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7/23/2019 La Figure Humaine Dans Les Monuments Chaldens, Babyloniens & Assyriens Hamy
1/18
Bulletins et Mmoires de laSocit d'anthropologie de Paris
La Figure humaine dans les Monuments chaldens, babyloniens etassyriensDocteur Ernest-Thodore Hamy
Citer ce document Cite this document :
Hamy Ernest-Thodore. La Figure humaine dans les Monuments chaldens, babyloniens et assyriens. In: Bulletins et
Mmoires de la Socit d'anthropologie de Paris, V Srie. Tome 8, 1907. pp. 116-132.
doi : 10.3406/bmsap.1907.6988
http://www.persee.fr/doc/bmsap_0037-8984_1907_num_8_1_6988
Document gnr le 18/09/2015
http://www.persee.fr/collection/bmsaphttp://www.persee.fr/collection/bmsaphttp://www.persee.fr/doc/bmsap_0037-8984_1907_num_8_1_6988http://www.persee.fr/doc/bmsap_0037-8984_1907_num_8_1_6988http://www.persee.fr/author/auteur_bmsap_1077http://dx.doi.org/10.3406/bmsap.1907.6988http://www.persee.fr/doc/bmsap_0037-8984_1907_num_8_1_6988http://www.persee.fr/doc/bmsap_0037-8984_1907_num_8_1_6988http://dx.doi.org/10.3406/bmsap.1907.6988http://www.persee.fr/author/auteur_bmsap_1077http://www.persee.fr/doc/bmsap_0037-8984_1907_num_8_1_6988http://www.persee.fr/doc/bmsap_0037-8984_1907_num_8_1_6988http://www.persee.fr/collection/bmsaphttp://www.persee.fr/collection/bmsaphttp://www.persee.fr/7/23/2019 La Figure Humaine Dans Les Monuments Chaldens, Babyloniens & Assyriens Hamy
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116
21
mars 1907
LA FIGURE HUMAINE DANS LES MONUMENTS CHALDENS, BABYLONIENS
ET
ASSYRIENS,
Confrence
faite
la Socit d'Anthropologie le 7 fvrier
1907,
Par
le Dr
E.
T.
Hamy,
Membre de l'Institut et de l'Acadmie de Mdecine,
Professeur
d'Anthropologie
au
Musum.
I
L'art gyptien, que nous venons d'tudier dans ses -manifestations
ethnographiques les plus
intressantes
l,
possde
en commun avec celui
de la Ghalde, dont nous allons nous occuper aujourd'hui, un certain
nombre
de
caractres
d'ensemble
qui
ont
suggr
plusieurs
historiens
de l'art l'hypothse d'une
lointaine
origine
commune.
Comme l'ancien Egyptien, en effet, le Chalden primitif
figure
la
personne humaine avec la tte de profil,
l'il
de face, le tronc
aussi
presque
entirement
de face, les
paules
trop larges, les
bras
mal attachs, les
pieds
enfin, maladroitement
poss
l'un
devant l'autre et
disproportionns.
Mais dans
la figure chaldenne, la taille
est
ramasse
et
la tte
dmesurment grossie. L'orientation
est peu prs indiffrente et, par suite,
le
personnage debout est symtrique au lieu de se prsenter la jambe
gauche en avant.
D'autre
part,
comme
les
croyances relatives
au
culte
des
morts,
qui
ont
longtemps
impos aux artistes de la valle
du
Nil, ainsi
que
nous
l'avons
vu, la recherche des ressemblances individuelles,
sont
demeures trangres
aux riverains de l'Euphrate, il en rsulte que dans les monuments de ces
derniers le visage n'offre habituellement aucun caractre personnel. L'artiste
se borne reproduire des types gnraux qui varient poque
par poque,
peuple par peuple, localit
par
localit, et
dont
les
modles,
copis suivant
certaines
conventions, n'ont pas disparu de nos jours.
Et c'est
ainsi qu'au cours de cette tude, rapide
nous
allons retrouver
chez des races actuelles, Kurdes,
Tatars,
Assori, etc., la survivance
bien
reconnaissable
des types conventionnels
ainsi figurs
dans les monuments
de
la
plus ancienne Ghalde. C'est
d'ailleurs
le
seul
ct
individuel
de ce
petit travail, compos, le crayon la main,
au
milieu des collections
nouvelles,
exposes
au
Muse du Louvre, la
suite
des brillantes
missions
de
Sarzec
et
de
Morgan.
II
Les plus anciens monuments connus jusqu'ici de la basse
valle
de
i
Voy.
le
procs-verbal de la sance du
3
janvier 1907.
7/23/2019 La Figure Humaine Dans Les Monuments Chaldens, Babyloniens & Assyriens Hamy
3/18
E.-T. HAMY.
LA FIGURE HUMAINE
DANS
LES
MONUMENTS
CHALDEENS,
ETC.
117
l'Euphrate
ont ceci de particulier que leur technique ne rappelle que
d'assez loin^ suivant l'expression de M. Maspro
',
celle des
uvres
qu'on
est. habitu
considrer comme reprsentant
les tendances artistiques de
la plus antique Msopotamie.
Ces
monuments,
au
nombre
de
deux,
qui
appartiennent
au
rgne
de
Narmsin, roi d'Agad et remontent
3.800
ans environ avant notre
re,
restent
tout fait part,
et,
en gardant quelque chose de
bien
original,
manifestent une
manire
de faire particulire que nous ne retrouverons
dans aucun
autre
morceau chalden et que M. Maspro qualifie
ingnieusement d'gyptisante. Les Papi rgnent
alors
sur l'Egypte et
l'on
sait,
par
des dcouverts
rcentes,
quel
degr d'habilet
sont
parvenus
les
statuaires
qui ont fait les
portraits de ces
souverains.
Or le
premier
des deux
morceaux
antiques
du
rgne de Narm-Sin,
dcouvert Diarbkir, et qui fait partie depuis quatorze ans du
Muse
d'Antiquits de Constantinople
*,
est
d'une facture la fois trs fine et
trs
large
qui rappelle
celle
des artistes
contemporains
des
rives
du
Nil,
de Dashour et de Saqqarh en
particulier.
La courbe
des
paules, l'allongement
du
bras, l'effacement
des biceps,
la manire
dont
les tailles qui ont
model
les
nus
sont descendues de
haut
en bas et
dont
les reliefs se
rattachent
au fond
(Maspro), sont
identiques
ce que l'on
voit
dans les
sculptures
gyptiennes
contemporaines.
Le profil
du roi
d'Agad est mdiocrement conserv. Je crois cependant
reconnatre, dans la photographie qu'en a publie le
P.
