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Nanotechnologies : enjeux et opportunités - Publication Kamitis janvier 2014

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Page 1: Nanotechnologies : enjeux et opportunités - Publication Kamitis janvier 2014

In

Innover

Informer

Investir

Janvier 2014

Page 2: Nanotechnologies : enjeux et opportunités - Publication Kamitis janvier 2014

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KAMITIS est une société spécialisée en expertise scientifique, en veille stratégique et technologique et en financement de l’innovation. Elle opère principalement auprès des entreprises innovantes mais également auprès des structures institutionnelles. KAMITIS réalise pour ses clients des états de l’art technologique, des études de marchés et des analyses technico-économiques. Elle les aide également à identifier et à obtenir les meilleurs financements pour leurs projets.

Lyon 6 Place Bellecour 69002 Pour plus d'informations : [email protected] - www.kamitis.com

Page 3: Nanotechnologies : enjeux et opportunités - Publication Kamitis janvier 2014

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Éditorial Nanotechnologies : enjeux et opportunités

Expertise scientifique Des nanodiamants pour le stockage d'énergie Le nano-ordinateur

Dispositif à base de nanoruban pour alimenter un pacemaker

Financement Les 4 mesures phares de la loi de finances 2014 pour les start-up et entrepreneurs L’investissement dans les PME en crise !

Intelligence économique

L ’apport de l ’Intelligence Economique au Renseignement et l’état de la communauté de l’I.E. en France La "dé-rafalisation" finale des relations France-Brésil

Focus La nanométrologie comme levier de développement pour les entreprises

Par NICOLAS FELTIN & Thomas NAPPEZ

I3 Synthèse de nanoparticules en solution

Par STEPHANE DANIELE

Caractérisation de nanostructures Par MAGALI PHANER-GOUTORBE

De l’élaboration à l’application en médecine Par François LUX

De l’élaboration à l’application en nanophotonique Par Fabrice CHARRA

Salon virtuel pour les nanotechnologies Par Thomas NAPPEZ

Question commune

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Sommaire

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Nanotechnologies : enjeux et opportunités

Les nanotechnologies ont ainsi été identifiées comme des « Key Enabling Technologies » (KET) au niveau

européen. Elles constituent donc un levier d‘innovation majeur dans de nombreux secteurs industriels,

pouvant apporter des réponses concrètes aux besoins de notre société : La préoccupation grandissante

pour l’environnement, la quête du meilleur rendement énergétique, la réduction de la consommation dans

un contexte de plus en plus énergivore, les inquiétudes face à la sécurité, à la gestion et au traitement de

l’information et des contenus, ou encore les questions de santé, devenues incontournables aujourd’hui.

Cette publication fait le point sur quelques recherches et applications dans ce domaine et résume les

enjeux, les opportunités ainsi que l’impact de ces développements sur notre futur :

Nicolas FELTIN, responsable de la plateforme CARMEN et Thomas NAPPEZ, co-fondateur et directeur

commercial de Nanothinking nous expliquent l’engouement actuel autour des nanomatériaux et le vaste

champ d’applications que l’on peut en attendre.

Stéphane DANIELE co-fondateur et directeur technique de la société Lotus Synthesis, nous parle de la

synthèse de nanoparticules en solution par procédé (Sol-Gel) suivant une approche soucieuse de la sécurité

et de l’environnement.

Magali PHANER-GOUTORBE, Professeure des Universités à l’Ecole Centrale de Lyon, nous présente ses

recherches basés sur la microscopie à force atomique (AFM) et visant la caractérisation, l’observation et la

mesure des propriétés physico-chimiques des nanomatériaux.

François LUX, chercheur au LPCML (Laboratoire de Physico-Chimie des Matériaux Luminescents), nous

démontre que c’est en médecine que la convergence entre nanotechnologies et biotechnologies prend tout

son sens. Ses travaux illustrent les efforts dans ce domaine et laissent présager de nombreux bénéfices.

Fabrice CHARRA, Responsable du LEPO (Laboratoire d'Electronique et nanoPhotonique Organique) et

directeur de recherche au CEA, nous décrit les efforts entrepris pour la conception et le développement de

nano-objets offrants des fonctions photoniques innovantes.

Bonne lecture,

Éditorial

Nous nous intéressons dans ce numéro au monde des nanotechnologies. Un

secteur stratégique qui présente un énorme potentiel économique. En

France, il est soutenu par un grand effort de recherche qui est principalement

le fait d’universités ou d’organismes publics. Très souvent, il s’agit de travaux

qui portent sur la compréhension des propriétés de la matière à l’échelle du

nanomètre mais également sur la réalisation de dispositifs. Ces travaux sont

appelées à redéfinir le contenu technologique de la plupart des secteurs

industriels.

Mais les nanotechnologies ne sont pas une simple étape de miniaturisation !

Elles se caractérisent très souvent par la mise en œuvre de nouvelles lois de

comportement qui dominent le fonctionnement du nano-objet.

Par Khaled Baaziz

Dirigeant de Kamitis

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Des nanodiamants pour le stockage d'énergie

UMWELTnanoTECH est un projet réunissant de nombreux acteurs allemands de la recherche. Il vise à produire des technologies nanométriques afin de mieux réussir la transition énergétique. Dans ce cadre, le Centre de recherche énergétique appliquée de Bavière bavarois (ZAE) et l'Université de Wurtzbourg (Bavière) étudient la possibilité d'enrichir des batteries à l'aide de ce que les chercheurs appellent des "nano-diamants" pour améliorer leur efficacité. Le Ministère de l'environnement du Land de Bavière soutient l'initiative à hauteur de trois millions d'euros.

Les prochaines générations d'appareils de stockage d'énergie sont déjà développées. Elles sont appelées "supercondensateurs". Ces batteries disposent de nombreux avantages comme, par exemple, une meilleure durée de vie. Cependant des pistes d'amélioration sont encore ouvertes et les chercheurs cherchent à améliorer la capacité de ces "supercondensateurs".

Pendant trois ans les chercheurs du ZAE et de l'Université de Wurtzbourg vont étudier

l'introduction de nano-diamants dans les électrodes. Il a en effet déjà été prouvé qu'un tel ajout permettait d'améliorer la capacité des condensateurs. L'objectif de ce projet sera de comprendre quelles fonctions jouent exactement les nanoparticules : sont-elles actives ou jouent-elles un rôle de catalyseur?

Ces nanoparticules ont de plus un autre avantage : leur coût est faible car elles font partie des résidus produits lors de la fabrication d'explosifs, par exemple.

Le nano-ordinateur

Une équipe composée de scientifique de l’organisation MITRE et de l’Université de Harvard ont conçu un processeur, plus petit qu’un neurone humain, dont la densité irait au-delà de la fameuse loi de Moore.

Baptisé nanoFSM pour "nanoelectronic finite-state machine", ce processeur est composé de centaines de transistors sous forme de nanofils organisés comme des tuiles qui servent de circuits.

Publiées dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences, les travaux présentent ce fameux nano-ordinateur.

Expertise scientifique

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Dispositif à base de nanoruban pour alimenter un pacemaker

John Rogers, professeur de science des matériaux et de l'ingénierie à l’université de l'Illinois, et son équipe ont développé des dispositifs flexibles à base de nanorubbans permettant la récupération d'énergie.

Le principe consiste à convertir le mouvement d’une partie du corps (comme le cœur ou les poumons) en énergie emmagasinée dans une batterie qui pourrait être utilisée pour alimenter les dispositifs implantables comme les stimulateurs cardiaques.

Le dispositif développé par l’équipe est composé de nanorubbans de PZT (Titano-Zirconate de Plomb), d’un redresseur intégré et d’une batterie rechargeable. Le tout est couvert d’une couche de plastique biocompatible et flexible.

Grace à l’effet piézoélectrique, le dispositif qui est cousu directement sur le cœur, les poumons ou toute partie du corps en mouvement constant, délivre suffisamment d’électricité pour alimenter un stimulateur cardiaque ou tout autre dispositif implantable dans le corps.

Les essais cliniques sur l’homme ne seront envisagés qu’après avoir solutionné un certain nombre de questions (effet de la suture sur des organes importants, réaction du corps a cet objet étranger, remplacer le plomb du PZT par

un élément non toxique mais aussi performant…).

Figure : le dispositif (avec redresseur et micro-batterie)

monté sur un cœur de bœuf.

Sources :

http://idw-online.de/pages/de/news567627

www.mitre.org/news/press-releases/mitre-harvard-teams-ultra-tiny-nanocomputer-may-point-the-way-to-further http://www.pnas.org/content/early/2014/01/15/1317233111.short (doi: 10.1073/pnas.1317233111 ) http://phys.org/news/2014-01-team-implantable-piezoelectric-nanoribbon-devices.html#jCp

Crédit photo : Université de l’Illinois & de l’Université de l’Arizona

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Financement

Les 4 mesures phares de la loi de finances 2014 pour les start-up et

entrepreneurs

L’extension du statut de jeune entreprise innovante, l’aménagement du crédit impôt recherche, le PEA-PME et la hausse de l’abattement applicable aux plus-values de cession comptent parmi les mesures clés de la loi de finances 2014, entrée en vigueur le 1er janvier.

La loi de finances pour 2014 publiée au Journal Officiel du 30 décembre 2013, inclut quatre mesures clés pour la fiscalité des entreprises et des start-up.

1) Extension du statut de JEI :

Outil de soutien aux PME innovantes de moins de 8 ans investissant au moins 15% de leurs charges dans la recherche et développement, le statut de jeune entreprise innovante (JEI), qui devait prendre fin le 31 décembre 2013, a été prorogé jusqu’au 31 décembre 2016. La loi 2014 prévoit une exonération de 100% des cotisations sociales patronales pendant huit ans (alors que celle-ci était dégressive auparavant). Cette exonération a été étendue aux personnels affectés à des activités d’innovation (conception de prototypes ou installation de pilotes de nouveaux produits).

