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La création d’un site Internet en fait alors partie intégrante. « Afin de se faire connaître localement, la cueillette est référencée sur différents sites, mais avec mon logiciel de factures, j’ai eu la possibilité de créer facilement mon propre site Web. Les mises à jour sont faciles. Avec le recul, j’ai un seul regret : ce n’est pas un site commercial », explique le jeune agriculteur, pour qui le monde des nouvelles technologies n’est pas inconnu puisqu’il travaillait chez Isagri avant de s’installer. 3, +24, $54,)5,4 *607., -. 827 9. 4,:;+ Horaires, accès, histoire de la cueillette, produits à cueillir en fonction de la date… dans un premier temps, le site Internet de Voisenon se limitait à des informations générales. Concernant sa clientèle, une communication plus ciblée lui est envoyée régulièrement par mailings — environ neuf cents adresses référencées. Mais depuis quelque temps, une nou- velle étape a été franchie. Le site offre la possibilité de commander de la viande, des œufs et des yaourts et, en saison, des paniers de légumes. « Nous avons ainsi une demande précise du client. Lui est assuré de voir sa commande servie. De notre côté, l’organisation et la ges- tion des stocks sont facilitées », précise Franck Fournier. Autre possibilité offerte par le site : poser des questions en ligne. Cette rubrique est souvent utilisée par de nouveaux clients ou des prospects. Les questions portent sur les modes de production, l’origine des produits de la boutique… Ce sont rarement des demandes d’in- formations pratiques. Selon l’agricul- teur, « une question posée via Internet demande une réponse rapide. Avec mon épouse, dans la mesure du possible, nous nous astreignons à y répondre dans les 48 heures. » Et de poursuivre : « Si l’on veut se démarquer des grandes surfaces, nous devons personnaliser notre relation. Cela doit se retranscrire dans nos réponses — une quinzaine par semaine. Mais c’est un autre métier que producteur qui nécessite beaucoup de temps. » Actuellement, le site comptabilise une centaine de consultations par jour en saison (une soixantaine l’hiver alors que seule la boutique ouvre une fois par mois). %5 1<,:25 6,)+ =-1,>00? Quant à la présence de la cueillette de Voisenon sur les réseaux sociaux, l’agri- culteur y réfléchit. Courant février, il a participé à une formation organisée par le réseau Bienvenue à la ferme de la chambre d’Agriculture de Seine-et- Marne intitulée « Utiliser Internet et les réseaux sociaux pour promouvoir son activité d’accueil » — une formation sur deux jours. Son objectif : créer une page Facebook pour toucher des clients plus jeunes et faire vivre les mails et son site Internet différemment. « On pourra ainsi renou- veler notre clientèle, notre but étant de faire vivre notre entreprise, la faire croître, trouver de nouveaux clients et conserver les anciens », conclut Franck Fournier. +,4#)5!) 6’48)&984(4$% ()*+,-)-. /0-1* 23 4567*,7" 8!79+ /, +*:, ;-:,7-,: <0* )447, 1, -)06,=0> +,76*?,+. @7=-?A @)07-*,7 ,-6*+=B, 1, ?75,7 0-, !=B, @=?,C))A +07 /= ?0,*//,::," 8:;<=>?@;A BC@ =DEC;D FD ;GH @IJ:=D;;D= E?@J E@KC=D FD =<ILM<ILM<I <C N@=DOOO FD P M?; QDDI RO !D=J?@I; K=<>>DSSDIJ T SG:U<L?J@<I FD SDC=; ?NNDSS?J@<I; V $IJD=IDJA Q@DI ;W=A >?@; ?C;;@A DI N?=J@LCS@D=A SD; QS<K; <C ?CJ=D; =:;D?CX ;<L@?CX VA FG?CJ=D; ID YC=DIJ NSC; BCD N?= DCX DJ H N?;;DIJ SD NSC; LS?@= FD SDC= JD>N; V S@Q=D <C N?; VA >?@; ICS ID NDCJ @KI<=D= BCD LD; P K=<; ><J; R E<IJ F:;<=>?@; N?=J@D @IJ:K=?IJD FC U<L?QCS?@=DO +? 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Les agriculteurs s'emparent des réseaux sociaux