Scheil, le
nez court
et
un
peu creux, la
pommette
accentue que nous montreront plus tard
les
monuments
cossens
:
la
barbe
est
abondante,
frise
autour
de
la
joue,
et
termine
par de longues boucles. Les bras nus, lgants, tiennent un
rouleau et un sceptre. Le
roi
est coiff d'un bonnet conique, fait
d'toffes
cousues et bordes de peaux dont
on
retrouverait les quivalents chez
les Turcomans modernes.
Le deuxime monument
de Narm-Sin, de mme poque (3.800 ans
av.
J.-G.) et de mme
style
que celui de Diarbkir, a t trouv SuseparM.de
Morgan en 1898 et constitue
l'une 'des
pices les plus importantes de la.
collection
rcemment
inaugure
au
Muse du
Louvre. C'est une .grande
stle
en
grs
jauntre, de 2
m.
sur 1
m. 05, termine
en pointe allonge
et dont une
double
inscription
dchiffre
par
le
P. Scheil a
fait
connatre
la
curieuse
histoire.
Un
premier
texte nous
apprend,
qu'elle a t leve dans la ville
chaldenne de Sippara,
pour clbrer
une victoire remporte par
Narm-Sin,
roi
d'Agad, sur le peuple des Louloubi.
Le
second texte
fait savoir qu'un grand conqurant susien, Khoudour-Nakhounta,
aprs
avoir subjugu
la
Msopotamie,
emporta
la
stle comme trophe
dans
1
G. Maspro. Note sur le
bas-relief
de Naram-Sin. (Rev. des Trav., t XV,
p. 65-66, 1893).
*
V- Scheil. Inscription
de Narm-Sin
(Ibid. p. 62-64).
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418 21
mars 1907
sa
capitale, vers
2300 ans avant J.-C, c'est--dire 500 ans aprs sa
conscration.
Cette
stle de Narm-Sin, retrouve
dans les ruines de
Suse par la
mission
de Morgan, nous montre une rgion
montagneuse
envahie par une
troupe
de
guerriers
qui
gravit
de
gauche
droite
travers
bois.
L paysage que
resserre
ce cadre
beaucoup
plus
haut
que large est
simplifi,
dit
M. Heuzey
*,
dans un sentiment qui lui
donne
quelque chose de
fantastique.
Au
sommet, un pic aigu figur gomtriquement comme un cne
inaccessible,
sorte de
btyle
naturel et gigantesque,
touche le ciel
o brillent
trois grands aslres
rayonnants.
Plus bas,
au pied
du cne, sur une crte
encore trs
leve,
un personnage
beaucoup plus grand que
tous les autres,
barbu,
orn
de
l'arc,
coiff du casque divin double corne de taureau,
foule sous ses
sandales des
ennemis
morts;
un
autre
vaincu
tombe
devant
lui frapp
d'une
flche;
un
troisime
demande grce.
...
Le
long
de
la
pente escarpe
montent
trois
files
de soldats coiffs
de
casques
couvre-nuque, porteurs d'tendards et d'armes
diverses,
mais
tous
dans
la mme attitude, la
tte
leve vers les cimes, ce
qui
donne l'ensemble
un
mouvement
ascensionnel
extraordinaire.
Vers
la
droite,
plusieurs
arbres de
montagne
rappellent par leur style ceux qui
figurent sur les
empreintes des rois d'Agad
2.
Ces conifres au tronc
tordu indiquent
une
fort,
derrire
laquelle s'abritent
quelques
fuyards
au
type sauvage
levant
les
mains
en signe de soumission.
Vaincus Louloubi et vainqueurs
Agadens
ont
t diffrencis, non
sans
beaucoup d'exagration,
par M.
Jacques
de Morgan, dans la
monographie
qu'il
a
rcemment
publie
3.
Je
reconnais
toutefois,
avec
l'explorateur
de
Suse, que les
premiers diffrent gnralement
des
seconds par leur profil
facial et surtout par
le volume
et
la courbure
de leur nez,
qui
rappelle
le
nez smite. Leur
chevelure
aussi
est
diffrente; ils portent derrire
la
tte
une
longue
et
paisse
tresse de cheveux
que
nous
retrouvons
chez
des
personnages plus rcents, au profil smitique.
Les
Louloubi seraient
donc, comme M. de Morgan l'estime,
des
Smites attnus.
Quant Narm-Sin et ses
soldats,
aprs avoir fait des rserves
sur
tout ce'que l'on a pu
crire
l'occasion du portrait de ce
souverain
plus
dtrior
encore
que celui de Diarbkir, j'admets que les Agadens, qui
composent
sa troupe, ne
sont
pas des Smites
et
diffrent sensioionient de
leurs ennemis. Ils
ont,
en
effet,
le
profil
creux
dont
je
viens
de
parler,
le
nez
court,
enfonc
la racine
et relev
du bout, les joues pleines, le
men-
1
L.
Heuzey.
Expos sommaire du Rapport de M. L. de Morgan sur
les
fouilles de
Perse. {Compt. rend. Acad. Inscript, et Belles-Lettres
1898,
p.
677).
* M. Heuzey rapproche,
dans une
note au
bas de la mme page,
le bas-relief
de
Suse de celui dit d'Agad, dcouvert par Sarzec et qui appartient peut-tre au
rgne
de Sargaris,
pre
de Narm-Sin.
8 J.
de
Morgan. Stle triomphale de Narm-Sin
(Dlgation en Perse,
t. I.
Recherches archologiques, l"sr. p. 144 etsuiv. Paris
1900 in-4*).
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E.-T.
HAMY. LA FIGURE HUMAINE DANS LES
MONUMENTS
CHALDENS, ETC.
ton
arrondi
;
la
barbe que
plusieurs portent
longue est taille en pointe :
bref
ils
offrent un ensemble de
traits
qui leur sont particuliers et
que
nous retrouverons
plus
loin
dans
l'iconographie
cossenne.
Les membres suprieurs et le tronc de tous les personnages de la stle,
Louloubi
et
Agadens,
sont
models
avec
une
lgante
harmonie; les
masses
musculaires, d'un dessin
assez
correct,
sont agrablement
arrondies aux bas et aux paules.
Les
jambes fines
ont
des contours
relativement purs
;
les pieds enfin, ceux, du roi en
particulier, chausss
de
sandales,
sont
excuts avec
une
sorte
de
dlicatesse.
Toute cette facture est
exceptionnellement artistique et a excit chez les connaisseurs un vritable
enthousiasme. J'ai
entendu
des sculpteurs en
renom
exprimer devant la
stle
de
Narm-Sin une
admiration
tonne,
double
mme
chez
plusieurs,
de doutes,
injustifis d'ailleurs,
sur
l'antiquit
du
morceau.
