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cours PI 0607 1
Staphylococcies
Renaud Verdon
Unité de Maladies Infectieuses et Tropicales
CHU de Caen
cours PI 0607 2
Définition du processus infectieux
• agent infectieux• système immunitaire
cours PI 0607 3
Définitions des réactions systémiques à l’infection
• Syndrome de réponse inflammatoire systémique– température > 38°C ou < 36°C– FC > 90 / mn– FR > 20 / mn ou PaCO2 < 4,3 kPa (32 mmHg)
• Sepsis– SRIS + infection
• Sepsis sévère– sepsis associé à au moins une défaillance d ’organe
• hypotension (PAS < 90 mmHg ou PAS < PAS habituelle - 40 mmHg
• ou acidose lactique ou oligurie ou encéphalopathie ou hypoxémie ou coagulopathie de consommation
• Choc septique– sepsis sévère associé à une hypotension persistante malgré remplissage adapté ou
nécessitant des amines pressives
cours PI 0607 4
Plan
• Staphylococcies:– rappel bactériologique– physiopathologie– infections cutanées à S. aureus– infections toxiniques à S. aureus– infection systémique à S. aureus– infections à staphylocoque coagulase négative– Infections à Staphylocoque doré méthi-R communautaire
cours PI 0607 5
Rappel Bactériologique
cours PI 0607 6
Staphylocoque: rappel bactériologique• Staphylocoque coagulase négative:
– commensal cutané (S. epidermidis, S. saprophyticus, etc…)– pas ou peu pathogène (matériel, cystite à S. saprophyticus)
• Staphylococcus aureus:– prévalence portage 30 % (permanent ou transitoire)– gîtes de portage– FDR portage:– antibiorésistance:
• communauté: – SA sensible à la méthicilline (SASM), – apparition de SA résistant à la méthicilline (=SARM)et sans aucun lien avec
secteur de soins• hopital: SA résistant à la méthicilline, 40 % isol. hospital. en France
– virulence majeure
cours PI 0607 7
Facteurs de virulence de Staphylococcus aureus
• nombreuses enzymes: coagulase, élastase, hyaluronidase• facteurs d’adhésion à la matrice extra-cellulaire• résistance à l’opsonisation (protéine A, acides teichoïques,
etc…), production de slime (polysaccharide entourant les colonies)
• toxines:– entérotoxine
– épidermolysine ou toxine exfoliante (clivage intra-épidermique)
– TSST-1 (toxic shock syndrom toxin)
• leucocidine de Panton-Valentine (pneumonies nécrosantes, furonculoses sévères), parfois associé aux souches communautaires résistantes à la méticilline (pb émergent)
cours PI 0607 8
Physiopathologie
présence S. aureus sur peau
effraction cutanée
bactériémie
pathologie cutanée banale(furoncle, panaris, anthrax)
métastases septiques
SIRS - choc septique
thrombophlébiteseptique
pathologie d ’organe focaliséeou multi-organe
thrombophlébiteseptique
signes toxiniques
cours PI 0607 9
Infections superficielles à Staphylocoque doré
cours PI 0607 10
Infections cutanées staphylococciques (1)
• folliculite: infection du follicule pilo-sébacé limitée à la gaine du poil
• furoncle: infection d ’un follicule pilo-sébacé formant un abcès de l ’ensemble de l ’annexe
• anthrax: coalescence de plusieurs furoncles• hydrosadénite: dermohypodermite nodulaire par infection
des glandes sudoripares axillaires• panaris: risque évolutif vers l ’extension aux fléchisseurs
des doigts• atteinte muqueuse: conjonctivite, sinusite, autres
localisations ORL (rare, enfant)
cours PI 0607 11
cours PI 0607 12
• staphylococcie maligne de la face:– furoncle aile du nez– risque évolutif: thrombophlébite du sinus caverneux– présentation clinique: placard érythémateux localisé à l’aile du nez,
s ’étendant de façon asymétrique (diagnostic différentiel érysipèle face) vers l ’orbite (exophtalmie, chemosis); cordons de phlébite visibles à un stade avancé.
