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Wolfgang Biihne LA TROISIEME VAGUE... ... le plus grand Réveil de l'Histoire de l'Eglise? Enseignements et pratiques de C. Peter Wagner, John Wimber, Paul Yonggi Cho et Reinhard Bonnke Maison de la Bible Christliche Literatur-Verbreitung

"La troisieme vague..."du Wolfgang Bühne

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Wolfgang Biihne

LA TROISIEME VAGUE...

... le plus grand Réveil de l'Histoire de l'Eglise?

Enseignements et pratiques de C. Peter Wagner, John Wimber, Paul Yonggi Cho et Reinhard Bonnke

M a i s o n de la Bib le Chr is t l iche Li te ra tur -Verbre i tung

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Diffusion Générale: La Maison de la Bible Le Trési 6, CH - 1028 Préverenges Distribution en France: La Maison de la Bible B.P. 19, F - 69813 Tassin Cedex

Diffusion au Canada: Service d'orientation biblique Plaza Laval 2750 Chemin Ste Foy Ste Foy QUEBEC G1 VI V6 Canada

Titre de l'original allemand: «Dritte Welle... Gesunder Aufbruch?» © 2ème édition augmentée 1992 Editions Christlische Literatur-Verbreitung, Bielefeld

©de l'édition française: Editions Christlische Literatur-Verbreitung, Bielefeld Traduction française: Antoine Doriath Toutes les citations bibliques sont tirées de la Bible Segond, Nouvelle Edition de Genève, 1979 Photocomposition: Dieter Otten, Bergneustadt Imprimé en Allemagne: Ebner Ulm

ISBN 3-89397-707-4 (CLV • Bielefeld) ISBN 2-8260-3259-3 (La Maison de la Bible)

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Table des matières Avant-propos 7 Introduction 9 Un survol des «trois vagues du Saint-Esprit» 13 La trosième vague: l'évangélisation de puissance 16

C. Peter Wagner 17 John Wimber 22 P.YonggiCho 52 R. Bonnke 68

«L'évangélisation de puissance» à la lumière de la Bible 91 Récapitulation 101 L'alternative biblique 114 Appendice 1 : Ce que dit la Bible 128 Appendice 2: Le congrès de Nuremberg 163 Notes 181

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Avant-propos Dans le monde francophone, C.P. Wagner, J. Wimber, P. Yonggi Cho et R. Bonnke ne sont plus des inconnus. Ils figurent de plus en plus parmi les orateurs invités aux con­grès et séminaires qui drainent de grandes foules. Il nous a semblé opportun de présenter au public de langue française le présent ouvrage qui est la traduction partielle du livre alle­mand Die dritte Welle... gesunder Aufbruch?, de Wolfgang Biihne, augmentée de certains chapitres tirés de l'excellente étude Spiel mit dem Feuer, du même auteur.

Refusant délibérément tout esprit polémique, Wolfgang Biihne désire aider le lecteur à examiner sa propre position et ses pratiques à la lumière de la Parole de Dieu. Il l'invite courageusement à réfléchir à l'alternative biblique, face aux carences des différents milieux chrétiens.

Les éditeurs

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Introduction La «troisième vague»: le plus grand réveil de l'histoire de l'Eglise?

Je suis convaincu que nous assistons, en ce vingtième siècle, à une effusion du Saint-Esprit sur l'ensemble de la chré­tienté, plus importante qu'à aucun moment de son histoire. Cette effusion contemporaine surpasse même celle du pre­mier siècle, si ce n'est en qualité, du moins en quantité.»1

C.P Wagner

«Dieu est actuellement en train de réhabiliter la fonction de prophète. Dans les années à venir, le prophète jouera un rôle essentiel dans la naissance et l'extension du Réveil...

Dieu est aussi à l'oeuvre pour réintroduire la fonction apos­tolique dans l'Eglise. Il se lèvera des hommes qui auront vu le Seigneur Jésus et qui accompliront les signes et les miracles caractéristiques d'un apôtre. Depuis le premier siècle, nous n'avons plus connu de tels hommes. Mais si Dieu en a suscité aux débuts de l'Eglise, pourquoi ne le ferait-il pas à la fin?...

Il y aura également une nouvelle approche du surnaturel. Les apparitions d'anges dans les réunions seront chose nor-

* NdT. La plupart des citations sont tirées d'ouvrages de C.P. Wagner, John Wimber et Yongghi Cho traduits de l'anglais en français. Bien que leur qualité littéraire soit criticable, nous les avons reproduites telles qu'elles figurent dans ces ouvrages, sans les retoucher, afin que le lecteur qui désire s'y reporter puisse s'y retrouver.

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maie, et le Seigneur lui-même apparaîtra dans les semaines, les mois et les années à venir. Les guérisons seront tellement entrées dans les habitudes que même des enfants seront en mesure de les opérer de façon régulière... même des résur­rections d'entre les morts deviendront chose courante... Vous verrez des évangélistes ayant les dons de guérison éle­ver leurs mains, et une lumière jaillira de ces mains. Si cette lumière atteint une personne malade, celle-ci sera instan­tanément guérie. Vous verrez repousser des membres ampu­tés, lorsque la lumière émise par la main de /'évangéliste tombera sur ces personnes infirmes...»2

John Wimber Par ces affirmations, C. Peter Wagner et John Wimber carac­térisent un mouvement qu'ils ont eux-mêmes nommé «La troisième vague du Saint-Esprit» ou le «power evangelism», expression que nous rendrons, faute de mieux, par «evangé­lisation de puissance».

Ce mouvement a connu une relative accalmie ces derniè­res années, mais C. P. Wagner et J. Wimber, ses deux lea­ders, envisagent pour les mois à venir, à travers toute l'Euro­pe, de grandes manifestations qui rempliront de nombreuses colonnes dans la presse charismatique et évangélique, et sus­citeront de grands débats d'opinion au sein des églises. Les évangéliques européens ont donc devant eux des mois qui s'annoncent «chauds».

Cette «vague» qui a pris naissance en Californie au début des années 80 se définit comme «un mouvement unificateur qui cherche à tout prix à réduire le fossé entre chrétiens»3. Pourtant la théologie de cette «troisième vague» contient des théories et des pratiques très contestées par les chrétiens attachés à la Bible. Ce mouvement présente plusieurs visa­ges et collabore avec des personnalités dont certaines sont très connues du monde évangélique. C'est pourquoi, l'intérêt suscité par une analyse objective de cette vague de

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«nouvelles théories et pratiques» touchera non seulement les membres des églises mais également leurs responsables.

Dans les décennies passées, la frontière entre les évangé-liques et les pentecôtistes était relativement nette et assez bien définie. La distinction fut plus difficile à faire avec le mouvement charismatique apparu dans les années 60. Elle est quasiment impossible à tracer avec la «troisième vague» aux frontières fluctuantes, aux contours imprécis et au large spectre d'opinions parfois contradictoires.

Ainsi, au congrès sur l'Eglise qui se tint à Nuremberg, en novembre 91, aux côtés de C.P. Wagner, on trouvait une quarantaine d'orateurs connus, d'Allemagne et d'ailleurs. Parmi eux, des charismatiques notoires prêchaient le baptê­me de l'Esprit et son signe initial: le parler en langues. De même, des évangéliques qui, du moins je le suppose, ne par-tagaient pas cette doctrine du baptême de l'Esprit à cause de leur arrière-plan luthérien, ont fait cependant, ces dernières années, nettement cause commune avec le mouvement dit de «croissance de l'église» et avec la «troisième vague».

D'autres encore qui ne défendent personnellement pas les théories et les pratiques de la «troisième vague», étaient là. N'ont-ils pu se soustraire à l'invitation, ou s'y sont-ils ren­dus comme autrefois les invités d'Absalom «qui l'avaient accompagné en toute innocence, ignorant tout de cette cons­piration» (2 S 15:11), nul ne le sait.

Toujours est-il que, par leur présence, eux-mêmes - et les 120 organisations, éditeurs et écoles bibliques qui parti­cipèrent à l'exposition - ont cautionné cette manifestation et soutiennent, par conséquent, un mouvement qui se veut le plus grand mouvement de réveil de l'histoire de l'Eglise. La question est de savoir si, hormis le grand nombre, cette manifestation a d'autres points communs avec les réveils bibliques déjà survenus.

Examinons donc attentivement les exposés suivants qui traitent de l'histoire, des doctrines et des pratiques de la «troi­sième vague». Je me suis efforcé de donner une information

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objective et bienveillante, de ne pas tordre le sens des cita­tions ni de les détacher de leur contexte.

Malheureusement, peu de responsables charismatiques sont prêts à se soumettre à un examen critique. John Wim­ber, lui-même, a souvent déclaré qu'il ne lisait, par principe, jamais les études critiques qui portent sur sa personne ou ses écrits, parce que Dieu le lui aurait interdit. Ces analyses cri­tiques le décourageraient et le rempliraient d'amertume. En agissant ainsi, il refuse un des dons de l'Esprit, celui du dis­cernement des esprits (1 Co 12:10) que Dieu accorde à l'Eglise pour qu'elle puisse corriger ses «docteurs» et se protéger de l'erreur.

CH. Spurgeon déclara un jour avoir appris davantage des critiques de ses adversaires que des flatteries de ses admira­teurs. Nous devrions tous être reconnaissants pour les mises en garde, considérant notre propre cécité sur nos erreurs.

Je voudrais cependant encore souligner avec force une chose importante: j ' a i conscience que le développement des erreurs et des hérésies, dans la chrétienté, a pour cause prin­cipale notre infidélité. En tant qu'«évangéliques conserva­teurs», nous sommes évidemment très attachés à la Bible, mais nous avons aussi parfois malheureusement négligé des doctrines importantes de la Parole de Dieu et failli dans l'expression pratique de notre amour et de notre consécra­tion à Christ.

C'est pourquoi, les «trois vagues du Saint-Esprit» consti­tuent pour nous tous un défi à relever et une pierre de touche pour éprouver notre fidélité à l'égard de ce que Dieu nous a déclaré dans sa Parole.

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Un survol des «trois vagues du Saint-Esprit» Avant d'étudier la naissance, la théologie et la pratique de la troisième vague, je voudrais donner un aperçu de l'histoire de ce qu'on appelle «les trois vagues du Saint-Esprit» pour souligner ce qu'elles ont en commun et ce qui les différen­cie.

Les leaders actuels du mouvement charismatique et du mouvement de la croissance de l'Eglise1 découpent l'histoi­re de ces mouvements en trois grandes périodes qu'ils quali­fient chacune de «vague du Saint-Esprit». Par ce terme de «vague», ils entendent un mouvement extraordinaire qui atteint une partie importante et particulière de la population et qui en modifie profondément le climat spirituel.

La première vague: le mouvement de Pentecôte La première vague a, dit-on, secoué la chrétienté de tous les continents il y a 90 ans, donc au début du siècle, et a donné naissance aux églises pentecôtistes.

Au début, l'enseignement et la pratique concernant le baptême de l'Esprit, le parler en langues etc., furent salués avec reconnaissance par une grande partie des évangéliques comme une réponse à leur attente d'un réveil. Mais, suite à des dérapages en différents endroits, le mouvement fut, notamment en Allemagne, sévèrement critiqué par certains leaders évangéliques et partiellement combattu. Ainsi, les chrétiens qui virent dans cette «vague» une intervention de Dieu, furent plus ou moins contraints de proclamer leurs nouvelles doctrines et de pratiquer leurs nouvelles expérien­ces dans leurs propres milieux: les églises pentecôtistes fon­dées vers 1909.

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La deuxième vague: le mouvement charismatique Environ un demi-siècle plus tard, vers 1960, une deuxième vague née aux Etats-Unis a déferlé d'abord sur l'Eglise Pres­bytérienne (Dennis Bennet), puis sur l'Eglise Luthérienne (Larry Christenson), sur la plupart des Eglises Libres, et enfin, depuis 1966, sur l'Eglise Catholique. L'expérience du «baptême de l'Esprit» ou du «renouvellement de l'Esprit» est, depuis lors, enseignée et pratiquée officiellement.

En Allemagne, ce mouvement, connu rapidement sous le nom de «mouvement charismatique», remonte à 1963. Le terrain avait été préparé principalement par le pasteur Arnold Bittlinger et le prédicateur baptiste Wilhard Becker.

Le mouvement charismatique avait pour but, non de for­mer de nouvelles églises charismatiques, mais de répandre les expériences charismatiques dans toutes les églises offi­cielles et libres existantes.

On peut dire aujourd'hui que l'église protestante, l'église catholique et la plupart des églises libres se sont ouvertes au mouvement charismatique, même si localement certaines paroisses défendent un point de vue différent de celui de ce mouvement, et résistent à la pénétration charismatique.

La troisième vague La troisième vague, connue sous le nom d'«évangélisation de puissance», a surgi au début des années 80 à partir du mouvement de croissance de l'Eglise, sous l'impulsion de C. Peter Wagner et de John Wimber. Il est intéressant de noter qu'à l'instar des deux vagues précédentes, celle-ci a égale­ment son point de départ en Californie. Elle évite toute allu­sion à l'étiquette «pentecôtiste» ou «charismatique» et vise essentiellement les groupes épargnés par les vagues précé­dentes: les fondamentalistes et les évangéliques conserva­teurs, jusqu'à présent non charismatiques2.

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«L'une des caractéristiques de la troisième vague est l'absence d'éléments de discorde. Beaucoup d'églises qui n'ont aucun arrière-plan pentecôtiste ou charismatique, se mettent à prier pour les malades et font l'expérience de la puissance guérissante de Dieu.»3

Cette troisième vague doit renverser la dernière digue qui a résisté aux deux premières vagues.

En Allemagne, il s'agit principalement des communautés rassemblées au sein du «Gnadauer Verband», de quelques églises fondamentalistes libres et du mouvement des Frères (les dispensationalistes); tous ceux-là sont particulièrement réfractaires.

Résumé L'histoire du mouvement pentecôtiste et charismatique se décompose en trois grandes périodes: 1. la naissance et l'expansion des églises pentecôtistes à tra­

vers le monde, à partir de 1900 environ; 2. la naissance et l'expansion du mouvement charismatique

au sein des églises officielles et libres, à partir de 1960; 3. la naissance, à partir de 1980, de l'«évangélisation de

puissance» en liaison avec le mouvement de croissance de l'Eglise, dans le but d'atteindre toutes les églises et tous les groupes non encore charismatiques.

* On appelle dispensationalisme la doctrine des différentes dispensations de l'histoire du salut, au cours desquelles Dieu se serait révélé de diverses façons. Les dispensationalistes différencient très nettement l'Eglise de Jésus du peuple d'Israël, alors que leurs adversaires voient dans l'Eglise le prolongement d'Israël et lui appliquent toutes les promesses concernant le peuple de la nouvelle alliance (notamment le royaume millénaire). Parmi les représentants les plus connus du dispensationalisme, men­tionnons: J.N. Darby, E. Sauer, CI. Scofield (la Bible Scofield), Ch. Ryrie (Dallas Theological Seminary).

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La troisième vague: l'évangélisation de puissance En 1980, le mouvement charismatique semblait avoir atteint son point culminant. Certains parlaient déjà d'une «ère post­charismatique», et David Watson, évangéliste, auteur anglais bien connu et conférencier au Fuller Theological Seminary sur les thèmes de l'évangélisation et du renou­veau, indiqua en 1980 à John Wimber les signes suivants de cette stagnation:

- le déclin de l'assistance aux grandes conventions, tant aux Etats-Unis qu'en Grande Bretagne;

- de fréquentes divisions entre les leaders; - un malaise général, marqué par le découragement et le

mécontentement.1

Précisément, l'année même où la vague du mouvement cha­rismatique perdait de sa vigueur, se formait la «troisième vague du Saint-Esprit» qui cherche à atteindre les églises évangéliques conservatrices et non charismatiques, jusqu'à présent réfractaires aux deux premières vagues.

L'histoire de cette «vague» est étroitement associée au nom de deux hommes qui ont marqué ce mouvement: C. Peter Wagner et John Wimber.

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C. Peter Wagner On présente souvent C.P. Wagner comme le «père» du mou­vement mondial de croissance de l'Eglise. Il est membre fondateur du mouvement de Lausanne, fut un certain temps président du Comité de Lausanne et enseigne depuis 1971 au Fuller Theological Seminary de Pasadena en Californie. C'est après 16 ans passés en Bolivie comme missionnaire qu'il fit, en 1967, la connaissance de Donald McGavran, le fondateur de «Fuller School of World Mission» ainsi que du mouvement de croissance de l'Eglise. En survolant de mémoire ses années au service de la mission, Wagner décla­ra qu'il ne se souvenait pas avoir été une seule fois «le canal emprunté par la puissance du Saint-Esprit pour guérir des malades ou chasser des démons»2.

Il indiqua lui-même, outre le manque de foi et une consécration insuffisante, quatre autres causes à son manque de puissance:

1. «J'étais "dispensationaliste"... on m'avait toujours en­seigné que, depuis la formation du canon des Ecritures, les signes et les miracles n'étaient plus nécessaires pour attirer l'attention des incroyants sur Jésus...

2. J'avais adopté une attitude anti-pentecôtiste. Dans les cercles que je fréquentais, il était courant de considérer les Pentecôtistes comme des imposteurs... la théologie des Pentecôtistes nous semblait tout simplement trop superficielle...

3. J'avais une conception très limitée de la puissance de Dieu...

4. Ma vision du monde était marquée par l'humanisme séculier... Je me souviens encore à quel point j'étais cer-

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tain qu'une partie de mon travail missionnaire consistait à persuader les indigènes, que les maladies étaient provo­quées par des microbes et non par des mauvais esprits, comme ils le croyaient dans leurs superstitions...»3

C.P. Wagner mentionne quatre raisons qui l'ont poussé à ne plus être dispensationaliste et qui ont par conséquent modi­fié son attitude à l'égard des Pentecôtistes:

1. Une rencontre avec Stanley Jones. Vers le milieu des années 60, alors que Wagner était encore un «fondamentaliste séparatiste», Jones, le célèbre missionnaire parmi les Indiens, fut invité à se rendre en Bolivie. A cette même époque, Wagner souffrait d'une plaie post-opératoire qui suppurait et refusait de guérir. Sceptique, il alla cependant écouter Jones, qui, à la fin de son sermon, pria pour les malades présents. Le lendemain matin, la plaie de Wagner était guérie.

2. L'observation d'églises qui croissaient rapidement. De D. MacGavran, Wagner avait appris à connaître les facteurs de croissance; à la fin des années 60, il étudia l'extraordinaire développement d'une église pentecôtiste au Chili, ce qui ébranla de plus en plus ses propres con­victions. En 1971, il donna des cours au «Fuller Semi-nary» et écrivit le livre «Spiritual Power and Church Growth», comme résultat de ses recherches sur la crois­sance de l'église.

3. Travail au sein d'une église de Pentecôte. Au milieu des années 70, Wagner enseigna, pendant un temps assez long, les principes de croissance de l'église dans une église pentecôtiste classique (une Assemblée de Dieu). Parmi les hommes et les femmes qu'il enseignait, il discerna de nouvelles «dimensions de la puissance de Dieu» auxquelles il aspirait tant. «Chaque fois que je sor-

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tais de cette église et rentrais chez moi, j'étais spirituelle­ment revigoré. Souvent, j 'a i souhaité être un Pentecôtiste, moi aussi!»4

4. John Wimber entre en scène. En 1975, Wagner fit la connaissance de J. Wimber, alors pasteur d'une église quaker, qui s'était inscrit pour suivre les cours sur l'édification de l'église. Dès la fin de la deu­xième semaine de cours, Wagner reconnut que Wimber avait le don pour être leader et conseiller dans l'édifica­tion de l'église. Il lui suggéra de quitter l'assemblée qua­ker pour devenir son associé dans la direction du «Fuller Institut of Evangelism and Church Growth» nouvelle­ment fondé. Une solide amitié se noua entre les deux hommes, amitié qui subsista même lorsque, deux ans plus tard, Wimber mit fin à sa collaboration pour créer le «Vineyard Christian Fellowship» à Anaheim. En 1982, C.P. Wagner fut sollicité pour donner un cours sur le thème «Signes et miracles» à «School of World Mission». Sous sa responsabilité en tant que professeur, Wimber donna les conférences. Ce cours fut mondiale­ment connu sous le signe «MC510». Wimber ne se borna pas à de simples exposés théoriques; il fit suivre ses leçons d'exercices pratiques sur la maniè­re de diriger des réunions de prières et de guérisons. Au cours d'un de ces services, Wagner lui-même fut guéri de sa tension artérielle trop élevée et se mit à imposer les mains aux malades et à prier pour eux.

La troisième vague Après s'être enfin débarrassé des préjugés «anticharisma­tiques», C.P. Wagner enseigna un groupe d'adultes à l'école du dimanche de l'église traditionnelle et non charismatique «Lake Avenue Congregational Church». Avec deux disci-

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pies de Wimber, il commença un «ministère de guérison efficace» au sein de ce groupe.

«Je découvris les dons d'intercession, de relation d'aide, de guérison, d'exorcisme, de prophétie, d'organisation, de discernement des esprits, de parole de connaissance et bien d'autres encore.»5

Comme on ne voulait pas apposer à ce groupe l'étiquette «charismatique» et qu'il fallait quand même le caractériser par l'oeuvre qui s'y déployait, on inventa l'expression «troisième vague». «Par ces mots, nous exprimons que nous aussi, comme le mouvement de Pentecôte (la première vague) et le mouvement charismatique (la deuxième vague), nous faisons l'expérience de la puissance surnaturelle de Dieu, sans toutefois être ni vouloir être assimilés à ces deux premières vagues.»6

Il est intéressant de voir comment C.P. Wagner considère sa mission particulière et de quelle manière sa «vocation» lui est apparue clairement:

«Seul l'avenir dira si le nom de "troisième vague" s'imposera ou non. Mais le ministère qui lui est associé fut confirmé en 1983 de différentes manières. Je reçus cinq prophéties de personnes totalement indépendantes les unes des autres, et toutes affirmaient quasiment la même chose. Dieu m'a apparemment appelé à être son messager. Pour que l'Eglise de Jésus-Christ puisse gran­dir, je dois faire connaître la puissance de Dieu à ceux qui ne l'ont pas encore expérimentée. Je dois le faire, cepen­dant, d'une manière non-pentecôtiste et non-charisma­tique. Mais les prophéties contenaient aussi une mise en garde contre les agissements du Malin... Car le Seigneur m'a fait savoir que j'étais placé comme une cible de choix sur la liste noire de Satan. En janvier 1983, après un entretien de relation d'aide avec John Wimber, je fus

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délivré de la puissance d'un mauvais esprit qui m'occa­sionnait, depuis de nombreuses années, des maux de tête violents et très gênants. En mars, le diable essaya de me tuer en retirant une échelle de dessous mes pieds... Cet événement nous fit soupçonner l'ennemi d'avoir envoyé des démons dans notre maison. Cette supposition fut con­firmée plus tard, lorsque ma femme Doris aperçut ce gen­re d'esprit mauvais dans notre chambre à coucher. Con­duits par l'Esprit-Saint, George Eckart et Cathy Schaller firent usage du don du discernement des esprits et exor­cisèrent la maison de plusieurs démons. Depuis lors, nous n'avons plus jamais été importunés.»7

En 1984, Yonggi Cho, le pasteur de la plus importante église au monde (Central Gospel Church, à Séoul) et ami de longue date de Wagner, fut invité à donner des conférences annuel­les sur l'édification de l'Eglise. Cho avait entendu dire qu'entre-temps, Wagner avait reçu le don particulier «par la prière, de rallonger les jambes estropiées», et fut témoin oculaire d'un tel miracle: pendant que Wagner priait, la jam­be infirme d'un pasteur copte fut guérie. «Dieu agit avec ténacité, la jambe s'allongea et, pour la première fois depuis son accident, le pasteur put se tenir sur ses deux jambes.»8

Successeur de Donald McGavran, C. Peter Wagner a publié une trentaine d'ouvrages qui traitent essentiellement de la croissance de l'Eglise et de la mission. Dans les milieux allemands de ce mouvement, il est considéré comme «le chef de file du mouvement mondial de l'édification de l'Eglise»9 par ses livres et par de nombreux articles.

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John Wimber Wolfram Kopfermann qui présente J. Wimber comme «une figure marquante du christianisme occidental», décrit ainsi le rôle qu'il voit jouer par Wimber:

«Il rassemble dans sa personne trois courants importants pour l'avenir du protestantisme: le mouvement évangéli­que dont Wimber est issu et auquel il se rattache, le mou­vement de la croissance de l'Eglise dont il est aujourd'hui encore l'un des représentants les plus célèbres aux Etats-Unis, et le mouvement du Saint-Esprit dans les rangs duquel il accomplit son ministère. Il pourrait donc deve­nir, pour beaucoup, un personnage favorisant la fusion de ces courants.»10

Wimber raconte lui-même qu'il a été élevé comme un païen dans une famille qui vivait sans Dieu depuis quatre généra­tions et qu'à l'adolescence, le seul but de sa vie était la musi­que. Il entra donc dans ce monde particulier et fit carrière comme musicien de jazz et de rock-'n roll. En 1962, il con­nut une crise grave lorsque sa femme Carol se sépara de lui avec leurs trois enfants et le menaça de demander le divorce. Dans son désarroi, John se tourna vers Dieu à sa façon, rechercha une expérience religieuse et se mit à prier. Sa fem­me lui accorda alors une nouvelle chance, assortie d'une exi­gence: étant catholique elle-même, elle lui demandait d'ac­cepter une cérémonie de remariage à l'Eglise catholique.

Peu de temps après, John Wimber et sa femme vinrent à la foi, grâce à des réunions de maison; ils se joignirent alors à une assemblée quaker dont John devint rapidement le pas­teur-assistant puis le pasteur associé, et Carol fut admise dans le conseil d'Anciens.

Peu après sa conversion, John se mit à parler en langues, mais sa femme, très réticente à l'égard de cette manifesta-22

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tion, le mit en garde. Dix-sept ans plus tard, Carol fit un rêve dans lequel elle donnait un message contre l'utilisation des dons de l'Esprit; arrivée au dernier point de sa prédication, elle fut cependant envahie par une vague de chaleur:

«La vague de chaleur parcourut tout mon corps et sortit par ma bouche. Je me réveillai et me mis à parler dans une autre langue.»12

A cette époque, John était occupé au Fuller Institut pour l'évangélisation et la croissance de l'Eglise.

En 1976, la famille Wimber créa à l'intérieur même de l'église quaker une activité nouvelle: tenir des réunions dans les maisons. Très rapidement, 125 personnes se joignirent à lui. En 1977, avec environ 150 personnes, John Wimber quitta l'église quaker et fonda une église qu'il nomma «Vineyard Christian Fellowship» et dont il devint le pasteur. En 1988, cette dénomination comptait déjà plus de 235 égli­ses et environ 80 000 membres.

Dans les mois qui suivirent, John et Carol Wimber eurent le sentiment que la puissance de Dieu leur faisait encore défaut, et se mirent à prier pour l'obtenir.

Un jour, après avoir parlé du baptême de l'Esprit, et à la demande du public, il se mit à prier en imposant les mains. Voici ce que rapporte Carol:

«De ses mains sortait une puissance incroyable. Dès qu'il touchait les gens, ceux-ci tombaient à la renverse. Pour John, c'était comme si une force spirituelle jaillissait de ses mains, une sorte d'énergie électrique. C'était la pre­mière fois que John sentait qu'une force émanait effec­tivement de lui.»12

Quelques jours plus tard, John fut témoin d'une guérison suite à sa prière: la jambe trop courte d'une jeune fille se mit à trembler et à s'allonger jusqu'à atteindre sa taille normale.

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Rentré chez lui après ce miracle, John qui en discutait avec sa femme, lui dit en se versant un verre de lait: «Je crois que si on enseigne la Parole de Dieu, le Saint-Esprit...» Il n'alla pas plus loin. Après avoir prononcé les mots «le Saint-Esprit», ses jambes se dérobèrent sous lui et il put juste se cramponner à un meuble. Il regarda Carol d'un air étonné et lui dit en riant: «Je crois que nous verrons encore de grandes choses, Carol.»13

L'heure de naissance de l'évangélisation de puissance Fête des Mères 1981. L'église compte alors 700 membres. Ce jour-là, suite à la prière d'un jeune homme, des centaines de personnes se mirent à trembler, à tomber et à parler en langues. En s'approchant de ces personnes comme fou­droyées, Carol sentit qu'une force émanait de leurs corps: «... c'était comme une vague de chaleur ou de l'électri­cité.»14

John, qui ne savait d'abord que penser de ces événe­ments, passa la nuit à lire la Bible et d'autres ouvrages pour leur trouver une explication. Finalement, à cinq heures du matin, il cria à Dieu: «Seigneur, si tout cela vient bien de toi, fais-le moi savoir clairement.» Immédiatement après, le télé­phone sonna; c'était un pasteur ami qui lui dit:

«Excuse-moi de t'appeler à une heure si matinale, mais je me sens poussé à te communiquer quelque chose de remarquable. Je ne sais pas ce que cela signifie, mais Dieu m'a ordonné de te dire: "C'est de moi, John".»15

John interpréta cette communication comme une confirma­tion de Dieu, et tous ses doutes s'évanouirent. Depuis lors, «les signes et les prodiges sont ce que de nombreux visiteurs remarquent dans notre vie d'église»16. 24

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En 1983, Wimber fonda «Vineyard Ministries Internatio­nal» qui se charge d'organiser aux Etats-Unis et ailleurs des conférences sur la croissance de l'église et sur l'évangélisa­tion de puissance, ainsi que des réunions de guérison et de prière. Ces dernières années, de telles conférences ont eu lieu en Europe dans les pays suivants: Angleterre, Ecosse, Irlande, France, Suède, Allemagne et Suisse.

Aux dires de John Wimber, il a pu atteindre en Europe avec son équipe environ 100 000 personnes. Le nombre des participants à ses conférences, tenues dans le monde entier, est estimé entre 400 et 500 000.

Le but visé par la troisième vague C.P. Wagner et J. Wimber sont unanimes pour affirmer que la troisième vague doit avant tout atteindre les évangéliques conservateurs et non charismatiques que les deux premières vagues n'ont pas, ou presque pas, touchés.

John Wimber déclare:

«La physionomie des groupes et églises évangéliques est en train de changer, et ce, très rapidement. Les évangéli­ques fondamentalistes et conservateurs, non charisma­tiques, ne peuvent plus se permettre d'ignorer les deux premières vagues du Saint-Esprit... La plupart des évangéliques, sinon tous, se tiennent à l'écart des deux premières grandes vagues du Saint-Esprit et s'accrochent à une critique vieille de cinquante ans sur les excès du pentecôtisme. Je crois que beaucoup sont d'autant plus violents dans leurs critiques contre les pentecôtistes et les charismatiques, que l'action du Saint-Esprit se fait pres­sante autour d'eux. Certains seront pourtant oints et trans­formés par le Saint-Esprit. Le groupe des évangéliques conservateurs montre déjà

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des signes qu'il est bien la cible de la nouvelle vague, la troisième vague de l'action du Saint-Esprit. J'entends, par évangéliques conservateurs, les évangéliques qui ne sont pas charismatiques mais qui ne sont pas non plus foncièrement anticharismatiques. J'en ai fait partie pen­dant de longues années.»17

De son côté, C.P. Wagner constate:

«La troisième vague a débuté vers 1980, lorsque des égli­ses et institutions évangéliques traditionnelles, en nombre croissant, ont commencé à s'ouvrir à l'action surnaturelle du Saint-Esprit, elles qui n'étaient auparavant ni pen­tecôtistes ni charismatiques, et ne voulaient pas le deve­nir.»18

Différences avec les deux premières vagues J. Wimber voit la différence essentielle dans le fait que la troisième vague ne cherche pas à revêtir de la force divine seulement les «pasteurs professionnels» (première vague), ou les «responsables laïques» (deuxième vague), mais «tous les chrétiens».

«Au lieu de n'outiller que les évangélistes, ceux qui ont le don de guérison ou les responsables des communautés de maison, la troisième vague pourvoira tous les chrétiens de la puissance de l'Esprit, en particulier pour l'évangélisa­tion personnelle et pour la guérison divine.»19

«Si je suis l'un des leaders de la troisième vague et si ce que font les "Communautés de la Vigne" (Vineyard Fel-lowship) caractérise l'oeuvre de la troisième vague, alors celle-ci est une vague qui équipe tous les chrétiens, c'est-à-dire qu'elle les encourage à prier pour les malades et à

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mettre en oeuvre tous les dons spirituels. C'est pour cette raison que j'organise des sessions de formation et non des réunions de guérison. Mon objectif est que tout le corps de Christ prenne en charge le ministère de guérison. Je ne voudrais pas que celui-ci soit limité à quelques chrétiens qui guérissent par la foi.»20

C.P. Wagner, de son côté, considère qu'il existe une dif­férence remarquable entre la troisième vague et les précé­dentes: «l'absence d'éléments générateurs de divisions»21. Plus loin, il ajoute: «La troisième vague se caractérise par un signe distinctif fondamental: elle veut à tout prix éviter les divisions.»22

Wimber est particulièrement sensible à cet aspect, lui dont le «voeu le plus cher est la paix et l'unité dans le corps de Christ»; et il cite D.G. Bloesch:

«La seule voie spirituelle pour parvenir à cette unité (entre chrétiens) consiste à revenir au message et à l'enseignement de la Bible, avec le secours de la tradition de toute l'Eglise.»23

Ainsi donc, selon l'ancien principe de l'église catholique, c'est «la Bible et la tradition» qui devraient rendre cette unité possible. C'est pourquoi, on ne trouve pratiquement pas de doctrine claire et précise dans les ouvrages de Wim­ber. On ne doit pas non plus s'étonner de le voir évoquer, parmi les grands témoins de l'histoire de l'église, en matière d'évangélisation de puissance, des figures telles que le pape Grégoire le Grand, Tertullien (un Montaniste), Ignace de Loyola (le fondateur des Jésuites), et le voir s'appuyer même sur les miracles de Lourdes.

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Les deux sources de révélation: la Bible et l'expérience chrétienne Pour se faire une opinion sur la troisième vague, il est impor­tant de savoir que C.P. Wagner et J. Wimber ne considèrent pas seulement comme source de révélation de la théologie «la Bible et la tradition», mais aussi «la Bible et l'expérience».

John Wimber:

«Il est des vérités dans la Bible que nous ne pouvons comprendre qu'après avoir fait certaines expériences. J'ai constaté que cela s'appliquait aussi au domaine de la "guérison". Tant que je n'avais pas fait l'expérience que des gens pouvaient être guéris, beaucoup de passages bi­bliques sur la guérison restaient pour moi incompréhensi­bles... Dieu utilise donc nos expériences pour mieux nous faire comprendre ce qu'il nous enseigne dans la Bible. Et souvent il nous amène, par l'expérience, à rejeter par­dessus bord ou à modifier certains aspects de notre théo­logie ou de notre vision du monde.»24

C.P. Wagner:

«Au fond, la théologie n'est ni plus ni moins qu'un essai humain pour expliquer d'une manière raisonnable et systématique la parole et l'action de Dieu. Deux sources lui sont essentielles: la Bible et l'expérience chrétien­ne.»25

Cette conviction explique pourquoi, dans les écrits de ce mouvement, il est souvent question «d'intime communion avec Jésus», condition indispensable pour recevoir des «révélations» particulières et des «paroles de connaissance».

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L'accomodation La description que donne le théologien évangélique J.I. Packer du mouvement charismatique, «une espèce de caméléon qui s'adapte à la couleur de la théologie et de la piété de son milieu ambiant, et qui est capable de changer de couleur lorsque les facteurs environnants se modifient»26, s'applique aussi fort bien à la troisième vague et en particu­lier à J. Wimber. Pour atteindre les non-charismatiques con­servateurs, Wimber se trouve dans des conditions très favo­rables. Il connaît bien la façon de penser et d'argumenter des évangéliques et des fondamentalistes, et se définit lui-même comme «dispensationaliste»27, bien qu'il défende une idée de l'église que la plupart des dispensationalistes rejettent, à savoir: «Le Nouveau Testament identifie Israël à l'église de Christ»28, et qu'il voie parmi les dispensationalistes les adversaires les plus résolus de ces conceptions.

«Les défenseurs les plus obstinés de la théorie de la disparition des signes et des miracles se recrutent parmi les dispensationalistes. Ils croient que l'histoire du salut se décompose en "dispensations" ou ères distinctes au cours desquelles Dieu a agi d'une manière particulière. La Bible Scofield, dont les notes infrapaginales expri­ment très fortement les conceptions dispensationalistes, a popularisé chez des millions de chrétiens évangéliques et fondamentalistes anglophones la théorie de la disparition des dons.»29

A juste titre, Wimber a reconnu que de nombreux évangéli­ques sont davantage choqués par l'apparition sur scène des charismatiques que par leur enseignement et leurs pratiques. Lui-même déclare, à propos de la célèbre «télé-évangéliste» Kathryn Kuhlman: «En ce qui me concerne, elle me parais­sait affectée dans sa manière de s'exprimer, flamboyante dans sa manière de s'habiller, théâtrale dans sa présentation

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et mystique dans son attitude... Plutôt que de m'attirer vers les oeuvres de Dieu, son style m'en détournait.»30 Mais Wimber s'empresse d'ajouter entre parenthèses: «Depuis, j 'en suis venu à l'apprécier et à apprendre d'elle»31.

