« Nous ne voyons pas les choses telles quelles sont,...

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« Nous ne voyons pas les choses telles quelles sont, nous voyons les choses telles que nous

sommes » Anais Nin

Introduction

« La souffrance n’est pas uniquement définie par la douleur physique, ni même par la douleur mentale, mais par la diminution, voire la destruction de la capacité d’agir, du pouvoir faire, ressentie comme une atteinte à l’intégrité de soi. » Paul Ricoeur

Mise en contexte

Dans les pratiques sociales actuelles, il est proposé une approche où «la productivité», la rationalisation des coûts et le(s) modèle(s) d’accompagnements prescriptifs (j’ai la solution) pavent la voie sur le résultat à atteindre et non sur le processus. Il y a des besoins…on répond aux besoins. Qu’en est-il des personnes qui accompagnent, supportent et vivent auprès de proches handicapés par la maladie? Ont-ils les outils pour mieux accompagner et…prendre soin d’eux?

Histoire

Le mot « empowerment » est composé du

préfixe « EM » qui introduit l’idée d’un

mouvement, du radical « power », qui

réfère à une forme de pouvoir et du suffixe

« ment »qui introduit l’idée d’un résultat.

On parle alors d’un « mouvement

d’acquisition de pouvoir qui débouche sur

un résultat.

Histoire

Avec le temps cette définition se précise:

« Une démarche d’affranchissement à

l’égard d’obstacles aux changements qui

sont importants pour soi, ses proches ou la collectivité à laquelle on s’identifie ».

L’histoire se poursuit

Introduction de la notion d’empowerment

au début du XXe siècle dans le domaine

social. Droit de vote des femmes en

Angleterre et aux Etats-Unis. Condition

sine qua none de l’égalité entre les

hommes et les femmes.

Suite

Début des années 60,elle prend sa place

au niveau des mouvements de

revendications des droits civiques (Martin

Luther King). Ce terme devient le symbole

des luttes collectives, entre autres celles

des minorités ou des populations

appauvries.

Suite

Prise en compte dans le contexte politique

par Lyndon Johnson par le biais de son

projet d’édification d’une « grande

société ». Cette notion vient de faire son

entrées dans les milieux académiques.

Suite

Création d’une nouvelle approche pour

résoudre les problèmes de justice sociale

(1966)…la psychologie communautaire.

Par le biais de Julian Rappaport dans les

années 80, la notion d’empowerment

devient le principal champs d’intérêt de la

psychologie communautaire.

Suite

De réels efforts sont faits pour donner « corps » à cette idée d’empowerment. De façon générale, le constat est qu’on avance dans le brouillard, employant le mot à toutes sortes de sauce.: Ex- des gestionnaires pour qui le mot « pouvoir » signifie, une autorité décisionnelle. Demande de subventions en incluant ce mot…parce que ça paraît bien sans nécessairement en comprendre toute la substance, etc…

Passage de L’Empowerment au DPA L’Empowerment résonne toujours dans l’histoire au

Québec. Toutefois, les question à se poser: Est-ce qu’on comprend bien ce que c’est et est-ce qu’on utilise ce mot pour vraiment insufler une autre façon de faire? L’histoire est que ce mouvement d’empowerisation s’est construit depuis belle lurette. Dans les faits, sa couleur originale, selon moi, s’est grandement diluée.

Le DPA-PC, qui sous son nom véritable est: Le développement du pouvoir d’agir des personnes et des collectivités, touche à la fois, l’individuel et le collectif est très commode car il rend compte à la fois du processus et du résultat. La dénomination a donc tendance à rentrer dans le vocabulaire courant dès que l’on veut parler

Passage de L’Empowerment au DPA (suite)

De participation ou d’individu / acteur.

Le « développement du pouvoir d’agir» renvoie éagalement à une approche spécifique qui vise la résolution de problème et l’accompagnement au changement.

Cette aproche a été formalisée par Monsieur Yann Le Bossé, professeur et chercheur à L’Université Laval, à Québec

Article de Madame Brigitte Portal, formatrice et de Madame lucienne Chibrac, Directrice de la DIDS Conseil Général de la Gironde. France

DPA- introduction Approche exigeante pour les praticiens.

Accompagner des personnes à s’affranchir de certaines conduites pour en découvrir d’autres, amène l’intervenant ou l’aidant à se questionner sur sa posture professionnelle. Respecter l’autre dans ce qu’il est, dans ce qu’il veut et/ou peut, demande un effort constant qui va à l’encontre des pratiques traditionnelles où l’on « a des solutions. Où le besoin d’aider va au-delà de ce que le client demande, etc… » S’en rendre compte est une chose. Redéfinir sa manière de penser sa compétence en est une autre

Qu’est-ce que le DPA?