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;olyculteur à Voisenon (Seine-et-Marne), Franck Fournier a ouvert une cueillette de fraises et petits pois en juin 2006. Au fil

des ans, la gamme de fruits rouges et de légumes s’est étoffée et depuis quatre ans, une boutique de produits du terroir est ouverte. En parallèle à ce dévelop-pement, l’exploitant, appuyé par son épouse Bénédicte, a instauré un véri-table plan de communication pour sa structure. La création d’un site Internet en fait alors partie intégrante.« Afin de se faire connaître localement, la cueillette est référencée sur différents sites, mais avec mon logiciel de factures, j’ai eu la possibilité de créer facilement mon propre site Web. Les mises à jour sont faciles. Avec le recul, j’ai un seul regret : ce n’est pas un site commercial », explique le jeune agriculteur, pour qui le monde des nouvelles technologies n’est pas inconnu puisqu’il travaillait chez Isagri avant de s’installer.

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Horaires, accès, histoire de la cueillette, produits à cueillir en fonction de la date… dans un premier temps, le site Internet de Voisenon se limitait à des

informations générales. Concernant sa clientèle, une communication plus ciblée lui est envoyée régulièrement par mailings — environ neuf cents adresses référencées.Mais depuis quelque temps, une nou-velle étape a été franchie. Le site offre la possibilité de commander de la viande, des œufs et des yaourts et, en saison, des paniers de légumes. « Nous avons ainsi une demande précise du client. Lui est assuré de voir sa commande servie. De notre côté, l’organisation et la ges-tion des stocks sont facilitées », précise Franck Fournier.Autre possibilité offerte par le site : poser des questions en ligne. Cette rubrique est souvent utilisée par de nouveaux clients ou des prospects. Les questions portent sur les modes de production, l’origine des produits de la boutique… Ce sont rarement des demandes d’in-formations pratiques. Selon l’agricul-teur, « une question posée via Internet demande une réponse rapide. Avec mon épouse, dans la mesure du possible, nous nous astreignons à y répondre dans les 48 heures. » Et de poursuivre : « Si l’on veut se démarquer des grandes surfaces, nous devons personnaliser notre relation. Cela doit se retranscrire

dans nos réponses — une quinzaine par semaine. Mais c’est un autre métier que producteur qui nécessite beaucoup de temps. »Actuellement, le site comptabilise une centaine de consultations par jour en saison (une soixantaine l’hiver alors que seule la boutique ouvre une fois par mois).

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Quant à la présence de la cueillette de Voisenon sur les réseaux sociaux, l’agri-culteur y réfléchit. Courant février, il a participé à une formation organisée par le réseau Bienvenue à la ferme de la chambre d’Agriculture de Seine-et-Marne intitulée « Utiliser Internet et les réseaux sociaux pour promouvoir son activité d’accueil » — une formation sur deux jours.Son objectif : créer une page Facebook pour toucher des clients plus jeunes et faire vivre les mails et son site Internet différemment. « On pourra ainsi renou-veler notre clientèle, notre but étant de faire vivre notre entreprise, la faire croître, trouver de nouveaux clients et conserver les anciens », conclut Franck Fournier.

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Horizons : Vous êtes un adepte incondition-nel du réseau social Twitter que vous utilisez plusieurs fois par jour. Quels intérêts y trou-vez-vous ?Christophe Hillairet : J’utilise en effet Twitter quotidiennement et pour moi, cela est devenu un véritable média à part entière. Outre l’utilisation qu’en font les jeunes aujourd’hui en évoquant vie privée et vie professionnelle, je considère ce réseau social comme un véritable outil de communica-tion, ainsi que comme une arme politique pour adresser des messages et des positions.Twitter est aussi de plus en plus prisé par le monde professionnel. Selon moi, c’est un outil essentiel de la communication. Et c’est beaucoup moins intrusif qu’un SMS sur un téléphone. Sur Twit-ter, on choisit d’aller voir ou pas et on décide du moment auquel on veut le faire.