Wimber s'indignait aussi des réunions où d'autres charis­matiques priaient pour les malades:

«Carol et moi avons assisté à plusieurs réunions où l'on priait pour les malades... et nous avons éprouvé de la colère devant ce qui paraissait être de la manipulation des gens pour le gain matériel du guérisseur. Même quand il apparaissait que certaines personnes étaient guéries, nous étions incapables d'accepter cela comme venant de Dieu; Jésus, nous disions-nous, ne se prêterait jamais à une telle exhibition! S'habiller comme une vedette, pousser les gens par terre et dire que c'est la puissance de Dieu... et puis l'argent! Ils en demandaient toujours plus, amenant les gens à croire que s'ils donnaient ils seraient guéris.»32

C'est pourquoi, dans ses propres réunions, John Wimber procède autrement. Au congrès de Francfort en 1988, il se tenait principalement à l'arrière-plan et ne venait sur le devant de l'estrade - sauf s'il prêchait, bien entendu - que pour saluer l'auditoire au commencement de la réunion. Il était vêtu de manière plutôt sobre, presque négligée, et par­courait l'assistance avec beaucoup de décontraction. Le so­briquet «Teddy-l'ourson» lui va bien; il se présente comme un père tranquille qui inspire confiance et n'indispose jamais par une quelconque arrogance. Rien de ce qui caractérise le spectacle des autres réunions charismatiques: pas d'extase, pas de verbiage ni d'effets d'éloquence pour jouer sur les sentiments, pas d'appels répétés pour de l'argent.

Les exposés de ses collaborateurs sont précis, très équili­brés sur de nombreux points, parfois même autocritiques, si bien que l'auditeur non charismatique voit fondre beaucoup de ses préjugés et qu'il est très tenté de s'avancer pour la

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séance de guérison et d'exorcisme qui suit, séance qui se déroule dans une ambiance beaucoup plus exaltée.

L'enseignement de Wimber sur l'évangélisation de puissance Qu'est-ce donc que cette «evangélisation de puissance»? Wimber la définit comme «une présentation de l'évangile qui est rationnelle, mais qui en même temps transcende la raison. Elle va de pair avec la démonstration de la puissance de Dieu par des signes et des miracles, et permet ainsi de fai­re l'expérience de la grandeur de Dieu .»33 Wimber est con­vaincu que «les signes et les prodiges sont., les cartes de visite du Royaume de Dieu»34 et qu'ils n'étaient pas unique­ment valables pour l'époque de Christ et des apôtres: «... les choses que Christ a faites, y compris les signes et les prodi­ges, devraient faire partie de la vie chrétienne normale»35. «L'explication de l'évangile se fait par une démonstration de la puissance de Dieu au travers de signes et de prodiges. L'évangélisation de puissance est une présentation de l'évangile, spontanée, inspirée par l'Esprit et revêtue de sa puissance. L'évangélisation de puissance est cette evangéli­sation qui est précédée et sous-tendue par des manifestations surnaturelles de la présence de Dieu. Par ces rencontres sur­naturelles, les personnes font l'expérience de la présence et de la puissance de Dieu. Cela se fait le plus souvent au tra­vers de paroles de connaissance... de guérisons, de pro­phéties ou de délivrances d'esprits mauvais. Dans l'évangé­lisation de puissance, la résistance à l'évangile est vaincue par la démonstration de la puissance de Dieu au travers d'événements surnaturels.»36

Wimber reproche aux dispensationalistes tels que Sco­field et Warfield de ne pas pouvoir justifier bibliquement leur affirmation que les signes et les miracles ont pris fin avec les apôtres:

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«La grande faiblesse de la position de Warfield est qu'il ne peut se servir des Ecritures pour soutenir sa prétention que les miracles divins ont cessé à la mort des apôtres et de leur génération. Rien dans les Ecritures n'énonce ni ne laisse entendre ce qu'il soutient.»37

Wimber enseigne que, de nos jours encore, l'expulsion de démons, la guérison de malades et la résurrection de morts constituent les signes de l'irruption du Règne de Dieu dans ce qui est encore - et jusqu'au retour de Christ - un territoire ennemi. Selon Wimber, l'évangélisation de puissance en­traîne un choc violent entre la puissance de Dieu et celle du diable. Il en résulte souvent un affrontement et des conflits avec des démons.

«Quand le royaume de Dieu entre en conflit direct avec le royaume du monde (Jésus envahit le territoire de Satan), il se produit une collision. Elle est désordonnée, elle fait du gâchis - il nous est difficile de la maîtriser.»38

Ici, il faut cependant rendre hommage à Wimber qui inclut, dans sa prédication sur le royaume de Dieu, la nécessité de suivre Jésus; on apprécie de le voir ainsi se démarquer de ce qui est trop souvent enseigné, et pas seulement dans les milieux charismatiques:

«La proclamation d'un évangile bancal produira des chrétiens bancals ou, au mieux, faibles. Ceci est hélas bien trop souvent le cas aujourd'hui. Au lieu d'un appel à la seigneurie de Christ et à l'admission dans les rangs de son armée, on entend un évangile égoïste: "venez à Jésus et vous verrez tel ou tel besoin assouvi", "soyez person­nellement accomplis", "atteignez votre plein potentiel". On est loin de l'évangile coûteux que proclamait Jésus: "Car celui qui voudra sauver sa vie la perdra, mais celui qui perdra sa vie à cause de moi et de la bonne nouvelle la sauvera" (Marc 8:35).»39

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L'objectif de l'évangélisation de puissance D'après Wimber, l'évangélisation de puissance triomphe des préjugés et de la résistance des incroyants, de sorte qu'on assiste à de nombreuses conversions; de plus, elle crée «une réceptivité aux exigences de Christ généralement très élevée». Wimber enseigne aussi que les signes visibles sont souvent d'abord accordés à ceux qui évangélisent et, ensuite seulement, aux personnes qui doivent être atteintes:

«Il arrive souvent qu'une rencontre de puissance qui mène à la conversion se produise d'abord chez ceux qui évangélisent, puis chez ceux qui sont évangélisés. A la Pentecôte, les gens étaient "hors d'eux-mêmes et per­plexes". Néanmoins, nombre d'entre eux firent rapidement le pas, ils passèrent sur l'autre bord: ils devinrent partici­pants de la grâce divine. Une rencontre de puissance se produisant chez un chrétien, en présence de non-chré­tiens, ouvrira ces derniers de manière surnaturelle à l'évangile du royaume de Dieu.»40

«Il est rare que la croissance de l'église puisse être attri­buée à la seule prédication.»41

Pour justifier ses conceptions, Wimber s'appuie sur les oeu­vres de Jésus, sur la mission confiée aux apôtres et la maniè­re dont ils s'en sont acquittée (cf. Luc 9:1-6; Marc 16:15-18), et sur les témoins suivants de l'histoire de l'église: Justin (100-165), Irénée (140-203), Tertullien (160/170-215/220), Novatien (210-280), Antoine le Grand (261-356), Hilaire (291-371), Macrine (328-379/380), Ambroise (339-397), Augustin (354-430), Grégoire de Tours (vers 538-594), Gré­goire 1er (le Grand) (540-604), François d'Assise (1181-1226), les Vaudois, Vincent Ferrier (1350-1419), Colette de Corbi (morte en 1447), Martin Luther (1483-1546), Ignace de Loyola ( 1491 -1556), Thérèse d'Avila (1515-1582), Valentin

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Greatlakes (mort en 1638), les Quakers, les Huguenots, les Jansénistes, John Wesley (1703-1791), les miracles de Lour­des, ainsi que le Réveil d'Azusa Street, à Los Angeles (1909).

Parmi les auteurs contemporains de signes et de miracles, Wimber mentionne Reinhard Bonnke, Erlo Stegen, le prophè­te noir Harris, Jacques Giraud, Tommy Hicks et Suba Rao.

On constate donc que Wimber inclut des personnes qui, pour la guérison, prônent l'emploi des sacrements ainsi que les reliques et les prières des Saints. A ce propos, il cite Augustin:

«Pourquoi, demandent-ils, n'arrivent-ils plus de nos jours ces miracles dont vous dites qu'ils ont eu lieu jadis?... Même aujourd'hui, il se fait des miracles au nom de Christ soit par les sacrements, soit par les prières et les reliques de ses saints.»42

Les réunions de guérison Parmi les signes fondamentaux de l'évangélisation de puis­sance, Wimber cite la guérison des malades. Il déclare que Dieu lui aurait dit: «Oui, les chrétiens sont appelés à guérir les malades de la même façon qu'ils sont appelés à évangéli-ser».43 Il voit dans les guérisons publiques une confirmation puissante de l'évangélisation et une extension du royaume de Dieu:

«Une autre raison de prier pour les malades réside en ce que la guérison favorise l'évangélisation. Elle est un "promoteur de l'évangile". J'ai appris cela des étudiants du tiers monde... qui affirmaient qu'il était plus facile de prier pour la guérison de quelqu'un que de lui parler de Christ. A vrai dire, expliquaient-ils, il est très facile de présenter Christ à une personne après qu'elle ait été guérie.»44

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«Bien sûr, quand nous prions pour les malades, notre but est qu'ils soient guéris et qu'il en résulte une extension du royaume de Dieu.»45

Wimber raconte comment une vision a corrigé son ancienne attitude réservée à l'égard des guérisons et a transformé sa vie «plus que toute autre expérience»:

«Brusquement, dans mon esprit, je vis un banc de nuages se surimprimer à l'horizon. Je n'avais jamais vu une for­mation nuageuse comme celle-là, alors j 'a i garé la voiture sur le bas-côté de la route pour regarder de plus près. A ce moment-là, j 'ai pris conscience qu'il ne s'agissait pas d'un banc de nuages, mais d'un rayon de miel dont le miel gouttait sur des gens en-dessous. Ces gens étaient dans toutes sortes de positions. Certains étaient émus, ils pleuraient et tendaient les mains pour attraper le miel et le goûter, invitant d'autres à prendre un peu de leur miel. D'autres paraissaient irrités, essuyant le miel qui tombait sur eux, rouspétant contre la saleté. J'étais ébahi. Ne sachant qu'en penser, j 'a i prié: "Seigneur, qu'est-ce?"

- C'est ma miséricorde, John. Pour certains, c'est une bénédiction, mais pour d'autres, c'est un obstacle. Il y en a largement assez pour tout le monde. Ne m'implore plus jamais pour la guérison. Le problème n'est pas de mon côté. Il est sur terre... Ce fut une expérience émouvante et profonde; certainement, elle révolutionna ma vie plus que toute autre expérience que j 'avais faite depuis ma conver­sion. Depuis ce jour, je n'ai jamais plus considéré la guérison de la même manière qu'avant.»46

Wimber a aussi été encouragé, dans son ministère de guéri­son, par le Père Francis MacNutt et ses livres qu'il men­tionne fréquemment, et dont l'ouvrage Healing a été remis à tous les participants à la conférence sur «les signes, les pro-

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diges et la croissance de l'église» qui s'est tenue à Sheffield en 1985.47 MacNutt se définit lui-même comme un «huma­niste chrétien»48. Ses écrits attestent clairement qu'il croit notamment à la puissance de guérison des sacrements et, en particulier, de l'Eucharistie.

Parmi les auteurs que Wimber cite souvent et qui ont façonné ses conceptions, on peut encore mentionner Agnès Sanford et Jung Morton Kelsey, un disciple de Jung, tous deux amis intimes de MacNutt. De Kelsey, Dave Hunt dit, dans son remarquable ouvrage la Séduction de la chrétienté, «qu'il prétend que le Saint-Esprit n'est autre que le "moi" et qu'il assimile les dons du Saint-Esprit à des pouvoirs psychi­ques occultes».49

Voici ce que croit Kelsey: «Clairvoyance, télépathie, précognition, psychokinésie et guérison ont été observées dans la vie et dans l'environ­nement de nombreux conducteurs religieux, et chez pres­que tous les saints chrétiens... C'est un pouvoir psychique de la même nature que celui que Jésus Lui-même pos­sédait.» «Jésus était un homme de puissance. Il était plus grand que tous les chamanes. Mes étudiants ont commen­cé à voir le rôle que jouait Jésus lorsqu'ils ont lu le livre de Mircea Eliade sur le Chamanisme, et celui de Carlos Castaneda: Journey to Ixtlan (Voyage à Ixtlan)... C'est un pouvoir psychique de la même nature que Jésus Lui-même possédait.»50

La définition de la maladie En plein accord avec de nombreux pentecôtistes et charis­matiques, Wimber enseigne que la maladie est une extension et un effet du péché, ainsi qu'une arme utilisée par Satan et ses démons:

«Dans le Nouveau Testament, la maladie est considérée 36

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comme une extension et un effet du péché, donc d'origine mauvaise, représentant le royaume de Satan.»51

«Les chrétiens du premier siècle voyaient dans la maladie une oeuvre de Satan, une arme de ses démons, une maniè­re pour le mal de régner sur le monde.»52

Mais, contrairement à beaucoup d'autres prédicateurs de la guérison tels que Oral Roberts, K. Hagin et Kenneth Cope-land, Wimber ne considère pas toute maladie comme étant une conséquence directe d'un péché ou d'une désobéissance.

«Contrairement à l'Ancien Testament, de tous les cas de maladie rapportés par le Nouveau Testament, seule une minorité se trouve être le résultat du péché habituel dans la vie d'un individu... il est aussi vrai que la maladie n'est pas nécessairement le fruit d'un péché. Satan est la cause de beaucoup de maladies.»53

Wimber, qui souffre lui-même de troubles cardiaques, d'une tension artérielle trop élevée, d'ulcères d'estomac et de surcharge pondérale54, avoue: «J'aimerais pouvoir écrire que je suis maintenant complètement guéri, que je ne con­nais plus de problèmes physiques, mais si je le faisais, je mentirais.» Sa propre expérience l'amène à reconnaître:

«Les exemples d'Epaphrodite, Timothée, Trophime et Paul - ainsi que mon propre état - sont des souvenirs humiliants de ce que la plénitude de notre salut attend encore d'être révélée au retour de Christ et de ce que, malgré la guérison divine possible par l'expiation, nous n'avons aucun droit de prétendre qu'en l'absence de guérison divine, il y a forcément quelque chose qui ne va pas avec notre foi ou avec la fidélité de Dieu.»55

«J'ai décidé, il y a bien longtemps, que si je prie pour cent 37

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personnes et qu'une seule est guérie, cela vaut mieux que si je ne prie pas du tout et que personne n'est guéri.»56

Malgré tout, Wimber est d'avis que, dans la plupart des cas, la cause de la non-guérison réside dans le péché et le man­que de foi. Il explique ainsi pourquoi tous ceux pour lesquels on a prié ne sont pas guéris:

«J'en conclus que la guérison n'est pas incluse dans le sacrifice d'expiation au même titre que le salut. Pourtant, Dieu veut guérir; je propose donc de considérer qu'il y a dans l'oeuvre du royaume de Dieu des moments de flux et des moments de reflux. Cette explication permet de comprendre pourquoi, à certaines périodes, tous ne sont pas guéris; elle nous aiderait aussi à mieux saisir que beaucoup, pour d'autres raisons, ne seront pas guéris.

Quand je regarde sur mon expérience passée de l'action de Dieu, je constate qu'il y a eu des moments de flux et d'autres de reflux. Il est des moments où la présence guérissante de Dieu opère des choses incroyables, et d'autres où il ne se produit aucune guérison. La guérison est donc un phénomène secondaire de l'expiation; elle s'explique beaucoup mieux dans le cadre de la théologie du royaume de Dieu.»57

La pratique Un service de guérison se déroule habituellement de la manière suivante: Wimber, de préférence en présence d'autres chrétiens «qui ont la foi», prie pour les malades, pendant que lui-même ou ses collaborateurs posent les mains sur ou à proximité des parties malades du corps.

«A chaque fois que je prie pour les malades, je cherche 38

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toujours dans l'assistance des personnes qui ont la foi -que ce soient d'autres membres de l'équipe de guérison, la personne pour laquelle on prie, la parenté (même les enfants qui généralement ont une grande foi pour la guérison), les amis auxquels je m'associe évidemment. Quand je les ai repérées, je leur demande de placer la main sur ou près de la partie du corps qui a besoin de guérison, puis je demande à Dieu de manifester sa puis­sance de guérison.»58

Cette imposition des mains s'accompagne généralement d'un transfert de flots de chaleur et d'énergie. Il est intéres­sant de rappeler la première expérience au cours de laquelle des flots d'énergie émanèrent de Wimber une nuit pendant son sommeil:

«Afin de tester sa théorie, elle (Carol Wimber) conçut un plan détaillé en se servant d'une arthrite très douloureuse dont elle souffrait dans une épaule. Une nuit, alors que nous étions en congé dans un chalet de montagne, elle attendit que je sois endormi, puis elle prit une de mes mains et la plaça sur son épaule. Ensuite, elle dit: "C'est bon, Seigneur, fais-le." Une vague de chaleur et d'énergie pénétra son épaule et la douleur disparut. Elle était guérie. Je me suis réveillé en me demandant pourquoi ma main était chaude.»59

L'exemple suivant est caractéristique de la manière dont Wimber dirige une réunion de guérison. Pendant une con­férence sur la guérison tenue dans une église baptiste de Gôteborg, il reçut une «parole de connaissance» selon laquelle une femme, atteinte d'un cancer du sein et qui venait de quitter l'hôpital le jour même, devait être guérie:

«En réponse, une femme vêtue d'un long manteau de lai­ne de couleur sombre se leva et dit en suédois: "C'est

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moi, c'est moi." Je lui ai demandé de s'avancer pour la prière et pendant qu'elle le faisait, j ' a i demandé à des volontaires de venir prier pour elle. Trois hommes du premier rang s'avancèrent, deux se tin­rent debout derrière la femme et un en face d'elle. J'ai demandé à la femme si cela ne l'ennuierait pas de croiser les mains sur son sein et de permettre à l'un des hommes de poser la main sur les siennes. Elle donna son accord... Les hommes qui étaient derrière mirent une main sur ses épaules. Puis j 'a i fait un pas en arrière et leur ai demandé de m'attendre pour prier.

Mais avant que l'interprète ait pu leur transmettre mes instructions, j 'a i ressenti un commandement de foi jaillir en moi et j 'a i crié en anglais: "Soyez guérie au nom de Jésus." Les paroles avaient à peine franchi mes lèvres que la puissance de Dieu descendit sur les quatre personnes; elles commencèrent à trembler et furent projetées par ter­re! C'était comme si la puissance de guérison de Dieu était entrée dans la femme pour ressortir au travers des trois hommes ou vice-versa... Tous quatre se relevèrent pleurant et louant Dieu, la femme témoigna plus tard de sa guérison.»60

Paroles de connaissance Wimber entend par là des expériences et des pratiques que d'autres chrétiens considèrent plus ou moins comme de la clairvoyance.

L'exemple le plus connu à ce propos s'est produit dans un avion. Wimber raconte:

«Sur le siège situé à la même hauteur que le mien, de l'autre côté de l'allée, était assis un homme d'un certain

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âge: homme d'affaires, à en juger par son allure. Il n'avait rien d'inhabituel ou de remarquable mais, durant la frac­tion de seconde où mon oeil se trouva tourné dans sa direction, je vis quelque chose qui me fit sursauter. En travers de son front, écrit en lettres claires et nettes, je crus voir le mot "adultère". Je clignai des yeux, me les frottai et regardai à nouveau. Il était encore là: "adultère". Et je le voyais, non de mes yeux naturels, mais de ceux de mon esprit... C'était l'Esprit de Dieu qui m'envoyait un message.»61

Les paroles de connaissance jouent également un grand rôle dans le ministère de guérison de Wimber. Parfois, il aperçoit des boules de lumière étincelantes sur certaines personnes, ce qui lui indique quelles sont celles qui doivent être guéries; à d'autres moments, il ressent des douleurs qui l'informent des maux dont souffrent les personnes qu'il doit guérir.

«Pendant l'une des rencontres (à Londres), Dieu me dit qu'une personne de l'auditoire était aveugle et que la cau­se de sa cécité était le diabète. Dans ce cas précis, j 'avais reçu la vision mentale des yeux de l'homme en même temps que le mot diabète me venait à l'esprit. (Il m'arrive parfois de ressentir dans une partie de mon corps une souffrance qui correspond à la maladie de la personne que Dieu veut guérir. D'autres fois, j 'a i comme un éclair d'intuition concernant quelqu'un...»62

J. Wimber définit ce don de la manière suivante:

«Il y a "parole de sagesse", lorsque Dieu révèle sa sages­se ou sa façon de voir dans une situation particulière. Il y a "parole de connaissance", lorsque Dieu révèle des faits en rapport avec une situation sur laquelle la personne ne savait rien auparavant. Par exemple. Dieu donne à quel­qu'un des détails précis sur la vie d'une personne afin de

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révéler un péché, de mettre en garde et d'offrir une sécu­rité, de révéler les pensées, de donner la guérison ou de fournir des instructions.»63

«Se reposer dans l'Esprit» Un autre phénomène, qui accompagnait déjà les rassemble­ments d'autres charismatiques tels que Kathryn Kuhlman, Kim Kollins, Reinhard Bonnke, se manifeste aussi dans les réunions de Wimber. Il s'agit du «repos dans l'Esprit» que Wimber définit ainsi:

«Tomber (ou, selon certains: "être terrassé par l'Esprit"). L'histoire de l'Eglise et les expériences contemporaines contiennent de nombreux exemples de personnes tom­bant et restant étendues sur le dos ou sur le ventre pendant plusieurs heures. La plupart des personnes sont conscien­tes d'une sensation de calme et d'indifférence sublime aux circonstances. On ne note en général aucun effet secondaire, bon ou mauvais. Il arrive que cet état se pro­longe pendant douze à quarante-huit heures, auquel cas il a été témoigné de profonds changements spirituels consé­cutifs à cet état. Les chutes les plus spectaculaires sont celles de pasteurs ou responsables spirituels, dont certains semblent être jetés face contre terre par l'Esprit, ils restent prostrés et frappent parfois le sol en cadence avec leur tête pendant environ une heure... Les changements qui suivent cette expérience peuvent aussi être très profonds. Le ministère de ces pasteurs est pétri d'une puissance et d'une effica­cité nouvelles.»64

Cette expérience est parfois liée à un parler en langues, à des visions et à des rires. Murray Robertson, pasteur d'une égli­se baptiste de Nouvelle Zélande, rapporte à ce sujet sa pro­pre expérience. Lors d'une conférence sur «Signes, miracles 42

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et croissance de l'Eglise», il fut soudain pris de violents tremblements dans la main, comme s'il avait actionné un marteau-piqueur. Voici la suite de son récit:

«John Wimber poursuivit son sermon: "Certains d'entre vous sont depuis longtemps dans le ministère, ils se sen­tent fatigués et ont perdu courage. L'Esprit-Saint va venir sur eux et les renouveler." Une envie de rire s'empara de moi. Je la réprimai car il eût été malséant de s'égayer à ce moment précis ! "L'Esprit viendra en vagues successives, ajouta Wimber, et chaque vague entraînera derrière elle un nombre de personnes plus grand que celui de la vague précédente." Quelques personnes des premiers rangs se mirent à rire. Puis quelqu'un à un autre endroit de l'audi­toire. C'est sûrement l'oeuvre rafraîchissante de l'Esprit, me dis-je en éclatant de rire. Cette joie dans l'Esprit par­courut l'assistance pendant dix minutes environ, puis elle s'évanouit lentement. Tous ceux qui avaient ri se turent, sauf moi. Impossible de m'arrêter! Impossible aussi de rester debout! J'oscillai d'avant en arrière et finis par tomber et me rouler par terre, plié en deux par mes éclats de rire! Entretemps, des personnes avaient fait cercle autour de moi. Je faisais le spectacle, et quel spectacle! Chose intéressante, dans cet état de fou rire, j'arrivais cependant encore assez bien à m'analyser. Je savais ce qui m'arrivait: des mois, des années de frustrations et de déceptions dans le ministère, tout cela s'envolait... Je restai ainsi trois quarts d'heure à rire. Lorsque je cessai enfin, un collègue et ami intime posa sa main sur ma tête et dit: "Seigneur, donnes-en lui encore". Et je m'esclaffai à nouveau pendant trois quarts d'heure! Je suppliai alors mon ami de ne plus prier pour moi, tellement j 'avais les côtes endolories! Le lendemain, je rencontrai brièvement John Wimber et lui dis que mes côtes me faisaient encore mal! Il raconta mon expérience à tous les participants de la conférence et

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ajouta que j'étais le premier "saint rieur" baptiste qu'il eût connu.»65

Le ministère de délivrance A l'instar de nombreux non-charismatiques, Wimber estime qu'il est de son devoir de chasser les démons qui ont élu domicile chez des chrétiens ou des non-chrétiens. Il ne con­sidère plus la rencontre avec les démons et la lutte contre eux comme une chose exceptionnelle car, d'après lui, de tels conflits sont inévitables dès lors que «le royaume de Dieu affronte le royaume de Satan».

Le premier exorcisme pratiqué par Wimber remonte à 1978. Cette nuit-là, un jeune homme désespéré l'avait sup­plié de venir au secours de Mélinda, son amie, qui se débat­tait avec une rare violence et émettait des sons proches de grognements bestiaux:

«La jeune fille (ou plutôt ce qui habitait la jeune fille) parla: "Je te connais" furent les premiers mots qui m'assaillirent - émis par une voix rauque, à vous dresser les cheveux sur la tête - "et tu ne sais pas ce que tu dois faire." "Tu as raison", pensai-je. Alors le démon dit au travers de Mélinda: "Tu ne peux rien faire d'elle. Elle m'appartient." "Tu as tort", pensai-je. C'est alors que commencèrent dix heures de combat spi­rituel, où j 'a i invoqué les armées célestes pour vaincre Satan. Pendant tout ce temps, il me fallut supporter des odeurs fétides, des yeux révulsés, une transpiration abon­dante, des blasphèmes et une activité physique sauvage... J'étais horrifié et très effrayé. Pourtant, j 'a i refusé d'abandonner la partie. Je pense qu'en fin de compte, le démon est parti parce

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que j'avais réussi à l'épuiser, et non parce que j 'avais quelque aptitude à chasser des esprits mauvais. Depuis lors, j 'a i beaucoup appris sur ce genre de rencontre. Si j'avais su à l'époque ce que je sais maintenant, je suis certain que l'épisode n'aurait pas duré plus d'une heure... La rencontre avec des démons m'est devenue une expéri­ence courante.»66

Wimber enseigne que les chrétiens qui tombent et vivent dans le péché peuvent, eux aussi, être assujettis à des démons. C'est pourquoi le ministère de délivrance occupe une place importante dans chacune de ses conférences.

«Mais les chrétiens peuvent être atteints et même con­trôlés par des esprits mauvais s'ils persistent à vivre dans une situation de péché grave non confessé... Le Nouveau Testament enseigne que si des chrétiens vivent dans le péché, ils risquent d'être livrés entre les mains de Satan... Les chrétiens peuvent aussi être démonisés quand des démons héréditaires (qui sont transmis de parents à enfants) ou des démons qu'ils attrappent en cours de rou­te par d'autres moyens ne sont pas chassés de leur vie.»67

D'après Wimber, le chrétien soumis à des puissances démo­niaques peut soit procéder à une «auto-délivrance»68 en bri­sant le lien tout seul, sans le secours de la prière des autres, soit demander la «délivrance fraternelle» ou la «délivrance pastorale».

«Viens, Esprit Saint!» Wimber ne donne pas au «baptême de l'Esprit» la même signification que les pentecôtistes ou les charismatiques qui l'assimilent à une «deuxième expérience» associée au parler en langues. Il préfère, quant à lui, insister sur la «plénitude du Saint-Esprit»; en revanche, il défend certaines idées cri-

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tiquées en partie par les charismatiques mais qui revêtent une grande importance pour ses réunions de guérison et de délivrance.

En général, la conférence ou le sermon de Wimber ou de ses collaborateurs est suivi d'une partie pratique, introduite par la supplique: «Viens, Esprit Saint!» Après un certain temps de silence, le Saint-Esprit révèle - suivant le thème du séminaire ou de la conférence - les possessions démonia­ques, les maladies, les blessures psychiques, etc. Le «Saint-Esprit» est donc invoqué comme une puissance extérieure à nous qui doit signaler sa venue ou sa présence au milieu de l'auditoire par certaines réactions.

«Une bonne vue spirituelle rend capable de reconnaître Dieu et de travailler avec lui dans le processus de guéri­son. Pendant que nous écoutons la voix de Dieu et prions pour les malades, l'Esprit Saint vient sur eux. Alors se produisent, dans la personne pour laquelle on prie, des phénomènes émotionnels et physiques qui nous indiquent que l'Esprit est présent. Certains de ces phénomènes sont manifestes: pleurs, cris, expression de louanges prolongées et exubérantes, trem­blements, calme, contorsions et distorsions du corps, chute à la renverse (appelée parfois "terrassement par l'Esprit"), rires et sauts.»69

Communication des «dons» par imposition des mains Wimber est convaincu qu'aujourd'hui encore, les dons spiri­tuels et la puissance de l'Esprit peuvent se transmettre par imposition des mains. Il s'appuie sur les exemples de Moïse et d'Elie qui ont transmis à d'autres leur «puissance». Carol, sa femme, décrit ainsi la première expérience de John Wim­ber dans ce domaine: 46

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«John se demandait comment il pourrait aider les autres à faire l'expérience de la présence et de la force de Dieu, comme lui-même la vivait de plus en plus intensément. Nous n'avions pas encore découvert que ce que Dieu nous donne, nous pouvons le transmettre à d'autres par l'imposition des mains. Puisque Moïse et Elie avaient agi de la sorte, nous savi­ons que c'était possible, mais nous n'avions pas appliqué ce principe à notre situation. Alors, Dieu s'adressa à John. Il devait oindre d'autres personnes pour le ministè­re. Un dimanche matin, à la fin du culte, John pria tous ceux qui soupiraient après davantage de puissance pour accomplir leur service, de bien vouloir s'avancer. Il leur fit ôter leurs chaussures et les oignit d'huile, conformé­ment à ce qui est écrit dans le Lévitique - sur le lobe de l'oreille droite, sur le pouce droit et sur le gros orteil du pied droit (c'est ainsi que Moïse avait consacré Aaron et ses fils pour le sacerdoce). John leur imposa les mains pour leur transmettre le don de guérison. Au début, il était quelque peu fébrile mais il savait pertinemment que Dieu lui avait ordonné de procéder ainsi. Puis il invita tous les malades à s'avancer. Les personnes sur lesquelles il venait juste d'imposer les mains furent chargées de prier pour les malades. Ce qui arriva nous remplit d'étonne-ment: beaucoup furent guéris.»70

Il raconte lui-même que pendant un certain temps, il avait été réticent à transmettre ses dons par imposition des mains, ce qui lui valut quelques expériences négatives:

«Je me souviens de la première fois où Dieu m'a donné le don spirituel de la parole de connaissance - des faits et informations qui ne peuvent être connus que de manière surnaturelle et qui se rapportent à des situations, person­nes ou choses précises. Je pouvais révéler les secrets du coeur de tel ou tel. C'était un don agréable à posséder, et

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puisque personne d'autre ne pouvait l'exercer dans l'Eglise, des sentiments d'orgueil jaillirent en moi. Alors Dieu me montra qu'il fallait que je transmette ce don; c'est-à-dire qu'il fallait que j 'impose les mains à d'autres et prie pour qu'ils reçoivent ce don eux aussi. Je n'avais qu'à prier: "Seigneur, veuille donner à cette per­sonne des paroles de connaissance" et la plupart rece­vaient des paroles de connaissance. Mais Satan com­mença à me chuchoter à l'oreille que si je continuais à distribuer ce don, je le perdrais. Aussi, je me suis arrêté de prier pour que d'autres reçoivent le don... et pendant les quatre mois qui suivirent, je ne reçus aucune parole de connaissance. A la fin, je suis allé trouver quelques amis et je leur ai demandé de prier pour moi, et j ' a i à nouveau reçu des paroles de connaissance.»71

Wimber ne croit pas que tout chrétien ait reçu un ou plu­sieurs dons; pour lui, les dons du Saint-Esprit sont accordés seulement dans des situations particulières:

«Nombre de personnes enseignent que chaque chrétien a un ou deux dons en sa possession. Les chrétiens sont encouragés à "découvrir leur don", ce qui implique que peu nombreux sont ceux qui sont appelés à des ministères com­me celui de la guérison divine. Je crois que cet enseigne­ment - tout chrétien ne possède que deux ou trois dons et ne peut fonctionner qu'avec ces dons - est faux...»72

L'étude de 1 Co 12 conduit Wimber à affirmer que les dons ne sont pas accordés en premier lieu aux membres individu­els mais au corps tout entier, de sorte que «tous peuvent... faire l'expérience de chacun des dons».

«Ainsi, il y a une distribution spécifique des dons aux individus qui survient à l'occasion de besoins spécifi­ques. C'est-à-dire que les dons sont donnés dans une

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situation précise pour être employés par l'individu pour la bénédiction des autres. Ce qui veut dire que tout chré­tien peut prier pour les malades... L'Esprit Saint apparaît au milieu du peuple, revêtant les chrétiens de dons pour répondre à des besoins spécifiques. Les dons de guérison viennent souvent aux chrétiens de cette manière.»73

«Lorsque je parle de l'Esprit avec les évangéliques, je leur demande s'ils ont reçu l'Esprit quand ils sont nés de nouveau. S'ils répondent affirmativement (ce qu'ils devraient), je leur dis que tout ce qu'il leur reste à faire, c'est d'actualiser ce que l'Esprit possède, tout ce qui leur est demandé, c'est de libérer les dons. Je pose alors les mains sur eux en disant: "Soyez remplis de l'Esprit" - et ils le sont.»74

A cet égard, il est intéressant de citer l'extrait suivant d'un article publié par Siegfried Grossmann, longtemps respon­sable du mouvement «L'appel» et du groupe de travail baptis­te «Charismes et Eglise». L'article est intitulé: «L'évangé­lisation dans la puissance de l'Esprit. Impressions recueillies au congrès de John Wimber à Francfort.» L'auteur fait part de ses impressions et de ses observations à propos du trans­fert des dons:

«Je partage l'idée que nous devrions davantage prendre au sérieux les dons du Saint-Esprit et que nous devrions prier pour leur éclosion. Ce congrès nous en a donné l'occasion. Mais pourquoi a-t-on laissé entendre ensuite que tout chrétien possédait en principe chacun des dons, et que, si ce n'était pas le cas, il lui suffisait de prier pour les recevoir?

Pour bien faire comprendre cet aspect du problème, j'évoquerai plus en détails ce qui a été dit lors d'une con­férence tenue un matin par McClure:

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L'orateur invite tous ceux qui veulent confesser leurs péchés à s'avancer, de sorte que le Saint-Esprit puisse venir sur eux. Quelques centaines de personnes se diri­gent vers l'avant de la salle. McClure déclare: "Le Sei­gneur est fier de toi et t'accordera des succès remarqua­bles." Suit une prière pour que le Saint-Esprit descende sur tous et que se produisent des signes et des miracles. L'ambiance est calme et recueillie, l'auditoire est dans l'attente. McClure exhorte tous ceux qui aspirent au don d'évangélisation à lever la main. "Recevez le don d'évangélisation!" Suit une prière en langue, signe que l'Esprit est en train de répandre ce don... A la fin de la réunion, le conférencier offre au public l'occasion de demander le don de guérison. Plus de la moitié des per­sonnes présentes expriment leur désir de posséder ce don. Me Clure confirme l'exaucement de cette prière. Il con­clut: "Je vous le dis, en lieu et place de Christ: guérissez les malades, chassez les démons, annoncez l'évangile. Recevez ce don de la part de Christ." Puis l'orateur rend grâces à Christ d'avoir exaucé cette prière, et l'assistance répond par des applaudissements nourris. Pendant le par­tage des sujets de prière, principalement lors de la prière pour recevoir le don de guérison, il s'était formé de petits groupes dans lesquels les participants se bénissaient mutuellement par imposition des mains; certains tom­baient à la renverse, d'autres étaient secoués de rires...

Le vendredi soir, John Wimber exhorte tous les pasteurs, tous les responsables d'église et de groupes de maison à s'avancer. Il déclare avoir le don particulier de communi­quer la puissance aux leaders spirituels. "Je ne sais pas pourquoi, mais cela aide." Puis il prie plusieurs fois: "Viens, Esprit Saint!" De temps en temps, le silence de la salle est déchiré par des cris souvent prolongés; ici et là se manifeste une certaine agitation parce que quelqu'un est tombé; ailleurs, des personnes sont prises d'un rire irrésis-

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tible. Wimber tranquillise: "Ne vous effrayez pas, c'est le Saint-Esprit qui agit."... Le dernier soir, John Wimber entraîne la plus grande partie de l'assemblée à s'égayer, à faire l'expérience du "saint rire" - selon sa propre expres­sion -, puis à donner libre cours à son exubérance et finalement à danser. Pour ma part, cette réunion, comme la plupart des autres lors de ce congrès, me laissa avec un sentiment mitigé... Cela me gênait qu'on identifie cet événement psychique, aux accents d'auto-suggestion populaire, à une «descente» du Saint-Esprit. Dans ce cadre, il est facile de faire de la manipulation des foules... et des charismes!»75

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Paul Yonggi Cho -Pasteur de la «plus grande église du monde», à Séoul (Corée)

Contrairement à C.P. Wagner et J. Wimber, P. Yonggi Cho ne peut pas être considéré comme un des fondateurs de la troisième vague. Mais, par l'extraordinaire croissance de son église, par ses livres et ses conférences, Cho a exercé une influence considérable sur le mouvement de pentecôte, sur le mouvement charismatique et sur la troisième vague. C.P. Wagner présente Cho comme «son ami de longue date»76 et l'invite chaque année pour donner des exposés à la «Fuller School of World Mission», à Pasadena. De nombreuses théories de P. Yonggi Cho ont été reprises par les dirigeants de la troisième vague.

P. Yonggi Cho, pasteur de 1'«église Yoido du Plein Evan­gile» qui comptait plus de 700 000 membres en 1989, est issu d'une famille bouddhiste.

A 18 ans, il tomba malade et on diagnostiqua une tuber­culose au stade terminal. On ne lui donnait plus que 3 ou 4 mois à vivre. Sur son lit de mort, il reçut la visite d'une jeune chrétienne qui l'exhorta à lire le Nouveau Testament, suite à quoi il se convertit.

