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LA TRIBUNE DU COMMERCE INTERNATIONAL

13Retrouvez les anciens numéros sur notre site http:llmagazine.classe-export.com n°176 Décembre 2008 - Janvier 2009 ■ CLASSE EXPORT12

Relance 2.0 : Construire les autoroutes … de l’exportationLa météo des affaires internationales s’est brutalement dégradée. Pour autant, les clients devront toujours plus aller se chercher hors des frontières et la croissance des PME françaises passera inévitablement par l’international.

CLASSE EXPORT ■ n°176 Décembre 2008 - Janvier 2009

La crise peut-elle faire caler le moteur de l’exportation des PME françaises ?

La vocation des plans étrangers de relan-ce par l’investissement n’est pas de faciliter les importations. Les fournisseurs français de biens d’équipement engrangeront des commandes mais le transfert de charge vers les sous-traitants est aléatoire et nos exportateurs d’automobiles, de biens de consommation, les filières agro-alimentaire, du luxe et des services souffriront. L’impact des rénovations d’autoroutes américaines ou des grands travaux chinois sera faible pour l’emploi en France. A contrario, on ne semble pas se diriger vers la générali-sation de stratégies non coopératives ou l’engrenage de dévaluations compétitives

L’alliance Ubifrance-Chambres de commerce : une énergie hybride et un peu de technologie germanique pour les exportateurs français

Les dynamiques déjà engagées dans le domaine du soutien à l’export visent, en synergie avec les autres réformes écono-miques, à faciliter la pénétration de mar-chés porteurs (Cap export, Force 5, initia-tives sur l’intelligence économique et sur les instruments financiers), à augmenter le nombre de PME actives à l’international (mobilisation-coaching de 10 000 nou-veaux exportateurs notamment d’entrepri-ses innovantes et en création-transmission, consolidation des actions des exporta-teurs “irréguliers”, facilitation du renfort des

preneurs et de point d’entrée. Elle organise la répartition des rôles entre Ubifrance, le réseau consulaire, les missions éco-nomiques et les CCI françaises à l’étran-ger. Cette alliance est ouverte à d’autres acteurs de l’équipe de France de l’export, notamment Coface, Oséo, les pôles de compétitivité, les conseillers du commerce extérieur.

La synergie avec les acteurs territoriaux du développement économique, au premier rang desquels les régions, est cruciale et les 22 conventions régionales de partena-riat signées en quelques mois s’inscrivent dans cette logique : dans plusieurs régions, le réseau consulaire allié à Ubifrance est déjà maître-d’oeuvre du programme régio-nal de soutien à l’exportation. Un jeu collec-

l’alliance des réseaux publics et consulai-res (et souvent une troisième voie euro-péenne des réseaux euro-entreprise). Un macadam amélioré par l’optimisation des instruments de conseil, d’aide et de sou-tien. Des points d’accès faciles via les CCI et une signalétique normalisée par une programmation d’actions affichée et un catalogue de prestations commun. Des “stations service” par un partenariat ouvert aux acteurs publics (territoriaux, nationaux, européens) et privés (fédérations profes-sionnelles, financiers, juristes, logisticiens, assureurs, conseils ...).

Pour filer la métaphore, notons que les autoroutes permettent autant aux motos légères qu’aux convois de semi-remor-ques de choisir leur destination et de cir-culer ensemble, vite et en sécurité, qu’elles n’imposent pas de rupture de charge du fournisseur au client, qu’elles sont insen-sibles aux grèves et peu menacées par les pirates, qu’elles sont nettement plus indifférentes aux aléas climatiques que tout autre mode de transport, enfin que si elles sont mal adaptées au niveau inter-continental et resteront assez polluantes tant que les camions rouleront au gazole, elles sont assez naturellement formatées à l’échelle européenne.