Quelle est votre méthode pour cultiver une telle assiduité sur Twitter ?Je suis insomniaque alors ça aide ! J’y passe tous les soirs une à deux heures. Globalement, je commence toujours par une revue de presse sur Internet. Je me suis installé sur ma message-rie des alertes Google avec des mots-clés : agri-culture, Yvelines, Essonne, Val-d’Oise, nitrates, pesticides, FDSEA... J’épluche les publications du jour et quand le papier est bon, ou mauvais d’ailleurs — et que cela me fait réagir — je publie le lien et j’ajoute un commentaire.

Ces commentaires, justement. Sur Twitter, ils demandent d’être courts, moins de 140 carac-tères. Est-ce toujours facile d’exprimer votre point de vue en si peu de mots ?C’est un exercice très difficile et à la fois très inté-ressant. On s’y fait à force de pratique. Dans le cas d’une référence à un article, le but est d’ap-porter une plus-value au lien avec un style plus ou moins... directif. Je ne cherche pas à être dans le politiquement correct, au contraire. Ce style de commentaire très court est contraignant mais en échange, il autorise à être lapidaire quand c’est nécessaire. Quoi qu’il en soit, l’envoi de ces tweets relève d’une stratégie millimétrée, particulière-ment sur le plan politique.

Y a t-il un de ces tweets dont vous vous souve-nez particulièrement ?Je revendique l’utilisation de Twitter à des fins politiques. J’évoquerai donc sans conteste un fait récent à ce sujet. Début janvier, au moment du débat sur la loi d’avenir agricole à l’assem-blée nationale, notre députée yvelinoise Valérie Pécresse est intervenue pour critiquer la politique du gouvernement et demander la création d’un fonds de modernisation des exploitations agri-coles. Au cours de son exposé, elle s’est faite vio-lemment railler par le ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll, qui a mis en cause ses connais-sances agricoles. Aussitôt, j’ai utilisé Twitter pour apporter mon soutien à Valérie Pécresse pour son intervention courageuse et j’ai écrit : « Stéphane Le Foll n’a pas honte de stigmatiser Valérie Pécresse sur le fonds agricole alors qu’il n’a rien fait pour le périurbain !! » L’un est publiquement taclé et l’autre, remercié pour son engagement. Cela a engendré une réaction des intéressés.

Quels sont selon vous les écueils de l’utilisa-tion de ces réseaux sociaux ?Premièrement, que ce soit pour Twitter ou un autre réseau social, comme Facebook, il faut bien prêter attention à l’usage que l’on en fait. Ce n’est pas un gadget et il faut être conscient de la puis-sance et de la portée de l’outil. A mon avis, il est important de bien séparer vie professionnelle et vie privée et d’avoir deux comptes si nécessaire. A ce sujet, je préfère d’ailleurs largement Twitter qui a une vocation plus professionnelle que Facebook, où l’on trouve désormais la vie, les vacances et les soirées bien arrosées de tout le monde. Attention, l’écueil est le même sur Twitter, un post d’ordre professionnel, sérieux, sur un sujet grave, peut rapidement être décrédibilisé s’il se retrouve à côté d’une photo de famille ou d’une soirée entre amis.Autre remarque concernant Twitter et, dans mon cas, l’utilisation professionnelle que j’en fais, je veille toujours à balayer les informations les plus diverses possibles. J’ai 950 abonnés. Parmi eux, il y a des agriculteurs, des acteurs du monde agricole, mais aussi des politiques, des journalistes… et, pour entretenir la relation, je veille à couvrir un large spectre de sujets. Je fais en sorte de coller aux aspirations du lectorat.

Vous êtes si convaincu par ce nouveau vecteur de communication que vous projetez d’orga-niser une formation « réseaux sociaux » pour les agriculteurs. Racontez-nous.Les trois-quarts des agriculteurs ne connais-sent pas ou en tout cas n’utilisent pas Twitter aujourd’hui. J’aimerais les encourager à s’y inté-resser davantage car c’est un outil d’avenir de la communication. A ma demande, les services de la chambre d’Agriculture interdé partementale de l’Ile-de-France travaillent sur une formation « réseaux sociaux » qui sera prochainement pro-posée aux agriculteurs qui le souhaitent. Le but n’est pas de leur faire ouvrir un compte immédia-tement mais au moins de leur montrer l’outil et de leur donner toutes les cartes en main pour faire du lobbying ou de la promotion.