Il se remit de sa maladie, put quitter le lit six mois plus tard, et ne connut jamais de rechute dans ce domaine. Y. Cho se rattacha ensuite à une église pentecôtiste, à Busau. Après avoir suivi les cours d'une école biblique, il fonda une église dans la périphérie de Séoul, puis à Séoul même. C'est la croissance extraordinaire de cette église qui a fait connaître Cho dans tous les milieux chrétiens.

Beaucoup de spécialistes qui étudient la croissance de l'église, voient, dans la vie de prière intense de cette com­munauté, le secret de son prodigieux développement. Cho déclare que, chaque année, environ 300 000 membres de son 52

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église gravissent la «colline de la prière» afin d'y prier avec ferveur pour différents sujets.

«Environ 60% s'y rendent pour demander le baptême du Saint-Esprit et le don du parler en langues. Le deuxième groupe, par ordre d'importance, y cherche la solution à des problèmes familiaux, et le troisième va y prier pour la guérison.»77

Dans sa vie personnelle, Cho attache une grande importance au parler en langues:

«Je prie aussi beaucoup en langues. Le parler en langues est la langue du Saint-Esprit et, lorsque je parle en lan­gues, j'expérimente sa présence dans mon subconscient. Dans ma vie de prière, je consacre plus de 60% de mon temps à prier en langues. Je prie en langues en dormant. A mon réveil, je prie en langues. Je prie en langues quand j'étudie la Bible et encore dans mon culte personnel. Si je devais perdre le don du parler en langues, je crois que mon ministère serait amputé environ de moitié. Pendant tout le temps où je prie en langues, je retiens le Saint-Esprit dans mon subconscient... La prière en langues m'aide donc à rester en contact permanent avec le Saint-Esprit.»78

Entretemps, Y. Cho est devenu un conférencier très deman­dé dans de nombreux pays et ses livres ont été traduits en plusieurs langues. Fondateur du CGI (Church Growth Inter­national), il est une personnalité influente, non seulement dans les milieux pentecôtistes et charismatiques, mais aussi dans le mouvement de croissance de l'Eglise.

Son église et le «World Mission Center» qu'il a fondé, sont le but de nombreux voyages d'études de groupes chré­tiens qui s'intéressent à la croissance de l'église.

Les sermons et les ouvrages de Cho abordent surtout

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quelques thèmes particuliers qui caractérisent son ministère et qui sont considérés comme le secret de son succès: - la pensée positive, la motivation, le succès, - la visualisation (rêves et visions) et la «quatrième dimen­

sion», - le pouvoir créateur de la parole exprimée.

Ses prédications et ses expériences prouvent que Cho parta­ge des points de vue très proches de ceux de Wimber et d'autres leaders de la troisième vague. Je vais d'abord tenter de dégager, à partir de ses écrits, ce que Cho enseigne, sans porter de jugement de valeur.

1. Pensée positive. Motivation positive Les exposés de Cho sur la réussite et le bien-être rappellent très fortement les prédications de Robert Schuller, sans dou­te le plus connu des télé-évangélistes contemporains. Ses sermons sont retransmis chaque dimanche sur plus de 200 chaînes de télévision. Mieux que quiconque, Schuller a su propager la philosophie de la pensée positive parmi les évangéliques.

Voici comment Schuller interprète la croix, le péché et le renoncement à soi:

«Il est urgent de repenser l'interprétation traditionnelle des paroles de Christ, que nous devons nous charger de notre croix... La prédication de la pensée du possible, c'est l'annonce positive de la croix!... Jésus-Christ était le plus grand penseur du possible que le monde ait jamais porté. Osons-nous l'imiter?»79

«Je ne pense pas qu'il y ait eu quoi que ce soit d'accompli au nom de Christ ou sous la bannière du christianisme,

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qui ait été prouvé plus destructeur de la personnalité humaine et qui ait donc eu autant d'effets contraires aux efforts d'évangélisation, que la stratégie souvent brutale, grossière et peu chrétienne visant à essayer de rendre les gens conscients de leur condition de pécheurs perdus.»80

Schuller, convaincu que Christ « a souffert la croix pour sanctifier son estime de soi, qu'il a porté la croix pour sanc­tifier l'estime de soi, et que la croix sanctifiera la glorifica­tion de soi-même»81, compte parmi les prédicateurs qui ont enthousiasmé, et sans doute façonné, Yonggi Cho.

«Aux Etats-Unis, le Dr Robert Schuller jouit d'une très grande audience à travers tout le pays. En voici la raison: il prêche toujours "l'attitude mentale positive", grâce à laquelle il fait germer dans le coeur de ses auditeurs la foi, l'amour et l'espérance. Quand je me trouve le diman­che matin dans un hôtel aux Etats-Unis et que je désire suivre un office religieux télévisé, je me branche toujours sur l'émission "L'heure de la puissance" du Dr Schuller car j 'ai l'assurance qu'il remplira mon coeur de foi, d'amour et d'espérance. Sa prédication m'édifie. J'ai écouté d'autres prédicateurs et des messages d'évangélis-tes bien connus mais, dès que je les entends, je préfère éteindre la télé. Ils ne font que condamner les gens; je me sens alors si déprimé que je n'ai même plus envie de prier.»82

On comprend donc sans peine pourquoi R. Schuller a écrit la préface du livre de Cho «La quatrième dimension». Voilà deux hommes qui se sont rencontrés et qui ont compris com­ment, de manière différente mais tout aussi efficace, faire passer un message à l'homme. Les extraits suivants des ouvrages de Yonggi Cho montrent à l'évidence qu'il partage les mêmes conceptions que Robert Schuller et Norman Vin­cent Peale:

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«L'Esprit ne cessait de me répéter: "Tu es un enfant du roi, tu es une personne importante. Continue de te com­porter comme la personne importante que tu es."»83

«"Cela ne peut pas se produire ici. Le terrain est trop dur." Ces déclarations négatives doivent, une fois pour toutes, disparaître de notre vocabulaire. Remplaçons-les par la manière de parler du Saint-Esprit, et habituons nos gens à penser en termes de réussite.»84

«Pour amener les autres à cultiver la confiance en soi, nous devons nous-mêmes nous habituer à penser en ter­mes de succès, et l'exprimer non seulement par nos paro­les mais aussi par notre façon de vivre. Beaucoup d'égli­ses stagnent du fait que leurs pasteurs n'ont pas une ima­ge particulièrement positive d'eux-mêmes. Or, un sentiment juste et sain de sa propre valeur est indispen­sable pour assumer une fonction de direction. Il faut rechercher l'absence ou la déformation d'une bonne ima­ge de soi parmi les causes suivantes: une présentation peu attrayante de sa personne, une formation intellectuelle insuffisante, une discipline qui laisse à désirer, une origi­ne modeste, un pouvoir limité et une santé déficiente. On pourrait compléter cette liste, mais ces exemples sont caractéristiques des excuses avancées par les personnes qui n'ont pas une opinion favorable d'elles-mêmes.»85

«Quelle était la clé du succès de notre entreprise? Nous avons appris à nos membres comment se servir de la puis­sance de leur quatrième dimension. Ils visualisent leur réussite. La pensée négative ne nous intéresse pas. Ayant cultivé une façon de penser positivement, nous parlons positivement.»86

Bien que Yonggi Cho mène une vie simple - il faut le souli­gner à son honneur - et qu'il dise: «Tout ce que j 'a i en plus, 56

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je le donne à notre Mission internationale»87, il prêche néan­moins l'évangile de la prospérité:

«Je crois que c'est la volonté de Dieu que nous vivions dans le bien-être spirituel, physique et financier.»88

«La pauvreté est une malédiction de Satan. Dieu voudrait que tout son peuple connaisse la réussite et qu'il soit bien-portant, physiquement comme spirituellement (3 Jn 1,2)»89.

«Pour ce qui est de ma propre expérience, la première chose que je fais chaque matin, au moment où j'aborde une nouvelle journée sans visage ni consistance, c'est de lui donner un nom et de définir sa nature; je dessine ainsi son visage. J'aime à dire: "Père, je te remercie de me don­ner cette nouvelle journée. Journée nouvelle, que ton nom soit "succès". Aujourd'hui, depuis le clair matin jusqu'aux heures sombres du soir, tu serviras à mon succès et à mon efficacité." Assurément, cette "créa­tion" - le jour nouveau - sera alors au service d'une réus­site profonde et de grande ampleur.»90

La visualisation 1l'« incubation », les visions et les rêves) Norman Vincent Peale, l'un des pères de la pensée positive, définit la visualisation comme «la pensée positive poussée à un stade plus avancé»91.

Dans l'occultisme, dans les religions païennes et par­tiellement aussi en psychologie, on définit et on pratique la visualisation comme un «moyen de matérialiser les choses par la construction d'images mentales fortes». On enseigne que «les images mentales peuvent être améliorées et embel­lies de manière progressive, jusqu'à ce qu'elles agissent sur la réalité, au point de se matérialiser effectivement!»92

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La théorie est simple et apparemment plausible: les scien­ces affirment, ajuste titre, que la matière peut se transformer en énergie. De là, les défenseurs de la visualisation pensent que l'inverse est vrai aussi et, par conséquent, que «l'énergie doit pouvoir se transformer en matière. Le mental est de l'énergie. La pensée est de l'énergie»; il doit donc être possi­ble de matérialiser des choses grâce à certaines techniques mentales ou à une imagination créatrice.

Dans la traduction des ouvrages de Yonggi Cho, le con­cept de «visualisation» est aussi rendu par «incubation», dans le sens de «période pendant laquelle ... une création se prépare sourdement» (définition du Petit Robert). Y. Cho parle encore de «visions et de rêves», de «développement du subconscient», de «représentations intenses». Cho déclare que la découverte de la puissance de l'imagination créatrice, en rapport avec la quatrième dimension, lui a été donnée par une révélation spéciale de Dieu.

Lorsqu'il était encore bouddhiste, Cho connaissait les guérisons par le yoga et la méditation, et savait que lors de rencontres de «Sokagakkaï» japonais, des sourds, des aveugles et des muets étaient guéris. La constatation que, contrairement à ce qui se passait dans les religions orienta­les, aucun miracle ne se produisait dans les églises chrétien­nes, fit naître en lui une grande perplexité:

«J'ai été un temps quelque peu troublé par le fait que la plupart des chrétiens n'avaient pas l'air d'attacher une grande importance aux miracles de Dieu. Ils disaient: "Mais comment pouvons-nous croire en la grandeur absolue de Dieu? Comment pouvons-nous appeler le Dieu Jéhovah l'unique créateur qui habite les cieux? Nous voyons aussi des miracles dans le bouddhisme, dans le yoga et dans le Sokagakkaï. Nous voyons de nom­breux miracles dans les religions orientales. Pourquoi devrions-nous prétendre que le Dieu Jéhovah est le seul créateur de l'univers?"... J'ai donc décidé de présenter

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leurs questions à Dieu dans la prière... C'est alors qu'une révélation glorieuse m'a été donnée, et j ' a i reçu une explication claire. Depuis ce jour, j 'a i entrepris d'expli­quer ces choses à mon église en Corée... Dieu a ensuite parlé à mon coeur: "Mon fils, comme la se­conde dimension contient et contrôle la première, et la troi­sième contient et contrôle la seconde, ainsi la quatrième dimension contient et contrôle la troisième, produisant par là-même une création ordonnée et belle. L'esprit est cette quatrième dimension. Tout être humain est un être à la fois spirituel et physique. Il possède dans son coeur la quatriè­me dimension aussi bien que la troisième.»93

«Le rêve, ou la vision, constitue le support qu'utilise l'Esprit Saint dans le but de construire quelque chose pour nous. La Bible déclare: "Quand il n'y a pas de révélation, le peuple est sans frein" (Pr 29:18). Sans vi­sion, on n'aboutit à rien. Les rêves et les visions constituent les matériaux avec lesquels le Saint-Esprit va travailler. Je dis toujours que les rêves et les visions sont le langage du Saint-Esprit. Si l'on ne parle pas cette langue, il ne peut y avoir aucun fruit. Le Saint-Esprit veut dialoguer avec nous mais il ne peut le faire sans nos rêves et nos visions. Dans la Bible, quand Dieu voulait agir de manière particulière en faveur de quelqu'un, il le lui faisait d'abord savoir par le moyen de rêves ou de visions.»94

Cette découverte entraîne les conséquences suivantes:

«Ainsi donc, en explorant la sphère spirituelle de la qua­trième dimension, par le développement des visions et des rêves qui se concentrent dans leur imagination, les hommes peuvent couver et incuber la troisième dimen­sion, l'influencer et la transformer. C'est ce que le Saint-Esprit m'a enseigné.»95

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«Si Dieu vous a accordé une vision, vous devez appren­dre à consacrer du temps pour la "couver". Vous devez littéralement porter en vous cette représentation, comme une femme enceinte porte son bébé, quoi que les autres puissent penser. Les visions et les rêves constituent l'élément central de ma philosophie chrétienne, autour duquel gravitent tous les principes mis en oeuvre pour la croissance de l'église. De par le monde entier, j 'a i vu de nombreux exemples où la pratique des recommandations sur les visions et les rêves a effectivement élargi les capacités de visualisation d'une personne.»96

Dans son souci d'étayer sa «philosophie chrétienne» avec des arguments bibliques, Y. Cho déclare:

«Dans la Genèse, l'Esprit du Seigneur couvait et planait au-dessus des eaux. Il était comme la poule qui couve ses oeufs et amène au jour les poussins»97.

«Le Père lui a répondu: "Tes enfants seront aussi nom­breux que ces étoiles." Abraham a certainement été bou­leversé... En regardant les étoiles, il ne pouvait voir que les visages de ses enfants. Soudain, il a cru les entendre tous l'appeler: "Père Abraham!"... Il n'a pas pu dormir quand il a fermé les yeux car les étoiles devenaient le visage de ses enfants et s'écriaient ensemble: "Père Abraham!" Ces images lui sont souvent revenues à l'esprit et sont devenues ses propres rêves. Elles faisaient désormais par­tie intégrante de sa quatrième dimension, dans un langage fait de visions et de rêves spirituels. Ces visions et ces rêves ont commencé à dominer son corps, âgé de cent ans, et l'ont peu à peu transformé en un corps plus jeu­ne.... Une vision et un rêve ont changé Abraham, non seulement quant à son esprit mais également quant à son corps.»98

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«La quatrième dimension agit de telle manière en Abra­ham qu'elle rendit cet homme centenaire capable de procréer de façon naturelle. Cela fut possible parce que les lois qui régissent la quatrième dimension s'exercent à fortiori dans l'univers physique à trois dimensions.»99

Cho voit d'autres exemples de ce principe dans la vie de Jacob (lors de la multiplication de ses troupeaux), dans les rêves de Joseph, dans la construction du Tabernacle dont Moïse avait eu une «vision», dans l'histoire des prophètes et dans celle de Pierre. A en croire Yonggi Cho, cet apôtre serait devenu «Pierre», c'est-à-dire «Roc» parce qu'il en avait la vision dans son coeur. Par contre - toujours selon Cho -, Isaac a mené une vie banale et terne parce qu'il ne rêvait pas.

Expériences de «visualisation» dans la vie courante Pour bien montrer l'importance que revêt la quatrième dimension et l'«incubation» dans l'enseignement de Cho, je vais rapporter quelques exemples tirés de ses ouvrages. Les lecteurs quelque peu au courant de la «pensée positive» admettront sans peine que l'histoire suivante pourrait figurer dans le bestseller de Napoléon Hill, «Think and Grow Rich» (Pensez à la richesse et devenez riche).

Un jour, un boulanger vint trouver Cho et le supplia d'intercéder pour lui car, en dépit de tous ses efforts, il était au bord de la faillite. Cho raconte:

«Après avoir prié pour lui, je lui exposai le principe des visions et des rêves. Je lui dis: "Monsieur Ho, retournez dans votre boulangerie. Imaginez que votre commerce redevienne florissant. Commencez à compter l'argent dans la caisse vide. Voyez la clientèle qui s'étire en une queue interminable devant votre magasin!"

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... Environ deux mois plus tard, Monsieur Ho revint me voir, le visage radieux. "Dr Cho, vous aviez raison. Je n'ai pas tout de suite compris ce que vous m'aviez dit. Honnêtement, j ' a i considéré vos propos comme des paro­les insensées. Mais vous êtes un homme de Dieu, et je crois qu'il faut faire ce que dit le pasteur. Aujourd'hui, ma femme et moi venons vous remettre un chèque pour l'église." Je regardai le montant inscrit: plus de mille dollars! C'était la dîme du boulanger.»100

L'histoire suivante se passe en Allemagne. Après une con­férence de Cho, deux prédicateurs s'approchèrent de lui dans l'espoir de recevoir une Volkswagen par son moyen. Il leur conseilla:

«..."Pourquoi ne couvez-vous pas dès maintenant l'idée d'une telle voiture?" "Comment faire?" me demandèrent-ils, étonnés. "L'incubation est un processus important de la prière. Si vous ne faites qu'espérer, vous ne pourrez jamais incuber... Commencez donc à incuber. Ouvrez votre agenda à des pages encore vierges. Représentez-vous exactement la voiture que vous désirez. Combien de places doit-elle avoir? Quelle sera sa couleur?"

"Elle est verte et offre quatre places", me répondirent-ils. "Bien. Ecrivez ces indications. Fermez les yeux et repré­sentez-vous cette voiture. Commencez à envisager toutes les solutions pour réunir la somme nécessaire à son achat. Accrochez une image de la voiture souhaitée au mur de votre chambre à coucher. Avant de vous endormir, lisez la feuille sur laquelle vous avez indiqué les caractéris­tiques du véhicule... Imaginez que vous montez dedans, que vous mettez la clé de contact... Dites-vous ensuite: «C'est mon auto.» Remerciez Dieu pour cette voiture et croyez fermement que vous la possédez . L'espoir seul ne permet pas de donner corps à une idée, mais si votre foi

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couve une représentation que Dieu vous a donnée, elle la transforme en une réalité."»101

Quelques mois plus tard, les deux prédicateurs possédaient la Volkswagen en question. A cette occasion, Cho déclara:

«Nous devons appliquer le principe de l'incubation et transformer ainsi l'embryon conçu dans la pensée en un miracle bien réel.»102

Voici une autre histoire rapportée par Cho. Il s'agissait d'une femme qui priait depuis des années - en vain - pour trouver un mari. Cho lui demanda de consigner par écrit les caractéristiques du mari rêvé: nationalité, taille, corpulence, profession, violon d'Ingres, etc. Après que la jeune femme lui eut lu les indications portées sur sa feuille, Cho lui dit:

«"Fermez les yeux. Vous pouvez imaginer votre mari, maintenant? - Oui, je le vois très clairement. - Très bien. Nous allons passer commande maintenant. Voyez-vous, tant que vous ne voyez pas clairement votre mari dans votre imagination, vous ne pouvez pas en pas­ser commande. Car Dieu ne va jamais pouvoir vous répondre..." Puis j 'a i ajouté: "Ma soeur, emportez cette feuille de papier avec vous, s'il vous plaît, et collez-la sur votre miroir. Chaque soir, avant de vous mettre au lit, relisez cette liste à voix haute et, chaque matin, en vous levant, faites de même. Puis louez le Seigneur pour la réponse à votre prière."»103

Un an plus tard, cette soeur épousa l'homme de ses rêves. Le jour des noces, la mère de la mariée lut, devant les invités, la fameuse feuille avec ses dix points, puis elle la déchira.

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3. La puissance créatrice de la parole exprimée Cho part de la théorie suivante que lui inculqua un neuro-chriurgien: le siège de la parole, dans le cerveau, règne sur tous les autres nerfs. Le centre nerveux de la parole a un tel pouvoir sur tout le corps que le seul fait de parler peut permettre à une personne de contrôler son corps et de le manipuler de la manière dont il le désire. Le savant lui expliqua:

«Si quelqu'un persiste à dire: Je suis très âgé, je suis très fatigué, je ne peux rien faire, alors, très vite, le centre de contrôle du langage répond et donne des instructions en conséquence. Les nerfs répondent: "Oui, nous sommes vieux. Nous sommes prêts à descendre dans la tombe. Préparons-nous à nous désintégrer." Celui qui se répète toujours qu'il est vieux va bientôt mourir.»104

Cette rencontre a profondément marqué Cho, comme il le reconnaît lui-même:

«Cette conversation a revêtu une grande signification pour moi et a eu une grande influence sur ma propre vie. J'ai compris depuis lors qu'il est important d'utiliser la parole pour créer une vie réussie.»105

Cho prétend cependant que c'est Dieu lui-même qui lui aurait révélé ce principe. Au début de son ministère, il avait l'impression de regarder mentalement la télévision. Sur «l'écran de son esprit», il voyait des tuberculoses guérir, des tumeurs disparaître, des infirmes jeter leurs béquilles et se mettre à marcher. Il avait interprété cela comme un obstacle que Satan dressait sur son chemin. Aussi, chaque fois que ce phénomène se reproduisait, disait-il: «O toi, esprit d'obsta­cle, éloigne-toi de moi. Je t'ordonne de partir. Eloigne-toi de moi.»106

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«C'est alors que dans mon coeur, j 'a i entendu le Seigneur me dire: "Mon fils, cet obstacle ne vient pas de Satan. C'est le désir même du Saint-Esprit. C'est la parole de sagesse et de connaissance. Dieu veut guérir ces gens-là, mais il ne peut le faire si tu ne parles pas.»107

Après cette «révélation», Cho s'est mis à proclamer la guéri­son de toutes les maladies qu'il voyait apparaître dans son esprit. «Pendant que je suis debout, en chaire, le Seigneur me montre les guérisons qui ont lieu, et je les nomme. Je me contente de fermer les yeux et de les proclamer. Dès qu'ils savent qu'ils sont guéris, les gens se lèvent.»108

Ces expériences ont conduit Cho à formuler quelques exhortations:

«Revendiquez et parlez le langage de l'assurance car vos paroles sont appelées à créer. Dieu a parlé, et le monde entier a été créé. Votre parole est la matière dont l'Esprit se sert pour créer.»109

Mais Cho fait un pas de plus et enseigne que par la puissance de nos paroles, nous pouvons appeler «la présence de Christ» et libérer «la puissance de Jésus»:

«Jésus est lié à ce que vous proclamez. Comme vous pou­vez libérer la puissance de Jésus par le moyen de la paro­le que vous prononcez, vous pouvez aussi créer la présen­ce du Christ. Si vous ne proclamez pas clairement la parole de la foi, le Christ ne peut pas être libéré.»110

«Soyez audacieux. Recevez le don de la hardiesse, puis proclamez la parole. Proclamez hardiment la parole et créez la présence de Jésus-Christ. Libérez cette présence particulière de Jésus-Christ dans votre assemblée, et vous en verrez les fruits.»111

«Enfin, il convient de souligner que votre parole façonne

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votre vie car le siège de la parole contrôle tous les nerfs. C'est pourquoi, le parler dans une autre langue est le signe initial du baptême dans le Saint-Esprit. Lorsque ce dernier prend le contrôle du centre du langage, il contrôle les nerfs et tout le corps. Ainsi donc, lorsque nous parlons en d'autres langues, nous sommes remplis du Saint-Esprit... Donnez votre parole au Saint-Esprit afin qu'il puisse s'en servir pour créer. Puis libérez la présence de Jésus-Christ par l'intermédiaire de la parole... Rappelez-vous que le Christ dépend de vous et de votre parole pour libérer sa présence.»112

Nous devons, en conclusion, fortement souligner que Y. Cho se réclame beaucoup de «la révélation de Dieu» mais qu'il ne cite aucun verset pour étayer ses théories.

Afin de ne pas sortir du cadre de cet ouvrage, je renonce à faire l'examen critique, appuyé sur la Bible, des enseigne­ments et des pratiques de P. Yonggi Cho. Je renvoie le lec­teur aux chapitres intitulés «Positives Denken» (La pensée positive), «Visualisierung» (La visualisation) et «Evangeli-um und Wohlstand» (Evangile et prospérité) de mon livre «Spiel mit dem Feuer».

Toutes les déclarations précédentes montrent à l'évidence que Cho a, de la «foi», une conception radicalement dif­férente de celle de la Bible. La foi, au sens biblique, est une ferme assurance dans les déclarations et les promesses divi­nes. Cho, quant à lui, affirme que la foi est une «force de la quatrième dimension», une force que l'on peut développer en soi, grâce au procédé de visualisation, afin de créer des objets, de les influencer ou de les modifier.

P. Yonggi Cho reconnaît que les bouddhistes et les adep­tes du yoga utilisent l'énergie de cette «quatrième dimen­sion». Il maintient cependant que cette énergie est un don de Dieu. Cho est certainement de bonne foi mais cela n'ôte rien au fait qu'il participe, malgré lui, à la propagation de pra­tiques occultes en les revêtant d'un vernis «chrétien». La 66

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croissance extraordinaire de son église et les vues justes qu'il défend dans d'autres domaines, ne doivent pas voiler nos yeux devant cette triste réalité.

Les théories de P. Yonggi Cho sur la «quatrième dimen­sion» déforment la foi biblique. C'est pourquoi nous consi­dérons Cho comme un faux docteur.

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Reinhard Bonnke: La «moissonneuse-batteuse de Dieu» R. Bonnke naquit en 1940 dans la famille d'un prédicateur pentecôtiste du Schleswig-Holstein. Il se convertit à l'âge de neuf ans. Un an plus tard, au cours d'une rencontre d'un groupe de maison, une dame eut une «vision»: elle voyait un petit garçon qui rompait le pain pour des milliers d'hommes noirs. Elle se tourna alors vers Reinhard qui se tenait près de son père, et dit: «C'est ce petit garçon qui était là dans ma vision.»1

Déjà à l'âge de onze ans, sa décision était prise: il devien­drait missionnaire en Afrique. Encore jeune adolescent, il vit dans un rêve une carte d'Afrique où ressortait le nom d'une ville: Johannesburg. A quinze ans, R. Bonnke fit sa première expérience des «flots de puissance de Dieu»:

«Pendant une réunion de prière en petit groupe, brusque­ment les flots de puissance de Dieu m'ont traversé. C'était comme si j 'avais mis les doigts dans une prise électrique. Dans mon coeur, j'entendis très distinctement ces paroles: "Lève-toi et impose les mains à la soeur qui est derrière toi. Elle se trouve dans une grande détresse." Une panique affreuse s'empara de moi: qu'allait penser mon père, prédicateur de cette assemblée? Mais le Sei­gneur renforça les flots que je ressentis encore plus intensément. Finalement, je me levai d'un bond et impo­sai les mains à cette femme. Je sentis les flots de puis­sance sortir de mes mains et passer en elle.»2

En 1959, R. Bonnke entra à l'école biblique de Swansea (Pays de Galles) qui, à la surprise de ses parents et de son assemblée, «n'était absolument pas pentecôtiste, mais adop­tait une position évangélique très conservatrice». Il lui fut

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pourtant possible de parler en langues, dans la prière, sans irriter ses professeurs et ses condisciples car «ceux-ci pen­saient qu'il parlait allemand»3. Dans cette école, on lui apprit à vivre «par la foi». Tous les besoins des employés et de l'école étaient présentés dans la prière à Dieu sans que qui que ce soit d'autre en fût informé. Comme à son habitu­de, le directeur annonça un jour un exaucement de prière. Bonnke prononça alors une prière peu ordinaire: "Seigneur, je voudrais devenir un homme de foi si tu es prêt à me faire confiance»4.

En 1961, il acheva ses deux ans de formation. Le jour de son retour en Allemagne, entre deux trains, on le conduisit à Londres chez George Jefferey. Dans les décennies précéden­tes, cet homme avait apporté «au peuple britannique le feu du plein évangile»... «avec de puissants signes et miracles». Evoquant cette rencontre, Bonnke rapporte: «Il semblait avoir 90 ans mais n'en avait, en réalité, que 72. "Que dési­res-tu?" me demanda-t-il. Je me présentai et nous nous mîmes à parler de l'oeuvre de Dieu. Soudain le grand hom­me tomba à genoux, m'entraîna à sa suite et se mit à me bénir. La puissance du Saint-Esprit remplit la pièce et j 'eus le sentiment que, comme l'huile d'Aaron, l'onction coulait, depuis ma tête jusqu'au bord inférieur de mes vêtements. Tout étourdi, je me relevai et pris congé. Quatre semaines plus tard, Jefferey entra dans la gloire. Les choses s'étaient passées exactement comme avec le prophète Elie»5.

Rentré en Allemagne, R. Bonnke fit ses premières expéri­ences dans l'évangélisation sous tente et participa à l'implantation d'une église à Flensburg. Peu après, il épousa Anni et partit avec elle en Afrique du Sud pour y accomplir un travail missionnaire, au Lesotho principalement pendant les premières années.

En 1970, il fit là, entre autres, l'expérience de «la gloire et de la présence de Dieu» qu'il ne put exprimer en paroles. Dans une situation de détresse financière, il entendit une voix lui dire: «Le pot de farine ne se videra pas et la cruche

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d'huile ne tarira pas.» - «Eh bien d'accord, Seigneur, répon­dit Bonnke, le pot c'est une chose, et la cruche en est une autre. Ma tâche sera de verser et Toi, Tu vas te charger de toujours les remplir.» Depuis lors, ajoute Bonnke, dans l'accomplissement des tâches que Dieu m'a confiées, je ne me suis jamais retrouvé dans le rouge. Si parfois j 'a i mis un compte à découvert, j 'a i pu ensuite constater que les dons correspondants au débit avaient été versés entre-temps.6

C'est à peu près à cette époque que se situe aussi la cam­pagne d'évangélisation où Bonnke fit l'expérience des pre­mières guérisons. Il avait invité un évangéliste réputé à pren­dre la parole dans sa tente de 400 places. Mais en pleine pré­dication, cet «homme de Dieu» abandonna la partie en demandant à Bonnke de continuer. Et lorsque le lendemain, Bonnke se mit à prêcher, «la puissance de Dieu» vint sur lui, sur son traducteur et sur ses auditeurs:

«Je pus à peine continuer à parler. Une voix distincte pénétra en mon coeur et j'entendis des paroles que je n'avais jamais entendues auparavant. Le Seigneur dit: "Mes paroles dans ta bouche ont la même puissance que mes paroles dans ma bouche."7 Et de nouveau, la voix du Saint-Esprit le pressa: "Appelle tous ceux qui sont complètement aveugles et prononce la parole d'autorité..." Il regarda ces pauvres aveugles et, prenant courage, il déclara: "Je vais maintenant m'adresser à vous avec l'autorité de Dieu et vous allez voir un homme blanc dressé devant vous. Vos yeux vont s'ouvrir."»8

Lorsque Bonnke se fut écrié: «Au nom de Jésus-Christ, que les yeux fermés s'ouvrent!», une femme aveugle depuis qua­tre ans recouvra la vue et un enfant estropié fut guéri.

Cette expérience amena Bonnke à la conclusion que Dieu lui avait confié un ministère de dimension supérieure, et il quitta le Lesotho pour Johannesburg. C'est à cette période qu'il forgea son «cri de guerre», dénué de tout fondement 70

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biblique mais souvent répété: «Nous allons piller l'enfer et peupler le ciel!»9 Plus tard, il y ajouta encore un complé­ment: «... et tondre le diable à ras».

A partir de 1975, le travail missionnaire de Bonnke prit pour dénomination «Christ pour toutes les nations» (Christ for ail Nations, CfaN en abrégé).

«Terrassé par l'Esprit-Saint» En 1976, Bonnke prêcha au Botswana et, à cet effet, il loua le stade. Il vit alors pour la première fois des gens tomber par terre. Lorsqu'on lui en demanda l'explication, il répondit: «Il n'y a pas de miracle lorsque quelqu'un tombe à la renver­se, mais sûrement un signe - un signe de la présence de Dieu.»10

A la fin de la campagne d'évangélisation, Bonnke fut pressé par le «Saint-Esprit»: «Prie pour que les personnes présentes reçoivent le baptême du Saint-Esprit.» Il demanda alors à un collaborateur de donner aux auditeurs une étude biblique sur le baptême de l'Esprit, «mais cela ne servit pas à grand chose et surtout, cet adjoint oublia complètement un point très important: il ne dit rien du parler en langues».11

Lorsqu'ensuite, le public fut invité à s'avancer, un millier de personnes répondirent à l'appel, et voici ce qui se passa alors:

«A l'instant où ils levèrent leurs mains, ce fut comme si quelque chose avait explosé au milieu d'eux. Quelques secondes plus tard, tous ceux qui étaient debout s'étalèrent de tout leur long sur le sol. Et tous priaient et louaient Dieu en de nouvelles langues. Emerveillé, Rein­hard contemplait ce saint désordre. Jamais il n'avait vu chose pareille.»12

Ce phénomène est typique du ministère de R. Bonnke. En 71

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général, lors de ses campagnes d'évangélisation, il consacre une soirée au thème: «Le baptême d'Esprit et de feu», suite à quoi il arrive fréquemment que des milliers de personnes tombent à la renverse en l'espace de quelques secondes, généralement sur le dos, et se mettent à parler en langues. Ce «désordre» souvent chaotique de gens étendus en partie les uns sur les autres, Bonnke le désigne par l'expression «ter­rassé par l'Esprit» ou «terrassé par la puissance de Dieu».

Lors du «congrès charismatique» qui s'était tenu à Berlin en 1980, Bonnke raconta:

«Le dernier jour, nous eûmes ce que nous appelions "la nuit du Saint-Esprit", et je prêchai sur le baptême d'Esprit et de feu. Quand nous demandâmes qui désirait recevoir sur-le-champ le baptême du Saint-Esprit, environ 5000 personnes descendirent sur le terrain du stade. A peine eu­rent-elles élevé les mains qu'elles se mirent à louer Jésus. Ce fut comme si une bombe explosait. En l'espace de trois secondes environ, toutes les 5000 personnes étaient al­longées par terre... En passant au milieu d'elles, tandis qu'elles se relevaient, j ' en entendis des milliers louer le Seigneur en de nouvelles langues. Le Seigneur dit: "L'époque de la faucille est révolue, voici celle de la mois­sonneuse-batteuse!" C'est pourquoi j'attends à présent une nouvelle tente capable d'accueillir 34 000 personnes. Dieu nous a déjà donné la moitié de son prix, n'est-ce pas formi­dable? Je suis sûr que le reste ne tardera pas à venir. Alors, en Afrique, nous tondrons le diable à ras. Alléluia!»13

Evangélisation de niasse Après la campagne d'évangélisation à Garborone, Bonnke eut le sentiment de «devoir évangéliser les masses». Dès lors, les gros chiffres jouent un rôle important dans ses comptes-rendus.

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«Les grands nombres le fascinent. Pas pour lui-même, cependant, mais pour la cause de Dieu et celle de la mis­sion que Dieu lui a confiée. 11 déclare: "L'opinion publi­que ne s'intéresse pas à des photos ne présentant qu'une poignée de gens. Ce sont les grandes masses qui impres­sionnent. Le jour où les gens ne viendront plus à nous en foule, nous devrons commencer à nous poser de sérieuses questions."»14

En 1976, au cours d'une réunion d'évangélisation sous tente, une pluie torrentielle s'abattit et des trombes d'eau eurent tôt fait de traverser la tente; Bonnke cria alors à Dieu: «S'il te plaît, donne-nous donc un toit correct sur nos têtes.» En un éclair, la réponse fut donnée à son coeur: «Fais-moi confian­ce pour une tente de 10 000 places!» Bonnke répondit: «Je te fais confiance, Seigneur.»15

Deux ans plus tard, la tente arriva en Afrique du Sud où entre-temps, le nouveau bâtiment administratif avait été éri­gé à Witfield.

Mais bien vite, cette tente se révéla à son tour trop petite, et après que Dieu lui «eût dit d'une manière très précise: "Le temps de la faucille est révolu, voici venu le temps de la moissonneuse-batteuse"», il exprima le désir d'avoir une autre tente capable de contenir 34 000 personnes, la tente la plus vaste du monde.

«Avec cette tente, nous voulons en priorité atteindre l'Afrique du Sud, mais Dieu a récemment révélé à notre équipe qu'il voulait aussi l'utiliser sur tout le continent. "Je vais multiplier la moisson par trois, car le temps est court. Mais je répandrai aussi une triple onction de l'Esprit-Saint sur vous."»16

Bonnke crut tout d'abord qu'il pourrait disposer de cette ten­te pour l'Afrique en 18 mois, mais il dut attendre cinq ans. Il ne put l'inaugurer qu'en 1984.

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En 1981, R. Bonnke participa aux «Journées de confession de Berlin», organisées suite à une vision de V. Spitzer. Il fut enthousiasmé et rapporta ce qui suit:

«...Il se produit des signes et des miracles, comme au temps des Actes des apôtres. En Allemagne, un opticien est venu me voir et m'a dit: "J'aimerais faire un don pour l'Afrique." Bien sûr, je m'en réjouis vivement car nous avions un pressant besoin d'argent. Mais il continua: "J'aimerais vous donner 3 000 paires de lunettes à emme­ner en Afrique et à distribuer parmi les Noirs démunis." Des lunettes? Lors de nos campagnes d'évangélisation, nous ne distribuons pas de lunettes, nous en collectons! Que de fois n'avons-nous pas vu Dieu ouvrir des yeux aveugles! Vous voyez le tableau: d'abord nous prions pour les aveugles, ils sont guéris et ensuite, nous irions distribuer des lunettes? Cela ne va pas ensemble.»17

(Depuis lors, R. Bonnke porte lui-même des lunettes et a dû certainement adopter une attitude plus souple à l'égard d'éventuelles offres de ce genre!)

En 1982, R. Bonnke répondit à l'invitation de Y. Cho à Séoul pour visiter son église. Bonnke posa «mille questions» à Cho et «retourna en Afrique du Sud avec une foi plus forte». «Lorsque j 'a i vu ce que Cho fait et comment Dieu le bénit, j 'ai dit: "Seigneur, j 'a i attendu beaucoup trop peu de toi"».18

A cette époque, R. Bonnke passait déjà pour être le «Billy Graham de l'Afrique»; «il a été reconnu dans le monde ent­ier comme l'une des figures de proue dans le domaine de l'évangélisation»19, et a reçu des invitations en provenance de presque tous les pays du monde. Hors des frontières de l'Afrique, ses campagnes d'évangélisation furent également accompagnées de «signes et de miracles», et, à Helsinki en 1983, il arriva même qu'un homme «tomba à terre sous la puissance de Dieu», après avoir tiré sur un pan de la veste de R. Bonnke.

