1 Pédagogie médicale Gilbert Kirkorian, Lyon. « On ma dit de prescrire un traitement hormonal...

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Pédagogie médicale

Gilbert Kirkorian, Lyon

« On m’a dit de prescrire un traitement hormonal substitutif de la ménopause, je l’ai fait

On me dit de ne plus prescrire de traitement hormonal substitutif de la ménopause, je le fais

Mais je n’y comprends plus rien du tout »

Un médecin généraliste américain

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Pédagogie

Science de l’éducation des enfants

Méthode d’enseignement

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Éducation

• Mise en œuvre des moyens propres à assurer la formation et le développement d’un être humain

• Ces moyens eux-mêmes

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Formation

• Ensemble des connaissances théoriques et pratiques dans une technique, un métier

• Leur acquisition

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Spécificités de lapédagogie médicale

• Destinée à des adultes: andragogie

• Dans le cadre d’une formation professionnelle

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Pédagogie médicale

Enseigner

Qui ?

Pourquoi ?

Quoi ?

Comment ?

Par qui ?

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Présupposés

• La connaissance médicale s’inscrit dans le domaine de l’incertain

• La science médicale ne sait pas gérer l’incertain au niveau d’un individu

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Présupposés

• Les études épidémiologiques et cliniques reposent sur des données issues de populations

• Les recommandations issues de population ne peuvent pas s’appliquer sans réserve à l’individu

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Présupposés

• La médecine fondée sur l’évidence ne répond qu’à une minorité de questions

• Elle est entachée de limites incontournables (« evidence biased medicine »)

• les questions posées et les réponses obtenues ne répondent pas nécessairement à une logique de décision

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Présupposés

• La décision médicale n’a pas, et n’aura peut être jamais, les qualités souhaitées pour être érigée au rang d’une méthode scientifique

• La pédagogie médicale doit en tenir compte

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Qui ? : Les destinataires

• Des médecins qui ont suivi un parcours universitaire de troisième cycle

haut niveau de Connaissance scientifique, esprit critique et curiosité, motivation pour progresser

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Qui ? : Les limites

• L’intérêt pour des connaissances universelles, gratuites, pour le plaisir, ou pour conforter une démonstration, n’est pas toujours au rendez-vous

• Les motivations sont fréquemment orientées vers la recherche de connaissances pratiques, à portée immédiate, parfois réductrices à l’excès

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Qui ? : Les limites

• La forme est fréquemment privilégiée par rapport au fond

• Les références à d’autres domaines de la science (logique, statistique, raisonnement probabiliste) sont fréquemment rejetées

• La méthode de construction de la connaissance est peu valorisée

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Qui ? : Quelles solutions

• Le médecin qui souhaite progresser devrait s’investir davantage dans des domaines qui dépassent ses besoins perçus

• Une réflexion personnelle préalable associée à une auto-formation (lecture, auto-évaluation) paraît indispensable

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Pourquoi ? : les motivations

• Pour se conformer à la loi

• Pour se conformer à un engagement contractuel

• Parce que les connaissances médicales évoluent

• À condition de trouver les conditions d’une formation de qualité

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Pourquoi ? : les motivations

• Les motivations scientifiques et les motivations réglementaires ne sont pas toujours en phase

• L’exercice d’un esprit critique est impératif

(« science sans conscience … »)

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Pourquoi ? : les risques

• Le risque est celui d’une pédagogie démagogique, recherchant la satisfaction immédiate de l’enseigné, mais en réalité vide de contenu efficace

• La responsabilisation de chacun est impérative, mais comment la susciter ?

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Quoi ? : le contenu

• Les données acquises de la Science

• L’environnement scientifique (sciences fondamentales, théories de l’information, des jeux et de la décision)

• Méthodologie

• Culture générale

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Quoi ? : les DAS

• Les données acquises de la Science

• Concept non défini, laissé au libre arbitre de chacun

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Quoi ? : le contenu

• Un équilibre de connaissances scientifiques et réglementaires en proportions appropriées pour susciter la curiosité et répondre aux exigences de l’appartenance à une profession

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Comment ? : la forme

• Par tous moyens

• Chacun doit rester maître de ses choix

• Nécessité d’un environnement pédagogique concurrentiel non biaisé

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Comment ?

• Une obligation réglementaire reste la pire des méthodes, elle ne peut se positionner qu’en complément

• Rien ne saurait remplacer la recherche passionnée de l’information

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Comment ?

• Le processus pédagogique est un moyen et non une fin

• Il doit aider à résoudre des problèmes

• Il doit encourager la curiosité, entretenir les motivations

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En pratique

• Privilégier la logique qui a conduit à la construction de la connaissance, et non pas une logique inverse

• La physiopathologie doit s’inscrire comme une hypothèse versatile

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Démarche logique

Faits Faits

Hypothèse

Induction Déduction

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Exemples

• La fibrillation atriale

• L’insuffisance cardiaque

• Le diabète

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En pratique

• Privilégier les données qui ont servi à construire l’hypothèse

• Ne pas occulter les incertitudes, même si le confort de l’ignorance peut être apprécié dans un premier temps

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Par qui ?

• Les articles originaux, seule source d’une information que l’on peut juger par soi-même

• Les sources secondaires sont d’une fiabilité variable

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Sources secondaires

• Leur faire confiance, c’est :

– risquer d’anesthésier son esprit critique– accepter de déléguer une partie de sa

responsabilité de formation– s’asservir à des tiers qui, en petit nombre,

s’approprieront le médicalement correct auxquels tous devront se conformer

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Conclusion

• La pédagogie médicale se heurte à une pluralité d’objectifs qui ne sont pas nécessairement compatibles– Objectif scientifique

– Objectif professionnel (consensus)

– Objectif réglementaire

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Conclusion

• Il revient à chaque médecin de décider des sources de sa connaissance

• La tâche est difficilement réalisable si l’on ne se construit pas et si l’on n’entretient pas une méthode efficace dès la formation initiale

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