2) Renforcement du CIR :

La loi de finances pour 2014 instaure un seul et même régime de territorialité pour les dépenses de protection des droits de propriété intellectuelle éligibles au crédit impôt recherche (CIR). Rappelons qu’afin de renforcer la compétitivité des PME, ce dispositif a été étendu à certaines dépenses d’innovation, hors R&D, par la loi de finances de 2013.

3) Création du PEA-PME :

Nouvel outil, le PEA dédié au PME est plafonné à 75 000 euros. Sont éligibles au PEA-PME les actions des PME et entreprises de taille intermédiaire (ETI) cotées et non cotées, ainsi que les obligations de PME et ETI selon un mode

indirect, via des parts de fonds. Le siège des entreprises concernées doit être situé en France ou dans un autre État membre de l’Union européenne. Comme le PEA classique (plan d’épargne en actions dont le plafond a été relevé à 150 000 euros), le PEA-PME donne droit à une exonération après 8 ans de la fiscalité sur les dividendes et plus-values, hors prélèvements sociaux.

4) Plus-values de cession :

La loi de finances 2014 maintient le principe de l’imposition des plus-values de valeurs mobilières au barème progressif après application d’un abattement applicable à l’impôt sur le revenu. Les titres détenus depuis moins de 2 ans ne sont pas concernés, tandis que les titres de plus de 2 ans bénéficient d’un abattement de 50% et ceux détenus depuis plus de 8 ans d’un abattement de 65%.

Ces abattements peuvent concerner également les cessions de parts ou d’actions d’organismes de placements collectifs (sicav/FCP). Ce régime est applicable aux cessions 2013 et suivantes, les anciens taux de 20%, 30% et 40% votés dans le cadre de la loi de finances 2013 ne seront finalement pas appliqués.

Parallèlement à ce régime général, un régime alternatif concerne les dirigeants d’entreprise appelés à céder des titres de sociétés de moins de 10 ans. Le taux d’abattement a été fixé à 50% si les titres cédés ont été détenus depuis plus de 1 an. Il passe à 65% lorsque les titres ont été détenus plus de 4 ans, puis à 85% pour une cession de titres détenus depuis plus de 8 ans.

Page 8: Nanotechnologies : enjeux et opportunités - Publication Kamitis janvier 2014

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L’investissement dans les PME en crise !

En 2012, près de 23,6 milliards d’euros (M€) ont été levés à des fins de capital investissement en Europe, enregistrant ainsi une baisse de 43% par rapport à l’année précédente. Cette diminution est en partie relative à la chute des levées de fonds supérieures à 250M€ en nombre (13 levées de fonds en 2012 contre 26 en 2011) et en volume (baisse de 25% sur la même période).

Plus résistant que la moyenne européenne, à 5 milliards d’euros en 2012, les montants des fonds levés sur le marché français en 2012 diminuent de 22%. La tendance hors levées supérieures à 200M€ est en revanche à la hausse (14 %), principalement sur les opérations entre 100 M€ et 200 M€. Les trois quarts des entreprises investies opèrent dans trois secteurs : l’industrie manufacturière, les activités scientifiques et techniques et la communication. Ces secteurs ne comptent que pour un cinquième des PME française !

Figure : le capital-investissement en France et en Europe (en milliard d’euros).

Sources :

www.silicon.fr/mesures-phares-loi-finances-2014-numerique-91826.html

www.bpifrance.fr/actualité/publication_etudes/etude_thematique

www.alternatives-economiques.fr/penurie-de-capital-investissement_fr_art_1281_66921.html

Page 9: Nanotechnologies : enjeux et opportunités - Publication Kamitis janvier 2014

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Intelligence économique

L ’apport de l ’Intelligence Economique au Renseignement et l’état de la

communauté de l’I.E. en France L’IHEDN et l'AORL organisent une conférence le mardi 4 février 2014 dans les salons du Cercle de garnison de Lyon, Quartier Général Frère 22, avenue Leclerc 69007 Lyon, sur le thème : « L’apport de l’Intelligence Economique au Renseignement et l’état de la communauté de l’I.E. en France ».

Cette conférence sera donnée par Messieurs Christian Harbulot, fondateur et directeur de l’Ecole de Guerre Economique et Charles Pahlawan, directeur-adjoint de l’EGE :

Depuis 1994, le Rapport Martre sur « l’intelligence économique et la stratégie des entreprises », l’intelligence économique fait régulièrement l’objet d’échanges, de réflexions de discussions, mais aussi a vu émerger de nouveaux métiers et donc de nouvelles formations.

Presque 20 ans après l’apparition au grand jour d’un concept malgré tout ancien, l’intelligence

économique reste encore très assimilée au renseignement économique. Qu’en est-il de l’apport réel des concepts portés par l’intelligence économique au renseignement et réciproquement.

L’apparition dans l’entreprise de nouveaux métiers liés au traitement et à l’usage de l’information a généré une nouvelle communauté à la croisée du monde du renseignement, des geeks et des communicants. Quel est l’état de cette communauté ? Peut-on en tirer une première typologie ?

La "dé-rafalisation" finale des relations France-Brésil

Le correspondant de l’académie de l’intelligence économique au Brésil, Frédéric Donier, par ailleurs Vice-président de la Chambre de commerce Franco-Brésilienne à Sao Paulo, vient de publier une analyse particulièrement percutante sur le feuilleton décrivant l’aventure du Rafale au Brésil.

Pour différencier son contenu de celui des nombreux articles de presse parus ces derniers jours, Frédéric Donier est reparti de quelques actes concrets dont il a été le témoin oculaire avant d’analyser les erreurs stratégiques de Dassault Aviation au Brésil et décrypter l’approche du lobbying suédois qui s’est révélé très efficace.

Sources :

http://ihedn-rl-ar14.news.over-blog.com/article-intelligence-economique-etat-des-lieux-122029544.html

http://blogs.lesechos.fr/intelligence-economique/la-de-rafalisation-finale-des-relations-france-bresil-

a14008.html

Page 10: Nanotechnologies : enjeux et opportunités - Publication Kamitis janvier 2014

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Focus

La nanométrologie comme levier de développement pour les entreprises

Les nanotechnologies ont ainsi été identifiées

comme des « Key Enabling Technologies » (KET)

au niveau européen ou comme des

«technologies critiques » au niveau français,

elles constituent ainsi un levier d‘innovation

majeur dans de nombreux secteurs industriels.

Or, le passage de la phase de R&D à la phase

d’industrialisation constitue encore souvent un

défi technique et la métrologie joue un rôle

essentiel dans ce changement d’échelle

nécessaire au transfert industriel. Toutefois, les

activités de nanométrologie et de

nanocaractérisation sont trop souvent négligées

dans les projets de développement, notamment

par les PME qui ne disposent pas des ressources

matérielles et humaines pour bien adresser ces

questions.

Les industriels qui tentent de tirer parti de ces

propriétés nouvelles pour mettre au point des

produits innovants, doivent ainsi mettre en

place une instrumentation fiable, capable de

mesurer à l’échelle du nanomètre, pour établir

un « système qualité » permettant de

reproduire des nanomatériaux et des

nanodispositifs avec un haut degré de précision

et de répétabilité. Un rapport de la « Royal

Society & Royal Academy of Engineering »

conclut que la rupture technologique créée par

les nanosciences et nanotechnologies ne se

situe pas au niveau de la fabrication mais plutôt

« au niveau des outils utilisés pour observer et

mesurer les propriétés, et contrôler la

fabrication à l’échelle nanométrique ».

L’ensemble des acteurs impliqués dans ce

domaine émergent s’accorde sur le fait que le

développement d’une métrologie et d’une

instrumentation adaptée au domaine

nanométrique (1-100 nm) a un effet

«catalyseur» sur le développement global des

nanotechnologies. C’est ce que confirme

l’étude économique nationale réalisée par la

PNS en 2011 [7] sur l’ensemble de la chaîne de

valeurs des acteurs du domaine des

nanomatériaux qui implique les trois grandes

familles d’entreprise (synthèse, intégration,

utilisation) et qui fait ressortir en première

préoccupation un besoin en moyen de

caractérisation des substances.

Nicolas FELTIN

Responsable de la Plateforme CARMEN Laboratoire national de métrologie et d'essais [email protected]

L’engouement actuel autour des nanomatériaux et le vaste champ d’applications que l’on peut en attendre s’expliquent par la forte dépendance des propriétés physico-chimiques des nano-objets avec leurs dimensions et leur morphologie. Ainsi, pour chaque propriété fonctionnelle souhaitée (électronique, magnétique, optique, mécanique…) associée à une application particulière, il est possible de concevoir « à la carte » un nano-objet lui correspondant.

