveau pour

consoler en son nom et par sa grâce son enfant, notre

ami et frère. Dans ce moment il peut dire avec raison:

0 Dieu! pourquoi demeurai-je triste et abandonné,

tandis que mes ennemis me persécutent? —- 0 mon

cher, dis -lui bien que le SEIGNEUR se souvient de lui.

Oui, chère âme souffrante , le SEIGNEUR ne t’a pas encore

oubliée. Mais, vois, c’est en t’humiliant qu’ll t’exalte.

C’est maintenant la dernière heure, et le dernier com

bat s’engagé; le jugement commence par la maison de

Dieu, et il s’achevera promptement, afin que les grains

encore bons soient amassés avant que la flamme vienne

dévorer la paille inutile. Le SEIGNEUR se hâte de nettoyer

son aire; il épure les siens et les éprouve comme l’or

dans la fournaise. 0 mon ami! vous serez heureux, si

vous voyez le SEIGNEUR aussi dans vos souffrances!

\

-177-—

C’est souvent la main de l’amour paternel qui frappe;

mais Dieu ne veut point le mal de ses élus, mais leur

salut. Le SEIGNEUR se hâte de renouveler tout, de dé

truire ce qui a vieilli, afin que la douleur, les souffrances

et les larmes aient une fin. Oui, mon ami, le SEIGNEUR

est en grande hâte, et la matinée des mille ans va se

montrer, la bonté et la fidélité vont se rencontrer, la

justice et la paix vont s’entrebaiser. C’est le SEIGNEUR,

le juge incorruptible, qui est ton soutien, ton ami.

Tiens-toi donc tranquille, âme chérie, et attends encore

avec patience son arrivée. Vois, tes ennemis, les Caï—

nites, doivent réussir un peu de tems; mais attends

seulement, attends avec patience, homme de Dieu, et

tu verras la fin; et le Dieu, auquel tu te confies, te ré

servera une riche compensation pour les joies et les

jouissances que tu perds. Lui-même, le Dieu éternelle

ment fidèle , déposera dans ton cœur paternel, qui saigne

en ce moment, ces petits enfants, qui, je te le répète,

sont à Lui plutôt encore qu’à toi. Ils sont à moi, dit le

SEIGNEUR; et personne ne les arrachera de ma main;

‘c’est moi qui veux les élever, bien que tu ne puisses

le voir maintenant de tes yeux mortels. Laisse donc

faire , mon ami, qu’on te dépouille: ton Dieu est riche,

et tu ne manqueras de rien. N’est - il pas la Manne vi

vante des cieux! ") N’est-il pas la source, d’où découle

‘) Voici ce que dit la Nouvelle Doctrine sur la nourriture cé—

leste. Cette nénrriture a divers degrés : dans le premier

ciel elle est formée par le Bien de l’amour et le Bien de

la charité mutuelle donnés immédiatement par le SEIGNEUR,

ainsi que par le vrai. de la foi, dont le SEIGNEUR donne

également la connaissance , ce qui s’appelle nom‘rltm'c:

12

—— 178—

la vie? et celui qui croit en Lui, ne répandra-t - il pas

lui-même des fleuves d’eaux vives jaillissant jusqu‘à la

vie éternelle?‘) En vérité, je vous dis que le Tout

Puissant se prépare déjà pour cette grande démarche;

Il va mettre fin à l’abomùzation de la désolation dans le

lieu saint. Quand son œil de feu et de flammes cherche

des cœurs, Il n’aperçoit plus que des cavernes de vo

leurs. Ils sont arrivés ces tems affreux depuis longtems

prédits, où Abel ne peut point assez prier, où Abel ne

peut point assez invoquer l’assistance de son Dieu. Mais

soit qu’on le fasse mourir d’une prompte mort, soit

qu’il ne succombe qu’à un long martyr, par ceux qui

se prétendent ses frères , l’heure vient, et le Tout

Puissant le délivrera de tout mal. Le SEIGNEUR connaît

le remède, et le secours est dans sa main.“) 0 mon

.,u;.-. '

céleste. C’est là généralement la nourriture des Anges. De

celle-là procède, dans un degré inférieur, une nourriture

appelée céleste-spirituelle pour les esprits angéliques. Enfin

elle se transforme en un troisième degré; sans changer de

nature; elle agit sur la raison et sur l’amour de la science,

et nourrit ainsi les esprits bienheureux récemment sortis

de la vie matérielle. L’image sensible de toutes ces nour—

ritures se trouve dans le degré matériel, le dernier de

tous, et n’est autre chose que le manger et le boirefont vivre les corps; mais cet image représente dans le

monde matériel toutes ces espèces diverses de nourriture

par ce que Swédenborg appelle correspondances entre le

spirituel et le matériel. (Arcanes célestes, 1480.)

’) L’eau, dans le sens spirituel, signifie le vrai; eaux vives

le vrai divin. (Apoe. expl. 185. 518.)

”) Pour l’intelligence de ce qui est dit ici d’Abel dans son

rapport avec les Caim‘tes mentionnés plus haut, il faut

-— 179

ami, aie bon courage; laisse passer la rage et la fureur

des ennemis; laisse siffler les serpents, laisse la race

.

v

savoir que la persécution organisée contre Chandani était

entretenue par l’esprit de l’ancienne église, et surtout par

son clergé, qui sens main allumait le feu et irritait les

flammes contre lui. Voici, selon Swédenhorg, le sens in—

térieur de l’histoire de Caïn et d’Abel: « Tous les person

nages nommés dans l’Ecritnre sainte signifient, non des

personnes , mais des choses, en ce qu’ils représentent tou

jours une partie de ce qui appartient à l’Eglise ou au

ciel; et le nom d’un personnage, chaque fois qu’il revient

dans la parole, signifie cette chose dans le sens spirituel/Ù

Le mystère donc caché dans l’histoire de Caïn et d’Abel,

est celui-ci : Abel représente le Bien de l’amour actif, et

Cain le Vrai de la fbi. Ce Bien et ce Vrai sont souvent

aussi appelés frères dans les saintes Écritures, et le vrai

de la foi premier-né. La raison de ceci est, que le Vrai

qui dans l’homme doit être élevé par la suite à la dignité

de vrai de la foi, doit nécessairement être acquis en pre

mier lieu et déposé dans la mémoire; afin que le Bien,

savoir le bien de l’amour, puisse prendre de là, comme

d’un magasin, ce dont il a besoin pour former réellement

le vrai de la foi. Le vrai ne devient en effet objet de la

foi, que quand l’homme commence à l’aimer et à y con

former sa vie; et dans la même pr0portion que l’homme

agit en conséquence du vrai qu’il connaît, dans la même

proportion Dieu l’attache a Soi et aux cieux. Il influe en

lui par l’amour et le Bien, et il change en vrai et en bien

réel le vrai que l’homme s’est approprié depuis les années

de la jeunesse. C’est ainsi que se forme le fond de la foi

Sans cette circonstance, tout ce qui est bien certainement histœ

rique depuis la vocation d'Abraham, aurait évidemment perdu à

peu près tout son intérêt pour nous.

Note du Trad.

'12‘

—— 180—

de vipères se glisser sons l’herbe, laisse l’hypocrisie

faire ses conquêtes; malgré eux, mon ami, malgré

eux, tout ce qui est promis arrivera, et la volonté du

Dieu vivant sera faite! et rien que sa v010nté! Les

larmes sont la nourriture des siens pendant un peu de

tems; l’absynthe est leur pain; mais déjà l’horizon

s’éclaircit, les nuages se séparent, et une grande armée

vivante et véritable, par l’union du bien et du vrai. Jus—

que-là ce que l’homme sait, n’est autre chose que con—

naissance, on même simplement science; ce qui ne lui

donne d’autre croyance que le savoir d’une vérité par un

tiers, vérité à laquelle il peut encore renoncer par la

suite , si elle n’entre point dans son système. Cette croyance

de simple mémoire, n’est que la croyance d’un autre en

moi, mais ce n’est pas ma croyance, ce n’est point ma

foi. Il est clair que pour qu’un homme puisse retrouver

sa foi après la mort, il faut que cette foi soit devenue la

sienne pendant sa vie: et elle ne devient la sienne que

quand, d’après ses convictions propres, il voit le vrai, le

veut, l’aime et le met en pratique. C’est par-là seulement

que la foi entre dans l’homme, et forme son homme inté

rieur et spirituel; parce qu’elle devient le principe de

son activité et de ses pensées. L’homme-espritn’est au

fond que le désir et la pensée de chacun. Ce qui tient au

désir s’appelle bien, ce qui tient a la pensée par suite de

ce désir, s’appelle vrai. Et jamais l’homme n’appelle vrai,

que ce qui est en harmonie avec la racine de son désir ou

de son penchant intérieur. Il suit de là que les choses

seules, que l’homme pense par suite de son désir inté

rieur, peuvent être sa foi. Tout le reste de ce que l’homme

conserve dans sa mémoire, quelque nom qu’on lui donne,

soit qu’il l’ait puisé dans l’Écriture sainte ou dans la

doctrine de son Eglise, soit qu’il l’ait appris par la lec

ture, la prédication Ou même par la réflexion et la force

de son pr0pre raisonnement, tout cela n’est rien moins

— 181 —

s’avance; au milieu se trouve le Dieu des armées, monté

sur un cheval blanc, et avec lui tous les saints, revêtus

de lumière; la trompette sonne, et le clairon se fait

entendre: ‘)

Me voici, je viens de tous les maux

Délivrer mon petit troupeau;

que la foi, quelle que soit sa ressemblance avec elle, et

quelque portés que soient les hommes de nos jours a le

prendre et à vouloir le faire passer pour elle. C’est donc

ce commencement, cette première production déposée

dans la mémoire, qui est représentée et signifiée par CaÏn

dans les saintes Écritures: Caïn était le premier-né. Vient—

0n donc dans le monde à regarder ce simple commence

ment comme étànt la foi elle-même, cette foi qui sauve

l’homme, et regarde-t-on le désir du bien et la vie active

selon la foi comme une chose secondaire, alors se forme

dans l’Église cette doctrine hérétique et désolante, que la

foi seule peut subsister sans la vie correspondante; tandis

que dans la réalité une pareille foi n’est point de la foi;

mais une chose purement extérieure, une simple connais

sance déposée dans la mémoire de l’homme. Quand ensuite

cette doctrine hérétique s’étend parmi les hommes, quand

elle prend des racines et s’affermit, elle chasse et détruit

insensiblement la vie de l’amour, qui finit par être rejetée

comme non—essentielle au salut. C’est ainsi que Caïn tue

son frère Ahel, le bien de l’amour. » (Apoc. expl. ‘27.)

à Il est de l’essence des choses qu’aussitôt que la foi. veut

séparer d’elle l’amour, elle détruit et anéantit cet amour,

ou le tue. n (Arcanes célestes, 566. 569.) Et n0us ajoute

rons, que ce qui est dit ici des principes, doit aussi être

dit des personnes qui les professent. *

‘) Les nuées signifient la parole dans son sens littéral (Apoc.

expl. se, 64. 920. 401. 594.); armée signifie le Bien et le

Vrai (ou l’amour et la sagesse) provenant du ciel ( Ibid.

-—182-—

Voici, voici l’époux de vos âmes,

L’épouse est prête, Il se hâte de la prendre. ’)

« Oui, elle s’approche à pas rapides, cette époque

de jubilation; le Dieu d’amour, mon ami, arrive, pour

recevoir ceux qui l’aiment. Heureux donc ceux qui de

meurent dans l’amour, et qui attendent et patientent

dans l’amour! La félicité est leur part; une joie ineffable

est leur but et leur fin. Attache - toi au Dieu d’amour,

et demeure inébranlable, Il te sauvera d’une manière

admirable :

Il t’avouera pour sien devant les amis et les ennemis ,

Devant tous les êtres il t’appellera par ton nom;

Sa main fidèle et paternelle guidera tes pas.

Tu ne vois pas toujours cette main,

C’est par l’obscurité qu’elle te conduit ‘a'la lumière;

Mais laisse-toi conduire par ton Dieu dans ta patrie,

Amen. -

«J’aurais fait part de tout cela à ton ami lui-même,

ajouta-t-il en terminant; mais tu sais que sa santé ne

lui permet pas d’être assis longtems immobile à la

même place.

Moi. Je suis réjoui de pouvoir le lui rapporter, et

je vous remercie en son nom.

975. 405. 444. 652.); le Dieu ou le Roi des armées, monté

sur un cheval blanc, représente le SEIGNEUR quant ‘a son

humanité , ou quant à la parole (lbid. 516. Arcana cœl. ,

9950.); tous les saints ou toutes les sociétés célestes dans

leur ensemble, signifient la plénitude du vrai provenant

du bien, ou la plénitude de la sagesse et de l’amour cé

lestes. (lbid. 204.)

’) L’épouse signifie la Nouvelle Église ou la Nouvelle Jérusa

lem. (Apoc. expl. 1504. 1558. 1565.) '

\ - 185 —

Lui. Celui qui aime à consoler les autres, reçoit

aussi la consolation dans ses maux. Vous pouvez en

core, mes bien-aimés, recueiller quelque baume dans

la parole , au nom de Jésus; et alors, mon très - cher ,

tu iras faire part du tout à ton ami.

Moi. S’il m’est permis, je voudrais encore vous

demander comment se doivent entendre ces paroles:

Laisse faire etc.

Lui. C’est-à-dire qu’il se tienne en repos.

Moi. Mais cela ne l’empêchera pas de faire quel

ques démarches?

Lui. Sans doute : qu’il fasse de son côté ce qu’il

pourra; mais il ne faudra rien vouloir forcer.

Moi. Le SEIGNEUR lui inspirera ce qu’il devra faire?

Lui. Oui, rappelez -vous cette parole : à l’heure

que vous en aurez besoin, je vous donnerai ce qui

sera nécessaire. —- Pensez au baume , et tirez surtout

au nom de JÉsvs. *

Je tirai pour Chandani : Isaïe 61. ’10. Cela nous

parut une admirable conclusion. ‘)

") Voici ce texte, selon son sens littéral et spirituel : Je me

réjouirai en JEIIOVAH , mon âme éclatcra en chant de triom

phe au souvenir de mon DIEU; (Je me réjouirai dans le

Bien divin, mon âme éclatera en triomphe à la vue du

divin vrai,- car le SEIGNEUR s’appelle Jéhovah à cause de

son amour, et Dieu à cause de sa vérité ; or toute joie spi

rituelle vient de ces deux sources.) parce qu’il m’a couvert

du VETEMENT du salut; (parce qu’il m’a instruit, et m’a

fait connaître sa vérité ,) et qu’il a jeté sur moi le MAN

TEAU de la JUSTICE , (et qu’il m’a comblé de tout Vrai pro

venant du Bien; parce que manteau signifie le vrai dans

son ensemble, et que lajustice se rapporte au Bien,) comme

1 5.....

_184_

Du 21 Novembre 1855.

Depuis quelque tems nous lisions le soir avec un

grand sentiment de joie, dans la famille de Lineweg,

les nouvelles du progrès des missions chez les infidèles,

et nous y voyions une preuve du prochain accomplisse

ment des promesses du SEIGNEUR. Ce jour aussi, nous

nous entretenions de cet intéressant sujet avec un cer

tain nombre d’étrangers qui se trouvaient présents, et

qui étaient venus d’au-delà du Rhin, quelques-uns de

Westphalie. Après qu’ils nous eurent quittés, Anna_

fut ravie en extase et dit:

. L’Envoyé du SEIGNEUR qui vous est bien connu

à tous, est ici et désire qu’on écrive:

« Mes chers enfants, je viens vous donner le salut

du soir. C’est encore une fois, et toujours le même

amour, celui de CHRIST, qui me presse de venir vous

parler, et vous parler du royaume de Dieu. Venez, les

bénis du SEIGNEUR, qu’en son nom je vous édifie et vous

réjouisse; venez chers pélerins, marchant encore_ dans

des sentiers sémés d’épines, vers l’heureuse patrie;

venez, recevez" dans vos cœurs ce que le SEIGNEUR m’a

dit avec sa bonté de Dieu BEDEMPTEUR: c Va, console

moi Sion, et parle au cœur de Jérusalem ‘). * Et c’est

un époux place l’omement de sa tête, et comme l’épouse

ajuste ses joyaux. (Comme celui qui a goûté le Bien se revêt

de sagesse, et comme celui qui a goûté le vrai, s’enrichit

de connaissances.) (Apoc. expl. 595. 1189. Arc. cél. , 9182.)

j‘) Sion signifie ceux de l’Église céleste, qui sont davantage

dans l’amour; Jémsalem ceux de l’Église spirituelle, qui

sont davantage dans la connaissance du vrai ou dans la foi.

(Apoc. expl. 195. 557. 685.)

-—185-—

ma félicité, mon éternelle félicité, de remplir cette vo

lonté de Dieu, que je vois à la clarté de la lumière de

son trône. Apprenez, bénis du SEIGNEUR, mes bien-aimés,

que je ne suis pas vénu simplement vers vous, mais

que j’ai volé vers vous, porté sur des ailes d’aigle, afin

d’accomplir cette volonté de Dieu qui pour nous est un

commandement, et tout ce qu’Il fait faire n’est que joie

et féflcité. Tout ce qu’Il dit, tout ce qu’Il fait, toutes

ses démarches, ses châtiments mêmes, ne sont qu’un

écoulement de son amour. 0 mes bien-aimés, permettez

que je vous découvre la félicité dans le SEIGNEUR, la

joie de ses saints! Sachez qu’aujourd’hui même une

légion précieuse est entrée, provenant de la plénitude

des gentils! — Et où sont-ils entrés, direz-vous? En

sortant des ténèbres, ils sont entrés dans la lumière

admirable. Gloire et reconnaissance au SEIGNEUR, qui

agit le matin , et qui agit le soir. Réjouissez-vous avec

nous, mes bien - aimés, de ce que là où les prêtres se

taisent, le SEIGNEUR fasse parler les pierres. La moisson,

mes amis, est grande; et elle est mûre: priez avec nous,

pour que le Dieu de toutes grâces réveille le zèle de

nouveaux ouvriers; qu’Il leur donne la force néces

saire, et les envoie dans une de ses vignes, selon son

bon plaisir.

« Mais ici aussi, mes bien-chers, ici à Argentine,

il y a des gentils et des païens , pour lesquels vous pou

vez être les messagers de la bonne nouvelle : il suffit

que pour cela vous vous attachiez à l’œuvre des bien

heureux, et qu’avec eux vous adressiez au SEIGNEUR vos

prières et vos vœux en faveur de l’extension de son

règne. Ne vous laissez pas rebuter dans vos prières

par l’idée de leur inefficacité, en voyant le peu de fruits

-—186—

extérieurs qui en résultent. Jamais ce que vous faites

dans le SEIGNEUR et pour le SEIGNEUR n’est inutile; les

fruits se montreront tôt ou tard; et ils sont certains.

Aidez-nous par-là, mes bien - aimés, aidez les saints à

établir,le règne du SEIGNEUR sur la terre : dites avec

nous: SEIGNEUR ton règne vienne! Et il viendra ce règne,

soyez-en sûrs, et cela dans peu.

« Mais faites bien attention à ce que je vais vous

rappeler ici: Quand Noë bâtit l’arche, beaucoup de

personnes furent_employées à ce travail, mais toutes

ne furent pas sauvées: la même chose, mes bien-aimés,

arrive en ce moment dans les constructions pour la

Nouvelle Eglise. Beaucoup d’ouvriers s’occupent de

l’établissement de la Z\’ouvelle Jérusalem , mais peu réu

sissent. Ce n’est pas de travailler à cette grande œuvre

qui sauve; c’est d’y travailler, comme le SEIGNEUR le

veut, et d’établir avant tout la Nouvelle Eglise dans

son propre cœur. Ce n’est pas le temple fait l’ar

chitecte , mais c’est l’architecte qui fait le temple. Plu

sieurs de ceux qui se mêlent aujourd’hui d’instruire,

auraient encore besoin eux-mêmes d’instruction. Que

personne donc n’oublie cette prière: Faites-moi la grâce

SEIGNEUR, qu’après avoir prêché aux autres, je ne sois

point moi-même réprouvé. Encore une fois, mes bien

aimés , il y a beaucoup d’architectes aujourd’hui, mais

le jour du SEIGNEUR fera voir pour qui chacun auratra

vaillé. — Mais fais attention, mon ami, que cela n’est

pas dit personnellement pour toi; je vois que la crainte

te gagne : rappelles—toi que quand le moment d’ensei

gner sera là pour toi, le SEIGNEUR t’y aura préparé;

entre seulement dans les vues de sa grâce. Ce que je

dis n’est qu’un avertissement qui pourra te servir par

—187—

la suite; car tu ne demeureras pas toujours avec des

personnes pensant comme toi, mais tu rencontreras

toutes sortes d’architectes. —

« 0 mes bien - aimés , c’est une jouissance en ce

moment pour les Saints de porter leurs regards sur les

régions des infidèles; quelle faim! quelle soif! — non

pour des choses vaines; mais pour la nourriture qui

demeure éternellement. — Qui croirait à tant de bon

heur de la part des païens? plus que d’autres ils dési

rent le royaume de Dieu et sa justice, c’est-à-dire Cnmsr.

C’est ainsi qu’encore cet après-dîner, selon votre terre,

car pour nous le tems n’existe plus, un chef païen est

parvenu à la connaissance de CHRIST le SAUVEUR; et

aussitôt, quel changement? Ses esclaves sont devenus

ses enfants! Qu’est-ce qui opère ces miracles? ce n’est

que l’esprit du Christianisme, qui est l’esprit de l’amour.

Dans peu tout ce petit troupeau formera le germe d’une

église adorant le SEIGNEUR. Et, comme vous savez, une

lumière allume l’autre, un hameau porte la bonne nou

velle à l’autre; et ce feu des bénédictions enflammcra

ainsi des états entiers. Mes enfants, l’aube se montre

à l’Orient, tandis qu’autour de vous règne le minuit;

mais eonsolez-vous, c’est à minuit que l’Epoux arrive.

Faites seulement en sorte que les lampes de vos cœurs

soient allumées; il ne suflit pas qu’elles soient ornées.

Devenez des mendiants, de vrais mendiants à la porte

du SEIGNEUR; frappez sans relâche pour obtenir l’huile

de l’amour, de la foi, de la patience , de l’humilité et

surtout de la persévérance. N’attendez pas que l’Époux

arrive à vous ; il vaut mieux sortir de vous-mêmes , et

courir à sa rencontre, à Lui qui ne dort ni ne som

meille , à Lui, le fidèle gardien d’Israël.

_188_

« Placez-vous sur son cœur et dites:

Tu es à moi, je suis à Toi.

L’amour ainsi nous a réunis;

Que ce ne soit point en vain

Que ton sang coula de tes plaies.

JESUs, mon désir, ma joie,

Je te tiens, et ne te quitte plus.

Amen. u —

Après un moment de silence dans l’assemblée,

Madame me dit: Cette fois-ci il fallait écrire vite; je

n’aurais point en cette habileté. — c Oh! je sais , ma

femme, à qui j’ai à faire, ' observa Lineweg. «1 Mes

bien-aimés, édifiez - vous maintenant en relisant ce qui

a été dit; et puis vous prendrez quelques miettes dans

la parole de Dieu. Et le Dieu d’amour y ajoutera sa

bénédiction pour la vie éternelle. Amen. »

Du 27 Novembre 1855.

Lorsqu’avant-hier je pris congé de Mme Lineweg,

elle me dit qu’elle était fort étonnée qu’Anna, après

avoir donné tant de signes de l’approche de son état

d’extase, fût de nouveau si éveillée. Aujourd’hui elle

me raconta que son mari n’avait pas laissé de venir

aussitôt après mon départ, et qu’il avait dit: Tu as

été étonnée que j’aie commencé à agir sur celle qui me

sert d’organe, et que je l’aie de nouveau laissée : il

faut que tu saches qu’il m’est survenu une commission

à faire en Arabie , et que je n’en suis revenu qu’en ce

moment. -—

Aujourd’hui, quand .j’arrivai, il était déjà présent,

et avait dit pour salut: J’arrive de Berne, j’y ai fait

—— 189-—

une commission, et l’amour m’a porté vers vous. — Il

s’adressa alors à moi, et me dit ce qui suit, et que je

mis en même tems par écrit: _

« Ton ami, qui souvent est chargé de t’accompa—

gner, est ici et te dit:

« Que le SEIGNEUR te garde; qu’Il fasse luire sur

toi sa sainte face , et te soit miséricordieux; qu’Il

tourne sa sainte face sur toi, et te donne la paix!