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Il allait donc de soi qu'il se rende, lui aussi, au «Congrès Billy Graham» organisé à Amsterdam en 1983 à l'intention des évangélistes.

«Les espoirs de Reinhard étaient immenses. Non seule­ment parce qu'on lui donna l'occasion de prendre la paro­le mais aussi parce qu'il comptait y faire la connaissance d'un maximum d'évangélistes d'Afrique. II voulait ren­contrer des hommes qui pensaient comme lui, partager sa vision avec eux, gagner leur confiance et s'assurer leur collaboration.»20

Là, il eut son premier entretien avec Billy Graham «qui sur­prit Reinhard par sa bonne connaissance de l'oeuvre CfaN».21

Cette année-là, il rendit également visite à T.L. Osborn, évangéliste guérisseur extrémiste bien connu mais rejeté par la plupart des communautés pentecôtistes.

Osborn, par exemple, fournit à ses collaborateurs des camionnettes, des projecteurs, des films montrant les miracles qu'il a opérés, des prédications enregistrées, et les envoie à travers le monde pour annoncer son message. Ces voitures ainsi équipées, Osborn les appelle les «moissonneu­ses-batteuses». Osborn est encore connu pour expédier, con­tre des dons en argent, des cartes et des foulards «bénis», réputés capables de protéger de malheurs ou de maladies. Voici ce que Karl Hutten écrit à son sujet:

«Osborn a atteint un sommet du mauvais goût lorsqu'en novembre 1976, il a diffusé un petit carré de bois. Celui-ci provenait, disait-il, d'une vieille estrade où il s'était tenu pendant une rencontre et sur laquelle de nombreux miracles se seraient produits pendant son service de guérison. Sur cette estrade était resté étendu pendant deux heures le cadavre d'un auditeur tombé d'un arbre et ensuite "ressuscité des morts". Comme Dieu lui avait soi-

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disant révélé que "la puissance qui reposait sur l'estrade reposait aussi sur chacun des morceaux constituants", il envoya un petit morceau de cette estrade à tous ceux qui faisaient des dons, en leur disant: "N'en fais pas cadeau, ne le perds pas, mais conserve-le précieusement car il n'est destiné qu'à toi personnellement et ne pourra être remplacé"! On a comparé les morceaux de bois et on a constaté qu'ils étaient d'origine différente et ne pouvaient pas provenir d'un seul et même plancher» (Hutten: Seher, Griibler, Enthousiasten, p. 370).

Bonnke profita de l'occasion pour «échanger» avec Osborn «ses espoirs et projets d'avenir» pendant deux heures.

«Les deux hommes se quittèrent dans un esprit d'amour et de partenariat. Avant de sortir du bureau d'Osborn. Bonnke demanda au célèbre évangéliste de prier pour lui. "Non, frère, répondit Osborn, c'est à toi de prier pour moi." L'Américain était impressionné par son frère évangéliste allemand et par la grandeur de sa vision pour l'Afrique».22

Cette même année, Bonnke rencontra aussi Pat Robertson, le fondateur et directeur de CBN, la plus grande chaîne de télévision chrétienne américaine (P. Robertson fut d'ailleurs candidat aux élections présidentielles américaines en 1988). Robertson «promit à la CfaN une importante somme d'argent pour 1984 et une autre somme non négligeable fut remise à l'instant même»23, de sorte que Bonnke put retour­ner en Afrique avec des dons et des promesses de dons con­sidérables.

Avec le temps, l'attitude de R. Bonnke à l'égard des appels de fonds a bien évolué. A la fin des années 70, il con­cluait une prédication en ces termes: «Nous vivons un miracle après l'autre. Sans jamais solliciter de crédit, nous avons pu honorer toutes nos factures. Et les choses n'ont pas

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changé jusqu'à ce jour. Jamais encore nous n'avons payé un seul centime d'intérêts. Je ne demande jamais d'argent aux hommes, je le demande à Dieu.»24 En 1983, il déclarait encore: «Dieu paie tout ce qu'il commande et la grande tente n'est pas mon affaire, c'est la sienne.»25 Mais à partir de ce moment, les appels de fonds directs et indirects se sont faits de plus en plus précis.

1985: «Le Seigneur m'a montré qu'il va inciter les coeurs comme nous ne l'avons jamais vu faire, et que l'argent va bientôt rentrer sous forme de miracles en réponse à la prière. Le versement de l'argent doit être effectué le 15/1/1986...»

1987: «Mais il nous reste toujours 1,65 millions de DM de dettes (environ 5,5 millions de F) qui nous oppressent -moi surtout; il me suffit de penser aux intérêts... Il y a eu des campagnes d'évangélisation suspendues à un fil...D'avance, je vous remercie pour toute intercession et toute forme d'aide concrète, si modeste soit-elle...»26

1988: «Mais nous avons un pressant besoin de soutien financier accru, si nous voulons maintenir ce rythme. Il nous faut d'urgence trouver plus de PARTENAIRES ACTIFS! Des partenaires qui soient prêts à intercéder sérieusement et à aider financièrement.»27

1989: «...De nombreux destinataires du REPORTAGE MISSIONNAIRE ne se sont pas manifestés pendant toutes ces années, ne serait-ce qu'une seule fois. Par ce message, je leur tends la main: nous avons besoin, entre partenaires, d'une relation qui engage davantage. Il nous en coûtera beaucoup de prières communes mais aussi de sacrifices communs, si nous voulons atteindre le but fixé par Dieu.»28

Depuis lors, bien rares sont les rapports missionnaires ou les circulaires dans lesquels on ne demande pas, plus ou moins ouvertement, de l'argent.

C'est le 18 Février 1984 que fut inaugurée la grande tente. A cette occasion, des visiteurs venus de nombreux pays firent le voyage. Le culte d'inauguration fut présidé par N. Bhengu et Paul Schoch. Bonnke apporta le message cen-

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tral. 5000 personnes répondirent à l'appel lancé pour rece­voir Jésus comme Sauveur. Mais le 6 mai, à peine onze semaines après la première mise en service, tandis que R. Bonnke participait à Calcutta à un congrès des «Hommes d'affaires du plein évangile», une tempête déchiqueta le toit de la nouvelle tente dressée au Cap.

«La plus vaste tente d'évangélisation du monde n'existait plus. A sa place, il ne restait qu'un squelette de mâts, d'acier et de cordes. Quelques pans du toit de la tente pendaient encore lamentablement mais la majeure partie des quelque dix tonnes de bâche avait été balayée par le vent à travers les rues et les jardins de Valhalla... Cinq années de travail venaient d'être anéanties en quelques heures. C'était incroyable.»29

Celui qui était parti «tondre le diable à ras» dut, à son retour d'Inde, affronter une dure réalité: «les mâts d'acier poin­taient nus et raides vers le ciel. A côté d'eux, traînaient des morceaux de toile déchirée qu'on avait roulés et ficelés en ballots»30. A Calcutta, le 6 mai, jour de la catastrophe, Bonnke avait encore loué et glorifié le Seigneur «parce que cela faisait vingt-cinq années, jour pour jour, qu'il était au service du Seigneur»31 (On arrive à ces 25 ans si on compte comme «service» les deux années de formation à l'école biblique). Après la destruction de la tente, Bonnke se posa la question: «Cette attaque contre la tente, était-elle le cadeau d'anniversaire du diable?»

Pourtant, à son retour en Afrique du Sud, il déclara coura­geusement: «Ce n'est qu'un début. Le diable a franchi la li­mite qui lui était fixée. Dans mon coeur, je sais qu'une chose formidable se prépare. Notre service est fait de miracles.»32

Dix-huit mois plus tard, la tente put être remontée, Ken-neth Copeland, un disciple de K. Hagin et propagateur de 1'«Evangile de la prospérité» ayant promis de payer le nou­veau toit.

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«La somme nécessaire pour le nouveau toit m'a été donnée par le célèbre et bien-aimé prédicateur américain, Kenneth Copeland. Le montant s'élevait à 2,53 millions de DM exactement»33 (soit plus de 8 millions de F).

Déménagement en Allemagne En 1985, année «considérée comme la plus traumatisante pour Reinhard et son équipe», CfaN décida de transférer son bureau central de Witfield à Francfort (Allemagne) où, à la fin de l'année, Bonnke put acquérir un terrain avec des bureaux et des logements. Ce transfert eut pour conséquence la dé­mission d'un grand nombre de collaborateurs de longue date.

«Congrès de feu» à Harare (Zimbabwe) en 1986 Dès 1983, R. Bonnke s'était rendu à Amsterdam au congrès des évangélistes, avec le projet d'organiser un «Congrès de feu» en Afrique et d'y prendre contact avec des évangélistes africains. En avril 1986, le but était atteint: quelque 4000 délégués du monde entier se réunirent au très moderne palais des congrès de Harare.

Parmi les orateurs figuraient Loren Cunningham (fonda­teur de «Jeunesse en Mission»), Kenneth et Gloria Cope­land, et R. Schuller, l'initiateur de la «pensée positive». C'est pendant ce congrès que la tente fut réparée et inau­gurée à nouveau par Kenneth Copeland qui avait pris à sa charge les frais de la nouvelle toiture. Quant au congrès, il fut qualifié de «seconde Pentecôte». Voici le compte rendu enthousiaste de Copeland:

«Nous approchons du plus grand jour de salut de Dieu. Nous assistons au rachat de tout un continent. A ce CON­GRES DE FEU, j 'a i vécu des moments que je n'avais

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jamais connus auparavant. L'atmosphère était chargée de RENOUVEAU, de FOI et d'UNITE, ce qui revigora mon coeur. Il est indéniable qu'il s'agissait de l'esprit de renouveau le plus magnifique que j 'a ie expérimenté jus­qu'alors.»34

Pendant ce congrès, Dave Newburry prononça une «parole prophétique sur R. Bonnke, après que celui-ci se fut écroulé à terre «sous l'onction de l'Esprit». «Il y fut dit qu'une effu­sion du Saint-Esprit, encore plus grande, allait avoir lieu et qu'au nom de Jésus, Reinhard allait atteindre des peuples entiers et se tenir devant des dominateurs et des rois. Il y fut ajouté que le Seigneur allait rassembler une puissante armée et envoyer du renfort au ministère de CfaN, et que ce serait l'époque d'un nouveau mouvement du Saint-Esprit dans le monde.»35

«Prélude à la plus grande effusion du Saint-Esprit en Europe» «Le Congrès de feu» de 1987 à Francfort Le déménagement à Francfort eut naturellement pour autre conséquence le fait que les activités de Bonnke ne se con­centrèrent plus en priorité sur l'Afrique mais inclurent aussi, de plus en plus, l'Europe. «L'Esprit du Seigneur a claire­ment dit que notre déménagement à Francfort est lié au plan de Dieu pour l'Europe.» Il allait donc de soi qu'un «Congrès de feu» soit également prévu à Francfort. Il eut lieu en 1987. Voici ce que promirent les invitations:

«Prélude à la grande effusion du Saint-Esprit en Europe... Dieu va accomplir des signes et des miracles. Une ère nouvelle s'ouvre pour l'Europe... L'Allemagne, la Suis­se, l'Autriche, l'Europe entière vont être saisies par la gloire et la puissance du Saint-Esprit...»

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R. Bonnke, qui n'a manifestement pas remarqué la sage mise en garde de Proverbes 27:2, «Qu'un autre te loue, et non ta bouche, un étranger, et non tes lèvres», n'a pas craint d'écrire, dans cette invitation, les lignes suivantes:

«Après environ sept années de travail missionnaire local au ralenti, comme missionnaire en Afrique, j 'a i passé par un revirement spirituel. Des signes et des miracles se sont produits. Des hommes ont commencé à se convertir en masse. Un seul culte a vu affluer des centaines de milliers venus écouter la parole de Dieu. J'ai eu le privilège d'in­diquer le chemin qui mène à Jésus à des millions d'âmes précieuses. Oui, lors d'une mission en 1986, j 'a i vu envi­ron 100 000 personnes être baptisées du Saint-Esprit et de feu. Comment ne pas appeler une intervention aussi majes­tueuse de Dieu, un SEISME SPIRITUEL!» Et l'Europe? Je suis convaincu que Dieu a encore de grands projets pour l'Europe. Il peut, d'un jour à l'autre, faire de la marée basse une marée haute! L'HEURE EN EST VENUE! Les flots de la gloire de Dieu vont déferler sur l'Europe! Personne ne saura ériger une barrière à l'in­tervention de Dieu. Je vois ce congrès comme un PHARE, un signal lancé à toute l'Europe. Le Seigneur m'a parlé d'une manière très concrète et je n'exclus même plus la mise en service en Europe de notre grande tente africaine. Nous en aurons sérieusement besoin, une fois la moisson commencée. Une nouvelle ère spirituelle a commencé pour l'Europe. Ce feuillet est l'APPEL que Dieu vous adresse, cher lecteur, à être des nôtres à Francfort...»

Du 5 au 9 août 1987, près de 14000 personnes se réunirent au Parc des expositions de Francfort. Parmi les orateurs, se trouvaient Loren Cunningham, Ray Me Cauley, Benny Hinn. Paul Schoch, Vilson Synan. C'est surtout lors des réunions du soir que l'atmosphère était survoltée. Musique, chants en langues, prophéties, guérisons, applaudissements

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(comme une offrande) et même danses: «Frères et soeurs, télévision ou pas, maintenant il faut danser!»

Chaque fois que «l'onction spéciale» était proposée, les participants se ruaient vers l'avant pour aller en chercher leur portion par imposition des mains et ensuite tomber à ter­re, «terrassés par l'Esprit». Benny Hinn n'hésita pas à proclamer: «Le Saint-Esprit m'a dit que tous ceux sur qui je soufflerai ce soir recevront l'onction spéciale.» Puis il souf­fla dans le micro, et par travées, selon la direction dans laquelle Hinn soufflait, les gens s'écroulaient et une bonne partie, en se relevant, éclatait d'un rire que Hinn déclara être «le rire du Saint-Esprit».

Lors des réunions du soir, le message de Bonnke consis­tait en un amalgame de paroles murmurées et prononcées d'une voix plaintive puis finalement hurlées, souvent inter­rompues de «prophéties», de «parler en langues», de «chants en langues» et d'«alléluias» sonores et marqués d'applaudis­sements du public.

Le dernier soir, Bonnke invita tous les évangélistes pré­sents à s'avancer pour une «onction spéciale». Sur ce, la grande majorité de l'auditoire se pressa vers l'avant pour se faire imposer les mains en accéléré par Bonnke puis s'écrou­ler «touchés par la puissance de Dieu».

L'article paru dans le «Kasseler Sonntagsblatt» ne man­que pas de réalisme:

«Dans un show hypnotique, où pullulaient des chefs d'oeuvre de mise en scène, Reinhard Bonnke a réussi, après quelques difficultés initiales (il avait une extinction de voix), à ensorceler ces 10 000 personnes.»36

A l'opposé, C. Lemke, rédacteur de la revue «Reportage Missionnaire» de CfaN, propose cette rétrospective:

«Je suis convaincu qu'à Francfort Dieu a mis en oeuvre une nouvelle tranche précise de son plan de salut. Il y a

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une convergence de forces. Beaucoup de feux isolés se rassemblent en vastes incendies qui ne tarderont pas à produire une tornade de feu. C'est biblique; c'était pro­mis. Alors, pourquoi ne pas l'accepter?»37

Congrès «Feu sur l'Europe» tenu à Birmingham (Angleterre) en 1988 Un autre congrès similaire se tint à Birmingham du 19 au 24 juillet 1988. Sur les invitations, Bonnke écrivait:

«...Le moment est venu de frapper le deuxième coup: du 19 au 24 juillet, à Birmingham, en Angleterre, nous atten­dons entre 30 000 et 40 000 participants. A cet effet, et par précaution, nous avons déjà loué le stade «Villa Park», les grandes salles étant trop exiguës. Un sujet de joie particulier pour moi: le président de l'Alliance Evangélique de Grande Bretagne, le Rév. Clive Carver, sera un de nos orateurs. A l'extérieur de la République fédérale, notre audience de pentecôtistes et de charisma­tiques est d'une importance considérable. Le feu du Saint-Esprit touche toute la base du peuple de Dieu et c'est un motif de grandes réjouissances... Le Seigneur m'a montré une Europe embrasée de l'éclat de sa gloire. Ce sera une percée massive. Conclusion: aucun de tous ceux qui ont soif de renouveau et d'évangé­lisation dans l'Esprit-Saint ne peut se permettre de ne pas venir à Birmingham...»38

Certes, les 40 000 participants attendus ne vinrent pas mais, d'après nos propres données, 19 000 personnes environ assis­tèrent à la séance de clôture.

Après cette manifestation, le «Reportage Missionnaire» du CfaN établit la comparaison suivante entre le congrès de Birmingham et celui de Francfort:

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«"Feu sur l'Europe" de Francfort a été un souffle mugis­sant, majestueux, loin d'être timide. La tragique division du pays en deux n'a pas été passée sous silence. L'écho dans les médias a été grand et bien plus positif que prévu. Les églises et les communautés ont dressé l'oreille et sont impatientes de voir ce que Dieu va entreprendre désormais. "Feu sor l'Europe" de Birmingham s'est, de même, forte­ment fait ressentir et entendre. Là aussi on a crié de joie, on a ri, dansé, mais aussi pleuré de tristesse, sur le péché et la culpabilité, ou pleuré de joie. Pourtant, tout était plus doux, plus naturel et même, d'une certaine façon, plus détendu. Les médias n'y ont pas vu le grand événement. Mais les chrétiens, originaires de tant d'églises et de com­munautés - même ceux qui n'étaient pas là - y ont vu un signe de Dieu. C'est bien là ce qui compte et qui atteindra l'Europe continentale à son tour!»39

Dans une rétrospective sur l'année 1988, Bonnke écrit:

«Pour mon équipe et moi-même, 1988 fut l'année de ma vie la plus riche en bénédictions et en fruits. Sans aucune exagération et avec un coeur humble, je peux affirmer que nous n'avons encore jamais pu engranger une mois­son d'âmes aussi imposante pour Jésus-Christ. Des mil­lions d'hommes ont entendu l'Evangile et ont accueilli Jésus-Christ comme leur Sauveur et Seigneur personnel. Des centaines de milliers ont reçu le baptême du Saint-Esprit et d'innombrables personnes ont fait, dans leur corps malade, l'expérience de la puissance de guérison de Jésus. Voilà des signes dont Dieu marque notre temps mais nous avons de bonnes raisons de croire qu'il s'en produira encore davantage... Et c'est ce qui m'amène à parler de la nouvelle année 1989. Le Seigneur nous a fixé le «programme»: de l'Afrique jusqu'à Singapour et en Indonésie, de l'Union Soviétique jusqu'aux Etats-Unis, d'Amérique du Sud jusqu'en Scandinavie!»40

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Les caractéristiques de la troisième vague chez R. Bonnke Comme R. Bonnke enseigne moins qu'il n'évangélise, on ne peut s'appuyer que sur sa pratique, ses prédications et ses comptes rendus pour constater les effets de certains ensei­gnements.

Rêves et visions Le ministère de Bonnke a toujours été jalonné de rêves, de visions et d'apparitions. Ses explications, ci-après, à propos des rêves montrent combien ses vues sont proches de celles de Yonggi Cho:

«Les rêveurs sont des gens qui transforment le monde. Josué n'était plus un jeune homme et s'est d'avance approprié la parole du prophète Joël: "Vos anciens auront des songes". Des rêves de prises de possession du monde pour Christ sont la caractéristique des charismatiques. C'est cette vision qui, à l'origine du mouvement pen­tecôtiste, amena les gens à rechercher avec insistance la puissance du Saint-Esprit. C'est aussi dans ce but que Dieu a accordé la puissance. C'est la troisième étape de la marche triomphale de Dieu. Acquiers une vision spiritu­elle de ce que tu veux faire pour Dieu, puis mets-toi au travail et transpose-la en actes. Par défaut de vision, le peuple de Dieu se perd.»41

La «quatrième dimension» Cette doctrine de Yonggi Cho transparaît, elle aussi, dans le ministère de R. Bonnke:

«Il nous est impossible de servir Dieu sur le terrain de la seule intelligence humaine. Je m'étonne toujours à pro-

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pos des gens qui s'imaginent pouvoir expliquer logique­ment la puissance miraculeuse de Dieu. Comment vou­lez-vous, par exemple, expliquer logiquement que Jésus ait marché sur la mer? Tout cela n'a rien à voir avec la logique mais seulement avec la quatrième dimension, avec la capacité de Dieu d'opérer des miracles. Là, nous nous mouvons sur un autre plan, celui de Dieu.»42

La puissance de la parole prononcée Tout comme Y. Cho, R. Bonnke reçoit des images et des impressions de guérison qu'il traduit ensuite en paroles:

«Tandis que Reinhard se taisait pour laisser parler son traducteur, il entendit en son for intérieur des paroles qui faillirent lui couper le souffle: "Mes paroles dans ta bou­che ont autant de puissance que mes paroles dans ma pro­pre bouche". Fiévreusement, il réfléchit, tandis que "la voix" répétait ces mêmes mots. Puis, comme dans un film, Reinhard vit la puissance de la parole de Dieu. Dieu parla et la chose arriva. Jésus avait dit à ses disciples d'ordonner à la montagne de se jeter dans la mer et elle le ferait... Le traducteur s'était tu et Reinhard continua à prêcher. A nouveau la voix du Saint-Esprit le pressa: "Appelle tous ceux qui sont totalement aveugles et reven­dique leur guérison au moyen d'une parole d'autorité." Il avait de la peine à croire ce qu'il entendait au fond de lui-même, mais n'osait pas désobéir au Saint-Esprit...»43

Le biographe de Bonnke conclut ce récit par ces mots: «Reinhard était entré dans une nouvelle dimension de son ministère au service de Jésus. Il avait goûté à du miel pur et n'allait plus se satisfaire d'aucun ersatz.»44

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«Prospérité et succès» L'influence de Y. Cho, les relations suivies avec Kenneth Copeland, le fameux promoteur de l'évangile de la pros­périté, la collaboration avec Robert Schuller, les contacts étroits avec «Paroles de foi» en Allemagne, la coopération de plus en plus fréquente avec Ray Me Cauley, ces dernières années, ont laissé des traces dans la vie et dans le ministère de Bonnke. Me Cauley, ancien culturiste et actuel pasteur de la communauté Rhema à Randburg en Afrique du Sud, est un disciple et un ami intime de K. Hagin; il entretient égale­ment des relations amicales avec K. Copeland. Or, Me Cau­ley prêche, sans ambiguïté, un évangile de la prospérité; il a, entre temps, intégré l'équipe des conseillers de CfaN.

A propos de la collaboration de Reinhard Bonnke avec Ray Me Cauley, leur biographe commun, Ron Steele, écrit:

«Au fur et à mesure que le ministère de Reinhard Bonnke prenait de l'ampleur, les liens avec Me Cauley se resser­raient. Ray apporta non seulement son concours au Con­grès de feu organisé par Bonnke en avril 1986 à Harare (Zimbabwe), mais il partagea aussi la chaire avec lui en août de la même année, lors du deuxième Congrès de la foi à Munich. En 1987, Ray fut invité à participer au Con­grès de feu de Francfort comme l'un des orateurs princi­paux, et il y a de bonnes raisons de penser que Ray et Bonnke lanceront ensemble de grandes actions d'évangé­lisation ces prochaines années en Europe. Les deux hom­mes ont pris conscience des signes avant-coureurs d'un renouveau spirituel en Europe et voient là une nouvelle moisson arrivée à maturité qu'il faut maintenant récolter pour le Seigneur Jésus-Christ.»45

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Transmission de «dons spirituels» par l'imposition des mains Tout comme John Wimber, Reinhard Bonnke est persuadé de pouvoir transmettre des dons spirituels par imposition des mains. Lors du Congrès de feu de Harare, en 1986, il a imposé les mains aux délégués, après avoir fait les promes­ses suivantes:

«Quelque chose de merveilleux va se produire mainte­nant, et cela ne concernera pas seulement cette campagne d'évangélisation. Ecoutez la parole de Dieu: vous allez à présent recevoir une onction de sanctification et vous sentirez vos mains brûler comme si elles contenaient du feu. Si, ensuite, vous allez de l'avant et posez vos mains sur les malades incurables, la puissance de Dieu se répandra comme du feu à travers eux et ils seront guéris. Le royaume de Dieu s'en trouvera édifié et les oeuvres de Satan détruites.»46

Le «don de l'audace» Au point où nous sommes arrivés, l'esquisse biographique de Reinhard Bonnke montre que cet homme nourrit de grands projets et des visions audacieuses. Mais beaucoup de ses affirmations pourraient laisser croire que les vertus de prudence et d'humilité ne font pas partie du fruit de l'Esprit de Dieu:

«L'Afrique tout entière va être sauvée par le sang de Jésus.»

«Sans crainte d'exagérer, nous osons affirmer qu'en tant qu'équipe, nous avons vu un pays entier être secoué par la puissance de Dieu. Quelques centaines de milliers

S S

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d'âmes précieuses ont accueilli Jésus-Christ comme Sauveur.»

«Le Seigneur a promis que des nations entières se tourne­raient vers le Christ si nous partons à la conquête des pays situés entre le Cap et le Caire.»

«Je me tenais là et je parlais comme un commandant investi du Saint-Esprit, comme le porte-parole du Dieu Tout-Puissant.»

«Dans une certaine mesure et parfois comme dans une vision, je me vois comme prêtre néo-testamentaire qui apporte le sang de Jésus aux peuples de ce grand et magnifique continent.»

«Dieu va réaliser une oeuvre en Europe. Ce continent va être ébranlé par la puissance de Dieu. Une vague de feu du Saint-Esprit, une vague de la gloire de Dieu va défer­ler sur ces pays.»

«Dieu va opérer des signes et des miracles. Un jour nou­veau se lève sur l'Europe.»

«Dans certaines réunions, nous avons fait cette expérien­ce unique de voir 70 à 90% des auditeurs se convertir à la suite de l'appel. Des proportions vraiment gigantesques!»

Bien des affirmations de R. Bonnke ont amené ses propres collaborateurs à lui demander s'il n'en rajoutait pas un peu. Il est cependant possible que ces phrases ne soient pas le résultat d'une folle surestimation de soi-même, mais les fruits d'une tragique méprise sur soi et d'une terrible illu­sion: «Mes paroles dans ta bouche ont la même puissance que mes paroles dans ma propre bouche».

Il est indéniable que Bonnke est animé par la passion 89

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d'amener des hommes à Christ. S'il n'y a pas de doute qu'il a reçu de Dieu un prodigieux talent d'orateur et un don pour l'évangélisation, en revanche, on ne trouve pas chez lui la modestie et l'humilité. Le culte de la personnalité que d'au­tres organisent autour de lui et auquel il ne s'oppose pas, ris­que de devenir un piège pour lui. Lorsqu'un homme possède le don d'évangéliste et qu'en plus il maîtrise tous les regis­tres de la rhétorique, lorsqu'il met en oeuvre, consciemment ou non, les lois de l'hypnotisme et de la dynamique de grou­pe, sans négliger la stimulation par la musique et la danse, il risque grandement de devenir «le séducteur des foules». Malheureusement, R. Bonnke est pratiquement inaccessible à la mise en garde: «Ceux qui me critiquent, je m'en balan­ce», dit-il. En outre, il voit en toute personne qui le critique «l'ennemi qui sort de son trou et se lance à l'attaque». On peut donc craindre qu'il ne lui arrive ce qui est arrivé ces derniers mois à plus d'un évangéliste «rempli de l'Esprit»: «Jamais encore un saint ne s'est enflé d'orgueil pour la beauté de ses plumes sans que le Seigneur ne les lui ait ensuite toutes arrachées, une à une.» (CH. Spurgeon).

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«L'évangélisation de puissance» à la lumière de la Bible Avant de tenter d'apporter une réponse biblique, résumons brièvement l'enseignement de C. Peter Wagner et de John Wimber - les prédicateurs les plus connus de «la troisième vague du Saint-Esprit» - sur les signes et les miracles: - Les signes et les miracles sont la «carte de visite» du

royaume de Dieu; ils ne sont pas limités à l'époque de Jésus et des apôtres.1

- Dans quelques cas seulement, on peut attribuer la crois­sance de l'église à la seule prédication.2

- L'évangélisation de puissance rend sensible la grandeur de Dieu, triomphe des préjugés et de la résistance des incroyants, de telle sorte que beaucoup se convertissent.3

Que dit la Bible à ce sujet? 1. Les signes et les miracles sont-ils vraiment la «carte de visite» du royaume de Dieu? Indiquons d'abord clairement que les termes «signe» et «miracle» ne recouvrent pas systématiquement la même réa­lité. Les miracles ne sont pas toujours des signes, alors que ces derniers sont toujours des miracles opérés dans un but précis: celui d'authentifier la personne choisie par Dieu. A toutes les époques, eurent lieu des miracles divins. En revan­che, les signes et les dons surnaturels qui les accompa­gnaient ont toujours été liés à l'inauguration d'une nouvelle dispensation du salut.

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Signes et miracles dans l'Ancien Testament Quand Dieu voulut arracher son peuple à l'esclavage de l'Egypte et inaugurer ainsi une nouvelle étape dans l'histoire du salut d'Israël, il accomplit des signes et des miracles afin d'accréditer l'homme qu'il avait choisi pour conduire le peuple, à savoir Moïse, «afin qu'ils croient que l'Eternel, le Dieu de leurs pères, t'est apparu...» (Ex 4:5).

En évoquant le passé, Moïse déclara peu avant sa mort: «L'Eternel nous fit sortir d'Egypte, à main forte et à bras étendu, ... avec des signes et des miracles» (Dt 26:8). Ces signes devaient convaincre Pharaon et son peuple de la gran­deur et de la puissance de Dieu (Né 9:10; Ps 135:9).

Ces signes étaient donc:

- un jugement contre l'Egypte, - une confirmation que Dieu avait choisi Moïse pour être le

guide et le prophète dont les paroles devaient susciter la foi du peuple d'Israël.

Dans l'histoire subséquente, nous ne constatons plus que quelques miracles isolés opérés par Josué (Jos 10:12-14), par l'homme de Dieu cité dans 1 Rois 13, par les prophètes Elie et Elisée et, enfin, dans le livre de Daniel.

Signes et miracles dans le Nouveau Testament A l'époque néotestamentaire, les signes et les miracles appa­raissent en relation avec la naissance de Jésus, puis tout au long de son ministère. Dans l'Evangile selon Jean, les miracles de Jésus, destinés à accréditer son origine et sa mis­sion divines, sont souvent appelés «signes». Le ministère des douze apôtres et des soixante-dix disciples (Luc 10) est

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également appuyé par des miracles ayant valeur de signes. Leur ministère, ne concernant qu'Israël, était lié à la procla­mation du «royaume de Dieu», c'est-à-dire à l'inauguration d'une nouvelle étape dans l'histoire du salut pour Israël.

Comme les Israélites rejetèrent le témoignage de Jésus et de ses disciples, et qu'ils crucifièrent le Fils de Dieu, les apôtres furent chargés d'une nouvelle mission: annoncer l'évangile, non plus aux Juifs seulement mais aussi à toutes les nations.

C'était le début d'une nouvelle dispensation, celle de la grâce et de l'Eglise. Au début, cette nouvelle proclamation fut, elle aussi, confirmée par des signes et des miracles.

Nous constatons donc qu'à quelques rares exceptions près, les signes et miracles, nombreux et spectaculaires, étaient liés à la proclamation d'un nouveau message et, par conséquent, à une nouvelle phase de l'histoire du salut.

Nous constatons également que, pendant la période apos­tolique, le nombre des miracles va en diminuant et, à l'exception de la première lettre aux Corinthiens, les signes et les miracles ne sont évoqués qu'au passé (Rm 15:19; 2 Co 12:12; He 2:4) ou, comme les oeuvres de l'Antichrist, enco­re à venir (2 Th 2:9; Ap 13:13-14). Dans Mt 24:24, le Sei­gneur avait déjà mis en garde contre les faux prophètes qui «opéreront de grands signes et des prodiges» destinés à au­thentifier leur message satanique et antichrétien.

Il faut cependant reconnaître que d'un point de vue pré­cis, les signes et les miracles sont bien la «carte de visite» du royaume de Dieu, celle qui introduit un nouveau message. Pourtant, Jean-Baptiste, le précurseur, celui qui annonça l'imminence du royaume de Dieu, n'a opéré aucun signe ni aucun miracle (Jn 10:41). C'est le ministère officiel de Jésus et de ses apôtres qui est accompagné de signes et de miracles, lesquels constituent la carte de visite de cette irrup­tion du règne de Dieu. Ils étaient, pour les Juifs, la confirma­tion irréfutable que Dieu avait bien mandaté le Seigneur Jésus et ses disciples pour annoncer le salut.

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Cependant, il faut remarquer qu'après la venue du royau­me de Dieu, le nombre de signes et de miracles diminue régulièrement. Quand les apôtres eurent rédigé leurs épîtres et que le Nouveau Testament fut complet, les miracles ne furent plus chose commune.

Dans Hébreux 2:3-4 il est dit que l'évangile du salut, reçu du Seigneur lui-même par les apôtres et annoncé par ces der­niers, a été confirmé, «Dieu appuyant (au temps passé en grec!) leur témoignage par des signes, des prodiges, et divers miracles, et par les dons du Saint-Esprit distribués selon sa volonté.»

2 Corinthiens 12:12 laisse clairement entendre que «les si­gnes, les prodiges et les miracles» étaient la marque caracté­ristique des apôtres; ils étaient donc valables pour leur époque et confirmaient leur légitimité: c'était leur «carte de visite».

Mais aux Corinthiens, apparemment enthousiasmés par quelques «super-apôtres», Paul présente une autre «carte de visite»! A la différence de ces faux apôtres trop sûrs d'eux-mêmes qui prêchaient déjà une espèce d'«evangélisation de puissance» et qui, en tout cas, impressionnaient les croyants par leur esprit dominateur, Paul énumère quelques-uns des signes de son apostolat, signes qui n'ont rien à voir avec «l'évangélisation de puissance» ni avec «l'évangile de la prospérité»: coups, emprisonnement, lapidation, naufrage, faim, soif, froid, dénuement, etc. (2 Co 11:23-33).

Les références suivantes montrent en outre que, même dans le livre des Actes des apôtres, la prédication de l'évan­gile n'était pas toujours accompagnée de signes et de miracles: Actes 8:26-40 la conversion d'un haut dignitaire éthiopien Actes 9:22-30 les premières prédications de Paul Actes 11:19-21 la prédication des disciples disséminés en

Phénicie, à Chypre et à Antioche, où «un grand nombre de personnes crurent et se convertirent au Seigneur».

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Actes 13:13-52 Paul et Barnabas à Antioche de Pisidie Actes 17:1-9 Paul et Silas à Thessalonique Actes 17:10-15 Paul et Silas à Bérée, où «beaucoup devin­

rent croyants». Actes 17:16-34 Paul à Athènes Actes 18:1-17 Paul à Corinthe Actes 18:24-28 Apollos à Ephèse Actes 22:1 -30 Paul à Jérusalem Actes 24:1 -27 Paul devant le gouverneur Félix Actes 26:1 -29 Paul devant Festus et Agrippa Actes 28:16-31 Paul à Rome Quand on compare les différents récits, on s'aperçoit que les prédications accompagnées de signes et de miracles ne pro­duisaient pas plus de conversions authentiques que les prédi­cations seules.

2. «La croissance de l'église est rarement le fait de la seule prédication», vrai ou faux? Comme nous l'avons déjà fait remarquer, le livre des Actes montre que de grandes églises sont nées à la suite de prédi­cations non accompagnées de signes ou de miracles. Un sur­vol de l'histoire de l'église s'inscrirait en faux contre l'affir­mation des leaders de la troisième vague.

Les sermons d'évangélistes de renom comme A.H. Francke, le comte Zinzendorf, John Wesley, George White-field, CH. Spurgeon, D.L. Moody, et d'autres encore, ser­mons qui ont eu pour conséquence une croissance extraordi­naire de l'église, n'étaient pas liés à des miracles spectacu­laires. L'oeuvre remarquable des Réformateurs s'est faite, elle aussi, sans signes miraculeux particuliers. Si quelque chose caractérisa ces grandes missions d'évangélisation, ce fut bien la résistance des auditeurs. Au début, les tournées de Whitefield et de Wesley furent «accompagnées» de projec-

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tions d'oeufs pourris, de chats et de rats morts dans le but de faire taire ces prédicateurs inspirés.

Un examen objectif de la situation des chrétiens d'aujourd'hui ne confirme pas du tout les assertions de Wimber et de Wagner. Dans l'URSS d'hier et l'ex-URSS d'aujourd'hui, par exemple, de nombreuses églises connais­sent un développement extraordinaire sans qu'on puisse y voir les effets d'une quelconque «evangélisation de puis­sance».

La croissance de l'église en Allemagne ou en France n'accrédite pas non plus les thèses de la troisième vague, même si, ici ou là, le développement de certaines églises est à porter au compte de «l'évangélisation de puissance».

3. L'évangélisation de puissance balaie-t-elle réellement les préjugés des incroyants? Cette affirmation de la troisième vague est clairement démentie par la Bible et par l'histoire de l'Eglise. Les miracles accomplis par le Seigneur Jésus à Chorazin. à Beth-saïda et à Capemaùm n'ont pas produit la repentance. C'est pourquoi ces villes ont été maudites (Mt 11:20-24). Jean déclare dans son évangile: «Malgré tant de miracles qu'il avait faits en leur présence, ils ne croyaient pas en lui» (Jn 12:37). La multiplication des pains pour les cinq mille hom­mes atteste, elle aussi, que ce signe prodigieux n'a pas eu d'effets durables sur la conscience des bénéficiaires. C'est ce qui ressort des paroles mêmes du Seigneur: «En vérité, en vérité, je vous le dis, vous me cherchez, non parce que vous avez vu des miracles, mais parce que vous avez mangé des pains et que vous avez été rassasiés» (Jn 6:26).