C’est « la possibilité concrète d’influencer ou de réguler des éléments de notre vie quotidienne qui sont importants pour nous, nos proches ou la collectivité à laquelle on s’identifie. »

Le « Développement du pouvoir d’agir » est d’abord et avant tout une posture professionnelle qui rompt avec le concept d’expert pour donner place à un travail de co-construction avec les personnes concernées.

DPA…Suite

Il n’y a pas de DPA sans impuissance. Le DPA est une façon de gérer la souffrance. Il

faut toujours chercher la zone d’impuissance Le DPA est un modèle de contagion, de

changement continu= Donne plus de perspectives

Le DPA/pratique remet en cause l’idée que l’expression verbale est suffisante au changement. Il fait l’expérience qu’il est incontournable de relier la parole à l’action, la parole ne faisant que changer le regard.

DPA…Suite

Le pouvoir d’agir n’est pas quelque chose à créer. Il faut qu’il « existe déjà », du moins à l’état potentiel

La finalité du DPA consiste à s’affranchir des obstacles aux changements importants pour soi, ses proches ou la collectivité à laquelle on s’identifie

DPA…Suite

DPA = Travailler avec les possibilités(élargissements des possibles)

Attention le DPA = pouvoir d’agir et non devoir d’agir qui peut se transformer en incapacité d’agir

DPA= Repose sur un « renouvellement » du rapport à l’action individuel et collectif

Le DPA se nourrit de l’expérientiel. Pour en saisir toute la substance, il faut l’expérimenter.

DPA…Suite

La base

Dans cette approche, deux notions sont importantes. Yann Le Bossé en fait les prémisses dans l’écriture de son 1er livre de quatre: Sortir de l’impuissance, une invitation à soutenir le développement du pouvoir d’agir des personnes et des collectivités.

DPA…Suite

On parle alors dans un 1er temps de « Vie bonne » et dans un 2ième temps de « plus grande justice sociale ».

Vie bonne: Démarche en direction d’un point de visée à la fois inclusif et précis et alimentée par la recherche de l’accomplissement de désirs fondamentaux. Démarche vers le bonheur

DPA…Suite

l’hypothèse des carences : Indique que l’individu a des carences qu’il faut combler en agissant sur l’individu et 2) l’hypothèse du grand soir : Estime que la société aurait tendance à rendre l’individu dépendant des actions du travail social.

DPA…Suite

La logique réparatrice : vous manquez de quelque chose, donc, on cherche à donner quelque chose. On réfléchit en terme de « besoins », et moins en terme de « demandes », et cela de manière unilatérale. L’expert évalue, propose l’aide adéquate

La logique d’adaptation : Dans cette façon d’envisager les choses, on essaiera plutôt de colmater, de réparer, d’adapter

Posture

L’essentiel de la proposition du DPA consiste donc à renoncer à « prescrire » un changement préétabli, qu’il soit d’ordre thérapeutique ou sociopolitique, pour se centrer exclusivement sur ce qui constitue un obstacle au pouvoir d’agir actuel de la ou des personnes.

Suite

Plus précisément, il s’agit de créer les

conditions pour qu’elles puissent agir

individuellement ou collectivement sur ce

qui est important pour elles et puissent à

leur façon restaurer leur rapport à l’action

mais aussi leur statut d’acteur, (LeBossé).

Suite

Dans cette approche la position du professionnel / l’aidant change radicalement. Il ne propose plus une intervention où il agit selon ce qui lui semble important à lui-même ou à la société, mais selon ce qui importe à la personne qu’il accompagne. cette approche la position du professionnel change radicalement. Il ne propose plus une intervention où il agit

selon ce qui lui semble important à lui-même ou à la société, mais selon ce qui importe à la personne qu’il accompagne nge radicalement. Il ne propose plus une intervention où il agit selon ce qui lui

semble important à lui-même ou à la société, mais selon ce qui importe à la personne qu’il accompagne

Suite

Cette approche consiste donc à renoncer

à prescrire un changement préétabli,

pour se centrer exclusivement sur ce qui

constitue un obstacle au pouvoir d’agir

actuel de la ou les personnes. Le

professionnel / l’aidant qui ne perçoit pas

la difficulté rencontrée uniquement

comme une carence de l’individu peut

aussi agir au niveau de la société.

Suite

Il propose ainsi aux personnes et aux

collectivités de les accompagnés dans

l’affranchissement de leurs souffrances.

Dans le mot « s’affranchir » il y a l’idée de « franchir l’obstacle ».