Amen.

1 Oui, mon ami, que la paix soit avec toi, la paix

de Dieu le Père et de notre SEIGNEUR JEsus- CHRIST;

que l’amour de JÉsus te pénètre tout entier, et que son

. saint esprit te conserve dans sa communion! Apprends,

mon ami, ou permets que je te confirme une vérité:

c’est que si tous les brins d’herbe, toutes les étoiles,

toutes les gouttes d’eau s’assemblaient et formaient des

voix, des langues et des caractères d’écriture, pour

annoncer dignement l’amour du SEIGNEUR, ils ne pro

duiraient pas même un ombre de ce qu’est cet amour

dans la réalité. Cet amour du SEIGNEUR pour tous les

hommes,est infini, mais pour ceux qui l’aiment, il est

indicible. Je le vois, souvent tu t’inquiètes, et tu te

crois sans amour: 6 mon ami, permets que je te bé

nisse, queje te réjouisse et que je t’instruise sur l’amour

du SEIGNEUR, et sa grâce et sa vérité: élève ta tête avec

joie, car ta rédemption, qui est CHRIST , s’approche de

toi, elle s’approche tous les jours, elle s’approche à

toutes les heures. Quand est-ce que tu t’inquiètes, mon

ami? c’est quand tu jettes un regard sur ton cœur, et

que tu vois ton amour pour le SEIGNEUR, ton Dieu , si

faible, si petit, si misérable; tu t’inquiètes, quand tu

ne penses qu’à toi, qu’à ta faiblesse, à ton impuis

190

sauce , à ta culpabilité: ô cher ami! suis le conseil de

ton ami transformé et éclairé par la lumière céleste;

ne t’arrête pas à ton amour si chétif, mais à l’amour

infini de l’Etre seul aimant et seul aimable. Enfonce

toi dans cet abîme, élance-toi dans ces hauteurs incom

mensurables, et contemple l’amour de ton Dieu pour

toi! Contemple cet amour divin, cet amour qui embrasse

tout, cet amour qui anime tout : voilà l’amour auquel

ton cœur doit s’abandonner! alors ton inquiétude dis

paraîtra; elle disparaîtra nécessairement! En vérité, je

te dis, mon ami, l’amour de Dieu est sans bornes. Il

faudrait être plus d’un Chérubin pour te le décrire.

Porte avec joie tes regards vers le Principe et le Con

sommateur de ta foi. Ne crains pas, même alors que

tu te trouves quelquefois pauvre d’amour. Celui qui

sera toujours fidèle, à qui rien n’est caché, Il cache,

Lui, quelquefois à ses amis, jusqu’à l’amour et à la

paix. Par - là Il les éprouve, mais par-là aussi Il les

fortifie. Quand ces heures d’épreuve surviennent, mon

bien-cher, alors tiens- toi seulement tranquille, et at

tends que le SEIGNEUR revienne. Quand se font sentir

ces moments de mort apparente, où tu ne sens abso

lument aucun mouvement de l’esprit divin , alors attends

et espère; car le Dieu d’amour qui ne délaisse ni n’ou

blie les siens, te fortifiera en attendant quant à l’homme

intérieur. Béjouis-toi d’une pareille grâce, et garde-toi

de contrister le SEIGNEUR par la défiance. Abandonne

Lui le soin de te préparer; Il ne cessera jamais d’être

un Dieu ami; et il sait aussi travailler en secret. Il ré

pond à tes prières par le fait même; jette des cris de

joie; car son ampur et sa grâce sur toi sont ineffables.

Permets que je te donne en particulier l’assurance que

..

— 491 -—

sa bonté et sa fidélité n’ont sur toi que des vues de

grâce et de paix, et cela non pour quelque mérite de

ta part, mais par un amour tout-à-fait spontané de la

Sienne. Cet amour te prépare pour être un de ses té

moins; et quand le moment en sera venu, ce même

amour saura bien t’indiquer quand et comment tu de

vras agir.

« Ce même esprit de l’amour, mon très-cher, t’ap

prendra aussi à prier pour toi et pour les autres. Oh!

continue, pour l’amour de Jésus, à te retirer dans la

fente du rocher, pour tes proches. Si tu ne trouves

point de paroles, contente - toi de soupirer; et l’esprit

de l’amour qui procède du Père et du Fils, priera lui

même pour toi par des soupirs inefl'ables. 0 mon bien

aimé, heureux, heureux celui qui sait prier! Le Dieu

d’amour, le cœur du Père le plus fidèle, agréera tes

requêtes, et remplira tes désirs à l’égard de ceux qui

te sont chers, au tenis de ses faveurs, et cela d’une

manière glorieuse. Vous avez déjà tous des preuves de

la facilité avec laquelle sa miséricorde se laisse toucher:

oh! continue donc, et le Dieu d’amour fera au-delà de

tes demandes, au- delà même de ce que tu es en état de

comprendre. Combien tu auras à te réjouir, quand tes

tendres sollicitations auront pénétré jusqu’ausein de

Dieu; quand l’ami éternel qui entend chaque prière,

chaque soupir, chaque désir secret même, aùra béni ta

main, et qu’elle aura conduit dans la bergerie du Bon

Pasteur ceux qui te sont chers! Oui, mon ami, la prière

du juste est puissante et efficace, 10rsqu’elle est sé

rieuse. Elle retire les âmes de la perdition, comme on

retire des tisons du feu; elle fait violence au ciel; elle

transporte des ténèbres dans la lumière , et de la mort

y,_l

—-192—

à la vie. Continue de prier, le SEIGNEUR, ton Dieu, con

tinue d’exaucer; car il veut que tu parviennes enfin à

t’écrier : Le SEIGNEUR a fait de grandes choses en moi.

Et tandis que tu crieras en moi, les âmes des délivrés

crieront : en nous. Oui, mon cher, crois-moi, et n’en

doutes pas, le SEIGNEUR a résolu toutes ces choses à

ton égard. Il commence souvent une œuvre d’une ma

nière incompréhensible; mais Il la termine toujours

glorieusement; car le SEIGNEUR est bon et miséricor

dieux; il est patient, et d’une grande bonté etfidélité.

Oui, Amen, à toute éternité! Il ne nous traite pas

selon nos iniquités, Il ne nous châtic pas selon nos

péchés; mais Il a pitié de ses pauvres. Que le SEIGNELR

notre Dieu bénisse en toi cette parole de l’amour! Oui il

la bénira; car il accomplira sa promesse sans faute. Oh!

loue donc le SEIGNEUR, chère âme, chante des psaumes

et des cantiques spirituelles d’un cœur joyeux; élève

ce cœur vers Lui, le Sien est déjà à toi. ' qW'

La veuve profondément touchée, I’interrompit ici

par ces mots: 0 ciel! que l’amour du SEIGNEUR est donc

grand et incompréhensible! -— Je ne pus m’empêcher

moi-même de m’écrier: Quel malheur que mon cœur

soit si insensible et si peu propre à le sentir! — Oh!

ne dites pas cela, ajouta Madame, et Lineweg reprit:.t

« Le péché avait bien dans le principe endurci ton

cœur; mais vois-tu, mon ami, le SEIGNEUR lui—même, le

Dieu d’amour a neutralisé les suites de ton péché, et

et il t’a donné un cœur sensible pour les choses d’en

hant; rends honneur à sa grâce, et le reconnais avec

humilité. — Mais ceci n’est qu’une parenthèse, ajouta-4

t-il d’un ton d’amitié; puis il acheva son discours par

ces mots: c Console-toi, et ne crains plus; la crainte

—’195——

n’est point dans l’amour, car la crainte entraîne le

tourment. Que l’amour, en toi, tue la crainte; que

l’amour surmonte et anéantisse tout le reste. Il te ren

dra fort et courageux sur le champ de bataille; il sera

ton casque et ta cuirasse. Donne ton cœur en entier à

l’amour qui est le roi du ciel; alors toute ta vie sera

céleste , même sur la terre. Amen. »

Mon cœur était tellement abattu à cette époque

par les tentations et les chagrins, que ces paroles mêmes

ne purent me toucher autant que j’aurais voulu; elles

me déchiraient plutôt qu’elles ne m’attendrissaient. Je

voulus une fois me soulager entièrement: Je suis forcé,

dis-je, d’y revenir encore: Non, je ne sens pas l’amour

du SEIGNEUR. ,

Lui. Remarque, mon bien-cher, que si tu Sentais

cet amour continuellement, tu n’aurais plus besoin de

patience ni de longanimité. Cet amour se cache quel

quefois pour qu’on le redemande avec anxiété. Tu sais

. bien que puisque tout est grâce de la part de Dieu,

tout aussi doit être demandé, désiré; si tu frappes et

que ton ami ne t’ouvre pas, frappe deux fois , frappe

trois fois; fais-toi entendre! et il t’ouvrira.

JŸIoi. Il peut y avoir en cela sans doute un peu de

pusillanimité de ma part; mais il me semble quelque.

fois, en vérité, que mes cris doivent importuner le

SEIGNEUR.

Lui. Tu n’es pas encore devenu un mendiant assez

adroit. Tu sais combien les mendiants ont de courage;

ils ne se tiennent point toujours à la porte; ils entrent,

ils passent par deux, trois portes, jusqu’à ce qu’ils

obtiennent quelque aumône. Ils disent: la pusillanimité

ne m’avance pas beaucoup. Aie donc aussi du courage;

15

—194—

demande avec ardeur; insiste sans honte aucune: et je

t’assure que tu seras exaucé. Car, vois-tu, le SEIGNEUR

ton Dieu est prêt en tout tems , à toute heure; et plus

tu ressembles à un importun mendiant de la terre, plus

tu Lui es agréable. Mon ami, si ton Dieu n’était que

SEIGNEUR et Roi , ta timidité pourrait sans doute être à

sa place: mais comme le SEIGNEUR est devenu aussi ton

SAUVEUR, comme Il s’est fait aussi Fils de l’homme,

la crainte doit céder à la confiance: Venez à moi, vous

tous qui êtes malheureux et chargés, et je vous soula

gerai! Venez tous, dit-Il; tu y es donc aussi compris.

Moi. Sans doute je suis chargé; mais mon cœur

plein de convoitises et de désirs bas et terrestres,

m’empêche d’aller à Lui.

Lui. Rien, mon cher, rien n’est trop vil, trop

mauvais, pour qu’Il n’en puisse tirer le salut. Ne dit

Il pas : Quand vos péchés seraient d’un rouge de sang

comme l’écarlate, je saurai vous rendre blancs comme

la neige.

Moi. Mais comment dois -je faire , quand mon in

quiétude devient si grande que je ne suis plus capable

de rien?

Lui. Dans ces moments, dis du fond du cœur:

SEIGNEUR aie pitié de moi! Et alors attends avec pa

tience. Tous ceux, mon ami, qui se sont exercés dans

l’imitation de JEsvs-Cmusr, ont en de grands combats,

et des combats de toute espèce à livrer. Mais le SEI

GNEUR est venu à leur aide; il en sera de même de toi.

Seulement n’oublie jamais qu’à ceux qui aiment Dieu,

toutes choses, sans exception, doivent enfin tourner à

leur plus grand bien; que ce soit le combat ou la joie

du triomphe , Toutes choses est- il dit.

«—’195*—

Moi. Oui, je le sais; mais à ceux qui aiment Dieu

seulement: et moi,l’aimai-je, avec un cœur encore sous

la puissance des passions?

Lui. Au moins, mon bien-cher, tu as le désir

prononcé de l’aimer: tu ne nieras point cela. Eh bien!

crois-tu que ce désir vienne de toi? Déjà ce désir est

un produit de l’Esprit; et ce désir, ce vouloir seul,

serait déjà une preuve du bien que te veut l’ami éter

nellement fidèle. Tu veux aimer le SEIGNEUR: eh bien

donc , permets que je te donne l’assurance que réelle

ment tu l’aimes , bien que dans ta faiblesse! -— Mais

Il te fortifiera, Il te fera croître, Il consolidera ton

amour. Il est si fidèle! Souvent il ôte à ses enfants tout

ce qu’ils ont, absolument tout; et cela, pour leur rendre

sept fois, mille fois autant. Oh! qu’Il aime à exciter

dans un cœur ce cri des saints livres: Crée en moi

SEIGNEUR un cœur pur, et donne-moi un esprit nouveau!

"— Vois-tu, mon cher; ce qui te tourmente souvent, et

te tourmente beaucoup, c’est au fond l’impatience. Tu

voudrais te voir croître et avancer : mais sache que tu

ne supporterais point maintenant un pareil état ; tu se

rais enfin embarrassé, arrêté dans ta carrière. Apprends

que la marche du SEIGNEUR est lente, mais qu’enfin Il

arrive comme l’éclair. Il est capable de commencer en

toi son œuvre, de la continuer et de la terminer, sans

que tu le voies ni ne t’en aperçoives. Oui, sa puissance

va jusque -là. Rends donc l’honneur à sa grâce; et

comme dit un cantique: au lieu de te plaindre, prie

davantage. Sois sûr que le SEIGNEUR ne te laissera plus;

abandonne-toi seulement à Lui entièrement; demande

que tout se fasse selon son bon plaisir: SEIGNEUR, ta

volonté soit faite, sur moi, en moi et par moi! alors

15‘

je te réponds qu’Il te conduira au triomphe, aussi in

dubitablement qu’Il est indubitable, qn’ll a racheté

ton âme au prix de son sang , pour être sa propriété à

jamais. Amen. »

Mme Lineweg rentra alors dans la chambre; et il

lui dit: J’ai été obligé de tancer un peu notre cher ami.

— Pour moi j’avais fini par fondre en larmes; et quand

je me retrouvai seul chez moi, je pus de nouveau prier

mon Dieu avec amour et confiance.

Du 29 Novembre 1855.

Notre chère veuve eut une espèce de maladie du

pays, en pensant à sa vraie patrie. Aussi son ami ne

manqua-t-il pas de venir la consoler. A cette occasion

il dit de même aux autres personnes de la maison les

choses les plus touchantes et les plus amicales. Enfin

il lui dicta, pour elle et pour les autres membres

de sa famille, en général enfants adoptifs de son ar

dente charité, les consolations et les encouragements

suivants:

« Un disciple de Rabboni est là, et dit:

« Femme, pourquoi pleures-tu? pour qui ces lar

mes? Quelle privation te fait ainsi soupirer? Quelle

perte, chère âme, as-tu à déplorer? —— Je le vois, tes

désirs se portent vers celui qui t’est uni à jamais. Ame

chérie, quelques heures encore, une courte attente

arrêtée par le SEIGNEUR! Les pleurs, les regrets ne

durent qu’une soirée. Ma chère femme, Babboni se

hâte d’essuyer tes larmes , d’appaiser tes regrets et ta

douleur; Il t’aime. Pleure, pleure; ce soulagement est

L_

—-I97—

permis; fais seulement aussi, ma chère, ce que je

vais te dire:

Que le cœur de Rabboni soit ta retraite,

Ce cœur qui de Marie calma la douleur.

Il avait sur toi des vues d’amour,

Voilà pourquoi je fus si tôt retiré.

Tu me retrouveras à la fleur des ans ,

Occupé à tresser les couronnes

Dont le SEIGNEUR voudra t’orner;

Ce ravissement me l’envierais—tu ?

Il est près l’éternel matin

Du jour qui terminera tes maux;

Ce jour est près pour tous mes bien-aimés!

Chantez donc à Dieu un joyeux Alléluia.

- Et toi aussi, chère âme , tu es arrivée,

Tu as quitté la sombre vallée!

Ton Rédempteur a lavé ton péché ,

Femme bien-aimé viens à moi! w

Voilà comment je t’accueillerai. .

Toutefois sois au SEIGNEUR plus qu’à moi; iO'ËË“

Que Lui seul soit tout pour toi, Lui seul: î«‘*I'ËIJ <‘ '

Qui est aimable comme Lui ? Qui? —- A. {MM

. trw-- . à._uuxæ,nl‘

Marguerite aussi je dois la conduire dans la patrie ,

Après qu’elle aura été ornée, ,

Par son Epoux, par son SEIGNEUR , ”"°3fi"fQui est son Dieu , l’étoile de son matin. ’ 3"“-’""

Oui, mets à profit toutes ces heures de grâce:

Ah! comme elles passent, comme elles s’écoulent!

Sois fidèle jusqu’à la mort

Et de tout le SEIGNEUR te fera triompher.

-—198——

Amélie, laisse-toi bien préparer ,

Peur être digne des joies du SEIGNEUR;

Demande instamment son saint Esprit,

A toute heure, Il peut te former puissamment.

Saisis le SEIGNEUR, l’éternelle vie;

Que Lui seul, Lui seul, soit le but de tes efforts:

Alors un jour je te saisis par la main

Et te conduis dans la véritable patrie!

Pour toi, quand ton heure arrivera

Elisabeth , oh quel bonheur sera le mien!

Quand je pourrai te porter vers Canaan,

Vers l’homme de douleurs couronné de gloire!

Veux-tu vraiment faire sa volonté ,

Alors tiens- toi tranquille , tiens — toi en paix;

Tu seras plus forte alors que tu n’es;

Car ton SEIGNEUR JESUS te soutiendra! Amen.

En ce moment j’entrai dans la chambre: Il Salut et

bénédiction, ' me dit-il, d’un ton extrêmement amical!

Alors il continua à dicter; en faisant remarquer qu’il

s’adressait à celle lui servait d’organe.

Toi aussi, mon enfant, deviens plus fidèle,

Exempte de plus en plus de l’amour de toi.

Alors la paix, la joie seront ta part,

L’ennui, le souci fuiront au loin.

Oh! prépare-moi donc la joie , toi aussi,

De te venir conduire aux gras pâturages,

Brebis de Cnn1sr, où JESUS t’attend ,

Le bon Pasteur; ah! demeure—Lui toujours fidèle.

Et toi aussi Gustave , on me permet de te dire:

Que ravi je te porterai

Au lieu où le bonheur seul est connu,

Qui ne retentit que de l’éternelle Louange,

—199—

En attendant prépare-Lui bien ton cœur;

Par les plaisirs, par les peines

Il te conduit d’une main sûre;

Ami confie ton sort à l’homme de douleurs.

Enfin annonce au disciple Pierre,

Qu’il est aussi membre de ce troupeau;

Le Bon Pasteur lui donnera

D’être fidèle , inébranlable :

Oh! combien je me réjouis d’avance

De le présenter au milieu de ces légions

Dont Jnsus est le maître et le chef!

Le SEIGNEUR l’agréera, qu’il n’en doute pas.

Amen.

Personne n’avait été oublié. Il dit alors : Je ne

parlerai plus en vers maintenant; et tu peux prendre la

plume, mon ami, et écrire à la place de ma femme les

bénédictions du SEIGNEUR. J’écrivis:

c Oui, mes bien—aimés, le SEIGNEUR, le Dieu fidèle,

je Le prie de continuer à se tenir à vos côtés, dans votre

pèlerinage à travers le désert de la vie terrestre, afin

que vous l’acheviez tous pour sa plus ’grande gloire.

Ne craignez point, mes bien-aimés, bien que le chemin

devienne quelquefois étroit et rude: le Dieu vivant est

votre bâton et votre soutien. Il vous fortifie dans votre

faiblesse; Il vous porte sur ses mains, comme un père

son enfant: Il a même juré qu’il ne vous laissera point

que toutes les promesses de sa grâce ne soient accom

plies. Et quand Il a dit oui et Amen, on peut y compter.

0 mes enfants! fiez -vous à une pareille bonté; rendez

honneur à une pareille fidélité; Lui, l’amour sans bor

nes , Il donne plus qu’il ne promet, et tout ce qu’il fait

est bien fait. Vous savez qu’un cheveu même sur votre

—200—

tête ne sera pas dérangé sans sa volonté: comment

donc pourriez vous encore vous troubler, vous inquiéter?

Pensez-y toujours, mes bien-chers , tous vos cheveux,

Il les a comptés! Pouvez-vous vous imaginer que c’est

un être sans vie, qui a dit toutes ces choses, et qui a

promis d’être avec vous tous les jours jusqu’à la fin du

monde? Non assurément, c’est le Dieu vivant qui a

parlé, et qui a parlé pour votre consolation. Mes bien

aimés , croyez seulement, et vous verrez; vous verrez

nécessairement. Et déjà en ce moment vous commencez

à voir! Toutefois,

Mille choses là seulement vous seront dévoilées,

OiI mille légions de bienheureux jettent des cris de joie,

Au pied du trône de Jéhovah.

Le Fils vous revélera lui-même cette gloire;

Il fera tomber de vos yeux le bandeau de la terre:

Oh! ne rougissez jamais de Lui devant le monde,

Il n’a pas rougi, Lui, de vous traitèr en frères.

Oh! que d’événements dans son règne éternel,

Que maintenant vous ne sauriez comprendre!

En vain , en vain, je vous en parlerais.

Mais soyez et demeurez fidèles ,

Et le SEIGNEUR vous al’franchira pour jamais.

« Loué et exalté soit le saint nom de Jésus! Amen.

« Oh! combien de trésors le SEIGNEUR a menagés

aux esprits naïfs et aux cœurs simples! L’esprit de

Dieu agit sur des milliers de personnes, et de mille

manières différentes! Qui peut Lui assigner des bornes?

Que celui qui le désire vienne puiser aux sources de la

vie pour rien : cela est dit à tout le monde. Mais les

hommes fiers et hautains croiraient se dégrader en re

cevant quelque chose pour rien. *

—201—

Après une pause, il me dit: «Le nom qu’on t’a

donné , est vraiment un beau nom! » — N’est-ce pas ,

dit Mme Lineweg, il signifie: Dieu est mon soutien? Je

lui dis qu’oui. « Eh bien , » reprit Lineweg, et Dieu est

en effet ton soutien; et Il le restera jusqu’à la fin de

tes jours. Jésus n’abandonne jamais sa brebis. Il accom

plit tout ce qu’il a promis. »

« Je le sens bien, mes bien - aimés, vous resteriez

ainsi à causer jusqu’à minuit, et même jusqu’au matin;

mais Dieu est un Dieu d’ordre. Il y a un tems et un

moment arrêté pour toute chose. Tu peux donc main

tenant, ma chère femme, réveiller l’intermédiaire. Après

la nourriture corporelle prise, vous relirez tout ceci

pour votre édification; puis vous chercherez encore

quelques miettes dans la parole de Dieu; et ce Dieu de

toute bonté voudra bien les bénir.

Du 5 Décembre 1855.

Un hôte , désigné comme incommode par un flux

de paroles peu profitables, avait été cause depuis quel

que tems que nous ne pouvions jouir de_l’agrément de

nos conversations accoûtumées : aussi Mme Lineweg

n’entendit-elle pas dimanche dernier, le 16" de l’avent,

les signes extraordinaires par lesquels son fidèle époux

lui annonçait d’ordinaire sa présence ou son arrivée,

et on se retira sans nouvelles spirituelles; mais la nuit

avant de s’endormir, Madame apprit que le bienheu

reux avait été envoyé ce jour là dans la compagnie

d’autres anges du SEIGNEUR, pour écouter et apprécier

la prédication de l’Evangile dans toutes les Eglises de

la contrée; et qu’au milieu de toutes les misères dont

— 202—

I

ils avaient été témoins, ils avaient néanmoins reconnu,

qu’en certains endroits, le SEIGNEUR était encore annoncé.

L’hôte embarrassant ayant quitté enfin la maison,

nous nous trouvâmes aujourd’hui entre nous, et nous

passâmes l’après -dîner à causer de ce qui nous était

cher à tous. Vers le soir une foule de carosses vint à

passer par la rue, pour se rendre à une soirée dans

les environs; et en ce moment notre père de famille

revint nous visiter.

« Nous pouvons aussi, dit-il, avoir notre soirée. '

—- Pour celle-ci, dis- je, je ne leur envierai pas la

leur. —-— c Tu as raison, mon ami, reprit-il; tu as

choisi la meilleure part. Sans doute, notre soirée ne

sera pas aussi brillante; mais nous avons le noyeau, et

eux ne recherchent que l’écaille. ’ Il dicta ensuite ce

qui suit:

un Enfants , louons le SEIGNEUR , le Dieu Zébaoth ,

Jéhovah aux cieux des cieux;

A Lui l’honneur, la puissance et la gloire!

