CHRONIQUE Aide-toi, les Etats-Unis t’aideront€¦ · les autorités de justice de leur pays. La...

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gO» année de LA R EVUE Louis R uchonnet , fondateur .

\ H É I I

Q U O T I D I E N D ’ O P I N I O N E T D ’ I N F O R M A T I O N F O N D ' É E N 1 8 6 8

C H R O N I Q U E

Toujours le bout de l’oreilleRécemment, une Jeune personne, farou­

chement em brigadée dans la gauche vou ­lait venir confier au public su isse ce qu’elle avait vu en G rèce. Ce n’était, bien sûr, pas d’un intérêt brûlant, car ce qu’ei.L avait vu ou pouvait le deviner d’avance : de vaillants, héroïques et innocents com ­munistes contre d’affreux gouvernem en­taux.

La tournée de conférences n’a pu avoir lieu, par su ite d’une intervention des autorités.

Pourquoi ?Récemment aussi, M. Sacha Guitry vou ­

lait parler de lui à Lausanne et autres lieux. Il avait choisi pour cela la forme qui lui convient le m ieu x : la conférence. At| moins, il e st seul ; et une conférence n’a pas trois actes, ce qui vaut m ieux pour un feu d’artifice !

Là aussi, les autorités s ’en sont m êlées, et M. Guitry n’a pas pu venir.

Pourquoi ?Franchement, c’est inquiétant.Notez que, personnellem ent, je ne serais

allé ni à l’une ni à l’autre conférence. Je préfère les gens objectifs, et M. Guitry me donne considérablem ent sur les nerfs.

Mais ce n’est pas une raison.Parce que, si l’on veut se souven ir d’il

y a dix-douze ans, c ’est ainsi que cela a commencé. Il suffisait qu’un groupe de gaillards déterm inés annonce qu’il ava it l'intention de « chahuter » une conférence peur que les autorités interdisent la m a- piiestation, par m esure de prudence. Cela cœduit loin, car il y a des énergum ènes dus tous les cam ps. Et l’on en vient

assez rapidem ent à un sy stèm e de com ­pensation qui est bien le plus détestable <fuè je connaisse.

A l’époque, cela donnait à peu près cec i: « On vous dem ande de la isser parler M. Oltramare, et on autorisera M. N icole pour vous récom penser ».

Cela avait plutôt mal fini...Mais il y a plus : il y a certains prin­

cipes en Jeu.Ce journal le rappelait récem m ent : no­

tre notion de la dém ocratie, nous devons la déiendre en l'appliquant. Cela présente parfois certains risques, il iaut les courir. C'est une des justifications de notre d é­mocratie que de postuler une sorte d’équi­libre qu’il faut défendre chaque Jour.

Et le postulat numéro un de la dém o­cratie telle que nous l’entendons, c’est la liberté d'opinion et d’expression .

Le rôle de la police ne doit pas être d’in­tervenir, en lim itant cette liberté, pour éviter des incidents ; 011 doit savoir, au contraire, que la police peut, au besoin, faire respecter cette liberté.

Alors voilà : ou voudrait bien savoir pourquoi nos autorités ont pris sur e lles de mettre les bâtons dans les roues. Les deux orateurs v ictim es de ces m esures étaient des gens an sujet desquels les opi­nions ’difièrent ; m ais c 'éta ient l’un et l’autre des gens polis et bien é lev és , qui n'auraient certainem ent pas outrepassé leurs droits.

Et mémo s'ils l’avaien t fait, il aurait été facile d’intervenir après la prem ière con­férence. au lieu de rétablir en leur « fa­veur » la censure préalable.

On se perm et donc d’exprim er le vœu Que uos autorités 11e s ’engagent pas sur cette voie. Interdiction de coniérences, puis de Journaux, puis de partis... non, vraim ent, ce n'est pas pour cela que nous bataillons au nom de la liberté.

Ou alors, reconnaissons que nous nous battons au nom de principes inapplicables, auquel cas il ue resterait plus qu’à recon- paltre que les chefs des <> dém ocraties po­pulaires » ont au m oins le m érite de la franchise.

Nous som m es tout de m êm e quelques uns à croire que nous n’en som m es pas là !

S. Ch.

Aide-toi, les Etats-Unis t’aideront...De notre collaborateur financier André Herminjard

Les biens des ennemis...

