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N" 208 tEiàni PAGE 17 POUR VOS LOISIRS « Eric vonStTobeJm » interprète mrwsa force iiobitwik, le principal rib de « L"Ãli- bl It.. film par Pierre ChenaL : IKÉMA L'AVENIR DU CINÉMA FRANÇAIS Taudis que se terminent les derniers détails de La Marseillaise, Jean Re- noir a lancé dans Ce Soir et dans Ven- dredi, des cris d'alarme qui méritent d'être répétés. Le film français est menacé chaque jour davantage de tomber soos la ilo- mination du capital étranger. Notre pans qui joua un râle de tout premier plan dans l'invention et la. mise au point du cinéma et qui do- mina le marché mondial-du film jus- qu'à la guerre, doit maintenant ache- ter la quasi totalité de sa pellicule et de ses objectifs à l'étranger, payer tri- but pour ses films sonores parce que le monopole de la reproduction du son (invention française) est mainte- nant entre les mains de rétranger, est enfin dangereusement menacé dans les salles françaises même par le pro- cédé du c -dabbing » qui permet de donner au public des films parlants français pour. un prix dix fois infé- rieur à celui d'un film national moins luxueux. Et, souligne Renoir, la prochaine généralisation du film en couleur me- nace le cinéma français de nouveaux périls. Le film parlant, qui nous obli- ge à payer tribut aux compagnies américaines ou allemandes (Tobis) eut pourtant pour notre cinéma natio- nal l'avantage de créer une très gran- de demande de films parlants fran- çais (autres que des films doublés), et ce facteur est certainement l'une des origines de la renaissance artistique de notre cinéma à un moment s'écroulaient les trusts français mono- polisateurs et producteurs de médio- ailés en série. Le cinéma en couleurs n'aura pas pour notre cinéma français les avan- tages (très relatifs) de la généralisa- tion du film parlant. Le danger se précise. Le procédé allemand i echni- color est remarquablement au point et le procédé allemand Siemens est bien près d'être aussi parfait. Les procé- dés français avec lesquels ont été fait divers essais leur restent très infé- rieurs, mais un procédé excellent reste enfermé, claquemuré dans les ruines de la faillite de la maison Pa- thé Nalan, sur laquelle l'Etat a la haute main. On a refusé aux inven- teurs le droit de continuer leur re- cherche sur la mise au point défini- tive de leur procédé. Devrons-nous de- main payer un nouveau tribut à l'étranger pour réaliser des films en couleur ? Il faut qu'un tel état de choses ces- se. A un moment notre cinéma français se place par sa production artistique au premier rang de la pro- duction mondiale, il faut qu'une ini-, tiative gouvernementale lui donne la possibilité technique de prendre son envol véritable. Taxe sur le doublage, encourage- ment aux industries françaises de la pellicule et des appareils de prise de vue, encouragement (et non plus en- traves) aux inventeurs qui cherchent à créer chez nous le film en couleur, telles sont, répétons-le après Renoir" les mesures qui s'imposent pour que vive notre cinéma c que des capita- listes mauvais français sont en train de laisser mourir ». Georges SADOUL. LES FILMS CETTESACREEVERITfc Nous avons déjà souvent écrit que la comédie légère américaine, si en vogue depuis deux ans, n'était qu'une édition revue et corrigée des vieux vaudevilles français. Jamais peut-être cette filiation n'aura été plus évidente que dans Cette sacrée vérité. On y retrouve le chapeau de l'amant oublié sur la table du salon, le mari qui rencontre l'amant dans le Placard, la future belle-mère outragée, l'homme en chemise de nuit ridicule et jusqu'au lit de milieu le couple se réconcilie, bref, tous les antiques acces- soires traditionnels des comédies-bouffes du Palais-Royal. C'est dire qu'un tel film n'apporte rien de neuf et qu'il accuse la stagnation actuelle du cinéma américain. Mats ces réserves de principe faites, il