C'est
un
autre art,
bien
infrieur celui d'Agad, qui se manifeste
Tell-Loh,
l'antique
Sirpourla, sige
d'une
dynastie
de prtres rois
ou patesi
dont
les plus anciens remonteraient
32
sicles avant notre
re.
Dans
les
amas de
ruines
qui
s'lvent aux
bords du
Ghott
el
Ha, a 15
heures de
marche
au Nord de Moughr, M. de
Sarzec
a dcouvert des
uvres
la
fois naves et
rudes
et
qui
reprsentent
souvent des scnes d'une violence
brutale. La
stle
des
vautours,
par
exemple, qu'ont illustre les belles tudes
de M. L. Heuzey ', nous
montre
des cadavres amasss, des rapaces
qui
emportent dans leurs serres des dbris
humains,
de
malheureux
captifs
entasss dans une cage, etc. etc.
C'est un
tout
autre sentiment qui a
inspir
ces
uvres
ralistes et gros-
sires, c'est
une technique
bien
diffrente
qui
les
a excutes.
Quelques
traits
communs
apparaissent
cependant, qui rattachent les deux coles.
Comme Narm-Sin, Eannadou, le
premier
chef de
Sirpoula qui'
nous
apparaisse, est beaucoup
plus
grand que ses
compagnons
militaires et
domine
toute la scne; il marche
vers
la
droite
avec
sa
phalange, ainsi
que
marchaient
les Agadsiens.
Gnral et soldats sont d'ailleurs
disproportionns,
au
lieu de mesurer
6 ttes
6
ttes et demie comme
les
gens
de Sippara,
ce
qui est
dj
bien court
ils
ne dpassent gure
5
ttes.
Ils sont- vigoureux et muscls', leur
poitrine
est
vaste, leurs
bras. sont
robustes et leur visage se distingue par un norme nez profil convexe,
qui
continue parfois
sans interruption la
ligne
du front ; les lvres sont
plutt
minces
et
le
menton carr
est
sensiblement
en
retrait
On trouvera ci-contre
fig. 1) une
reproduction fidle d'un des monuments
les
plus
anciens que
l'on
possde des patesi de
Sirpourla.
II reprsente
Our-Nina,
l'aeul d'Eannadou, offrant
un sacrifice
avec
ses quatre fils.
1 L. Heuzey. Reconstruction
partielle
de la stle du roi Eannadou, dite stle
des
vautours. {Compt.
Rend.
Acad. Inscrip. et Belles-Lettres,
1892,
p. 262-274. pl.I.-H).
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120
mars 1907
J'ai plac en
face
(fig. 2)
la
photographie,
d'un
Kurde Bourouki
de
l'Asidja, que
j'emprunte
aux prcieux albums de M.
Chantre
et qui
montre un type trs voisin de celui de
Sirpourla, conserv
de nos jours chez les
montagnards
de la haute
Msopotamie
l.
>*>r*
* V
;
/'
Fig. 1.
Our-Nina et sa
famille.
Tell-Loh.
(Muse du Louvre)
Fig. 2. Kurde
Bourouki.
(Coll.
Chantre).
Avec le patsi Gouda, que trois
sicles
peut-tre sparent des Our-
Nina et
desEannadou, ce
sont de nouvelles
figures
encore
qui se
prsentent l'observation de l'anthropologiste.
Le
personnage de ce nom a laiss de lui de nombreuses
images, presque
toutes
mutiles par
malheur, mais qui
permettent
nanmoins d'tudier
dans une partie de ses caractrrs de
nouvelles
manifestations
artistiques
de laBasse-Chalde,
un
nouvel
aspect
de ses anciens habitants.
Ce
sont pour
la plupart des
statues,
debout
ou assises,
de
proportions
trs
ramasses,
2
et de
structure subanguleuse; la
main droite est
dans la
gauche,
c'est--dire
que
le
personnage
offre
cette
attitude
de
respectueuse
attention
que prend encore aujourd'hui en Orient
tout
serviteur
attendant
les
ordres de son matre. L'paule et
le
bras laisss nus sont souvent d'un
1 Cf.
E. Chantre.
Recherches
anthropologiques
dans
l'Asie Occidentale. Mission
scientif. en Transcaucasie,
Asie
Mineure et
Syrie,
4890-1894 (Arch, du
Mus.de
Lyon, t. VI,
pi
XIII, fig. I).
1
La seule statue intacte que nous connaissions de
cette
poque
est
dans
la
collection
de Clercq. Elle donne la proportion de 4
ttes
au plus.
7/23/2019 La Figure Humaine Dans Les Monuments Chaldens, Babyloniens & Assyriens Hamy
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E.-T.
HAMY. LA FIGURE HUMAINE DANS LES MONUMENTS GHALDEENS, ETC.
121
assez bon
model,
les mains
sont
minutieusement tudies jusqu'aux
ongles
et les pieds aplatis sur
le
sol sont d'une certaine vrit.
Fig,.
3.
Goudia, Tell-Loh. (Coll.
de
Clercq).
La tte dont
on connat plusieurs spcimens,
grands et
petits,
et dont
le
Muse
de
Berlin conserve notamment
un fort bon
exemplaire
intact,
dtourn
par
quelque
ouvrier
de
la
fouille
de
Sarzec,
la
tte,
dis-je,
a
la
forme d'un
ovale
plus
ou
moins arrondi
dont
on apprcie d'autant mieux
les
proportions rgulires et symtriques, qu'elle
est reprsente dans
quelques
cas,
compltement
rase.
Voici quels sont les traits dominants de
ces uvres
d'art,
suivant
M. L.Heuzey ' :
On remarque
d'abord,
dit-il,
dans
la conformation gnrale,
une
attention
particulire
observer
les proportions qui marquent la capacit
et
la
puissance
de
l'esprit :
le
front large,
les
tempes
pleines,
le
beau
dveloppement
dolichocphale,
donn
aux
courbes
du crne. Quant aux
yeux
le
statuaire
chalden
considre
comme
une
beaut
de les
faire
grands,
souvent mme
d'une grandeur exagre.
Ils
se
rapprochent
de la forme
rgulire de l'ellipse
avec les
paupires
profondes,
bien
enchsses
et le
sillon
lacrymal franchement incis. La position de l'il est
horizontale,
sauf
un lger relvement
de la
paupire
infrieure
vers
l'angle externe,
dtail
frquent
chez
presque
tous les
Orientaux.
Ces caractres font
plutt contraste avec
les petits
yeux obliques et brids
des races
mon-
goliques.
1
Cf. L. Hkuzey. Dcouverte en
Chalde
t.
II,
p.
