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de la province de Cuneovallées occitanesguide des
N U O V O , D A S E M P R E .
La ligne verte délimite la partie du territoirequi est de compétence de l’A.T.L. du Cuneese.
INDEX
L’Occitanie page 3Bienvenus dans les vallées occitanes de la Province de Cuneo ! » 4L’Occitanie à pied » 5
VALLÉES PÔ, BRONDA, INFERNOTTO » 6Les noms du Mont Viso » 7Du Mombracco au Buco di Viso » 8À la découverte de la haute vallée » 9Peintres en route » 10Foi religieuse et légendes » 11
VAL VARAITA » 12Artisanat “solaire” » 13Sous le Col de l’Agnel » 14Casteldelfino et le bois de l’Alevé » 15Poésies et rubans colorés » 16Lys et dauphins » 17Mistà et danse » 18Les sons de la vallée » 19
VAL MAIRA » 20Une anglaise à Dronero » 21Grands maîtres » 22Les ciciu du Saint » 24Musées de vallée » 26Dans le village de Matteo Olivero » 27Manger d’oc » 28Un “espace” tout occitan » 29
VALLE GRANA » 32Fromage Castelmagno » 33Sanctuaire de Castelmagno » 34Novè » 36Fêtes à Coumboscuro » 37Sur les traces de Pietro » 38Caraglio: soie, musique et art » 39
VALLE STURA » 42Musées d’altitude » 43Vinadio en mouvement » 44Frontières de beurre » 45Mémoires des Alpes en guerre » 46Les merveilles de Pedona » 47Parcours littéraires et légendes » 48
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VALLE GESSO page 52L’ours et le seigle » 53Mémoires royales à Valdieri et Entracque » 54Sur les traces des loups et des gypaètes » 57Le Parlate, théâtre d’oc » 58Gastronomie de vallée » 59Histoire de bergers migrants » 60
VAL VERMENAGNA » 62Les Forts de Tende » 63Ubi stabant cathari » 64Pinocchio à Vernante » 65Le génie de Nòto et Jòrs » 66Paille poésie paroles » 67
VALLÉES AUX PIEDS DE LA BISALTA » 68Stations botaniques » 69La chartreuse dans les bois » 70Collection photographique au Parc » 71Hommes illustres à Peveragno » 72Musique nouvelle avec les Gai Saber » 73
VALLÉES DU KYÉ » 74Présentation » 74Itinéraire partisan » 75Montagnes trouées et métiers d’antan » 76L’art de Giovanni Mazzucco » 77Civilisation et goûts de l’alpage » 78
BRIGASCO » 80Un sanctuaire du néolithique » 81Forêts et villages archaïques » 82Paradis des spéléologues et des botanistes » 83
Adresses Utiles » 84
CRÉDITSRédaction des textes : Introduction, Valli Po, Bronda, Infernotto, Valle Varaita, Valle Maira,
Valle Gesso par Leda Zocchi (Ass. Arealpina); Valle Stura, Valle Grana, Valle Vermenagna,Valli della Bisalta, Valli del Kyè, Valli del Brigasco par Fredo Valla (Ass. Arealpina)
Matériel photographique : A.T.L. del Cuneese, C.M.Valli Po, Bronda, Infernotto, C.M.Valle Varaita,C.M.Valle Maira, C.M.Valle Stura, C.M.Valli Monregalesi, C.M. Alta Val Tanaro,
Ass. Culturale Il Marcovaldo, Chambra d’Oc, Coumboscuro Centre Prouvençal, Espaci Occitan,Parco Naturale Alpi Marittime, Parco Naturale Alta Valle Pesio e Tanaro,Terme di Vinadio,
Tiziana Aimar, Elisa Bono, Massimiliano Fantino, Roberto Gaborin, Laura Martinelli,Daniela Salvestrin, Marco Toniolo
Projet graphique : Madisonadv - Cuneo - www.madisonadv.it Impression : TEC Arti Grafiche - Fossano - www.tec-artigrafiche.it
Traduction : Europa 92 - info@europa92.org
L’OccitanieL’Occitanie est un des plus vastes espaces linguistiques européens.
Elle s’étend sur trois états, Italie, France, Espagne, avec une superficie
d’environ 200.000 km2 et une population qui dépasse les 10 millions
d’habitants.
En Italie, outre que dans les Vallées Occitanes Piémontaises des provinces de
Cuneo et Turin, on trouve des communautés occitanes en Ligurie, à Triora et
à Olivetta San Michele. On trouve une île linguistique occitane d’ancienne
émigration en Calabre, à Guardia Piemontese. Le nom Occitanie est très
ancien: il remonte au moins au XIVème siècle, il est cité dans différents
documents. Au Moyen-Âge la poésie des troubadours donna lustre à la
langue d’oc, qui eut prestige même hors de son territoire : en Galicie,
Catalogne, Italie, Allemagne, Hongrie. Dante Alighieri, par exemple, l’estima
beaucoup : dans le « Convivio » (I, 13) il raconte du « précieux parler de
Provence » et dans la Divine Comédie (Purgatoire, chant XXVI) il emploie
l’occitan pour faire parler le troubadour Arnaud Daniel, défini « le meilleur
forgeron du parler maternel ».
En époque moderne, le poète provençal Frédéric Mistral (1830 -1914) a
obtenu le Prix Nobel pour la littérature (1904) pour son oeuvre en occitan.
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Bienvenus dans les Vallées Occitanesde la Province de Cuneo!Nous nous trouvons sur l’extrême bord oriental de l’Occitanie, territoire
linguistique qui se trouve en grande partie dans le sud de la France et qui
s’étend jusqu’à la petite vallée d’Aran en Catalogne (Espagne). Ici chez nous,
l’Occitanie, avec ses treize vallées dans le territoire piémontais, avec son
paysage âpre de montagne, se diversifie du reste du territoire occitan. En
arrivant de la plaine du Pô, les vallées s’ouvrent en éventail vers l’ouest : la
couronne des sommets fermant l’horizon se teint d’un rose pâle aux
premières lueurs du matin et disparaît en contre-jour dans le ciel du soir.
Pendant longtemps, les vallées sont restées peu accessibles et elles ont
développé des spécificités, aussi bien dans la langue que dans les traditions.
Mais ceux qui pensent à ces lieux comme à des mondes isolés se trompent :
les sentiers et les routes ont sans cesse été parcourus, depuis le Moyen-Âge,
d’un versant à l’autre, aussi bien sur le territoire aujourd’hui italien, que sur
le territoire français. La preuve en est la langue d’oc qui unit ces gens, le legs
artistique des peintres qui y ont opéré, les métiers itinérants qui portaient
les gens de la mer Méditerranée à la montagne, d’une vallée à l’autre, des
montagnes à la plaine du Pô et au-delà.
Les montagnes demandent un pas lent et constant pour monter vers le
sommet. Il faut cette même patience pour découvrir, dans les villages, dans
les faubourgs, dans les petites vallées latérales, les beautés de ce territoire
qui demande d’être parcouru sans être pressé, avec un regard attentif et un
pas silencieux afin d’apprécier la nature du lieu et les signes des hommes
qui ont essayé d’y vivre.
Les treize vallées conservent un patrimoine de beautés naturelles et
géologiques, de phénomènes karstiques, de flore et de faune, de culture
architecturale, musicale, littéraire, de traditions culinaires. Malheureusement,
à cause du dépeuplement vécu depuis la fin de la deuxième guerre
Le drapeau de l’Occitanie
mondiale, le maintien de ces richesses est confié à un nombre bien trop
exigu de personnes. Souvent les prés laissent la place au maquis, les
chevreuils et les sangliers reprennent pour eux les terrains destinés aux
jardins potagers.
Une nouvelle conscience du respect et de la tutelle, aussi bien de
l’environnement que des traditions, a fait en sorte que des parcs naturels
ont été constitués et des musées du territoire ont été édifiés pour conserver
la mémoire de ce qui a été et réaffirmer que la montagne est une richesse
que nous ne devons pas laisser nous échapper
(Infos: www.chambradoc.it/cmgv/progettocmgv.page).
L’Occitanie à pied
En septembre 2008 un parcours de 60 étapes a été inauguré,appelé Occitania
a pè. Le départ est à Vinadio dans la Valle Stura et l’arrivée à Vielha dans la
Vallée d’Aran. L’itinéraire franchit les Alpes et les Pyrénées, il se déploie entre
collines et vallées, il traverse des localités historiques et transmet l’émotion
de la poésie des troubadours et d’une langue qui est patrimoine de
l’humanité (Infos: www.chambradoc.it/LeAdesioni.page).
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Vallées Pô, Bronda, Infernotto
La Valle Pô est une des plus courtes vallées occitanes. Placée au centre de
l’éventail formé de façon idéale par ces vallées, en quelques dizaines de
kilomètres on atteint 3841 m d’altitude avec la cime du Mont Viso qui
domine l’horizon vers ouest.
On trouve ici la partie la plus haute du « Parco del Po » sur le territoire de
Cuneo. Il a été édifié pour protéger les sources du Pô, la flore et la faune
caractéristiques de l’espace alpin, mais aussi du milieu humide, qui avec les
tourbières caractérisent certains de ces hauts plateaux.
Déjà, à une époque reculée, la vallée a connu des habitats, dont il reste
encore les gravures rupestres qui nous parlent d’hommes et de femmes en
prière vers le soleil, la lune, les étoiles. Certaines des plus significatives se
trouvent sur le Mombracco, montagne à la forme arrondie caractéristique,
qui ferme la vallée dans la partie la plus basse. On peut voir d’autres
témoignages (coupelles) sur le versant opposé de la vallée à Bric Lombatera.
De nombreux sites nous parlent de la civilisation paysanne et pastorale, des
guerres de religion qui n’ont pas épargné la vallée Pô, de la dévotion
religieuse qui a laissé des niches votives, des chapelles et des lieux de culte
dans les points les plus beaux de la vallée, comme le Sanctuaire de San
Chiaffredo.
Dans la Vallée Pô le monachisme médiéval a deux sites remarquables, à
Staffarda et à Rifreddo.
L’histoire a marqué ces lieux même plus récemment, dans la Valle Infernotto
et dans la haute Valle Pô la guerre partisane a commencé immédiatement
après le 8 septembre 1943. Certains sentiers que l’on parcourt encore
aujourd’hui ont été utilisés par les partisans, et encore auparavant par les
caravanes du sel, les émigrants, les pèlerins et des ciseleurs de pierres.
Les noms du Mont Viso
Le Mont Viso a toujours suscité chez les gens qui l’ont admiré de loin et deprès une certaine crainte révérencielle, si bien que les anciens croyaient quec’était la montagne la plus haute du monde.Il est cité par Virgile dans l’Énéide,comme Vesulus. Dante,Pétrarque et Léonardde Vinci nous racontent aussi l’étonnement que suscitait le Mont Viso.G. Chaucer le cite dans les « Récits de Canterbury » et Stendhal dans « laChartreuse de Parme ».Le Mont Viso a été escaladé pour la première fois par l’anglais Matthews en1861 et en 1863 par Quintino Sella qui a décidé là de fonder le C.A.I. (ClubAlpin Italien).Aujourd’hui la volonté de reproposer les anciens sentiers qui traversent lesbois et les bourgs, qui relient les pâturages et les chalets, ouvre de nouveauxhorizons pour un tourisme à mesure d’homme. “ Orizzonte Monviso” est uncircuit dans la Haute Valle Pô avec des déviations pour découvrir les réalitéshistoriques et artistiques cachées (Infos: Ufficio Turistico Valle Pô / ComunitàMontana - www.vallipo.cn.it - www.chambradoc.it/paesana/paesana.page).
Le Mont Viso
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Du Mombracco au “Buco di Viso”
On accède au Mombracco des communes de Sanfront,de Rifreddo,de Paesana,
de Barge, d’Envie et de Revello. Cette formation géologique particulière,
caractérisée par sa forme à coupole,est appelée aussi Montagne de Léonard, car
le génie italien parla avec admiration de ses carrières de pierre. Encore
aujourd’hui la montagne est exploitée pour sa célèbre quartzite rose, dont on
peut voir l’extraction sur le sommet.
Un circuit,appelé « Sentier de Léonard »,permet de retrouver,à mi-côte sur des
rochers qui dominent la vallée,des gravures et des coupelles préhistoriques.En
effet, le Mombracco a été habité depuis le néolithique, la présence de grottes et
d’abris sous la roche offrait un refuge aux bergers et à leurs familles. Le dernier
de ces abris, habité jusqu’aux années 60 du siècle passé, est Balma Boves, dans
la commune de Sanfront. Depuis peu les maisons ont été transformées en
musée du territoire. Ici sont conservés les outils et les instruments utilisés par la
civilisation paysanne qui vivait de l’élevage des moutons et de la cueillette des
châtaignes, avec de petits jardins potagers sur les versants en dégradés (Infos:
www.marcovaldo.it).
En remontant la vallée, on côtoie le Pô. Ici, il coule encore impétueux et reçoit
son premier affluent, la Lenta, qui descend d’Oncino. On arrive ainsi au dernier
village de la vallée :Crissolo.Une route en lacets mène jusqu’à Pian del Re (en été
elle est partiellement fermée pour éviter un excès de véhicules dans la partie
haute du Parc du Pô et on peut la parcourir avec un bus navette pratique).Le Pô,
naît sous un des énormes rochers descendus du Mont Viso, il parcourt ses
premiers mètres là où s’étend la tourbière dans laquelle vit la salamandre noire,
symbole de ce territoire.
De Pian del Re de nombreux sentiers mènent aux sommets environnants,Mont
Viso,Punta Roma,Punta Udine et Granero et aux lacs qui s’étendent à leurs pieds.
En partant du Pian del Re,un sentier mène au Buco di Viso, le premier tunnel des
Alpes, qui remonte à 1478, lorsque le Marquis de Saluzzo pour augmenter la
puissance du commerce du sel qui arrivait du delta du Rhône, a décidé de
faciliter le parcours des caravanes et de créer un passage plus sûr et plus bref
sous le Col delle Traversette. Le tunnel a été achevé en quelques années.
Malheureusement la décadence du Marquisat et les hivers plus rigides des
siècles suivants ont rendu le Buco di Viso moins fréquenté. C’est seulement
récemment que le passage a été rouvert,bien que l’accès soit en partie difficile
sur le versant français à cause d’un éboulement déblayé partiellement.
À la découverte de la haute vallée
À Crissolo se dresse le Sanctuaire de San Chiaffredo, en occitan Chafre, Jaufreau moyen âge.La fête du saint se célèbre en septembre.La tradition identifie Chiaffredo avecun soldat romain de la Légion Thébaine, comme ses compagnons d’armesMaurice, Magne, Ponce, Dalmas, Constant, Maure, Pancrace, les saints typiquesde la montagne occitane.Certains se sont enfuis vers les vallées du Mont Viso, où Chiaffredo, poursuivipar les païens, a subi le martyre. Les nombreux ex-voto exposés dans leSanctuaire racontent les guerres, les douleurs et les espoirs du peuple de cesmontagnes.Le cycle de la vie, le travail des champs, l’étable, l’école, les traditions sontillustrés dans le Musée Civique Ethnographique d’Ostana (Infos : Communed’Ostana tél. +39.0175.94915 - www.reneis.org), avec des outils, des objets,des reconstructions de pièces et photographies avec explication en occitan eten italien. À ne pas perdre, en juin, la présentation des cahiers thématiquesdu Musée, par l’Association « I Rënéis ».À Ostana, les initiatives communautaires sont multiples : fêtes champêtres,chants choraux, concours de littérature, rassemblements des alpins,expositions photographiques et soin de l’environnement. Un travail attentifqui a transformé le village en un laboratoire d’architecture alpine. Pour cescaractéristiques, Ostana a reçu la reconnaissance « I borghi più belli d’Italia »(les plus beaux bourgs d’Italie).Sur la droite de l’axe de la vallée, Oncino a été pendant des siècles lacommune la plus importante de la haute vallée, grâce à ses pâturages et à sesnombreux bovins. Au moyen-âge les moines de Staffarda y menaient lestroupeaux au pâturage.Le premier refuge du Club Alpin Italien a été construitprés du lac de l’Alpetto, aujourd’hui complété par un nouvel édifice. Sur lescrêtes il y a le Buco delle Fantine, petites fées poilues, mais besogneuses et trèspropres, qui au matin faisaient la lessive et de leurs maisons les montagnardspouvaient voir leur linge étendu à sécher. De nombreux sentiers quifranchissent la crête vers la Valle Varaita partent d’Oncino.
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Peintres en route
Les villages et les bourgs de la Valle Pô cachent de petits trésors d’artpopulaire. Un artiste original œuvra entre le XVIIIème et le XIXème siècle : ilsignait Giors Boneto pitore de Paizana, (peintre de Paesana) du nom de sonvillage natal. C’était un peintre itinérant, exposant de cette lignée d’artistespaysans qui peignaient à fresques des sujets sacrés sur les niches votives etsur les façades des maisons en échange d’un peu d’argent, souvent de laseule hospitalité.Giors Boneto a peint sa Valle Pô natale jusqu’aux versants de la Bisalta. Saconnaissance de la technique de la fresque était profonde et s’accompa-gnait d’une vaste gamme de sujets : saints, Vierges, Christ en croix,dépositions, chérubins, séraphins… Son style naïf, mais personnel, estreconnaissable à distance des siècles.Dans la Haute Vallée, on peut voir les oeuvres de Boneto à Crissolo, à Oncino,à Ostana et à Paesana : 44 fresques signées ou attribuées à partir de 1780.Ses oeuvres que l’on retrouve dans la basse Valle Pô et dans les valléesvoisines Varaita et Maira sont encore plus nombreuses. Nous devons auchercheur Gianni Aimar, le recensement et le catalogage de l’oeuvre de cetartiste.Par contre, Giovanni Borgna « Netu » (1854-1902) est un peintre de bonneécole académique.À Martiniana Pô, on trouve sa maison natale, avec la plaque commé-morative sur la façade, et la tombe de famille peinte à fresque par lui même.Borgna a grandi sur les bancs de l’Académie des Beaux arts de Turin, il aaffronté des cycles de fresques complexes et difficiles dans les chapelles etles églises des vallées, de la plaine voisine, jusqu’à l’ouest de la Ligurie.Dans la Valle Pô, on peut admirer son oeuvre à Pratoguglielmo, Paesana,Sanfront, Envie, Calcinere, Rocchetta. En regardant la liste des localités et desoeuvres peintes dans sa brève carrière, on est émerveillé par l’activitéfrénétique du peintre : il y a plus de quarante lieux dans les provinces deCuneo, Imperia, Savone,Turin et Asti qui conservent des fresques de l’artiste.
Foi religieuse et légendes
Staffarda, Rifreddo, Revello et Barge ont été le siège d’abbayes qui sontaujourd’hui parmi les monuments médiévaux d’importance notoire et dontla visite nous transporte à l’époque d’or du Marquisat de Saluzzo.Le monastère de Pagno est encore plus ancien, il a été fondé par lesLombards, et fut asile de Béatrice, la fille du roi Desiderio.Les moines dictèrentpour elle une épigraphe inspirée aux vers de Virgile. L’importance de Pagnodiminua à partir de 825 lorsque l’abbaye fut confiée à l’abbé de la Valle deSusa della Novalesa.Après l’an mille, à la fin des incursions sarrasines, la famille des marquiscontribua à la fondation de nouveaux centres monastiques. Au XIIème siècleManfredo Ier de Saluzzo appela les cisterciens à Staffarda, entre Saluzzo etRevello. L’abbaye élargit ses possessions : un inventaire de la seconde moitiédu XIIème siècle révèle la consistance de son scriptorium, comprenantd’importants codes enluminés. Par la suite, les marquis patronnèrent lacréation à Rifreddo du monastère féminin de Santa Maria della Stella,dont onpeut encore voir la façade de l’église et quelques murs avec de précieuxouvrages de décoration en terre cuite. À Revello, en 1291, Tommaso Ier deSaluzzo et sa femme Aloisia di Ceva instituèrent le monastère desdominicaines de Santa Maria Nova.Un monastère (le couvent de la Trappe) futélevé au XIIIème siècle par les Chartreux sur le Mombracco.Aujourd’hui l’héritage des abbayes du Marquisat est recueilli autourdu nouveau monastère cistercien de Pra d’ Mill, plongé dans les boisde châtaigniers sur les montagnes de Bagnolo Piemonte (Infos :www.dominustecum.it).La christianisation du territoire, visible dans les églises, chapelles et centresmonastiques, cache des croyances plus archaïques. La mythologie desanciennes sociétés agro-pastorales a survécu sous forme orale avec despersonnages surnaturels, certains bénins, d’autres épouvantables. Outre lesfantine (fées) de la haute vallée, qui ont enseigné aux femmes à tisser et àcoudre, les masche (sorcières) poilues et taquines des grottes du Mombracco,les légendes parlent d’un zoo fantastique. Il va du chat pitois, avec les yeux defeu, au serpent à la crête d’Envie, à l’oiseau pitapenas des villages del’Infernotto,au terrible ravas, le mangeur d’hommes qui vivait dans une grottedans les bois de Barge, dans une localité où au Moyen-âge une chapelleintitulée à la Madonna della Rocca a été édifiée.
