1938:01:06 (N208)

Preview:

DESCRIPTION

article

Citation preview

N" 208tEiàni

PAGE 17

POUR

VOS

LOISIRS

« EricvonStTobeJm » interprètemrwsa force iiobitwik,le principal rib de « L"Ãli-bl It.. filmpar Pierre ChenaL :

IKÉMA

L'AVENIR DU CINÉMA

FRANÇAIS

Taudis que se terminent les derniersdétails de La Marseillaise, Jean Re-noir a lancé dans Ce Soir et dans Ven-dredi, des cris d'alarme qui méritentd'être répétés.Le film français est menacé chaque

jour davantage de tomber soos la ilo-mination du capital étranger.Notre pans qui joua un râle de toutpremier plan dans l'invention et la.mise au point du cinéma et qui do-mina le marché mondial-du film jus-qu'à la guerre, doit maintenant ache-ter la quasi totalité de sa pellicule etde ses objectifs à l'étranger, payer tri-but pour ses films sonores parce quele monopole de la reproduction duson (invention française) est mainte-nant entre les mains de rétranger, estenfin dangereusement menacé dansles salles françaises même par le pro-cédé du c -dabbing » qui permet dedonner au public des films parlantsfrançais pour. un prix dix fois infé-rieur à celui d'un film national moinsluxueux.Et, souligne Renoir, la prochaine

généralisation du film en couleur me-nace le cinéma français de nouveauxpérils. Le film parlant, qui nous obli-ge à payer tribut aux compagniesaméricaines ou allemandes (Tobis)eut pourtant pour notre cinéma natio-nal l'avantage de créer une très gran-de demande de films parlants fran-çais (autres que des films doublés), etce facteur est certainement l'une desorigines de la renaissance artistiquede notre cinéma à un moment oùs'écroulaient les trusts français mono-polisateurs et producteurs de médio-ailés en série.Le cinéma en couleurs n'aura pas

pour notre cinéma français les avan-tages (très relatifs) de la généralisa-tion du film parlant. Le danger seprécise. Le procédé allemand i echni-color est remarquablement au point etle procédé allemand Siemens est bienprès d'être aussi parfait. Les procé-dés français avec lesquels ont été faitdivers essais leur restent très infé-rieurs, mais un procédé excellentreste enfermé, claquemuré dans lesruines de la faillite de la maison Pa-thé Nalan, sur laquelle l'Etat a lahaute main. On a refusé aux inven-teurs le droit de continuer leur re-cherche sur la mise au point défini-tive de leur procédé. Devrons-nous de-main payer un nouveau tribut àl'étranger pour réaliser des films encouleur ?Il faut qu'un tel état de choses ces-se. A un moment où notre cinéma

français se place par sa productionartistique au premier rang de la pro-duction mondiale, il faut qu'une ini-,tiative gouvernementale lui donne lapossibilité technique de prendre sonenvol véritable.Taxe sur le doublage, encourage-

ment aux industries françaises de lapellicule et des appareils de prise devue, encouragement (et non plus en-traves) aux inventeurs qui cherchentà créer chez nous le film en couleur,telles sont, répétons-le après Renoir"les mesures qui s'imposent pour quevive notre cinéma c que des capita-listes mauvais français sont en trainde laisser mourir ».

Georges SADOUL.

LES FILMS

CETTESACREEVERITfcNous avons déjà souvent écrit que lacomédie légère américaine, si en vogue

depuis deux ans, n'était qu'une éditionrevue et corrigée des vieux vaudevillesfrançais. Jamais peut-être cette filiationn'aura été plus évidente que dans Cettesacrée vérité. On y retrouve le chapeaude l'amant oublié sur la table du salon,le mari qui rencontre l'amant dans lePlacard, la future belle-mère outragée,l'homme en chemise de nuit ridicule etjusqu'au lit de milieu où le couple seréconcilie, bref, tous les antiques acces-soires traditionnels des comédies-bouffesdu Palais-Royal. C'est dire qu'un tel filmn'apporte rien de neuf et qu'il accuse lastagnation actuelle du cinéma américain.Mats ces réserves de principe faites, ilfaut en toute justice écrire que cette co-Olédie est extrêmement au point, qu'ellene contient pas les grossières fautes detact et de goût qui souillent les produc-

tions commerciales françaises de la mê-me espèce et qu'elle est menée avec unentrain étourdissant. On ne cesse guèrede rire aux éclats tant que se déroulece divertissement de très bonne qualité,sorte de chef-d'œuvre d'un certain genre.La mise en scène, de M. Léo Mac Ca-

rey, est excellente et le scénario de Rus-kin est meilleur encore sans valoir ce-lui de l'Extravagant Mr. Deed, dû au mê-me auteur. (Film américain.)