103.
soc. o'anihrop. 4907.
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8/18
122 .
21 mars 1907
Si
le dessus
des yeux,
continue
M. Heuzey,
n'est
pas exempt de
convention,
il
y en
a
surtout
dans les
sourcils
que Je* sculpteur
chalden
accuse en relief comme des traits de force. Les
deux
arcs, tracs avec la
rgularit du compas, se rejoignent invariablement la naissance du
nez
.
C'est
la
un
caractre constant
qui
se
perptuera
dans
toute
la
suite
de cet
art. Les pommettes et le
menton
sont assez ressentis, continue
M.
Heuzey, peu prs comme
dans les uvres
de l'archasme grec,
malgr
une tendance
toute orientale les envelopper
davantage, en y
marquant l'embonpoint .
Le nez
est
d'un
profil tout
droit,
relativement allong et
termin par un
lobule
mince
et
des narines
a
la
fois
basses
et
peu dilates.
La bouche est finement dcoupe en arc et lgrement empte
vers
ses angles. Elle ne
dpasse
gure les narines en largeur. Le menton est
d'une
forme
toute
particulire, taill a pic et ovale en
travers. Les
mchoires
sont
fortes
et
carres.
L'oreille
trs
grande,
attache
trop
haut,
et
trop en arrire, est
bien
ourle, mais sa conque est trop large.
Ce qui
frappe
dans
ces
ttes, dit
encore M.- Heuzey,
c'est
un
caractre
d'expression :
c'est
un air
de
simplicit
demi-souriante
et comme
de
bonhomie patriarcale. Nous
voil bien
loin des scnes de carnage du
farouche Eannadou. Gouda
nous transporte
au milieu
de la
vie
famil ia le
demi-bourgeoise et
demi-rustique, des trs anciennes cits
et
des
peuples en
formation.
Bien que les ttes jusqu'ici retrouves
Tell-Loh
reprsentent
certainement
pour
la plupart des personnages
rels,
rois, princes, hauts
dignitaires, la convention y a trop de place,
pour
que l'on
puisse
songer des
images
ressemblantes.
Sans
doute
le
type
n'est
pas
uniforme
et
les traits
ne paraissent
pas
mesurs
d'aprs
un
canon
bien
fixe.
Le
sculpteur
sait
tenir
compte de certaines
diffrences
d'ge et de complexion, la facture
se
modifie aussi
avec les
poques et
suivant
le
got des ateliers
.
Cependant la recherche de la
vrit locale
ne
va
pas, on l'a dj
dit,
jusqu'au
dtail
individuel.
Ici, comme
Sippara, l'artiste s'est
content
de
reproduire assez
fidlement un type national qu'on retrouve encore sur
place.
Lorsque M. Heuzey a voulu
rajeunir
en 1889 pour
notre
Muse
rtrospectif
de l'Exposition Universelle le Gouda assis de la
collection
Sarzec,
M.
Pottier n'a
pas eu
beaucoup
de
mal dcouvrir
parmi les
Asiatiques
attirs
Paris par
l'Exposition
Universelle
un
Chalden,
Assori,
originaire des bords du lac
d'Ourmiah,
qui
rappelait
assez
bien
la
physionomie
du vieux
patsi
de
Sirpoula,
pour que M. Hbert pt restituer, son
portrait
l'aide
de ce modle improvis
2. J'ai
eu moi-mme
rcemment
l'occasion
de rencontrer
Paris
une
Levantine qui rappelait,
presque
trait pour
trait, la tte du Muse de
Berlin dont
j'ai parl plus
haut.
1 Heuzey.
Loc. cit.. p. 103-104.
* Cf. G. Maspro. Op.
cit.,
t. I, p. 623.
7/23/2019 La Figure Humaine Dans Les Monuments Chaldens, Babyloniens & Assyriens Hamy
9/18
E.-T.
HAMY. LA FIGURE HUMAINE DANS LES MONUMENTS
CHALDENS,
ETC. 123
Elle avait les sourcils tout aussi rguliers, mais sans la commissure; les
yeux
taient
immenses et
d'un
ovale parfait.
Le nez
un peu moins
allong descendait tout droit; les
narines,
les
lvres
affectaient les mmes
lignes,*
le menton enfin offrait cette forme ovale en travers
qui
est si
frappante
Tell-Loh.
On retrouve tout cet art de
Tell-Loh
dans
un certain nombre
de
petites
figurines en terre
cuite,
provenant
de diverses
localits
de
l'ancienne
Chalde, Hillah, Ouarka, etc. Pousses dans des moules d'une seule pice,
avec
un revers plat, ces statuettes
d'argile
ont des formes courtes,
ramasses
d'une
plnitude
un peu vulgaire
suivant
l'expression
de M. Heuzey,
et rpondant
tout fait
au caractre des statues de pierre de
Tell-Loh,
dont elles
prennent d'ailleurs le plus
souvent
l'attitude conventionnelle.
Mais il s'en rencontre d'autres, dans, la
mme
rgion,: d'une
excution^
beaucoup
plus
avance,
travailles
jusque
dans
les
moindres
dtails
de
la dcoration
et
du
relief
avec -une dlicatesse souvent
merveilleuse
et
qui caractrisent
une
autre priode, dans
laquelle
on est
conduit
faire
intervenir
un
nouvel lment
ethnographique
d'origine particulire.
M. Heuzey
qui
a,
le
premier,
signal
l'intrt de ces petits
monuments
l
et dont
l'attention
tait veille, on
l'a vu
plus haut,
sur l'importance
de
la morphologie oculaire, n'a cependant
rien
dit
du
facis mongolique
des
yeux
de
toute
une srie de
ces
figurines babyloniennes.
Je
citerai,
en particulier, la desse
nue
(pi.
I,
fig.
3 de son mmoire)
debout,
les jambes assembles dans
une pose
symtrique, tandis que les
mains pressent les seins,
pour
en
faire jaillir
le
lait.
La
face est
comme triangulaire,
le
nez est
large
et
plat
et
les
fentes
palpbrales troites sont
non seulement allonges,
comme
l'observe
M. fleuzey,
mais
extrmement
obliques. L'angle
externe est trs
relev,
l'angle interne masqu
par
un replis falciforme, ce qui
donne tout
fait
l'aspect
des yeux dits
la chinoise.
Le
corps est
robuste
et un peu raccourci, les paules sont larges, ls
hanches
considrables.
Le Muse
britannique
possde
des
statuettes
masculines du
mme
style, ornes
d'une
longue barbe tresse,
et dont
les
yeux
ne sont pas moins
obliques
que ceux
de
la
desse nue
du
Louvre.
Elles
sont exposes sous le nom du Dieu Nbo.