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Val Varaita
La Val Varaita est traversée par l’ancienne route pour la France qui mène au Colde l’Agnel. Elle s’étend de Piasco à Chianale.Le centre de la vallée est Sampeyre, c’est-à-dire Saint Pierre, de Peire enoccitan.La Baio de Sampeyre est un évènement de grand attrait : elle se célèbre tousles cinq ans, pendant les jours du carnaval, pour rappeler l’expulsion desSarrasins de la Val Varaita, qui selon la tradition a eu lieu vers l’an mille.Des centaines de figurants participent au défilé, organisés comme unearmée avec des commandants, des gardes, la cavalerie, des fantassins etles sapeurs qui abattent les barrières de troncs laissées par les Sarrasins enfuite et des drapeaux (exposés dans le Musée ethnographique - Infos :www.comune.sampeyre.cn.it).Même les rôles féminins sont interprétés par leshommes. Le tout dans une explosion de rubans brodés à fleurs, de rosaces etde cocardes de soie, accompagnés par les musiques et les bals occitans.À Bellino, Blins, plus haut dans la Val Varaita, la Baio se célèbre tous les troisans. Le cérémonial renvoie aux mythes du printemps et du soleil, propres descommunautés agricoles archaïques avec leurs symboles de fertilité,alors qu’estpresque absent l’aspect militaire caractéristique de la Baio de Sampeyre.Une Baio mineure se célébrait aussi à San Maurizio de Frassino.À Sampeyre, Casteldelfino et Pontechianale le développement touristiquedes années soixante a en partie altéré l’architecture originale, mais les édi-fices historiques des villages et des hameaux montrent encore la vastevariété de solutions architecturales du passé. Dans la localité Tè-Nòu, audessus de Torrette de Casteldelfino, prés d’un mélezier, s’élève l’uniquehameau avec les toits partiellement couverts de bardeaux (petites planchede mélèze).Dans la vallée, on trouve le Sanctuaire de Valmala, dédié à la Madonna de laMisericordia c’est un lieu de pèlerinages, où la tradition veut que le 6 août
1834 la Vierge se soit adressée à d’innocentes petites bergères en occitan.Elleleur est apparue comme une « dame en pleurs ».Le point d’accueil touristique est la « Porta di Valle - porte de la vallée » (Infos :ViaProvinciale - 12020 Brossasco - Tél.+39.0175.689629,www.segnavia.piemonte.it),avec cafétéria, librairie spécialisée en éditions locales, de montagne, cartes duterritoire, produits locaux. C’est aussi le siège de l’agence touristique Segnaviaqui fait incoming et propose des paquets touristiques dans la Valle Varaita,dansles autres vallées occitanes et sur le territoire de Saluzzo.
Artisanat « solaire »
Une des caractéristiques de la vallée est la production de meubles rustiquesdans un style inspiré à l’ameublement d’antan et appelé « Val Varaita » bienque les décorations, remontant aux cultes primordiaux du soleil et des eaux,soient communes à tout l’arc alpin et se retrouvent dans les civilisationsanciennes de la Méditerranée.Pétrins,coffres,objets sculptés du Queyras et dela Valle Varaita sont aujourd’hui dans les Musées de Grenoble, Gap et Cuneoet dans beaucoup de collections d’antiquaires d’Europe et d’Amérique.
Architecture typique à Chianale
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Sous le Col de l’Agnel
À quelques kilomètres de la frontière avec la France, Chianale est le plus hautvillage de la vallée, il est dominé par le Col de l’Agnel (2748 m).Le village a étéreconnu parmi « les bourgs les plus beaux d’Italie ».Son architecture alpine estvalorisée par les maisons en pierre, les toits en ardoises, le pont roman quiunit les deux parties du village, traversé par le fleuve Varaita et par les églisesremontant à la période du Dauphiné.À Chianale, les catholiques et les huguenots ont cohabité assez pacifique-ment : à coté de l’église romane de Sant’Antonio on trouve une maisonmédiévale indiquée comme temple protestant.Le village conserve avec orgueil ses caractéristiques occitanes, les toponymeset la langue parlée. Au Moyen-Âge il a gravité dans l’orbite de Briançon, enfaisant partie de la République des Escartons avec d’autres communes de lahaute vallée, la haute Val Chisone, la Vallée d’Oulx et le Queyras. Uneexpérience d’autonomie qui a survécu jusqu’en 1713, lorsque les territoiresde ce côté des Alpes furent unis aux possessions des Savoie.Aujourd’hui cetteexpérience est reproposée par la profitable collaboration entre laCommunauté de Montagne, les Communes et le Parc du Queyras avec desprojets de type culturel, touristique et économique.
Une recette typique de Chianale et de la Val Varaita : les raviòlas,préparées avec des pommes de terre et de la tomme, du fromage fraisde lait de vache. Faire cuire 1,5 kg de pommes de terre, les passer et lesmélanger à 500 g de tomme. Ajouter un oeuf et pétrir. Puis ajouter 500g de farine jusqu’à obtenir une pâte pétrie consistante.Couper la pâte en
tranches de 3 cm.Fariner la tornoira (table de bois auxbords hauts) et former des petits rouleaux de
2 cm de diamètre. Couper alors à petitsmorceaux en roulant avec la paume de la
main dans la forme à fuseau typique desraviòlas. Disposer sur la table et saupoudrer de
farine. Faire cuire dans de l’eau bouillante salée et lorsqu’elles montentà la surface les recueillir avec une écumoire.Assaisonner les raviòlas aveccrème fraîche et beurre fondu.
Casteldelfino et le bois de l’Alevé
On appelle Alevé le bois de pins cembros, elvo en occitan, sur les montagnesde Casteldelfino et de Sampeyre, jusqu’à 2700 m d’altitude : c’est un des boisde cembros le plus étendu des Alpes,parcouru par des sentiers qui mènent aulac Bagnour, où s’élève un petit refuge pour randonneurs. Les statuts deCasteldelfino interdisaient l’exploitation du bois déjà en 1387. En sepromenant dans l’Alevè, on peut rencontrer des renards, des chamois, desmarmottes et des lièvres. Un animal typique, bien que difficile à rencontrer,est la chouette de Tengmalm, alors que pendant les heures chaudes de lajournée on peut apercevoir le vol lent de la buse variable.Les pignons (garilhs) du cembro se mangeaient et donnaient l’huile pour leslanternes. Avec les bourgeons, on faisait des fumigations pour les voiesrespiratoires et avec la résine on préparait des baumes et des bonbonsmédicamenteux.Le bois du cembro servait pour la fabrication des semelles enbois (seps) des sabots, chaussés par les enfants et par les personnes âgées quien appréciaient la légèreté et chaleur. Il était surtout employé dansl’ébénisterie : pétrins, coffrets, tables, chaises, coffres. Sa texture tendre seprêtait bien à la sculpture des motifs traditionnels dérivant des cultes primitifsdu soleil : rosaces, serpentins, spirales.Le Musée du Meuble, à Castello di Pontechianale (Infos : tél.+39.348.7125650– +39.349.1466050), se trouve dans une demeure traditionnelle, il recueilledes exemples de meubles et de décorations que les paysans de la Valle Varaitaont su développer dans les siècles, avec des entailles denses semblables à desbroderies.Encore aujourd’hui la Valle Varaita se distingue pour les nombreusesentreprises artisanales spécialisées dans le meuble rustique, en portantattention aussi bien aux formes traditionnelles qu’au design moderne.
À Casteldelfino, le centre de visite de l’ Alevè (Infos : Parco del Po, tél.+39.0175.46505) offre un échantillon de forêt avec les animaux typiques :hibou royal, chevreuil, marmotte, lièvre, sanglier et prépare aux randonnéesdans le bois de cembros. L’hiver est la meilleure période pour en savourer lessilences, interrompus par les appels du casse-noix moucheté, l’oiseau quioublie les cachettes où il dépose les pignons, en assurant de cette façon lapropagation naturelle du bois.À côté du centre de visite le « Spazio Escartons »,où on peut recevoir des informations historiques.Dans l’église de Sant’Eusebio, aux pieds des ruines du château dauphinois, setrouve le Musée de la Religiosité Populaire, dédié aux saints des valléesoccitanes.
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Poésie et rubans colorés
La Valle Varaita a donné deux poètes à la littérature occitane contemporaine :Tavio Cosio de Melle et Antonio Bodrero (Barba Tòni Baudrier) de Frassino(Infos : www.chambradoc.it/melle/melle.page).La commune de Melle dédie à Tavio Cosio une manifestation annuelle avecune promenade littéraire dans les lieux qui ont inspiré sa poésie et ses récits.On peut trouver son oeuvre dans les librairies locales.Antonio Bodrero était un poète,défenseur de la cause occitane et de la languepiémontaise. Il étonnait pour son anticonformisme. Qui l’a connu se rappellede lui comme d’un sage (barba), hypnotique dans ses conversations sur lalangue, la religion, la politique, l’origine et l’histoire des mots.À la simplicité apparente de ses vers se tresse une grande profondeur depensée. Ce sont des vers qui puisent dans les mystères de la montagne, desdivinités ancestrales et du monde de la nature. Poète de paysages, il a posésous les barme (bergeries) les demeures des sarvanòts (faunes), dans lescerisiers en fleurs il a vu des foyers allumés à la gloire de Dieu, dans les étoilesles lumières des chalets des trépassés… :
“Que de quiar, benèit i ouèi, quouro n’er’un per meiroe la nouèch e i vitoun treiàven a fa’ stéle;dihen encàa i estéle quouro grinoùr i bòouco:Bafarà, mé pa tro; qui crè pa vène a vèire: nous sén i quiàr di meire, nove, divosti rèire”.
(Combien de lumières, que les yeux soient bénis, quand il y en avait unepar chalet/et la nuit les montagnards jouaient à faire des étoiles ;/ les étoiles disent encore lorsque amour les regarde :/« riez fort, mais pas trop ; celui qui n’y croit pas vienne voir :/nous sommes les lumières des chalets, les nouvelles de vos aïeux »)
L’oeuvre complète de Bodrero est en préparation.
Certains jours de fête, les femmes de Casteldelfino, Pontechianale, Bellino etSampeyre portent le costume avec coiffes en dentelle aux fuseaux, châles ettabliers de soie sur de lourdes robes noires de forme monacale. La robe estornée de bindels (rubans). À Sampeyre et à Frassino la coiffe est souventremplacée par un foulard (mochet de la testa ). La robe de la haute vallée dite
gonela avec trois plis sur le côté postérieur est très caractéristique. Les bijouxqui complètent l’habillement sont constitués d’un long collier de grains dorésavec un coeur ou une croix en or. Rares sont les occasions où les hommesmettent l’ancien costume : un costume noir avec veste à queues, bas blancsau genou et chapeau bicorne.
Lys et dauphins
Ce sont des symboles qui apparaissent, gravés dans la pierre, sur les fontaines,sur les chapiteaux, sur les architraves dans les villages de la Castellata :Casteldelfino, Pontechianale, Bellino.Le dauphin rappelle la période où la Haute Valle Varaita faisait partie duDauphiné, alors que le lys fait allusion à la période suivante, celle du règne deFrance.Casteldelfino - Château Dauphin en époque dauphinoise - fut la capitale del‘Escarton de la Valle Varaita. De la période dauphinoise le village conserve lesruines du château, les fresques de la paroissiale et, le long de la rue centrale,desdemeures de nobles et une fontaine médiévale. La bourgade qui encoreaujourd’hui s’appelle Confine rappelle l’ancienne frontière avec le Marquisatde Saluzzo.L’architecture rurale occitane a son sanctuaire dans les bourgades de Bellino,Blins en occitan, un des villages les plus suggestifs. Piliers ronds, architravesmégalithiques, fenêtres bifores, passages couverts, cadrans solaires peints àfresque, toits en ardoises et têtes coupées sont la mémoire du savoir faire. MaisBlins est aussi un village d’écrivains.Dans les librairies de la vallée on trouve lesoeuvres de Janò de Vielm, au registre de l’état civil Giovanni Bernard,auteur de« Steve » (premier roman en occitan des Vallées) et de « Lou Saber », dictionnaireencyclopédique avec 12 mille mots en occitan de Blins. Un autre livre importantest « Nosto Modo », de Jean-Luc Bernard, c’est la première oeuvre qui a décritde façon systématique la culture matérielle et orale de ce village occitan.Dans l’ancienne école primaire de Celle di Bellino on trouve le Musée du Tempset des Cadrans Solaires (Infos :tél.+39.0175.95110 - comune.bellino@tiscalinet.it).La visite introduit l’itinéraire parmi les cadrans solaires peints à fresque sur lesmaisons et les édifices religieux dans tout le village, qui dans le passé a euquelques boutiques de gnomonistes. Des panneaux photographiquessuggèrent une réflexion sur le temps, tandis qu’un film scande le passage dessaisons avec douze proverbes en occitan.
1819
Mistà et danse
Au XVème siècle le bon gouvernement du Marquisat de Saluzzo et les
rapports avec le Dauphiné ont favorisé l’épanouissement des arts. Églises,
peintures et sculptures sont reliées par un itinéraire artistique appelé Mistà,
qui, en occitan, signifie image sacrée.
La sculpture a eu parmi ses principaux interprètes, l’école des Zabreri de la
Val Maira, avec les fonds baptismaux et les portails avec de petites colonnes
et des chapiteaux sculptés. Les églises de Sampeyre, de Villar, de
Casteldefino et de Bellino sont significatives. Les écoles artistiques de
Briançon ont influencé l’art de la Castellata où, à Bellino, Casteldelfino et
Chianale, on rencontre de nombreuses têtes de pierre qui remontent à la
coutume des celto-liguriens d’accrocher les têtes des
ennemis tués en bataille autour de leurs maisons. Le
beau portail du XVème siècle en style flamboyant de la
paroissiale de Sant’Andrea à Brossasco représente un
cas à part. La chapelle de San Rocco à Brossasco qui
date du XVIème siècle est liée au souvenir de la peste.
En peinture, les frères Tommaso et Matteo Biasacci de
Busca ont laissé de nombreuses fresques dans la Valle
Varaita. L’oeuvre de cette famille de peintres
itinérants, actifs entre le Piémont méridional et l’ouest
de la Ligurie, peut être admirée dans la paroissiale de
Sampeyre : Madonna del Latte, Massacre des
Innocents, Fuite en Égypte, Adoration des Rois Mages,
Passion et Résurrection du Christ, dans l’église de Casteldelfino et à
Valmala. Le style est archaïque, de passage entre le roman et le gotique,
comme les peintures de la paroissiale de San Massimo à Isasca, et celles sur
la façade de la paroissiale de Rossana, avec un beau portail gotique fleuri
en terre cuite. Les peintures de Rossana sont singulières et curieuses, elles
montrent des personnages angéliques qui jouent des instruments de la
tradition médiévale, dont certains sont redevenus célèbres avec la
renaissance musicale occitane de la fin des années soixante au siècle
dernier. En réalité la musique dans la Valle Varaita n’a jamais connu de
moments de vrai oubli. Le répertoire des danses exécutées à l’ occasion des
fêtes ou simplement pour s’amuser comprend des dizaines de bals. Les plus
connues sont : corenta, giga, contradança, borea, mescla, sposin… ce sont des
danses à figures qui peuvent même impliquer des dizaines de danseurs en
même temps. Les propositions de cours de danse ouverts aussi aux bals de
l’Occitanie transalpine sont nombreuses.
Les sons de la vallée
À Venasca, historiquement le centre le plus important du fond de la vallée,
avec une belle église baroque et un marché célèbre pour la commercialisation
des châtaignes, on trouve la « Fabbrica dei Suoni » l’usine des sons. C’est le
premier parc thématique italien centré sur le son et sur la musique. L’objectif
de la Fabbrica est d’initier les enfants et les jeunes au monde musical avec
une approche ludique et de laboratoire, en suscitant curiosités et
interrogations.Les laboratoires, insérés dans le parcours de visite, permettent
de distinguer la différence entre son et bruit, de traduire la signification des
caractéristiques du son avec des activités concrètes visibles et manipulables,
d’expérimenter la vibration des sons et la propagation de l’onde sonore dans
l’espace. Une section présente des instruments musicaux provenant des cinq
continents.
Pour la connaissance des principaux instruments musicaux de la tradition
occitane la Fabbrica propose des laboratoires de vielle,d’ accordéon diatonique,
de galoubet, de tambourin et de fifre, avec des informations sur leur
construction, une écoute directe et l’exécution de chants et de bals occitans
(Infos : tél. +39.0175.567840, www.lafabbricadeisuoni.it).
Au pied de l’imposant château des seigneurs de Sampeyre, à Piasco, à
quelques kilomètres de Venasca, on trouve le Musée de la Harpe (Infos : tél.
+39.0175.270511 - www.museodellarpavictorsalvi.it) où sont exposées les
harpes historiques recueillies par Victor Salvi, harpiste affirmé qui s’est exhibé
sous la direction du maestro Arturo Toscanini. Il a été le fondateur d’une
entreprise, qu’il a voulu ici pour la tradition artisanale renommée qu’avait la
Valle Varaita et les alentours de Saluzzo dans le travail du bois. L’usine de
harpes fondée par lui, couvre aujourd’hui 90% du marché professionnel. La
collection renferme quatre-vingt-six pièces construites à partir de 1700
jusqu’à la première moitié du XXème siècle, et s’étend de l’Europe à l’Afrique, à
l’Asie. On peut voir en effet l’évolution technique et expressive d’un
instrument souvent peu connu.
2021
Val Maira
Dans la Val Maira, la langue occitane conserve les sonorités des troubadours,mais c’est son paysage et l’art qui sont sa force attrayante. Depuis quelquesannées son territoire est choisi comme scénario par le cinéma et la télévision.Le film,« le vent fait son tour » (en occitan l’aura fai son vir) du metteur en scèneGiorgio Diritti, a obtenu de nombreux prix et a été entièrement tourné là.La vallée suit le cours du torrent Maira, d’où se bifurquent des vallées et descombes suggestives, comme celle d’Albaretto et Celle, de Marmora, Preit,Unerzio et Elva qui montent par des sentiers et des routes militaires vers lescrêtes, les cols et les sommets, avec d’innombrables variétés de roches etd’arbres. Dans certaines localités exposées au soleil fleurissent des essencesméditerranéennes comme la lavande.La ligne de frontière qui partage l’Italie de la France a été un passage pourémigrants et contrebandiers.Pendant la deuxième guerre mondiale, elle a ététraversée par les partisans italiens et les maquisards français qui, entre mai etjuillet 1944, au Col Sautron et à Saretto sur le versant de la Val Maira, et àBarcelonnette en France, établirent un accord politique et militaire dans lalutte antifasciste.De l’accord de Saretto il reste encore aujourd’hui une plaquecommémorative.La capitale de la vallée est Dronero (Draonier en occitan), qui a titre de villedepuis deux siècles et demi. Pour la découvrir comme occitane, il faut y allerles jours de marché, écouter au milieu des étalages, dans les cafés, entendreles gens qui viennent de San Damiano,d’Elva,d’Acceglio,de la voisine la Ròcha(Roccabruna) et qui, désinvoltes, parlent occitan.Son histoire parle d’huguenots et de vaudois, mais aussi de famillesaristocratiques, d’hommes de lettres, d’artistes, de journalistes et depoliticiens parmi lesquels se détache le personnage de Giovanni Giolitti,premier ministre du Règne d’Italie, auquel est dédié un Centre d’Études(Infos : www.giovannigiolitti.it). Dronero est riche en monuments, palais et
églises qui rappellent un moyen-âge florissant. Elle se caractérise pour lahardiesse de son pont à créneaux sur le Maira et pour son marché dufroment octogonal de la première moitié du XVème siècle.
Une anglaise à Dronero
L’exploratrice et écrivain anglaise Freya Stark (1893-1993), liée auxpersonnalités les plus en vue de son temps, comme Churchill et le mythiqueLawrence d’ Arabie, a vécu à Dronero une partie de son adolescence et elle yest retournée en 1919. Dans son autobiographie, elle décrit Dronero « villeentre deux torrents, au milieu d’une vaste et belle vallée… elle a une cathédralemédiévale avec de fines manufactures en terre cuite de style gothique lombard…Le pont, à créneaux et immensément haut, il embrasse l’entière vallée qui reposebeaucoup plus bas recouverte par les blanches pierres du fleuve, sur lesquelles despeupliers tremblants et des noyers jettent de légères ombres bleutées ».
Traversado - Passage au Col de la Gardetta
2223
Grands maîtres
Découvrir Elva c’est comme entrouvrir une porte secrète, trouver les signes
d’un monde qui fut, retrouver un livre qui a disparu, qui raconte la vie quand
les idées allaient à pied et quand vivre en altitude ne signifiait pas dire
isolement du monde.
Là haut, sur la ligne de partage des eaux avec la Valle Varaita, Elva apparaît
suspendue sur la conque au milieu des prés fauchés, entourée par les
sommets du Pelvo, du Chersogno et de la Marchisa, des montagnes qui
dépassent trois mille mètres.
L’église, dédiée à Santa Maria Assunta est sur un éperon de roche. Des figures
archaïques décorent la façade : têtes coupées de la tradition celto-ligurienne,
grands masques animaliers, Atlantide et la séquence femme- chaîne- serpent.
L’arc du presbytère est orné avec les symboles du zodiaque, une sirène
romane qui déploie ses extrémités, Saint Georges et le dragon, le chaudron
des damnés qui cuisent pour leurs péchés.
L’intérieur abrite les fresques de Hans Clemer, peintre flamand qui a travaillé
dans le Marquisat de Saluzzo ente la fin du XVème siècle et 1508,année où il est
parti pour la Provence où il a travaillé à Tarascon, Pertuis et Vinon… d’autres
terres d’Occitanie.
À Saluzzo, Clemer se maria et tint boutique avec des élèves locaux.
Elva - église de Santa Maria Assunta
Ses fresques dans la paroissiale d’Elva sont le chef d’œuvre des vallées
occitanes. Dans le territoire du Marquisat, alors fidèle aux tendances
artistiques gotiques tardives, le style de Hans Clemer représenta une vraie
révolution artistique pour sa contemporanéité et l’introduction d’éléments
de la peinture italienne de son temps.