Thomas NAPPEZ

Cofondateur & directeur commercial Nanothinking [email protected]

Page 11: Nanotechnologies : enjeux et opportunités - Publication Kamitis janvier 2014

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Actuellement, la mesure à l’échelle du nanomètre se heurte à plusieurs difficultés :

i) Tous les mesurandes ne sont pas encore définis. Par exemple : quel(s) mesurande(s) pour définir la

forme d’une nanoparticule ?

ii) Il existe très peu de méthodes normalisées disponibles à ce jour. Ceci s’explique par la complexité de la

mesure à l’échelle du nanomètre.

iii) Les chaînes de traçabilité au système SI ne sont pas encore établies pour toutes les grandeurs

concernées. Le manque de traçabilité affecte la fiabilité de la mesure qui ne sera pas forcement

comparable entre les différentes méthodes utilisées ou entre différents laboratoires.

iv) Les méthodes de mesures dimensionnelles directement traçables au SI (microscopie électronique ou à

champ proche) sont extrêmement coûteuses, et souvent hors d’atteinte pour des PME. Mais les

techniques simples ou indirectes (mesure de paramètre équivalent) plus accessibles et plus faciles à

mettre en œuvre, cachent de nombreux biais de mesure et doivent être utilisées avec précaution. Une

technique indirecte correspond à la mesure d’un paramètre, comme la taille d’un nano-objet, en tirant

partie d’une de ses propriétés intrinsèques qui peut être liée à son volume, sa masse, sa vitesse de

sédimentation, sa mobilité électrique ou son coefficient de diffusion. Par conséquent, les mesures de

diamètre d’une nanoparticule provenant de différentes méthodes de caractérisation ne sont pas

forcément comparables : les instruments ne mesurent pas le même mesurande. Des méthodes de

mesure rigoureuses doivent être définies. Les notions de diamètre physique et diamètre équivalent

sont peu connues dans le secteur des PME et la confusion entraîne parfois des artefacts.

v) Il est souvent nécessaire de croiser les techniques de mesure pour obtenir un résultat fiable. Cette

démarche demande du temps et souvent une grande expertise.

vi) La très grande diversité des substances à caractériser. Les substances à l’état nanoparticulaire peuvent

être homogènes ou hétérogènes (du point de vue de la composition chimique). La forme prise en

compte peut être compacte, linéaire ou complexe. La substance peut être isolée ou nanostructurée

sous forme d’agrégats ou d’agglomérats. Celle-ci peut également être fonctionnalisée afin d’en

modifier les propriétés.

vii) L’échantillonnage est une étape clé de la mesure mais souffre d’un manque de formalisation et de

normalisation qui permettrait là encore de pouvoir comparer les études existantes.

Ainsi, l’usage des nanomatériaux est très présent

dans les activités à l’échelle de la R&D mais

souffre encore d’un trop faible transfert vers

l’industrie. L’étude du cabinet Développement

et Conseil sur « les réalités industrielles

françaises dans le domaine des nanomatériaux »

insiste sur le faible nombre de nouveaux

nanoproduits français (4/5 par an depuis moins

de trois ans) arrivés à maturité et

commercialisés par la suite. En effet le passage

de l’échelle du laboratoire à l’échelle industrielle

pose actuellement un problème. Une centaine

de PME déclarent avoir abandonné leur activité

dans le domaine des nanomatériaux car elles

n’ont pas réussi à retrouver les propriétés

fonctionnelles mises en évidence en laboratoire.

Les freins au développement du tissu

industriel des nanomatériaux en France,

identifiés par le même rapport, sont : (i) la

faisabilité industrielle (ii) la réglementation et

acceptabilité sociétale, et (iii) la structuration

de l’écosystème. Le manque d’outils

métrologiques fiables contribue aux deux

premiers freins et la nanométrologie est un

élément qui pourrait structurer la future filière

« nanomatériaux » en France. En outre, le

besoin en caractérisation, celui d’un

accompagnement dans la mise en place des

procédés de sécurité, ainsi que l’attente en

matière de toxicologie des nanomatériaux

sont les trois conclusions majeures de l’étude

économique nationale réalisée pour les

besoins de la PNS en 2011 [7].

Page 12: Nanotechnologies : enjeux et opportunités - Publication Kamitis janvier 2014

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Différentes familles de nano-objets

Par ailleurs, en France depuis le 1er

janvier 2013

et bientôt d’autres pays européens, chaque

fabricant, importateur et distributeur doit

effectuer une déclaration (article L. 523-1) dès

lors qu’il produit, importe ou distribue au moins

100 g par an d’une substance à l’état

nanoparticulaire, en l’état ou contenue dans un

mélange sans y être liée ou de matériaux

destinés à rejeter cette substance dans des

conditions normales ou raisonnablement

prévisibles d’utilisation. Ce dispositif législatif a

pour but de mieux connaître ces substances et

leurs usages, de disposer d’une traçabilité des

filières d’utilisation, d’une meilleure

connaissance du marché et des volumes

commercialisés et enfin de collecter les

informations sur leurs propriétés toxicologiques

et éco-toxicologiques. Pour que le produit soit

concerné par le décret, il faut que la proportion

des nanoparticules présentes soit supérieure à

50 % de la distribution des tailles en nombre.

Un premier défi métrologique consiste à

évaluer cette proportion et beaucoup de PME

sont dans l’incapacité de réaliser une telle

mesure. En complément à ce décret, un arrêté

est paru au journal officiel daté du 10 août 2012,

pris en application des articles R. 523-12 et R.

523-13 du code de l’environnement. Le

fabricant, l’importateur ou le distributeur se

doit de mesurer un ensemble de paramètres

caractérisant la «nanosubstance» (taille des

nanoparticules, distribution en taille, état

d’agrégation/agglomération et forme). De plus,

cette mesure doit être obligatoirement

accompagnée d’une incertitude ainsi que d’une

description du protocole de mesure. L’état

cristallin, la surface spécifique et la charge en

surface doivent aussi être fournis par le déclarant,

s’ils sont disponibles. L’ensemble des

informations est envoyé chaque année à l’ANSES

qui a été mandaté par le MEDDE pour mettre en

place une base de données.

Obligation de déclaration des substances à l'état nanoparticulaire

Page 13: Nanotechnologies : enjeux et opportunités - Publication Kamitis janvier 2014

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Or, les méthodes de mesure de référence ne

sont pas encore établies au niveau

international : il n’existe à l’heure actuelle ni

norme ni consensus concernant les techniques

de caractérisation à associer aux propriétés

recherchées. Un exemple de difficultés

concerne en particulier le paramètre « taille » :

différents protocoles peuvent exister suivant

que l’on parle de taille primaire, taille

hydrodynamique, taille aérodynamique… Ceci

illustre le fait que pour les nano-objets, les

descripteurs peuvent dépendre de

l’environnement de la particule et ne pas être

constants dans le temps. Cet exemple de la

taille illustre parfaitement les difficultés des

PME à appliquer la réglementation en vigueur

en ne disposant pas d’une solution clef en main

simple, fiable et à un coût raisonnable. Les

difficultés inhérentes à la mesure à l’échelle

nanométrique peuvent dans un avenir proche

entraîner deux types de problèmes. Tout

d’abord, certains industriels concernés peuvent

se sentir perdus face à des techniques de

mesure qui restent complexes même pour des

instituts nationaux de métrologie. Ensuite,

devant l’absence de protocoles normalisés, les

données récoltées par l’ANSES risquent d’être

sujettes à caution. L’objectif initial du décret qui

était de mettre en place une structure de

surveillance fiable des nanoproduits présents sur

le sol national ne pourrait ainsi être atteint.

Pour faire face à ces enjeux, citons plusieurs

initiatives nationales. Le développement de

plateformes technologiques, comme la PNS

(Plateforme NanoSécurité) du CEA et CARMEN

(CARactérisation MEtrologique des

Nanomatériaux) du LNE, vont notamment

permettre de mutualiser les instruments de

mesure et d’offrir un service compétitif aux

industriels. De plus, le Club nanoMétrologie

animé par le LNE et le C’Nano, qui compte à ce

jour 260 adhérents dont près de 20 % de PME,

contribue à la création d’un réseau de métrologie

dans le domaine des nanotechnologies et à la

fourniture des solutions métrologiques pour les

travaux de R&D et de normalisation et pour les

études toxicologiques et éco-toxicologique.

Enfin, le projet NanoMet, qui a commencé début

2014 et qui financé par la DGCIS, vise, d’une part,

à apporter aux PME les moyens

méthodologiques, métrologiques et techniques

nécessaires à l’optimisation de leurs procédés

mettant en œuvre des nano-objets et, d’autre

part, de les soutenir dans leur obligation

réglementaire de déclaration annuelle de leurs

substances à l’état nanoparticulaire

Sources :

[1] Rapport d’expertise collective, AFSSET, « Les nanomatériaux – Effets sur la santé de l’homme et sur

l’environnement », Juillet 2006.

[2] « Scientific opinion: the potential risks arising from nanoscience and nanotechnologies on food and feed

safety», The EFSA Journal, (2009), 959, 1-39.

[3] Journal Officiel de l’Union Européenne, C184E, 8 juillet 2010, p88. L’Union Européenne « demande

urgemment la mise au point de protocoles d'essai et de normes en matière de métrologie adéquats permettant

d'évaluer, sur la base d'une approche pluridisciplinaire, l'exposition des travailleurs, des consommateurs et de

l'environnement aux nanomatériaux et les risques liés à ces derniers, et ce durant l'intégralité de leur durée de vie, y

compris en cas d'accident ».

[4] F. Schrurs et D. Lison “Focusing the research efforts”, Nature Nanotechnology 7,546–548.

[5] D&Consultants, « Les réalités industrielles dans le domaine des nanomatériaux en France : analyse de la

réalité du poids des nanomatériaux dans la filière industrielle concernée », commandé par la DGCIS, 2011.

[6] « Technologies Clés 2015 » pour le compte du Ministère de l’Industrie, de l’Energie et de l’Industrie

numérique, 2011.

[7] A. Witomski et A. Raphaël, étude de marketing, Plate-forme Nanosécurité, décembre 2011.

Page 14: Nanotechnologies : enjeux et opportunités - Publication Kamitis janvier 2014

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I3 ce sont trois interrogations pour échanger avec un expert sur l'environnement

de l'entreprise.

Nous nous intéressons dans ce numéro au monde des nanotechnologies. Un secteur stratégique qui présente un énorme potentiel économique. En France, il est soutenu par un grand effort de recherche qui est principalement le fait d’universités ou d’organismes publics. Très souvent, il s’agit de travaux qui portent sur la compréhension des propriétés de la matière à l’échelle du nanomètre mais également la réalisation de dispositifs.