faut en toute justice écrire que cette co- Olédie est extrêmement au point, qu'elle ne contient pas les grossières fautes de tact et de goût qui souillent les produc- tions commerciales françaises de la mê- me espèce et qu'elle est menée avec un entrain étourdissant. On ne cesse guère de rire aux éclats tant que se déroule ce divertissement de très bonne qualité, sorte de chef-d'œuvre d'un certain genre. La mise en scène, de M. Léo Mac Ca- rey, est excellente et le scénario de Rus- kin est meilleur encore sans valoir ce- lui de l'Extravagant Mr. Deed, dû au mê- me auteur. (Film américain.) ALIBI Certains metteurs en scène, malgré leur talent, sont en retard sur leur époque. Pierre Chenal semble en être resté au temps de cet expressionnisme allemand qui atteignit son apogée il y a quinze ans, à l'époque de l'inflation. La meil- leure œuvre de Chenal, Crime et Châti- ment, devait beaucoup au film que jadis avait réalisé Robert Wiene en partant du même roman de iDostoïewhJki. L'Homme de nulle part, réalisé en Italie, relevait de la même esthétique. Et la dernière oeuvre de Chenal, Alibi,est aussi un film expressionniste, parce que la prédomi- nance y est donnée au décor, au costu- me, au maquillage, à l'angle de prise de vue, à une intrigue romantique artifi- cielle et embrouillée à plaisir, sur l'étude de l'homme, de la société, des ca- ractères. Alibi est pourtant dans un genre déjà dépassé une réussite. Le dia- logue de Marcel Achard est bon (sans valoir Jean de la Lune ou Gribouille). Jouvet a peut-être trouvé, en incarnant un inspecteur de police, son meilleur rôle de l'écran. Jany Holt, que je n'aime pas, est meilleure qu'elle ne le fût ja- mais. Albert Préjean nous rappelle* qu'il est, tout compte fait, un bon acteur. Stroheim est enfin ce grand Stroheim que nous admirons depuis quinze ans. Mais, en ce qui concerne ce dernier, il faut regretter que la mise en scène ait inuti- lement chargé le costume et les acces- soires du grand acteur autrichien, jus- qu'à caricaturer son personnage; il au- rait fallu aussi laisser plus de place à l'homme, en donner moins aux artifi- ces de mise en scène. (Film français.) ALOHA. LE CHANT DES ILES Un faux Tarzan, un faux roman, de fausses lies du Pacifique, de faux- ac- teurs, un dialogue faux et tant de faux accumulés ne réussissent pas à donner l'impression d'un film. même faux. Pour- quoi se donner la peine de faire de tel- les choses ? C'est perdre son temps et celui 4 du public. (Film français.) 4 SŒURS D'ARMES On m'a dit que, l'autre soir, à la ra- dio, M. Léon Poirier s'indignait qu'on le désignât comme l'Henry Bordeaux du ci- néma. M. Poirier est pourtant cela, et rien d'autre. Comme l'antique académi- cien cher aux familles bien pensantes, c'est un artisan consciencieux, correct, pompier et parfaitement ennuyeux. Dans Soeurs d'armes, un solennel monsieur dont la barbe était rare et dont le nom est resté inconnu de nous, vint affirmer pompeusement que, grâce à la guerre et a l'espionnage, étaient jadis tombées les prétendues barrières de classe et qu'il fallait déplorer que cette maudite paix les ait fait renaître. Le film de M. Poirier montre pourtant que jamais les barrières de classes n'ont jamais été plus hautes et mieux en pla- ce, que durant cette guerre chère au cœur des barbus. La grande dame Louise de Bettignies est détestée des bourgeois qu'elle emploie dans ses services, et elle traite comme une femme de chambre la fille d'ouvriers qu'elle a pris à ses gages, pour un travail un peu spécial. Un film d'espionnage de plus. (Film français.) ON LUI DONNA UN FUSIL Le titre de ce film est un des vers de la très belle chanson qui était au centre de l'excellent Chercheuse d'or. Cette chanson, que beaucoup d'entre vous n'ont pas oubliée, s'appelait Qu'avez-vous fait de mon amant. Un bonisseur de cirque et un gratte-papier sont partis pour la guerre. Le gratte-papier, un