La Crucifixion, les Histoires du Christ et de la Vierge de l’église d’Elva montrent
un fort sens dramatique et une attention pour le portrait psychologique,
évidents dans les visages des pieuses femmes et des apôtres effarés autour du
cercueil de la Vierge. Il y a d’autres oeuvres de Clemer à Saluzzo, à Revello, à
Bernezzo, Pagno, mais ici dans la Val Maira le visiteur trouvera à Celle Macra,
dans la paroissiale dédiée à San Giovanni Battista, une autre de ses oeuvres :
le tympan d’autel avec la Vierge sur le trône entourée des Saints, sur fond en
or, daté 1496, splendide amalgame entre la culture figurative provençale
lombarde et la technique picturale allemande.
Au milieu des bois, un peu à l’écart du village de Celle Macra, dans la chapelle
de San Sebastiano, se trouve l’œuvre d’un autre artiste important du XVème
siècle occitan, le peintre Giovanni Baleison (Johannes de Baleisonis), originaire
de Demonte dans la voisine Valle Stura, qui travailla sur un territoire à cheval
des Alpes entre Piémont, Ligurie et Comté de Nice. Le cycle de fresques
comprend un Dieu Glorieux, le Martyre du Saint, le Limbe, la Ville Céleste, les
Vertus, le Purgatoire et l’Enfer. Du même auteur, il y a la Vierge à l’extérieur
d’un édifice de Bassura di Stroppo et une fresque dans la chapelle des Saints
Sebastiano et Fabiano de Marmora, représentant le Christ Glorieux, la Vierge
sur le trône entre les Saints Sebastiano et Costanzo, les Évangélistes, les
Histoires de l’Enfance du Christ et de l’Enfance de San Sebastiano.
L’itinéraire pictural dans la haute Valle Maira se complète avec les fresques de
Tommaso Biazaci dans la paroissiale des Saint Giorgio et Massimo à Marmora
qui représentent San Cristoforo, San Girolamo et San Francesco qui reçoit les
stigmates. La chapelle de San Peire à Macra, a beaucoup de charme, on peut
y découvrir une Danse Macabre avec des textes en occitan mélangés à de
l’ancien français, iconographie assez rare pour ces territoires.
Une visite à l’église de San Peire à Stroppo procure une forte émotion, pour
l’emplacement et les proportions de son édifice en style roman, elle est isolée
sur un éperon, avec les fresques de l’abside et une suggestive Adoration des
bergers d’un peintre anonyme dans la chapelle latérale.L’itinéraire se termine
avec une des plus anciennes églises de la vallée, San Salvatore de Stroppo,
2425
avec son clocher à campenard, ses fresques du haut Moyen-Âge qui
représentent des épisodes de la Genèse et la Danse de Salomé et ses fresques
du XVème siècle avec le Christ bénissant les Évangélistes, les Apôtres et les
Saints Caterina et Antonio.
La sculpture du XV ème siècle dans la Val Maira a connu l’importante boutique
des frères Zabreri (Chabrier en occitan), originaires de Pagliero, qui ont porté
leur oeuvre dans de nombreuses localités du Marquisat de Saluzzo.
Aux Zabreri furent commandés les portails des paroissiales de Dronero et de
San Damiano Macra. Les chapiteaux modelés provenant de leur boutique se
trouvent dans la paroissiale de Sant’Antonio à Pagliero.Des fonds baptismaux
« signés Zabreri » se trouvent à Canosio et à Pagliero dans la Val Maira et dans
de nombreuses églises des vallées occitanes. Ils ont une forme de calice avec
un noeud au centre du tronc. La tasse est polygonale, décorée sur le bord
d’inscriptions. Dans les quartiers, les feuilles d’acanthe sont accompagnées
des armes des commanditaires.
Mais l’art dans cette vallée n’est pas l’apanage exclusif des édifices religieux.
Il se trouve aussi dans les demeures civiles,comme dans le lazaret de Caudano,
du bourg de Stroppo, récemment restauré, qui présente sur la façade à
campenard d’intéressantes fenêtres bifores avec des têtes sculptées et le
noeud caractéristique de Salomon, adopté comme symbole de la
communauté de montagne locale. On trouve des motifs décoratifs, oeuvre
d’artistes locaux, à San Damiano Macra et à Villar d’Acceglio, siège entre
autre d’un carnaval archaïque parmi les plus intéressants des vallées
occitanes. À Castellaro, Combe, Vernetti, Unerzio et Preit on trouve des
édifices seigneuriaux d’époque médiévale avec de hautes façades à
campenard et des ouvertures monofores ou bifores en pierre travaillée.
C’étaient des demeures de cette bourgeoisie paysanne et montagnarde dont
on a témoignage dans les actes notariaux du XVème et du XVIème siècle.
Les ciciu du Saint
Dans le territoire au pied des montagnes de Villar San Costanzo, on
rencontre des trésors artistiques et des environnements rares.Dans la Réserve
naturelle des ciciu (pantins), au milieu des châtaigniers, des peupliers et des
bouleaux, se dressent environ 400 formations géologiques en forme de
champignon, avec un diamètre variable entre 2 et 7 mètres et une hauteur
qui dans certains cas atteint 8 mètres. Leur formation aurait commencé il y a
12.000 ans, à la fin de la dernière glaciation. Les ciciu auraient été formés par
l’érosion des eaux qui dans les millénaires ont délavé le sol en laissant, en
correspondance de gros rochers de gneiss, des colonnes de terre compacte
surmontées de grandes pierres.
À la belle saison, les ciciu apparaissent de couleur rougeâtre avec l’amusant
chapeau sombre. En hiver, ils se transforment en clochetons qui émergent de
la neige. L’ excursion au milieu des ciciu se déploie le long des parcours
aménagés, tandis que l’accueil est garanti par le Centre visite à l’entrée de la
Réserve. L’aire extérieure est un site pour le bouldering mais il est interdit de
grimper sur les ciciu car on risquerait de les abîmer pour toujours (Infos :
Organisme de Gestion des Parcs et des Réserves Naturelles de Cuneo - tél.
+39.0171.734021).
Une légende populaire
attribue le phénomène des
ciciu à un miracle du martyr
Costanzo : les ennemis païens
qui le poursuivaient pour le
tuer, furent pétrifiés par
volonté divine.
Costanzo, saint de la Légion
Thébaine,est enveloppé par la
légende. Une pierre murée
dans l’église paroissiale aurait
couvert les reliques du martyr, on y lit en latin : « Ici repose Costanzo, martyr du
Seigneur, qui appartint à la Légion Thébaine». Autour du culte du martyr, au
Moyen-Âge, s’éleva un complexe monastique. L‘église de San Costanzo al
Monte,dans les bois au dessus du village,fut érigée au début du VIIIème siècle par
volonté du roi lombard Ariperto II, elle a été reconstruite après les invasions
sarrasines par des maîtres d’oeuvre lombards qui y portèrent leurs modèles
dans les absides, scandées de fins pilastres et ornées dans la sommité de
galeries. La crypte constitue une véritable église inférieure. Après avoir assaini
la plaine marécageuse, les bénédictins érigèrent l’abbaye des Saints Pietro et
Costanzo dans le lieu de l’actuelle paroissiale. Outre la crypte peinte à fresques
par Pietro da Saluzzo (histoires de Saint Georges, Vierge, Saints, Évangélistes),
l’église conserve la tour campanaire avec des frises romanes -gothiques et des
murs en pierre travaillée.
2627
Musées de vallée
À Elva, on trouve la preuve qu’autrefois la montagne, avec le travail des
champs, le soin du bétail, le travail du lait, garantissait plus que la simple
survie. Dans les périodes mortes du travail agricole, les montagnards
s’ingéniaient à faire d’autres métiers, en allant parfois loin. Les hommes de
Elva partaient en automne pour recueillir les cheveux qu’ils travaillaient dans
les maisons de Elva et qu’ils vendaient ensuite en France, Allemagne,
Angleterre, et même aux États-unis pour en faire des perruques. En souvenir
de cette activité, la communauté a voulu placer dans la “Maison du cadran
solaire”, exemple original et rare d’architecture alpine, le « Museo dei
Pelassiers », ce musée à travers les outils, les images et la projection d’un
documentaire parle de ce métier qui porta les habitants de Elva à travers le
monde.
Marchands d’anchois, c’est un autre métier de l’émigration, typique de la
vallée. Ces derniers partaient de la Valle Maira pour acheter les anchois qu’ils
revendaient en tournant avec un charreton. Le Musée « Seles » de Celle di
Macra leur est dédié.
La misoun d’en bot ( la maison d’autrefois ) de Borgata Chialvetta à Acceglio
(Infos: tél. +39.0171 99017), le « Museo della Canapa » (Musée du Chanvre) de
Prazzo Inferiore (via Nazionale 22) et L’escolo de mountanho (L’école de
montagne) de Borgata Paschero à Stroppo (Infos: tél. +39.0171.999220 –
999112) sont d’autres musées sur la vie de jadis.
Plus en aval, dans sa maison de Dronero, Luigi Mallé, d’origine de la petite
ville et directeur des musées civiques de Turin, laissa en héritage à la
commune, des meubles, bibelots, livres, disques et photographies. Inauguré
en juin 1995, le musée (www.marcovaldo.it) renferme une collection d’art
antique et contemporain avec des oeuvres de grands maîtres qui reflètent
le goût hétérogène de Mallé: on passe des peintures et des dessins d’auteurs
piémontais du XVIII ème siècle, à des sujets religieux de goût arcadien, à des
paysages et des portraits de flamands - œuvres achetées par Mallé au
marché d’antiquaires - jusqu’aux cadres des peintres abstraits contempo-
rains : Lucio Fontana, Umberto Mastroianni, Adriano Parisot.
Dans le village de Matteo Olivero
Dans son célèbre autoportrait, Matteo Olivero se montre avec un foulard
rouge au cou, l’oeil attentif, un chapeau noir, la barbe longue et fuselée.
Né à Acceglio, en 1879, dans le hameau de Pra Rotondo, il a été au temps
moderne le plus célèbre peintre des vallées occitanes. Olivero est rappelé
non seulement comme “peintre des neiges” ou “tragique interprète de ses
montagnes”, comme l’appelèrent les critiques d’art aux expositions de
Grenoble, Rome, à la Biennale de Venise et aux expositions de Paris, mais
aussi pour avoir su peindre les idées originales et les ferments tumultueux
de la peinture à cheval du XX ème siècle. Son oeuvre est présente dans des
collections et des musées. Nombreux de ses cadres sont conservés à la
Mairie de Saluzzo, et prochainement ils seront exposés dans un musée qui
lui sera dédié. Ici dans la Valle Maira on peut admirer les lieux qui l’ont
inspiré. Mais dans ses peintures on trouve d’autres vues de la montagne
occitane des vallées Pô, Grana et Varaita. Pour lui les cours d’eau, le soleil et
la neige , les matinées et les cimes furent une source d’inspiration.
En 1902, en Suisse, Olivero rencontra Segantini, à qui il est uni non
seulement à cause de l’amour pour le monde alpin, mais surtout pour la
capacité d’affronter la peinture à travers la décomposition des couleurs dans
leurs éléments. Pris par la passion pour le divisionnisme, Matteo Olivero
entretint, à partir de 1903, une riche correspondance avec Giuseppe Pellizza
da Volpedo, auteur du célèbre “Quarto Stato”.
Resté orphelin de père encore enfant, sa mère Lucia Rosano resta pour
l’artiste le seul point de référence. Elle le suivit dans ses nombreux
déplacements, de Turin (1896) à Saluzzo (1906), à Calcinere (1923-26). Un
des sujets les plus célèbres d’Olivero fut justement le cadre grandiose
“L’attesa” (l’attente) qui immortalise l’allure majestueuse lente et le geste
fatigué de sa mère. Quand elle mourut, le peintre lui aussi décida de mettre
fin à ses jours.
2829
Manger d’oc
La richesse du paysage de l’histoire et de l’art de la vallée favorise le tourisme
d’excursion et culturel (Infos: www.percorsioccitani.it) qui connaît grand
succès aussi bien dans les pays de langue allemande, avec l’afflux de touristes
d’Allemagne, de Suisse et d’Autriche, que dans les régions italiennes voisines.
Cela a favorisé le retour dans la vallée de forces jeunes : aussi bien les enfants
et les petits-enfants des montagnards émigrés dans les années soixante, que
des jeunes originaires de la ville qui sont venus habiter dans la Val Maira en
choisissant un style de vie moins animé que celui de la ville. L’inversion de
tendance a fait que les jeunes des vallées, qui pensaient émigrer pour
chercher fortune à la ville, décidèrent de rester. Ainsi, de nouveaux métiers
agricoles,artisanaux et touristiques se sont développés.Souvent les nouveaux
arrivés ont fait « leur » la langue occitane, en donnant vie à des initiatives
culturelles, des expositions, des musées, des itinéraires, des concerts. Les
restaurants excellents, les bed&breakfast et les entreprises agro-touristiques
sont nombreux. Ils sont nés à la suite de cette ondée de néo-ruralisme qui a
vu croître les entreprises jeunes : zootechniques et fromagères,spécialisées en
fromages bovins et caprins de qualité (à Elva, Podio di San Damiano Macra, La
Morra di Villar San Costanzo), fours artisanaux (à Roccabruna, Villar San
Costanzo, Dronero, San Damiano Macra), productions de saveurs
traditionnelles (à San Damiano Macra), infusions d’herbes alpines, comme
genépi et achillée Herbarota (à San Damiano Macra). Puis encore des vins
biologiques parmi lesquels ressortent le Nebbiolo de Dronero et d’autres vins,
cultivés pour l’instant hors de la vallée sur les collines du Saluzzese, qui ont
sauvé de l’extinction les antiques vignobles de la moyenne Val Maira.Parmi les
nombreuses suggestions gastronomiques, lo comaut (crème de courge),
macarons e trifolas (macaronis et pommes de terre avec champignons), los
fesqueiròls (plat de pâtes assaisonnées d’oignon et petit salé, petits pois et
fromage), los panets (chaussons aux pommes), la torta dels Techs de Dronero.
Quelques restaurants proposent des menus occitans complets certains jours
de la semaine.
On peut trouver les adresses et les numéros des restaurants, des exploitations
agricoles et des b&b ainsi que les informations sur les produits à la Comunità
Montana (Communauté de Montagne) - www.vallemaira.cn.it ou à l’office de
tourisme de Dronero - iatvallemaira@virgilio.it - tél. +39.0171.917080 - fax
+39.0171. 909784.
Un “espace” tout occitan
Espaci Occitan est né à Dronero (via Val Maira, 19) dans une caserne
transformée en centre culturel moderne (tél. et fax +39.0171.904075). Créé
à partir d’une initiative de la communauté de montagne Val Maira, il a
l’ambition de relier les territoires occitans d’Italie avec le grand “espace ” de
langue et de culture d’oc des Alpes aux Pyrénées, à l’Atlantique, à la
Méditerranée, et il se propose comme premier pôle culturel consacré au
monde occitan en Italie.
Sa réalisation, rendue possible grâce aussi à la reconnaissance de la
minorité linguistique occitane par l’État italien avec la loi 482 de 1999, a
représenté un tournant historique. Avec Espaci Occitan, en effet, pour la
première fois les administrations du territoire se sont chargées de la tutelle
et de la promotion de la langue et de la culture occitane, thèmes jusqu’alors
aux soins de l’associationnisme privé.
Aujourd’hui Espaci Occitan est une Association d’Administrations publiques
du territoire occitan alpin (Infos: www.espaci-occitan.org). Il comprend un
Institut d’Études, un Musée Sonore de la Langue (Sòn de lenga), un guichet
linguistique et une Boutique des Produits Occitans.
Le Musée Sonore de la Langue Occitane, réalisé sous forme multimédiale
avec des suggestions dynamiques adaptées à tous les âges, veut conduire
le visiteur à travers la géographie, l’histoire, la civilisation d’Occitanie.
Littérature, musique, histoire, vie matérielle, folklore et organisation sociale
du territoire sont illustrés par des bornes audio vidéo qui accompagnent
dans un voyage interactif et virtuel dans le monde occitan. On peut choisir
la langue de navigation entre l’italien, l’occitan, l’anglais et le français. La
médiathèque d’Espaci Occitan recueille les textes sur la littérature occitane
et le matériel multimédial sur et en langue occitane. Des films et des
documentaires, cd rom, audiocassettes et cd musicaux sont disponibles
pour la consultation dans les locaux prédisposés à cet effet et subdivisés
par aires thématiques.
L’Institut d’Études Occitanes est constamment implémenté quantita-
tivement et qualitativement avec de nouvelles offres de services, des
activités qui s’adressent à un public hétérogène, la divulgation grâce à
internet. L’espace, ouvert à l’échange et à la confrontation avec les autres
minorités italiennes et européennes, est aussi prédisposé pour les congrès,
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les projections publiques, les expositions et les présentations de livres et
d’initiatives culturelles.
Il est équipé d’un Guichet Linguistique, on line, et il propose en outre des
cours d’alphabétisation à différents niveaux, dispensés par des leçons on
line, jusqu’à l’obtention de la capacité de s’exprimer en langue d’oc. Dans la
« Bottega » on peut trouver les produits des vallées, des œuvres des éditeurs
locaux, de l’artisanat ainsi que des informations touristiques.
Espaci Occitan se place sur un territoire qui valorise les propres
caractéristiques linguistiques et culturelles.
Aujourd’hui, le site www.percorsioccitani.it propose un circuit à travers la
Valle Maira .
Dans le village de Roccabruna, la commune a dédié les rues et les places à
des personnages de la civilisation occitane avec des enseignes bilingues
italien /oc. Ainsi on trouve les régions d’Occitanie, la Provence, le Dauphiné,
la Gascogne, les artistes du XVème siècle glorieux, comme le peintre Hans
Clemer et les sculpteurs Zabreri, des personnages éclectiques comme
Giacomo Inaudi de Roccabruna, calculateur mental de renommée mondiale
cité dans l’Encyclopédie française Larousse, le Nobel Frédéric Mistral chantre
de la Provence, l’idéologue humaniste François Fontan et les troubadours
médiévaux les plus célèbres, parmi lesquels Arnaud Daniel, Peire Vidal,
Marcabrun et la Contessa de Dia.
Poésie et prose ont toujours trouvé dans la population de la Val Maira un
terrain fertile, où cultiver des récits et des rimes. Certains, parmi les écrivains
les plus importants du renouveau occitan en Italie, advenu dans les années
60 du siècle dernier, sont originaires de cette vallée. Leurs oeuvres publiées
par des éditeurs locaux, se trouvent dans les librairies, et dans les
bibliothèques et sont disponibles à l’ Espaci Occitan. Le thème récurrent est
la nostalgie d’un passé populeux et florissant opposé au présent des villages
souvent abandonnés. Parmi les noms à ne pas oublier on trouve Pietro
Ponzo de Preit, Pietro Antonio Bruna Rosso (Tòni d’ l’Aura) auteur de brèves
poésies et du “Piccolo Dizionario del Dialetto Occitano di Elva” (Petit
dictionnaire du dialecte occitan de Elva), Piero Raina (Pietro d’Seze). Dans le
coeur de ce poète il y a la montagne symbole et archétype: en bas le monde
à bout de souffle, pollué, sombre des hommes seuls dans la foule; en haut le
monde sain, pur, lumineux d’une solitude sereine car en contact avec la
mémoire et le transcendant. Pour Raina, la montagne meurt quand l’homme
l’abandonne. Sa poésie “Cadranno le case dei villaggi” est célèbre:
Toumbaren i casei di vilage
Sla mountagno abandounà
Un al bot senzo tapage
I casei dle noste ruà
Bouch d’erbo biancho, rousier sarvage
Enfoungaren le bianque rei
Ai pe da c’les muraie
Esquiapa da l’auro e dal soulei
…
Troup d’sarvan la sero
Saiaren dai bosq tenebrous
Per viroundar sle quintaine silenziouse
A escoutar le vous misteriouse
Que dousse ancaro dapé i lindal
Desert di meisoun
Countaren le storie di minà.
…
Les maisons rustiques des villages tomberont
Sur la montagne abandonnée
Une à la fois sans bruit.
Les maisons de nos hameaux
Bouquets d’absinthe, rosiers sauvages
Plongeront les blanches racines
Aux pieds de ces murs
Fendus par le vent et le soleil
…
Des groupes de gnomes le soir
Sortiront des bois ténébreux
Pour rôder dans les petites rues silencieuses
À écouter les voix mystérieuses
Qui suaves encore, sur les seuils
Déserts des maisons,
Raconteront les fables des petits enfants.
…
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Valle Grana
De toutes les vallées, la Valle Grana est la plus proche de Cuneo.Elle est encore
caractérisée par une vie agricole fervente, à l’entrée de cette petite vallée se
trouve Vignolo, à la tête Castelmagno, avec ses 13 hameaux et avec un des
sanctuaires les plus célèbres des Alpes Occidentales.
On peut admirer des paysages splendides de bois épais de châtaigniers, de
hêtres et de conifères, qui en altitude laissent la place aux pâturages avec de
rares exemplaires de flore protégée qui ont rendu célèbre le fromage
Castelmagno.
Caraglio est un centre économique important au fond de la vallée. Il s’agit
d’un site romain, aujourd’hui siège d’initiatives culturelles et berceau de la
nouvelle musique occitane de Lou Dalfin “exportée” en Italie et en Europe.
Les initiatives pour la promotion de la culture occitane qui se déroulent toutes
les années dans les communes de Monterosso Grana et de Castelmagno
sont significatives.