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0acebook ? Les Jeunes agri-culteurs de Loir-et-Cher s’y sont inscrits presque pour rire. Virginie Delvaux, ins-

tallée à Méhers, responsable de la communication au syndicat jeune depuis 2012, se souvient : « C’était un petit délire, on avait des amis sur Facebook, on a voulu voir l’importance qu’on pouvait avoir. » Cyril Beautru, son prédécesseur à la commu-nication de JA 41, complète : « On a vu les autres départements faire, il y avait un effet de mode. On s’est dit que c’était pas mal d’essayer ce nouveau mode de communication. »Les jeunes ont créé le compte « JA Blois » en mai 2010. Il rem-porte alors un succès imprévu : de nombreuses visites, de nom-breux amis, rapidement.Et pour cause : « C’est un mode de communication accessible pour les jeunes, plus attirant et moins officiel qu’un mail : les infos apparaissent directement sur le mur d’actualité, elles sont accompagnées de photos », explique Laurine Mottaz, anima-trice de JA 41. Virginie illustre : « C’est facile d’aller sur Facebook avec le téléphone ! ». Elle avance un autre atout : « Ça relie, ça per-met aux jeunes de communiquer ensemble. » Pour Laurine, faire partie du réseau social est fédé-rateur : « Par exemple, lors du repas festif organisée par les JA du canton de Droué, on a posté

une photo et un commentaire. Tout de suite, beaucoup de gens ont “aimé”, certains ont posté des commentaires. Les cantons ont une espèce de fierté car ce qu’ils font est reconnu. » Facebook est même économique : « Pour communiquer, c’est moins cher que La Poste ou la pub papier », ajoute-t-elle.

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Facebook est une force, les JA l’ont vite compris. Ils ont pour-tant mis du temps à alimenter régulièrement leur compte. « Pendant deux ans, faute de temps, on a un peu laissé le compte de côté », note Virginie. A l’époque, « JA Blois » annonce surtout les grands événements des Jeunes agriculteurs de Loir-et-Cher : les finales de labour, les manifestations Papilles en fête ou Noël à la ferme.« On n’est au taquet que depuis un an et demi », reprend Virginie. Les informations sont publiées plus régulièrement, le contenu est plus diversifié. Cyril Beautru commente : « On communique sur toutes les activités de JA 41, on partage des liens d’autres départements, des informations qui viennent de JA national, des événements syndicaux ou poli-tiques qui ont eu lieu au niveau local, régional ou national. » Ceci avec spontanéité : « On est sur un événement, on prend une photo,

on l’envoie : ça permet d’être vivant et direct », expose Laurine.L’activité de JA 41 sur Facebook connaît une autre évolution, technique, celle-ci. Depuis début 2014, les jeunes syndicalistes incitent les « amis » du compte « JA Blois » à devenir « fans » de la page « Jeunes agricul-teurs Loir-et-Cher ». Pourquoi privilégier la page au compte ? « Les conditions générales de Facebook indiquent qu’une per-sonne morale, comme JA 41, n’a pas le droit d’avoir de profil. Le risque, c’est que Facebook sup-prime notre compte ! », détaille Laurine. La page Facebook a ses avantages : « Il y a plus de statistiques disponibles sur les visiteurs de la page, on peut être “fan” sans livrer d’informations personnelles... » Et puis — et c’est très utile pour les JA —, une page peut être administrée par plusieurs personnes. Pour l’ins-tant, ce sont Laurine et Virginie qui gèrent la page « Jeunes agri-culteurs Loir-et-Cher ».