L es a c c o rd s de W ash in g to n , on s'en souvien t, nous on t im posé une pénali té de 500 millions pour av o ir su c o n se rv e r no t re n eu tra l i té e t p r o té g e r les in té rê ts é t r a n g e r s qui nous fu ren t confiés pen d an t la g u e r re . Nous t ro u v o n s t r a c e de ce p a ie ­m en t d a n s le r a p p o r t annuel de la B anque Nationale Su isse : la C o n féd éra t io n a v e r ­sé, l’an d e rn ie r , la moitié de c e t te som m e en o r co n fo rm é m e n t a u x e x ig en ces a m é ­r ica ines . Si l’on a d m e t que ce inétal a été cédé su r la b a se légal du f ranc su isse e t que l 'or fait p r im e su r tous les m a rc h és du m onde, ce n’e s t f ina lem ent p a s a v ec 500, m a is a v e c 600 millions env iro n que la Su isse a rég lé le prix de sa non-be ll igé­rance . Au res te , c e t te indem nité dev a i t m e t t r e un t e rm e aux d iscuss ions c o n c e r ­nan t les a v o ir s a llem ands, m a is 11e nous d ispensa i t nu l lem en t de l’obliga t ion de li­v r e r c es b iens a u x v a in q u eu rs . Une p r o ­cé d u re e x t r ê m e m e n t r ig o u reu se e s t en co u rs d 'ex écu tio n sous le co n trô le de l’Of­fice su isse de com pensa tion , f lanqué d ’une com m isso in in teral l iée . Non seu lem en t la fo r tune pe rsonnelle , m ais ég a lem e n t les p a r t ic ip a t io n s a l lem an d es d éco u lan t de r e ­lations industr ie l le s ou co m m e rc ia le s t rè s an c ien n es e t t r è s n o rm a le s s e ro n t à r e ­m e t t r e a u x a u to r i t é s de W ash in g to n . Ain­si. so m m es-n o u s e n tré s , bon gré , m al gré , da n s les o p é ra t io n s de l iquidation de ce t te de rn iè re g u e rre . En d eh o rs de cela, il é ta i t na tu re l que la Su isse r e c h e rc h â t et r e s t i tu â t les b iens spoliés au co u rs des hostili tés .

...et ceux des amis

Il s ’e s t t ro u v é à l’é poque des gens bien in ten t ionnés pour p ré te n d re qu 'un m au v a is a r r a n g e m e n t v a la i t m ieux qu ’un bon p ro ­cès e t qu ’un seul b o m b ard e m e n t , su r l'une de nos villes p r incipales , eû t co û té plus ch er que ces concess ions à no tre t rad i ­tionnelle n eu tra l i té . C ’é ta i t m éco n n a î t re la b ru ta l i té des m éth o d es a m ér ica in es auxquelles , une fois de plus, v iennent de se h e u r te r les n ég o c ia te u rs que nous avons e n v o y é s o u tre -A tlan t ique pour r e ch e rch e r une solu tion aux difficultés que nous c rée n t les a v o ir s é t r a n g e r s en d é p ô t à New-Y ork sous le c o u v e r t des ban q u es su isses . Si des sa t is fac t ions leur on t été a c c o rd ée s sur des points tout à fait sec o n d a i re s et sa n s im p o r tan ce p ra tique , leurs p ropos i­tions qui ten d a ien t p o u r tan t à la m obili­sa t ion par tie l le de ces co m p te s au bénéfice du P lan Marsha ll e t qui, p a r là -m êm e, se r a p p ro c h a ie n t sens ib lem en t des in ten t ions de leurs in te r locu teu rs , on t été f ro idem en t re je tée s . Les fonc tionnaires du T ré s o r a m ér ica in n’on t pas voulu d iscu te r le point de vue de la Suisse . F a isa n t usage de leur tou te pu issance e t de la position confor-

TAPIS d’ORIENT

HICHEL-HOSSLÉXT R U E HALDI MAND. LAUS ANNF

Caisse d’Epargne et de CréditV e v e y L A U S A N N E Retiens

4. me du Simpior '/. rue Centrale 1. rue de >'Aveu' t vous offre ses

L I V R E T S D ' E P A R G N Enominatifs , ou au porteur .

tab le que leur donnent nos d ép ô ts b lo ­qués chez eux, ils ont ex igé de c o n n a î t re n o m m é m en t les d é ten teu rs de c es co m p tes d’ici au 31 mai prochain. P a s s é ce délai,

. ces ionds se ro n t remis aux p a y s de d o ­micile des p e rso n n es qui se se ro n t a n n o n ­cée s ou p u re m e n t et s im plem en t sa is is p a r les a u to r i té s de justice de leur pays . La co m p lex ité e t le cout é levé d’une p ro c é ­dure en rest i tu t ion et l 'hostil i té non d é ­gu isée du T r é s o r à l 'éga rd des b anques su isses ex c lu en t d 'ores e t dé jà tou t espoir d 'un re to u r de ces avo irs m êm e si, p a r la suite, leurs p ro p r ié ta i re s s o n t . e u m esu re de sa t is fa i re aux ex igences de W ash in g to n .