Dans les villages de la vallée, on peut admirer des exemples de l’architecture
alpine qui s’est conservée dans le temps, visiter le Musée Ethnographique de
Sancto Lucìo de Coumboscuro et à Castelmagno dans le hameau Chiappi le
Muzeou dal travai d’isi (Musée du travail local) et dans le hameau Colletto le
Pichot Muzeou, aménagé dans une étable.
Outre les témoignages historiques et artistiques d’origine romane et
gothique, on peut voir dans les fresques des chapelles et des églises
paroissiales le mécénat des marquis de Saluzzo, qui ont dominé dans cette
région pendant des siècles.
Fromage Castelmagno
Ce fromage particulier “à pâte persillé ” est original pour son arome et sa
délicatesse, qui lui sont conférés par l’alimentation du bétail. Les vaches se
nourrissent de la flore riche, des herbes aromatiques particulières, et des foins
parfumés. Ce fromage a une origine très ancienne: en effet, on le mentionnait
déjà en 1277 comme tribut aux Marquis de Saluzzo en échange de l’usufruit de
leurs pâturages.
Aujourd’hui, le Castelmagno est le symbole d’une économie de montagne qui
exploite au mieux les particularités du lieu. Le projet de l’écomusée “Terra del
Castelmagno” (Terre du Castelmagno) s’est développé avec l’objectif de
maintenir les liens entre l’homme et le territoire et une mémoire indispensable
pour les nouvelles générations. Le projet veut protéger le procédé de
production du Castelmagno en illustrant ses retombées sur l’économie et sur
les habitudes de la vie locale. Le projet de l’écomusée prévoit aussi le
rétablissement des sentiers qui mènent aux hameaux d’altitude et la visite à
l’intérieur d’une fromagerie où on travaille le fromage. Dans le programme
interviennent en synergie quatre points fondamentaux : le fromage Castel-
magno, l’architecture alpine, le travail, le paysage.
Le sanctuaire de Castelmagno
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Sanctuaire de Castelmagno
Castelmagno prend le nom d’un Château de forme carrée, avec quatre
grandes tours aux angles dont il reste peu de traces dans le hameau
Colletto. Le lieu avait déjà subi une occupation romaine pour sa position
stratégique, en effet, on trouve encore les vestiges d’un ‘“arula“(petit autel)
dédié à Mars. Le village abrite un sanctuaire dédié à San Magno, à 1760
mètres d’altitude, étape d’un itinéraire religieux qui, partant de Sant’Anna
di Vinadio, se développe à travers les vallées Maira et Varaita (sanctuaires
Valmala et Becetto) et rejoint, dans la haute Valle Pô, le Sanctuaire de San
Chiaffredo.
San Magno est retenu comme martyr de la Légion Thébaine. Dans la
période d’évangélisation initiale de ces terres, qui s’est réalisée en grande
partie dans la première moitié du troisième siècle, l’empereur Massimiano
Erculeo rappela d’Égypte 6666 soldats, pour freiner le Christianisme dans
les Gaules.Toutefois, la Légion entière, en grande partie d’origine Thébaine,
s’était entre-temps convertie à la foi chrétienne. Ainsi les soldats se
refusèrent de persécuter les frères dans la foi, et comme représailles, ils
furent exterminés. On trouve leurs traces à l’ombre des clochers et des
niches votives de tout l’arc alpin, ainsi que dans les noms des habitants de
la vallée : Costanzo, Chiaffredo, Vittore, Magno, Dalmazzo, Maurizio, Felice,
Alessandro, Clemente,Vitale, Ottavio, Damiano, Defendente, Isidoro, Mauro,
Pancrazio.
La dévotion populaire des habitants de la vallée pour San Magno, considéré
comme le protecteur des troupeaux et des pâturages alpins, s’est
consolidée depuis des temps immémoriaux. Pour la fête du Saint patron, le
19 août, depuis le XVIII ème siècle se déroule une procession en haute
altitude: la statue du Saint – en costume de guerrier - est conduite au
sanctuaire par une dizaine de membres de la Baio, avec des costumes à
queue et des bicornes, ornés de cocardes et de rubans en soie de
différentes couleurs (es livrees) liés aux hallebardes. À la différence d’autres
baias ou abadie des vallées, qui conservent un caractère populaire
et parfois païens avec des références aux saisons comme le réveil
du printemps, ce cortège garde un caractère christianisé (Infos:
castelmagno.oc@libero.it).
Le Sanctuaire de San Magno, tel qu’on le voit aujourd’hui, fut édifié entre
1704 et 1716, mais il conserve des documentes artistiques précédents d’un
intérêt remarquable. Outre la chapelle peinte à fresques par Pietro da
Saluzzo, on peut visiter la “Cappella Vecchia” (vieille chapelle) du sanctuaire,
où on peut voir les fresques de Giovanni Botoneri de Cherasco qui date de
1514. Les fresques occupent 17 subdivisions qui racontent l’entrée
triomphale de Jésus à Jérusalem, sa condamnation et la passion.
À Castelmagno se trouve le Centre Occitan de Culture “D. Dalmastro” , une
association qui depuis plus de trente ans s’occupe de la tutelle et de la
valorisation de la langue occitane. Le Centre publie aussi un périodique, La
vous de Chastelmanh. (la voix de Castelmagno)
Dans les dix dernières années, des laboratoires artisanaux sont aussi
apparus, ils sont spécialisés dans la sculpture du bois et dans la production
de biscuits artisanaux.
La montagne autour de Castelmagno parle encore de la dépopulation qui
la frappa après la guerre. Certains des villages et des hameaux sont la
destination des excursions pour les amants de l’architecture alpine, car ils
ont gardé intact l’aspect des réalités des habitats du siècle dernier. Parmi
ceux-ci, les plus remarquables sont l’antique village de Narbona et les
bourgades de Valliera, Battuira et Campofei. Ces sites de montagne
conservent d’imposantes colonnes circulaires et des souches de cheminées
caractéristiques dont les bouches des fumées sont décorées avec des
pierres mises en éventail.
En suivant les sentiers tracés, les amateurs de l’altitude pourront monter
aux monts Tibert et Tempesta, d’où on peut observer les jours de ciel
limpide, le paysage grandiose de l’arc alpin et de la plaine piémontaise.
À peu de distance “Lou Pertus d’la Patarasa”, du nom d’une fée gracieuse
qui, dit-on habitait dans les cavernes, c’est une grotte avec des formations
de cristaux de calcite et de glace éternelle. Cela nous rappelle qu’autrefois
tout était extrait de la nature.
Novè
La culture occitane porte une attention particulière au chant de noël. Les
cérémonies et les représentations populaires liées à cette fête ont une double
connotation : de fête religieuse, mais aussi de fête païenne du solstice d’hiver,
qui préannonçait la renaissance de la nature. La culture occitane toujours très
attentive au monde naturel, a conservé dans sa tradition un riche répertoire
de Novè (les Noëls) qui étaient chantés dans ces occasions, où le peuple
participait en première personne et non en tant que spectateur. Les Novè,
inspirés aux textes des Écritures Sacrées, ont fait référence aussi aux récits
apocryphes et ils se sont enrichis au cours du temps avec des dévelop-
pements originaux:des éléments de vie quotidienne,des situations comiques,
des personnages contemporains… Aujourd’hui encore, pendant la période
de Noël, ils sont exécutés dans les églises des vallées.
Les plus célèbres sont les Novè de Nòsta Dama dei Dòms d’Avignon et les Novè
de Sabòli, écrits par Micolau Sabòli (1614-1675) au XVIIème siècle.
Digne de remarque les expériences originales de deux groupes, L’Escabòt
(Infos: tél. +39.0171.986142), qui s’est formé en 1999 avec neufs chantres
des vallées Stura et Grana et La Cevitou (Infos: www.lacevitou.it - tél.
+39.0171.988103), le chœur polyphonique le plus ancien des vallées
occitanes, qui repropose des morceaux qui proviennent du riche filon de la
tradition populaire occitane, descendante directe de l’inspiration des
troubadours.
Sancto Lucio de Coumboscuro - Roumiage
Fêtes à Coumboscuro
On va à Sancto Lucìo di Coumboscuro comme en pèlerinage. Au début des
années soixante, dans ce hameau de Monterosso Grana le réveil, qui ici se
définit « provenzale », a fait ses premiers pas grâce à la passion de Sergio
Arneodo, enseignant, poète, auteur de théâtre et divulgateur charismatique.
Comme le poète Tòni Baudrier et le penseur François Fontan dans la Valle
Varaita, Arneodo a enflammé les vallées, en révélant que le patois qu’on
parlait était né de la langue des troubadours et de la lyrique de Frédéric
Mistral. Le périodique « Coumboscuro » remonte à ces années-là, ainsi que la
naissance d’un laboratoire de sculpture du bois.
Coumboscuro a donné naissance à une génération de poètes, qui ont grandi
dans l’admiration de la poésie provençale. Une des réalisations les plus
importantes du mouvement de pensée qui s’est créé à Coumboscuro est
l’école où, encore aujourd’hui, l’enseignement est en langue d’oc.Ainsi, parmi
les élèves, naissent de nouveaux petits poètes :
NuèchSoufîo l’auro enrabià:
i-arbou soun tuchi coujà,
i fuéie vòlen desperà.
En chan japo aval,
elouégn envers lou bial.
Tout es quiét,
la luno espouncho sal sarét.
S’èstegnen i quiar ent’i ruà
e mi istou souléto a pensar…
A Coumboscuro se déroulent des manifestations culturelles parmi lesquelles
le Festenal, rencontre de musiques et traditions européennes, expositions et
rencontres sur les langues minoritaires.
Le second dimanche de Juillet se tient une procession religieuse originale
dédiée à la Sainte Vierge.
Pour la connaissance de la culture matérielle des vallées occitanes, la
visite au Musée Ethnographique est particulièrement formative (Infos :
www.coumboscuro.org - tél. +39.0171.98707), avec des sections dédiées aux
travaux agricoles, au chanvre, au lait, au cycle du pain, à l’artisanat (tissage,
Nuit
Le vent souffle enragé
Les arbres sont tous pliés,
les feuilles volent désespérées.
Un chien aboie là bas,
au loin, vers le torrent.
Tout est silencieux,
la lune sort sur le col.
les lumières s’éteignent dans les bourgades
et moi je reste seul à penser….
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menuisier, tonnelier, aiguiseur, sculpteur, dentelle), aux transports, à
l’ameublement traditionnel, à l’habillement et aux passe-temps.
Il faut rappeler dans la partie la plus ancienne de San Pietro de Monterosso
Grana, un musée suggestif en plein air, qui est donc toujours visitable et qui
repropose des scènes domestiques et des anciens métiers. Les personnages
appelés babaciu en dialecte, sont grandeur nature.
Sur les traces de Pietro
La vallée conserve de nombreuses oeuvres de Pietro da Saluzzo que les
documents disent né dans la famille des Pocapaglia.
Il est l’auteur des fresques de la chapelle de San Magno, dans le sanctuaire de
Castelmagno,peintes entre 1475 et 1480,et de celles de la chapelle des Saints
Bernardo et Mauro à Valgrana Vierge sur le trône, San Bernardo da Mentone ,
Jean Baptiste, les Évangélistes, les Docteurs de l’église et une Annonciation,
ainsi que de celles de la chapelle de San Sebastiano à Monterosso.
Peintre sensible aux douceurs courtoises, Pietro da Saluzzo n’exprime pas de
drames mais il s’abandonne à l’élégance des linges drapés, au ton calme et
détendu des scènes, aux gestes contrôlés de ses personnages. Ce fut, à son
époque, un artiste recherché par les commettants du Marquisat et des terres
voisines. Il tint boutique et il eut de nombreux élèves. Il travailla pour les
églises et les confraternités.En peinture il reçut les influences lombardes, mais
il refusa la leçon de Jaquerio qui dans le Marquisat avait produit des oeuvres
de grande valeur, comme les fresques du « Salone Baronale » dans le Château
de la Manta.
Pour ceux qui veulent suivre un itinéraire parmi ses oeuvres, outre celles
décrites dans la Valle Grana, on signale le cycle déjà cité de la chapelle de San
Giorgio à Villar San Costanzo dans la Val Maira, la chapelle de San Ponzio à
Castellar dans la Val Bronda, l’Annonciation à San Bernardo de Ostana dans
la Valle Pô, le Passage de la Vierge à Santa Maria in Nives à Centallo,
l’Annonciation à San Giovanni Battista à Savigliano, le cycle dans la chapelle
de la SS.Trinità à Scarnafigi, les fresques dans l’antique église paroissiale des
Saints Filippo et Giacomo à Verzuolo, les peintures de la chapelle de
Sant’Anna et de San Giovanni à Piasco dans la Valle Varaita, la Santa Cecilia
dans la chapelle de Santa Maria della Spina à Revello, la fresque détachée de
San Nicola da Tolentino exposée au Musée Civique de Casa Cavassa à Saluzzo.
Caraglio: soie, musique et art
Débouché naturel des vallées vers la plaine agricole, Caraglio est, avec
Borgo San Dalmazzo, la seule petite ville des vallées occitanes de la province
de Cuneo à montrer des traces de fondation romaine.
Dans le hameau San Lorenzo on a retrouvé les bases d’un édifice thermal,
des terres cuites, des épigraphes et des pièces de monnaie.
L’installation urbaine et l’architecture de la petite ville conservent les traces
des différentes époques, du Moyen-Âge roman gothique (les ruines du
château de 1128 perché sur la colline, l’édifice de l’Antico Municipio, la
demeure de via Brofferio, le clocher de l’église des Saints Pietro et Paolo,
l’église de San Giovanni Battista) au baroque (église de Santa Maria Assunta,
église des Cappuccini), au XIXème siècle avec les demeures aristocratiques, les
fontaines et les monuments.
En 1198, la révolte des habitants de Caraglio contre le marquis de Saluzzo
concourut à la fondation de Cuneo sur le plateau compris entre les torrents
Gesso et Stura. Sa richesse passée dériva en grande partie du fait que
Caraglio est un croisement au centre d’une région agricole fertile et du fait
de son développement protoindustriel avec cinq filatures et moulinages
pour la production de la soie.
Récemment Caraglio est devenue le siège d’activités culturelles à l’avant-
garde dans le Piémont sud occidental, organisées et gérées par l’association
culturelle Marcovaldo. Le calendrier de l’association est riche d’expositions
internationales d’art contemporain, d’expositions photographiques, de
manifestations historiques et littéraires et de congrès thématiques. Les
manifestations se tiennent toutes à l’intérieur du suggestif Couvent
« Convento dei Cappuccini » et dans le « Filatoio Rosso », édifice du XVIIème
siècle récupéré et restauré, un des plus originaux des vallées occitanes, avec
des tours angulaires cylindriques, deux cours internes et des décorations en
stuc et en terre cuite (www.marcovaldo.it - tél. +39.0171.610258).
Le Filatoio, bâti par l’industriel de la soie Giò Gerolamo Galleani, fut en
même temps usine et demeure raffinée, témoin d’une époque à laquelle
dans les campagnes de Caraglio la soie donnait du travail à plus de six cents
personnes.
La vivacité culturelle actuelle semble reproposer le souvenir du grand
ferment d’idées qu’il y avait au XVIème siècle, quand la Réforme protestante
se répandit dans la basse Val Grana et la population de Caraglio y adhéra en
masse, favorisée par les Seigneurs du lieu , les Solaro di Villanova, dont les
membres les plus influents s’étaient convertis à la foi vaudoise.
C’est à Caraglio que vit le musicien le plus célèbre de l’Occitanie italienne:
Sergio Berardo, joueur de vielle, d’accordéon diatonique, de fifre, de
cornemuse et de différents instruments électriques, leader du groupe Lou
Dalfin, en français “le dauphin”.
Berardo, artiste charismatique, a su réinventer la tradition, l’ouvrir aux
mélanges de musiques et de styles en créant un genre nouveau, un langage
musical engageant, dans lequel cohabitent les sons contemporains et
archaïques, les rythmes de discothèque, les mélodies millénaires et les échos
des chansons d’auteur. Les instruments sont restés en partie ceux de la
tradition occitane alpine: vielle, accordéon diatonique, cornemuse, violon,
guimbarde, flûte, clarinette. D’autres, comme le fifre, le galobet, les tambours
de Provence, se sont ajoutés en puisant dans le patrimoine d’outre-alpes,
mélangés aux instruments modernes électriques du rock contemporain.
On dit de Berardo qu’il empoigne la vielle comme Jimmy Hendrix
empoignait la guitare électrique. Sa notoriété va bien au-delà des vallées
occitanes et les passionnés qui suivent ses concerts (des milliers de jeunes)
et qui écoutent les cd de Lou Dalfin (Infos: www.loudalfin.it) découvrent une
culture musicale antique interprétée avec des sonorités et des langages
actuels.
Berardo a élargi les horizons de la musique occitane qui risquaient de rester
enfermés à l’intérieur des espaces établis par la tradition et par le folk revival,
en la rendant dans ce sens moderne populaire. Aux concerts il a ajouté
l’activité didactique et de nombreux musiciens ont grandi à son école. Sur
sa trace sont nés les groupes : Lou Seriol de la Valle Stura, Lhi Jari de la Val
Vermenagna , Gai Saber de Peveragno, les Fuines de la Val Maira, Chare Moulà
et Aire d’Oustano de la Val Pô. On distingue aussi dans ce panorama d’autres
groupes musicaux comme les Trobairitz d’òc, A fil de ciel, Senhal,Troubaires de
Coumboscuro, et beaucoup d’accordéonistes, de violonistes, de clarinettistes
et de chanteurs populaires sont actifs.
La rencontre et l’échange d’expérience avec les musiciens de l’Occitanie est
devenue une habitude dans la fête annuelle de Lou Dalfin à Castelmagno.
À cette occasion comme à de nombreuses autres l’exécution chorale de
l’hymne Se Chanta, l’unique chanson d’amour, et non de guerre, qui est
devenu l’hymne d’un peuple, est chanté aux quatre coins de l’Occitanie de
la Val Grana à la lointaine Gascogne.
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Se chantaDenant de ma fenestra i a un aucelonTota la nuech chanta, chanta sa chançon
Se chanta, que chanteChanta pas per iuChanta per m’amigaQu’es luenh de iu
Aquela montanhas que tant autas sonM’empachon de veire mieis amors ont son
Autas, ben son autas, mas s’abaissarènE mas amoretas vers iu tornarèm
Baissatz-vos montanhas, planas levatz-vosPerqué pòsque veire mieis amors ont son
Trad.Devant ma fenêtre il y a un petit oiseau / Toute la nuit il chante, il chante sachanson / S’il chante, qu’il chante, / Il ne chante pas pour moi / Il chante pourma mie / Qui est loin de moi / Ces montagnes qui sont si hautes /M’empêchent de voir où sont mes amours / Hautes, elles sont bien hautes,mais elles s’abaisseront / Et mes amourettes retourneront vers moi /Abaissez-vous montagnes, élevez-vous plaines / Afin que je puisse voir oùsont mes amours
Caraglio - Filatoio Rosso (la filature)
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Valle Stura
C’est une des plus longues et des plus suggestives vallées occitanes, ancienne
voie romaine vers la Provence et la zone de Nice à travers le Col de Larche
(1996 m) et le Col de la Lombarde (2351 m).
Lorsque les Romains ont conquis ces territoires, ils ont tenu compte des
affinités ethniques entre les populations des deux côtés du versant : ainsi la
Valle Stura, avec les vallées voisines Gesso et Vermenagna, ont été réunies à la
Provence, qui pour son niveau de civilisation a été la province romaine par
antonomase. Des indices sur les toponymes, Piano Quarto à Gaiola et Piano
Quinto à Roccasparvera, bornes, inscriptions à Mars, à Diane et aux divinités
protectrices des chariots et des routes marquent le tracé de la route romaine
vers la Provence.
La langue occitane est encore largement répandue sur tout le territoire
jusqu’aux portes de Borgo San Dalmazzo. Dans les villages d’altitude, la
langue d’oc parlée fait partie des parlers occitans les plus archaïques et les
mieux conservées de toute l’Occitanie alpine.
La vallée possède des paysages rudes et anguleux, avec de magnifiques
vallons latéraux (Arma, Bagni, Lombarda, Neraissa, Ferriere), d’imposantes
oeuvres militaires comme le Forte Sabaudo construit au XIX ème siècle à
Vinadio et de sévères clochers romans à Aisone, à Vinadio, à Sambuco et à
Pietraporzio.
Pour son caractère stratégique de voie de passage,elle a souvent été disputée
et elle a vu passer de nombreuses armées. Dans la vallée se trouvent même
des constructions originales de troncs à blockbau à San Bernolfo (Bagni di
Vinadio), avec les toits en paille dans le vallon de Neraissa et avec les toits à
bardeaux à Ferriere.
Musées d’altitude
Aujourd’hui la renommée de la Valle Stura est aussi liée à la brebis sambucana,
au caractéristique profil camus, son élevage a été revitalisé depuis quelques
années. Il s’agit d’un ovin autochtone, apprécié avant tout pour sa viande, son
fromage et même pour sa laine.
L‘élevage des moutons transhumant était une des activités les plus
fréquentes. C’est ce qu’on raconte avec beaucoup d’autres histoires dans le
parcours muséal Na draio per vioure (une route pour vivre) agencé par
l’Écomusée de l’Élevage des moutons de Pontebernardo de Pietraporzio qui
valorise le patrimoine culturel, naturaliste environnemental (Infos : tél.
+39.0171.955555 - www.vallestura.cn.it).