A Lystre, la foule avait été témoin de la guérison miracu­leuse d'un paralysé; fascinée par ce prodige, elle avait voulu offrir des sacrifices à Paul et à Barnabas. Pourtant, à peine quelques jours plus tard, elle lapidait ces deux mêmes hom-

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mes (Ac 14:8-19)! Ni les signes et les miracles opérés en Egypte ni ceux accomplis pendant la traversée du désert n'ont changé le coeur des Israélites. Les miracles réalisés par Elie et Elisée n'ont pas eu plus de succès.

Dans le Nouveau Testament, le récit de Lazare et de l'homme riche dans la géhenne prouve à l'évidence que mê­me la résurrection d'un mort ne dissiperait pas les préjugés et l'incrédulité des hommes: «S'ils n'écoutent pas Moïse et les prophètes, ils ne se laisseront pas persuader même si quel­qu'un des morts ressuscitait» (Le 16:31). La résurrection de Lazare et celle du Seigneur Jésus ont-elles réussi à triompher du parti pris des docteurs de la Loi et des pharisiens?

A l'origine de tout réveil authentique et durable, on trou­ve généralement des hommes qui obéissent aux commande­ments de Dieu et qui prêchent sa Parole clairement et sans rien lui retrancher. Dans l'Ancien Testament, les réveils sous Josaphat, Ezéchias, Josias, Esdras et Néhémie, par exemple, le prouvent indubitablement. De même, les réveils de ces cinq cents dernières années témoignent que seule l'annonce intégrale de l'Evangile peut changer les coeurs. Le principe énoncé dans l'Ecriture reste valable: «Ainsi la foi vient de ce qu'on entend, et ce qu'on entend vient de la parole de Christ» (Rm 10:17).

Certes, il est arrivé dans l'histoire des missions que l'envoûtement dû aux idoles soit parfois réduit à néant grâce à un miracle retentissant, ce qui eut pour effet d'accréditer l'évangile et de faciliter son acceptation. Cela se produit encore ici et là, lorsque des missionnaires se trouvent dans certaines situations tout à fait particulières. Mais en général, la plupart des missionnaires et des pionniers tels que H. Tay-lor, C.T. Studd, A. Judson, J. Paton et d'autres ont exercé un ministère béni parmi les païens sans avoir opéré le moindre signe miraculeux. Dans 1 Co 1:21-23, Paul déclare sans ambages qu'il a plu à Dieu de ne pas convaincre les hommes de leurs péchés par le moyen de miracles retentissants ni par les arguments de la haute philosophie:

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«Car puisque le monde, avec sa sagesse, n'a point connu Dieu, il a plu à Dieu dans sa sagesse de sauver les croyants par la folie de la prédication. Les Juifs deman­dent des miracles et les Grecs cherchent la sagesse: nous, nous prêchons Christ crucifié, scandale pour les Juifs et folie pour les païens, mais puissance de Dieu et sagesse de Dieu pour ceux qui sont appelés, tant Juifs que Grcs.» (1 Co 1:21-24).

Les signes et les miracles ne balaient pas les préjugés. «Malgré tant de miracles qu'il avait faits en leur présen­ce, ils ne croyaient pas en lui» (Jn 12:37).

Jésus proclame «heureux ceux qui n'ont pas vu, et qui ont cru» (Jn 20:29) et prononce une malédiction sur la philoso­phie qui sous-tend l'évangélisation de puissance:

«Une génération méchante et adultère demande un miracle; il ne lui sera donné d'autre miracle que celui du prophète Jonas» (Mt 12:39).

Les récits bibliques montrent bien que les signes et les miracles ne produisent, chez le public, qu'un engouement superficiel et passager, capable même de se transformer en haine si la soif du miraculeux n'est pas aussitôt étanchée, ou si les spectateurs entendent des paroles qui dévoilent leur égoïsme ou les mauvais desseins de leurs coeurs.

Malheureusement, les comptes rendus élogieux publiés par les promoteurs de l'évangélisation de puissance ne font jamais état des déceptions et de l'endurcissement du coeur de tous les malades venus aux réunions de guérison avec le fol espoir de bénéficier d'un miracle et qui, malgré toutes les paroles de connaissance et les impositions des mains, sont repartis tout aussi malades et souvent plus amers! Combien de fois cet aspect de l'évangélisation de puissance n'a-t-il pas nourri le cynisme et les préjugés des incroyants! 98

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Les personnes qui se laissent facilement impressionner par ces manifestations spectaculaires s'exposent à un très grand danger: celui d'être fascinées par les signes et les miracles qu'opéreront les faux prophètes et les antichrists annoncés pour la fin des temps.

Les trois textes bibliques suivants devraient nous rendre extrêmement prudents et critiques à l'égard de toutes les manifestations qui s'appuient sur les signes miraculeux:

«Car il s'élèvera de faux Christ et de faux prophètes; ils feront de grands prodiges et des miracles, au point de séduire, s'il était possible, même les élus» (Mt 24:24).

«L'apparition de cet impie se fera, par la puissance de Satan, avec toutes sortes de miracles, de signes et de pro­diges mensongers» (2 Th 2:9).

«Elle opérait de grands prodiges, jusqu'à faire descendre du feu du ciel sur la terre, à la vue des hommes. Et elle sédui­sait les habitants de la terre par les prodiges qu'il lui était donné d'opérer en présence de la bête...» (Ap 13:13-14).

Résumé 1. Comme par le passé, Dieu peut encore, aujourd'hui,

accomplir des miracles selon sa volonté, et généralement en réponse à la prière humble et persévérante de ses enfants.

2. Mais l'intervention surnaturelle de Dieu, comme par exemple la guérison des malades ou l'assistance matériel­le providentielle, ne saurait être interprétée comme un signe au sens de Me 16:17 et 20 et de 2 Co 12:12 (les «marques de l'apôtre»).

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3. Nous n'avons pas le droit d'adresser à Dieu un ultimatum pour qu'il opère un miracle, comme c'est souvent le cas -en vain - dans de nombreuses tentatives de résurrection de morts; nous ne pouvons que le supplier humblement de le faire, si c'est conforme à sa volonté.

4. Le contexte général de la Bible et l'histoire de l'Eglise montrent clairement que les signes miraculeux n'apparti­ennent pas à toutes les époques. Ils ont été donnés dans certaines circonstances et au commencement de chaque nouvelle phase dans l'histoire du salut. C'est pourquoi l'affirmation, selon laquelle les signes et les miracles devraient encore accompagner notre evangélisation, doit être rejetée comme étant non biblique.

5. Les signes et les miracles ne constituent pas le moyen employé par Dieu pour amener les gens à la foi vivante; le seul moyen reste la prédication de sa Parole. C'est pourquoi nous nous en tenons au principe énoncé dans Rm 10:17.

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Recapitulation La troisième vague a l'intention de familiariser les évangéli­ques non charismatiques avec «l'action du Saint-Esprit en ce siècle». Le spécialiste David B. Barrett évalue le nombre de ceux qui, de par le monde, se réclament de la troisième vague à environ 35 millions (chiffre de 1990). Ce mouve­ment s'est efforcé de refuser en son sein les «éléments fau­teurs de divisions», de manière à faire tomber les préjugés à son encontre. Il en résulte que de nombreux responsables de ce mouvement cultivent une mentalité que l'on pourrait qua­lifier de «non seulement... mais aussi», et qui permet, à J. Wimber, par exemple, de se définir comme un «dispensatio­naliste», bien qu'il considère les doctrines dispensationa­listes typiques comme fausses. On évite, du moins chez les leaders du mouvement de croissance de l'Eglise, d'utiliser des mots qui détonnent ou de professer des doctrines extré­mistes, ou bien on les relativise. Néanmoins, des doctrines et des pratiques plutôt douteuses telles la visualisation, la pensée positive, etc. . sont reprises, ou en tout cas tolérées, par des charismatiques ultras chez qui un arrière-plan occul­te n'est pas toujours exclu.

«Les prophètes arrivent» A l'intérieur de la troisième vague, on insiste davantage, ces derniers temps, sur la «prophétie»; il semblerait que les no­tions de «repos dans l'Esprit», de «guérison intérieure», entre autres, qui étaient à la mode auparavant, perdent progressi­vement de leur importance.

En relation avec la «prophétie», les adeptes du mouve­ment insistent beaucoup sur la «consécration», le «brise­ment», la «sanctification», attitudes que les évangéliques

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conservateurs estiment très importantes et qu'ils recher­chent. Comme toutes sortes d'«affaires» - qui n'avaient rien à voir avec la sainteté - s'étaient produites parmi les dirigeants du mouvement charismatique et ceux de la troi­sième vague (et en cela, ils ne se sont malheureusement pas distingués des non charismatiques), on ne peut que se réjouir et être reconnaissant de voir des thèmes comme celui de la sanctification retrouver une place de choix dans les objectifs du mouvement.

La constatation faite par C.P. Wagner: «De nombreux charismatiques luthériens, presbytériens, épiscopaliens et catholiques ne voient pas l'incompatibilité qui existe entre la sanctification chrétienne et la consommation de boissons alcoolisées, le fait de fumer, de danser ou de pratiquer d'au­tres choses semblables»1 fournit donc «du pain sur la plan­che» à la nouvelle tendance «prophétique».

On enseigne, dans ce mouvement, qu'à la fin des temps, Dieu suscitera à nouveau des apôtres et des prophètes pour purifier et sanctifier l'Eglise. C'est ainsi que sont apparus des «prophètes» tels que Rick Joyner, Mike Bikle et surtout Paul Caine, le plus connu.

En décembre 1988, Paul Caine rendit visite à John Wim­ber pour lui communiquer «une parole du Seigneur». Cette révélation eut pour effet, dit-on, d'amener John Wimber et les communautés du Vineyard à procéder à «une purifi­cation intérieure» et de produire en eux «un éveil spiri­tuel»2.

Une autre conséquence fut que John Wimber ouvrit de nouvelles possibilités de service à Paul Caine, ce qui corres­pondait à l'accomplissement d'une prophétie reçue par ce dernier des années plus tôt. A cette époque, Dieu aurait mis Paul Caine de côté «jusqu'à l'apparition d'une nouvelle génération d'hommes de Dieu»3.

Depuis lors, Paul Caine intervient souvent avec John Wimber dans de nombreuses conférences tenues en Améri­que du Nord et en Europe «afin d'encourager les fidèles

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dans le pays et de préparer et former de nouvelles "outres" pour le réveil qui va se produire»4.

Comment se présente une «prophétie»? La réponse nous est donnée dans l'extrait suivant, tiré d'une «parole pro­phétique» de Rick Joyner:

«Renversez les murs et les barrières qui nous séparent les uns des autres et de Dieu! Notre relation avec Jésus doit s'approfondir, de même que nos relations mutuelles. L'orgueil spirituel et la glori­fication de l'homme, certaines doctrines et oeuvres de division seront sévèrement châtiés par Dieu et ne seront bientôt plus considérés que comme "un feu étranger". Celui qui continue à pratiquer ces choses sera rejeté de son ministère avec un grand coup de tonnerre, de telle sorte que tout le corps de Christ sera saisi d'une pure et sainte crainte de Dieu...

Une extraordinaire révélation de la foi authentique est encore à venir... Certains seront appelés à s'engager dans des domaines que les anges eux-mêmes craignent d'affronter... En ces jours-là, beaucoup vivront les signes miraculeux au quotidien. Cela deviendra, pour eux, aussi «normal» que l'était la manne pour les Israélites, dans le désert.

Le Seigneur accomplira pour son peuple des miracles sans précédent, qui surpasseront de loin les prodiges rap­portés dans la Bible...

Celui qui abandonne tout et se dépouille entièrement, fait fi de son orgueil personnel, est prêt à perdre sa réputation et supporte patiemment le rejet et l'incompréhension, celui-là va bientôt bouleverser le monde avec le message du Roi.»5

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De nombreux piétistes réagiraient favorablement à une «pro­phétie» de ce genre, parce qu'elle exprime le contenu de l'évangélisation de puissance sous une forme qui est, à pre­mière vue, humble, spirituelle et taillée sur mesure pour la mentalité piétiste.

Le danger de telles «prophéties» réside dans l'amalgame d'affirmations justes et importantes et de déclarations faus­ses et non bibliques. Rick Joyner a évidemment raison quand il dit que notre relation avec le Seigneur Jésus doit s'approfondir!

Les exposés de Wimber, sur la nécessité d'entretenir une relation intime avec le Seigneur Jésus afin d'être protégé contre la puissance de Satan, font une forte impression et sont tout à fait justes. Sans aucun doute, une relation person­nelle vivante avec le Seigneur Jésus-Christ est absolument déterminante. Mais la voie que trace Wimber pour y parve­nir devrait faire dresser l'oreille.

Il prétend que la Bible elle-même ne saurait nous mettre à l'abri de la puissance de Satan, car celui-ci pourrait déformer notre compréhension des Ecritures. Wimber dissocie donc la marche fidèle avec le Seigneur de l'attachement à la Bible! D'un côté, il souligne l'importance d'une communion per­sonnelle avec le Seigneur, mais d'un autre côté, il enseigne que cette communion résulte de l'action du Saint-Esprit, indépendamment de la Bible.

D'après Wimber, la relation intime avec Jésus n'est pas quelque chose que Dieu accomplit en nous lorsque nous nous tournons vers Christ; la communion avec le Seigneur ne peut pas non plus, toujours selon Wimber, s'établir et s'approfon­dir seulement par un contact familier avec l'Ecriture. Il s'agi­rait plutôt d'une relation qui se tisse à partir de révélations nouvelles de Dieu et s'en nourrit. Wimber enseigne que nous devons prier pour avoir une plus grande passion pour Jésus et apprendre à écouter sa voix à n'importe quel moment.

Mais les responsables de ce mouvement deviennent de faux prophètes lorsqu'ils affirment:

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- qu'une relation intime avec Jésus peut s'établir grâce à de «nouvelles révélations» et à des inspirations du Saint-Esprit, indépendamment de la Parole de Dieu. Cette doc­trine provoque un glissement du «Jésus de l'Histoire et de la croix», à un «Jésus de l'intuition»; de plus, elle nous expose à nous fonder sur le sol mouvant de nos états d'âme.

En affirmant cela, nous n'exagérons nullement. En effet, bien que John Wimber et son équipe lisent la Bible, ce sont leurs expériences subjectives qui sont décisives pour inter­préter l'Ecriture, et non une réflexion objective.

Le chemin est ainsi ouvert à l'homme pour façonner Dieu à son image car la voix intérieure est terriblement sujette à caution. Même Jack Deere, un très proche collaborateur de Wimber, souligne le fait que la «voix intérieure» pourrait être inspirée par Satan, ou par autrui, ou simplement prove­nir de nos propres pensées.

Ils soutiennent encore:

- que «Dieu accomplira pour son peuple des prodiges qui surpasseront de loin ceux mentionnés dans la Bible»;

- que «l'orgueil spirituel et la glorification de l'homme, certaines fausses doctrines et les oeuvres de division» seront bientôt sévèrement châtiés par Dieu;

- qu'«une extraordinaire manifestation de la foi authen­tique est encore à venir».

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A ces assertions, le Nouveau Testament oppose ceci: - L'apparition du grand séducteur de la fin des temps

(l'antichrist) se fera «par la puissance de Satan, avec tou­tes sortes de miracles, de signes et de prodiges menson­gers» (2 Th 2:9);

- «Mais les hommes méchants et imposteurs avanceront toujours plus dans le mal, égarant les autres, et égarés eux-mêmes» (2 Tm 3:13);

- «Plusieurs faux prophètes s'élèveront et ils séduiront beaucoup de gens. Et parce que l'iniquité se sera ac­crue, l'amour du plus grand nombre se refroidira» (Mt 24:11-12).

Les «prophéties» de ce genre risquent de discréditer l'auto­rité et l'actualité de la Bible et d'ouvrir la voie à cette situa­tion décrite dans le livre du prophète Jérémie:

«J'ai entendu ce que disent les prophètes qui prophétisent en mon nom le mensonge, disant: J'ai eu un songe! j ' a i eu un songe! Jusqu'à quand ces prophètes veulent-ils pro­phétiser le mensonge, prophétiser la tromperie de leur coeur? Ils pensent faire oublier mon nom à mon peuple par les songes que chacun d'eux raconte à son prochain, comme leurs pères ont oublié mon nom pour Baal. Que le prophète qui a eu un songe raconte ce songe, et que celui qui a entendu ma parole rapporte fidèlement ma parole. Pourquoi mêler la paille au froment? dit l'Eternel» (Jé 23:25-28).

Après avoir lu les ouvrages des auteurs de la troisième vague, assisté, au moins partiellement, à des conférences et discuté avec plusieurs responsables nationaux de ce mouve­ment, je suis arrivé aux conclusions suivantes:

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1. Les thèses de C.P. Wagner et J. Wimber à propos des «signes et miracles» et de r«évangélisation de puissance» ne résistent pas à un examen biblique sérieux. Les signes et les miracles ne sont pas automatiquement et dans tous les cas des preuves infaillibles d'approbation divi­ne. Le Nouveau Testament enseigne clairement que, dans les derniers temps, de faux apôtres et le faux prophète (l'anti-christ) opéreront des signes et des miracles afin de séduire beaucoup de gens. Ces signes visibles influenceront la «théologie» au point que les hommes ne croiront plus la parole de Dieu mais s'attacheront aux mensonges (cf. Mt 24:24; 2 Th 2:9; Ap 13:13-14).

Au cours d'entretiens privés. John Wimber a récemment montré qu'il a pris quelque distance avec ses principales thè­ses sur l'évangélisation de puissance, telles qu'il les avait précédemment exposées et propagées dans ses livres et dans ses conférences.

Mais il a jusqu'ici refusé de faire connaître publiquement son revirement de pensée, de telle sorte que ses opinions, bien que désavouées ou relativisées entre temps, continuent à faire des adeptes.

2. La réalité des faits dément les théories de Tévangélisation de puissance. John Wimber qui affirme dans ses ouvrages que Dieu l'a mandaté pour guérir et l'a investi du pouvoir nécessaire à l'accomplissement de cette mission, a reconnu entre temps que très peu de guérisons vérifiables ont marqué ce ministè­re particulier. Ainsi, dans le cas d'une maladie qu'il est exclu de guérir par l'effet placebo, le taux de guérison se situe autour de 0,5%6. Cela signifie que de tels malades ont plus de chances de guérir en suivant un traitement médical

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classique qu'en comptant sur un hypothétique «miracle» lors de réunions de guérisons organisées par la troisième vague.

Les signes et les miracles qui, dit-on, surpassent en nom­bre et en éclat ceux du livre des Actes des apôtres, en fait n'existent que sur le papier dans l'évangélisation de puis­sance.

Il vaudrait mieux reconnaître qu'aujourd'hui, nous n'avons pas l'autorité des apôtres et encore moins celle du Seigneur. Faire croire que nous avons cette autorité occa­sionne beaucoup de dégâts.

3. Un mouvement qui, à côté de la Bible, considère l'expérience comme source de révélation, ouvre la voie à des doctrines et des pratiques démoniaques. Dans l'histoire du peuple de Dieu, tous les réveils produits par l'Esprit Saint ont conduit les croyants à ne reconnaître que la Bible comme autorité suprême et ont suscité l'obéis­sance de la foi. A l'opposé, presque toutes les fausses doctri­nes et les hérésies s'appuient sur des révélations autres que les Ecritures. L'histoire de l'Eglise catholique romaine et celle de la quasi-totalité des sectes montrent à quelles consé­quences catastrophiques on aboutit lorsqu'on place à côté de la Bible et sur le même plan qu'elle, soit la tradition, soit l'expérience. L'histoire du mouvement charismatique lui-même fournit de nombreux exemples d'erreurs dans lesquel­les on tombe quand on se laisse diriger par des visions au lieu de ne se fier qu'à la seule Parole de Dieu. Les fausses doctrines de Yonggi Cho et de Kenneth Hagin, que nous avons en partie examinées dans ce livre, en sont un exemple frappant.

Si nous interprétons la Bible à travers nos expériences, nous risquons grandement de nous fourvoyer. Les paroles de

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Paul à Timothée sont particulièrement appropriées pour la fin des temps:

«Prêche la parole, insiste en toute occasion, favorable ou non, reprends, censure, exhorte avec toute douceur et en instruisant. Car il viendra un temps où les hommes ne supporteront pas la saine doctrine: mais, ayant la déman­geaison d'entendre des choses agréables, ils se donneront une foule de docteurs selon leurs propres désirs, détour­neront l'oreille de la vérité et se tourneront vers les fables» (2 Tm 4:2-4).

En pensant probablement à la parole de Jésus: «Heureux ceux qui n'ont pas vu, et qui ont cru!» (Jn 20:29), William Hake a déclaré: «Quand Dieu parle, ne te fie pas à tes yeux s'ils contredisent tes oreilles.»7

C'est précisément ce que les adeptes de l'évangélisation de puissance refusent de faire. C.P. Wagner va même jusqu'à dire: «Croire, c'est voir.»8 Lorsque des membres inférieurs s'allongent, ce que C.P. Wagner croit pouvoir faire, grâce à un don spécial qu'il aurait reçu, ou que cinq molaires, en réponse à la prière, se retrouvent subitement plombées avec une substance «aussi dure que le diamant»9, ainsi que le racontent Omar Cabrera et Francis McNutt, alors on voit dans ces miracles la carte de visite du royaume de Dieu et on est prêt aussi à «gober» ce qu'enseigne Cabrera, à savoir que les maladies, comme les hommes et les plantes, ont des oreilles et qu'elles doivent obéir à nos ordres.

4. La troisième vague, en pleine harmonie avec «Evangélisation 2000», milite en faveur d'une unité non biblique. La campagne «Evangélisation 2000» a été lancée par le rédemptoriste Tom Forrest avec le soutien officiel du pape

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Jean-Paul II. Elle a pour objectif «de préparer pour le 2000ème anniversaire de Jésus-Christ un monde évangélisé dans sa grande majorité.»10

Elle poursuit un autre but: offrir en présent au Christ une chrétienté plus unie. De gros efforts sont déployés dans ce sens. Des jeunes catholiques sont formés à l'évangélisation par «Jeunesse en Mission»; de nombreuses conférences de préparation sont organisées de par le monde, et la revue «Evangélisation 2000» est largement diffusée en plusieurs langues.

Entre temps, de nombreux évangéliques connus, sous la direction de Thomas Wang, ancien directeur du mouvement de Lausanne, font tous leurs efforts pour atteindre le même but grâce au mouvement évangélique parallèle «A.D. 2000».

Voilà pourquoi les journaux et revues évangéliques par­lent toujours plus de la «décennie de l'évangélisation». Ain­si, dans la revue «Gemeinde-Erneuerung» (Renouveau de l'Eglise) de janvier 1991, le pasteur anglican Michaël Har-per écrit:

«Tandis que nous sommes entrés dans la décennie de l'évangélisation, de partout nous entendons résonner le message: "Travaillez à l'unité chrétienne". Par amour pour le monde, nous devons mettre fin aux querelles intestines et réfléchir ensemble au combat spirituel. L'unité chrétienne est la condition la plus nécessaire pour réussir l'évangélisation.»11

Dans le passé, David du Plessis, pasteur pentecôtiste bien connu, a souvent mis en garde le mouvement charismatique:

«Ce n'est que dans la mesure où le mouvement charisma­tique est oecuménique qu'il restera charismatique. Le jour où il perdra son caractère oecuménique, il perdra du même coup sa puissance charismatique.»12

John Wimber - et avec lui toute la troisième vague - sou­tient la campagne «Evangélisation 2000»; il n'hésite pas à

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considérer l'initiative du pape, de faire des dix dernières années de ce siècle «la décennie de l'évangélisation», com­me «l'une des plus grandes choses qui se soit faite dans l'histoire de l'église.» Et Wimber poursuit: «Je suis enthou­siasmé par cette idée du pape qui a appelé l'église à tendre vers ce but.»13

La chrétienté de la fin des temps présente de plus en plus un visage oecuménique-charismatique-catholique. Le déno­minateur commun n'est plus la devise des réformateurs, fon­dée sur la Bible: «sola scriptura, sola fide, sola gratia», mais l'expérience commune. Le slogan du mouvement charisma­tique: «les dogmes divisent, l'amour unit» semble de plus en plus apprécié par beaucoup d'évangéliques.

5. De nombreuses pratiques et manifestations au sein de la troisième vague s'apparentent dangereusement à des pratiques occultes. De nombreux dirigeants de ce mouvement reconnaissent franchement qu'ils puisent à des sources utilisées aussi par les chamanes et les représentants d'autres religions. C'est notamment le cas de la doctrine sur la «quatrième dimen­sion» de P. Yonggi Cho.

Les pratiques telles que «se reposer dans l'Esprit», la «visualisation», la «parole de connaissance» évoquent très fortement des expériences qui ont cours dans les milieux occultes. Si on ajoute le fait que John Wimber, tout en ne croyant pas personnellement que des guérisons puissent se faire par Marie, classe néanmoins les miracles de Lourdes parmi les signes et les miracles du Saint-Esprit14, et que C.P. Wagner se réclame de Morton T. Kelsey - alors que ce der­nier est un disciple notoire de C.G. Jung et qu'il communi­que avec sa défunte mère -, on s'aperçoit que, malgré toute l'insistance sur les dons de l'Esprit, celui du discernement des esprits fait cruellement défaut.

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Celui qui, en dépit des faits précédents, considère la troi­sième vague comme le plus grand réveil de toute l'histoire de l'Eglise et parle de «la plus grande et étonnante moisson d'âmes que l'Histoire ait jamais connue»15, montre bien qu'il n'a étudié attentivement ni la Bible ni l'histoire des réveils.

Dans sa préface du nouveau livre de R. Bonnke «Wenn das Feuer fallt» (Quand le feu tombe), C.P. Wagner écrit:

«Seuls quelques ergoteurs à l'esprit borné osent encore refuser de reconnaître le mouvement pentecôtiste et le mouvement charismatique comme une oeuvre authen­tique du Saint-Esprit, de laquelle tout le corps de Christ peut et doit apprendre.»16

Mais quiconque a lu les ouvrages de C.P. Wagner sait que celui-ci porte facilement des jugements à l'emporte-pièce sans se soucier de la vérité. Il se peut, malgré tout, que ceux qui ne sont pas d'accord de marcher la main dans la main avec les adeptes de la troisième vague, soient de plus en plus minoritaires et tournés en dérision comme des «ergoteurs à l'esprit borné».

Les informations contenues dans ce livre n'arrêteront cer­tainement pas la troisième vague! Le déferlement de celle-ci sapera probablement encore le fondement biblique sous les pieds de nombreux évangéliques.

Pourtant, j'invite instamment les sympathisants intègres et sincères de ce mouvement à bien vouloir examiner les doctrines et les pratiques de la troisième vague à la lumière de la Bible et dans un esprit de prière. Ensuite ils se décide­ront, sans aucun doute, pour un christianisme purement bi­blique.

Je suis convaincu que, partout où des chrétiens reconnais­sent toute la Parole de Dieu comme seule norme et suprême autorité en matière de foi et de vie, et recherchent de toutes leurs forces la gloire du Seigneur, le bien de son peuple et le

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salut des perdus, Dieu peut susciter, au milieu de l'apostasie générale, un réveil produit par le Saint-Esprit et portant ses fruits.

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L'alternative biblique Ce qui précède a mis en évidence des égarements au sein de la chrétienté; hélas, certaines fausses doctrines ont parfois pour origine l'infidélité et les inconséquences des enfants de Dieu. L'histoire du peuple d'Israël, dans l'Ancien Testa­ment, est là pour rappeler que l'infidélité, la désobéissance et l'idolâtrie entraînaient les défaites, la sécheresse et les épi­démies. Dans 2 Ch 7:13, Dieu déclare à Salomon:

«Quand je fermerai le ciel et qu'il n'y aura point de pluie, quand j'ordonnerai aux sauterelles de consumer le pays, quand j'enverrai la peste parmi mon peuple, si mon peuple sur qui est invoqué mon nom s'humilie, prie et cherche ma face, s'il se détourne de ses mauvaises voies, je l'exaucerai des cieux, je lui pardonnerai son péché et je guérirai son pays.»

Lorsque Dieu châtie ainsi son peuple en empêchant que poussent les produits de la terre, en livrant aux sauterelles la nourriture restante et en envoyant la peste, ce terrible fléau, pour décimer le peuple, il le fait dans le but de ramener les Israélites à la raison, à l'humilité et à la repentance.

Toute détresse, toute maladie spirituelle au sein du peuple de Dieu est donc un châtiment de Dieu, qui doit nous pous­ser à la repentance.

Certains développements doctrinaux au sein du christia­nisme en général et des «trois vagues» en particulier, de­vraient nous convaincre de la nécessité de procéder à un examen personnel, honnête et sérieux. Il est possible que ces mouvements n'eussent jamais vu le jour, si nous n'avions pas négligé certaines doctrines importantes du Nouveau Testament et méprisé les exhortations claires du Seigneur. Ce fait nous interdit de porter un jugement sur nos frères et soeurs du mouvement charismatique en nous cantonnant dans une attitude de propre justice et d'auto-satisfaction.

L'histoire du mouvement pentecôtiste et du mouvement

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charismatique nous oblige à nous poser quelques questions que nous ne voulons pas esquiver. Je voudrais, dans les pages qui suivent, énumérer et commenter brièvement quel­ques-uns des thèmes bibliques que nous sommes coupables d'avoir négligés.

L'adoration Il est malheureux et regrettable que ce soit le mouvement charismatique qui ait dû attirer l'attention des évangéliques sur ce qui est, à la fois, une exigence fondamentale de Dieu et la pièce maîtresse de notre vie spirituelle. Certes, il existe aussi des milieux dits «non charismatiques» qui accordent une grande place à l'adoration de Dieu dans leurs cultes. Mais, même dans ces communautés, on a une fausse idée de l'adoration; on pense avoir adoré Dieu quand on s'est réuni une heure dans la semaine pour prier et chanter des can­tiques abordant plus ou moins le thème de l'adoration.

Le culte, ou service religieux, n'est pas, comme on le pen­se trop souvent dans les milieux évangéliques, l'occasion pour Dieu de «nous servir» une prédication. C'est nous qui servons Dieu, c'est nous qui lui rendons un culte en lui offrant notre vie, en le louant, en l'adorant et en lui rendant grâces du plus profond de notre coeur, par nos lèvres et par nos mains.

Dans sa première épître, Pierre nous décrit comme des prêtres à la fois «royaux» et «consacrés à Dieu», qui exer­cent donc un double sacerdoce:

1. Notre état de prêtres saints définit notre vocation envers Dieu. Nous devons lui offrir:

- des sacrifices spirituels (1 P 2:5); - le fruit de nos lèvres (He 13:15): louange, reconnaissance

adoration; - le sacrifice de nos corps (Rm 12:1 -2).

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«Je vous exhorte donc, frères, par les compassions de Dieu, à offrir vos corps comme un sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu, ce qui sera de votre part un culte rai­sonnable» (Rm 12:1).

2. Notre rôle de rois-prêtres définit notre mission envers les hommes:

- l'annonce de l'évangile (1 P 2:9; Rm 15:16); - la bienfaisance et l'entraide (He 13:16) à l'égard des

nécessiteux; - l'assistance aux personnes dans la détresse et la solitude

(Je 1:27). Il est manifeste que nous avons négligé notre premier devoir envers Dieu et que les milieux charismatiques insistent beaucoup sur l'adoration, même si ce qu'on appelle géné­ralement «adoration» est souvent très différent de ce que la Bible entend par ce mot. L'adoration n'est certainement pas une ambiance religieuse que l'on crée à coups de «musique d'adoration», de «danses d'adoration» sous l'animation d'une «équipe d'adoration»! Adorer véritablement, c'est reconnaître qui est Dieu; l'adoration jaillit du coeur et de la façon de vivre de celui qui a pris conscience de la grandeur et de la splendeur de Dieu.

Les dons de l'Esprit Les épîtres du Nouveau Testament nous donnent, dans quel­ques chapitres particuliers, des indications claires sur la si­gnification et le rôle des dons spirituels (Rm 12:4-8; 1 Co 12 et 14; Ep 4:4-16). Au cours des siècles passés, les Réforma­teurs et leurs disciples, tels que Spener, Zinzendorf et d'au­tres, ont toujours insisté sur le «sacerdoce universel des croyants». Malgré cela, la plupart des communautés évangé-

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liques ont à leur tête un pasteur ou un prédicateur «con­sacré» ou laïque qui doit incarner tous les dons spirituels. Y a-t-il un seul verset biblique qui justifie cette pratique? Les mouvements des «trois vagues» font une grande place au thème des dons spirituels. De nombreux ouvrages ont été écrits pour apprendre aux chrétiens à découvrir leurs dons et à les développer. Même s'il faut souligner avec raison que ces mouvements prônent souvent les dons spectaculaires et négligent les autres, il n'en reste pas moins qu'ils ont remis à l'honneur la question des charismes, alors que, dans de nom­breux milieux non charismatiques, ce sujet est généralement passé sous silence.

Les directives du Saint-Esprit Dans notre vie quotidienne comme dans nos rassemblements fraternels, nous devrions être plus ouverts aux directives du Saint-Esprit. Il faut tenir compte de cette interpellation. La crainte bien compréhensible des abus et des déviations doc­trinales, telles que nous les observons dans les rassemble­ments charismatiques, et la peur de nous trouver dans des situations imprévisibles ne devraient pas aboutir à des ré­unions stéréotypées, caractérisées par une liturgie monotone et desséchante, dans lesquelles on n'accorde aucune place à l'action spontanée du Saint-Esprit.

Combien nous avons besoin d'avoir des rencontres «cha­rismatiques» au sens biblique du terme, c'est-à-dire des réunions dans lesquelles Dieu nous dit réellement ce qu'il a l'intention de nous faire savoir, selon nos besoins, en se ser­vant des différents dons accordés à l'église. Pour éviter les abus occasionnés éventuellement par quelqu'un qui, sous prétexte d'inspiration spontanée, se met à divaguer, il suffi­rait que des frères aînés, expérimentés et sages, ayant le don du «gouvernement» (1 Co 12:28) interviennent pour faire régner l'ordre et fermer «la bouche... aux vains discoureurs»

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(Tite 1:10-11). Dans ce domaine aussi, il est très important, pour une vie communautaire saine, que nous nous laissions guider par la Parole de Dieu et que nous apprenions à discer­ner lucidement et bibliquement, les directives de l'Esprit.

Une vie remplie de l'Esprit La Bible ne parle nulle part d'un «baptême de l'Esprit» com­me d'une «seconde expérience». En revanche, elle présente d'autres exhortations importantes:

- «Soyez... remplis de l'Esprit» (Ep 5:18); - «N'attristez pas le Saint-Esprit de Dieu...» (Ep 4:30); - «N'éteignez pas l'Esprit» (1 Th 5:19).

Si le sceau du Saint-Esprit est accordé au croyant au moment où celui-ci croit à l'évangile après l'avoir entendu (Ep 1:13), la plénitude du Saint-Esprit, elle, dépend de l'obéissance et de la consécration de l'enfant de Dieu. Le texte d'Actes 4:31 déclare que les chrétiens de Jérusalem ont été remplis du Saint-Esprit après qu'ils eurent prié; des sept diacres, il est dit qu'ils devaient être remplis du Saint-Esprit (Ac 6:3). Etienne l'était (Ac 7:55), ainsi que Barnabas, décrit comme «un hom­me de bien, plein d'Esprit-Saint et de foi» (Ac 11:24). La plé­nitude de l'Esprit ne s'acquiert pas par la connaissance théo­rique de quelques lois spirituelles, ni par l'imposition des mains. Elle est accordée à celui qui est vraiment consacré, qui étudie la Bible, prie et marche dans l'obéissance. La plénitu­de de l'Esprit n'est pas acquise une fois pour toutes; elle est compromise par l'infidélité, l'indifférence ou la tiédeur. Les personnages auxquels l'Ecriture rend le témoignage qu'ils sont remplis de l'Esprit ne se différencient pas des autres par le parler en langues mais par leur foi et leur puissance spiri­tuelle pour servir le Seigneur et témoigner de lui. On recon­naît la plénitude de l'Esprit au fruit de l'Esprit:

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«Mais le fruit de l'Esprit, c'est l'amour, la joie, la paix, la patience, la bonté, la bienveillance, la foi, la douceur, la maîtrise de soi» (Ga 5:22).

Un chrétien rempli de l'Esprit manifestera, par sa vie, les caractéristiques du Saint-Esprit:

«Quand le consolateur sera venu, l'Esprit de vérité, il vous conduira dans toute la vérité; car il ne parlera pas de lui-même, mais il dira tout ce qu'il aura entendu, et il vous annoncera les choses à venir. Il me glorifiera, car il prendra de ce qui est à moi, et vous l'annoncera» (Jn 16:13-14).

De nombreux chrétiens, jeunes et moins jeunes, aspirent à mener une vie dynamique parce que remplie de l'Esprit. Cette vie leur est apparemment proposée de manière attrayante par les charismatiques, bien que ces derniers con­fondent souvent «plénitude de l'Esprit» avec «enthousias­me». La question posée est de savoir si ces frères charisma­tiques voient réellement en nous l'action du Saint-Esprit. Dans ce domaine, nous avons certainement tous à nous frap­per la poitrine pour notre tiédeur, notre médiocrité et notre peu de spiritualité. La Bible dans une main et le droit dans l'autre, nous sommes capables de dévoiler maintes incom­préhensions et fausses doctrines charismatiques sur le Saint-Esprit mais toute notre argumentation restera sans effets, si notre façon de vivre n'offre pas une alternative biblique atti­rante et convaincante.