ALIBICertains metteurs en scène, malgré leur

talent, sont en retard sur leur époque.Pierre Chenal semble en être resté autemps de cet expressionnisme allemandqui atteignit son apogée il y a quinzeans, à l'époque de l'inflation. La meil-leure œuvre de Chenal, Crime et Châti-ment, devait beaucoup au film que jadisavait réalisé Robert Wiene en partant dumême roman de iDostoïewhJki.L'Hommede nulle part, réalisé en Italie, relevaitde la même esthétique. Et la dernièreoeuvre de Chenal, Alibi,est aussi un filmexpressionniste, parce que la prédomi-nance y est donnée au décor, au costu-me, au maquillage, à l'angle de prise devue, à une intrigue romantique artifi-cielle et embrouillée à plaisir, surl'étude de l'homme, de la société, des ca-ractères. Alibi est pourtant dans ungenre déjà dépassé une réussite. Le dia-logue de Marcel Achard est bon (sansvaloir Jean de la Lune ou Gribouille).Jouvet a peut-être trouvé, en incarnantun inspecteur de police, son meilleurrôle de l'écran. Jany Holt, que je n'aimepas, est meilleure qu'elle ne le fût ja-mais. Albert Préjean nous rappelle* qu'ilest, tout compte fait, un bon acteur.Stroheim est enfin ce grand Stroheim quenous admirons depuis quinze ans. Mais,en ce qui concerne ce dernier, il fautregretter que la mise en scène ait inuti-lement chargé le costume et les acces-soires du grand acteur autrichien, jus-qu'à caricaturer son personnage; il au-rait fallu là aussi laisser plus de placeà l'homme, en donner moins aux artifi-ces de mise en scène. (Film français.)

ALOHA.LE CHANT DESILESUn faux Tarzan, un faux roman, de

fausses lies du Pacifique, de faux- ac-teurs, un dialogue faux et tant de fauxaccumulés ne réussissent pas à donnerl'impression d'un film. même faux. Pour-quoi se donner la peine de faire de tel-les choses ? C'est perdre son temps etcelui 4du public. (Film français.)4

SŒURSD'ARMESOn m'a dit que, l'autre soir, à la ra-

dio, M. Léon Poirier s'indignait qu'on ledésignât comme l'Henry Bordeaux du ci-néma. M. Poirier est pourtant cela, etrien d'autre. Comme l'antique académi-cien cher aux familles bien pensantes,c'est un artisan consciencieux, correct,pompier et parfaitement ennuyeux. DansSoeurs d'armes, un solennel monsieurdont la barbe était rare et dont le nomest resté inconnu de nous, vint affirmerpompeusement que, grâce à la guerre eta l'espionnage, étaient jadis tombées lesprétendues barrières de classe et qu'ilfallait déplorer que cette maudite paixles ait fait renaître.Le film de M. Poirier montre pourtant

que jamais les barrières de classes n'ontjamais été plus hautes et mieux en pla-ce, que durant cette guerre chère aucœur des barbus. La grande dame Louisede Bettignies est détestée des bourgeoisqu'elle emploie dans ses services, et elletraite comme une femme de chambre lafille d'ouvriers qu'elle a pris à ses gages,pour un travail un peu spécial. Un filmd'espionnage de plus. (Film français.)

ON LUI DONNA UN FUSILLe titre de ce film est un des vers de

la très belle chanson qui était au centrede l'excellent Chercheuse d'or. Cettechanson, que beaucoup d'entre vous n'ontpas oubliée, s'appelait Qu'avez-vous faitde mon amant. Un bonisseur de cirqueet un gratte-papier sont partis pour laguerre. Le gratte-papier, un garçon ti-mide, change d'esprit quand on lui adonné un fusiL Il massacre les servants

dune mitrailleuse ennemie, n'épargnépas ceux qui voulaient se rendre. Aprèsla démobilisation le bureaucrate, main-tenant décoré et qui a pris le goût demétier, continue à se servir de son fe-sil, mais pour le compte de gangsters.Son copain, qui lui avait sacrifie la blon-de infirmière qu'il aimait, veut le rame-ner au bien. Mais en vain. Evadé deprison, traqué par les flics. le gangsterest à la fin abattu par ces fusils qui ontfait de lui ce qu'il est maintenant.C'est Van Dycke, ou plutôt Van DyckeII, le metteur en scène (ou son double)d'Ombres blanches, d'Au seuil de la vietde rintrouvable, qui a mis en scène cefilm où Franchot Tonejoue le rôle dubureaucrate. Spencer Tracy celui del'homme des cirques. Il y a dans cetteœuvre une très nette influence des œu-vres de Fritz Lang, et, malgré les coupu-res supposées de la censure française, leton général reste celui de « l'objectionde conscience ». Il faut regretter que VanDycke Il soit passé à côté de son vrai su-jet, qui était le retour du combattant,son déclassement une fois la guerre fi-nie, son entraînement dans un gang (ousous d'autres cieux, dans une organisa-tion fasciste). Une bêbête intrigue senti-mentale encombre une bonne partie dufilm, qui a un peu trop le tort de reje-ter toute la faute sur les fusils, en tantque machines, plutôt que sur les hommeset la société. Une même philosophie rendles machines responsables de la famine.Mais, par exemple, les fusils sont-ilsvraiment les seuls responsables de laguerre d'Espagne, et n'a-t-il pas été né-cessaire alors d'opposer à ces fusils dontles rebelles commandaient le feu, autrechose que des poitrines nueau. (Filmaméricain.)