A Lui, que les Chérubins chantent!

Portons-Lui aussi notre chétive offrande,

A Jéhovah dans le lieu de sa sainteté!

Chantez à sa gloire , son grand jour est arrivé.

Alléluia! Le Roi approche , JESUS se hâte;

L’esprit et l’épouse s’écrient: Viens. ‘)

« Enfants bien- aimés de notre Père céleste, chers

rachetés de notre Grand Prêtre, vous les temples vivants

‘) L’esprit et l’épouse s’écrient: Viens. Ces mots de l’Apoca

lypse signifient dans leur sens spirituel, que la Nouvelle

Eglise des Cieux et celle de la terre soupirent après l’avè

nement du SEIGNEUR. (Apoc. rév. 955.)

-- 205..

du saint Esprit! JÉSUS-CHRIST-JÉBOVAH, le Dieu triple

et un, qui est, qui a été et qui sera, le Tout-Puissant,

l’Alpha et l’Oméga , le Premier et le Dernier, le Com

mencement et la Fin, le Rédempteur, auquel soit rendue

la gloire éternellement, vous fait dire:

Oui , déjà ici, au sein de vos ténèbres ,

Un rayon de lumière vous doit luire ,

Un rayon parti de l’Orient.’

Voyez, le grand Conquérant se hâte,

Déjà il assemble les enfants de la Paix ,

Aux bords de la mer de crystal.

c Salut! cher petit troupeau , au nom du SEIGNEUR,

salut, membres du peuple de Dieu; ton Roi arrive,

ton Libérateur vient; l’Époux déjà s’est levé; courez

au-devant de Lui, votre Salut, votre Paix, la Paix

unique et véritable. Oui, c’est le Dieu des armées qui

est le Prince de la paix. Où Il est, là règne la paix;

où Il règne, la paix éclate. Il crée la paix et Il apporte

la paix. Petits enfants, adorez, adorez! Au moment

que le Prince de la Paix nacquit sur notre terre, tout

ce qui vivait et pouvait sentir, éprouva l’influence d’une

paix profonde: Le cri de jubilation: Paix sur la terre,

retentit au loin, et tout ce qui en était susceptible

éprouva le sentiment de la paix.

O douce Paix, anime les cœurs,

Que tout ce qui sent, te connaisse;

Et touche ce qui ne sent pas.

0 Prince de la Paix, Prince de la gloire ,

Mille cœurs encorg après toi soupireront;

Car tes bénédictions sont inefi‘ables.

Viens, Dieu fidèle, prépare-toi des âmes,

Brillant, comme des flambeaux célestes.

—204—

De la paix que tu leur donnes,

Toi dont l’amour est de feu et de flammes.

u Oui, mes bien-aimés, là où règne Jésus, là règne

son Esprit; et là est la paix et la joie, la véritable

paix, la véritable joie; une paix durable, et non chan

geante comme celle du monde. 0 mes enfants! faites

souvent cette demande: Ouvre mon cœur, SEIGNEUR,

ouvre-le de plus en plus, pour recevoir ta paix. Fais

moi attacher un grand prix à cette promesse si riche

en bénédiction: Je vous donne ma paix. Apprends—moi

à conserver avec soin et avec sagesse ce don de Dieu,

dont tu m’as enrichi, en me donnant ta paix; soutiens

moi, SEIGNEUR Jésus , et demeure toujours à ma droite.

« Oh! pourquoi tous les cœurs ne sollicitent-ils

pas cette paix? Pourquoi ceux qui l’ont reçue, etne la sentent pas toujours vivante, ne peuvent-ils aller

voir, de leurs propres yeux, le Prince de la paix, le

Dieu ressuscité, arrivant au milieu de ses disciples,

les portes étant fermées , et leur disant : La paix soit

avec vous! Cette parole d’amour, mes bien - aimés , il

faut la bien comprendre; elle‘n’était pas simplement

une salutation ordinaire et passagère: mais le divin

Maître , qui voulait former ses disciples à devenir des

pêcheurs d’homme, leur voulait apprendre par-là à

aller avec courage, avec fermeté, et avec une intrépi

dité inébranlable, prêcher et annoncer tout ce qu’ils

avaient vu et entendu; savoir: que JEsus-Cumsr, le

Prince de la paix, peut pénétrer aussi dans les cœurs

fermés; et que partout où on Lui laisse la moindre en

trée libre , Il y porte la paix. Aussi allèrent - ils et an

noncèrent- ils partout la paix de Dieu, et louèrent et

. —205—

exaltèrent-ils artout le nom trois fois saint du PrinceP

de la paix.

( Oh! mes bien-aimés! heureux, heureux celui

qui se laisse préparer à recevoir sans cesse la divine

paix; heureux les pacifiques! C’est le Dieu de la paix

lui—même qui le dit; car ils seront appelés par excel

lence les enfants de Dieu. Quel nom, mes amis: un

enfant de Dieu! heureux celui qui reçoit ce nom, celui

qui l’a reçu et celui qui le recevra.

Soyez attentifs, voici venir l’Époux pour prendre son

épouse:

Heureux celui, qui de bonne heure se lie au SEIGNEUR

avec intimité!

Allez, restez à son École, c’est la paix qu’il vous

donne,

Devenez , devenez tous , enfants de Dieu en son

royaume.

u Oui, enfants, le SEIGNEUR vient pour assembler

ceux qui aiment la paix et qui la recherchent. La paix,

mes bien-aimés, elle appartient à l’éducation sainte

d’une âme; sans cette paix personne ne peut voir Dieu.

A la première arrivée du SAUVEUR sur la terre , au m0

ment de sa naissance, les anges dans leurs félicitations

firent retentir le mot de paix; lors de son second avè

nement, c’est-à-dire lors de son entrée dans une âme,

Il lui dit Lui—même avec bonté et avec amour: La paix

soit avec toi! Enfin, maintenant, quand le SEIGNEUR

arrivera avec ses saints, dans sa majesté , accompagné

de toutes armées célestes , ceux qui lui seront dé

meurés fidèles , entendront encore ce cri, ce chant de

triomphe:

.— 206 -

Venez tous, enfants de la paix,

L’époux de vos âmes est arrivé.

Venez admirer le divin Roi

Car sa grande journée à lui.

Vous qui connaissiez-l’amour ,

Voyez, le Dieu d’amour est là !

Venez le contempler;

Son regard respire la bonté.

Venez, venez en sa présence;

Il Vous traite tous avec indulgence.

Venez contempler sa charité

Qui vous conduisit avec tant de douceur;

Venez reconnaître les sentiments

Qui si souvent touchèrent vos cœurs.

Tombez sur vos faces , adorez avec nous!

Chantons , exaltons

L’homme de douleurs.

- Oui, enfants, le règne de Dieu est extrêmement

proche; encore un moment de patience;

Patientez encore un peu

Voici votre Roi qui vient,

Il veut pour toujours vous délivrer

De tous les maux, de t0us les tourments.

« Je vous le dis en vérité, quiconque est sincère

avec son Dieu, quiconque l’aime de cœur, bien que

dans sa faiblesse; quiconque même désire seulement,

mais sérieusement, l’aimer et le connaître, celui-là le

possède déjà, et avec Lui sa divine paix. Tachez , mes

bien-aimés, de conserver le SAUVEUR dans vos cœurs ,

au milieu des tentations qui vont survenir. Laissez-vous

tout enlever; pourvu que vous gardiez Jésus. Chantez

souvent le cantique, mais chantez-le de cœur, pour

qu’il aille au cœur du SEIGNEUR: Je ne laisserai point

207

mon Jésus. Alors vous pourrez vous réjouir, et être

assurés que ce Jésus, notre unique salut, vous conser

vera, et vous marquera de son sceau, comme sa pro

priété, pour son grand jour qui va paraître. Oui, Lui,

le Dieu de paix, vans marquera au front de son sang

précieux; afin que quand l’ange de la mort, l’Anti

Christ, sera révélé, vous ne soufl'riez aucun dommage

en vos âmes. Pensez souvent à cette parole du SEIGNEUR:

j’aime ceux qui m’aiment. O mes enfants, allez et aimez;

et veillez et priez , afin que vous restiez dans l’amour;

alors vous resterez en Dieu, et Dieu en vous: alors

vous serez heureux , car le Prince de la Paix, en arri

vant , vous trouvera dans la paix. Amen. Alléluia! —

a Edifiez-vous les uns les autres en repassant toutes

ces choses; puis vous puiserez quelque grains de fro

ment dans la Parole de Dieu.

« Celui qui lit la parole, et la garde dans un cœur

simple et pur, elle se développe et croit en lui d’une

manière admirable, et elle lui produit d’inappréciables

trésors. —

« Eh! si vous saviez combien le SEIGNEUR aime

ceux qui se tiennent dans le calme au sein de son

Église! C’est sur ceux-là que son Esprit peut agir, et

produire des fruits abondants. Il ne sait combien il fait

de tort à son âme, cet homme à l’intempérance de la

langue que vous connaissez; jamais il n’est en paix,

jamais son esprit n’a de repos. Il court d’un lieu à un

autre, d‘une personne à une autre, pour parler ou

pour entendre. Il lui est impossible d’entendre la pa-'

role de Dieu , quand sa bonté veut se manifester à lui

en quoi que ce soit. Pourvu qu’il parle, il est content;

il ne s’inquiète pas de ce qui est dit. Oh! qu’il me tari

.\

(

-208_.

dait de vous voir libres pour pouvoir vous entretenir

en paix de vos espérances immortelles.

Moi. Je m’estimerais heureux d’être débarrassé

de mes propres distractions; si des distractions exté

rieures venaient encore souvent s’y joindre, je ne serais

plus capable de rien.

Lui. Satan tourmente tous ceux qui veulent appar

tenir au SEIGNEUR, soit d’une façon soit de l’autre; la

distraction est en ce moment ton tourment.

Moi. Mais faudra-t-il que j’endure tranquillement,

les moqueries et les railleries insultantcs qui me vien

nent toujours à l’esprit au moment que je désire le

plus de m’occuper en paix de choses saintes? -—-—

Lui. Tu ne veux pas de ces distractions, de ces

moqueries; tu les hais; tu veux être au SEIGNEUR: ate

tends donc, attends avec patience; ces attaques auront

leur fin.

Moi. Que faut-il faire aussi quand l’enfer attise

incessamment et sans relâche le feu de mes passions?

Lui. Fais souvent cette prière : SEIGNEUR Jésus

aide-moi à surmonter le monde au dehors de moi et le

monde au dedans de moi. —C’est une chose fort diffé

rente que de chercher les distractions et les tentations,

et d’en être tourmentées. Tu ne les cherches pas, tu ne

les veux pas; le SEIGNEUR t’en fera donc nécessairement

triompher.

Moi. Suis-je coupable, si l’enfer me contrarie sou

vent par des songes affreux, comme il m’en arrive?

Lui. Sur ce point aussi, tranquillises-toi. Recom

mande-toi seulement avec ferveur, en tout et pour tout

au SEIGNEUR Jésus , à ton MAÎTRE; et puis laisse rugir

Satan tant qu’il voudra. — Ton sang est souvent très

—209—

agité; et la vie de l’homme est dans son sang. Lave

toi souvent tout le corps avec de l’eau fraîche: c’est un

bon remède, et qui m’est connu. De la fleur d’orange

dans de l’eau Sucrée rafraîchit aussi bien, et calme les

nerfs. Ces choses tiennent en partie à notre pauvre

nature.

Moi. Je devrais peut-être renoncer au café?

Lui. Tu peux en prendre un peu; et pas trop fort.

Tu as à parcourir une carrière naturelle et terrestre à

peu près semblable à la mienne : grâces à Dieu, tu as

le même Médecin.

Moi. Au milieu de la guerre et des cris de guerre,

je ne trouve sonVent pas même le moment de Lui té

moigner ma reconnaissance.

Lui. Il lit dans ton cœur; il voit ce que tu vou

drais Lui di‘re. Tourne ton cœur toujours vers Lui;

quand tu ne dirais pas un mot, tu le pries alors, et tu

l’adores. — Vois -tu , l’enfer sachant que le SEIGNEUR

veut te préparer pour devenir un instrument de ses

grâces, il est en émoi; il hurle; il te suscite toutes

sortes de contrariétés, et te tente de toutes les manières.

Mais ne t’inquiète pas: le SEIGNEUR est fidèle; Il te sou

tiendra comme il m’a soutenir

« Nous nous arrêterons ici pour cette fois, mes

Amis. "

Je marquérai encore les sentences qui nous échu

rent, parce qu’elles semblèrent singulièrement adap

tées à notre position du moment:

Coloss. 1 , 18; Jérém. 50, 22; Isaïe 45, 6 —7;

Bom. 15, 15; Isaïe 17, 7; II. des Rois 6, 15 -— 16;

II. de Jean 4, 1»; Luc. 18, 1 -— 8.

14

—210—

Du 6 Décembre 1855.

On aura de la peine à le croire; mais malgré tout

ce qui m’avait été dit, ma misère intérieure, l’entier

abandon de Dieu dans lequel je me croyais, les persé

cutions incessantes des mauvais esprits , devinrent tels

que je commençai de nouveau à tomber dans un abat

tement complet. Tout était bouleversé chez moi; tout

ce qui pouvait soutenir mon esprit m’échappait : mon

âmen’était qu’un désert et une solitude. Je ne pouvais

aimer Dieu, étant retombé dans le vague, en voulant

scruter et concilier ensemble ses divers attributs: il ne

me restait en tout qu’une certaine velléité d’être utile

aux hommes, autant que mes forces affaiblies par le

péché pouvaient le permettre: et encore, pensais- je

souvent, les hommes en seront-ils plus avancés, quand

tu les auras amenés à l’état de misère intérieur, dans

lequel tu languis toi -même?

’ J’étais dans cet état lamentable, quand tout-à-coup

je reçois par Lineweg la communication qu’on va lire.

Le déchirement intérieur qu’elle me causa, fut tel que

j’aurais voulu pouvoir jeter des hauts cris: le contraste

d’abord avec mes dispo‘sitions intérieures était insup

portable. Je n’y comprenais plus rien. Et néanmoins je

‘parvins enfin à un état, dans lequel j’aurais renoncé

à tout ce qui m’était cher, même aux communications

de Lineweg, pour ne plus.voir que Jésus en tout et

partout. Ce moment devint pour moi le jour de mon

sabbat, c’est-à-dire le jour de ma paix et de mon repos.

J’avais demandé des signes; mais le SEIGNEUR n’en

donne d’autre que celui de Johas le prophète. Il faut

que l’on perde réellement tOut, que l’on sacrifie tout,

4211—

pour l’unique perle précieuse de la connaissance. du

SEIGNEUR et de l’abandon complet aux seuls soins de

son amour. Voici comment Lineweg me parla:

« Une soirée de bénédictions, mes bien-aimés

dans le SEIGNEUR!

« L’amour me presse de nouveau de venir vous

entretenir, et de vous parler en particulier de votre

trésor qui demeure éternellement. Chaque fois que je

puis annoncer à la terre quelque chose, touchant le

royaume de Dieu, ma félicité prend une activité nou

velle. 0 mes bien-aimés, elle est bien proche la grande

soirée, après laquel’e soupire l’ouvrier fatigué. Béjouis

sez-vous au souvenir de ces paroles: Rien n’est impos

sible à Dieu. Il pourra faire que sous peu il n’y ait

plus qu’un Berger et qu’une bergerie. Oh! que ne trouve

t-il partout sur la terre, à son avènement, une foi vive,

une foi active par l’amour, ce Dieu éternellement fidèle!

Pourquoi tous ceux qui se sentent faibles dans la foi,

ne se mettent-ils pas à demander sérieusement la force

d’enhaut? elle ne leur serait certes point refusée!

a 0 mon ami, quand tu viens me demander ce que

tu dois faire pour être sauvé, je ne puis que te dire:

Crois au SEIGNEUR Jésus - Cumsr; et tu seras sauvé, toi

et ta maison. Jésus dit: Celui qui croit en Moi, des

fleuves d’eaux vives se répandront en sa présence. Viens

seulement, viens, tonRénmruun toujours fidèle, ton

RÉDEMPTEUR immuable dans son amour, fortifiera ta foi,

il trempera ton courage comme l’acier; il te bénira

jusqu’à ce que tu aies reçu la force nécessaire pour

préparer la semence d’une riche moisson.

« Vois, mon ami, il y a un grand nombre de chré

tiens qui voudraient contempler les fruits de leurs tra

14‘

-——‘212—

vaux au moment même que leur semence vient d’être

confiée à la terre. Mais pourquoi cela? C’est qu’ils vou

draient se complaire dans leur œuvre, et flatter leur

amour-propre. Mais celui qui voit le fond des cœurs,

a pitié de leur faiblesse; Il les préserve d’un semblable

mal; Il leur cache les fruits de leurs travaux, jusqu’à

ce qu’ils soient devenus sages. N’est-ce pas, mon bon

ami, tu penses bien aussi comme ce sage laboureur,

qui, après avoir confié sa semence à son champ , s’en

va, et attend avec patience que le tems de la moisson

arrive et lui apprenne ce qu’il a gagné? Travaillant

dans l’intervalle à d’autres choses utiles, et c0ntent du

témoignage de sa conscience, qui lui dit que de son

côté il a fait tout ce qu’on lui demandait, il attend

avec patience. Enfin la moisson arrive, et il récolte,

avec elle, le fruit même de sa patience. Fais donc

comme ce laboureur, mon ami, sème tranquillement

par la prière et l’intercession, jusqu’à ce que le Dieu

d’amour, qui veille sur toi comme un père, t’ouvre une

autre porte; car Il ne te tient pas attaché à un lieu dé

terminé, comme un exilé; Il te laisse une certaine la

titude, et te erie seulement dans sa sollicitude comme

Prince des pasteurs : Pais mes brebis! — Où cela se

fera-t-il? et quand te mettras-tu à l’œuvre plus immé

diatement? tu n’as pas besoin de le savoir: cela se verra

plus tard. — S’il t’arrive de dire, comme autrefois Jé

rémie: Vois, SEIGNEUR, je suis trop jeune, l’ami de ton

âme te répond: Mon enfant, ne dis pas je suis trop

jeune; car moi, le SEIGNEUR ton Dieu, je toucherai tes

lèvres , et je mettrai dans ta bouche les paroles que tu

dois dire. Tranquillise- toi par conséquent, mon ami,

et rends-toi à la voix de ton RÉnnmreva. Contemple

—- 215 —

son amour indicible pour toi; rappelle-toi bien vive

ment cet amour avec tous, ses détails; alors ton cœur

s’enflammera, et tu prépareras les voies au SEIGNEUR.

Oui, prépare les voies à ton SAUVEUR , nettoie ses sen

tiers; et si Satan vient rugir autour de toi, pour te

troubler et te décourager, rappelle-toi la parole du

SEIGNEUR; rends-Lui la gloire , et dis comme Lui: Re

tire-toi, Satan; et alors (quel bonheur, quel ravissement

pour moi, d’être chargé de te le faire savoir!), alors

les anges , les bienheureux , les messagers de paix du

Très-Haut viendront près de toi et te serviront.

«Le SEIGNEUR, ton Rédempteur, ton Dieu, ton

Berger, ton Ami, ton Frère, ton Protecteur te fait

dire: Confie-toi à moi, que risques-tu? Je te donnerai

le courage de la foi, je te donnerai les flammes de

l’amour.

(l 0 mon ami; tu ne sais encore, il est vrai, ence

moment quel chemin le SEIGNEUR t’ouvrira, si c’est à

gauche, si c’est à droite; mais crois-moi , tu le verras.

Il a besoin d’ouvriers dans sa vigne; et celui qu’il choi

sit peut être sûr de recevoir les instruments nécessaires.

Ne sois point en peine, Il te couvrira du casque du

salut; il te revêtira de la cuirasse qui repousse tous les

traits de Satan; Il te donnera la ceinture de sa force;

Il placera le bouclier de la foi dans ta main et autour

de ton cœur; l’épée à double tranchant de la parole de

Dieu sera attachée à ton côté, et sa parole sera dans

ta bouche. *) 0 âme précieuse! crois seulement, et tu

.____—

‘) Il est inutile de faire remarquer que toutes ces images na

turelles ont une signification spirituelle particulière; la

——2*14—-—

verras. Celui qui aida David à abattre le vieux géant,

sera ton appui; tu recevras de sa propre main la fronde

de l’évangélisation, et avec ton Dieu tu feras tes ex

ploits; avec Lui tu escaladeras les murailles , tu feras

fendre les rochers. Mais aussi avec Lui, mon ami, il

te faut patienter, et attendre les moments de son im

muable fidélité. Rappelle-toi, que ceux qui sèment dans

les larmes, recueilleront dans la joie: ils vont en pleu

rant, porter leur semence; mais ils reviendront avec le

chant de triomphe allélm'a, et porteront à leur Dieu, à

leur Roi, les riches gerbes; et leur Dieu les récom

pensera en séchant toutes les larmes de leurs joues. Il

les réjouira éternellement, pour les travaux de quel

ques heures et la chaleur supporté un seul jour terrestre;

Il les chargera de couronnes , Il leur mettra la palme

à la main, Il changera leur honte en gloire, leur peine

en repos , leur combat en chant de triomphe, leur in

quiétude en paix, et leur douleur en joie De la foi,

mon ami, ils les transportera dans la vue claire et sans

fin de l’objet seul aimable et seul digne d’être aimé.

Pour te décrire ces choses , mon bien-aimé, il faudrait

être plus qu’un ange, plus qu’un séraphin. Tous les

royaumes et toutes les principautés de la terre, tous

ses trésors, tous, ses joyaux, tout ce que le ciel et la

terre renferment de beau , n’est rien, absolument rien,

au prix du bonheur que cause un seul de ses Lregards.

0 mes petits enfants,

langue des correspondances les explique toutes; il est

même facile de les deviner.

Note du» Trad. .

—2’15—

Patientez avec joie encore un petit instant,

Vous aurez un regard de votre Roi;

Rien ne sont les peines de cette vie

Auprès d’une pareille gloire!

SEIGNEUR JEsus, daigne accorder aussi

Un de tes regards à ceux qui me sont chers!

Un de tes regards , SEIGNEUR ,

Enflammera pour toujours leurs cœurs.

Oh! déchirons le voile, qui couvre le ciel!

Soyons tous des Pierre par la foi!

SEIGNEUR, porte sur nous tes yeux de flammes,

Ils nous changeront en d’autres hommes.

Ton regard fend les rochers ,

Il chasse Satan de tous les cœurs.

SEIGNEUR JESUS, Roi, Homme de douleurs,

Un regard d’amour sur ceux qui me sont chers!

Amen.

« Tu sais bien , mon ami, que tu es aussi compté

parmi les miens?

Moi. Je le sais ; et c’est un grand besoin pour moi.

Lui. Ton grand défaut, mon ami, c’est d’être crain

tif dans ton cœur. Sois plus ferme, sans cela l’enfer

parvient facilement à te dérouter, et à t’empêcher de

monter au trône de grâce.

Moi. Il est très -vrai que le génie du mal me dé

route; je ne sais plus en vérité où j’en suis.

Lui. As-tu peur, quand une ou deux fois l’an, aux

foires, il y a plus de boutiques, plus de bruit et de

mouvement dans la ville? Non. Eh bien, la même chose

arrive dans ton cœur. Il y a là aussi des changements

de saison, l’été , l’hiver , le printemë et l’autômne s’y

succèdent sans cesse. Rappelle-toi ce que dit l’Evan

gile : Au moment de l’hiver , Jésus se tenait retiré

—216—

dans le temple, en dedans, sous le portique de Sa

lomon. ') Monte souvent sur le Golgotha , mon ami; et

tu trouveras la paix, tu la trouveras immanquablement.

