2008-22-5

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MediaMorphoses

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  • confrontation

    La conditiondes imagesFrdric Lambert et Franois Niney rencontrent Georges Didi-Huberman

    Ce nest plus une Confrontation , ce sont des rencontres qui se sont produites entre Georges Didi-Hubermann, Fran-

    ois Niney et moi-mme, pendant lanne 2007. Qui est-il ? Auteur dune uvre complexe, inoue (inattendue, que lon

    na jamais entendue), nest-il pas historien de lHistoire de lart lcole des hautes tudes en sciences sociales ? Ma

    question prolonge mon doute : lcriture de Georges Didi-Huberman est en cela une leon de libert, elle est faite de

    mouvements de penses et, par vagues, balaie des champs pluriels. Philosophie, histoire, histoire de lart (histoire

    comme art), esthtique, anthropologie et, par une musique sans cesse prsente, discrte comme il sait la distribuer, la

    psychanalyse. Le choix de ses images ne pourrait faire lobjet dun catalogue, ce serait mentir. La peinture, la photo-

    graphie, la sculpture, le cinma, leurs textes : se dfaire des catgories toutes faites . Se dfaire de nos pr-visions,

    trop charges des histoires quon a voulu leur imposer, places dans les perspectives dune histoire trop linaire. Se

    dfaire du temps et des lieux qui figent : une photographie de presse, une peinture, un document ne sauraient tre

    vus la seule lumire du jour o nous les voyons.

    Alors, la condition des images : elles nous menaceraient ? Non. Elles seraient esclaves ? Non plus. Elle ne doit se conce-

    voir, cette condition, ni comme un chantage (je peux la regarder condition que jaccepte lordre quelle porte dit son

    spectateur), ni comme un aveu (ma condition, ma pauvre condition, regardez o lon ma mise dit limage), ni comme un

    tmoignage (voici dit lauteur dans quelles conditions jai fait cette image). La condition des images nest pas un condi-

    tionnement, cest lexigence de les prendre dans leurs dplacements. Ouvrir lil et le bon serait parfaitement insuffisant :

    il faudrait encore avoir des yeux derrire le dos, ncessairement ouvrir les yeux pour refuser nos aveuglements.

    On y croise la folie, les pouvoirs et la mort. On y trouve des reflets survivants. On apprend les premiers gestes quil

    faut porter limage pour lui redonner vie. Jusquau dtail qui nous expose, qui fait lien entre limage passe et notre

    prsent, jusquau dtail qui expose son image dans dimprobables vis--vis. Ce sont aussi les mnmosynes dAby War-

    burg, tableaux dimages occupes raconter entre elles et hors delles les multiples rcits de leurs concidences.

    (Quand je zappe la tlvision, est-ce que je sais ce que je fais ? Une uvre unique ? Une accumulation sans queue

    ni tte ? Un texte o les raisons de lanachronisme construiraient le hasard ?).

    tre devant ; surgissement ; regarder avec des mots ; histoire de lart, histoire comme art ; image-symptme ; montage ; ana-

    chronisme ; gnalogie ; survivance ; lactualit et lintempestif ; citation ; contexte ; images interdites, images malgr tout ;

    dplier : ce sont l les mots cls que nous avons choisis avec Franois Niney, pour questionner Georges Didi-Huberman.

    Aprs les entretiens avec Marie Jos Mondzain ( Lexigence des regards , MdiaMorphoses n 12), Marc Aug ( Le

    rivage des images , MdiaMorphoses n 14), et Jacques Bouveresse ( Labme des lieux communs , MdiaMorphoses

    n 16), nous poursuivons ici lide que ltranger a beaucoup nous apporter. Je remercie Georges Didi-Huberman

    davoir pris ce temps de la rencontre, cest un temps qui dfait nos calendriers trop ordonns.

    Frdric Lambert

    mdiamorphoses5

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