Sambuco a réalisé dans les locaux de l’ex-école primaire le Centre de
Documentation de Vallée. La structure, active depuis 1988, a le but de
documenter le patrimoine historique et culturel de la vallée et de valoriser les
initiatives locales. Le centre abrite une exposition permanente des coutumes
et des objets traditionnels des « Abbadie » de la Valle Stura ,avec une référence
particulière à celles de Festiona et de Sambuco, exemples significatifs de baio
« christianisée ». C’est aussi le point d’accueil des visiteurs et il possède un
espace de vente de livres, publications et matériels divers.
Pietraporzio - hameau de Pontebernardo, siège de l’écomusée de l’élevage du mouton
Vinadio en mouvement
Grâce à la récupération effectuée par la Regione Piemonte, à Vinadio on
peut visiter le Fort de Carlo Alberto, chef d’oeuvre d’ingénierie et de
technique, un des exemples les plus significatifs de l’architecture militaire
des Alpes occidentales. La construction, commencée en 1834, engagea
jusqu’à 4000 personnes et elle s’est conclue quatorze ans après. À l’intérieur
trois niveaux de cheminement abritent l’exposition interactive « Montagne
en mouvement » organisée avec un sens aigu du spectaculaire. Il s’agit d’une
série de « parcours multimédiaux à travers les Alpes méridionales. Une
invitation à relire le passé pour réfléchir sur le présent et explorer le futur des
vallées alpines ». La montagne, donc, vue non pas comme frontière et péri-
phérie, mais plutôt comme charnière,
noeud d’échange. À travers quarante
écran-situations, plus de soixante
programmes vidéo et quatorze
pupitres interactifs, il nous apparaît
l’image d’une montagne dyna-
mique et flexible, où l’homme a su co-
njuguer l‘adaptation à l’environ-
nement avec la créativité (Infos : Fort
de Vinadio - tél. +39.0171.959151 - www.fortedivinadio.it).
La traditionnelle Foire de la Toussaint se tient à Vinadio le dernier dimanche
d’octobre. Jusqu’aux années 80 du siècle dernier la foire tournait autour de la
vente des pommes de terre (bòdis en occitan), des bovins et des ovins.Ensuite
l’exposition du Mouton Sambucano, s’est affirmée, et elle est complétée par
des concerts, des expositions et des spectacles qui valorisent les traditions du
monde pastoral, ainsi que la dégustation des gros agneaux Sambucano selon
les différentes recettes de la tradition (Infos : Comunità Montana Valle Stura -
tél. +39.0171.955555).
Dans le bourg de Bagni on peut effectuer des soins dans les thermes
qui utilisent de l’eau riche en soufre, qui jaillit à 55° et qui est utilisée pour
des bains, des aérosols, des inhalations. On peut aussi faire des massages,
des bains de boues et des physiothérapies (Infos : tél. +39.0171.959395 -
www.termedivinadio.com).
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Frontières de beurre
… je n’avais pas encore seize ans, je suis parti pour la France,à pied à travers le Col
de Ciriegia ; avec d’autres [personnes [ nous avons marché jusqu’à Saint Laurent
du Var au-delà de Nice, et de là nous sommes allés à Saint Raphaël, à l’aventure…
… à douze ans je suis allé la première fois à Barcelonnette. De mon village il
partait un chariot avec les enfants dessus… il nous menait jusqu’à Pianche.
Ensuite de Pianche à Barcelonnette nous allions à pied. À Barcelonnette, au mois
d’avril, chaque jeudi, il y avait le marché des enfants… Ensuite j’ai commencé à
aller du côté de Grasse…
Ce sont deux témoignages de la Valle Stura d’antan, tirés du livre « le Monde
des Vaincus » de l’écrivain Nuto Revelli. L’émigration saisonnière menait à
Marseille, à Toulon, dans la Crau, en Camargue, Nice, Arles, Aix, Nîmes et
Avignon, rarement elle prenait la direction contraire vers la plaine du Pô.Jadis
c’était normal de voyager à travers les montagnes.Les enfants étaient amenés
aux foires pour être « loués » comme bergers.
Les migrants qui sur la côte de la Provence faisaient danser les marmottes et
demandaient un peu d’argent en échange de ce petit cirque étaient une
particularité de la Valle Stura. Les frontières étaient de beurre. Pour ceux qui
connaissaient les passages sur les montagnes aller en France servait à survivre
dans un pays qui était familier et où on parlait la même langue.
La connaissance des cols favorisait la contrebande. Ils portaient du riz et du
tabac, ils prenaient du sel qui coûtait peu et qui se revendait quinze vingt fois
plus cher dans les vallées. La Comunità Montana Valle Stura a dédié à la
contrebande un musée à Ferriere, à 1900 m d’altitude. Il se trouve dans une
maison restructurée qui s’appelle la mishoun de couòntrabando (la Maison de
la Contrebande - Infos: tél. +39.0171.96715) et il reprend les allers-venues de
cette pratique de frontière, pour illustrer la vie dans la bourgade, avec un film
qui recueille les témoignages des personnes qui ont effectué cette activité
certainement illégale mais utile à la survie en altitude.
Mémoire des Alpes en guerre
Les traces de la seconde guerre mondiale sur les Alpes - guerre contre la
France, Résistance et persécutions raciales - sont un réseau écomuséal
transfrontalier (www.memoriadellealpi.net).
Dans la province de Cuneo se déploient plus de quarante « Sentiers de la
Liberté », qui relient des lieux et des itinéraires significatifs pour en récupérer
la mémoire historique. Il y a des centres d’ informations à Cuneo, à Borgo San
Dalmazzo, à Boves, à Dronero, à Roccabruna et à Sambuco, Ormea, avec des
espaces, des initiatives et du matériel pour revivre, avec l’esprit et le coeur, les
pensées, les projets, les choix, les sentiments et les émotions des protagonistes
de ces années- là. Il est rappelé par exemple qu’en 1940 le territoire de la Valle
Stura fut occupé par de nombreuses divisions alpines et d’infanterie, de
canons et divisions de chemises noires auxquelles Mussolini avait confié la
tâche de percer les lignes françaises.La France,déjà vaincue par les Allemands,
considéra l’attaque italienne « un coup de poignard dans le dos ».
Un Mémorial à côté de la gare de chemin de fer de Borgo San Dalmazzo
rappelle les Juifs de toute Europe arrivés à pied de la Vallée de la Vésubie.
Beaucoup furent accueillis par la population mais quelques centaines furent
capturés et envoyés dans des trains dans les camps de concentration
allemands.
Dans les jours qui suivirent le 8 septembre 1943, sur les montagnes occitanes
on organisa les premiers groupes de résistance. Un groupe d’antifascistes,
guidé par Duccio Galimberti, Dino Giacosa, Dante Livio Blanc, se réunit à
Madonna del Colletto, entre les vallées Stura et Gesso, en formant la « Banda
Italia Libera ». L’emplacement de Madonna del Colletto étant difficile à
défendre, la bande se déplaça à la bourgade Paralup, au sommet du vallon
de Rittana entre les vallées Stura et Grana, aujourd’hui intéressée par le projet
de conservation architecturale présenté par la Fondation intitulée à l’écrivain
partisan Nuto Revelli.CN 12 P1)
camminare nella storia
4647
Les merveilles de Pedona
Les origines romaines de Borgo San Dalmazzo sont une énigme fascinante.
On se demande encore où était exactement située Pedona aux « blanches
tours », municipium déjà au premier siècle après J.C. et siège d’un statio
doganale qui conserva pendant longtemps une considérable importance
puisque position de contrôle sur les voies vers la Ligurie et vers la France,
mais elle n’échappa pas à la décadence et aux incursions sarrasines du X-
XIème siècle, comme on lit dans le « Planctus super Pedonam » (Pleur pour
Pedona).
Parmi les objets archéologiques retrouvés, une épigraphe, qui atteste
l’existence des stations de la Quadragesima Galliarum, une nécropole du
IIème et IIIème siècle près de l’actuelle abbaye et des noyaux de tombes
romaines dans d’autres points de la ville. D’intérêt particulier, le relief
funéraire de deux époux (moitié du Ier siècle après J.C.) conservé dans le
Musée Civique de Cuneo et la stèle Victorina de fin marbre blanc, dédiée à
une femme, mais curieusement décorée avec un bouclier et des flèches.
Nous trouvons témoignage des liaisons avec la mer, aussi dans un autel
dédié à Neptune par les piscatores, conservé à Mondovì dans le séminaire
épiscopal.
La première mention de l’abbaye de San Dalmazzo est contenue dans un
diplôme de 902 dans lequel Ludovico III de Provence la posa aux
dépendances de l’évêque Eilulfo d’Asti.
Tout aussi incertaines sont les origines de San Dalmazzo ou de Dalmazio,
saint patron de la ville. Quelqu’un l’a indiqué comme évangélisateur de
l’ancienne Pedona. Selon une ancienne version, le saint, soldat de la Légion
Thébaine, subit le martyre par les sacerdoces d’Apollon.
L’église de l’abbaye de San Dalmazzo conserve une vaste crypte
avec des décorations prisées en stuc et marbres et des chapiteaux du
haut Moyen-Âge. Dans la Chapelle des Anjou se trouvent des fresques
des frères Biasacci de Busca et de Giovanni Baleison de Demonte
(Info : www.sandalmazzo.com et en particulier le Musée de l’Abbaye -
www.sandalmazzo.com/museo/index.htm).
Les premiers jours de décembre se tient la traditionnelle Fiera Fredda (Foire
Froide), instituée par Emanuele Filiberto dans le lointain 1569. Elle s’appelle
ainsi parce qu’elle représente la dernière occasion de fête avant l’hiver.
Ferriere, siège de la Maison de la contrebande
L’exposition est devenue très renommée pour la dégustation et la vente de
l’escargot blanc, Helix Pomatia Alpina, aux chairs blanches appréciées des
gourmets qui a son habitat naturel dans les vallées alpines voisines.
Aujourd’hui l’escargot est élevé et il est cuisiné selon différentes recettes plus
ou moins traditionnelles.
Parcours littéraires et légendes
Une des plus importants écrivains italiens du XIX ème siècle, Lalla Romano,
naquit à Demonte en 1906, dans une famille sensible aux arts et aux
sciences. Pendant les années universitaires à Turin elle connut et fréquenta
des écrivains et des intellectuels du calibre de Vincenzo Monti, Cesare
Pavese, Mario Soldati, Franco Antonicelli, Arnaldo Momigliano.
Parmi ses romans, « la pénombre que nous avons traversée » (1964) est
inspiré de son enfance dans la Valle Stura. Les années passées à Demonte
apparaissent aussi dans un livre particulier, « Lecture d’une image », que
l’écrivain dédia à son père Roberto et il est constitué de photographies
prises entre 1904 et 1914 et gravées sur des plaques en noir et blanc.
Mais Lalla Romano (disparue à Milan en 2001) fut aussi appréciée comme
peintre, elle fréquenta l’école turinoise Felice Casorati et exposa ses oeuvres
dans des expositions collectives et personnelles. En souvenir de ceci,
Demonte lui a dédié un espace, situé dans le Palazzo Borelli du XVIIème siècle,
demeure parmi les plus prestigieuses, érigée par les vicomtes Bolleris,
seigneurs de la vallée depuis le temps de Jeanne d’Anjou (1376).
L’« Espace Lalla Romano » comprend une exposition permanente qui docu-
mente des paysages, atmosphères, formes et couleurs des lieux qui ont
exercé une influence décisive sur la formation de la sensibilité artistique de
Lalla Romano, à partir de ses cadres et des dessins juvéniles, lieux qui
transparaissent aussi dans ses livres. À côté de l’exposition, une
bibliothèque, un laboratoire didactique pour promouvoir la connaissance
et la conscience de l’œuvre littéraire de Lalla Romano en impliquant les
écoles et les enseignants, à partir de celles locales pour élargir le champ de
vision à la région transfrontalière. Donc un centre d’ études sur le paysage
qui a fonction de laboratoire permanent et multidisciplinaire pour enquêter
sur le rapport entre les différentes expressions artistiques, la littérature,
la poésie, la peinture, la photographie et le paysage (Infos : tél.
+39.0171.618260 - raffaella.degioanni@marcovaldo.it).
Le poète en langue oc de la Valle Stura, Giuseppe Rosso, Bep Rous dal Jouve,
un des meilleurs du XXème siècle occitan a une histoire différente. Né à Borgo
San Dalmazzo d’une famille de bergers originaire de la moyenne vallée, il
eut mode pendant son enfance et sa jeunesse de suivre les troupeaux de
famille dans les itinéraires de transhumance de la Valle Stura à la Valle Pô.
Cela lui valut une grande expérience de la civilisation montagnarde qu’il sut
sublimer dans les vers de sa poésie.
Éducateur et homme d’études éclectique, Bep Rous dal Jouve publia aussi
des études de toponymie, d’architecture, d’histoire, d’art religieux, de
peinture, des traditions locales et folklore.
Orateur persuasif, critique d’art apprécié, musicologue et choriste, passionné
de photographie, il fut aussi sculpteur sur bois et poète en piémontais. Son
oeuvre poétique recueille des vers en occitan particulièrement riche soit
comme vocabulaire soit comme expression de ses émotions. Malheureu-
sement sa production ne fut jamais systématiquement recueillie ni publiée,
quoiqu’elle mérite d’être retrouvée pour mieux comprendre le genius loci
de la vallée. Ces quelques lignes veulent être un hommage à un écrivain de
la montagne occitane avec le souhait que les gens des vallées et ceux qui
viennent d’ailleurs veuillent redécouvrir son oeuvre.
Abou la chamiso bioncho
N’ai mec pus uno, de chamizo bioncho,
e ren la sortou per calar en villo.
Mi me la vestou per anar amount
entourn se làrguen i cavial di suco
trempà de sàouvo chardo énte l’erbasso,
adéou despoutentà di questaniha
que mouéren quiet dins lou darrìe bouòsc.
Avec la chemise blanche
Je n’en ai plus qu’une, de chemises blanches,
et je ne la porte pas pour descendre en ville.
Je la mets pour aller là-haut,
là où s élargissent les troupeaux des souches
trempés de lymphe rougeâtre au milieu de la mauvaise herbe
adieu désespéré des châtaigniers
qui meurent silencieux dans le dernier bois.
Littérature et poésie en oc se nourrissent de mythes et de légendes. Un des
textes poétiques traditionnels les plus suggestifs de la Valle Stura décrit le
passage de la Reine Jeanne d’Anjou, qui se dirigeait à Naples : « Nòstra Rèina
Jana, tuchi corrion au siu passatge, tuchi venion à des lhi faire omatge.Tu vis la
rèina de nòstra montanha et tot le monde qu’aicì l’acompanha ! » (Notre Reine
Jeanne, tous accouraient à son passage, tous venaient lui rendre hommage.
Vive la reine de notre montagne et tout le monde qui ici l’accompagne).
Les chroniques qui décrivent la figure de la reine de Naples et dame de
Provence, la dépeignent comme une femme de grand charme, cependant
dissolue et cruelle. Jeanne eut quatre maris et de nombreux amants et, elle
fut accusée d’homicide, et mourut étranglée en 1382.
Ici dans la vallée, par contre, elle est rappelée comme dame bénévole et une
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petite esplanade à pic sur le gorges des Barricate, barrière de roche entre
Bersezio et Pontebernardo, est encore aujourd’hui rappelée comme le «
jardin de la Reine Jeanne ». Une légende de la basse Vallée fait exception, la
Rèina Jana redevient cet être endiablé transmis par les chroniques du
Moyen-Âge. Ici, on raconte que la belle Jeanne, en voyage de Naples vers la
Provence, s’établit sur un mont au climat particulièrement salubre et près
d’une source fraîche. Mais peu après vint une terrible peste, interprétée par
les habitants du lieu comme punition divine pour la présence de la
pécheresse. Le peuple pria donc Jeanne de s’en aller : la reine consentit, mais
en échange elle prétendit une paire de chaussures adaptées à ses pieds.
Ainsi on découvrit qu’elle avait des « pieds de poule », c’est-à-dire que la
Rèina Jana était une sorcière.
Relax aux Thermes de Vinadio - hameau de Bagni
Valle Gesso
Le Parc Naturel Alpi Marittime, d’environ 29.000 hectares autour du massif de
l’Argentera, est le plus grand parc du Piémont. Il confine avec le Parc National
français du Mercantour, avec lequel il est jumelé depuis 1987. Ainsi, 100.000
hectares de précieux territoire alpin ont été protégés et en 1993, ils ont obtenu
le Diplôme européen des espaces protégés.
Le Parc a comme note distinctive la proximité de la mer, bien que de
nombreux sommets avec quelques glaciers dépassent trois mille mètres.Dans
le Parc, on a classé environ 1.900 espèces de plantes supérieures avec de
nombreux et précieux endémismes, dont vingt-six de type exclusif. La faune
est riche, avec le bouquetin en premier plan, des chamois, des mouflons
provenant du Mercantour, loups, aigles, gypaètes et faucons pèlerins. Les
Centres de Visite de la Valle Gesso se trouvent à Entracque et à Terme di
Valdieri.
Parmi les phénomènes karstiques de la zone on trouve les grottes de
Roaschia, caractérisées par la source de la Dragonera,avec un siphon exploré
jusqu’à -35 mètres, et les grottes « del Bandito », exploitées même pour
l’extraction de l’or jusqu’à la fin du XIXème siècle, mais célèbres surtout pour la
découverte des os de l’ours des cavernes (Ursus spelaeus), une espèce de
trois mètres de haut et du poids d’une tonne environ, qui s’est éteint il y a
15.000 ans. Dans le tronçon plus en aval de la gorge du Rio Bedale on peut
aussi observer une profonde incision qui forme un canyon avec de hauts murs
rocheux.
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L’ours et le seigle
L’ours se retrouve aussi comme personnage principal dans l’ancien carnaval
alpin de Valdieri. Un ours de paille de seigle enchaîné est mené dans les rues
du centre historique par un dompteur. L’ours tente d’attaquer les femmes et
lorsqu’il réussit à se libérer il en choisit une pour une danse.Enfin il s’enfuit loin
des gens et, remplacé par un pantin de seigle, il est brûlé. Au cortège
participent aussi les bruyants « peroulier », « fra » qui déclament « epistule »
amusantes et les sympathiques « magnin ».
Le thème du seigle est central pour l’Écomusée du Seigle, qui se trouve dans
l’ancien hameau de Sant’Anna de Valdieri : il permet de découvrir les
habitudes,des curiosités sur la vie quotidienne et les travaux des gens d’antan.
Le projet muséal a récupéré quelques maisons et les toits en seigle dans les
hameaux de Tetti Bartola et Tetti Bariau.Le Centre de documentation propose
des parcours ethnographiques, comme le sentier culture « Lou Viol du Tàit »,
excursions, laboratoires sur la culture locale et sur le thème du seigle (Infos :
Commune de Valdieri - tél. +39.0171.97109).
Pian del Valasco
Mémoires royales à Valdieri et Entracque
L’aire du Parco delle Marittime est un lieu d’une beauté sauvage. En 1855 les
Savoie vinrent en visite dans la Valle Gesso et Vittorio Emanuele II resta
tellement fasciné que les communes de Valdieri et d’Entracque,
conscientes des avantages que la présence royale auraient portés, cédèrent
au futur roi d’Italie une part de leurs terrains comme réserve pour
l’utilisation privée de la chasse et de la pêche.
Vittorio Emanuele II choisit la Valle Gesso comme demeure estivale et entre
le Roi « Galant homme » et la population s’établit un rapport privilégié. Le
roi engagea une nombreuse main-d’oeuvre locale : des gardes, des porteurs
et des batteurs, qui pendant les chasses poussaient les troupeaux de
chamois sous le tir du fusil royal, et une multitude de serviteurs, de cuisiniers
et de garçons employés dans les hôtels particuliers de chasse, dans lesquels
le Roi accueillait des monarques de la moitié de l’ Europe avec leurs cours,
amis et amants.
En souvenir des escapades amoureuses du Roi Galant homme il reste, à
Terme di Valdieri, l’original chalet de « Bela Rosin » décoré avec des bois
ciselés et fioritures en style suisse, que Vittorio Emanuele II fit construire
Thermes de Valdieri - Chalet de la Belle “Rosin”
pour recevoir la jeune femme du peuple Maria Rosa Vercellana, ensuite
anoblie avec le titre de Contessa di Mirafiori.
Pour favoriser la fréquentation des thermes voisins, où jaillissent des eaux à
25-29 degrés, on édifia de nombreux hôtels et Vittorio Emanuele II inaugura
lui même en 1857 le grandiose Hôtel Royal. Une demeure royale de chasse
s’élève à Sant’Anna di Valdieri, une autre à San Giacomo di Entracque. De là
partent les différents sentiers qui mènent jusqu’ au Pian del Rasur, avec la
possibilité de rencontrer des chamois et des marmottes et jouir du spectacle
des glaciers du Monte Gelas.
Parmi les lieux les plus suggestifs il y a le Pian del Valasco, vaste plateau
entouré de sommets à 1760 mètres, traversé par un torrent qui forme deux
très belles chutes, où Vittorio Emanuele II fit ériger une des plus importantes
et caractéristiques maisons de chasse : un château solitaire quadrangulaire
muni de tours de garde. Avec une plaque commémorative de 1882, le Club
Alpin Italien rappelle Vittorio Emanuele II qui « les hauts soins du règne, ici
dans les dômes des Alpes Maritimes, dans le divertissement d’alpestres
chasses tous les années reposait ».
