14 MAG “Nous ne sommes pas toutes homos”

Preview:

Citation preview

But! : Sonia, pensez-vousque le football fémininévolue aux yeux dupublic en France ?Sonia BOMPASTOR : A

mon avis, les mentalités sont tropmachistes pour faire progresserles choses en France. J’ai du malà croire qu’on sera reconnues ànotre juste valeur. Il y a beaucoupde choses négatives de dites quirestent ancrées. Pourtant, j’ai vrai-ment vu une évolution depuis ledébut de ma carrière (ndlr :Sonia Bompastor est âgée de 28ans). Les joueuses sont mainte-nant de véritables athlètes et enplus, ce sont des femmes.Justement, n’avez-vous pasl’impression de pratiquer unsport plutôt dédié aux hommes ?Moi, je me sens complètementfemme. Ce n’est pas parce que jefais du foot que je me considèrecomme un garçon manqué. Enfait, je crois que nous ne sommespas assez médiatisées pour sortirde ce cliché. Le grand public nenous voit jamais jouer. Alors, il sefait une mauvaise idée.

Une autre idée reçue veut quevous soyez pour beaucouphomosexuelles. Est-ce fondé ?Tout le monde fait comme bonlui semble. Pour autant, penserque nous sommes toutes homo-sexuelles est l’un des clichés quinous font le plus de mal. Bien sûrque ça existe chez nous. Je ne dispas le contraire. C’est peut-êtremême un peu plus élevé que dansla moyenne nationale. Mais nousne sommes pas toutes attiréespar les femmes. La preuve, j’aimoi-même un petit ami. Et puis,je vais vous dire, les garçonssont mariés mais ça ne lesempêche pas de fairecertaines choses aus-si… J’ai aussi enten-du dire des trucs dece côté…Ne s’est-il jamaisrien passé dans levestiaire entrecoéquipières ?Si jamais il y a deshistoires de culdans le vestiaire, ilfaut les laisser decôté ! En tant quecapitaine, en toutcas, ça ne m’estjamais arrivé d’inter-venir de ce côté-là. Que faudrait-il pourque vous soyez recon-nues aussi en tant quefemmes ?Que l’on fasse plus de bellesphotos peut-être. Des clubsl’ont fait, d’ailleurs. Jepense que ça donneune image positi-ve de la joueusede football.Cela prou-ve quen o u sp o u -

vons aussi biennous mettre envaleur quejouer au foot.Et si ça peutpousser lesparents à fairejouer leursfilles au foot,ce serait parfaitparce qu’avanttout, c’est unproblème dementalités.Puisque pourbeaucoup vous

préférez les hommes, commentvivez-vous vos relations avec voscompagnons respectifs ?Au niveau de la vie privée, cen’est pas évident. Comme noussommes souvent en déplace-ment, nos petits copains finissentpar se lasser. Nous avons du malà les garder longtemps. Mais per-sonnellement, c’est vrai que j’aienvie de fonder une famille.

Recueilli par Jean-Baptiste NICOLLE

Même si ellereconnaît quecertainesjoueuses sontlesbiennes,la capitainede l’équipe deFrance et de l’OLveut démontrerque les footeusessavent aussiséduireles garçons.

14 MAG But! Spécial Sexe

La milieu de terrain internationale Sonia Bompastor avoue avoir un petit ami

Pour ne pas effrayer les garçons, les joueuses n’osent pas dire ce qu’elles font

FÉMINITÉ rime-t-ilavec FOOTBALL ? Les foot-

balleuses nesont pas toutes

masculines. Loins’en faut. C’est en

tout cas le messageque beaucoup d’entre

elles veulent faire pas-ser. Si elles pratiquent un

sport plutôt réservé auxhommes en France, elles

veulent montrer qu’avoir descuisses musclées et savoir

faire un amorti poitrinen’empêche en rien la féminité.“D’autant qu’on s’habille bien etqu’on aime être coquettes, affir-me Camille Abily, milieu de ter-rain à l’Olympique Lyonnais eten équipe de France. Nousvivons comme toutes lesjeunes filles de notre âge.”Problème : un décalage

sembleexister avec lavision qu’ont une grandemajorité des gens sur le footballféminin. Difficile dans cesconditions pour les joueusesd’exhiber fièrement l’apparte-nance à leur sport. En témoignecette révélation de CamilleAbily : “Les hommes qu’on croi-se dans la rue ne savent pasque nous sommes footballeusesmais il vaut mieux éviter de leleur dire.” Dur, dur pour uneinternationale… Pourtant, auxEtats-Unis, en Chine, dans lespays nordiques ou même encoreplus près de nous, en Alle-magne, l’image de la femme quijoue au foot est totalementdifférente. Aux Etats-Unis, le“soccer”, pratiqué dans lesuniversités, est même souvent

davan-tage considéré comme unsport féminin. “Nous n’arrive-rons jamais jusque-là, estimeSonia Bompastor, la capitainedes Bleues, avec lucidité, maisnous devons prendre exemplesur ces pays.”Pour cela, tout le mondes’accorde à dire que le footféminin doit être plus médiati-sé. “C’est la meilleure façonpour faire évoluer les mœurs”,pense Camille Abily. Un bonparcours à l’occasion de laprochaine Coupe du monde en2011 y contribuerait certaine-ment. Alors, mesdemoiselles, laballe est dans votre camp.

J.-B. N.

“Nous ne sommes pas toutes homos”

SoniaBOMPASTOR

“J’ai enviede fonder

une famille”