Par dessus le droit

Les E ta ts-U nis ne se p ré o cc u p en t pas de sa v o i r quelles sont les re la t ions de dro i t e x is ta n t en tre les ban q u es su isses e t leu rs c lients ; ils 11e se so u c ien t p a s de c o n n a î t re les répercuss ions économ iques e t f inanc iè res que p ourra i t avor i , pour no tre p a y s , bien plus que pour nos é t a ­b l is sem en ts de crédit, la vo la t i l isa t ion d’une frac t ion im portan te des cap i tau x é t r a n g e r s don t il avait la g a rd e . Q u’elle 1e veuille ou non la Suisse doit p a y e r . Ses a v o i r s à N ew -Y o rk <|é.it t r è s -.suffisants pour a s s u r e r sa pa r tic ipa tion fo rcée au Plan. M arshall , m a is c e t t e ‘fois, ce so n t les c ap i tau x des re sso r t i s san ts de p a y s a l­liés qui fe ron t les frais de l’a ffa ire !

Effets de représailles ?

Notre exce llen t r é d ac te u r p a r le m e n ta i re . M. G e o rg es P e r r in , s ’es t fait l 'écho, jeudi dern ier , d 'une opinion f rança ise a t t r ib u a n t l’in tran s ig ean ce am ér ica ine à des ra isons d ’o rd re polit ique. On au ra i t é té m éco n ten t de voir la Su isse s igner un a cc o rd c o m ­m erc ia l a v e c l’U.R.S.S . et W ash in g to n 11e c o m p re n d ra i t p a s l’obst inat ion que nous m e t to n s à voulo ir nous ten ir à l’é c a r t des g ra n d es o rg an isa t io n s in te rna t iona les . (Et le C om ité des 1 6 ? ) . M. P e r r in e s t im e to u ­tefo is , que ce t te opinion n’est pas fondée et que la vé r i tab le ra ison de l 'a t t i tude a m ér ica in e doit ê tre re ch e rch ée dans la polit ique in té r ieu re des E ta ts-Unis . En sa i ­s is san t les av o ir s é t ra n g ers , le T r é s o r 11e fait que p ren d re des p ré ca u t io n s pour éch a p p e r aux re p ro c h e s que p o u r ra ie n t lui fa ire les co n tr ib u ab le s de 11e b as ex ige r des bénéfic ia ires du Plan Marshall qu ’ils co m m e n ce n t p a r - s ’a id e r eu x -m è m e s s ’ils en on t les m oyens .

Si cela d ev a i t ê t re une exp licat ion , il n 'y a u ra i t , à n o t re avis , aucune ra ison pour que la Su isse ne pré lève pas l’indem nité de 600 millions su r les a v o ir s é t r a n g e r s en se s m ains ou ne p rocède à d e s r e s t i tu ­tions de co m p te s sous déduction des m o n ­tan ts co n s id é ra b le s déb o u rsés p a r l’e n se m ­ble de n o t re populat ion en fa v eu r de la C ro ix -R o u g e , du Don Suisse, de l'Aide à l’E urope , du S e c o u rs aux en fan ts e t des colis qui, p a r milliers, qu i tten t c h aq u e jour n o t re te r r i to i re à des t ina t ion des p a y s é p ro u v és p a r la guerre . Nous ne v o yons pas pourquoi le c on tr ibuab le am ér ica in s e ra i t m én ag é au prix d’une v io la tion des in té rê ts d ’une pe ti te nation, a lo rs que la Su isse se t rouve dans la s i tuat ion identique de d é te n t r ic e de cap i tau x é t r a n g e r s e t de b ienfa itr ice de l 'humanité .