En Europe, la France est en troisième position après l’Allemagne (qui affiche un développement équilibré le long de la chaîne de valeur) et l’Angleterre (en seconde position grâce à l’instrumentation et aux services). La France est en troisième position grâce aux thématiques de l’électronique imprimée, des MEMS et de la micro - fluidique. L’activité de services y est très faible.

D’après les statistiques de la société Nanothinking, l’écosystème français des nanotechnologies est

aujourd’hui constitué de :

100 industriels : tous les secteurs sont représentés (3M, Airbus, Renault, Saint-Gobain, L’Oréal, BioMérieux, ST Microelectronics...)

150 centres de recherche : physique, chimie, matériaux, biologie, électronique... 150 start-up : des nanomatériaux bruts aux nanodispositifs 50 autres : pôles de compétitivité, juristes, toxicologues, associations, plateformes...

A travers le témoignage de nos experts, chercheurs et entrepreneurs, découvrons ensemble quelques promesses du nanomonde.

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La société Lotus Synthesis est un exemple de structure innovante qui fabrique et commercialise une large gamme de suspensions nano chargées. Ces dispersions de nanoparticules dans des matrices aqueuses ou solvantées sont destinées à être intégrées dans des formulations chimiques pour revêtements, tels que les peintures et vernis, films optiques, textiles techniques ou cosmétiques, afin de leur conférer des propriétés particulières.

Kamitis : En quoi consiste la technologie Lotus Synthesis, et quels sont ses atouts ?

S. DANIELE : Lotus Synthesis est spécialisée

dans la production de nanoparticules en

solution (par procédé Sol-Gel) suivant une

approche soucieuse de la sécurité (aucune

manipulation de nano-poudres sèches) et de

l’environnement (synthèse en phase liquide

principalement aqueuse).

La technologie développée au sein de notre

laboratoire passe par une approche

moléculaire : on part d’un précurseur

moléculaire puis on introduit la matière qui

permet de former et de fonctionnaliser la

surface des nanoparticules.

Par exemple, nous produisons des suspensions

d’oxydes avec des taux d’extraits secs de 20 à

30%. Comparé à ce qu’il y a sur le marché (avec

des taux allant de 1 à 2%), la différence est

notable.

Il y a deux intérêts principaux pour cette

technologie Lotus Synthesis :

- La sécurité : En effet, à partir d’un

procédé de chimie douce excluant la

manipulation de poudre sèche

potentiellement dangereuse, notre

technologie permet de fabriquer des

suspensions stables et transparentes,

directement dans le milieu d’intérêt du

client.

- La qualité des lots : Grâce à la synthèse

in-situ directement dans la matrice

(milieu d’intérêt du client), nous assurons

une dispersion homogène, stable et

transparente des nanoparticules en

minimisant les problèmes de

compatibilité lors des mélanges.

Synthèse de nanoparticules en solution

Stéphane DANIELE

Cofondateur & Directeur Technique de Lotus Synthesis

.

" Si nos premiers développements sont aujourd’hui sur le marché, d’autres sont encore à venir. "

CONTACT: [email protected]

www.lotus-synthesis.fr

La technologie Lotus Synthesis permet de fabriquer des suspensions de

nanoparticules stables et transparentes, directement dans le milieu d’intérêt du

client, à partir d’un procédé de chimie douce ; suspensions qui seront utilisées

comme additifs pour des revêtements intelligents.

Page 16: Nanotechnologies : enjeux et opportunités - Publication Kamitis janvier 2014

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Kamitis : Quelles sont les applications potentielles pour les nano-suspensions que vous synthétisez ?

S. DANIELE : La technologie Lotus Synthesis

permet entre autres d’apporter des fonctions :

anti-salissures, anti-UV, anti-abrasion, haut

indice de réfraction pour les verres

ophtalmiques, etc.

Nos nanoparticules dispersées sont

essentiellement utilisées dans les revêtements

transparents (généralement comme additifs

pour lasures et vernis).

Nous avons aujourd’hui, deux fonctions

qualifiées pour les vernis : la fonction anti-

salissures (procédé de photocatalyse), et l’anti-

UV (absorption UV A et UVB). Un exemple de

nos réalisations est le vernis anti-UV : c’est un

additif à base de TiO2 dopé Cérium qui permet

de protéger le vernis de l’attaque

photochimique. Nous avons développé un

polyuréthane extrêmement résistant aux UV qui

a été utilisé sur des logos de concessionnaires

automobile pour résoudre le problème de

desquamation du vernis. Nous avons ainsi pu

améliorer la durabilité du revêtement de

plusieurs années.

D’autres applications sont également en

développement, parmi les propriétés

recherchées: haut indice de réfraction, l’anti-

abrasion (un frottement doux qui fini par user la

pièce), antibactérien, le retardateur de flamme,

isolation thermique, anti-fouling (peinture pour

coques de bateaux), anti-odeur corporelle.

Kamitis : Comment envisagez-vous l’avenir de Lotus Synthesis en termes de stratégie ? Et quels sont

vos axes de développement à moyen et à long terme ?

S. DANIELE : Le développement de Lotus

Synthesis va passer par le développement de

nouvelles fonctions. Au-delà des applications

citées plus haut (question précédente), d’autres

applications sont en cours de réflexion ou de

développement dans le domaine des

revêtements, du renfort des matrices plastiques

ou encore des textiles fonctionnels.

Notre ambition est de devenir une société

industrielle et de proposer des additifs à des

formulateurs. Cela passe par la production de

gros volumes. Jusqu’à présent nous produisions

des volumes de 10 litres maximum, cette année

nous allons passer à des lots de 300 litres tout en

assurant une qualité identique de produits

faciles à manipuler et des lots reproductibles.

Une levée de fonds a été nécessaire pour

envisager la mise à l’échelle, et l’achat d’un

réacteur est programmé courant Q1 2014.

Nous sommes également en plein

développement commercial et cherchons à faire

connaitre nos produits et les applications

potentielles dans les différents secteurs

industriels.

Page 17: Nanotechnologies : enjeux et opportunités - Publication Kamitis janvier 2014

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Après la synthèse des nanomatériaux, vient l’étape cruciale de la caractérisation. Les chercheurs disposent aujourd’hui de moyens ultra perfectionnés pour observer les nanomatériaux et mesurer leurs propriétés physico-chimiques. Magali Phaner-Goutorbe nous présente dans ce qui suit ces recherches basées sur la microscopie à force atomique (AFM).

Kamitis : Le développement des techniques de caractérisation champ proche a largement contribué à

l’essor des nanosciences. Dans le cadre de vos recherches, vous travaillez au quotidien avec l’AFM.

Pouvez-vous nous présenter vos travaux de recherches ?

M. Phaner-Goutorbe : Après un doctorat sur

l'élaboration d'un microscope à effet tunnel

adapté au milieu liquide et quelques années à

travailler sur de alliages semi-conducteurs et

métalliques pour des applications en

optoélectronique et catalyse, je me suis orientée

vers l'étude par microscopie à force atomique

(AFM) de couches organiques semi-conductrices

et de biosystèmes tels que les puces à ADN, à

sucre... Aujourd'hui, je participe avec l'équipe à

un beau projet (ANR Glycomime 12-BSV5-0020-

01) qui vise à créer de nouveaux médicaments

pour vaincre la mucoviscidose. Les patients

atteints par cette maladie sont sensibles à une

bactérie pseudomonas aeruginosa qui vient se

fixer en particulier sur les cellules épithéliales des

bronches, se multiplie et finit par entraver la

respiration du patient conduisant à des

infections pulmonaires graves. L’idée

développée par le consortium qui travaille sur ce

projet est de bloquer l'adhésion de la bactérie en

introduisant des sucres synthétiques. Un des

moyens de fixation de la bactérie est par

l'interaction de protéines (appelées lectines)

présentes sur sa membrane et de sucres

présents sur la cellule. Si les sucres synthétiques

(glycoclusters) présentent une affinité plus

grande que les sucres naturels on peut imaginer

d'empêcher l'adhésion.

Ma participation consiste à utiliser l'AFM pour

observer les complexes sucres-lectines créés,

étudier leur arrangement géométrique (à

l'échelle du nanomètre) et mesurer les forces

mises en jeu dans cette interaction (à l'échelle du

nano ou picoNewton).

Kamitis : Quelle est l’importance des outils de caractérisation des nanomatériaux au niveau de la

recherche fondamentale mais aussi au niveau applicatif ?

M. Phaner-Goutorbe : En 1982 l'invention du

microscope à effet tunnel par G. Binnig et H.

Röhrer, prix Nobel de Physique en 1986 avait

pour objectif de visualiser de façon directe,

Caractérisation de nanostructures

Magali PHANER-GOUTORBE Professeure des Universités / Directrice des Relations Internationales Responsable du Master Nanoscale Engineering Ecole Centrale de Lyon

.

" Le levier de l'AFM est un outil de choix pour déplacer et manipuler des nano-objets "

CONTACT: [email protected]

http://master-nano.universite-lyon.fr

Page 18: Nanotechnologies : enjeux et opportunités - Publication Kamitis janvier 2014

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locale et à l'échelle atomique les reconstructions

de surface de semi-conducteurs telle que la (7x7)

de la face (1,1,1) du silicium par exemple.

L'objectif était à la fois de réaliser une étude

fondamentale, les premières observations dans

l'espace directe de l'arrangement des atomes sur

ces surfaces mais elles ont permis aussi de

développer et de contrôler les techniques

d'élaborations de nanostructures, nanofils,

nanodots à partir de ces surfaces. Le microscope

à force atomique inventé en 1986 par G. Binnig

et Quate, plus facile d’utilisation, (on peut faire

des observations à l'échelle nanométrique sur

n'importe quel type de matériaux et à l'air), est

un outil incontournable pour le développement

de nanosystèmes, l'étude de nanostructures.