Les successeurs Umberto I et Vittorio Emanuele III se verront confirmés
les droits sur la réserve, ainsi, pendant plus de 80 ans, la Réserve Royale eut
le mérite de conserver, bien qu’à des fins cynégétiques, la faune sauvage,
en la protégeant du braconnage et en introduisant en 1920-22 les
bouquetins portés du Grand Paradis. Une fois la monarchie disparue, de l’ex
réserve naîtra beaucoup plus tard l’actuel Parco delle Alpi Marittime (Infos :
www.chambradoc.it/cmgv/progettocmgv2004.page).
Pour une connaissance plus approfondie des opportunités offertes par l’aire
protégée et par la Valle Gesso en général on peut visiter un des centres
d’accueil que le Parc a réalisé dans les points d’accès d’ Entracque et Terme
di Valdieri (Infos : Centre Visite Entracque - tél. +39.0171.978616; Terme di
Valdieri - tél. +39.0171.97208 - www.parcoalpimarittime.it).
Dans les Thermes, on a ouvert le Jardin Botanique Valderia, du nom de la
violette « valderia » endémique de ce territoire. Le jardin recueille plus de
450 espèces des milieux naturels de la zone : roches silices et calcaires,
prairie, tourbière, grève du fleuve, pâturage, arbustes.
La nécropole de Valdieri, ouverte à la visite, et les incisions rupestres du lac
del Vei del Bouc témoignent de la présence de populations préhistoriques.
La Vallée fut connue des Romains pour ses sources thermales et, au
Moyen-Âge, elle fut parcourue par les caravanes du sel qui arrivaient de la
Provence.
Les fresques de la Madonna del Gerbetto à Andonno et de la chapelle de
San Giovanni à Valdieri sont du Moyen-Âge. Le marbre « bardiglio » gris
extrait près de San Lorenzo fut employé en époque baroque dans les
paroissiales de Valdieri et d’Entracque. Dans ce village, le Musée d’Art Sacré
expose des objets liturgiques et des cadres d’école du Caravaggio.
Villages et hameaux ont maintenu en partie l’aspect d’antan et on peut
observer des traces d’anciennes couvertures de toit en paille ; les alpages
sont caractéristiques avec les clôtures en pierre, appelés « parc », le « casot »
en pierre qui a le rôle d’habitation du berger et la « truna » avec couverture
en terrain végétal où on conserve les fromages. Le tout prend le nom de
« gias » du latin « iacere » (gésir) et reflète un style de vie rustique.
Toutefois la Val Gesso n’est pas seulement mémoires royales, nature, histoire
et culture matérielle. La spectaculaire installation hydro-électrique
d’Entracque, entrée en fonction en 1982, est la plus grande d’Italie. Elle
s’articule en deux chutes distinctes : Chiotas-Piastra et Rovina Piastra. Sa
construction, commencée en octobre 1969, a demandé treize millions
d’heures de travail et un complexe chantier comprenant trente-cinq
entreprises de construction et électromécaniques, une partie en altitude
pour la réalisation des barrages du Chiotas (130 mètres de hauteur) et du
Colle Laura, une partie pour la réalisation des constructions extérieures, une
partie en tunnel pour les canaux de dérivation et des conduites forcées.
Au cours des années la mastodonte muraille du barrage de la Piastra est
devenue un amusant et insolite site d’escalade pour les passionnés de la
grimpe. Pour satisfaire la curiosité des visiteurs, sur la route pour San
Giacomo d’Entracque il a été créé le Centre Informations « Luigi Einaudi »,
où se trouve une maquette des installations placées en haute montagne
et on peut visiter avec un petit train la centrale dans la caverne avec les
gigantesques conduites et les turbines (Infos : Centro “Luigi Einaudi” - tél.
+39.0171.978811 - fax +39.0171.078811).
5657
Sur les traces des loups et des gypaètes
Le Parco delle Marittime, qui en 1993 a obtenu le Diplôme Européen des
Espaces Protégés est riche en chamois et bouquetins. Il abrite en outre deux
animaux rares, le loup et le gypaète dont on avait perdu les traces jusqu’à il y
a quelques années.
Le loup est retourné en remontant à étapes l’Apennin et c’est justement dans
la Valle Gesso, vers la frontière avec le Parc Français du Mercantour, que les
marques de sa présence sont particulièrement nombreuses.Son arrivée a créé
préoccupation chez les bergers qui maintenant doivent défendre les
troupeaux des attaques de l’animal de proie.
A Entracque au Centre du Parco delle Alpi Marittime, les chercheurs étudient
le comportement des nouveaux arrivés. Après avoir compté les exemplaires
de la Valle Vermenagna à la Valle Varaita, ils suivent en hiver leurs traces sur la
neige,en été “ils hululent”dans les combes et sur les cimes en imitant le rappel
du loup ou en diffusant des hululements enregistrés.Les loups répondent aux
chercheurs et de cette façon on peut évaluer leur nombre (Infos :
www.regione.piemonte.it/parchi/lupo/progetto/monitor.htm).
Voir un gypaète en vol est émouvant. Ce rapace a une ample envergure et
accomplit des trajets très longs en volant des Alpes Maritimes aux Alpes
Cottiennes et en survolant le mer de la Corse.
Le Parc fréquenté par des troupeaux fournit une alimentation abondante à
ces nettoyeurs d’altitude,capables d’avaler les os entiers (même le fémur d’un
chamois) et de les digérer avec des sucs gastriques très puissants.
Les gypaètes ne gaspillent rien, ils se nourrissent d’os et de tendons d’animaux
morts, ils n’ont donc pas de rivaux alimentaires. Ils sont intelligents : au
printemps avancé ils volent de façon ponctuelle au dessous des restes
d’éboulis et d’avalanches, en espérant trouver des animaux morts. Quand les
os sont trop grands, pour les casser ils s’élèvent en vol et d’une hauteur de
cinquante mètres ils les lancent sur les rochers.
Sur les Maritimes le repeuplement des gypaètes a commencé en 1993 :depuis
lors, les repérages sont continus et toutes les signalisations sont recueillies
dans une banque de données.Les rapaces libérés sont « marqués » et on peut
les reconnaître grâce aux plumes de leurs ailes, rémiges et rectrices plus
claires. Un gypaète des Maritimes a été vu dans le ciel de Hollande et après
environ trois mois il a été observé en Haute Savoie.
Le Parlate, théâtre d’oc
À Entracque, tous les cinq ans on peut assister à la représentation de “le
Parlate“ (la dernière s’est tenue en 2005). Cette réévocation de la Passion et
la Mort de Jésus est faite revivre par des acteurs et des personnages locaux
sur une scène dans la Confraternità di Santa Croce.Toute la représentation,
de la prière dans le Jardin de Getzemani jusqu’à la Sépulture , est récitée en
langue occitane locale.
La coutume remonte au Moyen- Âge et elle se tient pendant la semaine
sainte, mais c’est la journée du vendredi saint qui revêt une suggestion par-
ticulière, quand arrivent les personnages: al Timbajer (le héraut) qui depuis
le petit matin traverse les hameaux en annonçant le programme, al Capi-
tani (le capitaine), qui le Dimanche des rameaux a été investi de la charge de
la part du curé prieur. Al Capitani avec al Tenenti (le Lieutenant) présente les
personnages au maire et demande
l’autorisation au déroulement de “le
Parlate”. Après avoir reçu l’autorisa-
tion devant la confraternité de Santa
Croce, ils représentent la Passion et
la Mort de Jésus, alors la célébration
continue avec une procession ac-
compagnée de chants du Miserere et
du Stabat Mater le long des rues du
village, illuminées avec des flam-
beaux et des torches. L’Urne Sacrée avec le corps du Christ, est accompa-
gnée par i Trëzë Cavajer (les treize Cavaliers) en frac et tricornes avec un
drapeau décoré d’une croix d’argent sur fond noir, qui représente les treize
cantons, guidés par “al trezë“, leur commandant. La procession se conclut
avec la déposition du Christ dans l’Église Paroissiale où est rassemblée toute
la population.
Le Parlate, nées d’une forte motivation religieuse, représentent un moment
de foi, d’histoire et de tradition, qui demande beaucoup d’engagement de
la part de la communauté du petit village, placé aux pieds des falaises
calcaires suggestives et d’âpres montagnes
(Infos: www.chambradoc.it/cmgv/progettocmgv2004.page).
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Gastronomie de vallée
Les recettes des vallées sont liées aux produits et aux cultures typiques : les
gnocchi d’épinards, le riz au lait avec des pommes de terre,poireaux et courge,
les truites avec les cèpes frais, les oignons farcis de blettes et de saucisse, la
tarte de brousse. Dans ces préparations il ne manque pas la pomme de terre,
ressource primaire dans l’alimentation des Alpes occitanes. En réalité la
pomme de terre arriva sur ces montagnes assez tard, vers la fin du XVIIIème
siècle. Son nom en occitan connaît différentes variantes : il y a qui l’appelle
trufa, qui tartifla, qui trifola et d’autres bòdi dans les vallées Gesso et Stura.
Terre, altitude, eau et climat font des pommes de terre de montagne un
produit très apprécié. Dans la cuisine traditionnelle des Vallées on les trouve :
frites, à la poêle, bouillies avec la peau pour en garder la saveur, écrasées en
purée et comme ingrédient essentiel pour différents types de gnocchi,
raviolas, calhetas, donderets,
tondirets, avec le riz et avec
l’aioli, et même dans certaines
tourtes.
Certains outils traditionnels
pour la culture de la pomme de
terre sont encore largement
employés : la pioche à deux
pointes, le magau, importé sur
les montagnes occitanes de la
Provence, et l’originale picha ou bichard qui a une pointe seulement.Toutefois
une rapide mécanisation de la production est en train de se répandre.
Parmi les recettes traditionnelles, et au goût particulier, on trouve aussi los
talharins de Roascha, les « taglierini » à la mode de Roaschia, des pâtes
préparées à la main. La sauce préparée avec six cent grammes d’oignons
coupés en tranches et rissolés dans 80 grammes de beurre et quatre cuillères
d’huile d’olive avec deux cent grammes de petit salé coupé en cubes.Lorsque
tout est bien doré, on ajoute deux verres de vin rouge et on fait cuire pendant
huit autres minutes. Dans cette sauce on fait sauter les « taglierini »
précédemment bouillis.
Histoire de bergers migrants
Les histoires d’émigration sont « la grande aventure » des Vallées occitanes.
« … Je n’avais pas seize ans, quand je suis parti pour la France, à pied par le
Col de Ciriegia. Avec d’autres nous avons marché jusqu’à Saint Laurent du
Var, au-delà de Nice, et de là nous sommes allés à Saint Raphaël, à
l’aventure… » : c’est un témoignage recueilli par Nuto Revelli dans son livre
« le Monde des Vaincus ».
L’émigration saisonnière portait loin, sur la mer de Marseille à Toulon, dans
la Crau, en Camargue, sur la côte de Nice, à Arles, Aix, Nîmes, Avignon et
jusqu’à Paris.
Les bergers de Roaschia allaient dans la direction opposée, vers la Plaine du
Pô, ils suivaient le cours du fleuve Pô. Hommes, femmes et enfants se
déplaçaient de la Valle Gesso avec des centaines de moutons, suivis d’un
chariot avec les ustensiles de ménage, pour une vie spartiate… le jour :
marcher, la nuit : sous les étoiles. « Ils volaient » l’herbe des pâturages le
Parc naturel “ Alpi Marittime ” - Lac Valscura Inférieur
long des berges et des bras morts du fleuve, donc ils eurent le surnom de
« gratta », qui en dialecte veut dire maraudeur. Ils retournaient au printemps,
en portant dans la Vallée natale objets, usages, chansons et le bon vin des
collines d’Asti.
Dans l’interview filmée en 1996, conservée dans les archives de l’Ousitanio
Vivo Film (Infos : Via Marconi - 12020 Venasca - tél. +39.0175.567606 -
ousitanio.vivo@infosys.it), Lorenzo Giraudo dit Lencho d’Charùa de Roaschia,
raconte son histoire : « Nous descendions avec la troupeau, environ 180
moutons, et nous allions à pied à Fiorenzuola d’Arda dans la province de
Parme, mon père, ma mère et la famille. Nous partions en automne, fin
septembre, avec le chariot. Nous passions par Cuneo, Bra, Alba, Asti,
Alessandria,Tortona,Voghera, ensuite à Casteggio et à Stradella, où l’on fait
les accordéons, jusqu’à Castel San Giovanni, Piacenza et San Giorgio
Piacentino ».
« I gratta » étaient des nomades dans un monde de sédentaires.Cela imposait
quelque circonspection et pour ne pas se faire comprendre les bergers de
Roaschia ont inventé un argot : la bartolina et lo bartolòt c’était la brebis et
l’agneau, la bëjja la tomme, la femme la tubera, la fille la marmalha.
Les femmes participaient à cette vie très dure : « Jour après jour aux
intempéries, pluie et neige. Le chariot était notre maison, les femmes
dormaient sur le caisson, les hommes sous le chariot, couchés sur une peau
de mouton ».
Parc naturel “Alpi Marittime” -ex-route militaire pour le “Collettodi Valasco”
Parc naturel “Alpi Marittime” -le Monte Matto
Val Vermenagna
Au Moyen-Âge, la Vallée a été une importante voie de transition pour les
caravanes du sel et les communications du Piémont à la Ligurie occidentale
et à la zone de Nice.
La Val Vermenagna est certainement la vallée des bals et des chants.En été, les
fêtes patronales et champêtres se succèdent, elles sont vécues avec une forte
participation populaire. À Robilante et à Vernante en particulier les jeunes
font preuve d’un grand attachement aux danses traditionnelles occitanes. La
danse figurée au son de l’accordéon et de la clarinette,tout comme le chant ont
développé des formes typiquement locales, avec un style mélodieux qui tend
vers les tons hauts et un pas de danse très rapide, presque impossible à imiter.
Aujourd’hui la Vallée est la seule de la province de Cuneo qui soit parcourue
par une route et par une ligne de chemin de fer internationales, qui relient
Turin et Cuneo à Nice. Limone Piemonte, au sommet de la vallée, est
considéré comme le plus grand centre de ski des Alpes sud occidentales. Les
premières pistes apparurent en 1907. En 1936, on commença à construire les
remontées mécaniques et les premiers hôtels. Dans la période de l’après-
guerre,ses neiges devinrent la destination préférée des skieurs et des touristes
qui provenaient de la zone de Cuneo,de la Ligurie et de la zone de Nice (Infos :
www.limonepiemonte.it).
Malgré le développement touristique intense et les nombreuses construc-
tions, le village conserve une identité communautaire remarquable et un
dialecte d’oc avec certaines caractéristiques phonétiques curieuses. La Baija,
est une tradition typiquement occitane, célébrée en été par une procession
religieuse suivie de danses et de musiques.
Le tunnel routier de Tende, creusé en 1883 pour le trafic des diligences
postales, mesure 3,3 km et il figura parmi les premiers dans les Alpes. Sa
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présence favorise l’ouverture vers la zone de Nice et la Provence. Un réseau
routier si développé explique aussi, en partie, la présence dans la basse vallée
d’industries d’extraction qui garantissent de nombreux postes de travail, en
limitant le phénomène de l’émigration.
Les Forts de Tende
À la fin du XIXème siècle l’Italie construisit sur le col de Tende (1850 m
d’altitude), entre les vallées Vermenagna et Roya, un système de forts reliés
entre eux par des routes militaires, aujourd’hui transformés en parcours
d’excursion de grande valeur environnementale. Le fort « Forte Colle Alto »,
construit de 1888 à 1891, fut le pivot de ce déploiement contre la France.
Jamais aucun coup de feu ne fut tiré des Forts de Tende : à la declaration de
la première guerre mondiale leur artillerie fut démantelée et utilisée sur le
front autrichien.En 1947,quand la haute vallée Roya passa à la France, les Forts
de Tende changèrent aussi de propriétaire.
Randonnée en VTT aux Forts de Tende
Ubi stabant cathari
Ad Rocavion, et est locus apud Cuneum, ubi stabant cathari qui venerant de
Francia ad habitandum... écrivait au XIIIème siècle l’inquisiteur Anselmo
d’Alessandria. L’arrivée des premiers hérétiques cathares du Languedoc à
Roccavione remontait à 1165. Ils avaient traversé, comme de nombreux
fugitifs, le Col de Tende.
Roccavione était placée à la convergence de plusieurs routes,avec un château
du XIème siècle dont il reste peu de ruines.Partant de là, les cathares prêchèrent
au Piémont, en Lombardie,Toscane et Vénétie. De nombreux personnages y
transitèrent: troubadours, nobles et chevaliers, dont certains défenseurs du
rocher de Montségur, où se consomma le massacre des cathares, épisode
militaire de l’histoire de l’Occitanie.
En juin à Roccavione revivent, à la lumière des torches, les fondements de la
religion cathare, les rites, le drame de la persécution, le sacrifice final, avec
musiques et scènes de vie quotidienne du bas Moyen-Âge. Une centaine de
personnes en costumes d’époque reparcourent les événements décrits dans
le Tractatus de heretici de l’inquisiteur Anselmo.
La découverte à Roccavione (Bec Berciassa à 962 m d’altitude) d’un site de
l’Âge du fer confirme que la Val Vermenagna est une des plus antiques voies
de passage à travers les Alpes. Le Col de Tende fut traversé aussi à des fins
commerciales. Les métiers liés à la circulation et aux transports ont trouvé
leur protecteur en la personne de Saint Éloi. Aujourd’hui encore à Limone
Piemonte se répète la traditionnelle Baija ‘d sant Aloi, protecteur des
charretiers, forgerons, maréchaux-ferrants, selliers. On la fête le dernier
dimanche d’août: l’Abbà, personnage qui conduit la Baija en soutenant
l’enseigne du saint patron, et ses confrères défilent vêtus d’un costume riche
façon napoléon, en enfourchant des montures ornées de noeuds, panaches,
colliers de grelots, menées par d’élégants muletiers qui empoignent une
lance surmontée de rubans et de fleurs. Arrivés à l’église paroissiale de 1363,
la plus antique de la Val Vermenagna avec sa façade en pierre et portail à cintre
aigu, l’investiture du nouvel Abbà se déroule.
Le cortège se répète deux fois dans la journée,accompagné de corenta e balet,
danses traditionnelles communes dans toute l’aire occitane, et par le
retentissement de la poudre de détonation des pétards.
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Pinocchio à Vernante
À 6 kilomètres seulement de Limone Piemonte se trouve Vernante, qui
conserve une centaine de fresques murales consacrées à Pinocchio. Dans les
années 20 Margherita Martini native de Vernante prit service à Turin dans la
maison de Attilio Mussino,célèbre illustrateur de Pinocchio.Après avoir perdu
son fils et sa femme, le peintre se retira à Vernante et il y passa les dernières
années de sa vie. En 1989, Bruno Carlet et Meo Cavallera eurent l’idée de
peindre à fresques les murs des maisons avec l’histoire de Pinocchio.
Une vision suggestive de la célèbre histoire s’est ainsi créée le long du village.
À l’entrée nord, on a dressé un monument à Pinocchio, oeuvre des artisans
locaux (Infos : www.comune.vernante.cn.it).
Désormais rares, les “vernantins”, ces cou-
teaux en acier trempé, avec le manche en
corne bovine et la fermeture particulière à
clou,sont la fierté de l’artisanat de Vernante.
Il en existe des droits et des courbés pour
les travaux agricoles.
Une partie du territoire est incluse dans la
Riserva Naturale del Bosco e dei Laghi
(Réserve naturelle du Bois et des Lacs) de
Palanfrè, comprise dans le « Parco delle Alpi
Marittime ». L’aire protégée se trouve dans
la partie haute de la Val Grande, au-dessus du centre habité de Palanfrè, où
les prairies apparaissent entourées de roches calcaires blanches.Même si elle
n’est pas très vaste, (1070 hectares environ), la réserve présente une variété de
microclimats qui explique l’énorme richesse faunistique, d’oiseaux comme de
mammifères, parmi lesquels les chamois, les marmottes, les martres et les
blaireaux.
Le petit hameau de Palanfrè, avec en amont des maisons son bois de hêtres
protégé dès le XVIIIème siècle, a conservé la physionomie d’un hameau
traditionnel.Les maisons ont été restaurées en respectant l’architecture alpine
de ces lieux.Le parc « Parco delle Alpi Marittime », qui s’étend jusqu’ici, a ouvert
un petit Centre d’Informations à Vernante aussi, il propose le Sentiero Natura
(sentier nature), une promenade dans le bois de hêtres, avec de nombreux
exemplaires antiques et tordus.
Le génie de Nòto et Jòrs
Le genius loci de la Vallée trouve sa représentation dans le “Museo della
Fisarmonica, della Musica e dell’Arte Popolare” (Musée de l’Accordéon, de la
Musique et de l’Art Populaire) de Robilante avec les accordéons diatoniques
(semitons) et l’établi de travail de Giuseppe Vallauri (né à Robilante en 1896,
mort en 1984), connu sous le nom de Nòto Sonador.
Joueur d’accordéon, excellent interprète de corenta e balèt, Vallauri fut aussi
réparateur d’accordéons. L’histoire du folklore occitan le compte parmi les
plus grands témoins du patrimoine musical de danse populaire.
C’est à Nòto Sonador qu’est dédiée la Festa della Fisarmonica (Fête de
l’Accordéon) organisée en mai. Outre les costumes d’époque et les
nombreuses photos, les reproductions des oeuvres du sculpteur paysan
Giorgio Bertaina, Jòrs de Snive (né en 1902, mort en 1976), qui vécut sur la
montagne de Robilante aux Piagge, enrichissent le musée.