LA VIE FACILEUn riche manteau de fourrure tombe

sur la tête d'ude dactylo qui est prise,grâce au manteau pour la maîtresse d'unmilliardaire et provoque autour d'elle,malgré elle, mille catastrophes. Le scéna-rio était une ingénieuse transposition descontes de fée, une sorte de fable renou-velée de c J'Apprenti sorcier » et auraitpu montrer, sou; la forme d'un apologuefantaisiste, comment la puissance finan-cière est la baguette magique du mondecapitaliste moderne. Mais la mise enscène consciencieuse et habile ne s'élèvejamais au-dessn. du médiocre, malgré letalent et le charme de la vedette fémi-nine, Jean Arthur. Le meilleur des< Gags», celui du bar automatique détra-qué, est traité avec une faiblesse regret-table. Sans parler d'un Chaplin, il fautregretter qu'un tel scénario n'ait pas étémis en scène par un Capra (Film améri-cain)

G.S.

NOUS AVONSAIME:

UNPEUCAPITAINESCOURAGEUX(pourvos gar-çons);DROLEDEDRAME(discutable);L'AF-FAIREDUCOURRIERDELYON(historique);

L'ENTREPRENANTM. PETROFF(dansant);VOGUES1938 (Le triomphede la couleur);GRIBOUILLE(émouYont);J'AI LEDROITDEVIVRE(Fritz Lang); SOUSLESPONTSDENEW-YORK(doublagede Winterset); ONLUI DONNAUN FUSIL(confus), LA VIEFACILE,TROISJEUNESFILLESA LAPAGE(vaudevillesaméricains).

BEAUCOUPDEANNAETSESBOYS(fraîcheuret mu-

sique); CETTESACREEVERITE(rigolo) ;ALIBI(retardataire); UNCARNETDEBAL(vedettes);PEPELEMOKO(bienfait); RE-GAIN(considérable),LEROMANDEMAR.GUERITEGAUTIER(classique),LEGENERALESTMORTA L'AUBE(dramechinois);LE-GIONNOIRE(antifasciste).

PASSIONNEMENTLESBASFONDS(prix Delluc);MONNAIEDESINGE,UNJOURAUXCOURSES(les frè-resMarx);LESTEMPSMODERNES(Chariot);LAGRANDEILLUSION(Renoir).

PASDU TOUTBULDOGDRUMMONDS'EVADE,DOUBLECRIMESURLALIGNEMAGINOT,LAFES-SEE,FEU,TROIKA,UNDELALEGION,LESDEGOURDISDELA11%MARTHERICHARD,

ALOHA.CHEVALIERSANSARMURENe manquezpas, vendredi7 janvier,àsalleF.I.F., 33, Champs-Elysées,21 heures, NUPTIALE,le chef-d'œuvredeSYMPHONIENUPTIALE.le chef-d'œuvredeStroheim,présentépar le Cercledu Cinéma.

Regards sur le monde du travail. 1938/01/06.

1/ Les contenus accessibles sur le site Gallica sont pour la plupart des reproductions numériques d'oeuvres tombées dans le domaine public provenant des collections de la BnF.Leur réutilisation s'inscrit dans le cadre de la loi n°78-753 du 17 juillet 1978 : *La réutilisation non commerciale de ces contenus est libre et gratuite dans le respect de la législation en vigueur et notamment du maintien de la mention de source. *La réutilisation commerciale de ces contenus est payante et fait l'objet d'une licence. Est entendue par réutilisation commerciale la revente de contenus sous forme de produits élaborés ou de fourniture de service. Cliquer ici pour accéder aux tarifs et à la licence 2/ Les contenus de Gallica sont la propriété de la BnF au sens de l'article L.2112-1 du code général de la propriété des personnes publiques. 3/ Quelques contenus sont soumis à un régime de réutilisation particulier. Il s'agit : *des reproductions de documents protégés par un droit d'auteur appartenant à un tiers. Ces documents ne peuvent être réutilisés, sauf dans le cadre de la copie privée, sans l'autorisation préalable du titulaire des droits. *des reproductions de documents conservés dans les bibliothèques ou autres institutions partenaires. Ceux-ci sont signalés par la mention Source gallica.BnF.fr / Bibliothèque municipale de ... (ou autre partenaire). L'utilisateur est invité à s'informer auprès de ces bibliothèques de leurs conditions de réutilisation. 4/ Gallica constitue une base de données, dont la BnF est le producteur, protégée au sens des articles L341-1 et suivants du code de la propriété intellectuelle. 5/ Les présentes conditions d'utilisation des contenus de Gallica sont régies par la loi française. En cas de réutilisation prévue dans un autre pays, il appartient à chaque utilisateur de vérifier la conformité de son projet avec le droit de ce pays. 6/ L'utilisateur s'engage à respecter les présentes conditions d'utilisation ainsi que la législation en vigueur, notamment en matière de propriété intellectuelle. En cas de non respect de ces dispositions, il est notamment passible d'une amende prévue par la loi du 17 juillet 1978. 7/ Pour obtenir un document de Gallica en haute définition, contacter reutilisation@bnf.fr.