C’est là que coule la source éternell: de l’amour: et

tout homme, quel qu’il soit, qui cherche là son repos,

le trouve. Lève souvent tes yeux vers ton SAUVEUR et

Lui dis: SEIGNEUR Jésus, tu es assis maintenant sur ton

trône éternel et tu règnes; tu te souviens de toutes tes

créatures; oh! souviens -toi aussi de moi; viens et te

prépaÿe toi - même une demeure dans mon cœur; viens,

établis-y ton trône: si je te possède, je possède la vie

et tout ce que mon cœur souhaite: SEIGNEUR JEsus, fais

que je renonce à moi, que je ne vive que de Toi; viens

JESUS à mon aide! -- Dis-Lui souvent ces choses, dis

lcs à son cœur; et il viendra à toi avec la même joie

qu’il témoigne incessamment à des millions d’âmes

faibles qu’il soulage. Sois sûr que tu serais la première

brebis dont le bêlemcnt ne serait point parvenu à Lui.

Il est l’amour, hier et aujourd’hui, et Il le sera éter

nellement. Porte tes regards au-delà de tes péchés,

jusqu’à Lui, qui seul sait les anéantir.

Jlloi. Je le voudrais bien; mais leur souvenir me

poursuit malgré que j’en aie.

Lui. Mon ami, le souvenir t’en restera jusqu’à ton

dernier soupi'; tu le porteras partout avec toi. Tant

que tu auras un pied sur la terre, la laideur de ton

') L’hiver signifie les orages dans la partie volontaire de

l’âme chez les régénérés (Arc.cæl. , 955. 956.); Salomon,

le SEIGNEUR par abstraction à son royaume céleste et spic

rituel. (Apoc. expl. 654.)

‘217’

.“

péché te pressera comme un poids. Mais s’il est vrai

que le péché ne règne plus en toi, et que tu lui fasses

la guerre journellement, alors le péché n’a plus de part

en toi, tu n’as plus de part en lui; vous êtes séparés.

Que ce soit là ta consolation. Mais quand tu entrerais

dans le réduit le plus caché , la tentation te suivrait.

Moi. C’est-là précisément ce qui me rend si

craintif; je ne me sens jamais en sûrêté contre les sé

ductions. .

Lui. Il y a un combat éternel entre l’esprit et la

chair : mais tu sais bien, mon cher, que Satan, l’an

tique serpent, peut bien chercher à séduire, mais qu’il

ne peut point forcer la volonté. Je puis t’assurer que

par des prières sérieuses et soutenues, que par des

soupirs même sans paroles, par les désirs, les vœux

de n’être qu’à JEsvs, tu vaincras. Une prière sérieuse

fait trembler tout l’enfer; un seul soupir vers JESUS fait .

frissonner le lion rugissant. Dis -moi , mon bien-cher,

y a«t-il jamais en de victoire sans combat? Je t’en prie

donc, je t’en conjure, au nom de JÉsns et de ton salut,

jette-toi avec tout le poids de tes péchés, dans les bras

de Jésus; porte-Lui tes plaintes , et Il te délivrera de

tout mal, aussi véritablement, que son sang a coulé

pour toi. Mais, vois, c’est Lui qui s’est réservé de te

purifier. C’est Lui, Lui seul , qui veut te laver! laisse

Lui donc l’honneur de ton salut, et sois assuré qu’Il

ne laissera pas son œuvre inachevée; mais qu’Il la me

ncra à une glorieuse perfection; quand même tu ne t’en

apercevrais pas pour le moment. Si tu t’es véritablement

donné à Lui, il ne te reste plus d’autre soin; tu n’as

plus qu’à dire: SEIGNEUR , me voici; fais de ton serviteur

selon ton bon plaisir. Amen." ‘

——218—

Du 8 Décembre 1855.

(Dixième Dimanche de l’Avent.)

Dans nos entretiens de cette soirée, nous vînmes

à parler d’abord des distractions. Chacun s’en plaignit;

on déplora surtout qu’il se mêle tant d’écarts et de peu

sées étrangères aux prières. Enfin on parla des com

munications spirituelles, en particulier par songe; et

je racontai à cette occasion un songe remarquable que

j’avais en la nuit précédente. Je me vis, dis -je, dans

la maison de M" Scozzino , un habitant de la ville qui

souffre d’une mélancolie noire depuis plus d’un an. Cet

homme, que je n’ai vu qu’une fois en passant, mais

dont je connais beaucoup la femme qui est ma payse,

_me faisait de la peine par son état vraiment digne de

pitié; et depuis quelque tems j’avais senti le besoin de

prier pour lui. Dans mon rêve donc, il se trouva avec

sa femme dans son salon, et moi, j’étais au piano,

chantant un motet. Il en fut touché jusqu’aux larmes;

et à la fin il vint se jeter à mon cou , me priant de re

venir une autre fois, puisque ce chant lui avait fait tant

de bien. Je me réveillai alors, profondément touché.

Mais je n’ai encore osé prendre le songe au sérieux.

Tandis que je terminai ce récit, les signes précur

seurs de l’arrivée du père de famille se montrèrent chez

Arma; le bien-aimé défunt fut là et dit:

«Un des surveillants de Sion, que vous connaissez

et qui vous aime ardemment, est ici et parle ainsi:

. Le SEIGNEUR m’envoie vous bénir, mes bien-aimés.

J’étais déjà au milieu de vous, quand vous vous plai—

——219—

'gniez de vos distractions, et je vous dirai à ce sujet

un mot de consolation et d’encouragement. Moi aussi

j’ai en à combattre le même défaut, et cela jusqu’à la

fin de ma vie; mais il diminua toujours , et me fatigua

toujours moins. Je vous dirai donc d’après ma propre

expérience: ne vous laissez pas décourager par cette

tentation, la principale que l’ennemi du salut dirige

contre les enfants de Dieu. Ne vous laissez pas par-là

détourner de l’exercice de la prière; priez sans cesse,

avec persévérance, malgré toutes les distractions; ne

renoncez à la prière sous aucun prétexte. Faites comme

ce patriarche qui s’écriait de tout cœur : SEIGNEUR, je

ne te quitte pas que tu ne m’aies béni, et je vous assure

qu’Il vous bénira abondamment, quand Il saura qu’il

en est tems, mais non pas quand vous vous imaginez

qu’il en est tems. Quand vous auriez mille choses à

dire a votre BÉDEMPTEUR, et que vous n’en dissiez pas

une seule sans distraction; ne vous en inquiétez pas;

continuez toujours : Il lit dans vos cœurs ce que vous

voulez Lui dire. Satan veut-il vous faire accroire que

vous ne devez pas importuner le SEIGNEUR de trop de

demandes; rappelez-vous que le BÊDEMPTEUR aime les

demandeurs importuns; et que plus ils l’importunent

plus ils Lui sont chers. Laissez-vous encore moins dé

tourner de la prière par le souvenir de vos péchés;

confiez-en le poids à votre Dieu, et priez tranquille

ment. C’est surtout en ces jours mauvais qu’il faut

vous réunir en sa présence, mes bien-aimés, et

l’honorer du sacrifice de vos prières et de vos louan

ges : hélas! il en est si peu qui l’honorent aujour

d’hui! et il en est tant qui le déshonorent et se

montrent ingrats! '

-220—

Alors il fit une prière qui rappela toutes les prières

les plus ferventes qu’il nous faisait entendre de son vi

vant: puis il ajouta : «Si j’avais la langue et les paroles

de tous les cieux des cieux, je ne serais pas en état de

vous décrire l’amour du SEIGNEUR; mais je Lui rends

grâce de savoir que vous connaîtrez tous un jour cet

amour. ' —— Enfin, s’adressant à moi, il me rappela

de bien me garder d’oublier l’intercession pour l’infor

tuné qui m’avait été montré en songe; m’assurant qu’elle

aurait son efl'et.

Mme Lineweg qui se réjouit si fort de voir parti

ciper aux bénédictions célestes toutes les personnes

qui lui sont chères, demanda à M“e Palmettas, si,

malgré sa surdité, elle avait entendu ce qui avait été

dit: elle répondit qu’oui. Nous en fûmes étonnés, vu

qu’elle ne s’était point rapprochée d’Anna, quand celle

ci avait commencé à parler, nous faisant observer que

cela était superflu, puisqu’il lui faudrait coller l’oreille

sur la bouche pour l’entendre. Mais Lineweg nous ex

pliqua cette circonstance par ces mots: « Celui à qui le

SEIGNEUR ouvre les oreilles , entend toujours. Main

tenant, ma chère femme, D ajouta - t - il , a heureuse

amie de la Bible, tu voudras, sans doute, que ces

poussins reçoivent encore quelques grains de la Pa

role de Dieu? — Assurément, répondit-elle. — En

ce cas là tu peux réveiller au nom de Jésus, jusqu’au

tems heureux où le réveil pour la terre n’aura plus

lieu. ’

Madame réveilla Anna , et nous recueillimes tous

avec joie la portion de nourriture spirituelle qui échut

à chacun.

_221_.

Du 9 Décembre 1855.

En terminant sa prière d’hier, Lineweg nous avait

promis qu’il ne tarderait pas de revenir prier avec nous.

Je me trouvai donc aujourd’hui à la maison, ne sachant

pas quand cette prière aurait lieu. Je pensais à me re

tirer un peu avant le souper, quand Anna entra un

moment en extase, mais simplement pour que le céleste

visiteur pût dire à sa femme de me retenir à souper,

puisque la prière aurait lieu immédiatement après. Je

restai donc; et en effet, aussitôt la fin du repas, Anna

devint de nouveau l’instrument de communication de

son oncle. c Je saisis ce moment, nous dit-il, parce

que demain l’état de la santé d’Anna ne permettrait

pas aussi bien qu’aujourd’hui de tenir la séance.” Il

prononça ensuite une prière fervente, dans laquelle il

recommanda instamment au SEIGNEUR tous les siens,

Lui demandant surtout pour eux la connaissance de

soi-même , et par elle l’humilité , afin qu’incessawment

la fête de la naissance du Très-Haut comme simple en—

fant des hommes , pût être célébrée dans leurs cœurs.

Ayant achevé, il nous dit: « Savez-vous bien ce

que c’est que l’intercession, ou la prière pour ses

frères? — Ce n’est autre chose qu’un fruit de l’amour.

Continuez donc à prier les uns pour les autres. Mon

cher ami, l’intercession c’est de l’amour; et l’amour,

et tout ce qui en provient, réjouit d’une manière si

ineffable l’oreille du SEIGNEUR qu’ll se hâte de secourir

ceux pour qui tu pries. Ce sont là les sons qui ont si

fortement ému ton infortuné.

I Quand on dit: marchez dans les sentiers du ciel,

cela signifie, marchez dans l’amour, marchez dans la

charité; car la charité est la reine du ciel, et elle y

règne éternellement.

« Maintenant, mes bien - aimés , ajoutez à ce pain

de la grâce encore quelque rayon de miel. ‘) n

Ilier avant le coucher, Mme Lineweg avait su par

son mari que le docteur Fischer avait été mon gardien

de la nuit , et que ce soir ce Serait mon grand-père.

Du 12 Décembre 1855.

( Je fus dans le cas de chercher un nouveau paquet 31

la douane, ce qui était pour moi la course la plus dès

agréable qu’on se puisse imaginer. Je ne sais si c’est

la disposition inquiète de mon esprit, ou le défaut de

mesure et de procédés honnêtes dans cet établissement

qui me donnait un secret frisson chaque fois qu’il fal—

lait m’y présenter: ce qui est sûr c’est que mon carac

tère exige aussi impérieusement un accueil bienveillant

_et humain, que mon corps exige le manger et le boire.

Dans ce lieu où règne souvent la fraude , la violence,

la grossièreté, l’orgueil, le désir du gain, je ressentais

comme des accès de fièvre. Les employés, en général,

n’étaient pas fort gracieux, et surtout les subalternes

parlant allemand, m’avaient froissé. Je ranimai toute

fois le peu de courage qui me restait, et me recom

mandant au SEIGNEUR, je m’y rendis. On me remit au

lendemain matin. Comme le paquet était une chose

pressée, et que je désirais bien plaider mon affaire , je

') Rayon de miel signifie le Bien provenant du vrai. (Apoc.

expl. 619..)

_225__

pris alors avec moi un ami. Malgré cela je fus encore

remis à une autre heure: Il faut venir à midi, me dit

on; et votre paquet devra passer à la préfecture. A

midi, je me présente; et point du tout; en ce moment

on ne me laisse pas même entrer. Etonné et contrarié,

je prends de l’humeur; l’inquiétude me gagne; et déjà

je pense à ne m’y plus présenter, quand comme une

voix intérieure me dit : Dans le monde vous aurez de

l’inquiétude; mais consolez-vous, j’ai vaincu le monde.

Je repris donc un peu de confiance. Pour l’augmenter

j’allais tirer une sentence de l’Ecriturc, et je tirai Za

charie 9, 8: «Et je m’établis autour de ma maison

pour la défendre contre des armées , contre des peuples

vagabonds; et aucun oppresseur ne s’y présentera plus;

car j’ai vu le désordre de mes propres yeux.” Cette

promesse si frappante, dont je n’attendais pas sans

doute l’accomplissement littéral, mais que je regardais

comme un mot de consolation en général, me porta à

faire avec une ferme confiance la prière suivante:

Donne-moi la force SEIGNEUR de supporter toute espèce

d’injustices. Je ne demande pas que tu les détourne;

fais seulement par ta grâce que je supporte avec pa

tience toute tracasserie , tout mépris; et que du moins

ils m’attirent quelque bénédiction spirituelle. Et je re

tournai ensuite à la douane avec résolution , bien que

toujours poursuivi d’une secrète horreur dont je ne

pouvais me défendre. Mais il arriva alors qu’un des

premiers chefs, un Français, le plus affable de tous,

entreprit l’examen de mon paquet, et ne m’épargna

pas seulement la course de la préfecture, mais me mon

tra lui-même avec bonté le bureau, dans lequel tout

pouvait être terminé. Tout fut ainsi fait en un instant.

Dieu! dis -je, si les hommes savaient Seulement quel

baume ils font souvent couler dans les cœurs par un

seul mot d’amitié!

Plein de joie et de reconnaissance j’allai dans la

famille Lineweg raconter la manière dont j’avais été

délivré de mon inquiétude. On m’écouta avec joie,

mais à peine ma relation faite, Arma sentit l’influence

d’enhaut, et la voix connue me dit:

«Celui qui prie souvent pour vous et avec vous

est là. Je désirais beaucoup, mes bien - aimés, de vous

parler. Le Pasteur qui conduit vos âmes dans les pâtu

rages le long des ruisseaux, m’envoit pour vous bénir.

Je dois te dire, cher ami, que ce qui t’est arrivé, était

une petite épreuve à laquelle a été mise ta foi. Ne crains

jamais plus, le Dieu d’Israël est ton gardien, le puis

sant Dieu de Jacob est ta protection. Ce fut ton SEI

GNEUB et ton Dieu qui parla à ces cœurs et les disposa.

Si vous voulez me tourmenter, dit-il , laissez du moins

aller celui-ci en paix. Car quand ils tourmentent les

brebis du SEIGNEUR, ils tourmentent en elles le SEIGNEUR

lui-même. Quand tu fus dans la peine, ton Protecteur

te cria: Ne crains pas, mon fils; vois , avant que tu te

misses à prier j’avais déjà dit à mes anges de te porter

sur leurs mains, afin que tu puisses réussir au milieu

de ces hommes durs et sans entrailles. Notre roi t’aime,

jamais il ne t’abandonnera.

Il sera toujours prêt pour tdn secours;

Ses divins conseils ne te manqueront pas.

C’est Lui qui t’a dit par sa parole,

Sois consoIé, mon fils, sois consolé.

...225..

«Apprends que cette seule parole du SEIGNEUR:

C’est moi! brise les cœurs comme les rochers. Il faut

alors que les plus révêches agissent contre leur volonté

pour faire la volonté du SEIGNEUR. Chez les cœurs durs

règne la loi de la contrainte, il faut; chez les disciples

du SEIGNEUR celle de la bonne volonté, nous allons faire.

0 mon ami! tu es heureux; Jésus enfant est avec toi,

comme Dieu, comme SEIGNEUR et comme Roi; comme

SAUVEUR, comme Conseil et comme Soutien- Oui, on

peut dire:

Rien n’est pour Lui trop chétif,

Il soigne les plus petites choses;

Et en elles Il se montre grand.

Reste au sein de ton Rédempteur,

Jamais son secours ne te manquera.

Aussi n’as-tu rien à Lui cacher,

Il entre avec bonté dans tous les besoins;

Frappe avec courage, et toujours Il t’ouvrira.

«Voilà ce que le Dieu d’amour m’envoie te faire

savoir; l’épreuve surmontée de la sorte, tu dois agir

avec plus de confiance par la suite. D

Maintenant, dit Mme Lineweg, que vous avez

goûté combien le SEIGNEUR est bon, il vous faut aussi

demeurer plus ferme dans la foi. Je le voudrais bien,

répondis-je; mais vous savez qu’après l’été revient

l’hiver. -

« La mère, reprit Lineweg , se cache parfois, afin

que l’enfant l’appelle avec plus de force; mais elle ne

l’abandonne pas dans sa peine; elle vient, elle accourt,

elle le prend dans ses bras, elle le serre sur son cœur:

voilà au juste ce qui t’est arrivé.

.C’est par des vues de grâce et de miséricorde

15

.— 226-—

que le SEIGNEUR a fait marquer, comme tout le reste,

les fautes et les faiblesses de ses disciples, dans son

Évangile, afin que leurs successeurs ne perdissent pas

courage, et ne renonçassent point à l’espérance. N’est

il pas vrai, mon ami, que Pierre vit le SEIGNEUR avec

lui dans la barque, et que toutefois il eut peur de périr?

Eh bien, toi aussi, tu as vu souvent le SEIGNEUR près

de toi avec toutes ses grâces, et t0utefois la pusillani

mité rentre quelquefois dans ton cœur. L’apôtre Paul

connaissait très-bien cette vérité, quand il disait: nous

sommes inquiets, mais nous ne perdons pas courage.

Fais de même; aies recours à ce moyen qui brise le

cœur paternel de Dieu, savoir la prière. Avec la prière

tu réussiras toujours; et jamais tu ne seras délaissé

dans tes embarras, quels qu’ils soient; car c’est ton

Protecteur à jamais fidèle, qui est devant toi, avec toi,

au-dessus de toi, et grâce à Dieu, en toi, qui te donne

cette assurance: qu’il te soit fait selon ta prière. Reçois,

mon ami, ces miettes, ces grains des bénédictions d’en

haut; ils sortent des greniers des grâces de JEnovm;

recueille-les comme une douce colombe, et témoigne ta

reconnaissance à ton Dieu , comme celle qui roucoulait

en recevant de Noë sa nourriture journalière. ‘) Amen.

«Ma bien-aimée , j’ai désiré de tout cœur de vous

entretenir; et aussitôt quej’ai vu l’instrument nécessaire

‘) La colombe représente l’esprit de ceux qui vivent dans la

foi (Arc. cœl. , 870.); Noë conduisant à travers le déluge,

représente le SEIGNEUR , comme l’arche représente les états

intériezws de l’homme (Ibid. , 605.); enfin le déluge repré—

sente l’état de tentation on les attaques des mauvais esprits.

(lhid. , 605.)

227

rétabli, je me suis empressé de revenir. Celui que

l’amour de Jésus presse, celui-là est vraiment pressé. ”

Du 15 Décembre 1855.

Hier soir, au moment du coucher, me dit Mme Li

neweg dans ma visite d’aujourd’hui, mon mari est re

venu encore une fois me parler, accompagné d’un hôte

céleste très-élevé en gloire, et qui n’était autre que

Lézay-Marnésia, notre ancien préfet. Agréablement

surprise, je dis à mon mari: mais je n’ai pas connu ce

Monsieur pendant sa vie. Alors Lézay prit la parole et

me dit: Ce qu’aime mon ami, je l’aime aussi. Mon mari

me raconta ensuite que, peu de jours après sa mort, il

s’était une fois réveillé la tête appuyée sur la poitrine

d’un être qui ressemblait à un prince; qu’en voulant se

détourner par un sentiment de surprise et de respect,

ce prince lui avait dit : Ne reconnais-tu plus ton ami

Lézay? Car Lézay, ajouta-t-il, est Prince dans l’autre

monde. ‘)

Lineweg disait de plus à sa veuve, que Lézay et lui

m’avaient accompagné chez moi, et qu’ils en revenaient.

—Je me rappelai en effet que depuis bien longtems je

ne m’étais senti si heureux en me retirant, ni ne m’étais

reveillé avec un cœur si joyeux. ——

Pendant notre réunion de ce soir, le père de fa

mille vint aussi se mêler parmi nous. Mme Lineweg

m’avait montré un cantique dont le sujet était la mort

de ceux qui nous sont chers; pendant la lecture le sou

“) Bois et Princes dans le sens spirituel signifient ceux qui

sont dans le vrai, et sont capables d’enseigner et de guider

les autres. Note du Trad.

15‘

venir de son cher défunt lui fit venir les larmes aux

yeux; à l’instant même Anna se trouva en esprit et

Lineweg dit :

« Ma chère femme, pourquoi pleures-tu? Si tu

veux verser des larmes, verse donc des larmes de joie!

Le SEIGNEUR maintenant est ton protecteur, cet échange

ne doit exciter que le sentiment d’une profonde grati

tude. Encore un peu de tems, oui un peu de tems, et

tu t’écrieras dans ton triomphe et ta joie: T0ut ce que

le SEIGNEUR a fait, est bien fait. 0 mes bien-aimés,

adressez-vous donc en tout et partout à votre SAUVEUR.

Il est en état de guérir toutes vos blessures, car le

baume de Guiléad est chez lui en abondance. Son ma

gasin est riche, et pourvu de tous les simples, pour

toutes les maladies. Il n’est pas seulementvotre roi; car. Il

savait que les pauvres sonthonteux et timides dans la pré

sence d’un roi; Il est donc aussi devenu votre SAUVEUR,

afin que tous les êtres, même les plus misérables, pussent

l’approcher avec confiance. Comme les grands et les ri—

ches méprisant, d’un autre côté, ce qui est petit et humble,

et n’en peuvent espérer leur salut, le SEIGNEUR se montre

aussi comme roi, et comme un roi glorieux, afin d’être

ainsi Tout à tous. Voilà la bonté avec laquelle le SEI—

GNEUR prend soin de tous ses enfants. Restez donc au

près de Lui, mes bien—aimés, restez auprès de Lui, et

votre joie sera entière. Alléluia! Amen. —

« Ajoutez à cela un grain de la parole de Dieu;

car en vérité, vous ne sauriez trop amasser, tandis que

le moment est encore favorable, et que la tempête du

déhors n’est pas arrivée à vous; car vous serez alors

en état de partager avec ceux qui seront indigents et

pauvres en biens spirituels.

-—— 229* —-—

Le 15 Décembre 1855.

(Un Dimanche.)

Ce . soir nous chantions nos cantiques spirituels

d’une voix claire et forte et avec des cœurs pleins de la

joie du SEIGNEUR; aussi entendîmes-nous bientôtles

avertissements de l’arrivée, et enfin l’être chéri et trans

formé se trouva au milieu de nous, disant:

c Un chantre de la Sion céleste est ici. Je viens

vous dire, mes bien-aimés, qu’un grand nombre de

bienheureux a accompagné vos chants. JÊSUS lui—même,

sous sa forme d’enfant, était au milieu. de vous, selon

sa parole , Partout où deux ou trois sont assemblés en

mon nom , je suis au milieu d’eux. Restez donc toujours

avec ce JESUS qui s’est donné à vous; et qui veut vous

enrichir de tant et de si précieux dons, de tous les

dons du Père. Vous sentirez alors qu’en Lui il vous est

né un enfant dont le nom est Conseil, Force , Héros,

Admirable, Père de l’éternité, Prince de la paix. Vous

l’avez éprouvé pendant cette année, combien son nom

est Admirable; mais vous l’apprendrez mieùx encore

l’année qui vient; car il se fera de grands et importants

changements. Certes, cen’est pas sans raison que je

vous répète si souvent que son nom est admirable; je

suis autorisé à cela par tout ce qui arrive dans ces tems.