garçon ti- mide, change d'esprit quand on lui a donné un fusiL Il massacre les servants dune mitrailleuse ennemie, n'épargné pas ceux qui voulaient se rendre. Après la démobilisation le bureaucrate, main- tenant décoré et qui a pris le goût de métier, continue à se servir de son fe- sil, mais pour le compte de gangsters. Son copain, qui lui avait sacrifie la blon- de infirmière qu'il aimait, veut le rame- ner au bien. Mais en vain. Evadé de prison, traqué par les flics. le gangster est à la fin abattu par ces fusils qui ont fait de lui ce qu'il est maintenant. C'est Van Dycke, ou plutôt Van Dycke II, le metteur en scène (ou son double) d'Ombres blanches, d'Au seuil de la viet de rintrouvable, qui a mis en scène ce film Franchot Tonejoue le rôle du bureaucrate. Spencer Tracy celui de l'homme des cirques. Il y a dans cette œuvre une très nette influence des œu- vres de Fritz Lang, et, malgré les coupu- res supposées de la censure française, le ton général reste celui de « l'objection de conscience ». Il faut regretter que Van Dycke Il soit passé à côté de son vrai su- jet, qui était le retour du combattant, son déclassement une fois la guerre fi- nie, son entraînement dans un gang (ou sous d'autres cieux, dans une organisa- tion fasciste). Une bêbête intrigue senti- mentale encombre une bonne partie du film, qui a un peu trop le tort de reje- ter toute la faute sur les fusils, en tant que machines, plutôt que sur les hommes et la société. Une même philosophie rend les machines responsables de la famine. Mais, par exemple, les fusils sont-ils vraiment les seuls responsables de la guerre d'Espagne, et n'a-t-il pas été né- cessaire alors d'opposer à ces fusils dont les rebelles commandaient le feu, autre chose que des poitrines nueau. (Film américain.) LA VIE FACILE Un riche manteau de fourrure tombe sur la tête d'ude dactylo qui est prise, grâce au manteau pour la maîtresse d'un milliardaire et provoque autour d'elle, malgré elle, mille catastrophes. Le scéna- rio était une ingénieuse transposition des contes de fée, une sorte de fable renou- velée de c J'Apprenti sorcier » et aurait pu montrer, sou ; la forme d'un apologue fantaisiste, comment la puissance finan- cière est la baguette magique du monde capitaliste moderne. Mais la mise en scène consciencieuse et habile ne s'élève jamais au-dessn. du médiocre, malgré le talent et le charme de la vedette fémi- nine, Jean Arthur. Le meilleur des < Gags», celui du bar automatique détra- qué, est traité avec une faiblesse regret- table. Sans parler d'un Chaplin, il faut regretter qu'un tel scénario n'ait pas été mis en scène par un Capra (Film améri- cain) G.S. NOUS AVONSAIME : UNPEU CAPITAINES COURAGEUX (pour vos gar- çons); DROLE DEDRAME (discutable); L'AF- FAIREDUCOURRIER DE LYON (historique); L'ENTREPRENANT M. PETROFF (dansant) ; VOGUES 1938 (Le triomphe de la couleur); GRIBOUILLE (émouYont); J'AI LE DROITDE VIVRE(Fritz Lang); SOUS LES PONTS DE NEW-YORK (doublage de Winterset); ON LUI DONNAUN FUSIL (confus), LA VIE FACILE, TROIS JEUNESFILLES A LA PAGE (vaudevillesaméricains). BEAUCOUP DEANNAETSESBOYS(fraîcheuretmu- sique); CETTESACREEVERITE (rigolo) ; ALIBI (retardataire); UN CARNETDEBAL (vedettes); PEPELEMOKO(bien fait); RE- GAIN (considérable), LEROMANDEMAR. GUERITE GAUTIER (classique), LE GENERAL EST MORT A L'AUBE(drame chinois); LE- GIONNOIRE(antifasciste). PASSIONNEMENT LESBASFONDS (prix Delluc); MONNAIE DE SINGE, UNJOURAUX COURSES (les frè- res Marx); LESTEMPSMODERNES (Chariot); LAGRANDE ILLUSION (Renoir). PAS DU TOUT BULDOGDRUMMOND S'EVADE, DOUBLE CRIMESURLA LIGNE MAGINOT, LA FES- SEE,FEU, TROIKA, UN DELA LEGION, LES DEGOURDIS DELA 11%MARTHERICHARD, ALOHA. CHEVALIER SANSARMURE Ne manquez pas, vendredi7 janvier, à salleF.I.F., 33, Champs-Elysées, 21 heures, NUPTIALE, le chef-d'œuvre de SYMPHONIE NUPTIALE. le chef-d'œuvre de Stroheim,présentépar le Cercle du Cinéma.