Aujourd'hui, certains appareils commerciaux

permettent une cartographie moins précise mais

plus rapide d'échantillons larges et déjà prêts

pour le développement industriel.

Par ailleurs ces techniques sont constamment

développées, améliorées pour avoir accès à

d'autres informations sur les surfaces analysées,

propriétés mécaniques, chimiques, optiques

électriques... L'utilisation de l'AFM pour

l'observation de macromolécules biologiques

telles que l'ADN a pour objet de participer à une

meilleure connaissance de la biologie. Dans

notre cas, les résultats de nos mesures de forces

d'interaction nous permettront, je l'espère, à la

fois de participer à la découverte de nouveaux

médicaments mais aussi de mieux comprendre

les mécanismes biologiques mis en jeu dans les

interactions sucre-protéine de façon plus

générale et donc plus fondamentale.

Kamitis : Quelles sont les innovations futures concernant les techniques de caractérisations ?

M. Phaner-Goutorbe : Depuis leur invention,

ces techniques de champ proche n'ont pas

cessé d'être améliorées par les chercheurs pour

pouvoir satisfaire les besoins de caractérisation

des nanosystèmes.

Concernant l'AFM pour des applications

biologiques, pouvoir sans aucun doute mesurer

l'interaction entre 2 molécules semble être

possible dans un proche avenir, le

développement de l'ultrafast AFM par l’équipe

japonaise du prof T. Ando est extrêmement

encourageante pour étudier directement

l'activité biologique et le mouvement de

macromolécules in situ.

L'avenir me semble aussi dans le

développement de techniques de

caractérisation combinées, topographique et

chimique, c'est à dire AFM-RAMAN, AFM-IR...

ou à différentes échelles AFM-microscopie de

fluorescence...

Page 19: Nanotechnologies : enjeux et opportunités - Publication Kamitis janvier 2014

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C’est certainement en médecine que la convergence entre nanotechnologies et biotechnologies prend tout son sens. Les travaux de François Lux illustrent les efforts des chercheurs dans ce domaine et laissent présager de nombreux bénéfices.

Kamitis : Les nanoparticules ont ouvert des perspectives nouvelles en médecine et notamment en

oncologie aussi bien en diagnostic qu’en thérapeutique. Pouvez-vous nous parler de vos travaux de

recherche dans ce domaine et les applications visées?

F. LUX : Depuis 2004, l’équipe à laquelle

j’appartiens travaille en partenariat étroit avec la

société Nano-H sur le développement de

nanoparticules multimodales (c’est-à-dire

pouvant intégrer plusieurs fonctionnalités

d’imagerie ou de thérapie) pour des applications

biomédicales.

Notre grande originalité à été de proposer des

particules hybrides à base de gadolinium de très

petite taille. De par leur structure et

composition, nous avons réussi à obtenir des

propriétés extrêmement intéressantes,

combinant une action d’agent de contraste IRM

avec des effets radiosensibilisants : augmentant

ainsi l’action curative des traitements

radiothérapeutique.

Même si nous travaillons sur plusieurs types de

pathologie, c’est en oncologie que nos travaux

sont les plus avancés. Pour cette application, la

nanoparticule (AGuIX®) que nous développons

est de très petite taille (inférieure à 5 nm) et est

basée sur une matrice de polysiloxane (un dérivé

de la silice) et entourée de molécules organiques

(chélates) permettant d’intégrer des ions

métalliques dont le gadolinium utilisé

actuellement comme agent de contraste IRM.

Cette approche peut également être combinée

avec un marquage par des isotopes radioactifs

pour des applications en scintigraphie. La faible

taille des nanoparticules permet leur élimination

par les urines et évite ainsi une trop longue

rétention dans le corps comme cela a été montré

par de nombreuses études sur rongeurs. De plus,

ce type de nanoparticules a été injecté dans de

nombreux animaux porteurs de tumeurs et une

accumulation dans la tumeur par des

mécanismes passifs a pu être observée à chaque

fois. Cette accumulation est due au fait que la

néovascularisation au niveau de la tumeur est

rapide et anarchique, rendant les néovaisseaux

plus poreux et laissant ainsi le passage aux

nanoparticules.

De l’élaboration à l’application en médecine

François LUX Maitre de conférences L’institut lumière matière (ILM), Lyon

" Les nanotechnologies sont une avancée radicale qui repousse les limites des technologies actuelles"

CONTACT: [email protected]

www.ens-lyon.fr/CHIMIE/

Page 20: Nanotechnologies : enjeux et opportunités - Publication Kamitis janvier 2014

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Nous avons pour le moment deux types de produit très aboutis pour lesquels nous cherchons des

financements afin de démarrer une phase clinique :

Plusieurs collaborations avec des centres cliniques sont en cours pour des études pré-cliniques, en

particulier les CHU de Lyon et Grenoble, l’Hopital Gustave Roussy à Paris et enfin aux Etats Unis, la Harvard

Medical School à Boston. Nous cherchons à commencer les phases cliniques chez l’homme. Les pathologies

prioritaires sont pour le moment les gliobastomes - métastases cérébrales, les cancers du poumon à petites

cellules et enfin le traitement des tumeurs têtes et cou.

Kamitis : Quelles sont les caractéristiques que vous recherchez en développant vos nanoparticules (ou

en développant ce produit)?

F. LUX : En nanomédecine, le développement

d’un agent théragnostique nous pousse à

regarder plusieurs aspects en priorités :

l’efficacité attendue thérapeutique

radiosensibilisante, l’efficacité en agent de

contraste IRM, les biodistribution et le

comportement in vivo des produits, la stratégie

d’application.

Enfin, il faut toujours avoir à l’esprit, le gain à

attendre par rapports aux traitements actuels à

base de molécules conventionnelles le cas

échéant.

Lorsque nous développons un produit, nous

cherchons toujours à rester le plus proche

possible de l’application visée.

I Les nanoparticules AGuIX® sont des agents de

contraste IRM mais possèdent également un

pouvoir radiosensibilisant. C’est-à-dire qu’elles

peuvent être utilisées en radiothérapie afin de

potentialiser les effets de ce traitement. De

manière simplifiée, on peut dire que les

nanoparticules interagissent avec les

rayonnements utilisés en radiothérapie pour

former des espèces très nocives pour les cellules

telles que des radicaux, des électrons… Ces

propriétés radiosensibilisantes permettent de

vaincre la radiorésistance de certaines tumeurs

mais également en augmentant l’efficacité de la

radiothérapie d’obtenir un effet équivalent avec

une dose moindre ce qui permet de limiter les

effets secondaires délétères d’un traitement.

L’un des intérêts majeurs des nanoparticules

proposées est de pouvoir visualiser la tumeur

par IRM préalablement afin de pouvoir adapter

le traitement ensuite à chaque patient. Cette

technologie s’inscrit dans le cadre de la

médecine personnalisée envisagée pour

l’hôpital de demain.

II Le deuxième produit que nous développons est

relativement similaire à celui précédemment

décrit si ce n’est que dans ce cas certains des

chélates entourant la nanoparticule sont laissés

libres d’accueillir un isotope radioactif émetteur

de positon. Ce marquage radioactif permet

d’utiliser la nanoparticule en scintigraphie TEP

(Tomographie par Emission de Positons).

L’intérêt principal de ce produit est de pouvoir

réaliser un agent de contraste bimodal pouvant

servir à la fois en scintigraphie et en IRM. Le

développement de cette nanoparticule est lié

au besoin émergent d’agents de contraste

possédant ces deux types de propriétés étant

donné que les constructeurs viennent de lancer

sur le marché tout une gamme d’appareillages

pouvant réaliser ces deux imageries en

simultanée. L’intérêt étant de bénéficier des

avantages des deux imageries (sensibilité pour

la scintigraphie et résolution pour l’IRM) avec

une bonne corrélation spatiale et temporelle.

Page 21: Nanotechnologies : enjeux et opportunités - Publication Kamitis janvier 2014

21

Au préalable, cela impose bien entendu d’avoir

des composés qui soient compatibles avec les

conditions biologiques et une application

future : dispersion dans l’eau, stabilité en milieu

physiologique, possibilité de synthèse en

grandes quantités… Ces contraintes peuvent

parfois se révéler frustrantes, le but n’étant pas

de développer le matériau avec les meilleures

caractéristiques physico-chimiques mais bien

en premier lieu celui qui possède de bonnes

caractéristiques mais en respectant les

contraintes physiologiques.

Ceci implique également un dialogue

approfondi en amont avec nos partenaires

biologiques afin d’éviter de se poser de fausses

questions et également un effort constant afin

de mieux percevoir leurs contraintes et leurs

demandes. Il faut également étudier l’état de

l’art afin de ne pas développer un produit pour

une pathologie pour laquelle des produits

existants donnent déjà une réponse

satisfaisante.

Kamitis : Pouvez-vous nous parler de ce projet que vous portez dans le cadre de cette collaboration

avec la société nano-h ?

F. LUX : Nous travaillons avec la start-up Nano-

H depuis 2004 date de sa création. Nano-H a été

créée par le professeur Olivier Tillement de

l’Institut Lumière Matière (ex LPCML à l’époque)

et par le professeur Pascal Perriat du laboratoire

MATEIS. Depuis cette date, le laboratoire et

Nano-H travaillent de manière extrêmement

étroite sur les applications biomédicales des

nanoparticules. Les premiers travaux ont été

menés sur un autre type de nanoparticules

breveté en 2004. Ces nanoparticules étaient

constituées d’un cœur d’oxyde de gadolinium et

entourée d’une couche de polysiloxane sur

laquelle étaient greffées des biomolécules. De

nombreuses publications ont été proposées avec

ces nanoparticules originales et notamment les

premières études de radiosensibilisation

montrant l’intérêt des nanoparticules de très

petites tailles à base de gadolinium pour la

radiosensibilisation. Cette application réalisée

en présence de nanoparticules ultrafines a été

breveté en 2007. Néanmoins même si aucune

mesure ne montrait de relargage du gadolinium,

plusieurs partenaires s’inquiétaient de la nature

du cœur d’oxyde de gadolinium et craignaient

un relargage d’ions gadolinium dans le corps.