– traitement parentéral
• furonculose récidivante:– furoncles récidivants– rechercher des facteurs de risque de portage– traitement des épisodes et désinfection des gîtes staphylococciques
Infections cutanées staphylococciques (2)
cours PI 0607 13
Diagnostic des infections staphylococciques cutanées
• diagnostic clinique pour la plupart des infections cutanées superficielles; un écouvillon de pus (si possible fermé) est intéressant
• Faut-il un prélèvement cutané ?– Furoncle, anthrax, panaris, etc…: non– Surinfections de plaies chroniques, formes sévères ou
potentiellement sévère (furoncle aile du nez): oui• pas d’autre test diagnostique en routine; la détection de
souches toxinogènes est faite dans certains laboratoires spécialisés:– pas de sérologie, ni d’antigénémie
cours PI 0607 14
Recueil pus sur écouvillon stérile ou pot stérile
Ponction à l’aiguille fine
Désinfection soigneuse pour asepsie cutanée
cours PI 0607 15
• soins locaux: antiseptique• incision d ’abcès ou d’un panaris collecté• antibiothérapie anti-staphylococcique méti-S:
– IV si staphylococcie maligne de la face: cloxacilline ou oxacilline 50 à 100 mg/kg/j en 3 à 4 injections, associée initialement à la gentamicine 3 mg/kg/j en 1 injection
– per os si furoncle chez sujet fragilisé ou si anthrax ou panaris ou hydrosadénite: cloxacilline (Orbénine, meilleure biodisponibilité) 50 à 100 mg/kg/j en 3 à 4 prises, ou pristinamycine 1,5 à 3 g/j en 3 prises
Infections cutanées staphylococciques (3)
cours PI 0607 16
Désinfection gîtes staphylococciques
• Expliquer principes physiopathologiques: colonisation gîtes narinaires et autres zones macérations / manuportage / extension colonisation / invasion follicules pilo-sébacés à l’occasion microtraumas ou immunodépression /
• Prescription:– hygiène (éviter macération, manuportage)
– antiseptiques sur gîtes
– pommade antibiotique narinaire / cicatrices furoncles / (mupirocine)
– pas de traitement antibiotique par voie générale sauf cas particuliers
– dépistage portage dans foyer
cours PI 0607 17
Syndromes toxiniques staphylococciques
cours PI 0607 18
Infections staphylococciques toxiniques
• choc toxique staphylococcique (« toxic shock syndrome »):– historique; toxines TSST-1; hémocultures négatives– présentation clinique: fièvre, hypotension, érythème cutané
scarlatiniforme et/ou palmo-plantaire (desquamation secondaire), avec atteintes viscérales (hépatite, rhabdomyolyse, œdème lésionnel pulmonaire, CIVD, etc…)
– traitement: symptomatique et porte d ’entrée
• nécrolyse épidermique staphylococcique du nourrisson
• toxi-infection alimentaire staphylococcique:– toxine thermo-stable (préformée dans l ’aliment)– incubations de quelques heures– diarrhée, vomissements, pas de fièvre
cours PI 0607 19
Infections systémiques (bactériémies et localisations viscérales) à Staphylocoque doré
cours PI 0607 20
présence S. aureus sur peau
effraction cutanée
bactériémie
pathologie cutanée banale(furoncle, panaris, anthrax)
métastases septiques
SIRS - choc septique
thrombophlébiteseptique
pathologie d ’organe focaliséeou multi-organe
thrombophlébiteseptique
signes toxiniques
cours PI 0607 21
Infections systémiques
• Par opposition aux infections localisées cutanées ou muqueuses
• Septicémies, bactériémies• Infections viscérales
cours PI 0607 22
Bactériémies à Staphylocoques
• Forme aiguë fulminante et Forme aiguë bactériémique : – rapidité d’évolution– hémocultures positives– signes de sepsis grave d’emblée
• Forme septico-pyohémique:– fièvre oscillante, avec frissons– localisation(s) viscérales pleuro-pulmonaire, osseuses, urinaires, etc…– localisations cutanées des extrémités (similaires à lésions cutanées d’endocardite)
• Formes lentes
cours PI 0607 23
Localisations viscérales (1)
• Articulaires• Osseuses• Pleuropulmonaires• Endocardiques• Uro-génitales• Neuro-méningées• Musculaires (pyomyosite)
cours PI 0607 24
• Articulaires:– arthrites septiques– ostéomyélites de l’enfant– spondylodiscites– infection sur matériel
• Pulmonaires:– Pneumonies nosocomiales du sujet ventilé– Surinfection bronchiques de grippe – Pneumonies nécrosantes (enfant, rare)