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Jérôme Givierge est l’un des « fans » les plus actifs sur cette page. Il travaille sur deux exploi-tations agricoles de Loir-et-Cher en tant qu’agent de remplace-ment, il est aussi président de la structure locale JA de Neung-sur-Beuvron. Jérôme est « fan » de la page depuis environ « un an

et demi, après en avoir entendu parler par des amis ». Il l’utilise comme complément d’informa-tion, en plus des journaux agri-coles « papier ». Les informations qui l’intéressent, ce sont surtout « les actualités syndicales et les événements à venir ». Laurine liste : « Avec Facebook, nous nous adressons aux adhérents pour les informer et les mobiliser. Nous essayons aussi de nous faire connaître de potentiels adhé-rents et de communiquer auprès de nos partenaires : organisations professionnelles agricoles, col-lectivités locales… ». Les Jeunes agriculteurs de Loir-et-Cher ont mis à profit leur présence sur Facebook, ils envisagent main-tenant des projets pour faire encore mieux. Le premier sera de « garder la page active », pour Laurine. « Nous devrons essayer d’avoir autant de fans sur la page que d’amis sur le profil », pour-suit Virginie. Mi-avril, le compte rassemblait 1 025 « amis » et la page, 293 « fans ». Cyril annonce une autre piste de travail : « La page Face-book pourrait permettre de tou-cher le grand public, le consom-mateur moyen, en campagne ou en ville. Dans la continuité de notre événement Papilles en fête, nous pourrions utiliser la page pour faire la publicité des producteurs locaux et inciter les consommateurs à venir acheter dans les fermes. » !"#$%&'"#(")%

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"n peut dire de lui qu’il incarne parfaitement la « net generation », terme anglais qui désigne

ces jeunes nés avec consoles, ordinateurs et Internet dans le berceau. Cependant Benja-min Lirochon n’est pas un geek comme les autres, certes il a sa page Facebook, un compte Twit-ter, il regarde les chaînes You-tube, s’informe sur le réseau, mais il est avant tout agriculteur, installé à Villeau (Eure-et-Loir) où il cultive céréales et légumes industriels.« J’adore l’informatique depuis toujours », confirme le jeune exploitant : « Aujourd’hui, j’uti-lise surtout les réseaux sociaux pour savoir ce que font mes amis. Mais plus largement, je me sers d’Internet pour me tenir informé. Je consulte la météo,les cours du marché, je peux suivre l’actualité syndicale, je vais sur les sites des construc-teurs pour me documenter, j’utilise des services comme Farmstar, je reste en contact avec ma coopérat ive , ma banque… »Mais le jeune agriculteur passe aussi beaucoup de temps sur son ordinateur pour gérer l'ex-

ploitation, sur le plan comptable ou administratif bien sûr, mais aussi sur le plan agronomique. En effet, Benjamin Lirochon est féru d'agriculture de précision. Son souhait est de parvenir à moduler ses doses, d'engrais et autres intrants, de façon simple. Il s'agit alors de faire communi-quer deux mondes, des données, comme des cartographies de ren-dements d'un côté, et de l'autre, des machines.

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Aussi pour lui, ces liens, ces infor-mations, ces outils d’aide à la décision, deviennent-ils indispen-sables et doivent-ils être acces-sibles au plus grand nombre : « On ne peut plus se passer de ces technologies. Or, au milieu des parcelles — et c’est tout de même là que nous passons le plus de temps —, le réseau est souvent défaillant. Plutôt que de déployer la fibre optique à tra-vers la plaine, on ferait mieux de développer le réseau 4G qui offre le même débit et coûte certaine-ment moins cher. Ça nous ferait avancer… » Dans le domaine agricole, les outils d’aide à la décision devraient s’imposer.

Selon Benjamin Lirochon, pour qu’ils soient plus largement adop-tés, il faudrait des formations : « Si l’on veut exploiter ces logi-ciels, il faut bien les connaître, sinon on se lasse. Les concep-teurs devraient maintenant se rapprocher de leurs clients.