C'est
ce
mme
groupe
ethnique qualifi
de
touranien
et
de
mongolode,
qu'appartiennent galement deux monuments
bien plus clbres,
que
Franois Leoormant
figurs
et comments dans son
beau
livre
sur
la
Chalde
2.
L*
Heuzey.
Les
terres
cuites babyloniennes (Rev.
Arch.',
1880, t.
XXXIX, *p.-i'
et
suiv., pi.
I.
1 Fr. Lenormant. La langue primitive
de la Chalde
et les idiomes touraniens,
Paris,
1875, in-8
7/23/2019 La Figure Humaine Dans Les Monuments Chaldens, Babyloniens & Assyriens Hamy
10/18
124 21
mars 1907
Le premier model
en terre cuite a
t
trouv Senkereh,
l'antique
Larsa, sur le
Bas-Euphrate et
porte
l'image
d'un
serviteur rustique
qui
conduit
un
molosse.
Le second,
qui est le portrait d'un roi de Babylone,
Fig.
4. Paysan
et chien, Senkereh. (British
Museum).
Marodach-Wadin-Akh, dont
on
fixe la
date
1228 avant notre re, se
dessine en bas-relief finement sculpt sr une borne
limitative
en basalte
noir.
Des
photographies exactes de
ces
deux
pices
sont
reproduites* ci-
contre
(Jig. A et 5) :
Les
deux sujets
sont
robustes
et trapus.
L'homme au
chien
est
un
type grossier
de
la race
dont
Marodach est le
type fin. Son nez en pied de marmite, sa bouche large etlippue, ses
pommettes fort apparentes et places relativement en haut et en dehors le
distinguent
aussi profondment
des
guerriers
d'Eannadou que le seraient
nos
paysans
du plateau Central
compars
des Arabes
ou a
des
Juifs.
Marodach
est aussi
fort
diffrent
bien des
gards
des patsi de Sir-
pourla. Si son buste de dimension moyenne n'est gure
moins
vigoureux,,
si
ses
membres
n'offrent
rien
de
bien
personnel,
son
profil
est court,
son
nez est
petit
et creux, un peu relev
de la
pointe,
sa
bouche est charnue
ses yeux sont
saillants,
ses
joues
pleines, ses pommettes accentues.
1 J'ai tenu
d'autant
plus
reproduire ici de
bonnes
preuves de ces
monuments
que le
premier est
tout
fait
altr
dans le
clbre ouvrage
de Rawlinson (The
five
great Monarchies,
2
d. vol. II, p. 560) et
que
le second est
mconnaissable dans la
gravure qu'en ont donne Nott
et
Gliddon
(Types of
Manhind, 10 d.
Philadelphia,
1871,
in-8* fig. 251,
p. 392).
7/23/2019 La Figure Humaine Dans Les Monuments Chaldens, Babyloniens & Assyriens Hamy
11/18
E.-T.
HAMT. LA FIGURE HUMAINE
DANS
LES
MONUMENTS
CHALDENS, ETC. 125
Tout cela rentre dans le type des Agadens
de
la
stle de Narm-Sin,
plus
ou
moins
assimils par suite
des Mongolodes.
Fig.
5.
Marodach-Wadin-Akh,
(
British
Museum)
Or
ce monarque appartient la srie des rois babyloniens d'origine
cossenne
qui
ont
gouvern
la
Chalde
avant la
domination
de l'Assyrie
et
dont
la
mission de
Morgan
a
retrouv dans les fouilles de Suse
plusieurs
autres
monuments
analogues celui dont
il
vient d'tre
question *.
Or,
la seule sculpture fort antique que l'on ait rencontre, jusqu'ici,
dans la
contre
d'o
taient
descendus les montagnards Kassehi
ou
Cossens
qui
ont ainsi possd Babylone
du
xve au xvn
sicle avant
notre
re
est
de
la
mme famille
artistique.
C'est
la
stle de
Hourin-Cheikh-Kn, prs
Khalman, au
pied du
Zagros, dont
on .a
dit,
non
sans exagration, qu'elle
nous fournit peut tre
le
plus
ancien
spcimen
de
sculpture
de toute
l'Asie.
^
On y voit un
guerrier
court et massif,
arm
d'un arc avec ses flches
dans un long carquois de cuir.
Il
est vtu d'un
court
jupon serr par une
large
ceinture
qui
porte
une
hache
de pierre
curieusement
emmanche,
et
foule rudement
de son pied massif
un
sauvage tout
nu,
tandis qu'un
autre, un genou
en terre, implore la
misricorde
du
vainqueur.
Celui-ci le visage fortement
empt,
un
nez
creux et
retrouss, un
il
norme, un
menton
fuyant, des pommettes paisses. Sa coiffure est
1
Je
citerai le bas-relief de
la
fileuse
et
les
Koudourrous des rois Cossns, Nari-
Maroddach (1330 av. J.-C.) et Malisihu (1U4-U30), (Morgan,
op.
cil., p. XI-XIV et
XVI) dont
je prsente
ci-joint
les projections.
7/23/2019 La Figure Humaine Dans Les Monuments Chaldens, Babyloniens & Assyriens Hamy
12/18
126
21
mars 1907
un bandeau pliss
qui semble border
une
sorte de calotte. Un
collier
de
gros
grains
suspend un large
mdaillon *.
Ce type
ethnique
se
retrouverait ainsi Khalman
peu
prs
ce
qu'il
est
Senkereh et rappellerait, lui aussi, les Agadens
de Nram-Sin.
On
rencontre
de
nos
jours
chez
les
Tatares,
en
particulier
dans l'Ader
beidjan, des
sujets
que Ton confondrait volontiers avec les Chaldo-Baby-
loniens du type de Mardouk.
Fig. 6. Djafar-Kouli, Aderbeidjan. (Coll.
Chantre).
La
figure
6 ci-jointe, qui reproduit, d'aprs- une photographie de
M. Chantre, le portrait de
Djafar-Kouli,
un Aderbeidjan de Ghoucha,
au
service
du
gouvernement
russe, me parat
mettre
bien en vidence ces
ressemblances ethniques. C'est bien l cet lment touranien, pressenti
par
les linguistes
et
qui, combin l'lment kouschite
ou nemrodien
dont l'iconographie de
Tell-Loh nous
a
conserv l'empreinte,
a
donn
naissance
la civilisation chaldenne dans
laquelle le Smite
n intervient qu'accidentellement et tardivement s.
1
Cf. J. de
MokGAN.
Mission scientifique en Perse.
Recherches
archologiques.
T. IV, p.
150
et
suiv.
et
pi. X.
Paris, 1896, in-4.