Non, la v é r i tab le explicat ion doit ê tre re ch e rch é e a il leurs . Nous so m m es m ain ­ten an t au c en t re des zones d ’act ion des g o u v e rn e m e n ts am ér ica in e t russe et l’un com m e l’a u tre p ra t iq u en t à no tre égard une polit ique e x em p te de fo rm es et de ce re sp ec t d’au tru i qui d ev a ien t ê tre l 'ap a ­nage de no tre civilisation.. . e t qui 11e l 'est plus. Il faut en su p p o r te r les co n séq u en ces avec la rés ignat ion du faible, sans se d é ­pa r t i r un ins tan t de la fe rm e té que nous donne le sen t im en t d 'ag ir selon les règ les du bon droit et de la f id é l i té .1

Le dollar baisse

La sa is ie des av o ir s é t r a n g e r s d éposés sous le c o u v e r t des b an q u es su isses aux E ta ts-U n is a u ra de g ra v e s ré p e rcu ss io n s su r n o t re a c t iv i té b a n ca ire et su r l’éco n o ­mie gé n éra le de n o t re pays . Les milieux f inanc ie rs c ra ig n en t que ce t a c te de d is­position un i la té ra l ne modifie sensib lem en t l’opinion de leur c lientè le à l 'éga rd des v a leu rs a m ér ica in es et ils se ro n t les p r e ­m ie rs à r e g re t t e r la d ispar it ion d’un m a r ­ché qu ’ils se son t e ffo rcés de d évelopper su r la b a se de la sécu ri té que p a ra issa ien t offrir les inst i tu t ions polit iques de W a s ­hington.

Nous sa v o n s que les b an q u ie rs a m é r i ­ca ins p a r ta g e n t e n t iè re m en t n o t re opinion à ce su je t e t q u ’ils n ’ont négligé aucun et'-

AU S O M M A I R E

P a g e 2 : Fém inités.

» 3 : Les d istricts v au d o is .

» 4 : T ou te la ville.

» 5 : M ag az in e .

» 6 : Les courriers rom ands.

fort pour év i te r ce coup de iorcc . M alheu­reu sem en t, le D é p a r te m e n t du T r é s o r a céd é à la p ress ion polit ique des m em b res du C o n g rè s sa n s qu ’il so it possible de d é ­te rm in e r si c e t te a t t i tu d e inam ica le à no tre ég a rd es t rée l lem en t inspirée p a r les b e ­soins de la polit ique fiscale des E ta ts-U nis .

En a t t e n d a n t l’éch éan ce fa tid ique, le do l­lar f inanc ier a ba issé de 4.18 à 3.95 e t les é tab l is se m e n ts «suisses de c réd i t p ro c èd e n t à d ’im p o r ta n te s réa l isa t ions de t i t re s à la b o u rse de N ew -Y ork . A. H.

O U

Leur attitude devant le sport

Pour la p lupart d e s fem m es , le sport, c 'est d 'a bord une q uest ion de costume. C o m m e de b ien en tendu . A ins i, quand u n e l e m m e a e n v ie de caracoler sur la p lus noble co n q u ê te de l 'hom m e , il lui Iaut, a van t le cheva l , un g rac ieux co s­tu m e d 'êquita t ion .1

Et pas de danger q u ’on pu isse util iser ce dern ier à d 'au tres lins, pour les « à tond », par e xe m p le , ou pour faire du ski. C haque sport nécess i te u n 'a c co u lre - m e n t spécial. Je ne parle pas de la na ta ­tion où il en Iaut d e u x : un mail lo t de bain et un « d e u x p ièces » tout conlor l pour se coucher à l’om bre ou au soleil.

Le tenn is e x ig e la robe t le à pli, genre evzo n e , ou le short révéla teur , blanc c o m m e la con sc ien ce d ’un f iancé ù la ve i l le de son mariage.

Pour forcer les secre ts de « l 'A lp e clai­re au bord de l 'inljni so n g e u se », u n e lois de p lus le v ê te m e n t change. M oins ces d a m es grim pen t , p lus l 'accou trem en t im ­press ionne . Pour cel les qui se co n ten ten t d e m en er la v ie ù grandes guides , sans su iv re jam ais un seu l de ceux-ci , le cos­tum e est é tu d ié a v e c un soin tout ù lait remarquable . A d onner le v er t ig e à ceu x qui ne l 'ép ro u ve n t jam ais !...

Les ch a sseresses so n t rares dans nos régions. Les fe m m e s son t trop sensib les et trop im press ionnab le s pour assassiner e l le s -m êm es les ch a rm a n te s b ê te s qu 'e lles m e t te n t sur leurs ch a p ea u x ou don t elles p orten t la fourrure. Voyez la frayeur que leur inspire les innocen tes p e t i te s so u ­ris !...