Suite

L’approche centrée sur le développement du

pouvoir d’agir modifie la vision de

l’intervention ainsi que la posture

professionnelle de l’intervenant induisant

aussi une modification du sentiment

d’impuissance. L’intervenant / l’aidant se doit

de changer fondamentalement sa posture,

passant des archétypes de sauveur et/ou de

policier…à la posture de passeur!

Suite

Ainsi, il n’est pas question, pour

l’intervenant / l’aidant se référant à

l’approche DPA (Développement du pouvoir

d’agir) d’établir les priorités susceptibles de

contribuer à l’amélioration des conditions

de vie de la personne ou de la collectivité

en difficulté.

Suite

« Chaque personne ou collectivité est

la seule à savoir quel problème lui

pose la situation qu’elle pense devoir

faire évoluer. En tant qu’agent de

changement, le professionnel / l’aidant

est là pour aider la personne ou la

collectivité, d’abord, à préciser et

formuler le problème, puis à le

résoudre » (Vallérie, 2008. p.6)

Problème ou difficulté

• Problème: Selon le dictionnaire un

problème est une difficulté qu’il faut

résoudre pour obtenir un résultat (ex: un

problème d’algèbre). C’est un problème

dans la mesure où « quelque chose est

possible » à court, moyen ou long terme.

Suite

• Difficulté: Caractère d’une chose difficile, complexe. Obstacle, empêchement: (ex: difficulté à joindre les deux bouts). Être aux prises avec une condition qui ne peut être évitée ou modifiée par soi-même est une difficulté avec laquelle il faut apprendre à composer. Ex: vivre avec un handicap peu réversible, perdre un être cher

IMPORTANT Il est primordial de souligner dans cette approche que nous

accordons le statut de” problème” à toute situation où un changement est souhaité et pour laquelle on a des possibles réponses à la question: “Qu’est ce que je peux faire, à partir de la situation telle qu’elle se présente, ici et maintenant”

Lorsque après un minutieux examen, la seule réponse possible est “rien”, alors on parle d’une difficulté. Pour les parkinsonniens, le diagnostic est de l’ordre de la difficulté alors que la maladie présente des problèmes plus ou moins aigüs.

Suite

La 1 ière étape dans l’expérientiel est de définir le problème réel. Il y a celui qui est nommé en premier et il y a celui en- dessous des pelures d’oignons. C’est celui-là qu’il faut rejoindre avec la personne. L’identification de la problématique est la base même d’un travail juste, efficace qui vise un résultat. Il est important d’y porter toujours une attention particulière. Il est aussi primordial de créer un climat d’accueil chaleureux basé sur l’établissement d’une relation de confiance mutuelle.

Le DPA et ses 4 axes

Axe 1: Unité d’analyseAxe 1: Unité d’analyse Acte u Acteur en contexte en contexte

2. Implication des personnes 3. Prise en compte des dans la définition des contextes d’application personnes et des solutions « Ici et maintenant »

4. Introduction d’une démarche d’action conscientisante

ntexte

Une clé en 4 temps

Quel est le problème

Qu’est-ce qui est possible?

Qu’est-ce qui est viable « Ici et maintenant »

Qu’est-ce qui peut être planifié de concret

Conclusion

• Je termine sur une phrase de M. Le Bossé et qui est aussi le titre d’un de ses paragraphes dans son livre : Sortir de l’impuissance, (p. 218)

• « Agir plutôt que de s’agiter. Il ne faut pas confondre action et agitation. S’agiter a pour effet d’ajouter au problème initial. Les démarches de changement entreprises de cette manière sont à la fois épuisantes et erratiques. »

Suite

Il convient de réaliser que cette approche,

malgré des principes théoriques

relativement précis, est une approche

fondée sur l’EXPÉRIMENTATION. Ainsi,

c’est dans le quotidien qu’il convient

d’appliquer les fondements et de faire de

l’alternance entre des moments de

formation théorique et des formations

pratique.

Bibliographie • Article de Yann Le Bossé, faculté des fondements en éducation,

Université Laval: De l’habilitation au « pouvoir d’agir »: vers une appréhension plu circonscrite de la notion d’empowerment

• Le Bossé, Yann (2011), Un point de vue interactionniste et stratégique, Ardis

• Le Bossé, Yann (2012), Sortir de l’impuissance, Invitation à soutenir le développement du pouvoir d’agir des personnes et des collectivités, Ardis

• Le développement du pouvoir d’agir, Sous la direction de Claire Jouffray, France, Éditions EHSP, 2014

• Compte rendu du 1er colloque international consacré au DPA, « Changer le monde au quotidien », Yann Le Bossé, 26 septembre 2012, Québec

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