1 Le contrle de l'anthropologie descriptive
fait malheureusement
dfaut, en
ce
qui
concerne la Chalde.
J'ai
runi
dans
un travail
spcial
tout
ce que l'on sait de la cr-
niologie babylonienne. (E.
T.
Hamy. Documents pour servir l'anthropologie de la
Babylonie (Nouv. Arch,
du Mus.
2* sr.
T.
VII); Ips pices connues ne
remontent
pas
au del du rgne
de
Seleucus (322
ans av.
J.-C). Les crnes
des tells babyloniens,
rapports
par
Hber,
montrent
que
le peuple,
relativement rcent,
auquel
ils ont
appartenu, ne peut-tre considr,
suivant
une expression
de
Rawlinson,
que
comme
une varit de
la grande
race smitique (G.
Rawlinson,
op, cit., vol. II, p. 498).
7/23/2019 La Figure Humaine Dans Les Monuments Chaldens, Babyloniens & Assyriens Hamy
13/18
E.-T.
HAMY.
LA.
FIGURE HUMAINE DANS LES MONUMENTS CHALDENS, ETC.
1271
II
Les monuments gyptiens nous ont dj mis en contact avec
un
certain
nombre de
nations
antiques appartenant a ce groupe
primordial, auquel
les linguistes
ont
donn
les
noms
de
smite et
de
smitique et que
l'on
appelle couramment syro-arabe dans les classifications des anthropolo-
gistes.
Nous
avons
ainsi
successivement pass en revue les Amou puis
les
Seigneurs
des
Sables
(Herou
Shatou), Menitou, Petti, Satti; puis les
Amorites, etc., etc.
L'tude de l'iconographie chaldo-babylonienne vient de nous mettre
entre les mains
quelques
documents analogues se rapportant aux Lou-
loubi et d'autres nations smitiques ou smitises
de la Msopotamie.
Tous
ces
peuples se sont prsents nous
sous
des traits fortement
accentus et
uniformes, un
front fuyant,
un
grand
nez
aquilin, de gros
yeux,
des
lvres
fortes
et
droules,
l'infrieure
surtout,
etc., etc.
C'est
sous
ce mme aspect que les
Assyriens
se montreront presque
toujours
a nos investigations1, dans les nombreux monuments
qu'ils
nous
ont laisss et qui
s'chelonnent
du xi
au
vu8
sicle.
Pas plus que les Ghaldens, dont
ils
continuent
la tradition, en
exagrant la fois
leurs
dfauts et
leurs
qualits, les Assyriens ne se sont
proccups
de faire des portraits. Aussi, part des diffrences
lgres
et
surtout techniques, caractrisant une poque, un canton, un atelier, ne
rencontrerons-nous qu'un petit
nombre
de varits de types, trop
semblables
d'ailleurs
entre elles pour que nous soyons autoris
admettre
Vhypothse
de
tentatives
de
ressemblances
individuelles.
Toutefois
la personne
royale
parat
bien
tre
l'objet
d'une
reprsentation
prcise,
comme en Egypte ou en
Chalde,
et
mon
regrett confrre,
M. .7. Menant, me semble
bien
avoir prouv que c'tait l'image personnelle
du
souverain
que
l'on
offrait aux hommages de
ses
sujets en
reproduisant aussi
fidlement
que possible les traits de sa physionomie '.
On est
amen
penser
que ce sont galement des
portraits
d'aprs
nature qui reprsentent certains
fonctionnaires
levs, comme celui dont
j'emprunte
la
figure
la collection de Clercq {fig. 7). C'est un trs beau
type ethnique, uvre d'un sculpteur exerc et d'une poque o l'art
1
Entran
par
l'autorit
de
Renan, qui
admettait
alors
que
l'histoire nationale des
Assyriens n'a point le caractre smite et que la population de la Msopotamie
rsulte
du
mlange d'lments
smitiques
et aryens, Fr.
Pulczky
a commis l'erreur
de
considrer divers
portraits
assyriens
tels que
celui
d'Essarhaddon
comme
des
reprsentations parfaites du type aryen
de
l'aristocratie
de
Ninive * of the
Arian
type of
the
Ninevite
aristocracy
qu'il s'efforce
de distinguer
d'un autre type auquel il
impose
le
nom de
Shemite.
(Fr.
Pulczky, Op. cit.
Iconographies
Researches on Human Race,
and their art.. Indigenous
Races,
p. 145). of
the
Earth de Nott et Gliddon,
Philadelphia, 188?. in-80.
1 J .
Menant.
Remarques sur les
portraits des
rois assyro-chaldens (Compt.
Rend.
Acad. Inscript, et Belles Lettres, 1882.
Cf. Fr.
Pulczky.
loc.
cit.,
p. 146-
147).
7/23/2019 La Figure Humaine Dans Les Monuments Chaldens, Babyloniens & Assyriens Hamy
14/18
128 21
mars
1907
assyrien a excut les uvres les plus parfaites.
Il
provient en effet des
ruines de Koyoundjik et date du rgne d'Assour-bani-pal.
Fig.
Personnage
Assyrien, Koyoundjik.
(Coll. deClercq).
Le personnage est figur, faisant un sacrifice une divinit l.
La
tte
prsente,
dit
M.
de
Clercq,
le
type
habituel
des
grands
personnages; la
chevelure, trs
soigne
sur le dessus du
crne, est maintenue
par un riche
bandeau
formant diadme, compos d'une bande godronne
sur laquelle sont attaches, au milieu
du front,
une grande rosace en
forme de
fleur
et, de chaque ct, une autre rosace un peu plus petite; en
arrire,
le bandeau
est maintenu par un
nud.
Les cheveux tombent
en
longues boucles sur
le
cou
et
le
dos et se
terminent
en
frisures
superposes
et symtriques; entre le front et le bandeau, ils apparaissent encore et
forment une bande troite et ondule. L'oreille est orne d'un riche
pendant... L'il
est fendu en
amande;
la pupille bien marque: le sourcil
fort
et
trs
indiqu;
le
nez
fin
et
lgrement
aquilin;
la bouche
petite
et la
lvre
suprieure
recouverte par une moustache peu paisse, la barbe
forme
une ligne
qui
s'arrte sur la
joue,
recouvre la moiti
de
la lvre
infrieure et se
prolonge
en boucles roules et artistement frises jusqu'au
milieu de la
poitrine
. Ce beau bas-relief
reprsente
le type
aristocra-
1 Ce
pourrait
tre le roi lui-mme qui
aurait
quitt
sa tiare, pour
se prsenter
devant son
Dieu (Cf. Collection
de
Clercq. Catalogue mthodique et raisonn,
t.
II,
p. *30, 1890, in-f ).
*
Id.
ibid. t.