Jòrs sculptait le bois avec un couteau, dans un style qui semble émerger des
temps de l’art roman. Ce sont des sculptures inspirées à son monde : des
animaux domestiques et sauvages, des vaches en pâture, des joueurs
d’accordéon et de clarinette, l’auberge, les mariés qui dansent.
Jòrs de Snive fit aussi des dizaines de bâtons de promenade, ornés de scènes
de vie, de vrais récits sculptés à 360 ° sur toute la longueur du bâton.Certaines
sculptures qui représentent le bras sévère de la loi : des carabiniers à cheval
qui traînent des hommes enchaînés, peut-être des montagnards pris avec le
sac de la contrebande, sont d’un intérêt remarquable.
L’histoire de la contrebande dans les villages à la frontière avec la France est
une histoire vraie. On portait du riz et du tabac et on prenait du sel qui de
l’autre côté coûtait peu. On faisait aussi la contrebande d’accordéons, en
revenant avec de la laine, des vaches et des moutons. Quand il n’y avait ni
gendarmes ni police des douanes en embuscade, les frontières étaient
inexistantes pour qui connaissaient les passages sur les montagnes!
La visite du musée est agréablement accompagnée de morceaux tradition-
nels interprétés à l’accordéon et de musiques de fond, de sons naturels, qui
plongent presque le visiteur au milieu des sentiers et des hameaux de cette
vallée que, pour les habitudes de ses habitants, certains veulent la plus
“marseillaise” des Vallées Occitanes (Infos : Musée - tél. +39.0171.78101 -
fax +39.0171.789103 - www.chambradoc.it/cmgv/progettocmgv2004.page).
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Paille poésie paroles
Le genius loci de la Vallée se voit aussi dans la construction des maisons:
certains hameaux de Robilante (Tetti Rescasso, Snive et Merciandun) et de
Vernante (Tetto Serre et Val Grande di Palanfré) conservent la coutume des
toits en paille de seigle, répandue aussi dans les vallées voisines Gesso et
Stura. À Robilante avec des chevrons caractéristiques en bois de châtaignier
recourbé, que l’on retrouve identiques seulement en Angleterre et en
Allemagne.
Genius loci est la langue d’oc.
Limone P.te, son passé de centre agricole, l’actualité du tourisme qui a pesé
sur son ordre urbanistique sont,avec la patrie occitane, le noyau inspirateur de
la poésie en Oc de Giacomo Bellone, Dzacolin Bortela:
…
Lè turna dzurn:
gi ommi is disvaggiu,
i s’ sparu acol,
i fan piurar li framme…
lè turna dzurn:
li framme i gi an la smans
cügiüya ‘nt la nöts,
pur bröjar d’autri ommi…
Dès les années 70, recueillir le propre dialecte occitan dans un dictionnaire a
été le grand mérite de certains chercheurs spontanés. Aujourd’hui, l’occitan
entre Robilante et Roccavione, est illustré dans un dictionnaire de treize mille
termes (Infos: www.chambradoc.it/CatalogoGenerale.page), réalisé avec
passion par les chercheurs locaux Lorenzo Artusio, Piermarco Audisio, Gianni
Giraudo, Eliano Macario.Un travail qui a duré environ vingt ans.Le résultat fait
dire aux auteurs que le dialecte des deux villages a “gardé une excellente
diction occitane et qu’il présente des correspondances intéressantes avec
Boves, Peveragno et Roccasparvera. L’influence du piémontais est déjà forte,
mais on y perçoit les racines occitanes, qui confèrent une identité linguistique
appréciable à ceux qui l’utilisent communément ”.
…
Il fait de nouveau jour :
les hommes se réveillent,
ils se tirent dessus
ils font pleurer les femmes…
il fait de nouveau jour:
les femmes ont avec elles la semence
recueillie dans la nuit,
pour faire germer d’autres hommes…
Vallées aux pieds de la Bisalta
La Bisalta, ou Besimauda, surplombe la ville de Cuneo. Elle a deux cimes, une
de 2231 m, l’autre légèrement plus basse. À ses pieds se dressent les villes de
Boves, Peveragno, Chiusa Pesio. De la Bisalta descendent les torrents Colla
et Josina.
Le dialecte local montre des influences du piémontais, accentuées dans les
dernières années par l’abandon des hameaux de montagne. Les fondements
lexicaux du vocabulaire rural demeurent toutefois occitans, comme l’univers
des légendes, parsemé de personnages mythiques - u magu (le magicien), u
dràà (le dragon ), le mäsque (les sorcières), u servägn (l’homme sauvage), le fäie
(les fées) – qui se retrouvent sur tout le territoire alpin de langue d’oc.
La carte des sentiers “Intorno alla Bisalta” (Autour de la Bisalta) décrit les
itinéraires à pied, à cheval, et en V.T.T tracés sur le territoire (Infos : Comunità
Montana - tél.+39.0171.339957 - cmbisalta@ruparpiemonte.it; Parco Naturale
Alta Valle Pesio e Tanaro – tél.+39.0171.734021 - www.parks.it/parchi.cuneesi).
Au XIXème siècle Chiusa Pesio, Peveragno et Boves furent des centres
d’activités industrielles: filatures, laboratoires de céramique, filatures de laine,
briqueteries, tanneries et industries pour l’extraction du tannin. Le « Museo
della Regia Fabbrica dei Cristalli e della Ceramica » ( Musée de la Royale Usine
des Cristaux et de la Céramique), dans l’antique Palazzo Comunale de Chiusa
Pesio, a l’objectif de faire connaître le rôle exercé par ces protoindustries dans
le développement du village. Aujourd’hui les trois petites villes sont
culturellement actives, avec des associations engagées dans la redécouverte
des traditions locales, les activités sociales et l’histoire (Infos : Scuola di Pace di
Boves - www.scuoladipace.it), les initiatives cinématographiques (Infos :
Associazione Ipotesi Cinema Piemonte - tél. +39.0171.735341).
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La Chartreuse de Pesio
Stations botaniques
La partie la plus haute de la commune de Chiusa Pesio, vers le massif calcaire
du Marguareis, est comprise dans le Parco Naturale Alta Valle Pesio e Tanaro
territoire intéressant pour le nombre d’espèces végétales et pour la présence
du loup.
La route carrossable finit au Pian delle Gorre (1032 m), aménagé en Centre
Visite. De là on monte au Refuge Garelli, 900 m plus haut. Sur une hauteur
proche, il y a la station botanique consacrée aux savants : Clarence Bicknell et
Émile Burnat.
La station abrite une zone humide, avec des exemplaires de Drosera et
Pinguicola, plantes carnivores fascinantes des Alpes, qui “mangent” des
insectes pour assumer des substances azotées. Après une demi-heure de
marche on rejoint une deuxième station botanique, placée à côté d’un petit
lac sous l’imposante muraille du Marguareis (2651 m d’altitude). Une belle
orchidée pousse là, il s’agit du Sabot de Vénus (Cypripedium calceolus),
adoptée comme symbole du Parc.
La chartreuse dans les bois
Dans la commune de Chiusa Pesio se trouve la Chartreuse fondée en 1173,
quand les seigneurs de Morozzo donnèrent les terrains de la haute vallée à
l’ordre des Chartreux.Les moines y conservèrent de nombreuses œuvres d’art,
si bien que déjà au XVIème siècle, un agrandissement devint nécessaire. La
galerie, qui frappe encore aujourd’hui pour sa majesté, et l’escalier
monumental furent réalisés au XVIIème siècle. Les moines décidèrent
l’édification de quelques granges pour la culture des terrains environnants.
En 1802 le gouvernement de Napoléon supprima la chartreuse et ses trésors
furent disséminés.L’édifice fonctionna au XIX ème siècle comme établissement
hydrothérapeutique, jusqu’à sa fermeture en 1915. C’est seulement à partir
de 1934 qu’ont commencé les travaux de restructuration qui ont reporté à la
splendeur cet admirable édifice, lieu de méditation et de pèlerinage, recueilli
au milieu des châtaigniers (Infos: www.certosadipesio.org).
Le Museo della Castagna (musée de la châtaigne) à Boves est dédié au
châtaignier qui a eu un rôle très important dans la survie de la population de
ces zones. Inauguré en 2000, il occupe une partie de la ferme Martinengo
Marquet. Le musée est né dans le cadre d’un projet international de mise en
valeur de ce fruit. À l’intérieur on trouve une collection d’outils pour la culture
de la châtaigne et de l’agriculture traditionnelle. Le musée propose aussi des
parcours pour permettre de se rapprocher aux modes de travail d’autrefois
(Infos : Cascina Marquet - Via Roncaia, 24 - Boves, tél. +39.335.6777905).
Les différentes espèces de champignons qu’on trouve dans les bois aux pieds
de la Bisalta ont une importance remarquable dans la gastronomie.C’est à eux
qu’est consacré le « Museo del Fungo e di Scienze Naturali » (musée du
Champignon et de Sciences Naturelles) de Boves, réalisé grâce au docteur
Mario Strani. Dans les huit salles qui le composent sont recueillis plus de mille
exemplaires de champignons en plâtre ou résine pour montrer les 250 espèces
qui se trouvent dans la zone, fossiles,minéraux,animaux empaillés,coquillages
et une précieuse collection de plus de 130 espèces de papillons de la zone de
Cuneo et quelques inventions entre le XIXème et le XXème siècle. Le Musée
dispose aussi de témoignages sur les carrières et les briqueteries de la province
de Cuneo et une maquette du territoire (Infos : Commune de Boves - tél.
+39. 0171.391834 - fax +39.0171.391856 - www.musei.provincia.cuneo.it).
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Collection photographique au Parc
Au siège du Parco Naturale Alta Valle Pesio e Tanaro de Chiusa Pesio estaménagée une exposition permanente dédiée à un grand maître de laphotographie contemporaine, Michele Pellegrino, natif de ce village.Le parcours s’articule en huit sections avec trois cent photographies en noiret blanc;“Luoghi dell’Acqua”(Lieux de l’Eau),“Incanti Ordinari”(EnchantementsOrdinaires),“Visages de la Contemplation”(Vie monastique),“Alta Langa,Scenedi Matrimonio” (Scènes de Mariage), “Alpi Liguri, Marittime e Cozie” (AlpesLigures, Maritimes et Cottiennes), “Monte Bianco” (Mont Blanc) et “Tracce nelTempo” (Traces dans le temps). La signification de la collection est avant toutartistique et documentaire.Michele Pellegrino s’est consacré à la photographie tout d’abord commeautodidacte,en réussissant à saisir les regards des hommes et la beauté parfoistragique des Vallées,avant le granddépeuplement qui dans lesannées 60 vida villages et ha-meaux.En 1972,Michele Pellegrinopublia son premier livre de photo-graphies,“Gente di Provincia”, suivide “Profondo Nord” sur le thèmede l’exode des montagnes. Parmiles oeuvres les plus récentes, àpartir des années 90:“Le Montagnedella Memoria”( Les Montagnes dela Mémoire), “Il Tempo dellaMontagna”(Le Temps de la Montagne),“Il Silenzio Magico della Montagna”(LeSilence Magique de la Montagne),“Una Traccia nel Tempo” (Une Trace dans leTemps) et en 2002 “Elva, un paese occitano”(Elva, un village occitan) .Son attention a été aussi capturée par une fleur, un caillou, l’eau des ruisseauxparce que dit-il “ l’important est de voir non pas de façon froide, mécanique,mais avec l’âme ”. Ses portraits sont presque une étude psychologique deshabitants des vallées, dont il a partagé la vie et la misère. Ces derniers nousparlent de joies, de mélancolies de dignité et de pauvreté d’une populationprostrée, “un monde de vaincus ” comme écrivit Nuto Revelli, un territoiremarginal qui, peu à la fois, vers la fin des années 60, redécouvrit son identité(Infos : Parco Naturale Alta Valle Pesio e Tanaro - tél. +39.0171.734990 -www.vallepesio.it; www.chambradoc.it/cmgv/progettocmgv2004.page).
Hommes illustres de Peveragno
Les rues, les places et les monuments de Peveragno rappellent ses hommes
illustres. Parmi eux, Pietro Toselli, héros des guerres coloniales, et l’écrivain
Vittorio Bersezio.
Né en 1856,Toselli mourut en Éthiopie dans la célèbre bataille de l’Amba Alagi
de 1895. Avec lui tombèrent dix-huit officiers et environ deux mille soldats.
Intrépide, il répondit à ses officiers qui le sollicitaient de se mettre à l’abri, en
s’asseyant à attendre l’attaque des troupes adversaires. Cette motivation lui
valut la médaille d’or : “Se trouvant face à 20-25 mille ennemis, il combattit
inlassablement pendant plus de six heures et avec l’héroïque sacrifice de sa
vie et de presque tout son détachement, il causa à l’ennemi des pertes
énormes qui contribuèrent efficacement à retarder l’avancée “.
Le nom de Vittorio Bersezio brille dans les lettres piémontaises. Il fut
journaliste, écrivain et député. Né en 1828, mort en 1900, il combattit dans la
première guerre d’indépendance. En 1865 il fonda la Gazzetta Piemontese
qui deviendra le quotidien “La Stampa”. Il écrivit une quarantaine de romans.
L’Encyclopédie Treccani le définit comme l’auteur “tantôt d’aventures enche-
vêtrées et ténébreuses, tantôt de simple intrigue sentimentale”. Parmi ses
comédies dialectales ressort “Le miserie d’ monsú Travet”de 1863, histoire d’un
fidèle employé de l’État qui se rebelle quand sa dignité est mise en doute.
La vie d’un troisième personnage de la tradition locale plonge dans la
légende. Charles de Gontaut, duc de Biron en Dordogne (1562-1602),
localement appelé Birùn, est le personnage tragique d’une vieille chanson
représentée à Peveragno les jours de Carnaval. Celle-ci fut probablement
importée par les habitants de Peveragno qui se rendaient à Lyon et à Marseille
pour le marché des cocons.
Birùn,maréchal de France, fut un homme beau et valeureux.Durant les guerres
gallo hispaniques il gagna l’amitié du roi. Plus tard, accusé de félonie, il fut
exécuté.
La ballade, récitée et chantée par la Compagnia del Birùn, association de
Peveragno, raconte qu’il refusa la grâce vu que « unda a i è pa‘d faiansa a i è
pa‘d pardun » (où il n’y pas de fautes, il n’y a pas de pardon). Au bourreau qui
le bandait avant de l’exécuter il lui intima de ne pas le toucher si ce n’est avec
l’épée (Infos : www.compagniadelbirun.it).
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Musique nouvelle avec les Gai Saber
C’est un groupe de musiciens occitans de Peveragno. Ils donnent des
concerts aux quatre coins de l’Occitanie. Ils ont des fans en Italie et en
Europe. Les revues spécialisées parlent d’eux.
Faire de la musique pour eux ne fait certainement pas abstraction de leur
appartenance: la langue d’oc est utilisée dans les chansons; leur
protectionnisme toutefois s’arrête là. Les musiciens du Gai Saber retiennent
que la tradition laissée à elle-même et reproposée fidèlement résulte stérile,
elle ne produit plus rien, pour cela ils s’ingénient à la trahir sans jamais
l’offenser. Occitania que t’en vas est le titre de la chanson guide du Cd La
fàbrica occitana de 2007, dans laquelle ils narrent les rêves de leur peuple,
un pople mesquiat e bastard, hymne aux habitants de cette partie de monde
que l’histoire a rendue superposition métisse de ligures, celtes et romains,
wisigoths, arabes et juifs, d’italiens et de français… Un peuple qui dans le
mélange, et malgré les persécutions et l’ostracisme des états nationaux, a su
conserver l’identité de la langue.
Dans le groupe cohabitent les instruments de la tradition occitane
(accordéon à semitons, fifre, vielle, chabreta, harpe, tamborin et galobet) et
sounds contemporains avec batterie, guitare électrique et éléments
électroniques. Le répertoire mélange des thèmes traditionnels et des
invectives sociales, lyriques des troubadours et des airs de danse,
chansonnettes et mélodies sacrées, dans un kaléidoscope de rythmes
méditerranéens, street-dance, drum’n’bass et suggestion latine. Grâce aux
Gai Saber et à des dizaines d’autres groupes musicaux aujourd’hui actifs
dans les vallées occitanes la musique est devenue un élément important
d’agrégation, de créativité, et de propagation de la langue et de la culture
d’oc. Aujourd’hui les groupes musicaux comptent parmi les meilleurs
ambassadeurs de l’Occitanie dans le monde (Infos : Associazione Culturale
Gai Saber - via del Gavotto, 6 - 12026 Peveragno - www.gaisaber.it -
info@gaisaber.it).
Vallées du kyè
La zone comprend les communes de Roccaforte Mondovì avec Prea,Rastello
et Baracco, Villanova Mondovì dans ses contreforts de montagne, les deux
Frabose, Sottana et Soprana, avec Miroglio dans la Val Maudagna et le
hameau de Fontane dans la Val Corsaglia.
Cette zone à l’orographie plutôt articulée a vu de petits sites stables déjà dès
le Néolithique , attestés par la découverte de lames polies en pierre verte.
Le nom dérive de “kyé” qui indique “moi”, peut-être dérivant du latin quid +
ego et proche des formes occitanes “ieu” ou “iu”. Le dépeuplement des
hameaux a eu une influence sur la conservation de la langue, étudiée pour la
première fois à la fin des années soixante et conservée par des associations
comme “Artusin“ de Roccaforte et Villanova Mondovì et “E Kyè“ de Fontane.
Cette dernière société s’est occupée de la publication d’une grammaire du
kyé et constitue un centre de documentation ethnique et linguistique
important.
Pour conserver les traditions, il y aussi l’engagement à organiser les crèches
vivantes, qui montrent les métiers alpins d’autrefois. La tradition artisane est
très active, orientée vers le travail du bois, de la céramique, du fer forgé et au
“filet“. La réapparition dans les champs les plus hauts du sarrasin, ingrédient
fondamental pour la polenta typique est un symptôme du retour à la
montagne.
Ces vallées, et certaines localités comme Frabosa Soprana, sont connues
depuis des années pour un tourisme d’été et d’hiver intense, provenant
surtout de la Ligurie.
Les grottes de Bossea dans la Val Corsaglia, destinées à devenir, avec l’Eco
Museo del Marmo de Frabosa Soprana (Écomusée du Marbre), un des points
fondamentaux d’une offre touristique inédite basée sur la géologie du
territoire, sont une autre occasion de visite.
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Roccaforte Mondovì - église paroissiale de San Maurizio
Itinéraire partisan
Sur projet de l’Istituto Storico della Resistenza de Cuneo (Institut Historique
de la Résistance), cet itinéraire relie les localités, les édifices, les chapelles et les
cols qui de septembre à avril 1945 furent le théâtre de la lutte partisane. Il
touche les localités qui abritèrent les détachements partisans. On y trouve
évoqués le repli des hommes du Capitaine Cosa au printemps 1944 de la Val
Pesio, le massacre de Pellone au-dessus de Miroglio, les premiers
affrontements contre l’ennemi du groupe d’Enrico Martini Mauri en décembre
1943 dans la Val Maudagna.
On reparcourt les lieux des bandes autonomes “Rinnovamento”(renouveau)
dans les vallées Ellero et Corsaglia: Prea, centre des opérations de la Brigade
« Brigata Valle Ellero » en été 1944, et Rastello, siège du commandement de
la III Divisione Alpi (Division Alpes). On arrive à Baracco, base opérative de la
Missione Alleata (Mission alliée), puis à Fontane, refuge en février 1944 de la
bande d’Ignazio Vian.Dans la Commune de Villanova Mondovì on peut visiter
le Sanctuaire de Santa Lucia où les rebelles trouvèrent asile et qui abrita la
typographie clandestine du journal “Rinascita d’Italia” (Renaissance d’Italie).
Montagnes trouées et métiers d’antan
Les phénomènes karstiques, grottes et abysses créent, dans le groupe
montagneux formé de la Cima delle Saline, du Mondolé, du Mongioie et du
Pizzo d’Ormea, une aire spéléologique, qui, avec le complexe proche du
Marguereis, est parmi les plus importantes d’Europe avec des centaines de
kilomètres de galeries déjà explorées. De ce sous-sol émergent les eaux de
l’Ellero, du Maudagna et du Corsaglia.
Dans le cadre de ce domaine , il existe aussi des grottes touristiques, ouvertes
au public comme telles et non réservées seulement au cercle étroit des
spécialistes. La grotte des Dossi, à Villanova Mondovì, montre une
succession de couloirs et de salles avec des concrétions multicolores et des
nuances colorées. Des traces de coups de griffes de l’ours des cavernes sont
visibles dans la grotte du Caudano dans la Val Maudagna. Là en hiver, les
températures différentes entre l’extérieur et l’intérieur créent des stalactites
et des colonnes de glace avec un jeu de couleurs et de reflets très particuliers.
Une particularité de cette grotte est la petite crèche hypogée qui y est
préparée à Noël. Mais la reine des grottes des vallées du Kyé est sans nul
doute Bossea dans la Val Corsaglia, dans la commune de Frabosa Soprana,
ouverte au public depuis 1874. C’est la seule grotte vive et en plein
développement dans le panorama du tourisme spéléologique italien, très
riche en eau, avec un fleuve éternel et les restes de l’ours des cavernes.Bossea
est le siège de recherches scientifiques au niveau international.
Une visite dans la période de Noël dans ces vallées plus retirées permet de
découvrir des crèches intéressantes comme celle de Prea, qui prend vie dans
les petites rues médiévales recueillies autour de l’église paroissiale, et celle de
Pianvignale. Toutes deux sont une occasion pour redécouvrir les vieux
métiers. Voilà de nouveau les outils du früciau, le berger chargé du travail du
lait, les ciarbunè, c’est à dire les charbonniers, les muletiers avec le fuet (fouet),
qui transportaient le charbon dans la vallée et les sculpteurs du bois, les füsere
(fuseaux) et les vindu (rouets) pour filer le chanvre, les pîrò de cuivre
(chaudrons) pour faire la lessive avec la cendre, le cumandin et le sapin, outils
du bûcheron pour traîner les troncs.