• Endocardites: cf QS
Localisations viscérales (2)
cours PI 0607 25
• Uro-génitales:– Pyélonéphrites ou prostatites– Abcès du rein
• Neuro-méningées:– Empyèmes épiduraux– Infections post-opératoires
• Musculaires (pyomyosite):– Abcès du psoas (par voie hématogène, par proximité à partir
d’une spondylodiscite)– Abcès muscles des membres en zone tropicale
Localisations viscérales (3)
cours PI 0607 26
Diagnostic des infections viscérales à staphylocoque doré
• La clinique est peu spécifique de l’étiologie bactérienne• Diagnostic de certitude:
– mise en évidence du staphylocoque doré dans un site normalement stérile:
• LCR, plèvre, synoviale, ponction abcès (« pus fermé »), ponction osseuse, disco-vertébrale, urines
– dans les localisations muqueuses (sites non strictement stériles), la mise en évidence de staphylocoque doré n’est pas un critère formel de son rôle pathogène:
• expectoration ou prélèvement bronchique/alvéolaire, écoulement sinusien, plaie cutanée ouverte
• Certains critères semi-quantitatifs ou quantitatifs peuvent aider: LBA, culture pure ECBC
• En l’absence de diagnostic de certitude, l’association d’une localisation viscérale à une bactériémie est hautement évocatrice du rôle du staphylocoque doré ds l’infection de l’organe
cours PI 0607 27
Ex: septicémie à S. aureus sur cathéter périphérique
– hospitalisation pour décompensation d ’un diabète
– cathéter périphérique posé pour hydratation et insulinothérapie IV
– cathéter changé à J3; noté « point de ponction éythémateux, trajet veineux douloureux sur quelques cm »
– après 5 jours d ’hospitalisation, fièvre à 39°C, aucun point d ’appel, examen « normal »; 2 hémocultures positives à S. aureus en amas; « ré-examen »: cordon induré au site perfusion initiale, goutte de pus à l’orifice ancien cathéter; adénopathie satellite; apparition d ’une douleur dorsale et d ’une compression médullaire par épidurite staphylococcique hématogène
– traitement IV, puis nécessité ligature veine infecté en raison de la persistance d ’hémocultures positives après 5 jours d ’antibiothérapie; guérison
cours PI 0607 28
cours PI 0607 29
infection du cathéter, formation d’un thrombus infecté
cours PI 0607 30
Physiopathologie
présence S. aureus sur KT
bactériémie
métastases septiques
SIRS - choc septique
thrombophlébiteseptique
pathologie d ’organe focaliséeou multi-organe
Présence S. aureus sur peau
FDR portagetransmission manuportée
cours PI 0607 31
• l ’examen des (anciens) points de ponction de cathéter doit faire partie de l ’examen clinique d ’un patient fébrile
cours PI 0607 32
Infections à Staphylocoques à coagulase négative
cours PI 0607 33
Physiopathologie
colonisation S. epidermidis sur KT, plaie opératoire, matériel
bactériémie
présence chez tous de S. epidermidis sur peau, 106 / cm2
infection focaliséedéveloppement souvent lent
signes fonctionnels localisésfièvre Sepsis sévère (possible)
cours PI 0607 34
Infections à Staph coagulase négative
• circonstances particulières:– présence de matériel étranger: cathéter périphérique ou central,
dérivation de LCR, prothèse articulaire, sondes de pace-maker, prothèses valvulaires, cathéter de dialyse péritonéale
– infection nosocomiale (souvent résistant à la méthicilline)
• difficulté diagnostique:– risque de considérer comme contaminant– importance de la qualité de réalisation des prélèvements: faire plusieurs
hémocultures à des moments différents, mise en culture soigneuse du matériel retiré, prélèvement sur les sites porteurs de matériel
• 1 infection communautaire banale:– cystite à Staphylococcus saprophyticus
cours PI 0607 35
Infections sur prothèse articulaire
• Ne concerne pas que le staphylocoque ! (doré ou non)• une règle: l’infection ne peut être éradiquée sans le retrait du
matériel• les agents infectieux capables de se développer sur le matériel
ou à l ’interface tissu-matériel ont des propriétés particulières– adhésines
– production de slime
– faible réplication, état de quiescence
– présentes à proximité du site (colonisation cutanée), ce qui explique la contamination facile