Afin de parer à cette éventualité et pour

augmenter la dispersion de nos nanoparticules,

nous les avons entourées de chélates déjà

utilisés commercialement comme agents de

contraste IRM. Nous avons alors eu la surprise de

voir que cette manipulation donnait naissance à

une nouvelle nanoparticule ; les chélates

emprisonnent les ions gadolinium du cœur

entrainant sa dissolution et la formation de

nanoparticules faites de polysiloxane et de

chélate de gadolinium. La synthèse de cette

nanoparticule que nous avons nommé AGuIX® a

été brevetée en 2010. Depuis avec nos différents

partenaires, nous avons pu valider l’intérêt de

ces nanoparticules comme agents de contraste

RM/fluorescent/Scintigraphie pour la

visualisation de différents types de tumeurs : du

cerveau, du poumon, tête et cou… En parallèle,

des tests de radiosensibilisation ont été menés

avec différentes équipes en France (Hôpital Lyon

Sud, Institut Curie, Ligne médicale de l’ESRF…)

ou à l’étranger (Harvard medical school, Queen’s

university Belfast) afin de valider l’effet

radiosensibilisant et d’étudier plus précisément

les mécanismes mis en jeu. La preuve de

concept a maintenant été faite sur plusieurs

modèles et la société Nano-H et le laboratoire

désirent maintenant préparer une phase clinique

sur la radiosensibilisation guidée par IRM pour le

gliome et pour les tumeurs pulmonaires. Le

procédé de fabrication a été optimisé et de

larges quantités de nanoparticules sont

maintenant synthétisables. Un procédé de

fabrication par voie GMP a été mis en place et

devrait bientôt être mis en application. Des

études de toxicologie pré-réglementaires

montrent une toxicité extrêmement faible des

nanoparticules in vitro et in vivo.

Afin de pouvoir préparer au mieux le passage en

phase clinique, le laboratoire et la société Nano-

H cherchent à lever des fonds pour procéder à la

synthèse du lot final et aux études de toxicologie

réglementaires

Page 22: Nanotechnologies : enjeux et opportunités - Publication Kamitis janvier 2014

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Les spécialistes sont unanimes : les appareils électroniques seront de plus en plus discrets, mais énergivores, avec des fonctionnalités plus étendues et des capacités de stockage impressionnantes. C’est aussi ce que nous assure Fabrice Charra qui nous décrit les efforts entrepris pour la conception et le développement de nano-objets offrants des fonctions photoniques innovantes.

Kamitis : La nanophotonique s’accompagne de progrès techniques majeurs. Graver des pistes de

quelques nanomètres de largeur ou réaliser des composants électroniques à partir de nano-objets,

c’est aujourd’hui une réalité. Pouvez-vous nous présenter vos travaux de recherche dans ce domaine ?

F. CHARRA : Le phénomène de diffraction des

ondes empêche leur focalisation dans des spots

de dimensions inférieures à une fraction de

longueur d’onde (la longueur d'onde de la

lumière visible se situe entre 400 et 700nm).

Cette barrière de diffraction de la lumière est

d’ailleurs à l’origine de la définition des

nanotechnologies : la photolithographie ne

permettant plus de graver les motifs de plus en

plus petits requis par les progrès de

l’électronique, des technologies alternatives

doivent être mises au point pour cela.

Parallèlement au développement de techniques

utilisant d’autres faisceaux que la lumière

(électrons, ions, …), des recherches visant à

contourner cette barrière de diffraction se sont

développées. Aujourd’hui il apparaît qu’il est

possible de concevoir des nano-objets

métalliques capables de jouer pour la lumière le

rôle que jouent les antennes radio pour les

ondes hertziennes : concentrer l’énergie

lumineuse dans un volume de dimensions bien

inférieures à la longueur d’onde. Ce domaine

est appelé plasmonique en référence aux

mouvements du plasma d’électrons du métal.

De tels objets, et leur combinaison avec divers

milieux actifs, ouvrent de nombreuses

perspectives tant fondamentales

qu’appliquées, qui constituent mon domaine de

recherche.

Plus précisément, on pourrait utiliser les spots

lumineux nanométriques ainsi réalisés pour la

fabrication par nano-lithographie optique, mais

selon les mêmes principes, pour lire ou écrire de

très fortes densités de données : après les CD,

les DVD puis les Blu-ray, évolution basée sur la

réduction de la longueur d’onde utilisée, la

prochaine génération pourrait être plasmonique.

La réalisation de sondes optiques

nanométriques permettrait aussi d’exploiter la

richesse de diagnostic qu’offre la lumière,

spectroscopie d’absorption, de luminescence,

analyse temporelle ultra-rapide, … pour analyser

les matériaux avec des résolutions encore

inégalées.

L’aptitude de ces nano-antennes à capter la

lumière pour la concentrer en un point pourrait

aussi être exploitée dans le domaine des

cellules solaires photovoltaïques.

De l’élaboration à l’application en nanophotonique

Fabrice CHARRA

Directeur de Recherche CEA Service de Physique de l'État Condensé (SPEC) Laboratoire d'Electronique et nanoPhotonique Organique (LEPO)

" Les nanotechnologies constituent plus une évolution

technologique continue qu’une révolution technologique "

soudaine. "

"

CONTACT: [email protected]

www.ens-lyon.fr/CHIMIE/

Page 23: Nanotechnologies : enjeux et opportunités - Publication Kamitis janvier 2014

23

C’est plus particulièrement le cas pour les

cellules polymères en films minces (OPV), dans

lesquelles le volume actif autour de la jonction

électronique est très restreint du fait de la faible

mobilité des porteurs de charges : la

plasmonique permet de localiser l’excitation

optique dans ces zones actives. Comme toutes

les antennes, les antennes plasmoniques

fonctionnent en émission ou en réception. Les

mêmes principes permettent donc améliorer les

rendements des diodes électroluminescentes,

en particulier organiques (OLED).

A beaucoup plus long terme, la réalisation de

guides de lumières plasmoniques et leur

combinaison avec des milieux émetteurs de

lumière, modulateurs, etc. permettent

d’envisager la naissance d’une réelle nano-

optique intégrée. Nous travaillons par exemple à

la réalisation de nano-lasers, un sujet de

recherche actuellement très actif !

Kamitis : Quelles sont les caractéristiques que vous recherchez en développant vos nano-objets ?

F. CHARRA : Bien entendu, la première

caractéristique des objets que nous étudions est

leur taille. S’agissant ici de confiner les photons,

les dimensions contrôlées doivent être

inférieures à la longueur d’onde optique, soit de

l’ordre ou inférieures à la centaine de

nanomètres. Ainsi, même si les dimensions

« hors-tout » des nano-antennes peuvent

atteindre le micromètre, afin d’assurer, par

exemple, un rayonnement optimal, elles

contiennent des motifs, notamment au niveau

des points chauds où la lumière est censée se

concentrer, dont la taille peut descendre à une

dizaine de nanomètres.

Notez que d’autres laboratoires s’intéressent

plutôt au confinement des électrons dans des

matériaux semi-conducteurs (confinement

quantique) ; les tailles à considérer sont alors

plutôt de l’ordre du nanomètre.

Par ailleurs, la qualité des « points chauds »

obtenus dépend de manière cruciale de la

précision de la géométrie obtenue. Une rugosité

incontrôlée en surface peut fortement modifier

les propriétés obtenues, par rapport à celles

attendues à l’issue des optimisations par

modélisation des champs électromagnétiques

(FDTD par exemple).

La principale difficulté est cependant la

réalisation des systèmes hybrides, combinant

des matériaux plasmoniques (métaux tels que

l’or, le cuivre, l’aluminium) est des milieux

photoniques actifs, tels que semi-conducteurs,

molécules organiques absorbantes ou

fluorescentes, etc. Enfin, pour certaines

applications, il est nécessaire de positionner ces

nano-objets les uns par rapport aux autres, par

exemple pour former des réseaux périodiques.

Les méthodes de fabrication que nous utilisons

pour cela sont issues des deux grandes

familles :

- les méthodes descendantes (dites « top-

down ») consistant à graver des matériaux pour

former des motifs nanométriques,

- les méthodes ascendantes (dites « bottom-

up ») consistant à assembler des objets de taille

moléculaires selon une géométrie définie et bien

contrôlée pour former des objets complexes plus

gros, structurés à l’échelle moléculaire.

Figure : Cartographie de la concentration de lumière par une

nano-antenne optique éclairée par un faisceau laser (longueur

d’onde : 800nm). L’intensité lumineuse est représentée en

échelle de gris et la géométrie de la nano-antenne en or est

superposée en jaune. Sa largeur est de 40nm et son épaisseur est

de 30. Elle est déposée sur un substrat ITO transparent et a été

réalisée par lithographie électronique à l’Université de

Technologie de Troyes. La mesure a été faite au laboratoire de

nanophotonique du CEA à Saclay, par une technique basée sur la

photoémission d’électrons. Une augmentation d’intensité d’un

facteur supérieur à 10 est observée dans l’entrefer de l’antenne.