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L'amour envers Jésus-Christ L'amour pour le Seigneur ne saurait se dissocier de la pléni­tude de l'Esprit. Un chrétien rempli de l'Esprit au sens bibli­que du terme ne parle pas beaucoup du Saint-Esprit et enco­re moins de lui-même; il parle volontiers de Jésus-Christ qu'il aime et qui remplit sa vie. Comme un jeune homme amoureux saisit toutes les occasions pour orienter la conver­sation sur la jeune fille qui remplit son coeur de bonheur et dont il est épris, de même nous devrions avoir pour le Sei­gneur un amour qui irradie notre visage. Mais où trouve-t-on aujourd'hui des chrétiens, de fraîche date ou d'expérience, qui n'ont pas encore perdu leur «premier amour»? Lequel d'entre nous, à la question: «M'aimes-tu?» que le Seigneur a posée à Pierre, pourrait répondre comme l'apôtre:

«Seigneur, tu sais toutes choses, tu sais que je t'aime» (Jn 21:17)?

Que de fois nous citons 1 Co 13! Que de sermons nous avons entendus sur le reproche adressé à l'église d'Ephèse (Ap 2:4)! Mais combien de fois nous sommes-nous vraiment et profondément repentis pour notre indifférence à l'égard de celui qui a sacrifié sa vie pour nous? Il intercède continu­ellement en notre faveur et recherche l'amour de son épouse à qui il a tout donné. Celle-ci semble, hélas, porter plus d'intérêt à d'autres personnes et à d'autres choses qu'à son céleste époux. Les grandes campagnes d'évangélisation, un travail social exemplaire et le combat pour maintenir la saine doctrine ne doivent pas nous faire oublier l'essentiel qu'attend Christ de son Eglise: un coeur aimant.

L'étude de la Bible Pour grandir dans une foi saine et avoir l'énergie nécessaire à nos devoirs de chrétiens, il nous faut aimer profondément

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la Parole de Dieu et être avide de l'étudier. Malgré tous les cours dispensés, les séminaires organisés et les sessions ouvertes à tous dans les écoles et instituts bibliques, recon­naissons que notre connaissance de la Bible est très, très limitée. Nous devrions prier ardemment pour que Dieu sus­cite des hommes remplis de l'Esprit, capables d'expliquer les Ecritures et d'en dévoiler les incomparables richesses. Une solide connaissance biblique constitue une digue sûre contre la marée montante des fausses doctrines et des héré­sies. Le mouvement charismatique et, malheureusement aussi, une grande partie des évangéliques, pèchent par le fait qu'ils tolèrent dans leur sein une théologie libérale et cri­tique à l'égard de la Bible. On peut donc craindre qu'à la longue, ne se développe un christianisme qui n'aura plus grand-chose de commun avec le christianisme néotestamen­taire mais qui s'identifiera de plus en plus à une «vague reli­gieuse». Georg Huntemann l'a très bien décrit dans son étu­de sur Bonhoeffer:

«La "vague religieuse" que nous constatons aujourd'hui est une religion qui se différencie du sentiment religieux classique et naïf, en ce sens qu'elle n'est pas innée mais qu'elle répond à des stimulations. Que deviendraient nos évangélistes modernes sans marketting et sans leurs tech­niques de manipulation des sentiments, qui s'appuient souvent sur un vaste ensemble d'appareils électroniques?... Le nouveau sentiment religieux, dans la mesure où il se dé­finit encore comme chrétien, est totalement orienté vers la valorisation de la vie, vers la réalisation purement person­nelle de soi et la possibilité d'en jouir; il est totalement égocentrique... C'est la religion des promesses d'une «vie puissante» qui peut se concrétiser au point de faire miroi­ter devant le converti, non seulement la promesse de la santé mais aussi celles de la prospérité et de la richesse. Dans cette sorte d'évangélisation, l'être humain est «valo­risé». Au lieu de produire d'authentiques nouvelles nais-

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sances, elle insiste sur les événements spectaculaires, qui restent néanmoins des produits de consommation instan­tanée et n'ont, par conséquent, qu'une valeur très relative pour le cours de la vie, ne revêtant aucune signification pour le monde moderne. La nouvelle vague religieuse con­sidère la religion comme un produit de consommation. El­le se révèle comme un moyen de salut égoïste. Que cette religion n'ait rien, mais vraiment rien de commun avec le christianisme, ressort du fait que le Nouvel-Age propose, pour répondre à la demande de ce marché du «besoin reli­gieux», des religions radicalement différentes, des pra­tiques orientales de méditation et des mythologies.»1

Pour être préservé d'un tel danger, il faut rester fermement attaché à l'autorité des Ecritures, les étudier régulièrement et dans une attitude de prière. Elles seules nous éclaireront sur toutes les questions de foi et de vie pratique, et nous don­neront la force nécessaire pour mener une vie conséquente, centrée sur Dieu et non sur nous-mêmes.

La prière «Il faut avoir une vie de prière intense.» Tel est le slogan que nous brandissons tous. En effet, depuis notre plus tendre enfance, nous savons que la prière est la clé du réveil. Pour­tant, si quelque chose caractérise notre vie spirituelle per­sonnelle et communautaire, c'est bien notre pauvreté et nos lacunes dans ce domaine! C'est par là que devrait commen­cer notre revirement. Les temps ont beau être difficiles, et l'ombre de l'antichristianisme a beau se profiler de plus en plus nettement, chaque fois que des églises reconnaissent sincèrement leurs manquements et leur responsabilité, Dieu suscite un réveil car il est fidèle à sa Parole. Si nous nous abandonnons à lui, nous constaterons qu'il accomplit tou­jours ses promesses.

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Style de vie modeste Si les propagateurs de l'évangile de la prospérité attirent le regard de l'homme sur lui-même, sur les choses de la terre, la considération, le succès et la puissance, nous devrions, quant à nous, prouver par notre mode de vie simple l'hon­neur de qui nous recherchons et où s'attache notre coeur.

«Car là où est votre trésor, là aussi sera votre coeur» (Le 12:34).

Que la manière dont nous menons notre vie quotidienne soit un appel à la repentance, silencieux mais incontourna­ble, cela, même si se multipliaient les voix de ceux qui cri­tiquent l'absence d'ambition de l'église, qui considèrent cet­te attitude comme «négative» et qui rêvent de la «domina­tion du monde».

«Que vos reins soient ceints, et vos lampes allumées. Et vous, soyez comme des hommes qui attendent que leur maître revienne des noces...» (Le 12:35-36).

Un mode de vie évangélique On ne peut nier le fait que de nombreux charismatiques oeu­vrent sur des champs de mission et s'efforcent d'accomplir l'ordre missionnaire donné par le Seigneur à ses disciples. Malgré nos réserves sur certaines des méthodes employées ou le rejet catégorique de certaines autres, même si nous déplorons trop souvent l'annonce soit d'un évangile au rabais, nous devons cependant reconnaître que, dans le mon­de entier, nos frères et soeurs pentecôtistes et charismatiques utilisent tous les moyens à leur disposition pour amener des gens à Jésus-Christ. En ce qui nous concerne, pourquoi som­mes-nous tellement moins engagés dans ce service impor­tant? Le travail d'évangélisation est capital pour la santé de l'église. Quand des personnes du monde viennent à la foi

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vivante en Jésus-Christ et entrent dans l'église, elles lui apportent un sang nouveau, bienfaisant à tous points de vue. Une église dans laquelle s'opèrent de nombreuses conver­sions est protégée contre le conformisme et contre la sclérose. Les jeunes croyants qui ne s'attachent pas à une piété tradi­tionnelle particulière, obligent les aînés à se remettre en ques­tion et à réfléchir à la forme de leur propre piété. Une église qui est activement engagée dans l'évangélisation risque moins de se perdre dans les dédales de la spéculation théolo­gique. Le travail d'évangélisation l'oblige à coller à la réa­lité quotidienne et maintient ses membres dans l'humilité. Cela reste le meilleur rempart contre le perfectionnisme et le légalisme.

Il ne s'agit pas essentiellement d'organiser de grandes campagnes d'évangélisation mais de développer, parmi les membres de l'église, une façon naturelle d'évangéliser ceux qui vivent dans leur entourage immédiat. Cette evangélisa­tion par le moyen des contacts personnels est particulière­ment nécessaire et efficace aujourd'hui.

Un juste équilibre entre la responsabilité personnelle et la responsabilité communautaire De tous temps, l'église a été exposée à deux dangers: l'indi­vidualisme qui conduit aux tensions et aux divisions, et le cléricalisme qui décharge la majorité de ses responsabilités au profit d'une minorité de «professionnels». Dans ce domaine, nous devons apprendre à concilier deux principes, apparemment contradictoires, et qui sont à l'origine de nom­breuses divisions.

Le premier est celui de la vocation particulière. Dieu appelle ses ouvriers, il les forme, les envoie dans sa moisson et pourvoit à leurs besoins. La pratique courante qui veut que les missionnaires, les évangélistes, les pionniers et les doc­teurs en théologie soient généralement envoyés, supervisés

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et rétribués par une société missionnaire procède de bonnes intentions et présente de nombreux avantages, mais elle ne correspond pas à la pratique et à l'enseignement du Nouveau Testament. Un ouvrier du Seigneur est, avant tout, respon­sable vis-à-vis du Maître qui l'a envoyé dans son champ. Il ne doit en aucun cas se rendre dépendant des hommes, ni pour ce qui est de son service ni pour ce qui est de la maniè­re dont il l'accomplit. Cela ne signifie pas qu'il échappe à tout contrôle biblique justifié, sous prétexte qu'il est «libre» à l'égard des hommes.

Le deuxième principe est celui de la responsabilité de l'é­glise: celle-ci doit reconnaître ceux que le Seigneur a qualifiés, elle doit les encourager, les aider à développer harmonieuse­ment leurs dons, les corriger et les soutenir. L'église peut avertir et reprendre un ouvrier du Seigneur, elle peut expri­mer des voeux et faire des recommandations, mais elle ne doit jamais s'interposer entre le serviteur et son Maître. Elle n'a le droit et le devoir d'intervenir et de pratiquer la discipline ecclésiastique, à l'encontre d'un serviteur de Dieu, qu'en cas de déviation doctrinale ou de grave péché contre la morale. De son côté, l'ouvrier n'a aucun droit à revendiquer la recon­naissance de ses dons ou son soutien financier si, pour quel­que raison que ce soit, celui-ci lui faisait défaut. L'église peut se ranger derrière un serviteur de Dieu, lui imposer les mains (Ac 13:3) et s'identifier à lui dans son travail. Mais elle peut aussi adopter une position d'attente et laisser ainsi au candi­dat l'occasion de manifester ses aptitudes. Elle peut encore refuser de reconnaître l'appel d'un frère et, par conséquent, également refuser de le soutenir, préférant laisser à Dieu le soin de s'occuper de son serviteur. Il ne faudrait jamais que des questions financières ou des liens administratifs soient un obstacle sur le chemin de celui qui veut répondre à l'appel de Dieu. Inversement, il ne faut pas non plus qu'une église se sente obligée de soutenir un ouvrier dont la vocation et les ap­titudes sont sujettes à caution. Il n'est certes pas facile de re­venir à une pratique plus saine et plus biblique. Cela aurait

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l'avantage pourtant de nous faire mieux prendre conscience de notre propre responsabilité, de nous obliger à prier avec plus de ferveur pour être conduits par Dieu dans notre servi­ce, et donc de faire ainsi des expériences bénéfiques dans le domaine de la foi. La plupart des pionniers et des prédicateurs de réveils ont accompli leur mission non sur l'ordre d'une société missionnaire ou d'une église mais en obéissance à un ordre qu'ils avaient clairement reçu de Dieu. C'est pourquoi ils ont expérimenté des délivrances extraordinaires, ce qui, hélas, n'est pas notre cas.

Evidemment, lorsque l'église ne lui accorde pas sa confi­ance, le serviteur de Dieu devrait se demander sérieusement s'il a réellement reçu un appel du Seigneur et, si tel n'est pas le cas, accepter avec reconnaissance toute mise en garde. Quand l'ouvrier et l'église sont dans de bonnes dispositions spirituelles à l'égard du Seigneur et l'un vis-à-vis de l'autre, ils travaillent harmonieusement ensemble, et le Seigneur bénit cette collaboration.

Jim Elliot, un jeune missionnaire assassiné par les Aucas en 1956, écrivit dans son agenda cette phrase particulière­ment appropriée à notre contexte:

«Ne te mets pas, vis-à-vis d'autrui ou vis-à-vis d'un grou­pe, dans une situation telle que ceux-ci pourraient te pres­crire ta conduite dans des circonstances où tu sais perti­nemment que seul un examen personnel devant Dieu te permettrait de prendre une décision sage. Ne permets jamais à une organisation humaine de te dicter la volonté de Dieu.»2

Un peu plus tard, il écrivit: «Il m'a fallu un certain temps avant que j'apprenne à ne vivre que pour Dieu, à laisser Dieu seul modeler ma con­science et à ne rien craindre autant que de m'écarter de sa volonté.»3

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Que devant ces mouvements et ces tendances au sein du christianisme Dieu nous accorde la grâce d'être, comme tout à nouveau, motivés et désireux de discerner sa volonté dans sa Parole, et d'accomplir cette dernière avec persévérance, humilité et fidélité.

«Or, à celui qui peut vous préserver de toute chute et vous faire paraître devant sa gloire irréprochables et dans l'allégresse, à Dieu seul, notre Sauveur, par Jésus-Christ notre Seigneur, soient gloire, majesté, force et puissance, dès avant tous les temps, maintenant, et dans tous les siècles! Amen!» (Jude 25)

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Appendice 1 - Ce que la Bible dit 1. Sur le «baptême dans l'Esprit» Il est important de faire remarquer que l'expression «baptê­me de (ou dans) l'Esprit» ne se trouve nulle part dans les Ecritures: celles-ci mentionnent cependant le fait d'être «baptisé dans l'Esprit» et «baptisé d'Esprit». Sur les sept mentions de ces mots ainsi associés, quatre sont de la bouche de Jean-Baptiste:

«Moi, je vous baptise d'eau, pour vous amener à la repen­tance; mais celui qui vient après moi est plus puissant que moi, et je ne suis pas digne de porter ses souliers. Lui, il vous baptisera du Saint-Esprit et de feu» (Mt 3:11; cf. Me 1:8; Le 3:16-17; Jn 1:33).

Les trois autres références sont les suivantes:

«Comme il se trouvait avec eux, il leur recommanda de ne pas s'éloigner de Jérusalem, mais d'attendre ce que le Père avait promis, ce que je vous ai annoncé, leur dit-il. Car Jean a baptisé d'eau, mais vous, dans peu de jours, vous serez baptisés du Saint-Esprit» (Ac 1:4-5).

«Et je me souvins de cette parole du Seigneur: Jean a bap­tisé d'eau, mais vous, vous serez baptisés du Saint-Esprit» (Ac 11:16).

«Nous avons tous, en effet, été baptisés dans un seul Esprit, pour former un seul corps, soit Juifs, soit Grecs, soit esclaves, soit libres, et nous avons tous été abreuvés d'un seul Esprit» (1 Co 12:13).

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Aucun de ces passages ne fait une quelconque allusion à une «deuxième bénédiction», à une «deuxième expérience» ou à un «revêtement de puissance» pour le service. Il est probable que les concepts «baptisé dans l'Esprit» et «rempli de l'Esprit» ont été confondus, ce qui a entraîné de regrettables conséquences. Les textes que nous avons cités, ne concer­nent pas une expérience personnelle que ferait chaque croyant; ils se réfèrent à un événement unique dans l'Histoire, annoncé dans les Evangiles et dans Ac 1:4-5, et évoqué comme accompli dans Ac 11:16 et 1 Co 12:13. Cet événement n'est autre que la venue du Saint-Esprit le jour de la Pentecôte, et la naissance au même moment de l'Eglise néo-testamentaire, composée de personnes «baptisées dans un seul et même Esprit pour former un seul corps.»

«Quand il est question du baptême dans l'Esprit, il s'agit toujours de la venue de l'Esprit de Dieu lors de la Pen­tecôte. C'est à ce moment qu'il a établi sa demeure dans les croyants rassemblés et les a unis en un corps, le corps de Christ, le peuple de Dieu. C'est un événement unique qui ne se répète pas. Aujourd'hui, quiconque croit, reçoit le Saint-Esprit comme sceau et gage de son salut. Il est ajouté au corps de Christ, mais le Nouveau Testament ne présente jamais cette réalité comme un baptême dans l'Esprit ni comme un baptême d'Esprit.»1

Il est notoire aussi que les défenseurs du «baptême de/dans l'Esprit» ne mentionnent jamais le deuxième élément des paroles de Jean-Baptiste: «... et de feu»! Le feu est une ima­ge du jugement de Dieu, et le peuple d'Israël, qui a rejeté son Messie, a été «baptisé de feu» en l'an 70, lors de la con­quête définitive du pays par les Romains. Prier pour «être baptisé de feu», c'est en fait demander un jugement sur soi!

Certains auteurs (A. Kuen, A. Seibel, P. Mayer, entre au­tres) estiment que «le baptême par l'Esprit est l'événement spirituel qui nous fait naître à la vie d'en-haut et nous intègre

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au corps de Christ».2 D'autres (Wim Ouweneel, Henk Medema) voient dans le «baptême d'Esprit» d'abord l'évé­nement historique rapporté dans Ac 2, mais identifient aussi ce baptême avec la nouvelle naissance qui fait du nouveau-né spirituel un membre du corps de Christ.

En résumé: 1. L'expression «baptême de ou dans l'Esprit» n'apparaît

pas dans la Bible.

2. La Parole de Dieu ne parle pas d'une «deuxième expéri­ence» ou d'une «deuxième bénédiction» qu'elle nomme­rait «baptême de l'Esprit».

3. Beaucoup d'hommes et de femmes des mouvements de réveil, des mouvements de guérison et des groupes de vie communautaire ont connu une expérience spirituelle pro­fonde après leur conversion, expérience qu'ils qualifient malheureusement de «deuxième bénédiction» ou de «baptême de l'Esprit».

4. Quiconque croit au Seigneur Jésus est ajouté au corps de Christ, il est scellé du Saint-Esprit (Ep 1:13) et son corps devient le «temple du Saint-Esprit» (1 Co 6:19).

5. Tous les passages bibliques relatifs au baptême dans le Saint-Esprit concernent la première Pentecôte, ce moment unique de l'Histoire où les croyants ont été ras­semblés en un seul corps; depuis lors, ce corps est la «demeure» ou le «temple» (1 Co 3:16) du Saint-Esprit.

Ouvrages recommandés: A. Kuen: «Le Saint-Esprit: baptême et plénitude», éditions

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Emmaùs. (Bien qu'étant en désaccord avec son auteur sur quelques points, je recommande vivement la lecture de cet ouvrage.) John Stott: «Du baptême à la plénitude». Editions Emmanuel. Ralph Shallis: «Le miracle de l'Esprit», Editions Telos.

2. Le parler en langues Il faut remarquer d'emblée que dans tous les passages bibli­ques où il est question de parler en langues, il s'agit de lan­gues ayant cours et non d'un balbutiement incompréhensible ou d'une succession de sons inintelligibles. Il est important de rappeler à ce propos le grand principe biblique qu'«aucun passage de l'Ecriture ne peut faire l'objet d'une interpréta­tion personnelle». On ne peut comprendre généralement le sens d'une expression biblique qu'en examinant où et dans quel contexte elle intervient pour la première fois. Genèse 11:1-9 montre clairement que la multiplicité des langues est le résultat d'un jugement divin porté contre l'orgueil de l'homme. Dans un certain sens, le parler en langues men­tionné dans le Nouveau Testament annule cette malédiction. Dans l'Ancien Testament, nous ne trouvons qu'un texte pro­phétique relatif au parler en langues, et Paul le cite dans 1 Co 14:21-22:

«Eh bien! c'est par des hommes aux lèvres balbutiantes et au langage barbare que l'Eternel parlera à ce peuple. Il lui disait: Voici le repos, laissez reposer celui qui est fatigué; voici le lieu du repos! Mais ils n'ont pas voulu écouter» (Es 28:11-12).

Le contexte montre à l'évidence que cet «autre langage» serait celui d'un peuple appelé pour châtier Israël à cause de l'idolâtrie dans laquelle il est tombé avec ses faux prophètes

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et ses dirigeants impies. Ainsi, le parler en langues auquel Esaïë 28 fait allusion n'est qu'un signe du jugement de Dieu contre le peuple d'Israël.

Un seul passage des Evangiles présente le parler en lan­gues comme un des signes qui accompagneront les nou­veaux croyants:

«Voici les miracles qui accompagneront ceux qui auront cru: en mon nom, ils chasseront des démons, ils parleront de nouvelles langues... » (Me 16:17).

Le livre des Actes ne mentionne que trois parlers en langues:

«Et ils furent tous remplis du Saint-Esprit, et se mirent à parler en d'autres langues, selon que l'Esprit leur donnait de s'exprimer» (Ac 2:4).

«Tous les fidèles circoncis qui étaient venus avec Pierre forent étonnés de ce que le don du Saint-Esprit était aussi répandu sur les païens. Car ils les entendaient parler en langues et glorifier Dieu» (Ac 10:45-46).

«Sur ces paroles, ils furent baptisés au nom du Seigneur Jésus. Lorsque Paul leur eut imposé les mains, le Saint-Esprit vint sur eux, et ils parlaient en langues et prophéti­saient» (Ac 19:5-6).

Dans les épîtres du Nouveau Testament, seuls les chapitres 12 à 14 de la première lettre aux Corinthiens abordent ce sujet. Au chapitre 14 en particulier, l'apôtre Paul approfon­dit la question car les chrétiens charnels de Corinthe avaient apparemment un penchant très prononcé pour ce don et ils le pratiquaient largement. Voici ce qu'il leur déclare:

- la prophétie est plus importante que le parler en langues (v.1-6)

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- le parler en langues n'a de sens que s'il est interprété et compris des auditeurs (v.7-19)

- le parler en langues est un signe pour ceux qui ne croient pas (v.20-22)

- au cours d'une réunion, trois personnes au maximum doi­vent être autorisées à parler en langues, et leur message doit impérativement être traduit (v.26-27).

Le parler en langues: un signe pour ceux qui ne croient pas Aucun texte biblique ne déclare que le parler en langues soit un signe permettant d'affirmer que telle personne a été effectivement baptisée du Saint-Esprit. Au contraire, et Paul le souligne fortement, le parler en langues est un signe pour ceux qui ne croient pas, et n'a donc d'intérêt que si l'audi­toire comporte des étrangers qui pourront ainsi entendre l'évangile dans leur propre langue, ou des Juifs incrédules qui eux seront placés devant l'évidence que désormais Dieu ne s'adresse plus seulement aux Juifs par le moyen des Juifs, mais qu'il parle à toutes les nations. Pour les Juifs, même croyants, cette réalité était difficilement acceptable. Pierre lui-même eut beaucoup de peine à admettre que Dieu ne fai­sait plus de différence entre les Juifs et les païens. Le parler en langues constituait le signe extérieur d'une nouvelle étape dans l'histoire du salut. C'est pourquoi, Marc 16 associe le parler en langues à l'ordre missionnaire et 1 Co 14:22 en fait un signe pour ceux qui ne croient pas. Le parler en langues n'a donc de sens que s'il permet d'annoncer l'évangile à des populations dont le prédicateur ignore la langue.

Ce que le parler en langues n'est pas Contrairement à ce que beaucoup prétendent, la Bible n'en­seigne nulle part que le parler en langues permettrait de

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mieux adorer Dieu, serait plus efficace pour l'intercession ou permettrait de puiser des forces insoupçonnées. De telles affirmations sont absurdes. En effet, d'après les Ecritures, un don spirituel ne change en rien notre relation avec Dieu car il est accordé «en vue du bien commun» des saints et pour l'édification du corps de Christ (1 Co 12:7; 14:4, 26).

S'il n'en était pas ainsi, celui qui ne possède pas ce don serait défavorisé dans sa relation avec Dieu. Or, dans aucune épître pastorale - ces lettres qui traitent surtout de la vie spi­rituelle du croyant et de la communion vécue avec le Sei­gneur -, il n'est fait mention une seule fois du parler en lan­gues. Alors, quand on dit que celui qui parle en langues pré­sente un meilleur «psychogramme», c'est-à-dire un meilleur tracé psychique, que d'autres chrétiens (je connais aussi le cas contraire!), cela pourrait tout au plus s'expliquer psychi-quement, mais pas du tout bibliquement.

En résumé: 1. Aucun passage du Nouveau Testament n'enseigne que le

don du parler en langues soit un signe ou le sceau du «baptême de l'Esprit».

2. 1 Co 14 envisage le parler en langues comme un signe pour ceux qui ne croient pas. Désormais, la bonne nou­velle du salut est accessible aux hommes de toutes na­tions et de toutes langues; elle n'est plus limitée au seul peuple d'Israël.

3. Le parler en langues constitue aussi un signe du jugement de Dieu contre les Juifs incrédules (1 Co 14:21).

4. Aucun texte biblique ne vient étayer les affirmations que le parler en langues est un moyen de mieux prier, qu'il est le «langage des anges» ou qu'il permet de puiser à des

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sources d'énergie spirituelle. La nature et l'oeuvre du Saint-Esprit qui ne déconnecte jamais notre intelligence (1 Co 14:19, 20, 32), ainsi que la nature et le but des dons spirituels s'inscrivent en faux contre de telles assertions.

Ouvrages recommandés: R. Shallis: «Le miracle de l'Esprit», Editions Telos. R. Shallis: «Le don de parler diverses langues», Editions Centre Biblique, 46500 Gramat, 1982.

3. La guérison des malades Dès les premières pages de la Bible, il apparaît clairement que la maladie et la mort sont des conséquences de la chute. D'ailleurs, et malgré quelques rares exceptions, l'Ancien Testament souligne le lien étroit qui existe entre la maladie et le péché personnel; en général, la bénédiction divine se manifeste dans le domaine matériel et visible: richesse, santé, postérité nombreuse, longue vie (Dt 28:1-14).

Le Nouveau Testament insiste beaucoup plus sur les bé­nédictions de nature spirituelle, celles qui sont «dans les lieux célestes» (Ep 1:3), «en Christ», et qui ne sont pas fon­damentalement ni nécessairement matérielles et visibles. Le Nouveau Testament ne nous promet ni la prospérité ni la santé. C'est pourquoi il nous parle d'hommes qui, malgré leur fidélité et une évidente bénédiction de Dieu sur leur vie, ont été malades sans que leur maladie soit liée à un péché particulier qu'ils auraient commis:

- Epaphrodite a été malade et «tout près de la mort» (Ph 2:25-27);

- Trophime a été malade (2 Tm 4:20); - Timothée a été malade («fréquentes indispositions»,

1 Tm 5:23);

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- Paul déclare à maintes reprises qu'il était «faible» (2 Co 11:29; 12:9; Ga 4:13); il portait en lui «sa condamnation à mort» (2 Co 1:9) et a été «frappé par Satan» (2 Co 12:7).

Il vaut la peine de faire remarquer que le livre des Actes, comme les épîtres, ne rapporte aucun exemple significatif de croyants guéris miraculeusement. Certes, quelques croyants ont bien été ramenés à la vie, mais tous les exemples de guérison miraculeuse mettent enjeu des incroyants. Une lec­ture attentive du Nouveau Testament nous apprend ceci:

- la maladie est une conséquence de la chute; - elle peut être la conséquence d'un péché particulier ( 1 Co

11:30; Je 5:15); - elle n'est pas nécessairement la conséquence d'un péché

particulier (Jn 9:3); - elle peut avoir un effet préventif (2 Co 12:7); - elle est parfois un moyen dont Dieu, à notre insu, se sert

pour nous éduquer (He 12:6-11).

Bien entendu, nous pouvons et devons prier pour les mala­des. Dieu peut aujourd'hui encore guérir des malades de fa­çon surnaturelle, de même qu'il peut donner la guérison par le moyen des médecins et des médicaments. Mais, nous n'avons pas le droit de revendiquer la santé car notre corps n'est pas encore libéré des conséquences et de la malédiction du péché.

«... mais nous aussi, qui avons les prémices de l'Esprit, nous soupirons en nous-mêmes, en attendant l'adoption, la rédemption de nos corps» (Rm 8:23).

Il est évidemment important qu'en cas de maladie, nous ne cherchions pas seulement le secours du médecin mais, avant tout, celui de Dieu. De nombreuses maladies décou­lent du refus de tenir compte de la Parole de Dieu; c'est pourquoi beaucoup de malades ont davantage besoin d'une relation d'aide spirituelle que de médicaments.

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Pour ce qui est des maladies qui résultent d'un péché ina­voué, nous devons appliquer la recommandation de Je 5:15-16. Un tel péché doit être confessé afin que la guérison puis­se intervenir. «Confessez vos péchés les uns aux autres et priez les uns pour les autres, afin que vous soyez guéris. La prière agissante du juste a une grande efficacité» (Je 5:16). Mais si, après un examen attentif, nous ne découvrons aucun péché particulier qui puisse expliquer notre maladie, nous devons demander à Dieu la force de pouvoir le glorifier et de supporter patiemment l'épreuve.

La guérison du corps est-elle incluse dans le sacrifice expiatoire de Jésus? De nombreux pentecôtistes et charismatiques enseignent que le Seigneur Jésus-Christ n'a pas seulement expié nos péchés sur la croix, mais qu'il s'est aussi chargé en son corps de nos maladies. Pour affirmer pareille chose, ils s'appuient sur Es 53:4 repris par Mt 8:17, et en tirent la conclusion sui­vante: «Ce n'est pas la volonté de Dieu que vous souffriez d'une maladie pour laquelle Jésus a déjà souffert.»3

Le Nouveau Testament déclare formellement que l'expiation et la substitution ont été opérées sur la croix durant les trois heures de ténèbres au cours desquelles le Seigneur Jésus a été châtié par Dieu à cause de nos péchés (2 Co 5:18-21; Col 1:21-22; 1 P 2:24). Dans Mt 8:17, il est évident que Jésus accomplit Es 53:4 au début de son minis­tère et non sur la croix; par conséquent, ce passage de l'Ancien Testament ne saurait être inclus dans l'oeuvre expiatoire et substitutive. Que signifient alors ces mots:

«... et il s'est chargé de nos maladies» (Mt 8:17)? Darby l'a fort bien expliqué ainsi: «Notre Seigneur n'a jamais guéri un seul malade sans porter dans son âme et sur son coeur le poids de sa maladie comme fruit de la puissance du Malin.»4 Nous lisons dans Es 63:9: «Dans toutes leurs détresses, qui

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étaient pour lui aussi une détresse...» Le Seigneur a donc souffert des conséquences visibles du péché. La compassion qu'il a éprouvée et la peine qu'il a partagée n'ont rien à voir avec la substitution ou avec l'expiation. Bien que le Seigneur soit mort sur la croix pour les péchés du monde (Jn 1:29; 1 Jn 2:2), préparant ainsi le jour où la malédiction du péché - avec la maladie et la mort comme conséquences - sera définitive­ment effacée, la «rédemption de notre corps» (Rm 8:23) est encore à venir; notre corps est encore «misérable» (Ph 3:21), «mortel» (Rm 8:11) et en voie de «destruction» (2 Co 4:16). Le propre vécu des guérisseurs dément leur enseignement. La plupart d'entre eux portent des prothèses dentaires ou des lunettes, et sentent bien que les conséquences du péché n'ont pas entièrement été éradiquées de leur corps.

En résumé: 1. La maladie et la mort sont la conséquence de la chute.

2. La maladie peut être la conséquence d'un péché particu­lier, mais elle ne l'est pas toujours.

3. Dieu peut guérir de manière surnaturelle; il peut aussi se servir des médecins et des traitements médicaux. Un Evangile et le livre des Actes ont été écrits par Luc, «le médecin bien-aimé» (Col 4:14).

4. Le Nouveau Testament mentionne plusieurs croyants fidèles qui ont été malades et n'ont pas été guéris par des procédés surnaturels. Tous les exemples de malades guéris miraculeusement concernent des gens qui n'étaient pas croyants.

5. Nous pouvons et devons prier pour les malades, mais nous ne pouvons nous appuyer sur aucune promesse bi-

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blique formelle qui nous garantirait la santé physique et la guérison.

6. Il faut considérer comme non biblique la doctrine selon laquelle nous pourrions revendiquer, au même titre que la rédemption, la guérison «par la foi», car nous attendons encore la rédemption de notre corps (Rm 8:23).

7. Nous devons considérer toute méthode de guérison qui s'appuie sur la «visualisation», sur la «puissance de la parole exprimée» etc., comme une méthode occulte et non biblique et, par conséquent, la rejeter.

4. L'imposition des mains

a. L'imposition des mains dans l'Ancien Testament L'Ancien Testament comporte de nombreux récits et com­mandements relatifs à l'imposition des mains, notamment à propos des sacrifices. Dans Gn 48:8-20, il est dit que Jacob a posé ses mains sur ses petits-fils: Ephraïm et Manassé. Lv 4 ordonne aux Israélites coupables de poser leurs mains sur l'animal avant de l'offrir en sacrifice de culpabilité et d'expiation. Ce rite prenait une signification particulière lors de la fête annuelle des expiations:

«Aaron posera ses deux mains sur la tête du bouc vivant, et il confessera sur lui toutes les iniquités des enfants d'Israël et toutes les transgressions par lesquelles ils ont péché; il les mettra sur la tête du bouc, puis il le chassera dans le désert, à l'aide d'un homme qui aura cette char­ge» (Lv 16:21).

On posait également les mains sur les animaux offerts en holocauste et en sacrifice de communion. Dans ces cas-là, il

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n'y avait pas transfert de péchés; c'était la valeur de l'animal qui était imputée à celui qui l'offrait (Ex 29:10; Lv 1:4; 3:2; 8:18). De plus, le peuple d'Israël devait imposer les mains aux Lévites avant que ceux-ci n'accomplissent leur service. Les Lévites servaient Dieu à la place, donc en substitution des premiers-nés des Israélites. Le fait de poser les mains sur eux illustrait leur identification aux premiers-nés (Nb 8:10). Tous ces exemples montrent que dans l'Ancien Testament, l'imposition des mains exprime l'identification (union ou communion). b. U imposition des mains dans le Nouveau Testament Les évangiles rapportent que Jésus a posé ses mains sur quelques personnes: - des malades et des faibles, pour les guérir (Me 6:5; 8:23;

Le 13:13) - des enfants, pour les bénir (Mt 19:15; Me 10:16). On peut toutefois faire remarquer que Jésus a imposé les mains à relativement peu de malades (la plupart d'entre eux ont été guéris par un simple mot du Seigneur), et qu'il ne les a jamais imposées aux démoniaques. Les exemples de guérison avec imposition des mains montrent que ce geste exprimait avant tout l'identification du Seigneur avec la personne malade et avec tout le peuple. Jésus accomplissait ainsi une prophétie de l'Ancien Testament, évoquée par le Nouveau:

«Il guérit tous les malades, afin que s'accomplisse ce qui avait été annoncé par Esaïë, le prophète: "Il a pris nos in­firmités, et il s'est chargé de nos maladies» (Mt 8:16-17).

On trouve un exemple de guérison similaire dans Ac 28:8 où

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Paul impose les mains au père de Publius et le guérit après avoir prié. Hormis cet exemple de guérison, le livre des Actes mentionne cinq autres cas d'imposition des mains: - Ac6:6

Les apôtres imposent les mains aux sept diacres, leur con­férant ainsi l'autorité pour accomplir leur tâche et suppri­mant, du même coup, toute contestation et mise en doute de leurs compétences.

- Ac8:17 Pierre et Jean imposent les mains aux chrétiens de Sama-rie, à la suite de quoi ceux-ci reçoivent le Saint-Esprit. Par ce geste, il devenait évident pour tous que les chré­tiens d'origine juive et ceux d'origine samaritaine faisaient partie, sans distinction, du corps de Christ. En tant que messagers de Dieu et représentants des chrétiens d'origi­ne juive, les apôtres devaient officiellement démontrer, par l'imposition des mains, que l'abîme qui s'était creusé au cours des siècles entre Juifs et Samaritains, était doré­navant comblé. Ce fut pour les deux parties une expérien­ce à la fois humiliante et bénie, propre à faire taire à jamais toute querelle et à rabaisser toute présomption.

- Ac9:17 Ananias impose les mains à Paul: celui-ci recouvre alors la vue et est rempli du Saint-Esprit. Par cette imposition des mains, Ananias devait attester que l'ancien persécu­teur des chrétiens était devenu leur frère en Christ.

- Ac 13:3 Les prophètes et les docteurs d'Antioche imposent les mains à Paul et à Barnabas avant que ceux-ci n'entre­prennent leur premier voyage missionnaire en Europe. Par ce geste, ils expriment leur plein accord, leur soutien et leur communion avec les deux apôtres.

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- Ac 19:6 Après avoir baptisé les douze disciples de Jean-Baptiste, Paul leur impose les mains et ceux-ci reçoivent le Saint-Esprit. L'imposition des mains doit attester visiblement l'unité des groupes autrefois séparés. Désormais, ces hommes ne sont plus des disciples de Jean-Baptiste mais des disciples de Jésus.

c. L'imposition des mains dans les épîtres L'imposition des mains n'est mentionnée que dans les deux lettres à Timothée.

«Ne néglige pas le don qui est en toi, et qui t'a été donné par prophétie avec l'imposition des mains de l'assemblée des anciens» (1 Tm 4:14).

«N'impose les mains à personne avec précipitation, et ne participe pas aux péchés d'autrui» (1 Tm 5:22).

«C'est pourquoi je t'exhorte à ranimer la flamme du don de Dieu que tu as reçu par l'imposition de mes mains» (2 Tm 1:6).

Timothée avait donc reçu un don par l'imposition des mains de l'apôtre Paul, don reconnu ou confirmé par l'imposition des mains des responsables de l'Eglise. A ma connaissance, c'est le seul exemple d'un don spirituel communiqué par l'imposition des mains d'un apôtre.