Mais attachez-vous toujours fermement à‘ votre SAUVEUR,

alors vous reconnaîtrez aussi que les autres noms ne

Lui ont pas été donnés en vain. Vous pourriez trouver

étrange que je vous recommande si souvent de'rester

auprèsde JEsus, dans l’atmosphère delaquelle on se sent

si heureux: mais il faut Savoir que le chemin qui mène

à Lui, et à sa suite, est quelquefois rude et raboteux,

-250

au point que les brebis s’ensanglautent les pieds, et

qu’alors l’envie leur prend de s’arrêter et de se coucher

à terre. Un encouragement continuel est donc nécessaire

pour les faire avancer. Rappelez-vous le vieillard Jean;

quand il n’eut plus la force de se tenir sur ses jambes,

et qu’il sentit sa fin approcher, il fit assembler les

fidèles et se fit placer au milieu d’eux. Ceux-ci pen

sèrent qu’il devait avoir quelque chose de bien impor

tant à leur communiquer, puisqu’étant si faible et si

malade, il voulait encore leur parler: mais que leur

dit-il? Mes petits enfants, demeurez en JEsus, afin que

quand Il sera révélé, vous ayez de la joie, et afin que

vous n’ayez point à rougir en sa présence lors de son

avènement. Changez donc, vous aussi, votre cœur en

une crèche, où l’enfant Jésus puisse naître; et puis soi

gnez-le avec zèle, afin qu’il vous devienne fils. Il ne

suffit certes pas de connaître le nom de JEsus composé

de ses deux syllabes; il faut que la vie intime du cœur

éprouve toute la force de ce nom. Vous n’avez pas seu

lement sur terre à combattre contre la chair et le sang;

mais contre les esprits mauvais; et ici le nom seul de

Jésus est efficace, même quand on le prononce simple

ment, ou qu’on y pense avec foi. Prenez donc l’enfant

JEsus avec vous, jour et nuit, et quand vous vous ré

veillerez, faites-le chaque fois assister à toutes vos en

treprises et à toutes vos démarches. Amen.

« Chantez bien souvent des cantiques de louange

à la gloire du SEIGNEUR; chantez avec joie. Pour moi je

me suis uni à vos chants de toute ma voix; j’étais dans

des transports de Jubilation; et Reiseisen, que vous

avez connu, était aussi avec moi. '

Ce Reiseisen était de son vivant un médecin très

—-254-—

distingué de cette ville. Ses services et son noble ca

ractère lui avaient mérité un beau monument, que ses

concitoyens érigèrent sur sa tombe. — Il mourut sans

doute jeune? dis—je à Mme Lineweg, qui me donnait

ces éclaircissements. Pas très-jeune , répondit-elle; mais

il n’était point marié. - «Il a part maintenant, dit

Lineweg, aux noces de l’Agneau. —

a Ton ancien ami intime , appelé ici Timidus ,

ajouta-t-il ensuite, en s’adressant à moi, avancera beau

coup à la première grande fête des grâces; car les grâces

s’étendent, ces jours là, dans tous les empires.

«Dans très -peu de tems je vous parlerai de nou

veau : pour aujourd’hui il faut borner ici la béné

diction. ’

Au moment de mon départ, Mme Lineweg m’ap

prit encore que la veille, au moment du coucher, son

mari lui avait dit que maintenant je pouvais cesser

l’imposition des mains sur son bras, vû que l’effet avait

été obtenu, par la grâce du SEIGNEUR. Il ne faut pas,

avait-il ajouté, qu’il se fasse un devoir de venir ici par

un si mauvais temps. Toutefois je sais que cela ne lui

fera point de plaisir de ne plus pouvoir te rendre ce

service; d’autant plus que c’était aussi le moment le

plus favorable auquel je pouvais 'm’entretenir avec ce

cher ami.

Du 16 Décembre 1855.

Quand j’arrivai ce soir chez l’intéressante veuve,

elle écrivait déjà ce qu’on lui dictait par Anna. Je le

recopiai ensuite, ainsi qu’il suit:

«Enfants du Très-Haut, édifions-nous les uns les

—- 252—

autres; et ajoutons une petite pierre pour la construc—

tion de l’Eglise de la Nouvelle Jérusalem. Parlons du

royaume de Dieu, et exaltons les bontés infinies de

notre SEIGNEUR JEsus-Cmusr; chantons, célébrons son

nom glorieux, et adorons-le en esprit et en vérité. Ho

sianna dans les lieux très -hauts! Hosianna, loué soit

celui qui se hâte de venir au nom du SEIGNEUR, pour

racheter et sauver de nouveau la société chérie, et la

transplanter dans le royaume éternel de sa grâce. ")

Gloire à notre Maître , à notre Roi,

Tout enfin lui sera soumis;

Gloire à Lui, à l’agneau de Dieu! “)

ParLui son petit troupeau triomphera.

Il paraît quelquefois prêt a succomber,

Mais il triomphera par le héros de la croix.

Jettez des cris de joie,

Chantez votre Roi.

Il sera fidèle,

Il vous conduira,

Jusqu’à ce que vous voyiez sa sainte face. “‘)

« Mes bien-aimés, vous arrivez à une époque bien

remarquable; l’heure n’est pas éloignée où chacun devra

prendre son parti, et déclarer à qui il veut appartenir.

Es-tu pour ou contre le Crucifié? demandera-t-on. Et

on répétera le mot: celui qui se fait roi est contre César.

") Le nom de Dieu, dans la langue spirituelle, signifie son

essence. (Apoc. expl. 102. 148. 186. 650.)

“) Agneau de Dieu signifie Jéhovah selon sa nature humaine

divine. (Apoc. expl. 220. 1527. 1555.)

"") Voir la face du SEIGNEUR signifie le connaître et l’aimer,

et par conséquent lui être uni. (Arc. cœ}., 5816. 5825.

9546.)

—255-—

0 mes très-chers! je vous conjure au nom de la dou

loureuse passion et de la mort de notre SEIGNEUR et SAU

VEUR, et au nom du salut de vos âmes immortelles, de

meurez inébranlablement attachés à l’unique roi vérita

ble, au Fils unique du Père, au Rédempteur JEsus

CHRIST. Si jusqu’ici vous vous êtes attachés à Lui, mes

bien-chers, mes très-chers, par la suite liez-vous à Lui

par des chaînes de métal à toute épreuve: car Il est

seul le rocher de votre salut: à Lui la louange et la

gloire au siècle des siècles. Souffrez -vous de la soif,

mes amis? prenez la verge de la foi, recourez à la pa

role de Dieu, à la parole de vie; frappez ce rocher, et

des torrens de lumière et de vertu couleront sur vous;

toutes les bénédictions viendront vous inonder. Oui,

demeurez liés à ce rocher, mes amis, la manne céleste

alors ne vous manquera pas. A l’ombre de ce rocher

vous trouverez la vie et la joie; vous vous sentirez

l’envie de vous élancer connue des jeunes aiglons.‘)

Que ce rocher, mes bien - aimés , soit le corps mort où

vous vous assemblerez. Faites cela, et je vous le jure

par la proximité de la venue du SEIGNEUR , vous serez

secourus.

«0 vous, enfants du Père céleste, frères et sœurs

de notre SEIGNEUR JEsvs-Cumsr, reconnaissez que si

l’ami de vos âmes vous a donné son esprit, comme le

‘) L’aigle, dans le sens favorable, signifie les connaissances

spirituelles, telles que les auront ceux de la Nouvelle

Église. Mais dans le passage de Saint-Mathieu, 24, 28.,

cet emblème est pris en mauvaise part ( Apoc. expl.

739.); Corps mort, ou chair corrompue, signifie l’intime de

la doctrine, ou la dévise , d’une église. (Arc. cœl., 5900.

6155.) ‘

_254_

seul vrai conducteur vers le royaume de vérité et de

justice qui est la vie éternelle, c’est une pure grâce,

une pure miséricorde, une bonté pure de sa part. 0

mes petits enfants, cet écoulement de Dieu Jéhovah

Zébaoth, cet écoulement vivifiant du rocher qui est le

CHRIST, et les bénédictions dont il vous inonde, doivent

être pour vous le gage de l’amour paternel le plus

tendre et le plus profond, le cachet de l’amitié frater

nelle la plus inaltérable, que le SEIGNEUR a voulu vous

donner, afin que vous puissiez distinguer ce qui est

droit, et comprendre ce qui est convenable pour un

imitateur de CHRIST, pour un fidèle serviteur du seul

roi véritable. Enfants d’un Père plein de grâces et de

bontés, obtenez tous les jours de Lui, qu’ll vous con

serve ce conducteur céleste; car, en vérité, c’est dans

ces derniers jours qu’il s’agit de ne pas broncher. Exa

minez tout, et retenez ce qui est bon. Que le SEIGNEUR,

mes bien- aimés, vous accorde pour cela la grâce, la

sagesse, la lumière et la force d’enhant. Mes petits en

fants , demeurez avec JE sus; vous serez attachés , il est

vrai, à un Etre méconnu et méprisé par le grand

. nombre ,

Mais voici votre consolation;

Cet attachement inaltérable

Vous conduira dans le royaume,

Où JEsus est la vie, la joie;

Vous serez transférés dans Sion ,

Dans les tabemacles éternels,

Où vous chanterez vos triomphes,

Tandis que le monde se lamentera.

Amen.

a Lisez cqla maintenant pour votre édification mu

...255

tuelle, puis vous y ajouterez quelques perles des tré

sors de la parole de Dieu. "

Mme Lineweg me dit qu’avant mon arrivée elle

s’était entretenue avec sa famille des progrès de la

secte des Saint-Simoniens, et qu’elle croyait que ce

discours avait quelque rapport à cela. Je lui fis obser

ver que cette secte était près de sa fin. Là - dessus Li

neweg dit encore: I Il n’en sera bientôt plus question,

quelque bruit qu’on en ait fait. '

Les perles que nous reçûmes jettèrent encore un

brillant éclat sur tout ce qui avait été dit. Pour moi,

qui étais très -souvent tourmenté de ma pusillanimité

en pensant aux devoirs que j’aurais à remplir, j’eus

Isaïe 41 , 14. ") Les autres eurent : Rom. 10, 15;

Psaumes 46, 4 -— 6; 57, 18 —-— 19; Luc. 22, 24;

Hébr. 9 , 24.

Du 17 Décembre 1855.

Nous nous entretenions ce soir des merveilles de

la nature; et nous étions ravis à la vue de la grandeur

et de la sagesse du Créateur. Nous parlions en particu

lier de l’étonnante économie d’une ruche d’abeilles: en

ce moment le bienheureux vint aussi, et réjouit nos

cœurs par des vérités plus douces encore. Voici ce

qu’il me dicta:

c Sois béni, mon bien- cher, et sois le bien-venu

au milieu des miens, comme si mille devoirs t’y appe

laient. Que le Tout-Puissant te rende au centuple pour

‘) Ne crains point, vermisseau de Jacob , pauvre petit trou

peau d’Israël. Je viens à ton aide, dit l’Eternel, et ton

Rédempteur est le Saint d’Israël.

-——256 ——

le zèle, la piété et la fidélité avec laquelle tu t’es ae

quitté de l’œuvre de charité que tu as remplie auprès

de ma chère femme. Cette œuvre a été richement bénie

en elle par l’assistance du SEIGNEUR. Apprends, mon

cher ami, que bien qu’il y ait une interruption dans

cette œuvre de charité, dans sa bonté notre SEIGNEUR

et notre Dieu, te conservera toujours la même faculté

de soulager dans l’occasion les personnes sonfl'rantes.

Apprends en passant un phénomène merveilleux: si

cet enfant qui me sert ici d’organe, était dans le cas

d’avoir les mains imposées, ou de recevoir des frictions

comme ma femme, elle s’endormirait sous tes mains;

en lui tenant la main seulement cinq minutes entre les

tiennes , elle s’endormirait encore (et son esprit alors

serait ouvert pour le monde spirituel); c’est un phéno

mène surprenant, mon ami, mais en même tems bien

majestueux. Il y a dans tout cela une action, une force

divine. En vérité Dieu fait pour les hommes au-delà de

ce qu’ils lui demandent, au- delà de ce qu’ils peuvent

comprendre.

« Encore une fois, mille bénédictions pour l’œuvre

de charité que tu as accomplie à l’égard de ma chère

femme. Je prie Celui de qui provient toute grâce de

t’accompagner toujours, et de t’accorder incessamment

des dons plus précieux: car il faut que tu saches, mon

bien-cher, que tu portes le ciel et la terre en toi. Toute

la création est enfouie dans l’être intime de chaque

homme *). Ah! si tu pouvais voir les couches des plus

belles fleurs , qu’ofl'rent les atômes de ton sang! quelles

‘) Il en faut absolument revenir au microc0smc des anciens.

Note du Trad.

-- 257 —

plantes, quels fruits! Et ce qui est plus étonnant en

core ; chez une âme qui aime le SEIGNEUR, tous ces fruits,

ces fleurs, répandent un parfum exquis! et ce parfum

s’élève vers le Créateur tout-puissant, vers le Dieu

d’amour! —

c Sois aussi, mon ami, et demeure de ton côté,

unepetite abeille, capable de tirer du miel des plantes

les plus vénéneuses. Si tu es fidèle dans les petites

choses , mon frère , le Dieu grand et riche se manifestera

à toi de plus en plus; et tu monteras de clarté en clarté,

jusqu’à ce que tu puisses Le contempler Lui-même, le.

Dieu d’amour, l’incompréhensible Jéhova, qui te con

duit comme une mère conduit son enfant par les lisières.

Chère âme , oh! confie-toi à Lui entièrement, au con—

ducteur vers l’éternelle félicité, à l’architecte royal de

la ville de Sion. Sache qu’Il est incessamment occupé

à bâtir, à édifier et à former; et Il ne s’arrêtera que

quand son œuvre sera terminée en toi. -— Oui, cher

Natbanaël, ton Jésus , ton maître, Il a bâti aussi dans

la Canaan céleste une demeure pour toi. Lui -même a

préparé la place, Il a orné la couronne qui t’attend,

Il a disposé le vêtement blanc; et dans sa bonté, sa

fidélité, Il veut te retirer de la souillure du péché , et

t’attirer en Lui, et t’élever dans son ciel. -— Qu’il soit

loué éternellement celui dont la fidélité est éternelle;

Il a soin de toi comme un père, oui comme un père.

Apprends aussi d’avance, que si tu tombais malade,

pour ce cas éventuel aussi il est peurvu; ton Dieu tient

prêt le conseil et le secours nécessaire. Il m’a chargé

de t’annoncer, Lui qui ne t’oublie jamais un instant,

Il m’a chargé de t’annoncer tout ce bien par ces ton

chantes paroles : Fils , voilà ta mère, mère, voilà ton

_258_

fils! oui, mes bien-aimés, telle est l’alliance étroite que

le SEIGNEUR a établie entre vous à jamais; et ce qu’Il a

uni, ne peut jamais plus être séparé. Le SEIGNEUR soit

loué par nons tous! Tu vois, mon ami, que sous aucun

rapport tu n’es abandonné ni négligé par Lui. Comme

je te l’ai déjà dit: Il te porte sur ses mains, Il te place

sur ses épaules. Comme tu es en pays étranger, Il veut

être ton père et ta mère; et cette femme , du nombre

heureux de ses disciples , est chargée de tous les soins

à ton égard.

« Oh! mes chers enfants! qui pourra raconter

tout ce que le SEIGNEUR, la Bonté suprême, a fait pour

ceux qui l’aiment! Que de bénédictions! quelle sollici

tude! Il se conduit absolument comme s’Il ne pouvait

point se passer d’eux. Un pareil amour est sans bornes,

sans fond, inconcevable! Et même, mes très- chers,

quand il vous arrive quelquefois d’être plus mauvais,

plus faibles qu’à l’ordinaire, ne perdez point courage,

ne perdez point l’espérance. Il sera toujours le même à

votre égard; et comme il vous a déjà été dit, autant

Il haït le péché , autant Il aime les pécheurs. C’est pour

les pécheurs qu’Il est venu; c’est pour eux qu’Il a

quitté le sein du Père. Il a choisi la honte pour vous

préparer la joie; Il voulut être méprisé afin que vous

fassiez honorés; Il s’est laissé prendre prisonnier, afin

que vous devinssiez libres; Il s’est laissé frapper, en

sanglanter, afin de vous donner le baiser d’amour et de

paix de la part du Père. Il permit qu’on lui crachât au

visage, afin que vous devinssiez plus dignes d’amour;

Il porta le manteau de pourpre, afin que vous fassiez

ornés du vêtement du salut; Il eut faim, afin que vous

fassiez rassasiés; Il eut soif, afin que vous ne soufris

_259_.

siez plus d’aucune chaleur; Il mourut sur la croix,

afin de vous procurer le repos. Il fut élevé entre le ciel

et la terre, afin de vous faire tous rois et prêtres; Il

s’est laissé tourmenter de mille épines, afin de vous

couronner de lumière, de vous entourer de l’iris de la

gloire; Il se fit placer dans le tombeau, afin de vous

préparer une glorieuse ascension vers le ciel; Il res

suscita pour vous introduire dans son royaume, dans

la vie éternelle. Tel est, mon ami, tel est celui qui

reste avec toi tous les jours, qui te soutient, qui te

garde , qui te défend , et qui fait prospérer tes faibles

efforts. Béjouis-toi donc, chante ta délivrance, et que

tous tes os tressaillent de joie. Ce que je viens de te

dire, le tems viendra que tu le verras.

Que ce Dieu de grâce entièrement te soulage

Du poids de ton péché;

Jette des cris de joie, de ce que déjà ici bas ,

Tu trouvas miséricorde:

Il est à toi, tu es à Lui;

Peux-tu encore te plaindre?

Etouffe, étouffe tous tes soupirs!

«Va maintenant en paix avec cette bénédiction;

continue à prier, à solliciter, à intercéder , et à expri—

mer ta reconnaissance. Porte tes yeux sur l’étoilete conduit, sur la parole de Dieu; ne la perds jamais

de vue; et tu arriveras infailliblement au vrai but, au

but éternel que t’a proposé Celui qui est mort d’amour

pour toi. Amen. »

J’étais extrêmement touché: avec quelle bonté,

quelle fidélité, m’écriai -je, ce SEIGNEUR accomplit en

moi sa promesse: Celui qui abandonne son père ou sa

mère p0ur moi, en recevra cent fois davantage!

Mme Lineweg, que depuis longtems j’aimais et

respectais comme une mère , dit lia-dessus: Je n’aurais

pas dû m’attendre à un pareil bonheur. J’étais humilié

en présence de si nobles sentiments. « Oh! s’écria Li

neweg, l’amour en CHRIST est inventif: il a les clefs de

tous les trésors.

« Continue, mon bien-cher, dans ton intercession,

surtout pour ton ami; elle a déjà porté d’excellents

fruits. Il croît, le feu de l’amour du SAUVEUR s’enflamme

en lui peu à peu; c’est pour cela que tu t’es senti

échaufl'er en sa présence. ' ’

Pour l’intelligence de cette réflexion il faut savoir

que quelques jours auparavant, étant à moitié endormi,

un être était sauté dans l’obscurité sur mon lit et s’était

appuyé sur mon épaule. Je pensais que ce pouvait être

le chat de la maison. Je voulus le chasser, mais me

trouvai pendant plusieurs secondes comme paralysé;

enfin je me réveillai tout-à-fait, et ne trouvai rien; seu

lement je ressentais une chaleur douce au cou , à l’en

droit où l’animal m’avait touché. — Déjà la veille j’avais

raconté ce singulier accident à Mme Lineweg, et le soir

son mari lui avait dit, qu’en effet cet être n’avait été

autre que l’âme de mon ami, qui m’avait embrassé, et

avait voulu me remercier d’avance des prières que j’al

lais faire le matin pour lui. Si cette apparition était pro

venu d’un être méchant, avait -il ajouté, comme il l’a

cru, il eût ressenti du'froid au même endroit. — Au—

jourd’hui donc je fis moi—même la réflexion, que je dus

être étonné que mon ami apparût sous une pareille

forme. — Cela est fort naturel de ta part, me dit Li

neweg. —

« L’amour peut faire des miracles; il peut retirer

—241 -—

des âmes de l’enfer, il peut les arracher aux ténèbres .

et les transporter dans la lumière! Et qu’est-ce que la

prière pour un autre , si ce n’est de l’amour? — Ap

prends que ton ami est devenu déjà beaucoup plus

petit “) qu’il n’était sur terre.

Moi. Depuis quelque tems je puis penser à lui avec

plus de plaisir.

Lui. Cela est dans l’ordre; quand un membre est

heureux, l’autre doit s’en réjouir.

« 0 mes bien-aimés, en ce moment les Esprits des

airs et des eaux font un bruit horrible.

Elle. Serait - ce pour cela qu’il arrive tant de dés

astres causés par les eaux et les orages? (Plusieurs

personnes venaient de se noyer coup sur coup dans la

ville; des .contrées avaient été submergées; et les ga

zettes étaient remplies de malheurs causés par les tem

pêtes et les inondations dans différents pays.)

Lui. Hélas! tous les éléments exigent leurs victi

mes! Ce ne sont que les suites de la chûte toujours

plus profonde du genre humain. Oh! si les oreilles de

votre homme-esprit pouvaient être ouvertes —— mais

vous ne l’endureriez pas — vous entendriez les horri

bles grincements de dents de ces infortunés. Un froid

glacial les tourmente; le frisson de la fièvre n’est rien

en comparaison. Ils cherchent la mort et ne peuvent la

trouver! Ce sont des cris, des lamentations! les airs

ne retentissent que de plaintes déchirantes! Et à chaque

minute ils attendent le moment de leur jugement et de

leur condamnation. Ceux qui ont»idôlatré leur corps

‘) Devenir plus petit, c’est devenir plus humble.

Note du Trad.

16

—242—

sur la terre, sont aussi très à plaindre; ils sont rongés

de vermine , et toutefois n’en peuvent mourir : Tu l’as

ainsi voulu, s’écrient-ils avec désespoir! -— O que bien—

heureux est celui qui s’abandonne de bonne heure au

SEIGNEUR, et se laisse sanctifier par Lui; car rien de

souillé ni d’impur n’entre dans son royaume. Mais celui

qui se jette dans les bras de Jésus, le SAUVEUR le guérit

avec amour, et sa guérison est complète. Soumettez

vons donc, de plus en plus, mes bien-aimés, à ce trai

tement de l’amour du SEIGNEUR; bien que les remèdes

paraissent quelquefois amers, et que la chair et le sang

en murmurent: oh! soumettez-vous, suivez Jésus d’abord

par le désert, puis à la croix; vous arriverez en Ca

naan , vous arriverez au pied de son trône. Amen.

« J’avais un bien grand désir, mon cher ami, de

t’entretenir.

Moi. Je me sentais aussi le cœur bien plein toute

la journée, et il me semblait que je pouvais m’attendre

à quelque manifestation remarquable.

Lui. Je te le répète encore , mon bien-cher; tu es

le bien-venu aujourd’hui au milieu des miens , comme

si tu avais mille devoirs à leur rendre. Celui qui con

naît et aime le SEIGNEUR sent un profond besoin de

s’entretenir de Lui avec ses frères, et de s’édifier au

souvenir de son amour. Jouis donc encore en attendant

de la conversation de ma femme, ta bonne mère, le

plus souvent que tu pourras. Amen. '

Du 19 Décembre 1855.

Dans ma visite d’aujourd’hui chez Mme Lineweg,

je fus accompagné de Chandani. Le chemin de notre

-245—

quartier chez elle, nous conduisait par la grande place,

au milieu de laquelle se remarque encore l’endroit où

avait été érigée la guillotine, sur laquelle un homme

de sang, l’écelésiastique Éloi Schneider, avait déployé

dans le tems ses fureurs infernales. Nous parlions de

ces tems affreux en entrant dans la maison de Lineweg;

la conversation de notre petite société roula sur le même

sujet, et enfin nous vînmes à parler des destinées de la

France en général, et de l’avenir présumé de ce beau

pays. Nous pensâmes presque tous que ce serait là que

s’agiteraient les dernières grandes questions touchant

le bonheur du genre humain; mais en même tems nous

eûmes à ce sujet des données plus solides que crut de

voir y ajouter notre ami immortel:

«Venez , brebis chéries, et placez-vous aux pieds

percés de votre Berger divin. Écoutez les révélations

du SEIGNEUR tout-puissant , qui a été, qui est et qui va

venir; de celui qui se hâte en‘ ce moment d’arriver avec

tous ses saints entourés de lumière, afin de donner des

bornes au débordement de l’iniquité. Remarquez, mes

bien-aimés, comment cette iniquité fait des progrès, et

comment en même tems la charité se refroidit. Les

hommes deviennent partout des tigres, et se jettent sur

ceux qui n’approuvent pas leurs horreurs. Rappelez

vous, en voyant de ces tigres , de ces monstres, de ces

chiens altérés de sang, de cette écume de l’enfer, que

vous vivez à l’époque qui est désignée sous le nom de

l’époque de l’abomination. Et quel doit être le peuple”

contre lequel le SEIGNEUR est forcé d’envoyer de pareilles

verges, de pareils fléaux! Ce ne peut être qu’Israël

impénitent, Israël s’attachant toujours d’autant plus au

veau d’or, que le SEIGNEUR se montre plus indulgent et

16‘

-—-244—

plus magnifique. Israël a abandonné le vrai Dieu, et

s’est fait des idôles que son cœur ne peut laisser;

Israël veut être repris, il veut être châtié, et frappé

de verges.