1938:01:06 (N208)

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N" 208tEiàni

PAGE 17

POUR

VOS

LOISIRS

« EricvonStTobeJm » interprètemrwsa force iiobitwik,le principal rib de « L"Ãli-bl It.. filmpar Pierre ChenaL :

IKÉMA

L'AVENIR DU CINÉMA

FRANÇAIS

Taudis que se terminent les derniersdétails de La Marseillaise, Jean Re-noir a lancé dans Ce Soir et dans Ven-dredi, des cris d'alarme qui méritentd'être répétés.Le film français est menacé chaque

jour davantage de tomber soos la ilo-mination du capital étranger.Notre pans qui joua un râle de toutpremier plan dans l'invention et la.mise au point du cinéma et qui do-mina le marché mondial-du film jus-qu'à la guerre, doit maintenant ache-ter la quasi totalité de sa pellicule etde ses objectifs à l'étranger, payer tri-but pour ses films sonores parce quele monopole de la reproduction duson (invention française) est mainte-nant entre les mains de rétranger, estenfin dangereusement menacé dansles salles françaises même par le pro-cédé du c -dabbing » qui permet dedonner au public des films parlantsfrançais pour. un prix dix fois infé-rieur à celui d'un film national moinsluxueux.Et, souligne Renoir, la prochaine

généralisation du film en couleur me-nace le cinéma français de nouveauxpérils. Le film parlant, qui nous obli-ge à payer tribut aux compagniesaméricaines ou allemandes (Tobis)eut pourtant pour notre cinéma natio-nal l'avantage de créer une très gran-de demande de films parlants fran-çais (autres que des films doublés), etce facteur est certainement l'une desorigines de la renaissance artistiquede notre cinéma à un moment oùs'écroulaient les trusts français mono-polisateurs et producteurs de médio-ailés en série.Le cinéma en couleurs n'aura pas

pour notre cinéma français les avan-tages (très relatifs) de la généralisa-tion du film parlant. Le danger seprécise. Le procédé allemand i echni-color est remarquablement au point etle procédé allemand Siemens est bienprès d'être aussi parfait. Les procé-dés français avec lesquels ont été faitdivers essais leur restent très infé-rieurs, mais un procédé excellentreste enfermé, claquemuré dans lesruines de la faillite de la maison Pa-thé Nalan, sur laquelle l'Etat a lahaute main. On a refusé aux inven-teurs le droit de continuer leur re-cherche sur la mise au point défini-tive de leur procédé. Devrons-nous de-main payer un nouveau tribut àl'étranger pour réaliser des films encouleur ?Il faut qu'un tel état de choses ces-se. A un moment où notre cinéma

français se place par sa productionartistique au premier rang de la pro-duction mondiale, il faut qu'une ini-,tiative gouvernementale lui donne lapossibilité technique de prendre sonenvol véritable.Taxe sur le doublage, encourage-

ment aux industries françaises de lapellicule et des appareils de prise devue, encouragement (et non plus en-traves) aux inventeurs qui cherchentà créer chez nous le film en couleur,telles sont, répétons-le après Renoir"les mesures qui s'imposent pour quevive notre cinéma c que des capita-listes mauvais français sont en trainde laisser mourir ».

Georges SADOUL.

LES FILMS

CETTESACREEVERITfcNous avons déjà souvent écrit que lacomédie légère américaine, si en vogue

depuis deux ans, n'était qu'une éditionrevue et corrigée des vieux vaudevillesfrançais. Jamais peut-être cette filiationn'aura été plus évidente que dans Cettesacrée vérité. On y retrouve le chapeaude l'amant oublié sur la table du salon,le mari qui rencontre l'amant dans lePlacard, la future belle-mère outragée,l'homme en chemise de nuit ridicule etjusqu'au lit de milieu où le couple seréconcilie, bref, tous les antiques acces-soires traditionnels des comédies-bouffesdu Palais-Royal. C'est dire qu'un tel filmn'apporte rien de neuf et qu'il accuse lastagnation actuelle du cinéma américain.Mats ces réserves de principe faites, ilfaut en toute justice écrire que cette co-Olédie est extrêmement au point, qu'ellene contient pas les grossières fautes detact et de goût qui souillent les produc-

tions commerciales françaises de la mê-me espèce et qu'elle est menée avec unentrain étourdissant. On ne cesse guèrede rire aux éclats tant que se déroulece divertissement de très bonne qualité,sorte de chef-d'œuvre d'un certain genre.La mise en scène, de M. Léo Mac Ca-

rey, est excellente et le scénario de Rus-kin est meilleur encore sans valoir ce-lui de l'Extravagant Mr. Deed, dû au mê-me auteur. (Film américain.)