H,
p. 129, pi. XVI.
7/23/2019 La Figure Humaine Dans Les Monuments Chaldens, Babyloniens & Assyriens Hamy
15/18
E.-T.
HAMY.
LA FIGURE HUMAINE
DANS
LES
MONUMENTS
GHALDENS, ETC. .129
tique de la race dont d'innombrables figures d'une excution
bien
moins
parfaite nous montrent
le
type
populaire,
sous des
traits plus
pais avec
des yeux plus
gros, un nez
plus aquilin, la
lvre
infrieure droule,
spare du
menton
par un
sillon
plus ou moins accus. Grossire ou fine,
la
figure
assyrienne
est
toujours intermdiaire
entre
l'adolescence
et
l'ge mr. L'on n'y observe
jamais,
comme l'a
si
justement remarqu
M. Babelon,
la
trace
d'un sentiment ou d'une motion quelconque; le
visage reste
toujours
impassible, il ne rit jamais, ne pleure jamais. Les
gestes
sont seuls
chargs d'exprimer
et de traduire ses impressions
*.
Tandis
que l'Egyptien
va
presque
nu
et nous montre
par
des milliers
d'exemples comment il savait
rendre-
les
formes
du
corps, humain,'
l'Assyrien
est
presque entirement vtu et l'on ne
voit
dcouvert que
la
tte,
le
cou,
les
bras et
les jambes
que
l'artiste met
en mouvement'
avec une
nergie brutale *.
Comme
l'Egyptien
et
comme
le
Chalden, l'Assyrien dessine
le
plus
souvent son modle de profil, mais il a moins de
rpugnance
attaquer
la figure deface. Seulement, comme il n'a aucune ide des racourcis, il
pose
maladroitement de profil les
pieds
du personnage,
dont
le membre
infrieur
apparat comme
dsarticul.* Si celui-ci doit se retourner,
le
sculpteur lui
posera
la tte
sens devant derrire et
il
tordra de mme
faon, sans hsiter, les pieds et les mains.
La
myologie
est
exagre
plaisir,
les muscles
de l'avant-bras et
surtout ceux
du
mollet sont indiqus par de vritables sillons. Les rotules
et
les
chevilles sont
cernes
d'un
trait, les pieds
et
les mains
ont
les
doigts
gaux.
Aucune
autre race,
dit
Rawlinson,
ne
nous
est
reprsente
dans des
monuments plus forte et plus robuste. Ces membres, d'une chair
si ferme,"
sont
trop pais
pour tre beaux,
mais ils indiquent
une puissance
physique qui est en rapport avec
tout ce
que
l'on
sait de
ce
peuple
minemment guerrier.
La
tte
est plus soigne que le
reste
.du corps, mais elle a toujours,
comme celle de l'Egyptien ou du
Ghalden,
un
gros
il
de face dans le
visage de profil.
Deux
varits, l'une imberbe et l'autre barbue, se
partagent les
bas-reliefs
et les statues. M. Babelon
tablit
dans
ces
deux cat-.
gories d'uvres d'art des
subdivisions plus prcises. La tte barbue
est
frise, dit-il,
en
bourrelets
trs
courts,
ou
bien
la
barbe
est
tortille
en
nattes
parallles
et symtriques.
Cette
dernire forme
est
rserve
aux
figures
royales
ou
celles des
hauts fonctionnaires de
la
Cour. Dans
les
ttes
imberbes il faut aussi distinguer le
type
spcial consacr aux figures
d'eunuques
toujours bouffies
et sensuelles.
Les ennemis
attaqus par
les
armes
assyriennes
(la
plus
grande partie
des bas-reliefs mettent, en effet, en scne des combats) ont t traits, le
1 E. Babelon ap. Fr. Lenormant. Hist: Ane.
de
l'Orient, d.
t.
V, p. 334-335,
1887.
2 Cf. G. Rawlinson. Op. cit., vol. 1, p. 240.
7/23/2019 La Figure Humaine Dans Les Monuments Chaldens, Babyloniens & Assyriens Hamy
16/18
130 . -21
mars 1907
plus
souvent
avec les
mmes procds de convention
dans les panneaux
dcoratifs
qui
nous
ont
conserv
l'histoire
de
leurs dfaites. Et
ce n'est
qu*
une poque relativement rcente qu'entrans par leur
gnie
raliste,
dsireux
d'ajouter
a l'exactitude
des
tableaux dont
ils dcoraient,
entre
deux
campagnes,
les
murailles
des
palais,
les
artistes ninivites
s efforcrent
de
rendre avec quelque fidlit
les
types
des races
vaincues et
subjugues. Ils copirent
directement
la nature avec leur
rudesse
habituelle,
mais
avec
assez
de ressemblance,
pour qu'il
ne
soit
pas trop
malais de
distinguer
dans
leur uvre,
quoi qu'en
ait
pu
dire
Beul
',
des
types
ethniques dissemblables, aussi
accentus
par
les
traits
du
visage
que
par
les accessoires. Ces types, distingus par les Assyriens, ne sont d'ailleurs
ni aussi nombreux ni aussi tranchs que l'assuraient
Nott
et
Gliddon *.
Il
m'a toujours paru
*,
comme a Rawlinson i, que les traits physiono-
miques, invoqus un peu arbitrairement par
les
auteurs amricains
dans
leurs
descriptions
iconographiques,
sont
communs
aux
Smites
en
gnral
et ne sauraient
distinguer
parmi les peuples de cette grande
famille
humaine tel ou tel groupe en
particulier. Le
sculpteur assyrien l'a si
bien
senti, d'ailleurs, qu'il
recourt,
pour faciliter
l'intelligence de ses
panneaux, des caractres secondaires
emprunts
l'ethnographie.
L'Arabe, par
exemple, ne se distingue aisment des
autres Smites
ni
par son
profil, ni
par
sa
chevelure ou
sa barbe,
mais
il
a
sa
monture, un
mhari lanc
au
trot3. L'Hten
a
son
bonnet
pointu
et ses, souliers la
poulaine 6,
le Juif, le Syrien, le Kurde, etc., se particularisent,
de mme
faon, par
des dtails
de
coiffures,
de
costumes,
etc.
A
cl
de ces
physionomies
d'un smitisme en
quelque
sorte
banal, on
trouve
quelques
types
plus
tranchs,
un
type
babylonien
et
un
type
su-
sien,
par
exemple,
dj distingus par le
judicieux
historien des grandes
monarchies orientales 7.
Le
Babylonien
de Rawlinson, reconnaissable
tout
d'abord au
turban
plat
que nous connaissons dj par les monuments de Tell-Loh et de
Hourin-
Cheikh-Kn, est
tantt d'aspect
smitique et
tantt mongolode,
ressemblant volontiers
dans le second
cas au
roi
Marodach dont il tait
question
un peu
plus haut.