« Oh! mes bien- aimés , ces verges là ne peuvent

point être prises‘ parmi ce qui est pur et noble. Le SEI

GNEUR prend ce qui est endurci; et après que sa sainteté

en a fait un usage convenable, sa justice éternelle et

incorruptible jette l’instrument au feu éternel. Tous

ces chiens altérés de sang jettent maintenant dans le

monde des esprits, des hurlements efl'royables! car vous

apprendrez avec horreur, quejournellement, ainsi qu’on

s’exprime chez vous, ces infortunés sont déchirés par

la plupart de leurs victimes, qui, sous des formes ana

logues, leur rongent les chairs jusqu’aux os. Maudit

sois—tu! tu nous a abrégé le tems de grâce! peut-être

en vivant plus longtems nous aurions fait pénitence!

tels sont les reproches que ces hurlements font enten—

dre! -— C’est là , mes bien-aimés , ce ver qui-ne meurt

point, . ce feu qui ne s’éteint point. Quand un ange de

paix s’approche de ces monstres, même de loin, leurs

tourments deviennent tels qu’ils s’écrient pleins de rage

et de désespoir: Retire-toi , retire -toi , messager bril

lant du Dieu de miséricorde; sa bonté nous tue! —

En vérité, mes amis, les expressions me manquent

pour vous faire comprendre ce que souffrent ces infor—

tunés : leur demeure est du feu, et leur société sont les

serpents et les vipères, leur chant est le grincement

des dents, et leurs jouissances, c’est d’être exposés

incessamment aux insultes et aux ris moqueurs des Sa

tans de l’enfer! -Quand ils font quelquefois un efl'ort

pour remonter, alors l’enfer les tient chargés de

-— 245»—

ses chaînes , les attire six fois plus profondémentdans

l’abîme. — Ce que je vous dis ici, en vérité, n’est

qu’une partie de ce que j’ai vu de mes yeux: voilà le

sort des méchants.

« Toutefois , mes bien-aimés, les tems , dans les

quels vous vivez, deviendront encore malheureux de

plus en plus; la méchanceté croît d’une manière éton

nante; la charité est presque éteinte; on trouve à peine

des traces de fidélité; et quant à la foi, elle rappelle

la femme de l’Evangile cherchant son denier perdu, et

ayant besoin d’une lumière. Les transactions du com

merce ne sont que mensonge et fourberie. Il semblerait

que les enfants du SEIGNEUR dussent succomber honteu

sement, et céder la victoire aux suppôts de Satan! Les

sujets du Roi des rois sont opprimés, tourmentés, per

sécutés , chassés , écrasés! Le juste a vraiment beaucoup

à endurer en ces jours déplorables; mais remercie-z le

SEIGNEUR avec moi, mes bien- aimés; car ce Dieu éter

nellement fidèle le délivrera de tous ses maux. Le nombre

des méchants est grand, celui des justes est chétif;

mais celui qui marche à la tête du petit nombre est le

héros qui leur crie: Ne craignez pas, nous ne laissons

pas d’être encore les plus nombreux.

( Si donc , mes bien -aimés , vous voyez de vos

yeux, que le ciel s’obscureit de plus en plus , que les

nuées orageuses s’entassent: ne vous troublez point;

vous savez que le Dieu du tonnerre est votre Père, que

le maître de la foudre est votre Ami. Rappelez - vous ,

que le Jugement doit commencer par la maison de

Dieu; que la société du SEIGNEUR doit être pour un tems

la société méprisée; mais, qu’au moment arrêté, le

Chef de cette société l’élevera en gloire. 0 mes bien

—246 —

aimés! réjouissez-vous d’être du nombre de ces mépri—

sés; ne supportez pas seulement vos peines , mais sup

portez-les avec patience, avec joie. Ce n’est point la

contrainte, c’est la bonne volonté qui doit vous conduire.

Tout vous sera facile avec le SEIGNEUR. Il faut absolu

ment que la maison de Dieu passe par cette épreuve du

feu : si elle le fait avec une entière résignation, avec

une pleine volonté, son triomphe sera aussi glorieux

qu’il est assuré.

' a 0 mes enfants! il se pourrait que vous eussiez

encore à supporter des épreuves plus rudes que toutes

celles qui vous ont atteints. Écoutez la voix du SEIGNEUR,

du grand Triomphateur, qui dit : Celui qui n’est point

avec moi est contre moi; celui qui n’amasse pas avec

moi, disperse (et sera dispersé): cette voix est opposée

à cette autre du prince des ténèbres : Voie , toutes ces

choses je te les donne, si tu tombes à genoux et m’a

dores. Remarquez bien, mes bien-aimés, qu’il n’y—a

plus de moyen terme: il faut être pour ou contre le

SEIGNEUR; il faut être Chrétien ou Antichrist. Plus que

jamais il faut veiller et prier, plus que jamais il faut

acheter de l’huile pour la lampe, et de l’onguent pour

les yeux. Tâchez , enfants , de vous remplir du Saint

Esprit; par lui seul, vous pouvez voir clair et marcher

dans la lumière; lui seul vous instruire sur tout ce que

vous aVez'à faire dans ces malheureux jours. Le com

bat le plus terrible , mais aussi le dernier, s’approche;

il faudra que les vrais chrétiens sachent renoncer aux

honneurs, à la considération , aux emplois, aux biens,

et même peut-être à la vie; et toutefois la joie doit rè

guer dans la cité de Dieu , car son Dieu est au milieu

d’elle. Ne craignez rien , mes bien - aimés , quand bien

—247 —

même Satan , par ses suppôts , parviendrait à faire ré

pandre votre sang; ne craignez rien , vous dis-je; car,

contre sa volonté, il vous conduira ainsi au sein de

votre Dieu. Heureux celui qui appartient à Jésus et que

Jésus aime, son Dieu lui sera en aide, et cela d’une

manière admirable. Et bien que vous marchiez encore

un tems par la vallée obscure (car le soir est arrivé;

minuit même s’approche *); consolez-vous , le Dieu de

Jacob est votre Dieu: et ce sera précisément à cette

affreuse époque que le Dieu de l’éternelle miséricorde

fera éclater sa gloire d’une manière ineffable sur ceux

qui lui appartiennent. Le lieu de refuge pour cacher les

fidèles du SEIGNEUR est déjà préparé; il leur sera dit

quand et comment ils doivent fuir; le Dieu Tout-puis

sant est en même tems immuable: aujourd’hui, comme

au tems de Joseph, il envoie son ange, et les siens

sont avertis dans le sommeil.

a Je ne vous dis pas tout cela, mes bien-aimés ,

pour vous inquiéter, ni vous donner de la crainte; le

SEIGNEUR m’a chargé de vous le dire , et j’aurai encore

autre chose plus tard à vous communiquer: soyez seu

lement fidèles, et faites valoir ce que vous avez reçu,

alors vous en recevrez davantage. Oh! votre SAUVEUR,

Il veut devenir et demeurer votre lumière sur la route

qui conduit à la patrie. Tenez-vous toujours fermement

attachés à la parole de Dieu; ne vous laissez point en

lever un iota de ce livre des livres. Si vous entendez

qu’on en torture le sens, l’expliquant d’une manière

humaine , détournez - vous , et allez faire cette prière:

‘) Le soir signifie la fin de l’église (Arc. cœl. , 2525.); minuit

signifie le dernier moment. (Ibid. , 6000.)

_24s_

SEIGNEUR envoie ton esprit; SEIGNEUR ton règne vienne!

Oui,viens bientôt, SEIGNEUR JEsus! —- Le retard, mes

bien-aimés, que le SEIGNEUR a apporté à venir, ne vient

absolument que de sa bonté, de sa longanimité. Il y a

longtems que JEnovxn -DIEU a étendu. le bras de sa co

lère ; et toujours le sang du Fils a crié: Père, patiente

encore cette année. Maintenant néanmoins la mesure se

remplit, et de tous côtés on entend ces cris et ces san

glots entremêlés de larmes amères : Viens enfin , SEI—

GNEUR JÉSUS, viens! et de milliers de milliers d’âmes

sous l’autel ‘), crient au SEIGNEUR à haute voix: Jusqu’à

quand , SEIGNEUR, ne juges-tu pas , et ne venges-tu pas

notre sang? Mais , je le répète, mes bien-aimés, le re

tard maintenant n’est plus possible, et le moment dé

cisif est là. Bientôt, bientôt, mes chers , par la grâce

de Dieu et la miséricorde de Jésus, nous pourrons nous

embrasser de nouveau. Patientez encore un peu: l’Epoux

') Ces mots de l’Apoealypse , chap. 6 , vers. 9 : Et je vis sans

l’autel les âmes de ceux qui avaient été mis à mort à cause

de la Parole de Dieu, et à cause du témoignage qu’ils

avaient, signifient ceux qui sont hais, insultés et repoussés

par les méchants. L’autel signifie l’adoration du SEIGNEUR

par l’attrait de l’amour. Par les âmes de ceux qui ont été

tués, il ne faut pas précisément entendre ici les martyrs;

mais seulement ceux qui sont hais. A cause de la parole de

Dieu et du témoignage qu’ils avaient, signifie, la cause d’une

vie conforme aux vérités de l’Ecriture, et de la foi a la di—

vine humanité du SEIGNEUR. Dans le ciel nul ne reçoit le

témoignage, si ce n’est ceux qui reconnaissent que l’huma

nité dans le SEIGNEUR est divine; car c’est le SEIGNEUR qui

témoigne, et charge les anges de témoigner. C’est pour

quoi il est dit: le témoignage de JÉSUS est l’esprit de pro

phétie. (Apoc. rêvé]. 525.)

—249—

se hâte, son rival sera couvert de honte, et Il glorifiera

son épouse éternellement.

u Tous les trônes chancellent; mais il viendra

Quelqu’un qui les gouvernera avec un sceptre de fer;

des milliers de milliers s’attacheront à lui; mais il ne

les reconnaîtra comme siens, que quand ils auront reçu

l’empreinte de son image {leur main et leur front de

vront témoigner à qui ils appartiennent. Et celui qui ne

voudra point consentir à recevoir cette marque, il le

regardera comme un adversaire, comme un ennemi, et

il le poursuivra par son armée. L’ambitieux obtiendra

par lui des honneurs , l’avare des richesses, l’orgueil

leux de la considération, le vain de la pompe, et l’homme

sensuel des plaisirs. Et toutefois, mes bien-aimés, tou

tefois il gouvernera avec un sceptre de fer : son règne

sera la mort temporelle de'ses ennemis, et la mort éter

nelle de ses adhérents. Cependant le Dieu éternellement

fidèle mettra enfin un terme à ce désordre : soudain il

apparaîtra avec ses armées, il précipitera tous les mé

chants dans l’abîme , où ils seront liés. Quant à sa pe

tite troupe, il l’élevera en triomphe avec Lui. 0 quelle

joyeuse ascension, mes bien-aimés, attend ceux qui

auront été fidèles jusqu’à la fin! Soyez assurés d’une

vérité , c’est que si vous souffrez beaucoup, vous rece

vrez aussi de grandes forces; et Celui qui connaît le

peu de ressources de la nature humaine , ne permettra

pas que vous soyez tentés au-delà de ces forces. Il con

duit toujours les choses de manière que la tentation puisse

être surmontée; car Il ne veut que vous aider à rem

porter le prix de votre foi, savoir le salut de vos âmes.

«Ainsi préparés, mes amis, les orages peuvent

donc venir éclater sur vous dans le courant de l’année

—250—

prochaine : vous ne craindrez pas. Ce Dieu tout—puissant,

à qui tout est soumis, sur un seul signe duquel des lé

gions tombent à ses pieds, sera à votre tête. Il est

fidèle; et celui qui bâtit sur Lui, ne bâtit pas sur le

sable. Oui, mes bien-aimés, le ciel et la terre vont

passer; les choses anciennes vont disparaître et tout va

être renouvelé. Dieu seul, et sa volonté seront éternels.

C’est avec une grande majesté que le Tout-puissant se

prépare; et comme je vous l’ai déjà dit, sa marche est

lente; mais il viendra enfin comme l’éclair , comme le

voleur au milieu de la nuit. Oh! mes bien-chers, soyez

donc assidus à la prière, exacts à veiller, afin que

quand Il apparaîtra, le grand Rémunérateur, vous puis

siez prendre part à son éternelle triomphe, et recevoir

la récompense sans fin de vos souffrances et de vos

travaux. .

Si vous vous laissez guider par le SEIGNEUR ,

Avec lui vous triompherez;

Patientez encore un moment ,

Il vous délivrera du joug

Qui aujourd’hui vous oppresse.

Toutefois , enfants , aimez l’abaissement:

Et Dieu vous élevera en son tems.

Vous vous tiendrez a sa droite;

Jésus fera cette merveille. Amen.

c Plus , mes bien-aimés , les tems seront affreux

au déhors, plus sera grande la gloire avec laquelle le

SEIGNEUR se manifestera au dedans, au milieu de ses

enfants. Et quand quelques-uns s’écriaient: Mon père,

ma mère, l’univers entier m’a abandonné , une voix du

ciel leur répondrait: mais le SEIGNEUR t’a recueilli. Croyez

donc, et préparez au SEIGNEUR le plaisir de vous intro

-—251-—

duire dans son sanctuaire pour l’y contempler face à

faceaAmen.

c Le SEIGNEUR a été avec vous , Il est avec vous;

’Il veuille aussi demeurer avec vous! ' -—‘I“

Du 20 Décembre 1855.

Aujourd’hui aussi nous fûmes réjouis par une vi

site céleste, et encouragés par des paroles de consola

tion et de conseil. Notre immortel ami nous dit ce

qui suit:

I Il est inconcevable, mes amis, quelle faim se

manifeste chez les païens pour la parole de Dieu; et

avec quelle ardeur ils la reçoivent. Aujourd’hui même

il est arrivé qu’une famille païenne a fait près de cin

quante lieues pour entendre annoncer la bonne nou—

velle. O combien ils font de honte aux prétendus chré

tiens de nos jours! Ceux-ci ont le trésor de la vie au

milieu d’eux; mais au lieu de recevoir dans leurs cœurs

ce doux rayon de miel, ils le foulent aux pieds. Voilà

pourquoi aussi le chandelier leur sera enlevé, et trans

porté aux nations infidèles. Il y aura parmi les chrétiens

une telle sécheresse, et une telle disette, qu’il leur

faudra enfin faire plusieurs lieues pour trouver un seul

grain, un seul petit grain de la parole de vérité. Oui,

un grand malheur menace la chrétienté. Cette ville

même, où vous demeurez, eût déjà été visitée — car

elle est une Sodome comme les autres —si le SEIGNEUR

n’y possédait encore un certain nombre de justes. Déjà

plusieurs fois Il y a envoyé des messagers de paix; et tou

jours il s’y est trouvé encore quelques âmesjustes, bien

qu’en petit nombre, ont détourné son bras vengeur.

—- 252—

. Ah! l’ingratitude de ces chrétiens de nom , en

vers leur éternel Bienfaiteur, est inexprimable. C’est

bien d’eux que le SEIGNEUR peut dire: Celui qui mange

le pain de ma table, a levé le pied contre moi. Cette

ingratitude cause au SAUVEUR ses douleurs les plus cui

santes. Les malheureux! ils font de nouveau saigner

ses plaies; ils Lui crachent de nouveau à la figure! et

si aujourd’hui ils crient : béni soit celui qui vient

au nom du SEIGNEUR; ils crient demain : crucifie , cru

cifie - le.

c 0 mes bien-aimés! rapprochez-v0us d’autant

plus, serrez-vous par les liens de la charité, et de

venez une petite société entièrement adonnée au SEI—

GNEUR: vous ferez couler ainsi un baume doux et rafraî

chissant sur ses plaies brûlantes. Aimez le SEIGNEUR en

observant ses commandements; car ses commandements

ne sont point difficiles. Lui-même le dit: Mon joug est

doux et mon fardeau léger. Oh Dieu! si vous saviez

comme JEsus enfant est bon et aimable! Il demande à

chacun d’entre vous : Que veux-tu que je fasse pour

toi? — 0 mes bien-chers! faites donc en sorte que

v0us ayez aussi quelque chose à Lui répondre. Exami

nez—vous ces jours-ci, pour que vous sachiez ce que

vous devrez lui dire; et vous éprouverez le secours du

SEIGNEUR. '

Ici il récita une prière fervente; puis il nous fit

donner la main les uns aux autres, ce qu’il faisait quel

quefois dans ses assemblées terrestres, et il dit:

- Nous tous ici assemblés

Nous nous donnons la main,

Te jurant au nom de ton martyr,

SEIGNEUR, une éternelle fidélité.

— 155-—

Pour n0us prouver que notre zèle

-' Est pour Toi une offrande agréable ,

Dis , SEIGNEUR , ainsi soit - il,

de vous donne ma paix! Amen.»

Du 22 Décembre 1855.

(Quatrième Dimanche de l’Avent.)

Nous causions aujourd’hui du sermon plein de

force et d’onction que le ministre Baether avait pro

noncé devant une nombreuse assemblée, sur les mal

heurs provenant de l’ignorance de Jésus et de sa doc

trine, dans laquelle la génération actuelle est plongée;

et nous chantions de tems en tems quelques couplets

de cantiques, quand quelques instants avant le souper

Arma fut ravie en esprit, et la voix connue dit:

« Votre père de famille est ici. -—- Je viens sim

plement vous dire, mes bien-aimés, que je vous bénirai

encore aujourd’hui; mais prenez d’abord votre nourri

ture corporelle: Dieu est le Dieu de l’ordre: la nourri

ture plus précieuse viendra après.

«1 Beaucoup de bienheureux se sont unis à vos

chants.

Moi. Je m’en suis bien aperçu, je ressentais quel

quefois un saint frissonnement.

Lui. J’étais si près de toi que tu aurais pu me sai

sir la main. Aussi dans le temple aujourd’hui j’étais

présent avec huit autres bienheureux. Si les yeux de

votre homme-esprit avaient été ouverts, vous nous auriez

vus. Nous avons porté le sermon du fidèle serviteur

dans le sein du SEIGNEUR , et Lui -même l’a béni et y a

appliqué un baiser de paix. —- La femme du ministre

était aussi présente au temple.

—254-—

Moi. (A Mme Lineweg.) C’était sans doute, sur

terre , une bonne chrétienne?

Elle. Oui, sa mort a mis Raether‘à une grande

épreuve; il l’aimait extraordinairement.

Lui. L’amour naturel qu’il avait pour elle, a été

surmonté, et il a été changé par le SEIGNEUR en un sur

croît d’amour spirituel.

: Je puis souvent entendre maintenant des con

certs de jeunes vierges (pendant sa vie Lineweg avait

beaucoup cherché à en former dans ses assemblées);

mais ce qu’il y a d’admirable, c’est qu’ici chaque vierge

chante son hymne particulier, et pourtant tous ces

hymnes réunis forment une seule harmonie dans le

SEIGNEUR. Chacune a été conduite par Lui sur une route

difi‘érente; mais toutes ensemble forment ici un concert

de louanges.

c (A Mlle Palmettas): Toi aussi, ma chère, le tems

s’approche que tu distingueras les nuances les plus lé

gères du son.

Moi. (A Mme Lineweg.) : Serait-il question de sa

mort prochaine , ou d’une guérison dans le tems?

Elle. Sans doute d’une guérison naturelle.

Lui. Non, non; c’est pour le tems que le sourd

entendra et que le boiteux sautera comme le cerf. (A

Mlle Palmettas) : Tu es privée de bien des choses; tu

n’entends pas beaucoup de ce qui est dit: mais console

toi; et sois seulement fidèle à faire valoir le peu que

le SEIGNEUR veut que tu apprennes: Il n’en demande

pas davantage. C’est la fidélité seule qu’Il récompense.

Il dit Lui-même: Bon serviteur, prends courage, car tu

as été fidèle dans les petites choses. D

-255

Il fit ensuite réveiller Anna, et nous nous mimes

à table. Après le souper il revint et dit:

« Votre père de famille est de nouveau présent.

N’est-ce pas, ma chère âme, tu ne trouves pas mauvais

que mon bon secrétaire reprenne sa plume? 1' —

Tandis que je m’apprêtais, il dit à Mlle Palmettas

qui souffrait d’un mal (1’ yeux: Tu pourras te laver ma

tin et soir les yeux malades avec l’eau préparée par

notre ami; cela te fera du bien. Quoique je ne sois plus

matériellement avec vous, je m’occupe cependant en

core en père de tout ce qui peut vous être salutaire ou

nuisible. »

J’étais prêt; et il me fut permis de recueillir ce

qui suit: '

1 Mes bien-aimés en Dieu notre unique maître!

Enfants bénis du Père universel, amis, frères de notre

Roi, Temples de son Saint-Esprit! Que le SEIGNEUR

soit avec vous, et qu’Il demeure avec vous à toujours

et à jamais. Amen. (Nous voyant touchés , il nous dit

avec amitié : « N’est ce pas , c’est aussi là une saluta

tion angélique? »)

c Mes chers enfants , louez avec tous les bienheu

reux le nom de notre grand Dieu, du SAUVEUR Jénovxn,

qui vous délivre tous de tout mal. Chers rachetés! vous

ne l’avez pas été au prix de l’or ni de l’argent; mais

au prix du sang d’un innocent petit agneau , qui vous

conduit maintenant près des eaux vives, et qui vous

cenduira plus tard dans les gras pâturages pour l’éter

nité. Cet agneau, mes bien-aimés , est à la fois brebis

et berger. Et ce berger des bergers a soin des troupeaux

de ceux de ses subordonnés qui ont été appelés àBeth—

léhem. Ces hommes simples de Bethléhem, maintenant

—-256—

princes de la cour céleste et éternelle, dont parle

l’Evangile , avaient véritablement la foi des enfants. Si

JÉHOVAH nous envoie vers Bethléhem, dirent-ils, Il

saura bien en attendant avoir soin de nos troupeaux.

Ils laissèrent tout, mes bien-aimés, ils abandonnèrent

tout pour courir contempler leur SEIGNEUR et leur Dieu,

et l’adorer avec simplicité de cœur. Oh! quelle confiance

d’enfant, quel abandon filial, de croire si vite que le

Dieu puissant de majesté soit né enfant dans la dernière

pauvreté, et soit couché dans une crèche , où se place

d’ordinaire la nourriture des animaux! 0 mes amis!

dites-moi, où trouve-bon une pareille foi sur la terre

de nos jours? Les vains ornements, la pompe exté

rieure , ont seuls du prix à nos yeux. Mais je vous le

demande, à qui était-il plus facile de reconnaître la

divinité ainsi abaissée : est- ce aux hommes’ qui virent

le roi dans la crèche ou aux chrétiens du XIX. siècle?‘)

Assurément les chrétiens d’aujourd’hui sont plus avan—”

tagés que les anciens sous ce rapport; car ils peuvent

se représenter JEsus-Cnmsr comme triomphateur de la

mort, assis comme roi des rois sur le trône de JÉHOVAH,

et dont la contreapparition a changé l’univers; tandis

que les anciens n’apercevaient le MESSIE promis qu’au

sein d’une pauvreté extrême, n’ayant où reposer sa

tête. Et pourtant, il faut le dire à la honte des chré

tiens de nos jours, plusieurs d’entre eux crurent sans

hésiter, qu’ils voyaient devant eux le roi promis, et le

Libérateur d’Israël.