Page 24: Nanotechnologies : enjeux et opportunités - Publication Kamitis janvier 2014

24

En attendant d’utiliser des nano-antennes

plasmoniques pour réaliser nos objets d’étude

par nano-lithographie, nous utilisons des

techniques de nanofabrication top-down

classiques dans le cadre de collaborations avec

des laboratoires partenaires : lithographie

électronique (type lift-off, avec MINATEC à

Grenoble, ou le LNIO, à l’Université de

Technologie de Troyes), faisceau d’ion focalisé

(FIB, avec le Laboratoire photonique et

Nanostructures à Marcoussis).Parallèlement,

pour nos propres besoins de nanofabrication,

nous développons des méthodes bottom-up

d’auto-assemblage moléculaire, en

collaboration avec des équipes de synthèse

organique (LCP à l’Université Pierre et Marie

Curie, et ITODYS à l’Université Paris-Diderot).

Ces techniques consistent à concevoir des

briques de construction moléculaires capables

de s’assembler spontanément entre elles par

reconnaissance moléculaire pour former un

réseau organisé. Ce réseau peut faire partie de

l’objet réalisé ou être utilisé comme masque

pour la croissance d’autres nano-objets.

Certains laboratoires utilisent même l’ADN

pour réaliser de tels auto-assemblages dont la

géométrie est imposée par la séquence des

bases ACGT (techniques dites d’origami ADN).

Kamitis : Quelles sont les applications visées?

F. CHARRA : Bien que tous basés sur les mêmes

principes physiques que j’ai décrits

précédemment, nos projets de recherche visent

des domaines d’application très variés. Ils sont

donc menés avec de nombreux partenaires issus

des différentes communautés scientifiques ou

technologiques intéressées dans chaque cas.

Nous développons par exemple des sondes

biologiques. Nous avons breveté récemment des

systèmes de marquage de l’ADN utilisable pour

les nouvelles techniques de microscopie 3D des

biologistes (microscopie de fluorescence

multiphotonique). Ces sondes ne deviennent

fluorescentes et donc visibles au microscope,

que lorsqu’elles s’attachent à l’ADN. Ces

développements sont menés en collaboration

avec l’Institut Curie (Orsay) et intéressent les

fabricants de bio-marqueurs. Les études de

cytotoxicité sont en cours en vue d’utilisation in-

vivo.

Un autre exemple d’application à court terme est

la réalisation de nano-capteurs optiques formés

en extrémité de pointes de microscopes à force

atomique (AFM). Ces capteurs sont basés sur un

processus d’optique (effet non-linéaire de

génération de second harmonique) permettant

l’obtention d’une source de lumière très

localisée, venant exciter la surface pour

l’analyser ou même la modifier localement. La

réalisation de ces objets, dont le principe a été

breveté, est menée en collaboration notamment

avec une entreprise fabriquant et

commercialisant des AFM et les sondes

(cantilever) associées.

Figure : Image 3D de cellules biologiques (CHO-K1) fixées au cours de

la mitose, obtenue par microscopie de fluorescence multiphotonique.

L’ADN a été marqué par le label développé en collaboration entre

l’institut Curie à Orsay et le laboratoire de nanophotonique du CEA /

Saclay, de façon à isoler l’image des chromosomes.

Plus de détails, voir : http://pubs.acs.org/doi/abs/10.1021/ja404422z

Parmi les applications à plus long terme, je peux

citer le développement de nano-lasers, mené en

collaboration avec le LNIO, à l’Université de

Technologie de Troyes, où l’exploitation de nos

techniques d’auto-assemblage pour réaliser des

nano-plots magnétiques pour le stockage

d’information à très haute densité, en

collaboration avec des équipes de chimie

organique et de matériaux magnétiques à

l’Université Pierre et Marie Curie.

Comme vous le voyez, les nanosciences et

nanotechnologies constituent des domaines de

recherche extrêmement pluridisciplinaires !

Page 25: Nanotechnologies : enjeux et opportunités - Publication Kamitis janvier 2014

25

Positionnée à l’interface des différents acteurs de l’écosystème des nanotechnologies, Nanothinking est une société française de conseil en innovation spécialisée dans les nanotechnologies. Associant des compétences techniques en nanosciences et une compréhension des enjeux industriels, Thomas Nappez nous explique sa vision du domaine des nanotechnologies.

Kamitis : Comment définissez-vous le positionnement de NanoThinking dans la sphère de l’innovation?

T. NAPPEZ : Créée par trois ingénieurs-

docteurs, NanoThinking offre des services

spécifiques et adaptés à chacun de ses clients,

industries, académiques et institutionnels.

Les principaux services que nous développons et

commercialisons concernent le support à la

coordination et à la gestion de projets de

recherche collaboratifs, la mise place de cellule

de ressourcement technologique chez les grands

groupes industriels, et l’animation du premier

salon en ligne des start-up et PME innovantes

impliquées dans les nanotechnologies.

C’est précisément grâce à ce positionnement en

lien avec l’ensemble des acteurs impliqués dans

les nanotechnologies, que nous sommes

aujourd’hui en mesure de fournir une vision

claire et globale des bonnes stratégies à adopter

vis-à-vis des enjeux et des opportunités offerts

par les nanotechnologies.

Les nanotechnologies ont la particularité d’être

un point de rencontre entre différentes

disciplines scientifiques. Prenons l’exemple

d’une puce électronique permettant de

déterminer en quelques minutes la présence ou

l’absence du virus du sida dans le sang. La

réalisation de cette puce nécessite une

démarche pluridisciplinaire incluant des

compétences fortes en physique, en chimie, en

biologie et dans les techniques de fabrication

issues de la microélectronique.

Afin de faciliter les collaborations industrielles,

nous avons créé le premier salon en ligne dédiée

aux nanotechnologies, la NanoTechMap, où

chaque entreprise peut présenter en quelques

clics ses produits et ses offres afin de gagner en

visibilité et d’accéder plus rapidement à son

marché.

Kamitis : NanoTechMap, la carte interactive des nanotechnologies, aura bientôt un an. Pouvez-vous nous

parler de cet outil?

T. NAPPEZ : La NanoTechMap est le premier

salon virtuel dédié aux nanotechnologies. Elle

est accessible directement en ligne et est la suite

naturelle de la version française que nous avions

réalisée en février 2013. Elle en reprend

l’ergonomie, une cartographie interactive et

collaborative des entreprises, mais l’élargit à

l’international et comporte des outils de filtre et

de recherche afin d’identifier très rapidement

ses futures meilleurs clients, fournisseurs et

partenaires.

Salon virtuel pour les nanotechnologies

Thomas NAPPEZ

Cofondateur & directeur commercial Nanothinking

" Les nanotechnologies : un nouveau paradigme"

CONTACT: [email protected]

https://www.nanothinking.com/

Page 26: Nanotechnologies : enjeux et opportunités - Publication Kamitis janvier 2014

26

Près de 4000 sociétés sont déjà enregistrées sur

ce salon et nous avons chaque jour de nouveaux

inscrits ! Cet écosystème riche est

principalement réparti entre l’Europe et les

Etats-Unis. Notre couverture de l’Asie, encore

faible aujourd’hui, est en pleine évolution avec

des partenariats noués avec nos homologues

locaux.

Kamitis : Quel bilan faites vous concernant l’écosystème des nanotechnologies en France et dans le

monde ?

Concernant l’Europe, l’Allemagne et la Suisse

arrivent en pole position en termes de

concentration technologique. La France est en

quatrième position au classement derrière le

Royaume-Uni grâce à une forte activité dans les

nano-capteurs et les nanosystèmes. Elle est

particulièrement bien positionnée sur les sujets

de l’électronique imprimée, des microsystèmes

électromécaniques (MEMS) et de la

microfluidique. En revanche, les domaines des

services liés aux nanotechnologies et de

l’instrumentation associée à la nanofabrication

et la nanocaractérisation sont peu développés

comparativement à nos voisins.

Question commune :

Kamitis : D’après vous, quels sont les enjeux et les défis que les nanotechnologies pourrons relever

demain ?

Stéphane DANIELE : Les nanotechnologies

présentent des enjeux multiples qui se

manifestent à tous les niveaux (scientifiques,

économiques et sociétaux). Devant ces défis

majeurs, la France peut se prévaloir de forces

reconnues internationalement : des équipes de

recherches pluridisciplinaires, des bataillons de

physiciens, chimistes, électroniciens,

informaticiens… mettent toute leur énergie dans

des domaines innovants, porteurs de nouveaux

secteurs applicatifs et d’excellence.

Dans cette aventure audacieuse, c’est l’étape de

la valorisation qui est la plus délicate. En effet, le

passage du laboratoire à l’industrialisation puis à

la commercialisation reste particulièrement

difficile. Et comme dans tous les secteurs où l’on

ouvre de nouvelles possibilités, il faut être

vigilant. La déclaration de nanoparticules (voir

focus) imposée depuis janvier 2013 a été pensée

dans cette optique là.

Le problème c’est que ces déclarations, qui ont

pour but d’assurer une traçabilité des

nanoparticules, dissuadent certains industriels à

tenter l’aventure nano et donc ralentissent le

développement de pas mal d’acteurs de ce

marché.

Depuis mars 2011, je me suis lancé dans

l’aventure entrepreneuriale afin de valoriser un

savoir-faire rare en ingénierie moléculaire et de

transformer les brevets en une source de valeur

et une source de création d’emplois.

Le marché des nano est encore très peu mature.

A cause de difficultés de manipulation,

d’intégration et de formulation, il y a très peu de

sociétés qui utilisent aujourd’hui les nano dans

les revêtements par exemple. Mais la

technologie développée par Lotus Synthesis est

riche de promesses! Si nos premiers

développements sont aujourd’hui sur le marché,

d’autres sont encore à venir.