A u fond, le m e illeur sport fém in in , le plus com plet , celu i qui fait travailler h a rm o n ie u se m e n t tou tes les part ies du corps — ou pre sq u e ! — c'est le ménage, avec son en tra in e m e n t quo tid ien , a v ec les pe r fo rm a n ces des grandes revu es an­n ue lles cl l ’esprit de sa ine ém ula tion qui règne en tre ces dames, quand e lles ta­pen t sur leurs m ate las et sur leurs tapis c o m m e si e lles se vengeaien t .

S eu le m e n t voilà : ce genre clc sport ne lire pas. Le co s tu m e n 'est pas joli, joli. A h ! ce serait très d i l fé ren t si les maîtres secre ts et tou t-pu issan ts de la m o d e in ­v en ta ien t un rav issan t « en sem b le m é n a ­ger » !...

Je a n Peitrequin.

S o y o n s bon prince e t la issons m on vis- à-vis marquer ce po in t : si q u e lq u e sh o m m e s a im ent le sport c o m m e ils ai­m en t la guerre, pour la gloire, la plupart son t sporti fs c o m m e ça, p o u r le plaisir. Inc linons-nous d e v a n t cet am our d é s in ­téressé de la neige, de l 'eau, de la so li­tude, ou des c h evreu il s cernés par les chiens.

Il serait cepen d a n t e xa g é ré de dire (voilà, les res tr ic tions c o m m e n ce n t , c o m ­m e elle est désagréable , c e t te v o is in e !) qu'i ls sont in sensib les à l 'e ffet qu 'i ls p ro ­d u isen t lorsqu'ils passen t , h a rm o n ie u se ­m e n t balancés par de noirs palefrois. J ’ai m ê m e connu un h o m m e qui se p ré te n ­dait ravi d 'avo ir les ja m b e s arquées : « De ce l le laçon, disait-il sé r ieu sem en t , on saura q u e je fais du c h e v a l ». M ais je m e hâte d 'a jou ter qu'i l s'agit là d 'une excep t io n , qu 'au reste ce cava lier était un p eu timbré.

Ils ne sont pas p lus m o d es te s lorsqu'ils nous pré sen ten t , au vo lan t d 'u n e Dela- haye , un prolil durci par le v e n t des

■grandes routes, à m o ins que ce ne soit par la v u e de ces microbes qu 'on n o m m e piétons. Ou lorsqu'ils rev ien n en t au p a y s natal, les d im a n ch es soirs, en cu isse ttes , a v e c u n e co u ro n n e de lau r ie rs qui leur p e n d au cou. J'ai aussi e n ten d u dire que l ’hu m i l i té n ’était pas la v er tu d o m in a n te des joueurs de football en général. S e u ­lem en t ça, je v o u r le concède , c ’est une rum eur lancée par les co m ité s de clubs, ces co m ité s qui se com posen t , c o m m e a dit un journalis te spirituel, de « sporti fs assis ».

A u surplus, je voudra is v o u s vo ir d e ­m eurer m odestes , si v o u s é tiez un centre- a van t adulé par les popu la tions et e n c e n ­sé par le reporter local, quand ce n ’est pas par la « S em a in e sp o r t ive » e lle -m ê­me. Pariois vous en te n d ez vo tre nom à la radio, ou b ien vo u s le l isez sur les m anchettes . Un jour l ’u n e d ’e lles portait ce titre : « G/no dans la nu i t ». Eh bien, vrai ! si j ’ava is é té Gino, qu e lle b o u f fée d'orgueil m e lût m o n té e au front à l 'idée que des milliers de sporti fs m ’im ag i­naient, les bras d ra m a tiq u em en t tendus dans l 'obscurité , cherchant m o n chem in à un carrefour fatal.

Voilà donc la « p e t i te d i f fé rence » : les fe m m e s font du sport fou fe ignen t de le pratiquer) par coquetter ie , pour m ontrer a u x h o m m e s qui auraient tendance à l 'oublier q u ’e lles ont de jolies jam bes, une iolic peau, de jo lies épaules , etc., etc., bref, q u ’e lles sont désirables . Les hom mes, eux , lont du sport pour leur plaisir, pour leur sa n té cl aussi afin 'de se p ro u ver à e u x -m ê m e s — seu lem en t ù e u x -m ê m e s ? — qu 'ils sont de b e a u x m â ­les consc ien ts de leur lorce, de leur so u ­plesse , de leur pouvoir . Ce que nous ap ­pe lle rons : leur noble a t t i tude d e va n t le sporl.

Suzanne Delacoste.

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