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L’art de Giovanni Mazzucco
Parmi les témoignages de la peinture médiévale, on trouve les fresques de
Giovanni Mazzucco, protagoniste de la deuxième moitié du XV ème siècle
dans le Monregalese. Sa biographie est incertaine. En 1475 il envoie son fils
Domenico apprenti chez le peintre Roux à Aix-en-Provence, épisode qui fait
allusion aux rapports mêmes artistiques entre cette aire des vallées
occitanes méridionales et la Provence. En tant que peintre, Mazzucco est
intervenu à plusieurs reprises sur des chantiers dominicains, signe de son
rapport étroit avec le commanditaire de cet ordre monastique. Son langage
pictural clairement expressionniste est caractérisé par les physionomies
débonnaires et innocentes. À Roccaforte Mondovì dans la Pieve di San
Maurizio, une Madonna del Latte de 1486 lui a été attribuée. Il a peint
d’amusantes scènes de vie agreste en marge des thèmes religieux dans le
Cascinale dei Frati dans les fermes Bertini et dans la chapelle de l’ex couvent
des Dominicains de Peveragno de 1487, où on peut encore lire la signature
“Mazuchi”.
D’autres oeuvres qui lui ont été sûrement attribuées, correspondant à la
phase mûre de sa peinture se trouvent dans une aire qui s’élargit aux vallées
environnantes et à la proche plaine: le cycle de l’oratoire du S. Sepolcro di
Piozzo de 1481, la Madonna entre les saints Pietro et Antonio Abate dans la
chapelle de S. Pietro à Roncaglia à Bene Vagienna de 1485, le cycle du S.
Bernardo de Castelletto Stura de 1488. En 1491 il sigle les épisodes de la vie
de la Madonna dans le sanctuaire du Brichetto à Morozzo, très suggestifs
pour leur gracieuse ingénuité de vague inspiration de Giotto.
La Madonna dans le Sanctuaire du Pasco à Villanova Mondovì, la Vergine
col Bambino de la Madonna di Guarene, les fresques de la Madonna della
Neve à Pian della Gatta, celles de la nef et de la contre façade de S. Fiorenzo
de Bastia Mondovì et enfin la Crocifissione dans l’antique sacristie de l’église
paroissiale de Niella Tanaro sont en revanche reconnues comme des œuvres
de jeunesse de Mazzucco.
Civilisation et goûts de l’alpage
Pour arrêter la mémoire d’autrefois, dans le terres de Kyè, différents musées
qui forment un réseau entre eux ont été créés: le Musée Ethnographique «
Cesare Vinaj », né en 1981 et situé dans la localité Fontane-Serra à FrabosaSoprana, il est dédié au premier chercheur linguistique dans la Val Corsaglia.
Les thèmes illustrés sont variés: la meule de charbonnière, le chanvre, la culture
de la châtaigne, la fenaison, le bois, la cuisine, avec la possibilité d’approfondir
chaque argument dans les nombreuses publications monographiques
éditées par le musée même.
Le Musée de la Montagne,de Miroglio de Frabosa Sottana offre un regard sur
la vie quotidienne d’antan, le dur labeur dans les champs et dans les bois.
L’interaction entre l’homme et les animaux est soulignée, l’habilité manuelle
artisanale du sabotier, et le pressoir à huile de noix, les systèmes de pesage et
les outils pour le travail du chanvre sont présentés.
Dans la proche Val Casotto, dans la localité Serra de Pamparato, le « Museo
degli Usi e Costumi della Gente di Montagna » (Musée des Usages et Coutumes
des Habitants de Montagne) se trouve dans un ex-couvent du XVIIème siècle,
dont il conserve les sols en pierre et les plafonds à caissons. On peut y voir
une cuisine d’antan, une salle de classe et le procédé de travail du chanvre et
du lin (Infos: http://musei.provincia.cuneo.it/). Sur le territoire d’Ormea il faut
signaler le « Museo Etnografico Alta Val Tanaro » (Musée Ethnographique),
fidèle reconstruction des cadres de vie et de travail paysan.
Dans ces vallées, le châtaignier a nourri des générations de montagnards et a
constitué la base alimentaire des populations rurales. Il a réchauffé les
hameaux, il a fourni le tanin pour les usages industriels et le feuillage pour le
bétail.
Les châtaignes ont représenté une alternative possible aux céréales, comme
aliment en prévalence populaire,vu qu’on pouvait facilement les trouver.Plus
tard la haute valeur alimentaire leur a valu le nom de “ pain des pauvres”parce
qu’elles portaient aux populations les moins aisées l’énergie et les protéines.
Les châtaignes étaient rôties ou bouillies dans l’eau ou le lait, consommées
avec du lait ou du vin comme soupe, moulues elles servaient à préparer la
polenta, la purée, les fougasses, les soupes.Elles constituent encore aujourd’hui
un article important de production agricole et elles ont obtenu la marque IGP.
De nombreuses foires et événements d’automne sont liés en particulier à la
châtaigne blanche, dont on tirait la farine pour de nombreuses recettes.
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Un élément caractéristique de la vie des habitants des vallées ne pouvait pas
manquer dans un espace approprié: l’Ecomuseo del Castagno, (Écomusée du
Châtaignier) est développé sur trois sites: Monastero di Vasco, Fontane di
Frabosa Soprana, Serra di Pamparato.À Monastero di Vasco le siège est dans
la Crusà, édifice religieux désacralisé et récemment restructuré.Dans l’espace
en face on peut admirer certaines variétés de châtaigniers et certaines
espèces du sous-bois comme les groseilles, les myrtilles et les mûres. À Serra
di Pamparato la présentation est centrée sur l’extraction et l’utilisation du
tannin et sur les vieilles usines,premier exemple d’industrialisation des vallées
alpines. Elle se trouve dans le Museo degli Usi e Costumi della Gente di
Montagna (Musée des Usages et Coutumes des Habitants de montagne).
Enfin à Fontane un sentier dans le bois de châtaigniers mène vers Case Ubbè,
où l’on peut voir les séchoirs typiques pour les châtaignes,observer le rapport
homme environnement dans les murets à sec,dans les terrassements,dans les
architectures alpines.
Les fromages d’alpage connus pour leurs parfums et leurs goûts particuliers
sont presque synonymes de montagne. Dans les vallées du Kyè, par antique
habitude, vers la fin de septembre, les bergers descendaient des hauts
pâturages en portant les grandes formes de Raschera, pour les vendre durant
les foires et les marchés. Le Raschera d’Alpeggio provient du lait des vaches
qui paissent à plus de 900 mètres d’altitude. C’est un fromage mi-gras, affiné
pour un minimum de 30 jours.Son parfum et son arôme se caractérisent pour
leur affinage dans les “selle”, locaux directement aménagés dans la terre pour
l’affinage. Au cours du temps, les fêtes du Raschera et des fromages d’alpage
qui se tiennent à Frabosa Soprana et à Ormea en août et septembre, se
sont affirmées.
L’autre produit qui, avec la pomme de terre, a marqué la vie de ces terres est
le sarrasin, introduit à l’époque des incursions des sarrasins de la fin du
premier millénaire. Il se sème au printemps et se récolte à la fin de l’été, pour
cette raison il arrive à maturation même au-dessus de mille mètres d’altitude.
On obtient du blé sarrasin, ou furmentin, une farine qui trouve sa meilleure
utilisation dans la polenta. En automne à Pamparato se tient la Fiera del
Grano Saraceno (Foire du sarrasin), alors que les foires de la polenta sarrasine
se tiennent à Garessio, à Ormea chef-lieu et dans le hameau Barchi où la
polenta est préparée selon la recette traditionnelle à base de patates, farine de
blé sarrasin et froment, lait avec crème, poireaux et champignons secs.
Brigasco
Quand en 1947 l’Italie et la France signèrent le Traité de Paix, le Brigasco,
d’abord étendu sur les deux versants des montagnes, fut partagé entre les
deux états le long de la crête : dans la vallée de la Roya,Tende devint français,
comme Briga chef-lieu qui prit le nom de La Brigue. À l’Italie restèrent les
hameaux de Piaggia, Upega et Carnino qui forment la Commune de Briga
Alta, dans la province de Cuneo, alors que le bourg de Realdo fut agrégé à la
commune de Triora, dans la Province d’ Imperia.
Le Saccarello (2200 m) est la montagne mère de ces terres âpres et sauvages
avec le très beau bois des Navettes, vaste tapis de mélèzes et de sapins blancs
étendu sur les pentes des monts Bertrand et Missun, au-dessus du village de
Upega à l’entrée du Val Tanaro.
Le parler local ressent des influences provençales et ligures. Les paroles de la
terre, de la famille, de l’élevage, qui historiquement fut l’activité la plus
répandue, sont sûrement occitanes. Les populations brigasques se
rencontraient avec celles de la zone de Nice durant les pèlerinages au
sanctuaire de Laghet, à La Turbie, et à la Vergine del Fontano (Notre Dame des
Fontaines), légèrement au-dessus de La Brigue, qui est appelée la Chapelle
Sixtine des Alpes pour les fresques de Giovanni Canavesio di Pinerolo,
exécutées en 1492. À côté de Canavesio, on peut admirer les fresques de
Giovanni Baleison de la Valle Stura, en souvenir d’une époque où les peintres
escaladaient les montagnes en portant leurs couleurs et leurs pinceaux dans
les besaces.
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Un sanctuaire du néolithique
Les quarante mille incisions rupestres, du Mont Bego (2872 m), fréquenté
déjà à la préhistoire sont la grande merveille de ces lieux. Elles furent
découvertes à partir de 1897 par le botaniste et archéologue anglais
Clarence Bicknell (1842-1918). On trouve des dessins de figures à cornes, de
charrues, de poignards, de roues solaires, des cartes, des animaux et des
figures anthropomorphes. Celui qui désirerait en savoir davantage sur cette
grandiose zone d’art rupestre, doit visiter les moulages exposés au Musée
Civique de Cuneo et au Musée des Merveilles de Tende.
Sur les pentes du Bego, dans la localité Casterino (hameau de Tende),
Bicknell construisit un chalet laboratoire, que l’on peut visiter seulement à
l’extérieur. Bicknell y montait pour ses recherches. Les conforts étaient
réduits au minimum, l’hospitalité franciscaine, la vie réglée par la lumière
du soleil. Clarence y décora personnellement les pièces, il peignit des motifs
de fleurs, figures de l’art rupestre et des parchemins avec des sentences en
esperanto.
Briga Alta - hameau de Upega - Madonna della Neve
Forêts et villages archaïques
Le Bois des Navettes,parcouru par une route militaire qui mène à Tende dansla Vallée de la Roya et à Limone dans la Val Vermenagna, doit probablementson nom aux imposants mélèzes utilisés pour la construction des bateaux.De nombreux sentiers remontent les crêtes d’où on peut jouir de la vue desAlpes Ligures et Maritimes et de la mer. Aujourd’hui le Bois des Navettes estqualifié de SIC (Site d’intérêt communautaire) pour les caractéristiquesenvironnementales, mais déjà dans la “Statistique des provinces de Savone,d’Oneille, d’Acqui”, de la période napoléonienne, on calcula qu’il contenait300.200 mélèzes et 23.700 sapins.Le territoire du haut bassin du Tanaro conserve des exemples intéressants de
culture matérielle: villages étendus lelong des courbes de niveau, construitsen pierre, parfois avec une dispositiongroupée ou, comme dans le cas deViozene, hauts et à plusieurs étagesavec plusieurs files de balcons sur lesfaçades. Rarement, par exemple àCarnino, les toits sont encore couvertsde paille de seigle, comme la majeurepartie des maisons de jadis.Pendant dessiècles l’activité prévalente fut l’élevagedu mouton brigasque; en hiver lestroupeaux migraient vers la Ligurie,souvent jusqu’aux pays côtiers. Ici ontrouve des toponymes qui font allusionaux routes du sel et de l’huile, Passo et
Cima delle Saline (Col et Cime des Salines), Pian dell’Olio (Plan de l’Huile) … Deux cadrans solaires sont conservés à Viozene, l’un peint sur la “maison duprêtre”, l’autre sur la façade de l’Église de San Bartolomeo.Il y a une légende qui concerne Pian Ballaur (2603 m),entre Upega et Carnino,dans laquelle la tradition veut que les sorcières se donnaient rendez-vous.Une jeune bergère, ne voyant pas son père retourner du pâturage, décidad’aller au-devant de lui. Mais elle fut enlevée par les sorcières qui laconduisirent à Pian Ballaur pour participer à un bal démoniaque. Plusieursjours après la jeune bergère fut retrouvée dans un fenil, avec les pieds vertspour avoir dansé longtemps sur l’herbe.
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Paradis des spéléologues et des botanistes
Vers ouest, à cheval entre l’Italie et la France, le regard court sur la crête dela Rocca dell’Abisso (2755 m) à l’imposante muraille calcaire du Marguareis(2651 m). Dans cette zone les Alpes Ligures sont composées de fortescouches de roches (calcaires et dolomies) qui, étant soluble à l’action del’eau, ont permis le développement d’immenses réseaux de conduitssouterrains.On connaît plusieurs systèmes karstiques: celui du Marguareis, des Carseneavec la source du Pis del Pesio, de la Mirauda, des Masche, du Mongioie,avec plusieurs cavités parmi les plus importantes d’Italie, comme le systèmede Piaggiabella avec 13 entrées et environ 40 kilomètres de dévelop-pement. Il s’agit en général de grottes avec développement vertical dans lapremière moitié et donc accessibles uniquement aux spéléologues expertsqui font base à la Capanna Morgantini, refuge à 2219 m d’altitude. Lesgrandioses signes extérieurs des phénomènes karstiques sont en revanchefacilement visibles: dolines, champs sillonnés, puits, sources résurgentes.Parmi les spectacles les plus suggestifs on doit signaler les Vene del Tanaro.En partant de Viozene, en passant par Carnino Inferiore, le long du sentiernaturaliste on monte à la Colla di Carnino (1597 m) et on continue jusqu’àla source résurgente karstique, surplombée d’un robuste pont tibétain.Dans ces vallées peu éloignées de la mer, mais plongées dans un paysagetypiquement de montagne, le botaniste Clarence Bicknell découvrit uneflore rare, parmi laquelle , Rhaponticum scariosum bicnelli qui le rappelle dansson nom, un composite géant, de plus d’un mètre et demi de hauteur, avecde gros capitules semblables aux inflorescences de l’artichaut. Il poussedans quatre localités au monde, toutes sur les Alpes Ligures : sur le versantsud du mont Fronti, sur le mont Toraggio, aux Salse di Mendatica, au nordde Monesi et dans le vallon de Carnino. Dans ses carnets, Bicknell retraçala Saxifraga florulenta qui doit accumuler pendant 15-20 ans les substancesnécessaires à sa floraison, après cela, la reproduction garantie, elle meurt.On lui doit aussi la première découverte en Italie du Sempervivum calcareum,espèce endémique des Alpes sud-occidentales que l’on peut observer àcôté de la Capanna Morgantini. Sur les éboulis de roches calcaires poussela Berardia subacaulis, espèce ancienne qui remonte à l’époque de laformation des Alpes.
Pour de plus amples informations sur le territoire, les destinations historiques et d’art, les zones protégées,les excursions, la gastronomie, l’hospitalité et pour recevoir du matériel illustratif :
A.T.L. (Azienda Turistica Locale) del Cuneese - Valli Alpine e Città d’ArteVia Vittorio Amedeo II, 8 A - 12100 Cuneo - tél. +39.0171.690217 - fax +39.0171.602773www.cuneoholiday.com - www.autunnocongusto.com - info@cuneoholiday.com
GAL “Terre Occitane” - Valli Po, Varaita, Maira, Grana, SturaVia Cappuccini, 29 - 12023 Caraglio (Cn) - tél. +39.0171.610325 - fax +39.0171.817981www.tradizioneterreoccitane.com - info@tradizioneterreoccitane.com
Comunità Montana Valli Po, Bronda e InfernottoVia Santa Croce, 4 - 12034 Paesana - tél. +39.0175.94273 - fax +39.0175.987082Office de Tourisme : tél. +39.0175.94273 - www.vallipo.cn.it - info@vallipo.cn.it
Comunità Montana Valle VaraitaPiazza Marconi, 5 - 12020 Frassino - tél. +39.0175.970611 - fax +39.0175.970650www.vallevaraita.cn.it - info@vallevaraita.cn.it
Comunità Montana Valle MairaVia Torretta, 9 - 12029 San Damiano Macra - tél. +39.0171.900061 - fax +39.0171.900161www.vallemaira.cn.it - info@vallemaira.cn.itOffice de Tourisme : Dronero - tél.+39.0171.917080 - fax +39.0171.909784 - iatvallemaira@virgilio.it
Comunità Montana Valle GranaVia San Paolo, 3 - 12023 Caraglio - tél. +39.0171.619492 - fax +39.0171.618290www.vallegrana.it - info@vallegrana.it
Comunità Montana Valle Stura di Demonte Via Divisione Cuneense, 5 - 12014 Demonte - tél. +39.0171.955555 - fax +39.0171.955055www.vallestura.cn.it - segreteria@vallestura.cn.it
Comunità Montana Valli Gesso e VermenagnaPiazza Regina Margherita, 27 - 12017 Robilante - tél. +39.0171.78240 - fax +39.0171.78604www.cmgvp.org - cmgvp@reteunitaria.piemonte.it
Comunità Montana BisaltaVia Madonna dei Boschi, 76 - 12016 Peveragno - tél. +39.0171.339957 - fax +39.0171.338229cmbisalta@ruparpiemonte.it
Comunità Montana Valli MonregalesiVia Mondovì Piazza, 1/d - 12080 Vicoforte - tél. +39.0174.563307 - fax +39.0174.569465 www.vallimonregalesi.it - turistico@vallimonregalesi.it
Comunità Montana Valli Mongia Cevetta e Langa CebanaVia Case Rosse, 1 - Reg. San Bernardino - 12073 Ceva - tél. +39.0174.705600 - fax +39.0174.705645www.vallinrete.org - cm.ceva@reteunitaria.piemonte.it
Comunità Montana Alta Val TanaroVia del Santuario, 2 - 12075 Garessio - tél. +39.0174.806721 - fax +39.0174.803714 www.cmaltavaltanaro.it - cmaltavaltanaro@reteunitaria.piemonte.it
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Adresses utiles
Pour des informations sur la culture occitane, la langue et la littérature, les traditions populaires, lecinéma, les livres et les revues :
Espaci Occitan - Via Val Maira, 19 - 12025 Dronero - tél. +39.0171.904075/904158www.espaci-occitan.org - segreteria@espaci-occitan.org
Chambra d’òc - Strada Arnaud Daniel,18 - 12020 Roccabruna - tél.+39.0171.918971 - +39.328.3129801www.chambradoc.it - chambradoc@chambradoc.it
Coumboscuro Centre ProuvençalSancto Lucìo de Coumboscuro - 12020 Monterosso Grana - tél. et fax +39.0171.98707www.coumboscuro.org - info@coumboscuro.org
Associazione Lou Soulestrelh - Via Roma, 27 - 12020 Sampeyre
Associazione Culturale La Cevitou - Frazione San Pietro, 89 - 12020 Monterosso Grana tél. et fax +39.0171.988102 - www.lacevitou.it
Site Internet des Vallées occitanes du Piémont : www.ghironda.com
Pour des informations sur les sites et les lieux de la culture occitane, les musées, les expositions d’art,les manifestations culturelles, les fêtes :
Associazione Marcovaldo - Via Cappuccini, 29 - 12023 Caragliotél. +39.0171.618260 - fax +39.0171.610735 - www.marcovaldo.it - info@marcovaldo.it
Provincia di Cuneo (Conseil Général) - Site thématique des musées :http://musei.provincia.cuneo.it
Laboratorio Ecomusei - Via Nizza, 18 - 10125 Torino - tél. +39.011.4323845www.ecomusei.net - ecomusei.piemonte@regione.piemonte.it
Atlante delle Feste del Piemonte ( Atlas des Fêtes du Piémont) : www.atlantefestepiemonte.it
Pour informations sur les parcs et les réserves naturelles :
Parco Naturale Alpi Marittime - Piazza Regina Elena, 30 – 12010 Valdieri - tél. +39.0171.97397www.parcoalpimarittime.it - info@parcoalpimarittime.it
Ente di Gestione dei Parchi e delle Riserve Naturali Cuneesi Via S. Anna, 34 - 12013 Chiusa Pesio - tél. +39.0171.734021www.parks.it/parchi.cuneesi - parcopesio@ruparpiemonte.it
Parco del Po Cuneese - Via Griselda, 8 - 12037 Saluzzo - tél. +39.0175.46505www.parcodelpocn.it - info@parcodelpocn.it
Parco Fluviale Gesso e Stura - Piazza Torino, 1 - 12100 Cuneo - tél. +39.0171.444501www.parcofluviale.cuneo.it - parcofluviale@comune.cuneo.it
Site des parcs, des réserves et des aires protégées italiennes : www.parks.it
Sites de la Région Piémont sur les parcs, les aires protégées et revue Piemonte Parchi :www.regione.piemonte.it/parchi - www.piemonteparchiweb.it
Une grande partie des communes citées dans le Guide dispose d’un site Internet avec des parcoursthématiques
INFOS
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