') Amélic éternua dans ce moment, et Lineweg s’interrompit

pour la recommander à Dieu, avec la remarque que chaque

fois que l’on éternue on peut mourir de mort subite.

257 ,—

- ôn pourrait dire, il est vrai, que les premiers

fidèles virent auSsi beaucoup de miracles que nous ne

voyons pas: mais je réponds à cela , qu’à cette époque il

y avait aussi des magiciens faisaient des choses ana—

logues, et pouvaient les dérouter. — Ah! pourquoiÿ,r

les chrétiens de nos jours n’ouvrent - ils pas les yeux? ’

ils verraient bien, s’ils voulaient, que ce seul Roi véri

table, auquel appartient l’honneur et la gloire à jamais,

opère encore au milieu d’eux des merveilles aussi éton

nantes que les anciennes; qu’Il nourrit encore aujour—

d’hui , avec un peu de grain , des millions d’individus

et t0utes les bêtes des champs? Ah! pourquoi ne trou

ve-t-Il plus de foi, Celui qui est toujours le même , et

qui sait encore guérir.les boiteux, les aveugles, les

sourds , les paralytiques, et toutes les maladies? (Bien

qu’il attache plus d’importance à la nourriture et à la

santé des âmes qu’à tout ce qui n’est que terrestre et

passager.) Tous les jours Il crie au milieu de la chré

tienté: Peux-tu croire? et tu seras guéri. Mais on ne le

voit ni ne l’entend. Le sens propre de chaque esprit,

et de tantfi’csprits différents réunis sur ce globe, cause

un bruit d’eaux si terrible, qu’on ne saurait entendre .

la douceur du mouvement intérieur, ni sentir l’haleine

du Saint-Esprit. Pauvre Israël, quand seras-tu un peu

en repos? Si tu pouvais l’être quelques instants, tu en—

tendrais bien frapper ton roi. Et alors tu Lui ouvrirais;

car qui serait assez endurci p0ur tenir alors sa porte

fermée? 0 mes bien-aimés! Les chefs des sociétés,

ceux qui devraient luire comme des flambeaux, voilà

les cœurs endurcis! voilà les sourds, les aveugles! voilà

ceux se trouvent riches et rassasiés! qu’ils sont à

plaindre! c’est à eux pourtant que s’est adressée, avant

M?

‘ F

C,—.

"’Ÿ%- v

17

-258

tous les autres, cette parole éclatante et admirable:

Aujourd’hui il vous est né un sauveur. Ce sont eux,

les bergers du troupeau, qui devraient accourir les

premiers à l’étable de Bethléhem, pour y recevoir le

,don de l’Esprit, et pouvoir ainsi préparer la nourriture

des brebis : mais voulez-vous savoir ce qui les arrête?

Ils sont trop grands, trop élevés pour entrer par la

porte si petite et si basse de l’étable de Bethléhem. Il

faut se baisser là , on se briser la tête.

« 0 mes bien- aimés! tous les jours se vérifie ce

qui est dit dans ce cantique que nous chantons souvent:

Voyez ces bergers, ah! ils ont plus d’ardeur etc. . . . .

Combien de larmes cette tiédeur des pasteurs de notre

époque a déjà contées au Prince des pasteurs! — Quel

ques âmes fidèles et bonnes s’écrieront ici : Oh! que

ne savent—ils toutes ces choses, ces pasteurs! ils seraient

bien forcés de l’aimer. Mais , mes bien - aimés , si l’un

d’entre eux le sait, tous le pourraient savoir; la source

est ouverte à tous: mais le mal est qu’encore ici il

faille se baiser; car on ne boit pas autrement, comme

vous savez, à une source qu’en se baissant. ‘) — Lors

qu’il s’agit de se baisser, comme vous pouvez le voir

tous les jours, il faut pour la plupart qu’il y ait à terre

quelque trésor qui flatte leurs yeux et leur cœur; sans

‘) Boire, dans le sens spirituel, signifie apprendre. (Apocal.

expl. 617.) — Vers ce moment Mad. Lineweg voulait me

donner une autre plume; je lui dis que je n’en avais pas en

core besoin , que j’écrivais près d’une année avec la même

plume. Lineweg dit à cette occasion que Jean dans l’île de

Patmos n’était pas mieux monté; que du reste ma manière

était celle d’un grand économe.

_259__

cette circonstance, ils passent leur chemin. Oh! que

bienheureux sont les Petits! ceux- là se baissent sans

peine : ils entrent commodément par la porte basse de

Bethléhem, et s’arrangent à leur aise près de la crèche

de l’Enfant , qui sait les élever à la dignité royale!

' Mais apprenez, mes bien-aimés, une circonstance igno

rée , c’est que le petit nouveau-né présenta avec amitié

sa petite main à chacun de ces bergers: et qu’ils senti

rent en la pressant une force et une bénédiction céleste!

Ils furent remplis du Saint - Esprit , et poussés par cet

esprit à aller publier aussitôt dans tout Bethléhem ce

qu’ils avaient vu et entendu.

« 0 mes bien - aimés! Comme tant de milliers de

chrétiens de nos jours méprisent cette grande nouvelle,

et en tournent la simplicité en dérision, unissez-vous

aux anges , unissez - vous à la petite troupe de ces mo

destes pasteurs, et réjouissez le SEIGNEUR par votre

amour. Et bien que vous soyez aussi de grandeur fort

diverse, que cela ne vous arrête pas; car, en vérité,

en présence de ce Dieu-Enfant toute grandeur humaine

disparaît; le cœur seul est pris en considération. Je

vous en conjure; resserrez les liens de votre petite so

ciété, resserrez les liens de la charité et de la perfec

tion dans le SEIGNEUR. Croissez dans la simplicité, dans

l’humilité: approchez-vous de votre Dieu, et consacrez

Lui, à Lui qui seul en est digne, esprit, âme , corps,

or , encens et myrrhe ’). Alors le Dieu - Enfant viendra

‘) L’or, l’encens et la myrrhe signifient dans le sens intérieur

l’attrait de l’amour céleste, spirituel et naturel (Apoc.

expl. 324.); ce qui correspond à celui de l’esprit, de l’âme

et du corps.

17‘

— 260—

en v0us , il prendra sa demeure en vous; et vous vous

écrierez avec Jean: Il faut que je diminue , et qu’Il

croisse. 0 enfants! aimez donc à vous faire petits, afin

que le Messie qui vient de naître , devienne grand en

vous: et soyons tous à Lui pour l’éternité. Amen.

« Mes bien - aimés, j’aurais encore mille choses à

vous dire; mais restons - en là pour aujourd’hui: bien

tôt je vous entretiendrai de nouveau. Je remercie le

SEIGNEUR avec vous de ce qu’Il me permette de le faire

si souvent. -

« Tu avais bien raison , mon ami, dans ta remar

que à Anna , que Dieu entend les cœurs plutôt que les

voix. (Anna m’avait dit dans son état de veille, qu’elle

ne concevait pas comment les bienheureux, après avoir

entendu les accords célestes des anges , pouvaient en

core trouver du goût à nos cris si peu harmonieux; et

je lui avais répondu qu’ils entendaient sans doute chan

ter nos cœurs plutôt que nos bouches.) Il faut que le

cœur monte au trône de l’Eternel avec le cantique,

sans cela on ne produit qu’un vain son se dissipe

dans les airs.

« Que le SEIGNEUR notre Dieu vous comble de

mille bénédictions , et qu’Il demeure toujours avec vous

par son infinie miséricorde. '

Du 25Décembre 1855.

J’avais passé la veille de Noël le cœur malade et

l’esprit oppressé et comme délaissé. La matinée de ce

grand jour m’avait paru plus triste encore. Je désirais

qu’à une époque où tant de chrétiens se réjouissent et

se sentent soulagés quant au corps comme quant à

-—- 264 —

l’âme, le SEIGNEUR me ménageât aussi quelque joie et

quelque consolation; mais j’osais à peine le demander.

Je m’étais flatté depuis longtems que ce serait dans la

famille de Lineweg que je recevrais mon cadeau de

Noël, mais la veille je fus absolument empêché de m’y

rendre, et par conséquent de prendre part à ses vivi

fiantes exhortations. Je me résignai enfin, et je cher

chai de la lumière, de la force et de la paix dans la

parole de Dieu; et, en effet, au bout de quelques

heures je me sentis peu à peu soulagé et consolé. Tou

tefois il me manquait toujours encore quelque chose ,

une entière et claire assurance d’être agréable à Dieu ,

et d’être aimé de Lui.

Quelques jours avant nous nous étions entretenus,

Chandani et moi, de la sainte Cène; et nous avions

reconnu que ce serait une grande consolation pour

nous, si, dans son usage, n0us pouvions ranimer et

enflammer notre foi et notre amour, et recevoir ainsi

le SEIGNEUR dans toute sa plénitude.

En moi-même je pensais que la manière la plus

touchante de communier pourrait avoir lieu, entre nous,

dans la famille Lineweg, si le bienheureux voulait ser

vir de prêtre: mais je n’osais pas même former un sou

hait à ce sujet.

Ce soir je me rendis au sein de la famille; mais

au lieu de me sentir plus tranquille, mon inquiétude

et mon abandon, devinrent successivement plus fati

guants , quand tout-à-coup Anna entra en esprit, et le

bienheureux dit par elle à sa femme : «x Qu’en penses

tu, mon cher cœur, si je vous préparais ce soir une

fête dans le SEIGNEUR, et si je vous invitais au banquet _

de son amour? Vois, l’agneau de Dieu est Lui-même

l.

—262—

au milieu de vous, et désire se communiquer à vos

cœurs. '

L’inquiétude et la crainte étaient alors chez moi

à leur comble; et quand il ajouta: « Mon ami, et le

vôtre sera le prêtre! » je me sentis attéré et confondu.

La maîtresse de la maison ayant néanmoins pré

paré le pain et le vin d’après son ordre; il prononça

une fervente prière, dans laquelle il conjura le SEIGNEUR,

en particulier, de nous faire connaître à chacun le filet

dans lequel le péché nous retenait encore captifs, et de

nous donner en même tems la force de nous délivrer.

La prière avançait et Chandani n’arrivait pas, cela ajou—

tait encore à mon trouble. Enfin pourtant il entra. Le

Bienheureux le reçut par ces paroles : « Sois le bien—venu

de tout mon cœur, mon frère. Voyez encore une brebis

que le SEIGNEUR veut vivifier par sa chair et son sang

précieux. ' Il acheva ensuite la prière, puis il ajouta:

« 0 mes bien- aimés! des anges du ciel se tiennent au

tour de vous; et s’ils étaient capables de quelque sen

timent de ja10usie , ils vous envieraient les j0uissances

divines qui vous sont préparées! Oui l’Agneau est lui

même au milieu de vous; de sa main Il veut vous nour—

rir de sa chair sacrée, et vous abreuver de son sang.‘

Il m’invita ensuite à distribuer le pain et le vin:

et la distribution faite , il nous engagea à faire nos ac

tions de grâce. Chaque fois que quelqu’un recevait la

communion, Anna manifestait un transport de joie,

tandis que moi, je soupirais , la crainte et la terreur

me bouleversant le cœur et le corps; et je priais le

SEIGNEUR de bénir les autres , quoique je fusse indigne

de ses bénédictions moi-même. La sainte Cène , pen

sais-je, est pour tous ceux qui la reçoivent, le cachet

——265——

de l’assurance qu’ils sont enfants de Dieu; mais comme

je ne me sens point pénétré d’amour, je ne suis pas

encore entièrement son enfant.

Anna fut ensuite réveillée, et se réjouit extrême

ment en apprenant l’admirahle fête qu’il nous avait été

donné de célébrer.

Malgré mon saisissement je pensai à faire chanter

le cantique: J’adore la puissance de l’amour etc., dont

lés paroles sont aussi belles que l’air est touchant.

Quand nous arrivâmes au verset: 0 Dieu! quelle est ta

bonté, et combien mon cœur te désire ; soudain le poids

qui m’oppressait, tomba; le soleil de la foi et de l’amour

donna dans mon âme; *ses glaceslËse fondirent; mes

larmes coulèrent; et la douceur et l’attendrissement

pénétrèrent de plus en plus mon cœur , qui pour la

première fois sentit la plénitude de l’amour du SEIGNEUR.

Oui, maintenant, m’écriai -je, je sais que le SEIGNEUR

m’aime!

Après que nous eûmes chanté encore quelques

cantiques avec l’accompagnement d’Anna qui s’était mise

au piano, le Bienheureux i%vint, mit Anna en extase

et nous dit: «1 L’amour de CHRIST me presse de revenir,

{et de vous dire encore quelques mots. Il y a parmi vous

un cœur paternel qui saigne , et que je dois consoler.

— Pleure donc , pleure, âme désolée; tout le monde

te méconnaît, personne ne te comprend. -— Ta femme

elle-même, t’avait juré fidélité, a foulé ses serments

à ses pieds. -— Et maintenant ils t’ont encore ravi ton

trésor le plus cher , tes bien - aimés petits enfants! —

Il ne te reste plus rien , absolument plus rien! Mais le

SEIGNEUR voit ton cœur paternel prêt à se briser, et Il

me charge de te dire: Sois consolé; toutes tes larmes,

l7:

264

je les recueille , je les compte , et plus tard je te les

rendrai changées en autant de perles précieuses. Tu es

abandonné; mais je suis avec toi; je te tiendrai lieu

d’épouse, de père, de frère, d’ami, de tout! Aucun

de tes enfants ne périra! encore un peu, et ces enfants

qui te sont si tendrement attachés , seront entièrement

à toi, et tu seras leur père éternellement. Aie seule

ment pleine confiance en Moi; et sois assuré que quand

tu paraîtras un jour devant le trône de mes grâces, ce

sera justement ce qui te fait maintenant le plus de

peine, qui alors te causera le plus de transports de

joie et de jubilation. ——Telles sont les consolations du

SEIGNEUR; et bientôt, oui bientôt, il te sera donné d’en—

trer dans le lieu où tous tes ennuis se changeront en

un triomphe éternel. '

Ces paroles de consolation qui se succédèrent

comme des éclairs, et tombèrent sur le cœur de ce père

désolé, nous pénétrèrent tous si vivement, que nous

n’eûmes pas le loisir de les bien saisir dans leur en

semble. Ce que j’en rapporte, ne sont que des frag—

ments d’un plus bel ensfl1ble. Nous pleurions tous

d’attendrissement, de joie et de reconnaissance. Chan

dani était surtôut vivement touché. Lineweg dit enfin;

. Ah! quelle jouissance, de pouvoir consoler des âmes

soufl'rantes, et de relever le courage des cœurs abattus!

- Après que vous aurez achevé vos hymnes de louanges,

œuronnez toute l’œuvre en choisissant encore quelques

sentences. Que la plénitude des grâces de Dieu repose

sur vous! '

Nous achevâmes notre cantique, consolés, c0ntents,

heureux comme nous n’avions jamais été. Cependant

la bonté du SEIGNEUR n’était pas encore épuisée: chacun

—265—

de nous obtint encore une sentence qui rendit sa joie

parfaite. Quand je tirai, par exemple, pour moi,

Psaume 107. 10 — 15 ‘); et pour Chandani , Psaume

81. 11“ ; tout le monde fut saisi de joie et d’éton

nement. '

Le soir de la veille de Noël j’avais dit en soupi

rant: Quelle triste fête de la naissance du SEIGNEUR!

jamais tu n’en as vu de semblable; mais le soir de ce

grand jour je m’écriai avec transport : Jamais fête de

Noël n’a été, p0ur qui que ce soit, plus réjouissante!

Du 26 Décembre 1855.

Après que nous eûmes passé la soirée à nous en

tretenir agréablement par le chant des cantiques, le

Père de famille vint après le souper se mêler à notre

société:

4 Votre ami est là, dit-il. J’étais déjà pendant une

grande partie de la soirée au milieu de vous, mes bien

aimés. Celui qui hier a consolé son disciple dans l’af

fliction, veut encore vous vivifier tous aujourd’hui; et

toi avant tous les autres ma fidèle compagne. Quoique

hier il semblât que tu eusses eu la moindre part aux

grâces répandues , tu n’as pas laissé d’être avantagée.

L’Enfant JÉSUS s’est lui-même donné à toi. Toi aussi,

mon ami, tu as reçu ce don précieux. Et vous tous,

‘) Que ceux qui sont assis dans l’obscurité et les ténèbres,

chargés de chaînes et d’entraves , rendentgrâce au SEIGNEUR

à cause de sa bonté et de ses merveilles, qn’Il fait éclater

au milieu des enfants des hommes.

“) Je suis le SEIGNEUR ton Dieu qui t’ai retiré de l’Eggpte: ouvre .

ta bouche , afin que je la remplisse.

-—-266-—

petits enfants du SEIGNEUR, ne vous attachez pas sim

plement aux dons extérieurs; mais appliquez-vous à

vous approprier de plus en plus la grâce de Dieu en

CHRIST. Faites tout ce que vous voudrez, en aucun cas

vous ne pourrez vous en passer.

«Ton ami, mon bien-cher, a passé maintenant

dans une classe d’esprits plus avancés. Continue à in

tercèder pour lui: le SEIGNEUR met ces sortes de prières

à profit, pour le bien spirituel de ceux pour lesquels

on intercède. A l’occasion de cet anniversaire, le SEI

GNEUR a répandu les dons les plus riches et les grâces

les plus insignes parmi ceux du ciel, et parmi ses en

fants sur la terre; on s’en est même ressenti dans les

régions inférieures.

c 0 mes bien-aimés! unissez-vous de plus en plus

dans l’amour, dans le véritable amour de CuRIST: et

si, alors, quelque membre de votre petite société, soit

jeune, soit vieux, vient à être appelé, vous ne serez

pas pour cela séparés, et vous vous retrouverez dans

la patrie céleste. Là , mon ami, tu n’auras plus besoin

de penser à ton départ par l’obscurité de la nuit.

« Maintenant donnez-vous encore une fois tous la

main, en signe d’alliance, et prions. '

Il commença alors par les vers d’introduction rap

portés au 20 Décembre; puis il pria le SEIGNEUR de

nous conserver fidèles, vû la proximité de son grand

jour. Par la même raison, il conjura le SEIGNEUR, si

c’était sa sainte volonté, de nous conserver encore

notre bonne et fidèle mère, si nécessaire à ses enfants,

chétifs et pauvres. Comme le SEIGNEUR l’avait déjà re

tirée deux fois des portes de la mort, il le pria de la

faire vivre encore un tems, bien que déjà plusieurs

—-267—

saints désirassent son arrivée; ses soins étant encore

si utiles ici bas. Toutefois , ajouta-t-il, heureux seront

toujours ceux qui peuvent dire de tout cœur: SEIGNEUR,

ta volonté soit faite, et non la nôtre.

Mme Lineweg nous assura, ce‘ que nous avions du

reste vu nous-mêmes, qu’il était vraiment miraculeux

qu’elle eût survécu à l’état de faiblesse et de dépéris

sement dans lequel elle était tombée après la mort de

son mari, et qu’elle ait pu redevenir forte et bienpor

tante comme peu de personnes le sont à son âge.

Du 29 Décembre 1855.

Il y avait plusieurs jours que Lineweg ne s’était

pas manifesté. Lorsque ce soir j’arrivai chez sa veuve,

elle était occupée d’afi'aires de famille, et elle lisait

justement un protocole; mais bientôt l’ami désiré s’y

trouva aussi, et nous dit: «Votre ami est là; si tu veux,

ma chère femme, je te dicterai aussi quelque chose du

protocole céleste, qui vaudra bien l’autre. » Puis il

nous dicta ce qui suit: '

c Mes chers petits enfants, je désirais de tout mon

cœur de pouvoir encore m’entretenir avec vous , et je

me réjouis de la permission qui m’est encore donnée

de vous bénir au nom de Jésus. Tous ceux qui ont été

purifiés par son sang, et justifiés par sa grâce, peuvent,

en Lui et par Lui, répandre ses bénédictions. Ainsi,

mes bien-chers, que celui le désire, reçoive aussi

la présente bénédiction, et qu’il la conserve dans un

cœur pur et bien disposé. Jésus, l’ancien, l’éternel

Jésus, vous fait dire, qu’ll entrera avec vous dans cette

nouvelle année; et Il vous prie de l’y faire entrer aussi

—-268 —

avec vous par la foi, la charité et l’espérance. 0 mes

bien-aimés, prenez avec vous Celui qui commande à la

tempête, Celui qui marche sur les eaux’), Celui qui

peut vous protéger dans toutes les circonstances; pre

nez-le avec vous, Celui qui veut faire de vous les com

pagnons de son royaume éternel, lequel, croyez-moi,

s’est beaucoup rapproché et est aux portes.

« Pendant cette nouvelle année, mes bien-aimés ,

vous apprendrez encore une fois par une triste expé

rience, combien ce JEsus que vous aimez, que vous

adorez, est méprisé partout, et de plus en plus aban

donné! Vous verrez le nombre inconcevable des infor

tunés qui courent après tout le reste, et ne négligent

que Lui, le seul aimable, le seul fidèle. Mes chers en

fants, il va se faire par tous les pays une grande sépa

ration; déjà la division s’avance; les brebis s’assemblent

en petits troupeaux, et les boues entrent en fureur.

Mes bien-aimés, si vous aimez Jésus, si vous m’aimez,

si vous vous aimez vous-mêmes, abandonnez tout le reste,

et persistez uniquement à dire: Jésus me restera. Lais

sez mari, femme, enfants, honneurs, biens, laissez

tout, v0us dis-je; mais gardez le seul trésor , vraiment

de prix, votre JEsus. Oh! je vous en prie, surtout au

commencement de cette nouvelle année qui se présente,

renfermez-vous souvent dans le secret de votre petite

chambre, quand ce ne serait que pour quelques minutes,

embrassez avec un amour vraiment filial, avec un amour

d’enfant, votre Jésus, le neuveau-né et l’ancien des

jours, et dites—Lui:

‘) Les tempêtes signifient les attaques des mauvais esprits

(Apoc.expl. 540.); la mer dans le sens défavorable, l’enfer.

(lbid. 403. 659. 815.)

—269—

Jésus je ne te laisserai point;

Tu me délivras de mes chaînes.

Donnes-moi , Jésus , ce qui me manque,

Hâtes-toi de venir à mon secours!

0 bêtes-toi , SEIGNEUR Jésus,

Et sauve ce qui peut être sauvé!

«Pour ranimer votre courage dans vos combats sur

la terre , apprenez qu’à mesure que les légions des té

nèbres s’assemblent en armées formidables , et que

l’enfer entier s’émeut pour venir saisir sa proie , votre

Maître, votre Jésus, éternellement fidèle , fait entrer

de son côté ses anges parmi'vous, et qu’ainsi les lé

gions des bons, non—seulement s’augmentent, mais ap

prennent aussi à se défendre; et reçoivent avec la foi,

la force de Jénovm, qui triomphera de l’univers. —

«0 mes bien-aimés, réjouissez-vous, je vous le

dis encore , réjouissez -vous quand une brebis du SEI

GNEUR est recueillie dans le sein du Bon Pasteur, car

elle y repose en une éternelle paix. —-Apprends , mon

ami, que c’est l’esprit de grâce qui t’a appris cette vé

rité, que c’est une folie de se lamenter quand une âme

échappée au combat, est appelée au triomphe et aux

joies éternelles. Rappelez-vous tous , mes bien-chers,

rappelez-vous cette grande vérité: et dans toutes les

rencontres, rejettez tous vos soins, toutes vos inquié

tudes, sur votre ancien ami, sur votre Jésus, qui entre

avec vous dans cette année nouvelle. Levez-vous avec

Lui, prenez votre repos avec Lui, priez avec Lui, tra

vaillez avec Lui; tout ce que vous faites, que vous

buviez, que vous mangiez, faites tout pour la gloire de

votre*Jésus. Oh! combien cet ami ancien et sûr, se

propose de vous bénir, de vous surveiller avec soin,

——270 —

de vous conduire et de vous maintenir dans la perfec

tion et le bonheur, pendant l’année nouvelle qui se

présente!

