Quelle place pour les mathématiques aux côtés des décideurs ?

Preview:

Citation preview

Quelle place pour les mathématiques aux côtés des décideurs ?

Avec Cédric Villani, Médaille Fields, et Francis Filbet, Prix Blaise Pascal

Une manifestation organisée par Tararévolution, avec le concours deMEDEF Lyon-Rhône, en partenariat avec METALLURGIE rhodanienne, UIMM Loire, Sciences Po Alumni et AGERA

Jeudi 18 juin à la Fabrique (Ninkasi Tarare)

Animateurs Sylvie Comanzo, comédienne, et Jeremy Stubbs, chercheur & consultant

Le chef d’entreprise, ce décideur devant l’éternel…

Être ou ne pas être…

…telle est la question

Au cours de cette soirée, consacrée à la prise de décision dans les

entreprises, un interlude nous a permis de participer à une démonstration

des relations imprévisibles entre les mathématiques

et la psychologie humaine…

Une démonstration succincte

P r o s p e c t Th e o r y

par Jeremy Stubbs, associé à la voie des Hommes,

maître de conférences à Sciences Po Paris.

Nous décrivons une situation critique, en demandant aux participants dans la salle de

faire un choix…

“Nous attendons une épidémie d’un nouveau virus qui, selon nos calculs, fera

600 morts.

“Afin de minimiser le nombre des victimes, deux programmes ont été

proposés.

“Lequel choisir ?”

A. Ce programme permettra de sauver 200 vies.

B. Avec ce programme, il y a une probabilité de 1/3 que 200 vies soient épargnées, et une probabilité de

2/3 qu’aucune vie ne le soit.

La grande majorité de nos participants dans la salle choisissent l’option

A

“Soudain, deux autres propositions arrivent” :

C. Avec ce programme, 400 personnes mourront.

D. Avec ce programme, il y a une probabilité de 1/3 que personne ne meure, et une probabilité de 2/3 que

600 personnes meurent.

Cette fois la majorité de nos participants choisissent l’option

D

A. 200 vies sauvées, 400 morts. B. 200 vies sauvées, 400 morts. C. 200 vies sauvées, 400 morts. D. 200 vies sauvées, 400 morts

Et pourtant toutes ces options suggèrent le même résultat…

Préférence

Préférence

A ou B ? 72% des personnes interrogées ont choisi A.

Les résultats de notre expérience confirment ceux d’une étude classique conduite par

Daniel Kahneman, prix Nobel d’économie en 2002, et Amos Tversky.

C ou D ? 78% des personnes interrogées ont choisi D.

Daniel Kahneman, Système 1 / Système 2 : Les deux vitesses de la pensée (Flammarion, « Essais », 2012)Voir :

Selon Kahneman et Tversky :

Pourquoi cette préférence ?

A. Sauver 200 vies.

B. Probabilité de 1/3 que 200 vies soient épargnées, + probabilité de 2/3 qu’aucune vie ne le soit.

C. 400 personnes mourront.

D. Probabilité de 1/3 que personne ne meure, + probabilité de 2/3 que 600 personnes meurent.

Selon la “prospect theory” ou “théorie des perspectives” de Kahneman et Tversky,

les êtres humains ont tendance à réagir de manière très différente

face à des risques de perte ou de gain.

Une perte de 100€ provoque plus de douleur q’un gain de 100€ n’apporte de satisfaction.

Quand les différents résultats semblent positifs (“x vies sauvées”),

notre aversion au risque est accentuée et nous avons tendance à préférer

une déclaration apparement certaine (“200 vies seront sauvées”)

Quand les différents résultats semblent négatifs (“x personnes mourront”),

nous sommes plus ouverts au risque et nous avons tendance à préférer

une expression des probabilités en jeu (“une probabilité de 1/3 que personne ne meure”)

Nous avons développé ces tendances au cours de l’évolution de notre espèce.

Ces “biais”, comme on les appelle, ont aidé nos ancêtres à survivre dans la plupart des situations

où ils se trouvaient.

Aujourd’hui, ils ne sont pas toujours adaptés aux situations complexes dans lesquelles nous nous trouvons.

F i n

Remerciements à Frank Pagny, Sylvie Comanzo et Thierry Barandon

Recommended