ALIBICertains metteurs en scène, malgré leur

talent, sont en retard sur leur époque.Pierre Chenal semble en être resté autemps de cet expressionnisme allemandqui atteignit son apogée il y a quinzeans, à l'époque de l'inflation. La meil-leure œuvre de Chenal, Crime et Châti-ment, devait beaucoup au film que jadisavait réalisé Robert Wiene en partant dumême roman de iDostoïewhJki.L'Hommede nulle part, réalisé en Italie, relevaitde la même esthétique. Et la dernièreoeuvre de Chenal, Alibi,est aussi un filmexpressionniste, parce que la prédomi-nance y est donnée au décor, au costu-me, au maquillage, à l'angle de prise devue, à une intrigue romantique artifi-cielle et embrouillée à plaisir, surl'étude de l'homme, de la société, des ca-ractères. Alibi est pourtant dans ungenre déjà dépassé une réussite. Le dia-logue de Marcel Achard est bon (sansvaloir Jean de la Lune ou Gribouille).Jouvet a peut-être trouvé, en incarnantun inspecteur de police, son meilleurrôle de l'écran. Jany Holt, que je n'aimepas, est meilleure qu'elle ne le fût ja-mais. Albert Préjean nous rappelle* qu'ilest, tout compte fait, un bon acteur.Stroheim est enfin ce grand Stroheim quenous admirons depuis quinze ans. Mais,en ce qui concerne ce dernier, il fautregretter que la mise en scène ait inuti-lement chargé le costume et les acces-soires du grand acteur autrichien, jus-qu'à caricaturer son personnage; il au-rait fallu là aussi laisser plus de placeà l'homme, en donner moins aux artifi-ces de mise en scène. (Film français.)

ALOHA.LE CHANT DESILESUn faux Tarzan, un faux roman, de

fausses lies du Pacifique, de faux- ac-teurs, un dialogue faux et tant de fauxaccumulés ne réussissent pas à donnerl'impression d'un film. même faux. Pour-quoi se donner la peine de faire de tel-les choses ? C'est perdre son temps etcelui 4du public. (Film français.)4

SŒURSD'ARMESOn m'a dit que, l'autre soir, à la ra-

dio, M. Léon Poirier s'indignait qu'on ledésignât comme l'Henry Bordeaux du ci-néma. M. Poirier est pourtant cela, etrien d'autre. Comme l'antique académi-cien cher aux familles bien pensantes,c'est un artisan consciencieux, correct,pompier et parfaitement ennuyeux. DansSoeurs d'armes, un solennel monsieurdont la barbe était rare et dont le nomest resté inconnu de nous, vint affirmerpompeusement que, grâce à la guerre eta l'espionnage, étaient jadis tombées lesprétendues barrières de classe et qu'ilfallait déplorer que cette maudite paixles ait fait renaître.Le film de M. Poirier montre pourtant

que jamais les barrières de classes n'ontjamais été plus hautes et mieux en pla-ce, que durant cette guerre chère aucœur des barbus. La grande dame Louisede Bettignies est détestée des bourgeoisqu'elle emploie dans ses services, et elletraite comme une femme de chambre lafille d'ouvriers qu'elle a pris à ses gages,pour un travail un peu spécial. Un filmd'espionnage de plus. (Film français.)

ON LUI DONNA UN FUSILLe titre de ce film est un des vers de

la très belle chanson qui était au centrede l'excellent Chercheuse d'or. Cettechanson, que beaucoup d'entre vous n'ontpas oubliée, s'appelait Qu'avez-vous faitde mon amant. Un bonisseur de cirqueet un gratte-papier sont partis pour laguerre. Le gratte-papier, un garçon ti-mide, change d'esprit quand on lui adonné un fusiL Il massacre les servants