«O mes chers enfants! vous ne marchez pas seul,

votre ami toujours ancien et toujours nouveau, Jésus,

le principe de la vie, est avec vous. Vous entendez

bien quelquefois le hurlement des loups, le rugissement

des lions; vous recevez même quelquefois quelque mor

sure de serpent en passant: mais tout cela , -— dis-le

bien à notre ami" souffrant, à notre frère persécuté, —

tout cela ne durera qu’un temps. Si vous attendez en

paix et avec patience, et dans la foi des saints, alors,

mes bien- aimés , vous êtes dès le moment une proie

pour le royaume de Dieu! Vous serez enfants du

royaume , et le royaume sera à vous. Et tandis que les

‘ contempteurs de CHRIST, les moqueurs, les persécuteurs

de ses fidèles, sécheront de frayeur en voyant arriver

les choses annoncées, et qui ne tarderont plus de se

révéler, tandis qu’ils crieront aux montagnes et aux

collines de les couvrir devant la face de Celui est

assis sur le trône, et devant la colère de l’Agneau;

tandis qu’ils rechercheront les fentes des rochers pour

s’y cacher, et conjureront la terre de s’entr’ ouvrir pour

les engloutir, vous serez dans la jubilation; et il vien

dra se joindre à toutes leurs souffrances le plus grand

tourment, celui de voir triompher dans la splendeur

et la gloire, ceux qu’ils auront méprisés à cause de leur

fidélité à Jésus leur SAUVEUR. Oh! mes petits enfants:

ils seront saisis de terreur à cette vue; ils voudront

fuir! — Mais où fuir? Cette voix de Jéuovxn se fera

entendre par le puissant organe d’un archange: Terre,

rends tes victimes! mer, rends tes morts! levez-vous,

_271_

vous tous dormez, et paraissez au Jugement! —

Mes bien-aimés, quelles seront les plaintes et les la

mentations de la troupe qui n’aura pas voulu s’humilier

devant JÉSUS crucifié! Ils n’auront alors en Lui ni un

roi ni un Rédempteur; car eux-mêmes en auront fait

leur Juge! Mes bien-aimés , aucune langue ne peut ex

primer les tourments de ceux qui ont à endurer la co

lère de l’agneau. Je vous conjure donc au nom de JÉSUS,

soyez et demeurez ses imitateurs, comme ses enfants

bien-aimés. Persévérez dans la prière pour vous et pour

les vôtres; aucune prière, aucun soupir n’est perdu;

une prière sérieuse et pleine de foi et de confiance, est

bien puissante auprès du SEIGNEUR: une pareille prière,

mes bien-aimés, peut arracher des pères à l’abîme, des

mères aux lacs de satan, des frères à la puissance des

ténèbres. Toutes ces prières seront reproduites, et se

présenteront au grand jour du SEIGNEUR comme autant

de témoins qui crieront miséricorde. C’est Jésus, Jésus

l’éternel ami, qui sera le juge des revèches; et Il dira

à ceux auront ainsi prié : Tu es heureux, mon en

fant; vois ce que ton zèle a produit par ma grâce: par

ta prière tu as amené à ma droite ton pauvre père arrêté

dans les liens du péché; tu as obtenu que ta mère, in

crédule, vint se ranger près de moi. Tu es heureux!

Si tu n’avais pas ainsi prié, ainsi sollicité, tu entendrais

maintenant les lamentations déchirantes de celui qui t’a

donné le jour, de celle t’a enfanté avec douleur.

Oui, mes bien-aimés, l’interccssion est précieuse de

vant le SEIGNEUR, elle prépare des joies inexprimables

à celui qui la fait, des joies qui en s’épanchant devien

dront un océan de jouissances éternelles. Priez donc,

mes bien-aimés, pour vous et les vôtres;

—272—

Votre ancien ami vous accorde ce que vous demandez,

Pourvu que vous Lui ouvriez votre cœur avec sincérité.

Entrez donc, au nom de votre Jésus ,

Dans l’année nouvelle, qui arrive;

Restez avec Lui, vous avez la meilleure part;

Dites , en Lui seul se trouve le salut et la gloire.

Amen.

« Le SEIGNEUR, mes bien-aimés, me permet de vous

révéler une infinité de secrets. Celui d’aujoud’hui était

sérieux et terrible; une autre fois nous pourrons nous

entretenir de nouveau de scènes de gloire et d’amour.

Toutefois ce qui a été dit, peut vous offrir un étang,

riche en grâces, où chacun pourra s’attraper quelque

poisson pour sa nourriture *). Que le SEIGNEUR vous bé

nisse de ses plus riches bénédictions. *

Du 50 Décembre 1855.

Cefut sans doute pour empêcher que mon esprit

ne s’élevât trop en recevant toutes ces sublim‘es commu—

nications, que le SEIGNEUR enfonça profondément l’ai

guillon dans ma chair. Les suites du péché tourmen

taient à la fois mon corps et mon esprit. Et la convic

tion que le SEIGNEUR ne voulait me pardonner que comme

au paralytique de l’Evangile (Saint -Marc 2, ’1.), dont

l’exemple m’avait encore frappé tout récemment, comme

m’étant applicable, me mit de nouveau à de grandes

épreuves. Je mis fin à la longue, au combat et au dé

‘) Les poissons signifient des connaissances du Vrai provenant

du Bien (Apoc. expl. 515.); un étang, un certain ensemble

de vérités révélées (lbid. 455.).

—275—

chirement intérieur, par la résolution inébranlable de

ne point me laisser détacher de Jésus , quand mon corps

et mon esprit y devraient périr. Je le priai uniquement

de me préserver du péché. Ainsi résigné, je me rendis

avec calme et tranquillité dans la maison où j’avais si

souvent été consolé. Aussi l’ami ne tarda pas un moment

à venir. Tandis que nous étions encore ‘ns l’anti

Æhamhre, il prit déjà possession d’Anna, et dit à sa

femme avec beaucoup d’amitié: L’époux qui t’a échappé,

mais qui ne laisse pas d’être souvent autour de toi, est

ici. N’est-ce pas tu chanterais volontiers :

Si j’étais un petit oiseau

Et que j’eusse deux petites ailes,

Je volerais près de toi;

Mais comme cela ne peut être,

Force est de rester ici. n

(Chans. popul.)

Il lui dit que la principale raison qui l’avait em

pêché de venir les premiers jours après les fêtes de

Noël, c’étaient les nombreuses grâces que le SEIGNEUR

avait fait répandre au ciel, sur la terre et jusque dans

les lieux bas de la terre, et qui avaient occupé une in

finité de bienheureux. Il la pria alors de me faire entrer,

m’annodçant qu’il avait quelque chose à me dire à

l’oreille. «Viens, cher ami, me dit-il, quand je parus,

reprends ta petite place. ' Mme Lineweg me rapporta

alors le petit salut gracieux qu’il lui avait fait; et il

ajouta qu’il n’y manquait que la conclusion: Que la

volonté du SEIGNEUR soit faite. Il s’adressa alors à moi

et me dit du ton de la plus vive joie:

« La bénédiction du soir, mon cher et, bien-aimé;

18

—-274——

sois béni à la fin de l’année, sois béni au commence

ment de l’année; sois béni tous les jours et à toute

heure, de la part de Celui que tu n’as point vu, mais

que tu aimes; de Celui qui t’a toujours aimé et qui t’a

attiré à Lui; qui a donné son sang pour toi, le prêtre

et Roi JESUS-CIIRIST. Qu’Il soit loué, Lui, l’ami éter

nellementfldèle , et qui est occupé jour et nuit auprès

de ceux qui désirent être à Lui. Ah! si tu pouvais voir,

mon bien-cher, avec quelle tendresse, que] amour,

quelle douceur, quelle bonté, Il étend ses bras vers

toi! que! regard plein de grâce Il porte sur toi! quelle

attention il fait à toi! avec quelle sollicitude Il conduit

tous tes pas et tous tes désirs: et cela non-seulement

pour un tems, mais pour l’éternité! Ah! une fois que

le Père, le meilleur des pères, a agréé un enfant et

l’a reçu dans son sein, Il ne revient jamais sur ses pas;

c’est une alliance éternelle qu’il contracte; une alliance

qui subsistera quand les montagnes et les collines ne

seront plus, quand le ciel et la terre auront passé!

C’est une alliance de grâce , de paix que l’amour éter

nel conclut pour jamais. 0 mon ami bien-aimé, ami du

SAUVEUR . . . (Mmc Lineweg l’interrompit ici pour me dire:

J’espère que vous n’aurez plus la pensée maintenant

que le SEIGNEUR ne vous aime pas? «Tu as raison, ma

femme , dit-il; cet amour ne ressemble pas à l’amour

du monde , il est immuable”) — Il continua: «Ami du

SAUVEUR , enfant du Père céleste, propriété du Seigneur

des seigneurs, enfant du roi des rois... crois-tu à

tous ces titres? je te le demande. -— J’ai bien de la

peine, lui dis -je. —» Heureux, mon bien-aimé, si tu

peux y croire: car par-là tu honores et tu glorifies

l’amour de Dieu en CHRIST, cet amour qui répandrait

—-275 — .

encore sept fois ‘) tout son sang pour toi s’il le fallait!

0 chère âme, crois, car plus tard tu verras, et tu sau

ras par expérience. Comment , mon cher ami! n’as -tu

pas été forcé, il y a peu, d’éprouver l’amour profond de

l’ami de ton âme? Ne t’a-t-Il pas serré contre son

cœur, en te disant, regarde-moi, pauvre et chère co

lombe; entre dans la plaie de mon côté, dans le lieu

de ta retraite, et notre union sera éternelle. Ne s’est-Il

pas approché de même de notre ami souffrant, et

éprouvé dans le creuset, et ne lui a-t-ll pas dit avec

une bonté et un amour infinis: Patiente encore un peu;

vois, mon ami, je t’enlève, il est vrai, tout ce que tu

possèdes; mais c’est pour te rendre. sept fois autant!

C’est un échange que nous faisons, un échange infini

ment avantageux pour toi: tu me donnes tout ce que tu

as, je te donne tout ce que je possède, tout ce qu’il y

a de plus grand au ciel et sur la terre, je te donne

moi-même! et dans ce don tu retrouves tout! —— Rap

pelle-toi le, tel était le vœu de la nouvelle année, de

votre éternel Ami à tous deux, âmes éprouvées , mais

bénics, âmes châtiées, mais comblées de grâces comme

peu d’autres! Oh! crois-moi, mon ami, celui qui a Jésus,

a tout; il ne manque d’aucun bien. Il est fidèle, Il est

bon , Il est l’ami de vos âmes: Lui-même Il descendit

dans l’enfer avant de célébrer sa glorieuse ascension.

Et puisque vous voulez réellement être les disciples de

‘_) Sept est un nombre sacré qui signifie Tout. Les sept cou

leurs pour l’œil, les sept tous pour l’oreille, les sept

voyelles pour l’organe de la voix, montrent assez qu’une

division par sept n’est pas étrangère à la nature intime de

notre être.

Note du Trad.

18‘

—276——

notre glorieux Maître à tous, qui vous a appelés et

vous a dit: suivez-moi, ô mes enfants, patientez donc

ce court moment; baissez -vous sous votre croix, et la

portez contents à sa suite : l’ami de vos âmes en porte

toujours la plus grande part. C’est le Père de l’amour,

le Dieu de la paix , qui fait toutes ces choses. Sans lui

aucun cheveu de votre tête ne peut être dérangé; Il les

a tous comptés. Mon ami, y a-t-il quelque chose de

plus chétif qu’un cheveu? —— On en jette tous les jours

des milliers, sans s’en mettre en peine; et Lui, Celui

qui règne au plus haut des cieux, au milieu de ses

saints, il ne permet pas qu’il vous soit fait, au—delà de

ce que vous méritez , au-delà de vos forces, pas même

de la largeur d’un cheveu! et le tout pour votre plus

grand bien! —

« 0 mon très-cher, si vous étiez seuls, toi ou ton

pauvre ami, alors sans doute vous pourriez trembler;

mais vous avez avec vous Celui qui dit, que la lumière

soit et la lumière est. Il est le Tout-puissant; Il peut

changer tout votre sort en un clin d’œil : mais en vé

rité, ce sont ceux qui sur la terre endurent les plus

grandes épreuves, qui jubileront dans les cieux plus

que toutes les légions des autres bienheureux, ceux

dont le chant de triomphe couvrira celui de tous les

autres. Heureux donc celui qui peut prier, on dire en

soupirant:

Tu le veux ainsi, 6 mon maître, ô mon Dieu,

Eh bien, ta volonté sera la mienne aussi.

Que le monde me méprise

Pourvu que Tu sois adoré!

Je ne pense qu’à Te suivre

Chargé de croix et d’humiliations,

Selon ton éternelle volonté. Amen.

—‘277——

«C’est ainsi, mon cher ami, que l’on prie au

saint des saints. Venez, et apprenez de nous à prier.

Montez avec nous sur le mont des oliviers, vous enten

drez encore ces paroles:

Que ta volonté soit faite , SEIGNEUR , et non la mienne.

Je me soumets à tout ce qui vient de toi.

Aide-moi seulement SEIGNEUR à tout surmonter.

«Voilà, mes bien-aimés, les prières que les saints

se disputent le plaisir de porter dans le sein de JÉROVAII.

Voilà les prières qui brisent le cœur paternel, qui for

cent la Mère de se lever, de descendre sur la terre,

pour venir demeurer dans le cœur d’athlètes qui savent

faire de tels efforts. De telles prières, de tels soupirs,

mes bien-aimés, se changent enfin, enfin, remarquez-le,

en d’éternels Alléluia. Béni soit Celui, s’écriera-t—on,

qui m’a visité, qui m’a purifié, et qui ne s’est arrêté

que quand il eut achevé son œuvre en moi. C’est ainsi,

que se forment les Alléluia sur les bords de la mer de

crystal: ils s’échappent comme de brillants papillons

des chrysalides de la croix. 0 chères âmes, au nom de

votre salut, restez donc avec Jésus! En Lui vous trou

vez force, consolation, lumière, joie; en Lui vous trou

vez tout ce dont vous avez besoin, à toute heure, et

pour votre éternelle félicité. Alléluia. Amen.

« Oh! que tout cela est admirable! n s’écria la

veuve. —- N’est-ce pas, dit Lineweg; c’est une parole

douce, dite à l’oreille? — Mon ami, me dit-il ensuite,

si Satan vient de nouveau pour te tourmenter, pour

t’inquiéter, te faire des reproches, te ravir la foi et le

courage, imite ces saintes âmes qui pour approcher du

SEIGNEUR ont en l’ingénieuse idée , de démolir le toit, et

-— 278—

de faire descendre leur paralytique par cette ouverture.

Satan t’entonre d’une foule de pensées inquiétantes , il

élève tes péchés comme autant de murs entre toi et le

SAUVEUR, afin de te fermer le passage: suis donc ces

quatre pieux frères, au nom de Jésus, pour sa gloire,

etÆà la honte de Satan; passe par-dessus ces murs,

monte sur le toit, ôte les tuiles de ton incrédulité; re

garde, et tu apercevras Jésus, le destructeur du pé

ché. Les anges envoyés pour ton salut te lieront des

cordes de l’amour, et t’aideront à pénétrer jusqu’aux

pieds de ton SAUVEUR, lequel ne manquera pas de te

dire: « Mon fils, tes péchés te sont pardonnés. Reçois

le courage de la foi, les flammes de l’amour, la force

de l’espérance, et suis jusqu’au ciel, le sentier semé

d’épines que je t’ai frayé. Au nom du Dieu vivant, je

te promets de te retirer de ton péché, et de te conduire

par les combats , dans le vrai chemin, et enfin au triom

phe éternel. Au moment où tu ne seras plus rien par

toi-même, alors je serai tout pour toi. C’est au moment

que tu meures tout entier que je commence à vivre en

toi. ' -— Voilà ce que ton SAUVEUR te dira. 0 mon ami!

Pense que celui qui reconnaît son péché en présence

de l’Ami de son âme, son péché lui est déjà pardonné!

Car cet ami est fidèle, bon et juste; Il pardonne au pé

nitent et aide au malheureux. Entre dans ces sentiments,

et que le SEIGNEUR ton Dieu, notre Rédempteur à tous,

te fortifie dans la foi, pour la gloire de son saint nom.

Amen.

4 C’est parce que Satan voit que tu avances, qu’il

suscite toute cette tempête; et plus tu avanceras , plus

il remuera les passions, les charmes, les craintes et

tout ce qui peut te tr0ubler; d’autant plus que tu ne

veux pas te sauver seul, mais que tu veux lui enlever

encore quelques proies. Mais ne t’arrête pas, mon ami;

combats sans relâche, jusqu’à ce que l’ennemi succombe,

et que tu aies la palme à la main. -—

r Le SEIGNEUR, dit—il en terminant, aime singuliè

rement ceux qui ont la maladie du pays. C’est Lui qui

ordonne que la paix des chrétiens de ce caractère soit

souvent plus ou moins troublée; car ces circonstances

augmentent l’intensité de leur maladie. Confie-toi au

SEIGNEUR, mon ami, avec Lui tu réussiras, je le sais.

Du 51 Décembre 1855.

Le fidèle père de famille ne voulut pas nous lais

ser passer au nouvel an sans nous bénir encore une

fois; mais cette fois il nous prêcha la pénitence. Il

chercha à nous porter à l’occupation sérieuse de l’exa

men et de la connaissance parfaite de nous—mêmes; et

il nous représenta avec beaucoup de force nos nom

breuses infidélités envers le SEIGNEUR. Je pouvais cette

fois entrer parfaitement dans les sentiments qu’il cher

cha à nous inspirer, bien mieux que quand il apportait

des paroles de paix et d’amour. Que j’aimai cette ex

pression, et que je la trouvai vraie: Que le juste me

reprenne avec amitié, et me reproche ma faute; ce sera

plus que répandre des huiles de senteur sur ma tête.

Voici ce que j’ai pu retenir de ses paternelles ex

hortations:

« Mes bien-aimés, examinez-vous bien vous-mêmes

à la fin de cette année si remarquable pour vous; et

tâchez de réparer tout ce que vous avez perdu par né

gligence. Vous avez reçu tant de grâces du SEIGNEUR!

_280_

et toutefois vous n’avez pas avancé autant que vous

auriez dû. Combien de fois vous avez contristé votre

SAUVEUR par votre peu de foi et votre peu de confiangg!

Ah! ne soyez jamais prompts à juger les autres! Dites

plutôt : Si d’autres avaient reçu tout ce qui nous a été

donné, ils en auraient fait un bien meilleur usage. Tenez

vous dans le recueillement; ne vous distrayez pas par

des conversations inutiles, par des aller et venir sans

but. Ne perdez pas même votre tems à causer sans

fruit de choses spirituelles; car ces conversations aussi

sont condamnables quand le cœur n’y est pas , quand

la vie n’y répond pas. Quelquefois en courant dans

beaucoup de réunions religieuses, on néglige les de

voirs de son état: remplir fidèlement ses devoirs est

bien plus agréable au SEIGNEUR. Avez-vous aussi été

fidèle à remplir avant tout ce qui est expressément

commandé? Chaque chrétien, depuis le roi jusqu’au

mendiant, a des devoirs à remplir: et votre Rédemp

teur veut que vous n’y manquiez pas ; quand bien même

ces devoirs ne consisteraient que dans des choses, hu

mainement parlant, matérielles. Il faut même faire le

travail des mains avec conscience et exactitude. Dieu

apprécie la fidélité: et si vous n’êtes point fidèles dans

les petites choses, Il ne vous en confiera pas de plus

grandes. Et tout ce que l’on ne fait pas aussi bien qu’on

le peut, est fait avec infidélité!

c Ainsi, par exemple, les maîtres doivent com

mander et conseiller leurs serviteurs de leur mieux,

quant au corps , comme quant à l’âme; mais aussi les

serviteurs doivent -ils remplir leurs devoirs avec zèle,

“ardeur et fidélité, et se tenir dans la paix et la mo

destie.

—281—

« Et votre amour, votre charité, où en est- elle?

N’est-ce pas un grand malheur que le SEIGNEUR soit en

core forcé de découvrir dans vos cœurs des mouve

ments de haine, de jalousie, d’envie, de mécontentement,

et des choses qui sont abominables à ses yeux? Com

bien vous êtes encore éloignés de l’amour véritable!

Certes ce n’est point de l’amour, que de s’attacher à

\ telle ou telle personne qui vous plaise, de se montrer

l’ami de ses amis; de se louer, de se flatter mutuelle

ment: non, le véritable amour ne règne qu’entre des

gens qui se portent mutuellement au bien, qui cherchent

à se débarrasser mutuellement des défauts qui les éloi

gnent du SEIGNEUR et du bonheur qui est en Lui; et qui

se disent ces défauts et cherchent à les détruire le plus

qu’ils peuvent.

« Ne permettez donc pas que votre amour soit si

étroit et si exclusif: qu’il devienne tonjours plus géné

ral et plus ardent; qu’il s’étende avec une profonde

tendresse à tous les fidèles de Dieu, et avec tendresse

et commisération à tous ceux qui ne le connaissent

point encore.

«Faites une pénitence sincère, tant qu’il en est

encore temps. — Et savez - vous au juste ce que c’est

que pénitence? C’est ne plus pécher.

« Ne croyez pas que vous valiez mieux que d’au

tres, parce que vous ne commettez pas de fautes gros

sières: dans votre cœur se trouvent les mêmes pen

chants que chez les autres; et si vous n’y cédez pas,

c’est à la seule protection de votre SAUVEUR que cela

est dû.

u Voyez, les tempêtes qui exercent maintenant

partout leurs ravages, elles ne sont que l’ombre de

18 n

—282-—

celles qui s’élèveront encore : comment donc subsiste

rez-vous , si vous n’avez pas rendu votre vocation cer

taine en CHRIST?

«Ne vous laissez pas non plus faire illusion par

les louanges que les hommes peuvent vous donner. Et

quand des millions de personnes auraient de l’estime

pour vous, tout cela disparaîtra en présence du soleil

de la vérité, de la gloire et de la justice de votre Ré

dempteur et de votre Juge. Il ne demande pas, Lui, qui

es - tu? mais qu’es - tu? Il ne voit que la réalité, et ne

s’arrête pas aux vaines apparences.

« Et quand le SEIGNEUR vous ehâtie , le prenez—vous

réellement à cœur? Je vois bien que vous vous plaignez,

que vous vous lamentez; mais je ne vois pas toujours

que vous cherchiez à mettre vos peines à profit pour

vous corriger.

« 0 mes bien-aimés! soyez en tout plus reconnais

sants envers votre gracieux SEIGNEUR. Combien de mal

heurs Il a détourné de vous cette année! avec quelle

bonté Il vous a assistés et soulagés dans vos combats

et vos souffrances! Il vous a donné la nourriture, le

vêtement, une retraite. Non—seulement Il ne vous a pas

laissés manquer du nécessaire; Il vous a encore accordé

le superflu, afin que vous pussiez le répandre. Quant

aux biens spirituelles; il est bien inutile de vous les

rappeler: qui a jamais été favorisé comme vous? _

« Aimez donc aussi votre SEIGNEUR de tout votre

cœur; et témoignez-le Lui en accomplissant ses com

mandements et en aimant vos frères. Levez-vous avec

Lui, prenez avec Lui votre repas; faites tout avec Lui.

Donnez-vous tout entiers à Lui comme présent de bonne

année, et en retour Il se donnera aussi tout entier à vous. '

—285 —-*

Il fit ensuite une prière dans le même sens; il de

manda pardon au SEIGNEUR pour nous; Le conjurant

d’oublier tout le passé, et de nous prendre toujours

pour la suite sous sa protection puissante, pauvres pé

cheurs que nous sommes.

Il nous fit enfin tirer des sentences; qui se trou

vèrent presque toutes avoir rapport avec la pénitence ,

et la gratitude envers le SEIGNEUR pour desbienfaits

non mérités.

Comme il était déjà dix heures du soir, il ajouta:

c Je pense que vous ne regrettez pas qu’il se fasse si

tard: ce sont ici des heures d’or pour nous. Toi aussi,

mon ami, ne t’inquiète pas de ton retour à la maison:

le SEIGNEUR est ton appui; et par sa grâce il m’est donné

de t’accompagner. » J’étais en effet devenu un peu in

quiet à l’égard de mon retour; car la nuit du nouvel

an se passe d’une manière très -bruyante En Argentine ,

et l’on y est facilement attaqué par des ivrognes et des

gens sans règle, sans pudeur et sans frein de toute

espèce. Mais, sous la protection promise, je passai en

paix à travers la foule agitée.

.\