• évolution souvent lente, torpide, sans manifestations septiques sévères, retardant souvent le diagnostic
cours PI 0607 36
Aspects thérapeutiques des infections à staphylocoques
cours PI 0607 37
La pénicilline et le staphylocoque doré
• 1940: utilisation de la pénicilline G dans les infections à staphylocoque doré: succès total
• 1950: 90 % des staphylocoques dorés sont résistants à la pénicilline G• 1960: développement de la pénicilline M, active sur les staphylocoques
résistants à la pénicilline G• 1980: apparition de staphylocoques résistants à la pénicilline M• 1998 (USA): apparition de staphylocoques résistants à la méthicilline en
milieu communautaire; mondialisation du phénomène• 2006:
– en ville: staph résistants à la Péni G, mais rarement à la péni M (attention, épidémio changeante)
– à l’hôpital: 40 % des staphylocoques résistants à la pénicilline M
cours PI 0607 38
Antibiothérapie (1)
• Staph méti-S
• référence: oxacilline ou cloxacilline
• association à un aminoside dans les situations graves pour accélérer la vitesse de bactéricidie
• alternatives: pristinamycine, C2G (mais antibioprophylaxie), amoxicilline + acide clavulanique
• FQ, rifampicine, fosfomycine, acide fusidique en association
• Staph méti-R• référence: vancomycine• association à aminoside ou
rifampicine ou acide fusidique ou fosfomycine, selon antibiogramme, pour accélérer la vitesse de bactéricidie
• alternative: teicoplanine, combinaison des précédents
cours PI 0607 39
Antibiothérapie anti-Staph méthi-S:en pratique(2)
• cloxacilline - oxacilline:– furoncle: 50 mg /kg /j en 3 fois: 1 gramme 3 fois /j per os; per os, privilégier
cloxacilline (orbénine, biodisponibilité augmentée).– staphylococcie maligne de la face débutante: 100 mg/kg/j en 3 injections:
2 grammes 3 fois / j en IV– endocardite: 150 à 200 mg/kg/J en 6 injections: 2 grammes x 6 /j
(optimiser l ’effet temps-dépendant), associée à gentamycine IV.
• antibiothérapie chez une personne allergique aux bêta-lactamines:– per os: pristinamycine, cp à 500 mg, 3 à 6 cp 3 fois /j, troubles digestifs
dyspeptiques– IV: glycopeptides
cours PI 0607 40
• vancomycine:– 30 mg/kg/j ; T1/2 = 7 h– adaptation aux résiduelles: 20 à 30 mg/L– toxicité: rénale; syndrome cou rouge (perf trop rapide), allergie,
toxicité veineuse
• teicoplanine:– moins puissante mais utilisable en alternative– T1/2 = 40 h– 1 injection par j: IVDL ou IM– adaptation aux résiduelles: 30 à 40 mg/L– non veinotoxique, allergie (10 % croisée), pas de néphrotoxicité
Antibiothérapie anti-Staph méthi-R:en pratique
cours PI 0607 41
Sélection d’un mutant résistant…la recette à ne jamais appliquer !
cours PI 0607 42
Sélection d ’un St. aureus résistant à l’acide fusidique en monothérapie
so
Mutant résistant à l’acide fusidique 1/107
Mutant résistant aux fluoroquinolones 1/107
Mutant résistant à la rifampicine 1/107so
soTraitement par acide fusidique en monothérapie, amélioration transitoire
Infection à St. aureus résistant à l’acide fusidique, devenu inutilisable
cours PI 0607 43
[C]
t
CMI
. Cmax/CMI
. T>CMI
. AUIC=AUC/CMI
cours PI 0607 44
Traitements associés
• Prise en charge symptomatique (état de choc, etc…)• Draînage d’une collection purulente (ex: drain pleural)• Evacuation chirurgicale d’une collection• Ablation d’un matériel étranger
cours PI 0607 45
Un phénomène récent: souches de staphylocoques résistants à la méthicilline
en milieu communautaire• Depuis 1998, observation d’infections à SARM chez des sujets
sans aucun FDR classique de SARM• Souches particulières:
– sensibilité aux FQ et autres molécules avec activités anti-staphylococciques
– résistance « isolée » à la méthicilline– parfois porteuse de la leucocidine Panton-Valentine
• Tableaux cliniques particuliers:– enfants: pneumonie nécrosante– adultes: furonculose récidivante
• Caractéristiques épidémiologiques:– foyers épidémiques familiaux– clubs de sport– USA +++ ; encore rare en France (max: 5 % des isolats de S. aureus)
cours PI 0607 46
Fin
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