Timothée est d'ailleurs vivement exhorté à ne pas impo­ser trop hâtivement les mains à qui que ce soit, c'est-à-dire à ne pas trop rapidement reconnaître officiellement les dons ou le ministère de quelqu'un et de ne pas s'identifier à lui par l'imposition des mains. Il risquerait de se tromper et de participer ainsi au péché d'autrui.

Tous les textes de l'Ancien et du Nouveau Testament qui parlent de l'imposition des mains, montrent donc que ce

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geste symbolise la communion, l'identification ou le trans­fert. Il n'y a aucun verset qui nous commande d'imposer les mains en vue de la guérison, de la communication de dons spirituels ou de la bénédiction. Au contraire, la Parole de Dieu nous met en garde contre toute légèreté dans ce domai­ne: à vouloir imposer les mains trop vite, on peut se rendre coupable de péchés. d. Expériences tirées de la relation d'aide Il est établi que certains chrétiens, à qui on a imposé les mains, ont sombré ensuite dans la dépression ou ont nourri des pensées impures. D'autres ont perdu le goût de la prière ou de la lecture biblique. D'autres encore ont été victimes de pensées obsessionnelles et, lorsqu'ils priaient, ils ne pou­vaient s'empêcher de voir devant eux la personne qui leur avait imposé les mains. Ces exemples, et bien d'autres encore, soulignent le danger réel lié à une mauvaise compréhension et à une mauvaise pratique de l'imposition des mains; ce geste peut soumettre une personne à des influences et des puissances mauvaises et démoniaques. C'est surtout le cas lorsque l'imposition des mains est pratiquée, non pour reconnaître officiellement le ministère de quelqu'un ou pour s'identifier à lui, mais pour lui communiquer des «énergies». L'avertissement de Paul de ne pas imposer trop vite les mains à quelqu'un reste valable pour notre temps; il signifie aussi que nous devons être très prudents et refuser de nous laisser imposer les mains à la légère.

En résumé: 1. L'imposition des mains est une pratique biblique, attestée

dans l'Ancien comme dans le Nouveau Testament.

2. En comparant les différents passages bibliques, on s'aperçoit qu'imposer les mains, c'est déclarer être en

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communion avec quelqu'un, s'identifier à lui ou lui reconnaître un ministère particulier. Dans quelques cas du livre des Actes, l'imposition des mains - signe de reconnaissance et d'identification - est suivie de la récep­tion du Saint-Esprit.

3. Deux passages bibliques font suivre l'imposition des mains d'un bien-être corporel (Me 16:18) et de la com­munication d'un don spirituel (2 Tm 1:6). Comme il s'agit, dans les deux récits, d'une imposition des mains pratiquée par un apôtre, on peut considérer que ces cas ne sont pas applicables à notre époque. Les épîtres du Nou­veau Testament n'exhortent jamais à imposer les mains mais plutôt à faire preuve de beaucoup de retenue dans ce domaine (1 Tm 5:22).

4. La pratique contemporaine d'imposer les mains, pour guérir, communiquer des dons spirituels ou de la puis­sance, doit être dénoncée comme étant non biblique.

5. Parfois, l'imposition des mains aboutit à des résultats comparables à ceux de certaines pratiques occultes de guérison. Cette constatation incite à la prudence et à la vigilance.

5. «Se reposer dans l'Esprit» Les quelques exemples bibliques de personnes qui sont tom­bées à la renverse prouvent clairement que c'était sous l'effet d'un jugement de Dieu. Le sacrificateur Eli, dont le jugement avait déjà été annoncé en 1 Samuel 2, se brisa la nuque en tombant de son siège et mourut (1 S 4:18). Dans Esaïë 28, Dieu prononce un jugement contre les prophètes et les sacri­ficateurs d'Ephraîm qui accomplissent leur service sous l'emprise de boissons fortes («ils chancellent en prophétisant,

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ils vacillent en rendant la décision»). Dieu leur annonce qu'ils trébucheront à la renverse et se briseront, et qu'ils seront pris au piège et capturés (Es 28:13). Même ceux qui voulurent se saisir de Jésus «eurent un mouvement de recul et tombèrent par terre» (Jn 18:6), après que le Fils de Dieu eut dit: «C'est moi». Dieu montrait ainsi leur impuissance.

Les personnes qui, saisies par la splendeur et la sainteté de Dieu, tombent par terre en adorant, tombent toujours sur leur face et non sur le dos. Ils cachent leur visage devant la gloire du Seigneur ou se voilent la face: Abram: «Abram tomba sur sa face; et Dieu lui parla, en disant...» (Gn 17:3).

Moïse: «Moïse se cacha le visage, car il craignait de regarder Dieu» (Ex 3:6).

Le peuple d'Israël: «Tout le peuple le vit; ils poussèrent des cris de joie, et se jetèrent sur leur face» (Lv 9:24).

Balaam:

«... il s'inclina, et se prosterna sur son visage» (Nb 22:31).

Elie: «Quand Elie l'entendit, il s'enveloppa le visage de son man­teau et sortit...» (1 R 19:13). Ezékiel:

«A cette vue, je tombai sur ma face...» (Ez 1:28).

Daniel: «Comme il me parlait, je restai frappé d'étourdissement, la face contre terre» (Dn 8:18). 145

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Le lépreux guéri: «Il tomba sur sa face aux pieds de Jésus, et lui rendit grâces» (Le 17:16). Les anges, les anciens et les quatre êtres vivants:

«Ils se prosternèrent sur leur face devant le trône, et ils adorèrent Dieu...» (Ap 7:11).

Paul envisage même la possibilité pour un non-croyant, entré dans une assemblée de chrétiens, d'être à ce point con­vaincu par l'Esprit de Dieu que «tombant sur sa face, il ado­rera Dieu, et publiera que Dieu est réellement au milieu de vous"»(l Co 14:25).

Ces quelques versets montrent qu'en présence de Dieu, les gens tombent sur leur face et non, comme dans de nom­breuses réunions charismatiques, sur leur dos où ils se retrouvent parfois dans des attitudes si indécentes que des chrétiennes sont requises pour rabattre les jupes et les robes de celles qui sont tombées à la renverse. Cela est-il nécessai­re là où l'Esprit Saint agit?

Dans un article intitulé «Comment justifier bibliquement le fait de tomber à la renverse?», A. Seibel révèle un aspect qu'il est bon de rappeler dans le contexte de notre étude:

«Le diable "singe" Dieu et agit souvent à l'inverse du Saint-Esprit. Il est notoire que, dans les milieux sataniques, les autels sont souvent formés par des personnes (générale­ment des femmes) couchées sur le dos. Elles montrent ainsi leur nudité devant Dieu. Dans l'Ancien Testament, on ne devait jamais gravir des marches pour monter à l'autel: "Tu ne monteras pas à mon autel par des marches, afin que ta nudité ne soit pas découverte" (Ex 20:26). L'homme qui, devant Dieu, tombe sur sa face, cache sa nudité. Celui qui tombe sur son dos la découvre. C'est l'esprit de l'adversaire qui encourage les gens à dévoiler leur nudité (Ap 16:15); cela n'a jamais été et ne sera jamais l'oeuvre du Saint-Esprit.»5

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Résumé 1. Le «repos dans l'Esprit», tel qu'il est pratiqué, ne trouve

aucune justification biblique. Au contraire, les quelques exemples de personnes qui sont tombées à la renverse ont tous une connotation négative, et évoquent un jugement de Dieu.

2. Si ce phénomène n'est pas produit par l'Esprit de Dieu, on peut l'imputer:

- aux effets de l'autosuggestion, de la manipulation ou de la dynamique de groupe,

- à un désir conscient de "spectaculaire", et cela relève donc de la malhonnêteté,

- à des puissances occultes qui profitent de la passivité de l'homme pour le maîtriser et le contrôler. Il convient cer­tes d'être très prudent et de ne pas parler trop rapidement de possession lorsque des gens tombent à la renverse. Mais on peut cependant penser que Satan tire aussi avantage des lois de la suggestion et de la dynamique de groupe.

On sait que le premier grand réveil, en Allemagne, fut déclenché par la lecture d'un écrit de Spener, «Pia deside-ria», qui commence par cette citation du prophète Jérémie:

«Oh! Si ma tête était remplie d'eau, si mes yeux étaient une source de larmes, je pleurerais jour et nuit les morts de la fille de mon peuple!» (Je 8:23).

Aujourd'hui, on ne pleure pas sur ceux que l'Esprit «terras­se»; au contraire, on en fait un signe de l'action bénéfique du Saint-Esprit. N'est-ce pas la preuve que nous sommes loin d'un réveil vraiment biblique?

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Ouvrage recommandé: A. Seibel: «Die sanfte Verfiihrung der Gemeinde» (L'insi­dieuse séduction de l'Eglise), publié par la société évangéli­que de Wuppertal.

6. L'évangile de la prospérité Sommes-nous au bénéfice de la bénédiction promise à Abra­ham?

Vouloir inclure le bien-être matériel dans les bénédictions du Nouveau Testament, c'est démontrer qu'on n'a pas com­pris l'essence de l'évangile. Le peuple de Dieu de l'ancienne alliance pouvait, lui, s'appuyer sur des promesses de pros­périté matérielle liées à la possession du pays de Canaan. La richesse, la santé, une longue vie, une postérité nombreuse et la victoire sur les ennemis étaient des signes de la bénédiction divine, tandis que la pauvreté, les mauvaises récoltes, la ma­ladie et la stérilité étaient les preuves d'un châtiment de Dieu.

Il n'en est plus de même pour l'Eglise, le peuple de la nou­velle alliance, qui met l'accent sur les bénédictions spirituelles et célestes. Notre richesse, c'est la personne de Jésus-Christ.

«Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus-Christ, qui nous a bénis de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes en Christ» (Ep 1:3).

Certes, Dieu a aussi promis de pourvoir à notre nourriture, à notre vêtement et à tout ce qui est nécessaire à notre vie quotidienne, si nous cherchons d'abord son royaume et sa justice (Le 12:31). Dans Ep 6:1-2, le commandement d'ho­norer son père et sa mère est accompagné de la promesse d'une vie longue et heureuse.

Mais il ne faut pas confondre bonheur et prospérité! Con­trairement au peuple de l'Ancien Testament qui devait ten-

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dre vers la possession du pays promis, nous sommes exhor­tés, nous, à détourner notre regard des biens d'ici-bas pour le fixer sur notre héritage céleste:

«Si donc vous êtes ressuscites avec Christ, cherchez les choses d'en haut, où Christ est assis à la droite de Dieu. Attachez-vous aux choses d'en haut, et non à celles qui sont sur la terre. Car vous êtes morts, et votre vie est cachée avec Christ en Dieu» (Col 3:1-3).

Tout ce qui, avant sa conversion, était pour lui avantageux et signe de bien-être, Paul le considéra ensuite comme une per­te, à cause de Christ:

«Mais ces choses qui étaient pour moi des gains, je les ai regardées comme une perte, à cause de Christ. Et même je regarde toutes choses comme une perte à cause de l'excellence de la connaissance de Jésus-Christ mon Seigneur, pour lequel j 'a i renoncé à tout; je les regarde comme de la boue, afin de gagner Christ...» (Ph 3:7-8).

Paul n'hésitait pas à qualifier d'«ennemis de la croix» ceux dont les pensées étaient orientées vers les choses de la terre (Ph 3:18). C'est cette prise de conscience d'avoir été comblés de bénédictions spirituelles et célestes qui a poussé des chré­tiens, dès les temps apostoliques et à travers toutes les époques de réveil, à se détacher des biens matériels pour subvenir aux besoins des missions ou des nécessiteux. Ils avaient compris ce qu'étaient les richesses de Christ, et, comparés à celles-ci, les biens de ce monde avaient perdu tout leur attrait et leur influ­ence. A l'image du modèle suprême, Jésus-Christ, les chré­tiens se réjouissaient de vivre dans la simplicité, voire dans la pauvreté. Ils jouissaient, comme l'a déclaré Hudson Taylor, «du luxe d'avoir peu de choses qui causent des soucis.»

S'imaginer ne pouvoir honorer Dieu que dans des édifices somptueux, c'est méconnaître le sens véritable de la maison

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de Dieu du Nouveau Testament, ou l'avoir oublié. La maison de Dieu n'est pas constituée de magnifiques vitraux ou de superbes blocs de marbre, mais de «pierres» vivantes (1 Co 3:16; 1 P2:5).

David Wilkerson, l'un des leaders pentecôtistes les plus connus aux Etats-Unis, nous pose quelques questions cruciales:

«Combien parmi nous continueraient à servir Dieu, s'il ne nous offrait rien que lui-même? Plus de guérison, plus de succès, plus de prospérité, plus de bénédictions matérielles, plus de signes ni de miracles... Comment réa­girions-nous si nous n'étions plus heureux, mais miséra­bles, tristes et tourmentés, si le seul bien qui nous soit encore préservé, c'était Jésus?»6

L'exemple du Seigneur La vie et les enseignements du Fils de Dieu devraient consti­tuer la référence absolue pour tous les chrétiens. Nous devons «vivre comme le Christ lui-même a vécu» (1 Jn 3:6). Notre Seigneur est né dans la pauvreté; ses parents étaient des gens pauvres, ce qu'atteste leur offrande (Le 2:24). Plus tard, en parcourant le pays en compagnie de ses disciples, il n'a jamais sollicité de faveurs particulières, si bien qu'il a dû faire venir un poisson pour pouvoir s'acquitter de l'impôt du temple. A un jeune homme enthousiaste qui déclara vouloir le suivre sur-le-champ, Jésus répondit:

«Les renards ont des tanières, et les oiseaux du ciel ont des nids; mais le Fils de l'homme n'a pas un lieu où il puisse reposer sa tête» (Le 9:58).

Le soir, quand les autres rentraient chez eux, le Seigneur se dirigeait vers le mont des Oliviers où il passait la nuit (Le 21:37; Jn 7:53). Il n'avait aucune demeure ici-bas. Lors-

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qu'il fut crucifié, on lui ôta les derniers biens matériels qu'il possédait: ses vêtements.

C'est ainsi que notre modèle suprême est mort, dans de grandes souffrances et dans le plus grand dénuement. En examinant la vie de Jésus selon les critères habituels de l'Ancien Testament, on serait tenté de dire que la bénédic­tion de Dieu ne reposait pas sur elle. A la lumière du Nou­veau, elle nous apprend que nous n'avons aucun droit aux biens terrestres, à la prospérité et à la santé. Si Dieu accorde cependant à la plupart d'entre nous plus que le nécessaire, c'est uniquement en vertu de sa grâce.

On ne peut se méprendre sur le sens des paroles pronon­cées par le Seigneur à propos des richesses et de la pro­spérité:

«Ne vous amassez pas des trésors sur la terre où la teigne et la rouille détruisent, et où les voleurs percent et déro­bent; mais amassez-vous des trésors dans le ciel, où la teigne et la rouille ne détruisent point, et où les voleurs ne percent ni ne dérobent. Car là où est ton trésor, là aussi sera ton coeur» (Mt 6:19-21).

«Vendez ce que vous possédez, et donnez-le en aumônes. Faites-vous des bourses qui ne s'usent point, un trésor inépuisable dans les cieux, où le voleur n'approche point, et où la teigne ne détruit point. Car là où est votre trésor, là aussi sera votre coeur» (Le 12:33).

Serions-nous des «sceptiques, des incrédules, des rabat-joie et des colporteurs de doute» (K. Hagin) parce que nous pre­nons au sérieux la vie et les paroles de notre Seigneur Jésus?

Les apôtres Au mendiant posté devant la porte du temple, Pierre déclara: «Je n'ai ni argent ni or; mais ce que j ' a i , je te le donne: au

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nom de Jésus-Christ de Nazareth, lève-toi et marche!» (Ac 3:6). Dans ses lettres, il n'est pas question de prospérité mais plutôt de souffrances et d'épreuves, par motif de conscience et à cause de la justice. Pierre nous exhorte à placer nos pieds dans l'empreinte des pas de Jésus et énumère les si­gnes qui font reconnaître les faux prophètes: la débauche, la cupidité, les paroles mensongères, les yeux pleins d'adultè­re, l'autoritarisme (2 P 2).

L'évangile que Paul a prêché est tout, sauf un évangile de la prospérité et du succès! Il n'était pas imbu de lui-même, mais il se sentait bien faible et tremblait de crainte (1 Co 2:3). Aux Corinthiens fascinés par les «super-apôtres», il indiqua quels étaient les véritables signes du ministère apos­tolique: - «à la dernière place, comme des condamnés à mort... - fous à cause de Chri st... - faibles et méprisés... - souffrant la faim et la soif... - mal vêtus, errant de lieu en lieu... - épuisés à travailler de leurs propres mains... - insultés..., persécutés..., calomniés... - déchets du monde... rebut de l'humanité...»

Paul conclut cette énumération par ces mots: «Je vous en conjure donc: Soyez mes imitateurs» (1 Co 4:9-16).

Dans 2 Co 6:4-10, il complète la liste précédente:

- détresses, privations, angoisses, - coups, prisons, émeutes, - fatigues, veilles, jeûnes; - soit honorés, soit méprisés, - pris pour des imposteurs, quoique disant la vérité, - pris pour des inconnus, quoique bien connus, - pris pour des mourants, quoique toujours en vie , - pris pour des condamnés, quoique non exécutés,

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- pris pour des affligés, quoique toujours joyeux, - pris pour des pauvres, quoique faisant beaucoup de

riches, - pris pour des dépourvus de tout, quoique possédant tout. Enfin, dans 2 Co 11:23-30, Paul, après avoir décrit les traits caractéristiques du faux apôtre (esprit despotique, orgueil et cupidité), dresse la dernière liste des expériences que vit un apôtre au service du Seigneur: faim et soif, froid et nudité. Il termine par ces mots:

«S'il faut se glorifier, c'est de ma faiblesse que je me glo­rifierai» (2 Co 11:30).

Comparez ce témoignage de l'apôtre avec les paroles sui­vantes de Robert Schuller:

«Vous devez croire qu'en vertu de vos propres forces et avec l'aide des autres, vous finirez coûte que coûte par atteindre l'objectif le plus élevé que vous vous êtes fixé. Vous devez croire que vous méritez le succès. Vous devez croire que vous pouvez obtenir tout ce que vous désirez.»7

Propriétaires ou gérants? Le Nouveau Testament affirme que les chrétiens sont des gérants ou des administrateurs qui ne possèdent rien en pro­pre, mais à qui le Christ confie des biens matériels.

«... et ceux qui usent du monde vivent comme n'en usant pas. Car la figure de ce monde passe» (1 Co 7:31).

La Bible nous recommande de vivre, non dans l'abondance, mais dans le contentement:

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«C'est, en effet, une grande source de gain que la piété avec le contentement; car nous n'avons rien apporté dans le monde, et il est évident que nous n'en pouvons rien emporter; si donc nous avons la nourriture et le vêtement, cela nous suffira» (1 Tm 6:6-8).

Plus loin, l'apôtre déclare que ceux qui veulent à tout prix s'enrichir «s'exposent à la tentation et tombent dans le piège de nombreux désirs insensés et pernicieux» car «l'amour de l'argent est une racine de tous les maux» (1 Tm 6:10).

Lorsque des prédicateurs de l'évangile de la prospérité, au lieu de prêcher le retour de Jésus et l'enlèvement de l'Eglise, déclarent qu'il faut envahir le monde et que le «corps de Christ finira pas posséder tout l'or du monde, parce que Dieu veut la prospérité» (K. Copeland), ils montrent bien, par de telles assertions, que ce ne sont pas les chrétiens qui ont conquis le monde mais le monde qui a conquis les chréti­ens.

David Wilkerson, qui connaît depuis longtemps les prédi­cateurs de l'évangile de la prospérité et a analysé leur messa­ge, arrive à la conclusion suivante:

«Une fois de plus, je tiens à souligner que les prophètes de la prospérité sont responsables d'avoir introduit l'esprit de l'église de Laodicée dans nos communautés. Ils induisent les chrétiens en erreur; ils les détournent de la nécessité de renoncer à tout péché et à toute conformité avec le monde... Ils ont eux-mêmes goûté au fruit du succès et de la prospérité, et empoisonnent maintenant tout le troupeau avec leur évangile frelaté. Certains d'en­tre eux seraient presque tentés de remplacer le mot "sanc­tification" par "prospérité"... Je me suis beaucoup penché sur la doctrine de l'évangile de la prospérité avec l'espoir de trouver des idées aux­quelles je pourrais souscrire, une base minimum commu­ne. En vain. On m'a rétorqué que l'évangile de la pros-

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périté serait la bonne nouvelle pour les temps de la fin. Je ne peux que me réfugier dans ma chambre et prier mon Père céleste: "Comment peut-on être aveuglé à ce point? Comment des hommes de Dieu peuvent-ils inclure un tel message dans leur prédication?" On ne trouve plus chez eux de souffrance pour les âmes qui se perdent, plus d'allusion au sang de Jésus, plus de renoncement, plus de sacrifice; il n'est plus question de se charger de sa croix ou de dénoncer le péché et l'injustice. Plus d'exhortation à mener une vie sainte, séparée du monde, plus d'appel à la repentance; pas un mot sur le brisement, sur la confes­sion des péchés, sur l'intercession en faveur des perdus ou la compassion envers eux.»8

Au siècle dernier, le grand philosophe danois Sôren Kierke­gaard (1813-1855) a déjà mis la chrétienté en garde contre le danger d'un évangile de la prospérité, dont il pressentait la venue. Il a laissé ces dernières paroles comme un testa­ment - ô combien actuel - aux chrétiens:

«Si j'avais le pouvoir de prononcer un seul mot ou une seule phrase qui puisse s'incruster au point de n'être jamais oublié, je dirais: Notre Seigneur Jésus-Christ s'est "anéanti" (Ph 2:7): penses-y, ô christianisme!»9

Comment pourrions-nous ne pas évoquer notre modèle suprême?

«Tendez à vivre ainsi entre vous, car c'est ce qui convient quand on est uni à Jésus-Christ. Lui qui, dès l'origine, était de condition divine, ne chercha pas à profiter de l'égalité avec Dieu, mais il se dépouilla lui-même, prenant la con­dition du serviteur. Il se rendit semblable aux hommes en tous points, et tout en lui montrait qu'il était bien un hom­me. Il s'abaissa lui-même en devenant obéissant, jusqu'à subir la mort, oui, la mort sur la croix» (Ph 2:5-8).

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Résumé 1. Les prédicateurs de l'évangile de la prospérité ne font pas

de distinction entre les bénédictions principalement ter­restres et matérielles de l'Ancien Testament, et celles sur­tout célestes et spirituelles accordées à l'Eglise du Nou­veau Testament.

2. La prédication de l'évangile de la prospérité conforte de nombreux chrétiens dans leur attachement aux choses matérielles et terrestres. Elle passe sous silence les exem­ples et les enseignements clairs du Nouveau Testament sur la vie du disciple, le renoncement à soi, le mode de vie simple et le contentement.

3. L'évangile de la prospérité prive le christianisme de la crédibilité et de la force qui se développent particulière­ment dans les temps de persécution, de pauvreté et de souffrance, et qui sont nécessaires pour la survie spiritu­elle.

4. Les prédicateurs de cette doctrine non biblique risquent de plonger dans l'amertume et dans de graves crises spiri­tuelles les chrétiens qui traversent la maladie, la pauvreté ou la persécution, et les faire douter de l'amour et de la providence de Dieu. Cette doctrine entretient l'esprit de l'église de Laodicée au sein du christianisme de la fin des temps et, par ses promesses de bénédictions matérielles, prive ses adeptes de l'essentiel de l'Evangile.

7. Le ministère de délivrance Le Nouveau Testament ne mentionne aucun exemple de possession démoniaque chez des chrétiens, et donc aucun exemple d'exorcisme pratiqué sur eux.

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Un chrétien peut certes être influencé, voire séduit et trompé par des démons ou par le diable - de nombreuses personnes et églises du Nouveau Testament en sont des exemples -, mais il est contraire à l'Ecriture de prétendre qu'un chrétien qui est le «temple du Saint-Esprit» (1 Co 6:19) et se trouve sous la seigneurie de Christ, puisse être possédé par Satan, et doive en conséquence être exorcisé.

Lorsqu'un chrétien est tombé dans les pièges du diable, il doit être instruit (2 Tm 2:24-26). Il n'est pas question de le libérer d'un démon. Les textes fréquemment cités de Mt 16:19 et 18:18 («délier et lier au nom de Jésus») n'ont rien à voir avec des démons. Il s'agit simplement d'accueillir dans l'Eglise ou d'exclure par mesure disciplinaire, comme le contexte le prouve clairement.

Comme de nombreux exorcistes le reconnaissent hum­blement, il s'est développé actuellement une théologie expérimentale qui ne trouve aucun fondement biblique. Pour avoir une idée des aberrations auxquelles on peut aboutir, il suffit d'évoquer l'exemple du Jésuite Rodewyk qui. pour accomplir son ministère de délivrance, se sert d'eau bénite, d'un chapelet, d'une représentation de l'archange Michaël, des sacrements et de reliques.10

Du succès qu'obtient Rodewyk, devrait-on déduire que le diable craint l'eau bénite et que les sacrements libéreraient une force insoupçonnée? Satan ne se servirait-il pas plutôt de ces expériences pour maintenir les hommes dans leurs superstitions? Satan est menteur (Jn 8:44); aussi ne faut-il jamais croire ce que les démons disent ou feignent.

Que de mal a-t-on fait en interrogeant les démons et en accordant trop de crédit à leurs réponses et à leurs réactions! Même lorsque les démons expriment quelque chose qui a toute l'apparence de la vérité, il faut s'en méfier. Paul, devant une telle situation (Ac 16:17), a refusé le témoigna­ge - pourtant véridique - d'un démon.

A cela s'ajoutent quelques problèmes de vie chrétienne et de cure d'âme. Il est plus facile de se soumettre à une séance

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de «délivrance» de prétendus démons que de reconnaître son propre péché, de le confesser, de le condamner et de le reje­ter. Très souvent, on rejette la responsabilité du péché ou d'un mauvais comportement sur des démons immanents à soi ou sur des ancêtres, ce qui rend plus difficile, voire impossible, la repentance biblique.

Il est manifeste également qu'entre la personne délivrée et celui qui l'a exorcisée, se tissent des liens très forts, au point que des gens parcourent parfois pendant des années des distances considérables pour rencontrer celui auquel ils doivent leur guérison et se soumettre encore à des séances de délivrance. Cette pratique va à rencontre du principe bibli­que qui veut que la relation d'aide s'effectue localement, et qui empêche une trop forte dépendance entre la personne aidée et le responsable spirituel.

La délivrance biblique suit toujours le schéma: confesser son péché, le regretter, le condamner et y renoncer. Les chrétiens d'Ephèse qui avaient pratiqué l'occultisme avant leur conversion étaient venus «avouer et déclarer publique­ment les pratiques auxquelles ils s'étaient livrés» et firent brûler, aux yeux de tous, leurs livres de sorcellerie (Ac 19:18-20). Pas un mot au sujet d'exorcisme ou de «ministère de délivrance» accompli par les apôtres.

8. La «tactique spirituelle» Nulle part dans le Nouveau Testament il n'est demandé aux chrétiens de lutter dans les lieux célestes contre la domination territoriale de Satan sur des villes, des régions ou des pays. A pratiquer cet exercice et donc à vouloir interroger les dé­mons et maudire le diable, on côtoie dangereusement le spi­ritisme. L'archange Michel manquait-il de perspicacité dans sa «tactique spirituelle» lorsqu'il contestait avec le diable et lui disputait le corps de Moïse? Toujours est-il qu'il «se garda bien de porter contre lui un jugement injurieux» (Jude 9).

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Le combat spirituel dont parle Ep 6 n'a rien à voir avec le fait de rechercher et d'interroger des démons etc. . Ce passa­ge encourage les chrétiens à être vrais et justes, à évangéliser, à se servir de la Parole de Dieu, à exercer leur foi et à prier.

Avons-nous la «puissance apostolique» ou la «puissance sur le diable»? En s'appuyant sur ces paroles de Jésus à ses disciples: «Voi­ci, je vous ai donné le pouvoir de marcher sur les serpents et les scorpions, et sur toute la puissance de l'ennemi...» (Le 10:19), certains leaders de ces différents mouvements «par la foi» concluent que nous pouvons nous servir de cette autorité contre le diable lui-même. Kenneth Hagin, le père de cette tendance qui exerce une grande influence au sein du mouvement charismatique, et qui est aussi - comme l'ont montré Dave Hunt et D.R. McConnell - fortement marqué par la pensée positive, l'unitarisme et la science chrétienne (s'appropriant en partie leurs théories), déclare à ce sujet:

«Tu possèdes la toute-puissance contre le diable»11, «...tu disposes de la puissance contre toutes les forces invisi­bles. Tu peux même exercer ton autorité sur quiconque se trouve près de toi... Je connais des femmes qui ont exercé cette autorité contre le diable lorsque leurs maris leur menaient la vie dure. Elles ont menacé Satan en s'appuyant sur l'autorité dont elles disposaient contre lui.»12

«Le plan de Dieu pour toi, c'est que tu te comportes en souverain et que tu domines toutes les circonstances hostiles, pauvreté, maladie et tout ce qui t'opprime. Tu commandes parce que tu es investi de cette autorité.»13

Wolfhard Margies qui est le porte-parole de Kenneth Hagin 159

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en Allemagne et dont tous les ouvrages diffusent sa théolo­gie, s'exprime de façon similaire:

«Nous avons la suprématie sur Satan et sur son royau­me... Nous avons pleine autorité sur lui.»14

Cette prétention amène tout logiquement Margies à mépriser les chrétiens des pays de l'Est qui, selon lui, n'ont pas su fai­re usage de leur toute-puissance pendant les décennies de dictature subie:

«La soif de la persécution et du martyre n'est pas la pre­mière priorité du chrétien. Celui qui entretient malgré tout cette idée se fait du tort...

Nos chers frères et soeurs des pays de l'Est sont coupa­bles d'avoir entretenu la tradition selon laquelle il faut être opprimé et souffrir... par leur conception - antibibli­que et contraire à la volonté de Jésus - du rôle de la souf­france, ils ont encouragé les formes les plus oppressives et les plus antichrétiennes de gouvernement. En fait, à cause de leur compréhension erronée de la souf­france, ils ont récolté ce qu'ils avaient semé.»

A en juger d'après ces critères, la toute-puissance manquait aussi à l'apôtre Paul qui écrivait aux Thessaloniciens:

«Aussi voulions-nous aller chez vous, du moins moi, Paul, une et même deux fois; mais Satan nous en a empêchés» (1 Th 2:18).

On aimerait bien connaître l'explication que Margies donne à2Tm3:12 :

«Or, tous ceux qui veulent vivre pieusement Jésus-Christ seront persécutés.»

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Etienne, malgré sa plénitude de l'Esprit, a-t-il été lapidé par­ce qu'il avait une fausse conception de la souffrance? Jacques a-t-il été mis à mort par Hérode parce qu'il n'avait pas été ins­truit sur la «tactique spirituelle»? S'il est si simple de lier les puissances et les dominations, pourquoi Jésus ne l'a-t-il pas fait lors de sa tentation dans le désert? Il nous aurait ainsi four­ni de précieuses indications dans notre lutte contre le diable.

Si nous nous imaginons pouvoir disposer de la toute-puis­sance sur le diable, nous sommes victimes d'une tragique séduction. La Bible et l'expérience quotidienne des charis­matiques montrent à l'évidence que les chrétiens ne pos­sèdent pas cette force; il vaudrait donc mieux reconnaître humblement cette réalité et «puiser nos forces dans la grâce» (2 Tm 2:1) que de se vanter d'avoir une telle autorité - bien illusoire.

On souhaiterait que les nombreux chrétiens qui défendent ces théories et ces pratiques non bibliques, apparemment à l'origine des «flots» de la «guérison intérieure» et du «repos dans l'Esprit», les examinent attentivement et qu'ils revien­nent au fondement inébranlable de l'Evangile.

En résumé 1. Le Nouveau Testament ne donne pas d'exemple d'exor­

cisme de chrétiens et n'exhorte jamais à le pratiquer. Nous devons donc rejeter cette forme de relation d'aide comme non biblique.

2. Puisque le diable est le père du mensonge, il convient de considérer les signes qui accompagnent les exorcismes et les paroles prononcées par les soi-disant démons comme des manoeuvres de diversion pour induire les inter­venants en erreur.

3. Les nombreux chrétiens qui, dans leur ignorance, ont

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cherché en vain du secours dans des réunions de délivran­ce et l'ont trouvé grâce à une relation d'aide biblique, sont là pour attester que ce ministère de délivrance est une voie d'erreur.

4. La prétendue autorité sur le diable est en fait une tragique erreur d'appréciation qui conduit soit à l'orgueil déme­suré, soit, en cas d'insuccès, à la dépression et à la rési­gnation.

5. Ce que les groupes charismatiques prennent pour de la «tactique spirituelle» contre les démons qui auraient pris possession de certains territoires, n'est qu'une déforma­tion de ce que le Nouveau Testament enseigne sur le combat spirituel, et se cantone au spiritisme.

6. Chaque fois que notre intérêt et notre regard se détour­nent de notre Seigneur Jésus-Christ pour se fixer sur d'autres personnes, sur d'autres puissances ou sur d'au­tres choses, nous sommes victimes d'une séduction et nous perdons de notre force spirituelle. Nous ne devons pas faire le jeu du diable en lui accordant plus de crédit que nécessaire.

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Appendice 2 Naissance d'une nouvelle entité religieuse?

Le Congrès pour le réveil et l'édification de l'Eglise, tenu à Nuremberg du 7 au 10/11/91

I. Déroulement et ambiance Sur le Parc moderne des expositions de Nuremberg, s'ouvrait, le 7 novembre 1991, la première conférence com­mune entre le mouvement de croissance de l'Eglise et le Renouveau spirituel de l'Eglise Protestante, conférence que certains qualifièrent de «mariage d'éléphants»!

Au cours des mois qui précédèrent l'événement, de nom­breuses invitations furent lancées. Des journaux évangéli­ques publièrent de grands encarts pour annoncer la Con­férence. Malgré le prix élevé de 200 DM (soit environ 660F), 4620 personnes s'inscrivirent au congrès, auxquel­les il convient d'ajouter celles qui n'y assistèrent que la journée.

94% des participants venaient d'Allemagne, les autres principalement d'Autriche et de Suisse. La tranche, d'âge la plus représentée - 1807 inscrits - était celle des 26 à 35 ans, suivie par les plus de 65 ans (!) avec 804 présents.

Outre les réunions plénières qui se tenaient dans la grande halle, les participants avaient la possibilité d'assister à l'une des douze conférences sur les thèmes: «L'armure spirituel­le», «La prière», «Le ministère prophétique», «Les nouvelles formes communautaires», «Les groupes de maison», etc.

Les sujets du ministère prophétique et de l'armure spiri-

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tuelle attirèrent le plus de monde avec respectivement 675 et 608 personnes, alors que le sujet de l'évangélisation n'inté­ressa que 124 participants.

But de la conférence La création de nouvelles églises n'était pas au programme. Cette conférence se voulait plutôt être une aide et un moyen d'encouragement pour les églises existantes, notamment pour l'église officielle luthérienne.

Néanmoins, l'objectif essentiel était d'établir un pont en­tre les évangéliques et les groupes pentecôtistes et charisma­tiques. En somme, il fallait réaliser l'unité à tout prix, com­me le résume si bien cette parole prononcée par Klaus Eick-hoff pendant sa conférence de presse: «Tout ce qui freine l'unité vient d'en-bas!», ce que j 'a i personnellement consi­déré comme une attaque contre la «Déclaration de Berlin» de 1909, au cours de laquelle un grand nombre de respon­sables d'églises et de l'Alliance avaient estimé que le mouvement naissant du pentecôtisme «ne venait pas d'en haut, mais d'en bas».

Intervenants Pour atteindre le but fixé, une quarantaine de conférenciers venus des milieux évangéliques, luthériens et charisma­tiques se sont rencontrés à ce congrès.

Parmi les orateurs évangéliques, quelques-uns m'ont expressément déclaré qu'en participant à cette conférence, ils ne cautionnaient pas du tout le mouvement charismatique mais voulaient, par leur collaboration, apporter une vision plus équilibrée, voire correctrice.

Cela a malheureusement donné lieu à de nombreux malentendus.

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L'orateur principal était C. Peter Wagner, le leader mon­dial du mouvement de croissance de l'Eglise et l'un des pères de la troisième vague. Il se définit lui-même comme quelqu'un qui établit des ponts entre les évangéliques, les pentecôtistes et les charismatiques; en outre, suite à une «parole prophétique» récente, il estime devoir agir comme un «catalyseur» pour rassembler en un seul courant les ten­dances charismatiques, évangéliques et libérales (!) du chris­tianisme. Cette «prophétie» lui fut donnée par Dick Mills qui cita Ecc. 4:12: «... et la corde à trois brins ne se rompt pas facilement.»

J'ai noté avec intérêt qu'à ma connaissance aucun orateur pentecôtiste ne se trouvait parmi les intervenants, alors que d'autres églises indépendantes, telles les églises baptistes, libres, nazaréennes et d'autres encore avaient toutes man­daté des conférenciers pour les représenter.

Exposition L'exposition, qui regroupait environ 120 stands - oeuvres chrétiennes, écoles bibliques, maisons d'édition, etc. -reflétait bien toute la palette des activités chrétiennes. S'y côtoyaient des catholiques conservateurs et fervents mario-lâtres, des représentants d'écoles bibliques fidèles et des membres de groupes charismatiques extrémistes tels que les «Hommes d'affaires du Plein Evangile» et l'«Eglise de Phi­ladelphie» de Wolfhard Margies.

L'ambiance L'organisation, bien préparée, fut parfaite. Malgré le grand nombre de participants, il n'y eut aucun incident notoire.