Il faudrait peut-être aussi que les différents partenaires que sont la chambre, les coopé-ratives, les concessionnaires, organisent des formations, voire des groupes.. . » En atten-dant, pour Benjamin Liro-chon, le problème, c’est l'ava-

rie : « Finalement, on se sert plus de ces outils au milieu des champs qu’au bureau, a lors quand ça tombe en panne, c’est un vrai souci. »Décidément, quand on y a goûté, on ne peut plus du tout s’en pas-ser.! "#$%&!'()*+

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%n moins d’une dizaine d’an-nées, les réseaux sociaux ont radicalement rebattu les cartes de la communi-

cation personnelle et profession-nelle. Un fait sociétal mué en fait social que nul, aujourd’hui, ne peut ignorer. Ainsi désormais, les réseaux sociaux ne peuvent plus être considérés comme une mode ou un gadget mais doivent être compris comme une com-posante essentielle du mode de communication de toute une société. Les agriculteurs, bien sûr, ne font pas bande à part dans cette évolution et, si la pro-portion générale d’internautes inscrits sur les réseaux sociaux continue de progresser (86 % des internautes français décla-raient en 2013 avoir un compte sur au moins un réseau social), le nombre « d’agrinautes »

fréquentant ces réseaux est lui aussi en hausse constante (42 % en 2013 contre 37 % en 2011 — Observatoire des réseaux sociaux 2013/Ifop).

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Il faut dire que, contrairement à une image encore parfois véhi-culée par le grand public d’une société agricole misonéiste voire « has been », l’enquête Agrisur-feur réalisée par BVA avec Isagri témoignait en 2012 que 81 % des agriculteurs utilisaient Inter-net quotidiennement pour leur métier. Et que, parmi ces 81 %, 38 % se connectaient une fois par jour et 43 % plusieurs fois ! De quoi tordre le cou à certaines idées reçues et faire, même, des agriculteurs des professionnels véritablement à la pointe de la

modernité et de l’innovation.Mais bien sûr, il y a réseau social et réseau social. Tous n’ont pas la faveur de l’ensemble de la profession, certains étant même quelque peu boudés — ou peu connus — des exploitants agri-coles. Ainsi en 2010, l’enquête « Agrinautes êtes-vous innova-teurs ? » de la société NTIC Agri-conseil montrait que 22 % des agriculteurs utilisant les réseaux sociaux étaient membres de Facebook, 15 % de Copains d’avant, 5 % de Trombi, 4 % d’Agriavis, 2 % de Viadeo, et une poignée seulement de RuralNet, Twitter ou Agriculture convivia-lité.

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RuralNet ? Agriculture convi-vialité ? Kézako ? Eh bien, de

nouveaux réseaux sociaux, très spécialisés, ont vu le jour ces der-nières années, s’adressant tout particulièrement aux acteurs de l’agriculture. Agrilink, Pardessus-lahaie, RuralNet ont ainsi déve-loppé des plates-formes toutes dédiées au monde agricole. Pardessuslahaie, par exemple, site créé par le réseau Trame, explique, sur sa page de garde, ses raisons d’être : « Nos métiers d’agriculteurs et de salariés évo-luent dans un monde qui bouge vite. (…) L’agriculture est face à de nouveaux défis. Internet va nous aider à partager plus vite et plus loin nos innovations. » Quant à RuralNet, lancé par Agrosup Dijon, il se veut vecteur d’informations liées à des forma-tions et à un esprit « communau-taire ».On le voit, qu’il s’agisse d’y cher-

cher des informations tech-niques, d’y développer des rela-tions de pairs ou de partager des expériences communes, l’évolution est bien à l’appro-priation, par le monde agricole, de ces réseaux sociaux qui ont le vent en poupe. On comprend dès lors que, dans chaque département, chambres d’Agriculture, syndicats FDSEA ou JA développent, ont développé ou pensent à développer qui une page Facebook, qui un compte Twitter qui, parfois en même temps, un site Internet. Histoire de répondre à la demande des agriculteurs, bien sûr mais aussi, de communiquer sur leurs pro-jets et actions.C’est le principe, ni plus ni moins, de l’offre et de la demande.

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Page 5: Les agriculteurs s'emparent des réseaux sociaux

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=grifierté, voilà comment les Québécois ont tra-duit la tendance récente de l’agriculture sur les

réseaux sociaux à l’étranger : utiliser les réseaux comme porte-voix de la défense du métier. En anglais, ça donne « agriculture advocacy » ; en français, ce serait proche de « plaidoirie agricole ».« En France, on a une utilisation plus personnelle des réseaux. Les Canadiens ou les Américains vont parler plus ouvertement de leur métier et de leurs valeurs », témoigne Yvonig le Mer, un consultant spécialisé sur les réseaux sociaux en agriculture. Le journal irlandais Farmers weekly a utilisé cette tendance pour lancer fin 2013 un concours d’autoportraits de ses lecteurs sur leur ferme. Le succès a été tel qu’un nouveau mot s’est formé, le « felfie », en dérivant le selfie (autoprotrait sur les réseaux) et en lui intégrant l’apocope de farmer. Ainsi, « farmer selfie » devient « felfie ».