Une bonne option pour les PME, même si d’autres moyens de transport que le rou-tier doivent être développés pour elles, si

Quel fil conducteur entre le “modèle” allemand, les plans de relance et les exportations françaises ? L’Autobahn ! L’autoroute ! Car que fait-on en France sinon transformer les chemins de l’international en un réseau autoroutier de l’export ?

fonds propres) et à consolider et étendre les réussites des PME “championnes”, du “Mittelstand” français dont les moyens, les équipes, les réseaux et l’expérience per-mettent un déploiement mondial.

Sans singer un « modèle » allemand effica-ce mais pas nécessairement transposable ni figé en l’état dans le monde nouveau qui se dessine, le système français a amorcé un double mouvement, d’union nationale et de partenariat régional. L’alliance entre Ubifrance et les chambres de commerce (CCI) est une étape importante. Elle vise plus d’efficacité (y compris budgétaire) et de lisibilité pour les entreprises en donnant notamment au réseau des CCI locales et régionales le rôle de contact avec les entre-

tif “à l’allemande” pour l’équipe de France de l’export, dont se félicitent par exemple près de 200 PME innovantes parties au Japon, en Corée et au Brésil.

La crise et les plans de relance : une opportunité d’accélérer la construction des autoroutes de l’exportation pour faciliter l’export aux PME

Mais enfin, quel fil conducteur entre le “modèle” allemand, les plans de relance et les exportations françaises ? L’Autobahn ! L’autoroute ! Car que fait-on en France sinon transformer les chemins de l’interna-tional en un réseau autoroutier de l’export ? Deux voies rapides sans ligne blanche par

et de mesures protectionnistes. Reste à souhaiter que la Chine ne calera pas, que les Etats-Unis mettront le turbo (vert) et que l’élan des solidarités européennes et mon-diales ne s’essoufflera pas.

Pour en revenir à la relance du moteur national, rappelons que 99% des consom-mateurs potentiels vivent hors de France et que les soutiens à l’exportation sont géné-ralement considérés comme une aide à l’emploi d’excellent rapport “qualité-prix”. Quant à la compétitivité des entreprises françaises, notons que leurs exportations ont progressé de plus de 40% depuis l’avènement de l’Euro avec une hausse d’encore près de 3% sur les 9 premiers mois de 2008.

un “Airbus de l’export” est une perspec-tive européenne excitante, si la montée en puissance des échanges de services et de l’internet font bouger les lignes de la per-formance économique, enfin s’il faut éga-lement organiser le transport multimodal et le ferroutage, développer les autoroutes de la mer, construire l’autoroute de la soie vers l’orient, et aussi connecter les exportateurs sur les autoroutes de l’information.

Ne demandons pas l’autoroute pour la lune en cette année de 40e anniversaire, juste un petit pas de relance … mais un grand pas pour les PME exportatrices

Les autoroutes ne sont pas exemptes de défauts parmi lesquels les embouteillages, heureusement plus pour les vacanciers que pour les camions, mais surtout les péages (ou l’impôt ce qui n’est au final pas

très différent pour l’entreprise). Rappelons que le budget public global des “autoroutes de l’export” (état + consulai-res + régions) est de l’ordre de 300 millions d’euros, frais de personnel et de fonction-nement compris : on voit assez facilement l’effet de levier possible sur le nombre et la réussite des PME à l’export (donc l’emploi) de ne serait-ce que quelques “pour-mille” des montants qui seront engagés dans un plan de relance 2.0 français ou européen. Sans négliger l’entretien du réseau, ils pourraient être utilement répartis entre la baisse du tarif des péages, la distribution aux voyageurs d’un viatique ou le gonflage gratuit des pneus comme le font certaines autoroutes lors des grands départs en vacances. Et puis il faut lancer le “guide Michelin” et le “Galileo” de l’exportateur. Yes we can.

par Renaud Favier

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Renaud Favier Directeur, des Relations Internationales Assemblée des Chambres Françaises de Commerce et d'Industrie