La conférence s'est déroulée dans une ambiance joyeuse, empreinte d'affection et très familiale. La note charisma-

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tique fut modérée, du moins dans les réunions plénières. On y a beaucoup chanté, applaudi, exulté de joie et ri. On y a prié les mains élevées; de temps en temps, le public se balançait au rythme des chants. On y a entendu de nombreux chants en langues, mais en revanche peu de parler en lan­gues. L'atmosphère était détendue, et contrairement à ce qui s'était passé au congrès Wimber de Francfort, on y a peu remarqué de phénomènes extatiques.

Il faut cependant souligner que relativement peu de parti­cipants sont venus aux réunions plénières avec leurs Bibles. Cela tient sans doute au fait qu'à l'exception des deux con­férences de Klaus Vollmer, solidement étayées avec des arguments bibliques, les autres réunions principales étaient plutôt consacrées au partage d'histoires et d'expériences.

Le défilé pour Jésus Le défilé pour Jésus à travers la vieille ville de Nuremberg, le samedi, devait constituer un des points culminants du con­grès. Le choix de la date était délibéré et visait à souligner l'impact historique de l'événement:

9 novembre 23: marche sur la Feldherrenhalle (défilé hit­lérien au lendemain de l'échec du putsch de la Brasserie contre le gouvernement bavarois) 9 novembre 38: nuit de cristal (bris de devantures de magasins juifs, incendie et pillage de synagogues) 9 novembre 89: brèche dans le mur de Berlin 9 novembre 91 : défilé pour Jésus

Environ 8500 personnes brandissant des drapeaux et des banderoles participèrent à cette marche, sous la conduite de Walter Heidenreich. Tout le long du parcours, on entendit chanter, prier, crier de joie; par le moyen de hauts-parleurs, les responsables s'adressèrent au public:

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Un responsable: Qui a le pouvoir de sauver? Tous: Jésus! (en frappant quatre fois dans les mains) Le responsable: Qui a la puissance de guérir? Tous: Jésus! (en frappant quatre fois dans les mains) Le responsable: Qui est le Seigneur de tous? Tous: Jésus! (en frappant quatre fois dans les mains)

Le défilé se termina par une grande manifestation sur la pla­ce du Marché; le cortège avait donné l'occasion d'intercéder x pour l'Allemagne et de revendiquer la seigneurie de Jésus sur ce pays et en particulier sur Nuremberg.

Pour justifier cette marche, les organisateurs se sont appuyés sur «les anciennes coutumes bibliques du peuple de Dieu» et sur la tradition ecclésiastique des processions, au cours desquelles les gens parcouraient villes et campagnes en priant et en chantant.

C'est ce qu'écrit Emmanuel Malich dans «Gemeinde Emeuerung» de mars 91 :

«Depuis le quatrième siècle, l'église connaît le cortège officiel de chrétiens traversant villes et campagnes en priant et en chantant: depuis le treizième siècle, elle y a inclus la présentation de l'hostie... L'Eglise a vu dans ces processions liturgiques une forme de combat spirituel; c'est pourquoi on a institué des processions au cours des­quelles étaient pratiqués les rites d'aspersion, pour puri­fier ou exorciser des maisons ou des propriétés afin de les consacrer à Dieu.»

Lors de sa conférence de presse, Walter Heidenreich précisa que cette nouvelle forme de défilés pour Jésus avait débuté en 1987 en Angleterre, qu'au cours de l'année 1990 une soixantaine de cortèges avaient déjà été organisés et qu'ils avaient regroupé environ un million de participants.

Par ces marches, on cherche à se montrer plus conquérant, à

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manifester l'unité des chrétiens, à détruire les fausses repré­sentations, à célébrer joyeusement le fait d'être devenu chrétien, à inviter le Saint-Esprit et à témoigner de son enga­gement au service de Dieu .

9 novembre 1991: le grand tournant spirituel? En fait, pour la majorité des participants, le défilé ne consti­tua pas le point culminant de ce congrès. Ce fut plutôt le «culte de réconciliation» tenu au soir du 9 novembre.

Je m'étais déjà demandé pourquoi on m'avait remis un petit drapeau avant le début de la réunion du soir. Celle-ci débuta par une présentation des banderoles et des étendards les plus originaux du défilé de l'après-midi. Ils furent récompensés par des prix offerts par les éditions Brockhaus et Abakus. Puis C.P. Wagner prit la parole et affirma solen­nellement qu'au cours du défilé, des puissances démonia­ques avaient été détruites; de plus, l'Esprit de Dieu lui avait révélé que, conformément à ce qui est écrit dans Daniel 9, nous devions tous nous repentir collectivement.

Il prononça ensuite ces mots lourds de sens: «Le combat spirituel s'engagera quand le fossé entre les évangéliques et les charismatiques aura disparu.»

La soirée se poursuivit par une petite pièce de théâtre; le groupe «Freudenôl» de l'école biblique de Bad Ganders-heim, avec force effets de lumière, de drapeaux brandis et agités, de chants et de cris, couronna Jésus symboliquement.

Mais le point culminant fut atteint lorsque Klaus Eick-hoff, en tant que président du groupe de travail pour l'édifi­cation de l'église (AGGA en allemand) et au nom de nom­breux évangéliques, demanda pardon aux charismatiques et aux pentecôtistes pour toutes les condamnations et pour tous les jugements prononcés contre eux dans le passé.

Friedrich Aschoff lui accorda le pardon et à son tour demanda pardon au nom de tous les charismatiques pour les

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médisances à rencontre des non charismatiques. Il fut dit alors que le diable avait perdu ce soir-là une importante bataille dont l'Allemagne était l'enjeu; après quoi, les per­sonnes présentes furent invitées à répéter la prière suivante:

«Jésus, je te reconnais et t'accepte comme chef de l'Egli­se. Jésus, je confesse que par mon comportement dénué d'amour, j'ai nui à l'unité de ton corps. Je te demande de changer mes dispositions, et je vous demande aussi à vous, frères et soeurs, de me pardonner. J'en appelle à témoin le monde visible et le monde invisible. Amen.»

Alors Paul Toaspern, «ordonné serviteur de Jésus», accorda l'absolution à tous. Vollmer délivra ensuite un court messa­ge centré sur 2 Co 5:20-21, et tous ceux qui avaient encore à confesser quelque péché personnel furent invités à s'avancer pour recevoir une aide spirituelle adéquate.

A ma connaissance, la «Déclaration de Berlin» de 1909 n'a pas été mentionnée, mais elle était présente dans l'esprit des responsables et il était normal que dans son discours de clôture du dimanche matin, Klaus Eickhoff y fasse allusion.

Il laissa les participants avec une question ouverte: les frères qui, dans leur souci de fidélité, avaient autrefois signé la Déclaration de Berlin, ne se seraient-ils pas trompés lors­qu'ils qualifiaient le mouvement de Pentecôte de mouve­ment animé d'un «esprit d'en bas»? Eickhoff voulut faire admettre que le Saint-Esprit avait été répandu sur toute «chair» et qu'on pouvait donc le discerner dans des «mani­festations de l'esprit et de la chair» produites par Dieu. C.P. Wagner estima que cette soirée marquait «une étape impor­tante dans l'histoire de l'Eglise allemande.»

II. Contenu des exposés Si l'ambiance n'était que modérément charismatique, en revanche les intervenants ne firent pas mystère de leurs con-

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victions: ils se montrèrent clairement très ouverts aux théo­ries et aux pratiques du mouvement charismatique.

«Allemagne, Allemagne...» J'ai trouvé intéressant ce que Loren Cunningham (le direc­teur de Jeunesse en Mission) et C.P. Wagner ont maintes fois répété: l'attention de Dieu et de tous les responsables charismatiques du monde serait, paraît-il, focalisée sur l'Allemagne.

L. Cunningham raconta par exemple qu'en avril 91, «Dieu était venu sur lui» et que, «le coeur brisé», il aurait pleuré sur l'Allemagne. Dieu lui aurait également confié qu'il répandrait à nouveau son Esprit à condition que les chrétiens soient enfin unis.

Cunningham conclut l'exposé qu'il fit le soir de l'ouver­ture par une prophétie dont je rapporte ici la substance:

«Dieu vous aime en tant que nation, votre temps de sécheresse est passé. Si vous, les chrétiens, vous vous levez, il donnera à nouveau à votre pays la suprématie sur les nations, et Jésus répandra son Esprit une fois de plus. Un jour nouveau se lève...»

Le public applaudit vigoureusement à ces paroles. Dans son premier exposé, C.P. Wagner avait déclaré, lui

aussi: «Après ce congrès, le cours de l'histoire de l'Allema­gne sera modifié.»

Lors de la conférence de presse, il précisa, en réponse à une question, le contenu du changement:

«Le pays sera guéri, des personnalités se convertiront à Jésus, la pornographie, la corruption, le nombre des avortements et F immoralité diminueront... L'un des plus grands miracles accordé à l'Allemagne a été la destruc­tion du mur de Berlin. L'arrière-plan spirituel qui a ren­du cet événement possible, c'est un changement dans les lieux célestes.»

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C.P. Wagner rendit également compte du congrès de Manil­le organisé en 89 par le Mouvement de Lausanne. 4500 res­ponsables chrétiens du monde entier ont été témoins qu'à Manille, les évangéliques ont travaillé main dans la main avec les pentecôtistes et les charismatiques. La participation à tous les niveaux de la conférence des pentecôtistes et des charismatiques a permis à Dieu d'accomplir une oeuvre extraordinaire. Les seules réticences étaient venues d'Alle­magne et du Japon, de sorte qu'à Manille, on eut l'impres­sion que l'Allemagne était «fermée» au Saint-Esprit. Mais désormais la page était tournée, et C.P. Wagner était persuadé que le Seigneur se servirait des chrétiens alle­mands pour enseigner la «tactique spirituelle» à toute la chrétienté.

Ce qui précède explique pourquoi, au cours du congrès de Nuremberg, les responsables ont souvent fait allusion à la Déclaration de Berlin de 1909. De nombreux chrétiens croient en effet qu'à cause de cette Déclaration, une malé­diction repose aujourd'hui encore sur l'Allemagne et s'oppose à l'action universelle du Saint-Esprit.

Il est intéressant de faire remarquer que le compte rendu de Wagner sur le congrès de Manille est contredit par celui de Klaus Teschner, paru dans «Idea-Documentation 22/89» où l'on peut lire ceci: «J'ai été frappé de voir le nombre rela­tivement élevé de délégués des pays autrefois sous tutelle communiste et des pays en voie de développement quitter la salle au moment de la méditation du soir présidée par les charismatiques... Je ne peux désormais plus considérer le problème charismatique comme n'intéressant que les théo­logiens allemands.»

«Le ministère prophétique» Bien que, d'après C.P. Wagner, la «prophétie» ait été l'affai­re des années 80 et que, pour les années 90, le Saint-Esprit

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ait comme autre cible la révélation de la «tactique spirituel­le», le thème n'en suscita pas moins un grand intérêt.

La conférence sur ce sujet fut présidée par F. Aschoff et K. Warrington. La prophétie fut définie comme un «parler sous l'inspiration immédiate», comme une «actualisation ou une concrétisation de ce qu'on trouve dans la Parole de Dieu».

Il fut dit que la parole prophétique sortie de la bouche d'une personne était plus pertinente que la parole écrite.

Un observateur attentif et impartial aurait rapidement eu l'impression que, contrairement aux visions, aux visualisa­tions et aux inspirations immédiates, la Parole de Dieu sem­blait moins intéressante et moins actuelle.

Après l'exposé d'introduction, les participants furent invités à se diviser en petits groupes pour s'exercer à la «prophétie» considérant d'abord toutes les impressions et toutes les images qui viendraient à l'esprit comme étant sug­gérées par l'Esprit-Saint. Dans la plupart des cas, celui-ci n'inspire pas de prophéties négatives mais seulement des prophéties susceptibles d'édifier et d'encourager les frères et soeurs.

Dans ces petits groupes de quatre à six personnes, les intéressés partagèrent leurs images et leurs impressions, et souvent s'imposèrent mutuellement les mains.

Personne dans l'auditoire ne fut autorisé à prononcer la moindre prophétie lors des réunions plénières. Aussi, le soir où un «prophète» imprévu monta sur l'estrade, s'empara du micro et déclara: «Ainsi parle le Seigneur...» avant d'appeler l'Eglise Protestante à se repentir pour ses représentations de nus à son dernier congrès, il fut aimablement, mais ferme­ment, interrompu et emmené par quelques membres du ser­vice d'ordre.

La «prophétie» - à ce congrès - se réduisait plutôt à un jeu insouciant dans lequel se mêlaient une part de psycholo­gie et certains éléments de dynamique de groupe; un jeu qui n'avait rien à voir avec la prophétie biblique mais plutôt avec l'imagination humaine.

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«Tactique spirituelle» Au slogan: «Pas de réveil sans baptême de l'Esprit!» lancé des années auparavant par l'un des orateurs de ce congrès, C.P. Wagner substitua: «Pas de réveil sans tactique spiri­tuelle!»

Qu'entend-on par «tactique spirituelle»? L'identification nominative, par le moyen de la prière ou des visions, des démons qui ont pris possession de certains territoires (mai­sons, rues, villes, pays) et le fait de les lier au nom de Jésus. Cette action est alors normalement suivie d'un réveil et d'une percée de l'évangile. Ce thème visait donc à mettre en lumière les démons, anges et autres êtres spirituels qui occu­paient des territoires et dont certains - au dire des responsa­bles - avaient même été aperçus dans la salle de réunion.

La «marche pour Jésus» et la «tactique spirituelle» Il fut évident, à Nuremberg, que les «marches pour Jésus» étaient un aspect essentiel de cette tactique spirituelle. Cette démonstration doit briser les liens, dans lesquels les démons territoriaux enserrent la ville et proclamer la seigneurie de Jésus.

La prochaine marche pour Jésus était programmée pour le 23 mai 1992; ce jour-là, à Berlin (70 000 participants), à Paris (2 800 participants) et dans les principales villes d'Europe, les chrétiens furent invités à défiler dans les rues pour encourager l'évangélisation du vieux continent avant l'an 2000. Le comité «Défilés pour Jésus» qui fut constitué comprenait des charismatiques catholiques, des représen­tants de l'église protestante et de l'église anglicane, des bap-tistes, des pentecôtistes et des membres de groupes extrémi­stes tels que «parole de foi», «Eglise Philadelphie de Ber­lin», et d'autres encore.

La stratégie de Wagner pour les années à venir indique

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clairement quelle est la pensée magique qui sous-tend la «tactique spirituelle»:

Du 11 au 20 juin 1994 aura lieu à Séoul une conférence internationale des responsables du mouvement «A.D. 2000» fondé par Thomas Wang. Elle devrait rassembler environ 5000 participants. Wagner est coordinateur de ce mouve­ment et veut lui apporter un soutien par la prière. Dans ce but, il veut susciter des cercles de prière dans le monde en­tier et mobiliser 5000 églises pour passer une nuit dans la prière en faveur de ce congrès.

D'autres groupes jeûneront pendant 40 jours. Le dernier jour de la conférence, des défilés pour Jésus se mettront en marche dans toutes les grandes villes du monde; ils devraient amener environ 25 millions de chrétiens dans les rues pour proclamer la seigneurie de Jésus sur le monde. «Jeunesse en Mission» placera des groupes de prière aux «quatre coins du monde» pour briser les puissances démoniaques.

Voici ce qu'en pense textuellement C.P. Wagner: «Ce jour transformera le monde!»

A vrai dire, on ne peut que se réjouir de voir un grand nombre d'églises passer une nuit dans la prière. Mais pour­quoi attendre 1994? Ne vaudrait-il pas mieux commencer dès aujourd'hui? Cette façon de programmer longtemps à l'avance des nuits de prière à des dates fixes, de les combi­ner avec des défilés pour Jésus dans les principales métropo­les mondiales et une conférence internationale pour provo­quer un réveil et purifier les lieux célestes des démons, tout cela est totalement étranger à la Bible. Cette stratégie s'apparente davantage à la pensée païenne et magique.

Un entretien avec C.P. Wagner La direction de cette conférence, qui m'avait fort aimable­ment invité à participer gratuitement au congrès, me proposa un entretien avec C.P. Wagner, peu avant le défilé pour

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Jésus. Les questions soulevées au cours de cet entretien furent les suivantes: - les sources de révélation enseignées par Wagner, à savoir

la Bible et l'expérience chrétienne; - son rôle de «catalyseur» pour unir les charismatiques, les

évangéliques et les libéraux; - l'amitié et la collaboration de Wagner avec des hommes

comme Yonggi Cho et Robert Schuller; - l'existence d'un fondement biblique et d'un exemple

néo-testamentaire de la «tactique spirituelle».

En ce qui concerne les sources de la révélation, Wagner reconnut qu'il admettait les deux. Bible et expérience, mais ajouta que toute nouvelle révélation devait être examinée à la lumière de la Parole de Dieu car la Bible demeure la référence suprême.

Quant à l'union avec l'aile libérale du christianisme, Wagner était curieux de savoir comment cela se passerait. D'ailleurs, après les événements politiques de ces dernières années, les partisans de la théologie de la libération, repré­sentés aux Etats-Unis par Walter Wink, n'auraient plus guè­re d'avenir. Il ne leur manquerait que ['«Esprit».

Pour ce qui est de Y. Cho et de R. Schuller, Wagner admit que ces hommes enseignent certaines doctrines dou­teuses qu'il estime erronées, mais, à part cela, il reconnaît et apprécie leur ministère qu'il considère comme étant très béni. Puisque nous commettons tous des erreurs, nous devri­ons apprendre les uns des autres et nous entraider par des relations amicales.

Enfin, en réponse à la dernière question, Wagner concéda qu'il n'existe aucun exemple néo-testamentaire de «tactique spirituelle». Il y a bien d'autres choses que nous enseignons et pratiquons à propos desquelles la Bible ne dit rien, aussi cette question relève-t-elle du domaine de l'herméneutique, affirme-t-il.

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III. Essai d'évaluation

C.P. Wagner et son influence Ce congrès m'a clairement prouvé que l'influence de C.P. Wagner en Allemagne était beaucoup plus forte et plus lour­de de conséquences que je ne l'avais imaginé. Compte tenu de ce que je l'ai entendu dire à Nuremberg, je ne comprends pas que des évangéliques conservateurs puissent rester dans une prudente neutralité à son égard et même recommander ses ouvrages.

Certes, il dit des choses justes sur les dons de l'Esprit et sur la croissance de l'Eglise mais ses théories et sa stratégie me semblent néfastes pour le mouvement évangélique. Une interprétation non biblique du «combat spirituel» Le combat spirituel présenté dans Ephésiens 6 n'a absolu­ment rien à voir avec l'identification des démons et leur enchaînement; il encourage plutôt la pratique d'une vie droi­te et juste, l'évangélisation, la foi, la prière, et met à l'hon­neur la Paroi de Dieu. La troisième vague tire donc d'Ephé-siens 6 un concept qu'elle remplit de théories et de pratiques provenant d'une deuxième source de révélation - non bibli­que -, l'expérience chrétienne. Galates 1:8 prononce une malédiction sur de telles «révélations» qui voudraient com­pléter le canon fermé de la Parole de Dieu.

J'ai le sentiment que si l'on met en pratique les recom­mandations non bibliques de Wagner, on côtoie dangereuse­ment la magie blanche.

La théorie d'une deuxième source de révélation ouvre la porte à toutes les hérésies de la fin des temps. Le jour vient où Satan et ses anges seront chassés des lieux célestes. Il est vrai alors que le monde changera, mais pas comme l'enten­dent les promoteurs de la troisième vague. En effet, Dieu prononcera un jugement sévère: «Malheur à la terre...!» (Ap

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12:12). Pour ce qui est de la «prophétie» et de la «tactique spirituelle», on ne peut que souscrire à la Déclaration de Berlin qui disait:

«L'esprit de ce mouvement consiste à puiser des idées dans la Bible, mais ensuite à les déformer par de prétendues "paroles de connaissance".» C'est ce qui s'était déjà produit au temps de Jérémie: par leurs visions et leurs songes, les faux prophètes avaient entraîné le peuple d'Israël à négliger et à oublier la Parole de Dieu. Relisez Jérémie 23! Une amitié non biblique avec ceux qui acceptent des com­promissions Bien que Wagner soit au premier abord amical, tolérant, conscient de ses fautes, il est surtout, à mon avis, un stratège décidé à tous les compromis pour promouvoir, coûte que coûte, l'unité et le réveil du monde. Mais je suis persuadé que tous ses efforts aboutiront à l'égarement.

Dans son dernier exposé au congrès de Nuremberg, Wag­ner déclara que Dieu lui aurait ordonné, dès 1980, de renon­cer dorénavant à toute polémique. Depuis, il bannit toute polémique de ses écrits.

Pourtant, dans un ouvrage paru en 1991, Wagner n'hésite pas à traiter d'«ergoteurs obstinés» ceux qui critiquent le mouvement charismatique. Le Nouveau Testament nous exhorte à «polémiquer» (le sens original du mot est encore plus fort: il s'agit de «faire la guerre») contre les fausses doctrines et contre les faux docteurs. (Cf., entre autres, Jude 3-4; Jn 9-11; Ga 2:11-14; Col 2:18; 2 Co 10:4-6). Par consé­quent la voix qu'a entendue Wagner en 1980 ne peut, en aucun cas, être celle de Dieu.

Dieu se contredirait s'il avait confié à Wagner la mission d'unifier le courant libéral du christianisme avec celui des évangéliques.:

«Ne vous mettez pas avec les infidèles sous un joug étran­ger. Car quel rapport y a-t-il entre la justice et l'iniquité?

Ml

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Ou qu'y a-t-il de commun entre la lumière et les ténè­bres? Quel accord y a-t-il entre Christ et Bélial? Ou quelle part a le fidèle avec l'infidèle?» (2 Co 6:14-15).

Il faut que les libéraux deviennent d'abord croyants; dès qu'ils accorderont foi à toute la Parole de Dieu, ils ne seront plus libéraux! La soi-disant «prophétie» de Dick Mills selon laquelle Wagner devait être le catalyseur pour unir en une seule corde les trois brins du christianisme, à savoir les évangéliques, les charismatiques et les libéraux, est en totale opposition avec la Parole de Dieu.

Les évangéliques qui considèrent effectivement Wagner comme un leader évangélique de premier plan, sont sur le point d'être victimes d'une séduction tragique et lourde de conséquences.

Le congrès de Nuremberg et la nomination de Friedrich Aschoff au sein du comité directeur du mouvement de Lau­sanne ont confirmé mon impression que ce mouvement pousse, à leur insu, les évangéliques d'Allemagne en direc­tion de la troisième vague.

Ignorance et frustration J'ai été frappé de constater qu'au congrès de Nuremberg, plu­sieurs des conférenciers auxquels j 'a i pu parler n'avaient qu'une connaissance superficielle, voire aucune connaissance du tout des théories de la troisième vague. Quelques-uns des responsables ont même reconnu qu'ils ne s'étaient jusque-là pas intéressés à la théorie de la «tactique spirituelle».

De nombreux pasteurs ont exprimé leur désarroi devant les querelles qui les opposent à certains anciens de leur égli­se ou à des collègues incroyants. Ils étaient reconnaissants d'avoir trouvé parmi les charismatiques des frères et des soeurs animés de préoccupations évangéliques et dont l'en­thousiasme était stimulant pour eux.

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Pour autant que je puisse en juger, quelques orateurs, par­mi lesquels Klaus Eickhoff, ont manifesté un intérêt pas­sionné pour un réveil authentique. Eickhoff n'hésita pas à fustiger publiquement et sévèrement l'Eglise Protestante avec son «baptême-fétiche». En discutant avec lui et en l'écoutant, j 'a i senti en lui une réelle aspiration à une unité spirituelle et le désir ardent d'un réveil dans notre pays.

A Nuremberg, j 'a i rencontré de nombreux chrétiens frus­trés par leur église et déçus d'eux-mêmes; ils aspiraient à une vie spirituelle authentique et épanouie, à un engagement sans réserves au service du Seigneur et à un amour fraternel sans hypocrisie au sein des communautés. Pourquoi n'ont-ils pas trouvé ces choses chez nous, les soi-disant «non-cha­rismatiques»?

Un défi lancé aux non-charismatiques Le «Renouveau Spirituel Protestant» (GGE en allemand), avec son penchant pour le mysticisme catholique et son acceptation de la critique historique de la Bible, ne peut en aucun cas étancher de façon durable la soif spirituelle. Au sein du groupe de travail pour l'édification de l'église (AGGA), on ne s'émancipera pas facilement des «esprits» évoqués par C.P. Wagner dans ses théories; le congrès de Nuremberg devrait donc être un défi qui nous est lancé pour proposer une alternative biblique, dynamique et spirituelle­ment saine.

Si, avec l'aide de Dieu, nous parvenions à ouvrir les yeux de ces chrétiens frustrés sur la beauté ineffable de notre Seigneur Jésus tel qu'il est présenté dans la Bible, et si nous pouvions leur témoigner de l'amour, de la compréhension, de la chaleur et les accueillir dans une communauté spiritu­elle stable et solide, il est probable qu'ils se passionneraient moins pour les visions et éprouveraient moins le besoin d'inspiration immédiate.

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Une prédication radicalement évangélique, un amour brûlant pour le Seigneur, pour sa Parole et pour les perdus, les attireraient bien mieux que n'importe quelle théorie sur l'enchaînement des démons territoriaux dans les lieux céles­tes.

Si, dans notre vie quotidienne, nous étions reconnus com­me disciples de Christ, les défilés pour Jésus et leur côté spectaculaire, organisés périodiquement, n'auraient qu'un impact négligeable.

Bref, si nous, chrétiens fidèles à la Bible, traduisions davantage dans la vie pratique ce que nous écrivons dans nos livres et dans nos exposés, je suis convaincu que la troisième vague disparaîtrait d'elle-même.

(Toutes les citations proviennent de notes prises lors des exposés et restituent le sens de ce qui a été dit.)

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Notes Introduction

1. C.P. Wagner: «Der Gesunde Aufbruch», Simson, Lôrrach, p. 15 2. Transcription d'un message enregistré de J. Wimber en janvier

1990; cité dans «Watch». Cristian Research Institute, avril-juin 1990, pp.4-5

3. C.P. Wagner: «Der Gesunde Aufbruch», p.24

Les «trois vagues» du Saint-Esprit 1. Comme le font par exemple C.P. Wagner et J. Wimber dans «Die Dritte

Welle», Projektion J. Hochheim 1988, pp.26-30 2. op. cit., p.29 3. op. cit., p.29

La troisième vague: l'évangélisation de puissance 1. «Allez... évangélisez» de J. Wimber et K. Springer, éd. Ménor, Rouen

(1989), p. 131. 2. «Die Dritte Welle» de J. Wimber et K. Springer, p.47 3. op. cit., p.49 4. op. cit., p.52 5. op. cit., p.55 6. op. cit., p.56 7. op. cit., p.56 8. op. cit., p.57 9. «Gemeindewachstum», p.28

10. J. Wimber/K. Springer, «Vollmàchtige Evangélisation», p.8 11. «Die Dritte Welle», de J. Wimber et K. Springer, p.34 12. op. cit., p.40 13. op. cit., p.40 14. op. cit., p.42 15. op. cit., p.43 16. «Allez... évangélisez», de J. Wimber et K. Springer. p. 16 17. «Die Dritte Welle», de J. Wimber et K. Springer, pp.28-29

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18. op. cit., p.29 19. op. cit.,p.234 20. op. cit., p.233 21. op. cit., p.29 22. «Der Gesunde Aufbruch», de C.P. Wagner, Simson, Lorrach 1989,

p.24 23. «Die Dritte Welle» de J. Wimber et K. Springer, p.30 24. op. cit., p.93 25. «Der Gesunde Aufbruch», de C.P. Wagner, p.22 26. «Auf den Spuren des Heiligen Geistes» de J.I. Packer, Brunnen (Bâle)

1989,p.228 27. «Idea», Suisse, 21/88 28. J. Wimber/K. Springer, «Vollmàchtige Evangélisation», p.20 29. «Allez... guérissez», de J. Wimber et K. Springer, éd. Menor, Rouen

(1989), p.28 30. op. cit., pp.37-38 31. op. cit., p.38 32. op. cit., p.38 33. «Power Healing», de J. Wimber, Manuskriptdruck, Hochheim 1988,

p.8 34. «Allez... évangélisez», de J. Wimber et K. Springer, p.l 13 35. op. cit., p. 12 36. op. cit., pp.47-48 37. op. cit., p. 123 38. op. cit., p.33 39. op. cit., pp.21-22 40. op. cit., p.36 41. op. cit., p. 122 42. op. cit., p. 166 43. «Allez... guérissez», de J. Wimber et K. Springer, p.64 44. op. cit., p.59 45. op. cit., p. 17 46. op. cit., p.69 47. op. cit., p.250 48. «Beauftragt zu heilen», de F. MacNutt, Styria, Graz/Wien/Koln 1985,

p.12 49. «La Séduction de la chrétienté», de D. Hunt, éd. Parole de Vie, Codo-

gnan(1989), p. 138 50. op. cit., pp. 138-139 51. «Allez... guérissez», de J. Wimber et K. Springer, p.53 52. «Allez... évangélisez», de J. Wimber et K. Springer, p. 105 53. «Allez... guérissez», de J. Wimber et K. Springer, p.56 54. op. cit., p. 159 55. op. cit., p. 169

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56. op. cit., p. 16 57. «Power Healing», de J. Wimber, p.94 58. «Allez... guérissez», de J. Wimber et K. Springer, p. 155 59. op. cit., p.49 60. op. cit., p. 195 61. «Allez... évangélisez», de J. Wimber et K. Springer, p.45 62. op. cit., p.72 63. «Allez... guérissez», de J. Wimber et K. Springer, pp.202-203 64. op. cit., p.223 65. «Die Dritte Welle», de J. Wimber et K. Springer, p. 176 66. «Allez... évangélisez», de J. Wimber et K. Springer, pp.29-30 67. «Allez... guérissez», de J. Wimber et K. Springer, pp. 128-129 68. op. cit., p. 136 69. op. cit., p. 191 70. «Die Dritte Welle», de J. Wimber et K. Springer, p.41 71. «Allez... guérissez», de J. Wimber et K. Springer, p.201 72. op. cit., p. 199 73. op. cit., p.200 74. «Allez... évangélisez», de J. Wimber et K. Springer, p. 150 75. S. Grossmann dans «Die Gemeinde» 50/87 76. «Der Gesunde Aufbruch... de C.P. Wagner, p.50 77. «Erfolgreiche Hauszellgruppe». de Y. Cho, Christl. Gemeinde Koln

1987, p. 125 78. op. cit., p. 124 74. «Riickkehr zum biblischen Christentum», de D. Hunt, CLV Bielefeld

1988, pp.l48-149 80. «La Séduction de la chrétienté», de D. Hunt, p. 13 81. op. cit., p. 12 82. «Erfolgreiche Hauszellarbeit», de Y. Cho. pp. 147-148 83. «La quatrième dimension», de Y. Cho, éd. Vida (1990), p.123 84. «Nicht nur Zahlen», Verlag Information und Kommunikation, Bad

Homburg 1986, p.22 85. op. cit., p.23 86. «Die Vierte Dimension», de Y. Cho, Bd 2, p.69 87. «Nicht nur Zahlen». de Y. Cho, p.95 88. op. cit., p.35 89. «Die Vierte Dimension», de Y. Cho. Bd 2, p.69 90. «Glaube in Aktion». de Y. Cho, Weg zur Freude, Karlsruhe, p. 10 91. «La Séduction de la chrétienté», de D. Hunt, p. 155 92. op. cit., p. 146 93. «La quatrième dimension», de Y. Cho, p.36 94. «Erfolgreiche Hauszellarbeit», de Y. Cho. pp. 154-155 95. «La quatrième dimension», de Y. Cho, p.36 96. «Nicht nur Zahlen». de Y. Cho, p. 16

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97. «La quatrième dimension», de Y. Cho, p.39 98. op. cit., p.43 99. «Die Vierte Dimension», de Y. Cho, Bd 2, p.64 100. «Nicht nur Zahlen», de Y. Cho, p. 100 101. «Der Schlussel zum sieghaften Leben», Weg sur Freude, Karlsruhe,

pp.8-9 102. op. cit., p. 10 103. «La quatrième dimension», de Y. Cho, p. 19 104. op. cit., pp.59-60 105. op. cit., p.60 106. op. cit., pp.62-63 107. op. cit.,p.63 108. op. cit., p.64 109. op. cit., p.29 110. op.cit.,p.70 111. op. cit., p.72 112. op. cit., pp.73-74

Reinhard Bonnke: la moissonneuse-batteuse de Dieu

1. R. Steele, «Die Hôlle plùndem», Leuchter, Erzhausen 1985, p. 15 2. I. Birkenstock, «Weiss zur Emte», Schulte + Gerth, Asslar 1983,

p. 122 3. R. Steele, «Die Hôlle plùndern», op. cit., p. 17 4. op. cit., p. 18 5. «Missions Reportage», 3/88, p. 11 6. R. Steele, «Die Hôlle plùndern», p.30 7. I. Birkenstock, «Weiss zur Emte», p. 17 8. R. Steele, «Die Holle plundem», p.36 9. op. cit., p.38

10. op. cit., p.44 11. op. cit., pp.44-45 12. op. cit., p.45 13. Conférence enregistrée, CZB 1507 14. R. Steele, «Die Hôlle plùndern», p.46 15. op. cit., p.65 16. I. Birkenstock, «Weiss zur Emte», p. 140 17. op. cit., pp. 116-117 18. R. Steele, «Die Hôlle plundem», p. 124 19. op. cit., p. 135 20. op. cit., p. 146

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21. op. cit.. p. 147 22. op. cit.. p. 146 23. op. cit., p.153

24.1. Birkenstock, «Weiss zur Emte», p.24 25. R. Steele, «Die Hôlle plundem», p. 148 26. Lettre circulaire du 26.3.87 27. Lettre circulaire du 18.4.88 28. Lettre circulaire du 15.2.89 29. R. Steele, «Den Himmel bevôlkern», Leuchter, Erzhausen 1988, p. 19 30. op. cit., p.24 31. «Missions Reportage» du 22.5.84 32. R. Steele. «Den Himmel bevôlkern», p. 16 33. «Missions Reportage» du 25.1.85 34. op. cit., 6/86 35. R. Steele, «Den Himmel bevôlkern», p. 134 36. «Missions Report» 5/87 37. op. cit. 38. op. cit., 2/88 39. op. cit., 5/88 40. op. cit., 1/89 41. op. cit.. 2/89 42.1. Birkenstock, «Weiss zur Emte», pp. 106-107 43. R. Steele, «Die Hôlle plundem», pp.35-36 44. op. cit., p.37 45. R. Steele. «Zum Sieg bestimmt», Wort des Glaubens, Feldkirchen 1988,

p. 129 46. Enregistrement vidéo «Ein Blutgewaschenes Afrika» 47. Lettre circulaire du 20.10.88

L'évangélisation de puissance à la lumière de la Bible

1. «Allez... évangélisez», de J. Wimber et K. Springer, p.l 13 2. op. cit., p. 122 3. op. cit., p.48

Récapitulation 1. «Der Gesunde Aufbruch». de C.P. Wagner, Simson, Lôrrach (1989).

p.20 2. Charisma. Dusseldorf 76/1991, p.5

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3. op. cit., p.4 4. op. cit., p.5 5. «Das Zukiinftige wird er euch offenbaren», Bernard, Lùdenscheid,

pp.25-27 6. Reformation Banner, Singapour, 1990, p. 13 7. Cité dans F. Holmes: «R.C. Chapman, CVD, Dillenburg 1989, p. 103 8. «Der Gesunde Aufbruch», de C.P. Wagner, p.59 9. op. cit., p.75

10. C-Magazin, Ravensburg 1/1989, p.l 11. Gemeinde-Erneuerung, Hamburg 39/1991, p.32 12. Charisma, Dusseldorf 55/1987, p.l 1 13. Reformation Banner, p.30 14. «Vollmàchtige Evangélisation», J. Wimber et K. Springer, Projektion J,

Hochheim, 1986, p. 161 15. C.P. Wagner dans «Wenn das Feuer fàllt», de R. Bonnke, Erzhausen

1991, p.5 16. op. cit., p.4

L'alternative biblique 1. G. Huntemann, «Der andere Bonhoeffer», Brockhaus, Wuppertal, p.96 2. E. Elliot, «A l'ombre du Tout-Puissant», éditions Farel 3. op. cit.

Appendice 1: Ce que la Bible dit 1. A. Remmers, «Geistesgaben oder Schwàrmerei?», Verlag der Ev.

Gesellschaft de Wuppertal, 1982, p.20 2. A. Kuen, «Le mouvement charismatique», éd. Emmaiis, épuisé. 3. K. et G. Copelaqnd; cité dans «Evangélisation in der Kraft des Heiligen

Geistes» II, de J. Wimber, p.89 4. Cité dans «Gebetsheilungen, Zungenreden, Zeichen und Wunder» de

H.L. Heijkoop, Neustadt, p.52 5. A. Seibel, «Die sanfte Verfùhrung der Gemeinde», Verlag der Ev.

Gesellschaft de Wuppertal, 1989 6. D. Hunt, «Ruckkehr zum bibilischen Christentum», p.92 7. R. Schuller, «Harte Zeiten - Sie stehen sie durch!», p.215 8. D. Wilkerson, «Lass die Posaune erschallen!», Fliss, Hamburg, 1987,

pp. 149-150 9. S. Kierkegaard, «Christenspiegel», Brockhaus, Wuppertal 1979, p.64

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10. W. Nietsche/B. Peters, «Dàmonische Verstrickungen - Biblische Befreiung», Schwengler, Bemeck, p. 110

U.K. Hagin. «Die Autoritât des Glàubigen», Verlag Lebendiges Wort, Hohenschàftlam, 1982, p.47

12. op. cit., p.45 13. op. cit., p.31

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