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Parler de son métier et de ses valeurs, c’est ce que fait Carrie Mess à travers son blog, son compte Facebook et son compte Twitter. Le tout de façon cohé-rente. Elle a repris la ferme des parents de son mari dans le sud du Wisconsin (Etats-Unis). Cent vaches, ça occupe. Et puis sur-tout, c’est une source d’histoires. Alors en septembre 2011, elle ouvre un blog pour les raconter

(dairycarrie.com). Au début, ce n’est pas la volonté de se mettre en avant qui la préoccupe. Loin de là. Elle se présente elle-même plutôt en mode low-fi : « Je suis honnête, franche et j’ai sans doute le plus petit filtre de l’hu-manité entre mon cerveau et ma parole. » Ce qui pourrait lui être reproché va devenir son principal atout. Sur son blog, elle parle de ses vaches d’abord. Ensuite, on passe à la vie de la ferme, puis à sa vie à elle. Quatorze mille personnes sont abonnées. Elle poursuit sur un compte Twitter (@DairyCarrie ; 5 500 abonnés), une page Facebook (près de neuf mille fans) et un compte Linke-din. Certains articles vont bien au-delà de ce cercle de fidèles. Le 9 décembre, elle raconte com-ment des animaux de son trou-peau ont souffert et elle revient sur ce qu’elle aurait dû faire pour éviter ça (« sometimes we are mean for our cows » — par-fois, nous sommes médiocres aux yeux de nos vaches). Trois cent mille vues. Ce qui veut dire que cette fille « honnête et franche », dans sa ferme des Grands lacs, a un impact bien au-delà des fron-tières du monde agricole ou de ses sympathisants. Elle en a pris conscience désormais et n’hésite pas à le revendiquer : « Les fel-fies aident les gens à comprendre d’où vient leur nourriture », écrit-elle en janvier 2014 dans son blog, désormais hébergé par le quotidien grand public anglais The Guardian.

D’autres agriculteurs s’empa-rent de ces outils de façon plus consciente, plus militante.

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Ryan Goodman habite le Mon-tana (Etats-Unis) et travaille pour une association de produc-teurs. Il tient le blog « Agricul-ture proud ». Traduisons par : je suis fier d’être agriculteur. Il prolonge sur tous les réseaux et dispose même de sa chaîne You-tube. Ici, pas question d’y aller en douceur ; on est clairement dans l’affirmation de la puissance agri-cole. On entre là dans une pure stratégie d’influence au service

des agriculteurs. Ryan Goodman participe régulièrement au blog sur l’alimentation de la chaîne internationale de télévision CNN. Ensuite, on peut aller encore plus loin dans le militantisme. Res-tons aux Etats-Unis. Direction le Texas, cette fois. Ouvrons le site www.farmersfight.org. C’est un projet d’étudiants de l’uni-versité qui consiste à imaginer un monde sans agriculteur. La réthorique n’est pas nouvelle mais la forme est clairement guerrière : la typographie mili-taire, le casque de soldat agré-menté d’un épi de blé. Et pour la première fois, on affirme haut

et fort qu’on est ici pour plaider pour l’agriculture (ag’ advocacy). L’idée parsème le monde désor-mais, avec une méthode qui s’implante dans les pays anglo-saxons et en Autriche : l’agchat. « Ce sont des moments privilégiés dans la semaine durant lesquels les agriculteurs discutent entre eux, mais publiquement sur Twit-ter, sur des sujets agricoles afin, à la fois, de créer leur propre com-munauté et d’être transparents pour que tout le monde puisse comprendre ce qu’ils font dans les détails », explique Yvonig le Mer. Pour l’instant, ça n’existe pas encore en France. !"#$%&'()*

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