J'ai
fait
dessiner au Louvre, en 1870, d'aprs un bas-
relief de Koyoundjik, la
tte
d'un Babylonien que
l'on
trouvera dans les
1 Beul. L'art assyrien (Journ. des
Savants,
1870,
p. 420)Cf. Physical
History
of the Jews
ap
Nott et Gliddon, Types of
Mankind,
10 th edit.
Philadelphia. 1871, in-8*.
*
Cf.
Crania Ethnica, p. 152. .
* Op. cit. vol.
1,
p. 238-289.
8 A.-H. Layard.
The monuments
of Niniveh from drawings made on the spot...
London, 1849, in-fo, pi. 57.
6
Id
ibid.,
pi. 40, 41, etc.
Cf. G.
Rawlinson.
The five great monarchies, vol. I,
p. 289. Botta et Flandin. Le monument de Khorsabad, Paris, 1849,
in-f\
pl.~81.
7 G. Rawlinson.
Op. cit., vol. II, p. 499-500.
7/23/2019 La Figure Humaine Dans Les Monuments Chaldens, Babyloniens & Assyriens Hamy
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E.-T. HAMY. LA FIGURE
HUMAINE
DANS
LBS
MONUMENTS
CHALDENS,
ETC.
131
Crania
Ethnica.
C'est un archer des troupes auxiliaires, il est au
voisinage immdiat d'Assur-bani-pal, et son
image,
excute par la mme
main trs habile qui a fait le portrait
du
Roi1, est
fort' diffrente des
images analogues qu'on trouve dans les autres panneaux enlevs de la
mme
salle.
Ces dernires, comme aussi
celles
des Susiens,, modeles par de simples
praticiens plus ou moins exercs, ne se
distinguent
gure que par le
costume des silhouettes assyriennes qui les
accompagnent.
L'archer
babylonien de la garde du Roi, cisel
par
le
matre
sculpteur qui a entrepris la
dcoration de la
salle,
offre
au contraire
des traits que je qualifie de
nationaux et que
je
ne
puis
pas m'empcher de considrer comme
tout
aussi
caractristiques
que les dtails de
sa coiffure,
de
son quipement, etc.
Le Susien de
Rawlinson
est identique celui du Louvre dont j'ai donn
dans
le
mme
ouvrage
une
reproduction photograve
i.
C'est de
beaucoup
le plus rpandu des
deux types qui reprsentent
les habitants
de la Su-
siane dans les
bas-reliefs
de
Koyoundjik.
Ngrode,
issu
de quelque
mtissage
de Kouschite et de Ngre,
il
porte
les
cheveux en mches pendantes
l'thiopienne et retenues
par.
une
troite
bandelette : la
barbe,
courte et
drue, est figure par un
quadrill
serr.
Son
nez, relativement plat, ses
narines
dilates, ses pommettes saillantes, ses lvres paisses, etc., en
font
un
type de race
bien
observ
et bien rendu 3,
mais d'une
interprtation malaise et
dlicate.
M. Houssay, qui accompagnait comme
naturaliste
la mission
Dieulafoy
Suse,
explique les caractres ngrodes du Susien
par un
croisement de
Negritos,
apparents
ceux qui
vivent encore
dans
l'Inde
*.
Cette thorie ne repose malheureusement pas sur des bases
suffisamment larges
et solides, mais il
semble
bien rsulter
des
documents de
l'auteur que les Susiens
actuels
offrent des caractres physiques qui
confirment
l'identification de
Rawlinson.
On voit encore, dans les bas-reliefs assyriens, des auxiliaires ou des
vaincus
de types indcis et
dont
on est all, en se guidant sur
leurs
costumes, leurs armes, etc., chercher la patrie
au
Taurus
ou
dans
les les. Je signalerai, en
particulier,
les
combattants
de
la
salle V de
Khorsabad, dont
l'un offre
un
beau
profil grec, tandis
qu'un autre
est
un
vrai.
ngre
aisment
reconnaissable
sa
chevelure
forme
de
petites
boucles serres
qui couvrent toute
la tte. Le nez de
ce
dernier est court
et large, mais les mchoires sont peu accuses. Il se dtourne brusque-
1
G. Rawlinson. Op. cit., vol.
II, p.
500.
* Cf. Crania Ethnica, p. 453,fig. 17 9.
Ibid.,
p. 452.
Fr.
Houss,ay.
Les
races humaines de la Perse
(Bull.
Soc.
d'Anthrop.
de
Lyon,
t..
VI, p. .486-445, fig. 6.7, 4887). M. Houssay
fait
des Susiens des Aryo-Ni-
grodes.
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132
21
mars 1907
ment
pour
ne pas tre cras par
les
chevaux
des
Assyriens qui accourent
au galop l.
Fig.
8. Assyriens et
Ngre.
Khorsabad (Botta
etFlandin).
Pulszky
suppose
que ce ngre aurait t un de ces esclaves
transports
en Asie
par
des marchands phniciens,
et que l'on
aurait
voulu perptuer
par
ce portrait
le
souvenir d'un vnement
aussi
extraordinaire
que
la
prsence
d'un
Noir
dans les
rangs
des ennemis
de Sargon. L'observation
de Khorsabad est d'ailleurs demeure unique
dans
la science.
Le
type
assyrien
des monuments
ninivites s'est
maintenu sur place
l'tat sporadiqueet Pulszky a
donn
le profil d'un bourgeois de Mossoul
fort semblable celui d'un bas-relief antique qu'il a
plac
en face *.
On le retrouve
en
bien des
points
de
l'Asie
antrieure
et
notamment
dans
les valles du
Jourdain et de l'Oronte 3 o
l'on a
d'ailleurs
recueilli
certains monuments
figurs,
reproduisant fidlement
la physionomie
assyrienne.
Je me
contenterai de
rappeler ici la fameuse stle moabite
d
Muse du
Louvre
et
les
bas-reliefs
aramens
de
Mrab
conservs dans
la
mme
collection.
Je signalerai
encore,
en
terminant
cette
tude,
les monuments de la
numismatique de
la Kharacne, si
bien tudi par
M. Ernest
Babelon, et
qui nous montrent les profils
smitiques
les plus accentus.
1 Botta
et
Flandin.
Op.
cit., pi.
88.
f Op.
cit.,
p. 147, fig.
30-31.
3 Cf. Langerhans. Ueber die
heutigen Bevohner
des heiligen Landes
(Arehiv.
fur Anthrop.
Bd. 17. S.'
46,
uff.,
1873).
Etc.
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