dune mitrailleuse ennemie, n'épargnépas ceux qui voulaient se rendre. Aprèsla démobilisation le bureaucrate, main-tenant décoré et qui a pris le goût demétier, continue à se servir de son fe-sil, mais pour le compte de gangsters.Son copain, qui lui avait sacrifie la blon-de infirmière qu'il aimait, veut le rame-ner au bien. Mais en vain. Evadé deprison, traqué par les flics. le gangsterest à la fin abattu par ces fusils qui ontfait de lui ce qu'il est maintenant.C'est Van Dycke, ou plutôt Van DyckeII, le metteur en scène (ou son double)d'Ombres blanches, d'Au seuil de la vietde rintrouvable, qui a mis en scène cefilm où Franchot Tonejoue le rôle dubureaucrate. Spencer Tracy celui del'homme des cirques. Il y a dans cetteœuvre une très nette influence des œu-vres de Fritz Lang, et, malgré les coupu-res supposées de la censure française, leton général reste celui de « l'objectionde conscience ». Il faut regretter que VanDycke Il soit passé à côté de son vrai su-jet, qui était le retour du combattant,son déclassement une fois la guerre fi-nie, son entraînement dans un gang (ousous d'autres cieux, dans une organisa-tion fasciste). Une bêbête intrigue senti-mentale encombre une bonne partie dufilm, qui a un peu trop le tort de reje-ter toute la faute sur les fusils, en tantque machines, plutôt que sur les hommeset la société. Une même philosophie rendles machines responsables de la famine.Mais, par exemple, les fusils sont-ilsvraiment les seuls responsables de laguerre d'Espagne, et n'a-t-il pas été né-cessaire alors d'opposer à ces fusils dontles rebelles commandaient le feu, autrechose que des poitrines nueau. (Filmaméricain.)

LA VIE FACILEUn riche manteau de fourrure tombe

sur la tête d'ude dactylo qui est prise,grâce au manteau pour la maîtresse d'unmilliardaire et provoque autour d'elle,malgré elle, mille catastrophes. Le scéna-rio était une ingénieuse transposition descontes de fée, une sorte de fable renou-velée de c J'Apprenti sorcier » et auraitpu montrer, sou; la forme d'un apologuefantaisiste, comment la puissance finan-cière est la baguette magique du mondecapitaliste moderne. Mais la mise enscène consciencieuse et habile ne s'élèvejamais au-dessn. du médiocre, malgré letalent et le charme de la vedette fémi-nine, Jean Arthur. Le meilleur des< Gags», celui du bar automatique détra-qué, est traité avec une faiblesse regret-table. Sans parler d'un Chaplin, il fautregretter qu'un tel scénario n'ait pas étémis en scène par un Capra (Film améri-cain)

G.S.

NOUS AVONSAIME:

UNPEUCAPITAINESCOURAGEUX(pourvos gar-çons);DROLEDEDRAME(discutable);L'AF-FAIREDUCOURRIERDELYON(historique);

L'ENTREPRENANTM. PETROFF(dansant);VOGUES1938 (Le triomphede la couleur);GRIBOUILLE(émouYont);J'AI LEDROITDEVIVRE(Fritz Lang); SOUSLESPONTSDENEW-YORK(doublagede Winterset); ONLUI DONNAUN FUSIL(confus), LA VIEFACILE,TROISJEUNESFILLESA LAPAGE(vaudevillesaméricains).

BEAUCOUPDEANNAETSESBOYS(fraîcheuret mu-

sique); CETTESACREEVERITE(rigolo) ;ALIBI(retardataire); UNCARNETDEBAL(vedettes);PEPELEMOKO(bienfait); RE-GAIN(considérable),LEROMANDEMAR.GUERITEGAUTIER(classique),LEGENERALESTMORTA L'AUBE(dramechinois);LE-GIONNOIRE(antifasciste).

PASSIONNEMENTLESBASFONDS(prix Delluc);MONNAIEDESINGE,UNJOURAUXCOURSES(les frè-resMarx);LESTEMPSMODERNES(Chariot);LAGRANDEILLUSION(Renoir).

PASDU TOUTBULDOGDRUMMONDS'EVADE,DOUBLECRIMESURLALIGNEMAGINOT,LAFES-SEE,FEU,TROIKA,UNDELALEGION,LESDEGOURDISDELA11%MARTHERICHARD,

ALOHA.CHEVALIERSANSARMURENe manquezpas, vendredi7 janvier,àsalleF.I.F., 33, Champs-Elysées,21 heures, NUPTIALE,le chef-d'œuvredeSYMPHONIENUPTIALE.le chef-d'œuvredeStroheim,présentépar le Cercledu Cinéma.

Regards sur le monde du travail. 1938/01/06.

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