Page 27: Nanotechnologies : enjeux et opportunités - Publication Kamitis janvier 2014

27

François LUX : On assiste depuis un certain

nombre d’années à une explosion du nombre de

recherches menées sur les nanotechnologies et

ce en particulier dans le domaine de la

médecine. Ces recherches ont donné lieu à de

nombreuses publications en raison des

caractéristiques très séduisantes des

nanoparticules. On peut citer entre autres

l’accès à de nouvelles propriétés qui

apparaissent à l’échelle nanométrique (optiques

pour les boîtes quantiques ou les nanoparticules

d’or ou magnétiques pour les nanoparticules

d’oxyde de fer), ou encore la possibilité de se

servir de la nanoparticule comme d’une

plateforme sur laquelle il est possible d’ajouter

un grand nombre de fonctionnalités

complémentaires et enfin la possibilité de

contrôler le devenir de la nanoparticule en

jouant sur sa forme, sa taille ou encore en

ajoutant des biomolécules à sa surface.

Néanmoins malgré ces caractéristiques

attractives, pour le moment on ne voit encore

que très peu de nanoparticules sur le marché en

comparaison du nombre de publications qui

sortent sur le sujet. Pour le moment, on

dénombre surtout différents types de

nanocapsules (micelles, polymères, liposomes…)

pour la délivrance de médicaments ou les

nanoparticules d’oxydes de fer comme agents

de contraste négatifs en IRM. Finalement la

plupart des nanoparticules sur le marché

actuellement sont des nanoparticules

organiques souvent composées de sous-produits

déjà présents dans le corps pour limiter leur

toxicité. La composante inorganique d’une

nanoparticule est souvent un frein car lorsque les

métaux ne peuvent pas être métabolisés comme

c’est le cas du fer, une élimination totale et

rapide des nanoparticules semble indispensable.

C’est sans doute là que les nanoparticules

inorganiques d’une taille inférieure à 10 nm ont

leur rôle à jouer car elles bénéficient de cette

élimination tout en pouvant inclure un grand

nombre de fonctionnalités permettant de les

envisager comme agent de contraste bimodal

ou pour le théranostic : concept issu de la

contraction de thérapie et diagnostic qui

consiste à profiter des propriétés d’agent

d’imagerie de la nanoparticule pour donner un

diagnostic qui permettra la détermination d’un

traitement adapté au patient. Notamment dans

notre cas, le rôle de l’étape d’IRM est de

déterminer le meilleur moment pour lancer la

radiothérapie, c’est-à-dire le moment où la

concentration en nanoparticules est maximale

dans la tumeur et minimale en dehors.

Les premières expériences sur rats porteurs de

gliome réalisées en décalant le temps de

l’irradiation après l’injection des nanoparticules

montrent que l’on obtient une bien meilleure

efficacité du traitement lorsque l’on s’est assuré

qu’il n’y a plus de nanoparticules dans la zone

saine au moment de l’irradiation validant cette

approche theranotisc. D’un point de vue

mécanistique, les théories conventionnelles

d’augmentation de dose semblent maintenant

obsolètes au regard des nouveaux phénomènes

observés. Ceci ouvre des perspectives

considérables pour l’amélioration des

traitements de radiothérapie (actuellement près

d’un patient sur deux atteint d’un cancer et

soumis à un traitement de radiothérapie).

Fabrice CHARRA : Les nanotechnologies ont

déjà des applications, parfois anciennes ! On les

trouve même dans la nature : les couleurs des

ailes de papillons, les facultés d’accroche des

pattes de geckos, exploitent les propriétés liées

aux échelles nanométriques. Les couleurs des

vitraux sont également dues aux propriétés de

nanoparticules métalliques incluses dans les

verres ; nos ancêtres faisaient des

nanotechnologies sans le savoir !

Les diodes électroluminescentes et diodes laser

actuelles sont basées sur des multicouches,

appelées puits quantiques, dont l’épaisseur est

nanométrique. Bien qu’elles aient été mises au

point avant que le terme de nanotechnologies

ne s’impose, elles en font partie. Ainsi, les

nanotechnologies constituent plus une évolution

technologique continue qu’une révolution

technologique soudaine.

Page 28: Nanotechnologies : enjeux et opportunités - Publication Kamitis janvier 2014

28

A mon avis, les toutes prochaines applications

se trouveront dans les surfaces

nanostructurées : surfaces non-mouillantes,

autonettoyantes, etc. Ces surfaces auront

également des applications en électrochimie,

catalyse et même pour la cosmétique !

Les sciences et techniques du vivant devraient

bientôt pouvoir bénéficier de nano-objets

transportant des médicaments et les libérant là

où ils sont utiles et quand ils sont utiles. On

peut imaginer des évolutions vers un contrôle

actif de la libération de médicaments, par

exemple sous l’effet de stimulations chimiques

ou optiques. De même, les nano-antennes

plasmoniques que j’ai décrites où des systèmes

équivalents, auxquelles seraient associées des

fonctions de reconnaissance moléculaire,

pourront bientôt être utilisés en photothérapie,

afin de détruire sélectivement certaines

cellules.

J’ai déjà mentionné des applications possibles

dans les domaines de l’énergie photovoltaïque,

de l’éclairage électroluminescent et du stockage

de données à toujours plus haute densité.

Toutes les applications à court terme

mentionnées jusque-là concernent des nano-

objets dispersés, agissant individuellement sans

relations entre eux. A plus long terme, un enjeu

énorme est la réalisation d’assemblages

complexes de nano-objets organisés, connectés

entre eux, tels les portes et transistors d’un

circuit intégrés, éventuellement même en

volume. Par exemple, cela ouvrirait la voie à de

nouveaux paradigmes de traitement de

l’information, basés sur l’électronique à un

électron ou la photonique à un photon.

Magali Phaner-Goutorbe : On sait aujourd'hui

fabriquer des nano-objets (nanoparticules,

nanofils, nanocapsules, quantum dots...) ayant

des propriétés remarquables spécifiques à leur

petite taille lorsqu'ils sont isolés mais aussi

spécifiques à leur organisation lorsqu'ils sont

assemblés pour former des surfaces

nanostructurées. Individuellement ou assemblés

ils offrent de nouvelles applications dans

différents domaines, comme la photonique, la

vectorisation des médicaments, les surfaces

intelligentes. Très souvent pour créer ses nano-

objets, les scientifiques se sont inspirés de

l'architecture complexe des systèmes vivants,

(biomimétisme). Je pense que dans le futur un

des enjeux majeurs des nanotechnologies et de

leurs outils tels que les techniques de champ

proche vont être d'explorer de plus en plus le

monde de la biologie, à la fois dans le but de

mieux comprendre le comportement du vivant à

l'intérieur même de la cellule et réparer ses

disfonctionnements mais aussi pour s'en

inspirer.

J'ai beaucoup d'espoir dans le développement de

nanosystèmes hybrides, biologiques et minéraux

pouvant cibler et soigner directement les cellules

malades.

L'ultrafast AFM permet aujourd'hui de suivre en

direct le déplacement d'une molécule de myosine

V sur un filament d'actine, on peut ainsi étudier

des mouvements de moteurs moléculaires qui

pourront être ensuite introduits comme outils

dans les nanosystèmes hybrides pour des

applications en nanomédecine. Le levier de l'AFM

est un outil de choix pour déplacer, manipuler des

nano-objets, on peut imaginer dans un futur

proche de souder à l'échelle nanométrique avec

la pointe, et en contrôlant des matrices de leviers

d'élaborer des nanosystèmes sous pointe.

Page 29: Nanotechnologies : enjeux et opportunités - Publication Kamitis janvier 2014

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Thomas NAPPEZ : Les nanotechnologies sont

présentes dans de nombreux domaines

industriels depuis plusieurs décennies. C’est

notamment le cas de la microélectronique où la

course à la miniaturisation a rapidement conduit

les chercheurs et les ingénieurs à travailler aux

échelles « nano ». On trouve aujourd’hui de

nouvelles applications des nanotechnologies

dans des secteurs à forte croissance.

Citons par exemple le cas de l’électronique

imprimée qui permet d’obtenir des composants

électriques et optiques souples où les

applications sont seulement limitées par notre

imagination. La nanocellulose est également un

matériau à haut potentiel. Elle est constituée de

nano-fibre de cellulose (principal constituant du

papier) et ses applications vont du

renforcement mécanique (papier ou

composite), à la formulation de textures

naturelles pour l’agro-alimentaire ou la

cosmétique. C’est une autre caractéristique des

nanotechnologies : en faisant variant

uniquement la taille d’un nanomatériau, on

peut modifier ses propriétés physiques. Par

exemple, on peut obtenir à partir de

nanocristaux de tailles différentes des

émissions lumineuses de couleurs différentes à

partir d’un seul et même matériau. C’est une

autre caractéristique des nanotechnologies : en

faisant variant uniquement la taille d’un

nanomatériau, on peut modifier ses propriétés

physiques. Par exemple, on peut obtenir à

partir de nanocristaux de tailles différentes des

émissions lumineuses de couleurs différentes à

partir d’un seul et même matériau. Pour

chacune de ces applications, une analyse

bénéfice/risque rigoureuse doit être conduite

de manière fine et systématique. En effet et à

titre d'exemple, les nanoparticules d’argent,

très réactives et potentiellement nuisibles pour

l’environnement, sont à la fois utilisées dans du

mobilier d’hôpital pour lutter contre les

maladies nosocomiales et dans des chaussettes

anti-odeur. Ces chaussettes sont également

utilisées par des patients diabétiques

extrêmement sensibles aux infections

cutanées. L'analyse d'un nanomatériau donné

doit donc être conduite pour chaque application

et usage envisagés.

Enfin, le développement industriel des

nanotechnologies implique le développement

de protocoles de mesures et de normes

spécifiques afin de mettre en place la traçabilité

de mesures à ces échelles. En effet, de

nombreuses réalisations technologiques sont

aujourd’hui encore à l’état de prototypes car les

productions à plus grandes échelles souffrent

parfois d’un manque de reproductibilité lié au

coût important de la caractérisation et au

manque de normes et de protocoles.

.

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